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avec sa mère pendant la période de repos

suivant la naissance ou le fait d’être des fondations solides pour la prochaine géné-
constamment porté et allaité à volonté sécu- ration. Les investissements réalisés en faveur
risent le nourrisson et l’aident à faire des enfants dès leur naissance permettront ainsi
confiance aux autres et à prendre
de vaincre les mentalités et comportements
conscience de son importance. D’ailleurs,
dans les pays occidentaux, les parents sont négatifs de la société et favoriseront l’avènement
de plus en plus nombreux à porter leurs des cycles d’espoir et de changement.
enfants en écharpe, au lieu de les mettre Pour éliminer les obstacles au développe-
dans une poussette. Ces coutumes, qui sti- ment qui freinent actuellement tout progrès, les
mulent les sens du nourrisson et favorisent pays doivent s’efforcer d’accomplir simultané-
son développement, et même les rituels
ment quatre tâches d’une égale importance.
mystiques qui servent traditionnellement à
protéger l’enfant – aussi différents qu’ils 1. Continuer de donner la priorité à la survie
puissent nous paraître des méthodes de l’enfant.
modernes – méritent d’être étudiés avec
plus d’attention : en quoi répondent-ils aux 2. S’assurer que les enfants qui survivent sont
besoins des enfants en bas âge ? en bonne santé et ont les aptitudes néces-
Sources :
saires pour s’épanouir et mener une vie
Evans, Judith L. et Robert G. Myers, ‘Childrearing
riche et productive.
Practices: Creating programs where traditions and
modern practices meet [http://www.ecdgroup.com/ 3. Préparer les parents au rôle essentiel qu’ils
cn/cn15lead.html] juin 2000.
doivent jouer pour élever leurs enfants et
Fontanel, Béatrice et Claire d’Harcourt, Babies Celebrated,
Harry N. Abrams, Inc., New York, 1998. renforcer les capacités des collectivités à les
Liedloff, Jean, The Continuum Concept, Perseus Books, y aider.
1975.
Timyan, Judith, ‘Cultural aspects of psycho-social devel- 4. Créer une société où la violence et la discri-
opment: An examination of West African childrearing
practices’, Rapport d’un atelier régional de l’UNICEF, mination ont disparu à tous les niveaux et
Abidjan, 18-22 janvier 1988. qui reconnaît la valeur de la vie et des
Zeitlin, Marian F. et al., Strengthening the Family – Impli-
cations for International Development, Presse de
contributions des femmes et des enfants.
l’Université des Nations Unies, New York, Paris, Tokyo
1995.

Session extraordinaire
consacrée aux enfants

Lors de la session extraordinaire de l’Assemblée


générale des Nations Unies consacrée aux
enfants qui se tiendra en septembre 2001,
les représentants des gouvernements et des
ONG devront relever le défi suivant : appliquer
les principes de la Convention relative aux
droits de l’enfant et atteindre les objectifs fixés
par le Sommet pour les enfants de 1990. Ils
auront aussi l’occasion de formuler un nouvel
ordre du jour en faveur des enfants. Il faut
qu’ils reconnaissent que ce qui profite aux
enfants profite aussi en dernière instance à
l’ensemble de la communauté internationale.

Les choix à faire 27


Un choix
nécessaire
C ’est dans les pays où les jeunes enfants ont le plus besoin
d’attention qu’ils sont le moins assurés d’en recevoir : dans
ces pays ravagés par la pauvreté, la violence et des épidémies
dévastatrices, où la réalité quotidienne bat en brèche les espoirs et les
rêves que les parents conçoivent pour leur progéniture. L’économie
mondiale tourne à plein régime mais la majorité des enfants vit encore
dans la pauvreté. Au moment même où se dessine un espoir de paix dans
le monde, des luttes ethniques et des conflits fomentés par l’appât du
gain éclatent, menaçant la vie et l’équilibre psychologique des enfants. Et
dans les familles décimées par le VIH/SIDA, les enfants doivent
apprendre à survivre par leurs propres moyens.

Chaque jour, au fil de ce qui apparaît comme un combat de chaque


instant, parents et chargés de familles luttent pour l’avenir des enfants dont
ils ont la responsabilité. Confrontés aux crises et difficultés qui les absorbent
en permanence, ils en viennent souvent à manquer de l’énergie nécessaire
pour accorder à ces bébés et jeunes enfants l’attention qui convient. Le droit
des jeunes à survivre, à grandir et à se développer est menacé lorsque les
adultes qui s’occupent d’eux sont épuisés.

Mais ces obstacles, bien que colossaux, ne sont pas insurmontables,


comme le montrent tous ceux qui parviennent à puiser les ressources
leur permettant de prendre soin de leurs enfants.
UNICEF/99-1006/Thomas

Photo : une mère et ses enfants lors de la


crise au Timor oriental en 1999.

Un choix nécessaire 29
séparer de son bébé pendant des heures, lors-
qu’elle ses vaque à ses occupations quoti-
diennes. Pendant que Febronia ramasse de
l’herbe pour nourrir le petit troupeau de vaches
de la famille, c’est sa fille de huit ans qui prend
soin de Grace lorsqu’elle rentre de l’école.
Comme beaucoup de mères dans de nom-
breux pays, Febronia passe ses journées, de
l’aube au crépuscule, à nourrir et à protéger ses

E
T
N ANZANIE Febronia, , enfants avec les maigres ressources et l’aide
une femme de 35 ans, a donné minime dont elle dispose. Dès 6 heures du
naissance à sept enfants. Quatre matin, elle prépare la bouillie de flocons
ont survécu : Martha, 10 ans, d’avoine de la famille. Puis elle ramasse de
Angela, 8 ans, Colman, 6 ans et l’herbe pour les vaches, va chercher l’eau et se
Grace, 9 mois. Deux garçons sont morts à l’âge procure les aliments que consomme la famille ;
de 7 ans, un de la fièvre jaune et l’autre d’une c’est elle aussi qui ramasse le bois indispen-
cause inconnue. Un autre enfant, né prématuré- sable à la cuisson des repas. Chaque jour, elle
ment, n’a vécu que quelques instants. Damas, le emmène ses petits enfants se baigner dans le
mari de Febronia, âgé de 42 ans, travaille de ruisseau. Pendant la saison des pluies, elle
temps en temps dans une plantation de café et essaie en vain de les tenir propres. Comme
la famille survit avec un revenu en espèces beaucoup d’autres familles de la communauté,
d’environ 80 000 shillings par an (125 dollars). celle de Febronia ne dispose pas de latrines en
Febronia et sa famille vivent dans une dur, de sorte que les tourbillons d’eau boueuse
masure de bois, de boue séchée et de fer blanc. qui s’écoulent à proximité de la maison sont
Les alentours de l’habitation sont couverts d’une souillés de matières fécales.
boue rouge qui, en séchant, forme une croûte Du matin au soir, Febronia passe son temps
sur les pieds nus de la mère, du père et des au service des autres. Ses tâches ne sont jamais
Cette maman veille quatre enfants. Febronia, qui passe une heure finies. Pendant des heures, on peut voir cette
sur son garçonnet de
16 mois, atteint du par jour à aller chercher de l’eau à un ruisseau femme solide aux cheveux coupés courts porter
paludisme, à l’hôpital situé à environ 3 kilomètres, n’aime pas laisser de lourdes charges sur la tête dans une posture
St. Francis d’Ikatara
(République-Unie-de ses jeunes enfants seuls à la maison. Mais ce qui parfaitement droite. De retour à la maison, elle
Tanzanie). la préoccupe le plus, c’est d’être obligée de se fait la cuisine, le ménage et s’occupe de sa
famille. Elle cultive leur petit potager. Entre deux
tâches ménagères, elle allaite son bébé. Après
avoir terminé son travail de la journée et couché
tous ses enfants, elle récite ses prières et s’endort.
Comme des millions de femmes dans le
monde, Febronia n’est pas en sécurité dans son
propre foyer. Elle a peur de son mari, qui, dit-
elle, est porté sur l’alcool. Il la bat parfois, lui
donne des coups de poing et des coups de pied.
Privilège pour les hommes et servitude pour
les femmes, le concept est déjà bien ancré dans
la famille de Febronia. Pendant que sa mère
travaille dans les champs, Angela, une enfant
timide de huit ans qui suce encore son pouce,
UNICEF/00-0022/Pirozzi

s’occupe du bébé. Lorsque Martha, dix ans, une


fillette au front plissé et aux yeux pensifs,
revient de l’école, elle fait la vaisselle, aide à
couper l’herbe pour les vaches et travaille dans

30 La situation des enfants dans le monde 2001


le potager. Et que fait le fils de Febronia pen- chaque matin dans un centre d’éveil. Les parents
dant ce temps ? Colman, un garçon au visage reconnaissent les avantages de l’éducation
de chérubin et au sourire enjoué, joue dans la préscolaire et sont fiers d’annoncer que leurs
boue et grimpe aux arbres. enfants savent compter, chan-
Comme 1,1 milliard de ter et raconter des histoires.
personnes dans le monde, Mais Damas, un homme
Febronia n’a pas accès à de Lorsque la efflanqué qui flotte dans des
l’eau salubre. Non seulement il pauvreté accable vêtements trop grands pour
lui faut aller chercher l’eau lui, craint de ne pas pouvoir
tous les jours, mais elle doit
une famille, ce sont payer leurs frais de scolarité.
également la faire bouillir pour ses membres les Lorsqu’il était enfant, l’éduca-
protéger ses enfants du choléra plus jeunes qui tion était gratuite en
et d’autres maladies d’origine Tanzanie, dit-il, et on lui
hydrique. Sa famille fait partie courent les plus donnait un repas à midi.
des 2,3 milliards de personnes grands risques. Aujourd’hui, il faut payer les
dans le monde qui ne dispo- livres et les uniformes, et le
sent pas de latrines conve- repas doit être apporté de la
nables. Sans eau propre, sans latrines en dur, maison. Damas est convaincu que l’éducation
il est bien difficile de suivre les règles d’hygiène. est la clé d’un avenir meilleur pour ses enfants,
Febronia et sa famille risquent de contracter la mais sans argent, cette chance sera gâchée.
diarrhée et d’autres maladies, dont le trachome,
infection des yeux qui se transmet facilement
aux enfants et à leurs mères et qui, après plu- Les obstacles au
sieurs occurrences, peut entraîner la cécité. développement du jeune
Malgré son petit potager et ses quelques enfant
vaches, la famille est trop pauvre pour avoir une Pourquoi la décision d’investir dans le dévelop-
alimentation équilibrée. À l’exception du bébé, pement du jeune enfant, qui semble être la
des signes de malnutrition sont visibles chez meilleure politique publique que des dirigeants
tous les enfants : à certains endroits de la tête par responsables puissent adopter, n’a-t-elle pas
exemple, leurs cheveux n’ont pas poussé. L’aînée, été prise dans toutes les collectivités et dans
Martha, a les yeux profondément enfoncés et tous les pays ?
entourés de cercles sombres et boursouflés. Parce que la pauvreté est un ennemi implacable.
Cette situation est fréquente dans ce village de Alors même que notre planète connaît une
2 448 habitants où il ya 10 débits de boissons prospérité sans précédent, la Banque mondiale
mais aucun centre d’alimentation pour enfants estime qu’en 1998, 1,2 milliard de personnes,
depuis 1995. Ici, faute de garderies, les enfants dont plus d’un demi-milliard d’enfants, vivaient
restent souvent sans manger huit heures durant. dans la pauvreté avec moins d’un dollar par
Quoique Febronia et Damas aient fait vacci- jour18. Dans les nations les plus pauvres, les
ner tous leurs enfants, sauf le bébé, contre les fonds qui pourraient être affectés à l’éducation,
six maladies qui sont les causes principales de à la santé et à l’amélioration des infrastructures
mortalité infantile, trois d’entre eux n’ont pas servent à rembourser la dette. Les pays en déve-
survécu. Un agent sanitaire leur rend visite à loppement doivent plus de 2 000 milliards de
domicile une fois par semaine, et il y a un dollars à la Banque mondiale, au Fonds moné-
hôpital de missionnaires à moins d’un kilo- taire international (FMI), à d’autres bailleurs de
mètre du village. Mais Damas déplore : « Il y a fonds et aux pays industrialisés19. Ces prêts
un hôpital, mais si vous n’avez pas d’argent, on octroyés pour aider les pays à vaincre la pau-
vous laissera mourir à la porte ». vreté – et qui leur permettraient d’y parvenir en
Martha, qui a dix ans, est en deuxième une génération si l’argent était investi dès à pré-
année d’école primaire. Sa sœur de huit ans sent dans le développement du jeune enfant –
et son frère de six ans passent deux heures ne réussissent qu’à alourdir encore le fardeau

Un choix nécessaire 31
parents ni grands-parents, oncles ou tantes,
frères ou sœurs, instituteurs ou agents de santé.
La maladie n’épargne aucun continent20.
Pour la seule année 1998, 2,2 millions de décès
ont été enregistrés en Afrique. En 1999, près de
250 000 personnes avaient contracté le VIH en
Ukraine. En Amérique latine et dans les
Caraïbes, 1,7 million de personnes sont séro-
positives, dont 37 600 enfants. Et en Asie, 6,1
millions d’individus, dont 205 200 enfants,
avaient contracté le VIH à la fin de 1999.

Les effets de la pauvreté sur


les jeunes enfants
Lorsqu’une famille est pauvre, ce sont ses
membres les plus jeunes qui courent les plus
grands risques : leurs droits à la survie, à la
croissance et au développement sont menacés.
Sur 10 enfants qui naissent aujourd’hui dans le
Pirozzi/Angola

monde en développement, quatre vivront dans


une pauvreté extrême 21. Cette pauvreté déter-
mine toutes les conditions de l’existence, y
compris la malnutrition, le manque d’eau
de leurs dettes. salubre, l’absence d’équipements sanitaires adé-
Parce que la violence est une menace constante ou quats et même la durée de vie. C’est la princi-
une réalité. Partout dans le monde, les droits de pale cause sous-jacente de millions de décès
millions d’enfants à la survie, à la croissance et évitables et la raison pour laquelle les enfants
au développement sont menacés par une vio- sont mal nourris, ne vont pas à l’école, subis-
lence omniprésente. Les effets de cette violence sent de mauvais traitements et sont exploités.
se font d’abord sentir au foyer, où les jeunes sont La pauvreté est au cœur des violations
souvent témoins ou victimes de violences et de constantes des droits des enfants.
mauvais traitements. On les observe ensuite au Lorsque des parents pauvres et sans éducation
niveau de la politique internationale, lorsque n’ont pas les connaissances qui leur permet-
des nourrissons et des enfants meurent traient de prodiguer les meilleurs soins
des suites de sanctions économiques. possibles à leurs enfants, les taux de
Enfin, la violence et les horreurs de La violence morbidité et de mortalité infantile
la guerre moderne font des mil- pose un problème augmentent. Les bébés nés de mères
lions de jeunes victimes et hantent qui n’ont pas fréquenté l’école sont
à jamais ceux qui leur survivent. de santé publique deux fois plus susceptibles de mourir
Et parce qu’en tuant plus de dans presque avant l’âge d’un an que ceux dont la
2 millions d’adultes par an, le mère a fait des études secondaires22.
tous les pays
VIH/SIDA prive de protection les Chez les garçons et les filles de
milliers d’enfants qui deviennent industrialisés et en moins de deux ans, la malnutrition,
orphelins chaque jour. Le VIH/SIDA développement. qui est à la fois une conséquence et
est une urgence mondiale aux une cause de la pauvreté, a des effets
conséquences catastrophiques. Ses vic- particulièrement graves, entraînant des
times, adultes et enfants, se comptent par problèmes permanents irréversibles, aussi
milliers dans toutes les régions du monde. Les bien physiques que mentaux. Les bébés pauvres
jeunes qui survivent doivent se débrouiller sans et mal nourris risquent davantage de contracter

32 La situation des enfants dans le monde 2001


P R O F I L

des affections respiratoires, la diarrhée, la rou-


geole et d’autres maladies évitables, et ont
moins de chances de recevoir les soins de santé
qui s’imposent. Aujourd’hui, dans au moins un
district de Tanzanie, 80 % des enfants qui meu-
rent avant l’âge de cinq ans s’éteignent chez eux,
sans jamais être allés à l’hôpital23.
Mais les pauvres ne vivent pas uniquement
dans le monde en développement. Des poches
de pauvreté existent partout dans le monde indus-
trialisé. Dans 15 pays de l’Union européenne,
environ 3 millions de personnes n’ont pas de

UNICEF/99-0057/Lemoyne
logement permanent24. Aux États-Unis, environ
17 % des enfants, soit près de 12 millions, gran-
dissent dans des foyers incapables de répondre à
leurs besoins nutritionnels de base25. Dans
l’ensemble du monde industrialisé, pères et mères
sont à la recherche de services pour leurs enfants. Les réfugiés les plus jeunes, dans
La pauvreté menace non seulement le droit
d’un enfant à la survie et au bien-être physique,
l’ex-République yougoslave de
mais aussi son droit à l’éveil psychosocial, affec- Macédoine
tif et spirituel. Dans les pays en développement

E
n mars 1999, 360 000 personnes s’enfuirent du Kosovo en guerre pour se
comme dans les pays industrialisés, la pauvreté réfugier chez leurs voisins de l’ex-République yougoslave de Macédoine.
et les familles dysfonctionnelles vont de pair et Près de la moitié d’entre elles furent accueillies, nourries et soignées par
les jeunes enfants sont alors privés de l’affec- des familles macédoniennes. Mais dans ces foyers d’accueil où l’on comptait
quelquefois près de 100 personnes sous le même toit, les conditions de vie
tion, des soins et de la stimulation dont ils ont étaient éprouvantes. Tous ces gens, plongés brutalement dans une existence
besoin pour se développer en bonne santé26. difficile, souffraient mais c’étaient les tout petits qui étaient le plus désavantagés.
Le cycle de la pauvreté excède la durée d’une Les enfants d’âge scolaire pouvaient suivre des cours, eux. Certes, ils avaient lieu
vie. Une fillette née dans la pauvreté est plus dans des classes de fortune et bondées, mais cela leur donnait au moins un senti-
susceptible de se marier jeune et d’avoir un ment de normalité et de stabilité au milieu de tous ces bouleversements. Mais les
plus jeunes passaient leur temps en des lieux surpeuplés, en compagnie de parents
enfant à l’adolescence. Une fillette qui souffre traumatisés par la guerre, des mères en majorité, qui n’avaient plus assez d’énergie
de malnutrition deviendra une mère sous- pour s’occuper d’eux et leur accorder l’attention dont ils avaient besoin.
alimentée qui donnera naissance à un bébé En moins d’un mois, l’UNICEF et la Ligue albanaise des femmes, une ONG
d’un poids insuffisant. Et comme leurs parents, regroupant des associations féminines de l’ex-République yougoslave de
les enfants pauvres transmettront presque tou- Macédoine, mirent sur pied un programme d’urgence dans les sept communautés
les plus touchées par la crise. Quelque 150 bénévoles reçurent une formation au
jours leur pauvreté à la génération suivante. travail communautaire, aux visites familiales et aux réunions de groupe ainsi
En l’absence d’un indicateur unique, la qu’aux problèmes de développement de l’enfant. Une campagne d’information
pauvreté n’est pas toujours facile à quantifier. sur l’éducation des enfants en temps de crise fut lancée à l‘intention des réfugiés
et des familles d’accueil, soit 6 500 familles et 9 000 enfants.
En effet, outre le manque de revenus, elle
En dépit de conditions de vie difficiles, ce programme d’urgence a permis
comporte des aspects non mesurables tels que
d’améliorer les soins aux enfants et également d’identifier et d’aider les personnes
la discrimination, l’exclusion sociale ou la ayant besoin d’un suivi psychosocial. Après le retour des réfugiés au Kosovo, le pro-
perte de dignité. La discrimination dont font gramme a été adapté aux besoins des familles et des enfants macédoniens vivant
l’objet les Romanis dans toute l’Europe, par dans ces communautés en majorité rurales. Outre l’amélioration des pratiques de
puériculture, le projet a permis de renforcer la capacité des femmes à jouer un rôle
exemple, aggrave les effets de leur pauvreté. actif et à prendre des décisions, dans la famille comme dans la communauté.
L’espérance de vie de ce groupe ethnique est la Ces projets ayant été accueillis avec beaucoup d’intérêt, un plan d’élargissement
plus courte du continent. En 1991, le taux de à l’échelle nationale a été élaboré en collaboration avec la Ligue albanaise des
mortalité des Romanis, dans ce qui était alors femmes et l’Union des organisations de femmes, un organisme qui rassemble
des femmes macédoniennes, gitanes, serbes ou d’autres groupes minoritaires.
la Tchécoslovaquie, s’élevait à plus du double
Trente-deux centres régionaux de formation et de coordination ont été créés, ainsi
de celui du reste de la population27. que des ludothèques et bibliothèques pour enfants. Le projet couvre plus de 650
Les droits de millions de jeunes citoyens du villages et touche quelque 70 000 enfants.

Un choix nécessaire 33
P R O F I L

monde sont bafoués tous les jours, chaque fois


que la pauvreté les prive d’instituteurs, de
médicaments, de latrines et, dans les cas les
plus extrêmes, de nourriture et d’eau propre,
ou lorsqu’on les asservit pour payer les dettes
de leur famille ou que des parents démunis les
abandonnent à des institutions, ou encore lors-
qu’ils sont déposés sur des pas de portes dans
des bidonvilles, ou affamés et maltraités dans
des appartements en ville, à l’abri des regards.

Les effets sur les jeunes


enfants de la violence contre

UNICEF/93-1196/Andrew
les femmes
La violence pose un problème de santé publique
dans presque tous les pays industrialisés et en
développement : elle entraîne en effet des pertes
Soins des enfants au Malawi : en vies humaines, ainsi que des blessures et des
l’accent est mis sur six pratiques handicaps physiques et psychologiques dont cer-
taines personnes ne se remettent jamais. Le plus

A
u Malawi, un pays où 15 % environ des enfants ont perdu leurs parents
des suites du VIH/SIDA, les maladies et une pauvreté implacable conti- souvent, ce sont les pauvres qui la subissent ou
nuent d’empêcher de nombreuses familles et communautés de s’occuper la commettent. Les femmes et les enfants sont
de leurs plus jeunes membres. Dans les zones rurales, où vit 85 % de la popula- les cibles de choix d’une vague de violence et
tion, plus de 90 % des enfants n’ont accès à aucun centre ou programme de
soins de la petite enfance – soins qui pourraient pourtant accroître leurs chances
d’agressions qui se propage sur tous les conti-
de survie, de croissance et de développement. nents en raison de facteurs économiques, poli-
En 1999, le Gouvernement du Malawi et l’UNICEF ont renforcé les efforts tiques, sociaux et culturels complexes28.
entrepris en faveur des enfants de 0 à 3 ans, en instituant à l’échelon central La violence qui s’exerce contre les femmes à
des politiques, des directives et des modules de formation. A l’échelle du district, toutes les étapes de leur vie affecte doublement
on a formé du personnel de vulgarisation et élaboré des plans d’action locaux.
A la suite de ces efforts, la demande de services de soins destinés à la petite les bébés et les jeunes enfants. Parmi ses consé-
enfance a augmenté, ce qui est un très bon début. Si le nombre de crèches et quences directes, on peut citer la pratique
centres communautaires de soins infantiles reste encore limité, la demande systématique de l’avortement des fœtus fémi-
augmente toutefois rapidement et la priorité accordée aux besoins et aux droits
des jeunes enfants et de leurs familles s’avère de plus en plus payante.
nins et de l’infanticide des filles dans certaines
régions du monde, notamment en Asie du
Les projets locaux sont élaborés sur le modèle des visiteurs de foyers et dépen-
dent de membres bénévoles de la communauté, qui s’occupent des enfants et Sud29. Dans d’autres régions, les manifestations
font partie de comités. Le projet met l’accent sur six pratiques : soins aux de la violence contre les enfants sont moins
femmes, allaitement maternel et alimentation complémentaire, préparation des visibles mais ses effets n’en demeurent pas
repas, soins psychosociaux, hygiène et pratiques sanitaires dans les foyers.
Malgré la pauvreté extrême qui sévit dans la plupart du pays, de nombreux moins indéniables : un nombre indéterminé de
membres des communautés donnent des vivres et recueillent des fonds pour le jeunes enfants, dont une majorité de filles et
projet en travaillant dans des jardins communaux ou en entreprenant d’autres d’enfants handicapés, meurent en silence faute
activités rémunératrices.
d’une alimentation suffisamment nutritive, de
La plupart des institutions participant à ce projet – notamment celles du gouver-
soins de santé et d’accès à l’éducation.
nement, les ONG et l’UNICEF – cherchent à renforcer les capacités techniques
dans le domaine des soins de la petite enfance, en mobilisant les fonds et les Les bébés et les jeunes enfants sont menacés
moyens nécessaires. Le projet d’Université virtuelle des soins de la petite également parce qu’ils sont tributaires de la
enfance, annoncé par l’Université canadienne de Victoria, est à cet égard attendu situation de leurs mères. L’état d’impuissance où
avec beaucoup d’intérêt.
se trouvent les femmes en raison des inégalités
et des mauvais traitements qu’elles subissent
menace la vie des bébés et des jeunes enfants.
Chaque année, on enregistre près de 8 millions
d’enfants mort-nés et de décès néonatals dus à

34 La situation des enfants dans le monde 2001


l’état de santé des femmes ou à une nutrition
insuffisante pendant la grossesse, à des accou-
chements dans des conditions dangereuses et au
manque de soins prodigués au nouveau-né 30.
Une étude réalisée au Nicaragua a montré que
les enfants de femmes victimes de violences
sexuelles ou physiques de la part de leur parte-
naire couraient six fois plus de risques de mourir
avant l’âge de cinq ans. De plus, les enfants de
ces femmes risquaient plus de souffrir de mal-
nutrition, et avaient moins de chances d’être
vaccinés ou de recevoir une thérapeutique de
réhydratation orale en cas de diarrhée31.
Violence familiale. La violence au foyer est
un problème qui touche plusieurs domaines : la
santé, le droit, le statut économique, l’éducation,
UNICEF/94-1533/Salimullah Salim

le développement, et surtout les droits de


l’homme. Elle transcende toutes les barrières
de culture, de classe, d’éducation, de revenus,
d’appartenance ethnique et d’âge. Le problème,
relativement dissimulé et négligé, affecte surtout
les femmes et les petites filles32. Aux États-Unis En 1994 à Dhaka, des manifestants qui protestaient contre les œuvres de
Taslima Nasreen, femme écrivain du Bangladesh, s’en prennent avec
seulement, on estime que de 2 à 4 millions de violence à une passante.
femmes sont violemment agressées par leur
mari chaque année33.
La violence au foyer met en danger la vie de
l’enfant, et les jeunes témoins ou victimes
d’actes violents ont souvent des problèmes de
santé et de comportement. Car ces actes
d’agression sont commis par ceux-là mêmes qui
devraient les aider et les protéger. Quant aux
enfants qui subissent des sévices sexuels, ils
sont traumatisés et ne sont plus capables de
nouer les relations de confiance et d’intimité
essentielles à un développement sain34.
Il est tragique de constater que les femmes
et les enfants courent souvent le plus grand
danger là où ils devraient se sentir le plus en
sécurité : chez eux. Souvent, lorsque les femmes
sont victimes de la violence, les enfants le sont
aussi ; les comportements et les modèles néga-
tifs se transmettent à la nouvelle génération et
le cycle se perpétue ainsi.
UNICEF/99-0177/Radhika Chalasani

Comme d’autres enfants qui vivent dans des


foyers violents, Martha, Angela, Colman et
Grace pourraient bien perpétuer ce schéma de
comportement. Le garçon de six ans a peut-être
déjà appris son rôle d’agresseur en regardant
son père. Le cycle de la violence ne peut être Son bébé sur le dos, cette réfugiée kosovar attend de monter dans un camion
brisé que par une intervention précoce. Une qui les amènera dans des zones plus sûres d’Albanie.

Un choix nécessaire 35
transformation des rapports de pouvoir entre cerveau de leur bébé. Dans les zones de conflits,
hommes et femmes est de toute évidence une ils serrent leur progéniture dans leurs bras en
nécessité. Les efforts déployés par la Tanzanie tremblant au bruit des bombes ou des
pour faire participer les fusillades. Nous disposons
hommes à ses programmes de d’études contrôlées sur les effets
soins aux jeunes enfants sont bénéfiques des petits mots
donc parfaitement justifiés. L’argent qui pourrait d’amour dont les mamans
En modifiant les attitudes des aider les enfants à partir abreuvent leurs nouveau-nés,
familles et des collectivités mais qui peut imaginer ce qui
d’un bon pied dans la
envers les femmes, ce pays se passe dans le cerveau d’un
pourrait épargner à la petite vie est gaspillé à des jeune enfant piégé par la
Grace, âgée de neuf mois, une fins destructrices. guerre ?
vie de violence familiale et de Certains enfants, confrontés
discrimination. à l’inhumanité de la guerre,
souffrent parfois du syndrome de stress post-
traumatique, un trouble psychologique qui
Les effets des conflits armés interrompt le processus du développement.
sur les jeunes enfants Chez les enfants de moins de trois ans, les
À l’heure actuelle, au moins 20 conflits armés traumatismes graves provoquent non seulement
35
font rage dans le monde , pour la plupart dans des lésions psychologiques, mais peuvent même
les pays pauvres. La guerre est une expérience modifier de façon permanente la composition
traumatisante qui empêche, à tout le moins, la chimique du cerveau38. Les plus jeunes victimes
continuation d’une existence normale. Elle est de la guerre ont donc un besoin particulier de
un terreau fertile pour les violations des droits soins physiques et psychologiques. En traitant
des enfants. Au cours des dix dernières années, les blessures physiques des jeunes enfants, on
environ 2 millions d’enfants ont été massacrés, leur permet de survivre à un conflit. En soignant
6 millions d’autres gravement blessés ou handi- leur esprit, on se donne une chance de prévenir
capés à vie, et 12 millions se sont retrouvés sans le suivant.
abri. On estime que les civils, mères et enfants Zones de paix et « espaces de tranquillité
pour la plupart, représentent entre 80 et 90 % pour les enfants ». Les enfants qui vivent dans
des tués et des blessés d’un conflit36. Au cours des régions en guerre doivent à la fois supporter
e
de la dernière décennie du XX siècle, plus d’un l’insupportable et comprendre l’incompréhen-
million d’enfants sont devenus orphelins ou sible. Dans ces situations de crise extrême, il
ont été séparés de leur famille en raison d’un est difficile d’apporter aux nourrissons, aux
conflit armé37. enfants de tous âges et à leur famille une aide
Pour prendre quelques exemples de combats autre que celle qui est strictement nécessaire à
récents, en Sierra Leone, au nord de l’Ouganda leur survie : de l’eau, de la nourriture et un
et au Soudan, des enfants ont assisté à la torture logement provisoire. La communauté mondiale
et au meurtre de membres de leur famille. peut considérer l’éveil cognitif et psychologique
En Tchétchénie, d’autres ont été victimes de comme un luxe lorsque les besoins matériels
bombardements à répétition. Pendant le sont clairement prioritaires. Mais même en
génocide de 1994, au Rwanda, 250 000 enfants temps de crise, les enfants ne réclament pas
ont été victimes de bombardements à répéti- seulement à manger et à boire, ils veulent être
tion. En 1999, des enfants kosovars obligés de réconfortés et aimés. Faute d’intervention, un
fuir le « nettoyage ethnique » ont été privés de enfant traumatisé peut rester bloqué à un cer-
leur foyer, séparés de leur famille et ont perdu tain stade du développement et garder pour
tout ce que leur était familier. toujours gravé dans sa mémoire le souvenir des
Dans les sociétés stables et prospères, les horreurs auxquelles il a assisté. Un bébé
parents se demandent lequel, de Mozart ou de deviendra taciturne et apathique. Un jeune
Brahms, stimule le mieux le développement du enfant, sous l’empire de la peur, recommencera

36 La situation des enfants dans le monde 2001


à mouiller ses draps et à sucer son pouce. Un la nourriture afin de prévenir la mortalité des
enfant d’âge préscolaire, accablé par le deuil, se nourrissons, des enfants et des mères. Outre ces
montrera agressif ou se murera dans le silence. stratégies de survie initiales, l’Initiative des
Pour sauver à la fois la vie et l’esprit des « espaces de tranquillité pour les enfants » a per-
enfants, dans de nombreux pays en crise, mis d’assurer d’autres services, y compris les
l’UNICEF et ses partenaires tentent de créer des soins aux nourrissons, des cours de premier cycle
« zones de paix » et des « espaces de tranquillité et préscolaires, des activités récréatives, un soutien
pour les enfants ». Au Sri Lanka et au Soudan, psychosocial aux bébés et aux jeunes enfants et des
l’UNICEF et d’autres organisations ont négocié conseils aux enfants plus âgés et à leurs familles.
une trêve avec les combattants afin d’assurer Il est difficile de juxtaposer les images
l’acheminement de secours alimentaires, de d’enfants en train de dessiner, de jouer aux
médicaments et de vaccins. En dépit du conflit, cubes et de danser avec celles d’enfants hurlant
la vaccination des enfants s’est déroulée comme de peur, blottis à côté d’un parent blessé ou
prévu. Malheureusement, il n’est pas toujours gisant sur des draps trempés de leur sang. Mais
possible de mettre en place ces « couloirs de ceux qui s’occupent des enfants victimes de la
paix ». En 1999, la Sierra Leone a annulé deux guerre doivent s’efforcer de guérir à la fois leurs
de ses Journées nationales de vaccination en troubles affectifs et leurs blessures corporelles.
raison de la reprise des hostilités. Spolier les bébés et les enfants de leur
L’aide apportée aux enfants en matière avenir. La guerre coûte cher. Non seulement
d’alimentation et de logement rétablit une cer- elle dilapide le trésor des nations mais elle
taine normalité dans des circonstances anormales. spolie leur population et leurs citoyens les plus
Les efforts déployés pour assurer leur scolarité, vulnérables, les enfants, de leur avenir. La vio-
les faire jouer et les conseiller complètent le pro- lence organisée ne se contente pas d’infliger des
cessus. Lors de l’arrivée massive de réfugiés en dégâts physiques et psychologiques, elle draine
Albanie pendant le conflit ethnique du Kosovo, aussi de précieuses ressources. L’argent qui
les organismes d’aide ont d’abord fourni des pourrait permettre à des jeunes de prendre leur
médicaments, des vaccins, de l’eau propre et de essor dans la vie est au contraire gaspillé à des

Ces jeunes femmes


font la queue pour
obtenir des vivres et
des fournitures dans
un camp de personnes
déplacées près de
UNICEF/00-0560/Lemoyne

Dubarwa (Erythrée).
Ce camp, géré par
l’Eritrean Relief and
Rescue Commission,
accueille environ
50 000 personnes.

Un choix nécessaire 37
fins destructrices. Lors de leur récent conflit Dans le village d’Ambanganga, il n’y a ni
frontalier, l’Érythrée et l’Éthiopie ont dépensé bombes ni mines terrestres, mais le conflit n’en
des millions de dollars pour s’armer, tandis affecte pas moins des enfants comme ceux de
qu’un million d’Érythréens Priyanthi. La décision d’acheter
et 8 millions d’Éthiopiens des avions de combat a des
étaient menacés de famine. répercussions considérables sur
Le conflit interne qui ravage L’avenir des leur vie : elle les spolie de
le Sri Lanka a fait à ce jour réserves en eau salubre, d’équi-
plus de 60 000 victimes et il
nations s’assombrit pements sanitaires convenables,
a plongé le pays dans la réces- lorsque les enfants de vaccins, de livres et de routes
sion économique. Selon la carrossables.
ne reçoivent pas ce
banque centrale, le conflit Dans la zone de combat de
armé entre les Tigres libéra- qui leur est dû. la Péninsule de Jaffna, le coût
teurs de l’Eelam tamoul (TLET) de la guerre est bien plus élevé.
et le gouvernement à majorité Là, pris dans les combats, des
cinghalaise a empêché l’économie d’atteindre le enfants et leurs familles vivent sous les balles.
niveau de croissance moyen prévu et a provo- Les plus âgés sont enrôlés de force. Comme
qué le marasme actuel39. Le budget militaire du dans d’autres régions déchirées par la guerre,
gouvernement du Sri Lanka est passé de 700 à des milliers de bébés et d’enfants ont été bles-
40
880 millions de dollars . Tout cet argent sés, ont perdu leur foyer, leurs parents ou la vie.
dépensé pour acquérir des avions de combat ne Les germes de l’intolérance ethnique et reli-
pourra plus être affecté à la cause des enfants. gieuse sont plantés dès le plus jeune âge. Mais si

Le VIH et la mortalité des enfants de moins de 5 ans dans certains


Figure 7
pays d'Afrique

110%
Mortalité relative des moins de 5 ans (1981=100%)

105%
Zambie
prévalence du VIH 19,9%

100%

95%

Kenya
prévalence du VIH 14,1%
90%

Cameroun
85% prévalence du VIH 7,7%

80%
1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998

Note : Le taux de prévalence du VIH est celui observé chez les adultes à la fin de 1999

Source : Adapté d’ONUSIDA, Report on the global HIV/AIDS epidemic - June 2000, fig. 8

38 La situation des enfants dans le monde 2001


P R O F I L

une fraction de l’argent consacré à la destruction


militaire était investie pour assurer à chaque
enfant un bon départ dans l’existence, la com-
passion et la tolérance pourraient remplacer les
sentiments d’animosité. Tôt dans la vie, les
enfants apprendraient à régler leurs conflits
sans violence. Investir pour les enfants rappor-
terait des dividendes de paix considérables.

UNICEF/99-0682/Horner
Les effets du VIH/SIDA sur les
jeunes enfants
Aujourd’hui, 34,3 millions de personnes sont
atteintes du VIH/SIDA dans le monde. On
compte parmi elles 1,3 million d’enfants de Améliorer les compétences
moins de 15 ans41. La grande majorité d’entre parentales en Turquie
eux sont nés de femmes séropositives et ont

A
peine 12 pour cent des enfants de moins de six ans bénéficient des
contracté le virus dans l’utérus, à la naissance
programmes de développement du jeune enfant en Turquie, car les tarifs
ou pendant l’allaitement. Leur droit à survivre, sont prohibitifs pour une famille turque moyenne. Mais depuis 1994, le
à grandir et à se développer est menacé dès gouvernement turc et l’UNICEF travaillent ensemble à la création d’un système
leur plus jeune âge et ils mènent pour la plu- de développement du jeune enfant axé sur la famille et la communauté et
présentant une alternative aux centres d’éveil centralisés et plus coûteux.
part une existence brève, mourant avant même
Le programme de formation des mères, qui intervient dans 24 provinces, constitue
l’adolescence42. un des éléments de cette démarche. Les animateurs travaillent directement avec
L’épidémie fait des ravages particulièrement la mère, mais ils invitent également d’autres membres de la famille (le père, les
catastrophiques en Afrique subsaharienne, une enfants plus âgés et les grands-parents) à participer aux jeux et activités ludiques
destinés aux plus jeunes. Lorsque les membres de la famille créent ensemble à
région où vivent 10 % de la population mondiale
la maison une atmosphère de pédagogie interactive et stimulante, les enfants
et 70 % de toutes les personnes séropositives. obtiennent de meilleurs résultats dans les tests de langue et de développement.
C’est là qu’on enregistre 80 % des décès dus au L’ambiance familiale s’en trouve aussi améliorée. Comme le note une des partici-
SIDA et que vivent 90 % des orphelins du SIDA43. pantes, « Maintenant, je ne frappe plus mon enfant. Et mon mari ne me bat plus
non plus. »
Dans certains pays africains, plus de 10 %
Pour toucher le plus grand nombre de familles possible, l’UNICEF a produit en
des enfants de moins de 15 ans sont aujourd’hui collaboration avec les médias du pays une série de vidéos sur le développement
orphelins44. Les estimations selon lesquelles de l’enfant intitulée « Initiative pour améliorer les compétences parentales ».
13 millions d’enfants dans le monde perdraient Ces vidéos traitent des huit premières années de la vie de l’enfant. La plupart des
parents qui élèvent leurs enfants à domicile ne connaissent pas les besoins d’un
leur mère ou leurs deux parents en raison du
tout-petit en matière de développement. Des dessins animés ou des films mon-
SIDA d’ici à 2001 ont déjà été dépassées à la fin trent la progression type, par âge, en compétences linguistiques ou en matière de
de 199945. Environ 90 % de ces orphelins développement social, affectif, physique et moteur. Les films montrent des
vivent en Afrique subsaharienne46. échanges entre enfants et dispensateurs de soins qui donnent des suggestions
pratiques sur la façon dont les parents peuvent favoriser le développement.
Et avec 5,4 millions de nouveaux cas déclarés
Les vidéos touchent un vaste public, car elles sont diffusées par les chaînes natio-
pour la seule année 1999, le pire reste encore nales. Diverses publications liées à ces vidéos sont utilisées pour former un large
à venir 47. éventail d’éducateurs qui travailleront directement avec les jeunes enfants et leur
À Shiri-njoro (Tanzanie), non loin du Mont famille. Ces vidéos sont également devenues un élément important du programme
de formation des mères, qui touche environ 80 000 mères dans le pays.
Kilimandjaro, Felicia Mbonika, une notable qui
siège au conseil du village, connaît bien les
conséquences désastreuses du SIDA dans son
pays. Cette forte femme, vêtue d’un boubou
multicolore, cache son désespoir sous un visage
doux et serein. Assise dans sa petite maison en
bordure de la route principale qui relie Arusha Photo : dans les décombres de cet immeuble de la ville de Gulcuk, épicentre
au Kilimandjaro, elle évoque les condoléances du tremblement de terre de 1999 en Turquie, il ne reste que la photo de cette
qu’elle ne cesse de présenter à ses voisins. Son petite fille.

Un choix nécessaire 39
ENCADRÉ 6 Un tourbillon où les valeurs ne valent plus rien par Ernesto Sábato
Commission de personnalités en faveur de l’enfance et de l’adolescence de l’Amérique latine et des Caraïbes, Septembre 2000

spectacle de leur détresse. L’abandon


de ces premières années est comme
une plaie béante qu’ils garderont pour le
restant de leurs jours.
Ces filles et ces garçons ne connais-
sent pas le sentiment d’exaltation que
l’on éprouve devant un horizon infini de
possibilités. Les enfants abandonnés de
notre époque ont reçu tellement de
coups qu’ils ne croient plus en rien. Et
nul d’entre nous n’est en mesure de
leur promettre une vie digne.
Nous ne pouvons pas nous croiser
les bras devant la perversité d’un sys-
tème dont l’unique miracle a été de
concentrer plus de 80 % de la richesse
du monde aux mains d’un cinquième de
la population, alors que des millions
d’enfants meurent de faim dans la
misère la plus sordide.
C’est pourquoi nous demandons à
ceux qui détiennent le pouvoir, nous les
prions, nous exigeons d’eux, qu’ils tien-
nent leurs promesses successives. La
protection des enfants ne doit pas être
UNICEF/Argentine/Rey

une simple tâche à accomplir mais l’oc-


casion décisive et unique de sauver une
humanité défaillante. Rien n’est plus
important que de soutenir cet élan.
e manque criant de protection de maladies infectieuses, de blessures, Toutes les initiatives à prendre en faveur

L accordée aux enfants est une


preuve manifeste que nous vivons
une époque d’immoralité. Cette aberra-
de mutilations et de mauvais traitements
de toutes sortes. On les rencontre aussi
bien dans les grandes métropoles du
des garçons et des filles du monde sont
indispensables et urgentes. Les gouver-
nements doivent comprendre que notre
tion nous absorbe comme un tourbillon monde que dans les pays les plus destin repose sur la protection des
et donne une réalité nouvelle à la phrase pauvres. En Amérique latine, quinze mil- jeunes enfants; c’est là une tâche cru-
de Nietzsche : « les valeurs ne valent lions d’enfants sont exploités. Dans nos ciale, il y va du renforcement de la
plus rien. » villes, ils sont abattus pour cent ou deux démocratie et de l’avenir de l’humanité.
Pour tout homme, l’exploitation de cents dollars ou enlevés et tués et leurs Le manque d’humanité dans l’exer-
deux cent cinquante millions d’enfants organes sont vendus aux laboratoires du cice du pouvoir engendre une violence
du monde entier est à la fois un crime et monde entier. Voilà le cruel supplice que que nous ne pourrons pas combattre
une honte. Des enfants qui fouillent dans nous leur faisons subir ! Et cette plaie avec des armes. Seul un sentiment de
les ordures pour trouver leur subsistance ouverte sur les rues du monde prouve fraternité pourra nous sauver. L’objectif
et cherchent dans le noir un coin où s’al- que l’homme a vu s’échapper une partie fondamental des chefs d’État doit être
longer. Quelle honte ! Comment avons- de son humanité. d’accorder la plus haute priorité au bien-
nous pu en arriver là ? Certains sont Ils ont été tellement maltraités que être des garçons et des filles, de les pro-
forcés de se prostituer. D’autres sont leurs yeux, loin de refléter l’innocence téger et de les préparer à construire,
obligés d’accomplir, dès l’âge de 5 ou 6 propre à l’enfance, n’expriment que la ensemble, un univers à la mesure de la
ans, des tâches insalubres et épuisantes peur et la méfiance qui accompagneront grandeur humaine.
pour quelques sous, dans le meilleur des toujours ceux qui ont grandi sans C’est dans le regard de nos enfants
cas. Car beaucoup d’entre eux travaillent parents. Ces millions d’enfants, déjà pri- que se trouve le seul mandat dont nous
dans des conditions d’esclavage ou de vés de la protection de leur famille, devons nous acquitter. L’abandon que
semi-esclavage sans aucune protection n’ont pas non plus reçu d’aide de la part nous y lisons est un crime qui remet
juridique ou médicale. Ils sont victimes de ceux qui assistent impassibles au notre humanité en question.

40 La situation des enfants dans le monde 2001


En faisant nôtre la phrase de Dos- pas lent n’est pas dû seulement aux douleurs de
toïevski : « chacun d’entre nous est cou- l’arthrite, mais à la peine qu’elle éprouve. Dans
pable devant tous, pour tous et pour sa région, où ne vivent qu’environ 300 familles,
tout », appliquons-nous à défendre les elle rapporte que 15 personnes sont mortes du
droits des enfants abandonnés, privés des
SIDA cette année.
soins essentiels que leur jeune âge exige.
« Presque chaque semaine, on enterre
Nous ne pouvons pas nous dérober
quelqu’un », explique Mme Mbonika. «Je suis
à cette responsabilité.
Ces enfants sont nos fils et nos filles. inquiète pour l’avenir de mon pays. Ce sont
Ils doivent être l’objectif principal d’un des jeunes qui meurent. À cet âge là, ce sont
combat qui relève de notre vocation la eux qui devraient être les plus productifs et
plus authentique. assurer la nouvelle génération ».
Elle a raison. Le SIDA fauche les individus
Le grand écrivain argentin Ernesto dans la fleur de l’âge et appauvrit l’Afrique. Les
Sábato milite depuis des années pour écoles perdent leurs instituteurs, les cliniques
les droits de l’homme. Il est physicien manquent d’agents de santé, les entreprises
nucléaire de formation. n’ont plus assez d’employés et les enfants sont
privés de leurs parents.
Le récit de Felicia Mbonika sur l’impact du
SIDA dans son village de Tanzanie illustre bien La mère est
les statistiques. Au cours des dernières années, morte. Le bébé
cette mère dont les enfants sont grands a vu
tous les membres de deux familles du village
est mort. Un
disparaître un par un. Une mère est morte. autre enfant
Puis un jeune enfant. Un autre enfant. Puis le est mort. Et
père est mort. Ces faits se sont reproduits, à
quelques variantes près, dans la seconde puis le père
famille, décès après décès. est mort.
Près de chez elle, note Mme Mbonika, vit
une famille où les deux parents sont morts du
SIDA. Il ne reste plus désormais que les quatre
enfants. Le plus jeune a quatre ans et les trois
autres vont à l’école primaire. Leur frère aîné
de 19 ans, écrasé par sa nouvelle responsabilité
de chef de famille, s’est marié spécifiquement
pour que sa femme l’aide à s’occuper de ses
frères et sœurs.
Ces histoires ne sont pas propres à la
Tanzanie. Dans les familles, les villages, les
villes et les pays de toute l’Afrique, on rapporte
des cas similaires qui illustrent les consé-
quences dévastatrices de la maladie.
UNICEF/Argentina/Rey

On constate par ailleurs un lien de corréla-


tion négatif entre l’épidémie et l’économie : la
pauvreté aggrave la crise sanitaire et la maladie
vide les coffres des nations. On estime qu’en
2005, le coût du traitement et des soins liés au
Photos : à gauche, la petite Carla attend de
passer sa visite médicale dans un centre de
VIH/SIDA représentera un tiers de toutes les
santé de Resistencia (Argentine). Ci-dessus : dépenses publiques de l’Éthiopie, plus de la
enfants dans les rues de Buenos-Aires. moitié de celles du Kenya et près de deux tiers
de celles du Zimbabwe48.

Un choix nécessaire 41
Outre qu’il grève les budgets nationaux, le
Figure 8
Risques pour la santé de l’enfant
SIDA a aussi fragilisé le système d’entraide, ce
présents dans l’environnement
réseau qui regroupe tous les membres d’une
famille élargie et qui constitue la structure de
base des sociétés africaines. Au Zimbabwe, où
Foyer et communauté 26 % de tous les adultes sont séropositifs49, une
étude du gouvernement portant sur trois collec-
Agents pathogènes biologiques et leurs
tivités rurales a révélé que sur 11 514 orphelins,
vecteurs/réservoirs
y compris les micro-organismes présents dans les plus de 11 000 étaient élevés par leur famille
excréments humains, et les vecteurs de maladie élargie. La plupart de ces chargés de famille
(comme les moustiques, les rats et les pathogènes étaient des femmes pauvres, veuves et ayant
atmosphériques)
plus de 50 ans50. Le nombre croissant d’orphelins
Polluants chimiques du SIDA draine les ressources affectives et finan-
(comme les pesticides, les engrais et les effluents cières des familles. En Côte d’Ivoire, par
industriels)
exemple, une famille dont un membre est
Ressources naturelles en quantités insuffisantes atteint du SIDA subit en moyenne une perte de
(comme la nourriture, l’eau et le combustible) revenus allant de 52 à 67 % alors que ses coûts
de santé sont multipliés par 4. Alors que le
Dangers physiques
dans la maison (comme les lésions corporelles) et revenu de la famille s’effondre, le coût des soins
en dehors de la maison (comme les accidents de la dont chaque patient a besoin monte en flèche,
circulation, les inondations et les coulées de boue) et la consommation alimentaire baisse51.
Les orphelins du VIH/SIDA. Que leurs
parents soient morts du SIDA ou trop malades
Foyer, communauté et au-delà
pour leur procurer les soins et l’attention dont
Aspects liés aux locaux existants
ils ont besoin, les enfants touchés par l’épidémie
(comme la peinture au plomb, et services et sécurité risquent fort de souffrir de malnutrition, de ne
laissant à désirer) pas être scolarisés et de vieillir bien trop rapide-
ment. Ils sont ainsi privés de leurs droits à
grandir et à se développer. Une étude réalisée
Communauté et au-delà en Zambie, par exemple, a montré que 32 %
des orphelins des villes et 68 % des orphelins
Dégradation des ressources naturelles
(comme l’érosion des sols, le déboisement et la des zones rurales n’étaient pas inscrits à
détérioration de la qualité de l’air, du sol et de l’eau) l’école52. Les enfants orphelins du SIDA courent
davantage de risques de devenir eux-mêmes
séropositifs53. Psychologiquement vulnérables,
Niveau national et au-delà ils sont davantage prédisposés à un comporte-
ment sexuel risqué. Désespérés par leur
Problèmes environnementaux ayant des effets
manque de ressources, ils se font exploiter
plus indirects, mais à long terme sur la santé et
le bien-être plus facilement et sont souvent obligés de se
(comme l’épuisement des ressources énergétiques, prostituer pour survivre.
la destruction des écosystèmes, le réchauffement Malgré l’énormité de la crise du VIH/SIDA,
de la planète et l’appauvrissement de la couche
les familles, les villages, les communautés et les
d’ozone)
nations ne baissent pas les bras. Refusant de
céder au désespoir, un grand nombre de collec-
tivités ont réagi avec courage et ingéniosité.
Certains des efforts les plus vaillants jamais
Source : Adapté de D. Satterthwaite et al., The Environment for Children: Understanding
and acting on the environmental hazards that threaten children and their parents, Earthscan
déployés en faveur des enfants ont vu le jour au
Publications Ltd., en collaboration avec l’UNICEF, Londres, 1996. lendemain de cette tragédie. Reconnaissant
l’importance des premiers mois et des pre-

42 La situation des enfants dans le monde 2001


Les cinq petits-enfants
de cette grand-mère de
Morogoro (Tanzanie)
sont des orphelins du
SIDA. Elle est venue
avec deux d’entre
eux recueillir des
conseils sur certains
médicaments dans un
centre de Faraja Trust,
une ONG nationale.

UNICEF/00-0029/Pirozzi
mières années de la vie, plusieurs pays africains déstabilisée par le poids cumulatif des disparités
ont montré l’exemple en prodiguant des soins qu’elle perpétue. Et les inégalités qui subsistent
aux jeunes enfants pendant l’épidémie. dans un pays compromettent l’équilibre entre
En Namibie, par exemple, où le nombre les nations : des enfants pauvres, souffrant de
d’enfants orphelins du SIDA a quintuplé entre malnutrition et en mauvaise santé forment des
1994 et 1999, le gouvernement et l’UNICEF nations affaiblies qui tombent facilement à la
offrent des équipements, des fournitures et du merci d’États plus puissants. Lorsque les enfants
matériel à des garderies dont les services sont ne reçoivent pas ce qui leur est dû, l’avenir des
gratuits pour les jeunes qui ont perdu leurs pays s’assombrit.
parents. Ces centres sont dotés de latrines à En investissant dans l’enfance dès les pre-
fosse, de bâches; ils reçoivent des crayons et du mières années de la vie, un pays aide non seule-
papier à l’usage de tous les enfants et fournis- ment les familles et les jeunes mais contribue
sent aux orphelins les soins dont ils ont tant aussi au développement durable. Ces investisse-
besoin. Les familles adoptent plus volontiers ments sont une des décisions les plus avisées
ces enfants orphelins du SIDA, sachant qu’ils que les responsables puissent prendre à l’heure
bénéficient de services de garderie gratuits54. actuelle.
La faim, la maladie et l’ignorance n’ont
jamais favorisé la croissance économique
Briser les cycles durable, la démocratie ou le respect des droits
Pour briser les cycles de la pauvreté, de la vio- de l’homme. En donnant à tous les enfants un
lence et de la maladie, il faut intervenir dès le bon départ dans la vie, on élimine les obstacles
plus jeune âge, le plus vite possible. Les pro- qui entravent le développement humain. Nous
grammes de développement du jeune enfant devons dès à présent renouveler notre engage-
sont la clé d’une vie riche et productive pour ment en faveur des droits de l’enfant, formuler
l’enfant et du progrès des nations. De même la vision d’un monde futur et avoir le courage
que la démocratie est un prélude au dévelop- de prendre toutes les mesures nécessaires pour
pement humain, la bonne santé des enfants, libérer des générations entières des chaînes qui
tant physique que mentale, est essentielle au les maintiennent dans la misère.
développement d’un pays. Quelle que soit sa
solidité apparente, une société finit par être

Un choix nécessaire 43

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