PRESENTATIONS
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REPRESENTATIONS SOCIALES :
TRAJETS THEORIQUES ET METHODOLOGIQUES
Jacqueline Billiez ; Agnès Millet,
Les représentations sociales sont au cœur des recherches, tant sociolinguistiques que didactiques, menées depuis
plus de vingt années dans le laboratoire LInguistique et DIdactique des Langues Etrangères et Maternelles
(LIDILEM) de l’université Stendhal Grenoble 3. Si, dans les premiers projets, le terme de « représentation
sociale » était employé dans une acception plutôt vague, depuis une dizaine d’années, on s’interroge sur les
fondements et les implications théoriques de cette notion. Avant d’exposer quelques résultats liés à ces
thématiques, nous présentons ici succinctement notre laboratoire.
Le LIDILEM est l'émanation d'un regroupement de plusieurs centres de recherche, qui auparavant étaient
séparés et qui s'étaient constitués, au fil du temps, selon des logiques diverses (différences dans les orientations,
distinctions de terrains, nouveaux champs de recherche, recomposition d'équipes, etc.). Trois de ces centres1
avaient établi, bien avant cette réorganisation, des liens étroits en raison, entre autres, d'orientations communes,
notamment un ancrage fort du côté de la sociolinguistique et de la didactique, et surtout de convergences à partir
d’interrogations d'ordre théorique ou méthodologique rencontrées au cours de leurs travaux. Les
questionnements sur les représentations et les attitudes étaient en effet semblables même si leurs objets de
recherche étaient aussi divers que "l'orthographe", "les régionalismes", "la lecture et l'activité de lecture", "la
langue des signes", "les langues romanes", "le bilinguisme des populations migrantes". Aujourd’hui, même si les
réponses apportées ne sont pas identiques, nous les pensons complémentaires et souhaitons ici en faire état.
Essayer de faire émerger les représentations pour comprendre le système d’organisation du monde linguistique
que les individus se sont forgés, par des moyens divers de communication, les connaissances scolaires, leurs
expériences familiales et sociales, etc. a ainsi constitué l’objectif très ciblé de plusieurs études auxquelles nous
nous référerons, sans trop entrer toutefois dans des détails, pour exemplifier les directions théoriques et
méthodologiques tour à tour empruntées.
La rencontre organisée par l'équipe "plurilinguisme et apprentissage" de l'ENS de St-Cloud a fourni l'occasion
d'une première mise en commun sur la notion de représentation sociale, qui s'est prolongée par la mise en place,
dès la rentrée suivante, d'un séminaire mensuel réunissant une vingtaine de collègues et doctorants du LIDILEM.
Leurs exposés et les débats très ouverts qu'ils ont suscités trouveront ici un large écho.
Il s’est agi de dégager les orientations principales qui ont servi de repères et de structuration aux différents
recherches menées dans le LIDILEM sur les représentations sociales et les attitudes ainsi que leurs apports
respectifs ; d’aborder les aspects tant théoriques que méthodologiques soulevés dans et par ces différentes
études, et spécialement celles conduites à partir d’entretiens semi-directifs ; de confronter ces travaux avec
d’autres, plus récents ou plus anciens, pour rendre compte de leurs prolongements éventuels et des nouvelles
avancées théoriques ainsi que pour discuter amplement la genèse et l’élaboration des concepts liés à ce vaste
thème que sont les représentations sociales. La contribution présentée ici s’articule autour de ces objectifs.
Depuis le début des années quatre-vingt, le recours à la notion de représentation sociale s’est réalisé dans nos
recherches de façon graduelle et en constante interaction avec les questions méthodologiques qui ne cessaient de
traverser l’ensemble de nos travaux. Nous retraçons ici la mise place progressive des outils conceptuels que nous
avons élaborés et utilisés pour cerner les représentations sociales construites par les différents acteurs, ainsi que
pour mieux appréhender le concept lui-même, démarche qui nous a amenés à nous tourner vers les travaux des
psychologues sociaux, pour envisager des croisements théoriques et méthodologiques entre leurs apports
indéniables et les spécificités de nos recherches, compte tenu du fait que pour les sociolinguistes le langage est à
la fois objet et moyen d’étude.
1 Le Centre de Didactique des Langues fondé par Louise Dabène, et dirigé actuellement par Jacqueline Billiez.
Le Centre de Didactique du Français fondé par Michel Dabène, puis transformé en Centre « Interactions
Verbales Ecriture Lecture », actuellement dirigé par Francis Grossmann.
Le centre COmmunication VARiations ECriture fondé par Vincent Lucci et dirigé actuellement par Vincent
Lucci et Agnès Millet.
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La distinction entre “ les dires ” et les “ faires ”2 a tracé une première voie de rapprochement avec la notion de
représentation. Puis s’est imposée une double nécessité : dégager la notion de celle d’attitude pour tenter de les
définir l’une par rapport à l’autre et envisager leurs articulations aux comportements langagiers (les “ faires ”).
Certaines de nos recherches ont porté sur les usages de langues minorisées, pour lesquelles la prudence
méthodologique revêt un enjeu crucial3. Il est en effet patent qu’il existe un décalage entre ce que les personnes
interrogées disent faire, dans des entretiens ou des questionnaires, et ce qu’elles font réellement en situation.
Nous ne pouvions dès lors faire comme si nous l’ignorions. Autrement dit, il s’agissait de poser une sorte de
principe de précaution élémentaire, qui consistait à ne pas confondre les déclarations sur des usages langagiers
avec les usages eux-mêmes, tels qu’on peut les observer par d’autres méthodes (enregistrements ou recueils de
données saisies “ in vivo ” par exemple). Cette distinction « dire/faire » rejoint d’ailleurs les deux catégories de
méthodes qui s’opposent assez fondamentalement : celle des observations indirectes qui passent par les “ dires ”
des sujets (l’entretien et le questionnaire), et celle des observations directe et participante où le mode d’accès aux
“ faires ” n’est pas uniquement médiatisé par des discours suscités sur des thèmes liés à la recherche. Notre
démarche a donc consisté, dès les premiers travaux, à dissocier ces deux aspects, tout en n’occultant pas leur
complémentarité : la complémentarité entre représentations et comportements.
Un problème subsistait cependant. Puisque chaque fois que l’on accède à des observables médiatisés par les
“dires” des enquêtés, on atteint en réalité toujours des représentations, plusieurs questions se posent : ces
représentations sont-elles toutes de même nature ? Quelle est l’implication du vocable « social » qui vient
spécifier un type de représentation ? Est-il utile de discerner certaines catégories, et spécialement celle des
attitudes ? Quelles sont enfin les articulations entre représentations, attitudes et comportements ?
Au fur et à mesure que les recherches avançaient, ces questions sont apparues, à tout le moins, bien plus
complexes et contradictoires que nous le pensions au début. La notion de représentation, utilisée dès les
premières enquêtes pour renvoyer à ces “ dires ”, restait dans une sorte de flou. La question de savoir si ce flou
était préjudiciable ou opératoire mérite d’être posée car Serge Moscovici4 , fondateur de la théorie “française”
des représentations sociales, a défendu l’idée selon laquelle une définition précise aurait risqué de figer le
concept. Malgré cette déclaration rassurante, nous avons éprouvé le besoin de poursuivre cette entreprise de
clarification. Comment sont perçus, jugés, évalués les langues et leurs locuteurs ? Quelles attitudes symboliques
les groupes développent-ils à leur égard, avec quels enjeux identitaires, quelles conséquences sur les
comportements langagiers ? Toutes ces questions, évitées par les linguistes, parce que s’aventurant sur des
terrains risqués, sont à l'origine du développement de la sociolinguistique et de nombreux travaux de
sociolinguistes qui, à l’instar de William Labov, ont tenté de cerner ces aspects subjectifs articulés aux
comportements des locuteurs, même de façon paradoxale, comme l’exprime dans un entretien, la déclaration
particulièrement condensée de cet adolescent, “ma langue c’est l’arabe, mais je la parle pas” 5.
S’il était cependant relativement commode d’appréhender ce volet subjectif par toutes sortes de méthodes
indirectes (entretiens, questionnaires, tests du locuteur masqué, etc.), son abord théorique ne l’était pas, les
recherches s’étant développées au sein et à l'intersection de plusieurs disciplines – psychologie, sociologie,
psychologie sociale, psychosociologie, sociolinguistique, didactique.
Cette approche plus théorique s’est donc accomplie progressivement, et même plutôt dans un va-et-vient entre
recherches empiriques et quête théorique, au cours ou à la suite d’enquêtes plus directement ciblées, par
2 C’est Michel Dabène qui, dans notre Laboratoire, a le premier formalisé cette distinction. Cf M. Dabène :
Ecriture et lecture chez l’adulte, thèse de doctorat d’Etat, Besançon, 1985.
3 L’inégalité de statuts entre les langues, redoublée parfois par celles entre enquêteur et enquêté, amène les
personnes interrogées à prétendre ne pas manier des “ langues honteuses ”, généralement les variétés basses des
situations diglossiques ou encore les parlers bilingues, qu’ils considèrent comme des mélanges illégitimes face à
l’enquêteur s’exprimant dans la langue majoritaire et dominante, celui-ci n’ayant même pas prévu (le cas est
fréquent) la catégorie “ mélange ” dans son questionnaire.
4 S. Moscovici : La psychanalyse, son image et son public, PUF, 1961, 2ème ed. 1976.
5 L. Dabène, J. Billiez : La situation sociolinguistique des jeunes issus de l’immigration, rapport ronéoté, Centre
de Didactique des Langues, 1984.
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exemple, sur les représentations de l’orthographe et des attitudes face à une éventuelle réforme6 et sur celles face
aux régionalismes dans la région de Gap7. C’est donc en cherchant à retourner aux origines du concept de
représentation, auquel s’articule celui d’attitude, que nous avons pu nous appuyer sur les recherches théoriques
menées par les psychologues sociaux au cours de ces trente dernières années.
Nous n’avons donc l’ambition ni de proposer des définitions nouvelles ni d’effectuer ici des mises au point
nettes et encore moins définitives sur toutes ces notions en cours d’élaboration au sein même des disciplines qui
les ont forgées. Willem Doise8 souligne assez bien, et il n’est pas le seul, toute la complexité de la notion de
représentation sociale au carrefour d'une série de concepts sociologiques et psychologiques.
En renouant avec la tradition sociologique de Durkheim qui accordait une importance primordiale aux
“représentations collectives” dans les relations interindividuelles et qui ne les distinguait d'ailleurs pas des
attitudes, Serge Moscovici, dans ses travaux pionniers, définit les représentations sociales comme des éléments
de la conscience sociale extérieure aux individus et s'imposant à eux. Pour comprendre le monde environnant, les
individus ont besoin de cadres de référence, de normes sociales pour se situer et développer des relations. Selon
W. Doise, “Une représentation sociale consiste toujours à ancrer nos connaissances dans un monde de valeurs
sociales hiérarchisées résultant des positions asymétriques occupées par des groupes et individus dans un champ
social”9
Les représentations sociales sont donc des savoirs qui jouent un rôle dans le maintien des rapports sociaux ; en
même temps qu'elles sont façonnées par eux, elles véhiculent directement ou indirectement un savoir sur ces
rapports. Cette imbrication des représentations dans le tissu des rapports sociaux est souvent méconnue des
acteurs sociaux. “Manière d'interpréter et de penser notre réalité quotidienne”10, cette forme de connaissance
sociale “fait feu de tout bois”11. Elle se constitue par toutes sortes d'expériences et d'informations, reçues et
transmises par la tradition, l'éducation et la communication sociale.
Il s'agit donc d'une connaissance socialement élaborée et partagée qui concourt à la construction sociale de notre
réalité. Denise Jodelet constate que toute représentation est définie par un contenu se rapportant à un objet : elle
est représentation de quelque chose et de quelqu'un, c'est-à-dire d'un individu, d'une famille, d'un groupe, d'une
classe, etc..
La relation dialectique entre la représentation et le social s'explique par deux processus, l'objectivation comme
opération imageante et structurante d'une notion abstraite (“noyau figuratif”) et l'ancrage comme enracinement
social dans la vie des groupes. Devenue une sorte de code commun, la représentation sociale sert à classer les
individus, les événements et les objets, à élaborer des prototypes permettant à leur tour d'évaluer d'autres objets.
Le prototype qui n'est jamais neutre, oriente les classements en offrant une matrice de traits par rapport auxquels
les objets nouveaux seront catégorisés. De l’étude des représentations des langues romanes, il ressort ainsi que la
langue romane prototypique pour les Français est représentée par la langue italienne, toutes les autres langues
étant classées et jugées par rapport à elle12. Par ailleurs, des principes de portée générale structurent les
représentations. Les systèmes d'opposition comme nature/culture, féminin/masculin constituent, entre autres, ces
6A. Millet : Quelques aspects sociolinguistiques de l’orthographe française, V. Lucci Dir., thèse de doctorat,
Grenoble III, 1990 et A. Millet, V. Lucci, J. Billiez : Orthographe mon amour, PUG, 1989.
7 J. Billiez et alii : “ Les régionalismes dans la société gapençaise: représentations, évaluations et conscience ou
Les rabanets de Romette ne peuvent pas être excellents ”, Espaces Romans : Etudes de dialectologie et de
géolinguistique offertes à Gaston Tuaillon, Vol.II, ELLUG, Université Stendhal-Grenoble3, 1989, p.144-157.
8 W. Doise : « Les représentations sociales, définition d’un concept » in L’étude des représentations sociales,
Delachaux-Niestlé, 1986, pp. 81-94.
9 W. Doise : « Les représentations sociales », in R. Ghiglione, C. Bonnet, J.F. Richard, Traité de psychologie
cognitive, tome 3, Dunod, 1990, p.110-174, p. 114.
10 D. Jodelet : “ Représentations sociales : phénomènes, concepts et théories ”, in S. Moscovici (ed) Psychologie
sociale, PUF, 1984, p 357-378.
11 D. Bourgain, : Discours sur l’écriture. Analyse des représentations sociales de l’écriture en milieu
professionnel, Thèse de Doctorat d’etat sous la direction de J.Peytard, Université de Besançon, 3 volumes
photocopiés, 1988, p.100.
12 J. Billiez : “ Langues de soi, langues voisines : représentations entrecroisées ”, Etudes de Linguistique
Appliquée, Comprendre les langues voisines, N° 104, 1997, p. 401-410.
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principes “organisateurs”. Dans la hiérarchisation des parlers, par exemple, la langue est positionnée du côté de
la culture et de son ordre, alors que le “ dialecte ” ou le “ patois ” portera les stigmates du désordre qui a des
accointances avec la nature et le règne animal.
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Ces quelques aspects permettant d'approcher la notion montrent à l'évidence que les représentations sociales sont
des phénomènes complexes comprenant des aspects conscients et inconscients, rationnels et irrationnels13. De
cette richesse protéiforme et dynamique, on ne saisit parfois que des éléments épars et isolés : croyances,
valeurs, opinions, attitudes, stéréotypes, ... dont l’étude, “même quand elle est appuyée par la technique d'analyse
de données les plus modernes, ne peut devenir une étude des représentations sociales que dans la mesure où elle
relie des réalités symboliques à la réalité complexe et changeante des rapports sociaux”14.
On le voit, de Durkheim à Doise et Palmonari, sans parler des sociolinguistes, il n’est pas aisé de distinguer et de
séparer les représentations sociales des attitudes. Les deux notions présentent, en effet, des points de similitude,
notamment celui de préexister aux comportements. Comme le note Dominique Bourgain15,elles sont toutes deux
sélectives (comme si l’individu opérait des choix), spécifiques et intégratives dans leurs rapports aux
comportements. L’attitude serait néanmoins plus directement articulée aux comportements qu’elle dirigerait ou
coordonnerait. Elle est, en effet, généralement définie comme une sorte d’instance anticipatrice des
comportements, une prédisposition à répondre de manière consistante à l’égard d’un objet donné ; ce qui
n’exclut pas, d’ailleurs, que l’on puisse considérer aussi l’attitude comme conséquence du comportement.
L’attitude pourrait donc représenter un élément charnière et dynamique entre les représentations sociales et le
comportement, régulant en quelque sorte leurs rapports. Si les chercheurs en psychologie sociale ont pendant un
certain temps considéré leurs relations sous le mode de l’interaction, d’autres ont proposé, plus récemment, un
modèle où les attitudes constituent la dimension évaluative des représentations sociales. P. Moliner 16, arguant
que « l’activité qui résulte du processus représentationnel est autant une activité descriptive (interprétation et
compréhension) qu’une activité évaluative (jugement). »17, propose un modèle bidimensionnel des repré-
sentations sociales dans lequel certaines cognitions jouent un rôle descriptif et d’autres un rôle évaluatif. Les
cognitions descriptives permettent de saisir la nature de l’objet, d’en donner une définition, alors que les
cognitions évaluatives saisissent la qualité de l’objet et consistent en jugements positifs ou négatifs à son égard.
C’est cette position qui nous paraît la plus opérationnelle. En effet, d’une part, les difficultés qu’il y a à démêler
« représentations » et « attitudes » dans les discours pourraient bien être dues à l’imbrication des ces deux
dimensions. D’autre part, cette imbrication jette un doute sur les techniques (telles le test du « locuteur masqué »
sur lequel nous reviendrons plus loin ) qui cherchent à mettre en évidence les attitudes, sans les relier
nécessairement au « complexe représentationnel ». Reste à envisager maintenant les relations entre ces deux
dimensions des représentations et les comportements langagiers.
3. Représentations et comportements
Si, dans de nombreux domaines d’études, il est difficile – voire impossible – de proposer, face aux
représentations sociales mises en évidence, une étude des comportements, les objets langagiers sont manifestes,
et les pratiques observables. Ainsi, après avoir levé la confusion entre ce que les personnes disent qu’elles font
et ce qu’elles font effectivement, il s’est agi, dans bon nombre de nos enquêtes, d’envisager les types de liens
existant entre les représentations des langues (comprenant une dimension évaluative) et les pratiques langagières.
Il nous est apparu illusoire de croire que des liens mécaniques existent entre des types de représentations et des
pratiques langagières. Ces liens s’avèrent la plupart du temps fort ténus, en tout cas non linéaires, et ne peuvent
revêtir de ce fait qu’une très faible valeur prédictive. On l’a vu plus haut, un adolescent peut manifester un
sentiment positif et très intense vis-à-vis de l’arabe qu’il considère comme “ sa langue ”, alors qu’il déclare ne
pas la parler. En étudiant par ailleurs ses pratiques de cette langue, on pourrait constater, selon les situations de
communication spécifiques observées, plusieurs cas de figure : un usage nul, un usage identitaire et ritualisé, un
bilinguisme récepteur, un parler bilingue. Cherchant à comprendre ces articulations, les psychologues sociaux
sont restés longtemps perplexes devant les incohérences entre attitudes et comportements qu’ils découvraient
dans leurs études. Les travaux les plus récents18 prêtent une attention accrue à cette dimension situationnelle à
laquelle nous avions été confrontés dans nos travaux sur le parler bilingue. En effet, en nous fondant sur la
13 Serge Moscovici, « L’ère des Représentations sociales », in W. Doise et A. Palmonari (Dir).: L’étude des
représentations sociales, Delachaux Niestlé, 1986, p. 34-80.
14 W. Doise et A. Palmonari (Dir).: L’étude des représentations sociales, op.cit., p. 32.
15 op.cit.
16 P. Moliner : Images et représentations sociales, PUG, 1996.
17 Id. p. 80.
18 Ahmed Channouf et alii : “ Prédire des comportements à partir des attitudes : nouvelles perspectives ”, in J.-
C. Deschamps et J.-L. Beauvois, Des attitudes aux attributions, sur la construction de la réalité sociale, PUG,
1996, p.55-65, p 63-64.
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théorie de l’accommodation19, les analyses des différentes fonctions des changements et des alternances de
langues opérés par les bilingues nous ont conduit à accorder au locuteur un rôle actif dans les interactions. Celui-
ci peut, à son gré, changer de code soit pour se rapprocher (stratégie de convergence) soit pour se distancier
(stratégie de divergence) de ses interlocuteurs. Ainsi, représentations et comportements sont sans aucun doute
liés mais de façon très complexe, puisque toutes les représentations sont mobilisées dans les échanges :
représentations des langues en contact, représentations de la situation de communication, représentations de soi
et de l’autre. Les méthodologies mises en oeuvre par les chercheurs rendent compte à des degrés très divers de
cette complexité, ainsi que de la complexité des représentations sociales, toujours situées au carrefour de
l’homogène et de l’hétérogène.
Il semble qu’à l’heure actuelle, de façon globale, les recherches effectuées sur les représentations sociales sont
fort différentes, du point de vue méthodologique, selon qu’elles sont conduites par des psychologues sociaux, sur
des sujets aussi variés que « l’entreprise », « la chasse », « la banque » etc20, ou par des sociolinguistes sur des
objets langagiers. D’un côté des objets diversifiés et une certaine unité méthodologique ancrée dans le
quantitatif, utilisant des questionnaires fermés et des tests projectifs ou réactifs21 et restituant les résultats sous
formes de graphiques et de tableaux quantifiés selon des traitements statistiques adaptés22. De l’autre, une
thématique commune – mais extrêmement protéiforme – et des méthodologies qualitatives d’analyse discursives
qui tentent de tracer des lignes de démarcation avec la traditionnelle « analyse de contenu ». Il faut dire que les
objectifs ne sont pas les mêmes non plus, d’un côté on vise la recherche du « noyau central » des représentations
sociales et de ses « éléments périphérique », de l’autre on cherche à restituer des espaces discursifs conçus
comme expression de représentations sociales diversifiées tant au plan intra- qu’inter-individuel. Cette différence
peut peut-être s’expliquer par le rapport particulier que les sociolinguistes ont eux-mêmes avec le langage,
puisqu’il est à la fois leur objet fondamental d’étude et la matière de laquelle ils vont chercher à faire émerger
ces représentations sur les langues et les pratiques langagières.
1. Questions récurrentes
Habitués à interroger les mécanismes linguistiques et tentant de prendre en compte tous les paramètres qui
président à leur complexité, les sociolinguistes semblent donc globalement plus convaincus, en matière de
recherche sur les représentations sociales, par des méthodologies qualitatives, qui sont mieux à même de rendre
compte de l’émergence discursive de ces représentations. Les traces discursives de la (co) construction du sens,
l’architecture textuelle des discours longs recueillis lors d’entretiens très largement semi-directifs paraissent
mieux à même d’exhumer les nuances, les contradictions, les difficultés et les bonheurs - individuels ou
collectifs - que chaque sujet ne manque pas de tirer de son vécu linguistique et qui sont le ciment de ses
représentations sociales. Néanmoins, les limites des méthodologies qualitatives sont connues. Si elles sont
puissantes pour rendre compte de la diversité des points de vue sur un objet, des variations intra-individuelles et
intra-groupales, elles n’offrent que peu de prise pour une appréhension statistique des phénomènes. Pour palier
cette dilution des résultats, la plupart des chercheurs introduisent des outils qui visent, en quelque sorte, à
quantifier le qualitatif, de façon à pouvoir rendre compte, en s’appuyant sur quelques indications chiffrées (qui
n’ont cependant pas de valeur statistique) des jeux du Même et de l’Autre dans les discours.
Chaque discours est traversé de tous les autres. Cette idée, qui suscita de nombreuses recherches autour de la
notion d’interdiscours ou intertextualité il y a quelques décennies23, est aujourd’hui communément admise, et
s’avère fondamentale en matière de représentations sociales.
19 H. Giles, R. Bourhis et D.Taylor : « Toward a theory of language in ethnic group relations », in H. Giles
(Ed.), Language, Ethnicity and Intergroup Relations, London Academic Press, 1977.
20Voir entre autres : P. Moliner : Image et représentations sociales, op. cit. , Ch. Guimelli : « Pratiques
nouvelles et transformation sans rupture d’une représentation sociale : la représentation de la chasse et de la
nature », in J.L. Beauvois, R.V. Joule et J.M. Monteil (eds) : Perspectives cognitives et conduites sociales, Tome
2, Fribourg, Delval, 1989 ; Ch. Guimelli (eds) : Structures et transformations des représentations sociales,
Delachaux-Niestlé, 1994.
21 Pour un inventaire des méthodes et des techniques voir J.C. Abric : « Méthodologie de recueil des
représentations sociales », in J.C. Abric : Pratiques sociales et représentations, PUF, 1994.
22 Cf. W. Doise, A. Clemence, F. Lorenzi-Cioldi : Représentations sociales et analyses de données, PUG, 1992.
23 On songe principalement aux travaux de M. Bakhtine, J. Kristeva et D. Maingueneau.
7
Quiconque s’est intéressé aux représentations sociales (…) aura sans doute été frappé de la diversité et
de l’homogénéité des corpus recueillis. Chaque individu nous rapporte une histoire différente, avec des
mots différents et une logique différente. Dans le même temps, toutes ces histoires se ressemblent, tous
24
ces mots se rejoignent, toutes ces logiques se retrouvent.
Néanmoins, les méthodologies pour mettre en œuvre cette interpénétration du collectif et de l’individuel ne sont
pas simples. Les recherches en matières de représentations sociales restent semble-t-il encore aujourd’hui
contraintes de privilégier l’une ou l’autre dimension : le Même, ce sont les méthodologies de statistiques
lexicales privilégiées par les chercheurs en Analyse de Discours ou les tests associatifs privilégiés par les
psychologues sociaux ; l’Autre, ce sont les méthodologies qualitatives construites sur des études de cas, selon
des méthodologies le plus souvent éléborées de manière ad hoc par les chercheurs25. D’un côté le risque d’un
effacement de toute variabilité ou de toute appréhension de la construction de cette variabilité, de l’autre le
risque de la perte d’une vision plus globale des phénomènes, ainsi que celui de la généralisation — les études de
cas portant généralement sur des sujets jugés « représentatifs » d’un groupe social. Cependant, la recherche du
Même n’est jamais exclue. En effet, même si le travail d’analyse sur des corpus d’entretiens ne permet jamais
d’atteindre un nombre considérable de sujets, les discours recueillis offrent toujours des recoupements
thématiques (ainsi bien sûr que des divergences). Le chercheur peut dès lors exploiter les données discursives
pour montrer comment, d’une part, le Même et l’Autre s’entrelacent et comment, d’autre part, les représentations
sociales se modèlent entre collectif et individuation, dans la dynamique des interactions entre les différents
groupes sociaux et les individus.
Ceci nous mène à d’autres questions récurrentes, puisque qui dit « thématique », dit presque toujours « analyse
de contenu ». et l’on sait bien que autant la méthodologie de recueil de données (et spécialement par entretien),
que les méthodes l’analyse de contenu ont eu leur part de critiques acerbes.
Le champ des recherches sur les représentations sociales, longtemps dominé par la toute puissance du quantitatif
et le lourd poids de la structure sociale, a été récemment conquis par des approches plus qualitatives, grâce à
l’influence croisée de l’ethnographie de la communication et de l’ethnométhodologie. Mise en lumière par
l’ethnographie de la communication, la notion de situation de communication a orienté, de fait, vers des
approches écologiques des activités de langage. En effet, qu’il s’agisse de saisir les pratiques langagières elles-
mêmes ou les représentations de ces pratiques, le recueil et l’établissement des corpus - oraux ou écrits - ont dû
prendre en compte des paramètres liés aux situations de communication et aux conditions générales et
particulières de l’observation. Compte tenu des spécificités de nos objets de recherche, ne pas négliger l’impact
de la situation de communication, que ce soit sous forme de passation de tests ou d’entretiens, a représenté l’une
des grandes leçons tirées de certains travaux réalisés.
Un premier exemple concret peut nous permettre de montrer l’impact de la situation de communication. Il
concerne la passation d’un test “matched-guise ”26 (plus connu en France sous l’expression “ faux-couple ” ou
“ locuteur masqué ”) à un échantillon de Gapençais afin de provoquer leurs évaluations des régionalismes en
usage dans la ville de Gap. A l’instar de tous les recueils de données qui, en s’éloignant trop des situations
écologiques, provoquent des artéfacts, l’utilisation de ce type de test a montré toutes ses limites. D’abord, les
enquêtés ont majoritairement refusé de se prononcer sur l’intelligence ou sur la sympathie supposées des
locuteurs dont ils entendaient successivement les énoncés. Puis, certains des énoncés, soumis à leurs évaluations,
ne pouvaient pas être plausibles dans le contexte d’utilisation qui leur était assigné. L’exemple mémorable a
ainsi été celui de l’énoncé contenant le régionalisme “rabanet” correspondant à “radis” qui, élaboré
contrastivement sur le modèle possible “les radis de Romette sont excellents” a donné un énoncé très peu
probable parce qu’il mêlait de manière déplacée des unités appartenant à des styles différents27. En effet, le mot
“rabanet” est considéré à Gap, l’enquête l’a montré, comme relevant de l’“argot” alors que le qualificatif
“excellent” évoque un parler plus soutenu. L’énoncé mélangé “les rabanets de Romette sont excellents” était
donc risible et plutôt adapté à un contexte mettant en scène une caricature humoristique. Cette erreur a peut-être
aussi contribué à provoquer cette réticence chez les personnes interrogées. La manipulation trop visible rompait
en quelque sorte le contrat de départ28. On le voit, la situation de communication était totalement évincée, voire
faussée, et ce, à plusieurs niveaux du protocole. En effet, non seulement les énoncés étaient décontextualisés
mais la situation d’observation elle-même n’était pas considérée dans ce qu’elle génère comme présupposés ou
attentes en fonction des représentations que les enquêtés se font de l’enquêteur.
Concernant l’entretien, les griefs retenus contre lui sont le plus souvent qu’il constituerait « un coup de force »29
réalisé de double façon. Il serait tout d’abord, un coup de force conceptuel, le chercheur imposant au sujet
« interrogé » ses propres schèmes de pensée, dans la mesure même où il est celui qui interroge, et dans la mesure
où toute interrogation somme de répondre. Ce coup de force se doublerait dès lors nécessairement d’un second :
un coup de force social, la structure même de l’interaction plaçant de facto le chercheur en position dominante,
une position qu’il a souvent déjà, appartenant à l’Institution Universitaire qui peut être perçue comme le lieu
d’un savoir « imposant ». Sans doute, ces griefs peuvent pour partie être fondés, mais on ne peut non plus tirer
trop sur la caricature. Quelle situation dialogique ne joue pas de rapports de forces ? Dans quelle situation une
question n’appelle-t-elle pas de réponse ? Il n’y a pas d’un côté le vrai dialogue lisse et consensuel, et de l’autre
l’entretien proche d’un interrogatoire de police30. L’imposition du cadre conceptuel est bien plutôt une
introduction thématique concernant l’objet sur lequel portent les interrogations du chercheur qui vient, en « non-
savant » attentif, chercher quelques réponses. Si l’enquêteur adopte une position « compréhensive », une
« écoute bienveillante », la parole de l’enquêté peut dès lors être considérée comme l’expression de la
(co)construction de représentations ou comme l’apport intéressé de témoignage31. Et c’est toujours cette position
que nous avons adoptée, celle-là même développée par la technique de l’entretien compréhensif.
Conçu comme un instrument souple et dynamique, l’entretien compréhensif s’inscrit dans la poursuite de cette
écoute de plus en plus attentive de la personne qui parle : l’enquêteur sort de la réserve qu’imposaient les
méthodes traditionnelles en s’engageant activement dans ses questions, afin que l’enquêté puisse faire de même.
L’enquêteur qui reste sur sa réserve empêche l’informateur de se livrer : ce n’est que dans la mesure
où lui-même s’engagera que l’autre à son tour pourra s’engager et exprimer son savoir le plus profond.
Pour cela, c’est l’exact opposé de la neutralité et de la distance qui convient : la présence , forte bien
que discrète, personnalisée. L’enquêteur entre dans le monde de l’informateur, sans devenir un double
32
de ce dernier.
Si la notion de « guide d’entretien » et de « thématique » n’est pas totalement évacuée par cette technique, on
voit qu’elle se reformule totalement dans la mesure où les questions émanent du terrain pour y retourner, et dans
la mesure où l’enquêteur est immergé dans l’univers de l’enquêté. La technique de l’entretien compréhensif
permet ainsi de faire de la situation d’entretien, une situation dans laquelle la parole recueillie peut être
considérée comme un matériau discursif valide pour la recherche. Se pose alors la question de son analyse.
Sans penser naïvement que les signifiants seraient transparents, mais pour se prémunir de toute interprétation a
priori, on peut, semble-t-il, étayer la recherche thématique qualitative (l’analyse de contenu) sur une phase à la
fois itématique et quantifiée, proche des méthodologies développées par la statistique lexicale. A l’occasion de
nos recherches menées sur les représentations sociales liées à l’orthographe française (de 1986 à 1994), et
compte tenu du fait que les recherches dans ce domaine étaient – et restent encore – peu nombreuses, il paraissait
plus raisonnable d’opter pour des méthodologies qualitatives afin de mettre en évidence la diversité des
représentations. Cependant, dès les premiers entretiens, la fréquence « visible » de certains termes, nous a
engagé à pousser nos investigations en direction d’outils quantitatifs34. Pourtant, il nous était apparu qu’une
analyse des représentations sociales à visée contrastive – hypothèse de travail imposée par le choix de population
que nous avions fait35 - ne pouvait s’abstraire totalement d’une analyse thématique, rendant compte de la
polyphonie discursive.
31 Dans le cadre de nos recherches menées dans le domaine de la Surdité visant à rendre compte des
représentations sociales de la Surdité et des diverses langues parlées par les Sourds, nous avons recueillis des
discours extrèmement longs (plus de quarante pages dactylographiés pour certains), cette longueur manifestant
sans doute un manque d’espace social de parole pour ces populations en relation avec la Surdité (Sourds eux-
même ou parents d’enfants Sourds). Cf : A. Millet : Orthographe et écriture ; Langage et surdité : systèmes,
représentations, variations, Habilitation à Diriger des Recherches, exemplaire photocopié, Grenoble 3, 1999.
32 J.C. Kaufmann : L’entretien compréhensif, Nathan, Coll. 128, 1996, p. 52.
33 J.C. Abric : « Méthodologie de recueil des représentations sociales », op. cit., p. 61.
34 Avec évidemment une question délicate en suspens : celle de savoir si ce qui est dit le plus souvent est
véritablement le plus important.
35 Nous avions choisi d’interroger des micro-groupes d’appartenance définis comme ayant une relation
« privilégiée » - c’est-à-dire instaurant un contact quotidien et « professionnel » - avec l’orthographe. Trois
variables ont été retenues sur cet axe : la relation d’enseignement, la relation d’apprentissage et la relation
10
C’est pour tenter de répondre à cette double contrainte : ne pas masquer la récursivité itématique qui doit avoir
un rôle dans la constitution des représentations sociales, mais ne pas s’en tenir à cette seule dimension et
appréhender les représentations telles qu’elles se construisent dans la trame discursive que le modèle
« multifocal » a été développé au sein du Laboratoire LIDILEM par Agnès Millet. Or il nous semble aujourd’hui
que la notion de récursivité itématique pourrait bien rejoindre les théories qui sous-tendent les travaux des
psychologues sociaux et nous souhaitons les discuter en liaison avec le modèle élaboré, sur lequel nous
reviendrons ensuite.
Il s’agit en fait ici de voir comment on pourrait relier le paradigme expérimental/quantitatif/cognitiviste proposé
par les psychosociologues36 et le paradigme « écologique »/qualitatif/sociologique auquel notre équipe reste
attachée. Parmi les travaux des psychosociologues se trouve, entre autres, la théorie du noyau central — théorie
développée à Aix, notamment par J.-C. Abric et C. Flament37. Le concept de « noyau central » est un
approfondissement de celui de « noyau figuratif » qu’avait proposé S. Moscovici dans son ouvrage fondateur38.
Selon les auteurs, ce « noyau » est la part la plus stable de la représentation sociale qui détermine à la fois la
signification et l’organisation interne des représentations sociales : « C’est par lui que se réalise et se définit
l’homogénéïté d’un groupe »39. Ce noyau est extrêmement normatif et « relativement indépendant du contexte
social et matériel immédiat dans lequel la représentation est mise en évidence »40.
Ces éléments de définition paraissent extrêmement féconds dans la mesure où les analyses de discours — au
moins celles qui peu ou prou se rattachent à des analyses de contenu — rendent difficile l’accès à un
« homogène stable » du fait même que des hétérogénéités syntaxique et modalisatrice s’inscrivent
nécessairement dans tous les entretiens. La remarque vaut également pour la saisie d’éléments qui pourraient être
« relativement indépendants du contexte immédiat ». Ainsi, la structure des représentations sociales serait
assurée par le lexique41 avec, d’une part, la permanence d’items associés à l’objet de représentations, et, d’autre
part, certains éléments plus variables, plus individualisés et conditionnels — c’est-à-dire pouvant ou non être
actualisés selon les situations — constituant le « système périphérique » qui, selon C. Flament42 permettraient
l’adaptation aux évolutions du contexte tout en défendant le noyau central. Là encore la théorie nous paraît
expliquer l’évolution des représentations sociales : la lenteur de cette évolution — puisque le système
périphérique permet l’adaptation à de nouveaux éléments sans que le système central soit atteint — mais la
possibilité de cette évolution par intégration progressive dans le système central d’éléments qui seraient en
quelque sorte « fossilisés » dans le système périphérique.
On le voit la théorie est assez puissante et répond à bien des questions — outre la question de structure, celle de
la transformation — que l’analyse d’entretien ne propose qu’à peine. Néanmoins, il existe, semble-t-il, une
préoccupation commune, dans la mesure où, avec d’autres moyens, la théorie cherche à répondre à la question
fondamentale de l’homogénéité et de l’hétérogénéité des représentations sociales — et donc des discours où ces
représentations sociales s’expriment. Compte tenu de ces apports, les croisements méthodologiques ne
« technique ». Etant donné ce choix, la variable âge s’imposait d’elle même, ce à quoi, nous avons ajouté une
variable « capital scolaire », dont on pouvait supposer qu’elle serait pertinente pour l’orthographe. L’échantillon
des premières études fut donc constitué de 6 instituteurs, 6 professeurs de lycée et collège, 6 personnes
travaillant dans l’édition, 6 secrétaires, 6 élèves de troisième, 6 élèves de lycée professionnel préparant un CAP
de secrétariat et 6 élèves de terminale.
36. Tous les psychosociologues ne travaillent pas dans cette optique, mais les travaux les plus récents s’y
concentrent. Abric (Pratiques sociales et représentations, op. cit, p. 65) souligne d’ailleurs que l’approche
monographique, telle celle développée par D. Jodelet, qui croise différentes techniques en s’inspirant des
méthodes de l’anthropologie est la « voie royale pour l’étude des représentations ».
37. Voir entre autres J.-C. Abric : Pratiques sociales et représentations, op.cit. et Guimelli, Ch. (Ed.) : Structures
et transformations des représentations sociales, op.cit.
38. S. Moscovoci : La psychanalyse, son image et son public, op. cit.
39. J.-C. Abric : « L’organisation interne des RS : système central et système périphérique », pp. 73-84, in Ch.
Guimelli (Ed.), Structures et transformations des représentations sociales, op. cit., p. 78.
40. Id. ibid.
41. Les méthodologies de recueil de données s’éloignent donc largement de l’entretien pour se tourner vers des
techniques reliées à l’association de mots, telles la constitution de couple de mots ou la comparaison pairée (voir
J.-C. Abric, Pratiques sociales et représentations, op. cit. pp. 71-82).
42. C. Flament : « Aspects périphériques des représentations sociales », pp. 85-118, in Guimelli (Ed.), Structures
et transformations des représentations sociales, op.cit..
11
pourraient qu’être fructueux pour la sociolinguistique, même si, à l’évidence, bien des questions restent en
suspens.
La première question prend la forme d’un constat, à savoir que la théorie ne descend pas très bas dans
l’hétérogénéité, et de ce fait, est plus tournée vers la recherche du Même. La seconde est reliée au postulat que le
noyau central, tout comme les éléments périphériques d’ailleurs, seraient composés d’items. La structure d’une
représentation sociale est-elle une structuration d’éléments lexicaux hiérarchisée par les poids différenciés des
liens des items entre eux ? Si oui, ce modèle permettrait-il de prédire les occurrences et les co-occurrences les
plus fréquentes en discours ? A l’évidence seule la mise en place de protocoles de recherches croisés pourrait
répondre à ces deux questions. Néanmoins, on peut postuler ici que la réponse est oui, et le modèle multifocal
proposé, qui dans sa deuxième phase, nommée « étude de la polyphonie » est orienté vers une recherche
itématique quantitative, pourrait répondre à la question du « noyau central »43, comme nous allons le montrer en
exposant le modèle d’analyse.
On ne saurait bien évidemment prétendre que le modèle « multifocal » répond à toutes les interrogations
méthodologiques que nous venons de soulever. Néanmoins, il nous paraît offrir quelques pistes tendant à étayer
et guider la construction de l’approche thématique, à concilier des approches quantitatives et qualitatives, et à
rendre compte du Même et de l’Autre.
Pour répondre à la question de la polyphonie constitutive des discours, le modèle proposé est hiérarchisé en trois
niveaux d’analyse : la « transphonie », la « polyphonie » et la « monophonie ». La transphonie est entendue
comme étant la réunion des items les plus fréquemment apparus spontanément dans l’un ou l’autre discours
(récurrence transgroupale et transindividuelle) susceptible de mettre à jour diverses appréhensions de l’objet
étudié ; la polyphonie est constituée des items et des thèmes récurrents de façon inter- et intra-groupale ; la
monophonie est définie, par contraste avec le niveau précédent, comme l’émergence d’une récursivité itématique
ou thématique spontanée spécifique à un sujet44.
Les deux premiers niveaux d’analyse visent essentiellement à rendre compte de l’homogénéité discursive
intergroupe et intragroupe, mais compte tenu de l’imbrication des notions d’homogénéité et d’hétérogénéité, ces
premières analyses renseignent évidemment également sur l’hétérogénéité inter-groupe45. Le troisième niveau
vise à mettre en évidence l’hétérogénité en pointant les formes d’individuation discursive par rapport au groupe
d’appartenance .
Chaque niveau d’analyse fait l’objet d’une phase quantitative, organisée à partir de recherches itématiques . Les
deux derniers niveaux font également l’objet d’une phase qualitative organisée à partir de la notion d’objet
discursif. Un item est considéré comme se constituant en objet discursif dès lors qu’il présente un nombre
d’occurrences suffisant46 et qu’il est le lieu de développements thématiques. La démarche générale nécessite
évidemment un va-et-vient constant entre les items, rassemblés dans des listings ainsi que dans un « corpus
cumulé », et les objets discursifs qui ne se laissent appréhender que dans les discours.
43 le rattachant peut-être à la notion de « stéréotype », mais la question est trop vaste pour être développée ici.
44 Pour plus de précisions : A. Millet, Quelques aspects sociolinguistiques de l’orthographe française, op. cit.
et « Analyse des entretiens non-directifs ou semi-directifs » in Lengas N° 31, 1992.
45 L’homogénéité des représentations propres à un groupe, devient ce qui les caractérise comme hétérogènes
face à un autre ; de même l’homogénéité d’un discours singulier, manifestée, selon ce modèle, par la récurrence
de certains items spécifiques à un individu, devient un facteur d’hétérogénéité au sein de son groupe
d’appartenance. C’est pourquoi les termes de « transphonie », « polyphonie » et « monophonie » sont à
considérer comme des étiquettes commodes, mais ne rendant pas compte de la complexité des phénomènes.
46 Le terme de « suffisant » trace les limites de la phase quantitative, puisque ce caractère « suffisant » n’est pas
délimité par des indicateurs statistiques.
12
La phase itématique nécessite donc des documents quantifiés. Pour construire ces documents, chaque entretien
fait donc l’objet d’une délinérisation absolue et, une fois les mots-outils sortis des textes, d’une quantification
qui se présente sous la forme suivante47 :
47 Nous avions, à l’époque de ces travaux, conçu un programme informatique ad hoc, mais des logiciels, tels
Neurotest ou Cordial, sont actuellement disponibles et répondent — malgré quelques contraintes parfois
gênantes cependant — aux objectifs fixés.
13
Ce listing est conçu comme un outil permettant : de retourner facilement au texte (chaque tour de parole étant
indexé) pour l’analyse thématique du contexte ; de repérer si les items sont induits ou non et si le nombre de
relances de l’enquêteur favorise par trop la récurrence ; de repérer si la récurrence se concentre sur quelques
tours de paroles ou si elle traverse au contraire tout l’entretien ; de dégager les items récurrents en vue d’établir
ce que nous avons appelé « le corpus cumulé ».
Le corpus cumulé regroupe ensuite les items les plus fréquents des entretiens ainsi que tous les items
axiologiques, afin d’éviter une fixation sur le chiffre et afin d’intégrer la dimension évaluative des
représentations (sans doute plus dispersée que sa dimension objective). Pour l’établissement de ce corpus
cumulé, on procède à quelques regroupements. Le débat sur l’utilisation des formes lemmatisées dans ce type de
recherche est toujours vif ; cependant, il apparaît que le regroupement de toutes les formes fléchies sous la forme
lemmatisée pose, dans le cadre d’une analyse thématique, moins de problème que la dispersion des données.
Selon la thématique de la recherche, on peut également être amené à opérer quelques dégroupement
d’homonymes. Concernant l’orthographe, il nous est par exemple apparu indispensable de dégrouper les deux
sens du mot « lettre » ainsi que ceux du mot « son ».
Ce corpus cumulé se présente donc sous la forme d’un tableau à double entrée, indiquant, pour chaque item la
fréquence et les occurrences par groupe de sujets. Il guide ainsi les analyses et l’interprétation, comme le montre
l’exemple suivant, autour des items « (dé)dramatiser », « valoriser », « tolérer », « exiger », et « respect », qui
dans le contexte de l’orthographe, renvoient au discours sur la norme.
Comme l’indiquent assez clairement les chiffres de ce tableau, la question de l’exigence d’une maîtrise parfaite
de l’orthographe trace une ligne de démarcation assez tangible au sein de la population adulte que nous avons
interrogée, d’une part entre les enseignants et les non-enseignants et, d’autre part, entre les plus scolarisés (les
professeurs et les « métiers du livre », scolarisés à BAC +4) et les moins scolarisés (les instituteurs et les
secrétaires, scolarisés au maximum à BAC +2). Le retour aux entretiens permet ensuite des analyses plus
nuancées et plus précises de cette première approche guidée par les occurrences du lexique. Le corpus cumulé
est ici le guide de l’analyse du niveau polyphonique des discours, mais il sert également à l’analyse des autres
niveaux.
Il s’agit, plus concrètement, de regrouper des éléments du corpus cumulé en fonction de leurs affinités de sens.
Par exemple, concernant l’orthographe, on a pu mettre en évidence une dizaine de champs sémantiques, pouvant
14
eux-mêmes être subdivisés en sous-champs. On a pu, par exemple, regrouper des items manifestant une
représentation de type descriptif de l’orthographe comme « objet linguistique » se répartissant dans trois sous-
champs : « l’orthographe comme outil de communication », « l’orthographe comme objet diachronique »,
« l’orthographe comme grammaire ». On a pu également mettre en évidence des réseaux de connotations,
représentant la dimension évaluative, puisque des éléments du corpus renvoyaient, par exemple, aux domaines
de la « religion » ou de la « loi morale »48.
Une fois établi, l’ensemble des champs sémantiques constitue la trame de la recherche thématique. A ce stade
transphonique, le « noyau central » des représentations sociales ainsi que les « schèmes périphériques » ne sont
pas mis en évidence, mais peut-être pourraient-ils être considérés comme les « moteurs » des associations
sémantiques dans lesquelles ils sont insérés et constituer les objets discursifs majeurs des thématiques de
discours les plus prégnantes49. C’est en tout cas l’hypothèse posée dans l’analyse quantitative de la polyphonie.
Paradoxalement, dans la phase quantitative de l’étude de la polyphonie, les premières données chiffrées amènent
à repérer le Même, une forme de « monophonie collective », noyau dur des représentations sociales – que nous
avons appelé « noyau polyphonique » mais qu’il serait sans doute plus juste de nommer « noyau central ». Ce
noyau est constitué des dix items les plus fréquents dans l’ensemble des discours et ne présentant pas de disparité
dans la fréquence selon les groupes. Dans nos recherches sur l’orthographe, le noyau central était par exemple
constitué des items « français » et « langue », renvoyant au thème « l’orthographe comme objet linguistique », de
l’item « faute » renvoyant au thème « l’orthographe comme norme », des items « lire » et « écrire », renvoyant
au thème « l’orthographe comme élément du scriptural », de l’item « apprendre » renvoyant au thème
« l’orthographe comme objet d’enseignement/apprentissage », et des items « gens » et « importance » indices
d’une construction de l’orthographe comme objet social50.
Les autres items les plus fréquents pourraient constituer les éléments périphériques dès lors qu’il existe une
disparité de fréquence selon les groupes. Par exemple, toujours concernant les représentations sociales de
l’orthographe, les items « barrière » et « sélection » (en contexte : l’orthographe comme barrière sociale ) sont
absents des discours des jeunes élèves, tandis qu’ils représentent respectivement 28 et 14 occurrences dans les
discours des adultes. On peut voir là la constitution d’un schème périphérique lié à l’âge des sujets. Mais il s’agit
d’une hypothèse qui méritera d’être approfondie en l’articulant avec la phase qualitative de l’analyse des niveaux
polyphoniques et monophoniques, puisque la théorie du « noyau central » s’arrête aux éléments périphériques :
c’est la limite de l’hypothèse lexicale.
Dès que l’on prend en compte l’épaisseur des discours, on observe qu’au delà de l’homogénéité itématique
(homogénéité intergroupale constituant le « noyau central » et homogénéité intra-groupale manifestant les
« éléments périphériques »), les représentations sociales s’étoffent de nuances, dont seule la restitution des dires
(extraits de discours) donnera la mesure. Il ne nous paraît donc pas raisonnable d’arrêter les investigations sur les
représentations sociales à la seule réalité lexicale des discours, pas plus qu’il ne nous apparaît raisonnable de
considérer que l’épaisseur des discours (modalisations, hésitations, figures rhétoriques etc.) ne serait pas
constitutives de ces représentations. Ceci reviendrait en définitive à exclure la dimension de l’Autre des
représentations.
Le modèle « multifocal », dans sa phase qualitative menée autour de la notion d’objet discursif, tente d’intégrer
cette dimension, d’une part, en montrant comment à l’intérieur d’un même groupe des éléments itématiques
48 Les items regroupés étaient, par exemple pour le champ « religion », les suivants : religieux, sacrifier,
calvaire, miracle, mystère, mystérieux, fabuleux, fantastique, mythe, fanatique, pardon et don.
49
Sur leurs liens éventuels avec la stéréotypie, voir A. Millet : « L’orthographe française : stéréotypie des
représentations et formation des stéréotypes graphiques », ELA N°107, p. 345-356, 1997.
50 Cette dernière dimension conforte l’idée que l’orthographe est bien un objet de représentations sociales,
répondant aux trois critères proposés par S. Moscovici comme constituant les conditions d’émergence des
représentations sociales, à savoir : la dispersion (c’est-à-dire la confrontation à un objet sur lequel il existe des
informations incomplètes), la focalisation (objet par rapport auquel il existe une implication sociale) et la
pression à l’inférence (objet vis-à-vis duquel il faut prendre position). Il est d’ailleurs probable (indéniable ?) que
tous les éléments constitutifs de la dimension langagière humaine, compte tenu des enjeux sociaux et individuels
de la communication, répondent à ces critères et soient le lieu de représentations sociales.
15
communs trouvent des développements discursifs différenciés et, d’autre part, en développant l’analyse de la
monophonie.
Il est en effet certains discours qui frappent par fréquence peu ordinaire de certains items, par rapport à la
moyenne générale des occurrences ainsi que par rapport à la moyenne des occurrences propre au groupe. Ces
items, regroupant un nombre conséquent de propositions, constituent ce que nous avons appelé le « noyau
monophonique » de l’enquêté. La recherche de ce noyau se fait à partir des documents quantifiés et l’analyste
prend soin d’écarter de ce noyau monophonique les items dont la fréquence se concentre sur un petit nombre de
tour de parole d’une part, ainsi que ceux dont la récurrence est due à de nombreuses relances de l’enquêteur. A
ce « noyau monophonique », on adjoindra des « satellites », c’est-à-dire des items n’ayant que peu
d’occurrences, mais dont la particularité même apparaîtra comme susceptible d’éclairer l’interprétation générale
du discours. L’ensemble de ces éléments constitue « le champ représentationnel » de tel ou tel personne, prise
dans son individualité que le commentaire présentera sous forme d’une étude de cas, rendant ainsi compte d’une
dimension discursive et représentationnelle hétérogène rejoignant la dimension ethnographique des récits de vie.
On a pu dans notre étude sur l’orthographe mettre ainsi en évidence quatre champs représentationnel particuliers
que nous avons intitulés : « Réussir à s’intéresser à l’orthographe » ; « Franchir la barrière » ; « Le désir
d’orthographe » ; « La Passion de la correction ».
Le modèle « multifocal » nous paraît donc bien pouvoir jeter un pont entre la théorie du « noyau central » et les
méthodologies plus qualitatives à orientation thématique. Les recherches que nous poursuivons actuellement sur
les représentations linguistiques de sujets bilingues vont nous permettre de poursuivre notre trajet
méthodologique en précisant les points qui restent encore flous et en validant ou non toutes les hypothèses
exposées ici. Les résultats auront des incidences en retour sur notre trajet théorique et nous amèneront sans
aucun doute à revisiter nos esquisses de définitions et à approfondir nos réflexions sur les liens entre
représentations sociales, stéréotypes, attitudes et comportements.
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