Antioxydants Copie
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Antioxydants Copie
Monographie
Géraldine de REYNAL
Les études épidémiologiques sont nombreuses à traiter des antioxydants et de leurs effets
sur la santé ou le pronostic de vie. À l’heure où des produits se multiplient dans les rayons
avec des revendications quant à leur pouvoir antioxydant, nous proposons de faire le point
des connaissances scientifiques à ce jour.
L’organisme humain a indubitablement besoin de radicaux libres pour mener à bien toute une
série de voies métaboliques d’importance vitale comme la voie de la respiration et des
cytochromes, la synthèse des prostaglandines ou des hormones thyroïdiennes ou encore certains
moyens de défense de l’organisme.
Pourtant, bien que faisant partie intégrante de la physiologie normale, les phénomènes
d’oxydation - processus très complexes - peuvent aboutir à des actions délétères.
Les dégradations oxydatives sont mises en cause dans le vieillissement des tissus biologiques
et des organismes ainsi que dans de nombreuses pathologies.
Les hommes et les animaux ont développé des systèmes de défense contre ces agressions que
l’on appelle « antioxydants ».
Les principaux agents oxydants sont les espèces réactives de l’oxygène (O2•-, 1O2 , HO•, H2O2, NO•), des
enzymes (lipoxygénase, peroxydase), des ions métalliques (Cu, Fe) et des peroxydes lipidiques, qui concourent tous à
la formation en chaîne de radicaux libres.
Ceux-ci attaquent les protéines, les acides nucléiques, les acides gras insaturés, les vitamines ou d’autres
constituants.
2. Description
• Antioxydants endogènes enzymatiques (non traités ici)
- Vitamines
- Caroténoïdes : le plus connu, car le plus étudié, est le β-carotène mais les autres
caroténoïdes présentent des propriétés similaires. Ce sont des pigments végétaux, dont
plus de 700 ont été caractérisés. Certains sont précurseurs de la vitamine A.
Carotènes : α- et β-carotène, lycopène
Xanthophylles : lutéine (cf monographie), zéaxanthine, β-cryptoxanthine
3. Rôles physiologiques
• Action antioxydante
Caroténoïdes : lycopène>astaxanthine>cantharidine>α-carotène>β-
carotène>zéaxanthine>lutéine>cryptoxanthine (capacité de 1/5 du lycopène).3
3Krinsky, 2001
Les antioxydants 4 Fondation Louis Bonduelle – Tous Droits réservés
Vit. E
Vit. C Procyanidols
PL-Glc Catéchines
3-HO-PL-Glc Flavonols
Reynoutrine Acides Hydroxycinnamiques
Isoquercitrine Dihydrochalcones
Quercitrine Autres Antioxydants
Avicularine
Ac. chlorogénique
PC oligomères (<4)
(-)-épicatéchine
Quercétine
PC dimères
PC tétramères
PC trimères
Le rôle antioxydant des molécules traitées ici n’est évidemment pas leur seul rôle et parfois même,
n’est pas leur principal rôle dans l’organisme. Citons par exemple le cas de la vitamine A qui est
d’avantage connue pour sa fonction dans la vision.
4. Besoins et apports
Besoins Apports
AJR* ANC** INCA 1999 ***
Vitamine A 800 g 600 à 950 g 818 g
110 à 130 mg
Vitamine C 60 mg (+20 % pour les 81 mg
fumeurs)
Vitamine E 10 mg 12 mg 7,4 mg
* Apports Journaliers Recommandés **Apports Nutritionnels Conseillés (ici pour les adultes) *** enquête Individuelle et Nationale sur les
Consommations alimentaires, 1999
Différence entre AJR et ANC : les AJR sont des valeurs établies sur la base de la population
européenne adulte. Ce sont des moyennes qui ont principalement une valeur réglementaire. Les
ANC sont établies pour la population française bien portante, selon l’âge, le sexe, l’activité et le
besoin particulier de différents groupes de population (enfants, personnes âgées, sportifs, femmes
enceintes…).
Apports moyens en
caroténoïdes = 5 mg /jour
jus F&L
divers
Apports moyens en
polyphénols = 1 g /jour
fruits (estimations)
Source : Marie Jo Amiot Carlin -
légumes INSERM 2005
céréales
boissons
jus de fruits
divers
Principaux vecteurs de polyphénols (estimation en tenant compte des principaux aliments et
boissons achetés sur un an d’après les panels Secodip ou des enquêtes de consommation, INCA et
SU.VI.MAX)
- Femmes ménopausées
Des études6 montrent que le statut de post-ménopause est associé à une augmentation du stress
oxydant et une diminution des potentiels antioxydants.
- Personnes âgées
Le vieillissement est accompagné de la production accrue de radicaux libres oxydants. En plus de
l’augmentation du stress oxydant, l’âge provoque une activité moins performante des enzymes
antioxydantes. Ajoutons à cela une baisse des apports en antioxydants exogènes. Les sujets âgés
sont donc une population particulièrement sensible aux détériorations oxydatives7.
- Obèses
Chez l’homme, il existe de multiples travaux qui permettent de dire que le niveau de stress
oxydant est augmenté par l’obésité. De nombreuses causes peuvent être incriminées8 telles que
l’hyperglycémie, l’augmentation du taux de lipides dans les tissus, des défenses antioxydantes
affaiblies, l’augmentation de la formation de radicaux libres, etc.
- Fumeurs
Le tabagisme provoque une production accrue de radicaux libres.
Vitamine E : les huiles végétales, le germe de blé, les noix et certains légumes à feuilles vertes.
Caroténoïdes
Polyphénols : les principales familles de polyphénols présents dans les aliments sont les flavonoïdes
et les acides phénoliques.
Prenons l’exemple des boissons riches en polyphénols condensés (tanins) : leur pouvoir antioxydant
varie beaucoup.
% radicaux O2 piégés
Thé vert 10 à 30
Thé noir ou fermenté 0 à 10
Vin 45 à 50
Vin très tannique 50 à 95
Source : Univ Bordeaux
Molécules
Etude Ingestion (haute vs Risque relatif ajusté source
basse)
Flavones, Flavonols Hertog et al, 1993
Zutphen Elderly Study 0, 32 (0,15 - 0,71)
(41,6 vs 12 mg)
Pays-Bas - 10 ans
Catéchines
805 hommes 0,49 (0,27 - 0,88) Arts et al, 2001
(40 vs 16,8 mg)
Finish Mobile Clinic Flavones, Flavonols
0,67 (0,44 - 1) Knekt et al, 1996
Health (>4,8 vs <2,1 mg)
Maladies cardio-vasculaires
Examination Survey
Finlande - 26 ans Flavones, Flavonols
0,73 (0,41 - 1,32) Knekt et al, 1996
2745 hommes, 2380 (>5,5 vs <2,4 mg)
femmes
Iowa Women’s Health
Study Flavones, Flavonols
0,62 (0,44 - 0,87) Yochum et al, 1999
USA - 14 ans (28,6 vs 4 mg)
1900 hommes
ATBC Cancer Prevention
Study Flavones, Flavonols
0,77 (0,64 - 0,93) Hirvonen et al, 2001
Finlande - 6,1 ans (17,9 vs 3,9 mg)
25 372 personnes
Rotterdam Study
Catéchines
Pays Bas - 10 ans 0,35 (0,13 - 0,98) Geleijnse et al, 2002
(124 vs 25,3 mg)
806 hommes
Finish Mobile Clinic
Ischémie cérébrale
Health
Flavones, Flavonols et
Examination Survey 0,79 (0,64 - 0,98) Knekt et al, 2002
Flavanones
Finlande - 28 ans
9 131 personnes
Flavones, Flavonols 0,27 (0,11 – 0,70)
Zutphen Elderly Study
33,3 vs 14,2 mg
Pays-Bas - 10 ans Keli et al, 1996
552 hommes
Catéchines Pas d’effet
. Lycopène -
Adénome colo-rectal Erhardt et al. (2003)
. ß-carotène 0
Lutéine/zéaxanthine, α, ß-
Cancer colo-rectal carotène, lycopène, ß- 0 Terry et al. (2002b)
cryptoxanthine
Lutéine/zéaxanthine, α, ß-
Risque cancer du
carotène, lycopène, ß- 0 Terry et al. (2002a)
sein
cryptoxanthine
. Lutéine, ß-carotène, ß-
Cancer du sein -
cryptoxanthine Toniolo et al. (2001)
préménopause 0
. zéaxanthine
. Lutéine
-
Cancer colo-rectal . Lycopène, zéaxanthine, ß- Slaterry et al. (2000)
0
carotène, ß-cryptoxanthine
. α-carotène, lycopène
-
Cancer des poumons . Lutéine, ß-carotène, ß- Michaud et al. (2000)
0
cryptoxanthine
Lutéine/zéaxanthine, ß-
-
Cancer des poumons cryptoxanthine Voorrips et al. (2000)
0
. ß-carotène, lycopène
-
Carotid plaques α et ß-carotène, lycopène d’Orico et at. (2000)
0
Accidents coronaires
Lycopène 0 Rissanen et al (2000)
et infarctus
• Le paradoxe français
Bien que les Français présentent une alimentation riche en acides gras saturés et un taux de
LDL-cholestérol équivalent aux habitants des autres pays industrialisés, il apparaît qu’ils sont moins
victimes de mortalité due aux maladies cardio-vasculaires.
L’une des hypothèses, bien souvent controversée, est l’effet protecteur du vin rouge
consommé par les Français, plus particulièrement attribué aux tanins présent dans ce dernier. Les
tanins, polyphénols condensés, inhiberaient l’oxydation des LDL.
Or, les gros consommateurs de thé ou de café – boissons pourtant riches en polyphénols –
ne bénéficient pas de protection particulière contre les MCV. Ils ont, à contrario, une réduction de
risque de la plaque dentaire et les cancers de l’estomac, due aux propriétés bactéricides ou
bactériostatiques des tanins.
Ainsi, on se gardera bien de promulguer des recommandations hâtives par rapport aux
polyphénols. Ils ont sans doute un grand rôle protecteur de l’oxydation dans le tube digestif – car
certains ne sont pas du tout assimilés. D’autres auraient un effet de levier sur le pouvoir antioxydant
du sérum.
D’autres études devront être menées afin de démontrer un effet cardio-protecteur, même si
d’ores et déjà la recommandation de consommer plus de fruits et de légumes est internationale.
9Gerber M., Corpet D.E. Alimentation méditerranéenne et santé. II Cancers.Med Nut 1997 ; 4 : 143-154
9Pool-Zobel B.L., BUB A., Muller H., et al - Consumption of vegetables reduces genetic damage in humans : first results
of a human intervention trial with carotenoid-rich foods. Carcinogenesis 1997 ; 18(9) : 1847-50
Les antioxydants 12 Fondation Louis Bonduelle – Tous Droits réservés
8. Supplémentation
L’étude d’intervention SUVIMAX10 - 12 741 volontaires : 7713 femmes de 35-60ans et 5028
hommes de 50-60 ans - a montré que la supplémentation en antioxydants, pendant 7,5 ans, à des
doses nutritionnelles (120 mg vitamine C, 30 mg vitamine E, 6 mg β-carotène, 100 µg sélénium, et 20
mg zinc) abaisse l’incidence totale des cancers et la mortalité chez les hommes mais pas chez les
femmes. Cette supplémentation pourrait être efficace chez les hommes seulement car leur statut
initial en certains antioxydants, notamment en β-carotène, était plus bas que celui des femmes.
9. Aspects toxicologiques
Vitamine C : il apparaît que des doses journalières allant jusqu’à 5 à 6 fois l’ANC (soit de 500 à 600
mg/jour) soient absolument sûres et dénuées de tout effet secondaire.
Vitamine E : également très peu toxique pour l’homme. De hautes doses de vitamine E semblent
tout à fait inoffensives en l’absence d’anomalies de coagulation préexistante chez un individu.
Vitamine A : à des doses de l’ordre de 7 500 à 15 000 µg d’équivalent rétinol (RE) consommés sur
des périodes de plusieurs mois, la vitamine A peut induire des effets toxiques comme des troubles
hépatiques (cirrhose) et des anomalies congénitales. La limite de sécurité actuellement admise et
valable également pour les femmes enceintes est de 3 000 µg RE/j.
Carences Excès
N’existe pas dans les pays Ponctuel : réversible
Vitamine A industrialisés Prolongé : troubles hépatiques,
atteintes oculaires graves tératogène.
Vitamine C scorbut Pas de toxicité
Exceptionnelle chez l’homme Toxicité aiguë faible
Vitamine E adulte
Syndrome neurodégénératif
Caroténoïdes nil nil
Cas des isoflavones de soja
(Rapport AFSSA 2005)
Polyphénols nil
Effet génotoxique ou
carcinogénique11
10 Hercberg S, 2004
Pour autant, il est difficile pour le praticien de prescrire tel ou tel complément alimentaire car
aucune donnée clinique sérieuse n’a pu démontrer l’efficacité d’un tel geste thérapeutique en
préventif comme en curatif.
Conseiller de consommer tous les jours 5 portions de fruits et légumes au moins, en variant
les espèces consommées est une prescription de santé publique que chacun doit appliquer pour lui et
autour de lui.
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