Universite de Lome: Code Et Intitulé de l'UE: Geo119 Ue-Libre: Initiation Aux Faits Economiques
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Parcours : Licence
Crédits : 2
Semestre : 2
Prérequis : Néant
Cette unité d’enseignement qui est une initiation aux faits économiques présente les
éléments de base dans l’analyse économique. Il aborde entre autre la notion de valeur des
marchandises, les prix et leur formation, la tendance à l’accumulation, les méthodes
d’exploitation des travailleurs et les mécanismes des crises de surproduction. L'initiation
aux faits économiques conduit essentiellement les apprenants à une aptitude à l'analyse
des mécanismes économiques et non pas seulement à aboutir à une connaissance
évènementielle ou modéliste des situations économiques dans le temps et l'espace. Elle
suscite une prise de conscience et montre que l’état d’employé n’est pas une fatalité main
un tremplin vers l’état d’employeur responsable.
Plan du contenu d’enseignement (parties, chapitres et sous-chapitres)
Séances Objectifs spécifiques Titres des parties
Introduction générale
Chap 1 : La valeur des marchandises
Introduction
1
1.1. La valeur
1.1.1. Définition de la marchandise
1.1.2. Valeur d'usage et valeur d'échange
1.1.3. Mesure et formes de la valeur
2 1.1.3.1. La mesure de la valeur
Connaître la valeur des 1.1.3.2. Les formes de la valeur
marchandises et la 1.2. Les prix
3 notion de prix 1.2.1. Définition
1.2.2. La valeur et le prix de production
1.2.3. La tendance à la péréquation des taux de profit et la
transformation de la valeur en prix de production
4 1.2.3.1. Tendance à la péréquation des taux de profit
1.2.3.2. Transformation de la valeur en prix de production
1.2.4. Prix de marché et prix de production
5
1.2.5. Le prix de marché et le monopole
Chapitre 2 : Nature et évolution des tendances principales du
système capitaliste
2.1. L'exploitation des travailleurs
2.1.1. La force de travail
6
2.1.1.1. La force de travail est une marchandise achetée par le capitaliste
2. 1. 1. 2. La valeur de la force de travail
2.1.2. La plus-value
2.1.2.1. La création de plus-value
2.1.2.2. Le partage de la plus-value
Distinguer les méthodes 2.2. La tendance à accumuler
2.2.1. Naissance et développement des monopoles
7 d’exploitation des
2.2.1.1. Les causes
travailleurs
2.2.1.2. Les modalités de la naissance et du développement des
monopoles
2.2.2. La tendance à accumuler dans le capitalisme de monopole
8 2.2.2.1. La mobilité du capital s'accroit
2.2.2.2. Tentative de diversification de la production par les monopoles
2.3. Le chômage
2.3.1. Les formes de chômage
9 2.3.2. Les conséquences du chômage sur l'exploitation des travailleurs
2.4. La loi de la baisse tendancielle du taux de profit
2.5. Les crises de surproduction
2.6. Les dispositions visant à résoudre les contradictions du système
2.6.1. Le travail improductif
10
2.6.2. L'impérialisme des pays développés et la dépendance des pays
sous-développés
Comprendre le 2.6.3. Les interventions de l'Etat
mécanisme de la crise du 2.7. Les nouvelles formes de contradiction du système capitaliste
système monétaire 2.7.1. L'existence d'une inflation permanente
international 2.7.2. La crise du système monétaire international
11 2.8. Crises financière et économique de 2008
2.8.1. Qu’est-ce qu’une crise ?
2.8.1.1. Crise financière
2.8.1.2. Crise économique
2.8.2. Bref aperçu de la crise financière et économique mondiale
2.8.2.1. L’explosion de la bulle immobilière aux Etats Unis à l’origine
de la crise
2.8.2.2. Contagion au sein du système financier par le biais de la
12 titrisation des subprimes
2.8.2.3. Méfiance des banques et le refus de se prêter de l’argent
2.8.2.4. La panique gagne les marchés financiers en 2008
2.8.3. La crise grecque : La grande braderie
Bibliographie :
https://www.youtube.com/watch?v=5J0Hok1sbDE
https://www.citeco.fr/comprendre-la-crise-%C3%A9conomique-de-2008
SEANCE N°1
Objectif : Connaître la valeur des marchandises et la notion de prix
Consignes / activités d’introduction (éventuellement). L’étudiant doit être capable de définir la
notion de marchandise et identifier les valeurs d’une marchandise ; de distinguer les éléments de
mesure et les formes de valeur de la marchandise ; de connaitre la notion de prix les types de prix
et leur formation.
Il doit pouvoir répondre également aux questions suivantes :
- Distinguer la théorie de la valeur travail de celle de la valeur utilité
- Quelles sont les critères de définition d’une marchandise ?
- Qu’est-ce qu’un produit ?
- Quelle est la différence entre valeur d’usage et valeur d’échange ?
- Quelle est la valeur d’une marchandise ?
- Comment se fait la mesure de la valeur ?
- Quelles sont les composantes de la valeur ?
- Identifier les formes de la valeur
Contenu
Introduction générale
En géographie, l'initiation aux faits économiques devrait essentiellement conduire les étudiants à
une véritable aptitude à l'analyse des mécanismes économiques et non pas seulement à aboutir à
une connaissance évènementielle ou modéliste des situations économiques dans le temps et l'espace.
Cette analyse effectuée par le géographe ne saurait se distinguer fondamentalement de celle de
l'économiste, en ce sens que la substance essentielle du fait économique est d'abord irréductiblement
d'essence économique, avant de prendre des dimensions géographiques.
Pour cette raison, l'initiation du géographe aux faits économiques doit être fondée sur les notions de
base de la science économique. Qui sont de précieux outils de l'analyse et de la compréhension des
faits économiques.
Chapitre 1 : La valeur des marchandises
Introduction
La révolution économique et sociale qu’a connue la France en 1789 fut celle d’une classe sociale
contre une autre : celle de la bourgeoisie contre la noblesse.
Dans le but de juguler la crise, la bourgeoisie a tenté en vain de faire disparaître la théorie de la
valeur-travail. Elle a cherché à la remplacer par une autre théorie non scientifique dénommée la
théorie de la valeur-utilité. Cette nouvelle théorie excluait le concept d'exploitation. Selon la théorie
de la valeur-utilité, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Tous les individus sont
censés être égaux entre eux : peu importe que les travailleurs soient obligés de vendre leur force de
travail pour vivre, peu importe que les capitalistes soient les seuls détenteurs des moyens de
production.
A cette époque, la lutte des classes était partout présente si bien que la bourgeoisie ne pouvait pas
ne pas en tenir compte. Ainsi, que ce soit au niveau de chaque capitaliste ou au niveau de l'Etat, les
capitalistes placés devant la complexité de leurs problèmes ne pouvaient que se contenter de cette
attitude purement apologétique. Aussi, parce que leur besoin impérieux d'exploiter les travailleurs
était reconnu par tous. Or, il est évident que l'exploitation ne peut se comprendre qu'à partir de la
théorie de la valeur-travail. Sans le dire et sans s’en rendre compte, les patrons d’entreprises
reconnaissent la théorie de la valeur-travail comme explicative du fonctionnement du système
capitaliste dans la mesure où ils raisonnent en terme de baisse des coûts salariaux, d’accroissement
de la productivité du travail, de la nécessité de faire des profits suffisants.
Il peut donc apparaitre là deux poids de mesures. D’une part, pour des raisons d’efficacité, on
reconnait implicitement, même si c’est de façon fragmentaire et partielle, la loi de la valeur-travail
comme moteur du système capitaliste. D’autre part, pour des raisons idéologiques, on rejette
explicitement cette même loi de la valeur.
1. 1. La valeur
1. 1. 1. Définition de la marchandise
Une marchandise désigne tout bien produit en vue d'être vendu sur un marché. Pour être une
marchandise, ce produit doit être en mesure d'être reproduit en grande quantité, au cas contraire,
elle n'est pas une marchandise. Ainsi tout produit ou tout bien n'est pas une marchandise. C'est
l'exemple des antiquaires, les objets d'art, etc.
De même, les produits reproductibles, mais non vendus sur un marché ne sont pas des
marchandises. C'est l'exemple de l'air, les produits auto-consommés par les paysans, etc. Les
marchandises sont donc les produits à la fois vendus sur un marché et reproductibles : par exemple
les légumes, des ignames, du maïs, du savon, des boîtes de conserves, des voitures, etc. A la lumière
de tout ce qui précède, il est clair qu'un produit n'est pas une marchandise, parce qu'il est utile. Une
marchandise est donc perceptible sous un double aspect : sa valeur d'usage et sa valeur d'échange.
Une marchandise est une valeur d'usage lorsqu'elle est, par ses qualités, utile à quelque chose. Cela
voudrait dire qu'elle permet de satisfaire un certain nombre de besoins concrets et spécifiques des
humains quels qu'ils soient (alimentaires, vestimentaires, logistiques, etc.). Il faut bien comprendre
par ailleurs le caractère social de ces besoins : en effet, il y a de cela deux décennies, les téléphones
portables n'existaient pas au Togo ; mais aujourd'hui, ils correspondent à un besoin social. De
manière générale, les capitalistes sont contraints de créer des besoins nouveaux et donc des
marchandises nouvelles en vue de pouvoir vendre.
Une marchandise est une valeur d'échange, parce qu'elle apparaît d'abord comme le rapport
quantitatif, comme la proportion dans laquelle des valeurs d'usage d'espèce différente (motos,
chaussures, réfrigérateurs, etc.) s'échangent l'une contre l’autre, rapport qui change constamment
avec le temps et le lieu. Cependant, on ne peut pas comparer directement des marchandises en tant
que valeur d'usage : il n'y a pas de rapport entre les qualités d'une chaussure et celles d'un poste
téléviseur. Pour cela, on a besoin d'une mesure ; or la seule propriété commune à toutes les
marchandises est d’être produites par du travail humain.
SEANCE N°2
1. 1. 3. 1. La mesure de la valeur
La mesure de la valeur d'une marchandise est d'abord la quantité de travail incorporée dans cette
marchandise. Cette définition est certes insuffisante, puisse qu'une série de précisions doit encore
être apportée. Il s'agit du temps du travail qui est composé du travail direct (vivant) et du travail
indirect (mort). Le travail dont il s'agit n'est pas un travail concret, mais un travail abstrait.
Pour fabriquer une automobile par exemple, il faut combiner plusieurs matières premières (fer,
caoutchouc, etc.), des machines, des travailleurs. Le temps de travail nécessaire pour fabriquer une
voiture ne se résume pas au travail dépensé par les ouvriers de l'industrie automobile. Les machines,
les matières premières ont-elles-mêmes nécessité une dépense de travail pour les produire. Le temps
de travail nécessaire englobe donc le travail direct ou vivant de l'ouvrier de l'industrie automobile,
et le travail indirect ou mort incorporé dans les machines et les matières premières. C'est en ce sens
que l'on dit que les machines et les matières premières transmettent leur valeur qui se retrouve dans
celle de l'automobile. Si par exemple, une machine, moyen de travail s'use en dix ans, cela veut dire
qu'à chaque année, elle transmet un dixième de sa valeur à la valeur de la production automobile
annuelle. Machines et matières premières constituent ce qu'on appelle le capital constant (C).
Constant, parce qu'il ne fait que transmettre ; Capital, parce qu'il ne s'agit pas seulement
d'instruments libres, mais d'instruments appropriés par une classe sociale : la bourgeoisie, lui
permettant ainsi d'assurer sa domination. C'est en ce sens qu'on dit que le capital est un rapport
social.
Le travail direct est le travail dépensé directement par le travailleur pour produire telle ou telle
marchandise. La spécificité de ce travail, c'est qu'il n'est pas payé intégralement. Le capitaliste achète
au travailleur sa force de travail. Cette force de travail crée plus de valeur qu'elle n'en a coûtée au
capitaliste. La différence étant ce qu'on appelle plus précisément la plus-value (ou sur travail). Le
temps de travail direct se divise donc en deux parties : une partie qui est payée au travailleur et qui
doit lui permettre de vivre ; on l'appelle le capital variable (V) ; l'autre que s'approprie le capitaliste
est appelé la plus-value (PL). De même que pour le cas précédent, le capital variable (V) signifie un
rapport social : celui de l'obligation des travailleurs de vendre leur force de travail aux capitalistes
détenteurs des moyens de production. Variable signifie ici que les travailleurs produisent plus de
valeur qu'ils n'en coûtent. Ils sont source de valeur supplémentaire pour le capitaliste.
La marchandise-voiture aura donc pour mesure de sa valeur le temps de travail mort (C) et le temps
de travail vivant (V + PL). La valeur d'échange s'écrira : C + V + PL. Le capital constant transféré et
le capital variable (C + V) constitueront pour le capitaliste son coût de production. C'est ce qu'il
devra débourser pour faire produire des voitures et s'approprier PL.
Le travail fourni par tel ou tel travailleur n'est pas identique à celui d'un autre travailleur. Par
exemple, le travail d'un peintre au pistolet diffère de celui d'un ajusteur. Dans chaque cas, il s'agit
d'un travail concret différent. Cependant, pour mesurer la valeur d'échange, il faut que le travail
dépensé soit homogène, indifférencié et harmonisé.
Il s'agit précisément de réduire l'ensemble des travaux concrets à un travail abstrait. Et il ya des
ingénieurs spécialisés dans l'organisation du travail qui observent les ouvriers, décomposent et
chronomètrent leurs gestes. Ils éliminent ce qui leur paraît être le travail inutile, superflu et, en
quelque sorte, déterminent un temps de travail abstrait.
La quantité de travail dépensée sera la quantité moyenne de travail, déterminée par les
chronométreurs. Il en découle que le degré d'habileté effectif de chaque travailleur n'intervient pas
dans la détermination de la valeur : Seul le degré d'habileté moyen, c'est-à-dire la quantité de travail
dépensée par l'ouvrier moyen fixe la valeur de la marchandise.
Deux types de problèmes se posent encore :
La productivité du travail, c'est-à-dire, la production d'un ouvrier pendant une heure, sera de ce fait
différente dans les trois entreprises. Dire que la productivité du travail est plus forte, cela signifie
que la valeur d'une marchandise est plus faible. En effet, productivité plus forte signifie produire
davantage de marchandises dans le même temps de travail. Cela signifie donc une valeur plus faible
de la production dans les deux dernières.
Les autos, produites dans des conditions techniques différentes, n'ont pas la même valeur à première
vue. En effet, peu importe à l'acheteur de l'automobile si l'auto a été produite dans telle ou telle
condition technique. Le marché n'accepte qu'une valeur : la valeur moyenne. C'est pourquoi, on dit
que le temps de travail qui mesure la valeur d'échange n'est pas le temps de travail effectivement
dépensé dans chaque entreprise, mais un temps de travail socialement nécessaire, c'est-à-dire, un
temps de travail moyen compte tenu des conditions techniques moyennes de l'époque. Cela signifie
que le marché ne reconnaît pas des valeurs individuelles, mais une valeur sociale.
Dans le cas de l'entreprise A, utilisant des techniques vieillies, le capitaliste devra vendre les
automobiles à un prix qui correspond à une valeur inférieure à la quantité de travail nécessaire pour
produire ces automobiles dans son entreprise. Le temps de travail effectivement dépensé est
supérieur à celui qui est socialement nécessaire. Il y a donc gaspillage de travail. Par exemple : si
l'automobile vaut 1000 heures, et que le marché reconnaît seulement 800 heures, il y a un gaspillage
de 200 heures. Ce gaspillage signifie au moins une amputation de la plus-value du capitaliste, une
tentative d'exploiter davantage les travailleurs et la faillite s'il ne modernise pas son entreprise.
L'exemple de l'industrie textile illustre bien cette réalité.
Deuxième problème : une heure de travail d'ingénieur vaut plus qu'une heure de travail d'un
manœuvre. Comment dès lors affirmer que la mesure de la valeur est le temps de travail ? La
réponse à ce problème revient à distinguer travail simple et travail complexe. Le travail simple est
une dépense quantitative de force de travail « simple » que toute personne possède dans son
organisme. Le travail complexe est, quant à lui, le travail simple multiplié. Une quantité donnée de
travail complexe correspond toujours à une quantité plus grande de travail simple : une heure de
travail d'ingénieur contient davantage d'unités de travail simple qu'une heure de travail de
manœuvre. L'heure de travail simple d'un ingénieur vaut par exemple deux heures de travail d'un
ouvrier.
Comment s'opère la réduction du travail complexe au travail simple ? De façon très concrète: elle se
réalise quotidiennement sur le marché du travail, par le paiement de salaires différents à des
travailleurs ayant des qualifications différentes.
En résumé, la valeur d'une marchandise est le travail abstrait direct et indirect socialement
nécessaire à la production de cette marchandise. Une fois cette définition donnée, on peut enfin
compléter ce que signifie la production de marchandises. Les marchandises sont les fruits de travaux
privés exécutés indépendamment les uns des autres. Ces travaux privés des divers producteurs ne
sont pas immédiatement sociaux, mais le deviennent à travers l'échange:
En tant que travaux produisant des biens socialement utiles, c'est-à-dire, acceptés par le
marché;
En tant que travaux produisant des biens se manifestant à travers leur caractère commun de
travail humain abstrait.
Les marchandises viennent au monde en tant que valeur d'usage. Elles sont des marchandises tout
simplement, parce qu'elles sont échangées. Elles sont donc porte-valeurs.
Par exemple : si Koffi échange son pull-over contre le pantalon de Adoté, c'est qu'il considère que
son pull-over vaut le pantalon. Le rapport d'échange entre deux marchandises peut être exprimé
dans une égalité dans laquelle une certaine quantité d'une marchandise A correspond à une certaine
quantité d'une marchandise B. Ainsi la marchandise A (pull-over) exprime sa valeur dans la
marchandise B (pantalon). La marchandise B sert d'étalon pour la marchandise A.
Dans l'égalité : 1 pull-over (A) = 1 pantalon (B), la marchandise B sert d'étalon, elle est appelée
équivalent. La marchandise A est appelée valeur relative (parce qu'elle est relative à B qui la mesure).
Bien entendu, à ce niveau du raisonnement, on pourrait raisonner en sens inverse. En somme, si une
marchandise (A ou B) est équivalente, l'autre est valeur relative. Soit donc B (pantalon) : l'équivalent,
A (pull-over) : la valeur relative.
On comprend très facilement qu'en fait le pantalon soit un piètre équivalent. Il y a deux raisons qui
expliquent cela : Si Koffi, au lieu de vouloir échanger son pull-over, veut échanger sa veste, et si sa
veste vaut elle-même un pantalon et demi, on comprend que pour lui un pantalon et demi soit
parfaitement inutile.
S'en tenir à de telles opérations de troc limite les échanges. Il est possible en effet que Koffi veuille
échanger son pull-over contre une marchandise que ne possède pas Adoté, mais que possède
Wahabou qui lui ne veut pas le pull-over, mais le pantalon.
De ces difficultés, on déduit qu'il faut un équivalent général, qui ne peut être ni le pull-over, ni le
pantalon. En réalité, pour tout échangiste (Koffi, Adoté et Wahabou), certaines marchandises qu'il
détient n'ont pas de valeur d'usage (le pull-over pour Koffi), alors que celles que détiennent les
autres en ont une (le pantalon d’Adoté). C'est pourquoi, il veut les échanger. La valeur d'usage de la
marchandise-pantalon est, du point de vue de Koffi, d'exprimer la valeur d'échange de son pull-over
: elle fonctionne, pour lui, comme équivalent. Mais, comme tout échangiste est dans la même
situation, aucune marchandise ne peut être équivalent général, sauf l'une d'entre elles, mises à part
spécifiquement, qui va devenir l'argent (ou la monnaie). On dira maintenant que : 1 pull-over = 5
000 f.
Le pull-over est la valeur relative, la monnaie est l'équivalent général. Le prix (5 000 f) n'est donc que
l'expression de la valeur relative d'une marchandise (le pull-over) en équivalent général (la
monnaie). C'est pourquoi, la monnaie et la marchandise ne sont que deux formes de la valeur :
Il ne s'agit pas, dans l'égalité 1 pull-over = 5 000 f, de deux valeurs, mais d'une même valeur sous
deux formes distinctes. Cette précision est importante si on veut comprendre comment, à partir de
la valeur, se déterminent les prix.
SEANCE N°3
Contenu
1. 2. Les prix
1. 2. 1. Définition
La monnaie et la marchandise étant deux formes de la valeur, le prix est la forme monétaire de la
valeur. Il doit être déterminé directement à partir de la valeur. Il indique la quantité de signes
monétaires (billets, pièces) équivalant à une quantité de marchandises. La détermination du prix
d'une marchandise suppose que cette marchandise ait une valeur d'usage, qu'elle satisfasse un
besoin social, et qu'enfin la quantité de travail contenue dans la marchandise représente bien du
travail socialement nécessaire.
Ainsi, le prix d'une marchandise ne peut être fondamentalement déterminé par l'offre et la demande.
Le prix trouve son fondement du côté de la production. Il n'est que l'expression monétaire de la
valeur d'une marchandise. A première vue, il semblerait que le prix soit déterminé par l'offre et la
demande de la marchandise. Cependant, il n'en est pas ainsi. L'évolution de l'offre et de la demande
ne fait qu'influer sur le prix, qui lui-même est fondamentalement déterminé non pas sur le marché
(offre/demande), mais dans la production (valeur). Par exemple, si la forme monétaire de la valeur
d'une marchandise est de 200 f et si la demande est, durant cette période limitée, supérieure à l'offre,
le prix se fixera à 225 f. Le prix de 225 f se situe par rapport à la valeur monétaire de 200 f ; c'est-à-
dire que la situation de l'offre et de la demande n'explique pas le prix lui-même, mais l'écart entre le
prix qu'on appellera prix de marché (225 f) et la valeur (200 f).
Plusieurs facteurs dont l'offre et la demande influent sur la fixation du prix du marché et le font
fluctuer autour de cet axe constitué par la valeur. Le prix tout en étant la forme monétaire de la
valeur peut s’en écarter (soit positivement ou soit négativement selon que la demande est soit
supérieur ou inférieur à l’offre). L'étude du prix nous amène à examiner les notions de prix de
production.
Dans le monde des entreprises, il existe des usines qui utilisent plus ou moins de travail vivant
proportionnellement au travail mort que d’autres. Air liquide, par exemple, utilise presque
exclusivement des machines. Par contre les radios, les télévisions, les usines textiles, etc. utilisent
davantage de travailleurs par rapport à leurs équipements.
Supposons deux entreprises situées dans deux branches différentes de production (chimie et textile
naturel). La première utilise 300 unités monétaires (UM) de capital constant et 100 UM de capital
variable. Le rapport capital constant sur capital variable (C/V) s'appelle composition organique du
capital. Il montre le degré de mécanisation de l'entreprise. La première entreprise (chimie) a une
composition organique du capital égal à C/V = 300/1 00 = 3. Cette composition organique du capital
élevée révèle que dans cette entreprise, il existe une mécanisation (automatisation par exemple)
poussée. La seconde entreprise (textile) a une composition organique du capital C/V = l 00/1 00 = l
; elle est plus faible que la précédente. On sait en effet que, dans cette branche, textile, les capitalistes
utilisent une main-d'œuvre abondante, notamment féminine durement exploitée.
Le taux de profit que retire le capitaliste dans chaque entreprise se calcule par rapport à l'ensemble
du capital (constant et variable) qui est avancé par ce dernier. En effet, s'il est vrai que seule
l'utilisation de la force de travail est susceptible de rapporter une plus-value pour le capitaliste, il
n'en demeure pas moins vrai que cette force de travail, pour être exploitée, doit s'accouplée avec des
biens d'équipement, et doit utiliser des matières premières. Lorsque le capitaliste achète de la force
de travail, il doit également posséder des biens de production, des matières premières (capital
constant) pour faire valoir une force de travail, pour lui faire créer plus de valeur qu'elle en a coûté.
La plus-value que retire le capitaliste de l'exploitation de la force de travail provient précisément du
fait qu'il a la propriété de ces moyens de production, donc qu'il a la possibilité d'avancer de l'argent
pour les acheter. C'est parce qu'il achète et la force de travail et les moyens de production et les
matières premières, qu'il peut tirer de l'achat de la première plus que cela ne lui a coûté. On
comprend donc que la plus-¬value extraite du sang des travailleurs doive se rapporter à l'ensemble
du capital avancé par le capitaliste.
Le taux de profit est donc le rapport qui existe entre, d'un côté, la plus-value, c'est-a-dire le travail
non payé, et de l'autre, l'ensemble du capital avancé sous forme d'achat de machines et de matières
premières (C), et de force de travail (V).
Il s'écrit donc: P = PL/C+V. pour simplifier, supposons que le taux d'exploitation ou taux de plus-
value, c'est-à-dire le rapport entre la plus-value et le capital variable PL/V, soit le même dans les
deux entreprises. Il pourrait être par exemple égal à 1. Cela signifierait que le capitaliste tirerait dans
chaque entreprise 100 de plus-value des 100 de capital variable qu'il a acheté. On dit alors que le
taux d'exploitation PL/V = 100/100 et de 100%.
Calculons à présent le taux de profit des deux entreprises. En ce qui concerne la première entreprise
(Air liquide de la branche chimie), nous avons : PL = 100, V = 100 ; C = 300. Le taux de profit : P =
100/(300 + 100) = 1/4 = 25 %. En ce qui concerne la seconde entreprise (textile naturel), nous avons
: PL = 100 ; V = 100 ; C = 100. Le taux de profit est égal à :: P = 100/ (100 + 100) = 1/2 = 50%.
Mais un problème se pose : pourquoi dans la réalité, les capitalistes investissent-ils des capitaux dans
la première branche (chimie) où ils ne touchent qu'un taux de profit de 25% ? Pourquoi
n'investissent-ils pas tous leurs capitaux dans la deuxième branche (textile naturel) où ils
toucheraient un taux de profit de 50% ?
Par ailleurs, on comprend mal qu'un secteur retardataire comme le textile (faible mécanisation)
puisse avoir un taux de profit largement supérieur à celui d'une branche de pointe comme la chimie
(fortement mécanisée). En bonne logique capitaliste, les entrepreneurs devraient prioritairement
investir dans les secteurs retardataires (comme le textile) et délaisser les secteurs de pointe (comme
la chimie, l'aéronautique) et ne pas utiliser les techniques de production les plus modernes ! Or, il
est clair qu'il n'en est rien. C'est pourquoi, on ne peut pas suivre ce type de raisonnement si on veut
expliquer la réalité et notamment le processus de mécanisation croissant et l'orientation des capitaux
vers les secteurs de pointe. On doit introduire un élément nouveau : le prix de production définit à
partir de la valeur tout en introduisant dans sa définition, le fonctionnement même du système
capitaliste.
Le prix de production se définit comme la somme, dans chaque branche, du capital dépensé
(constant et variable) et d'un profit moyen (C+V+Pm). Ce profit moyen résulte de ce qu'on appelle
la tendance à la péréquation (répartition égale ou équitable - des ressources ou des charges publiques
- afin de réduire certains déséquilibres) des taux de profit. Il ne correspond pas à la plus-value
extorquée par les capitalistes à leurs travailleurs dans les entreprises de chaque branche.
SEANCE N°4
Cette expression recouvre l'idée selon laquelle les capitalistes essaient d'aller là où leur capital total
(variable et constant) est susceptible de rapporter plus. Ils se battent entre eux pour s'approprier les
marchés les plus rentables. Il y a quelques années par exemple, le marché des photocopieuses était
très rentable. Rank Xerox (entreprise de fabrication de photocopieuses) réalisait un taux de profit
considérable. Ce taux de profit considérable devait attirer d'autres capitalistes. Les capitaux ont
afflué dans la production de photocopieuses de sorte qu'aujourd'hui, sur le marché des
photocopieuses, il existe plusieurs entreprises. Le prix des photocopieuses a baissé et ce marché, tout
en étant encore rentable, l'est un peu moins aujourd’hui.
En résumé, les capitalistes quittent les secteurs où la production est moins rentable pour les secteurs
susceptibles de leur offrir des taux de profit élevés. C'est ce qu'on appelle la concurrence entre
capitalistes. Cette concurrence est dite libre quand il n'existe aucun obstacle à la mobilité
(déplacement d'un secteur à l'autre) des capitaux et que la force de travail peut être aisément rejetée
d'un lieu de production à un autre. Elle est imparfaite ou monopolistique lorsque des entreprises
sont suffisamment puissantes pour empêcher d'autres capitalistes de venir empiéter sur leur terrain.
Il existe alors des obstacles à la mobilité des capitaux. Ces obstacles sont de diverses sortes (cartel,
utilisation du progrès technique, …) et sont perpétuellement remis en cause. C'est pour cette raison
qu'au niveau de la concurrence imparfaite, les nouveaux obstacles sont continuellement fabriqués.
C’est le moyen privilégié pour tel ou tel monopole de préserver quelque temps son taux de profit
des visées de tel ou tel autre.
Cette lutte entre monopoles se fait sur le dos des travailleurs. Pour attaquer la position de l'entreprise
B, l'entreprise A a besoin de beaucoup de capitaux. Pour cela, elle doit avoir au préalable beaucoup
de profit, condition nécessaire pour éliminer les obstacles dressés par B à l'afflux de capitaux de A.
Or, augmenter ses profits pour attaquer implique exploiter davantage les travailleurs.
Ces obstacles sont perpétuellement remis en cause. Le capital arrive à se frayer son chemin d'un
secteur à un autre. On comprend qu'à la base du fonctionnement du système capitaliste, on trouve
la mobilité du capital. La conséquence de la mobilité du capital est la péréquation des taux de profit,
c'est-à-dire ; leur égalisation et donc la constitution d'un taux de profit moyen égal dans tous les
secteurs. C'est parce que cette mobilité du capital est perpétuellement remise en question, entravée,
que nous parlerons de tendance à la péréquation des taux de profit.
En d'autres termes, les taux de profit dans divers secteurs ne sont pas égaux dans la réalité, en raison
des obstacles continuellement élevée par les monopoleurs entre eux. Mais s'ils ne sont pas égaux,
ces taux de profit se modifient. Ils ont tendance à s'égaler, parce que ces obstacles à termes sont levés.
S'ils ne s'égalisent pas, c'est parce qu'à nouveau d'autres obstacles à la mobilité des capitaux sont
élevés par les capitalistes. Pour comprendre la modification des taux de profit, il faut partir de la
mobilité du capital, expression de la tendance à accumuler, qui elle-même s'exprime au niveau de
chaque capitaliste par la concurrence plus ou moins vive qu'ils se font entre eux. C'est en ce sens
qu'on parle de tendance à l'égalisation des taux de profit.
Les capitaux ne vont pas dans les secteurs les plus retardataires (textiles), les moins mécanisés, au
détriment des secteurs clés (chimie, aéronautique, etc.), les plus mécanisés. C'est exactement le
contraire qui se produit et pourtant les taux de profit ont tout de même tendance à s'égaler entre les
secteurs. C'est le mouvement des capitaux vers les secteurs de plus en plus mécanisés qui expliquent
leur tendance à s'égaliser. On voit que la proposition est inverse. La tendance à la péréquation inclut
le fonctionnement même du système capitaliste, à savoir le développement de ce qu'on appelle les
forces productives (en gros, la productivité du travail). Pour cela, il faut passer de la valeur aux prix
de production.
Pour comprendre ce point, il faut partir de ce que nous avions dit précédemment, à savoir que le
marché ne reconnaît pas des valeurs individuelles, mais des valeurs sociales. Le temps de travail qui
mesure la valeur d'échange n'est pas le temps de travail effectivement dépensé dans chaque
entreprise d'une branche, c'est-à-dire, produisant la même marchandise, mais un temps de travail
socialement nécessaire. Si l'entreprise A produisant la marchandise X a des conditions techniques
moins bonnes que l'entreprises B produisant la même marchandise et appartenant à la même
branche, l'entreprise A a consacré à la production de la marchandise plus de temps de travail que
ne lui reconnaît le marché. Sa plus-value est amputée d'autant qu'il y a eu de gaspillage de travail.
Le même raisonnement va s'appliquer pour calculer les prix de production. Il ne s'agira pas toutefois
de reconnaître la valeur sociale d'une marchandise, d'une branche, mais d'étendre ce raisonnement
à plusieurs marchandises différentes, c'est-à-dire; à plusieurs branches. De la même façon que la
reconnaissance par le marché consistait à corriger un gaspillage de travail individuel pour le cas
d'une marchandise, la péréquation du taux de profit consistera à corriger le gaspillage de travail
individuel par rapport au niveau moyen de la productivité du travail atteint par la société non plus
pour une marchandise, mais pour l'ensemble des différentes marchandises. Il s'agit de dépasser le
cadre de la branche (une marchandise) et de situer le problème par rapport au système dans son
ensemble (plusieurs branches) et aux conditions sociales de la production qui y existent.
Ce raisonnement permet de comprendre que les branches retardataires, parce qu'elles sont
pénalisées, attireront de moins en moins de capitaux et que les capitaux qui y étaient vont s'expatrier
vers d'autres branches ou secteurs plus rentables. Cette pénalisation s'effectue au travers de la
tendance à la péréquation des taux de profit et donc de la constitution des prix de production.
Inversement, si des branches sont pénalisées, d'autres en profiteront. Celles qui en profiteront seront
précisément les branches ou secteurs clés. On comprend alors pourquoi les capitaux bougent et
s'orientent vers ces secteurs.
Rappels indispensables
La composition organique du capital est le rapport entre le travail mort (C) et le travail vivant (V)
seul créateur de plus-value. COC = C/V.
Le coût de production (CP) est la dépense effectuée par le capitaliste pour fabriquer des
marchandises. Il est égal à la somme du capital constant (machines, matières premières) et du capital
variable. CP = C + V. Dans le capital constant (C) c’est la partie qui est dépensée ou consommée lors
de la fabrication de la marchandise qui sera comptabilisée dans le coût de production. Cependant,
pour le calcul du taux de profit (P = PL / (C+V)), le capitaliste comptabilise l’ensemble du capital
constant et variable avancé et non pas le seul capital dépensé ou consommé lors de la fabrication. La
distinction entre capital avancé et capital dépensé concerne la partie du capital constant affecté à
l’achat des biens d’équipement.
Etudions à présent le mécanisme de pénalisation que subissent les branches les plus retardataires. Il
s’agit de l’étude de la transformation de la valeur en prix de production (ce que Marx appelle sa
métamorphose). Supposons que l'ensemble de l'économie est constitué de cinq branches. Les
branches sont caractérisées par différentes compositions organiques du capital. Nous les classerons
suivant leur degré de mécanisation (cf. tableau) :
La première branche est celle qui a la plus forte composition organique du capital : 95/5 ; le
deuxième 85/15 ; la troisième 80/20 ; la quatrième 70/30 ; la cinquième 60/40. Nous supposerons
également que le taux d'exploitation est le même dans toutes les branches, soit PL/V = 100 %. Cette
hypothèse signifie que les capitalistes tirent dans chaque branche 100 de plus-value pour 100 de
capital variable avancé. C'est une hypothèse simplificatrice.
Les taux de profit sont différents et variables de 5 % à 40 % (cf. tableau). La mobilité du capital réduit
cet éventail. Le taux de profit tend à s'établir à 22 %, mais la formation de ce taux de profit ne s'opère
pas par une entrée massive de capitaux dans les branches les plus retardataires et les moins
mécanisées (IV et surtout V dans notre exemple).
La mobilité du capital conduit à la formation d'un taux de profit (22%). Mais cette mobilité du capital
s'effectue vers les branches les plus mécanisées, et ce au travers de la reconnaissance des conditions
sociales de production dans l'ensemble de l'économie (et non plus au niveau d'une branche comme
cela était le cas pour la valeur sociale d'une marchandise). En ce sens, la pénalisation va signifier
transfert de plus-value des branches les moins mécanisées, les plus retardataires (par rapport aux
conditions sociales de production dans l'ensemble de l'économie), vers les branches les plus
mécanisées.
Coût de Profit Prix Transfert
C C V PL Tx de Profit Valeur
production Moyen Production Plus-Value
Avancé Dépensé 4/(1) +(3) (2) + (3) + (4)
Branches (2) + (3) (110 / 5) (7) + (8) sociale
(8) - (4)
1 2 3 4 5 6
7 8 9 10
I 95 10 5 5 5% 20 15 22 37 17
II 85 40 15 15 15% 70 55 22 77 7
III 80 50 20 20 20% 90 70 22 92 2
Le transfert de plus-value ne s'effectue pas par la remise d'une partie de la plus-value par des
capitalistes à d'autres. C'est le mouvement même du capital qui accomplit ces transferts et
corrige les gaspillages de travail, parce que la plus-value appropriée par le capitaliste de telle
ou de telle branche ne dépend pas seulement des conditions de production et d'exploitation
dans sa branche, mais aussi de celles existant dans l'ensemble des branches, cette plus-value
est appelée plus-value sociale.
Les gains de plus-value sociale provenant d'autres branches sont égaux aux pertes de plus-
¬value sociale. Celle-ci provient bien de l'exploitation de l'ensemble des travailleurs du capital.
Elle n'a pas de partie inexpliquée. La somme de la plus-value avant le transfert est égale à 110
dans notre exemple. Elle est aussi égale à 110 après transfert. Toute la plus-value est et
demeure créée par l'exploitation des travailleurs.
Les branches les plus retardataires vont tenter de lutter contre l'amputation de leur plus-value
soit en se modernisant, soit en exploitant directement et davantage leurs travailleurs. Nous
avons vu que pour certaines marchandises, (textile naturel, charbon, etc.) il était difficile de
résister par la modernisation qui, dans ce cas, signifie chômage et accélération des cadences à
la concurrence des marchandises substituts (textile synthétique, pétrole, etc.). Reste la
deuxième possibilité de l'alternative qui est l'exploitation accrue des travailleurs, c'est-à-dire,
l'augmentation du taux de plus-value PL/V. Ainsi, d'un côté, les entreprises subiront un
transfert de plus-value, de l'autre, elles essaieront de limiter la valeur relative de ce transfert
(plus-value transférée sur plus-value extraite) en n'accordant que de bas salaires, en allongeant
la durée du travail par rapport aux autres branches de la production. C'est ce mécanisme qui
explique l'existence de bas salaires, de conditions de travail inacceptables dans certains
branches (comme le textile naturel, les charbonnages). Inversement, c'est l'existence d'une
plus-value abondante provenant et de l'exploitation des travailleurs de la branche et de
l'exploitation des travailleurs des autres branches retardataires qui explique en partie que les
patrons puissent céder sans que cela leur coûte trop et accorder de hauts salaires dans les
branches fortement mécanisées.
20
Initiation aux faits économiques
UL / FSHS / Dpt. GEO
SEANCE N°5
Contenu
La monnaie et les marchandises sont deux formes de la valeur. Le prix de marché est la forme
monétaire de la valeur. Mais divers facteurs dont l'offre et la demande influent sur la fixation
du prix de marché et le font fluctuer autour de l'axe constitué par la valeur. Le prix de marché
s'explique par le prix de production, donc par les conditions sociales de la production et
fluctue autour de lui. Ainsi, si le passage de la valeur au prix de production consiste à corriger
le gaspillage de travail par rapport aux conditions sociales de la production, le passage du prix
de production au prix de marché consiste en la même opération par rapport au marché. Le
prix de marché d'une marchandise est donc sa valeur reconnue socialement par le marché.
Le rapport entre l'offre et la demande sur le marché explique les écarts de prix de marché par
rapport au prix de production. Il explique aussi la tendance à réduire les écarts. Supposons en
effet que le prix de marché d'une marchandise baisse momentanément par suite par exemple
d'une réduction de la demande par rapport à l'offre. Il se creuse un écart entre le prix de
marché et le prix de production. La plus-value est amputée d'une certaine valeur. Il se peut
alors qu'une partie du capital soit retirée, la production de cette marchandise n'étant plus
considérée comme rentable. Il se peut aussi (et c'est souvent cela qui arrive) que le capitaliste
transforme légèrement la forme de la marchandise, la revête de contours nouveaux pour la
faire apparaître comme un produit nouveau, dans le but de retrouver la demande antérieure,
voire de l'augmenter et de contrecarrer l'amputation de la plus-value. C'est le cas notamment
de marques prétendument nouvelles : l'exemple des marques de lessive toujours renouvelées
donne plus de lumière à ce sujet. Il se peut également que le capitaliste introduise de nouveaux
procédés de fabrication et abaisse ainsi la valeur et le prix de production de la marchandise.
Dans ce dernier cas, si la plus-value par marchandise peut être réduite, le taux de profit est,
lui, maintenu puisque la valeur du capital constant et la valeur du capital variable dépensée
pour la fabrication de cette marchandise est réduite. Le prix de production s'aligne sur le prix
21
Initiation aux faits économiques
UL / FSHS / Dpt. GEO
de marché. Il peut même lui être inférieur selon l'augmentation de la productivité du travail
qui est introduite par l'utilisation de nouvelles techniques de production.
Au travers de ces deux exemples, on comprend pourquoi le prix de marché joue un rôle actif.
On aurait pu penser que, fluctuant autour du prix de production, il aurait seulement un rôle
passif. L'évolution de l'offre et de la demande creusant des écarts, positifs ou négatifs par
rapport aux prix de production, n'aurait guère d'effets dans la mesure où le facteur principal
de la détermination du prix de marché est le prix de production. En effet, le prix de marché
joue un rôle sur le prix de production. S'il est déterminé principalement par le prix de
production, il exerce néanmoins une action sur ce dernier. Cette action résulte de ce
qu'implique l'apparition d'écarts entre prix de marché et prix de production: à savoir, la
tendance à réduire les écarts. Réduire les écarts signifie une répartition nouvelle des capitaux
entre les branches, et un accroissement de la productivité du travail. C'est ce que Marx appelle
le mouvement du capital social. Ainsi, la détermination principale du prix de marché est le
prix de production. L'existence d'écarts, c'est-à-dire, de surprofits ou de sous-profits par
22
Initiation aux faits économiques
UL / FSHS / Dpt. GEO
rapport au profit moyen implique une action en retour du prix de marché sur le prix de
production.
Conclusion du paragraphe
C'est ainsi qu'on explique comment les branches qui, dans le temps, on pu apparaître comme
dynamique, ne le sont plus aujourd'hui (textile naturel, charbonnage, etc.) au profit d'autres
branches (électroniques). De nombreux secteurs clés (branches les plus dynamiques)
apparaissent au firmament mais, comme des étoiles, s'éteignent plus ou moins vite au profit
d'autres.
C'est une des raisons pour laquelle l'Etat, représentant du grand capital, a du mal à être son
serviteur fidèle. Outre, le fait qu'il doit s'assurer une base sociale, notamment au prix de
23
Initiation aux faits économiques
UL / FSHS / Dpt. GEO
Dans l’étude de la mobilité du capital entre les branches (plusieurs marchandises différentes)
et au sein d’une même branche (une marchandise) nous avons certes noté l’existence de
monopoles sans toutefois étudier ce qui expliquait leur apparition. Les monopoles limitent la
mobilité du capital en créant les obstacles à la venue d'autres capitalistes en faisant du marché
une chasse gardée. Les obstacles peuvent être de diverses sortes :
En effet, pour vendre à un prix inférieur ou au plus égal à celui que pratique l'entreprise A,
elle doit avoir des coûts de production semblable. Elle doit utiliser des techniques de
production semblables ou améliorées. De plus, si l'entreprise A contrôle les deux tiers (par
exemple) du marché, il ne reste plus qu'un tiers. La demande pour cette marchandise est donc
réduite, à moins que l'entreprise B décide de s'approprier une partie du marché déjà contrôlée
24
Initiation aux faits économiques
UL / FSHS / Dpt. GEO
par l'entreprise A. Alors, non seulement elle doit produire à un coût inférieur et vendre à un
prix inférieur à ceux de l'entreprise A, mais elle doit également, pour s'assurer la victoire,
engager une campagne de publicité intense - qui lui coûte d'énormes fonds - dans le but de
rompre les habitudes de consommation des acheteurs de la marchandise en question.
Au total, la pénétration sur un marché déjà contrôlé est difficile. Elle nécessite une masse de
capitaux considérable :
En effet, pour produire à bas coût, il faut produire beaucoup. L'utilisation des techniques
nouvelles implique qu'on produise beaucoup. Par exemple, si on veut produire de l'acier à des
coûts plus bas, donc compétitifs, cela nécessite l'utilisation de techniques nouvelles qui ne
peuvent être employées que si on produit au moins cinq millions de tonnes. Le marché de
l'entreprise A est donc relativement protégé.
Ce n'est que si elle gagne, que si elle crée un rapport de force telle qu'elle l'impose à l'entreprise
A un accord, qu'elle pourra à nouveau relever ces prix de marché et s'approprier un surprofit
de monopole plus ou moins élevé selon l'état des techniques qu'elle utilise, l'évolution de la
demande, sa politique préventive face à des potentiels concurrents nationaux ou étrangers.
Les obstacles qu'elle aura surmontés, les obstacles qu'elle aura créés ne sont donc que
provisoires dans le temps. Ils sont perpétuellement remis en cause. C'est la raison pour laquelle
nous avons dit que malgré ces obstacles, le capital arrive à se frayer son chemin entre les
branches, et au sein d'une même branche entre les entreprises. La mobilité du capital n'était
que limitée, elle ne disparaissait pas. A la base même du fonctionnement du capitalisme, on
trouve donc cette mobilité. En d'autres termes, si on veut expliquer le fonctionnement du
capitalisme, on doit partir de cette mobilité du capital toujours à la recherche du taux de profit
le plus attrayant. Cette mobilité du capital explique la tendance à la formation d'un taux de
profit moyen et la constitution des prix de production. Le prix de marché fluctue autour de ce
prix de production selon l'évolution de l'offre et de la demande. Des surprofits ou des sous-
profits par rapport au profit moyen apparaissent. Ils sont transitoires. Ils expliquent le
mouvement du capital social entre les branches.
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Initiation aux faits économiques
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L'introduction des monopoles rend plus durable ces surprofits. Ils ne permettent pas
cependant de les éterniser. Ceux-ci proviennent d'un rapport de force imposé par tel monopole
sur tel autre. Ils s'expriment par la fixation des prix du marché supérieur aux prix de
production, mais la fixation de ces prix de marché est transitoire. Le rapport des forces change.
L'accumulation du capital le change à terme. Le prix de marché change, les surprofits de
monopole aussi. En ce sens, le monopole ne peut ni fixer n'importe quel prix, ni le fixer de
manière éternelle. Son prix dépend des conditions techniques de la production. Il dépend du
prix de production même s'il parait en dépendre de manière assez lâche. Le degré
d'indépendance du prix de monopole par rapport au prix de production dépend de la plus ou
moins grande facilité pour de nouveaux capitaux de pénétrer dans la branche monopolisée.
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Initiation aux faits économiques
UL / FSHS / Dpt. GEO
SEANCE N°6
2. 1. 1. La force de travail
La force de travail est la capacité de travail des travailleurs. Elle peut se définir comme
l'ensemble des facultés physiques et intellectuelles du travailleur. Elle est dans le système
capitaliste, une marchandise achetée par le capitaliste. Les travailleurs sont contraints, pour
vivre, de vendre leur force de travail, car les moyens de production (marchandises, usines)
sont la propriété d'une autre classe sociale, la bourgeoisie. Cette situation résulte d'un long
processus historique qui a vu le jour à partir du XIVe et du XVIIe siècle, la double
dépossession :
Des milliers d'artisans et de petits paysans indépendants disparaissent donc, en tant que tel,
c'est-à-dire perdent leurs moyens de production, pour devenir des prolétaires. C'est le
phénomène de la prolétarisation. Ces hommes ne disposent plus que de leur force de travail
et sont donc obligés de la vendre pour vivre.
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Initiation aux faits économiques
UL / FSHS / Dpt. GEO
Ainsi la force de travail, en tant que marchandise, a une valeur d'échange. En quoi consiste
cette valeur d'échange de la force de travail ? Cette valeur d'échange se détermine, elle aussi,
par le temps de travail socialement nécessaire à sa production. Il s'agit du temps de travail
nécessaire pour produire les biens, eux-mêmes nécessaires à l'entretien (ou à la reproduction)
de la force de travail. On en distingue deux types, ce qui permet d'affirmer que la valeur
d'échange de la force de travail contient deux éléments : l'élément physiologique (la catégorie
de bien qui permet aux travailleurs de subsister, de se reproduire physiquement. Exemple : le
minimum de nourriture, de vêtements, de logement indispensable pour vivre) ; et l'élément
social ou historique (la catégorie de biens qui permet aux travailleurs de satisfaire un certain
nombre de besoins qu'ils ressentent au fur et à mesure que se développe la société. Ces besoins
naissent des conditions sociales dans lesquelles les hommes vivent et sont élevés, conditions
qui évoluent).
Le salaire
Il est l'expression monétaire de la valeur de la force de travail. C'est son prix. Il semble être la
rémunération du travail. C'est ce qu'affirment les capitalistes ainsi que les économistes
bourgeois. Mais en réalité, il ne rémunère pas tout le travail, mais seulement une partie du
travail, concédé comme étant nécessaire à la reproduction de la force de travail.
A quel niveau se fixe alors les salaires ? Le niveau auquel se fixe le salaire dépend des facteurs
du marché du travail, dominé par l'évolution de l'offre et de la demande. Le salaire fluctue
donc autour de la valeur de la force de travail, comme le prix de marché d'une marchandise,
en fonction de l'offre et de la demande de main d'œuvre.
Lorsque la demande de la force de travail par le capitaliste est inférieure à l'offre, il se présente
une situation de chômage défavorable au niveau des salaires. Les patrons profitent du
chômage pour pratiquer les salaires réels bas et pour inciter les travailleurs nantis d'un emploi
à modérer leurs exigences salariales. Certains faits peuvent néanmoins compenser cette
situation défavorable, ce sont : la combativité des travailleurs, leur degré de conscience de
classe et la politique des organisations syndicales.
Dans le système, il existe une hiérarchie des salaires. Elle peut être objective (non pas naturel)
ou subjective. Elle est objective, lorsqu'elle est conforme à des différences effectives dans les
valeurs des forces de travail. Elle est subjective dans le cas contraire où elle ne respecte pas ces
différences effectives, du fait d'une série de pratiques mises en œuvre par les capitalistes pour
diviser les travailleurs entre eux ou tenter d'intégrer une partie d'entre eux.
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Initiation aux faits économiques
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2. 1. 2. La plus-value
2. 1. 2. 1. La création de plus-value
Bien que la force de travail soit une valeur d'échange, elle a une spécificité par rapport à toutes
les autres marchandises, étant la seule marchandise capable de créer plus de valeurs qu'elle
n'en coûte. Le capitaliste achète les moyens de production (machines, matières premières et
force de travail C+V), et fait travailler l'ouvrier pendant un temps de travail supérieur à celui
qu'il lui paie. Il s'approprie ainsi la différence appelée plus-value.
2 + 4 + 4 = 10h
Exemple : C + V +PL
2 + 2 + 6 = 10h
La baisse de la valeur de la force de travail ne signifie pas nécessairement une baisse du niveau
de vie absolu des travailleurs. Cela peut arriver néanmoins, mais il y a une baisse du niveau
de vie relatif, ou encore une paupérisation relative. Cela veut dire que les capitalistes voient
leur situation relative s'améliorer par rapport à celle des travailleurs.
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Initiation aux faits économiques
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Le développement des forces productives, dans le mode de production capitaliste est donc à
la fois une source potentielle d'émancipation pour l'humanité et un moyen d'accroitre
l'exploitation des travailleurs.
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Initiation aux faits économiques
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SEANCE N°7
Contenu
2. 1. 2. 2. Le partage de la plus-value
Dans le secteur agricole, le fermier capitaliste doit payer au propriétaire foncier, à date fixe
une somme d'argent fixée par contrat pour avoir l'autorisation d'utiliser son capital sur cette
terre. Cette somme d'argent est ce qu'on appelle la rente foncière qui est prélevée sur la plus-
value que le fermier capitaliste extorque à la force de travail qu'il exploite.
2. 2. La tendance à accumuler
Pour que la plus-value subsiste, il faut que ce rapport social se perpétue. Pour se perpétuer, il
doit se reproduire. Pour que ce rapport social se reproduise, la plus-value doit s'accumuler,
c'est-à-dire, se transformer en capital, c'est-à-dire, en rapport social entre capitaliste et
travailleur, du fait même que la reproduction de ce rapport est lié à la production généralisée
de marchandises.
31
Initiation aux faits économiques
UL / FSHS / Dpt. GEO
Cette reproduction est contradictoire, car elle reproduit la négation même de la bourgeoisie
qu'est la classe ouvrière en même temps que cette plus-value.
2. 2. 1. 1. Les causes
Sous la pression de la concurrence, au XIXe siècle, chaque capitaliste individuel est contraint
de baisser ses coûts de production, afin de baisser ses prix, pour défendre ou élargir son
marché : dans ce cas, ses profits sont maintenus. Pour baisser ses coûts, il a besoin de plus de
capital. Pour obtenir le plus de capital possible, les capitalistes auront alors une double
réaction : ils essaieront de ne pas baisser leurs prix et ils toucheraient alors, si leur coût de
production diminue, de surprofit qu'ils essaient de maintenir et de défendre introduisant par
la même des pratiques de monopoles ; ils exploitent à outrance la classe ouvrière naissante.
Mais cette double réaction ne va pas suffire pour mettre à la disposition de chaque capitaliste
une quantité de capital suffisante pour accroitre les capacités de production et de développer
l'outillage. C'est la raison essentielle pour laquelle on va assister, en même temps :
Il s'ensuit que la dimension moyenne des entreprises augmente également dans chaque
branche industrielle. L'évolution du mode de production capitaliste entraine donc
nécessairement une centralisation et une concentration du capital. La condition de survie des
petites entreprises est d'être capable de se transformer en grandes entreprises. Et Quelques
grands monopoles centralisent l'essentiel des moyens de production et des travailleurs.
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Initiation aux faits économiques
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Au total, une part de plus en plus importante de la main-d'œuvre industrielle est employée
par un nombre de plus en plus restreint de grands monopoles. La concentration et la
centralisation dans le secteur industriel prennent elles-mêmes des formes diverses :
Entente et cartels regroupent les entreprises d'une même branche et ayant pour
fonction de fixer le volume de production de la branche, de le repartir entre les diverses
firmes, et de fixer le prix de vente des produits, pour éliminer la concurrence par les
prix. Formation de trusts, à l'issu de fusions d'entreprises, trusts "horizontaux" nés de
la fusion d'entreprises d'une branche (exemple : deux entreprises automobiles), trusts
"verticaux" nés de la fusion d'entreprises se servant de clients et de fournisseurs
exemple d’une entreprise automobile et une entreprise de pneumatique.
Formation des holdings, c'est-à-dire, deux sociétés possédant des actions de
nombreuses entreprises restées formellement indépendantes, et permettant de
contrôler ces entreprises ;
Développement, surtout depuis une quarantaine d'années de puissants monopoles
internationaux qui, dans les années 1970, représentait 20 % de la production
industrielle capitaliste, qui sont susceptibles de fomenter directement, eux-mêmes des
coups d'Etats (les compagnies pétrolières en Iran contre Mossadegh, United Fruit au
Guatemala contre Arbenz, les projets ITT au Chili contre Allende, etc.).
Dans les secteurs bancaires, un nombre de plus en plus restreint de grandes banques
possèdent d'immense majorité de dépôts bancaires et accordent la grande majorité des
crédits bancaires.
Parallèlement, deux types de liens vont se créer entre capital industriel et capital bancaire.
Dans un premier temps, on va assister à la domination progressive du capital bancaire
d'un petit nombre de banques et de groupes financiers, sur le capital industriel. C'est
l'époque de la formation du capital financier, capital dont disposent les grandes banques
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Initiation aux faits économiques
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Initiation aux faits économiques
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SEANCE N°8
Contenu
La concurrence que se faisaient les petites entreprises au XIXe siècle, et qu'on appelle "libre
concurrence" permettait une mobilité assez grande du capital entre les branches, et entre les
entreprises au sein d'une même branche. Elle offrait aux capitalistes la possibilité d'absorber
ou de rejeter de la main-d'œuvre selon l'évolution de leur taux de profit. Mais ce type de
concurrence contenait son propre contraire, sa contradiction : la mobilité du capital était
freinée et la possibilité de rejeter de la main-d'œuvre aussi facilement rencontrait des
difficultés au niveau social et politique.
Les capitalistes étaient conduits progressivement à retarder la baisse de leur prix suite à une
baisse de leurs coûts dans le but précisément de s'approprier de manière durable les surprofits
créés et de les utiliser soit pour partir à la conquête de nouveaux marchés, soit pour résister à
l'assaut des concurrents. La concurrence monopoliste est aussi un stimulant au
développement des forces productives.
Les surprofits de monopole sont utilisés de manière préventive contre l'assaut de futurs
concurrents et de manière offensive contre les positions des autres capitalistes. L'accumulation
du capital se fait sur une échelle progressive. L'incitation à réduire les coûts s'accroit. La
productivité augmente. Le progrès technique devient ainsi une arme.
L'élévation du taux d'accumulation nécessaire pour abaisser les coûts nécessite une masse
d'investissement importante. La plus-value que produisent les travailleurs du monopole
devient insuffisante. Même l'éventuel transfert de la plus-value en sa faveur ne va pas suffire.
La nécessité d'augmenter le taux d'accumulation se traduit par un accroissement du taux
d'exploitation par une accélération de cadences, par une centralisation croissante du capital.
C'est à ce prix et à ce prix seulement que les entreprises peuvent "se restructurer", c'est-à¬-dire
modifier leur équipement, leur procédé de fabrication, et travailler à des conditions plus
optimales pour elles.
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Initiation aux faits économiques
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Dans ce contexte de la concurrence exacerbée, les entreprises recourent à des procédés variés
pour maintenir leurs surprofits ou tout simplement leur taux de profit, et contourner l'obstacle
de l'insuffisance de ressources. Ces procédés sont :
Les campagnes publicitaires permettent dans une certaine mesure d'éviter la guerre des prix
trop dangereuse. L'adversaire n'est plus attaqué de face, mais de biais. Mais, la concurrence
par les prix ne disparaît pas. Elle s'exerce avec des formes plus subtiles. Il ne s'agit plus
d'abaisser les prix d'une manière absolue. Il s'agit d'augmenter les prix de certaines
marchandises moins vite que le niveau général des prix (moyenne des prix des marchandises).
Ainsi, la baisse absolue des prix devient une baisse relative.
On voit ainsi que malgré l'existence des monopoles et malgré l'accroissement de leurs
dimensions, la mobilité du capital joue. Les monopoles sont incapables de faire monter les prix
de toutes les marchandises aussi vite que le niveau général des prix. Sinon des surprofits de
monopole très importants apparaîtraient là où les coûts sont les plus réduits et inéluctablement
inciteraient d'autres monopoles à investir dans ces secteurs. Les monopoles subissent ainsi la
loi de la valeur. La baisse relative des prix résulte de l'évolution des coûts donc de la loi de la
valeur. Cette loi de la valeur joue d'autant plus aujourd'hui avec l'ouverture des frontières et
la pénétration d'autres monopoles, multinationaux, sur des marchés bien protégés. Les
surprofits sont menacés, réduits, alors même qu'ils devraient augmenter. En somme, le prix
suit le prix de production. La vitesse à laquelle il le suit dépend du caractère plus ou moins
stable de la position qu'a le monopole face à ses concurrents actuels et potentiels. Le monopole
subit donc l'action de la loi de la valeur.
Il en résulte des capacités de production importantes. Elles représentent un coût par leur
présence et grèvent donc le taux de profit. Ainsi, la concurrence coûte chère. A la gabegie
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Initiation aux faits économiques
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(gestion désordonnée, gaspillage) de faux produits et de besoins imposés par les capitalistes
s'ajoute le gaspillage de capital social.
Les monopoles tentent de réduire certes l'aggravation des coûts par la production de ce qu'ils
appellent les sous-profits ; c'est-à-dire, qu'ils tentent de diversifier leur production. Mais cette
production supplémentaire destinée à limiter l'aggravation des coûts suscite une élévation des
coûts, généralement moindre que celui qui résulterait de la non fabrication des sous-produits.
Ainsi, les mécanismes mêmes par lesquels se réalise l'incitation à baisser les coûts vont faire
apparaître une tendance à la hausse des coûts. La concurrence monopoliste exacerbée suscite
alors un tel gaspillage qu'il se retourne contre elle. Cette hausse des coûts est due à titre
essentiel à trois causes :
Les capitalistes vont tenter de dévaloriser le capital constant. Cela signifie d'abaisser la valeur
des biens produits par le secteur de bien de production, à croitre l'échange inégal entre pays
capitalistes développés et pays capitalistes sous-développés en détériorant davantage encore
les termes de l'échange des matières premières par rapport aux produits manufacturés.
Dès lors, l'accroissement de l'emploi dans le secteur industriel est faible voire nul. Il y a un
développement de l'insécurité de l'emploi pour les travailleurs, une augmentation du
chômage, d'autant plus que la mobilité accrue du travail imposée par les fusions-absorptions
multiples viendra la renforcer. Comme parallèlement, la rareté relative du capital-argent pour
les trusts conduit à exercer une pression constante sur les salaires pour que la partie la plus
faible possible de l'augmentation de la productivité du travail se traduise en hausse du salaire;
les contradictions entre le capital et le travail s'aiguisent, suscitant un développement de la
lutte des classes.
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Initiation aux faits économiques
UL / FSHS / Dpt. GEO
Ces deux facteurs (emploi, salaire) réduisent les coûts du capitaliste, mais l'élève en même
temps dans la mesure où la généralisation de leur restriction due au caractère exacerbé de la
concurrence, limite les débouché au moment même où ceux-ci devraient s'accroitre pour
répondre à l'augmentation des capacité de production nécessité par la recherche des coûts les
plus bas.
La concurrence monopoliste est à la fois incitatrice des progrès techniques et frein à son
développement. Le caractère dominant qu'elle revêt à un moment n'est que transitoire. Il peut
changer. Les causes du changement se trouvent dans les contradictions que véhiculent la
tendance à accumuler, contradictions qui s'expriment entre les capitalistes et surtout les
capitalistes et les travailleurs.
C'est la raison pour laquelle, il existe une contradiction profonde, entre, d'un côté, le
développement des forces productrices et, de l'autre, le maintien de rapport de production
capitaliste. Le développement des forces productives sur les bases capitalistes de production
entre en contradiction avec le maintien même des rapports de production capitaliste conduit
à freiner l'expansion des forces productives, alors que leur développement est inhérent à leur
existence.
C'est la raison pour laquelle le mode de production capitaliste est un mode de production
transitoire au même titre que l'était la féodalité. La socialisation de la production nécessite le
dépassement du caractère privé des moyens de production. Par ailleurs, il faut souligner le
double aspect du développement des forces productives dans le mode de production
capitaliste, source d'émancipation de l'humanité et d'aggravation de l'exploitation des
travailleurs. Historiquement, le mode de production capitaliste a transformé le travail isolé en
travail social. Mais, entre les mains du capital cette socialisation du travail n'augment les forces
productives que pour accroitre l'exploitation.
Le socialisme est donc un mode de production historiquement nécessaire, parce que accouché
(engendrer) par les limites même que connaît le développement du mode de production
capitaliste. Cet accouchement ne peut se faire sans violence. La bourgeoisie n'est pas prête à
céder son pouvoir même si elle se révèle de plus en plus parasitaire. Seule la force organisée
du prolétariat peut la contraindre à se démettre.
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Initiation aux faits économiques
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SEANCE N°9
Contenu
2. 3. Le chômage
D'autres explications sont encore fournies par des économistes bourgeois qui reconnaissent la
possibilité d'un chômage permanant. Selon ces explications, le chômage est dû à des lois
naturelles :
- A un accroissement naturel excessif de la population ;
- A un développement naturel du progrès technique : il est le "coût social" du progrès
humain.
Toutes ces explications ont pour but de masquer le fait que le chômage permanant est une
caractéristique essentielle du mode de reproduction capitaliste. Il n'est pas dû à des
phénomènes naturels, ni à des erreurs corrigibles, il est lié à un système bien déterminer
historiquement : le système capitaliste.
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Initiation aux faits économiques
UL / FSHS / Dpt. GEO
Les causes du chômage sont liées aux facteurs qui expliquent l'évolution de la demande de
force de travail par les capitalistes et à l'évolution de cette demande comparativement à l'offre
de travail elle-même liée à la croissance de la population. En réalité, ce n'est pas le progrès
technique qui est la cause du chômage, c'est son rapport avec l'accumulation du capital. Le
chômage est le résultat de la hausse de la productivité du travail dans les conditions
capitalistes de l'accumulation du capital. Plus précisément, l'accumulation du capital, parce
qu'elle incorpore nécessairement des améliorations techniques, a deux effets contradictoires:
d'une part, elle signifie un accroissement de la masse du capital investi, c'est-à-dire, une
augmentation de C + V, elle-même créatrice d'emploi; d'autre part, elle s'accompagne d'une
hausse de la productivité du travail d'une augmentation de C/V, elle-¬même destructrice
d'emploi. D'un côté, l'augmentation de capital incorporant le progrès technique détruit des
emplois; et de l'autre, elle en crée. Le nombre d'emplois offert au travailleur par le capitaliste
est le résultat de ces deux effets contradictoires. Or, l'accroissement du taux d'accumulation
du capital a tendance de se manifester davantage dans un changement de la forme que du
volume de l'équipement. De ce fait, le taux d'accumulation du capital, même s'il est élevé, peut
avoir une croissance faible, par rapport à l'augmentation de la productivité du travail qu'il
permet.
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Initiation aux faits économiques
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Parmi les catégories sociales les plus vulnérables et les premières frappées, on trouve les jeunes
qui arrivent nouvellement sur le marché du travail. Ils en sont réduits généralement, après une
longue durée de recherches infructueuses, à accepter n'importe quoi, un emploi ne
correspondant pas à leur qualification. Une autre catégorie particulièrement touchée
concerne :
- Les femmes ;
- Les travailleurs ayant passé un certain âge ;
- Les travailleurs de l'agriculture et de l'artisanat qui, pour survivre, doivent s'employer
à n'importe quelles conditions dans l'industrie ;
- Les accidentés, malades, les handicapés physiques et mentaux, etc.
Le chômage est utilisé pour accroitre la division et l'exploitation des travailleurs. L'existence
d'une certaine masse permanente de chômeurs, appelée "volant de chômage" joue le rôle pour
les capitalistes d'une véritable année de réserve industrielle dans laquelle ils puisent ceux dont
la force de travail leur est utile et rejettent ceux dont la force de travail leur est inutile
temporairement ou définitivement. Mais, ce "volant de chômage" sert ainsi les capitalistes en
tant que moyen pour eux de diviser les travailleurs, de les mettre en concurrence les uns par
rapport aux autres, d'opposer les chômeurs à ceux qui ont du travail, d'opposer telle catégorie
plus touchée à telle autre, etc. C'est aussi un moyen de pression sur les revendications
ouvrières.
Mais les capitalistes ne peuvent sans risque donner un trop grand développement du
chômage, car si le chômage augmente trop, on assiste à une baisse sensible de la consommation
intérieure, et il devient un puissant levain pour l'agitation sociale et la lutte politique. Ils se
heurtent donc à un seuil périlleux que les économistes bourgeois appellent "clignotant". C'est
entre ces limites qu'évolue la situation ordinaire de l'emploi en système capitaliste.
On sait que le taux de profit = PL/ (C + V). On peut opérer sur cette formule une
transformation mathématique très simple pour faire ressortir le taux de plus-value ou taux
d'exploitation (PL/V), rapport du travail gratuit sur le travail payé et la composition
organique du capital (C/V), rapport du travail mort sur le travail vivant. En divisant chaque
membre du rapport par V, ce qui ne change pas la valeur du rapport, on obtient :
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Initiation aux faits économiques
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Or, il est Connu qu'il existe, liée à la tendance à accumuler, une tendance à la hausse de la
composition organique du capital C/V. Il est clair que si C/V tend à augmenter, le rapport
(PL/V) / (C/V + 1) tend lui aussi à baisser. La tendance à la baisse du taux de profit est donc
liée à la tendance à la hausse de la composition organique du capital. Ainsi, la tendance à
améliorer sans cesse l'équipement et la productivité du travail, à développer les forces
productives, par des contradictions qu'elle véhicule, s'exprime par une tendance à la baisse du
taux de profit. Cette dernière entre en contradiction avec le maintien des rapports de
production capitalistes. Ceux-ci constituent alors un frein au développement des forces
productives. Le maintien des rapports de production capitalistes conduit ainsi à freiner
l'expansion des forces productives, alors même que leur développement est inhérent au mode
de production capitaliste. On voit par-là comment la tendance à la baisse du taux de profit est
au cœur de la contradiction entre la tendance au développement illimité des forces productives
et les rapports de production existant.
La baisse du taux de profit est une tendance permanente au sein du système capitaliste. Cette
tendance ne se solde pas toujours par une baisse effective du taux de profit, car des effets
(l'intervention de l'Etat, la politique coloniale ou néocoloniale de la bourgeoisie,
l'impérialisme, etc.) peuvent contrecarrer cette baisse.
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Initiation aux faits économiques
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SEANCE N°10
Le développement du capitalisme industriel du XVIIIe siècle à nos jours a été marqué par une
grande instabilité : aux périodes de prospérité et d'expansion de la production ont toujours
succédé des crises de surproduction, suivies de dépressions (ou de récession) de l'activité
économique, et d'accroissement du chômage.
La crise se caractérise par ce qu'on appelle une suraccumulation du capital et une brusque et
forte baisse du taux moyen de profit. Elle est une crise de surproduction des valeurs d'échange.
Elle s'explique par une insuffisance de la demande solvable de marchandises. Tout ou partie
de la valeur d'échange créée (dans la production) ne peut pas être réalisée dans la vente sur le
marché : les marchandises qui valent C + V + PL ne peuvent pas être vendues à leur valeur.
Elle révèle le caractère critique du dédoublement qui crée la possibilité de crises. Il est
caractéristique du mode de production capitaliste fondé sur la production généralisée des
valeurs d'échange. Dans les sociétés précapitalistes, on produisait uniquement des valeurs
d'usage, donc non pour vendre, mais pour satisfaire les besoins de la communauté. Par contre
dans les sociétés capitalistes, on produit des valeurs d'échange, des biens destinés à être
vendus sur le marché et transformés en argent dans le but de réaliser des profits privés. Cette
caractéristique du mode de production capitaliste entraine une anarchie de la production à
laquelle vient s'ajouter la tendance à limiter la consommation de masses, pour créer les
conditions favorables à des crises de surproduction.
2. 6. 1. Le travail improductif
Le travailleur improductif est celui qui n'effectue pas un travail productif, le travail productif
étant celui qui valorise le capital. La catégorie d'improductif recouvrait principalement les
juges, les policiers, les prêtres, les enseignants, etc. mais, le développement des contradictions
du système capitaliste a nécessité l'apparition de plus en plus massive d'une nouvelle catégorie
d'improductifs : celle des travailleurs dont la fonction principale est de convertir les
marchandises en argent, c'est-à-dire, de les vendre. C'est donc pour répondre aux
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Initiation aux faits économiques
UL / FSHS / Dpt. GEO
L'adjonction du capital commercial apparaît dans un premier temps comme une charge ; dans
PL / (C + V), il y a un accroissement de C + V devant entrainer une baisse du taux de profit.
Mais cette charge permet de telles économies de capital industriel que la masse de capital
industriel et de capital commercial pour une même plus-value produite, visant à atteindre une
réalisation optimale de la valeur, peut être inférieure et tendre ainsi à limiter la vitesse de la
baisse tendancielle du taux de profit.
Le capital commercial permet ainsi au capital industriel : d'éviter une conversion plus tardive
et plus chaotique de ses marchandises en argent et d'augmenter la rotation du capital ; et
d'acquérir une efficacité. A cause de ce service, rendu au capital industriel, le capital
commercial attire un transfert de plus-value. Il participe à la péréquation (répartition égalitaire
de charges ou de moyens) des taux de profit et exploite les travailleurs sur la plus-value
transférée de la sphère de la production à celle de la circulation. Le recours du système
capitaliste au capital commercial réduit la baisse tendancielle du taux de profit, mais ne peut
l'annuler.
L'impérialisme peut se définir comme une relation de domination, essentiellement celle des
pays capitalistes avancés sur celle des pays coloniaux et semi-coloniaux, où la pénétration du
capitalisme signifie la destruction des secteurs précapitalistes, sans que se développe un
capitalisme national autonome et souverain. Cette relation de domination apparaît comme une
nécessité vitale pour les pays capitalistes avancés. Elle existe depuis la naissance du système
capitaliste, mais sa forme a évolué dans l'histoire.
A la naissance du capitalisme en Europe, occidentale, à partir du XVI ème siècle, époque dite de
l'accumulation primitive des capitaux, le vol et le pillage des peuples d'Outre-mer ont joué un
rôle très important dans la constitution à bas prix d'un capital considérable, un rôle décisif
dans l'accumulation primitive des capitaux en Europe.
Avec la révolution industrielle et la production d'une masse croissante de plus-value par les
travailleurs, l'Europe occidentale va utiliser les pays d'Outre-mer pour y exporter ses
marchandises fabriquées et en importer les matières premières.
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Initiation aux faits économiques
UL / FSHS / Dpt. GEO
La constitution de l'Etat bourgeois est fonction de l'utilisation que la bourgeoisie veut en faire.
En tant que tel, il apparaît qu'il n'est pas un instrument neutre, utilisable par la classe ouvrière
comme par la bourgeoisie. Il est inséré dans le mouvement général de la lutte de classes, en
même temps qu'il en est la sanction juridique. Cette sanction sera d'ailleurs un moyen pour
préserver et permettre de reproduire ce qui est fondamental : le système d'exploitation.
La bourgeoisie présente ses propres intérêts comme l'intérêt général de la société. Pour y
parvenir, elle est obligée de masquer l'existence de ses progrès intérêts derrière l'intérêt
général. Elle ne peut réussir qu'en se situant au niveau idéologique, car c'est précisément
l'idéologie qui masque la nature profonde des rapports sociaux. En ce sens, on peut parler
d'une autonomie relative de l'Etat.
L'Etat étant l'instrument de la classe bourgeoise prise dans son ensemble, il s'ensuit qu'il est le
lieu où s'arbitrent les conflits entre les différentes couches de la bourgeoisie, et qu'il peut être
amené à imposer à une partie de la classe des solutions conformes à l'intérêt politique de
l'ensemble de la classe. A partir de cette situation de l'Etat bourgeois, il est possible de saisir la
nature de ses interventions économiques. Celles-ci prennent plusieurs formes qui vont des
fournitures de guerres, création d'entreprises d'Etat protectionnisme, législation contre la
classe ouvrière, jusqu'au financement et à la réalisation de croisades impérialistes, coloniales
et semi- coloniales, manifestation du caractère immédiatement mondial de l'accumulation du
capital.
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Initiation aux faits économiques
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Les entreprises nationalisées sont utilisées dans le sens des intérêts de la bourgeoisie, pour
fournir aux monopoles de l'énergie ou des matières premières à bon marché, ou pour les
rentabiliser, c'est-à-dire, mettre en valeur le capital public. L'Etat joue un rôle important dans
le processus de transformation des structures industrielles, sous l'impulsion du capital
monopoliste instruit par l'expérience, afin d'éviter les conséquences du caractère
contradictoire de l'accumulation du capital, en particulier ; la baisse tendancielle du taux de
profit, les crises de surproduction, et les nouvelles formes prises par les contradictions et leur
exacerbation ; l'inflation permanente et la crise du système monétaire international.
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Initiation aux faits économiques
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SEANCE N°11
L'inflation rampante, apparue d'abord aux USA à partir de 1952, s'est ensuite
généralisée dans tous les pays capitalistes développés, puis sous-développés. Elle se
manifeste par une hausse des prix non générale et non cumulative. Elle n'affecte pas
tous les secteurs. Elle ne s'entretient pas elle-même, c'est-à-dire, ne continue pas à se
développer lorsque la cause initiale de son existence a disparu. Elle ne dégénère pas en
processus cumulatif, mais elle apparaît comme une tendance de longue période de
hausse des prix.
En cas d'inflation courante, la hausse des prix est générale. Les prix augmentent dans
tous les secteurs. Surtout la hausse des prix est cumulative. Elle progresse par elle-
même par la force acquise.
L'inflation est considérée par les capitalistes comme étant l'effet de la hausse des salaires
nominaux. Et pour lutter contre elle, ils préconisent la répression contre les mouvements
syndicaux et la baisse des salaires des ouvriers. Les capitalistes et les économistes bourgeois
semblent ignorer que c'est la hausse des prix en vue de dégager des surprofits de monopole
qui déclenche la spirale de la hausse des prix et des salaires. La hausse des salaires est à chaque
fois récupérée par les capitalistes dans une nouvelle hausse des prix.
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Initiation aux faits économiques
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international, une monnaie internationale est nécessaire. Tous les pays ayant leurs monnaies,
la monnaie internationale sera celle d'un pays: celui dont l'économie est dominante. La livre
Sterling avait joué ce rôle. Aujourd'hui, c'est le dollar USA. Il est une monnaie forte. D'autres
monnaies fortes existent, mais elles sont moins fortes que la monnaie dominante. Les monnaies
fortes sont les monnaies de réserves, et moyens de paiement internationaux.
Mais l'économie américaine dominante au sein du processus productif mondial connaît depuis
quelques années un déclin relatif, notamment par rapport aux économies allemande, japonaise
et surtout chinoise. Parallèlement, cette monnaie commence à être contestée. Les banques
centrales détenant les dollars prévoient que le dollar sera tôt ou tard dévalué. Elles
commencent à spéculer contre le dollar, essayant à tout prix d'acheter des Euros. La crise du
système monétaire internationale résulte ainsi des contradictions du capitalisme, et à son tour
les aggrave.
La crise économique de 2008, appelée souvent dans le monde anglophone Grande Récession
(Great Recession, en référence à la Grande Dépression de 1929), est une récession dans laquelle
sont entrés la plupart des pays industrialisés du monde suite au krach de l'automne 2008,
seconde phase de la crise financière mondiale débutant en 2007. Les États-Unis ont été les
premiers à entrer en récession, en décembre 2007, suivis par plusieurs pays européens au cours
de l'année 2008, ainsi que la zone euro dans son ensemble. Cette crise économique mondiale
considérée comme la pire depuis la Grande Dépression fut énoncée par certains signaux qui
ont suscités des interrogations. En effet, les chutes des bourses, l’effondrement du marché
immobilier et les prêts massifs octroyés aux banques par les banques centrales ont poussé les
gens à se demander : Y a-t-il une crise ? Répondre à cette interrogation nous conduira à la
définition du mot crise ; ensuite à un bref aperçu de la crise financière et économique ; plus
loin sera mise en relief le cas spécifique de la crise économique grecque.
Le mot « crise » vient du verbe grec « krinein » qui signifie « trier », « séparer », « choisir », «
décider » et « juger ». La crise, est une décision, entre deux choix possibles. Elle suppose donc
une prise de décision, une action pour s’en sortir. La crise est une situation insolite caractérisée
par son instabilité, qui oblige à adopter une gouvernance spécifique pour revenir au mode
usuel de vie. La notion de crise, a ensuite par extension décrit la phase décisive d’une maladie
(individuelle ou épidémique). Puis, hors du champ médical, le terme « crise » s'est étendu à
l’idée de troubles, de situations de déséquilibre profond, puis de désordre graves (sociaux,
économique, politique, géopolitique, climatique, etc.).
Encore appelée « krach boursier », la crise financière est celle qui affecte les marchés financiers
(marché des actions et des obligations, en clair la bourse), et/ou les banques et/ou les Etats
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Initiation aux faits économiques
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(lorsque ceux-ci sont surendettés, par exemple). Elles sont assez nombreuses dans l’histoire
récente et d’ampleur inégale. Les crises financières les plus graves sont porteuses d’un risque
systémique, c’est-à-dire qu’elles peuvent affecter par ricochet leur environnement et se
traduire par une crise économique.
La crise économique se traduit généralement par une baisse du pouvoir d’achat, la montée du
chômage et des faillites du fait d’une baisse de l’activité économique (récession, voire
dépression). Heureusement, elles sont moins nombreuses que les crises financières, mais leurs
conséquences sont plus lourdes et particulièrement sur les acteurs économiques les plus
fragiles. Celle que nous redoutons actuellement est beaucoup plus lourde de conséquences
puisqu’elle affecte l’ensemble des acteurs économiques, les ménages, les consommateurs, les
entreprises, les administrations publiques et pas seulement les épargnants, les prêteurs et les
emprunteurs.
Bref, une crise économique est une dégradation brutale de la situation économique et des
perspectives économiques. Son étendue sectorielle, temporelle et géographique peut aller d'un
seul secteur d'une seule région pour une brève période à l'ensemble de l'économie mondiale
pendant plusieurs années ; on parlera alors de ralentissement économique ou, plus grave, de
récession économique. Une telle crise comporte souvent (mais pas systématiquement) des
répercussions sur le niveau des salaires et la valeur du capital (valeurs boursières), provoque
des faillites et du chômage, accroît les tensions sociales, et peut même avoir des répercussions
sanitaires. La crise économique est soit conjoncturelle soit structurelle.
D’après la définition du FMI, est appelée crise conjoncturelle toute période consécutive
de trois trimestres à croissance négative (ou décroissance). La croissance est l’évolution
du PIB.
Une crise structurelle est une longue période de croissance lente, où l’on ne parvient
pas à faire redémarrer le « moteur » économique.
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Initiation aux faits économiques
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SEANCE N°12
La plus grande crise financière et économique depuis les années 1930 prend son point de
départ dans le secteur du marché hypothécaire des Etats-unis, à savoir celui des « subprimes
».
Les subprimes
Les subprimes sont une forme de crédit permettant l’accès à l’immobilier à des ménages ne
présentant pas de garanties nécessaires pour accéder aux emprunts ordinaires (dits « primes
»). En effet, depuis 2002, la banque centrale américaine ou Réserve fédérale (FED), qui
encourage le crédit facile pour relancer l'économie, a permis à des millions de foyers modestes
de devenir propriétaires, moyennant des prêts à surprime dits "subprimes". Bas au début, leur
taux variable peut atteindre 18 % au bout de 3 ans. Car les taux d'intérêts de ces prêts
dépendent de la valeur du bien immobilier : plus la maison a de la valeur, plus le taux est bas.
Inversement, quand la maison perd de la valeur, le taux d'intérêt grimpe.
C'est ce qui s'est passé avec l'effondrement du marché immobilier américain depuis le début
de l'année 2007. Les ménages n'ayant plus les moyens de rembourser les instituts de crédit,
leur défaillance a provoqué la faillite des établissements prêteurs, qui n'ont plus pu se
rembourser. Car même en saisissant la maison, celle-ci a désormais une valeur inférieure à
celle de départ. L’éclatement de la bulle immobilière aux Etats-unis déjoue la logique des
subprimes. Le taux moyen de défaut augmente et passe d’environ 11 % au début de 2006 à
plus de 20% en 2008.
Personne n'a anticipé cette crise, pourtant, elle couvait depuis plusieurs années. Le marché
immobilier américain a connu une hausse continue. La demande était forte et l'offre n'était pas
suffisante, les prix ont donc augmenté.
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Initiation aux faits économiques
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Puisque l'offre est plus importante que la demande, les prix de l'immobilier ont donc baissé.
Ceux qui avaient emprunté par le système des "subprime" se sont retrouvés dans l'incapacité
de garantir leur prêt. Les établissements bancaires ont donc augmenté les taux d'intérêt mais
les emprunteurs, qui ont des revenus modestes, ont été incapables de rembourser.
Conséquence directe : Faillite des établissements de crédits et déclanchement d’un mécanisme
de contamination.
2.8.2.2. Contagion au sein du système financier par le biais de la titrisation des subprimes
La titrisation est une opération par laquelle les banques transforment leurs créances (crédits
immobiliers ; crédits aux entreprises) en instruments financiers négociables sur le marché. Il
s’agit d’une technique bancaire qui permet aux banques de céder leurs créances à des
organismes émetteurs de titres négociables, ceux-ci se substituant alors aux créances. La
titrisation a pour objet de rendre liquide des actifs non liquides en les transformant en produits
financiers échangeables sur des marchés financiers. Elle permet aux banques de pouvoir
continuer à prêter plus qu’elles n’en ont théoriquement. C'est-à-dire en-dessous de leur fonds
propres (8 % de leur réserve).
Pour tenter de limiter les risques de ces crédits d'un nouveau genre, les banquiers ont eu
recours à la titrisation. Ils ont transformé ces emprunts en titre sur les marchés boursiers.
Concrètement, si un particulier emprunte 1000 euros, il doit en rembourser 1200 euros à la
banque avec les intérêts. Pour gagner plus rapidement de l'argent, les banques ont émis des
titres de dette, c'est-à-dire un papier donnant droit à ces 1200 euros. Ces titres de dette se sont
échangés sur les places boursières.
Quel est l'intérêt pour les acheteurs de ces titres ? Si l'acquéreur achète son titre à 1100 euros,
il sait qu'il a la garantie de recevoir 1200 euros. Or, à partir du moment où celui qui doit
rembourser l'emprunt pour l'achat de sa maison ne peut plus payer, le titre n'a plus aucune
valeur. Ce sont ces montages financiers complexes qui expliquent la chute de la bourse car
toutes les banques étrangères, notamment européennes, se sont aperçues qu'elles possédaient
des titres de subprime qui ne valaient plus rien. Tout le monde en avait mais personne ne
savait vraiment combien.
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Initiation aux faits économiques
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L’incertitude crée un climat de méfiance dans lequel les banques arrêtent de se prêter entre
elles. Pour se financer, elles se voient contraintes de vendre des actifs qui n’ont pas encore été
touchés par la crise. Par conséquent, la vente massive d’actifs de « bonne » qualité entraîne
également une chute de leur prix. A court de liquidités et face à la dépréciation de leurs fonds
propres, nombre d’institutions financières se trouvent au bord de la faillite. L’Europe est
touchée autant que les Etats-unis, fait illustré par la nationalisation de northern rock, la plus
grande banque hypothécaire britannique, en février 2008.
La plupart des économistes pensaient que le gros de la crise était passé début 2008. Une fois
que la crise des subprimes est bien identifiée, que les banques ont revendu ces titres à risques,
la crise financière était sur le point de se terminer après un dernier soubresaut fin 2007. Mais
la crise est repartie de plus belle en février 2008 quand les banques ont arrêté leurs comptes
annuels. Les pertes se sont avérées plus importantes que prévu (plusieurs dizaines de milliards
de dollars pour certaines banques comme la Citibank, qui était la 1ere banque mondiale avant
la crise).
Dès lors, la crise financière qui était d'abord une crise bancaire va se transformer en krach
boursier. A chaque mauvaise nouvelle ou publication des comptes d'une banque, le titre de la
banque chute sur les marchés financiers. Les banques ont alors des pertes colossales, et comme
en 2007, peinent à trouver des liquidités. Vue la situation de crise, comme en 2007, les banques
ne se font plus confiance et le marché interbancaire se grippe. Certains établissements de crédit
ont donc vu leur valeur boursière chuté en quelques semaines. Par exemple, AIG (numéro 1
de l'Assurance) a perdu 45% de sa valeur en une semaine et 79% sur un an. Lehman Brothers,
la quatrième banque d'affaires de Wall Street, a perdu 45% de sa valeur en une seule journée
et 94% sur un an. Jamais des chutes aussi vertigineuses n'avaient été constatées depuis la crise
de 1929.
La crise atteint son point culminant en septembre/octobre 2008 quand les autorités
américaines décident de ne pas sauver la banque d’investissement Lehman Brothers. Cette
décision déstabilise le marché financier mondial.
Face aux défaillances dans le secteur bancaire, les autorités publiques sont confrontées à un
dilemme : le choix difficile entre l’aléa moral du « sauvetage garanti » et le danger de
déstabilisation par la faillite d’institutions d’importance systémique (« too big to fail »).
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Initiation aux faits économiques
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ACTIVITES COMPLEMENTAIRES
Chaque étudiant est invité à faire des recherches, à cerner le contenu de la vidéo sur la
grande braderie et à s’exercer.
DOCUMENTS COMPLEMENTAIRES
https://www.youtube.com/watch?v=5J0Hok1sbDE
https://www.citeco.fr/comprendre-la-crise-%C3%A9conomique-de-2008
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