Agregation 2021
Agregation 2021
Agregation 2021
S E S S IO N 2 0 2 1
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AGREGATION
CONCOURS EXTERNE
Section : MATHÉMATIQUES
Durée : 6 heures
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L’usage de tout ouvrage de référence, de tout dictionnaire et de tout matériel électronique (y compris
la calculatrice) est rigoureusement interdit.
Si vous repérez ce qui vous semble être une erreur d’énoncé, vous devez le signaler très lisiblement sur
votre copie, en proposer la correction et poursuivre l’épreuve en conséquence. De même, si cela vous conduit à
formuler une ou plusieurs hypothèses, vous devez la (ou les) mentionner explicitement.
NB : Conformément au principe d’anonymat, votre copie ne doit comporter aucun signe distinctif, tel que
nom, signature, origine, etc. Si le travail qui vous est demandé consiste notamment en la rédaction d’un
projet ou d’une note, vous devrez impérativement vous abstenir de la signer ou de l’identifier.
Les candidats peuvent utiliser les résultats énoncés dans les questions ou par-
ties précédentes, en veillant dans ce cas à préciser la référence du résultat
utilisé.
Z[i] = {a + ib ; a, b ∈ Z}.
Si z est un entier de Gauss et a, b sont les entiers tels que z = a + ib, on note
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‒3‒
Tournez la page S.V.P.
— On introduit l’opération de dérivation discrète :
∆ : Q[X] → Q[X]
P (X) → P (X + 1) − P (X)
On définit les itérées de cette opération par récurrence :
2
‒4‒
Exercices Préliminaires
Exercice 1
1. Justifier que les polynômes H0 , H1 , H2 et H3 forment une famille libre dans Q[X].
2. Expliciter le sous-espace vectoriel F de Q[X] engendré par les polynômes H0 , H1 , H2 et
H3 .
3. Justifier que ∆ induit un endomorphisme sur F .
On note ∆F l’endomorphisme induit par ∆ sur F.
4. Déterminer le polynôme caractéristique de ∆F .
5. Déterminer le polynôme minimal de ∆F .
6. L’endomorphisme ∆F est-il diagonalisable ?
Exercice 2
Soit k un corps.
Soit n un entier naturel. Pour n + 1 éléments de k, x0 , ..., xn , on note V (x0 , ..., xn ) la matrice
dans Mn+1 (k) définie par
1 x0 x20 · · · xn0
1 x1 x21 · · · xn1
x22 · · · xn2
V (x0 , ..., xn ) = 1 x2
.. .. .. .. ..
. . . . .
2
1 xn xn · · · xnn
n
1. Soient a0 , a1 , ..., an dans k et soit P le polynôme P = j=0 aj X j . Expliciter en fonction
de P et x0 , ..., xn le vecteur :
a0
a1
V (x0 , ..., xn ) ..
.
an
2. Justifier qu’il existe une matrice T dans Mn+1 (k), de déterminant 1, telle que
1 x0 x20 · · · xn−1
0 0
1 x1 x21 · · · xn−1 0
1
x22 · · · xn−1
V (x0 , ..., xn )T = 1 x2 2 0
.. .. .. .. .. ..
. . . . . .
2 n−1
n−1
1 xn xn · · · xn i=0 (xn − xi )
3
‒5‒
Tournez la page S.V.P.
Soit K un corps tel que k ⊂ K.
4. Soit P un polynôme
n dans K[X] de degré n tel que P (k) ⊂ k. Soient a0 , a1 , ..., an dans K
tels que P = j=0 aj X j . On suppose que k contient n + 1 éléments distincts x0 , ..., xn .
Démontrer que P ∈ k[X].
a0
a1
Indication : On pourra utiliser V (x0 , ..., xn ) .. .
.
an
5. On note E = {P ∈ K[X] | P (k) ⊂ k}.
(a) On suppose que k est un corps infini. Démontrer que
E = k[X].
(b) On suppose que k est un corps fini. On note q son cardinal. On note I l’idéal de
K[X] engendré par le polynôme X q − X. Démontrer que
E = {P + Q ; P ∈ I et Q ∈ k[X]}
Exercice 3
On définit
Ent(T2 (Z)) = {P ∈ Q[X] | P (T2 (Z)) ⊆ M2 (Z)}.
Pour deux entiers x0 , x1 ∈ Z , on pose
P (x1 )−P (x0 )
x1 −x0
, si x1 = x0 ;
φ(P )(x0 , x1 ) =
P (x0 ), sinon.
1. Soient x0 , x1 ∈ Z. Soit P ∈ Q[X]. Exprimer le reste de la division euclidienne de P par
(X − x0 )(X − x1 ) en fonction de x0 , φ(P )(x0 , x1 ) et P (x0 ).
2. En déduire que
Ent(T2 (Z)) = {P ∈ Q[X] | P (Z) ⊂ Z et φ(P )(Z2 ) ⊆ Z.}.
Indication : Etant donné P ∈ Q[X], on pourra exprimer en fonction de y, φ(P )(x0 , x1 ),
P (x0 ) et P (x1 ) la matrice P (T ) pour toute matrice
x0 0
T = , x0 , x1 , y dans Z.
y x1
Exercice 4
Soit p un nombre premier.
1. Démontrer que toute fonction de Z/pZ dans lui-même est polynomiale.
2. Déterminer le nombre de fonctions polynomiales de Z/pZ dans lui-même.
3. Donner un exemple de fonction de Z/4Z dans lui-même qui n’est pas polynomiale.
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‒6‒
Problème
Notations et définitions.
— Soit A un anneau intègre ; on note K son corps de fractions.
Un polynôme P de K[X] est dit à valeurs entières sur A lorsque P (A) ⊆ A.
— Soit E un sous-ensemble de A.
— On définit
Ent(E, A) = {P ∈ K[X] | P (E) ⊆ A}
et, pour tout entier naturel n,
— On dit qu’une famille (Pn )n∈N est une base régulière de Ent(E, A) si pout tout entier
naturel n, P0 , · · · , Pn est une base régulière de Entn (E, A).
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‒7‒
Tournez la page S.V.P.
(a) Démontrer qu’il existe une matrice M dans Mn+1 (Z) telle que
P (0) b0
.. ..
. =M.
P (n) bn
(b) Démontrer qu’il existe une matrice N dans Mn+1 (Z) telle que
b0 P (0)
.. .
. = N ..
bn P (n)
(b) En déduire que, pour P polynôme de Q[X] de degré n, P est un polynôme à valeurs
entières si et seulement si P prend des valeurs entières sur n + 1 entiers consécutifs.
9. Soit P un polynôme de Q[X] de degré n s’écrivant, par la question 3,
n
P (X) = bk Hk (X),
k=0
avec b0 , . . . , bn dans Q.
(a) Démontrer que, pour tout entier naturel non nul ,
i
(−1) = 0.
i
i=0
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‒8‒
(c) Démontrer que
n−1
∆P (X) = bk+1 Hk (X),
k=0
puis que, pour tout k dans {0, . . . , n}, on a
bk = ∆k (P )(0).
10. Pour tout polynôme unitaire P ∈ Z[X], on introduit
d(P ) = pgcd(P (z) ; z ∈ Z).
(a) Calculer d(X 5 + X).
(b) Démontrer que d(P ) divise n! pour tout P ∈ Z[X] de degré n.
(c) Donner un polynôme P dans Z[X], unitaire et de degré n, tel que d(P ) = n!.
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‒9‒
Tournez la page S.V.P.
III Polynômes à valeurs entières sur un sous-ensemble
de Z
Notations et définitions.
Soit p un nombre premier.
— Soit x ∈ Q . On définit la valuation p-adique de x, notée vp (x) de la façon suivante :
— Si x est non nul, vp (x) est l’exposant de p dans la décomposition en facteurs premiers
a
de x. En d’autres termes, si x = pα , avec α ∈ Z, a, b entiers tous deux premiers
b
avec p, alors vp (x) = α.
— vp (0) = +∞.
Ainsi par exemple, vp (p2 ) = 2 et vp ( p1 ) = −1.
— Soit E un sous-ensemble non vide de Z. On appelle suite p-ordonnée de E toute suite
a = (an )n∈N telle que :
— a0 ∈ E,
— a1 ∈ E et a1 minimise la valuation p-adique de a1 − a0 , c’est-à-dire
vp (a1 − a0 ) = min vp (x − a0 ).
x∈E
1. Soit a = (an )n∈N une suite p-ordonnée de E. Démontrer que pour un entier naturel k
strictement inférieur au cardinal de E, on a k−1
i=0 (ak − ai ) = 0.
Dans le cas où E est un ensemble fini et k un entier supérieur ou égal au cardinal de E, on
pose Vk (E, a, p) = 0.
2. Démontrer que la suite des entiers naturels N = (n)n∈N , est une suite p-ordonnée de Z.
3. En déduire que
k! = Vk (Z, N, p).
p∈P
On introduit
a
Z(p) = { ; a ∈ Z, b ∈ Z \ {0} | pgcd(a, b) = pgcd(b, p) = 1}.
b
On admet que Z(p) est un sous-anneau de Q.
4. Démontrer que Z(p) = {x ∈ Q | vp (x) ≥ 0}. Caractériser de même Z×
(p) en utilisant vp .
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‒ 10 ‒
Soit E un sous-ensemble de Z. On rappelle qu’on a défini au début du problème
Ent(E, Z(p) ) = {P ∈ Q[X] | P (E) ⊆ Z(p) } et Entn (E, Z(p) ) = {P ∈ Qn [X] | P (E) ⊆ Z(p) },
On définit P0 (X) = 1.
(a) Démontrer que, si la suite a est p-ordonnée, alors Pn ∈ Ent(E, Z(p) ) pour tout n ∈ N.
(b) Démontrer que a est une suite p-ordonnée si et seulement si, la suite (Pk (X))k∈N
forme une base régulière de Ent(E, Z(p) ).
(c) En déduire que la valeur Vk (E, a, p) ne dépend pas de la suite a, pour tout entier
naturel k.
6. Expliquer comment généraliser ces résultats au cas où E est un ensemble fini.
Désormais, pour p un nombre premier et k un entier naturel, on note Vk (E, p) = Vk (E, a, p),
pour toute suite p-ordonnée a de E.
7. Soit P un polynôme de Q[X]. On note d son degré. Soit p un nombre premier. Soit (an )
une suite p-ordonnée de E. Démontrer que
A l’instar de la factorielle sur l’ensemble des entiers naturels, on peut donc définir la factorielle
généralisée du nombre k sur un sous-ensemble E de Z par
k!E = Vk (E, p).
p∈P
On note alors k!E le générateur positif ou nul de l’idéal {m ∈ Z | m Entk (E, Z) ⊆ Z[X]}.
10. On se propose de démontrer que k!E = k!E .
(a) Traiter le cas où E est fini et k est supérieur ou égal au cardinal de E.
(b) On suppose que k est strictement inférieur au cardinal de E.
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‒ 11 ‒
Tournez la page S.V.P.
i. On suppose qu’il existe une suite a de E qui est p-ordonnée pour tout nombre
premier p. Démontrer que k!E = k!E .
ii. Dans le cas général, on se donne, pour tout p diviseur premier de k!E , une
(p)
suite a(p) = (an )n∈N p-ordonnée de E. Justifier l’existence d’une suite d’entiers
(p)
u = (un )n∈N telle que : un est congru à an , modulo Vk (E, p), pour tout p
diviseur premier de k!E .
iii. En déduire que k!E = k!E .
11. Soit E = {n2 ; n ∈ N}.
(a) Démontrer que, pour tout n ∈ N,
n−1
X − k2
2 − k2
∈ Ent(E, Z).
k=0
n
(b) En déduire
1
∀n ∈ N, n!E = (2n)!.
2
12. Soit q un entier supérieur ou égal à 2. Soit E = {q n ; n ∈ N}.
(a) Soit n ∈ N∗ . Démontrer que, pour tout m ∈ N,
(q m − 1)(q m − q) · · · (q m − q n−1 )
∈ N.
(q n − 1)(q n − q) · · · (q n − q n−1 )
Indication : On pourra commencer par traiter le cas où q est une puissance d’un
nombre premier.
(b) En déduire que (q n )n∈N est une suite p-ordonnée pour tout nombre premier p.
(c) En déduire que, pour tout n ∈ N,
n(n−1)
n!E = q 2 (q n − 1)(q n−1 − 1) · · · (q − 1).
IV Conclusions
Dans toute la section, E désigne un sous-ensemble non vide de Z.
On donne les notations suivantes pour P ∈ Z[X] :
— d(E, P ) = pgcd(P (z) ; z ∈ E),
— C(P ) désigne le pgcd des coefficients de P .
1. Soit a = (an )n∈N une suite de E. On définit les polynômes P0 (X) = 1 et pour tout
n ∈ N∗ ,
Pn (X) = (X − a0 )(X − a1 ) · · · (X − an−1 ).
Soit P un polynôme dans Z[X] ; on note k son degré.
(a) Démontrer qu’il existe des entiers λ0 , · · · , λk uniques tels que
k
P (X) = λi Pi (X).
i=0
10
‒ 12 ‒
(b) Démontrer qu’on a alors C(P ) = pgcd(λ0 , · · · , λk ).
(c) Soit p un nombre premier tel que la suite a est p-ordonnée. Soit m un entier naturel
non nul. Démontrer l’équivalence des assertions :
i. ∀z ∈ E, pm divise P (z).
ii. ∀i ∈ {0, 1, ..., k}, ∀z ∈ E, pm divise λi Pi (z).
2. Soit k un entier naturel.
(a) Démontrer que si P est un polynôme de Z[X] de degré k tel que C(P ) = 1 alors
d(E, P ) divise k!E .
(b) Réciproquement, démontrer qu’il existe un polynôme U dans Z[X], de degré k, tel
que C(U ) = 1 et d(E, U ) = k!E . On pourra s’inspirer de la question 10(b)ii de la
partie III.
3. En déduire que, pour tous k, l ∈ Z k!E l!E divise (k + l)!E .
4. Soit F un sous-ensemble de E. Soit k ∈ N. Démontrer que k!E divise k!F .
5. (a) Soit n un entier naturel au moins égal à 2 et soient a0 , ..., an des éléments de E.
Démontrer que
0!E 1!E · · · n!E divise (aj − ai ).
0≤i<j≤n
6. (a) On reprend les notations de la question 1 de cette partie. Soit p un nombre premier
tel que la suite a est p-ordonnée. Soit m un entier naturel non nul. Démontrer
l’équivalence des assertions :
i. ∀z ∈ E, pm divise P (z).
pm
ii. ∀i ∈ {0, 1, ..., k}, λi est un multiple de .
pgcd(pm , k!E )
(b) Soit n un entier naturel non nul. On appelle fonction polynomiale de E dans Z/nZ
une fonction f de E dans Z/nZ telle qu’il existe un polynôme P dans Z[X] tel que
pour tout x dans E, P (x) modulo n est égal à f (x).
i. Démontrer que le nombre de fonctions polynomiales de E dans Z/nZ est donné
par la formule suivante :
n−1
n
.
k=0
pgcd(n, k! E)
11
‒ 13 ‒
I M P R I M E R I E N A T I O N A L E – 21 0073 – D’après documents fournis