Smezlini
Smezlini
Smezlini
THESE
Présentée devant
Spécialité : Matériaux
par
Salah MEZLINI
Ingénieur ENIM
1
6.2. Modélisation de l’essai de rayage ................................................. Erreur ! Signet non défini.
6.3. Modélisation numérique de l’essai de rayure................................ Erreur ! Signet non défini.
7. CONCLUSION.................................................................................... Erreur ! Signet non défini.
REFERENCES............................................................................................. Erreur ! Signet non défini.
2
6.1. Introduction et nouvelle simulation de rayage .............................. Erreur ! Signet non défini.
6.2. Principe et conditions d’essais ...................................................... Erreur ! Signet non défini.
6.3. Résultats......................................................................................... Erreur ! Signet non défini.
7- SYNTHESE ET CONCLUSIONS : .................................................... Erreur ! Signet non défini.
REFERENCES : ...................................................................................... Erreur ! Signet non défini.
ANNEXES
3
1.2. Etats de livraison – Etats métallurgiques ...................................... Erreur ! Signet non défini.
2. DURCISSEMENT PAR ECROUISSAGE.......................................... Erreur ! Signet non défini.
2.1. Traitements thermiques d’adoucissement, restauration, recuit..... Erreur ! Signet non défini.
3. TRAITEMENT THERMIQUES DE DURCISSEMENT STRUCTURAL .... Erreur ! Signet non
défini.
3.1. Aspects métallurgiques .................................................................. Erreur ! Signet non défini.
3.2. Conditions d’exécution .................................................................. Erreur ! Signet non défini.
4. ANODISATION .................................................................................. Erreur ! Signet non défini.
4.1. Principe ......................................................................................... Erreur ! Signet non défini.
4.2. Procédés d'anodisation.................................................................. Erreur ! Signet non défini.
4.3. Propriétés mécaniques des couches d’oxyde réalisées en milieu sulfurique.... Erreur ! Signet
non défini.
4
5
Je dédie ce travail à ma famille :
J'ai aussi apprécié la liberté, que m'a laissée mon directeur de thèse Philippe Kapsa dans la
conduite de ma recherche. Je tiens à le remercier à lui exprimer toute ma gratitude. J’ai
beaucoup appris sous sa direction et en observant sa manière de gérer les choses.
J’ai beaucoup apprécié les discussions scientifiques avec Hassan Zahouani. Je tiens à le
remercier pour s’être intéressé à ce travail et pour avoir accepté de présider mon jury.
Je n’oublierai pas la présence des personnes, stagiaires et doctorants qui rend le travail plus
agréable. Je pense en particulier à Jean-François Olagnon, Saber Mezghani, Christophe
Paulin, mon co-bureau, Arsène Yamégo Stéphane Ducret, Cyril Pailler-mattei Serge Ekambi
Pokossi, Nicolas Driot, Khaled Elleuch, Matthieu François, Vincent Fridrici et Juliette Cayer-
Barioz, sans oublier le reste du groupe.
Je pense aussi à mes amis Marouane Ajina, Ridha Mnif, Mejdi Souki, Houssem Massmoudi,
Zouheir Boussif, Zied Jayari, Boudour Salah … et à toute l’équipe du foot du samedi après
midi.
Enfin, je voudrais rendre hommage à mes professeurs qui ont participé à ma formation que ce
soit en Tunisie ou en France.
Introduction
Introduction
L’endommagement de pièces mécaniques par usure abrasive représente plus de 50% des cas
d’usure. L’abrasion est un processus d’usure par déplacement et / ou par enlèvement de
matière de la surface frottante d’une pièce mécanique sous l’effet de l’action d’un corps dur.
Dans le cas de deux pièces en contact de glissement, de roulement ou de pivotement l’une sur
l’autre, l’abrasion peut se produite de diverses manières. Elle peut être causée par une aspérité
de la surface la plus dure qui déforme (raye) la surface la plus tendre (abrasion à deux corps),
ou par une particule préexistante et / ou un fragment d’usure détaché de la surface la plus
tendre qui, écroui par déformations plastiques successives, devient très dure et se comporte
comme une particule abrasive (abrasion à trois corps).
L’utilisation des alliages d’aluminium a connu ces dernières années une expansion très
importante. Leur légèreté couplée à des caractéristiques mécaniques élevées en ont fait des
matériaux de choix pour les applications mécaniques. En particulier, la nécessité de réduire le
poids des véhicules en vue de diminuer leur consommation de carburant ou d’augmenter leur
champ d’action mène les concepteurs à remplacer de plus en plus les matériaux lourds par les
alliages d’aluminium.
Plusieurs avancées dans ce domaine ont été réalisées par le développement de différents
processus permettant d’améliorer les propriétés des alliages d’aluminium. En particulier,
différentes techniques de durcissement qui peuvent être appliquées sur des produits finis, des
produits semi finis ou pendant les phases de coulage ont été développées.
Les techniques de durcissement les plus utilisées pour les alliages d’aluminium sont le
durcissement par écrouissage et le durcissement par traitement thermique. D’autres techniques
sont également appliquées pour améliorer les propriétés des surfaces, notamment
l’anodisation et le durcissement par éléments d’addition. Chaque technique peut présenter une
tenue différente face à une sollicitation tribologique.
Les essais de simulation menés sur un banc d’essais de type pion / disque ont permis de
mettre en évidence une relation entre le mécanisme d’usure, le mode du durcissement et la
résistance à l’usure. Une analyse plus fine des mécanismes d’usure réalisée par le biais d’un
test de rayage a permis de trouver les relations entre les paramètres de sollicitation, le type de
traitement et les mécanismes d’usure mis en évidence.
5
Introduction
Nous abordons au chapitre 3 une étude de la tenue à l’abrasion par le biais d’un test de type
pion / disque. Ce test permet en appliquant un effort normal, de faire frotter les échantillons
en aluminium contre des papiers abrasifs. L’expertise à la fois des faciès d’usure et des grains
abrasifs après frottement, couplée aux conditions de sollicitation, notamment la taille des
abrasifs, nous conduisent à mettre en évidence la relation entre les mécanismes d’usure et la
taille des grains abrasifs. L’analyse des coupes métallographiques des échantillons
endommagés a permis de révéler l’effet du type de durcissement sur la résistance à l’usure.
6
Chapitre 1 Problématique et analyse de l’endommagement du système réel
Chapitre 1
7
Chapitre 1 Problématique et analyse de l’endommagement du système réel
Chapitre 1
SOMMAIRE
8
Chapitre 1 Problématique et analyse de l’endommagement du système réel
Chapitre 1 : Analyse de
l’endommagement des tôles d’aluminium
utilisées pour des bennes de camion
En plus des propriétés précédemment citées, une large gamme d’alliages d’aluminium montre
une excellente résistance à la corrosion dans des atmosphères urbaine et marine. De plus, ces
alliages présentent de bonnes aptitudes aux différentes techniques de soudage, souvent
efficaces et rapides élargissant leur utilisation dans la chaudronnerie lourde : réservoirs,
citernes, bennes, et équipements routiers.
Dans le domaine des véhicules industriels ‘bennes et citernes’, le groupe Pechiney fournit aux
constructeurs utilisant l’aluminium des alliages au magnésium du type 5xxx, au magnésium
silicium du type 6xxx et aluminium, zinc, magnésium du type 7xxx.
9
Chapitre 1 Problématique et analyse de l’endommagement du système réel
Benne en alliage
d’aluminium
Fig. 1 : Exemple d’utilisation des alliages d’aluminium pour des bennes de camion.
Durant la phase du choix de matériaux, le concepteur doit prendre en compte les contraintes
liées à la phase de production et les conditions nécessaires au bon fonctionnement :
- légèreté de la structure,
- bonne soudabilité,
- bonne résistance à la corrosion,
- bonne résistance à l’usure.
L’ensemble de ces contraintes et les fonctionnalités requises exige des efforts considérables
pour l’évolution et le choix du matériau convenable tant du point de vue de la recherche que
du point de vue industriel.
2. MATERIAUX
Les matériaux susceptibles d’être employés pour des bennes de camion qui font l’objet de ce
travail sont des alliages d’aluminium corroyés. Ils appartiennent principalement à deux
grandes familles, les alliages à durcissement structural et les alliages écrouissables.
Différents traitements relatifs à chaque famille sont réalisés afin de donner à l’alliage les
propriétés désirées. Une analyse détaillée des alliages d’aluminium corroyés est présentée en
annexe 1, mettant en évidence l’influence des différents types de traitement sur les propriétés
des alliages.
Nous allons dans la suite décrire brièvement les principales caractéristiques et le mode de
fabrication des deux familles d’alliages d’aluminium faisant objet de cette étude:
- alliages à durcissement structural (7xxx : Al-Zn-Mg et Al-Zn-Mg-Cu),
- alliages écrouissables (5xxx : Al-Mg).
10
Chapitre 1 Problématique et analyse de l’endommagement du système réel
Zn Mg Cu Si Mn Fe Cr
7E 5.1-6.1 2.1-2.9 1.2-2 Max 0.4 Max 0.3 Max 0.5 0.18-0.28
7D 5-6 1.2-1.8 Max 0.25 0.25 Max 0.1 Max 0.4 Max 0.25
Tableau 1 : Compositions chimiques des alliages de la famille 7xxx (% masiques).
Pour cette famille le durcissement structural a une importance primordiale dans la métallurgie
de ces alliages car c’est le processus par excellence qui permet d’obtenir des niveaux élevés
de résistance mécanique.
Ces alliages se caractérisent par leur bonne soudabilité, si bien qu’il est possible d’obtenir sur
assemblage soudé et après simple maturation à l’air après soudage, une résistance mécanique
voisine de celle du métal de base.
Des nombreuses études sur les alliages 7xxx ont montré l’influence primordiale pour la
ténacité de la microstructure et en particulier des particules hors solution.
Ces particules, constituent des sites de création de microfissures, soit à cause de leur fragilité
intrinsèque, soit du fait de leur incohérence vis-à-vis de la matrice. Ainsi, la rupture des
particules ou leur décohésion créent des cavités qui, sous l’action des tensions, s’agrandissent
et se développent sous forme de fissures.
Trois types de particules hors solution sont présents dans les alliages d’aluminium. C’est par
action sur chacun de ces types de particules que la ténacité a été améliorée d’une façon
significative et que de nouveaux alliages à ténacité accrue ont été mis au point ces dernières
années :
- les grosses particules de taille 1 à 50 µm sont les plus nocives : elles sont du type
Mg2Si, FeAl6, (FeMnCu)Al6, Al7Cu2Fe… De nombreuses investigations ont
montré que la baisse des teneurs en impuretés et plus particulièrement en fer et en
silicium diminuait leur importance et augmentait la ténacité,
- les particules intermédiaires de taille 0.02 à 0.5 µm sont les phases dispersoïdes
renfermant les éléments Cr, Mn, Zr. Bien que favorables pour éviter la
recristallisation et le grossissement du grain ainsi que les ruptures du type
intergranulaire, ces éléments doivent être soigneusement ajustés car ils ont par
ailleurs l’inconvénient d’augmenter la sensibilité à la vitesse de trempe et de
diminuer la ténacité en favorisant l’initiation des fissures. Toutefois, Zr s’avère
moins nocif à cet égard que Mn ou Cr,
- les particules les plus fines (0.001 à 0.5 µm) correspondent aux précipités formés
lors du revenu et sont inhérentes au durcissement structural : leur présence est
obligatoire pour obtenir la résistance mécanique. Les conditions de revenu, qui
11
Chapitre 1 Problématique et analyse de l’endommagement du système réel
Pour obtenir le durcissement structural de ces alliages, les trois phases ci-après sont
nécessaires :
- mise en solution,
- trempe,
- maturation (vieillissement naturel) – Revenu (vieillissement artificiel).
Les alliages de la famille 7xxx sont utilisés dans les deux états mûri T4 et revenu T6 (voir
annexe 1 pour les détails). Les propriétés dans le sens de laminage des alliages dans les deux
états sont données dans le tableau 2.
12
Chapitre 1 Problématique et analyse de l’endommagement du système réel
Les alliages 5A, 5B et 5C font partie de la famille 5xxx (alliage aluminium - magnésium).
Ceux-ci forment, en raison de leur teneur en Mg, toute une gamme d’alliages présentant un
poids industriel important en raison de leur bonne résistance mécanique due à la présence du
magnésium et à leur très bonne résistance à la corrosion à l’état soudé ou non.
Ces alliages sont souvent utilisés dans un état écroui ou recuit. L’écrouissage a pour effet
d’augmenter sa dureté et sa résistance mécanique (limite élastique et charge à la rupture),
mais en contre partie diminue sa plasticité, c'est-à-dire son allongement à la rupture et son
aptitude à la déformation. Un produit fini peut avoir différent niveaux de durcissement : état
quart dur, demi dur, trois-quarts dur, dur et extra-dur (Annexe 1). Les compositions chimiques
des différents alliages sont détaillées dans le tableau 3.
Mg Si Mn Fe Zn Cr Cu
5A 3.5-4.5 Max 0.4 0.2-0.7 Max 0.5 Max 0.25 0.05-0.25 Max 0.1
5B 4-5 Max 0.2 0.2-0.5 Max 0.35 Max 0.25 Max 0.15 Max 0.15
5C 4-5.2 Max 0.25 0.7-1 Max 0.25 Max 0.4 Max 0.25 Max 0.2
Tableau 3 : Compositions chimiques des alliages de la famille 5xxx.
Par ailleurs, pendant l’écrouissage une partie des dislocations est bloquée, lors de leur
propagation, par toutes perturbations de la structure réticulaire ; ces perturbations sont de
nature variée : joints intergranulaires, vides, ou lacunes, phases séparées (précipités), amas
locaux d’atomes étrangers, autres dislocations appartenant à des systèmes de glissement
différents, etc… C’est à cette action de blocage que la physique métallurgique moderne
attribue le durcissement par écrouissage [1].
L’écrouissage est donc assimilé à une consolidation : les obstacles préexistants arrêtent les
dislocations qui, bloquées, constituent elles-mêmes un nouvel obstacle aux dislocations en
mouvement ; le nombre des dislocations bloquées croit ainsi constamment au cours de la
déformation et, en fonction de cette dernière, la consolidation augmente [1]. Parallèlement, on
assiste à une augmentation de la résistance à la déformation (diminution de la malléabilité et
de la ductilité). Les propriétés mécaniques de ces alliages dans les différents états sont
illustrées dans le tableau 4.
Les alliages écrouissables (5xxx) sont généralement utilisés aux états : recuit (O), mi-dur
(H2), quart-dur (H3) (voir annexe 1 pour plus de détails).
13
Chapitre 1 Problématique et analyse de l’endommagement du système réel
Le recuit est un type de traitement des alliages qui permet de relaxer la structure généralement
écrouie. Recuire complètement un métal signifie que, par un chauffage d’une durée
déterminée à une température définie, on lui confère la plasticité maximale, en abaissant le
plus possible sa limite élastique, tout en obtenant la meilleure capacité de déformation. Cet
état correspond à une recristallisation complète, et le traitement s’applique : soit au cours de
l’élaboration (recuit intermédiaire), soit à la fin de l’élaboration (recuit final) ; le plus souvent,
le recuit s’effectue sur un métal écroui, auquel on veut redonner entièrement ses possibilités
de déformation. Dans le cas des bennes de camions on s’intéresse plutôt à un recuit à la fin de
l’élaboration.
Les alliages testés sont obtenus par laminage. Le laminage est une opération de mise en forme
par déformation plastique dont le principe est simple. Le produit passe entre deux rouleaux
tournant autour de leur axe, leur rotation entraînant par frottement le produit dans l’emprise.
La figure 3 illustre le laminage d’une bande par une cage quarto. Deux types de produits
peuvent être fabriqués : les produits plats, où l’épaisseur est petite devant les deux autres
dimensions (tôles utilisées dans notre étude) et les produits longs où l’épaisseur et la largeur
sont du même ordre de grandeur. La bande d’épaisseur e1 entraînée à une vitesse V1 dans
l’emprise par deux cylindres de rayon R tournant à une vitesse Vc. Elle sort de l’emprise avec
une épaisseur e2 et une vitesse V2 égale à V1*e1/e2 par conservation de la masse. La réduction
de passe est définie par r=(e1-e2)/e1. En pratique la vitesse des cylindres est le plus souvent
comprise entre la vitesse d’entrée et la vitesse de sortie de la bande. Il existe donc une
position dans l’emprise où les vitesses de la bande et du cylindre sont égales : c’est le point
neutre. Au point neutre, la vitesse de glissement à l’interface ainsi que la contrainte de
frottement changent de signe.
Nous pouvons scinder l’emprise en trois zones. Dans la zone d’entrée, la bande est élastique
et le convergent bande-cylindre met le lubrifiant en pression. Quand l’état de contraintes dans
la bande est tel que la contrainte d’écoulement de la bande est atteinte, on rentre dans la zone
de travail où la bande s’écoule alors plastiquement. Au maximum du cylindre, la bande
redevient élastique. C’est la zone de sortie qui permet le retour de la pression dans le
lubrifiant à la pression atmosphérique. La figure 3b montre les conditions de laminage
(vitesse, pression) dans l’arc de contact.
14
Chapitre 1 Problématique et analyse de l’endommagement du système réel
(a) (b)
Fig. 3 : Principe du laminage (a) ; conditions dynamiques dans l’arc de contact (pression,
vitesse) (b).
Le laminage fait apparaître des différences de propriétés et de structures. Pour un produit plat
laminé on distingue trois sens (fig. 4):
Une coupe métallographique d’un alliage représentant de la famille 5xxx dans le sens de
laminage (plan L, TC) suivi d’une attaque chimique au réactif de Keller montre l’orientation
des grains selon le sens de laminage (Fig.5).
La taille des grains d’aluminium est de l’ordre d’une dizaine de microns dans le sens TC alors
qu’elle est de l’ordre de 100 µm dans le sens de laminage. La taille des grains dépend du type
d’alliage et du taux d’écrouissage introduit lors de cette opération. Une analyse des grandeurs
15
Chapitre 1 Problématique et analyse de l’endommagement du système réel
des grains en trois dimensions sera détaillée dans l’annexe 2. Cette analyse montre que les
grandeurs dans les sens L et TL sont comparables. En revanche, les dimensions dans le sens
TC sont plus petites.
Dans l’application des bennes le frottement va concerner le plan L, TL dans les deux sens :
sens de laminage (L) et sens travers long (TL).
3.1. Introduction
Avant de lancer les essais de simulation sur les principaux alliages de bennes de camion, il est
apparu intéressant d’expertiser des cas réels. Pour ce faire une sélection de cas a été réalisée.
Un suivi réel des bennes en service nous a permis d’analyser l’usure. Des expertises ont
permis dans un premier temps d’identifier les dégradations en mettant en évidence les
différents mécanismes d’usure, puis de choisir le banc d’essai adéquat pour simuler ce
phénomène et enfin de déterminer les conditions d’essais d’abrasion afin qu’elles soient les
plus représentatives possibles de la situation réelle.
Afin de vérifier l’homogénéité de l’usure, les effets de la portance et d’estimer la durée de vie
d’une benne lors d’une sollicitation réelle, une étude à l’échelle réelle a été réalisée par le
fabricant des bennes.
Dans ce but, une mesure d’épaisseur de 4 zones différentes du fond de la benne a été effectuée
(Fig.6).
2
1 3 Arrière du camion
4
Fig. 6 : Localisation des échantillons de tôle pour le suivi de l’usure réelle de benne
(Vue de dessus).
Un exemple de mesure est illustré dans le tableau 5. Il montre à la fois les épaisseurs initiales
et les épaisseurs après usure en service des quatre zones de la figure 6. Le kilométrage
parcouru et de bennages associés à chaque alliage sont aussi indiqués. Deux alliages sont
présentés dans ce tableau (5xxx et 7xxx).
16
Chapitre 1 Problématique et analyse de l’endommagement du système réel
Ces résultats montrent que l’usure est hétérogène sur la surface de la benne. En effet, la perte
d’épaisseur est plus importante à l’extrémité de la benne (parties 2, 3 et 4). Ce résultat est tout
à fait logique vue les sollicitations plus importantes pour les parties inférieures de la benne.
Pour les deux alliages, la partie centrale N°3 présente une usure légèrement plus importante
que les deux autres parties juxtaposées latérales. Ce phénomène peut être lié au mécanisme
d’écoulement des matériaux granulaires et à la répartition des pressions de contact.
Cette situation réelle permet de comparer le comportement tribologique des alliages. Le calcul
du taux d’usure moyenné sur les trois parties (échantillons 2, 3 et 4) en terme de perte
d’épaisseur par bennage donne :
- pour le 5xxx un taux d’usure de 2.33 10-4 mm/bennage,
- pour le 7xxx un taux d’usure de 3.48 10-4 mm/bennage.
Le matériau le plus dur 7xxx (Hv=128) présente une mauvaise résistance à l’usure
comparativement à l’alliage 5xxx (Hv=93).
Ces résultats montrent donc que la dureté ne semble pas être un paramètre suffisant pour
décrire la résistance à l’usure dans cette situation particulière d’usure par l’écoulement d’un
matériau granulaire (sable).
3.3. Analyse macroscopique des dégradations : distribution et taille des traces d’usure
Cinq plaques provenant de différentes zones d’un fond de benne utilisée pour le transport de
sable ont été analysées pour faire ressortir les différents types de dégradations rencontrés en
situation réelle. La figure 7 montre les faciès d’usure sur les échantillons testés.
17
Chapitre 1 Problématique et analyse de l’endommagement du système réel
3cm 3cm
15mm 15mm
Fig. 7 : Faciès d’usure : vue globale (Microscopie Optique).
* De grandes rayures continues d’une largeur millimétrique : Ces traces d’usure sont
dirigées dans le sens du glissement et sont longues de quelques dizaines de centimètres.
Ces traces d’usure sont probablement générées par des particules assez grandes qui
provoquent des déformations plastiques avec déplacement de matière.
Le scénario peut avoir lieu lors du déchargement : les particules du matériau granulaires
glissent « sans rotation » contre le fond de la benne et génèrent ainsi des traces d’usure
continues. Les mouvements relatifs des particules dépendent :
Ce premier type d’usure est connu sous le nom d’usure abrasive à deux corps dont la
définition sera détaillée plus tard,
* De petites rayures dont la largeur peut atteindre quelques centaines de microns : Elles
sont orientées dans le sens de déchargement du sable. Elles sont dispersées
uniformément sur toute la surface de glissement. Elles sont discontinues et de longueurs
variables.
18
Chapitre 1 Problématique et analyse de l’endommagement du système réel
Ces types de traces d’usure sont probablement engendrés par les grains de faibles tailles
ou par de grandes particules faiblement chargées.
La discontinuité de ces traces est probablement causée soit par le mouvement relatif des
particules par rapport au fond de la benne soit par la variation de l’effort durant le
processus de chargement. En effet, les particules libres à la surface de glissement
peuvent avoir des mouvements de rotation ou des mouvements de glissement. Ce
phénomène est connu sous le nom d’abrasion à trois corps ouvert dont la définition sera
développée plus loin.
Après cette vue globale des faciès d’usure, une analyse approfondie est nécessaire afin de
caractériser les faciès d’usure à une échelle microscopique et d’identifier par la suite les
différents mécanismes d’usure mis en jeu. Pour ce faire des observations au microscope
électronique à balayage (MEB) ont été réalisées au niveau des différentes dégradations
détectées macroscopiquement.
Les observations au microscope électronique à balayage (MEB) au niveau des grandes traces
montrent la coexistence de plusieurs faciès d’usure (fig.8) :
- des superpositions de couches ou ‘tartinage’ sont aussi observées. Ces couches sont
localisées au fond des grandes traces d’usure et traduisent de sévères déformations
plastiques répétées.
19
Chapitre 1 Problématique et analyse de l’endommagement du système réel
Donc ces traces sont probablement générées par de grandes particules fortement chargées. Ces
types de mécanismes d’usure se manifestent dans des conditions de sollicitation sévères. En
effet, plusieurs auteurs (Subramanian [2] et Liu [3]) ont montré, en traçant des cartes d’usure,
que ces types de mécanismes se manifestent sous forte pression et à une vitesse de glissement
importante. Ces effets seront détaillés dans le chapitre suivant.
En revanche la figure 9 présente la morphologie de la surface des tôles d’aluminium loin des
grandes traces d’usure (au niveau des petites rayures et cavités). La morphologie de ces
surfaces est fortement perturbée avec la présence à la fois de creux et de bosses. Des
bourrelets et des languettes sont aussi observés au bord des traces d’usure.
20
Chapitre 1 Problématique et analyse de l’endommagement du système réel
Cette étude microscopique a montré qu’au niveau des grandes traces d’usure, des phénomènes
de délamination et de superposition de couches sont visibles. Ailleurs, la morphologie de
surface est très perturbée et la formation de languettes et de bourrelets a été détectée. Ces
observations confirment les analyses précédentes quant aux différents niveaux de chargement
dans les différents types de configurations.
3.5. Profilométrie
21
Chapitre 1 Problématique et analyse de l’endommagement du système réel
22
Chapitre 1 Problématique et analyse de l’endommagement du système réel
400
200
hauteur (µm)
0
-200 0 2000 4000 6000 8000 10000
-400
-600
-800
-1000
largeur (µm)
400
200
Hauteur (µm)
0
-200 0 2000 4000 6000 8000 10000
-400
-600
-800
-1000
largeur (µm)
400
200
hauteur (µm)
0
-200 0 2000 4000 6000 8000 10000
-400
-600
-800
-1000
largeur (µm)
Des relevés profilométriques sont effectués sur les traces à différents endroits de la benne.
Des mesures au niveau des grandes traces (Fig.11) montrent que la matière est plutôt déplacée
sous la forme de copeaux ou de bourrelets frontaux, alors qu’une faible quantité de matière est
déplacée sur les côtés en formant des bourrelets latéraux ou transversaux. En raison du
glissement répétitif lors du déchargement, la grande différence entre la section du cratère et
des bourrelets est probablement causée par :
23
Chapitre 1 Problématique et analyse de l’endommagement du système réel
Loin des grandes traces d’usure (au niveau des petites rayures et des cavités) les relevés
profilométriques (Fig. 12) confirment l’aspect d’une surface très rugueuse et très perturbée.
100
hauteur (µm)
50
0
0 2000 4000 6000 8000
-50
-100
largeur (µm)
100
50
hauteur (µm)
0
0 2000 4000 6000 8000
-50
-100
largeur (µm)
100
50
hauteur (µm)
0
0 2000 4000 6000 8000
-50
-100
largeur (µm)
Fig. 12 : Exemples de relevés profilométriques loin des grandes traces à trois endroits
différents.
Ces aspects sont fortement gouvernés par les enchevêtrements à la fois des petites rayures et
des trous crées lors du glissement répétitif du sable. La rugosité moyenne arithmétique, Ra,
varie entre 50 et 100 µm.
24
Chapitre 1 Problématique et analyse de l’endommagement du système réel
Afin de mieux comprendre les phénomènes en sous couches, des coupes métallographiques
ont été réalisées perpendiculairement à la surface de frottement selon un plan (TL, TC).
Par ailleurs, des coupes métallographiques loin des grandes rayures confirment la
morphologie d’une surface rugueuse dont la rugosité moyenne est de 80 µm (Fig.14). Cette
perturbation de la surface est probablement causée par un effet commun à la fois aux
enchevêtrements des petites rayures et aux empreintes d’indentation des grains de sable.
Un agrandissement autour de ces traces montre un cisaillement inter-granulaire qui peut être
généré par une oxydation inter-granulaire. En effet un séjour prolongé à température ambiante
des alliages d’aluminium magnésium favorise la précipitation de Mg2Al3 aux joints de grain et
25
Chapitre 1 Problématique et analyse de l’endommagement du système réel
provoque une corrosion inter-granulaire [1]. Des mesures de micro-dureté Vickers en dessous
de la surface ont montré que la dureté est inchangée.
100
Dureté Hv15g
80
60
40
20
0
0 100 200 300 400 500
Distance (µm)
Des analyses EDX (Fig. 15) montrent en plus des éléments de base (aluminium, magnésium),
la présence d’autres éléments tels que Cu, Pb, S. Ces analyses montrent donc qu’en surface, il
se forme une couche dont la nature fait intervenir des éléments provenant sans doute du
matériau transporté. Dans l’application benne, l’interaction des particules transportées avec la
surface de glissement est apparue intéressante.
La présence d’oxygène est aussi décelée jusqu’à une profondeur de 100 µm. Ce résultat laisse
supposer la présence d’un phénomène d’oxydation.
26
Chapitre 1 Problématique et analyse de l’endommagement du système réel
Une attaque chimique au réactif de Keller permet de révéler la structure du matériau. Des
observations au microscope optique des surfaces attaquées sont illustrées à la figure 16. Elles
montrent la formation d’une couche endommagée en dessous des grandes traces. Rigney [5] a
montré que ce type de couche se manifeste lorsque l’on a une grande déformation plastique.
Cette couche est le résultat d’une recristallisation structurale du matériau. Cette figure montre
aussi une désorientation des grains. En effet, lors du glissement, la déformation et la
contrainte en sous couche donnent une orientation privilégiée de la structure du matériau.
Pour un matériau donné, la désorientation des joints de grains dépend de l’intensité et de la
vitesse de déformation. L’angle de déviation du joint de grains est souvent utilisé comme
étant un indice pour mesurer la déformation en sous couche [6].
27
Chapitre 1 Problématique et analyse de l’endommagement du système réel
Fig. 16 : Coupes transversales (plan TL, TC) après une attaque au réactif de Keller en
dessous des grandes traces (Microscopie Optique).
La morphologie des traces d’usure laisse supposer des conditions de sollicitations sévères en
terme de pression de chargement et de formation de grandes particules d’usure par
arrachement de matière.
Loin des grandes rayures, les coupes transversales suivies d’une attaque chimique ont mis en
évidence le cisaillement inter-granulaire au joint de grain près de la surface endommagée.
Les observations au microscope optique (Fig 17) loin de la surface endommagée montrent une
structure organisée avec allongement des grains d’aluminium dans le sens travers long du
laminage.
28
Chapitre 1 Problématique et analyse de l’endommagement du système réel
Fig. 17 : Coupes transversales (plan TL, TC) après attaque chimique au réactif de Keller loin
des grandes rayures (Microscopie Optique).
Les analyses des coupes métallographiques en sous couche ont montré des transformations à
la surface. Ce résultat, comme nous l’avons signalé, a été observé par plusieurs auteurs sur les
métaux et particulièrement sur les alliages d’aluminium. Afin de caractériser cette couche
transformée, Dautzenberg [6] a montré qu’il existe trois méthodes pour évaluer la déformation
en sous couche :
29
Chapitre 1 Problématique et analyse de l’endommagement du système réel
e
nc
st a
di
3cm
170
150
Sous grandes
Dureté Hv25g
130 traces
hors des
110 grandes traces
90
70
50
0 100 200 300 400
Distance (µm)
Le phénomène précédent est généré par une multiplication des dislocations lors des processus
d’écoulement plastique. Très près de la surface et vu les conditions de sollicitations sévères,
on favorise le phénomène de recristallisation. Ces couches sont mises en évidence par
plusieurs auteurs [5, 9, 10, 11]. Particulièrement, cette Transformation Tribologique de
Surface a été observée pour les alliages d’aluminium sollicités sous différents types de
configuration [12].
Les observations en sous couche des petites traces montrent que l’épaisseur affectée est très
faible. Les mesures de micro-dureté en sous couche n’indiquent pas d’évolution de la dureté.
Dans cette configuration le faible niveau de chargement engendre une faible couche affectée.
5. Conclusions
L’analyse du cas industriel à l’échelle macroscopique montre la présence de trois types de
dégradations :
A l’échelle microscopique, plusieurs mécanismes d’usure ont été mis en évidence. Ces
mécanismes sont liés au niveau de sollicitation. En effet, les faciès usés sont caractéristiques
de phénomènes de délamination et de superposition des couches au niveau des grandes traces
avec une déformation plastique importante. Une morphologie très perturbée a été observée.
La formation de bourrelets et de languettes est aussi localisée au niveau des traces d’usure.
30
Chapitre 1 Problématique et analyse de l’endommagement du système réel
Suite à l’analyse de l’usure des bennes de camion par écoulement des matériaux granulaires,
plusieurs hypothèses sont apparues importantes. En effet, plusieurs paramètres peuvent
intervenir :
Les paramètres précédents sont souvent dépendant les uns des autres. D’après l’étude du cas
réel, la dureté seule est insuffisante pour prédire la résistance à l’usure abrasive. En effet, une
quantification de l’usure en situation réelle montre que la corrélation entre dureté et usure
abrasive n’est pas toujours vérifiée.
Il est donc intéressant de connaître les critères à prendre en compte afin d’optimiser la
résistance à l’usure de la structure.
• Pourquoi dans certains cas, le matériau le plus dur s’use plus rapidement ?
• Dans une telle application, est ce que l’écoulement répétitif des matériaux granulaires et les
interactions des traces d’usure modifient les mécanismes d’usure mis en jeu pour un simple
passage ?
• Quelle est l’influence de la microstructure des alliages utilisés sur la résistance à l’usure ?
• Lorsqu’il s’agit d’améliorer les propriétés mécaniques pour l’application des bennes : Quel
matériau faut-il utiliser et quel traitement faut il mettre en place pour améliorer sa
durabilité : Ecrouissage, traitement thermique ou autre ?
• Un grain peut-il être simulé par un cône, une bille ou autres ? Quelle est l’influence de
chacun des cas sur la résistance à l’usure ?
Il sera montré par la suite que la dureté n’est pas le seul critère à considérer pour améliorer la
résistance à l’usure des alliages d’aluminium.
L’enjeu de cette thèse est d’étudier la corrélation entre la résistance à l’usure abrasive et la
dureté pour les alliages d’aluminium. L’effet de divers paramètres tels que : le mode de
durcissement, la configuration du contact, le glissement répétitif et la microstructure sera
aussi détaillé dans ce travail.
31
Chapitre 1 Problématique et analyse de l’endommagement du système réel
Références :
[1] Baïlon, J. P., Dorlot, J. M., Des matériaux, Presses Internationales Polytechnique, (2000).
[2] Subramanian, C., Some considerations towards the design of a wear resistant aluminum
alloy. Wear, 155 (1992), p. 193-205.
[3] Liu,Y., Rohatgi, P., A map for wear mechanisms in aluminum alloys. Journal of Materials
Science, 26 (1991), p. 99-102.
[4] Kayaba, T., Hokkirigawa, K. and Kato, K., Analysis of the abrasive wear mechanism by
successive observations of wear processes in a scanning electron microscope, Wear, 110
(1986), p. 419-430.
[5] Rigney, D. A., The roles of hardness in the sliding behavior of materials. Wear, 175
(1994), p. 63-69.
[7] Barralis, J. and Maeder, G., Precis métallurgie : Elaboration structures propriétés,
normalisation, AFNOR.
[8] Zambelli G., Vincent L., Matériaux et Contacts : Une approche tribologique, Presses
polytechniques et universitaire romande Lausanne, Editor (1998).
[11] Mezlini, S., Kapsa, Ph., Abry, J. C., Meille, G., Ribes, H., Dif, R., Relationship between
hardness and abrasive wear for some aluminium alloys, Materials Science Forum, 396-402
(2002), p. 1517-1522.
[12] Elleuch, K., Mezlini, S., Siegfried, F. and Kapsa, Ph., Friction damage of aluminium
alloys, a paraître, Industrial Tribology and Lubrification (2003).
32
Chapitre 2 Bibliographie
Chapitre 2
33
Chapitre 2 Bibliographie
Chapitre 2
SOMMAIRE
1. INTRODUCTION ............................................................................................................ 35
2. USURE ABRASIVE : DEFINITIONS ............................................................................ 35
2.1. Configurations de contacts......................................................................................... 35
2.2. Autres paramètres caractéristiques de l’usure abrasive ............................................ 37
2.3. Essais d’abrasion ....................................................................................................... 39
3. DEGRADATION PAR ABRASION ............................................................................... 39
3.1. Mécanismes d’usure abrasive .................................................................................... 39
3.2. Effets du type de test et configuration du contact....................................................... 43
3.3. Effet de la géométrie des particules ........................................................................... 44
3.4. Synthèse ...................................................................................................................... 49
4. CORRELATION ENTRE DURETE ET RESISTANCE A L’USURE ABRASIVE...... 50
4.1. Introduction ................................................................................................................ 50
4.2. Approche quantitative................................................................................................. 50
4.3. Corrélation entre dureté et usure abrasive ................................................................ 51
4.4. Synthèse ...................................................................................................................... 57
5. EFFET DU GLISSEMENT REPETITIF.......................................................................... 57
5.1. Glissement mono passe............................................................................................... 57
5.2. Glissement multi-passe ............................................................................................... 58
6. APPROCHE THEORIQUE : MODELISATION DE L’USURE ABRASIVE ............... 61
6.1. Introduction ................................................................................................................ 61
6.2. Modélisation de l’essai de rayage .............................................................................. 62
6.3. Modélisation numérique de l’essai de rayure ............................................................ 64
7. CONCLUSION...................................................................................................................... 67
REFERENCES ....................................................................................................................... 68
34
Chapitre 2 Bibliographie
Chapitre 2 : Bibliographie
Mécanismes d’usure et relations
dureté - usure abrasive
1. INTRODUCTION
L’endommagement des pièces mécaniques par usure abrasive présente plus de 50% des cas
industriels d’usure. Depuis le dix huitième siècle, l’usure abrasive a fait l’objet de nombreuses
recherches. Ces 60 dernières années des efforts considérables ont été faits pour mieux
appréhender le problème en termes d’estimation, de contrôle et de prévention de dégradation.
Le développement des tests abrasifs a connu une évolution rapide en raison de la diversité des
problèmes industriels [1, 2, 3]. Cependant, malgré les progrès considérables à ce niveau les
mécanismes d’usure restent toujours difficiles à modéliser. Parallèlement, la compréhension à
différentes échelles (macroscopiques et microscopiques) des mécanismes d’usure a été
développée. Récemment, la relation entre microstructure, propriétés mécaniques et usure
abrasive a été l’objet de plusieurs travaux de recherches. Les résultats trouvés jusqu’à présent
sont souvent spécifiques à une configuration et à des conditions de sollicitations particulières.
L’usure abrasive est généralement engendrée soit par des particules préexistantes (matériaux
granulaires), soit par des débris écrouis (ou protubérances) emprisonnés à l’interface du
contact. On distingue ainsi suivant l’application, différents types de configuration, de
sollicitation et de milieu. L’étude de ces différents paramètres et leurs influences est apparue
intéressante pour comprendre et maîtriser l’usure abrasive.
35
Chapitre 2 Bibliographie
L’usure abrasive à deux corps (Fig. 1) est un processus d’usure par déplacement et/ou
enlèvement de matière de la surface frottante d’une pièce mécanique sous l’action d’aspérités
dures fixes [4]. Une aspérité de la surface la plus dure raye la surface la plus tendre.
L’abrasion à deux corps concerne certains secteurs, gros consommateur d’énergie et de
matières ou encore les techniques d’enlèvement de matière volontaire, que l’on veut maîtriser.
Pour ces raisons alliées à une mise en œuvre expérimentale ou une modélisation
mathématique plus simple, les problèmes d’abrasion à deux corps ont fait l’objet d’études
nombreuses et approfondies.
Elle est surtout connue pour ses aspects négatifs. Elle présente toutefois un aspect positif
recherché dans de nombreux procédés d’usinage (machine à outil, polissage).
Particule fixe
Fig. 1 : Abrasion à deux corps
L’usure abrasive à trois corps fermée est générée lorsqu’on frotte deux surfaces avec
interposition d’abrasifs libres (Fig. 2). Dans les configurations d’abrasion à trois corps, il faut
distinguer deux cas :
- la distance entre les surfaces est du même ordre de grandeur que la dimension des grain
abrasifs (D≤Dmax grain ),
- la distance entre les surfaces est supérieure à la dimension des grains (D>Dmax grain).
N
N
Corps 2
Surface 2
Particule
Corps 2
Surface 2
D
Particule
D
Corps 1 Corps 1
(a) (b)
Fig. 2 : Abrasion à trois corps fermée : (a) D<Dmax grain et (b) D>Dmax grain
36
Chapitre 2 Bibliographie
Dans le premier cas D≤Dmax grain, les deux surfaces sont également exposées à l’abrasion et le
comportement de chaque surface réagit sur l’autre. L’incrustation de particules dures dans une
surface tendre ou leur imbrication dans une surface dure écaillée peut transformer le processus
en une abrasion à deux corps. Le phénomène de broyage peut être aussi observé avec ses
effets secondaires sur la sollicitation : élimination des arêtes vives, ou au contraire, formation
de nouvelles arêtes actives selon la sollicitation et le mode de fragmentation du grain. Dans
cette configuration les deux surfaces subissent immédiatement les chocs éventuels qui
peuvent les détériorer de façon importante si le granulat est dur et peu fragile.
Dans le second cas où D>Dmax grain, les propriétés mécaniques d’une surface n’ont plus
d’incidence directe sur l’autre, l’abrasion ne peut être localisée que sur une seule des surfaces.
Le comportement rhéologique du corps à l’interface devient alors prépondérant.
Dans le cas de l’abrasion à trois corps, si une seule surface intervient dans le processus de
frottement, on parle d’usure abrasive à trois corps ouverte (Fig. 3). Ce type de configuration
est souvent rencontré dans le cas de matériaux granulaires en contact avec un solide.
Particule
Corps 1
Les configurations mentionnées supposent toutes la présence de corps abrasifs. Il faut noter,
que la présence de ces corps abrasifs peut être accidentelle, le plus souvent il s’agit de
poussières. En revanche, certaines sollicitations de contact, initialement exemptes de
particules abrasives, peuvent elles-mêmes les générer par oxydation des débris.
Les contacts réels sont généralement plus complexes et la coexistence de l’abrasion à deux et
trois corps est souvent rencontrée. C’est suivant les mouvements relatifs des particules
abrasives qu’on peut avoir soit une abrasion à deux corps, soit une usure abrasive à trois
corps. Si les particules glissent sans rotation par rapport à la surface alors on parle d’usure
abrasive à trois corps. Si les particules ont des mouvements de rotation par rapport à la
surface, alors on parle d’usure abrasive à trois corps. Les mouvements relatifs des particules
abrasives dépendent à la fois de leur géométrie, de leurs propriétés mécaniques, des
conditions de sollicitation et des propriétés des interfaces.
37
Chapitre 2 Bibliographie
- abrasion sous très fortes sollicitations : fortes à très fortes contraintes et très fortes
concentrations de contraintes, avec chocs éventuels d’intensité élevée. Cette
sollicitation est aussi appelée abrasion au gougeage,
38
Chapitre 2 Bibliographie
Les besoins spécifiques à vocation professionnelle, ont permis de développer divers moyens
d’essais d’abrasion. La gamme des sollicitations et la possibilité de les faire varier de façon
contrôlée permettent d’envisager la caractérisation de matériaux en vue de leur choix optimal
pour diverses applications industrielles.
Ces moyens peuvent être mis en œuvre dans une optique conventionnelle de caractérisation
du matériau, ou dans une optique de simulation, visant le choix des matériaux pour un usage
donné.
Les essais de type conventionnel permettent d’apprécier et de comparer les caractéristiques
d’élaboration du matériau (composition, structure, dureté, ….), en mettant l’accent sur un ou
plusieurs des paramètres d’abrasion (nature des abrasifs, vitesse, charge…).
La diversité et la complexité des problèmes industriels mènent à une large gamme de types
d’essais abrasifs. L’annexe 3 présente les essais d’abrasion les plus réputés. Le choix du test
s’effectue généralement après une étude de la situation réelle. Le diagnostic de
l’endommagement réel et l’étude économique de l’application permettent de choisir le test
convenable.
Les développements des différents moyens d’observation à différentes échelles offrent une
opportunité au niveau des analyses tribologiques. L’identification des mécanismes d’usure est
considérée comme étant la phase la plus importante pour analyser les dégradations en
abrasion. Les analyses quantitatives des systèmes endommagés en service sont souvent
compliquées et une étude qualitative sera prioritaire.
Une étude qualitative à différentes échelles permet de déterminer les différents modes d’usure
afin de trouver le scénario complet d’endommagement.
Plusieurs auteurs ont étudié les mécanismes d’usure pour les alliages d’aluminium [6, 7, 8, 9,
10]. Ils ont analysé les mécanismes d’usure en fonction des paramètres de sollicitation, en
général, pression de contact et vitesse de glissement. Subramanian [7] a montré qu’en faisant
varier ces deux paramètres cinq mécanismes d’usure peuvent se produire. La figure 4 montre
une carte d’usure qui présente des mécanismes d’usure en fonction des deux paramètres de
sollicitation (vitesse, pression). On distingue ainsi cinq domaines chacun correspondant à un
mécanisme d’usure dominant :
39
Chapitre 2 Bibliographie
Vitesse normalisée
Fig. 4 : Carte d’usure des alliages d’aluminium [7].
Un schéma représentatif des mécanismes d’usure a été développé dans la Fig. 5. Il présente
les différentes zones affectées suivant les conditions de sollicitations.
40
Chapitre 2 Bibliographie
Fig. 5 : Schéma représentatif des différents mécanismes d’usure qui peuvent avoir lieu lors
d’un processus d’abrasion.
Pour des faibles contraintes et vitesses de glissement, une formation de petites particules se
manifeste et l’usure ne concerne que la surface superficielle. Dans cette région, l’usure est
connue sous le nom d’usure douce ou usure par oxydation et les propriétés du milieu et de la
couche superficielle sont très influentes.
Lorsque l’usure est inévitable, il faut agir dans la zone A qui correspond à la zone de
formation des particules fines. Dans cette région l’usure douce se produit et la résistance à
l’usure sera maximum [7].
Pour des conditions de sollicitations plus sévères, réduire l’usure revient à réduire la
délamination par déformation plastique, et donc diminuer la probabilité d’amorçage de
fissures et la vitesse de propagation.
Suivant les conditions de sollicitation, la dureté est apparue importante dans la région de
formation des particules (région A) alors que la ténacité est importante pour contrôler la
délamination (région B, C, D et E).
Kato [10] a montré en utilisant une configuration pion - disque que les mécanismes d’usure
dépendent à la fois de la profondeur, de la largeur de la trace et du frottement interfacial. Il a
introduit d’une part le degré de pénétration comme étant le rapport entre la profondeur de
pénétration h, et la demi largeur de la trace a, et d’autre part le rapport entre la contrainte de
cisaillement à l’interface du contact et la contrainte de cisaillement au cœur de l’échantillon
(Fig. 6).
41
Chapitre 2 Bibliographie
Dp = h/a
R
Degree of penetration Dp
a
0.4
h
cutting
0.2
wedge
ploughing
0 0.2 0.6 1
Relative Shearing strength at contact interface f
- Coupe (cutting) : caractérisée par un enlèvement de matière. Elle se produit pour des
valeurs de degré de pénétration assez élevées. Pour des valeurs supérieures à 0.3, le
mécanisme de coupe se manifeste quelle que soit la contrainte de cisaillement relative
à l’interface.
- Formation des bourrelets (wedge) : ce mécanisme ne peut se produire que pour une
contrainte de cisaillement relative à l’interface supérieure à 0.5 et une degré de
pénétration inférieur à 0.3.
- Labourage (ploughing) : ce mécanisme se manifeste pour des faibles degrés de
pénétration (inférieur à 0.2) par contre il peut se produire à n’importe quelle valeur de
la contrainte de cisaillement relative à l’interface.
Cette carte permet d’identifier les mécanismes d’usure à partir des paramètres de rayage (a, h)
et rhéologique (contrainte de cisaillement interfacial relative) pour une configuration pion -
disque.
Des résultats similaires ont été obtenus par Kayaba [8]. Il a montré à l’aide d’essais de rayage
qu’il existe essentiellement trois types d’usure : coupe, formation de bourrelets et labourage.
La transition entre les différents mécanismes dépend du degré de pénétration et du degré
d’usure traduisant le volume de matière enlevé par les particules abrasives.
Sin et Saka [9] ont montré qu’une bonne simulation de l’usure abrasive par des papiers
abrasifs est obtenue en simulant un grain abrasif par un cône à bout sphérique. Ils ont montré
que trois mécanismes sont susceptibles de se produire : coupe, ‘délamination’ et déformation
plastique. Les transitions entre les différents mécanismes d’usure dépendent essentiellement
de la géométrie de contact et des conditions de sollicitation.
En utilisant aussi une configuration pion / disque, Aminul Islam [11] a étudié l’usure abrasive
des alliages d’aluminium. En s’appuyant sur une analyse des débris d’usure, il a montré que
l’usure la plus nocive pour ces alliages est une usure adhésive. La taille des débris d’usure
peut atteindre 50 µm. Ses résultats ont été confirmés par d’autres chercheurs. Une usure
42
Chapitre 2 Bibliographie
adhésive sévère est caractérisée par des débris d’usure qui peuvent avoir une taille de 200 µm,
en revanche pour une usure modérée la taille des débris ne dépasse pas 20µm.
Les différents mécanismes d’usure précédemment mentionnés sont obtenus pour des
configurations généralement simples. Ils sont fortement influencés par les conditions de
sollicitation, les paramètres du milieu et les paramètres rhéologiques.
Le choix du test et de la configuration du contact ainsi que la géométrie des particules influent
sur les mécanismes mis en jeu. Donc la compréhension de leurs effets est primordiale.
- DSRW : ‘Dry Sand Rubber Wheel’, c’est un test conventionnel qui permet de
simuler la résistance à l’abrasion sous faible contrainte. Ce test est décrit dans la
norme ASTM G65 [67],
- DSSW : ‘Dry Sand Steel Wheel’, c’est un test similaire au précèdent mais en
utilisant une roue en acier. Cette configuration permet de simuler l’abrasion sous une
forte contrainte,
- FIA : ‘Foundation Impact Abrasion Combined (FIA-C) : ce test permet de simuler la
résistance à l’abrasion combinée avec une sollicitation par impact. L’annexe 3
présente plus de détails sur les différents types de tests d’abrasion.
Les différences de comportement pour ces essais sont liées à la différence des interactions
entre les surfaces de contact et les particules abrasives. Remplacer la roue en acier par une
roue en caoutchouc peut influencer simultanément le mouvement des abrasifs, leur vitesse de
glissement, la pression de contact, la profondeur de pénétration et le mode de fragmentation
des abrasifs. La Fig. 7 montre un diagramme schématique de la dépendance de l’interaction
interfaciale de la particule en fonction du type de test utilisé.
43
Chapitre 2 Bibliographie
Des résultats similaires ont été obtenus par Hawke [1]. Trois tests ont été utilisés pour faire
une étude comparative de la résistance abrasive : DSRW, POD et ‘impeller-in-drum’. Hawke
a montré que la résistance à l’usure abrasive dépend des types de tests utilisés.
En conclusion, il est certain que les conditions de sollicitation d’un test peuvent influencer le
comportement tribologiques des matériaux. Ainsi, l’étude des cas réels est très importante afin
dans un premier temps d’identifier les mécanismes d’usure en service et de choisir la bonne
configuration et les paramètres de sollicitation pour être le plus proche possible de la
sollicitation réelle.
FT
FN FT
FN
Angle
d ’attaque β
(a) (b)
Fig. 8 : (a) formation des copeaux, (b) formation des bourrelets.
Les inclusions dures dans une surface ou des grains abrasifs dans une meule, ou du papier
abrasif, peuvent être assimilés à des polyèdres. L’angle utile des grains destinés à la coupe est
44
Chapitre 2 Bibliographie
rarement "aigus" [14] mais est plutôt "obtus". Il en résulte que l'angle d'attaque des grains ou
des protubérances dures sera, en général, nettement inférieur à 90°.
L'examen d'une meule "efficace" dans l'usinage de l'acier montre que les particules abrasives
caractérisées par un angle d’attaque β> 90° sont pratiquement inexistantes [14]. Ceci
confirme l'hypothèse que la matière peut être enlevée par des grains abrasifs de forme obtue.
- déformation élastique,
- déformation plastique qui se manifeste par la formation de deux bourrelets latéraux,
- déchirement du matériau repoussé accompagné d'un micro-copeau.
Morphologie de l’écoulement :
Dans cette première partie nous négligerons toutes influences thermiques, en nous limitant à
la présentation de quelques résultats d'écoulements isothermes qui correspondent à un
glissement à basse vitesse.
Il a été montré [18] que, dans le cas d'outils à faibles angles d'attaque (cas d'une grande partie
des particules abrasives) la zone stagnante est peu développée et instable à faible vitesse. Elle
disparaît à partir d'une certaine vitesse. Cette dernière étant d'autant plus élevée que la dureté
du métal est plus faible.
Un point neutre correspondant à un angle d'attaque effectif de transition du labourage à la
coupe, a été mis en évidence également [19] dans les études de l'écoulement autour d'un outil
émoussé.
45
Chapitre 2 Bibliographie
En se basant sur des examens détaillés des coupes métallographiques, Kita [20] a montré qu’il
y a cinq zones caractéristiques en avant de l’indenteur (Fig.9) :
(a) Copeau,
(b) région stagnante,
(c) région sévèrement déformée et qui va s’écouler vers le haut et former le copeau,
(d) région déformée qui va s’écouler vers le bas en dessous de l’indenteur,
(e) région indéformable.
a
b
c θ
e d
Il a montré aussi que la zone "stagnante" joue un rôle très important pour la formation des
copeaux. En effet pour des angles au sommet très faibles la zone "stagnante" est profonde et
on génère des copeaux, alors que pour des angles plus grands la zone stagnante est proche de
la surface et on n’aura que des phénomènes d’écoulement de matière.
Kita a identifié les différents stades de formation d’une zone "stagnante" (Fig.10) :
46
Chapitre 2 Bibliographie
47
Chapitre 2 Bibliographie
ft Ft
Fn
R
fn
ft
fn
F
N
Ft β
Fn
R
β<90° ft Ft
Fn
R
fn
ft
fn
Ft
Ft
β
F R Fn
Fn R
N β>90°
(a) (b)
Fig. 11 : Phénomène de coupe : (a) modèle des forces de coupe, (b) force de coupe et
écoulement de la matière [20].
La géométrie des indenteurs influe sur les mécanismes et modes d’usure. Une augmentation
de l’angle d’attaque favorise la transition entre le phénomène de labourage et la coupe. Des
études menées sur des particules abrasives ont montré que l’angularité varie d’une particule à
une autre (Annexe 4). En plus dans une même particule on trouve deux parties l’une à
caractère abrasif sévère l’autre est plutôt arrondie et moins abrasive. La quantification de
l’angularité des particules abrasives apparaît donc intéressante.
Hutchings [21] a montré que le taux d’usure dépend fortement de la forme des particules. En
effet des particules anguleuses causent une usure plus importante que des particules rondes.
Une différence de forme peut conduire à un taux d’usure 10 fois plus élevé.
Les particules abrasives possèdent des formes complexes et il est difficile de caractériser leur
angularité. Plusieurs travaux ont été menés afin de caractériser l’angularité des abrasifs de
forme complexe [21, 22].
48
Chapitre 2 Bibliographie
Une méthode simple qui permet la description de la forme a été développée par Hutchings
[21]. Elle est basée sur la mesure du diamètre de deux projections de la particule abrasive.
Un facteur d’arrondissement F « roundness factor » peut être défini entre la surface actuelle
projetée A et la surface d’un cercle ayant le même périmètre P que la projection :
4πA
F= F=1, correspond à une a projection qui est un cercle.
P2
Un certain succès a été obtenu en corrélant le taux d’usure avec le facteur d’arrondissement F.
Plusieurs autres chercheurs ont développé des méthodes numériques qui permettent de
caractériser l’angularité [22]. Ces méthodes s’appuient sur le principe des dimensions
fractales. Pour un nombre d’itérations important, ces méthodes fournissent des mesures
précises.
3.4. Synthèse
La dégradation par abrasion fait intervenir plusieurs paramètres liés au système tribologique.
En particulier, la transition des mécanismes est fortement influencée par les conditions de
sollicitation. En plus, la sévérité de l’endommagement dépend essentiellement du mécanisme
d’usure mis en place.
Le test abrasion joue aussi un rôle très important dans l’interaction des abrasifs avec le corps
antagoniste. En effet, le changement d’un test d’abrasion peut conduire à des résultats
différents.
L’angularité de la particule abrasive est aussi considérée comme un facteur important en vue
de son influence sur les mécanismes d’usure générés pendant le processus d’usure.
Donc une étude complète de l’usure abrasive doit prendre en compte les différents paramètres
du système tribologique notamment les conditions de sollicitations, la géométrie de la
particule d’usure et son interaction avec les corps antagonistes, la configuration du test et le
milieu.
49
Chapitre 2 Bibliographie
4.1. Introduction
La notion de la dureté en rayage est née, grâce à Réaumur en 1822, avec la définition
suivante : la dureté d’un corps est la propriété qu’il possède d’en rayer un autre et ne pas être
rayé par lui.
L’idée a été reprise par les minéralogistes et parmi eux, Morhs proposa une échelle contenant
10 matériaux par ordre croissant de dureté : Talc, Gypse, Calcite, Fluorite, Apatite, Feldspath,
Quartz, Topaze, Corindon, Diamant. Cette échelle de dureté a été reliée à la dureté statique
par Atkins et Tabor [23].
Depuis les années 50, la dureté est considérée comme étant la propriété mécanique majeure
qui gouverne la résistance à l’usure. Archard [24] a montré que le matériau le plus dur résiste
mieux à l’usure abrasive.
Le développement de méthodes de choix de matériaux, associé à la diversité des problèmes
d’endommagement en abrasion des cas réels, montre que la corrélation entre dureté et usure
abrasive n’est pas simple.
Un des plus simples et des plus anciens modèles d'usure par abrasion considère le cas du
rayage de la surface par un unique cône rigide (Fig. 12). Toute la matière déplacée par le cône
est considérée comme arrachée et forme des débris d'usure.
Dans le modèle de Rabinowicz [25], la force normale individuelle agissant sur le cône est le
produit de la surface projetée de l'indentation par le cône et de la limite d'écoulement du
matériau sous l'effet de la pénétration, limite assimilée à la dureté H de la surface :
FNg = 0.5π ⋅ (h cot α ) 2 H (1)
avec h = profondeur de pénétration et α = angle d'attaque du cône de rayage.
Le volume de matière enlevé Vg est donné par :
V g = Lh 2 cot α (2)
50
Chapitre 2 Bibliographie
En remplaçant h dans l'équation (2) par son expression issue de l'équation (1), on obtient une
expression du volume élémentaire enlevé :
2 Ltgα g
Vg = FN (3)
πH
Dans le cas d’une situation avec plusieurs grains abrasifs, l'usure totale Vt correspond à la
somme des volumes arrachés par chaque grain (cône), soit :
2 Ltgα
Vt = ∑ V g = ∑F g
(4)
πH
N
2 Ltgα
Vt = FN (5)
πH
Ce modèle simplifié conduit à la loi d'Archard [24] qui dit que le matériau le plus dur résiste
mieux. Cette approche a été améliorée récemment par Zum Gahr [26]. Le déplacement latéral
de l'indenteur peut conduire à la déformation plastique sans enlèvement de matière (sillon) ou
il peut conduire aussi à des pertes de matière (rayure) suivant la nature des corps en contact et
des conditions géométriques de pénétration.
Les mécanismes d’usure et la corrélation entre dureté et usure abrasive sont fortement
influencés par les interactions entre les particules et la surface frottante. Gore et Gates [12]
ont montré qu’on peut avoir des transitions de mode d’usure en changeant les matériaux
antagonistes. En effet, quatre modes d’usure peuvent avoir lieu (Fig. 13) :
- micro labourage : se produit si les deux corps antagonistes sont identiques. Les
particules peuvent avoir des mouvements de rotation combinés au mouvement de
translation (Fig. 13a),
- formation de languettes : ce mécanisme se manifeste généralement si deux corps en
contact possèdent des duretés différentes (Caoutchouc, acier). Dans cette configuration
les particules abrasives pénètrent dans le corps le plus mou (Caoutchouc) et
engendrent le rayage du corps le plus dur (acier). Ce mécanisme est considéré comme
l’étape de transition entre coupe - labourage (Fig. 13b),
- formation de bourrelets : ce mécanisme peut avoir lieu pour un contact de type acier /
aluminium (Fig. 13c). Cette configuration est très proche de la précédente. A la
différence que dans ce cas, la particule abrasive ne sera pas complètement fixer dans
l’aluminium mais sera freiner. Elle peut également avoir un mouvement de rotation.
51
Chapitre 2 Bibliographie
- Coupe : le contact acier / acier à outil peut conduire à des phénomènes de coupe. La
vitesse des particules abrasives est élevée par rapport aux cas précédents (Fig. 13d).
- augmenter la dureté (par la présence de carbures durs par exemple) peut favoriser la
transition du micro-labourage à la micro-coupe, puis à la micro-fracturation et par
suite donner naissance à une augmentation du taux d’usure.
Les travaux d’Axéan [27] ont montré l’importance de la dureté du corps antagoniste dans
l’usure abrasive à trois corps en mettant l’accent sur l’interaction entre particules et interface
(Fig. 14). Il a montré que le taux d’usure passe par une transition lorsque le rapport dureté du
matériau / dureté du corps antagoniste passe par 1.
52
Chapitre 2 Bibliographie
En effet si l’échantillon est moins dur que le corps antagoniste, les grains abrasifs vont
pénétrer dans le corps le moins dur (échantillon) et par suite ils le protègeront en engendrant
en même temps l’usure abrasive à deux corps de l’antagoniste. La Fig. 14 montre les
possibilités d’interaction entre la particule abrasive dure et les deux surfaces en glissement.
Fig. 14 : Interactions possibles entre les particules d’usure et les surfaces en glissement [27].
Les différentes possibilités d’interaction des particules abrasives avec la surface dépendent à
la fois de la dureté des deux corps en contact, de la géométrie des particules et de la pression
de contact. Donc une augmentation de la dureté ne mène pas automatiquement à une
amélioration de la résistance à l’usure abrasive. C’est surtout les interactions entre les
particules abrasives et les surfaces (mécanismes d’usure mis en jeu) qui gouvernent la
résistance à l’usure abrasive.
Plusieurs autres auteurs ont montré que pendant un essai d’usure, on peut observer une
augmentation ou une diminution de la dureté liée à la composition de l’alliage et aux
conditions d’essai. En effet, il y a deux processus compétitifs qui peuvent se produire :
Si la modification de la dureté n’a pas lieu, c’est que soit les deux processus se produisent
simultanément soit les matériaux ne sont pas écrouissables.
53
Chapitre 2 Bibliographie
- écrouissage,
- traitement thermique,
- élément d’addition.
Khrushchov [28] a montré qu’une augmentation de la dureté par écrouissage des métaux, de
l’aluminium, du bronze et de l’acier n’améliore pas obligatoirement la résistance à l’usure.
Khrushchov et Babichev [29] ont montré que la résistance à l’usure abrasive dépend du type
de durcissement. En effet, un durcissement par écrouissage n’influe pratiquement pas sur la
résistance à l’usure. En revanche, un traitement thermique et un durcissement par éléments
d’addition améliorent la résistance à l’usure abrasive. La figure 15 montre une variation
schématique de la variation de la résistance à l’usure en fonction du type de durcissement.
e
iqu
erm
ion
nt th
dit
me
’ad
r aite
t
d
ar
ts
tp
en
Résistance à l’abrasion
e n
lém
em
rc iss
é
Du
ar
tp
en
em
Dureté
54
Chapitre 2 Bibliographie
Il a proposé comme interprétation que, la résistance à l’usure abrasive est améliorée s’il existe
une transformation ou une évolution de phase qui entraîne une création de carbures en
majorité semi-cohérents provoquant parallèlement une contraction volumique de la structure.
Quant à l’effet de l’écrouissage et des éléments d’addition, les résultats trouvés jusqu’à
maintenant sont insuffisants pour comprendre et mettre en évidence la relation entre dureté et
usure abrasive. Les explications trouvées s’appuient sur des hypothèses qui restent toujours à
vérifier. Le niveau de déformation induit par la géométrie des abrasifs reste toujours un axe de
recherche à développer.
L’effet des traitements thermiques est très complexe à étudier. En effet, la résistance à l’usure
dépend du type de précipités formés qui dépendent eux même des conditions de traitement
(temps de maintien, vitesse de refroidissement,….) et de la composition de l’alliage de base.
Donc l’étude de l’effet du traitement est toujours spécifique à :
Après une observation des mécanismes d’accommodation dans le contact, Berthier [31] a
introduit un formalisme capable de présenter les différents sites et processus
d’accommodation de vitesse dans un contact :
- déformation plastique,
- rupture,
- cisaillement irréversible,
- formation de rouleaux.
En plus des recherches qui associent l’usure à la quantité de débris éjectés du contact plutôt
qu’au volume d’usure total, d’autres auteurs ont étudié la transformation en sous couche après
dégradation. Cette transformation tribologique, induite par une sur-déformation plastique
superficielle, génère une structure nano-cristalline très dure, fragile, qui correspond à une
étape intermédiaire entre le matériau des premiers corps et les débris du troisième corps [32,
33, 34].
La déformation plastique est généralement considérée comme étant à l’origine de l’usure des
matériaux et donc de la formation des débris d’usure [35, 36, 37]. Cette déformation plastique
est facile à mettre en évidence expérimentalement, par exemple par l’observation de coupes
transversales de couches superficielles [38].
55
Chapitre 2 Bibliographie
Cette déformation plastique des massifs peut induire deux types de couches superficielles : les
couches « cellulaires » et les couches dites « de transfert » :
- les couches cellulaires observées fréquemment dans le cuivre et l’aluminium, ont fait
l’objet de développements poussés par plusieurs auteurs [35, 39, 40].
Schématiquement, la couche dont l’épaisseur atteint plusieurs microns peut être décrite
de la manière suivante : la zone la plus profonde est composée de cellules équiaxes
séparées par des parois de dislocations larges. Au fur et à mesure que l’on se
rapproche de la surface, les parois deviennent de plus en plus étroites et les cellules
s’allongent parallèlement à la direction de frottement. Finalement, les parois
deviennent très nettes et se referment sur des « sous-grains » fortement allongés.
L’épaisseur de cette couche cellulaire et la taille des cellules dépendent à la fois des
propriétés du matériau et des conditions d’essai :
(b)
(a)
(c)
Fig. 16 : Variation sur aluminium de la dimension des cellules en fonction (a) de la vitesse,
(b) de la charge, (c) de la distance de frottement [42].
56
Chapitre 2 Bibliographie
est également présenté par Blau [45], qui considère que les débris se forment par
fissuration d’une couche fortement déformée appelée HDL (Highly Deformed Layer).
Toutes les questions que pose l’analyse de cette couche et son comportement ne sont pas
encore élucidées.
Signalons enfin, en ce qui concerne les évolutions des couches superficielles, que la
déformation plastique peut induire d’autres phénomènes, tels que la recristallisation
dynamique [46] ou des changements de phases [47]. Ces transformations des couches
superficielles modifient le comportement et les propriétés initiales des matériaux en contact,
et par conséquent, doivent aussi être prises en compte dans touts analyse de formation des
débris.
4.4. Synthèse
La loi la plus connue de la corrélation entre dureté et usure abrasive est la loi d’Archard [24]
qui considère que la résistance à l’usure abrasive est proportionnelle à la dureté. La
complexité des problèmes réels et la diversité des tests de simulation conduisent à une
certaine contradiction. Des paramètres autres que la dureté peuvent gouverner l’usure
abrasive. Ces résultats sont souvent issus des expérimentations et s’appuient souvent sur des
hypothèses et des scénarios qui demandent encore à être éclaircis. On peut en particulier citer
la formation sous frottement d’une couche de surface dont l’effet peut être très important sur
les phénomènes d’usure.
Lors de la formation d’une rayure, de la matière est déformée plastiquement pour former des
bourrelets. C’est pour cette raison que la profondeur apparente de la rayure ne permet pas de
connaître le volume moyen déplacé. Donc l’usure réelle est difficile à quantifier. Plusieurs
auteurs ont introduit le terme degré d’usure comme le rapport entre le volume de matière
enlevé et le volume déformé. La figure 11 montre un schéma d’une rayure où A’ (aire du
vide) et A’’ (aire des bourrelets) sont des aires et A’-A’’ correspond à l’usure réelle.
Le degré d’usure est défini par : (Fig. 17).
57
Chapitre 2 Bibliographie
Dans les conditions de sollicitation réelles, l’usure est engendrée par des phénomènes
répétitifs. Donc il apparaît plus intéressant d’étudier le glissement répétitif et son influence sur
les mécanismes d’usure.
Kato [10] a étudié l’effet du glissement répétitif sur les mécanismes d’usure abrasive en
utilisant une configuration pion / disque.
Le suivi (in situ) des processus d’usure abrasive montre qu’on peut aboutir à un changement
de mécanismes d’usure avec le nombre de cycles. Les résultats présentés sur la figure 19
montrent les mécanismes d’usure en fonction du nombre de cycles pour différents efforts
normaux. Un effort normal de 1.5N montre une transition rapide des modes d’usure (coupe,
formation de bourrelets, formation de languettes et labourage) en augmentant uniquement le
nombre de cycles de glissement.
58
Chapitre 2 Bibliographie
Les transitions des modes d’usure sont fortement liées au changement des propriétés de la
surface après sollicitation.
Kato [10] a établi une relation entre les modes d’usure et le degré de pénétration. DpN qui est
l’augmentation de la profondeur de pénétration divisé par la longueur du contact dans le sens
du glissement au nième passage est obtenu par la relation :
D pN = (∆hN ) / a N
1
⎛ ⎞ 2
2
R R
D pN = −⎜ − 1⎟
(W N
2
− W N −1
2
) 1
2 ⎜ W N − W N −1
⎝
2 2 ⎟
⎠
59
Chapitre 2 Bibliographie
R
R
Wear groove surface
hN-1
hN
at the (N-1)th cycle
hN
h
WN
AN
W N-1
A
a aN
Fig. 19 : Transitions des modes d’usure dans le cas de glissement répétitif [10].
Lors du glissement répétitif, deux modes d’usure supplémentaires peuvent avoir lieu. Le
premier est la formation de languette ‘shear-tongue’ au cours duquel des petites languettes
sont formées autour de la surface de rayure pour engendrer ensuite un transfert adhésif. Le
deuxième est la formation d’une couche mince, déformée sévèrement par l’effort de
cisaillement répétitif qui s’écoule plastiquement dans la direction de glissement. La figure 20
montre la distance qui correspond à la déformation plastique en fonction du nombre de cycles.
60
Chapitre 2 Bibliographie
L’étude du glissement répétitif est plus représentative des situations réelles. Pendant le
glissement, de la matière peut se déplacer sur les côtés de la trace en particulier dans le cas du
labourage et de la formation de languettes. Cependant, durant un glissement répétitif tel que
lors du déchargement du sable, l’usure peut être influencée par le comportement en
sollicitation cyclique du matériau déjà déformé.
Jusqu’à maintenant, les interactions entre bourrelets n’ont jamais été analysées. Les essais de
simulation sont souvent utilisés soit pour étudier la résistance au rayage pour une sollicitation
mono-passe ou multi-passes, soit pour donner une classification générale de la résistance à
l’usure en fonction des paramètres d’essais. Ils servent aussi à identifier les différents
mécanismes d’usure correspondants.
6.1. Introduction
La modélisation de l’usure abrasive a été abordée depuis une cinquantaine d’années. Malgré
les développements des outils informatiques, les résultats obtenus jusqu’à maintenant sont
limités et spécifiques à certaines configurations et conditions d’essai. Dans la littérature, le
problème de la modélisation est abordé avec deux méthodologies différentes :
- la première, se base sur des modèles simples qui permettent de modéliser des essais
de rayage simples avec des configurations simples (bille-plan, cône-plan…). Ces
études sont basées sur des modèles analytiques qui permettent de calculer le
coefficient de frottement apparent et interfacial entre les deux corps et de prévoir les
mécanismes d’usure [48, 49, 50]. Plus récemment, les travaux de Liu [48] ont permis
61
Chapitre 2 Bibliographie
La modélisation numérique est aussi développée par plusieurs auteurs. Challen et Oxley [52]
ont décrit par une modélisation à deux dimensions les différents régimes de frottement et
usure entre deux aspérités. Torrence [53] en utilisant la méthode des lignes de glissement a
modélisé l’écoulement de la matière en trois dimensions.
Une synthèse des différentes méthodes de modélisation est présentée dans la suite de ce texte
en précisant les hypothèses et les différents phénomènes modélisés.
Déformation
R
θ β=π/2-θ
β a
h h
Sphère Cône
(a) (b)
Fig. 21 : Paramètres géométriques pour un indenteur : (a) sphérique (b) conique [50].
62
Chapitre 2 Bibliographie
Dans le cas d’un cône ou d’une pyramide, le niveau de déformation est indépendant de la
pénétration, alors que pour une sphère celui-ci augmente avec la pénétration de l’indenteur.
Briscoe et al [56] étendent la définition de l’équation précédente à l’essai de rayure, pour des
cônes. A partir de la démarche proposée par Atkins et Tabor [57] et des travaux de rayage sur
des métaux de Brookes et al [58], Felder [59] estime que le niveau de déformation en rayage,
pour les métaux est cinq fois plus important que celui en indentation, donc :
h
ε s ≈ 1.5 soit k=1.5
a
Brookes et al [58] observent que dès que θ = 52.5°, la déformation induite en rayure sur des
métaux devient comparable à celle induite dans une opération de coupe ; les bourrelets
observés en indentation dégénèrent en copeau lors de la rayure. Selon Felder [50], ce
changement dans le mode de déformation traduit une augmentation du niveau de déformation
lors du passage de l’indenteur à la rayure.
Vitesse de déformation
•
La vitesse de déformation ε s est estimée par Briscoe et al [56] comme étant le rapport de la
vitesse de rayage ν et de la largeur de la trace b :
ε s =ν
•
b
Donc la vitesse de déformation dépend de la vitesse de l’indenteur et de la largeur de la trace
et sous-entendu de l’effort normal. La vitesse de déformation moyenne, pour des indenteurs
coniques est fonction de l’effort normal, mais aussi du rayon de courbure pour des indenteurs
sphériques.
Dureté de rayage : on définit la dureté de rayage comme étant le rapport entre l’effort normal
et l’aire de la projection de la surface de contact indenteur / matériau, pour un indenteur
conique :
8W
Hs = Avec W : effort normal, b : demi largeur de la trace
πb 2
Cette dureté représente une première estimation de la pression moyenne de contact, dans le
cas où le frottement à l’interface est très faible devant les pressions de contact, ou lorsque la
cission de contact est parallèle à la surface de l’échantillon. Cette expression de la dureté
63
Chapitre 2 Bibliographie
repose sur les hypothèses suivantes : le contact matériau / indenteur n’a lieu que sur la partie
avant de l’indenteur ; la largeur de rayure est la même après le passage de l’indenteur que
sous charge ; la hauteur du bourrelet est uniforme sur tout le pourtour du contact. Les deux
premières hypothèses sont sujettes à caution lorsque le retour élastique du matériau est
important.
Plusieurs auteurs ont précisé la part de l’élasticité lors de l’indentation grâce à l’indice
d’indentation X. Ce nombre est défini comme le rapport entre la déformation imposée par
l’indenteur et la partie élastique de la déformation dans le matériau, pour un cône :
E
X= cot θ
σ0
Si X est proche de 1 , le retour élastique après indentation est très marqué. Si X est supérieur
à 100, la déformation est essentiellement plastique.
Le coefficient de frottement apparent dans un essai de rayage est le rapport entre l’effort
tangentiel et l’effort normal. En littérature, plusieurs modèles analytiques ont été développés.
Ces modèles considèrent généralement des configurations simples (bille / plan, cône /
plan…). En rayage, la force tangentielle est classiquement décomposée en une force adhésive
Fa induite par le frottement à l’interface, et une force de labourage Fp induite par la
déformation plastique du matériau. On distingue ainsi plusieurs modèles [49, 60, 61]. En
effet, en 1966 Bowden et Tabor ont développé un modèle de rayage permettant de calculer le
coefficient de frottement apparent à partir de la géométrie de l’indenteur (angle d’attaque). Ce
modèle néglige la composante adhésive entre indenteur / matériau. Plus récemment, d’autres
travaux de recherches ont introduit la composante adhésive. Ce modèle permet d’estimer le
coefficient de frottement interfacial entre indenteur / matériau. Cet aspect sera détaillée dans
le 5 ème chapitre.
Dans cette partie nous présentons des méthodes numériques de modélisation de la rayure des
matériaux rigides plastiques : méthode du champ des lignes de glissement et théorème de la
borne supérieure.
⎛ ⎞
⎜σ σ xy 0 ⎟
⎜ xx
⎟
σ = ⎜ σ xy σ yy 0 ⎟
⎜ σ xx + σ yy ⎟
⎜ 0 0 ⎟
⎝ 2 ⎠
Dans la représentation de Mohr, à partir des points M1(σxx , σxy) et M2(σyy , -σxy), on trace le
cercle de Mohr. On en déduit les contraintes principales, σI et σII , la pression hydrostatique p
64
Chapitre 2 Bibliographie
et la cission maximale K (Fig.22). On définit ainsi les directions principales et les directions α
et β, directions où la cission est maximale. Les lignes de glissement sont des lignes où la
cission est maximale. Ces lignes sont donc tangentes aux directions α et β, et sont
orthogonales deux à deux. La pression hydrostatique est calculée d’après les équations de
Hencky :
p + 2kθ = Cte le long de la ligne α
p - 2kθ = Cte le long de la ligne β
Challen et Oxley [52] ont utilisé cette méthode pour modéliser trois régimes de frottement et
d’usure entre deux corps, l’un très dur (indenteur) l’autre plus mou (matériau). Deux régimes
stationnaires sont considérés : le modèle de la vague et le modèle de l’usinage avec
arrachement de matière. Le troisième régime est celui de l’usure abrasive qui est un état non
stationnaire.
Cette méthode ne permet pas de prendre en compte l’écrouissage du matériau, de plus une
limite importante des modèles de Challen et Oxley [52] par rapport à l’essai de rayage, est le
fait que l’on ne prend pas en compte la formation des bourrelets latéraux lors du passage de
l’indenteur dans le matériau. Torrance [53] a développé un modèle en trois dimensions qui
permet donc de prendre en compte la formation des bourrelets latéraux lors de l’essai de
rayage par un indenteur vickers.
Cette méthode est issue du principe du travail maximal. Le matériau doit donc vérifier la règle
de la normalité, ce qui exclut l’adoucissement du matériau, mais autorise, sous certaines
conditions un écrouissage. Pour tout champ de vitesse ν, incompressible et cinématiquement
admissible, la puissance dissipée nette a pour expression :
• •
W = ∫ σ 0 ε dΩ + ∫ mk∆ν dS + ∫ k∆ν dS − ∫ T d .ν dS
Ω S0 Sd S
où Ω est le volume total occupé par le matériau, S0 la surface de contact entre le matériau et
l’outil, Sd la surface de discontinuité interne de vitesse et S la surface où les efforts extérieurs
sont donnés.
La puissance des forces extérieures associées aux vitesses imposées a pour expression :
65
Chapitre 2 Bibliographie
•
W = ∫ T .ν
d
dS
S0 + S
Le théorème de la borne supérieure s’écrit donc, pour tout champ de vitesse ν, incompressible
et cinématiquement admissible :
• •
We ≤W
L’atout majeur de ce théorème par rapport à la méthode du champ des lignes de glissement est
que l’on peut résoudre des problèmes en trois dimensions et que l’on peut prendre en compte
l’écrouissage ou l’adoucissement du matériau. La résolution du problème se fait en
minimisant la puissance dissipée. D’un point de vue mathématique, la minimisation de la
puissance ne peut se faire que sur un volume fixe. Or, dans certains cas comme dans les
problèmes stationnaires à surface libre, les paramètres utiles pour la minimisation sont des
paramètres qui définissent le volume de matière Ω, il est donc impossible rigoureusement
d’utiliser le théorème de la borne supérieure. On utilise alors une méthode approchée où l’on
contourne la rigueur mathématique pour minimiser l’énergie en dérivant tout de même par
rapport à des paramètres liés à la géométrie du volume de matière Ω. Cette approche induit un
écart dans le résultat par rapport aux calculs effectués par la méthode du champ des lignes de
glissement, mais reste très utile pour voir l’influence de la thermique et de la rhéologie dans
les procédés de mise en forme. Kirkpatrick et al [62] ont intégré dans leur calculs une loi
( )
n
d’écrouissage de type σ 0 = σ 1 ε 0 + ε , ce qui permet de modéliser plus finement un métal
tel que le cuivre. Le bourrelet frontal a été intégré dans les calculs par Gilormini et Felder
[63], cela fait intervenir des paramètres supplémentaires, ce qui rend les calculs analytiques
plus laborieux. Les grandeurs calculées sont généralement des grandeurs adimensionnelles
comme le frottement apparent, µ0, en faisant varier l’angle d’attaque de l’indenteur et le
frottement au contact de l’outil.
La méthode des éléments finis assistée de la résolution numérique présente un grand intérêt
par rapport aux méthodes analytiques : on peut résoudre des problèmes avec des géométries et
des rhéologies plus complexes. Dans le cas des grandes déformations, comme dans le cas de
rayage, les éléments de discrétisation spatiale sont très déformés. Afin d’éviter que les
éléments ne dégénèrent, il est nécessaire de remailler le volume en cours de simulation. Très
peu de logiciels de simulation numérique par éléments finis disposent de remaillage
automatique. Le niveau de sollicitation utilisé classiquement dans les modélisations qui sont
faites jusqu’à maintenant ne permet pas la modélisation des bourrelets qui est un mode de
déformation rencontré très fréquemment en rayure.
Black et al. [65] ont effectué des essais sur de l’aluminium. Il place un dièdre selon une
direction normale à un de ses bords de telle sorte que l’on soit approximativement en
déformations planes. Ces essais concernent plusieurs angles d’attaque et au cours de l’essai,
les auteurs ont calculé le frottement apparent. Si on considère les points relatifs à
l’aluminium brut, pour des angles d’attaque faible, le frottement apparent est plus important
66
Chapitre 2 Bibliographie
dans les conditions non lubrifiées. Par contre, lorsque les angles sont plus importants le
phénomène inverse se produit et on a apparition du mode d’usinage. Ces observations sont en
parfait accord avec la théorie.
La comparaison entre les modélisations par la méthode du théorème de la borne supérieure et
des résultas expérimentaux montrent que l’on a une bonne concordance en ce qui concerne les
forces tangentielles ou normales. Par contre, l’écart entre la théorie et l’expérience, pour
certains paramètres, peut être assez marqué (Childs [65] et Gilormini et Felder [63]). Lorsque
l’on prend en compte l’écrouissage du matériau, Kirpatrick et al [62] obtiennent des résultats
plus proches de l’expérience pour les forces, mais beaucoup plus éloignés pour le calcul de la
hauteur du bourrelet.
Tous ces modèles, malgré leurs importances que se soit pour l’industrie ou la recherche,
restent simples et demandent encore à être développés pour permettre d’étudier des situations
plus complexes.
7. CONCLUSION
Le bilan des études réalisées en abrasion montre que la corrélation entre dureté et résistance à
l’usure abrasive est loin d’être évidente. Cette corrélation peut être fortement influencée par
l’interaction des particules abrasives avec les surfaces. Quelques travaux ont montré une
corrélation entre résistance à l’usure et mode de durcissement. En revanche, les résultats
obtenus malgré leurs importances, s’appuient souvent sur des expérimentations et nécessitent
plus d’analyse.
Hutchings [21] a montré que généralement la perte de masse par usure abrasive à deux corps
est beaucoup plus élevée que pour l’usure abrasive à trois corps.
67
Chapitre 2 Bibliographie
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72
Chapitre 3 Simulation d’abrasion : test pion / disque
Chapitre 3
73
Chapitre 3 Simulation d’abrasion : test pion / disque
Chapitre 3
SOMMAIRE
74
Chapitre 3 Simulation d’abrasion : test pion / disque
Les matériaux utilisés dans le transport, et plus particulièrement pour le transport des
matériaux granulaires, présentent des comportements tribologiques complexes dus à la
variation des paramètres de sollicitation et à sa superposition avec le glissement répétitif.
Avant toute tentative de modélisation, il est nécessaire de comprendre les phénomènes mis en
jeu, sur les plans tribologiques et métallurgiques. Dans ce but, une approche expérimentale
sur des échantillons en aluminium a été réalisée en utilisant un test de type pion disque
modifié.
Sur le plan tribologique, l’influence des paramètres de sollicitation est détaillée. Nous allons
mener une analyse de l’effet de la taille des grains abrasifs et de la pression de contact. Grâce
à cette analyse, nous avons observé une transition des mécanismes d’usure.
Sur le plan métallurgique, nous allons développer la corrélation entre la résistance à l’usure
d’une part et l’influence du type de durcissement (écrouissage ou traitement thermique)
d’autre part , de la microstructure et des mécanismes d’usure.
L’analyse des résultats tribologiques et métallurgiques mène à une relation entre tous ces
paramètres.
1. PROCEDURE EXPERIMENTALE
Les alliages testés sont des familles 5xxx et 7xxx. Leurs propriétés mécaniques et micro-
structurales sont d’abord présentées. Des essais d’abrasion ont été menés sur une machine de
type pion disque modifiée. Ce dispositif d’essai, les échantillons et les conditions d’essais sont
décrits dans ce qui suit.
Les alliages utilisés dans cette partie de l’étude sont des alliages de deux grandes familles
5xxx (Al-Mg) et 7xxx (Al-Zn-Mg) (Al-Zn-Cu-Mg) :
- 5xxx : ce sont des alliages au magnésium. Ils appartiennent aux alliages
écrouissables,
- 7xxx : ce sont des alliages dits techniques. Ils possèdent des propriétés mécaniques
plus importantes. Ils appartiennent à la famille des alliages à durcissement structural.
75
Chapitre 3 Simulation d’abrasion : test pion / disque
Dans l’annexe 1 nous présentons plus de détails sur les désignations et les différents états des
alliages d’aluminium ainsi que leurs influences sur les propriétés mécaniques.
Les essais d’indentation fournissent la dureté Vickers des différents alliages à différents états
(Tableau 1).
1.1.2. Microstructure
Les tôles testées sont obtenues comme nous l’avons signalé au chapitre 1 par laminage. Ce
procédé de mise en forme permet d’aboutir à des matériaux orthotropes. Une analyse détaillée
de la texture des différents alliages est apparue intéressante.
Les analyses dans les deux plans (L, TL) et (L, TC) de coupes métallographiques (annexe 3)
permettent de visualiser les structures des différents alliages prés de la surface et au cœur.
Grâce à cette étude microscopique et à une analyse moyennée de la taille des grains
d’aluminium en trois dimensions, on peut conclure que:
- la taille des grains que ce soit à la surface ou au cœur est du même ordre de grandeur.
Donc on a une structure homogène en profondeur.
- la taille des grains dans le sens travers cours (TC) est plus petite que dans les deux
autres sens (TL et L).
Le tableau 2 présente la taille des grains dans les différents sens correspondants à chaque
famille d’alliages 5xxx et 7xxx.
76
Chapitre 3 Simulation d’abrasion : test pion / disque
Les tailles des grains dans le sens TC sont plus petites que dans le sens L et TL. En effet, les
efforts de compression des cylindres de laminage diminuent la taille des grains d’aluminium
dans le sens TC (sens perpendiculaire au sens de laminage et parallèle à la direction des
efforts de compression). Cette remarque est valable pour les deux familles d’alliages étudiés.
Les essais d’abrasion ont été menés sur une machine pion disque avec un contact plan / plan
(Fig. 1)
La force normale est appliquée à l’aide de vérins pneumatiques. Elle peut varier de 1 à 25 N.
La vitesse de rotation du disque abrasif varie entre 10 et 250 tr/mn. La vitesse de la broche
peut varier entre 5 et 40 tr/mn.
Le principe consiste à appliquer une charge normale à l’aide des vérins pneumatiques sur les
portes échantillons afin de mettre l’échantillon en contact avec le papier abrasif, puis de faire
tourner le disque abrasif à 100 tr/mn. Dans notre configuration, la broche est maintenue
immobile.
Tête
Vérin
Echantillon
Papier abrasif
Afin d’être le plus proche possible des conditions opératoires, nous avons fait varier l’effort
normal et la taille des grains d’abrasifs. La matrice des essais est présentée figure 2.
77
Chapitre 3 Simulation d’abrasion : test pion / disque
Papier
abrasif
8 5
P120 2
9 6
P400 3
10 7
P800 4
5 15 25 Fn (N)
Fig. 2 : Conditions d’essais.
Les échantillons sont découpés à partir de plaques laminées de forme carrée de dimensions
20*20 mm2. Le porte échantillon a une forme cylindrique et permet de fixer l’échantillon et
de transmettre l’effort normal appliqué par le vérin.
Cette configuration nous permet d’effectuer d’une part des tests dans le sens de laminage et
d’autre part dans le sens perpendiculaire à la direction de laminage.
Compte tenu des caractéristiques géométriques du dispositif et des échantillons, les conditions
de sollicitations sont :
- Pression de contact apparente : 1,25 à 6,25 . 10-2 MPa
- Vitesse de glissement : 10 rd/s (0.75m/s).
La pression de contact apparente n’est qu’une pression moyenne des contacts locaux des
grains abrasifs avec l’échantillon. La pression de contact locale au niveau d’un grain est
beaucoup plus élevée que la pression de contact précédemment calculée.
Sept durées d’essai ont été retenues pour chaque échantillon : 2, 4, 6 et 9 minutes. Des
mesures de perte de masse et d’épaisseur sont effectuées à chaque arrêt :
- la perte de masse est mesurée à l’aide d’une balance de précision 1/100 gramme.
- la perte d’épaisseur est mesurée à l’aide d’un micromètre de précision 1/100
millimètre.
Des essais préliminaires ont montré que les mesures de perte d’épaisseur n’apportent pas
d’informations supplémentaires et ne sont pas plus précises que les mesures de perte de
masse.
Les essais sont effectués à température ambiante en présence d’eau.
Avant de commencer les essais paramétriques, nous avons vérifié la reproductibilité des essais
et l’effet des changements du papier abrasif. Ces essais montrent que les résultats sont
reproductibles à quelques pour cent près et que l’usure est homogène sur toute la surface.
Donc, durant un essai on ne change pas le papier (pour chaque matériau un seul papier a été
utilisé) et on ne mesure que la perte de masse.
78
Chapitre 3 Simulation d’abrasion : test pion / disque
2.1. Introduction
Les études statiques sur les abrasifs transportés montrent une grande variété de formes et de
dimensions de leurs granulométries. En plus, les expertises réalisées sur les échantillons
réellement endommagés ont mis en évidence une large variété de traces d’usure.
Dans cette partie, l’influence de la taille des grains abrasifs sur la transition des mécanismes
d’usure sera détaillée. De plus la corrélation entre dureté, taille des abrasifs et mécanismes
d’usure sera discutée.
Afin d’étudier l’influence de la taille des grains abrasifs, des essais sont effectués avec
différents papiers abrasifs. Des papiers P120, P400 et P800 ont été utilisés. Les tailles des
grains correspondant à ces papiers sont respectivement 106, 38, et 22 µm.
La figure 3 montre une variation linéaire de la masse perdue en fonction du temps pour un
effort de 25 N et pour une taille moyenne des grains abrasifs de 106µm (papier P120). Cette
évolution a été observée par plusieurs auteurs [1, 2]. En effet durant le frottement, des
copeaux se forment et une augmentation de la perte de masse par enlèvement de matière est
générée.
La variation de la masse perdue en fonction du temps garde une pente constante et par
conséquent un taux d’usure constant. Cette constatation confirme le résultat des tests
préliminaires quant à l’effet négligeable de la dégradation éventuelle du papier abrasif sur le
taux d’usure.
79
Chapitre 3 Simulation d’abrasion : test pion / disque
0
0 2 4 6 8 10
Temps (min)
Pour une taille de grains abrasifs de 22 µm (papier 800), la variation de la masse perdue en
fonction du temps est aussi linéaire (Fig. 4). En revanche, dans ce cas, les courbes présentent
une fluctuation plus importante, et la masse perdue est plus faible.
Dans cette configuration, tous les alliages possèdent pratiquement la même masse perdue.
Pour des faibles taille des grains abrasifs, la masse perdue est moins importante. En effet, la
faible taille des grains et le nombre de points de contact influent sur la profondeur de
pénétration et par conséquent sur la quantité de matière perdue ainsi que les mécanismes
d’usure mis en jeu. Cette idée fera l’objet d’une discussion qui sera détaillée plus tard lors de
l’étude des mécanismes d’usure.
3
Masse perdue (g)
5A'
2 5B'
5C'
1 7D'
7E'
0
0 2 4 6 8 10
Temps (min)
La masse perdue est plus importante pour une taille de grains abrasifs plus importante
(106µm). Une variation linéaire de la masse perdue en fonction du temps est observée pour
les différentes tailles de grains abrasifs (106, 38 et 22µm). Donc le taux d’usure est maintenu
constant durant toute la durée de l’essai quelle que soit la taille des grains abrasifs utilisés. Ce
80
Chapitre 3 Simulation d’abrasion : test pion / disque
résultat confirme encore que la dégradation des papiers abrasifs n’est pas un paramètre
influant pour notre procédure d’essais. Ce point sera aussi détaillé plus tard durant
l’identification des différents mécanismes d’usure.
Une deuxième lecture des résultats précédents, permet de présenter la variation de la masse
totale perdue (à la fin de l’essai après 9 minutes de frottement) en fonction de la taille des
grains abrasifs (Fig. 5).
3,5
Mase perdue totale (g)
3
5A'
2,5 5B'
2 5C'
1,5 7D'
7E'
1
0,5
0
0 20 40 60 80 100 120
Taille des grains (µm)
Fig. 5 : Masse totale perdue en fonction de la taille des grains abrasifs pour un effort de 25N.
Au début (pour des faibles tailles de grains), la masse perdue augmente avec la taille jusqu’à
38µm, puis le gradient diminue entre 38 et 106µm. Ces résultats ont été observés par plusieurs
auteurs. Nathan [2] a trouvé la même allure de courbes pour différents types de matériaux
(Fig. 6).
Pour de faibles tailles de grains, la masse perdue est très faible et les différents alliages ont
pratiquement la même masse perdue.
Plusieurs autres auteurs ont affirmé que l’usure abrasive est indépendante de la taille des
grains abrasifs (surtout pour des gros grains). Pour confirmer ce point, Nathan et Jones [2] ont
effectué des essais pour différents efforts normaux. Ils ont montré que pour des faibles efforts
et pour des grandes tailles de grains abrasifs, la masse perdue est indépendante de la taille des
abrasifs (Fig. 6). Pour des efforts plus importants, la masse perdue augmente linéairement
avec la taille des abrasifs.
81
Chapitre 3 Simulation d’abrasion : test pion / disque
(a) (b)
Fig. 6 : Volume d’usure en fonction de la taille des abrasifs pour : (a) différents alliages, (b)
différents efforts normaux [2].
Afin de confirmer les résultats précédents, des essais à 15 et 5N ont été aussi effectués. Les
mêmes variations ont été observées pour des essais de 5 et 15N. Nous notons que pour des
faibles efforts normaux, la pression de contact est faible et il est difficile de plaquer
correctement l’échantillon contre le papier abrasif.
D’après les résultats de Nathan et Jones [2], si l’on veut déterminer la tenue à la résistance
sans être influencé par la taille des grains d’abrasifs, nous devons opérer à faible effort normal
avec des abrasifs de grande taille (configuration pion – disque).
En revanche, dans notre configuration (plan-plan) si on diminue l’effort normal, on va
diminuer la pression de contact et la masse perdue, par conséquent le classement en terme de
résistance à l’usure sera influencé par les erreurs de mesure.
- pour des grandes tailles de grains abrasifs, les alliages de la famille 7xxx résistent
mieux à l’usure abrasive. En revanche, tous les alliages de la famille 5xxx possèdent
pratiquement la même résistance à l’usure,
- pour de faibles tailles de grains abrasifs, tous les alliages (des deux familles) ont la
même résistance à l’usure.
82
Chapitre 3 Simulation d’abrasion : test pion / disque
Ce résultat sera détaillé plus tard en précisant l’influence de chaque type de durcissement
(structural ou écrouissage) sur le comportement tribologique de chaque alliage avec la
contribution de la taille des abrasifs.
Dans cette partie, deux alliages de références 5A’ et 7D’ ont été analysés. La figure 7 présente
les morphologies des faciès d’usure pour l’alliage 5A’ et pour une taille des grains abrasifs
respectivement 106 µm (Fig. 7a) et 22 µm (Fig. 7b).
Pour des grains abrasifs de grande taille (Fig. 7a), les traces d’usure sont bien orientées dans
le sens du glissement avec la présence de copeaux d’usure. Les mêmes images montrent aussi
la présence de bourrelets qui reflètent une déformation plastique du matériau. Donc, dans
cette configuration nous avons mis en évidence le phénomène de coupe par formation de
rayures et de copeaux, de même que par formation de bourrelets au niveau des bords des
traces d’usure.
La figure 7b montre les faciès d’usure pour de faibles tailles de grains abrasifs (22µm). Elle
montre une morphologie un peu particulière. En effet, il n’y a pas comme dans le cas
précédent des stries bien orientées avec formation de copeaux, mais plutôt un aspect un peu
« maté » avec une déformation plastique et une présence de phénomènes d’adhésion.
83
Chapitre 3 Simulation d’abrasion : test pion / disque
(a)
(b)
Fig. 7 : Faciès d’usure pour le 5A’ pour différentes tailles de grains : (a) : 106µm et (b) :
22µm.
Des observations au Microscope Electronique à Balayage sont effectuées au niveau des faciès
d’usure de l’alliage 7D’. Elles montrent aussi la présence du phénomène de coupe sur les
faciès usés (Fig.8).
La figure 8a présente la morphologie observée pour une grande taille de grains abrasifs
(106µm). Elle montre des stries parallèles continues et orientées dans le sens du glissement.
Des copeaux d’usure sont aussi localisés au niveau de la surface. En revanche, la déformation
plastique sous forme de bourrelets est moins visible.
Pour de faibles tailles de grains abrasifs (22 µm), on note la présence de stries discontinues.
La figure 8b montre que la surface est un peu « matée ». Ces observations montrent qu’à
faible taille de grains abrasifs et pour l’alliage 7D’ (alliage plus dur que le 5A’) on a la
présence à la fois de phénomènes abrasifs et de phénomènes adhésifs.
84
Chapitre 3 Simulation d’abrasion : test pion / disque
(a)
(b)
Fig. 8 : Faciès d’usure pour le 7D’ pour différentes tailles de grains : (a) : 106µm et (b) :
22µm.
L’analyse des dégradations des faciès d’usure nous permet de conclure pour les deux alliages
représentant les familles 5xxx et 7xxx que :
- pour des grandes tailles de grains abrasifs, des traces continues et parallèles à la
direction de glissement sont repérées montrant ainsi la coexistence des phénomènes de
coupe et de formation des bourrelets. Le mécanisme dominant dans cette configuration
est l’usure abrasive.
- pour des faibles tailles de grains abrasifs, les traces sont discontinues et les surfaces
présentent un aspect maté. Cet aspect est plus visible pour l’alliage de la famille 5xxx.
Le mécanisme d’usure dominant dans cette configuration est plutôt l’adhésion.
Ces résultats sont en accord avec les travaux de Sasada [3]. Ce dernier a montré que la
variation de la taille des abrasifs permet de distinguer trois domaines (Fig. 9) :
85
Chapitre 3 Simulation d’abrasion : test pion / disque
faibles tailles sont incapables de séparer les deux surfaces frottantes. En plus, la
présence de débris d’usure mélangés avec les abrasifs favorise l’usure adhésive.
Fig. 9 : Effet de la taille des grains abrasifs sur la transition des mécanismes d’usure : (a)
deux corps, (b) trois corps [3].
Afin de mieux comprendre la dépendance des mécanismes d’usure en fonction de la taille des
grains abrasifs, des diagnostics ont été réalisés sur les papiers abrasifs avant et après
frottement.
La figure 10a montre des grains abrasifs avant usure pour un papier P120 dont la taille
moyenne des grains est de 106 µm. Ces images montrent que les grains abrasifs ont une
orientation aléatoire, des formes et des dimensions variées. La présence des arrêtes
tranchantes et des angles aigus est aussi localisée pour la plupart des grains abrasifs. Après
frottement, le même papier a été observé. La figure 10b montre la morphologie et les
différentes dégradations des grains abrasifs :
En revanche, malgré la présence de ces différents types de dégradation, l’effet abrasif persiste
et nous observons toujours la présence d’arêtes tranchantes au niveau des grains abrasifs.
86
Chapitre 3 Simulation d’abrasion : test pion / disque
(a)
(b)
Fig. 10 : Observations MEB du papier abrasif P120 : (a) avant frottement, (b) après
frottement.
Ces observations permettent de comprendre les résultats précédents quant à la présence des
stries parallèles et orientées dans le sens du glissement au niveau des faciès d’usure et la
domination de l’aspect abrasif.
Les mêmes observations ont été réalisées pour une taille de grains abrasifs plus faible 22µm
(papier 800). La figure 11 montre la morphologie de ces grains avant et après frottement.
La figure 11a a montré que les grains de faible taille sont, logiquement, plus nombreux que
les gros grains (papier P120). De plus, les grains présentent une orientation, une distribution et
des formes variées. La figure 11b montre le papier P800 après frottement durant neuf minutes
sous un effort de 25N. On observe la présence d’une quantité importante de copeaux d’usure
qui sont intercalés entre les grains avec un arrachement parfois des grains abrasifs. Dans cette
configuration, l’effet abrasif des grains est fortement diminué.
87
Chapitre 3 Simulation d’abrasion : test pion / disque
(a)
(b)
Fig. 11 : Observations MEB du papier abrasif P800 : (a) avant frottement, (b) après
frottement.
Ces analyses confirment la présence de phénomènes adhésifs au niveau des faciès d’usure
pour des faibles tailles de grains abrasifs. Donc la présence d’une grande quantité de débris
d’aluminium avec les grains abrasifs favorise le contact aluminium-aluminium en plus du
contact aluminium-granulat. Dans cette configuration, le contact aluminium-aluminium
favorise une augmentation de l’énergie d’adhésion dans le contact.
2.3.3. Discussion
Plusieurs auteurs ont étudié l’usure par des grains de carbure, de silicium et l’influence des
différents paramètres sur le taux d’usure. Samuel [4] a montré que trois modes d’interaction
entre échantillons et grains abrasifs peuvent être discernés :
88
Chapitre 3 Simulation d’abrasion : test pion / disque
Fig. 12 : (a) Variation de l’angle d’inclinaison, (b) Formation des copeaux, (c) Creusement
des sillons [4].
Pour un angle négatif donné, l’angle d’inclinaison critique, le copeau n’est plus formé
et le grain commence à créer un sillon au lieu de couper.
- Sillons : lors du creusement des sillons, l’angle incliné est tellement négatif que seule
une rainure est creusée dans la surface de l’échantillon (Fig. 12). Une bosse ondulée
fixe se forme en face du grain, et de la matière est déplacée sur une hauteur, de chaque
coté de la rainure. Le taux d’enlèvement est presque nul.
Tout comme l’angle incliné, la forme géométrique du grain est également importante [7]. La
forme la plus efficace est une forme en V, créant un copeau également efficace, en supposant
que l’angle d’inclinaison soit correct.
Si l’angle d’attaque est très faible, la coupe transversale du copeau est réduite et dans le cas
des grains plats d’une certaine taille, la pression spécifique entre le grain et la surface
diminuera et aucune coupe n’aura lieu, ayant pour résultat un creusement de sillons ou aucun
enlèvement de matière.
Nous avons identifier deux paramètres importants : l’angle d’inclinaison et la forme du grain.
Sur un papier abrasif nous discernons les différents angles et formes et il est évident que la
taille de grain moyenne varie dans une large gamme. En raison de cette grande variété des
angles d’inclinaison, de la forme et de la taille, seul quelque pour cent (1 ou 2%) des
nombreux grains visibles du papier, enlèvent réellement de la matière par formation d’un
copeau. Environ la même proportion produit des rayures dans la surface en creusant des
sillons. Le reste n’a pas d’effet [4].
La figure 13 présente la variation de la masse perdue en fonction de l’effort normal pour une
taille moyenne des grains abrasifs de 106µm (P120). Elle montre une variation linéaire de la
masse perdue en fonction du temps. Pour des efforts normaux importants, le matériau le plus
dur résiste le mieux. L’ensemble des alliages de la famille 5xxx a pratiquement la même
résistance à l’usure. Pour des faibles efforts, la différence de perte de masse entre les
différents alliages est faible en raison des faibles pressions de contact.
89
Chapitre 3 Simulation d’abrasion : test pion / disque
3
5A'
5B'
2 5C'
7D'
7E'
1
0
0 5 10 15 20 25 30
Fn (N)
Pour de faibles tailles de grains (22 µm, papier P800), la variation de la masse perdue en
fonction de l’effort normal présente aussi une variation linéaire (Fig. 14). La masse perdue est
faible par rapport à celle mesurée pour un papier P120. La différence de perte de masse n’est
pas assez importante et les alliages présentent une résistance comparable à l’usure abrasive.
4
Mase perdue totale (g)
3
5A'
5B'
2 5D'
7D'
7E'
1
0
0 5 10 15 20 25 30
Fn (N)
La même allure des courbes a été trouvée par Krushchov et Babichev [5] et Nathan et Jones
[2]. En revanche, ces auteurs ont montré qu’une légère dérivation de la masse perdue est
obtenue pour des efforts normaux importants. Cette dérivation est probablement causée par
l’effet de dégradation du papier abrasif. Il faut noter que la configuration utilisée dans ces
travaux est une configuration pion – plan. Dans notre cas une configuration plan – plan a été
retenue ce qui donne une pression de contact moyenne moins importante.
90
Chapitre 3 Simulation d’abrasion : test pion / disque
En conclusion, une variation linéaire de la masse en fonction de l’effort normal a été mise en
évidence. Pour des faibles tailles des grains abrasifs, tous les alliages possèdent pratiquement
la même résistance à l’usure. En revanche, pour une grande taille, la famille 7xxx présente
une meilleure résistance à l’usure abrasive. Les alliages de la famille 7xxx possèdent la même
tenue à l’abrasion.
La relation entre dureté et usure abrasive est un problème qui a fait l’objet de plusieurs
travaux de recherche. Jusqu’à nos jours la relation entre dureté et usure abrasive reste difficile
à identifier.
Archard en 1953 a montré que la résistance à l’usure abrasive est proportionnelle à la dureté.
D’autres travaux plus récents ont montré que la résistance à l’usure dépend des mécanismes
d’usure et des conditions de sollicitation. Subramanian et Liu [2, 3] ont développé des cartes
d’usure qui montrent une évolution des mécanismes d’usure en fonction des conditions de
sollicitation.
D’autres travaux [6] ont montré que la corrélation entre dureté et usure est aussi fortement
influencée par la configuration du test : abrasion à deux ou trois corps.
Dans cette partie, nous allons étudier l’influence de la dureté et de la taille des grains sur la
tenue à l’usure abrasive. Afin d’atteindre cet objectif, nous avons testé des alliages de
différentes familles à différents états.
Nous rappelons que les alliages de la famille 5xxx sont testés dans les deux états (Annexe 1) :
- écroui H24,
- recuit durant une heure et demi à 350°C.
Cependant, les alliages de la famille 7xxx sont testés dans les deux états :
- revenu T6,
- mûri T4.
Nous avons montré dans les parties précédentes que les alliages de la famille 5xxx possèdent
pratiquement la même résistance à l’usure abrasive dans notre test. Dans cette partie, nous
allons plus loin pour étudier l’influence du durcissement par écrouissage sur la résistance à
l’usure.
Pour mettre en évidence cet effet extrêmement important, nous avons étudié plusieurs alliages
de la famille 5xxx dans les deux états recuit et écroui. La figure 15 montre la variation de la
masse perdue en fonction de l’inverse de la dureté pour les deux états recuit (5A, 5B, 5C) et
écroui (5A’, 5B’, 5C’) pour des grande tailles des grains abrasifs (106µm). L’effort normal est
maintenu constant et égal à 25N. Deux tailles de grains abrasifs sont retenues 22 et 106 µm.
91
Chapitre 3 Simulation d’abrasion : test pion / disque
Les résultats confirment que tous les alliages de la famille 5xxx possèdent une résistance à
l’usure comparable.
Malgré un gain relativement important (jusqu’à 25 %) de dureté, la résistance à l’usure reste
inchangée. Les mêmes observations peuvent être faites pour des faibles tailles de grains
abrasifs (22µm).
4 5C' 5A' 5C 5A
Masse perdue (g)
3
5B' 5B
2
0
0,007 0,009 0,011 0,013 0,015
1/Hv
Donc une augmentation de la dureté par écrouissage n’augmente pas la résistance à l’usure
quelles que soient les tailles des grains abrasifs et la pression de contact. La loi d’Archard ne
semble pas valable pour un durcissement par écrouissage du matériau.
Quelques chercheurs ont étudié la corrélation entre durcissement par écrouissage et résistance
à l’usure. Particulièrement, Khrushchov et Babichev [5] ont trouvé que la résistance à l’usure
dépend du type de durcissement et que le durcissement par écrouissage n’a pas d’influence
sur la résistance à l’usure abrasive.
Afin de mieux comprendre les phénomènes tribologiques en sous couches, nous avons
effectué des coupes métallographiques des échantillons testés. La figure 16 montre un
exemple d’une coupe métallographique après attaque chimique au réactif de Keller de
l’alliage 5A’. Elle montre une couche transformée de 5 à 10µm d’épaisseur juste en dessous
des faciès d’usure.
92
Chapitre 3 Simulation d’abrasion : test pion / disque
Fig. 16 : Coupe métallographique après attaque chimique d’un alliage 5A pour un papier
120 et un effort 25N.
La même analyse sur l’alliage recuit montre une couche transformée similaire à celle observée
pour l’alliage écroui. Une augmentation de la dureté superficielle est décelée au niveau des
couches transformées.
Partant de deux états recuit ou écroui, les deux alliages s’écrouissent au cours de l’essai et se
retrouvent donc rapidement identiques près de la surface. En effet, la génération d’un copeau
lors du frottement fait naître des systèmes complexes de déformation plastique dans le copeau
qui s’est formé et dans l’échantillon lui-même. Une conséquence inévitable est qu’une couche
déformée plastiquement lors de l’usinage reste dans la nouvelle surface produite. Les
contraintes dans cette couche sont très fortes à la surface et diminuent plus au moins
exponentiellement avec la profondeur.
93
Chapitre 3 Simulation d’abrasion : test pion / disque
Lors du frottement, les grains abrasifs agissent comme un outil placé à différents angles
d’inclinaison. Lorsqu’un copeau est séparé de la surface, les déformations de cisaillement sont
concentrées dans la zone dite de cisaillement en face de l’outil. Une région adjacente à cette
zone de cisaillement, se prolongeant dans l’échantillon, en avance par rapport à l’outil, est
aussi déformée plastiquement.
Samuels [4] a poursuivi une étude complète de la déformation créée dans la surface de
l’échantillon par l’utilisation d’échantillons inclinés. Il a divisé les couches déformées en trois
niveaux de déformation :
Dans notre cas, la couche fragmentée Df est de l’ordre de 5µm. En revanche, la couche de
déformation significative est plus importante, elle vaut 5-8µm pour un papier 120 et un effort
de 25N. L’attaque chimique effectuée nous permet uniquement de détecter la couche à
déformation significative. Pour déceler les différentes couches avec les différents seuils de
chargement, il faut attaquer par plusieurs réactifs ayant différents seuils de chargement (5%,
0.1%….de compression) [4].
A la lumière de cette étude nous avons mis en évidence l’effet du durcissement par
écrouissage sur la résistance à l’usure abrasive. En effet, lors du frottement des échantillons
contre les abrasifs en formant des copeaux et des sillons, des couches transformées sont
formées en dessous de la surface endommagée. Ces dernières possèdent des propriétés
mécaniques différentes des alliages de base. Donc en partant d’un état recuit ou écroui, nous
formons dans les deux cas des couches superficielles à propriétés similaires. Par conséquent,
le durcissement par écrouissage n’améliore pas la résistance à l’usure abrasive. Ces couches
dépendent de la pression de contact, de la taille de granulométrie et des propriétés mécaniques
et microstructurales des alliages. Ce point sera détaillé dans le chapitre suivant en mettant en
évidence l’influence de la géométrie des particules sur cette transformation tribologique de
surface.
94
Chapitre 3 Simulation d’abrasion : test pion / disque
Dans cette partie, on s’intéresse à l’influence des deux états revenu T6 et mûri T4 sur la
résistance à l’usure abrasive.
4
Masse perdue (g)
3
7E 7D
2
7D'
7E'
1
0
0,002 0,004 0,006 0,008 0,01 0,012
1/Hv
Pour comprendre mieux les phénomènes en sous couches, des coupes métallographiques avec
attaque chimique sont réalisées sur les échantillons testés. La figure 18 présente une coupe
métallographique pour un alliage 7D’.
95
Chapitre 3 Simulation d’abrasion : test pion / disque
Fig. 18 : Coupe métallographique après attaque chimique d’un alliage 7D’ pour un papier
120 et un effort 25N.
L’usure abrasive dépend des propriétés des particules formées pendant le traitement, soit à
cause de leur fragilité intrinsèque, soit du fait de leur incohérence vis-à-vis de la matrice. Ces
particules constituent des sites de création de microfissures : la rupture des particules elles -
mêmes ou leur décohésion créent des cavités qui, sous l’action des tensions, s’agrandissent et
se développent sous forme de fissures.
96
Chapitre 3 Simulation d’abrasion : test pion / disque
Plusieurs recherches ont confirmé que la rupture des alliages d’aluminium est fortement
influencée non seulement par le comportement des particules intermétalliques et leur mode de
rupture mais aussi par les différents mécanismes de rupture : rupture transgranulaire en
cisaillement, rupture transgranulaire ductile et rupture intergranulaire.
4.3. Discussion
Jusqu’à maintenant nous avons montré qu’une augmentation de la dureté par écrouissage de la
famille 5xxx n’a pas d’influence sur la résistance à l’usure abrasive. En revanche, un
traitement thermique de revenu améliore la résistance abrasive par rapport à l’état mûri.
Maintenant, le but est de comparer la résistance à l’usure abrasive des deux familles 5xxx et
7xxx. Pour cela, nous avons tracé la masse totale perdue en fonction de l’inverse de la dureté
pour une grande taille (106µm) des grains abrasifs (Fig.19).
La figure 19a montre une tendance linéaire de la masse perdue totale en fonction de l’inverse
de la dureté pour des grandes tailles des grains abrasifs (106µm). La tendance montre une
croissance de l’usure en fonction de l’inverse de la dureté. Dans cette configuration, nous
pouvons considérer que la loi d’Archard est globalement vérifiée. En distinguant les familles,
on aperçoit l’influence du type de durcissement. Le mécanisme d’usure dominant dans cette
configuration est l’usure abrasive.
3 B'
5B' 5B
B
7E
E
2 7D
D
7D'
D'
7E'
E'
1
0
0,002 0,007 0,012 0,017
1/Hv
Fig. 19 : Masse perdue totale en fonction de 1/Hv pour : Fn=25N et taille des grains 106µm.
Pour des faibles tailles de grains abrasifs (22 µm), les alliages possèdent la même résistance à
l’usure. En revanche, la coexistence des deux mécanismes d’usure a été repérée.
5. SYNTHESE ET CONCLUSIONS
La machine pion – disque modifiée a permis de réaliser des tests d’abrasion en variant
plusieurs paramètres d’essais. Nous avons pu mettre en évidence les points suivants :
97
Chapitre 3 Simulation d’abrasion : test pion / disque
- la corrélation entre dureté et usure abrasive dépend des conditions d’essais (taille des
grains, effort normal) et du type de durcissement,
- pour de grandes tailles de grains d’abrasifs, un matériau dur résiste mieux à
l’abrasion et le mécanisme d’usure dominant est l’abrasion. En revanche, pour des
faibles tailles de grains d’abrasifs, la dureté a peu d’influence sur la résistance à
l’usure et le mécanisme d’usure dominant est l’usure adhésive,
- les travaux du Khrushchov et Babichev [5] ont été confirmés par ce travail
concernant la corrélation entre l’usure abrasive et la méthode de durcissement. En
effet, un écrouissage n’influe pas sur la résistance à l’usure, alors qu’un durcissement
par traitement thermique améliore la résistance à l’usure,
- cette étude nous a aussi permis de mettre en évidence une relation étroite entre la
résistance à l’usure abrasive, la taille des grains et les mécanismes d’usure [6].
A la lumière de cette étude, nous avons montré que la dureté seule est insuffisante pour
expliquer l’usure abrasive.
Notre dispositif d’essais permet de tester l’abrasion par un papier d’abrasif. Donc les résultats
obtenus résultent du frottement de plusieurs grains. Ces grains peuvent avoir des dimensions
et des orientations différentes, et aussi des effets différents. Le résultat obtenu est donc
moyenné sur plusieurs grains abrasifs.
Échantillon testé
Échantillon testé
Papier abrasif
Dans le but d’étudier le comportement d’une particule isolée, de préciser l’influence des
différents paramètres tels que : forme, géométrie, pression…, des essais de rayage sont
nécessaires (fig.20).
Le chapitre suivant sera donc une étude détaillée du phénomène de rayage afin de connaître
l’influence des différents paramètres d’essais sur la résistance à l’usure. La corrélation entre
dureté et usure abrasive sera aussi détaillée dans cette configuration d’essai.
98
Chapitre 3 Simulation d’abrasion : test pion / disque
REFERENCES
[1] Hutchings I. M., "Tribology: Fiction and Wear of Engineering Materials", Department of
Material Science and Metallurgy University of Cambridge, Edward Arnold, Editor (1992).
[2] Nathan, G. K., Jones, W. J. D., The empirical relationship between abrasive wear and the
applied conditions, Wear, 9 (1966), p. 300-309.
[3] Tadashi, S., Effect of abrasive grain size on three-body abrasive wear, Wear, 27 (1984),
p.233-241.
[4] Samuels, L. K., Metallographic polishing by mechanical methods, American Society For
Metals, Metals Park, Ohio, (1982).
[5] Khrushchov, M.M. and Babichev, M.A., Method of testing abrasive wear on machine
Kh4-B, Nel Transl., (1962), N° 889.
[6] Gore, G.J., Gate, J.D., Effet of hardness on three very different forms of wear, Wear, 203-
204 (1997), p. 544-563.
[7] Mezlini S., Kapsa, Ph., Abry, J. C., Henon, C., Guillemenet, J., Effect of indenter
geometry and relationship between abrasive wear and hardness in repetitive sliding, à paraître
in Tribology Internatinal.
99
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
Chapitre 4
Tests de rayage – Corrélation dureté
- usure abrasive ; Simulation de
glissements répétitifs
100
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
CHAPITRE 4
Chapitre 4
Tests de rayage – Corrélation dureté - usure abrasive ;
Simulation de glissements répétitifs
SOMMAIRE
101
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
Chapitre 4
Tests de rayage – Corrélation dureté
- usure abrasive ; Simulation de
glissements répétitifs
1- PROCEDURE EXPÉRIMENTALE :
La résistance à l’abrasion des matériaux peut être étudiée par plusieurs techniques. Les tests
les plus utilisés à l’heure actuelle consistent à reproduire les conditions abrasives proches de
la réalité par frottement de papiers abrasifs (chapitre précédent) ou par injection des abrasifs
entre les deux corps frottants. Ces tests sont utilisés généralement dans la normalisation de la
qualité des produits vis-à-vis de l’usure. Ces tests permettent essentiellement une étude
comparative et font appel à plusieurs paramètres (géométrie des particules, pression de
contact…). L’interférence des influences de ces différents paramètres introduit une ambiguïté
pour la compréhension des différents mécanismes d’usure.
En laboratoire, l’abrasion est également analysée à l’aide de tests tribologiques dans lesquels
un outil de forme simple (sphère, cône…) frotte contre un plan. Ces techniques offrent les
avantages de simuler la réalité, mais surtout d’être faciles à interpréter et à utiliser pour
comparer les propriétés de plusieurs matériaux.
Cependant, la compréhension des phénomènes d’usure est difficile à maîtriser, et
l’extrapolation des résultats d’un type de test à l’autre donne parfois des résultats
contradictoires.
En s’intéressant aux mécanismes élémentaires d’endommagement lors d’un contact entre
deux corps en mouvement, les tribologues utilisent de plus en plus la technique de rayage. Le
test utilisé est appelé test de rayage ou test sclérométrique dont le principe et les conditions
d’essais seront détaillés par la suite.
Le dispositif développé au LTDS (Fig. 1) permet de rayer des surfaces planes avec une
gamme de sollicitations variées en géométries d’indenteurs, vitesses de rayages, profondeurs
de pénétration et modes de rayage (pénétration imposée, constante ou variable, charge
imposée). Les efforts mis en jeu sont mesurés et enregistrés.
102
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
Table Z
Table de rayage
Indenteur
Rayure
Echantillon
Capteurs de forces
Système de
dégauchissage
Marbre
Table X
Table Y
Dans un test sclérométrique, on distingue deux parties distinctes. La partie informatique qui
permet de commander le fonctionnement des différents instruments et de définir les
paramètres des expériences à réaliser. La partie mécanique est constituée d’un ensemble de
tables de déplacement, de capteurs de forces et de divers systèmes de montage et de
positionnement d’échantillons et d’indenteurs. La commande de ces tables de positionnement
et l’acquisition sont effectuées par un ordinateur. Le positionnement précis de la surface sous
l’indenteur est réalisé par deux tables de déplacement Microcontrôle actionnées par des
moteurs pas à pas de 1 et 4 µm de pas.
Avant de commencer le test, il est important que la surface de l’échantillon soit le plus
parallèle possible à la direction de la table de rayage. Pour contrôler ce parallélisme, nous
avons mis en place une procédure de dégauchissage de la surface de l’échantillon. Elle
consiste à placer le plan moyen de la surface parallèlement à la direction de déplacement de la
table de rayage qui actionne l’indenteur. Cette opération s’effectue par deux tangentages et
indique à l’opérateur comment modifier l’orientation de la surface afin qu’elle soit le plus
parallèle de l’axe de rayage.
Le déplacement de l’indenteur lors du rayage est effectué par l’intermédiaire d’une table
actionnée par un moteur à courant continu. Le choix de ce type de moteur pour le rayage se
justifie par deux raisons. La vitesse est plus stable avec ce moteur qu’avec des moteurs pas à
pas et ce moteur crée moins de vibrations que les autres.
Les forces sont mesurées dans les trois directions X, Y et Z par un capteur de forces piézo-
électrique, fixé sous le porte échantillons. Cette position lui évite ainsi de subir les vibrations
dues aux tables de déplacements (table de rayage et table en Z) qui sont, elles, reliées à
l’indenteur et se trouvent suffisamment loin du capteur.
103
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
Le scléromètre est considéré non seulement comme étant un appareil de précision mais aussi
un dispositif qui permet de faire varier plusieurs paramètres. Il permet de faire varier l’effort
normal, la vitesse de glissement et la géométrie de l’indenteur. Il permet également de réaliser
des frottements mono-passe, des frottements répétitifs, des essais à efforts imposé, des essais
à profondeur imposée….La multiplicité de ces différents paramètres donne au scléromètre
une bonne crédibilité à la fois dans le monde de la recherche que dans l’industrie [1,2].
1.3. Matériaux
Les alliages utilisés dans cette partie de l’étude sont des alliages provenant de deux familles
5xxx (Al-Mg) et 7xxx (Al-Zn-Mg). Nous rappelons que la famille 5xxx correspond aux
alliages écrouissables, qui sont généralement testée sous différents états recuit et écroui. En
revanche, la famille 7xxx, est dite famille à durcissement structural dont les alliages sont
utilisés sous les deux états revenu et mûri.
Les essais d’indentation fournissent les duretés Vickers (Tableau 1).
Le principe de l’essai est simple, il consiste à réaliser des rayures dans le sens du laminage en
gardant un effort normal et une vitesse de frottement constants.
Ces essais sont faits avec une configuration de contact type bille / plan :
Les échantillons testés durant ces essais sont préalablement polis avec un papier P2500 afin
d’éviter l’effet des rugosités.
104
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
N
T
S+
a
h
indenter S-
Afin de simuler les sollicitations répétitives, nous avons réalisé des cycles de rayage
représentés comme schématise la figure 3.
4
1
3 2
Des essais à un, deux, cinq et dix cycles ont été réalisés.
105
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
Dans cette partie nous avons testé un alliage de la famille 5xxx dans les deux états recuit et
écroui (5A et 5A’) et un alliage de la famille 7xxx dans les deux états mûri T4 et revenu T6
(7D et 7D’). Nous rappelons que la configuration bille / plan a été conservée.
Les courbes de la figure 4 montrent l’évolution des sections des bourrelets et du cratère en
fonction du nombre de cycles de rayage respectivement pour le 5A’ et 5A.
2500 2500
S- µm2 2000
2000 S- µm2
S+ µm2
1500 1500 S+ µm2
1000 1000
500 500
0 0
0 2 4 6 8 10 12 0 2 4 6 8 10 12
Nombre de cycles Nc Nombre de cycles Nc
(a) (b)
Fig. 4 : Section d’usure : (a) alliage écroui 5A’ et (b) alliage recuit 5A.
La figure 4a montre une variation linéaire de l’usure (bourrelets et cratère) du matériau 5A’
(état écroui). Les deux sections d’usures sont pratiquement égales en variant le nombre de
cycles de 1 à 10. Ce résultat laisse supposer que le mécanisme mis en jeu durant tous les
cycles de rayage est le labourage. En effet, le matériau enlevé est déplacé sur les côtés de la
trace d’usure sans perte de matière.
La figure 4b montre aussi une tendance linéaire de l’usure en fonction du nombre de cycles.
Les deux sections d’usures sont pratiquement identiques jusqu’au deuxième cycle, puis la
section du cratère devient plus grande que celle du bourrelet. Donc jusqu’au deuxième cycle,
le mécanisme de labourage est mis en jeu et la majorité de matière est déplacé sur les côtés de
la trace. Au-delà, le mécanisme d’usure change et une usure avec déplacement de matière se
met en place. La matière peut aussi partir sous forme des copeaux ou de bourrelets frontaux.
Ce changement du mécanisme d’usure est probablement une conséquence de la sollicitation
des bourrelets formés durant les cycles précédents.
106
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
250
250
200 a (µm)
200
h (µm)
150 150
a (µm)
100 100
h (µm)
50 50
0 0
0 2 4 6 8 10 12 0 2 4 6 8 10 12
(a) (b)
Fig. 5 : largeur a et hauteur h des rayures : (a) alliage écroui 5A’ et (b) alliage recuit 5A.
Quantitativement, l’alliage 5A’ (état écroui) présente une meilleure résistance à l’usure que
l’état recuit. Ce résultat est valable non seulement pour un glissement mono-cycle mais aussi
pour un glissement multi-cycle.
Afin de suivre l’écoulement de matière et de mettre en évidence les mécanismes d’usure, des
observations au Microscope Electronique à Balayage (MEB) ont été réalisées.
La figure 6 montre les traces d’usure pour le matériau écroui pour le deuxième (Nc=2) et
dixième cycle (Nc=10). Ces observations montrent la formation des bourrelets frontaux et
latéraux avec des phénomènes de superpositions de couches. Particulièrement, pour le
dixième cycle, on observe la formation de quelques copeaux sur les côtés de la trace d’usure.
107
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
Nc=2
Nc=10
Fig. 6 : Observations MEB pour5A’ (état écroui) et pour le 2ème et 10ème cycle.
Nc=5
Nc=10
alliage recuit 5A
108
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
Pour le matériau recuit, les observations MEB sont illustrées dans la figure 7 pour le
cinquième et dixième cycle.
Afin de préciser l’influence du traitement thermique, des essais de rayage ont été réalisés sur
un alliage à durcissement structural (7xxx) dans deux :
- Etat mûri T4 : 7D
- Etat revenu T6 : 7D’.
Les courbes de la figure 8 montrent la variation des sections d’usure ‘cratère et bourrelet’ en
fonction du nombre de cycles.
La courbe 8a montre les sections d’usure pour l’état mûri T4. Elle montre qu’au deuxième
cycle, les sections du bourrelet et du cratère sont pratiquement égales. A partir du deuxième
cycle, les deux mesures s’écartent et l’on obtient en plus du labourage, de l’usure avec
déplacement de matière.
La figure 8b montre les deux sections d’usure pour l’état revenu. Dans ce cas, l’usure est plus
faible que dans le cas mûri et les deux sections d’usure sont pratiquement les mêmes.
1200
1000 1200
1000 S- µm2
800 S- µm2
800 S+ µm2
600 S+ µm2 600
400
400
200 200
0 0
0 2 4 6 8 10 12 0 2 4 6 8 10 12
Nombre de cycles Nc
nombre de cycles Nc
(a) (b)
Fig. 8 : Sections d’usure : (a) mûri 7D et (b) revenu 7D’.
Donc, pour une configuration de contact de type bille / plan, une amélioration de la dureté par
traitement thermique améliore la résistance au rayage. La différence entre les deux sections
d’usure (sections de scratch et section de bourrelets) laissent supposer que le mécanisme
d’usure dominant est le labourage pour les premiers passages, puis l’usure avec déplacement
de matière pour le reste de passage.
109
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
L’expertise des traces d’usure a montré que des mécanismes d’usure sont similaires a ceux
observés pour la famille 5xxx. Les principaux mécanismes d’usure repérés au niveau des
clichés MEB sont le labourage et la formation des bourrelets.
2.5- Synthèse
L’analyse des mécanismes d’usure a fait l’objet de plusieurs travaux de recherches [3, 4, 5].
Kato [3] a particulièrement étudié les différents mécanismes d’usure pour une configuration
bille / plan. Il a montré qu’il y a trois types de mécanismes d’usure : labourage, formation des
bourrelets et coupe.
La transition entre les différents mécanismes d’usure dépend des paramètres rhéologiques de
l’interface entre les deux corps et du degré de pénétration. Les paramètres rhéologiques sont
définis comme étant le rapport entre la contrainte du cisaillement à l’interface et au cœur. Le
degré de pénétration est défini par h/a.
Dans notre configuration, en se plaçant sur la carte d’usure développée par Kato [3] (Fig. 9),
nous nous trouvons toujours dans la zone de labourage (Fig. 9) en raison du faible degré de
pénétration. Cette étude confirme les résultats d’analyse quantitative et qualitative de l’usure.
0.6
Dp = h/a
R
Degree of penetration Dp
a
0.4
cutting
0.2
wedge
ploughing
Experimental
data
0 0.2 0.6 1
Relative Shearing strength at contact interface f
La carte d’usure présentée sur la figure 9, correspond à une usure mono – cyclique. Donc pour
les premiers cycles l’égalité des deux sections de scratch et de bourrelets a été justifiée par le
point expérimental sur la carte de la figure 9. Pour des nombres de cycles supérieurs à 1, cette
carte n’est plus valable et la différence entre les sections d’usure est fortement influencée par
la sollicitation des bourrelets des traces précédentes.
110
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
- pour une configuration bille / plan, un durcissement par écrouissage ou par traitement
thermique améliore la résistance à l’usure,
- les mécanismes dominants pour cette configuration sont le labourage et la formation
de bourrelets. Particulièrement, le 5A (état recuit) montre la formation d’une quantité
de débris non négligeable sur les côtés des traces d’usure, probablement générées lors
de la sollicitation des bourrelets formés pendant les cycles précédents.
En réalité les particules abrasives possèdent des formes et des géométries diverses.
L’angularité des particules abrasives est un facteur majeur pour gouverner l’usure abrasive
[6]. L’abrasivité des particules est très difficile à quantifier. Ce problème revient à la difficulté
de décrire la forme en trois dimensions de la particule abrasive.
Une des méthodes simples pour décrire l’angularité des particules abrasives est le facteur de
forme. Cette méthode est décrite par Hutchings [7]. Elle s’appuie sur les projections en deux
dimensions de la particule d’usure. Le facteur de forme F est défini par :
F=(4πA)/P2
Où A: aire de la projection,
P : périmètre de la projection
Si F=1 la particule possède une forme sphérique,
Si F<1 la particule n’est pas sphérique et possède ainsi des angles vifs.
Une étude menée sur les grains de sables souvent transportés par les bennes de camion, nous a
permis d’étudier l’abrasivité des particules. Cette étude a permis d’une part, de révéler la
111
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
géométrie des particules et d’autre part, de déterminer la pression qui peut exister au contact
grains de sable / surface plane (Annexe 4).
A la suite de cette étude et afin de simuler l’effet de l’abrasivité des particules nous avons
réalisé des essais avec un cône dont l’angle d’attaque est de 30°.
Particule dure
Saphir
Surface abrasée
Diamant
situation réelle simulation
Le calcul des facteurs de forme en appliquant l’approche de Hutchings [7] donne pour les
deux indenteurs utilisés :
- pour la sphère : f = 1,
- pour le cône : f = 0.39.
Dans cette partie, on s’intéresse aux sections des cratères. En effet, les sections des bourrelets
sont difficiles à mesurer dans le cas d’un contact cône / plan. L’expertise des traces d’usure
montre la formation des languettes sur les bords de la trace d’usure. A l’aide des coupes
métallographiques au niveau de ces languettes, nous avons pu identifier des zones vides en
dessous des languettes formées sur les cotés de la trace. Ce vide est considéré comme de la
matière sur les mesures profilométriques. L’usure sera analysée par la mesure des sections des
cratères.
112
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
12000
Fig. 11 : Sections de scratch en fonction du nombre de cycles pour un cône et pour les deux
matériaux 5A’ (écroui) et 5A (recuit) [8].
La figure 11 montre une variation logarithmique de l’usure en fonction du nombre de cycles.
Cette variation peut être due, soit à l’effet de l’écrouissage soit à l’effet de l’augmentation de
l’aire de contact et par suite la diminution de la pression de contact.
Donc contrairement à la configuration bille / plan, le durcissement par écrouissage n’influe
pas sur la résistance à l’usure en utilisant un cône. Ce résultat a mis en évidence que la
corrélation entre le durcissement par écrouissage et la résistance à l’usure abrasive dépend de
la géométrie de l’indenteur.
Des observations MEB ont été réalisées afin de mettre en évidence les différents mécanismes
d’usure.
La figure 12 présente des traces d’usure pour l’alliage 5A respectivement pour le premier et le
dixième cycle.
113
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
Nc=1
Nc=10
Fig. 12 : Observations MEB des traces d’usure pour le 5A : 1er et 10ème cycle.
On observe bien les phénomènes de labourage avec formation des bourrelets et des languettes
sur les cotés et en avant de l’indenteur. Les mêmes observations sont données pour l’état
écroui.
La question qui se pose est de savoir pourquoi un durcissement par écrouissage n’améliore
pas la résistance à l’usure lors d’un essai de rayage avec un cône.
- l’épaisseur sollicitée durant le test est supérieure à l’épaisseur écrouie avant le test
« pendant le laminage »,
114
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
- le niveau de déformation plastique durant le test est beaucoup plus élevé que celui
généré lors du processus de durcissement avant test « pendant le laminage ».
Pour vérifier la 1ière hypothèse, des profils de micro-dureté en dessous des surfaces laminées
ont été réalisés. La figure 13 montre les profils de dureté pour les deux états recuit et écroui.
100
80
60
H v25 g
515A’
40
51E
5A
20
0
0 30 0 60 0 900 1200
Cette figure montre que le durcissement est homogène dans le matériau. Donc la 1ère
hypothèse n’est pas vérifiée.
Pour la 2ème hypothèse, des coupes métallographiques effectuée en dessous des traces d’usure
ont été réalisées. La figure 14 montre des coupes transversales des traces d’usure après une
attaque chimique au réactif de Keller.
Nc=1 Nc=10
Fig. 14 : Coupes transversales des traces d’usure pour le 1er et le 10ème cycle.
Les observations montrent une couche transformée qui se forme juste en dessous de la surface
endommagée dès le 1ier cycle. Cette couche devient plus épaisse et plus intense en fonction du
nombre de cycles.
Des mesures de micro-indentation ont été réalisées au niveau des couches, elles montrent que
la dureté des couches est beaucoup plus grande que la dureté du substrat (Tableau 2).
115
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
Des coupes longitudinales des traces montrent que cette couche transformée est régulière le
long de la trace (Fig. 15).
Nc=1
Nc=10
Fig. 15 : Coupes longitudinales des traces d’usure pour le 5A’ : 1er et 10ème passage.
Ces résultats montrent que le niveau de déformation lors des sollicitations avec un cône est
très important. Ce phénomène est accompagné d’un phénomène d’écrouissage intense en
dessous des traces d’usure.
Les mêmes analyses sont faites pour la configuration bille / plan. Les observations des coupes
transversales en dessous des traces d’usure après attaque chimique au réactif de Keller, et
permettent de révéler la structure (Fig.16). Elles montrent l’absence de la couche transformée
observée dans le cas d’un cône.
116
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
Nc=1 Nc=10
Fig. 16 : Coupes transversales des traces d’usure obtenues par une bille pour l’état recuit et
pour le 1ier et 10ème cycle.
maximale τ
Contrainte principale moyenne σ 2 (1+ ν)p / 3 = infini à (0, 0) 3 (1+ ν)Pm à (0, 0)
(pm)y
Tableau 3: différents paramètres élastiques pour les deux configurations bille-plan et cône-
plan [9].
La première plastification pour une configuration bille / plan débute pour une pression de
contact de 1.1*Y. En revanche pour un cône, une pression de 0.5*Y est suffisante pour
engendrer la première plastification.
Un cône impose un niveau de sollicitation plus important que pour une bille. Par conséquent,
nous avons remarqué pour une configuration cône / plan une modification en sous couche et
117
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
une formation d’une couche TTS (Transformation Tribologique de Surface) [8]. Cette couche
a été mise en évidence par plusieurs auteurs [10, 11, 12]. Elle a aussi été mise en évidence
pour d’autres alliages d’aluminium sollicités en fretting [13].
L’influence d’un écrouissage préalable est fortement liée à la géométrie de l’outil. Les
résultats obtenus pour une configuration cône / plan sont similaires aux résultats trouvés par
frottements sur papiers abrasifs (chapitre 3). A ce niveau, nous signalons les travaux de Sun et
Saka [14] qui ont montré que le meilleur simulateur d’un grain abrasif est un indenteur
conique à bout sphérique.
Pour étudier l’effet du durcissement par traitement thermique, nous avons choisi le matériau
7D comme étant un représentant de la famille 7xxx. Le même alliage sera testé dans les deux
états mûri (T4) et revenu (T6). Les mêmes conditions d’essai et le même indenteur sont
retenus.
10000
8000
6000
4000 7D
71A
2000 7D’
71B
0
0 2 4 6 8 10 12
Nombre de cycles Nc
Cette courbe montre également une variation linéaire de l’usure en fonction du nombre de
cycles. Cette allure diffère de celle observée pour l’alliage à durcissement structural
précédemment étudié (tendance logarithmique).
118
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
La figure 18 montre les expertises des traces d’usure pour l’alliage 7D’. Elle montre que le
mécanisme d’usure pour le premier cycle est le labourage avec formation de languettes sur les
côtés de la trace d’usure. La formation des copeaux est observée à la fin de la trace. En
revanche pour le dixième cycle, la morphologie et les mécanismes d’usure changent,
apportant des formations de languettes, de débris d’usure sur les côtés de la rayure et des
copeaux qui se forment à l’extrémité de la trace d’usure. Ces copeaux peuvent être générés
par la sollicitation des bourrelets formés durant des cycles précédents.
Nc=1
Nc=10
Fig. 18 : Observations MEB des traces d’usure pour le 7D’ : 1er et 10ème cycle.
Les mêmes observations peuvent être faites pour les traces d’usure relatives à l’état mûri. En
effet, pour le premier cycle nous avons repéré du labourage avec formation de bourrelets
frontaux et latéraux. En revanche, pour le dixième cycle, des phénomènes de coupe sont
localisés sur les bords et en avant de la trace d’usure.
3.3.3. Synthèse
119
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
Nc=1 Nc=10
Alliage 7D’
Fig. 19: Coupes métallographiques pour le 7D’ : 1er et 10ème cycle.
Le tableau 4 montre les mesures de micro-dureté Vickers à 15g juste en dessous de la rayure
et à coeur, pour le même alliage dans les deux états revenu T6 (7D’) et mûri T4 (7D).
Les mesures des micro-duretés montrent que la variation de la dureté avant et après usure
n’est pas significative. En effet, la sollicitation pendant le rayage peut conduire à deux
phénomènes contradictoires :
La compétitivité de ces deux influences peut laisser la dureté inchangée durant l’essai.
En revanche, nous avons repéré une transition du mécanisme d’usure du labourage pour un
rayage mono-passe, avec formation des copeaux pour le 5 et 10ème cycle. Cette transition des
mécanismes d’usure est probablement due à la sollicitation des bourrelets formés dès le
premier cycle ainsi qu’à la fragilisation du matériau en sous couche.
4.1- Introduction
L’étude des grains abrasifs transportés (annexe 4) a montré que les grains abrasifs possèdent
un facteur d’arrondissement très variés. De plus, un même grain peut avoir deux parties qui se
comportent différemment. Sur la même particule, on peut trouver à la fois une partie ronde et
une partie aigue. Selon la position de chacun des côtés par rapport à la benne, on peut
observer des comportements différents.
120
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
Afin de simuler l’influence de l’angularité des particules, nous avons réalisé des tests de
rayage avec des indenteurs coniques, à différents angles d’attaque. Le but de cette partie est
d’étudier l’influence du type de durcissement sur la transition du mécanisme d’usure des
labourage à la coupe.
A partir des paramètres géométriques des indenteurs et des propriétés des matériaux, nous
avons mesuré les différents paramètres mécaniques imposés.
Fn
Ft Fn
Ft
60° 30°
(a) (b)
Fig. 20: Deux indenteurs à différents angles d’attaque: (a) cône de 60°, angle d’attaque 60°
et (b) cône de 120°, angle d’attaque 30°.
Déformation :
Felder [15] a estimé que le niveau de déformation en rayage εs pour les métaux est cinq fois
plus important que celui en indentation. Il propose la relation :
h
ε s ≈ 1.5 h : hauteur de la trace,
a
a : largeur de la trace.
121
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
θ (en degré) 5 15 30 45 60
εs 0.13 0.4 1.5 0.87 2.6
Tableau 5 : Variation de la déformation imposée en fonction de l’angle d’attaque.
La déformation moyenne imposée par l’indenteur croît avec l’angle d’attaque. En effet, en
passant d’un angle d’attaque de 5° à 60°, la déformation moyenne imposée par l’indenteur est
multipliée par 20.
Index de plasticité :
Si X est proche de 1, le retour élastique après indentation est très marqué. Si X est supérieur à
100, la déformation est essentiellement plastique [15].
Suivant les valeurs calculées dans le tableau 6, la déformation est essentiellement plastique
pour les angles d’attaques importants. Pour des angles d’attaque faibles, l’index de plasticité
diminue mais reste toujours supérieure à 1. Dans ce cas, le retour élastique sera plus important
(index de plasticité >>1).
4.4.1. Introduction
Afin d’identifier les modes d’usure spécifiques, les différents mécanismes mis en jeu pour
chaque alliage et l’influence de l’angle d’attaque et des différents modes de durcissement, des
observations au MEB ont été effectuées. Plusieurs recherches ont montré que l’on peut avoir
une transition des mécanismes d’usure de labourage, pour des faibles angles d’attaques, à la
122
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
coupe, pour des angles importants. Cette transition est caractérisée par un angle critique θc.
Dans la suite de ce chapitre, nous essayerons d’étudier l’influence de l’angle d’attaque sur la
transition des mécanismes d’usure et pour deux types de durcissement (écrouissage ou
traitement thermique).
Les analyses microscopiques des traces d’usure montrent que les mécanismes d’usure
évoluent avec le changement de l’angle d’attaque de l’indenteur. Pour les alliages 5A’ et 5A,
le mécanisme de labourage persiste jusqu’à un angle d’attaque de 30°. Pour un angle de 45°,
les copeaux commencent à se former. Pour un angle de 60°, le mécanisme de coupe est mis en
évidence. La morphologie des traces d’usure est présentée sur la figure 21. Elle montre une
transition du mécanisme d’usure de labourage pour un angle d’attaque 30°, à la coupe pour un
angle d’attaque de 60°.
123
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
(a)
(b)
Fig. 21 : Observations MEB pour le 5A’ : angle d’attaque (a) 30°, (b) 60°
Pour un angle d’attaque faible, on a observé des bourrelets latéraux et frontaux, des
formations de languettes ; les phénomènes de coupe sont absents. Les bourrelets frontaux sont
124
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
En revanche, l’alliage5A montre un comportement un peu différent par rapport à l’état écroui
(Fig. 22). Pour un angle d’attaque de 30° (fig 22b) la trace est régulière et l’on constate que
des refoulements de matière sur les cotés de la trace sans formation des languettes. Pour un
angle d’attaque de 60° (fig.22a), nous observons en plus des copeaux formés à l’extrémité de
la rayure, la formation de languettes et de bourrelets frontaux et latéraux. Les copeaux restent
toujours adhérents à la surface usée.
125
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
(a)
(b)
Fig. 22 : Observations MEB pour le 5A : (a) angle d’attaque 60°, (b) angle d’attaque 30°.
La formation des copeaux est fortement influencée par la formation de la zone stagnante en
dessous de l’indenteur. Cette zone stagnante dépend à la fois des propriétés mécaniques du
126
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
Les figures 23 et 24 montrent les observations des différentes traces d’usure de l’alliage 7xxx
respectivement dans les deux états revenu (7D’) et mûri (7D) pour les mêmes indenteurs
(angles d’attaque 30 et 60°).
127
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
(a)
(b)
Fig. 23 : Observations MEB pour le 7D’ : (a) angle d’attaque 60°, (b) angle 30°.
128
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
(a)
(b)
Fig. 24 : Observations MEB pour le 7D : (a) angle d’attaque 60°, (b) angle 30°.
129
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
Des mécanismes similaires sont observés pour les alliages de la famille 7xxx. En effet, le
mécanisme de labourage est détecté jusqu’à un angle de 30°. Au-delà, le mécanisme de coupe
s’est mis en place.
Les figures (23a) et (24a) montrent bien le phénomène de coupe pour le matériau 7D dans les
deux états revenu (7D’) et mûri (7D) et ceci en utilisant un angle d’attaque de 60°. Dans cette
configuration on a un déplacement de matière par coupe. En revanche, pour un angle
d’attaque de 60°(Fig. 23b, 24b) le mécanisme du labourage avec formation des languettes a
été mis en évidence.
4.4.4. Synthèse
Si la particule abrasive est une protubérance ou une aspérité de forme régulière et que sa
pénétration est suffisamment faible, l'abrasion consiste en une déformation plastique sans
enlèvement de matière. La trace ainsi créée s'appelle un microsillon de labourage.
En revanche, si la particule présente des angles vifs, convenablement orientés par rapport au
sens de glissement, l'abrasion est analogue à un processus de coupe et la trace laissée est
désignée comme une rayure de micro-coupe.
Les mécanismes d’usure sont fortement influencés par les angles d’attaque de l’indenteur.
Nous avons montré que pour les différents matériaux, l’angle de transition de la coupe au
labourage est compris entre 30 et 60°. Pour des angles inférieurs à 30°, le mécanisme du
labourage persiste. En revanche, pour des angles supérieurs à 60°, c’est plutôt un mécanisme
de coupe qui s’est mis en place.
Le tableau 7 présente un récapitulatif des mécanismes d’usure dominants pour les différents
angles d’attaque.
Matériaux Angle d’attaque Angle au Angle d’attaque Angle d’attaque Angle d’attaque
5° d’attaque 15° 30° 45° 60°
5A’ labourage labourage : labourage : copeaux coupe
bourrelets bourrelets,
languettes
5A labourage labourage : labourage : coupe + coupe
bourrelets bourrelets languettes + languettes
7D labourage labourage : labourage : Copeaux + Coupe
bourrelets + bourrelets, languettes
languettes languettes
7D’ labourage labourage : labourage : coupe + coupe
bourrelets + bourrelets, languettes
languettes languettes
Tableau 7 : différents mécanismes d’usure pour les deux angles d’attaque 5 à 60°
Durant les essais on enregistre la force de frottement. Nous pouvons donc suivre l’évolution
du coefficient de frottement apparent en fonction de la distance de glissement. Nous
essayerons dans une première partie de trouver la corrélation entre coefficient du frottement et
le mode d’usure. Dans une seconde partie, en couplant les mesures expérimentales aux
modèles de rayage du coefficient de frottement, nous déduirons le coefficient de frottement
local du frottement
130
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
Le coefficient de frottement apparent dans un essai de rayage est défini comme étant le
rapport de l’effort tangentiel sur l’effort normal. La force tangentielle est classiquement
décomposée en une force adhésive Fa qui correspond au frottement local et une force de
labourage Fp qui correspond à la déformation plastique du matériau.
Les coefficients de frottement mesurés durant les essais sont présentés sur les figures 25 à 28.
Coeff
Coeff
0,8 0,8
0,6 0,6
0,4 0,4
0,2 0,2
0 0
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 0 0,5 1 1,5 2 2,5 3
(a) (b)
Fig. 25 : Evolution du coefficient du frottement pour le 7D’ : (a) angle 30°, (b) angle 60°.
Coeff
0,8 0,8
0,6 0,6
0,4 0,4
0,2 0,2
0 0
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 0 0,5 1 1,5 2 2,5 3
Distance (mm) Distance (mm)
(a) (b)
Fig. 26 : Evolution du coefficient du frottement pour le 7D : (a) angle 30°, (b) angle 60°.
Coeff
0,8 0,8
0,6 0,6
0,4 0,4
0,2 0,2
0 0
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 0 0,5 1 1,5 2 2,5 3
distance (mm) Distance (mm)
(a) (b)
Fig. 27 : Evolution du coefficient du frottement pour le 5A : (a) angle 30°, (b) angle 60°.
131
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
Coeff
1 0,8
Coeff
0,8 0,6
0,6 0,4
0,4 0,2
0,2 0
0
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3
Distance (mm)
distance (mm)
(a) (b)
Fig. 28 : Evolution du coefficient du frottement pour le 5A’ : (a) angle 30°, (b) angle 60°.
Dans cette partie, nous nous intéressons à la pression de contact indenteur / échantillon. Nous
avons étudié dans une première partie l’effet de l’effort normal sur la résistance à l’usure des
alliages de la famille 7xxx. Une relation entre la taille des grains d’aluminium et la résistance
à l’usure a été établie afin de mettre en avant l’importance d’une structure fine des alliages. La
deuxième partie est dédiée à l’étude de l’effet de l’anodisation sur la résistance à l’usure et les
mécanismes d’usure. Le comportement du même alliage (5A) dans les deux états nu et revêtu,
permet d’étudier qualitativement et quantitativement l’usure.
Dans cette partie, nous avons étudié l’effet de l’effort normal en utilisant un indenteur conique
à bout sphérique. Au niveau des matériaux, seuls les alliages à durcissement structural sont
étudiés. A noter la particularité de l’alliage 7F qui possède une structure fine. Le tableau 8
montre les différents alliages et les duretés correspondantes.
132
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
Nous rappelons que les paramètres mesurés durant ces essais sont :
La figure 29 montre l’évolution des sections des cratères et des bourrelets en fonction de
l’effort normal respectivement pour les alliages 7E’, 7F et 7D’.
7000 Cône
S- (µm2)
6000
5000 S+ (µm2)
S- (µm2)
4000
3000
2000
1000
0
0 5 10 15 20
Fn (N)
(a)
7000 Cône
6000
S- (µm2)
5000
S- (µm2)
4000 S+ (µm2)
3000
2000
1000
0
0 5 10 15 20
Fn (N)
(b)
7000
6000
5000
4000 S- (µm2)
3000 S+ (µm2)
2000
1000
0
0 5 10 15 20
(c)
Fig. 29 : Variation de la section du cratère et du bourrelet en fonction de l’effort normal : (a)
7E’, (b) 7F et (c) 7D’.
Comme nous l’avons signalé précédemment, les sections des bourrelets sont délicates à
quantifier. Sur la figure précédente, nous remarquons que les sections des bourrelets sont
supérieures aux volumes des cratères. Ce résultat est dû à un artéfact de mesure. En effet, le
vide mesuré en dessous des languettes formées sur les côtés de la rayure est considéré comme
133
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
étant de la matière au niveau des mesures profilométriques. Dans ce que suit nous ne nous
intéressons qu’au volume du cratère.
Les sections des cratères montrent une variation linéaire en fonction de l’effort normal. En
effet, en augmentant l’effort normal, la pression de contact croît et on a mesuré une
augmentation de la profondeur de pénétration.
Une étude comparative des différents alliages est présentée dans la figure 30. Elle montre la
variation de la section du cratère en fonction de l’effort normal pour les alliages testés.
4000
Sections des cratères
3000
(µm2)
7E’
7075T6
2000
7F
7108F7
1000 7D’
7020T6
0
0 5 10 15 20 25
Fn (N)
Fig. 30 : Sections des cratères en fonction de l’effort normal pour les trois alliages étudiés.
On remarque que le matériau le plus dur, le 7E’, résiste mieux quelque soit l’effort normal. En
revanche, le 7D’ possède pratiquement la même résistance à l’usure que le 7F bien que ce
dernier soit moins dur. La corrélation entre la dureté et l’usure abrasive n’est pas à nouveau
vérifiée. Ce point est détaillé dans le paragraphe suivant.
5.2.1. Introduction
Comme nous l’avons vu précédemment, la corrélation entre la dureté et l’usure abrasive n’est
pas vérifiée. Nous avons observé le comportement particulier de l’alliage 7F qui présente une
résistance à l’usure identique à celle du 7D’, bien que ce dernier soit plus dur. La particularité
de cet alliage est qu’il possède une structure plus fine. La taille moyenne des grains
d’aluminium, dans le sens TC est de l’ordre de 8µm (annexe 3).
Les essais sont réalisés avec un effort normal et une vitesse de glissement constants
respectivement de 20N et 250µm/s.
134
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
Bille
Section du cratère S-
100 7E'
50 7D'
0
0,004 0,006 0,008 0,01 0,012
1/Hv
Dans le cas d’une bille, l’usure est très faible. Dans une telle configuration, il apparaît
intéressant de comparer la taille de la trace d’usure et la taille des grains d’aluminium.
Pour ce faire, un tableau comparatif entre les dimensions de la rayure et celles des grains
d’aluminium (Tableau 9) est présenté ci-dessous :
matériaux Largeur rayure Profondeur rayure Taille des grains Taille des grains Taille des grains
(µm) (µm) sens TC (µm) sens TL (µm) sens L (µm)
7E’ 130 1.5 24 155 220
7D’ 140 2 33 220 200
7F 168 2.53 8 290 500
7D 150 2.5A’ 33 220 200
Tableau 9 : Comparaison de la taille de la rayure formée par une bille et celle des grains
d’aluminium pour une bille.
- la profondeur de la rayure est inférieure à la taille des grains dans le sens TC,
- la largeur de la rayure est inférieure à la taille des grains dans les deux sens TL et L.
Nous pouvons donc constater que la sollicitation est limitée à un seul grain d’aluminium (sens
TC). L’influence de la taille des grains d’aluminium dans cette configuration ne peut donc
être étudiée simplement.
Les mêmes résultats pour un cône sont présentés dans la figure 32. Elle montre une tendance
toujours linéaire de l’usure en fonction de 1/Hv (mais cette fois avec un coefficient de
135
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
frottement de 0.7). Cependant, l’alliage 7F présente d’une part une dureté moins élevée que
l’alliage 7D’, mais également une résistance comparable. Il présente donc une meilleure
résistance à l’usure, comparativement aux autres alliages à duretés équivalentes.
Cône
Section du cratère S-
4000 7D
7D'
3000
(µm2) 7E' 7F
2000
1000
Courbe de tendance
0
0,004 0,006 0,008 0,01 0,012
1/HV
Les dimensions de la rayure et des grains d’aluminium sont présentées dans le tableau 10.
matériaux Largeur rayure Profondeur rayure Taille des grains Taille des grains Taille des grains
(µm) (µm) sens TC (µm) sens TL (µm) sens L (µm)
7E’ 108 27 24 155 220
7D’ 150 39 33 220 200
7F 140 37 8 290 500
7D 167 43 33
Tableau 10 : Comparaison de la taille de la rayure et des grains d’aluminium pour un cône.
Ce tableau montre que pour une telle configuration, les profondeurs des traces sont du même
ordre de grandeur que les tailles des grains d’aluminium dans le sens TC, à l’exception du 7F.
Ce dernier possède une profondeur de pénétration quatre fois plus importante que la taille des
grains d’aluminium dans le sens TC. Dans ce cas, on sollicite en moyenne quatre grains.
La résistance plus élevée du 7F est probablement due à cet effet de taille des grains
d’aluminium. Une structure fine peut donc améliorer la résistance à l’usure lorsque la
profondeur de pénétration dépasse la taille d’un grain abrasif dans le sens TC. En effet, les
joints de grains peuvent jouer le rôle de murs et participent au blocage des mouvements des
dislocations et par suite, à la création des microcavités lors de l’écoulement de matière.
5.2.4. Synthèse
Dans les deux cas précédents on pourra avoir deux comportements suivant le niveau de
sollicitation (Fig. 33).
136
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
Indenteur
Grain d’aluminium
(a)
N
T
Indenteur
Grain d’aluminium
(b)
Fig. 33 : (a) faible pression : profondeur de pénétration inférieure à la taille du grain
d’aluminium, (b) forte pression : profondeur de pénétration supérieure à la taille du grain
d’aluminium.
Une recherche bibliographique a montré que peu de travaux ont traité la corrélation entre la
résistance à l’usure et la taille des grains du matériau. Le résultat obtenu en rayage par un
cône est en accord avec celui obtenu au Centre de Recherche Voreppe, sur un test abrasif à
trois corps.
5.3.1. Introduction
Afin d’améliorer les propriétés mécaniques de surface, nous avons effectué un traitement
d’anodisation, qui est l’une des techniques utilisée en raison de sa facilité de mise en œuvre et
de son faible prix de revient. L’anodisation traitée dans cette étude est une anodisation
sulfurique colmatée. L’annexe 1 présente en détail le principe de l’anodisation et ses
propriétés générales.
Dans cette étude, nous nous intéressons plus particulièrement à l’influence de la couche
d’anodisation sur la résistance à l’usure et sur la transition entre les modes d’usure de l’alliage
137
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
5.3.2. Résultats
7000
Section du cratère S-
anodisé
6000
nu
5000
(µm2)
4000
3000
2000
1000
0 Fn (N)
0 5 10 15 20 25
138
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
N N
T T
Indenteur Indenteur
Couche Couche
substrat substrat
(a) (b)
Fig. 35 : (a) Faible charge : sollicitation de la couche d’anodisation, (b) Forte charge :
sollicitation de la couche et du substrat.
Malgré l’augmentation de la dureté par anodisation (couche anodisé plus dure), la résistance à
l’usure n’est pas améliorée. La loi d’Archard est donc de nouveau pas vérifiée.
Ce comportement est probablement gouverné par la transition des mécanismes d’usure en
anodisant la surface. En effet, les observations MEB (Fig. 36) présentent respectivement les
traces d’usure de l’alliage 5A avant et après anodisation. Ces observations montrent un
comportement fragile de la couche anodisée. La figure 36b montre la morphologie des traces
d’usure pour le matériau anodisé. Des particules complètement détachées de la surface sont
observées très loin de la rayure. Des fissures sont aussi observées autour de la trace d’usure.
En revanche, pour le même alliage nu (Fig. 36a), les traces d’usure montrent un
comportement ductile. Le mécanisme d’usure est plutôt du labourage et de la formation de
bourrelets.
Des mesures du coefficient de frottement couplé aux observations microscopique des traces
de rayage permettent de trouver une relation entre mécanisme d’usure et coefficient de
frottement. En effet, pour l’état anodisé (surtout à faible effort), le coefficient de frottement
montre une fluctuation. Cette variation est liée au mode de fragmentation de la couche
anodisée. Ces résultats sont en accord avec les travaux de Kayaba [22], qui montre qu’un
coefficient de frottement élevé avec une fluctuation le long de la distance parcourue,
correspond à un mécanisme de coupe. En revanche, un coefficient moins élevé et plus stable
correspond à un mécanisme de labourage.
139
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
(a)
(b)
Fig. 36 : Observations MEB pour : (a) matériau nu (b) anodisé.
140
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
5.3.3. Synthèse
La majorité des problèmes industriels sont confrontés à des phénomènes d’usure abrasive
répétitifs qui sont souvent complexes. Les travaux de simulation effectués jusqu’à nos jours et
qui traitent le glissement répétitif sont nombreux, mais restent toujours, soit limités à une
application bien déterminée, soit très simplifiés par rapport à la réalité. Kato [4] a étudié le
glissement répétitif in situ ainsi que la transition des mécanismes d’usure en fonction du
nombre de cycles. Il a montré que les mécanismes d’usure passent du labourage, pour un
faible nombre de cycles à la formation de languettes et enfin à la coupe. Kato a utilisé une
configuration pion disque, et les glissements ont lieu au même endroit.
En revanche, les problèmes industriels sont plus complexes et les glissements répétitifs ne
s’effectuent pas obligatoirement sur le même endroit. Dans la réalité, les glissements répétitifs
des particules provoquent des chevauchements de traces.
Notre idée est de trouver une nouvelle méthodologie permettant de simuler les interactions
entre les traces d’usure.
Le but de cette partie est de simuler les interactions des traces d’usure, afin d’étudier la
réponse des sollicitations des bourrelets. Des traces d’usure juxtaposées sont réalisées.
On réalise une première rayure, puis on réalise une deuxième rayure parallèle et distante de a.
Enfin, on réalise une troisième rayure parallèle qui sera au milieu des deux rayures
précédentes.
La figure 37 montre un schéma simplifié de la procédure de simulation.
141
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
N
T
bourrelets
a
indenter
indenteur
Rayure 1
1 3 2
Rayure 3 a
a/2
Rayure 2
6.3. Résultats
Dans cette partie, nous présentons les résultats pour les alliages de référence :
6.3.1. Alliage 5A
La figure 38 montre une illustration des traces d’usure pour l’alliage 5A, respectivement pour
a = 150 et 400µm. Pour a = 150µm, les trois traces d’usure sont pratiquement superposées. En
revanche pour a = 400 µm, durant la troisième rayure, on sollicite surtout les bourrelets
formés durant la réalisation des deux premières rayures.
Pour a = 700µm, les trois rayures sont indépendantes.
142
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
(a)
(b)
Fig. 38 : Traces d’usure pour le 5A( recuit) (a) pour a=150µm et (b) pour a=400µm.
143
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
La figure 39 présente la morphologie des traces d’usure pour l’alliage 7D’ pour a=150 et
400µm. Contrairement au 5A, l’alliage 7D’ présente une transition du mécanisme d’usure du
labourage pour des traces monocycliques indépendantes, à la formation de copeaux lors des
interactions des bourrelets.
(a)
(b)
Fig. 39 : Traces d’usure pour le 7D’ : (a) pour a=150µm et (b) pour a=400µm.
144
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
Dans cette configuration, le matériau déformé sur les côtés durant les deux premières rayures
n’est pas susceptible de se déformer une autre fois et il part plutôt sous forme de copeaux.
Le comportement du matériau déformé sur les côtés est donc très important. En effet, si un
matériau présente une meilleure résistance en rayage simple, cela ne signifie pas qu’il résiste
mieux à l’usure, si l’interaction des traces d’usure engendre des copeaux d’usure.
6.3.2. Alliage 7F
Les mêmes essais sont effectués sur l’alliage 7F. La figure 40 présente la morphologie des
traces d’usure pour l’alliage 7F pour a=150 et 300µm. Le 7F présente un comportement
similaire au 5A. Le matériau est susceptible de se déformer sur les côtés de la rayure.
145
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
(a)
(b)
Fig. 40 : Traces d’usure pour le 7F : (a) pour a=150µm et (b) pour a=400µm.
L’alliage 7F présente donc un comportement similaire à l’alliage 5A. C’est une exception
dans la famille 7xxx.
146
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
6.3.3. Synthèse
Cette étude nous a permis de mettre en place une méthodologie de simulation. Cette
méthodologie est utilisée surtout pour simuler les glissements répétitifs avec interactions entre
les traces d’usure. Elle permet d’étudier le comportement de la matière déformée sur les côtés
des traces antérieures.
L’analyse des interactions des traces d’usure montre deux types de comportement des alliages
d’aluminium :
7- SYNTHESE ET CONCLUSIONS :
A la lumière de cette étude, nous avons montré que la corrélation entre dureté et résistance à
l’usure abrasive n’est pas toujours vérifiée. Nous avons mis en évidence une corrélation entre
le mode de durcissement, la résistance à l’usure et la géométrie de l’indenteur. A ce niveau,
nous avons montré que :
147
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
Enfin, une nouvelle méthode de simulation nous a permis de connaître et simuler des
glissements répétitifs avec interaction des bourrelets. Nous avons montré que pour la famille
5xxx, le mécanisme de labourage persiste lors des sollicitations de bourrelets. En revanche,
une sollicitation similaire pour la famille 7xxx favorise la transition du mécanisme d’usure de
labourage à la formation de copeaux.
Nous avons montré également que l’alliage à structure fine présente une résistance à l’usure
améliorée.
148
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
Références :
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of elastic and plastic deformation during a scratch test", Wear, 218 (1998), p. 8-14.
[2] Jardret V., Apport des techniques sclérométriques à la caractérisation des propriétés
mécaniques de surfaces, Ph. D. Thesis, N° 96-09, Ecole Centrale de Lyon, (1996).
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during repeated sliding friction observed by a scanning electron microscope tribosystem",
Wear, 135 (1990), p. 237-249.
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Wear, 241 (2000), p. 214-219.
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Material Science and Metallurgy University of Cambridge, Edward Arnold, Editor (1992).
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and relationship between abrasive wear and hardness in repetitive sliding, To appear, in
Tribology International..
[9] Johnson K. L., "The correlation of indentation experiments", J. Mech. Phys. Solids, 18
(1970), p. 115-126.
[11] S. Fouvry, Ph. Kapsa and L. Vincent, An elastic-plastic shakedown analysis of fretting,
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149
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[12] E. Sauger, S. Fouvry, L. Ponsonnet, Ph. Kapsa, J.M. Martin and L. Vincent,
Tribologically transformed structure in fretting, Wear, 245 (2000), p. 39-52.
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appear in Industrial Lubrication and Tribology, In press.
[14] Sun, Y., The effect of deformation before ageing on the wear resistance of an aluminium
alloy, Materials Letters, 38 (1999), p. 221-226.
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Techniques, N° 3 – 4 (2001), p. 29-44.
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last decade, Br. J. Appl. Phys., 17 (1966), p. 1521-1544.
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Wear, 5 (1962), p. 114-135.
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scratch test, Wear, 252 (2002), 123-134.
[21] Archard, J. F., Contact and rubbing of flat surface, Journal of Applied Physics, 24
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150
Chapitre 4 Test de rayage – corrélation entre dureté et usure abrasive
[22] Kayaba, T., Hokkirigawa, K., and Kato, K., Analysis of the abrasive wear mechanism by
successive observations of wear processes in a scanning electron microscope, Wear, 110,
(1986), p. 419-430.
151
Chapitre 5 Modélisation de l’essai de rayage
152
Chapitre 5 Modélisation de l’essai de rayage
SOMMAIRE
1. INTRODUCTION.......................................................................................................... 154
2. MODELISATION : ETUDE QUANTITATIVE DE L’ESSAI DE RAYAGE ............ 154
2.1. Développement du modèle...................................................................................... 154
2.2. Calcul de la section de la rayure.............................................................................. 156
2.2.1. Rayage avec le bout sphérique (h≤ R(1-cosθ)) ................................................ 156
2.2.2. Rayage avec le bout sphérique et une partie du cône (h> R(1-cosθ)).............. 156
2.3. Calcul de l’effort normal et tangentiel .................................................................... 157
2.3.1. Rayage avec le bout sphérique (h≤ R(1-cosθ)) ................................................ 157
2.3.2. Rayage avec le bout sphérique et une partie du cône (h> R(1-cosθ)).............. 157
2.4. Comparaison modèle / expérience .......................................................................... 158
2.4.1. Conditions expérimentales ............................................................................... 158
2.4.2. Comparaison..................................................................................................... 158
2.4.3. Importance du durcissement en sous couche ................................................... 160
2.5. Synthèse .................................................................................................................. 160
3. PARAMETRES RHEOLOGIQUES.............................................................................. 161
3.1. Introduction ............................................................................................................. 161
3.2. Différents modèles .................................................................................................. 161
3.2.1. Modèle Bowden et Tabor................................................................................. 161
3.2.2. Modèle (Bowden et Tabor modifié)................................................................. 162
3.2.3. Modèle de comportement en 3D ...................................................................... 163
3.3. Application .............................................................................................................. 167
3.3.1. Modèle Bowden et Tabor (comparaison entre modélisation et expérimentation -
coefficient de frottement apparent) ............................................................................ 167
3.3.2. Modèle Bowden et Tabor modifié (détermination de coefficient de frottement
interfacial) .................................................................................................................. 169
3.3.3. Modèle de comportement en 3D ...................................................................... 170
3.4. Synthèse .................................................................................................................. 171
4. CONCLUSION .............................................................................................................. 173
REFERENCES....................................................................................................................... 174
153
Chapitre 5 Modélisation de l’essai de rayage
1. INTRODUCTION
Dans la suite de ce travail, nous présentons d’abord un modèle de rayage développé par Liu
[1] en prenant une géométrie relativement complexe (un indenteur conique à bout sphérique).
Nous nous intéressons particulièrement à la variation de la section de la rayure en fonction de
l’effort normal. Le choix de ce type d’indenteur est justifié par les travaux de Sun et Saka [2].
Ils ont montré qu’une meilleure approximation des grains abrasifs est un cône à extrémité
hémisphérique. Cela semble tout à fait logique car en réalité les grains abrasifs possèdent
souvent des angles arrondis qui proviennent soit de la phase de fabrication soit de
fragmentations pendant la sollicitation.
L’influence de l’angle d’attaque de l’indenteur sur les paramètres rhéologiques sera aussi
développée. La comparaison entre les modèles rhéologiques et l’expérimentation permet de
mettre en évidence la limitation de certains modèles utilisés. L’importance de la composante
adhésive du frottement et sa relation avec l’angle d’attaque a été mis en évidence.
La figure 1 montre les différents paramètres du contact d’un indenteur conique à bout
sphérique. Les paramètres géométriques du contact sont :
- h la profondeur de la rayure,
154
Chapitre 5 Modélisation de l’essai de rayage
- θ l’angle d’attaque,
- R le rayon du bout sphérique.
Pour un indenteur conique à bout sphérique, on peut distinguer selon les conditions de
sollicitation et les propriétés du matériau deux cas :
dϕ ϕ
dAc
Dire
ctio Force normale r
Indenteur n de
rigide
gliss
em e τdAc pdAc
nt
dα
h>R(1-cosθ) R α θ
Z Ma t
éria
Indenteur
ux d rigide dAs
uctil
e
h≤R(1-cosθ) τdAs pdAs
X Matériaux ductile
Dans la suite de ce travail, nous nous intéressons au calcul de la section de la rayure (section
de scratch S-) en fonction à la fois des paramètres géométriques de l’indenteur et des
propriétés mécaniques du matériau.
155
Chapitre 5 Modélisation de l’essai de rayage
S-
Fig. 2 : Section de scratch S- à modéliser.
Dans chacun des cas précédents, on calcule la section de la rayure pour une profondeur de
pénétration h donnée. Le calcul s’effectue par intégration à partir de la géométrie de la trace
d’usure.
La section transversale d’une trace de la rayure est obtenue par intégration de la surface
élémentaire d’une calotte sphérique projetée selon la direction de glissement. Pour une
profondeur de pénétration donnée la section de rayure AsP est donnée par :
1 2⎧ ⎛ h⎞ ⎡ ⎛ h ⎞⎤ ⎫
AsP = R ⎨2 cos −1 ⎜1 − ⎟ − sin ⎢2 cos −1 ⎜1 − ⎟⎥ ⎬ (1)
2 ⎩ ⎝ R⎠ ⎣ ⎝ R ⎠⎦ ⎭
La configuration est analogue à une configuration bille/plan et la rayure est générée par le
bout sphérique.
2.2.2. Rayage avec le bout sphérique et une partie du cône (h> R(1-cosθ))
Dans cette configuration, la rayure est générée par la partie sphérique et par une partie de la
partie conique. La section transversale de la trace d’usure Acp s’écrit alors :
R2 ⎡ h ⎛h⎞
2
h ⎤
Acp = ⎢ 2θ sin θ + 2 − 2 + 3 cos θ − cos 3
θ + ⎜ ⎟ cos θ − 2 cos θ − sin 2θ sin θ ⎥ (2)
2 sin θ ⎢⎣ R ⎝R⎠ R ⎥⎦
156
Chapitre 5 Modélisation de l’essai de rayage
Pour calculer les efforts normal et tangentiel, nous distinguons aussi les deux cas précédents.
Soit dPs et dQs les deux efforts normal et tangentiel appliqués sur une unité de surface dAs de
la partie hemisphérique.
−1 ⎛ h⎞
dPs = p cos αdAs, 0 ≤ α ≤ cos ⎜1 − ⎟, dAs = R 2 sin αdαdϕ
⎝ R⎠
⎛ τ ⎞ π π
dQs = p⎜⎜ sin α cos ϕ + sin ϕ ⎟⎟dAs, − ≤ϕ ≤ (3)
⎝ p ⎠ 2 2
π /2 cos −1 (1− h / R ) π ⎡ ⎛ h⎞ ⎤
2
π /2 cos −1 (1− h / R ) ⎛ τ ⎞
Qs = Ps = 2 ∫ ∫ pR 2 ⎜⎜ sin α cos ϕ + sin ϕ ⎟⎟ sin αdαdϕ
0 0
⎝ p ⎠
⎧ 2 1/ 2
⎛ τ ⎞⎛ h ⎞⎫⎪
⎪ −1 ⎛ h ⎞ ⎛ h ⎞ ⎡ ⎛ h ⎞ ⎤
= pR ⎨cos ⎜1 − ⎟ − ⎜1 − ⎟ ⎢1 − ⎜1 − ⎟ ⎥ + 2⎜⎜ ⎟⎟⎜ ⎟⎬
2
⎪⎩ ⎝ R ⎠ ⎝ R ⎠ ⎣⎢ ⎝ R ⎠ ⎦⎥ ⎝ p ⎠⎝ R ⎠⎪⎭
Les efforts sont exprimés en fonction des contraintes de contact (p et τ), du rayon R et de la
profondeur h.
2.3.2. Rayage avec le bout sphérique et une partie du cône (h> R(1-cosθ))
Les forces appliquées par la partie hémisphérique se calculent pour α=θ. On aura :
Les forces appliquées par la partie conique se calculent en substituant α par θ dans l’équation
(3) et en écrivant : dAs = r (1 / cos θ )drdϕ où R sin θ ≤ r ≤ a / 2 .
Les forces sont alors égales à :
157
Chapitre 5 Modélisation de l’essai de rayage
π ⎧⎪⎡⎛ h ⎞ ⎤
2
⎫⎪
Pc = pR ⎨⎢⎜ − 1 + (1 / cosθ ) ⎟ cot θ ⎥ − sin 2 θ ⎬
2
2 ⎪⎩⎣⎝ R ⎠ ⎦ ⎪⎭
⎣ ⎝ p⎠ ⎦ ⎪⎩⎣⎝ R ⎠ ⎦ ⎪⎭
Les efforts normal et tangentiel total seront la somme de deux composantes appliquées à la
fois sur la partie sphérique et conique de l’indenteur.
⎧ P = Ps + Pc
⎨ (7)
⎩Qs = Qs + Qc
Les deux équations (4) et (7) permettent de calculer les efforts normal et tangentiel pour les
deux cas (rayage qu’avec le bout sphérique ou rayage avec la partie sphérique et une partie
conique). Les paramètres d’entrée sont l’angle d’attaque θ, le rayon du bout sphérique R, la
profondeur de pénétration h et les deux pressions de contact interfaciale p et τ.
Dans cette partie, nous présentons une comparaison entre modélisation et expérimentation.
Nous détaillerons particulièrement la variation de la section de rayage en fonction de l’effort
normal.
Les essais sont menés sur le test de rayage (scléromètre) développé dans le chapitre 4.
L’indenteur utilisé est un indenteur conique à un bout sphérique avec un angle d’attaque de
30° et un bout sphérique de rayon 10 µm.
Nous avons réalisé des essais à différents chargements. L’effort normal a pris les valeurs de 1,
5, 10, 15 et 20N. La vitesse du glissement est maintenue constante à 250µm/s. Les matériaux
testés sont les deux représentants des deux familles 5xxx et 7xxx : (5A (Hv=69) et 7D’
(Hv=128)).
2.4.2. Comparaison
Les mesures profilométriques ont permis de mesurer les profondeurs des rayures réalisées.
Ces mesures montrent que la profondeur de pénétration est supérieure à R(1-cosθ) pour une
gamme d’effort normal compris entre 1 et 20N. Dans cette configuration, le rayage s’effectue
par la partie sphérique et une partie du cône.
Nous rappelons que le but de cette étude est d’étudier l’effet de l’effort normal sur la section
de scratch. Donc la section de scratch doit être exprimée en fonction de l’effort normal.
158
Chapitre 5 Modélisation de l’essai de rayage
2 sin θ ⎣⎢ R ⎝R⎠ R ⎦⎥
Nous rappelons que les duretés Vickers (HV15g) prises pour le modèle sont 128 et 69
respectivement pour le 7D’ et 5A.
10000
1000
S-(µm2)
100 modèle
expérience
10
1
0 5 10 15 20 25
P(N)
(a)
10000
1000
S-(µm2)
100 expérience
modèle
10
1
0 5 10 15 20 25
P(N)
(b)
Fig. 3 : Comparaison entre modélisation et expérimentation pour (a) 7D’ (Hv=128) et (b) 5A
(Hv=69).
159
Chapitre 5 Modélisation de l’essai de rayage
La figure 3a montre une bonne corrélation entre le modèle et l’expérience pour l’alliage 7D’.
En revanche, pour l’alliage 5A (recuit), on remarque qu’il y a un décalage entre la valeur
théorique et l’expérimentation. En effet, les valeurs de modélisation sont légèrement
supérieures à celles mesurées sur les traces d’usure. Ce décalage peut être la conséquence du
durcissement de la couche superficielle pour cet alliage.
10000
1000
S-(µm2)
100 expérimentation
modèle
10
1
0 5 10 15 20 25
Fn(N)
La comparaison montre une bonne corrélation en prenant en compte la dureté en sous couche
après usure.
Ce résultat a mis en évidence l’importance de la dureté en sous couche et non pas la dureté
initiale. Une amélioration du modèle de Liu [1] peut être mis en place en prenant en compte la
loi de comportement de l’alliage testé et son aptitude à changer ses propriétés en sous couche
sous l’effet de rayage (durcissement, adoucissement). Nous proposons ainsi de remplacer la
pression d’écoulement p par la dureté après usure et non pas la dureté initiale.
2.5. Synthèse
La section de scratch est un des paramètres les plus importants qui permet d’étudier
quantitativement l’usure. Nous avons montré une bonne corrélation entre le modèle
analytique et l’expérimentation de la section de rayage en prenant en compte la dureté après
usure.
L’intégration de la loi de comportement est apparue intéressante afin de prendre en compte le
changement de la réponse du matériau sous sollicitation. En particulier, l’estimation du
160
Chapitre 5 Modélisation de l’essai de rayage
3. PARAMETRES RHEOLOGIQUES
3.1. Introduction
Nous étudions dans cette partie la corrélation entre l’angle d’attaque et le coefficient de
frottement. Pour ce faire des différents angles d’attaque ont été utilisés. Cinq indenteurs sont
utilisés avec différents angles d’attaque (5, 15, 30, 45 et 60°).
Dans chaque cas, le coefficient de frottement apparent est mesuré et les mécanismes d’usure
ont été mis en évidence.
Nous présentons dans une première partie des différents modèles rhéologiques permettant de
calculer le coefficient de frottement apparent en fonction des paramètres géométriques et
interfaciaux. Les hypothèses de chaque modèle ont été précisées et leurs influences feront
l’objet d’une discussion.
La seconde partie est dédiée à l’application de différents modèles développés précédemment.
L’analyse des résultats permet de mettre en évidence la limitation de l’application des
différents modèles.
Le coefficient de frottement apparent est défini comme étant le rapport entre l’effort normal et
tangentiel. Nous considérons ici que l’effort tangentiel se décompose en une force adhésive
qui représente le frottement local entre l’indenteur et le matériau, et une force de labourage
induite par la déformation plastique.
Ft = Fp+Fa
161
Chapitre 5 Modélisation de l’essai de rayage
Ft F p
µ0 = = , W : effort normal
W W
Si on néglige la composante adhésive (contact lubrifié) devant la composante de labourage et
on exprime les forces en fonction des pressions d’écoulement on aura :
Fp=Hp.Ap
W=Hs.As Hp et Hs : respectivement sont les duretés de labourage et de rayage, .
Ap H p
Donc µ 0 = pour Hp=Hs cela conduit à
As H s
⎛2⎞
µ 0 = ⎜ ⎟ cot θ (Bowden et Tabor [3])
⎝π ⎠
Plus récemment, il est apparu que l’énergie d’adhésion est souvent non négligeable. Plusieurs
chercheurs ont essayé d’intégrer son influence dans la modélisation.
Nous présentons dans cette partie le modèle de Bowden et Tabor amélioré. Ce modèle
introduit la composante d’adhésion interfaciale entre indenteur et matériau.
Si on tient compte de la composante adhésive, l’hypothèse principale du modèle de Goddard
et Wilman [4] est que la cission de frottement au contact matière / indenteur est parallèle à la
surface initiale de l’échantillon. Laval [5] a simplifié ce modèle en supposant que les
contraintes sont uniformes sur toute la surface. Ce modèle nous permet d’estimer le
coefficient de frottement local de Coulomb entre l’indenteur et le matériau à partir des
mesures des forces normales et tangentielles au cours de l’essai de rayage.
Lors de l’usinage, le matériau se divise en deux flux devant l’indenteur. Une partie plonge
sous l’indenteur et/ou le contourne comme dans le cas du labourage, l’autre partie est évacuée
vers le haut de l’indenteur sous forme de copeau. Le sens des cissions à l’interface va donc
dépendre du mode d’écoulement que subit le matériau. Pour le labourage, la cission τ exercée
par le matériau sur l’indenteur en un point M est dirigée vers le bas. Pour l’usinage si on fait
l’hypothèse que toute la matière est évacuée par le copeau, la cission exercée sur l’indenteur
est donc vers le haut (Fig.5). Les expressions du coefficient de frottement µ0 sont données par
les équations suivantes :
- labourage (Fig.5a) :
Ft p cos θ + τ sin θ
µ0 = = ce qui conduit alors à :
W p sin θ − τ cos θ
162
Chapitre 5 Modélisation de l’essai de rayage
τ
1+ tan θ
2 p
µ0 =
π tan θ − τ
p
- usinage (Fig.5b) :
Ft p cos θ − τ sin θ
µ0 = =
W p sin θ + τ cos θ
τ
1− tan θ
2 p
µ0 =
π tan θ + τ
p
p et τ sont les contraintes locales normal et tangentiel à l’interface.
x x
W W
Ft y Ft y
Ce modèle permet d’estimer le coefficient de frottement local τ/p (dit aussi coefficient de
frottement de Tresca). A partir du coefficient de frottement apparent, les équations
précédentes permettent de calculer le coefficient de frottement local relatif aux mécanismes
d’usure susceptibles d’avoir lieu lors d’un processus de rayage. Les paramètres d’entrée de ce
modèle sont liés principalement à l’interface (p et τ) et à la géométrie de l’indenteur θ.
163
Chapitre 5 Modélisation de l’essai de rayage
Direction de rayage
n t
D
A D
C
β C
A B
θ B τ τr
β ηθ
r0 R τr R
dS
d σ τθ
r τθ
Lignes d ’écoulement
O de matières par rapport
O
à l ’indenteur
(a) (b)
D
τr C
R
θ τθ τ
B
A(O)
(c)
Fig. 6 : (a) surface de contact et différentes variables associés, (b) relation entre la direction
d’écoulement du matériau et ηθ, (c) l’effort de cisaillement et les flux d’écoulement du
matériau pour β → 0° [6].
164
Chapitre 5 Modélisation de l’essai de rayage
Les contraintes totales appliquées par l’indenteur sont σt selon la direction de glissement et σn
selon la direction axiale en un point R.
Une petite surface de contact au point R peut s’écrire : dS = r cos βdθdr (13)
r0
π
2
Fn = 2 ∫ σ n dS = 2 ∫ ∫ σ n r cos βdθdr (14)
0 0
où r0=d/sinβ est la longueur de la ligne OC. En considérant les équations précédentes et que σ
est indépendante de l’angle θ et en intégrant les équations par rapport à θ on a alors :
⎛
⎜ µ s (η + cos β ) cos⎛⎜ηπ 2 ⎞⎟ ⎞⎟ r
⎝ ⎠⎟ 0
FT = 2 cos β ⎜ sin β −
⎜ η −1
2
⎟0
∫ σrdr
⎜ ⎟
⎝ ⎠
⎛ ⎛ηπ ⎞ ⎞
⎜ π cos β µ s sin β sin ⎜ 2 ⎟ ⎟ r0
⎝ ⎠ ⎟ σrdr
FN = 2 cos β ⎜
⎜ 2
−
η ⎟0
∫ (15)
⎜ ⎟
⎝ ⎠
Où la contrainte normale σ est une fonction qui peut dépendre de r, des propriétés de
l’échantillon, de l’angle d’attaque et du coefficient de frottement interfacial µs.
Ces équations sont insuffisantes pour déduire l’effort normal et tangentiel puisque σ est
inconnue. Ces équations sont en accord avec la simulation numérique effectuée par Liu [1] et
qui montre que le maximum de l’effort tangentiel croit avec µs, alors que le maximum de
l’effort normal décroît avec µs. L’angle d’attaque doit vérifier : 0<β<90°.
A partir des expressions de FT il est clair que FT est toujours positif. Et à partir de l’expression
de l’effort normal qui ne peut pas être négatif on peut tirer :
165
Chapitre 5 Modélisation de l’essai de rayage
ηπ cot β
µs < (17)
2 sin ⎛⎜ηπ ⎞⎟
⎝ 2⎠
⎛ cos⎛ηπ ⎞ ⎞
⎜ ⎜ 2 ⎟⎟
⎝ ⎠⎟ π
On doit noter aussi que : η
lim1 ⎜ =−
⎜ η −1 ⎟
2
4
⎜ ⎟
⎝ ⎠
Par conséquent il n’y a pas de singularité pour η=1. En réalité ηθ indique la direction du flux
d’écoulement de matière le long de la surface de contact entre l’indenteur et l’échantillon. En
prenant en compte les équations (10) et (16) et la contrainte 0< θ<90°, nous avons toujours
τθ>0, ce qui signifie que τθ est comme indiqué sur la figure 6 et possède toujours une
projection positive selon la direction de glissement. Cela nous mène à faire la supposition que
0<η<2 car sinon le matériau s’écoule dans la direction du glissement ce qui donne un τθ<0 qui
contredit le mouvement physique entre l’indenteur et l’échantillon.
Les choses se passent différemment pour τr lorsque η varie. Si 0<η<1 , τr est toujours dans la
direction indiquée dans la figure 6 ce qui signifie que le matériau s’écoule vers le bas en
dessous de l’indenteur. Pour η=1, τr=0 quant θ=90° ce qui signifie que le matériau s’écoule
vers le bas et à gauche tout au long de la surface de contact à l’exception de la ligne OD où le
matériau s’écoule parallèle à la direction de glissement vers la gauche. Pour 1<η<2, τr peut
être négatif, nul ou positif suivant la valeur de θ. Une valeur critique de θ peut alors être
π
définie en prenant cosηθ = 0, ce qui donne : θc =
2η
Si θ<θc le matériau s’écoule vers le bas et à gauche dans la figure 6a. Mais si θc <θ<90°, le
matériau s’écoule vers le haut et à gauche. L’écoulement réel du matériau est très complexe et
dépend du mouvement relatif entre l’indenteur et l’échantillon, des propriétés du matériau, de
la géométrie et du coefficient de frottement interfacial. A partir de l’équation (15) on obtient :
F
µ= T
FN
soit
⎡
( ) ⎤
2η ⎢sin β − ⎧⎨µ s (η + cos β ) cos⎛⎜ηπ ⎞⎟ / η 2 − 1 ⎫⎬⎥
⎝ 2 ⎠
⎣ ⎩ ⎭⎦
µ = (18)
ηπ cos β − 2µ s sin β sin ⎛⎜ηπ 2 ⎞⎟
⎝ ⎠
166
Chapitre 5 Modélisation de l’essai de rayage
Donc η doit être égal à 1 pour β=0°. Cela implique aussi que pour des faibles angles d’attaque
on suppose η=1. On obtient alors :
2
2 sin β + µ s π ⎛⎜ cos⎛⎜ β ⎞⎟ ⎞⎟
⎝ ⎝ 2 ⎠⎠
µ= (20)
π cos β − 2µ s sin β
Pour des angles d’attaques plus grands la formule précédente est à modifier.
3.3. Application
Dans cette partie, nous appliquons les modèles précédemment développés. Dans une première
partie, le modèle de Bowden et Tabor permet la comparaison entre modélisation et
expérimentation du coefficient de frottement apparent. L’analyse de ces résultats a montré
l’importance de l’écart entre les valeurs théoriques et expérimentales pour des faibles angles
d’attaque. Dans une seconde partie, le coefficient de frottement interfacial (indenteur /
matériau) est analysé à travers le modèle de Bowden et Tabor modifié [3] associé aux mesures
de coefficient de frottement apparent. L’application du modèle 3D permet de confirmer les
résultats précédents et d’estimer le coefficient d’écoulement de matière.
Le matériau retenu pour cette application est l’alliage d’aluminium 5A (recuit).
Nous avons réalisé des tests de rayage avec un effort normal de 1 et 5N. La longueur de la
rayure est 3mm. Le coefficient de frottement apparent mesuré est indépendant de l’effort et de
la distance parcourue. La valeur moyenne durant l’essai du coefficient de frottement sera
retenue dans l’étude de la suite de cette partie.
167
Chapitre 5 Modélisation de l’essai de rayage
1,4
1,2
1
Coeff
0,8
0,6 modèle
0,4 mesure
0,2
0
0 20 40 60 80
angle d'attaque
Afin de vérifier la validité du modèle, une deuxième lecture des courbes précédentes est
présentée figure 8. Elle montre la variation relative entre les valeurs expérimentales et les
valeurs théoriques. Les écarts relatifs présentent une variation logarithmique en fonction de
l’angle d’attaque. En effet, pour des faibles angles d’attaque, l’écart entre expérimentation et
modélisation est important. En revanche, il tend vers zéro pour des angles beaucoup plus
élevés.
1
0,8
(µm -µth)/µm
0,6
0,4
0,2
0
0 10 20 30 40 50 60 70
angle d'attaque (degré)
Fig. 8 : Ecart relatif entre les valeurs mesurées et modélisées (µm-µth)/µm pour 5A.
Les résultats montrent que ce modèle (sans prise en compte de la composante adhésive) n’est
valable que pour des angles d’attaques importants. Dans cette situation, la force tangentielle
est alors principalement liée à la déformation plastique.
Ce résultat laisse supposer que la composante adhésive est non négligeable pour des angles
d’attaque faibles.
Afin de vérifier cette supposition, l’étude de l’influence de l’angle d’attaque sur le coefficient
de frottement local est apparue intéressante. Cette étude sera présentée dans les parties
suivantes à travers les modèles de Bowden et Tabor [3] modifié et de Subhash [6].
168
Chapitre 5 Modélisation de l’essai de rayage
Nous rappelons que ce modèle permet d’estimer le coefficient de frottement interfacial local
entre l’indenteur et le matériau. Partant du coefficient de frottement apparent (mesuré) et des
paramètres géométriques de l’indenteur, ce modèle nous permet de calculer le coefficient de
frottement local. La figure 9 montre la variation du coefficient de frottement local en fonction
de l’angle d’attaque.
1
0,8
0,6
0,4 labourage
µs
0,2 coupe
0
-0,2 0 20 40 60 80
-0,4
Angle d'attaque (degré)
Ce modèle a permis d’une part de justifier l’écart pour des faibles angles d’attaque entre
modélisation et expérimentation pour le modèle de Bowden et Tabor sans prendre en compte
la composante adhésive. En effet, nous avons montré qu’un écart important est observé entre
les valeurs expérimentales et théoriques (sans adhésion) pour des faibles angles d’attaque. Cet
écart tend vers zéro pour des angles d’attaque importants. En plus, pour des angles d’attaque
faibles, le modèle de Bowden et Tabor (avec adhésion) a permis de mettre en évidence le
coefficient de frottement local important pour des angles d’attaques faibles.
Ce résultat prouve que pour des angles d’attaques importants la quasi-totalité de l’effort
tangentiel sera utilisée pour déformer plastiquement le matériau et former les copeaux
d’usure. En revanche, pour des angles d’attaque faibles, une partie non négligeable de l’effort
tangentiel est utilisée à la surface pour rompre les jonctions adhésives. L’autre partie est
utilisée sous forme de déformation plastique participant ainsi à la formation des bourrelets.
169
Chapitre 5 Modélisation de l’essai de rayage
Dans cette partie nous essayerons d’estimer le coefficient de frottement local à partir des
mesures du coefficient de frottement apparent en utilisant l’expression simplifiée du
coefficient de frottement (équation 20).
1
0,8
0,6
µs
0,4
0,2
0
0 10 20 30 40 50 60 70
Angle d'attaque (degrée)
Ce modèle montre aussi que le coefficient de frottement local est plus important pour des
angles d’attaque faibles et confirme ainsi les résultats précédents. En revanche, pour des
angles d’attaque plus importants, ce coefficient tend vers zéro.
Nous rappelons que la formulation précédente est valable surtout pour des angles faibles
(η=1). La limitation de ce modèle est la difficulté de détermination du paramètre
caractéristique de l’écoulement de matière η.
Dans notre cas, l’angle d’attaque varie de 5 à 60° et donc l’hypothèse d’un angle faible
d’attaque du calcul précédent n’est pas toujours vérifiée. Pour ce faire, nous essayerons dans
la suite de prendre en compte cette condition afin d’être plus proche des conditions d’essais.
η = 1 + µ s sin β et
⎡
( ) ⎤
2η ⎢sin β − ⎧⎨µ s (η + cos β ) cos⎛⎜ηπ ⎞⎟ / η 2 − 1 ⎫⎬⎥
⎝ 2 ⎠
⎣ ⎩ ⎭⎦
µ =
ηπ cos β − 2µ s sin β sin ⎛⎜ηπ 2 ⎞⎟
⎝ ⎠
La figure 11 montre la variation du coefficient de frottement interfacial et du paramètre
d’écoulement de matière η en fonction de l’angle d’attaque.
170
Chapitre 5 Modélisation de l’essai de rayage
eta
µs
1,2 0,3
0,25
1,15
0,2
éta
1,1 0,15
µs
0,1
1,05
0,05
1 0
0 20 40 60 80
angle d'attaque (degrée)
Une relation entre ces mécanismes d’usure et le coefficient de frottement apparent est ainsi
établie. En effet, le mécanisme de labourage persiste pour un coefficient de frottement
apparent inférieur à 0.6. En revanche, le mécanisme de coupe se met en place pour un
coefficient supérieur à 0.7 (β = 45°).
Ces mécanismes d’usure influent aussi clairement sur l’adhésion matériau / indenteur. Pour un
coefficient de frottement interfacial supérieur à 0.15 (β = 30°), le mécanisme de labourage est
observé. Pour une valeur inférieure à 0.1 (β = 45°), c’est plutôt le mécanisme de coupe qui est
généré.
3.4. Synthèse
Le tableau 1 présente une synthèse des différents résultats de modélisation. Il montre les
paramètres modélisés et les conclusions principales de cette approche.
171
Chapitre 5 Modélisation de l’essai de rayage
Notre analyse montre que le coefficient de frottement apparent augmente avec l’angle
d’attaque. En revanche le coefficient de frottement interfacial diminue en fonction de l’angle
d’attaque.
Les analyses microscopiques des traces d’usure ont montré qu’un mécanisme de labourage
persiste jusqu’à un angle d’attaque de 30° qui correspond à un coefficient de frottement
apparent de 0.6 et un coefficient de frottement interfacial de 0.15. Pour des angles d’attaque
inférieurs à 30°, le coefficient de frottement apparent est inférieur à 0.6 et le coefficient de
frottement interfacial est supérieur à 0.15.
Le mécanisme de coupe débute à partir d’un angle d’attaque de 45°, qui correspond à un
coefficient de frottement apparent de 0.7 et un coefficient de frottement interfacial de 0.1.
Pour un angle d’attaque supérieur à 45°, le coefficient de frottement apparent est supérieur à
0.7 et le coefficient de frottement interfacial est inférieur à 0.1.
En particulier pour l’aluminium nous avons β1=30°, β2=45°, µ1=0.6, µ2=0.7, µs1=0.15 et
µs2=0.1.
172
Chapitre 5 Modélisation de l’essai de rayage
µs
µ
µ2
µ
µs
µs1
µ1
µs2
β1 β2
Angle d ’attaque
4. CONCLUSION
L’étude quantitative de l’usure abrasive a permis de mettre en évidence une bonne corrélation
entre résistance à l’usure et modélisation. La prédiction de l’usure peut être obtenue à partir
des paramètres géométriques de l’indenteur et des propriétés du matériau.
Cette étude a permis aussi de mettre en avant un paramètre très important qui gouverne
l’usure c’est la dureté après usure. Une meilleure corrélation entre modélisation et
expérimentation est obtenue pour une dureté égale à la dureté après usure. Nous proposons
enfin une intégration de la loi du comportement de matériau afin d’aboutir à une meilleure
adaptation du modèle.
L’étude des paramètres rhéologiques permet de mettre en évidence un lien entre mécanisme
d’usure, coefficient de frottement apparent et coefficient de frottement interfacial.
En effet, la formation de copeaux engendre un coefficient de frottement apparent plus élevé
(effort tangentiel plus important). En revanche, elle provoque un coefficient de frottement
interfacial très faible. Donc la quasi-totalité de l’effort correspond à la déformation plastique.
D’autre part, la génération de bourrelets se manifeste pour des angles d’attaque faibles et se
produit pour un coefficient de frottement apparent généralement plus faible (effort tangentiel
moins important). En revanche, elle correspond à un coefficient de frottement local plus
élevé. Dans ce cas, une partie de l’effort tangentiel correspond à l’énergie d’adhésion à la
surface.
173
Chapitre 5 Modélisation de l’essai de rayage
Références
[1] Liu, Z., Sun, J., Shen, W., Study of plowing and friction at the surfaces of plastic
deformed metals. Tribology International 35 (2002), p. 511-522.
[2] Sun, Y., The effect of deformation before ageing on the wear resistance of an aluminium
alloy, Materials Letters, 38 (1999), p. 221-226.
[3] Bowden F. P. and Tabor D, Friction, lubrication and wear: a survey of work during the
last decade, Br. J. Appl. Phys., 17 (1966), p. 1521-1544.
[4] Goddard J., Wilman H, A theory of friction and wear during the abrasion of metals, Wear,
5 (1962), p. 114-135.
[5] Laval, P., Etude théorique et expérimentale de l’indentation des matériaux élastoplastiques
homogènes ou revêtus. Application à la mesure de la rhéologie et de l’adhérence des films
minces. Thèse de doctorat en science de génie des matériaux, Ecole Nat. Sup. des Mines de
Paris, (1998) N° 1998-27.
[6] Subhash, G., W. Zhang, Investigation of the overall friction coefficient in single- pass
scratch test, Wear, 252 (2002), p. 123-134.
[7] Bucaille J. L. and Felder E., "L'essai de rayure sur polymères et métaux", Matériaux et
Techniques, N° 3-4 (2001), p. 29-44.
174
Conclusion générale
Conclusion générale
Dans le contexte de déchargement des matériaux granulaires, mais aussi plus généralement
dans le cas de transport des matériaux granulaires, l’écoulement de matière se traduit par des
dégradations par abrasion.
Plusieurs travaux de recherches ont montré depuis une cinquantaine d’années que le matériau
le plus dur résiste en général le mieux à l’usure abrasive. Plus récemment, il s’est avéré que
dans certaines conditions de sollicitations, le matériaux le plus dur résiste moins à l’usure
abrasive. Ceci contredit les lois d’usure classiques.
Les expérimentations pion / disque et le test de rayage couplés à des analyses mécaniques
pointues permettent d’atteindre notre objectif. Le test pion / disque a permis d’évaluer la
résistance à l’abrasion des alliages par frottement sur papier abrasif en mettant en évidence
l’influence de différents types de durcissement. Le test de rayage a permis de compléter les
essais sur le test pion disque modifié avec une analyse plus pointue des paramètres
rhéologiques et une variation plus précise des paramètres de sollicitation.
L’influence du glissement répétitif couplée à l’effet de la géométrie de l’indenteur a permis de
révéler la relation entre mode de durcissement et niveau de déformation. L’effet de
l’anodisation a été aussi développé et son influence sur la transition des mécanismes d’usure a
été analysée. Les résultats expérimentaux couplés à une modélisation analytique permettent
de mettre en évidence l’importance du changement de la structure en sous couche avec la
résistance à l’usure.
Expertise de l’endommagement des tôles d’aluminium utilisées pour des bennes de camion
Une expertise sur les tôles d’aluminium utilisées pour des bennes de camion a été réalisée.
Ces bennes sont utilisées dans le transport des matériaux granulaires. Des dégradations se
produisent en phase de déchargement par écoulement de matière granulaire.
Des suivis en service de l’usure des bennes ont montré que la corrélation entre dureté et usure
abrasive n’est pas toujours vérifiée. Des analyses fines sur un échantillon endommagé en
service ont été développées. Les analyses macroscopiques, microscopiques et en coupes
métallographiques des échantillons expertisés permettent de mettre en évidence les différentes
configurations et niveaux de sollicitation.
On a ainsi distingué :
- de grandes rayures continues qui reflètent l’usure abrasive à deux corps. Les coupes
métallographiques au niveau de cette dégradation, suivies d’une caractérisation micro
et nanométriques montrent que la dureté près de la surface est deux fois plus élevée
que la dureté à cœur. L’association de ce résultat avec les différentes observations
après attaque chimique et l’identification des différents mécanismes d’usure montrent
la formation d’une couche transformée en sous couche (TTS). Ces types de
dégradations sont générés sous un niveau de sollicitations important.
175
Conclusion générale
- de petites rayures enchevêtrées reparties sur toute la surface. Les analyses au niveau
du faciès d’usure montrent une morphologie perturbée. Elles prouvent aussi la
coexistence de l’abrasion à deux et à trois corps et la prédominance de celle à deux
corps. Les caractérisations confirment que ces rayures sont générées à faible niveau de
sollicitations. Cette expertise a conduit à simuler l’endommagement sous abrasion par
les deux tests pion / disque modifiés et par le test de rayage.
Les résultats issus du test pion / disque modifié ont permis d’une part d’étudier l’influence du
type de durcissement sur la résistance à l’usure abrasive et d’autre part de trouver le lien entre
les différents paramètres de sollicitations et mécanismes d’usure mis en jeu. Un écrouissage
préalable des alliages n’améliore pas la résistance à l’usure. Ce résultat est issu
essentiellement de la formation d’une couche en dessous de la surface endommagée. En
revanche l’amélioration de la dureté par traitement thermique a un effet bénéfique sur la
résistance à l’abrasion des alliages.
L’influence de la taille des grains abrasifs a permis de mettre en évidence deux mécanismes
d’usure. L’abrasion est le mécanisme dominant pour une grande taille de grains abrasifs, en
revanche pour une faible taille, c’est plutôt le mécanisme d’adhésion qui est dominant. Ces
résultats sont obtenus suite à des observations des surfaces endommagées et des papiers
abrasifs utilisés pendant le frottement.
Test de rayage
Ce test permet de simuler le comportement d’un grain abrasif. L’intérêt de ce test est de faire
varier plusieurs paramètres indispensables pour la compréhension des différents phénomènes
tribologiques.
La quantification de l’usure couplée à l’influence de la géométrie de l’indenteur ont permis de
montrer que la corrélation entre dureté et résistance à l’usure abrasive est fortement influencée
par la géométrie de l’indenteur. Un écrouissage préalable améliore la résistance pour une
configuration bille / plan, en revanche, pour une configuration cône / plan il n’a aucune
influence. En effet, le niveau de déformation imposé dans le cas d’un cône est plus important
que celui imposé par une bille. L’expertise des traces d’usure a révélé une couche plus dure
qui se forme en dessous de la trace d’usure. Ce résultat est valable pour des rayages simples et
pour des glissements répétitifs. Les mêmes études faites pour des alliages à durcissement
structural ont mis en évidence l’effet bénéfique de l’amélioration de la dureté par traitement
thermique sur la résistance à l’usure.
L’influence de l’angle d’attaque d’un grain sur la transition des mécanismes d’usure a aussi
été développée.
La quantification de l’usure a permis de comparer la tenue à l’usure des différents matériaux
testés aussi bien à l’état nu qu’en présence d’un traitement d’anodisation. Nous avons
confirmé qu’à ce niveau, les couches d’anodisation n’amènent aucun bénéfice par rapport à la
tenue à l’usure. En fait, une variation de l’effort normal montre que cette couche se dégrade
par fracturation et le contact se comporte identiquement à un cas sans anodisation pour un
effort normal très important.
176
Conclusion générale
Nous avons introduit une nouvelle méthodologie de simulation qui permet de connaître la
réponse des matériaux lors des interactions des traces d’usure. L’expertise nous a montré que
nous avons deux comportements différents. En effet, pour l’alliage écrouissable (moins dur),
le labourage persiste lors des interactions des traces d’usure. En revanche, pour le matériau à
durcissement structural (plus dur) nous avons repéré une transition du mécanisme d’usure du
labourage pour un simple rayage à la coupe lors des interactions des traces.
Nous avons développé aussi l’effet de la microstructure sur la résistance à l’usure abrasive.
Nous avons mis en évidence l’effet bénéfique en abrasion d’une structure fine des alliages
d’aluminium.
Modélisation
Enfin, nous avons proposé une comparaison entre modélisation analytique et expérimentation
de l’usure. Nous avons montré une bonne corrélation entre résistance à l’usure abrasive et
dureté après usure (en sous couche) et non pas dureté initiale. La modélisation couplée aux
résultats expérimentaux permet de vérifier les paramètres rhéologiques mesurés et d’estimer
d’autres paramètres relatifs pour chaque matériau et conditions de sollicitations. Les analyses
microscopiques des traces d’usure et du coefficient de frottement couplées à la variation de la
géométrie de l’indenteur ont aboutit à un lien entre paramètres rhéologiques et mécanismes
d’usure.
Les méthodologies développées aussi bien en usure par papier abrasif que par rayage
constituent un modèle d’analyse pour les problèmes d’abrasion des matériaux puisqu’elles
permettent d’identifier clairement les mécanismes et les scénarios d’endommagement mis en
jeu.
Certains axes restent à compléter. Ils constituent le cœur de nos perspectives, notamment
l’influence du durcissement par élément d’addition, ainsi que l’influence du pourcentage des
intermétalliques et leurs modes d’endommagement.
177
Annexe 1 Alliages d’aluminium
Sommaire
Annexe 1:
LES ALLIAGES D’ALUMINIUM - ANODISATION
178
Annexe 1 Alliages d’aluminium
Annexe 1:
LES ALLIAGES D’ALUMINIUM - ANODISATION
- les alliages corroyés : produit obtenus par des procédés de déformation plastique à
chaud ou à froid tels que le filage, le laminage….,
- les alliages de moulage : obtenus par fonderie seulement.
1.1. Composition
La désignation, conforme à la norme Afnor NFA 02-104 ainsi qu’aux spécifications
internationales de l’Aluminium Association, est numérique à quatre chiffres :
XXXX
- Premier chiffre
179
Annexe 1 Alliages d’aluminium
- Deuxième chiffre
* subdivision de l’état H :
H1, écrouissage,
H2, écrouissage puis restauration,
H3, écrouissage puis stabilisation.
180
Annexe 1 Alliages d’aluminium
* subdivision de l’état T :
La figure 1 donne, à titre d’exemple, l’influence du taux d’écrouissage sur les caractéristiques
mécaniques de traction de quatre alliages souvent utilisés industriellement à l’état écroui, le
taux d’écrouissage étant défini par le paramètre :
181
Annexe 1 Alliages d’aluminium
L’aluminium et les alliages d’aluminium à l’état écroui sont très utilisés dans de nombreuses
applications industrielles, lorsque l’on recherche de bonnes propriétés mécaniques et lorsque
l’on n’est pas gêné technologiquement par la relative plasticité de ces états. Nous rappelons
que ces états sont désignés par les symboles H1x.
Lorsque l’on fait subir à l’aluminium durci par écrouissage un chauffage à température
suffisante, la structure écrouie est progressivement remplacée par une nouvelle structure à
grains reformés. Lorsque la recristallisation est complète l’alliage est dit (recuit). L’évolution
des caractéristiques (limite élastique, charge de rupture, dureté, allongements à la rupture),
lors de ce chauffage est donnée par la figure 2.
182
Annexe 1 Alliages d’aluminium
Entre l’état écroui, ou dur, et l’état recuit, ou mou, il est possible d’obtenir toute une série
d’états intermédiaires dits « restaurés », états H2x. La figure 3 montre les différents états
restaurés qui peuvent être réalisés par des traitements de restauration, soit de courte durée :
traitement en four à passage, soit de longue durée : en four dormant, entre les deux états :
- l’état écroui
R0.2=270 à 290 MPa, Rm= 310 à 320 MPa, A = 5 à 8 %,
- l’état recuit
R0.2=100 MPa, Rm= 225 MPa, A = 25 %,
183
Annexe 1 Alliages d’aluminium
Fig. 3 : Influence des traitements de restauration sur les propriétés mécaniques de traction de
l’alliage 5754.
Traitement de restauration : ces traitements doivent être réalisés dans des conditions précises
de température et de durée : ces deux facteurs étant étroitement liés et permettant d’obtenir
une grande variété de caractéristiques, états H22 à H28.
Traitement de recuit : ces traitements au contraire des précédents, peuvent être réalisés dans
des conditions relativement larges et confortables de température et de durée.
184
Annexe 1 Alliages d’aluminium
Le tableau 2 montre les domaines de températures préconisées pour les traitements de recuit :
Pour obtenir le durcissement structural les trois phases ci-après sont nécessaires.
185
Annexe 1 Alliages d’aluminium
Des courbes dites de revenu existent pour chaque alliage. Elles donnent l’évolution des
caractéristiques en fonction de la température et de la durée du revenu : la figure 5 en donne
un exemple dans le cas de l’alliage 6061. On peut observer que pour des revenus à
186
Annexe 1 Alliages d’aluminium
température suffisamment élevée, la résistance mécanique passe par un maximum pour une
durée de revenu d’autant plus courte que la température est plus élevée.
187
Annexe 1 Alliages d’aluminium
* Pour les alliages corroyés, les alliages des séries 2000, 6000 et 7000,
* Pour les moulés, les alliages Al-Si-Mg (Cu), Al-Cu, Al-Zn-Mg.
La température de mise en solution solide doit être précise généralement à ± 5°C : trop élevée,
elle peut entraîner la brûlure de l’alliage, trop basse, la mise en solution sera incomplète et les
caractéristiques mécaniques insuffisantes.
La trempe doit être suffisamment énergétique pour que la solution solide reste sursaturée à la
température ambiante. Pour chaque alliage on peut définir une vitesse minimale de
188
Annexe 1 Alliages d’aluminium
Suivant la nature de l’alliage et l’épaisseur de la pièce à traiter, la trempe doit être effectuée
directement dans l’eau froide, cas le plus fréquent ou par aspersion énergétique d’eau, ou
encore peut avoir lieu dans un brouillard air-eau, par air froid soufflé ou même à l’air calme ;
dans ce dernier cas qui est celui des alliages Al-Zn-Mg l’alliage est dit autotrempant.
Dans le cas de l’utilisation des produits à l’état trempé mûri, la durée de la maturation doit
être, d’une façon générale, de quelques jours pour les alliages série 2000, de quelques
semaines pour ceux de la série 6000 et de quelques mois pour ceux de la série 7000.
Les conditions de revenu doivent être respectées avec précision. D’une façon générale, il y a
lieu d’éviter les états sous revenu à cause des risques de sensibilisation à la corrosion inter
cristalline et à la corrosion sous tension.
4. ANODISATION
Dans le cas des alliages d'aluminium, la mise en œuvre des traitements de surface nécessite
une bonne connaissance des réactions chimiques de surface, non seulement avec l'aluminium
- métal amphotère -, mais également avec les éléments d'addition présents dans les alliages.
Les traitements d'anodisation sont largement employés comme moyen de protection contre la
corrosion, mais aussi pour apporter des propriétés de surface spécifiques à certains usages. Il
faut les considérer comme une particularité du comportement anodique de l'aluminium, où les
conditions opératoires et la nature de l'électrolyte jouent un rôle important sur la qualité, la
structure des couches qu'il est possible de réaliser et sur leurs propriétés d'usage. Ils ne
doivent en aucun cas être assimilés aux procédés de revêtement.
L'anodisation, selon un mécanisme bien particulier, transforme les couches superficielles en
oxydes qui n'ont aucun point commun avec les autres oxydes d'aluminium naturels ou
synthétiques.
4.1. Principe
On place dans une cuve de solution aqueuse d’acide, une cathode inattaquable (Plomb ou
Nickel) et une anode en aluminium, on observe un dégagement d’hydrogène à la cathode et
pas de dégagement à l’anode.
On constate, d’autre part, que l’anode en aluminium s’est recouverte d’un film d’alumine.
L’oxygène provenant de la dissolution électrolytique de l’eau a donc été utilisé pour oxyder
189
Annexe 1 Alliages d’aluminium
- Préparation de surface
On désigne par préparation de surface toutes les opérations mécaniques, chimiques et
électrochimiques destinées à modifier l’aspect d’une surface. Il importe essentiellement pour
la bonne réussite d’un traitement d’anodisation ultérieur que cette préparation :
- Élimine en totalité les oxydes préexistants ou de pré-corrosion de surface résultant des
opérations de transformation ou de stockage,
- Élimine les zones de ségrégation à la surface des alliages résultant des traitements
thermiques,
- Laisse une surface de l’alliage qui a la même composition chimique que l’alliage à
cœur.
- Le but principal des opérations de dégraissage et de désoxydation est avant tout
d'obtenir une surface dont la réactivité sera égale en tous points, ce qui conditionne la
réussite des traitements ultérieurs.
Par ailleurs, un soin particulier est attribué à la préparation des échantillons destinés à
l’anodisation. En effet, on a veillé à ce que ces échantillons subissent des polissages
mécaniques fins assurant un état de surface qualifié d’état miroir. Cette opération est menée
pour limiter l’hétérogénéité topographique et structurale des couches d’oxydes ultérieures.
- Anodisation sulfurique
L’anodisation sulfurique est la plus utilisée universellement, en France notamment, en raison
de ses conditions économiques d’exploitation et des résultats satisfaisants qu’elle permet
d’obtenir dans de nombreux domaines.
La nature du métal de base est d’une importance capitale sur les résultats obtenus.
Selon les hypothèses de EDWRDS, KELLER, HUNTER et ROBINSON, le mécanisme
d’anodisation -ou l’édification des couches d’oxyde poreuses- est essentiellement piloté par :
Une croissance de la couche d’oxyde de l’extérieur vers l’intérieur par un phénomène
électrochimique pur, d’où il résulte une certaine vitesse d’oxydation Vo,
Une dissolution de la couche d’oxyde, à mesure de sa formation, par un phénomène
purement chimique (naturellement lié au phénomène électrique), d’où résulte une
certaine vitesse de dissolution Vd.
190
Annexe 1 Alliages d’aluminium
Ainsi, pour que la couche d’anodisation puisse s’établir, il faut que Vd soit inférieure à Vo.
En outre, la théorie a montré également que la dissolution s’exerce à l’entrée des pores de la
couche d’oxyde, d’où il résulte que ces pores peuvent être plus ou moins ouverts.
191
Annexe 1 Alliages d’aluminium
a) couche d’alumine dont les entrées de b) couche d’alumine dont les entrées de
pores ne sont pas réattaquées par pores sont réattaquées
l’électrolyse
Fig. 10 : Formes des entrées de pores de la couche d’alumine, suivant qu’ils sont
réattaqués ou non par l’électrolyse.
Les qualités qui peuvent être attendues des couches d’oxyde sont donc liées essentiellement à
ce caractère de porosité plus au moins accusé. Des pores ouverts facilitent l’imprégnation et la
coloration mais diminuent la résistance chimique et la tenue à l’abrasion. En contraste, des
pores étroits donneront des couches très dures, mais pratiquement impossible à colorer et qui
supportent mal des déformations du matériau support.
- Anodisation dure
On appelle anodisation dure tous les procédés d'anodisation qui, par modification des
conditions expérimentales, permettent d'obtenir des couches d'oxyde anodique plus épaisses
ou plus dures que dans les conditions standard.
Elle se pratique dans un bain d'acide sulfurique dont on abaisse la température à 0 ou -5°C.
Dans ces conditions, en diminuant l'activité chimique de l'acide, le processus d'anodisation se
fait à des tensions plus élevées, qui augmentent si l'on impose une densité de courant
constante. Les couches d'oxyde sont plus dures du fait de leur compacité qui dépend de la
tension d'électrolyse. Il est possible d'obtenir des épaisseurs plus importantes, de l'ordre de
100 microns. Ces couches d'oxyde sont presque toujours colorées en gris ou en bronze du fait
de la moindre dissolution des intermétalliques par la solution d'acide.
- Colmatage
Le colmatage traditionnel consiste à hydrater partiellement la couche anodique pour en fermer
les pores par formation d'oxyde fibreux dont la formule s'approche de la böhémite
(Al2O3.H2O), oxyde naturel très inerte chimiquement. Malgré sa simplicité cette opération
nécessite beaucoup de précaution quant à la pureté de l'eau du bain de colmatage. Comme il
s'agit de croissance cristalline d'un hydrate, le colmatage reste une opération lente.
Le colmatage ou «hydrothermal» se pratique donc par simple immersion des pièces anodisées
dans de l'eau déminéralisée, portée à une température voisine du point d'ébullition.
La formation de böhémite n'est possible qu'à une température supérieure à 70 °C, elle peut
être inhibée par la présence d'impuretés telles que la phosphates, silicates et fluorures, même à
de faibles teneurs. La mesure de conductibilité électrique de l'eau de colmatage est une bonne
méthode pour surveiller l'introduction d'impuretés gênantes.
Notons qu’une conséquence courante d’un colmatage non effectué ou mal réalisé est le
phénomène dit de « farinage ». Celui ci se manifeste après quelques mois d’exposition par des
voiles blanchâtres qui ne disparaissent pas, même après nettoyage, et semblent être occlus
dans la couche.
192
Annexe 1 Alliages d’aluminium
D’une manière générale, les propriétés des couches d’oxyde sont profondément influencées
par les conditions d’électrolyse, les traitements ultérieurs et la nature du métal.
On peut signaler relativement aux couches réalisées en milieu sulfurique, les points essentiels
suivants :
Dureté. - La dureté propre de l'alumine est très grande, elle se situe entre les chiffres 7 et 8 de
l'échelle de MOHS, soit entre le quartz et la topaze. Les méthodes classiques de mesure de la
dureté (essais Brinell, Rockwell, Vickers) sont difficilement applicables à un échantillon
d'aluminium anodisé le support aluminium est trop mou et l'oxyde cède par flexion sous la
bille ou le diamant.
La dureté varie en sens inverse de la porosité et tous les facteurs d'opérations, qui seront
réglés pour diminuer le nombre et la dimension des pores, contribueront à donner des couches
dures.
La partie superficielle de la couche est, en général, beaucoup plus tendre que celle au
voisinage de la couche barrière. Le Tableau 5 donne quelques valeurs comparatives, selon
Wernick et Pinner, des duretés des films d'oxyde et de quelques matériaux.
193
Annexe 2 Test d’abrasion
Annexe 2
Test d’abrasion
Sommaire
1. INTRODUCTION .......................................................................................................... 195
2. ABRASION A DEUX CORPS ...................................................................................... 195
2.1. Test pion / disque...................................................................................................... 195
2. Test de rayage.............................................................................................................. 196
3. Test pion / tambour...................................................................................................... 196
4. Contact cylindre creux / plan ...................................................................................... 198
5. Synthèse ....................................................................................................................... 198
3. ABRASION A TROIS CORPS ...................................................................................... 199
3.1. Dry Sand Rubber Wheel ........................................................................................... 199
3.2. Dimple Grinder test .................................................................................................. 200
3.3. Abrapol test............................................................................................................... 200
3.4. Impeller in drum test................................................................................................. 201
3.5. Jaw crusher test ........................................................................................................ 202
3.6. Test d’usure abrasive à trois corps ouvert ............................................................... 202
4. SYNTHESE .................................................................................................................... 203
REFERENCES ................................................................................................................... 204
194
Annexe 2 Test d’abrasion
Test d’abrasion
1. INTRODUCTION
Divers moyens d’essais d’abrasion, dont la gamme des sollicitations et la possibilité de les
faire varier de façon contrôlée permettent d’envisager la caractérisation de matériaux en vue
de leur choix optimal pour diverses applications industrielles. Pour les besoins divers
d’actions spécifiques à vocation professionnelle, les moyens d’essais d’abrasion ont connus
des développements très rapides. La diversité et la complexité des problèmes industriels
mènent à une large gamme de types d’essais abrasifs.
Ces moyens peuvent être mis en œuvre dans une optique conventionnelle de caractérisation
du matériau, ou dans une optique de simulation.
Les essais de type conventionnel permettent d’apprécier et de comparer les caractéristiques
d’élaboration du matériau (composition, structure, dureté, ….), en mettant l’accent sur un ou
plusieurs des paramètres d’abrasion (nature des abrasifs, vitesse, charge…). En revanche, les
tests de simulation permettent surtout de caractériser la réponse tribologique du matériau pour
une configuration et condition de sollicitation particulière.
Nous présentons une synthèse des moyens d’essais d’abrasion les plus utilisés. Deux types de
tests sont envisagés selon la configuration du contact. La première catégorie permet la
simulation de l’abrasion à deux corps. La seconde permet de simuler l’abrasion à trois corps.
Il permet de simuler un contact pion / disque rotatif (Fig. 1). Il s’agit à l’aide d’une masse
morte de mettre en contact un pion avec un disque mené en rotation à l’aide d’un moteur.
Ce test permet de faire varier plusieurs paramètres en particulier les matériaux testés (pion et
disque), l’effort normal, la vitesse de rotation et le temps du frottement. Il permet aussi de
tester le matériau à sec et en présence d’un lubrifiant. Le disque rotatif peut être remplacer par
un disque abrasif et donc il offre la possibilité de variation de la taille des grains abrasifs.
195
Annexe 2 Test d’abrasion
Plusieurs développements ont été effectués sur des contacts de type pion-disque [1] en passant
par le contact de Robin (1910), puis par le contact de Kruschov qui offre au pion un trajet
spiroïdal. Ce mouvement permet au pion de passer à chaque fois sur des grains frais lors du
frottement contre un papier abrasif.
L’analyse de l’usure s’effectue soit à travers des mesures de pertes de masse pour le
frottement contre des papiers abrasifs, soit par des mesures profilométriques au niveau de la
trace d’usure pour un frottement contre un disque.
Actuellement, ce test est souvent associé à une partie de commande informatique qui permet
de fixer les paramètres d’essais et d’enregistrer les efforts normal et tangentiel.
2. Test de rayage
Le principe est simple, il permet de rayer une surface par un indenteur généralement plus dur.
Le dispositif est équipé par un système de dégauchissage permettant d’orienter la surface
parallèlement à la direction de glissement. Il est aussi équipé par un dispositif à émission
acoustique qui permet de détecter le changement du mécanisme d’usure ductile / fragile.
Il permet d’effectuer des rayures mono et multi cycliques à charge ou à profondeur imposée.
Les déplacements sont effectués par le biais des moteurs à courant continus. Le système est
équipé par un micro contrôleur qui offre une commande manuelle et automatique du système.
Le schéma du test de rayage développé au sein du LTDS est présenté dans le chapitre 4.
Ce test permet de simuler le frottement d’un pion contre du papier abrasif fixé sur le tambour
rotatif. Le pion possède un mouvement de translation parallèle à l’axe du tambour. Ce
mouvement lui permet de passer à chaque fois par des grains abrasifs frais et donc d’éviter
l’influence de la dégradation des papiers abrasifs. Le mouvement de translation est effectué
par le biais d’un moteur réducteur lié à un système roue et vis sans fin.
Afin d’éviter l’influence des vibrations du système et d’avoir une usure homogène, le pion est
mené d’un mouvement de rotation autour de son axe (Fig. 2).
196
Annexe 2 Test d’abrasion
197
Annexe 2 Test d’abrasion
Ce test présente une configuration de contact particulière. L’aire de contact est l’intersection
d’une partie d’un cylindre creux avec un plan (Fig. 4). Ce test est utilisé en particulier par
Yoshiro [2] pour simuler l’influence de l’anisotropie du matériau. L’aire du contact et la
direction de glissement favorisent la simulation dans deux directions perpendiculaires et donc
permet d’étudier l’influence de la direction de sollicitation sur la résistance à l’usure.
Ce test permet aussi d’effectuer des essais avec ou sans lubrification. Les jauges de
déformation permettent de mesurer les forces de frottement. Ce test exige des contraintes
géométriques et dimensionnelles sévères pour la fabrication des échantillons. Il demande
aussi un réglage fin.
5. Synthèse
Les tests abrasifs à deux corps sont les plus utilisés en vue de leur facilité de mise en œuvre,
du faible prix de revient. En plus, les tests abrasifs à deux corps favorisent des taux d’usure
beaucoup plus élevés que les tests abrasifs à trois corps [4] ce qui permet un temps de
simulation plus court.
Les configurations utilisées pour les tests abrasifs à deux corps sont souvent les plus
représentatives des contacts réels. En effet, un contact apparent plan / plan peut être simulé
par une configuration pion / plan en vue des défauts géométriques des surfaces et de la
présence des rugosités des surfaces. Localement, l’aire de contact réelle est formée par des
micros contacts élémentaires très proche d’un contact pion / plan.
198
Annexe 2 Test d’abrasion
Les tests d’abrasion à deux corps permettent de simuler les contacts sous fortes contraintes et
très fortes contraintes. D’autres systèmes et outils d’analyses et d’observations peuvent être
aussi intégrées au niveau de ces tests. Ils permettent le suivie in situ des mécanismes d’usure
[5].
D’autres tests abrasifs sont aussi développés pour simuler des situations industrielles
particulières.
Fig. 5 : Test abrasif à trois corps (Dry Sand Rubber Wheel) [2].
Ce test est devenu standard en 1980 (G65-81 ASTM), pour devenir après probablement le test
le plus populaire. Le principe consiste à frotter l’échantillon contre la roue rotative en
intercalant du sable. L’alimentation s’effectue par un distributeur à flux réglable.
L’échantillon est maintenu en contact par une force horizontale.
Ce test permet de simuler l’usure abrasive à trois corps à faible et forte contrainte. En effet,
lorsque le corps antagoniste (roue) est en caoutchouc, l’usure abrasive est dite à faible
contrainte. En revanche, si la roue est en acier l’usure est dite à forte contrainte.
199
Annexe 2 Test d’abrasion
La figure 6 présente un test abrasif à deux et trois corps. Le principe est simple, il consiste à
mettre en contact le disque échantillon rotatif avec le corps antagoniste. L’ensemble est
plongé dans un mélange du liquide et des particules abrasives. L’usure est générée à la fois
par le frottement de deux échantillons l’un sur l’autre et par l’insertion des particules d’usure
à l’interface du contact.
Ce test offre la possibilité de varier la concentration des particules. La vitesse de rotation et la
masse appliquée sont aussi modulables.
La figure 7 montre le schéma d’un test abrasif à trois corps. Il consiste à mettre en contact un
pion contre des grains abrasifs libres sur une surface d’un disque rotatif.
L’obtention des résultats exploitables nécessite des grains abrasifs très fins (5µm) , sinon des
grains plus grands seront rapidement broyés. De plus, le parallélisme des surfaces en contact
est difficile à maintenir. Pour éviter ce problème, des chanfreins sont réalisés au niveau de
l’extrémité de l’échantillon. La caractérisation de l’usure se fait quantitativement par la
mesure de la perte de masse. Qualitativement, des observations microscopiques sur des faciès
d’usure sont réalisées.
200
Annexe 2 Test d’abrasion
La figure 8 montre le principe d’un test d’abrasion impact. La roue a aube centrale rotative
maintient les échantillons à tester. Le dispositif est enfermé dans un tambour rotatif contenant
des particules abrasives. Durant l’opération, le tambour et la roue tournent dans le même sens,
mais la roue tourne à une vitesse plus importante. Le schéma représentatif présente trois
palettes. La rotation de la roue par rapport au tambour provoque l’impact des palettes contre
les particules abrasives. Cet impact génère l’usure des faciès des palettes par combinaison
abrasion et impact.
201
Annexe 2 Test d’abrasion
La figure 9 montre le schéma représentatif du Jaw Crusher test. Ce dispositif est très utilisé
surtout en Amérique. Il permet de simuler l’usure abrasive à trois corps sous forte et très forte
contrainte. Le principe consiste à fixer les échantillons à testés sur les deux mâchoires (l’une
fixe, l’autre mobile). Le mouvement de la mâchoire mobile est effectué à l’aide d’un moteur
et d’un système excentrique.
Un distributeur est placé juste au dessus permettant l’alimentation en abrasif. Ce test est très
utilisé surtout pour simuler la résistance des équipements utilisés pour travailler la terre. Les
résultats obtenus sont accordés en terme du volume de matière perdu par kilogramme
d’abrasif.
La figure 10 est le schéma représentatif d’un test d’usure abrasive à trois corps ouvert qui
permet de simuler l’usure abrasive à faible et très faible contrainte de sollicitation.
Le disque échantillon rotatif est maintenu en contact avec une colonne de particules abrasives.
Les abrasifs sont contenus dans un long tube en plastique. Une masse morte est appliquée
pour pousser les particules abrasives et permettre le contact grains abrasifs / échantillon.
Un paramètre très important dans ce type d’essai est le jeu entre le tube et le disque
échantillon qui doit être ajusté pour contrôler le flux des abrasifs.
La masse qui produit l’abrasion peut être obtenue à partir des mesures sur le bras horizontal
qui maintient le tube. La masse transférée dépend du jeu entre le tube et le disque, de la taille
des particules abrasives, de la masse morte et de la hauteur de la colonne de sable.
202
Annexe 2 Test d’abrasion
4. SYNTHESE
203
Annexe 2 Test d’abrasion
REFERENCES
[1] Kayaba, T., Analysis of the abrasive wear mechanism by successive observations of wear
processes in a scanning electron microscope. Wear, 110 (1986), p. 419-430.
[2] J. A. Hawk, R.D. Wilson., J. H. Tylczak, O. N. Dogan, Laboratory abrasive wear tests:
investigation of test methods and alloy correlation. Wear, 225-229 (1999), p. 1031-1042.
[3] Yoshiro Iwai, W.H., Tomomi Honda, Hidetomo yoneda, Wear behaviour of high tensile
strength aluminium alloys under dry and lubricated conditions. Wear, 196 (1996), p. 46-53.
[4] Hutchings, I. M., Tribology : Friction and wear of Engineering Materials, department of
Material Science and Metallurgy University of Cambridge, Edward Arnold, Editor (1992).
[5] Kato, K., Micro-mechanisms of wear – wear modes, Wear, 153 (1992), p. 277-295.
[7] Finnie, A.M.a.L., A classification of three-body abrasive wear and design of a new tester.
Wear, 60 (1980), p. 111-121.
204
Annexe 3 Etude microstructurale des alliages d’aluminium
Annexe 3
Etude microstructurale
Sommaire
205
Annexe 3 Etude microstructurale des alliages d’aluminium
Annexe 3
Etude microstructurale
1. INTRODUCTION :
Nous rappelons que les alliages testés sont obtenus par laminage. Le laminage fait apparaître
des différences de propriétés et de structure. En particulier, pour un produit plat laminé on
distingue trois sens. La figue 1 rappelle ces trois sens :
Des révélations de la structure ont été réalisées pour les différents alliages. En effet, des
coupes métallographiques dans les différents plans (L, TL), (L, TC) et (TC, TL) ont permis de
mesurer les dimensions moyennes des grains d’aluminium dans les trois directions (L, TL et
TC). Ces mesures sont effectuées à la fois au cœur et la surface des échantillons laminés.
A la lumière de cette étude nous avons remarqué que nous avons a la même structure au cœur
et à la surface. Donc la déformation due au phénomène de laminage est homogène. Cette
étude montre que les dimensions dans le sens L et TL sont du même ordre de grandeur. En
revanche, elles sont beaucoup plus importantes que celles dans le sens TC. Ceci est valable
pour tous les alliages testés.
Cette étude a permis aussi de mettre en évidence la structure fine de l’alliage 7F par rapport
aux autres alliages de la famille 7xxx. Le tableau 1 montre les dimensions des grains
d’aluminium dans toutes les différentes directions.
206
Annexe 3 Etude microstructurale des alliages d’aluminium
Dans ce que suit nous montrerons les examens en microscopie optique des alliages 5A, 5B,
5B, 7D, 7E. Les examens sont étudiés avec plusieurs grossissements et à différents endroits
(au cœur et à la surface).
2. L’ALLIAGE 7D’
Fig. 2 : Observations au microscope optique de l’alliage 7D’ dans les plans (L, TL) et (L, TC)
après oxydation anodique.
207
Annexe 3 Etude microstructurale des alliages d’aluminium
3. L’ALLIAGE 7E’
Fig. 3 : Observations au microscope optique de l’alliage 7E’ dans les plans (L, TL) et (L, TC)
après oxydation anodique.
208
Annexe 3 Etude microstructurale des alliages d’aluminium
4. L’ALLIAGE 7F
Fig. 4 : Observations au microscope optique de l’alliage 7F dans les plans (L, TL) et (L, TC)
après oxydation anodique.
209
Annexe 4 Grains abrasifs
Annexe 4
Grains abrasifs
Sommaire
1. INTRODUCTION.......................................................................................................... 211
2. GEOMETRIE DES PARTICULES ............................................................................... 211
2.1. Grosses particules ................................................................................................... 211
2.2. Petites particules ..................................................................................................... 212
2.3. Synthèse................................................................................................................... 213
3. PRESSION DE CONTACT........................................................................................... 214
3.1. Méthode de Janssen ............................................................................................... 215
REFERENCES................................................................................................................... 216
210
Annexe 4 Grains abrasifs
Annexe 4
Grains abrasifs
1. INTRODUCTION
- propriétés mécaniques,
- modes d’obtention,
- conditions d’utilisation.
Dans cette étude, une étude statique est menée sur des grains de sables similaires à ceux
souvent transportés par les bennes usées en service. Cette étude, permet d’abord de
caractériser géométriquement le sable afin de quantifier leurs abrasivité. Dans une deuxième
partie, une étude expérimentale nous a permis d’estimer la pression du contact au fond de la
benne.
Cette étude est basée sur une analyse microscopique. Cette étude a montré que les particules
abrasives ont des formes, tailles et géométries très variées dont le diamètre moyen est de
l’ordre de 300 µm. Une analyse plus fine a permis de distinguer deux familles d’abrasifs :
- grosses particules,
- petites particules.
Ce sont des grosses particules. Elles possèdent des formes et géométries variées. La figure 1
montre la morphologie de ces particules.
211
Annexe 4 Grains abrasifs
Ce sont des particules qui sont plus petites que les précédentes dont le diamètre moyen est de
l’ordre de 150µm. La figure 2 présente la morphologie de ces particules. Cette figure a permis
de mettre en évidence l’abrasivité particulière de ces particules. En effet, ces grains possèdent
des angles vifs, pointus à caractère abrasif sévère. Les grains possèdent aussi des arrêtes très
pointues avec des angles au sommet très faibles (15°).
212
Annexe 4 Grains abrasifs
Le facteur d’arrondissement calculé par la méthode de Hutchings donne une valeur de l’ordre
de 0.55. Elle est plus faible que le facteur d’arrondissement calculé pour les grosses
particules.
2.3. Synthèse
L’étude de la granulométrie nous a montré que les grains de sable transportés possèdent des
géométries variées. L’abrasivité varie d’un grain à un autre comme elle peut varier aussi au
sein d’un même grain. Dans le cas réel, pour un même grain, c’est selon sa position et son
orientation par rapport au fond de la benne qu’on peut avoir des configurations de contact
différentes. La figure 3 montre l’exemple d’un même grain orienté différemment. Selon son
orientation, on peut aboutir à différentes configurations du contact.
213
Annexe 4 Grains abrasifs
(a) (b)
(c)
Fig. 3 : différents types d’orientation d’un grain de sable susceptibles d’avoir lieu pour un
grain de sable.
La figure 3a présente le contact de la partie aigue d’une particule avec l’échantillon. Elle peut
être simuler par une configuration cône / plan. En revanche, la seconde orientation (Fig 3b)
présente plutôt le contact de la partie sphérique de la particule abrasive. Cette configuration
représente le contact bille / plan. La figure 3c présente la position la plus stable de la particule.
Cela n’ignore pas l’existence des positions précédentes et d’autres positions intermédiaires.
3. PRESSION DE CONTACT
L’étude des matériaux granulaires a été développée dans la littérature surtout à travers des
modèles permettant de caractériser son état statique et dynamique. En particulier, des
approches micro statiques sont développées permettant le passage des variables micro
statiques aux variables macro statiques. Par contre ces modèles ne sont applicables qu’en
minimisant le maximum possible le nombre de paramètres. En particulier la plupart des
214
Annexe 4 Grains abrasifs
modèles supposent que les particules soient rondes et qu’elles possèdent des arrangements
connus (triangulaire, quadratique….). Ces contraintes limitent l’efficacité de ces modèles.
Dans cette étude, nous essayerons de calculer la pression de contact en utilisant la méthode de
janssen.
La densité des sables humides est estimée à 20kN/m3 et les dimensions de la benne sont
évaluées à : L = 5 m l =3 m h = 2 m.
Vue la largeur importante de la benne, l’effort local transmis horizontalement, loin des parois,
peut être négligé. Sous ces hypothèses, la pression moyenne est donnée par :
pv=ϕh
pv = 20*2 = 40kN/m2
pv = 40 kPa
pv
F
p0
d
Pour simplifier le problème, nous supposons que la pression est appliquée à un seul grain de
forme sphérique ayant un diamètre d. L’effort appliqué sur le grain est alors :
F= pv (πd2)
Pour d=2 mm F=0.5*10-3 N
En statique l’effort maximum significatif est : Fmax=3*F=1.5N
Pour d=10 mm F=12.5N donc Fmax=3*F=37.5 N
Pour d=100 mm F=1250N donc Fmax=3*F=3750 N
Par ailleurs, la pression du contact P0 pour un contact sphère / plan est calculée à partir de la
théorie de Hertz. Le tableau 1 montre les résultats de calcul obtenus.
215
Annexe 4 Grains abrasifs
Avec :
Fn : l’effort normal,
E1 et E2 : modules d’Young respectifs de l’aluminium et du sable,
µ1 et µ2 : les coefficients du Poisson respectifs de l’aluminium et du sable,
R : le rayon des grains de sable.
a (mm) : le rayon de l’air de contact.
P0 : la pression maximale du contact Hertzien.
Y : la limite élastique de l’aluminium.
Quelques soient les diamètres des grains de sables variant entre 1 et 50 mm, la pression
maximale Hertzien est toujours supérieure à la limite d’écoulement de matière (1.1Y). Par
ailleurs le contact entre le sable est le fond de la benne est plastique.
Si la particule est considéré comme étant un cône, la pression de contact sera beaucoup plus
élevée que celle calculée pour une bille.
REFERENCES
[1] Hutchings, I. M., Tribology : Friction and wear of Engineering Materials, department of
Material Science and Metallurgy University of Cambridge, Edward Arnold, Editor (1992).
216
Résumé
Le transport de matériaux granulaires et leurs contacts avec des surfaces métalliques génèrent
souvent les dégradations de ces dernières. Partant d’une analyse des dégradations en service,
l’usure par abrasion a été mise en évidence. Un suivi des dégradations en services des alliages
d’aluminium a montré que la corrélation entre dureté et résistance à l’usure n’est pas toujours
vérifiée.
Le résultat essentiel de cette étude est une analyse de la corrélation entre la résistance à
l’usure par abrasion et les différents types de durcissement. Deux familles d’alliages
d’aluminium sont étudiées, les alliages à durcissement structural et les alliages écrouissables.
Les simulations des dégradations ont montré que la corrélation entre dureté et usure abrasive
dépend du type de durcissement et du niveau de sollicitation. Une bonne corrélation entre
expérimentation et modélisation est obtenue en prenant en compte la dureté après usure et non
la dureté initiale. Les mesures des coefficients de frottement apparent et interfacial, couplées à
des analyses microscopiques permettent de tracer une carte d’usure qui regroupe les
coefficients de frottement, la géométrie de l’indenteur et les mécanismes d’usure mis en jeu.
Mots clés : abrasion, alliage d'aluminium, usure, rayage, sclérométrie, matériaux granulaires,
durcissement structural, transformation de surface, modélisation abrasion.