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Mémoire Master 2 EMDR

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Brun Cassandre – Master 2 Géographie EDMR Recherche – Paris-Sorbonne

2012-2013
Les services écosystémiques rendus par les infrastructures agro-écologiques
Une clé de concertation entre enjeux et acteurs du Gâtinais

Les services écosystémiques rendus par les infrastructures agro-écologiques


Une clé de concertation entre enjeux et acteurs du Gâtinais

MÉMOIRE DE FIN D’ÉTUDE 2012-2013

MASTER 2 GEOGRAPHIE RECHERCHE


PARCOURS ESPACE, DYNAMIQUES DES MILIEUX ET RISQUES

Cassandre BRUN

Anna ECHASSOUX – Coordinatrice adjointe – Réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais


Émilie LAVIE - Maître de conférences de géographie - Université Paris Diderot
Jean-Paul AMAT - Professeur de géographie – Université Paris Sorbonne
Guy LEMPERIERE – Professeur de géographie – Université de Caen
Alexandre EMERIT – Chargé de mission Environnement – Parc Naturel Régional du Gâtinais français

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Brun Cassandre – Master 2 Géographie EDMR Recherche – Paris-Sorbonne
2012-2013
Les services écosystémiques rendus par les infrastructures agro-écologiques
Une clé de concertation entre enjeux et acteurs du Gâtinais

Photographie de la page de garde, de la gauche vers la droite :

Photo 1. Mare de Jacqueville, réservoir d’eau et de biodiversité, mai 2013, Cassandre Brun
Photo 2. Haie, bande et chemin enherbée sur les terrains d’Arvalis, juin 2013, Cassandre Brun
Photo 3. Les infrastructures agro-écologiques à Puiselet-le-Marais, été 2012, Moulin de Lucy

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Une clé de concertation entre enjeux et acteurs du Gâtinais

Remerciements

Je tiens à remercier tout particulièrement monsieur Jean-Paul Amat, mon directeur de


mémoire, pour son aide, son soutien et ses nombreux conseils tout au long du travail de rédaction.
Il est celui qui m’a fait découvrir et aimé la biogéographie.

Je remercie chaleureusement monsieur Guy Lempérière, professeur en écologie du


paysage, pour ses relectures et ses conseils au cours de la rédaction de ce mémoire.

Je tiens à remercier monsieur Giles-Arnaud Fassetta, directeur du master 2 recherche


EDMR, et monsieur Frédéric Bertrand, directeur du master EDMR de l’Université Paris
Sorbonne, pour les enseignements dispensés dans le cadre du master 2 recherche EDMR. Je les
remercie également pour le délai accordé qui m’a permis de développer et d’approfondir ce
travail.

Je remercie profondément ma tutrice de stage Anna Echassoux, pour son accueil au sein de
la réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais, pour ses relectures, ses conseils et son
aide tout au long de mon stage. Merci également à Jean Dey, président de la réserve de biosphère
de Fontainebleau et du Gâtinais, Jean-Michel Martin, coordinateur de la RBFG, Anaïs Jaud et
Quentin Dechezlepretre et Justin Brassard pour l’accueil et leur bonne humeur contagieuse.
Merci pour les ballades en forêt de Fontainebleau !

Je remercie le parc naturel régional du Gâtinais français et notamment Alexandre Emerit,


Matthieu Kokot et Arnaud Charpentier pour leur aide, leur disponibilité et leur conseil pendant
ces 6 mois de stage. Je remercie également Delphine Potier, Julie Maratrat, Mathieu Deperrois
et Alain Renaud pour leur réponse à mes nombreuses questions.

Un remerciement tout particulier à Maëlle Coquio, stagiaire au parc naturel régional de


l’Avesnois sur les services écosystémiques rendus par le bocage en Avesnois, à sa tutrice Enora

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Postec et à Thierry Mougey, de la Fédération des parcs naturels régionaux de France pour leur
aide et les échanges dans le cadre de mon travail.

Je remercie maintenant tous ceux sans qui ce travail n’aurait pu se faire, à tous ces acteurs et
gestionnaire du territoire qui créés le paysage de demain :

- Gilles Augé, Claudine Chardon et Anne Dumersny de Guercheville ; Michel Palfroy de


Tousson, Philippe Evrard de Jacqueville ; François Rouillon de Boissy-aux-Cailles ;
Catherine Pauvert de Boutigny-sur-Essonne.

Un remerciement tout particulier à Amélie Stelmack et ses parents, monsieur et


madame Laurent Stelmack de Mainbervilliers. Ce mémoire m’aura donné l’occasion de
revoir d’une amie d’enfance. Merci pour votre accueil chaleureux et les souvenirs d’enfance
retrouvés.

- Philippe Pointerau de l’association Solagro ; Catherine Rieu et Diane Dentinger


d’Arvalis ; Valérie Guitter de la SNPN ; Christophe Sotteau de la Chambre d’agriculture
de Seine-et-Marne ; Christophe Parisot, Guillaume Larrègle et Pierre Rivalin de Seine-
et-Marne Environnement ; Victor Avenas de l’ONF ; Arnaud Augé de la Fédération de
chasse de Seine-et-Marne ; Antoine Da Lage et Christian Weiss de l’Université Paris 8 et
Anne Sourdril du CNRS

Merci à ceux que j’ai oublié et qui ont participé d’une manière ou d’une autre à l’élaboration
de la réflexion sur les services rendus par les haies, les mares et les bandes enherbées.

Et enfin un immense merci à ma famille et à mes amies pour leur relecture et leur soutient
durant cette année de master 2. Merci notamment à Adeline, Anaïs, Laurence et Clémence pour
les corrections nombreuses à ce mémoire.

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Table des matières


Remerciements 3
Table des matières 5
Introduction 7

Première partie – Structures, Contexte territorial et Risques 13

Chapitre 1 – Structure d’accueil et territoire d’expérimentation et d’action 14

I. La structure d’accueil : la Réserve de Biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais 14


a. Les RB, un programme de l’UNESCO 14
b. Caractéristiques territoriales de la RBFG 16
c. Enjeux territoriaux 18

II. Le territoire d’action, le Parc Naturel Régional du Gâtinais français 19


a. Les Parcs Naturels régionaux 19
b. Le Parc naturel régional du Gâtinais français 22
c. Enjeux territoriaux 24

Chapitre 2 – Le contexte territorial 27

I. Définitions et problématique territoriale 28


a. Définitions générales 28
b. Problématique territoriale 35

II. Contexte « naturel » 36


a. Données morpho-pédologiques 36
b. Ressource et bilan hydrique 40
c. Zone naturel protégée et biodiversité 47

III. Contexte anthropique 50


a. Occupation du sol 50
b. Infrastructures agro-écologiques et contexte réglementaire 56
c. Diagnostic agricole sur le territoire du Parc naturel régional du Gâtinais 61

Chapitre 3- Les risques érosifs et les enjeux locaux 65

I. L’aléa ruissellement 65
a. Qu’est ce que le ruissellement ? 65
b. L’aléa sur le territoire de la PNRGF 67

II. De l’aléa ruissellement au risque d’érosion des sols 71


a. Qu’est ce que l’érosion des sols ? 71
b. Le risque d érosion du sol sur le PNRGF 79

Deuxième partie – Services écosystémiques et Infrastructures agro-écologiques :


Outils et méthodes 84

Chapitre 4 – Outils 85

I. L’apport de l’écologie du paysage à l’approche géographique 85


a. Qu’est-ce que l’écologie du paysage 85
d. Structures, dynamiques et processus écologiques 88

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II. Les Infrastructures agro-écologiques 92


a. Définitions 92
b. Objectifs et enjeux 100

III. Les Services écosystémiques 102


a. Concepts et incertitudes 102
b. Méthodes de calcul 110

Chapitre 5 – Méthodes 114

I. Services rendus par les Infrastructures agro-écologiques de la théorie au territoire 115


a. Réalisation d’une bibliographie thématique actualisée 115
b. Construction d’un questionnaire adapté 116

II. Travail cartographique 119


a. SIG et Données 119
b. Les haies, mares et bandes enherbées sur le territoire du PNR 120

III. Travail de Terrain 122


a. Découverte du terrain 122
b. Fiches Mares et Haies 122

Troisième Partie – Résultats et Limites 126

Chapitre 6 – Résultats et cartographie 127

I. Les services rendus par les mares, haies et bandes enherbées sur le PNRGF 127

a. Évolutions des services rendus par les IAE 127


b. Les SE des IAE : confrontation de la bibliographie au terrain 133
c. Les inconvénients liés aux haies, mares et bandes enherbées 181

II. Les services rendus par les haies, mares et bandes enherbées à l’échelle locale 182

a. Guercheville : des haies cynégétiques 182


b. Boissy-aux-Cailles : une mare pour lutter contre les inondations 193
c. Perdreauville (Yvelines) : des haies contre les plantes 200

Chapitre 7 – Limites du projet et de l’étude 207

I. Limites pour les acteurs du territoires 207

a. Les coûts des travaux pour les communes 208


b. Des aménagements à l’échelle d’un bassin versant 208

II. Limites des données et informations 209

Conclusion Générale 210

Bibliographie 214
Annexe 222

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Introduction générale

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Les services écosystémiques rendus par les infrastructures agro-écologiques
Une clé de concertation entre enjeux et acteurs du Gâtinais

Ce mémoire est une mise en perspective des observations, des résultats et des conclusions
des recherches effectuées lors d’un stage de 6 mois à la réserve de biosphère de Fontainebleau et
du Gâtinais (RBFG) et en collaboration avec le parc naturel régional du Gâtinais français
(PNRGF), sur l’évaluation des services écosystémiques rendus par les infrastructures agro-
écologiques telles que les haies, les mares et les bandes enherbées dans le paysage du Gâtinais
français.

Les services écosystémiques sont définis par le MEA, Millenium Ecosystem Assessment,
comme : « les services rendus par la nature à la société humaine »6. Dans un contexte général où
l’environnement, sa sauvegarde, son entretien doivent apporter un bénéfice, avoir une valeur
monétaire, un intérêt pour la société humaine, le concept de services écosystémiques concilie les
enjeux humaines et redonne une place centrale à l’écosystème. L’évaluation des écosystèmes
pour le Millénaire, lancée par l’ONU en 2001, a conduit à l’adoption d’une typologie des services
écosystémiques ou services rendus par les milieux naturels en quatre groupes : les services de
supports, les services de prélèvements, les services de régulations et les services culturels. Ces
quatre services sont en relations étroites et coexistent sous forme d’interaction. Appliquer aux
infrastructures agro-écologiques (IAE), qui représente 20% de la surface agricole utile (SAU)
nationale d’après l’étude de Solagro (2007), l’évaluation des services écosystémiques s’enracine
dans un contexte international et européen (Grenelle de l’Environnement, Pan-European
Ecological Network), national (Trame verte et bleue, Schéma régionaux de cohérence écologique,
SCOT, PLU, etc.). Les infrastructures agro-écologiques peuvent se définir comme étant :

« les milieux semi-naturels qui ne reçoivent ni fertilisants chimiques, ni pesticides et qui sont
gérés de manière extensive, le plus souvent par les agriculteurs»7.

Sont comptabilisés dans les IAE, les prairies permanentes, les landes, les haies, les arbres
isolés, les bandes enherbées, les chemins, les mares, les fossés, etc. Au travers de la préservation
et de la restauration des continuités écologiques entre les milieux naturels, les IAE sont des
éléments incontournables pour mettre en place une Trame verte et bleue (TVB), mesure prévue

6
http://developpementdurable.revues.org/9053
7
Dubois G, (d’après l’étude SOLAGRO), 2012. « Les infrastructures agro-écologiques » : état des lieux dans les
communes françaises, Ministère de l’Écologie, Commissariat général au développement durable, Le point sur n° 144,
octobre 2012, 4 p., http://solagro.org

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aux lois relative au Grenelle de l'Environnement qui porte l’ambition d’enrayer le déclin de la
biodiversité.

Ce mémoire a donc pour objectif d’enrichir en étude de cas, en données et en contenus


scientifiques la problématique des services écosystémiques à l’interface d’enjeux politiques,
administratifs, sociaux, culturels et écologiques afin de contribuer à apporter des bases solides
pour une aide à l’élaboration de documents d’aménagement du territoire à l’échelle du territoire du
parc naturel régional du Gâtinais français et de la réserve de biosphère de Fontainebleau et du
Gâtinais.

La réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais (RBFG) est un territoire de plus de


150 000 hectares et 267 665 habitants8, localisé au sud de la région Île-de-France. Ce territoire se
caractérise à la fois par la présence de milieux riches en biodiversité, parmi lesquels
l’emblématique forêt de Fontainebleau, et par une périurbanité grandissante du fait de la
proximité de la capitale. Ce territoire d’exception a donc été désigné en 1998 Réserve de
biosphère par l’UNESCO dans le cadre de son programme l’Homme et la Biosphère (Man and
Biosphere, MAB). Les pressions anthropiques, démographiques et d’usage, sur ce milieu naturel
privilégié incarnent les objectifs du programme MAB :

« un équilibre durable entre les nécessités parfois conflictuelles de conserver la diversité


biologique, de promouvoir le développement économique et de sauvegarder les valeurs culturelles
qui y sont associées » (Stratégie de Séville, 1996).

En tant qu’émanation du programme international scientifique l’Homme et la Biosphère de


l’UNESCO, la réserve de biosphère tend à concilier le développement économique et la
préservation des ressources naturelles au moyen de la recherche, de l’éducation et de la
participation. La recherche mise ainsi au service du territoire a vocation à être pluridisciplinaire et
transversale en termes d’acteurs et d’enjeux. L’étude des services écosystémiques rendus par les
IAE entre donc dans le cadre des objectifs de la Réserve de biosphère et du programme l’Homme
et la Biosphère de l’UNESCO.

8
Chiffre de 2009, www.biosphere-fontainebleau-gatinais.fr/qui_sommes_nous/le_territoir/

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Le territoire d’étude au sens strict se localise sur le périmètre du parc naturel régional du
Gâtinais français. Le parc naturel régional du Gâtinais français (PNRGF) regroupe 69 communes
du sud-est de l’Île-de-France sur deux départements l’Essonne et la Seine-et-Marne et d’une
superficie de 75 640 hectares et 82 153 habitants. Un parc naturel régional se définit comme :

« Un regroupement de communes dont les territoires sont d’un équilibre fragile et possèdent
un patrimoine naturel et culturel riche. Son classement doit permettre de fonder sur la protection,
la gestion et la mise en valeur du patrimoine, un projet de développement économique et social
pour un territoire et de réaliser des actions expérimentales ou exemplaires dans ces domaines
ainsi que dans l’accueil, l’information, l’éducation du public et de contribuer aux programmes de
recherche. »9

Le parc naturel régional du gâtinais français est un syndicat mixte d’aménagement et de


gestion, c’est un acteur du territoire important depuis 1999. Celui-ci est un territoire périurbain
composé de 55% de zones agricoles, 33% de zones boisées ou forestières, 8% de zones urbaines,
3% de milieux ouverts naturels et 1% de parcs et de jardins. En 2010, le PNRGF renouvelle sa
charte, et ses objectifs territoriaux jusqu’en 2023. L’étude sur les services écosystémiques rendus
par les IAE entre parfaitement dans les objectifs de la charte du PNR du Gâtinais français : la
mesure 6 « Limitons les sources et les impacts des nuisances » et la mesure 19 « Incitons les
acteurs économiques à intégrer le développement durable et solidaire »10. D’autant plus que,
celui-ci est inscrit au sein du territoire de la RBFG et participe aux réflexions et actions sur le
territoire par l’intermédiaire notamment du conseil scientifique de la RBFG. Ainsi, c’est dans un
but de coopération que les deux territoires ont lancé une étude sur les services écosystémiques à
l’échelle du PNRGF dans un premier temps, puis à l’échelle de communes ensuite.

L’objectif est donc de réaliser, à partir de la bibliographie existante et une veille actualisée
des avancées de la gouvernance locale et nationale, une évaluation des services écosystémiques
rendus par les infrastructures agro-écologiques disparues et/ou rétablies dans le paysage du
Gâtinais dans le cadre de travaux entrepris par le parc naturel régional du Gâtinais français
(PNRGF). En effet, le PNRGF a été sollicité par des communes de son périmètre faisant face à un
problème de ruissellement et d’érosion des sols. Pour remédier à ce problème, le PNRGF s’est

9
Observatoire régional de la forêt méditerranéenne, http://www.ofme.org/crpf/documents/fiches/352001.pdf
10
Parc Naturel Régional du Gâtinais français : http://www.parc-gatinais-français.fr

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engagé dans la restauration des infrastructures agro-environnementales (haies, bandes enherbées,


restauration de chemins, et reconnexion de mares) à partir d’un travail de modélisation
hydrogéologique et la définition de programmes d’actions à l’échelle communale. Si le diagnostic
du territoire et la cartographie associée, réalisé par le bureau d’étude Moulin de Lucy est toujours
en cours de réalisation, le travail sur les services écosystémiques peut permettre de confronter les
enjeux des différents acteurs, leurs attentes et leurs objectifs territoriaux. Cette étude a permis de
fournir une liste exhaustive des méthodes et les outils existant pour l’évaluation des services
écosystémiques rendus par les infrastructures agro-écologiques.

Si l’étude part du constat que la lutte contre le ruissellement et l’érosion des sols peut-être
réduite par des infrastructures agro-écologiques, l’évaluation des services écosystémiques rendus
par celles-ci permettrait d’analyser les bénéfices escomptés, non escomptés et potentiels apportés
par le rétablissement de ces infrastructures. À partir d’un diagnostic local, il est nécessaire de
replacer cette étude dans le cadre et le contexte plus large des principes du programme l’Homme
et la Biosphère de l’UNESCO, mais également dans un cadre législatif, de recommandations et
d’incitations faites au niveau régional, national et mondial. Il s’agit donc d’entreprendre la mise en
place, à partir d’étude de cas, d’un sujet de recherche qui permettrait d’accroître la connaissance
du concept de services écosystémiques afin d’en produire une évaluation compréhensible en
termes de financements, d’indices ou de bénéfices pour les acteurs du territoire tels que les
agriculteurs, les gestionnaires ou les élus.

Si le travail sur les services écosystémiques peut-être envisager selon différents volets,
économique, social, politique, environnemental, notre objectif est d’avoir un regard, une
réflexion et une approche les plus pluridisciplinaires possible afin d’avoir une vision globale des
services écosystémiques rendus par les infrastructures agro-écologiques. Cette approche semble
d’autant plus importante que nous l’aborderons à travers la notion de risques naturels,
environnementaux et de boucles de rétroactions positive ou négative, dans une perspective
multiscalaire. L’étude des services écosystémiques rendus par les infrastructures agro-écologiques
telles que les haies, mares ou chemins enherbés s’inscrit dans un contexte international de
protection, de restauration et de suivi des dynamiques environnementales pour la préservation de
la biodiversité mais également contre les risques naturels tels que l’érosion des sols et le
ruissellement en terre de grande culture. Si donner une valeur monétaire à la nature, aux milieux
naturels et aux services que ceux-ci rendent à l’homme, semble particulièrement déplacer pour

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certains, il n’en demeure pas moins que cela peut se révéler un outil de persuasion pour
entreprendre une sensibilisation des élus, des aménageurs et gestionnaires du territoire. Cette
approche anthropo-centrée est certes réductrice, toutefois, il n’en demeure pas moins que la notion
de services écosystémiques peut être considérée comme une clé de concertation permettant de
faire un lien entre les différents enjeux des acteurs du territoire.

Nous nous demanderons dans quelles mesures peut-on dire que les infrastructures agro-
écologiques et notamment les haies, les chemins et les mares sont pourvoyeuses de services
écosystémiques ? La restauration et la remise en place de ces structures agro-écologiques peuvent-
elles répondre non seulement aux enjeux des acteurs du territoire face aux risques induit par le
ruissellement, les inondations et autres phénomènes hydrologiques, tels que d’érosion des sols
agricoles, mais également être une réponse pour les enjeux environnementaux ? Le concept de
services écosystémiques est-il l’un des outils les plus adéquates pour concilier les différents
acteurs et enjeux du territoire ? Le parc naturel régional du Gâtinais français et la réserve de
biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais apportent-ils des outils, des connaissances et des
méthodes de recherches spécifiques pouvant répondre aux besoins des acteurs de leur territoire et
aux enjeux du territoire ?

Pour répondre à ces questions, nous verrons dans une première partie le contexte général
dans lequel s’inscrit l’étude, nous poserons les définitions indispensable à l’évaluation des
services écosystémiques rendus par les infrastructures agro-écologiques dans le paysage du
Gâtinais français, nous présenterons le territoire d’étude et les enjeux liés aux problématique
notamment liées au risque d’érosion des sols agricoles. Dans une seconde partie, nous
présenteront les outils et les méthodes que nous avons utilisé pour évaluer les services
écosystémiques rendus par les haies, les mares et les bandes enherbées. Nous en déduirons un état
des lieux des services écosystémiques rendus selon le type d’infrastructures agro-écologiques à
l’échelle du PNRGF et à l’échelle de communes, dans une troisième partie, où nous distinguerons
les limites de l’évaluation des services écosystémiques rendus par les infrastructures agro-
écologiques.

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Première Partie

Contexte territorial et Risques

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Chapitre 1 – Structure d’accueil et territoire d’expérimentation et d’action

Ce mémoire est le résultat du travail de recherche effectué sous l’encadrement de la Réserve


de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais, la structure d’accueil, et du Parc naturel régional du
Gâtinais français. Ce chapitre a pour objectif de poser un cadre spatial et de mettre en évidence les
enjeux de cette étude des services rendus par les infrastructures agro-écologiques.

I. La structure d’accueil : la Réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais

a. Les Réserves de biosphère, territoire d’application d’un programme de l’UNESCO

L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, l’UNESCO, est
un organisme international créé en 1945, ayant cinq grands programmes : l’éducation, les sciences
exactes et naturelles, les sciences sociales et humaines, la culture, la communication et
l’information. L’UNESCO se présente comme un laboratoire d’idées et un organe normatif
destiné à susciter des accords internationaux. Elle est également un centre d’échange de diffusion,
de mise en commun d’informations et de connaissances.

Le programme l’Homme et la Biosphère (Man and Biosphere, MAB) de l’UNESCO a été


lancé en 1971. C’est un « programme scientifique intergouvernemental visant à établir une base
scientifique pour améliorer les relations homme-nature au niveau mondial »11. Le programme
MAB veut faire la démonstration que développement économique et le maintien de l’équilibre des
ressources naturelles sont compatibles. Pour cela, le programme a abouti à la mise en place de
réserves de biosphère en 1974. Elles sont destinées à mettre en application localement le
programme MAB, en s’appuyant sur trois outils : la recherche, l’éducation et la participation ; des
populations locales. Il existe actuellement 621 réserves de biosphère dans 117 pays.

Afin d’accomplir leurs missions, les réserves de biosphère s’organisent selon un zonage :
- Une zone centrale pour la protection, la surveillance et la recherche,
- Une zone de transition, pour les activités collaboratives avec des partenaires,

11
UNESCO, http://www.unesco.org/new/fr/natural-sciences/environment/ecological-sciences/man-and-
biosphereprogramme/

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- Une zone tampon, entourant ou contigüe à l’aire centrale où seule des activités
compatibles avec les objectifs de conservation peuvent avoir lieu.

En France, depuis 2013, il existe 13 réserves de biosphère (Tableau 1 et Carte 1). L’État
français ayant choisi de ne pas leur donner de statut juridique, elles sont donc toutes adossées à
une structure de droit français :

Carte 1 : Localisation des Réserves


de biosphère en France
métropolitaine, en Guadeloupe et
en Polynésie, 2013,
Source : http://www.mab-
france.org/fr/

Tableau 1 : Liste et caractéristiques des Réserves de biosphère en France, 15


source : d’après la liste du MAB France, http://www.mab-france.org/fr/
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b. Caractéristiques territoriales de la réserve de biosphère de Fontainebleau et du


Gâtinais

La réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais (RBFG) se situe au sud de l’Île-de-


France, à 60 km de Paris et à cheval sur les départements de la Seine-et-Marne et de l’Essonne. Le
territoire de l’Île-de-France et de la RBFG sont à forte tendance périurbaines. Reconnue en 1998
par l’UNESCO, la RBFG a vu sa superficie augmenter lors du renouvellement de la désignation
par l’UNESCO en 2010. La RBFG s’étend aujourd’hui sur 155 544 ha, compte 126 communes et
15 communautés de communes (annexe 1 et 2).

Il existe sur le territoire des dispositifs de protection environnementale très stricts,


essentiellement pour le massif de Fontainebleau. Ces zones protégées constituent les zones
centrales de la réserve de biosphère et représentent 22,7% du territoire de la RBFG. Elles
englobent des sites de protections importants tels que (annexe 3):

 Réserve Naturelle Nationale (RNN),


 Réserve Naturelle Régionale (RNR),
 Espaces Naturels Sensibles (ENS),
 Forêt de protection,
 Sites classés,
 Espaces Boisés Classés (EBC),
 Arrêtés Préfectoraux de Protections Biotopes (APPB)
 Natura 2000 : Sites d’intérêts communautaires (SIC) et Zones de protections
spéciales (ZPS)

La zone tampon, se trouvant entre les aires centrales et l’aire de transition (ou coopération)
englobent des mesures de protections moins restrictives telles que :

 Sites classés,
 Sites inscrits,
 Espaces Naturels Sensibles (ENS),
 Arrêtés Préfectoraux de Protection Biotopes (APPB)

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Le reste du territoire est défini comme zones de transition ou zones de coopération. Il s’agit
principalement de zones urbaines et d’espaces agricoles.

Du fait de sa proximité avec Paris (40 min en train et environ 1 h en voiture), la réserve de
biosphère, avec son cadre géographique, historique et naturel est un territoire très attractif. Cette
attractivité se traduit par l’accroissement constant de la population dans les 126 communes de la
réserve de biosphère et dans l’expansion des surfaces artificialisées exerçant une pression sur les
milieux tant agricoles que naturels. Les zones urbanisées couvrent aujourd’hui 10% du territoire
(annexe 4). La fragmentation du territoire due aux autoroutes A6 et A5, aux nationales 6, 7, 20,
37, 152 et 191, mais également aux nombreuses routes départementales a également des
conséquences sur les espaces boisés. Le tissu urbain et les infrastructures ont donc un effet
barrière pour de nombreuses espèces.

L’espace agricole et rural représente 49% du territoire de la RBFG. La culture céréalière y


est majoritaire (61,3 % sur l’Île-de-France). On peut donc supposer dans un premier temps que
l’espace agricole n’est pas favorable à la dispersion des espèces forestières. Néanmoins, d’après
les données de l’IAU-IDF et sa base de données « ECOLINE, Éléments singuliers des espaces
ruraux d'Île-de-France », des éléments de nature diverse permettent le passage au sein des espaces
agricoles (chemin enherbé, ripisylve, alignements continu d’arbres, etc.). Ces éléments peuvent
participer à la mise en place des Trames vertes boisées.

L’espace forestier représente un peu plus de 40% du territoire de la RBFG. On peut dégager
un ensemble principal : le massif forestier de Fontainebleau qui s’étend sur 25 000 ha et qui est
constitué de forêts privées et de trois forêts domaniales : Fontainebleau, les Trois Pignons et la
Commanderie. La majorité de l’espace forestier sur l’ensemble du territoire de la RBFG (58776 ha
sur 149714 ha) est majoritairement privé, ce qui peut poser des difficultés quant aux diverses
possibilités d’aménagement ultérieur. De plus, certains espaces boisés sont grillagés, pouvant ainsi
limiter les déplacements de populations, surtout pour les gros mammifères (cervidés).
Fontainebleau est une forêt exploitée de longue date pour les différentes ressources qu’elle
offre comme le gibier ou le bois. Elle a aussi été une source d’inspiration pour les peintres de
l’école de Barbizon. Enfin, elle est actuellement le lieu de nombreuses activités sportives comme

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l’escalade, l’équitation ou le VTT. De nos jours, de nombreux statuts de protection réservent les
usages de la forêt.

c. Enjeux territoriaux

La réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais est portée par une structure


associative et s’appuie sur une gouvernance participative. Son conseil d’administration réunit les
chambres consulaires, l’université Paris 7 Denis Diderot, Mines Paris Tech, l’Office National des
Forêts, les associations et fédérations d’associations de protection de la nature, les départements
de Seine-et- Marne et de l’Essonne, la région d’Île-de-France, plusieurs intercommunalités ainsi
que le parc naturel régional du Gâtinais français. Elle s’est dotée d’un conseil scientifique et d’un
conseil éducation et citoyenneté, tous deux pluridisciplinaires. Ils accompagnent, par leur
expertise, le conseil d’administration dans ses décisions.

 le conseil scientifique (CS) : créé en 1999 et restructuré en 2009, c’est un organe


consultatif commun au PNR du Gâtinais français qui regroupe des scientifiques de
différentes disciplines (biogéographie, géomatique, architecture,…). Cette approche
multidisciplinaire permet notamment d’aider le conseil d’administration dans la prise de
décisions, d’évaluer et de donner un avis sur des dossiers techniques ou des projets de
recherche, ou de faire des propositions pouvant améliorer la réalisation des objectifs de la
RBFG.

 le conseil éducation et citoyenneté (CEC) : créé en 2008, c’est un organe


consultatif, également commun au PNR du Gâtinais français. Il est force de proposition, et
coordonne des actions de communication, de formation ou encore des projets éducatifs…

La réserve de biosphère, en réunissant en son sein des acteurs majeurs du territoire, devient
une plateforme de rencontres et d’échanges entre acteurs et projets.

18
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II. Le territoire d’action, le Parc Naturel Régional du Gâtinais français

a. Les Parcs naturels régionaux

Dans leur article, « Des réserves de nature aux territoires de la biodiversité – L’exemple de
la France »12, Jacques Lepart et Pascal Marty13 expliquent que l’idée de Parc Naturel Régional a
été lancée lors d’un colloque à Lurs (1967) organisé par la DATAR14 et le Génie Rural des Eaux
et Forêt. Il s’agissait d’équilibrer le développement territorial tout en évitant la désertification des
espaces ruraux. Les PNR ont pour objectif de contribuer à réanimer les territoires ruraux
concernés et de servir d’aires de récréation pour les habitants des grandes villes.
La Fédération des Parcs naturels régionaux de France, association créée en 1971, est le
porte-parole du réseau des 48 parcs naturels régionaux. Les PNR naissent d’une volonté locale.
Les communes s’engagent à travers une charte pour 10 ans, et institualisés par le Ministère de
l’Environnement. Les PNR couvrent 13% du territoire français et concernent environ 3 millions
d'habitants. Le classement d'un parc naturel régional est remis en cause tous les dix ans15.

Carte 2. Localisation des parcs


naturels régionaux de France et du
PNR du Gâtinais français,
Source : adapté par C. Brun
d’après la carte de la Fédération
des Parcs naturels régionaux de
France

12
Jacques Lepart et Pascal Marty, « Des réserves de nature aux territoires de la biodiversité – L’exemple de la France », Annales
de géographie 5/2006 (n°651), p.485-507
URL : www.cairn.info/revue-annales-de-geographie-2006-5-page-485.htm
13
Chercheurs au CNRS, UMR 5175 CEFE Centre d’Écologie Fonctionnelle et Évolutive, CNRS UMR 5175 1919, Route de Mendé
34293 Montpellier Cedex 5
14
DATAR : Délégation interministérielle à l'aménagement du territoire et à l'attractivité régionale
15
Parcs naturels régionaux, Qu’est-ce qu’un parc naturel régional, 2007, http://www.parcs-naturels-regionaux.fr

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Un parc naturel régional a pour missions :

 la protection et la gestion du patrimoine naturel et culturel, notamment par une gestion


adaptée des milieux naturels et des paysages ;
 l’aménagement du territoire, en contribuant à la définition et l’orientation des projets
d’aménagement ;
 de développement économique et social, en animant et coordonnant les actions
économiques et sociales pour assurer une qualité de vie sur son territoire ; le parc soutient les
entreprises respectueuses de l’environnement qui valorisent ses ressources naturelles et humaines ;
 l’accueil, l’éducation et l’information du public. Le parc favorise le contact avec la
nature, sensibilise les habitants aux problèmes environnementaux ;
 l’expérimentation. Le parc contribue à des programmes de recherche et a pour mission
d’initier des procédures nouvelles et des méthodes d’actions.

La région Île-de-France compte actuellement 4 parcs naturels régionaux : le PNR du Vexin


Français, le PNR de la Haute Vallée de Chevreuse, le PNR du Gâtinais Français et le PNR Oise
Pays de France16.

16
DRIEE, Les parcs naturels régionaux d’Île-de-France, 2011,
URL : http://www.driee.ile-de-france.developpement-durable.gouv.fr/les-parcs-naturels-regionaux-en-a832.html

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Carte 3. Les parcs naturels régionaux d'Île-de-France et localisation du PNR du Gâtinais français,
Source : adapté par C. Brun d’après la carte de l’IAU-Îdf,
URL: http://www.iau-idf.fr/fileadmin/user_upload/SIG/cartes_telecharge/thema/PNR_01.pdf

Tableau 2. Liste et caractéristiques de PNR d'Île-de-France, d'après les chartes de renouvellement des PNR,
source : C. Brun d’après la liste des PNR de France

Date de
Date de classement Territoire
renouvellement
99 communes (79 Val d’Oise et 20 Yvelines)
PNR Vexin français 9 mai 1995 30 juillet 2008
110 000 habitants, 71 000 hectares
PNR Haute vallée de 51 communes (43 Yvelines et 8 Essonne)
19 janvier 1999 3 novembre 2011
Chevreuse 109 000 habitants, 63 321 hectares
69 communes (36 Essonne, 33 Seine-et-
PNR Gâtinais
4 mai 1999 27 avril 2011 Marne)
français
82 153 habitants, 75 640 hectares

PNR Oise Pays de 59 communes (44 Oise, 15 Val d’Oise)


13 janvier 2004 /
France 110 000 habitants, 60 000 hectares

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b. Le parc naturel régional du Gâtinais français

Le parc naturel régional du Gâtinais français a été classé par décret ministériel le 4 mai
1999, faisant de celui-ci le 3ème parc naturel régional francilien. À cheval sur les départements de
l’Essonne (91) et de la Seine-et-Marne (77), le PNRGF couvre 75 640 hectares sur 69 communes
dont 36 en Essonne et 33 en Seine-et-Marne (carte 4). Le territoire du PNRGF est entièrement
inclus périmètre de la réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais, il représente un peu
plus de 50% de sa superficie (annexe 5).

22
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Carte 4. Les communes du parc naturel régional du Gâtinais français, source : PNRGF

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Une clé de concertation entre enjeux et acteurs du Gâtinais

La carte en annexe (annexe 6) permet d’identifier les grands ensembles paysagers du


PNRGF. Le PNR du Gâtinais français à réalisé des Chartes paysagères associées à cette carte lors
de la Charte de renouvellement du parc en 201117. Ainsi, on peut identifier 8 entités paysagères :

- le plateau du Gâtinais sud,


- le plateau de Beauce-Gâtinais et reliefs de la Juine-Essonne,
- le plateau de Mondeville-Videlles,
- la vallée de la Juine,
- la vallée de l’Essonne,
- les vallées de l’École et du Rebais, butte de Turelles et bois de Malabri,
- la forêt des Trois Pignons, bois de la Commanderie et bois de Larchant,
- la plaine de Bière.

c. Enjeux territoriaux

On observe des enjeux régionaux et locaux du fait de la proximité du PNR du Gâtinais avec
Paris. La Charte 2011-2023 du PNR du Gâtinais français développe les trois axes stratégiques :
agir pour la préservation durable des richesses du territoire, mettre la solidarité et l’environnement
au cœur du développement et mobiliser pour un projet de territoire partagé et innovant. Le tableau
suivant met en avant les différents axes et priorités du parc.

Axe stratégique 1 : Agir pour la préservation durable des richesses du territoire

Orientation 1 – Connaître et gérer la biodiversité en réseau

Mesure 1 : Approfondissons la connaissance des fonctionnalités écologiques des milieux naturels


Mesure 2 : Protégeons et gérons les milieux naturels, dans une logique de trame écologique
Mesure 3 : Agissons pour la conservation de la diversité des espèces du territoire

Orientation 2 : Préserver la qualité des ressources en eau

Mesure 4 : Améliorons la qualité de l’eau par une gestion rigoureuse de la ressource et des
usages

17
Parc Naturel Régional du Gâtinais français, Charte 2011-2023, Le Rapport, 2011.

24
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Orientation 3 : Améliorer la qualité de vie, les déplacements et participer à la réduction des


émissions de gaz à effet de serre

Mesure 5 : Luttons contre la production de déchets pour en assurer une meilleure gestion
Mesure 6 : Limitons les sources et les impacts des nuisances
Mesure7 : Incitons à l’utilisation sobre des énergies et au développement des énergies
renouvelables
Mesure 8 : Accompagnons le développement des moyens de transport durables

Orientation 4 : Préserver et valoriser les ressources culturelles

Mesure 9 : Complétons la connaissance du patrimoine bâti et agissons pour sa préservation


Mesure 10 : Valorisons le patrimoine culturel immatériel autour des savoir-faire qui fondent
l’identité du territoire
Mesure 11 : Valorisons les patrimoines historiques, ethnologiques et archéologiques
Mesure 12 : Inscrivons le territoire au cœur de la création artistique

Axe stratégique 2 : Mettre la solidarité et l’environnement au cœur de notre développement

Orientation 5 : Promouvoir la valeur culturelle des paysages et maîtriser leur évolution

Mesure 13 : Partageons la connaissance du paysage pour faire vivre l’identité du territoire


Mesure 14 : Préservons et valorisons les lieux emblématiques et les paysages remarquables
Mesure 15 : Concevons chaque aménagement comme un élément de l’identité des paysages de
demain

Orientation 6 : Agir en faveur d’un urbanisme garant des équilibres environnementaux et humains

Mesure 16 : Accompagnons les collectivités dans leurs démarches d’urbanisme durable en


favorisant les projets exemplaires
Mesure 17 : Proposons une offre de logements diversifiée et de qualité

Orientation 7 : Accueillir et accompagner les entreprises dans une démarche de développement


durable

Mesure 18 : Organisons l’accueil des porteurs de projets


Mesure 19 : Incitons les acteurs économiques à intégrer le développement durable et solidaire

Orientation 8 : Organiser et développer une offre de tourisme durable

Mesure 20 : Renforçons l’attractivité touristique du Parc par la structuration concertée de l’offre


à l’échelle du territoire
Mesure 21 : Développons l’offre de découverte et de loisirs pour un tourisme durable

Axe stratégique 3 : Mobiliser pour un projet de territoire partagé et innovant

Orientation 9 : Faire connaître et transmettre une vision partagée du territoire

25
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Mesure 22 : Faisons mieux connaître le Parc


Mesure 23 : Observons l’évolution du territoire et évaluons la cohérence des politiques menées
sur le Parc

Orientation 10 : Sensibiliser et éduquer au territoire, au développement durable et solidaire

Mesure 24 : Agissons en priorité en direction des publics jeunes, dont les scolaires
Mesure 25 : Mobilisons les citoyens en menant des actions de sensibilisation

Orientation 11 : Innover et coopérer avec d’autres territoires d’expérience et de projets

Mesure 26 : Échangeons et expérimentons avec d’autres territoires et des organismes de


recherche
Tableau 3. source Charte du PNR Gâtinais

L’encadré illustre les axes stratégiques du PNR du Gâtinais français et les enjeux locaux
associés. Le PNR a plusieurs axes de recherche et missions prioritaires. L’encadré suivant permet
de lister celles-ci18 :

PROTÉGER ET VALORISER LES PATRIMOINES NATURELS ET CULTURELS

- en s’impliquant dans la préservation des rapaces nocturnes,


- en veillant à la préservation des amphibiens,
- en maintenant les continuités biologiques,
- en conservant l’identité paysagère et la biodiversité,
- en préservant les platières gréseuses,
- en étant mobilisés pour la gestion des déchets,
- en s’engageant pour la gestion durable de la ressource en eau,
- par la gestion et valorisation des zones humides,
- en préservant et en valorisant le patrimoine culturel.

CONTRIBUER AU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE

- en aidant au développement et à la diversification agricoles,


- en maintenant et développant le tissu artisanal et commercial,
- en favorisant les économies d’énergie et les énergies renouvelables.

CONTRIBUER AU DÉVELOPPEMENT SOCIAL, CULTUREL ET A LA QUALITÉ DE VIE

- en maintenant et en développant le lien social,


- en participant à la vie culturelle.

ASSURER L’ACCUEIL, L’ÉDUCATION ET L’INFORMATION DU PUBLIC

- en favorisant un tourisme raisonné respectueux de la nature, des activités rurales et de la propriété privée,
- en mettant en place des programmes d’éducation au territoire,

18
Parc Naturel Régional du Gâtinais français, http://www.parc-gatinais-francais.fr/le-parc/missions.html

26
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- en organisant des évènements,


- en élaborant des stratégies de communication tout public.

MAITRISER LES PRESSIONS URBAINES ET VEILLER À LA COHÉRENCE DES STRATÉGIES


D’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

- en préservant l’identité paysagère,


- en assurant un suivi de l’urbanisme,
- en travaillant avec les intercommunalités.

ENCOURAGER LA RÉALISATION D’ACTIONS EXEMPLAIRES ET EXPÉRIMENTALES.

- en valorisant les actions des habitants, des Communes ou du Parc.


Tableau 4. Les axes du PNRGF, source : PNRGF

Chapitre 2 – Le contexte territorial

Le PNR du Gâtinais français a entrepris avec l’aide du bureau d’étude Moulin de Lucy,
spécialisé en ingénierie des zones humides à Ribemont dans l’Aisne en Picardie, un diagnostic
territorial sur l’érosion des sols et le ruissellement des communes de son territoire. Ce travail a été
lancé à la demande de quatre communes, Tousson, Boissy-aux-Cailles, Boutigny-sur-Essonne et
Puiselet-le-Marais, le parc naturel régional du Gâtinais français a fait appel au Bureau d’Étude
Moulin de Lucy. Celui-ci a entrepris d’établir un diagnostic territorial sur le risque de
ruissellement et le risque d’érosion des sols. Le parc naturel régional cherche à avoir une réflexion
globale pour une gestion intégrée et un aménagement des bassins versants optimal pour son
territoire. C’est donc à travers une étude thématique et cartographique que le Moulin de Lucy a
réalisé son diagnostic territorial du PNR et des communes et identifié les zones à risques.

En tant que territoire de recherche et d’expérimentation, la réserve de biosphère de


Fontainebleau et du Gâtinais est à l’origine de l’évaluation des services rendus par les
infrastructures agro-écologiques dans le paysage du Gâtinais. Il s’agit en effet de mettre en valeur
l’ensemble des avantages, des services rendus par les éléments mis en place dans le cadre de la
gestion par le PNR du Gâtinais contre le ruissellement et l’érosion des sols.
Nous verrons donc dans un premier temps une série de définitions nécessaires à la
compréhension du sujet d’étude, puis la problématique du bureau d’étude et enfin le contexte et le
diagnostic du territoire réalisé par le bureau d’étude.

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Une clé de concertation entre enjeux et acteurs du Gâtinais

I. Définitions et apport du bureau d’étude Moulin de Lucy

a. Définitions générales

Des définitions précisent sont nécessaires. Ainsi, le sujet s’inscrit au cœur de notions telles
que l’écosystème, la biodiversité, l’agriculture, l’agro-écologie. Ces notions seront définit
également dans leur apports dans le contexte de l’étude.
L’étude des infrastructures agro-écologiques et des paysages ruraux, revient à étudier les
interactions entre les différents écosystèmes qui composent le paysage du gâtinais. L’écosystème a
été définit en 1935 par Tansley comme :

« L’ensemble des populations existant dans un même milieu et présentant


entre elles des interactions multiples »19.

Le schéma 1 permet d’illustrer la définition de l’écosystème et les deux composantes qui la


composent à savoir le biotope et la biocénose.

Schéma 1. Illustration et définitions de l’écosystème et de ces deux composantes principales, le biotope et la biocénose,
source : http://lamaisondalzaz.wordpress.com tiré de Fischesser B., Le Guide illustré de l’écologie, ed. La Martinière, 2007

Le biotope se définit comme :


« une aire géographique de surface ou volume variable, soumise à des
conditions dont les dominantes sont homogènes et les ressources suffisantes
pour assurer le maintien de la vie»20.

19
Raffin J.P., Ecosystèmes – Structure et fonctionnement des écosystèmes, Universalis ;
URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/ecosysteme/
20
http://lamaisondalzaz.wordpress.com tiré de Fischesser B., Le Guide illustré de l’écologie, ed. La Martinière, 2007

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Tandis que, la biocénose se caractérise par :


« un peuplement qui se constitue dans des conditions écologiques données
et se maintient en équilibre dynamique »21.

L’écosystème est, donc, la mise en relation du biotope et de la biocénose sur un territoire


donné. Une lecture multi-scalaire est nécessaire pour comprendre les connections, les échanges et
les flux entre les écosystèmes. Ainsi, étudier l’écosystème agricole nécessite l’étude des
écosystèmes voisins tels que l’écosystème forestier ou l’écosystème de la mare en
périphérie. Cette étude s’inscrit donc dans un cadre scientifique environnemental.

Il existe différents types d’agriculture. L’agro-écologie tente de faire un lien entre


écosystème naturel et agro-système. On peut définir l’agro-écologie comme une
agriculture cherchant à maintenir ou à restaurer la fertilité des sols en partant du principe que le
sol est la base de toute société humaine durable. Elle se veut aussi productive et autonome en
utilisant les ressources humaines et naturelles locales. Elle est économe en investissement
financier, adaptable et reproductible en tenant compte des techniques appropriées, saines et non
polluantes.

« L’agro-écologie est souvent décrite comme l’association de cinq principes (Altieri, 1995) :

- le renouvellement de la biomasse et l’entretien de la fertilité des sols ;


- la minimisation des pertes en énergie solaire, en air et en eau ;
- la diversification génétique dans le temps et l’espace ;
- la valorisation des interactions biologiques ;
- la lutte contre les ennemis des cultures (maladies, ravageurs et adventices).

L’approche agro-écologique comporte donc trois dimensions principales :

- la dimension technique. Elle applique les concepts et principes écologiques à


l’agriculture. L’unité d’analyse de base est « l’agro-écosystème » que l’on peut
interpréter comme la forme d’artificialisation en un lieu de la nature par l’homme ;

- la dimension socio-économique et culturelle. Elle génère un mouvement de


transformation des modes de gestion de ce système et de l’environnement économique
de la production dans une dynamique participative ;

- la dimension socio-politique. Elle a une réelle volonté de s’appuyer sur l’accès et


l’utilisation correcte de la nature pour élever le niveau de vie à l’intérieur des systèmes

21
http://lamaisondalzaz.wordpress.com tiré de Fischesser B., Le Guide illustré de l’écologie, ed. La Martinière, 2007

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sociaux. En cela, elle vise à corriger les inégalités engendrées par le processus
historique. »22

Si l’agro-écologie est ce vers quoi les politiques se dirigent en matière d’agriculture, il n’en
demeure pas moins que les activités agricoles ont donné lieu à des paysages singuliers. Ainsi, le
paysage est définit par la Convention européenne du paysage (Florence, 2000) comme :

« une partie de territoire, telle que perçue par les habitants du lieu ou les visiteurs, qui évolue
dans le temps sous l'effet des forces naturelles et de l'action des êtres humains »23.

Ou encore celle de Bertrand :

« le paysage n’est pas la simple addition d’éléments géographiques disparates. C’est, sur une
portion d’espace, le résultat de la combinaison dynamique, donc instable, d’éléments physiques,
biologiques et anthropiques qui en réagissant dialectiquement les uns sur les autres, font du
paysage, un ensemble unique et indissociable en perpétuelle évolution. La dialectique type-
individu est le fondement même de la méthode de recherche »24

On voit bien dans ces définitions que le paysage se situe entre le naturel et l’héritage des
gestions humaines du territoire. Cet équilibre entre nature et société à un caractère dynamique,
évolutif et non linéaire. Il s’agit donc de prendre en compte les dynamiques des écosystèmes qui
forment le paysage.

La nature et la société ont souvent été mises en opposition. Cette dualité nature/société a été
conceptualisée par George Bertrand25. Ainsi, il entreprend d’établir les étapes principales de
l’évolution du paysage agraire en mettant en relation le changement de regard, d’interprétation et
attente de la société face à la nature. Par une approche systémique une mise en valeur des
interrelations entre les deux entités, il distingue quatre phases :

- La nature contre la société. Une lutte de la société contre la nature, artificialisation et


anthropisation de la nature,
- La nature domestiquée. Un pseudo équilibre entre nature et société,
- La nature occultée ou niée. Une nature vaincue par une révolution technicienne, un
déterminisme social et technologique. Le social et l’économie au centre des explications,

22
L’association Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières,
URL : http://www.avsf.org/public/posts/1277/agroecologie_paroles_acteurs_gtd_cari_avsf_2013.pdf
23
Conseil de l’Europe, http://www.coe.int/
24
G. Bertrand, « Paysage et géographie physique globale. Esquisse méthodologique », RGPSO, 3, 1968, p.250.
25
Georges Bertrand, géographe français, Université Toulouse II.

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- La nature retrouvée. Le constat de l’épuisement des ressources non renouvelables, de la


dégradation des équilibres essentiels, de la pollution des eaux et sols et des grands cycles perturbés
entrainent une remise en question des modes de gestions de l’agriculture (uniformisation et
banalisation des paysages, disparition paysage familiers).26

On voit donc un retour à la « nature » de la société, par la prise en compte de l’impact de


cette société sur les écosystèmes, qui favorise le développement de notion telle que les services
rendus par la nature à la société. Les services rendus par la nature sont inscrit dans le système
écologique. Les services écosystémiques, ou services écologiques sont les services rendus par les
écosystèmes, à savoir les bénéfices que ceux-ci peuvent apporter à l’homme et à la société. En
2005, le Millenium Ecosystem Assessment (MEA) désigne :

« les biens et services écologiques, ou services écosystémiques, comme des biens et services
que les hommes peuvent tirer des écosystèmes, directement ou indirectement, pour assurer leur
bien-être. »

Le MEA a déterminé quatre catégories de services écosystémiques :

- Les services de supports,


- Les services d’approvisionnement,
- Les services de régulations,
- Les services culturels.

Le schéma suivant permet d’identifier et de caractériser les différents services écosystémiques,


mais également de les mettre en parallèle avec leur effet sur le bien-être humain.

26
Renard J., les mutations des campagnes – paysages et structures agraires dans le monde, coll. U ed. A. Colin.

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Services écosystémiques Ingrédients du Bien-être

Approvisionnement Sécurité

Alimentation Sûreté des personnes


Accès sécurité aux ressources
Eau douce
Protection contre les risques
Bois et fibre
Combustible Confort matériel

Niveau de vie
Alimentation équilibrée
Régulation Liberté de choix et
Support Abri
Accès aux biens de d’action
Cycles biogéochimiques, Climatique consommations
Des crues Opportunité pour chaque
Pédogénèse
Épidémiologiques Santé individu de pouvoir vivre
Production primaire
Purification des eaux suivant ses aspirations
Force physique
Bonne santé
Accès à l’air et à l’eau propres
Cultures

Esthétiques Qualité des relations sociales


Spirituels
Cohésion sociale
Éducatifs
Respect mutuel
Récréatifs Capacité d’entraide

Schéma 2. Services écosystémiques et bien-être humain : synthèse des enjeux (Millenium Ecosystem Assessment, 2005),
L’épaisseur de des lignes noires est proportionnelle à l’intensité des liens entre services écosystémiques et bienêtre humains

Les services de support sont les services qui correspondent aux processus de base
nécessaire au fonctionnement des écosystèmes. Ils sont également appelés services d’auto-
entretien et comprennent :

- La formation et la rétention des sols,


- Le développement et entretien des cycles biogéochimiques,
- La production primaire, de biomasse, par photosynthèse et assimilation d’éléments
nutritifs.

Ces services ne servent pas directement à l’homme mais peuvent avoir un impact sur les
autres services écosystémiques.

Les services de production ou d’approvisionnement sont les services à l’origine des


produits et biens produit par les écosystèmes. On peut distinguer plusieurs catégories :

- L’eau douce,
- La nourriture (chasse, pêche, cueillette, …),
- Les matériaux et fibres (bois, papier, coton, caoutchouc, cuirs, …),

32
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- Les agro-carburants (bois, biomasse, éthanol,…),


- Les ressources ornementales (coquilles, fleurs, …),
- Les ressources génétiques (la nature et les espèces vivantes peuvent servir à des
buts scientifiques, industriels, agricoles ou agroalimentaires),
- Les ressources médicales et pharmaceutiques,

Les services de régulation sont les services dont le bénéfice est issu de la régulation des
processus des écosystèmes tels que :

- La régulation du climat global et/ou local,


- La régulation de la qualité de l’air,
- La régulation de la qualité de l’eau,
- La régulation des espèces nuisibles, des infections et des maladies,
- La pollinisation,
- La régulation des risques naturels (incendie, inondation, érosion des sols,
glissements de terrain, …).

Les services culturels sont les services non matériels rendus par les écosystèmes. Ils
regroupent des services tels que :
- Le spirituel et le religieux,
- L’agrément et l’écotourisme,
- La beauté écologique,
- L’éducation,
- La construction du paysage,
- etc.

L’évaluation des services rendus par les écosystèmes permet l’identification de son lien avec
le bien-être. Cinq ingrédients au bien-être ont été mis en avant : la sécurité, le confort matériel, la
santé, la qualité des relations sociales et la liberté de choix et d’action.

Les services d’approvisionnement et de régulation sont les services les plus favorables au
bien-être. En effet, ils permettent notamment :

- d’avoir une alimentation équilibrée,


- une bonne santé,
- la protection contre les risques,
- l’accès sécurisé aux ressources,
- etc.

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Ces éléments du bien-être sont directement reliés à la liberté de choix et d’action, selon le
rapport Chevassus. Les services rendus par les écosystèmes sont donc par effet cascade, la source
de l’opportunité de chaque individu de pouvoir vivre suivant ses aspirations.

Le choix de la réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais de se focaliser sur les


services rendus par les infrastructures agro-écologiques c’est fait à la fois dans une optique de
communication auprès des acteurs et gestionnaires du territoire et stratégique dans le sens où ce
thème est encore exploratoire en recherche.

Les infrastructures agro-écologiques sont définies comme des éléments singuliers du


paysage rural. Elles sont constituées par les bosquets, les haies, les bandes enherbées, les prairies
naturelles, les mares, les chemins enherbés et tous les milieux peu ou pas anthropisées dans les
espaces agricoles. Ces éléments ont un rôle majeur dans une multitude de domaines tels que la
biodiversité, constitution d’un biotope, la protection contre l’érosion des sols, l’épuration de l’eau,
etc. ; ce sont des exemples de services rendus par les infrastructures agro-écologiques. Ce point
sera développé dans les parties deux et trois.

Réaliser l’évaluation des services rendus par les infrastructures agro-écologiques sur le
territoire du parc naturel régional du Gâtinais permettra d’avoir des arguments afin de convaincre
les agriculteurs, les élus et la population de participer à la mise ou remise en place des
infrastructures agro-écologiques pour la lutte contre le risque de ruissellement et l’érosion des sols
agricoles sur le territoire du parc.

Un aléa naturel se définit comme « la probabilité qu’un évènement naturel se produise pour
un lieu ou une région. »27

Un aléa devient un risque quand il y a une vulnérabilité humaine ou matérielle. Ainsi, on


définit la vulnérabilité comme « la mesure des conséquences dommageables sur les enjeux
sociaux, il doit y avoir une évaluation des enjeux. »28

Le risque est donc « un événement dommageable, doté d'une certaine probabilité,


conséquence d'un aléa survenant dans un milieu vulnérable. Le risque résulte, donc, de la

27
Érosion hydrique des sols en France, INRA, 2002.
28

34
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conjonction de l'aléa et d'un enjeu, la vulnérabilité étant la mesure des dommages de toutes sortes
rapportés à l'intensité de l'aléa. »29

C’est en raison d’une vulnérabilité de la population face à un aléa de précipitation intense


que le Parc naturel régional du Gâtinais français (Île-de-France) a été sollicité pour identifier,
diagnostiquer et résoudre un problème de ruissellement et d’érosion des sols agricoles.

b. Problématique territoriale

Cette étude est d’autant plus importante que depuis 1982, plus de la moitié des 69
communes du PNR ont été déclarées en état de catastrophe naturelle pour le risque d’inondation
pluviale et de coulées de boues. Ces aléas sont provoqués par de fortes précipitations entrant
également des phénomènes de ruissellement et d’érosion des sols qui concentrent les eaux venant
de l’aval dans les vallées et talwegs urbanisés. Il y a une concentration des risques sur le territoire,
d’un point de vue hydrologique, pédologique, biogéographique et humain.
Les enjeux humains, de la biodiversité et de ressource en eau ont été identifiés et
cartographiés, principalement à partir de données récoltées par un travail de terrain. Les
informations ont ensuite été confrontées, synthétisées et hiérarchisées pour fournir un classement
du risque d’inondation et de coulées boueuses par commune.

« Pour les communes présentant un risque fort et très fort, ainsi que pour les communes
volontaires, le Moulin de Lucy a élaboré des propositions d’aménagements pour contenir ou
réguler les eaux de ruissellement, sous forme d’Avant Projets Sommaires. Ces aménagements
hydrauliques auront également des répercussions sur la qualité des eaux superficielles et la
conservation des sols. En plus des élus des quatre communes, les exploitants agricoles des bassins
versants étudiés au stade Avant-projet Détaillé ont été associés à la réflexion puisqu’ils font partie
des acteurs du territoire et sont pleinement concernés par la problématique de maîtrise des
ruissellements. » 30

Les actions proposées par le bureau d’étude portent sur des mesures agro-
environnementales, des évolutions des pratiques agricoles, des aménagements hydrauliques, en
lien avec « la restauration de la trame verte et bleue, prendra la forme d’un programme PRAIRIE

29
Commission interministérielle de l'évaluation des politiques publique. Commissariat Général du Plan (1997) - La prévention des
risques naturels, rapport d'évaluation.
30
Bureau d’Étude Moulin de Lucy, Projet agro-environnemental – Lutte contre le ruissellement et l’érosion – Diagnostic agricole,
Programme de gestion intégrée des bassins versant du PNRGF, janvier 2012

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(Programme Régional Agricole d’Initiative pour le respect et l’Intégration de l’Environnement),


solution adaptée aux objectifs définis. »31

L’étude du Moulin de Lucy s’inscrit dans un contexte territorial particulier, entre « nature »
et société. Le diagnostic du territoire du bureau Moulin de Lucy a permis d’établir un cadre et un
contexte territorial mettant à jour les problématiques et enjeux propres au paysage du Gâtinais
français.

II. Contexte « naturel »

Le parc naturel régional du Gâtinais français rassemble 69 communes sur 75 640 hectares.
Celui-ci se situe à cheval entre le département de l’Essonne (91) et de la Seine-et-Marne (77), au
sud de l’Île-de-France.
La présente étude s’inscrit dans un contexte morphopédologique et hydrique précis. Ce contexte
est à la base des services rendus par la nature, des ressources naturelles. Cette partie reprendra les
constatations et informations issus du rapport du bureau d’étude Moulin de Lucy. Dans la mesure
du possible celles-ci seront affinées et étendues à l’échelle de la réserve de biosphère de
Fontainebleau et du Gâtinais.

a. Données morpho-pédologiques

Le dossier de révision de la réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais de 2009


associé au rapport d’étude du Moulin de Lucy nous permet d’avoir des données morpho-
pédologiques.

Le territoire de la réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais qui englobe le parc


naturel régional du Gâtinais français se situe au sud du bassin sédimentaire de l’Île-de-France. Le
bassin parisien est une large cuvette de terrains secondaires et tertiaires qui se redressent vers ses
marges, les massifs anciens des Ardennes, des Vosges, du Morvan, du nord du Massif central et de
la Bretagne. Le centre de la cuvette, auquel appartient le territoire de la réserve, est limité à l’est
par la Côte d’Île-de-France (qui porte le vignoble de Champagne), au sud par les coteaux du

31
Moulin de Lucy. Op.cit.

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Gâtinais, à l’ouest par les collines du Perche. Il est constitué de sédiments tertiaires marins,
lagunaires et lacustres.

Il y a 35 millions d'années, une mer chaude (mer stampienne) envahit cette région, et dépose
sur les calcaires de Brie et les marnes vertes (Sannoisien) une épaisseur d'une cinquantaine de
mètres de sédiments sableux, le sable « de Fontainebleau » qui forme une grande partie du substrat
du massif forestier de Fontainebleau. Accompagnant le retrait progressif de la mer, des lagunes
s'installent dans les dépressions, larges chenaux orientés ouest-nord-ouest / sud-est apparait sous la
contrainte des profondes fractures qui entaillent le socle du bassin parisien. La silice, mobilisée
par la circulation souterraine de l'eau, se redépose, cimente le sable en vaste lentilles gréseuses.
L'émersion finale provoque la cimentation la plus étendue à l’origine des platières actuelles.

Il y a 25 millions d'années, le lac d'Étampes inonde ces reliefs ondulés. Sur son fond, du
calcaire se dépose, emprisonnant Limnées et Planorbes. A la fin du Miocène, une épaisse couche
de calcaire et de graviers recouvre les grès de Fontainebleau. Puis, sur cette surface, le réseau
hydrographique s’installe et une très lente érosion met au jour les platières fracturées par l'action
de failles profondes. A la fin du Tertiaire et au Quaternaire l’incision fluviatile donne sa
physionomie actuelle à la région. Au nord et à l’est, les eaux entaillent largement les bancs de
marne, de gypse et de meulière et découvrent le calcaire grossier tandis que les vents déposent le
limon sur les plateaux. L’entaille des plateaux par la Seine et ses affluents engendre une assez
forte énergie de relief, dépassant 100 m en plusieurs endroits. Les alignements de platières sont
dus aux dalles de grès qui arment leur sommet, mais aussi à des dalles plus profondes, presque
systématiquement présentes, même si elles sont moins visibles. C’est la superposition de plusieurs
dalles de grès qui donne des chaos fournis à l’origine de ces échines vigoureuses.

La carte géologique de Fontainebleau et Melun (annexe7) permet de mettre en lumière les


différentes étapes géologiques et les formations géomorphologiques. La Réserve de biosphère de
Fontainebleau et du Gâtinais se compose d’un point de vue géomorphologique, de plateaux
subhorizontaux, de buttes allongées selon une direction nord-ouest – sud-est et ouest nord-ouest –
est sud-est, des vallées souvent larges, à versants raides et concaves qui constituent les éléments
fondamentaux de la morphologie du paysage locale. Ainsi, on peut identifier les grandes unités
géomorphologiques sur le territoire de la Réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais :

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o le plateau de Beauce, recouvert par des limons éoliens (lœss),


o les vallées « humides », constituées d’alluvions anciennes et modernes. La vallée
du Loing, située sur un paléo chenal de la Loire, accueille des alluvions de
grosses tailles, notamment des galets,
o les parties sommitales des platières et les plateaux en bordure des versants
sableux, recouverts de sables soufflés au Quaternaire à partir de la base des
versants, avec présence quelquefois de véritables dunes fossiles,
o les versants, constitués de colluvions de sables siliceux, riches en cailloutis
calcaires et bloc de grès de tailles variables pouvant former de véritables
versants armés,
o les vallées sèches, emplies de colluvions de sables siliceux (dépôt meuble sur un
versant) et de grèzes (sol légèrement calcaire formé de graviers et recouvrant
des versants calcaires) constituant pour les sols un substrat original.

A ces données géomorphologiques, les données pédologiques permettent t’établir un lien


entre « nature » et société.

Le sol « provient de la décomposition et de l’altération des roches par l'action de l'eau,


de l'air et des êtres vivants. Au cours du temps, le sol s'épaissit et se modifie ; il acquiert des
constituants (matières organiques, argiles...) et des structures (couleurs, agrégats, horizons...)
qui lui sont spécifiques. »32

Le sol est pourvoyeur de biens et de services. L’institut de recherche pour le


développement (IRD), énumère ces « services rendus » par le sol de la façon suivante :

« - nourrit le monde. Il produit, contient, accumule, tous les éléments nécessaires à la vie
(azote, phosphore, calcium, potassium, fer, oligoéléments…), y compris l’air et l’eau. Le sol
joue un rôle de garde-manger, plus ou moins grand et plus ou moins rempli. Les sociétés
humaines, qui se nourrissent des plantes et des animaux, sont totalement dépendantes des sols.

- est un composant fondamental du cycle des eaux continentales. Après une pluie, les sols
poreux évitent le ruissellement ; ils contribuent donc à l’alimentation des nappes phréatiques.
La porosité des sols détermine la proportion de l’eau qui ruisselle et de l’eau qui s’infiltre dans
les sols. Le sol régule donc le régime des cours d’eau et le remplissage des nappes
souterraines.

32
IRD, Les sols, des milieux vivants très fragiles, URL : http://www.mpl.ird.fr/suds-en-ligne/sols/sols.pdf

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- filtre et épure les eaux qui le traversent. Il en influence la composition chimique et


biologique. Cette capacité a cependant des limites : les sols gravement pollués (par des
activités industrielles ou agricoles) transmettent une partie de leur pollution aux eaux qui les
traversent.

- influence la composition de l’atmosphère. En particulier, il stocke et relâche des gaz à


effet de serre. Le sol est un puits pour le carbone : certains modes de gestion des sols
accumulent le carbone dans les sols. Or, accumuler du carbone dans les sols (principalement
dans la matière organique) est généralement bénéfique pour la fertilité agricole des sols et
pour diminuer la richesse en CO2 de l’atmosphère : le sol est l’un des acteurs majeurs des
évolutions climatiques.

- est lieu de vie. C’est un passage obligé pour de nombreuses espèces animales et
végétales ; de nombreux cycles biologiques passent par le sol, qui est donc partie prenante de
nombreux écosystèmes. Beaucoup d’antibiotiques sont produits par des champignons du sol.

- est une vaste réserve génétique. Il abrite et influence une grande partie de la
biodiversité terrestre. Mais, à l’inverse, les activités biologiques sont essentielles à la
construction des sols, à leur fonctionnement et à leur fertilité.

- fait le sol… et le sol fait la vie.

- fournit les matériaux que l’Homme utilise pour construire routes et bâtiments et pour
ses activités industrielles, artisanales, culturelles ... Il contient des ressources minérales (or,
aluminium, fer…). Il fournit des colorants utilisés pour la peinture.

- est un véritable livre d’histoire. Il conserve les traces de l’histoire, souvent très
longues (jusqu’à plusieurs millions d’années), de sa formation : en étudiant les sols on peut y
découvrir quelles furent certaines des conditions climatiques et biologiques du passé. Mais
aussi, le sol conserve les témoins de l’histoire de l’humanité.

- objet culturel et religieux, est un lien puissant entre les Hommes et les milieux. » 33

Le sol est le lien entre « nature » et société, il est le support de la végétation. Sa structure et
sa composition.

Sur le territoire du PNRGF, le contexte pédologique a été établi à partir des unités
cartographiques des sols de l’INRA à l’échelle 1/25 000ème.(annexe 8)
Le rapport du BE Moulin de Lucy établit que 20% des sols du territoire du PNRGF sont
calcaires, donc très perméables et peu sujet au ruissellement et à l‘érosion. « Ce sont les sols

33
IRD, Les sols, des milieux vivants très fragiles, URL : http://www.mpl.ird.fr/suds-en-ligne/sols/sols.pdf

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34
limoneux, qui devenant battants sous l’effet de la pluie, favorisent le ruissellement. » Les sols
battants sont localisés sur les plateaux recouverts de limons des plateaux et/ou lœssiques.

« Environ 38% des sols présenteraient une battance moyenne à


forte et 45% des sols seraient fortement érodables. Un travail du sol
défavorable au maintien d’une structure rugueuse et aérée peut
contribuer au maintien de ce phénomène. La présence de cailloux a été
observée parfois en forte proportion dans des parcelles cultivées, mais
aucune donnée chiffrée n’est disponible. » 35

Les sols sableux de versant représentent 20% des sols du PNRGF. Ceux-ci ont la
caractéristiques d’être relativement filtrants, mais du fait d’une structure peu cohérentes associée à
des pratiques culturales favorisent l’érosion de sols agricoles.

« Suite à des orages, il a été observé dans des parcelles irriguées,


cultivées en maraîchage sur Boissy-le-Cutté, le délitement du sol
sableux, emporté par le ruissellement. »36

Les sols de la Plaine de Bière sont également à dominance sableuse, environ 65% et donc
très hydromorphes.

D’après des analyses, le taux de matière organique du sol varie entre 1,5 et 3% selon les
exploitations, mais la moyenne tourne autour de 1,8%. La matière organique (MO) dans le sol
contribue à maintenir un bon état de la composition et de la structure du sol. Sur le territoire du
PNRGF n’est pas très élevés. « Ce sont les exploitations, qui utilisent le moins le labour, qui
présentent des valeurs de matière organique satisfaisantes et en constante évolution (2-3 %) »37.

Le sol est donc un élément essentiel dans la compréhension de la localisation des risques de
ruissellement et d’érosion des sols. Le contexte et l’environnement naturel couplés à la gestion du
sol par l’homme et notamment avec l’agriculture et l’urbanisation renforcent la vulnérabilité du
territoire et de la population.

34
Moulin de Lucy, Diagnostic agro-environnemental territorial – Gestion intégrée des bassins versants du Parc Naturel Régional
du Gâtinais français – lutte contre le ruissellement et l’érosion, janvier 2012
35
Moulin de Lucy. Ibid.
36
Moulin de Lucy. Ibid.
37
Moulin de Lucy. Ibid.

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b. Ressources et bilan hydrique

Le climat de l’Île-de-France se caractérise par un climat tempéré aux influences océaniques


dominantes. L’étude climatique du secteur se base les données de Météo-France et les stations
météorologiques de Bretigny-sur-Orge (Essonne) et de Melun (Seine-et-Marne). Les résultats sont
donnés dans le diagnostic de territoire de la Réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais
de 2009.

Ainsi, la Réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais est caractérisée par un climat


relativement homogène sur l’ensemble du territoire. Celui-ci est de type tempéré atlantique (ou
océanique dégradé), à la rencontre des grandes influences climatiques qui se développent sur les
plaines et les plateaux au sud du Bassin parisien. Les températures moyennes sont plutôt douces :
les moyennes mensuelles des températures vont de 2,5°C en janvier à 20,5°C en juillet. La
moyenne annuelle varie entre 10°C et 12,5°C. L’ensoleillement est de 1 700 heures par an.

Les précipitations sont modérées, entre 550 et 800 mm par an en moyenne, avec des
contrastes marqués selon les lieux et les années. Elles sont également reparties sur l’année mais
plus fréquentes en hivers (2j/3), plus rare mais plus intenses l’été à cause des orages (1j/3). La
neige est peu fréquente : environ une dizaine par an. Les précipitations mensuelles de la station
météorologique de Fontainebleau entre 1958 et 2008 permettent d’avoir des chiffres moyens pour
le territoire de la réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais. Le tableau 5 montre ainsi
les tendances des précipitations :

Tableau 5. Précipitations mensuelles (mm) entre 1958 et 2008


Villes/mois J F M A M J J A S O N D Total
Fontainebleau 68 57 55 45 65 60 59 61 65 57 68 64 723

D’après l’étude du Moulin de Lucy, les précipitations mensuelles moyennes entre 40 et 60


mm réparties de manière homogène, sans période pluvieuse ou sèche marquée. Les épisodes
orageux, responsables du risque de ruissellement et d’érosion des sols agricoles, se concentrent
entre les mois de mai et d’août, avec des précipitations supérieures à 24 mm/h. Le tableau ci-
dessous permet de voir que les précipitations sur le PNRGF sont relativement stables depuis 30
ans et sont peu marquées

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Tableau 6. Cumul saisonnier moyen de 13 communes du PNRGF sur 30 ans

Minimum (mm) Maximum (mm) Normal (mm)


Printemps (mars-mai) 19 282 140-170
Été (juin-août) 43 370 153-170
Automne (sept.-nov.) 56 370 140-190
Hiver (déc.-fév.) 48 283 153-180

Carte 5. Cumul annuel des précipitations – Période 1970/2011,


Source : Moulin de Lucy, 2012
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Le moulin de Lucy a réalisé une cartographie du cumul saisonnier des précipitations, à l’aide
de la méthode AURELHY, Analyse Utilisant le Relief pour l’Hydrologie. Cette méthode a été
développée par Météo-France pour réaliser une climatologie de 1km de résolution spatiale. Elle
consiste à interpoler les valeurs entre les points disposant des 30 années de mesure d’un
paramètre, en reliant la variabilité spatiale du paramètre à celle du relief, données MNT (modèle
numérique de terrain) de l’IGN38.

La carte (annexe 9) indique la zone la plus arrosée au printemps au sud-est du PNR, autour
de la commune de la Chapelle la Reine ainsi que deux zones secondaires à l’ouest de l’Essonne et
autour de la commune de Videlles, entre l’Essonne et l’École, avec un cumul saisonnier entre 166
et 182 mm. Tandis que la carte (annexe 10) identifie deux foyers de précipitations : le nord et le
sud-est du Parc. Ces zones reçoivent des précipitations estivales entre 152 et 160 mm.

Les vents sont de dominante ouest sud-ouest, en particulier en période hivernale où ils sont
associés à des régimes océaniques perturbés apportant pluie et douceur, et de nord-est en
particulier en période estivale sous influence anticyclonique continentale associées à un temps sec
et plus continental.

Si les précipitations sont relativement homogènes tout au long de l’année et sur l’ensemble
du territoire, on observe deux grandes tendances pour la recharge des nappes souterraines :

- Recharge en hiver et au printemps,


- Vidange en été et en automne.

Par manque de données sur la recharge ou la vidange des nappes phréatiques sur le territoire
de la Réserve de biosphère de Fontainebleau, les moyennes nationales permettent d’avoir une idée
globale des tendances moyennes et pourcentages d’évaporation, d’écoulements de surface et
recharge de nappe.

38
Météo France, Glossaire, URL : http://pluiesextremes.meteo.fr/glossaire_r18.html

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Tableau 7. Les moyennes hydriques nationales, source : Météo France

Milliards de m3 mm %
Précipitation 486 889 -
Évapotranspiration 311 569 64
Écoulement de surface 75 137 15
Recharge de nappe 100 183 21

Sur le territoire de la Réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais, la ressource en


eau souterraine provient essentiellement de la nappe de Beauce. Toutefois à l’extrémité est de la
Réserve de biosphère, on retrouve la nappe de Champigny en Brie et Soissonnais. La nappe de
Champigny ou nappe de l’Éocène est constituée par les calcaires de Champigny. Cette nappe est
captive au niveau des marnes vertes, puis devient libre à l’affleurement au nord et à l’est du
territoire. Cette nappe captive est alimentée par la nappe de Beauce par drainage. Du fait de ses
caractéristiques elle est quasi-imperméable, donc protégée des intrants, et elle permet une
exploitation et une alimentation en eau potable. Toutefois, cette nappe est minoritaire sur le
territoire de la RBFG, nous ne détaillerons pas plus les dynamiques de celle-ci.

Carte 6. Carte de localisation des nappes souterraines affleurantes et basins versants superficiels dans le bassin
parisien et localisation de la Réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais, source, Réserve de
biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais, Diagnostic de territoire –Rapport technique, janvier 2008

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La nappe souterraine de Beauce alimente l’ouest de la Réserve de biosphère de


Fontainebleau et du Gâtinais. Elle est alimentée par le bassin versant Loire-Bretagne et le bassin
versant Seine-Normandie et s’étend sur environ 9 000 km². Le réservoir aquifère est composé
principalement de calcaires empilés dans une cuvette dont le fond est constitué d’argile
imperméable. Le volume d’eau ainsi stocké est évalué à une vingtaine de milliards de mètres
cubes. Il est principalement libre, et de ce fait, il est réalimenté directement par les eaux de pluie
excédentaires. Cette infiltration, qui se produit en hiver et au printemps, est de l’ordre de 110 mm
par an en moyenne, soit un apport moyen d’environ un milliard de mètres cubes par an. La nappe
de Beauce joue un rôle régulateur très important : de l’apport hivernal qu’elle reçoit
irrégulièrement, elle assure une restitution étalée dans le temps à travers l’alimentation des cours
d’eau périphériques, dont le Loir, la Loire, l’Eure, le Loing, l’Essonne et la Seine. Elle permet
également des prélèvements pour l’alimentation en eau potable, l’industrie, et l’irrigation. Le
volume d’eau alimentant les milieux aquatiques et prélevé pour les activités humaines atteint en
moyenne par an un milliard de mètres cubes.
Le développement des activités humaines, et en particulier d’une agriculture céréalière, a
entrainé des modifications importantes des conditions d’équilibre de la nappe de Beauce, tant
quantitatives que qualitatives. Une gestion équilibrée et globale de cette nappe est par conséquent
devenue une nécessité pour préserver à la fois les ressources en eau, les milieux aquatiques et les
usages associés.
Le schéma d’aménagement et de gestion des eaux (SAGE) du syndicat du pays de Beauce et
Gâtinais en Pithiverais (SAGE) a produit en 2002 un « Schéma d’aménagement et de gestion des
eaux de la nappe de Beauce et des milieux aquatiques associés – État des lieux». D’après les
données de Météo France, la SAGE a déterminé l’évapotranspiration sur le territoire de la nappe
de Beauce. L’évapotranspiration est le prélèvement d’eau dans un sol par la végétation pour
assurer sa croissance ou sa survie. On peut distinguer deux types d’évapotranspiration :

- l’évapotranspiration potentielle (ETP) qui correspond à la consommation en eau


lorsque la ressource est illimitée ;
- l’évapotranspiration réelle (ETR) qui correspond à l’eau effectivement prélevée du
fait du caractère limité de la ressource.

Le bilan hydrique est établi pour un lieu et une période donnés par comparaison entre les
apports et les pertes en eau dans ce lieu et pour cette période. Il tient aussi compte de la

45
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constitution de réserves et des prélèvements ultérieurs sur ces réserves. Les apports d’eau sont
effectués par les précipitations. Les pertes sont essentiellement dues à la combinaison de
l’évaporation et la transpiration des plantes, que l’on désigne sous le terme d’évapotranspiration.

 Si P < ETP, l’évaporation réelle sera égale à P ; il y aura prélèvement sur les réserves,
absence d’écoulement ; la période sera dite déficitaire.
 Si P > ETP, l’évaporation réelle sera égale à l’ETP, il y aura écoulement et constitution de
réserves ; la période sera dite « excédentaire ».

Le schéma 3 montre que sur la période 1973-2001, la pluviométrie annuelle oscille entre un
minimum de 400 mm/an et un maximum légèrement supérieur à 900 mm/an. La moyenne
pluviométrique sur 30 ans est de 630 mm/an. L’évapotranspiration potentielle moyenne sur 30 ans
est de l’ordre de 750 mm/an avec des moyennes annuelles entre 690 et 890 mm/an.
L’évapotranspiration apparaît donc très supérieure à la pluviométrie.

Schéma 3. Graphique des précipitations et évapotranspiration potentielle sur le territoire de la SAGE,


Source : SAGE

Le calcul du bilan hydrique permet d’établir que sur la région de Melun le bilan est
déficitaire, comme le montre le tableau ci-dessous.

46
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Tableau 8. Le bilan hydrique dans la région de Melun de 1971 à 2000, source : BASGAS, Notice d'impact
environnemental – Demande de permis exclusif de recherche d’hydrocarbure, Bloc de Fontainebleau, France, oct.
2010

En effet, l’évapotranspiration est supérieure aux précipitations. Le déficit hydrique a un


impact sur les taux de rendement en agriculture ou toute autre masse végétale. « L’impact majeur
du déficit hydrique reste une réduction de la production de biomasse par le couvert. »39
L’absorption d’eau par le couvert végétal peut donc être supérieure lors d’événements pluvieux.
Les paramètres tels que les précipitations, les températures, la saturation du sol,
l’accumulation de l’eau en surface, le type de sol, la topographie, etc. ont un impact fort sur les
variables d’ajustements face à une perturbation hydrique, aux ruissellements, aux écoulements
d’eau, aux inondations et à l’érosion des sols.
Les caractéristiques physiques des bassins versants, de l’occupation du sol et de l’intensité
des précipitations, le ruissellement et l’érosion du sol peuvent être très variables.

c) Zone naturel protégée et biodiversité

Les conditions climatiques, pédologiques et géologiques ont favorisé le développement


d’une végétation et de milieux naturels riches et variés. Le bureau d’étude Moulin de Lucy a
cartographié les zones à enjeux du Parc naturel régional du Gâtinais français. La carte ? permet
donc de localiser et d’identifier les différents enjeux environnementaux du territoire du gâtinais.
On peut voir le territoire à l’ouest du Parc, principalement dans le département de l’Essonne,
est identifié comme Zones Naturelles d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique de type I et
II (ZNIEFF). Les ZNIEFF I peuvent être définis comme :

39
Lecoeur Jérémie, « Influence d’un déficit hydrique sur le fonctionnement d’un couvert végétal cultivé »,
Montpellier SupAgro, déc. 2007.

47
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« des territoires correspondant à une ou plusieurs unités écologiques homogènes. (Par unité
écologique homogène, on entend un espace possédant une combinaison donnée de conditions
physiques et une structure cohérente, abritant des groupes d’espèces végétales et animales
caractéristiques de l’unité considérée).
Elle abrite obligatoirement au moins une espèce ou un habitat remarquable ou rare,
justifiant d’une valeur patrimoniale plus élevée que celle des milieux environnants. »40

Les ZNIEFF II contiennent :


« des milieux naturels formant un ou plusieurs ensembles possédant une cohésion élevée et
entretenant de fortes relations entre eux. Chaque ensemble constitutif de la zone est une
combinaison d’unités écologiques, présentant des caractéristiques homogènes dans leur structure
ou leur fonctionnement. Elle[s] se distingue[nt] de la moyenne du territoire régional environnant
par son contenu patrimonial plus riche et son degré d’artificialisation plus faible. »41

L’est du Parc, principalement localisé sur le département de la Seine-et-Marne, se


caractérise par la présence de ZICO, Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux, et de
SIC, Site d’Importance Communautaire au titre de la directive Habitat liées au massif forestier de
Fontainebleau.

« Les ZICO sont des sites d’intérêt majeur qui hébergent des effectifs d’oiseaux sauvages
jugés d’importance communautaire ou européenne. Cette directive impose l’interdiction de tuer
les oiseaux ou de les capturer intentionnellement, de détruire ou d’endommager leurs nids, de
ramasser leurs œufs dans la nature, de les perturber intentionnellement ou les détenir (exception
faite des espèces dont la chasse est autorisée). »42

Les SIC sont définis comme des sites :


« qui, dans la ou les régions biogéographiques auxquelles il appartient, contribue de
manière significative à maintenir ou à rétablir un type d’habitat naturel ou une espèce dans un
État de conservation favorable et qui peut aussi contribuer de manière significative à la
cohérence de « Natura 2000 », et/ou contribue de manière significative au maintien de la diversité
biologique dans la ou les régions biogéographiques concernées. »43

40
ELISSALDE-VIDEMENT L., HORELLOU A., HUMBERT G., MORET J., 2004.- Guide méthodologique sur la
modernisation de l'inventaire des zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique. Mise à jour 2004.
Coll. Patrimoines Naturels. Muséum National d’Histoire Naturelle. Paris - 73 pages.
41
ELISSALDE-VIDEMENT L., HORELLOU A., HUMBERT G., MORET J., 2004, Ibid.
42
Centre régional de la propriété forestière du Limousin – Zones importantes pour la conservation des oiseaux
(ZICO), 2011, URL : http://www.crpf-limousin.com/sources/files/FOGEFOR/droitfo_zico.pdf
43
Sénat – Les enjeux budgétaires liés au droit communautaire de l’environnement, citant de Ministère de l’écologie
et du développement durable et arrêt de la Cour de justice des Communautés européennes, URL :
http://www.senat.fr/rap/r05-342/r05-34224.html

48
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La carte recense également les Espaces Naturels Sensibles (ENS), qui ont été déterminés
en zone de protection pour éviter le développement de l’urbanisation dans des secteurs sensibles
comme les bordures de rivières.

« Un espace naturel peut être qualifié par le Conseil Général d’ENS s’il est :
- soit un espace de nature remarquable qui présente un intérêt particulier fort pour la
biodiversité et les paysages,
- soir un espace qui présente une richesse réelle et participe au maintien de la biodiversité
et de la qualité des paysages. »44

La carte répertorie également les zones humides de classe 2 et 3. Ces zones humides ont un
intérêt patrimonial fort, jouant un rôle pour certaines dans l’épuration des eaux et le maintien de la
biodiversité. Cette carte couplée aux cartes des zones naturelles protégées sur le territoire de la
Réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais, illustre bien les forts enjeux autour de la
biodiversité du territoire d’étude.
Les trois cartes en annexe (annexe 12, 13 et 14) montrent qu’il y a un grand nombre de
protection sur le territoire de la Réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais. Le tableau
suivant fait état des différents types de protections du territoire.
Zones importantes pour la Conservation des oiseaux (ZICO)
Inventaire Zones naturelles d’intérêt écologiques faunistiques et floristiques (ZNIEFF 1)
patrimonial
Zones naturelles d’intérêt écologiques faunistiques et floristiques (ZNIEFF 2)
Protection par la
Espace naturel sensible (ENS)
maîtrise foncière
Arrêtés préfectoraux de protection biotope (APB)
Parc naturel régional (PNR)
Réserve naturelle régionale (RNR)
Protection
Forêt de protection (FP)
réglementaire
Réserve biologique (RB)
Site classés
Site inscrit
Protection
Réserve de biosphère
internationale
Protection Site d’intérêt communautaire (SIC)
Natura 2000
conventionnelle Zone de protection spéciale (ZPS)
Tableau 9. Les différents outils juridiques pour la protection des espaces naturels sur le territoire de la Réserve
de Biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais, adapté d’après http://ct78.espaces-naturels.fr/

Les enjeux ne sont pas uniquement des enjeux de biodiversité. En effet, ils sont également
de nature humaine, sociétale et agricole.

44
Conseil Général de Haute-Savoie – Guide pratique à l’usage des collectivités locales 2008-2014, Schéma
départemental des espaces naturels sensibles de la Haute-Savoie, 2009, URL : http://www.cg74.fr/download/site-
principal/document/actions/environnement/ens/vademecum-ens-web-2.pdf

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III. Contexte anthropique

a. Occupation du sol

L’évolution de l’occupation du sol dépend des politiques d’aménagement et de gestion


prisent. Il existe différente bases de données permettant d’évaluer l’occupation du sol à l’échelle
du territoire de la Réserve de biosphère. Le MOS, mode d’occupation du sol, créé par l’Institut
d’Aménagement et d’Urbanisme d’Île-de-France en 2008, permet identifier à l’échelle de l’Île-de-
France et de la réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais les grands ensembles
d’occupation du sol (annexe 15). Ainsi, la réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais se
décline par l’occupation du sol suivante :

- 40% de zones agricoles,


- 47,5 % de zones boisées,
- 11,5% de zones urbaines,
- 1% de zones humides.

Toujours d’après le MOS, (carte 7) le Parc naturel régional du Gâtinais français se décline
par les pourcentages suivants :

- 55% de zones agricoles,


- 33% de zones boisées,
- 8% de zones urbanisées,
- 1% zones humides

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Carte 7 : L’occupation du sol d’après le MOS sur le PNRGF, source : PNRGF

L’occupation du sol sur ce territoire est donc majoritairement agricole et forestière. La


vulnérabilité territoriale du PNRGF se concentre sur les secteurs agricoles et urbains, tandis que
les milieux boisés, ouverts et les parcs participent à une réduction de cette vulnérabilité. Les zones
boisées se concentrent principalement sur les versants pentus, tandis que les surfaces cultivées se

51
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localisent sur les plateaux et les zones urbaines dans les vallées, le long des cours d’eau et en
bordure de plateaux et vallées sèches.

« On note la quasi absence de surface en herbe (prairies permanentes et prairies


temporaires), qui traduit l’absence d’élevage. Ce déficit en prairies est préjudiciable dans la lutte
contre le ruissellement et l’érosion. Ces surfaces en herbes jouent un rôle important pour freiner,
épurer, stocker les eaux de ruissellement ; et favorisent la biodiversité. Les zones boisées
existantes ne compensent que partiellement ce manque. »45

L’évolution de l’occupation du sol est à l’origine des paysages du territoire du Parc naturel
régional du Gâtinais français. L’évolution de l’occupation du sol entraine donc des modifications
dans les paysages. Les différents remembrements des parcelles agricoles au cours du XXème
siècle a entrainé le dernier grand changement du paysage par une mécanisation de l’agriculture et
des modifications de la taille et de la surface des parcelles. En Seine-et-Marne, des
remembrements ont été réalisés dans la plupart des communes, ce qui a entrainé une augmentation
de la taille des parcelles. Tandis qu’en Essonne, toutes les communes n’ont pas été remembrées,
on a donc un morcellement plus important. « La moyenne des ilots supérieurs à deux hectares de
l’Essonne est de 8,3 ha alors que celle de la Seine-et-Marne est de 9,3 hectare »46. Ainsi, en 2011,
7% des îlots ont une surface supérieure à 15 ha, et représentent 40% de la Surface Agricole Utile
(SAU).

« Ces grandes parcelles sont concentrées principalement sur les plateaux de grandes
cultures, notamment au Sud du territoire autour de la Chapelle-la-Reine. Et ces surfaces
supérieures à 15 ha sont majoritairement occupées par une seule culture.
Du côté de l’exploitant, le travail est facilité sur des grandes parcelles en monoculture :
gain de temps, économie en carburant. Le développement du machinisme agricole et de la taille
des outils va également dans ce sens, avec du matériel toujours plus adapté à de grandes surfaces.
Cette tendance va probablement continuer à se poursuivre dans les zones de plateaux car selon la
conjoncture prévue, des terres devraient se libérer dans les années à venir.
La diminution du morcellement parcellaire conduit à une simplification du paysage ayant
des conséquences directes sur : la biodiversité avec un appauvrissement, le développement des
monocultures, la disparition des éléments structurants, l’érosion des sols, le ruissellement avec
des risques accrus d’inondation»47.

Ainsi, le remembrement a profondément modifié l’occupation du sol et les paysages ainsi


que le fonctionnement des écosystèmes du Gâtinais et de la RBFG. Depuis les années 1950-70,
l’augmentation de la mécanisation et la déprise agricole ont précipité la disparition des petites

45
Moulin de Lucy Op.cit.
46
Ibid.
47
Ibid.

52
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Une clé de concertation entre enjeux et acteurs du Gâtinais

exploitations agricoles au profit des grosses (113 ha en moyenne) dédiées aux grandes
monocultures (céréales, colza, tournesol, …). Ces phénomènes ont favorisé l’élimination des
infrastructures agro-écologiques favorables à la biodiversité comme les bandes enherbées ou les
haies. La biodiversité des champs a décliné, à cause de la perte d’habitats, la raréfaction de la
nourriture et l’augmentation de la mortalité de la faune sauvage par le passage des machines
agricoles.
Cette agriculture a ainsi engendré des effets négatifs (pollution des eaux, érosion des sols) et
produit moins d’effets positifs (banalisation des paysages, appauvrissement de la biodiversité). «
La production de biens primaires ne permet plus que les autres fonctions de l’agriculture soient
remplies de façon considérée comme satisfaisante par les citoyens »48
L’article « Politique agricole commune, PAC »49 explique l’évolution des objectifs de la
PAC :

 « accroître la productivité de l'agriculture en développant le progrès technique, en assurant le


développement rationnel de la production agricole ainsi qu'un emploi optimum des facteurs
de production, notamment de la main-d’œuvre ». La compétitivité de l'agriculture
européenne à l'international en est l'une des conséquences ;
 « d'assurer ainsi un niveau de vie équitable à la population agricole, notamment par le
relèvement du revenu individuel de ceux qui travaillent dans l'agriculture ». A ce titre,
l'élargissement du 1er mai 2004 a constitué un défi de taille pour l'agriculture européenne
puisqu'il a entraîné le doublement de la surface agricole et une hausse de 70% du nombre
d'agriculteurs ;
 « de stabiliser les marchés », en évitant notamment la surproduction, mais aussi en luttant
contre une trop grande instabilité et volatilité des prix ;
 « de garantir la sécurité des approvisionnements ». L'alimentation des Européens mais aussi du
monde extérieur est l'un des enjeux importants de la PAC ;
 « d'assurer des prix raisonnables dans les livraisons aux consommateurs ».

Ces objectifs ont conduit dans les années 70 à l’autosuffisance alimentaire effective de l’Europe
mais également à une prise de conscience de problème induit par celle-ci :

 des excédents apparaissent dans plusieurs secteurs (lait, vin, céréales, viande bovine), que le
marché n'absorbe plus et dont le stockage (voire la destruction) pèse de plus en plus lourd
dans le budget communautaire. La Communauté tente alors de maîtriser voire réduire la
production, en mettant notamment en place des quotas laitiers en 1984.
 pour écouler ces excédents, la Communauté a recours aux exportations. Elle subventionne
alors les producteurs européens (« restitutions ») pour que ceux-ci vendent leurs produits à
moindre coût à l'étranger (les produits européens étant plus chers que les produits

48
Aznar O., Jeanneaux P., Déprés C., Les services environnementaux fournis par l’agriculture, entre logique sectorielle et logique
territoriale : un cadre d’analyse économique, INRA SFER CIRAD, 2009
49
Toute l’Europe, Politique Agricole Commune, site URL : http://www.touteleurope.eu/fr/actions/agriculture-peche/politique-
agricole-commune/presentation/la-politique-agricole-commune-pac.html

53
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mondiaux). Ces subventions valent toujours à l'Europe de nombreuses critiques, notamment


dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
 plusieurs États membres, notamment la Grande-Bretagne, remettent en cause l'importance du
budget accordé à la PAC.
 le modèle productiviste encouragé par la PAC a un coût environnemental croissant : pollution
des eaux, épuisement des sols...

Cette prise de conscience notamment dû coût environnemental d’une agriculture


productiviste se couple aux préoccupations internationales du Grenelle de l’Environnement (voir
plus loin). Le « Bilan de santé de la PAC » publié en novembre 2007 par la Commission
européenne a entrainé une consultation des états membres pour établir les nouvelles priorités de la
PAC. Dès 2008, les ministres de l’agriculture s’accordent sur :

 la suppression des jachères obligatoires d'ici à 2013,


 l'augmentation progressive des quotas laitiers (1% chaque année) avant leur disparition totale
en 2015,
 le « découplage » des aides pour tous les États membres (sauf dans certains secteurs),
 le renforcement de l'aide aux secteurs rencontrant des problèmes spécifiques (régions ou
secteurs économiquement défavorisés, zones présentant des risques de catastrophes
naturelles ou maladies animales),
 Un financement supplémentaire pour les agriculteurs des 12 nouveaux États membres de
l'UE,
 Une répartition du budget plus favorable au développement rural,
 Une simplification du principe de « conditionnalité ».

En octobre 2011, la commission européenne établit des propositions législatives pour la


PAC après 2013. La politique agricole commune est actuellement sujette à d'importantes
négociations entre les États membres, qui visent à définir ses règles et son budget pour la période
2014 - 2020. Plusieurs défis sont apparus ou subsistent, que la réforme de la PAC doit s'attacher à
relever :

 garantir la sécurité alimentaire alors que la population mondiale augmente rapidement,


 augmenter la compétitivité de l'agriculture européenne face à la concurrence des pays
émergents,
 redistribuer les aides aux agriculteurs de manière plus équitable,
 mieux protéger les agriculteurs des crises économiques (volatilité des prix), sanitaires
(épidémies notamment animales) et climatiques (sécheresses),
 renforcer le pouvoir de négociation (et la part du revenu) des producteurs agricoles vis-à-vis
des secteurs de la transformation et de la distribution,
 faire converger les niveaux d'aides allouées aux pays d'Europe centrale et orientale avec ceux
d'Europe de l'Ouest,
 veiller à la bonne gestion des territoires de l'UE, couverts à 80% par l'agriculture et la
sylviculture,

54
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 lutter contre le changement climatique à travers une réduction des émissions de l'agriculture,
une adaptation aux effets de ce changement et une contribution de l'agriculture à la transition
énergétique (chimie verte...),
 soutenir le développement durable dans les zones rurales où vivent plus de la moitié de la
population de l'UE,
 faire en sorte que les aides directes bénéficient aux agriculteurs actifs, et non aux propriétaires
terriens non agriculteurs,
 simplifier les règles de la PAC, qui exigent notamment des exploitants d'importantes
compétences en gestion.

La Commission européenne établit que « près de la moitié des terres de l’Union européenne
est consacrée à l’agriculture »50. L’agriculture a donc une importance majeure dans la gestion de
l’environnement. Une grande partie du paysage actuel est le résultat de cette gestion.

« L’agriculture a contribué à la création et au maintien de la diversité d’habitats semi-


naturels, lesquels façonnent aujourd’hui la majeure partie des paysages de l’UE et abritent une
multitude d’espèces sauvages. »51

Les réformes de la PAC permettent d’avoir des pratiques agricoles de plus en plus
respectueuses de l’environnement et des écosystèmes. Aujourd’hui, les agriculteurs doivent
produire de l’alimentaire mais également gérer les espaces naturels. Ainsi, ils sont pourvoyeurs de
biens et de services publics dont l’ensemble de la société profite. La PAC encourage donc les
agriculteurs à produire et fournir ces biens publics.

« Les aides de la PAC incitent de plus en plus les agriculteurs à adopter des pratiques
agricoles durables du point de vue de l’environnement. Ils sont ainsi soutenus, par exemple, pour
réduire la quantité d’engrais chimiques ou de pesticides qu’ils épandent sur leurs cultures, ainsi
que les densités de peuplement (le nombre d’animaux d’élevage par hectare de terres). Ils peuvent
également ne pas cultiver les lisières de champs, créer des étangs ou d’autres éléments paysagers
ou planter des arbres et des haies, de manière à aller au-delà des bonnes pratiques agricoles et
des techniques agricoles conventionnelles.

De plus, la PAC favorise les pratiques agricoles telles que la préservation des prairies
permanentes et la sauvegarde de la valeur esthétique du paysage. La protection de la biodiversité
et des habitats des espèces sauvages, la bonne gestion des ressources en eau et la lutte contre le
changement climatique sont d’autres priorités que les agriculteurs doivent prendre en compte. »52

50
Commission européenne – La politique agricole communes, un partenariat entre l’Europe et les agriculteurs,
Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, 16p., 2012 ; URL : http://ec.europa.eu/agriculture/cap-
overview/2012_fr.pdf
51
Ibid.
52
Commission européenne – La politique agricole communes, un partenariat entre l’Europe et les agriculteurs

55
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Pour favoriser ces nouvelles pratiques agricoles, la PAC met en place des outils tels que le
contrat territorial d’exploitation (CTE), le contrat d’agriculture durable (CAD) qui sont des
mesures agro-environnementales (MAE).

Le contrat territorial d’exploitation (CTE) est le résultat de la loi du 9 juillet 1999 qui pose le
principe d’une agriculture multifonctionnelle. « Le CTE est le premier contrat agro-environnemental
53
dont la dénomination et le régime ont été établis par la loi et par deux décrets » . Ce contrat est un
contrat administratif inscrit dans le Code Rural (art. L. 341-1, III) ayant pour vocation à remplacer
d’autres contrats agro-environnementaux. Les orientations ont été définies par le ministre de
l’Agriculture, après avis du Conseil supérieur d’orientation et de coordination de l’économie
agricole et alimentaire. Des contrats-types et des mesures-types sont élaborés par le préfet.
L’agriculteur doit ensuite choisir des mesures-types afin d’élaborer un projet cohérent de contrat
(art. R. 311-2). Le CTE définit la nature et les modalités des prestations de l’État, en contrepartie
des engagements de l’exploitant et comporte un partie consacrée aux engagements socio-
économique et un second volet portant sur les engagements « dans le domaine de l’aménagement
et du développement de l’espace rural et de l’environnement, en vue notamment de lutter contre
l’érosion, de préserver la qualité des sols, des eaux, la nature et le paysage » (art. R. 311-1, 2°).
Le résultat fut mitigé et jugé insuffisant notamment sur le plan environnemental et budgétaire.

En septembre 2002, un groupe de travail composé de représentants de l’administration,


d’organisations professionnelles agricoles et de collectivités locales, a été chargé de proposer un
nouveau dispositif contractuel recentré sur les enjeux environnementaux prioritaires et doté d’une
procédure simplifiée : le Contrat d’agriculture durable (CAD). Celui-ci est présenté en novembre
2002 aux organisations professionnelles agricoles. L’objectif est de « territorialiser les mesures
agro-environnementales à enjeux prioritaires »54. Les CAD prendront le relais des opérations
locales agro-environnementales arrivant à expiration et serviront la mise en œuvre du réseau
Natura 2000.

b. Infrastructures agro-écologiques et contexte réglementaire

53
Gervasoni Véronique, « Gestion conventionnelle des espaces naturels : Bail rural – Bail nature ? », Société
Française pour le Droit à l’Environnement, 2003.
54
Ibid.

56
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Afin de lutter contre le ruissellement et l’érosion des sols, le bureau d’étude Moulin de Lucy
et le Parc naturel régional du Gâtinais français préconisent le maintien, la restauration et la
réintroduction des éléments singuliers du paysage tels que les haies, les mares ou les chemins,
appelés également infrastructures agro-écologiques (IAE, Solagro), particularités topographiques
(PT, Union européenne), ou encore éléments fixes du paysage (MAAP).
On peut définir de manière très générale les infrastructures agro-écologiques comme :
« des milieux semi-naturels essentiels à la mise en œuvre d’une politique
de développement durable, constituent des habitats, des zones de transitions
et des milieux de déplacement favorable à la diversité des espèces »55

La Chambre d’agriculture d’Eure-et-Loir définit les particularités topographiques comme :


« les éléments pérennes du paysage présents sur les parcelles agricoles ou
jouxtant celles-ci qui constituent des habitats, des zones de transitions et des
couloirs de déplacements favorables à la diversité des espèces végétales et
animales »56

L’évaluation des services rendus par les infrastructures agro-écologiques réalisée dans le
cadre du travail à la réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais s’inscrit dans le cadre
international et européen du Grenelle de l’Environnement et de la Politique agricole commune
(PAC). Cette étude s’inscrit donc dans la continuité des préoccupations cherchant à trouver un
équilibre entre problématiques environnementales, sociales et économiques. Des zones de
protections plus ou moins strictes ont été mises en place sur le territoire national, tels que le
programme Natura 2000.
Le programme Natura 2000, créé suite au « Sommet de la Terre » de Rio en 1992, est une
réponse aux inquiétudes croissantes concernant la diminution du patrimoine naturel européen. Le
réseau européen Natura 2000 comprend deux types de sites :

 Des Zones de Protection Spéciales (ZPS), visant la conservation des espèces


d’oiseaux sauvages et des habitats qui servent d’aires de reproduction, de mue, d’hivernage
ou de zones de relais à des oiseaux migrateurs,

 Des Zones Spéciales de Conservation (ZSC) visant la conservation des types


d’habitats et des espèces animales et végétales.

55
Fiche technique, conditionnalité, 2013, BCAE
56
Chambre d’agriculture Eure-et-Loir, BCAE – Maintien des particularités topographiques, 2003.

57
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Une clé de concertation entre enjeux et acteurs du Gâtinais

« Chaque État membre est tenu d’identifier des sites importants pour la conservation de
certaines espèces rares et en danger ainsi que des types d’habitats communautaires, présents sur
son territoire, en vue de leur intégration dans le réseau Natura 2000. »57

Ce réseau couvre environ 20 % du territoire de l’UE, avec près de 25 000 sites, et il vise à
protéger la biodiversité en Europe. De nombreux sites se trouvent sur des terres agricoles, et les
agriculteurs s’engagent à gérer celles-ci d’une manière spécifique afin de protéger la biodiversité.
La Trame verte et bleue et les éléments paysagers sont également des composants qu’il s’agit de
prendre en compte pour la protection de la biodiversité entre autres services.

Le tableau 10 présente en quelques dates clés les événements nationaux et internationaux qui
ont entrainé progressivement une évolution des aménagements et modes de gestion de
l’environnement.

- 1950 : convention internationale de Paris sur la protection des oiseaux sauvages pendant leur
reproduction et leur migration
- 1963 : création des 2 premiers parcs nationaux français
- 1971 : création du premier ministère de l’environnement en France, avec Robert Poujade
- 1973 : convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages
menacées d’extinction (CITES)
- 1976 : loi française sur la protection de la nature (espèces et milieux)
- 1979 : convention de Berne (européenne) sur la protection de la vie sauvage et convention de
Bonn (mondiale) sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage
- 1979 : directive européenne « Oiseaux » (directive 79/409) relative à la conservation des
oiseaux sauvages
- 1980 : lancement de la stratégie de conservation de la nature de l’UICN
- 1982 : Sommet de la Terre à Nairobi (Kenya)
- 1992 : Sommet de la Terre à Rio (Brésil). Adoption de la Convention sur la Diversité
Biologique (CDB)
- 1992 : directive européenne « Habitats, faune, flore » (directive 92/43) concernant la
conservation des habitats naturels, ainsi que les espèces de la faune et de la flore sauvages
- 1994 : ratification par la France de la Convention sur la Diversité Biologique
- 1998 : stratégie européenne pour la biodiversité
- 2001 : lancement par les Nations-Unies d’un groupe de travail composé de 1 360 experts de 95
pays, chargés de réaliser une évaluation des écosystèmes pour le millénaire MEA («
Millennium Ecosystem Assessment »)
- 2001 : la France se donne pour objectif de stopper la perte de la biodiversité d’ici 2010
- 2002 : Sommet de la Terre à Johannesburg (Afrique du Sud). Les Etats fixent l’objectif
d’enrayer d’ici 2010 l’érosion de la biodiversité (objectifs du millénaire) ; le programme des
Nations-Unies pour l’environnement (PNUE) décide que le 22 mai devient la journée
mondiale de la biodiversité

57
Le Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie, URL : http://www.developpement-durable.gouv.fr/Le-
reseau-europeen-Natura-2000,24255.html

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- 2004 : conférence de Malahide, sous présidence irlandaise de l’Europe : les gouvernements


européens s’engagent à arrêter la perte de biodiversité à l’horizon 2010
- 2004 : adoption de la Stratégie Nationale pour la Biodiversité (SNB) en France, déclinée en
plans sectoriels / engagement de la France, au sein de l’UE, à arrêter la perte de biodiversité
avant 2010.
- 2005 : signature en France de la charte de l’environnement, plaçant les principes de sauvegarde
de l’environnement sur le même plan que les droits de l’homme et du citoyen (1789) et que
les droits économiques et sociaux (préambule à la constitution de 1946)
- 2005 : Charte de l’environnement (France)
- 2005-2007 : processus consultatif visant à évaluer la forme et les différentes options possibles
pour un « mécanisme international d’expertise scientifique sur la biodiversité » (IMoSEB)
- 2006 : loi de réforme des parcs nationaux (loi 2006-436) en France
- 2007-2008 : lancement du Grenelle de l’Environnement (France)
- 2007 : création du parc naturel marin de l’Iroise, premier parc naturel marin français
- 2009 : février : réunion des ministres de l’environnement à Nairobi (dans le cadre de la 25ème
conférence du PNUE) - novembre : annonce du lancement d’une consultation vers la
création d’une plateforme intergouvernementale d’experts sur la biodiversité et les services
rendus par les écosystèmes (IPBES3) par le PNUE - 4ème journée mondiale de la
biodiversité
Tableau 10. Dates clés de l’émergence des préoccupations environnementales au niveau national et international

L’avancée des connaissances en écologie et en sciences de l’environnement permet


d’envisager des techniques et des actions qui à terme offrirait la possibilité d’une agriculture plus
durable ou au mieux plus soutenable qui pourrait passer par l’implantation, la restauration ou
remise en place d’infrastructures agro-écologiques, encore appelées surfaces d’éléments
topographique (SET). Les infrastructures agro-écologiques (IAE) situées dans les exploitations
agricoles sont des éléments importants du point de vue écologique, car elles participent
évidemment au maintien de la biodiversité ordinaire dans l’espace agricole, et parfois d’espèces
remarquables dans certains habitats (cavités de vieux arbres, prairies extensives ou humides,
landes…). Les recherches ont montré que les IAE hébergent entre les deux-tiers et les trois-quarts
des espèces sauvages présentes sur une ferme58. Elles sont également utiles dans la préservation
du sol, la régulation du climat, la qualité des paysages, la prévention des risques naturels,
l’aménagement du territoire, etc.

Face à la régression de la plupart d’entre-elles, les surfaces d’intérêts écologiques font


l’objet, depuis 1990, d’un soutien dans le cadre des mesures agroenvironnementales (MAE) qui
permet d’engager des opérations de remise en état et de recréation de certains éléments,

58
Solagro, http://www.solagro.org/site/im_user/0479_$_iae_fev2012.pdf

59
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notamment en accompagnant les agriculteurs dans la gestion des ces habitats (réouverture de
prairies, entretien de haies…). Plus récemment ces surfaces font partie des critères d’éco-
conditionnalité de la PAC : dans chaque exploitation, au moins 3 % de la surface agricole utile doit
être couverte par des surface d’éléments topographiques (SET). La proposition de la Commission
européenne est de porter ce ratio à 7 % dans le cadre du « verdissement » de la PAC. Tourte la
négociation en cours va porter sur le périmètre des IAE, la mise en place ou non de coefficients de
pondération et le pourcentage de la Surface agricole utile (SAU) qui sera finalement retenu.

La surface totale non pondérée des éléments d’intérêts écologiques (correspondant aux SET)
représenterait environ 2,48 millions d’hectares en France, soit près de 9% de la surface agricole.
Mais, au-delà des questions ayant trait à la règlementation de la PAC, l’enjeu est d’accompagner
les agriculteurs pour développer des pratiques agricoles qui optimisent les potentialités
écologiques de ces espaces agricoles sans altérer la viabilité économique des exploitations. L’autre
enjeu, au moins aussi important, est la reconnaissance des agriculteurs qui œuvrent – parfois dans
des conditions économiques plus difficiles (agriculture de montagne, zones de causses,…) – à la
préservation de ces IAE. Cette reconnaissance peut se faire au travers d’un soutien aux systèmes
agricoles à haute valeur naturelle, de la certification Haute valeur environnementale et de
l’affichage environnemental. Ces éléments sont le support indispensables de la mise en place
d’une Trame verte et bleue (TVB) préconisée par le Grenelle de l’Environnement. La Trame verte
et bleue est définit comme :

« un réseau formé de continuités écologiques terrestres et aquatiques identifiées par les


schémas régionaux de cohérence écologique ainsi que par les documents de l'État, des
collectivités territoriales et de leurs groupements. Elle constitue un outil d'aménagement durable
du territoire.»59.

Maintenir une continuité entre les différents habitats afin de sauvegarder la possibilité pour
les espèces animales et végétales de se déplacer nécessite une réflexion et une cohérence à
différentes échelles spatiales. Il est important d’avoir une concertation avec les acteurs locaux
(collectivités, associations, etc.) et les gestionnaires du territoire pour s’assurer à la fois du partage
du diagnostic, de la validation et de la durabilité du réseau de trames à une échelle locale mais
également régionale et nationale.

59
Trame verte et bleue – Centre de ressource, URL : http://www.trameverteetbleue.fr

60
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Ainsi, des études ont été lancées par les collectivités, communes ou associations afin de
réaliser dans un premier temps un état des lieux et un diagnostic des continuités écologiques afin
que leur présence, ou la nécessiter d’en restaurer, soit prise en compte dans les futurs projets
d’aménagement du territoire. La réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais a lancé un
début d’étude sur la trame boisée en 201260.
En Île-de-France, le schéma régional de cohérence écologique (SRCE) a été intégré au
schéma directeur de la région Île-de-France (SDRIF) pour les vingt prochaines années, qui est en
cours de validation.
Par ailleurs, la base de données, de l’institut d’aménagement et d’urbanisme d’Île-de-France
(IAU-Îdf) et de NatureParif, ECOLINE a été récemment élaborée dans le but de réaliser une
typologie et un état de lieux des éléments de la Trame verte et bleue. Dans le cadre de l’étude des
services rendus par les infrastructures agro-écologiques et en particulier des haies, mares et bandes
enherbées, cette base de données ECOLINE nous a permis de localiser et d’identifier ces
infrastructures agro-écologiques sur le territoire du parc naturel régional du Gâtinais.

Sur le territoire du Parc naturel régional du Gâtinais français, la trame verte est composée
d’espaces naturels importants sous la forme d’espaces boisés représentant 31 % de la surface du
territoire (annexe 16). Ceux-ci offrent des espaces réservoirs de biodiversité. La trame bleue est
composée par l’association des cours d’eau et des mares, mouillère, et zone humide en générale.
Le linéaire de haie du territoire du PNRGF s’étend sur 78 km avec :

- 25% du linéaire inférieur à 50 mètres de long,


- 50% du linéaire inférieur à 100 mètres,
- 75% du linéaire inférieur à 160 mètres.

La « Trame verte et bleue » est une des solutions proposées pour contrer l’érosion de la
biodiversité au cœur des espaces ruraux et agricoles.

60
Brun C., Méthodes et outils d’évaluation de la fragmentation et de l’isolement des habitats boisés pour la mise en
place des Trames vertes – Le cas de la Réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais, 2012

61
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c. Diagnostic agricole sur le Parc naturel régional du Gâtinais

Le diagnostic agricole du Parc Naturel régional du Gâtinais français a été réalisé par le
Moulin de Lucy, grâce à des données RGA 1998 – 2000 – 2010, ASP 2010 – 2011 et des
diagnostics sur douze exploitations par enquête.

La Surface agricole utile (SAU) représente environ 54% du territoire du PNR du Gâtinais
français, soit 40 400 ha, répartie sur moins de 400 exploitations. Depuis 30 ans, la Surface agricole
commune a diminuée d’environ 1 600 ha et le nombre d’exploitation a chuté de 700 à 360, avec
une augmentation de la taille moyenne des exploitations de 65 à environ 110 ha.
L’élevage et l’agriculture traditionnelle (maraîchage, cressiculture, plantes aromatiques et
médicinales) sont minoritaires dans l’occupation du sol et la SAU, respectivement 1% et 2%.
Néanmoins, ces deux systèmes de production ont un poids économique non négligeable.

« En Île-de-France, les 1% de la SAU consacré au maraîchage pèse pour 15% du Produit


brut standard (PBS), alors que les grands cultures qui occupent 93% de la SAU pèsent pour 74%
du PBS (RGA, 2010).

Le maraîchage est en effet localisé sur un peu moins de 2% de la SAU du Parc au niveau de
la Plaine de Bière, autour de Milly-la-Forêt et de Boissy-le-Cutté, mais occupe jusqu’à 26 % de la
SAU dans la commune de Chailly-en-Bière, et entre 10 et 15 % de la SAU pour les communes de
Boissy-le-Cutté, Arbonne-la-Forêt, Perthes (données ASP 2011).»61

L’agriculture biologique se développe sur le PNR du Gâtinais français. Elle représente


environ 1% de la SAU, localisée sur 16 exploitations (2011), principalement des exploitations de
grandes cultures, plante à parfum aromatique et médicinal, maraîchage et arboriculture.

« Les surfaces cultivées en bio par commune peuvent être importantes : entre 20 et 100 ha
pour les communes de Milly-la-Forêt, Chatenoy et Saint-Martin-en-Bière et plus de 200 ha à
Maisse. »

Le système de production est majoritairement de la culture intensive peu diversifiée,


dominance des cultures céréalières.

61
Moulin de Lucy, Op.cit.

62
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Schéma 4. L'assolement sur le territoire du Parc Naturel régional du Gâtinais en 2011

Les grandes cultures de céréales représentent environ 60%, soient 24 739 ha de la surface de
l’assolement du PNR du Gâtinais.

Le faible pourcentage de la surface d’assolement cultivé en maïs, environ 1% du territoire,


s’explique par le fait que le sol n’est pas favorable et la culture de la plante nécessite trop d’eau.

Le colza, 13%, est localisé principalement sur des sols argilo-calcaires, qui permettent un
semis régulier. La culture du colza suit la récolte des céréales et couvre les sols dès l’automne
limitant le ruissellement et l’érosion des sols.

La betterave sucrière occupe une place importante dans l’assolement (11 % de la SAU). La
surface cultivée est limitée par les quotas betteraviers. Sa culture nécessite un grand nombre de
traitements herbicides et fongicides.

« C’est une culture de printemps, semée avec un large inter-rang, et dont temps nécessaire
pour couvrir le sol est important (environ 68 jours) est particulièrement sensible aux orages de

63
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printemps. Ceux-ci peuvent entraîner des risques de ruissellement important au sein de la parcelle
et aussi en aval, sans oublier les risques d’érosion. »62

Les protéagineux sont peu représentés, dont 3 % de la SAU cultivée en pois. La surface en
protéagineux a chuté ces dernières années, du fait d’accidents climatiques, qui ont limité le
rendement. L’emblavement est de ce fait très dépendant des aides accordées annuellement au
niveau de la PAC pour favoriser cette production. Cette culture a des qualités environnementales
non négligeables : sa capacité à capter l’azote de l’air présente un intérêt sur la réduction des
intrants puisqu’elle ne nécessite pas de fertilisation, et permet également d’améliorer le rendement
de la céréale suivante. L’irrégularité des rendements a été un frein à cette production, mais le
développement de variétés de pois d’hiver est prometteur et devrait apporter des solutions à
l’avenir.
On observe que les rotations des cultures sont courtes, sur 3 ans, et peu diversifiées avec une
base de blé, colza, orge et betterave. Généralement les cultures rencontrées sont de type :

- Betterave /colza /pois – blé – orge


- Betterave – blé – blé
- Maïs – blé – blé

Les jachères ne représentent en 2011, que 5% de la SAU, soit environ 2 000 ha. Mises en
place en 1992 les jachères ne sont plus obligatoires depuis 2008. On peut observer une diminution
de la superficie sur le graphique suivant :

Schéma 5. Évolution de la surface consacrée aux jachères entre 2006 et 2012

62
Moulin de Lucy, Op.cit.

64
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Une clé de concertation entre enjeux et acteurs du Gâtinais

Les surfaces en jachères persistantes sont majoritairement sur les « parcelles trop difficiles à
cultiver, peu accessibles ou à faible potentiel agronomique ». Les jachères ont un fort intérêt pour
la biodiversité mais également dans la lutte contre le ruissellement et l’érosion des sols agricoles.

« Cette surface en jachère est faible, depuis qu’elle n’est plus obligatoire, variant de 0 à
plus de 9 % de la SAU, avec une moyenne de 4²% de la SAU des exploitations enquêtées. Sur les
plateaux de grandes cultures, les jachères ont été majoritairement remises en culture ; et seules
les parcelles difficilement cultivables peu productives ont été maintenues. Il s’agit soit de prairie
temporaire, de jachère fixe, annuelle ou environnementale et sont généralement implantées en
fétuque ou trèfle et ponctuellement à usage cynégétique. Une parcelle en prairie permanente a été
recensée. »63

Les deux cartes (annexe 17 et 18) permettent de localiser cartographiquement l’assolement


en 2009 et les surfaces en jachères ou en gels.

Le diagnostic de territoire permet de faire un état des lieux et ainsi d’établir des zones
d’enjeux face aux aléas ruissellement et érosion des sols. Dans le chapitre suivant, nous allons
donner un certain nombre d’éléments sur les mécanismes de ruissellement et de l’érosion des sols,
puis quels sont les enjeux à l’échelle du PNR du Gâtinais français et enfin où se situe le risque sur
le territoire.

Chapitre 3 – Les risques érosifs et les enjeux locaux

Ainsi, on a pu voir que certaines des missions du PNR du Gâtinais français sont accès sur la
préservation des ressources naturelles et donc en lien direct avec le diagnostic de territoire réalisé
par le Moulin de Lucy sur le ruissellement et l’érosion des sols agricoles. Le PNR du Gâtinais
étant à 55% un territoire agricole, sa collaboration avec la réserve de biosphère de Fontainebleau
et du Gâtinais sur l’évaluation des services rendus par des éléments du paysage pouvant limiter ce
ruissellement et cette érosion des sols agricoles montre l’importance et le rôle des gestionnaires et
des coordinateurs pour répondre à des problématiques locales.

63
Moulin de Lucy

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Le chapitre suivant traite de l’aléa ruissellement et des risques associés (inondation, érosion
des sols et coulées de boues) sur Parc naturel régional du Gâtinais français réalisé par le Moulin de
Lucy, et de la Réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais par étude bibliographique.

II) L’aléa ruissellement

a. Qu’est-ce que le ruissellement ?

Le ruissellement se définit comme « l’écoulement par gravité de l’eau à la surface du sol


suite à des précipitations » (Le Bissonnais et al., 2002). On peut distinguer deux principaux types
de ruissellement : le ruissellement hortonien, soit le dépassement de la capacité d’infiltration du
sol, et le ruissellement sur surface saturée, lorsque le sol est déjà saturé en eau avant l’apport
d’eau des précipitations.
Le ruissellement par dépassement de la capacité d’infiltration ou hortonien survient lorsque
l’intensité de pluie (P en mm/h) est supérieure à la capacité d’infiltration instantanée du sol (IC en
mm/h) en surface. L’infiltration de la pluie dans le sol devient alors très faible. Ce ruissellement
est à la fois fonction de la pluie, de l’état structural du sol et de son humidité. Il est variable dans
le temps et l’espace. Il est notamment favorisé sur les sols nus où la formation d’une croûte de
battance apparaît plus facilement. Il peut également apparaître très localement dans les traces
laissées par les engins agricoles qui compactent le sol.
Le ruissellement sur surface saturée se produit lorsque le sol est gorgé d’eau (porosité
remplie d’eau). La capacité du sol à stocker une quantité plus importante d’eau est dépassée : le
sol « déborde ». C’est le cas à la suite d’une remontée ou émergence de nappe. Contrairement au
ruissellement hortonien, la genèse de ce ruissellement est indépendante de l’intensité des pluies :
elle dépend du cumul de pluie et des conditions du milieu. Les surfaces saturées se forment en
hiver, lors de la remontée de nappe, au cours des averses et se contractent ensuite. Les sols
présentant à un niveau ou à un autre un horizon imperméable (semelle de labour) génèrent aussi ce
type de ruissellement puisqu’ils sont plus rapidement saturés en eau. Selon la structure du paysage
(fossés, talweg, talus, …) le ruissellement peut se faire de manière diffuse ou concentré.

Les principaux facteurs favorisant la mise en place du ruissellement sont d’abord d’ordre
climatique, notamment les hauteurs et intensités des précipitations. Celles-ci peuvent être de faible
intensité mais de longue durée ou de forte intensité et de faible durée. Les propriétés

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hydrodynamiques des milieux et des interfaces traversés, comme la densité du couvert végétal,
l’occupation du sol, la structure et la texture du sol ou la rugosité de surface.

Tableau 11. Les grands facteurs d'influences du ruissellement, source :

Structure
Type de sol
Texture
Couverture du sol Type de végétation
Pente
Topographie Orientation
Facteurs d’influences
Morphologie
Précipitation
Alimentation
Irrigation
Humidité antécédente
Etat du sol
Degré de compaction

Le ruissellement peut entrainer des risques d’inondation, de coulées de boues et d’érosion


des sols. Le risque d’inondation se définit comme :
« une submersion temporaire par l’eau de terres émergées, […] Le risque d’inondation est
la combinaison de la probabilité de survenue d’une inondation et de ses conséquences négatives
potentielles pour la santé humaine, l’environnement, les biens et l’activité économique»64.
Les zones urbaines et les zones de dépressions sont des lieux de stagnation des eaux de
pluie65. Réciproquement pour des raisons d’état et de capacité du réseau d’évacuation pluviale,
mais également lorsque la capacité d’infiltration et/ou d’évacuation des eaux de pluies est
insuffisante.
L’aléa « coulée boueuse » et érosion des sols seront développés dans la partie suivante.
L’étude du Moulin de Lucy a permis d’identifier la localisation de ces aléas sur le territoire du
parc naturel régional du Gâtinais français et ainsi de cartographier le risque grâce aux enjeux
locaux.

b. L’aléa sur le territoire de la PNRGF

Afin de cartographier l’aléa ruissellement sur le territoire du Parc, les données d’occupation
du sol, de la topographie et de la pédologie ont été nécessaires. L’occupation du sol a été
catégorisée grâce au MOS 2008 (Mode d’occupation du sol de l’IAU-Îdf). 6 catégories ont été
retenues :

64
Prévention des risqué majeurs, Fiche 8 – Évaluation préliminaire des risqué d’inondation et définition des
territoires à risques, URL : http://jurisprudence.prim.net/jurisprud2011/08_fiche.php
65
BRGM, Aléa inondation – inondation « pluviale », URL : http://www2.brgm.fr/risques/antilles/guad/ipluie.htm

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- les zones boisées,


- les surfaces en herbes,
- les zones cultivées,
- les zones urbanisées peu denses,
- les zones urbanisées denses,
- les cours d’eau et étangs.

L’étude de la topographie, à partir des données MNT (Modèle numérique de terrain) de


l’IGN d’une maille de 25m, a permis d’établir 4 classes de pentes :

- l’intervalle 0 – 1%,
- l’intervalle 1 – 5%,
- l’intervalle 5 – 10%,
- et les pentes supérieures à 10%.

La pédologie, la nature des sols, à une grande importance dans l’étude du ruissellement. Les
données INRA au 1/250 000, à l’échelle de la région d’Île-de-France, ne sont pas précises à
l’échelle du PNR du Gâtinais mais demeurent pertinentes pour l’étude du ruissellement, du fait
d’une absence de données à l’échelle du département. Des cartes pédologiques à l’échelle du
département seront disponibles en 2016 pour la Seine-et-Marne et à une date indéterminée pour
l’Essonne. En fonction de la nature dominante du sol, la sensibilité à la battance a été déterminée.
La battance « traduit la sensibilité des sols à la fermeture de la porosité, formant une croûte
superficielle qui colmate la surface du sol et réduit l’infiltration des précipitations (Le Bissonais
et al. 2005) »66 entrainant un ruissellement.

Le tableau (annexe 19) liste les différents paramètres pris en compte dans le calcul de la
battance et de l’érodibilité permettant ensuite de déterminer le coefficient de ruissellement pour
l’ensemble du territoire du PNR (tableau 12). Ainsi, on peut voir que les sols les plus soumis à des
phénomènes de battance sont les sols limoneux. Le rapport du Moulin de Lucy explique que le fait
de se baser uniquement sur la nature du matériau principal à des limites et notamment « cela
entraîne une surestimation de la sensibilité à la battance dans le cas où la nature du principal
matériau du sol est un limon car toute l’unité aura une sensibilité moyenne à forte. A l’inverse, la
sensibilité à la battance d’une unité de sol à majorité sableuse ou calcaire sera nulle à faible
même si des sols limono-sableux peuvent localement être plus battants. »

66
Groupement d’intérêt scientifique Sol, source : www.gissol.fr

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Pente
Occupation du Sol Pédologie
0-1% 1-5% 5-10% >10%
Zones boisées 0 0.01 0.03 0.05
Surfaces en herbe 0.03 0.06 0.13 0.18
Battance nulle à
0.05 0.07 0.1 0.12
faible
Zones cultivées
Battance moyenne
0.08 0.15 0.23 0.26
à forte
Zones urbanisées peu denses 0.5 0.5 0.5 0.5
Zones urbanisées denses 0.85 0.85 0.85 0.85
Cours d’eau et étangs 1 1 1 1
Tableau 12. Coefficient de ruissellement en fonction de l'occupation du sol, de la pédologie et de la pente,
source : Moulin de Lucy

Ces calculs ont permis de réaliser la carte du coefficient de ruissellement (annexe 20). La
carte montre que le ruissellement est généré sur les plateaux agricoles en pente, dans les talwegs et
les zones urbaines. Trois zones majeures peuvent être déterminées sur le territoire du parc naturel
régional du Gâtinais français :
- le nord du Parc,
- le long de l’Essonne,
- la région de Milly-la-Forêt.

En mettant en parallèle la carte du coefficient de ruissellement et la carte d’hydromorphie


des sols (annexe 21 et 22), une corrélation est identifiable. Un sol hydromorphe est un sol dont la
saturation des pores du sol en eau se fait sur une période plus ou moins longue de l’année. Ces sols
se caractérisent également par un déficit en oxygène qui ralentit l’humidification et la teneur en
fer.67

La carte a été réalisée par le Moulin de Lucy grâce à la BD DoneSol de l’INRA, qui indique
si des traces d’hydromorphie ont été observées dans des sols regroupés en unités cartographiques.
Cette base de données a des limites :

67
Université de Picardie - Les principaux types de sols, URL : http://www.u-picardie.fr/beauchamp/mst/typsol.htm

69
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Ces « unités cartographiques sont spatialisables et non les unités de Sols. Dès lors, c’est à
l’unité entière que l’on attribue le caractère d’hydromorphie. Cela entraîne donc une
surestimation des surfaces au niveau du Parc. Afin d’affiner cette thématique, nous avons choisi
d’ajouter les zones humides d’après la BD Carmen. »68

Une carte de risques d’inondation par commune sur le territoire du Parc (carte 7) a été
réalisée à partir des enjeux humains pondérés par la nature des travaux réalisés à l’échelle de la
commune. Les enjeux humains concernent principalement les secteurs urbanisés.

« Ils ont été établis d’après les enquêtes et entretiens en mairie ; leur caractérisation est
difficile et doit être validée par chaque Commune. Cette difficulté est due essentiellement à deux
principaux paramètres qui sont liés :

- la plupart du temps les phénomènes pluvieux qui ont causé les dégâts sont anciens
(la mémoire du risque est estompée et ne peut pas être précise),
- les interlocuteurs ont changé De la même manière, le zonage précis n’a été
possible que pour quelques communes très sensibilisées (communication des
mairies de la déclaration des adresses des sinistrés).

Nous avons donc posé des points sur les secteurs à enjeux et non des polygones (superficies).
Trois catégories sont précisées :

-
Enjeux avérés : les sites concernés ont déjà été touchés par des inondations
pluviales et des coulées de boues (arrêtés CAT NAT ou non, d’après les enquêtes et
entretiens auprès des mairies).
- Enjeux potentiels : les sites concernés n’ont jamais été inondés depuis 1982 ;
cependant leur situation géographique les rend sensibles aux inondations
pluviales.
- Enjeux potentiels si construction : les sites concernés sont mitoyens ou au sein des
parties urbanisées (dents creuses) et se trouvent aux débouchés des talwegs
fonctionnels. »69
Les enjeux humains ont été classés en 5 classes :

- très faible : aucun dégât observé,


- faible : inondations de routes, de cours d’habitations,
- moyen : inondation d’une habitation ou des caves,
- fort : inondations de quelques habitations,
- très fort : inondations de beaucoup d’habitations.

68
Moulin de Lucy, « Note annexe d’accompagnement des cartes PNRGF version 2 »
69
Bureau d’étude Moulin de Lucy, Programme de gestion intégrée des bassins versant du parc – Note
d’accompagnement de l’Atlas cartographique, 2012, p : 33-34

70
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On peut voir plusieurs communes sortir du lot et notamment Boutigny-sur-Essonne (91) qui
présente un risque très fort d’inondations. Les arrêtés de catastrophes naturelles de la ville
présentés dans le suivant montrent que le risque d’inondation induit par ruissellement est souvent
accompagné de coulées de boue, par arrachement de terre lors d’événements pluvieux.

Tableau 13. Arrêtés de catastrophes naturelles pour la ville de Boutigny-sur-Essonne,


source : http://www.communes.com/ile-de-france/essonne/boutigny-sur-essonne_91820/risques.html

Les communes de Boissy-aux-Cailles, Milly-la-Forêt, Maisse, Barbizon ou encore La Ferte-Alais


ont un risque fort d’inondation.

Tableau 14. Le risque d'inondation par commune sur le territoire du Parc naturel régional du Gâtinais,
source : C. Brun d'après la carte du Moulin de Lucy
Risque Très Très Total
Faible Moyen Fort Sinistrée au moins 2 fois
d’inondation faible fort commune
Nombre de
32 11 16 9 1 69 19
commune
Nombres de 16% 23% 13% 2%
46% 100% 27%
commune (%) 39% 15%

Environ 46% des communes du Parc ne sont pas exposées à un risque d’inondation, 27% ont
un risque faible à moyen et enfin 10% fort à très fort. 19 communes ont été sinistrées au moins
deux fois, il y a donc un phénomène de récurrence assez important du risque d’inondation.

71
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Carte 7. Le risque d’inondation par commune du Parc naturel régional du Gâtinais, source :
Moulin de Lucy, 2012

72
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II. De l’aléa ruissellement au risque d’érosion des sols

a. Qu’est-ce que l’érosion des sols ?

Le ruissellement en terre de grandes cultures peut entrainer un risque d’érosion des sols et
ainsi augmenter la vulnérabilité des enjeux humains, matériels et environnementaux.
Le schéma 6 montre bien l’importance et la complexité des mécanismes autour du sol
(pédosphère). Le sol est au cœur des multiples interfaces entre atmosphère, hydrosphère, biosphère
et lithosphère, mais également anthroposphère. C’est un système emboité où chaque sphère à un
rôle. On peut voir que le ruissellement et l’érosion sont des phénomènes résultants de l’interface
entre l’hydrosphère et la pédosphère. L’hydrosphère se définit comme la « partie de la sphère
terrestre occupée par les eaux et les glaces. »70

Schéma 6. Organisation et complexité de la pédosphère, source Gobat et al. 2003

70
CNRTL, Centre national de ressources textuelles et lexicales, URL : http://www.cnrtl.fr/definition/hydrosph%E8re

73
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« Le sol est révélateur. Il est révélateur parfois en accentuant certains effets, dans d'autres cas
en le retardant, mais il est très certainement révélateur de notre système de gestion global de
l'écosystème. »71

« Les relations et les incidences eau/sol apparaissent en tout point dans le cycle de l’eau et
forment un système écologique interactif que de nombreuses interventions humaines peuvent
modifier aussi bien positivement que négativement »72

Ces deux citations montrent bien l’importance du rôle des sols et sa vulnérabilité face aux
interventions de l’homme. D’après les chiffres de 2009 de l’INRA73, la vitesse moyenne de
formation d’un sol est de 0,1 à 0,02 mm/an alors que l’érosion moyenne exporte 1 mm de sol par
an. Environ 18% de la surface du territoire français est concerné par un aléa d’érosion moyen à très
fort et 17% de la surface du territoire européen. Le sol et l’étude de l’érosion sont donc des enjeux
important. L’érosion des sols se définie comme :

« un processus de détachement et de transport de matières solides. S’ils sont liés à l’eau, les
transports se font :
- soit sous forme de lame d’eau répartie de façon quasi-uniforme à la surface du sol, on parle
d’érosion diffuse ;
- soit de façon localisée, dans des rigoles ou des chenaux, on parle d’érosion concentrée »74

« L'érosion des sols se développe lorsque les eaux de pluie, ne pouvant plus s'infiltrer dans le
sol, ruissellent sur la parcelle en emportant les particules de terre. »75

L’absence d’absorption de l’eau par le sol apparaît soit lorsque l'intensité des pluies est
supérieure à l'infiltrabilité de la surface du sol aussi appelée ruissellement « Hortonien », soit
lorsque la pluie arrive sur une surface partiellement ou totalement saturée par une nappe : c’est le
ruissellement par saturation. Les deux types de ruissellement peuvent être observés sur la même
parcelle. Une fois le ruissellement déclenché sur la parcelle, l'érosion peut prendre différentes
formes qui se combinent dans le temps et dans l'espace : l'érosion de versant diffuse ou en rigoles
parallèles et l'érosion linéaire ou concentrée de talweg.

71
Sahuc P., actes de Colloque UNIMATE « Le sol … cet inconnu mal traité ? » 1993.
72
Allocution de G. Tendron aux journées de l’AIEC mars 94, source : A. Angeliaume, « Ruissellement, érosion et
qualité des eaux en terre de grandes cultures – Étude comparée de deux bassins versant du Laonnois et du Soissonnais
(02) », thèse de doctorat Géographie de l’Université de Lille, 1996.
73
Agroof Développement et le Ministère de l’alimentation, de l’agriculture et de la pêche, CASDAR Agroforesterie
2009-2011 – “Améliorer l’efficacité agro-environnementale des systèmes agroforestier”, Synthèse bibliographique.
74
Le Bissonnais, Thorette, Bardet et Droussin, L’érosion hydrique des sols en France, INRA et IFEN, nov. 2002.
75
Le Bissonnais et al., 2002

74
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L’érosion diffuse résulte d’un détachement des particules consécutif à l’action des gouttes de
pluies sur le sol. Ces particules sont prises en charges par un ruissellement à caractère diffus qui
n’est pas assez puissant pour inciser le sol. Il s’agit d’un décapage uniforme de la couche
superficielle de terre. Il se produit principalement sur les zones de plateaux. Cette forme d’érosion
passe souvent inaperçue mais peut arracher un volume de terre important : un décapage de 1 mm
sur 1 ha correspond à la perte d’un volume de 10 m3 de limons fertile. Les dégâts sont pratiquement
irréversibles.

« Cette érosion dite « en nappe » se traduit par le départ d’éléments fins, les plus mobiles, et
en parallèle par la mise en saillie d’éléments grossiers (sables, graviers). »76

On distingue le ruissellement diffus en films (minces lames d’eau qui s’associent), en filés
(écoulements canalisés mais qui se divisent et se rencontrent à l’infini) et le ruissellement
hypodermique ou subsuperficiel où l’eau s’infiltre temporairement et superficiellement, puis
réapparaît en surface en micro-sources qui alimentent des coulées boueuses.

« Le ruissellement diffus est néfaste au sol car il concerne les éléments les plus fins : fractions
argileuses, limoneuses et matières organiques. »77

L’érosion en rigole résulte d’un ruissellement dont la force tractrice est assez puissante pour
arracher les sédiments sur la ligne d’écoulement. Elle apparaît essentiellement pour des sols dont les
pentes dépassent 4 à 5%. Elle s’accompagne souvent d’une érosion diffuse. Lorsque les eaux de
ruissellement se concentrent, elles peuvent selon la nature du sol et l’intensité du relief former une
ravine par creusement. Cette érosion se produit généralement dans les vallées sèches et dans les
fonds de thalweg qui constituent des chemins d’écoulements préférentiels pour l’eau qui ruisselle.
Cette forme d’érosion peut charrier de grandes quantités de terre, et être à l’origine de coulées de
boue importantes. Elle est cependant maîtrisable pour peu que l’on adopte certains principes
culturaux et que l’on préserve ou conforte certains éléments du paysage régulateurs des
écoulements.
L’érosion par ruissellement concentré se produit lorsque le ruissellement a acquis une force
tractrice suffisante, ce qui est le cas lorsque l’écoulement est concentré dans les lignes de dépression
en particulier les talwegs.

76
Angeliaume A., Ruissellement, érosion et qualité des eaux en terre de grande culture – Étude comparée de deux bassins versants du
Laonnois et du Soissonnais (02), thèse de géographie 1996
77
Ibid.

75
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Les processus érosifs dépendent d'une multiplicité de facteurs interagissant entre eux, et sont
de ce fait complexes à modéliser. Les facteurs de l'érosion devant être pris en compte pour étudier
les phénomènes érosifs font maintenant l'objet d'un consensus et regroupent le sol, l'occupation du
sol, la topographie et le climat. 78
On peut observer différents paramètres pouvant favoriser l’érosion des sols tels que la pente,
la dénivellation, le type de sol, l’occupation du sol, etc. Des choix sont donc nécessaires pour
caractériser chacun des facteurs évoqués. Généralement, ces choix sont le résultat d'un compromis
entre la connaissance que l'on a des processus, et la disponibilité des différents paramètres. Ainsi,
pour caractériser l'influence du climat, l'énergie cinétique cumulée des pluies serait probablement le
paramètre le plus pertinent, mais il n'est pas disponible, et on retiendra donc les hauteurs de pluie
cumulées, pondérées par une information sur l'intensité des précipitations.

En terre de grandes cultures, l’érosion n’est pas de la même nature selon la saison. Ainsi, en
automne et en hiver, l’érosion se fait par concentration du ruissellement.

« Les sols limoneux, particulièrement les plus pauvres en argile et en matière organique, sont
très sensibles à la battance. Les gouttes d’une pluie de forte intensité qui ne sont pas interceptées
par le couvert végétal entraînent le rejaillissement de particules fines (effet splash) et l'éclatement
des mottes par réhumectation. Les mottes « fondent » et la surface se colmate. La croûte de
battance ainsi formée s'épaissit dans les petites dépressions où l'eau stagne, permettant la
sédimentation des éléments fins. La perméabilité de la surface peut descendre en dessous de 2
mm/h en période humide. Le micro relief s'estompe et le sol perd toute capacité de rétention d'eau
superficielle. Lorsque la croûte de battance est formée, les pluies ultérieures, même si elles sont de
faible intensité, engendreront du ruissellement. »79

Les facteurs favorisant les mécanismes d’érosion des sols sont par ordre d’importance
croissante :
- la sensibilité des sols à la formation d’une croûte de battance, sur des sols battus, le
ruissellement peut survenir même sur des pentes faibles (inférieures à 5%) et lors de
précipitations peu élevées,
- l’occupation des sols, et notamment l’absence de protection par un couvert végétal en
hiver et en automne.

78
King et Le Bissonnais, 1992
79
Le Bissonnais, Thorette, Bardet et Daroussin, L’érosion hydrique des sols en France, INRA et IFEN, nov. 2002.

76
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En été et au printemps, l’érosion n’est pas le produit d’une concentration du ruissellement


mais se produit lors des orages :

« Lors des orages de printemps et d’été, l'érosion affecte les sols non ou peu couverts par la
végétation et affinés pour le lit de semence des cultures de printemps. Les particules de terre sont
facilement arrachées et entraînées par les pluies de forte intensité. »80

Les facteurs favorisant les mécanismes d’érosion des sols sont par ordre d’importance
croissante :
- l’occupation des sols et l’absence de protection par un couvert végétal lors de
violents phénomènes orageux,
- des précipitations de fortes intensités,
- une sensibilité à la battance si les sols n’ont pas été retravaillés,
- la pente si les sols ne sont pas battus.

La sensibilité des sols dépend principalement de sa texture et de sa structure. La texture d’un


sol, c’est-à-dire la proportion en sable, limons et argiles dans le sol, agît sur le ruissellement en
influençant l’infiltration des eaux de pluies. Les sols de textures fines sont généralement favorables
au ruissellement du fait d’une faible infiltration liée aux déplacements rapides des particules très
légères qui colmatent la surface et diminuent à perméabilité du sol. Plus un sol est compact plus
l’infiltration diminue. Les sols sableux et limoneux ont donc une sensibilité supérieure aux sols
argileux.
De plus, le type de couverture végétale du sol à une grande importance pour la capacité
d’infiltration des sols. Le schéma suivant récapitule la vulnérabilité à l’érosion des sols selon
l’occupation du sol.

Schéma 3. Sensibilité à l’érosion selon,


l’occupation du sol,

source : Contrat de rivière Dyle-Gette,


http://www.crdg.be/site/thematique-
inondations/503-les-coulees-de-boue-par-
ruissellement.html

80
Le Bissonnais, Thorette, Bardet et Daroussin Op.cit.

77
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Le schéma 7 montre que la présence d’un couvert végétal permet de limiter la sensibilité à
l’érosion du sol. En effet, la végétation a un rôle de stabilisateur et maintien ainsi le sol.
L’occupation du sol et son utilisation par l’homme tels que l’agriculture et la favorisation d’une
culture en particulier a donc une forte influence sur l’érosion des sols.
Les conséquences à l’échelle d’un bassin versant sont multiples. En amont, les dégâts
occasionnés par l’érosion des sols touchent majoritairement les agriculteurs. Ainsi, on peut observer
une destruction des semis dans la zone de décapage. Des rigoles et des ravines incisées par le
ruissellement entrainent un déchaussement et un arrachement des plants. Tandis que sur les replats,
on observe un dépôt de terre qui ensevelit les semis et jeunes plants qui sont alors noyés sous la
boue (eau + terre). Ce phénomène d’ensevelissement peut dans ces extrêmes être provoqué par des
coulées boueuses. L’aléa « coulée boueuse » se traduit par :

« la propagation de matériaux sans cohésion ou ayant perdu leur cohésion dès la mise en
mouvement, matériaux intimement mélangés à une quantité d’eau telles que la masse en mouvement
a franchi sa limite de liquidité. Les matériaux susceptibles de perdre ainsi leur cohésion sont des
argiles, des limons, des sols, des roches décomposées ou des éboulis fin. L’eau peut pénétrer au
sein des matériaux par infiltration avant le déclenchement de la coulée ou au moment de la rupture
par concentration des eaux de ruissellement.»81

Les ravines sont également une gêne pour le passage des engins agricoles, ce qui augmente le
temps de travail et les coûts de production.

« Si l'importance de l'érosion peut-être localement quantifiée en tonnes de sol (ou de terre)


perdues par hectare et par an, on considère généralement que des valeurs de plus de quelques
tonnes par hectare et par an correspondent à un phénomène préoccupant. »82

D'autres types de dégâts sont plus insidieux car moins visibles et conduisent à une perte de
capital sol. Les conséquences de ces pertes sont variables : une tonne de sol érodée constitue une
menace beaucoup plus grave pour un sol mince que pour un sol épais. Les distances de transports
sont aussi très variables, les sédiments pouvant se redéposer à proximité de leur point d’arrachage
ou être acheminés sur de longues distances jusqu’aux cours d’eau.
Selon le rapport de l’INRA et de l’IFEN, « L’érosion hydrique des sols en France », l'impact
de la perte de sol sur la fertilité varie selon la profondeur du sol. Ainsi, sur un sol très épais, l'impact
du décapage passera longtemps inaperçu. Les conséquences de l'érosion en termes de perte de
fertilité varient aussi selon le caractère plus ou moins meuble de la roche-mère ; sur les plateaux

81
BRGM, Mouvements de terrain et coulées de boue, URL : http://www2.brgm.fr/risques/antilles/guad/mcoul.htm
82
Érosion hydrique des sols en France, INRA 2002

78
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limoneux du Nord et de l'Ouest, le décapage par l'érosion en nappe d'une certaine épaisseur de sol
se traduit surtout par une « dilution » de la matière organique, du fait du labour qui remonte en
surface une nouvelle tranche de limon. L'effet agronomique de cette perte de sol est faible, tant que
l'érosion ne met pas à nu les calcaires situés sous la couche de dépôts limoneux. Par contre, un
décapage similaire peut entraîner une perte de fertilité définitive lorsque la vitesse de pédogenèse
est très lente, par exemple s'il s'agit d'un sol peu épais sur une roche-mère calcaire. Souvent, cette
érosion insidieuse reste inaperçue et donc peu mobilisatrice en régions de grandes cultures. Dans les
vignobles de coteau, où la notion de terroir est primordiale, les viticulteurs ont par contre coutume
de remonter la terre sur les pentes pour pallier aux pertes.
L'amincissement du sol conduit à une diminution de sa fertilité d'autant plus marquée que
l'érosion est sélective : la terre fine exportée est riche en éléments fertilisants et en matière
organique. Le décapage du sol est aussi à l'origine de la diminution de la réserve utile en eau,
d'autant plus importante pour les cultures dans les régions où les sols sont peu épais et les
précipitations contrastées (périodes sèches), comme dans la zone méditerranéenne. Les
déplacements de matière liés au ruissellement conduisent à une hétérogénéisation des parcelles. On
observe alors une ablation sélective des éléments fins et des matières organiques en haut de parcelle
et à leur entraînement vers l'aval. Les produits de traitements et les engrais encore disponibles en
surface lors de la pluie sont également entraînés par le ruissellement et peuvent provoquer des
dégâts dans le bas de la même parcelle ou dans celles situées plus loin (surdosage en engrais, phyto-
toxicité).

L’étude de l’impact de l’érosion des sols peut et doit être fait à l’échelle locale. Ainsi, les
facteurs de vulnérabilité seront possibles à identifier et des mesures de gestions possible.

b. Le risque d’érosion du sol sur le PNRGF

Le bureau d’étude Moulin de Lucy a identifié la sensibilité du sol à l’érosion à l’échelle du


parc naturel régional. D’après la cartographie réalisée à l’échelle du PNRGF (annexe 23) et à
l’échelle des communes (annexe 24) montre qu’environ 29 % du territoire se caractérise par une
sensibilité à l’érosion moyenne à supérieure.

79
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Celle-ci se concentre sur les plateaux agricoles entre l’Essonne et l’École (de Boutigny-
sur-Essonne à Mondeville), au nord-ouest entre Janville-sur-Juine et Cerny, et au sud-est entre
Tousson et Nanteau-sur-Essonne. Les zones les plus sensibles sont localisées sur le versant
ouest de l’Essonne et au sud du PNRGF (le Vaudoué, Achères-la-Forêt et Fromont). Au
contraire, le nord du PNRGF présente une sensibilité faible à très faible, et notamment au
niveau de la plaine de Bière.

Tableau 14. La sensibilité à l'érosion des communes du Parc Naturel Régional du Gâtinais,
source : C. Brun, d'après le Moulin de Lucy et sa carte de la Sensibilité à l'érosion par commune
Sensibilité à
Faible Moyenne Forte Très forte Total
l’érosion
Nombre de
13 38 16 2 69
commune
Nombre de 19% 55% 23% 3%
100
commune en % 74% 26%

Le tableau ci-dessus, réalisé à partir de la carte n° 8 de la sensibilité à l’érosion. On peut


voir que 74% des communes ont une sensibilité faible à moyenne à l’érosion et 26% une
sensibilité forte à très forte.
L’érosion diffuse est majoritaire sur le territoire du PNR du Gâtinais. Les traces
d’érosion sont peu visibles dans les parcelles agricoles en conditions climatiques habituelles.
L’érosion diffuse se localise essentiellement dans les parcelles limoneuses et se caractérise
par un transport des particules du sol via les eaux de ruissellement. Ne présentant pas une
gêne particulière pour la culture des parcelles, l’érosion diffuse passe souvent inaperçue.

« Mais les pertes de sol sont irréversibles et dommageables à moyen terme. Ce sont les
sols limoneux qui sont plus propices à l’érosion, et favorables à la formation d’une croûte de
battance ayant des conséquences agronomiques sur la germination, la levée et la croissance
des plantes. Ces phénomènes de ruissellement diffus sont aggravés par un sol affiné, une
pente défavorable, une faible couverture du sol, le type de culture…. »78

En aval de parcelle touchée par l’érosion diffuse, le ruissellement entraîne


occasionnellement des dépôts sur les voiries, dans les collecteurs, les bassins d’orage, les
mares, les plans d’eau, …

78
Moulin de Lucy, Ibid. p.53

80
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Carte 9

81
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La carte du risque de coulées boueuses par commune (carte n° 9) a été réalisée à partir
des données sur les enjeux humains, les enjeux eau et biodiversité.

« La carte du risque « coulées boueuses, a été réalisée en croisant les enjeux humains
d’une part et les enjeux eau et biodiversité groupés d’autre part avec la sensibilité des sols à
l’érosion. Afin d’amplifier les valeurs extrêmes pour améliorer la pertinence de la
hiérarchisation, la somme du carré des enjeux a été réalisée. »79

Ainsi, le tableau des détails des pondérations par communes du Parc, permet d’identifier
à l’échelle de la commune, le risque de coulées de boue.

Tableau 1. Le risque de coulées de boue dans les communes du Parc naturel régional du Gâtinais,
source : C. Brun adapté d'après la carte du Moulin de Lucy

Risque coulée
Très faible Faible Moyen Fort Très fort Total
de boue
Nombre de
25 14 21 8 1 69
commune
Nombre de 20 30 12 2 100
36
commune (%) 50 14 100

36 % des communes ont un risque de coulée de boue très faible, 50% de faible à moyen
et 14% de fort à très fort. Le risque de coulées boueuses n’est donc pas dominant, mais reste
toutefois un phénomène nécessitant des aménagements et des modes de gestion spécifiques à
l’échelle des communes concernées mais également à l’échelle du sous-bassin versant voir du
bassin-versant dans sa globalité.

79
Moulin de Lucy, « Notes annexe de l’atlas cartographique »

82
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Conclusion de partie

La société est vulnérable du fait de son rôle dans les mécanismes d’érosion des sols
agricoles et du ruissellement. C’est de cette vulnérabilité que le parc naturel régional du
Gâtinais a lancé la réalisation du diagnostic de territoire réalisé par le Moulin de Lucy, afin de
proposer et de réaliser, par la suite, des aménagements adaptés. Ces aménagements peuvent
être de deux types : des ouvrages structurants qui ont pour vocation de stocker de grandes
quantités d’eau lors d’événements pluvieux puis de se vidanger lentement, (bassins de
rétention) ; les ouvrages d’hydrauliques douces qui vise à collecter les eaux pluviales en
favorisant l’infiltration ou l’évapotranspiration (haies, mares, fossés, bandes enherbées). Ces
éléments d’hydrauliques douces sont des infrastructures agro-écologiques, également appelées
éléments ou habitats semi-naturels. Ce sont des éléments fixes du paysage agricole qui ne
reçoivent ni engrais, ni pesticides.

Afin de pouvoir valoriser et mettre en place ces éléments sur le territoire du parc naturel
régional du Gâtinais, il s’agit d’avoir un argumentaire afin de convaincre les acteurs du
territoire de leur intérêt, des services que les infrastructures agro-écologiques peuvent leur
rendre. Nous verrons donc dans la deuxième partie les outils et les méthodes que nous
pouvons employer afin de convaincre que les mares, haies et bandes enherbées ont un rôle
« multiservice » pour l’ensemble des acteurs du territoire, que la notion de « services
écosystémiques » est une clé de concertation entre la multiplicité des enjeux et des acteurs du
Gâtinais.

83
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Deuxième Partie

Services écosystémiques et Infrastructures agro-écologiques


Outils et méthodes

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Afin d’évaluer les services rendus par les infrastructures agro-écologiques dans le
paysage du Gâtinais, il a été nécessaire de collecter des informations, des données, des
méthodologies et des outils. Nous verrons donc dans un premier temps quels outils et
concepts ont été privilégiés pour cette étude et enfin quelles méthodes ont été adaptées et
mises en place pour cette évaluation des services écosystémiques.

Les éléments d’hydrauliques douces sont des infrastructures agro-écologiques,


également appelées éléments ou habitats semi-naturels. Ce sont des éléments fixes du paysage
agricoles qui ne reçoivent ni engrais, ni pesticides.

Chapitre 4 – Outils

Les outils qui ont été utilisés, afin de comprendre les mécanismes et les services rendus
par les infrastructures agro-écologiques, sont les notions et les concepts d’écologie du
paysage, de services écosystémiques, d’infrastructures agro-écologiques qui ont été des
apports important dans la réflexion globale de l’étude. Ces notions sont des outils de base de
l’aménagement et de la gestion du territoire face aux enjeux pluridisciplinaires des acteurs du
territoire.

I. L’apport de l’écologie du paysage à l’approche géographique

a. Qu’est-ce que l’écologie du paysage

Le terme d’écologie apparaît en 1866 avec Haeckel80 qui la définit comme « la science
qui étudie les relations des êtres vivants avec leur milieu », et visant à établir les lois qui
organisent les rapports entre les êtres vivants et leur environnement physico-chimique ainsi
que les rapports entre les organismes81. Les objets d’étude de l’écologie ont évolué au fil du
temps. En effet, Di Castri (1981) parvient à établir plusieurs étapes clés, de l’étude des
espèces considérées dans leurs relations avec le milieu physique environnant à la
considération de systèmes complexes intégrant l’homme et ses activités.

80
Ernst Heinrich Philipp August Haeckel (1834-1919), biologiste, philosophe et libre penseur allemand
81
F. Burel et J. Baudry, Op. cit.

85
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Parallèlement à cette évolution de la notion d’écologie, les géographes et écologues ont


proposé des définitions du paysage. Ainsi, Bertrand (1975) définit le paysage comme « un
média entre la nature et la société ayant pour base une portion d’espace matériel qui existe
en tant que structure et système écologique, donc indépendamment de la perception ». C’est
en 1986 que la définition du paysage évolue pour devenir d’après Forman et Godron « une
portion de territoire hétérogène composée d’ensembles d’écosystèmes en interaction qui se
répètent de façon similaire dans l’espace »82. Une définition plus récente décrit le paysage
comme « une portion d’espace correspondant à une échelle de concernement83 des activités
humaines. Il est défini par son hétérogénéité spatiale et temporelle, les activités humaines qui
s’y déroulent et son environnement »84.

L’écologie du paysage est la discipline qui a pour objet d'étude « les interactions entre
l'organisation de l'espace et les processus écologiques »85. Ces interactions sont
interdépendantes entre elles et nécessitent pour leur étude l'association d'une approche spatiale
de la géographie et une approche fonctionnelle de l'écologie. Elle prend en compte plusieurs
aspects du paysage : l'organisation de l'espace sur le déroulement des processus écologiques, à
savoir l'hétérogénéité du paysage, donc la dispersion, la superficie et la forme des différents
patchs de la matrice paysagère non seulement à l'échelle de l'étude mais également à une
échelle plus large afin de mettre en perspective l'étude et d'appréhender l'ensemble des
interactions des dynamiques écologiques et anthropiques influençant le paysage.

Cette discipline est née dans un contexte où le développement du tissu urbain augmente
et fragmente l'espace nécessitant la protection de l'environnement. Elle développe des outils,
des modèles et des méthodes qui lui sont propres, complétant ceux employés par l'écologie
traditionnelle. Grâce aux avancés technologiques en matière d'imagerie satellitaire, de
statistiques spatiales et de systèmes d'informations géographiques (SIG) ainsi qu'à l'idée que
le paysage est une structure emboitée, l'émergence et la reconnaissance de l'écologie du
paysage ont émergé dès les années 80 en particulier en Allemagne, en Hollande et en

82
Forman R. et Godron M., Landscape ecology, Wiley, 1986, 619p.
83
Déf. Fait d’être concerné ; URL : http://www.cnrtl.fr/definition/concerner
84
F. Burel et J. Baudry, Op. cit.
85
Décamps H., 2004 - Le point sur … L’écologie du paysage ou l’ambition paysagère de l’écologie, La Lettre de
l’IFB n°5.

86
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Amérique du Nord. En France, l'écologie du paysage tarde à se développer, bien qu’un


français se soit associé à un américain pour écrire l'un des premiers ouvrages de référence
dans le domaine (Forman et Godron, Landscape ecology, 1986).

L’écologie du paysage est :

« l'étude des relations entre les mosaïques spatiales des habitats et le fonctionnement
des systèmes écologiques, la dynamique des populations, et la biodiversité en général.

Cette discipline est à l'origine de nombreux travaux qui ont démontré l'importance de
maintenir des structures paysagères permettant la connexion des habitats naturels et le bon
fonctionnement écologique du paysage. En écologie du paysage, la notion de corridor occupe
une place centrale avec deux autres notions connexes : les taches et la matrice.

Ces trois types d’éléments forment les éléments primaires de l’analyse écologique du
paysage. Néanmoins, ce modèle tache-corridor-matrice est peu à peu abandonné au profit du
modèle « mosaïque paysagère » où tous les éléments du paysage sont en interaction avec les
organismes qui les traversent et qui permettent de dépasser la vision binaire du paysage
habitat/non-habitat. »86

L'écologie du paysage est donc une sous-discipline de l'écologie qui cherche à


comprendre « comment la structure de l'espace qui nous entoure interfère avec les processus
qui animent la dynamique des populations, des communautés et des écosystèmes »87.
L'écologie du paysage n'est pas sans atout pour prouver sa légitimité et son utilité. En effet, il
s'agit de comprendre les causes et effets de l'hétérogénéité dans le paysage, identifier les
échelles spatio-temporelles adaptées, établir des liens entre sciences de la nature et sciences
humaines. Il est important de prendre en compte les dimensions géographiques, écologiques,
historiques, économiques et sociologiques pour une compréhension du paysage au plus près
de la réalité. C'est en cela que l'écologie du paysage est fondamentalement interdisciplinaire.

86
Bergès, Laurent ; Roche, Phillipe ; Avon, Catherine « Corridors écologiques et conservation de la biodiversité,
intérêts et limites pour la mise en place de la Trame verte et bleue », Sciences Eaux &Territoires, 2010, n°03.
87
H. Décamps et O. Décamps, « Organisation de l’espace et processus écologiques », Économie rurale [En
ligne], 297-298 | janvier-avril 2007, mis en ligne le 01 mars 2009. URL :
http://economierurale.revues.org/index1990.html

87
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b. Structures, dynamiques et processus écologiques

L’étude d’un paysage nécessite la compréhension de sa structure et des dynamiques


aussi bien au niveau local qu’à d’autres échelles spatiales mais également temporelles. En
effet, un paysage s’inscrit dans un contexte historique de transformation par les activités et
besoins humains. Il est donc important de pouvoir appréhender l’ensemble des dynamiques
entre les différents éléments du paysage. Ainsi, un paysage est composé (schéma 8) :

- d’une matrice, l’élément dominant un paysage, comme une sorte de «fond de carte»,
- de taches ou éléments de nature différente de la matrice : bois, plans d’eau, villages,
etc.,
- de corridors, éléments aussi différenciés par rapport à la matrice, mais de forme
linéaire : haies, rivières, axes routiers, etc.,
- l’ensemble de ces éléments forme une mosaïque paysagère.

Schéma 8. Éléments de base d’une structure paysagère (d’après Burel et Baudry, 2003)

Au sein des taches et corridors, on peut distinguer un effet lisière qui a de fortes
interactions avec la matrice ou les taches voisines et un milieu intérieur dans lequel les
interactions sont plus faibles. L’hétérogénéité et la fragmentation sont des éléments
importants dans la compréhension des mécanismes du paysage.

88
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Rappelons que la connectivité du paysage se définit comme la mesure dans laquelle le


paysage facilite ou entrave les mouvements individuels entre les habitats. La connectivité peut
être identifiée sous différentes formes :

- connectivité structurelle, s’appuyant sur la structure des éléments du paysage (taille,


forme, localisation), elle « mesure l’arrangement spatial des éléments du paysage
qui prend en compte la contigüité entre éléments de même nature. C’est une mesure
cartographique. »88

- connectivité biologique, « mesure des possibilités de mouvements des organismes


entre les taches de la mosaïque paysagère. Elle est fonction de la composition du
paysage, de sa configuration (arrangement spatial des éléments du paysage) et de
l’adaptation du comportement des organismes des deux variables. »89

Les corridors ont donc pour principales fonctions de diminuer la fragmentation des
écosystèmes, permettant de relier entre eux les différents patchs. On peut caractériser deux
types de corridors:

- Corridors écologiques : ils constituent des structures spatiales n’engageant pas


nécessairement de notion génétique (mouvements entre les différents habitats
saisonniers pour une espèce par exemple).
- Corridors biologiques : ils permettent la dispersion d’espèces et des échanges
génétiques.

Les corridors écologiques peuvent recouvrir des corridors biologiques. Les corridors
peuvent avoir différentes fonctions selon l’espèce envisagée. Ainsi, un corridor peut être à la
fois un habitat à part entière pour une espèce, un conduit, une barrière, un filtre, une source de
dispersion ou un puits. Les corridors peuvent se présenter sous différentes formes :

- des structures linéaires,


- des structures gué (successions d’îlots, de microstructures relais suffisamment
proches pour constituer un ensemble fonctionnel),
- des espaces étroits, liés à la présence d’une structure de guidage majeure (haies, bords
de ruisseaux, lisières forestières, etc.),

88
F. Burel et J. Baudry, Op. cit., p : 351
89
F. Burel et J. Baudry, Op. cit., p : 351

89
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- voire des espaces de la matrice libres d’obstacles offrant des possibilités d’échanges
entre les zones nodales et/ou les zones de développement (Schéma 9)

Schéma 9. Les différentes


fonctions des corridors90

L’article de T. Arrif et al. (2011) montre les différents enjeux de la Trame verte et les
difficultés de sa mise en place. Ainsi, la Trame verte n’est pas seulement un outil pour
l’écologue et le biologiste ayant dans l’optique la restauration des flux de population pour la
préservation de la biodiversité. La Trame verte doit également s’intégrer dans le paysage,
dans l’organisation spatiale des sociétés. Les Trames Vertes constituent « un outil
d’aménagement du territoire comprenant des taches d’habitat et des corridors écologiques
les reliant ou servant d’espaces tampons »91

 Les IAE en écologie du paysage

Les infrastructures agro-écologiques sont des éléments du paysage, de l’écologie du


paysage qui peuvent être à la fois corridors et taches pour la flore et la faune. On les classe
généralement en trois types principaux92 :

90
Bergès L., Roche P. et Avon C. « Corridors écologiques et conservation de la biodiversité, intérêts et limites
pour la mise en place de la Trame verte et bleue », Sciences Eaux &Territoires, 2010, n°03.
91
Arrif T., Blanc N. et Clergeau P., « Trame verte urbaine, un rapport Nature – Urbain entre géographie et
écologie », Cybergeo : European Journal of Geography [En ligne], Environnement, Nature, Paysage, document
574, mis en ligne le 08 décembre 2011, consulté le 18 juillet 2013. URL : http://cybergeo.revues.org/24862
92
Trame verte et bleue - Synthèse documentaire établie par Robert Laugier pour le compte du Centre de
Ressources Documentaires Aménagement Logement Nature (CRDALN) p.2, mars 2010,
URL : http://www.cdu.urbanisme.equipement.gouv.fr/IMG/pdf/texte-synthese-tvb_cle5c7da6.pdf

90
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• structures linéaires : haies, chemins, bandes enherbées et bords de chemins, cours


d’eau et leurs rives, etc. ;
• structures en « pas japonais » : ponctuation d’éléments-relais ou d’îlots-refuges,
mares, bosquets, etc. ;

Les infrastructures agro-écologiques comme les haies, les mares et les bandes enherbées
participent donc à la structuration du paysage. Les haies et les bandes enherbées sont des
structures linéaires et les mares des structures îlots au sein du paysage. Elles ont donc une
grande importance et un rôle important en écologie du paysage.
Les mares sont des réservoirs de biodiversité mais aussi des corridors écologiques.
Elles sont des milieux indispensables à la survie et au déplacement d’espèces animales et
végétales. L’approche « réseau » s’inscrit dans cette logique, où l’on considère un ensemble
de mares potentiellement connectées et en interaction plutôt qu’une mare comme un élément
isolé au sein de la matrice paysagère.93
Les haies ont une grande valeur écologique. Elles sont à l’interface de deux milieux.
Elles ont un effet lisière important pour la diversité biologique. Les haies sont des zones de
reproduction pour la faune, des zones d’alimentation et des zones de déplacements. Elles
favorisent le déplacement car elles servent de repère dans le paysage et permettent de se
protéger en cas de problème. Elles sont des corridors écologiques.94
Les bandes enherbées sont également des éléments importants et contribuent à définir
des corridors écologiques qui permettent de diversifier le paysage et de donner à la faune des
possibilités de déplacement.95

L’écologie du paysage utilise des notions et des concepts qui sont important de prendre
en compte pour l’évaluation des services rendus par les infrastructures agro-écologiques.
L’écologie du paysage est donc un outil nécessaire pour l’appréhension d’une partie du
concept de services écosystémiques. Néanmoins, les infrastructures agro-écologiques ne sont
pas seulement des éléments d’écologie paysagère.

93
SNPN, Inventaire des mares d’Île-de-France – Bilan 2011-2012, avril 2013, p : 4
94
Arbres et paysages d’antan – Haies et biodiversité, URL : http://www.arbresetpaysagesdautan.fr
95
Chambre d’agriculture de Picardie – IBIS, Les bandes enherbées, URL : http://www.chambres-agriculture-
picardie.fr/fileadmin/documents/publications/environnement/Ibis/amenagements/Bandesenherbees.pdf

91
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II. Les Infrastructures agro-écologiques (IAE)

a. Définitions et réglementations

Les infrastructures agro-écologiques sont également appelées « particularités


topographiques », « éléments fixes du paysage » ou encore « écosystèmes para-agricoles ».
Elles sont définies comme les « éléments pérennes du paysage présents sur les parcelles
agricoles ou jouxtant celles-ci qui constituent des habitats, des zones de transitions et des
couloirs de déplacements favorables à la diversité des espèces végétales et animales »96. Les
infrastructures agro-écologiques sont, donc, des éléments important du paysage rural. Les
éléments composant ces IAE sont :

- prairies permanentes, landes, parcours, alpages, estives situés en zone Natura


2000 ;
- bandes tampons en bord de cours d’eau, bandes tampons pérennes enherbées
situées hors bordure de cours d’eau ;
- jachères fixes (hors gel industriel) ;
- jachères mellifères ;
- jachères faune sauvage, jachère fleurie ;
- zones herbacées mises en défens et retirées de la production (surfaces herbacées
disposées en bande 5 à 10 mètres non entretenues ni par fauche, ni par pâturage et
propices à l’apparition de buissons et ronciers) ;
- vergers haute-tige ;
- tourbières ;
- haies ;
- agroforesterie et alignements d’arbres ;
- arbres isolés ;
- lisières de bois, bosquets, arbres en groupe ;
- bordures de champs : bandes végétalisées en couvert spontané ou implanté ;
- fossés, cours d’eau, trous d’eau, affleurements de rochers ;

96
Chambre d’Agriculture d’Eure-et-Loir – Maintien des particularités topographiques – 2003

92
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- mares, lavognies ;
- murets, terrasses à murets, clapas, petit bâti rural traditionnel ;
- et « autres milieux », toutes surfaces ne recevant ni intrant (fertilisants et
traitements), ni labour depuis au moins 5 ans.

Cette typologie est issue de l’aide au calcul de la surface équivalente des particularités
topographiques que les agriculteurs doivent remplir lors de leur déclaration à la PAC.

TABLEAU 14 : AIDE AU CALCUL DE LA SURFACE ÉQUIVALENTE DES PARTICULARITÉS TOPOGRAPHIQUES

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Ce document permet d’estimer la valeur de la surface équivalente topographique (SET)


en fonction de la nature des particularités topographiques ou infrastructures agro-écologiques.

Ainsi, un mètre linéaire de haie, un mètre de longueur de bandes enherbées ou zones


herbacées mises en défens et retirées de la production agricole et 1 mètres de périmètre de
mares correspondent chacun à 100 m² de surface équivalente topographique.

Lors de notre étude des infrastructures agro-écologiques et plus particulièrement sur les
haies, mares et bandes enherbées, définir plus précisément leurs caractéristiques et les
services qu’elles rendent a nécessité dans un premier temps des recherches bibliographiques
puis une confrontation sur le terrain afin de déterminer les particularités locales de ces
éléments et leur caractéristiques supposées.

 La haie :

Selon la définition du Petit Robert, édition 1993, une haie est un :

« Nom féminin, XIIème siècle. Clôture faite d’arbres, d’arbustes, d’épines ou de


branchages, et servant à limiter ou à protéger un champ, un jardin : bordure. Tailler une haie
: taille-haie. Haie servant d’abri contre le vent : brise-vent. Haie vive : formée d’arbustes en
pleine végétation. Haie morte ou sèche : faite de branches sèches, de bois mort. »

Une haie est donc un alignement d’arbres et d’arbustes, se développant sur un tapis de
végétation herbacée et servant à délimiter un espace. Les haies peuvent être composées d’une
seule essence (haie mono-spécifique) ou de plusieurs essences (haie champêtre). L’évaluation
des services rendus par les haies de notre étude a principalement porté sur la haie champêtre
du fait de son intérêt plus important, en raison de cette diversité d’espèce qui la compose. La
haie doit avoir une emprise au sol inférieur à 25 mètres de large et supérieur à 25 mètres de
longueur.

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D’un point de vue juridique une haie doit97 :


- si elle est entre deux propriétés privées (article 671 du Code Civil):
o être d’une hauteur supérieure à 2 mètres, la haie doit être plantée à un
minimum de 2 mètres de la propriété voisine,
o être d’une hauteur inférieure à 2 mètres, la haie doit être plantée à un
minimum de 0, 5 mètres de la propriété voisine.
- le long d’une voie nationale, départementale ou communale :
o la distance à la voie doit être d’au moins 2 mètres (article R116-2-5 du Code
de la Voirie Routière).
- le long d’un chemin :
o il n’y a aucune condition de distance au chemin en dehors d’une interdiction
de planter des arbres ou arbustes sur l’emprise du chemin lui-même (article
D161-24 et D161-22 du Code Rural).
- le long d’un cours d’eau 98:
o cours d’eau domaniaux : les propriétaires riverains ne peuvent planter
d’arbres ni se clore par des haies ou autrement qu’à une distance de 3,25
mètres à partir de la rive (article L. 2131-2 du code général de la propriété
des personnes publiques),
o cours d’eau non domaniaux : il n’y a pas de distance minimale à respecter
pour les propriétaires riverains à condition que la haie de porte pas préjudice
à l’écoulement des eaux (article L. 215-9 du Code de l’environnement) et
respecte les dispositions générales du Code civil régissant les rapports entre
propriétés particulières (article 671 du Code civil)

Dans leur ouvrage Baudry et Jouin99 établissent que :


- une haie est un élément linéaire du paysage composé d’arbres ou arbustes et géré
par l’homme ;
- une haie peut être associée à un fossé, un talus, un mur ;
97
Association Prom’Haies Poitou-Charentes, Les haies et les arbres hors boisements – Quelques aspects
réglementaires, URL : http://www.promhaies.net/wp-content/uploads/2012/07/fiche_reglementaire.pdf
98
Eau Seine-Normandie, Guide juridique et pratique sur la gestion des milieux aquatiques et humides – Fiche
12 : Les bandes enherbées – la Ripisylve, décembre 2009, URL : http://www.eau-seine-
normandie.fr/fileadmin/mediatheque/Expert/Guide_Juridique/Fiche_12_Les_bandes_enherbees_la_Ripisylve.
pdf
99
Baudry J. et Jouin A., De la haie aux bocages – Organisation, dynamique et gestion, édition INRA 2003

95
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- toutes les civilisations agraires ont planté et utilisé des haies ;


- les principaux usages sont ou ont été : le marquage du territoire, la clôture, la
production de bois, de fourrage, la protection contre le vent, la maîtrise de la
circulation de l’eau ;
- la diversité des fonctions et des origines géographiques se traduit par une grande
diversité dans la structure des haies et les espèces plantées ou favorisées ;
- les réseaux de haies sont eux-mêmes divers dans leur forme et leur densité ;
- les rôles d’éléments culturels ou de maintien de la biodiversité prennent de plus en
plus d’ampleur.

Ainsi, une haie est soit plantée, spontanée ou bien relicte (Forman et Baudry 1984).
Les haies spontanées trouvent leurs origines dans la colonisation de la végétation suite à la
dissémination des graines par le vent ou par la faune, notamment les oiseaux. Ces haies se
retrouvent le plus souvent le long de clôtures existantes, de fossés ou de ruisseaux. Les haies
relictes ont pour origine les lisières conservées lors de défrichements des espaces boisés. Ces
haies sont diversifiées et caractérisées par la présence de vieux arbres et d’essences
forestières. Dans nos régions on les reconnaît à la présence de vieux Houx Ilex aquifolium
associés à des essences forestières comme le chêne Quercus sp. le Hêtre Fagus sylvatica
(communication personnelle Jacky Aubineau). Qualifiées aujourd’hui de « naturelles », la
grande majorité des haies ont été volontairement implantées par les paysans. Un parcellaire
régulier traduit le plus souvent cette origine.

Tessier et al. (1796), distinguent deux types de haies, la haie sèche et la haie vive. La
haie sèche est définie par cet auteur de la manière suivante :

« Enceinte ou portion d’enceinte formée avec des branches d’arbres ou d’arbrisseaux


placés à la suite les uns des autres et tenus debout par le moyen de la rigole dans laquelle on
enfonce leur gros bout, et par le moyen d’un double rang de perches parallèles au sol, et
fixées par des harts ».

Ce type de haie est le plus souvent fabriqué à partir d’arbustes épineux, tels que l’Épine
blanche, Crataegus monogyna, et le Prunellier, Prunus spinosa. Elles ont une durée de vie
relativement courte de l’ordre de trois à six ans. Celles fabriquées avec de jeunes branchages
de peupliers et de saules ne subsistent qu’une année. Elles servent de clôture pour le bétail et à
protéger les haies vives. Cependant, elles ne constituent pas de bonnes haies « brise vent ».

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La haie vive, quant à elle est une « plantation de peu de largeur ; d’arbrisseaux et
d’arbustes, quelquefois même d’arbres qu’on empêche de s’élever, qui sert à enclore un
terrain, soit pour le défendre des dévastations des hommes ou des animaux, soit pour lui
fournir un abri contre l’action desséchante des vents ou des rayons du soleil. » Ces haies sont
à privilégier selon Tessier et al. (1976) et « sous le point de vue général, l’utilité des haies est
incontestable ».

Aujourd’hui, différents essais de typologie ont pu être réalisés. Baudry et Jouin (2003)
distinguent 7 types de haies sur la base d’une analyse interrégionale (TR = Type Régionaux).
Ces auteurs distinguent notamment :

- TR1 : structure linéaire peu ou pas boisée, souvent un simple talus avec quelques
ronces et arbustes ;
- TR2 : haies arbustives ;
- TR3 : haies avec quelques arbres, dont le recouvrement est de l’ordre de 50 %, strate
arbustive dense ;
- TR4 : haies avec recouvrement des strates arborescentes et arbustives de densité
moyenne ;
- TR5 : haies hautes sans arbuste ou presque ;
- TR6 : type de haie le plus haut (11m.) avec une canopée large et un fort recouvrement
des strates arborescentes ; ceci traduit un émondage fréquent ;
- TR7 : haie de hauteur moyenne (7m.) ; canopée peu large, donc émondée, et strate
arbustive de densité moyenne.

A partir du contexte et de la fonction principale des haies, il est possible d’affiner la


typologie des haies. Cette typologie à été faite à partir du guide pratique d’aménagement
urbain durable, « Les haies urbaines et péri-urbaines – Fonctions, choix des espèces, mise en
œuvre et entretien ». Ainsi, on peut identifier différents types de haies en fonction de leur
nature :
- haie basse taillée ou haie libre de petite taille, composée d’arbres de haut-jet tous
les 6 à 10 mètres et des arbres têtards tous les 6 à 8 mètres ;

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- haie bocagères et champêtre, une haie composite arbustive ou buissonnante


marquant le fil des saisons (feuillage, fruits et fleurs) en associant des espèces
rustiques et locales (feuillues généralement)100.
- haie charmille,
- haie composite, composée d’essences diverses, pour améliorer l’équilibre
écologique et la résistance aux maladies et pour mieux s’intégrer à
l’environnement101.
- haie écologique ou cynégétique, composée d’essence diverses et de différentes
strates afin d’accueillir un maximum d’espèces animales et végétales
- haie ornementale, utilisée dans les parcs, jardins et espaces verts, dans les ville et
villages, elle peut être constituée d’espèces exotiques ou horticoles ou bien tirer son
caractère ornemental d’une forme originale102.

 La mare :

Une mare se définit comme :

« une étendue d'eau à renouvellement généralement limité, de taille variable pouvant


atteindre un maximum de 5 000 m2. Sa faible profondeur, qui peut atteindre environ deux
mètres, permet à toutes les couches d'eau d'être sous l'action du rayonnement solaire et aux
plantes de s'enraciner sur tout le fond. De formation naturelle ou anthropique, elle se trouve
dans des dépressions imperméables, en contexte rural, périurbain voire urbain. Alimentée
par les eaux pluviales et parfois phréatiques, elle peut être associée à un système de fossés
qui y pénètrent et en ressortent ; elle exerce alors un rôle tampon au ruissellement. Elle peut
être sensible aux variations météorologiques et climatiques, et ainsi être temporaire. La mare
constitue un écosystème au fonctionnement complexe, ouvert sur les écosystèmes voisins, qui
présente à la fois une forte variabilité biologique et hydrologique interannuelle. Elle possède
un fort potentiel biologique et une forte productivité potentielle (Sajaloli &Dutilleul,
2001) ».103

La mare est un écosystème à part entière, au fonctionnement complexe à fort potentiel


biologique. Du fait de la perte de leur usage, de l’évolution des pratiques agricoles et de
l’urbanisation des campagnes les mares sont menacées de disparition. On peut établir une
typologie des mares104 :

100
http://www.hedges.educagri.fr/fr/glossair/sommaire.htm
101
http://www.hedges.educagri.fr/fr/glossair/sommaire.htm
102
http://www.hedges.educagri.fr/fr/glossair/sommaire.htm
103
SNPN, Inventaire des mares d’Île-de-France – Bilan 2011-2012, avril 2013.
104
Société nationale de protection de la nature (SNPN), « Inventaire des mares d’Île-de-France – Bilan 2011-2012 », 2013

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Une clé de concertation entre enjeux et acteurs du Gâtinais

- les mares de prairie, souvent utilisées comme abreuvoir pour le bétail, elles
sont dans des milieux ouverts, d’accès facile, nécessitant un entretien régulier pour
une flore très riche. Ces mares sont fortement menacées ;
- les mares de champs, utilisées comme abreuvoir jusque dans les années 50 pour
les animaux de trait, elles ont tendances à disparaitre ;
- les mares d’habitats, elles ont une fonction principalement ornementale et
ludique, l’entretien des berges et du fond est régulier, la végétation dense. Elles ont
également un rôle de concentration des eaux pluviales ;
- les mares de forêt, souvent de petite taille et faiblement éclairée, le
développement de la végétation aquatique est limité, souvent abandonnées et non
entretenues elles se comblent naturellement et peuvent servir parfois de décharge
sauvage ;
- les mares de route, elles sont liées aux infrastructures de transport afin de
recueillir et d’épurer les eaux de ruissellement issues de la route, elles sont très
riches en flore, difficile d’accès, et sont entretenues régulièrement.
- les mouillères, elles sont localisées dans une dépression, sans exutoire, se
rencontrant au sein des champs cultivés régulièrement labourés. Son origine est soit
naturelle, du fait de la présence de couche de sol imperméable au niveau de la
dépression topographique ; soit semi-naturelle, mares comblées, vieux puisards, ….
De taille assez vaste et de forme plutôt circulaire, elle s’étend de quelques dizaines à
plusieurs milliers de mètres carrés ; la profondeur de ces dépressions ne dépasse pas
quelques dizaines de centimètres ; les mouillères sont des zones en eaux
temporaires, elles sont actives en hiver et au début du printemps, l’alimentation en
eau est d’origine pluviale.

Les mares ont un rôle important de régulateur, de cœur de biodiversité et de corridors


écologiques ; mais celles-ci sont menacées de disparitions.

 La bande enherbée :

Une bande enherbée est un couvert végétal multifonctionnel d’au moins cinq mètres
de large (minimum légal) et de maximum 10 mètres, composé d’une flore adaptée aux
caractéristiques spatiales de la parcelle, à son environnement ainsi qu’aux exigences de
l’exploitant. Ce dispositif montre un intérêt environnemental indiscutable notamment sur la
qualité de l’eau, l’érosion du sol et sur la protection de la faune.
Dans sa thèse Stéphane Cordeau établit que :

« en France, des bandes enherbées ont été implantées par les agriculteurs le long des
cours d’eau pour limiter la dérive des produits phytosanitaires et limiter l’érosion hydrique
des sols. Ces bandes sont principalement semées avec des mélanges de graminées et ne
reçoivent ni traitement chimique, ni engrais. En conséquence, leur mise en place généralisée

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Les services écosystémiques rendus par les infrastructures agro-écologiques
Une clé de concertation entre enjeux et acteurs du Gâtinais

dans le paysage agricole pour de nombreuses années et sans contrepartie financière pour les
agriculteurs, suscitent des craintes quant aux risques malherbologiques qu’elles peuvent
représenter. A l’opposé, ces espaces peuvent être considérés comme des opportunités pour
maintenir, dans des compartiments proches des zones cultivées, des populations adventices
dont les services écosystémiques rendus à l’agriculture sont de plus en plus mis en
évidence. »105

De plus, il différencie les bandes enherbées en fonction de leur contexte géographique.


Ainsi, il établit qu’une bande enherbée peut s’apparenter à 106:
- une bande prairiale, mais uniquement en bordure de champs et conduite sans
intrant,
- une parcelle cultivée en non travail de sol, mais implantée en graminées pour
plusieurs années et sans intrant,
- une bande anti-érosive, mais non désherbée chimiquement et où l’herbe peut-être
exportée ;
- une bordure de champs, une bordure herbacée du pied des haies, un bord de
route mais semé sur cinq mètres de large et dans la parcelle sur un stock semencier
d’espèces des champs.

On peut voir que la bande enherbée est présente dans différents contextes géographiques
et paysagers. La bande enherbée a été intégrée en 1991 dans les infrastructures agro-
écologiques ou particularités topographiques de la PAC sous le nom de «surface en couvert
environnemental ». Les bandes enherbées sont mises en place en 2005 de manière généralisée
et obligatoire107. Toutefois, il reste un certain nombre de réticences dans sa mise en place et
son maintien.

b. Enjeux

Les haies, les mares et les bandes enherbées sont les éléments principaux choisis pour la
lutte contre l’érosion et le ruissellement en terre agricole. Ce sont les aménagements dits
d’hydrauliques douces préconisés par le Moulin de Lucy et le parc naturel régional du

105
Cordeau S., Conséquence de la mise en place des bandes enherbées sur l’évolution de la flore adventice, thèse en
Agronomie et Écologie, Université de Bourgogne, décembre 2010, page 2.
106
Cordeau S., Op.cit., page 31.
107
Cordeau S., Op.cit., page 22

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Gâtinais, les aménagements en durs n’étant plus subventionnés (bassin de rétention, digues,
etc.).
Si la remise en place et la conservation des infrastructures agro-écologiques dans le
paysage peut se faire par l’intermédiaire de la problématique de l’eau, c’est principalement
parce que ce sujet touche l’ensemble de la population, des acteurs et gestionnaires du
territoire. Ainsi, les réticences pour leur mise en place, leur restauration ou leur maintien
peuvent être contournées ou du moins atténuées.

L’article L. 114-1 du Code Rural établit que les zones d’érosion sont le résultat « de
l’absence de couvertures végétales ou de haies » qui « peut créer des dommages importants
en aval » pouvant « être délimitées par arrêté préfectoral ».
Dans ces zones, le préfet établit un programme d’action en concertation avec les
collectivités territoriales, leurs groupements, ainsi que les représentants des propriétaires et
des exploitants des terrains afin de réduire l’érosion des sols.

Ce programme d’action est compatible avec les dispositions du schéma directeur


d’aménagement et de gestion de l’eau. L’article L. 211-7 du Code de l’environnement repris
dans l’article R. 114-6 du Code Rurale définit les mesures à promouvoir par les propriétaires
et les exploitants, parmi les actions suivantes :

- couverture végétale du sol, permanente ou temporaire ;


- travail du sol, gestion des résidus de culture, apports de matière organique favorisant
l’infiltration de l’eau et limitant le ruissellement ;
- gestion des intrants, notamment des fertilisants, des produits phytosanitaires et de
l’eau d’irrigation ;
- diversification des cultures par assolement et rotations culturales ;
- maintien ou création de haies, talus, murets, fossés d’infiltration et aménagements
ralentissant ou déviant l’écoulement des eaux ;
- restauration ou entretien d’un couvert végétal spécifique :
- restauration ou entretien de mares, plans d’eau ou zones humides.

101
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Cela confirme le fait que les haies, mares et bandes enherbées ont un rôle important
dans la gestion du risque de ruissellement et d’érosion des sols. Néanmoins, les haies, les
mares et les bandes enherbées rendent bien d’autres services écosystémiques qu’il convient de
valoriser auprès des acteurs et gestionnaires du territoire afin d’en montrer les multiples
avantages. Les infrastructures agro-écologiques sont des outils de gestion du territoire, du
paysage. Si ces infrastructures agro-écologiques ne font pas l’unanimité, les services rendus
par les haies, les mares et les bandes enherbées peuvent être une clé de concertation afin de
concilier les enjeux des différents acteurs et gestionnaires d’un territoire.

III. Les Services écosystémiques ou services rendus par les écosystèmes

a. Concepts et incertitudes

La notion de services écosystémiques, ou services rendus par la nature, s’est imposée en


France au moment de la catastrophe du naufrage du pétrolier, l’Erika et la marée noire qui a
suivi en décembre 1999 sur les côtes bretonnes. Il s’agit alors dans un premier temps de
déterminer la valeur économique d’un milieu naturel afin de mettre en avant les services que
celui-ci, à son état optimal, peut rendre à l’homme. En 1988, Randall émet l’hypothèse que la
meilleure façon de protéger la biodiversité est de lui affecter une valeur économique. Sa
théorie repose sur la vision pragmatique qui est de donner une valeur économique à la
biodiversité permettant ainsi une gestion plus efficace et plus rationnelle de la biodiversité.
Mais, l’évaluation économique de la biodiversité au sein de la communauté scientifique est
déjà relativement ancienne. En effet, la première étude recensée à ce sujet est celle de Percy
Viosca (1892 – 1961), un biologiste américain spécialisé dans les ressources halieutiques,
pour lesquelles il avait déjà réalisé une première estimation de la valeur de la conservation des
zones humides en Louisiane en 1926.

102
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Si la notion des « services écosystémiques » ou services rendus par les écosystèmes est
récente, les années 1970, le concept en lui-même ne l’est pas. Ces services sont de quatre
natures : les services d’approfondissement (ou de production tels que bois, eau potable,
poissons, etc.), les services de régulation (climatique, inondation, purification de l’eau, etc.),
les services culturels (esthétisme, religieux, récréatif, patrimoniale, etc.) et les services de
soutien qui sont la base pour le fonctionnement des trois autres (cycle du carbone, formation
du sol, etc.).

La notion de services a été élaborée dans le but de « pointer du doigt la dégradation des
écosystèmes par les activités humaines, l’importance et la diversité des services rendus à
l’homme par ces écosystèmes, et l’impossibilité ou le coût élevé de substitution de ces
services »108. En effet, face à l’augmentation de la pression humaine sur l’environnement et
des écosystèmes, cette notion permet une prise de conscience à la fois de ces services rendus
et de l’impact des écosystèmes sur notre économie, notre vie sociale et notre bien être. Par
extension, elle met en évidence le fait que l’altération des écosystèmes (réduction de la
biodiversité, dégradation des milieux…) peut réduire leur capacité à nous rendre les dits
services, et avoir des effets sur notre économie, notre bien-être social et culturel…Ainsi, la
perte de biodiversité n’est pas seulement un problème environnemental mais affectera à long
terme l’ensemble de la société. Selon Chaplin et al, en l’absence de changements majeurs des
comportements humains et des politiques publiques, les effets des activités humaines sur
l’environnement vont nécessairement continuer à altérer la biodiversité109. Mace et al.
considèrent enfin que la conservation de la biodiversité pour sa simple valeur morale, la
préservant pour elle-même, est clairement insuffisante pour arrêter ou diminuer la perte de
biodiversité face aux impératifs sociaux et économiques croissants110.

108
Cécile Barnaud, Martine Antona et Jacques Marzin, « Vers une mise en débat des incertitudes associées à la
notion de service écosystémique », VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement [En ligne],
Volume 11 Numéro 1 | mai 2011, mis en ligne le 10 juin 2011.
109
Chapin et al., 2000, tiré de : Lamarque P., Une approche socio-écologiques des services écosystémiques – Cas
d’étude des prairies subalpines du Lautaret, thèse en Biodiversité –Écologie – Environnement, 2012, Université
de Grenoble
110
Mace et al. 2010 tiré de : Lamarque P., Une approche socio-écologiques des services écosystémiques – Cas
d’étude des prairies subalpines du Lautaret, thèse en Biodiversité –Écologie – Environnement, 2012, Université
de Grenoble

103
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Une clé de concertation entre enjeux et acteurs du Gâtinais

Dès lors, les services écosystémiques peuvent être identifiés dans de nombreux éléments
de l’écosystème tels que les mares, les haies, les prairies, les forêts, les cours d’eau, etc. Il
s’agit donc de déterminer la valeur de chaque élément de l’écosystème afin d’entreprendre des
aménagements favorisant les éléments à forte valeur écosystémique. Cette valeur « donne
sens, oriente et justifie les actions individuelles et collectives »111. Néanmoins, si un état des
lieux permet de déterminer la valeur de l’écosystème, il y a, après orientation et gestion de
celui-ci, valorisation d’un des services écosystémiques par rapport aux autres. Un équilibre
entre les quatre services écosystémiques semblent difficile à mettre en place. Les actions de
gestion de l’environnement se feront en fonction des enjeux du territoire et des directives
politiques et sociales. Ainsi, il y a donc une sélection dans les services écosystémiques et une
valorisation en fonction des objectifs internationaux, européens, nationaux ou locaux.

Toutefois, la valorisation et l’utilisation du concept de service écosystémique comme


outil de communication et de concertation permet de mettre en avant l’écosystème et
l’environnement comme étant un élément essentiel dans la diminution de la vulnérabilité des
sociétés face aux risques naturels.

Si le terme spécialisé de « services écosystémiques » ne parle pas au non-spécialiste,


celui-ci comprend parfaitement la notion de services rendus par la nature. La notion de
services écosystémiques est une notion utilisée par nombre de scientifiques, décideurs et
politiques. Néanmoins, les incertitudes et imperfections liées à ce concept sont importantes et
partiellement reconnues. D’après l’article de Barnaud, Antona et Marzin112, les incertitudes du
concept de service écosystémique sont de deux natures : une incertitude sociétale et une
incertitude scientifique. Le terme d’ « incertitudes », utilisé par les auteurs de l’article d’après
la définition de M. Brugnach (2008), « se réfère à la situation où il n'y a pas une
compréhension unique et complète du système à gérer. »

Les incertitudes scientifiques sont principalement liées aux dynamiques des


écosystèmes eux-mêmes. Les interactions entre les dynamiques écologiques, sociales ou
économiques qui façonnent et modifient l’écosystème, intervenant à des échelles spatiales

111
Cécile Barnaud, Martine Antona et Jacques Marzin, Op.cit.
112
Cécile Barnaud, Martine Antona et Jacques Marzin, Op.cit.

104
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multiples (emboitement d’échelle du local au global) mais également dans le temps (lent ou
rapide, temps de résilience). Le fonctionnement des écosystèmes socio-politiques est non
seulement imprévisible et non linéaire, mais également avec des effets de seuil et
d’irréversibilité. On peut donc voir ces écosystèmes comme des éléments imprédictibles,
voire aléatoires pour coller à une problématique des risques naturels. On ne sait pas comment
va réagir ce système face à un changement qu’il soit naturel ou humain. On sait vers quoi tend
un système, vers un nouvel équilibre, mais il est difficile de prévoir son évolution et le temps
de résilience de celui-ci. Il y a donc à prendre en compte une multitude de paramètres qui eux-
mêmes sont porteur d’incertitudes et au cœur des débats.

À ces incertitudes scientifiques, s’ajoutent des incertitudes sociétales dans le concept de


service écosystémique. Celles-ci sont principalement le résultat de « multiples perceptions de
cette notion, pas forcément compatibles, qui correspondent à différentes façons de concevoir
les rapports entre les hommes et leur environnement»113. L’article détermine cinq grands
points d’incertitudes sociétales.

La première incertitude trouve son point de départ dans un constat, les écosystèmes
fournissent des services aux sociétés, les sociétés dégradent ces services par les utilisations du
sol, par la gestion du territoire, etc. Dans un premier temps l’homme est considéré comme
bénéficiaire et utilisateur des services écosystémiques. Lorsque l’influence des sociétés sur
l’environnement est envisagée, c’est soit en termes de pression sur les écosystèmes et de
dégradation des services (pollution, surexploitation des ressources…), soit sous l’angle des
actions et modes d’organisation mis en œuvre pour préserver et protéger les écosystèmes et
les services qu’ils produisent. Tandis que d’autres admettent que les activités humaines, et
notamment de l’agriculture, ont un rôle dans l’usage, la transformation mais également la
production de services écosystémiques. L’exemple pris par les auteurs de l’article évoque le
rôle de l’élevage dans le maintien de la biodiversité en limitant la fermeture des milieux.
D’autre part, certains scientifiques posent l’hypothèse que les villes ont une biodiversité aussi
grande, voire plus grande, que des écosystèmes naturels. Les hommes seraient donc
producteurs de services écosystémiques ou contribuerait par leur action à leur maintien de

113
Cécile Barnaud, Martine Antona et Jacques Marzin, Op.cit.

105
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manière intentionnelle ou non. On peut ainsi faire un lien fort avec la géographie des risques
naturels. Si l’homme par ces actions modifie les services écosystémiques, il modifie donc les
dynamiques des écosystèmes et donc l’équilibre naturel, créant ainsi une instabilité
susceptible de devenir un risque pour l’écosystème lui-même (disparition de l’écosystème,
extinction d’espèces, …) mais également un risque pour l’homme (érosion des sols,
ruissellement, perte de fertilité de sol, …). Il s’agit donc de prendre l’homme et la société
dans leur globalité afin d’envisager à long ou moyen terme des actions permettant une
durabilité des ressources naturelles, un équilibre relatif des dynamiques naturelles, afin de
réduire la vulnérabilité de l’environnement et de l’homme par répercussion.

La seconde incertitude découle tout naturellement de la première. En effet,


généralement l’homme gère les espaces en fonction des services qu’il entend en obtenir : une
forêt sera gérée soit pour la production de bois, soit pour des activités tournées vers les loisirs,
soit pour le maintien de la faune sauvage (chasse), etc. Si du point de vue du choix humain, la
valeur peut-être objective (monétarisable), les services écosystèmiques ne sont pas
substituables entre eux. Dès lors, est-il possible de donner une valeur tangible aux services
écosystémiques qui ne sont pas, par définition, substituables ? Peut-on accepter sans remise en
question les valeurs des services écosystémiques telle qu’elle est envisagée aujourd’hui ?

Pour aller plus loin encore sur le scepticisme de certains vis-à-vis de la notion de
services écosystémiques, la notion de services écosystémiques selon laquelle la nature est au
service de l’homme est une vision est principalement occidentale qui envisage une séparation
importante entre écosystèmes naturels et sociétés humaines.

Il est également question, dans cette publication, du fait que l’homme par les progrès
mêmes de la science, doit envisager les limites de son savoir et de sa maîtrise des écosystèmes
naturels. Cette remise en question relève d’une problématique de géographie des risques
naturels, telle que l’homme est soumis aux risques mais également source de risques.
L’homme est un élément de l’écosystème, mais se place généralement au dessus. C’est donc
un changement profond dans les mentalités qui serait nécessaire.

106
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« Les travaux d’évaluation économique des services écosystémiques ne sont pas la


solution au problème de dégradation de l’environnement, car ils font un pas de plus dans ce
processus de désencastrement : ils font l’erreur d’essayer de résoudre un problème avec le
système de pensée qui est à l’origine du problème. »114

Au-delà des problèmes dans le concept lui-même, l’article envisage des incertitudes
relatives à la « perception d’une part des services identifiés et considérés comme importants
et d’autre part de leur valeur »115. Les différents acteurs du territoire n’ont pas les mêmes
regards sur les services écosystémiques. De plus, selon l’échelle à laquelle on gouverne et à
laquelle les décisions sont prises, les politiques de gestions ne privilégieront pas les mêmes
services. C’est d’ailleurs l’un des intérêts de cette notion de service que de mettre en lumière
le fait que différents individus ont différents intérêts par rapport à la production ou à la
préservation de différents services. Ce concept devrait permettre de mieux comprendre un
certain nombre de conflits, de jeux d’acteurs, de problèmes de gouvernance et d’accès aux
ressources qui renvoient à des services qui n’étaient pas forcément explicités en tant que tels.
On se retrouve donc face à une complexité des acteurs et gestionnaires du territoire, des
politiques de gestion à différentes échelles et la valorisation de services en fonction des
besoins et enjeux de chacun sans forcément avoir une cohérence territoriale globale. De tels
problèmes sont monnaie courante en gestion des risques. Ainsi, l’exemple de la gestion du
risque d’inondation en plaine illustre parfaitement ce problème.

Le concept de services écosystémiques est pluridisciplinaire et s’intègre dans une


problématique de géographie des risques naturels. Les services écosystémiques peuvent
contribuer à la réduction des risques naturels. Et si des incertitudes autour de ce concept de
services écosystémiques sont présentes, on peut les considérer comme inhérent à des concepts
récents, il n’en demeure pas moins que celui-ci permet aux sociétés de prendre conscience de
leur rôle dans l’évolution de l’environnement. Les débats et incertitudes autour des services
écosystémiques vont permettre un dynamisme et une évolution de ce concept nécessaire à la
réalisation d’outils de gestion et de compréhension des milieux naturels.

« Objet commun à différentes disciplines, il est le support potentiel d’un véritable


dialogue interdisciplinaire, notamment entre sciences humaines et sciences biophysiques.
Ensuite, cette notion de service met en évidence des interactions environnement-sociétés qui

114
Cécile Barnaud, Martine Antona et Jacques Marzin, Op.cit.
115
Cécile Barnaud, Martine Antona et Jacques Marzin, Op.cit.

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Une clé de concertation entre enjeux et acteurs du Gâtinais

étaient jusque-là difficilement matérialisées et dont les hommes ne sont pas toujours
conscients. Enfin, comme nous l’avons dit plus haut, ce concept met en évidence l’existence
d’interdépendances entre des acteurs, fournisseurs et bénéficiaires de services, qui n’ont pas
forcément conscience d’être interdépendants »116.

Afin de réduire les incertitudes liées au concept de services écosystèmiques, les auteurs
de l’article proposent des méthodes telles que des études de terrain, de la prospective et la
construction de scénarios permettant de présenter les incertitudes scientifiques afin de
permettre la mise en place de débats collectifs et concertés. Ainsi, les points de vue des
acteurs dans l’évaluation des services écosystémiques et des facteurs de vulnérabilité des
systèmes socio-écologiques complexes seront pris en compte sinon étudiés. Établir un
dialogue entre chercheurs, décideurs et citoyens est nécessaire afin de réaliser une étude de la
qualité et de la valeur des services écosystémiques. C’est donc une démarche participative qui
doit être mise en place pour une cohérence territoriale. La réalisation de cartes et de
documents pour l’évaluation des risques naturels à une échelle locale permettrait de réaliser
une estimation des services écosystémiques actuels mais éventuellement potentiels. De plus,
la réalisation de scénarios à partir de modèles et données environnementales permettrait
d’identifier et de tester les impacts non seulement sur les services écosystémiques, mais
également sur les acteurs.

Plusieurs approches existent pour rétablir un environnement naturel : soit en tentant de


revenir à l’écosystème tel qu’il était avant ces dégradations, soit en créant un nouvel
écosystème durable. Ces approches sont plus ou moins complètes, plus ou moins globales.
Les deux principales sont la restauration écologique et l’ingénierie ou génie écologique, deux
disciplines proches, mais aux différences qui sont l’objet de discussions dans les milieux
universitaires et de recherche. Les activités de restauration ou de génie écologiques sont
complexes. Elles font appel à des connaissances scientifiques dans divers domaines (biologie
animale ou végétale, hydrologie, hydromorphologie, etc.) et nécessitent des organisations
rigoureuses pour parvenir au rétablissement des écosystèmes. On assiste, donc, à une lente
émergence et à des ébauches de structuration d’une profession encore à la recherche de son

116
Cécile Barnaud, Martine Antona et Jacques Marzin, Op.cit.

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identité à travers l’action d’ONG, la constitution de groupements professionnels ou encore


l’élaboration de normes relatives à la définition d’un projet117.

Le génie écologique peut être la solution pour l’évaluation des risques naturels dans une
optique valorisation de services écosystémiques. Le génie écologique peut-être défini comme
une :
« notion qui réunit les disciplines d'ingénierie traditionnelle et l’écologie. Elle a
pour but de réaliser divers aménagements du territoire (urbain, hydrauliques, agricoles) en
utilisant les processus naturels des écosystèmes plutôt que les techniques lourdes du génie
civil. »118

Les incertitudes mises en évidence par le concept de service écosystémique relèvent en


effet d’une problématique de géographie des risques naturels. En effet, le concept de services
écosystèmiques a été « créé » en réponse à la révolution industrielle qui a engendré une
artificialisation croissante des écosystèmes et une pression sur les ressources naturelles. Cela a
engendré une prise de conscience de l’impact des activités humaines sur le fonctionnement
des écosystèmes. Les services écosystémiques sont encore une notion récente que des études
scientifiques permettraient de faire évoluer et éventuellement réduire les incertitudes.

117
Ministère de l’Écologie, du Développement durable, des transports et du logement, Centre de Ressources
Documentaires Aménagement, Logement et Nature, « De la restauration écologique au génie écologique – Synthèse
documentaire » – fév. 2012.
118
Comité national de pilotage du plan de mobilisation des territoires et des filières sur le développement des métiers de la
croissance verte, Grenelle de l’Environnement, Plan de mobilisation nationale sur les métiers de la croissance verte –
« Rapport du comité de domaine biodiversité et services écologiques », mars 2011, http://www.developpement-
durable.gouv.fr/IMG/pdf/Phase_2-_Rapport_Biodiversite.pdf

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L’étude des services écosystèmiques rendus par les infrastructures agro-écologiques


(haies, chemins, mares) dans le paysage du Gâtinais a été lancée suite à la demande des
agriculteurs pour réduire le risque d’érosion des sols agricoles, le ruissellement et les
inondations en bas des talwegs. Si l’évaluation des services écosystémiques nécessite du
travail sur le plan de la recherche, il s’agit également obtenir des résultats fonctionnels pour
les gestionnaires afin d’entreprendre des travaux d’aménagement et de gestion adaptés non
seulement à chaque commune mais également à une échelle plus large, à savoir le Parc
Naturel Régional du Gâtinais français. Il s’agit non seulement de réduire le risque
d’inondation et d’érosion du sol mais également de s’inscrire dans un contexte plus large tel
que les Trames vertes et bleues du Grenelle de l’Environnement. Les services écosystémiques
sont un outil de mise en valeur et de communication auprès des acteurs du territoire pour la
restauration, le maintien et la mise en place des systèmes agro-écologiques comme les haies,
les mares et les bandes enherbées.

b. Méthodes de calcul

Il y a plusieurs méthodes de calcul des services rendus par les écosystèmes. Le rapport
« Évaluation économique des services rendus par les zones humides »119 d’Aoubid S. et
Gaubert H., identifie les différentes méthodes d’évaluation des services écosystémiques.
Selon l’usage que l’on fait d’un service les méthodes de calculs sont différentes. Ainsi, on
distingue deux usages : les usages directs et les usages indirects (Schéma 10).

119
http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/ED23c-2.pdf

110
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Schéma 10 : Cadre de la valeur économique totale des services écosystémiques


(source : adapté de Millenium Ecosystem Assessment, issu d’Aoubid S. et Gaubert H, Évaluation économique des services
rendus par les zones humides)

 L’évaluation des usages directs par les prix

Les valeurs d’usage direct des biens et de certains services sont déterminées par le prix
du marché dont le niveau est établi par le coût de production de ces biens et services ou par le
désir que les acheteurs en ont. Dans le cas des zones humides, l’évaluation par le prix des
valeurs d’usage direct est souvent rendue délicate en raison des distorsions de certains
marchés, en particulier pour les activités récréatives. Elle dépend aussi du contexte socio-
économique de valorisation des produits et services.

 L’estimation indirecte du marché

o Méthode des coûts évités

Il n’existe pas, le plus souvent, de marché pour les services rendus par les milieux
humides correspondant aux valeurs d’usage indirect, que ce soit pour la protection contre les
inondations, le soutien des étiages ou l’épuration des eaux. La valeur de ces services peut

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alors être déduite des coûts qui seraient engagés si ces services venaient à disparaître ou leur
qualité altérée. Il s’agit de faire appel à des simulations : si ces services rendus par les milieux
humides disparaissaient, quel en serait le coût économique ? Trois comportements sont alors
possibles : on peut évaluer soit le coût des dommages évités par un de ces services, soit le
coût de remplacement de ces services par des systèmes artificiels, soit le coût de protection.
Cette méthode a pour avantage d’être basée sur des évaluations qui reflètent les valeurs du
marché. Son inconvénient majeur est qu’il s’agit d’évaluation à minima, car les bénéfices non
marchands ne sont pas pris en compte. Elle est réduite aux coûts réels. De plus, l’hypothèse
est que les coûts des dommages évités ou de remplacement correspondent aux avantages
d’origine. Mais cette correspondance n’est pas toujours exacte (zone humide déjà
dégradée,…).

o L’évaluation par les coûts de transport

Cette méthode peut être utilisée pour estimer la valeur des activités récréatives ou
touristiques. Elle vise à déterminer cette valeur par le temps qu’y consacrent les personnes et
les dépenses consenties pour gagner les sites appropriés et pratiquer ces activités. Cependant,
cette technique requiert beaucoup de données et les visites à but multiple complexifient les
estimations.

o La méthode des prix hédoniques

Cette méthode repose sur le principe que le prix d’un bien immobilier est influencé par
différentes caractéristiques dont la qualité de l’environnement dans lequel il se situe. Les
différences de prix entre des biens présentant par ailleurs des caractéristiques semblables
traduisent alors les préférences des individus en terme d’environnement ainsi que le prix que
les gens sont prêts à payer pour bénéficier de la qualité esthétique d’un paysage ou d’autres
avantages offerts par un milieu précis. Cependant, cette méthode nécessite beaucoup de
données.

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Une clé de concertation entre enjeux et acteurs du Gâtinais

 Les enquêtes

o La méthode d’évaluation contingente (MEC)

Cette méthode consiste à reconstituer un marché fictif (contingent) pour inciter les
individus à révéler leurs préférences, c’est à dire la valeur qu’un individu accorde à un milieu
naturel, à son amélioration ou aux dommages qui lui ont été causés. On parle de «
consentement à payer » (CAP). Sa mise en œuvre repose sur la réalisation d’enquête, auprès
d’un échantillon représentatif de la population, au cours desquelles on soumet aux personnes
des scénarii fictifs destinés à les aider à formuler cette valeur. Le CAP reste une donnée
soumise à discussion qui doit alimenter le débat. En effet, les résultats peuvent être biaisés par
le caractère fictif du questionnaire mais aussi par le niveau de connaissance et d’information
des personnes interrogées. De plus, cette méthode coûte cher mais reste actuellement, avec
l’analyse conjointe, la seule qui puisse estimer, en termes monétaires, la plupart des valeurs de
non usage.
o L’analyse conjointe

La méthode de l’analyse conjointe, tout comme la MEC, sert à estimer la valeur d’un
écosystème ou d’un service rendu par l’environnement à partir de choix faits entre des
scénarii fictifs. Les personnes interviewées établissent des priorités parmi différentes
caractéristiques de l’écosystème ou des services qu’il produit. La contribution financière étant
une des composantes du choix, les réponses des personnes interrogées permettent de déduire
la valeur de l’écosystème. Les principales différences entre l’analyse conjointe et la méthode
d’évaluation contingente reposent sur la façon dont sont posées les questions ainsi que la
manière dont les consentements à payer sont déduits (demande du CAP pour la MEC,
déduction totale des scénarios pour l’analyse conjointe).

o L’analyse coûts-bénéfices (ACB)

Le principe de l’ACB repose sur le fait que tous les coûts et tous les avantages pour la
collectivité d’un projet, quelle que soit leur nature (économique, environnementale ou
sociale), doivent être comptabilisés dans une même unité et ramenés à une même date. C’est

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un outil économique pour les décideurs qui permet l’évaluation d’un projet en traduisant en
termes monétaires les différents impacts qu’il génère.

Si ces méthodes sont utilisées pour le calcul monétaire des services écosystémiques, il
n’a pas été possible de les mettre en avant lors de l’étude des services rendus pas les
infrastructures agro-écologiques, par les haies, les mares et les bandes enherbées pour
plusieurs raisons :

- le manque de données, de valeurs dans la littérature mais également lors des


entretiens avec les acteurs du territoire,
- c’est une étude géographique et non économiste.

Il conviendrait donc de poursuivre cette étude et de la compléter par des données et


bilans monétaires précis à l’échelle du parc naturel régional du Gâtinais.

Chapitre 5 – Méthodes

Afin de réaliser une évaluation des services rendus par les infrastructures agro-
écologiques sur le territoire du parc naturel régional du Gâtinais, nous avons fait des choix de
méthodes. Dans un premier temps l’identification des services rendus a nécessité le passage
de la théorie à l’adaptation au territoire, puis d’un travail de terrain et enfin un travail
cartographique.

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I. Identification des services rendus par les infrastructures agro-écologiques de la


théorie au territoire

a. Réalisation d’une bibliographie thématique actualisée

La réalisation d’une bibliographie thématique actualisée à été la base du travail de


recherche. Celle-ci se compose :
- d’ouvrages collectifs et individuels,
- d’articles scientifiques et pour grand public,
- de thèses et mémoires de fin d’étude,
- de documents administratifs,
- de vidéos,
- de divers sites internet.

La bibliographie a d’abord été faite sans distinction thématique. Puis devant la diversité
des sujets abordés il a été nécessaire de classer par catégories thématiques l’ensemble des
documents. Nous avons distingué les thématiques suivantes :

- la haie et le bocage,
- l’agriculture et l’écologie,
- l’hydrologie et la pédologie – l’érosion, le ruissellement,
- la santé et les haies,
- les services écosystémiques,
- les infrastructures agro-écologiques et la trame verte et bleue,
- la réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais,
- le parc naturel régional du Gâtinais.

La réalisation de cette bibliographie nous a permis :

- d’identifier les différentes thèmes abordés par la notion de services rendus par les
écosystèmes et les infrastructures agro-écologiques, les haies, les mares et les bandes
enherbées ;

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- de réaliser une liste des auteurs et ouvrages de référence sur les services rendus pas les
écosystèmes et infrastructures agro-écologiques ;
- de recenser les études sur les services rendus par les IAE réalisées en France ;
- d’identifier les méthodes d’évaluation des services rendus par les écosystèmes et les
IAE;
- d’ déterminer l’origine et la problématique territoriale ayant entrainé une évaluation des
services rendus ;
- d’identifier des contacts éventuels à interroger pour l’étude ;

La réalisation de cette bibliographie à poser un nombre de problèmes comme l’absence


de données à l’échelle du territoire d’étude, l’absence de valeurs chiffrées sur les services
rendus par les haies, mares ou bandes enherbées, etc. On peut expliquer ce phénomène au fait
que la notion de services écosystémiques est encore récente et l’absence de consensus sur les
méthodes utilisées et la valeur scientifique des données monétaires est longue et difficile.
Certains domaines tels que les services rendus par les forêts sont plus développés car plus
important économiquement et symboliquement, tandis que les services rendus par les
infrastructures agro-écologiques restent encore du domaine de la recherche exploratrice
malgré quelques tentatives.

Cette bibliographie n’est pas exhaustive. De nombreux ouvrages ou documents ont pu


être identifiés mais par manque d’accessibilité ils n’ont pu être étudiés. Néanmoins, celle-ci a
permis d’obtenir des informations et données générales permettant l’élaboration et
l’identification des services rendus potentiels des haies, mares et bandes enherbées, que nous
avons pu confronter par la suite grâce à la réalisation d’entretien avec les acteurs et
gestionnaires du territoire du parc naturel régional du Gâtinais français.

b. Construction d’un questionnaire adapté

La création d’un questionnaire, qui s’est révélé être plus une grille d’entretien lors des
rencontres avec les acteurs et gestionnaires du territoire, a eu pour objectif de confronter les
recherches bibliographiques à la réalité du territoire. Ainsi, celui-ci a été construit dans le but
de réaliser un état des lieux, d’obtenir un ressenti des acteurs et gestionnaires, afin

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d’inventorier les services rendus par les haies, mares et bandes enherbées du territoire du parc
naturel régional du Gâtinais. Il a donc fallut identifier, dans un premier temps, les acteurs à
interroger afin d’avoir une vision d’ensemble des services rendus par les haies, les mares et
les bandes enherbées. Cinq grandes catégories d’acteurs et de gestionnaires ont pu être
identifiées et interrogées (annexe 25) :

- des associations :
o Arvalis, l’Institut du végétal,
o Solagro, Association pour l‘agriculture, l’énergie et l’environnement,
o Areas, Association régional pour l’étude et l’amélioration des sols,
o les Amis du Patrimoine du Canton de la Chapelle la Reine,

- des élus locaux :


o maires,
o adjoint au maire,
o secrétaire générale,

- des gestionnaires locaux :


o chargé de missions du parc naturel régional du Gâtinais,
o responsable de pôle,
o président de commission,
- des acteurs locaux :
o habitants,
o agriculteurs,
o chasseurs,

- des organismes départementaux ou régionaux :


o Conseil Général de Seine-et-Marne,
o Chambre d’agriculture de Seine-et-Marne,
o Seine-et-Marne Environnement,
o ONF, Office Nationale des Forêts,
o ONCFS, Office Nationale de la Chasse et de la Faune Sauvage
o Fédération de chasse de Seine-et-Marne,
o CNRS,

- Chercheurs et universitaires,
o Maître de conférences universitaire,
o Chercheurs universitaires,

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L’ensemble des personnes, que ce soit par téléphone, mail ou sur rendez-vous, a eu à répondre
à cette grille d’entretien (annexe 26) afin d’obtenir différentes informations selon quatre
grands thèmes telles que:

- Réaliser un état des lieux (des élus, acteurs et gestionnaires locaux) :


o Y-a-t-il des haies, mares ou bandes enherbées sur votre commune,
exploitations ou territoire de gestion ?
o De quelles dimensions (superficie, largeur, longueur, hauteur) ?
o Avez-vous des problèmes de ruissellement et/ou érosion des sols ?

- Identifier le ressenti en tant qu’élus/gestionnaires du territoire :


o Comment percevez-vous en tant qu’élus, gestionnaires du territoire et
citoyen les haies, mares et bandes enherbées ?
o Quelles contraintes représentent, pour une commune, des travaux de
restauration de haies, de mares et/ou de chemins ?
o À quels types de problèmes et/ou réclamations faites-vous face de la part de
vos administrés lors de la mise en place des haies, mares ou bandes
enherbées sur votre commune ?

- Identifier l’utilité des haies, mares et/ou bandes enherbées :


o Pensez-vous que les haies, mares et/ou bandes enherbées ont une utilité
contre l’érosion des sols ? Si oui, précisez pour quelles raisons ?
o Pensez-vous que les haies, mares et/ou bandes enherbées peuvent ns ? être
utiles pour la chasse ? Si oui, précisez pour quelles raisons ?
o Pensez-vous que les haies, mares et/ou bandez enherbées participent à la
beauté du paysage ? Si oui, précisez pour quelles raisons ?

- La mise en évidence de l’évolution des services rendus par les haies, mares et bandes
enherbées ?
o quels ont été les services rendus par les hais, mares et bandes enherbées
avant les remembrements ?
o quels sont les services rendus par les haies, mares et bandes enherbées
actuellement ?
o quels sont les services que l’on voudrait que rendent les haies, mares et
bandes enherbées si leur mise ou remise en place se faisait sur leur
parcelle ?

Ce questionnaire a été important pour établir une comparaison et une confrontation


entre les données et les informations récoltées à partir de la bibliographie au sujet des

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infrastructures agro-écologiques et les données, informations et ressenties à l’échelle du parc


naturel régional du Gâtinais.

Certains problèmes limitent l’exploitation des informations obtenues telles que :

- l’évolution du questionnaire et son affinage au fil des entretiens, manque de cohérence


entre les réponses,
- le nombre trop limité de rencontres avec les élus, gestionnaires et acteurs du territoire,
impossibilité de réaliser des statistiques ou indices fiables,
- le manque et/ou l’absence de données chiffrées pour établir une évaluation monétaire
des services rendus par les haies, mares ou bandes enherbées.

De la construction d’un questionnaire couplé aux informations récoltées grâce à la


bibliographie nous avons pu identifier les enjeux locaux ainsi que les infrastructures agro-
écologiques, haies, mares et bandes enherbées du territoire.

Il est donc nécessaire de rassembler ces données grâce à un travail de cartographie, plus
visuel et adapté à la communication avec les acteurs et les gestionnaires du territoire.

II. Travail cartographique

a. SIG et Données

Un travail de cartographie sous Système d’Information Géographique, SIG, et


notamment grâce aux logiciels ArcGis et QGis a été nécessaire et a constitué une part
importante du travail de l’évaluation des services rendus par les infrastructures agro-
écologiques sur le territoire du parc naturel régional du Gâtinais.

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Grâce à une formation délivrée par l’Université Paris-Sorbonne, l’utilisation sous


ArcGis des données a été facilitée. Néanmoins, ce logiciel n’étant pas accessible à tous,
l’utilisation du logiciel libre QGis, permet une appropriation et une réutilisation des données
par l’association de la réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais.

Un certain nombre de données a été nécessaire afin de 1) localiser les infrastructures


agro-écologiques ; 2) déterminer leur nature et établir une typologie des IAE ; 3) identifier et
localiser les haies, mares et bandes enherbées ; 4) déterminer leur fonction principale et le
contexte géographique.

Plusieurs types de données ont été nécessaires afin de cartographier les infrastructures
agro-écologiques et le contexte géographique :

- le MOS, mode d’occupation du sol de l’IAU-Îdf ;


- l’ECOMOS,
- ECOLINE, l’IAU-Îdf,
- BD mares, SNPN, Inventaire des mares d’Île-de-France,
- BD mares et mouillères PNRGF,
- Images aériennes,
- Etc.

b. Les services rendus par les haies, mares et bandes enherbées sur le PNR

Si les infrastructures agro-écologiques ont été identifiées grâce aux bases de données,
nous avons pu observer grâce aux images satellites et aux études de terrain un manque
d’information dans les données ECOLINE. En effet, certaines haies ne sont pas identifiées
dans la base de données, tandis que certaines mares identifiées ne sont pas forcément
existantes. Il y a donc une incertitude dans les bases de données permettant de localiser les
infrastructures agro-écologiques. Toutefois, les tables des bases de données offrent des
informations importantes dans l’identification du contexte géographique autour des
infrastructures agro-écologiques, leur largueur, leur longueur, le nombre de rang, etc.
Cartographiées par ECOLINE, les haies ne sont pas étudiées d’un point de vue des services,

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cela a donc été plus difficile de réaliser cette évaluation des services rendus par les haies. On
peut noter que deux catégories de la base de données ECOLINE sur les haies, permet
d’identifier les haies ornementales et les haies pour le petit gibier. Néanmoins, cette base de
données est incomplète, ce qui permet d’expliquer le choix d’une étude faite à l’échelle de
d’une commune sur le territoire du parc naturel régional.

Si ce phénomène est valable pour les haies, il est d’autant plus vrai pour les bandes
enherbées. La base de données Ecoline permet de localiser les bandes enherbées et systèmes
associés mais pas les services rendus par les ceux-ci.

La base de données fournie par le SNPN sur les mares offre une information importante
sur la nature et la fonction principale de la mare. Cette base de données offre un certain
nombre d’informations telles que la forme, la taille en m², la gestion de la mare et de ses
abords mais est également constituée d’une fiche des espèces floristiques, une fiche des
amphibiens et des odonates. Couplées ces informations permettraient la mise en place d’une
typologie alliant la nature de la mare et le service écosystémique dominant. Ainsi, cette base
de données, encore en cours de réalisation, est un outil important dans la méthodologie
utilisée pour l’évaluation des services rendus par les mares. Cette base de données a permis
une étude à l’échelle du parc.

Si l’utilisation de bases de données et de logiciel de cartographie a été importante et


nécessaire pour l’évaluation des services écosystémiques rendus par les haies, les mares et les
bandes enherbées, elle n’a pas été suffisante. Un travail de terrain a été nécessaire pour
réaliser une cartographie plus complète des services rendus par les haies, les mares et les
bandes enherbées. Les bases de données ont néanmoins permis de cibler les lieux à étudier
afin de pointer des communes qui puissent servir d’exemple selon les services dominants.

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III. Travail de Terrain

a. Découverte du territoire

Réaliser une évaluation sur des éléments paysagers d’un territoire bien délimité nécessite
d’avoir une idée précise de leur localisation, de leur nature, de leur composition et de leur
fonction au sein du territoire. Un travail de terrain a donc été nécessaire. Faute de véhicule,
celui-ci a d’abord été fait par le biais d’image satellite et de cartes.

Néanmoins, plusieurs sorties ont pu être faites, grâce à une amie, et ont permis la
rencontre avec des acteurs du territoire ainsi que de réaliser un travail de terrain approfondi
sur quelques communes, sur des points bien précis tels que la cartographie et la
schématisation de mares et de haies. Une seule bande enherbée a pu être identifié sur la route
entre Larchant et Guercheville.

Afin de réaliser ce travail, nous nous sommes appuyés sur des fiches que nous avons
compléter avec des informations recueillies avec des acteurs du territoire.

b. Fiches Mares et Haies

 Les mares :

Grâce aux recherches bibliographiques, nous avons pu identifier la mise en œuvre d’une
étude des mares d’Île-de-France réalisé par la SNPN, Société nationale de production, de la
nature. Cette étude se base notamment sur une fiche de caractérisation des mares (annexe 27).
La fiche s’organise sous la forme de différents sujets :

- le nom de l’observateur,
- la localisation et les coordonnées GPS de la mare,
- la forme de la mare,
- la gestion de la mare,
- son contexte hydrologique,

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Une clé de concertation entre enjeux et acteurs du Gâtinais

- le type de mare,
- le contexte de localisation,
- la nature et caractéristiques générales,
- le recouvrement végétal,
- le stade d’évolution de la mare,
- les usages de la mare,
- la présence d’éléments anthropiques,
- les travaux à envisager.

Cette fiche est particulièrement intéressante du fait de la mise en parallèle possible entre le
type de mare et les usages de celle-ci.

- le type de mare :
 mare de prairie,
 mare de culture,
 mare de carrière,
 mare de route,
 mare abreuvoir,
 mare ornementale,
 mare d’habitation,
 mouillère,
 mare de forêt,
 autres.

- usage principal de la mare


 pas d’usage,
 collecte des eaux,
 abreuvoir bétail,
o direct,
o indirect,
 autres ressources en eau (pompier, …)

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 pêche,
 chasse,
 ornemental,
 pédagogique,
 je ne sais pas.

Il y a un lien à faire entre l’usage et la nature de la mare. Cette fiche est donc un outil
important pour l’évaluation des services rendus par les mares. La fiche a donc été complétée
pour six mares sur le territoire du parc naturel régional du Gâtinais. De plus, à cette fiche, un
schéma et des photos ont été faites afin de compléter et d’illustrer l’étude.

Plusieurs problèmes ont été rencontrés. Par manque d’accessibilité et de localisation


précise des mares, les six fiches réalisées ont été faites dans des villages. De plus, du fait de
l’éloignement entres celles-ci, il a été difficile d’en faire plus, afin d’avoir un panel des
différents types de mares. Néanmoins, après une prise de contact avec la responsable du
programme, il a été possible de récupérer la base de données à l’échelle de la réserve de
biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais, complétée par la base de données du parc naturel
régional du Gâtinais.

 Les haies :

Afin d’identifier les haies sur le territoire, un travail préalable cartographique a été
nécessaire afin de localiser celles-ci. La base de données ECOLINE a permis non seulement
la localisation mais également d’établir les caractéristiques principales et une typologie des
haies sur le territoire du PNR et de la RBFG.
Néanmoins, après le travail de terrain et la rencontre de certains acteurs du territoire, les
limites de cette base de données ont pu être mises en évidence : des haies existantes depuis
plusieurs années, ne sont pas représentées par la base de données ECOLINE. La commune de
Guercheville en est un très bon exemple. Il a donc été nécessaire de cartographier celles-ci.
Dans un premier temps, nous avons obtenu un plan cadastral des communes concernées
dans les mairies, puis demander une localisation précise des haies et enfin parcouru la
commune afin de photographier et schématiser les haies mais également de remplir une fiche

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des caractéristiques des haies (annexe) trouvée dans l’ouvrage de Baudry et Jouin, De la haie
aux bocages – Organisation, dynamique et gestion. Cette fiche de description des haies
propose plusieurs points :

- la position topographique de la haie (plateau, bas de versant, …),


- les caractéristiques générales (recouvrement, largeur, perméabilité, stratification, …),
- la gestion de la haie (mode de traitement, traitement des arbres, …),
- la localisation et contexte (utilisation des parcelles adjacente, …),
- les espèces arborées et arbustives.

Si cette fiche a été intéressante afin de caractériser les haies rencontrées sur le terrain.
Elle n’a pas été complétée systématiquement et a pu être remplacée par des schémas
identifiants :

- les caractéristiques générales (largeur, hauteur, longueur, stratification, …),


- localisation et contexte géographique adjacent,
- les espèces dominantes.

Ce dernier point étant très limité du fait d’un manque de connaissances personnelles,
mais également des personnes interrogées, des espèces végétales arbustives et arborées.
Aucune fiche n’a été trouvée pour les bandes enherbées, de plus au niveau du travail de
terrain celles-ci ont été difficiles à trouver et à identifier, d’où le manque d’informations et
réalisations cartographiques des bandes enherbées.

L’association d’un travail bibliographique, d’un travail de terrain et d’outil


cartographique a permis l’identification de services actuels, mais également anciens et
potentiels, rendus par les haies, les mares et les bandes enherbées. La méthode choisie permet
de comparer les résultats obtenus par les scientifiques au ressenti selon les enjeux des acteurs
et gestionnaires du parc naturel régional du Gâtinais.
Si la notion de services écosystémiques ne fait pas l’unanimité, celle-ci peut être
considérée comme un outil favorisant la concertation des acteurs du parc régional du Gâtinais
et la conciliation des différents enjeux territoriaux.

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Troisième partie

Résultats et Limites

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Suite au travail de terrain, aux recherches bibliographiques et à la rencontre des acteurs


du territoire, il a été possible d’obtenir un certain nombre de résultats afin d’évaluer les
services rendus par les haies, les mares et les bandes enherbées. Si ceux-ci mériteraient d’être
complétés, ils sont néanmoins une base de réflexion qui permettra d’apporter des arguments
aux gestionnaires du territoire du parc pour convaincre de l’utilité de ces éléments non
seulement pour la lutte contre le ruissellement et l’érosion des sols, mais également dans
beaucoup d’autres domaines.

Cette étude répond ainsi aux interrogations face à la multiplicité et à la


pluridisciplinarité des enjeux du territoire du territoire du parc naturel régional du Gâtinais.

Chapitre 6 – Résultats et cartographie

I. Les services écosystémiques rendus par les infrastructures agro-écologiques sur le


territoire du PNRGF

a. Évolutions des services écosystémiques rendus par les IAE

La première constatation faite, suite aux recherches bibliographiques, montre que les
services rendus par les infrastructures agro-écologiques ont évolué dans le temps et dans
l’espace. En effet, selon la localisation et le type d’occupation des sols les services rendus par
les haies, les mares et les bandes enherbées a évolué. Ainsi, si dans des régions d’élevage les
infrastructures agro-écologiques perdurent, dans des régions de grandes cultures celles-ci ont
nettement diminué voire disparue du fait des remembrements mais surtout en raison de l’idée,
qui perdure, que les haies, mares et bandes enherbées ne « servent à rien », « prennent de la
place pour rien » et « coutent chères ».

Pourtant, les infrastructures agro-écologiques ont eu une utilité, ce qui ressort des
recherches bibliographiques et les témoignages. On peut citer par exemple le témoignage d’un
élu et d’un agriculteur sur les services qu’ont pu rendre les haies et les mares :

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Une clé de concertation entre enjeux et acteurs du Gâtinais

« Les mares servaient au stockage de l’eau pour les animaux avant que l’eau n’arrive
dans les maisons.»120

« Les haies servaient pour la nourriture des animaux, pour le paysans souhaitant se
reposer à l’ombre des arbres »121.

Ces témoignages apportent de précieux renseignements sur l’histoire et les services


rendus par les infrastructures-agro-écologiques dans le paysage du Gâtinais. Nous verrons
donc plus précisément l’évolution historique des services rendus par les haies, les mares et les
bandes enherbées.

 Les haies sur le territoire du parc :

Sur le territoire du parc naturel régional du Gâtinais français, les haies ont rendu
différents services.

o services de prélèvement:

 production de bois (de chauffe principalement),


 production de nourriture (baies, fruits, …),
 production de plantes médicinales,
 production de plantes mellifères,
 production de litière pour le bétail,
 production de nourriture pour le bétail,
 production de biomasse animale pour la chasse (tourterelle des bois, perdrix
rouge et grise, lapin, lièvre, …).

o services culturels :

 délimitation des parcelles agricoles,


 protection des troupeaux,
 construction du paysage.

120
D’après le questionnaire rempli par monsieur Palfroy, adjoint au maire de la commune de Tousson.
121
D’après l’entretien de monsieur Stelmack, agriculteur de la commune de Mainbervilliers

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o services de régulation :

 brise-vent,
 ombrage,
 contre le ruissellement.

Les services de prélèvement sont les principaux bénéfices de la mise en place et du


maintien des haies. Les haies sont une ressource locale indispensable. Les services culturels et
notamment la délimitation des propriétés agricoles, des parcelles explique le maintien et la
mise en place des infrastructures agro-écologiques et les services de régulation sont des
avantages de protection et de bien-être pour le quotidien de la population.

 Les mares sur le territoire du parc

Le nombre de mares a considérablement diminué depuis la fin du XIX ème siècle. La


cause principale de cette disparition et fragilisation des mares est l’arrivée de l’eau courante
dans les habitations. Ainsi, les mares qui avaient pour but de stocker l’eau pour une utilisation
diverse (bétail, ménager, …) ont disparu dans certains villages. Il en est de même pour toutes
les mares, selon la typologie établie dans la méthodologie.

A Recloses, la mare du pressoir à été supprimée « en 1901, sur la plainte de plusieurs


habitants qui ne pouvaient plus supporter la mauvaise odeur qu’elle dégageait pendant la
saison de sécheresse, le conseil municipal décidait sa suppression. »122

Les mares ont donc eu une utilité très importante jusqu’à la fin du XIXème et milieu du
XXème siècle, jusqu’à l’arrivée de l’eau courante. Les mares sont au cœur de la vie rurale.
Certaines mares ont été comblées en raison des inconvénients qu’elles pouvaient apporter et
surtout de la mauvaise réputation qu’elles ont : insalubrité, moustiques, maladies, etc.

122
Association des Amis du Patrimoine, « Catalogue d’exposition – L’eau au fil du temps – Histoire de l’eau
dans les communes du canton de la Chapelle-la-Reine », septembre 2001, p.24

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Leur mauvaise réputation jusqu’au milieu du XXème siècle s’atténue et l’on considère
désormais que les mares peuvent conserver leur droit de cité. Elles contribuent à la régulation
des eaux de ruissellement, mais « c’est surtout d’un point de vue esthétique et écologique que
les mares d’aujourd’hui gardent leur utilité »123.

Les mares qui perdurent aujourd’hui sont le fait d’un entretien relativement régulier. En
effet, en l’absence de gestion d’une mare, sa dynamique naturelle la pousse au comblement,
par apport de sédiments par ruissellement, et donc à sa disparition. Aujourd’hui, les mares qui
demeurent sont le fait d’un milieu non cultivable, d’une mémoire des services qu’elles
peuvent rendre, d’une valeur patrimoniale et historique forte pour la population et donc
généralement une volonté des élus et citoyens de conserver les mares. On redécouvre les
services qu’elles rendent notamment lorsque celles-ci ont disparu.

Les témoignages suivants sont issus d’un document fourni par l’Association des Amis
du Patrimoine du Canton de la Chapelle-le-Reine « Catalogue d’exposition – L’eau au fil du
temps – Histoire de l’eau dans les communes du canton de la Chapelle-la-Reine », ils
montrent les services rendus par les mares à une autre époque :

« L’alimentation humaine, aux soins d’hygiène et de lavages des effets personnels.


Cela suppose un approvisionnement quotidien d’une très grande qualité sanitaire pour éviter
de subir les maladies, voire les épidémies. […] L’abreuvement du bétail qui fut autrefois
important demandait quotidiennement des volumes qui pouvaient être satisfaits au moins
partiellement par les mares ou les abreuvoirs publics recueillant les eaux pluviales. […] La
lutte contre l’incendie, les besoins de l’activité artisanale des maçons, des meuniers, des
producteurs de chanvre, l’usage de l’eau dans les loisirs réclamaient de l’eau. »124

« La relative rareté de l’eau justifiait la création d’un point d’eau proche des
habitations. Les mares intégrées à l’urbanisation des villages répondaient à de multiples
usages : bassin de régulation des eaux de ruissellement protégeant les caves de l’inondation

123
Association des Amis du Patrimoine, Op.cit., p.33
124
Association des Amis du Patrimoine, « Catalogue d’exposition – L’eau au fil du temps – Histoire de l’eau
dans les communes du canton de la Chapelle-la-Reine », septembre 2001, p.

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en cas de pluies d’orage, rinçage du linge, abreuvoir pour le bétail et la basse-cour, réserve
d’eau contre l’incendie, appoint pour la confection des mortiers de construction, bassin pour
le rouissage du chanvre, pour le trempage des osiers, pour le lavage des tonneaux ou des
sacs. »125

« L’étang du Nicorbin, qui était une pièce d’eau artificielle alimentée par l’eau de la
distillerie, on y organisait des parties de pêche. »126

Les mares, si elles sont d’origine anthropique, ont donc plusieurs rôles et rendent
différents services. Toutefois, si les mares actuelles sont les témoins d’une autre époque c’est
que celles-ci ont entretenues par l’homme. En effet, l’évolution naturelle de la mare tend à son
comblement (eutrophisation), quelque soit son origine (naturelle ou anthropique). Si certaines
d’entre elles ont réussi à perdurer dans le temps, c’est grâce à un entretien régulier de la part
de l’homme. Cependant les fonctions traditionnelles de la mare ont peu à peu disparue, ce qui
a contribué à un comblement de ces dernières, soit de façon volontaire soit de façon naturelle,
du fait d’une absence d’entretien.

 Les bandes enherbées

Les bandes enherbées sont devenues obligatoires en 2005 pour des raisons
environnementales. Au cours des recherches bibliographiques aucune information n’a été
trouvée quand à la mise en place de bandes enherbées avec cette date et quels pouvaient être
les intérêts et services rendus par ces éléments.

De plus, lors des entretiens, les bandes enherbées n’ont pas été l’objet de questions en
raison d’un problème. À l’origine, l’étude était sur les chemins enherbés et non les bandes
enherbées. C’est pour cette raison que l’évolution des services rendus par les bandes
enherbées ne peut être présentée, de même que leur localisation dans les études de cas
présentés dans la suite des résultats.

125
Association des Amis du Patrimoine, Op.cit. p. 24
126
Association des Amis du Patrimoine, Op.cit.p. 24

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Il y a eu une disparition des infrastructures agro-écologiques en raison d’une perte de


connaissances des services que celles-ci peuvent rendre, d’un basculement des mentalités et
de politiques agricoles poussant les agriculteurs à supprimer ces éléments paysagers afin
d’augmenter les rendements agricoles. Si aujourd’hui les infrastructures agro-écologiques
redeviennent des éléments importants qu’il convient de mettre ou remettre en place et de
maintenir, c’est d’abord dans un but environnemental consécutif à des politiques agricoles en
ce sens. La conscience des services écosystémiques potentielles que peuvent rendre les haies,
les mares et les bandes enherbées doivent être mise en valeur afin de participer à leur maintien
et à leur intégration dans les aménagements des parcelles agricoles.

Les services écosystémiques potentiels que peuvent rendre les haies, les mares et les
bandes enherbées sont bien supérieurs en nombre à ceux rendus actuellement. Il est donc
important de lister l’ensemble des services afin de permettre un regard global aux acteurs et
gestionnaires du territoire. Ainsi, il est possible de proposer un panel de services où les
acteurs du territoire peuvent sélectionner ceux qu’ils souhaitent mettre en avant selon leur
problématique locale et les enjeux de leur territoire.

b. Les SE des IAE : confrontation de la bibliographie au terrain

Au cours de l’étude, il est vite apparu lors des entretiens avec les acteurs et
gestionnaires du territoire, que les services rendus par les haies, les mares et les bandes
enherbées recensés grâce à la bibliographie ne trouvaient pas forcement d’échos. Certains
services ont même été réfutés. Il était donc important de réaliser une confrontation entre les
sources d’informations, de la bibliographie au terrain, des scientifiques aux acteurs et
gestionnaires.

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Cette confrontation a eu un autre intérêt : réaliser une étude locale des services rendus
par les haies, mares et bandes enherbées d’après une bibliographie plus généraliste et surtout à
l’échelle nationale. La rencontre avec les acteurs du territoire a eu l’intérêt d’ancrer dans le
réel des notions relativement abstraites.

Néanmoins, au regard des connaissances actuelles, il est possible de lister les services
potentiels et existants rendus par les infrastructures agro-écologiques.

 Les haies

Les haies ont pu être localisées grâce à la base de données Ecoline de l’IAU-Îdf (Carte
10).

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Carte 10. Les haies sur le territoire du PNRGF (C. Brun)

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Les haies rendent un certain nombre de services écosystémiques. Le schéma suivant


illustre les connaissances scientifiques des différents services rendus par les haies.
Les services écosystémiques rendus par les haies d’après les recherches
bibliographiques

SUPPORT

 Pédogénèse : production et maintien de sol,


 Cycle biogéochimique : préservation de la ressource en eau, pollinisation de la flore par insectes pollinisateurs,
 Préservation de la diversité biologique,
 Production primaire.

PRÉLÈVEMENT RÉGULATION

 Production de bois (plaquette, chauffe,  Fixation du carbone (racine, houppier, feuille)


construction, œuvre, piquets de clôtures et  Aération du sol par vers de terre (indirect)
poteaux …)  Aide à la pollinisation avec abeilles (indirect)
 Litière pour bétail  Amélioration de la fertilité sol (humus)
 Production de baies (merises, alises, poires,  Réduction de l’érosion du sol
noix, noisettes)  Retour prédateur (régulation campagnol)
 Miel  Réduction des épidémies et plantes invasives (effet
 Chasse : tourterelle des bois, perdrix rouge et barrière) : diversité et résistance spécifique
grise, lapin de garenne, lièvre d’Europe  Purification de l’eau (absorption pesticide)
 Hausse de la production agricole (indirecte)  Trame verte (biodiversité) : éléments de connectivité
 Nourriture bétail  Effet thermique augmentation chaleur la nuit en bord de
haies et diminution chaleur la journée : microclimat

CULTUREL

 Paysage : augmente la diversité et l’hétérogénéité des paysages,


 Délimitation des parcelles, propriétés,
 Écran visuel
 Tourisme nature : attrait, paysage symbole,
 Patrimoine : haie et paysage de haie,
 Éducatif : laboratoire pour éduquer,
 Spirituel : Bien être,
 Terroirs de qualité : valoriser le terroir,
 Loisirs : développement d’espèces d’intérêt cynégétique.

Schéma 11 : Les services rendus par les haies,


Source : C. BRUN d’après l’étude bibliographique

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On peut voir que les haies rendent un grand nombre de services écosystémiques. Il en
est ressortis plusieurs choses :

 les acteurs du territoire ne connaissent pas l’ensemble des services rendus par les
haies ;
 seuls certains services sont valorisés lors de la mise et remise en place ainsi que
de la restauration des haies ;
 les acteurs du territoire ont des avis partagés sur la mise, remise en place et
restauration des haies.

Des services écosystémiques rendus par les haies ont émergé lors de ces entretiens :

 services de prélèvement :
 production de bois ;
 production de baies ;
 production cynégétique.

 services de régulation :
 réduction de l’érosion du sol ;
 réduction des épidémies et plantes invasives ;
 effet thermique, diminution de la chaleur en journée.

 services culturels :
 paysage, augmenter la diversité et l’hétérogénéité des paysages ;
 loisirs, développement d’espèces d’intérêts cynégétiques.

Sur l’ensemble des 24 services recensés seuls 8 ont été validés, et pas par l’ensemble
des acteurs de la zone d’étude. Au contraire, l’ensemble des services a été reconnu et validé
par les gestionnaires du parc notamment. Le schéma suivant permet de confronter les services
rendus par les haies qui ont été reconnus par des recherches scientifiques et identifiés par
l’étude bibliographique et les services rendus par les haies qui ont été validés par les acteurs
du territoire du parc naturel régional du Gâtinais.

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Schéma 12 : Confrontation de la bibliographie (l’ensemble des services) aux entretiens sur le terrain (en rouge) des services
rendus par les haies du parc naturel régional du Gâtinais.
Source : C. Brun d’après la bibliographie et les fiches d’entretiens.

Les valeurs qui ont pu être identifiées l’ont été grâce à la bibliographie. Ils doivent donc
être pris comme des indices et non des valeurs exactes.

Services de régulation :

 selon le CEMAGREF, DERF et ITCF (1997), la présence d’éléments boisés associés aux
bandes enherbées sur une largeur d’au moins 6 m participe à l’infiltration de l’eau et
limite le ruissellement jusqu'à 87% ; une haie dense (60 tiges/m² de 2cm de diamètre)
avec une pente de 3% le ruissellement est de 0,12m/s et de 0,55m/s pour une pente de
15% alors qu’une haie peu dense (1tige/m² de 8cm de diamètre) le ruissellement est de
0,40m/s (pente à 3%) et de 2m/s pour une pente à 15%. De plus la haie intercepte un
ruissellement diffus (c’est-à-dire étalé sur une grande largeur), elle peut piéger jusqu’à
70 % des particules et atteindre des vitesses d’infiltration de plus de 200 mm/h ;
 une haie peut diviser par 4 la concentration en nitrate des eaux de ruissellement
(INRA et CEMAGRED) ;

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 selon l’INRA de Rennes (2003), le sol est en moyenne 3 fois plus profond au pied d’une
haie ;
 l’accumulation de litière au pied d’une haie permet de stocker 3 fois plus de carbone et
donc de matières organiques dans le sol qu’en l’absence de haie (INRA) 1km de haie
fixe chaque année 1 tonne de carbone ;
 une haie absorbe 40% des flux des traitements volatils ;
 les haies freinant la vitesse du vent de 40 à 60% sur une distance égale à 3 à 4 fois
leur hauteur et d’au moins 11 fois la longueur de la haie, elles limitent les effets des
intempéries (vent, pluie, froid, gel, neige, etc.) et les phénomènes de verse et
d’évapotranspiration des cultures (- 20 à 30% d’évaporation)127 ;
 les haies hautes réduisent le bruit et s’opposent à la dérive volatile des produits
phytosanitaires ;
 1 000 espèces cultivées dépendent de la pollinisation des insectes et auxiliaires de
culture (oiseaux, carabes, coccinelles, abeilles, syrphes, …).

Services de production :

 les haies peuvent contribuer à augmenter les rendements de 10 à 15% si elles sont
placées perpendiculairement dans le sens dominant du vent et espacées d’environ 150 m
les unes des autres pour une hauteur minimum d’environ 10 m, (INRA, 1976) ;
 le rendement en lait ou en viande est augmenté de l’ordre de 20% entre les animaux
exposés au vent et des animaux abrités du vent (source INRA) ;
 4,5 kilomètres de haies adultes entretenues tous les 15 ans (= 300m par an) permet de
chauffer une habitation avec une chaudière à bois alimentée par des plaquettes 128 ;
3,5 kilomètres de haies pour fournir de façon durable le bois de chauffage pour une
maison de 150 m².
Aucune donnée n’a été trouvée sur les services culturels et services de supports rendus
par les haies.

127
Guinaudeau Claude, Guide Pratique – Aménagements urbains et durables – Les haies urbaines et
périurbaines – Fonctions, choix des espèces, mise en œuvre et entretien, Ed. CSTB, jan. 2012
128
http://www.maisondelanature65.com/PAGES/P.ARBRE7%20SENSIBILISATION/Dossier%20Elus%20web.pdf

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Les haies rendent donc de multiples services. Néanmoins, il est important d’avoir une
réflexion et une vision d’ensemble du territoire et des enjeux afin d’obtenir l’aide des acteurs
du territoire pour l’appropriation des haies par les acteurs, pour leur mise en place et leur
entretien.

Le parc naturel régional du Gâtinais s’associe à la démarche notamment par la


recommandation d’espèces végétales à privilégier pour des haies adaptées aux conditions
aussi bien pédologiques que climatiques du territoire du parc. Ainsi, la liste suivante permet
d’identifier les espèces végétales qu’il est possible de planter et celles qui sont totalement
déconseiller.
Liste d'essences d'arbres, à utiliser isolés ou en bande boisée

Alisier blanc (Sorbus aria) Hêtre (Fagus sylvatica)


Alisier torminal (Sorbus torminalis) Merisier (Prunus avium)
Bouleau pubescent (Betula pubescens ou B. Néflier (Mespilus germanica)
alba) Noyer commun (Juglans regia)
Bouleau verruqueux (Betula verrucosa ou Noyer noir (Juglans nigra)
B.pendula) Orme (Umus resista - variété résistante a la
Cerisier a grappes (Prunus padus) graphiose)
Charme (Carpinus betulus) Poirier (Pyrus pyraster ou P. communis)
Châtaignier (Castanea sativa) Pommier sauvage (Malus sylvestris ou M.
Chêne pubescent (Quercus pubescens) communis)
Chêne pédoncule (Quercus robur) Tilleul à petites feuilles (Tilia cordata)
Chêne sessile ou rouvre (Quercus petraea ou Tremble (Populus tremula)
Q. sessiliflora) Arbres fruitiers (Pommier, poirier, cerisier,
Cormier (Sorbus domestica) prunier) de variété traditionnelle
Érable plane (Acer platanoides)
Érable sycomore (Acer pseudoplatanus)

Liste d'essences arbustives champêtres, à utiliser dans les haies en limites séparatives

Grands arbustes caducs (pouvant depasser les 2 m a maturite en haie libre, selon les sols) :

Aubépine (Crataegus monogyna et C. Prunellier (Prunus spinosa)


laevigata) Saule marsault (Salix caprea)
Cerisier de Sainte-Lucie (Prunus mahaleb) Sureau (Sambucus nigra)
Cognassier (Cydonia vulgaris) Viorne lantane/Viorne mancienne (Viburnum
Églantier ou Rosier des chiens (Rosa canina) lantana)
Érable champêtre (Acer campestre) Viorne obier (Viburnum opulus
Noisetier (Corylus avellana et Corylus
maxima)

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Petits arbustes (en général inferieurs a 2 m a maturité):

Amélanchier (Amelanchier ovalis) Cornouiller sanguin (Cornus sanguinea)


Bourdaine (Frangula alnus) Fusain d'Europe (Euonymus europaeus)
Camerisier à balais (Lonicera xylosteum) Genet (Cytisus scoparius)
Cassis (Ribes nigrum) Groseillier a maquereau (Ribes uva-crispa)
Cornouiller male (Cornus mas)
Nerprun purgatif (Rhamnus catharticus)

Persistants et semi-persistants

Buis (Buxus sempervirens) Nerprun alaterne (Rhamnus alaternus)


Charmille (Carpinus betulus, essence Troène commun (Ligustrum vulgare,
marcescente qui conserve ses feuilles une semipersistant)
partie de l'hiver) Genévrier commun (Juniperus communis) - a
Houx (Ilex aquifolium), espèce de mi-ombre utiliser en nombre limite dans une haie libre

Plantes déconseillées car banalisantes

Ces plantes sont déconseillées car elles ne sont pas originaires de la région et ont une
tendance à uniformiser les paysages. Souvent plantées en haies mono spécifiques, et
comparées a du « béton vert », elles ne présentent que peu d'intérêt au niveau écologique et
sont très fragiles aux attaques parasitaires.

Bambou Houx / Ilex (sauf Ilex aquifolium)


Berbéris Laurier palme ou cerise (Prunus
Cyprès de Leyland (Cupressocyparis laurocerasus)
leylandii) Laurier du Portugal (Prunus lusitanica)
Eleagnus à feuillage panache Thuya (Thuja)
Eucalyptus (Eucalyptus) Végétaux à feuillage pourpre (Prunier et
Faux Cyprès (Chamaecyparis) noisetier pourpres notamment)

Plantes arborées ou arbustives proscrites car invasives sur le territoire du parc

Ailante ou Faux-vernis du Japon (Ailanthus Herbe de la Pampa (Cartaderia selloana)


altissima) Laurier-cerise (Prunus laurocerasus)
Arbres aux papillons (Buddleia davidii) Rhododendron pontique (Rhododendron
Cerisier tardif (Prunus serotina) ponticum)
Chêne rouge d’Amérique (Quercus rubra) Robinier faux-acacia (Robinia pseudoacacia)
Érable negundo (Acer negundo) Sumac de Virginie (Rhus typhina)

Tableau 15 : Les espèces arborées et arbustives recommandées par le PNR du Gâtinais

Cette liste a un rôle indicatif et de recommandation pour avoir une haie adaptée au
territoire. Pour aller plus loin, le PNR du Gâtinais réalise actuellement une liste plus précise

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avec des caractéristiques telles que la forme, la hauteur maximale, la floraison, le Ph du sol, la
toxicité, la fonction dans l’espace planté et le contexte de l’espace planté. Ainsi, le tableau
suivant présente un exemple du travail en cours de réalisation.

Tableau 16: Les caractéristiques des espèces végétales, source : PNR Gâtinais

Ce document de travail nous donne de précieux éléments permettant d’identifier les


espèces qui peuvent être planté en fonction du contexte de plantation, et du type de haies que
l’on souhaite planter sur son terrain. Il a été possible de compléter les informations fournies
par le PNR du Gâtinais grâce à l’ouvrage de Claude Guinaudeau « Guide Pratique
d’aménagements urbains durable – Les haies urbaines et péri-urbaines – Fonctions, choix
des espèces, mise en œuvre et entretien » aux éditions CSTB, et l’ouvrage de Fabien Liagre
« Les haies rurales : rôles, création et entretien » aux éditions France Agricole de 2006, il est
possible d’obtenir des indications sur le type de haies que l’on souhaite avoir en fonction du
service écosystèmique que l’on souhaite privilégier.

 la haie basse :

La haie basse sur le territoire du


parc naturel régional du Gâtinais a
plusieurs rôles : la protection des bas-
cotés de bord de route, la protection des
bords de champs, la réduction de la
vitesse des voitures. La commune de
Saint-Martin-en-Bière décide de réduire
la vitesse à 70km/h à l’entrée du
hameau de Macherin par la mise en

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place d’une haie basse à l’entrée du village de Macherin. Sur la photo ci-dessous, on peut voir
qu’une haie basse a été mise en place de chaque côté de la route et à une fonction de goulet
d’étranglement, « un effet tunnel » d’après l’ancien maire monsieur Renaud (parenthèse
jaune). Cette haie a également une autre utilité induite par sa présence : elle protège le chemin
qui borde la route (flèche rouge). La haie est d’une longueur d’un peu plus de 100 mètres du
coté gauche et environ 140 mètres du coté droit. La largeur de la haie actuellement est
d’environ 1mètre. L’entretien de la haie se fait tous les ans et est à la charge de la commune.

100 m 140 m

Photo 1 : Haie pour le ralentissement de la vitesse en entrée de village, hameau de Macherin


de la commune de Saint-Martin-en-Bière, Seine-et-Marne, source : Google Map.

L’ancien maire monsieur Renaud, ne se souvenait pas des espèces qui avaient été
plantées et n’ayant pas les connaissances pour y répondre, les haies à l’entrée de Macherin
n’ont pas été identifiées selon l’espèce floristique. Néanmoins, Guinaudeau propose une liste
d’espèces végétales à utiliser pour planter une haie basse129 :

 Haies taillées mono-spécifiques :


 Berbéris nains, les espèces,
 berberis buxifolia,
 berberis candidula,
 Berbéris pourpres, les cultivars de Berberis thunbergi ;
 Buis nains : Buxus microphylla ;
 Buxus sempervirens ‘Elegans’ ;

129
Guinaudeau Claude, « Guide Pratique d’aménagements urbains durable – Les haies urbaines et péri-urbaines – Fonctions,
choix des espèces, mise en œuvre et entretien » aux éditions CSTB, p.44

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 Eunonymus fortenei, à feuillage coloré ;


 Fusains nains : Euonymus fortenei, les cultivars,
 ‘Emerald’ n ‘Gold’ : panaché jaune,
 ‘Emerald Gaiey’ : panaché blanc.

 Haies décor plurispécifique :


 Azalées japonaises ;
 Deutzias nains : Deutzia x rosea ;
 Forsythias nains, cultivars : ‘Marée d’or’, ‘Mêlée d’or’ ;
 Millepertuis : Hypericum patulum ‘Hidcote’ ;
 Potentilles ;
 Rosiers nains ;
 Spirées de printemps et d’été.

 la haie de protection climatique :

La haie de protection climatique a un rôle de régulateur important. En effet, le principal


service qu’elle rend est de protéger du vent mais également du froid et du soleil. La haie
brise-vent dépend de plusieurs paramètres : la perméabilité, la hauteur, la longueur,
l’homogénéité et éviter l’effet venturi.
Ainsi, placer une haie de manière perpendiculaire au sens du vent dominant permet de
réduire la vitesse du vent. Le schéma suivant illustre l’impact de la haie sur le vent.

Schéma 12 : La haie
brise-vent imperméable
à une efficacité
limitée130

La perméabilité de la haie doit être entre 40 et 60 % pour freiner efficacement la vitesse


du vent. De plus, la hauteur de la haie a un impact important sur l’efficacité de la réduction de
la vitesse du vent. « La zone protégée bénéficie du ralentissement de la vitesse du vent sur une

130
Guinaudeau Claude, « Guide Pratique d’aménagements urbains durable – Les haies urbaines et péri-urbaines – Fonctions,
choix des espèces, mise en œuvre et entretien » aux éditions CSTB, p. 18

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distance de 20 à 30 fois la hauteur de la haie. Elle reste significative jusqu’à 10-15 fois cette
hauteur. »131

Schéma 13 : Distance protégée proportionnelle à la hauteur de la haie brise-vent.132

Schéma 14 : La vitesse du vent est ralentie jusqu’à une fois et demie la hauteur de la haie133

L’effectivité optimale de la haie brise-vent est obtenue lorsque la longueur est d’au
moins 11 fois la hauteur de la haie et que l’homogénéité de la haie est suffisante, il faut
associer des arbres de haut jet et des arbustes.

131
Guinaudeau Claude, Op.cit. p. 18
132
Guinaudeau Claude, Op.cit., p.18
133
Guinaudeau Claude, Op.cit., p.18

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Schéma 15 : Influence de la longueur de la haie sur le vent 134. Schéma 16 : Influence de l’homogénéité de la haie
sur le vent

Si la haie brise-vent est mal faite ou insuffisante, il peut y avoir un effet inverse soit une
accélération du vent, c’est l’ « effet Venturi ».
Sur le territoire du parc naturel régional du Gâtinais, il n’y a pas eu d’identification
formelle de haie brise-vent. Néanmoins, lors d’une journée terrain, nous avons pu faire
l’expérience d’une haie offrant un abri du vent et du soleil sur la commune de Guercheville.

Photo 2 : Vu de
face de la haie,
alignement
d’arbre de la
mairie de
Guercheville,
source : Google
Map

134
Guinaudeau Claude, Op.cit., p.19

146
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Photo 3 : Vu aérienne de la mairie de


Guercheville, source : Google Map.

Les photos précédentes permettent de montrer deux choses : en jaune la haie arborée ou
alignement d’arbres offre un abri au vent et au soleil (traits bleus). Si cette haie n’a pas
forcement été plantée dans un but brise-vent ou ombrage, il n’en demeure pas moins que
celle-ci rend ces services, en plus de l’aspect paysager, esthétique et délimite la mairie de
Guercheville.

Ce type de haie a un impact sur la production agricole. En effet, le schéma 17 permet de


voir que s’il y a une perte de rendement à l’abord de la haie, du fait probablement de la
concurrence végétale entre la haie et l’espace agricole dans les premiers mètres, il y a une
augmentation du rendement en s’éloignant de celle-ci, avec une zone de rendement accrue
qui diminue en fonction de l’effet brise-vent de la haie. Ce phénomène peut être expliqué par
la protection qu’apporte la haie face aux éléments (vent, froid, soleil). Le schéma 18 illustre la
protection offerte par la haie face au froid et à la chaleur. La haie brise-vent a un rôle
régulateur climatique important.

147
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Schéma 17 : Influence de la haie sur les rendements agricoles, source : Association Prom’haies,
URL : http://www.promhaies.net

Schéma 18 : Influence de la haie brise-vent sur l’avant et l’après haie, un effet Foehn 135

Les espèces floristiques à valoriser pour la mise en place d’une haie brise-vent sont :

 Arbres de haut jet :

 Acer platanoïdes (érable plane) ;


 Acer pseudoplatanus (érable sycomore) ;
 Castanea sativa (châtaignier commun) ;
 Fagus sylvatica (hêtre commun) ;
 Fraxinus excelsior (frêne commun) ;

135
Guinaudeau Claude, Op.cit., p.22

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 Prunus avium (merisier) ;


 Quercus pedunculata (chêne pédonculé)
 Quercus pubescens (chêne pubescent) ;
 Quercus sessiliflora (chêne sessile) ;

 Arbres et grands arbres conduits en cépée (étage intermédiaire) :


- Acer pseudoplatanus (érable sycomore) ;
- Alnus cordata (aulne à feuilles en cœur) ;
- Carpinus betulus (charme) ;
- Castanea sativa (châtaignier) ;
- Corylus avellana (noisetier) ;
- Syringa vulgaris (lilas) ;
- Tamarix, espèces (tamaris).

 Arbustes buissonnants :
- Cornus alba (cornouiller blanc) ;
- Cornus mas (cornouiller mâle) ;
- Mespilus germanica (néflier) ;
- Prunus spinosa (prunellier) ;
- Sambucus racemosa (sureau rouge) ;
- Viburnum lantana (viorne lantane).

Il s’agit ensuite d’associer les espèces en fonction de leurs données autécologiques afin
que les espèces soient adaptées à leur milieu d’implantation et ne soient pas en concurrence.

 la haie écologique :

Les haies écologiques sont des haies à but environnemental. Elles participent à la
biodiversité en ayant un rôle de corridors grâce notamment à leur pluri-spécificité et à leur
composition floristique particulièrement favorable au développement et à l’accueil de la
faune. Les haies bocagères et champêtres sont idéales pour les abeilles, les insectes, les
oiseaux et petits mammifères. Elles favorisent l’implantation des auxiliaires de cultures qui
sont particulièrement utiles pour limiter la pullulation des prédateurs et des nuisibles pour
l’agriculture.

Les abeilles ont besoin de milieux accueillant tels que les haies champêtres, les lisières
forestières et les enherbements mellifères. Elles peuvent les atteindre grâce à des réseaux de

149
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haies par exemple. Les espèces végétales à favoriser si l’on souhaite participer à l’installation
d’abeilles sont :

 Espèces à chatons comme les aulnes, les bouleaux, les noisetiers, les saules, … ;
 Espèces à floraison printanière comme le mimosa, l’érable sycomore, le châtaignier,
l’aubépine, le hêtre, le néflier, le frêne commun, le poirier commun, le chêne, le cassis,
le lilas, …

Pour les papillons, il s’agit de créer des milieux où ils pourront se nourrir, se reproduire
et passer l’hiver. Les haies les plus favorables sont les haies bocagères avec des arbres de haut
jet, des haies arbustives champêtres. Le schéma suivant illustre les écosystèmes qui leurs sont
favorables.

Schéma 19: Les écosystèmes favorables aux papillons136

Les insectes et auxiliaires de cultures participent à la « Lutte biologique intégrée » ou


« Contrôle biologique en Nature ». Il s’agit de contrôler le niveau de population des ravageurs

136
Guinaudeau Claude, Op.cit., p.31

150
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en terre de culture et participe ainsi à la réduction de l’utilisation des pesticides. Mettre une
haie écologique pour favoriser l’installation des auxiliaires de culture consiste à remettre en
place une chaîne alimentaire mise à mal sinon détruite. Le schéma suivant illustre le lien entre
auxiliaire de culture et ravageurs. Ainsi, on peut voir que le puceron est mangé par les
coccinelles, les guêpes, les chauves-souris, … et que les limaces sont mangées par les carabes,
les grives et les hérissons.

Schéma 20 : Le rôle des auxiliaires de culture sur espèces nuisibles137

Pour les oiseaux tous les types de haies leur sont favorables tant qu’elles fournissent
toute l’année de la nourriture, des lieux de reproduction et des abris. Toutes les haies assurent
des lieux de nidification, mais les plus intéressantes sont les haies taillées et celles composées
d’épineux. Les haies plurispécifiques et champêtres sont des lieux de nourrissage.
Lors de la visite de la ferme expérimentale de Boigneville de l’association Arvalis, nous
avons eu l’occasion de visiter les haies qui ont été plantées dans un but écologique. Au cours
de la visite, nous avons pu voir un faisan, et plusieurs lièvres, qui n’ont malheureusement pas

137
Association Prom’Haies, URL : http://www.promhaies.net/association/pourquoiplanter/fonctions-agronomiques,696/

151
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pu être photographiés. De plus, madame Rieu, directrice de la ferme expérimentale d’Arvalis


nous a montré des traces de sangliers expliquant ainsi la présence des fils électriques dans
certaines zones. Le choix des espèces végétales composants les haies a été fait en lien avec le
parc naturel régional du Gâtinais. Ces haies sont composées pour majorité d’espèces feuillues
et ont été choisies pour leur diversité, la couleur du feuillage, avec des espèces locales afin de
favoriser un étalement de la période de nourrissage.

Photo 4: Exemple de haie écologique sur la Ferme expérimentale de Boigneville, Arvalis, et les espèces vues lors
de la visite (faisan commun et lièvre),
Source : C. Brun, juin 2013, photos d’animaux ONCFS.

La photo montre l’organisation et les caractéristiques de cette haie. D’une largeur


d’environ 1 mètre 50, d’une hauteur de 2 mètres pour la strate arbustive à 4 mètres pour les
« plumeaux » en rouge. D’une largeur de 80 mètres les haies sont séparées d’environ 40
mètres les unes des autres. Ces haies sont bordées d’espaces herbacés, d’une largeur d’environ

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1 mètre de chaque coté de la haie et entre les haies d’une largeur de 10 mètres environ, laissés
au « naturel » afin de favoriser la biodiversité des espèces faunistiques. Le réseau de 7 haies
installé par Arvalis, en rouge sur la photo 5, montre qu’une connexion a été faite afin de relier
les deux espaces boisés, cerclés de vert. Cela explique le fait que l’on puisse trouver des
espèces animales abondantes sur les parcelles agricoles de l’association.

Photo 5 : Le réseau de haies écologiques sur les parcelles d’Arvalis à Boigneville en l’Essonne, 1 cm pour 100
mètres, Source : C. Brun d’après l’image aérienne de Google Map

Les haies écologiques vues sur le terrain et les haies cynégétiques étudiées ont des
caractéristiques similaires.

 la haie cynégétique :

L’aménagement des haies, avec des talus, bandes enherbées ou fossés, va permettre
l’installation d’animaux qui utilisent des terriers. Une haie champêtre peut abriter des
mammifères de grandes tailles. Si elle est suffisamment large (minimum 5 mètres), le couvert
offre un habitat au lièvre, au renard, au lapin ou au chevreuil. L’idéal est d’avoir une haie de 7
à 9 lignes de large138, dotée d’arbres de haut jet au centre entourés de lignes latérales d’arbres
de petites tailles. Pour la nidification au sol de certains oiseaux comme les perdrix et les

138
Liagre …

153
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faisans, l’idéal est de mettre en place des bandes enherbées au pied des arbres de 5 à 10
mètres de large. Le tableau suivant met en avant le type d’alimentation et les comportements
des principales espèces que l’on peut trouver à proximité des haies.

Espèce Alimentation Comportement


Insectes, larves, limaces, feuilles, Présent en haie, lisière et champs.
Faisan
bourgeons, graines Couvée entre mai et juin
Grains de céréales, de graminées, Couvée en mai. Niche souvent
Perdrix grise
pointes de feuilles de graminées dans les bandes herbeuses et haies
Couvée en juin-juillet. Niche
Herbes, graines, bourgeons, fleurs
Perdrix rouge souvent dans les bandes herbeuses
d’espèces cultivées ou non
et haies
Graines et baies, lierre et aubépine
Pigeon ramier Niche en hauteur
notamment
Graminées, ronces, arbustes divers, Talus et espace ouvert, bande
Lapin de Garenne
bourgeons herbeuse et haie
Pousses de céréales, légumineuses,
Milieu ouvert avec cultures
colza, bourgeons, pousses et
Lièvre d’Europe diversifiées. Bandes herbeuses et
feuilles tendres, voire écorces en
haies
période difficile
Petits mammifères, oiseaux, vers Cadre de vie varié, terrier dans les
Renard
de terres, baies haies
Feuillage de ronce, lierre,
Espace ouvert, bandes herbeuses,
Chevreuil chèvrefeuille, aubépine, bourgeon
de passage près des haies
d’érable, merisiers, chêne rouge
Baies, glands, faines, fruits,
Animal forestier mais souvent de
champignon, racine, tubercule,
Sanglier passage près des haies pour les
larves, vers de terre, production
fruits et cultures voisines
agricole
Tableau 17 : Comportement des principales espèces de gibier présents dans les haies
(d'après ONCFS et FNC)139

Afin de favoriser la présence de grives, de passereaux, de rongeurs ou de sangliers, il est


important de favoriser les espèces fruitières comme le chêne ou le châtaignier, le prunelier ou
la ronce. Il s’agit de les choisir de telles sortes qu’il y ait de la nourriture pour toute l’année.

Un certain nombre de haies cynégétiques sont plantées par l’ONCFS, l’Office national
de la chasse et de la faune sauvage. Celles-ci sont plantées à l’occasion de la Sainte-Catherine,
le 25 novembre, avec l’aide d’enfants, de scolaire. Selon le dicton « A la Sainte Catherine,
tout bois prend racine », c’est pour cela que des haies sont plantées à cette date symbolique.

139
Dupraz et Liagre, Agroforesterie : des arbres et des cultures, Ed. France Agricoles, 2008

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Un constat est apparu lors des entretiens avec des chasseurs ou agriculteurs chasseurs
sont se sentent plus concernés par la biodiversité que les agriculteurs. Ceci expliquant les
similitudes entre les haies écologiques et les haies cynégétiques. Il est important de montrer le
rôle majeur de la mise en place et du maintien des haies dans les communes du parc.

 la haie en d’hydraulique douce :

La haie en tant qu’infrastructure d’hydraulique douce a un rôle très important pour la


régulation des eaux de ruissellement, mais également contre l’érosion des sols agricoles.
Toutes les haies peuvent convenir pour la réduction des risques hydrauliques. La haie a un
rôle de maintien des terres agricoles. Le schéma suivant illustre l’action d’une haie plantée en
zone de pente sur l’érosion des sols. On peut voir qu’en amont de la haie le sol organique est
maintenu et retenu par la haie, alors qu’en aval, il n’y a plus de sol de labour, ni de sol
organique du fait de l’érosion provoquée par le ruissellement notamment..

Schéma 21 : Le rôle des haies sur l’érosion des sols agricole, source : Association Prom’Haies

L’association AREAS est spécialisée dans la mise en place d’infrastructures agro-


écologiques. Elle a réalisé une plaquette sur les haies et le service de régulation du
ruissellement. Il établisse que pour qu’une haie constitue un obstacle perméable au
ruissellement, il faut que celle-ci soit d’une densité la plus grande possible à la base (densité
de tiges/m² et diamètre des tiges) et que la pente en amont de la haie soit la plus faible
possible par un terrassement léger à l’implantation soit par accumulation des dépôts au fil du
temps. La haie a un impact plus important si le ruissellement est diffus ; si le ruissellement est

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concentré, la surface de contact entre la haie et le ruissellement est réduite, l’efficacité


hydraulique est moins importante. L’aménagement d’une haie d’hydrauliques douces doit être
fait le plus en amont possible des bassins versants touchés. De plus, la haie doit être
positionnée en perpendiculaire de l’écoulement, soit perpendiculaire au versant soit au fond
de vallon. Pour être efficace la haie doit être plantée en 2 ou 3 rangs en quinconce sur une
largeur de 50 cm à 1 mètre. Les pieds doivent être les plus serrés possibles (30 à 50 cm
maximum d’écartement selon les espèces choisies et leur pouvoir à multiplier le nombre de
tiges).

L’AREAS préconise d’utiliser des espèces végétales qui drageonnent afin d’obtenir une
densité de tiges propice au frein hydraulique, par exemple :

- Cornouiller sanguin (Cornus sanguinea) ;


- Noisetier (Corylus avellana) ;
- Viorne obier (Vibur num opulus) ;
- Prunelier épine noire (Prunus spinosa) ;
- Houx (Ilex aquifolium) ;
- Lilas commun (Syringa vulgaris) ;
- Troène commun (Ligustrum vulgare) ;
- Cerisier à grappes (Prunus virginiana).

Une haie va mettre 10 ans à être optimale voilà pourquoi elle est souvent associée à des
fascines. Une fascine est un « assemblage de branchages pour combler les fossés, empêcher
l’éboulement des terres »140. L’avantage de la fascine c’est qu’elle joue son rôle hydraulique
dès la première année de sa mise en place. Une fascine en bois mort n’a une durée de vie que
de 2 à 4 ans avant qu’elle ne pourrisse. Il est plus intéressant de mettre en place une fascine
vivante qui utilise par exemple du saule, et prendra racine au contact de la terre. Dans un
premier temps c’est la fascine qui est efficace puis lorsque les branchages vieillissent, ce sont
les arbres qui se sont développés qui jouent un rôle face au ruissellement. Les fascines sont
également de très bons outils pour lutter contre l’érosion des sols.

140
Le Petit Larousse, 2010

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En retenant le ruissellement et la matière organique en amont d’une haie, celle-ci va


également avoir un rôle épurateur. Le schéma suivant permet de voir l’impact de la haie sur
l’épuration des eaux de ruissellement venues des zones agricoles.

Schéma 22 : le rôle de la haie dans l’épuration des


eaux, source : Guinaudeau Claude, Op.cit.,

Le schéma suivant permet de voir les taux de nitrates avant et après une haie. On peut
voir que les taux ont nettement diminués grâce à cette haie en aval du fait du captage par les
racines des arbres. Le rôle épurateur des haies est donc important.

Schéma 23: Le rôle épurateur d’une haie d’après le taux de nitrate avant et après celle-ci,
source :

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 Les mares

Les mares font parties des zones humides, mais si certaines des zones humides ont été
bien étudiées, ce n’est pas le cas des mares. Il y a peu de documentations sur les services
rendus par les mares. Néanmoins, le schéma suivant permet de lister ceux qui ont été
recensés.

Les services rendus par les mares et écosystèmes adjacent

SUPPORT

 Pédogénèse : production et maintien de sol,


 Cycle biogéochimique : préservation de la ressource en eau, pollinisation de la flore par insectes pollinisateurs,
 Préservation de la diversité biologique,
 Production primaire.

RÉGULATION

PRÉLÈVEMENT  Fixation du carbone,


 Retour prédateur,
 Chasse,  Zones de refuge, de nourrissage pour les auxiliaires de
 Pêche culture,
 Eau et nourriture pour le bétail,  Réduction de l’érosion du sol
 Plantes ;  Réduction des épidémies et plantes invasives (effet
barrière) : diversité et résistance spécifique
 Réserve d’eau en cas d’incendie ;
 Purification de l’eau (absorption pesticide)
 Source de minéraux : produits de curage ;
 Trame bleue et verte (biodiversité) : éléments de
connectivité, noyau de biodiversité,
 Zone d’accumulation de l’eau,
 Lutte contre le ruissellement et l’érosion des sols.

CULTUREL

 Paysage : augmente la diversité et l’hétérogénéité des paysages,


 Tourisme nature : attrait, paysage symbole,
 Patrimoine,
 pêche
 Éducatif : rôle éducatif et esthétique,
 Spirituel : Bien être,
 Terroirs de qualité : valoriser le terroir,
 Loisirs : développement d’espèces d’intérêt cynégétique.

Schéma 24 : Les services rendus par les mares, Source : C. BRUN d’après l’étude bibliographique

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Les acteurs du territoire ont pu consulter cette liste lors des entretiens. Grâce à la grille
d’entretien il a été possible de comparer le ressenti des acteurs et gestionnaires du territoire
face aux informations récoltées grâce à la bibliographie. Il est ressorti plusieurs choses de ces
entretiens :

- les acteurs du territoire, la population aussi bien que les gestionnaires connaissent bien
les services rendus autrefois par les mares,
- la mare fait partie du paysage et notamment la mare de village,
- la mare n’est plus « utile » elle est esthétique et appartient à un patrimoine historique.

Sur les 27 services identifiés rendus par les mares seuls 9 ont été validés par les acteurs
du territoire du parc naturel régional du Gâtinais.

Services de prélèvement :
- chasse,
- pêche,
- réserve d’eau,

Services de régulation :
- purification de l’eau,
- zone d’accumulation des eaux

Services culturels :
- tourisme nature, cynégétique,
- loisir,
- rôle dans le paysage,
- rôle éducatif et esthétique.

Il y a donc une vraie méconnaissance des services potentiels que peuvent rendre les
mares. Le schéma suivant illustre cet état des choses.

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Schéma 25 : Les services rendus par les mares confrontation du ressenti des acteurs à la bibliographie réalisée,
source : C. Brun, d’après la bibliographie et les entretiens réalisés

Les mares rendent donc des services qu’ils soient connus ou non. D’après la
bibliographie, il n’a pas été possible de faire ressortir des valeurs et indices pouvant aider à la
prise de décision pour le maintien, la restauration ou la mise en place des mares. Néanmoins,
un détail du fonctionnement des mares et des services quelles rendent est possible.

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Carte 11. Les types de mares sur le PNRGF (C. Brun)

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Carte 12. Les statuts des mares du PNRGF (C. Brun)

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D’après les données du SNPN, sur le territoire du parc naturel régional du Gâtinais, on a
pu recenser 1399 mares dont:

- 667 mares ;
- 139 mouillères ;
- 1 station d’épuration ;
- 496 encore indéterminées.
(Carte 11)

Graphique 1 : les types de mares sur le territoire du PNR, source :


C. Brun d’après la base de donnée du PNRGF mares et mouillères.

- 146 mares caractérisées ;


- 181 mares disparues ;
- 850 mares potentielles ;
- 121 de mares vues.
- 1 mare inexistante.
(Carte 12)

Graphique 2 : Statut des mares sur le PNRGF,


source : C. Brun d’après BD mares SNPN

Toujours d’après la base de données du SNPN selon le contexte il y a (carte 13):

- 34 mares d’annexe routière ; - 22 mares de parcs péri-urbains/ urbains ;


- 481 mares de bois et forêts ; - 210 mares d’habitations ;
- 5 mares de carrières ; - 4 mares de prairies humides ;
- 481 mares de cultures ; - 62 mares de prairies mésophiles ;
- 3 mares non caractérisées ; - 1 mare de zone industrielle.

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Graphique 3 : Le contexte des mares sur le territoire de la RBFG,

source : C. Brun d’après BD mares SNPN

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Carte 13. Les mares selon le contexte géographique du PNRGF (C. Brun)

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Carte 14. Les services rendus par les mares sur le territoire du PNRGF (C. Brun)

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La carte 14 associée issu du fichier Excel (annexe 28) fourni par le SNPN, qui regroupe
les résultats des fiches mares (cf. Partie 2, chapitre 5 – Méthode), il a été possible de
caractériser de manière précise 140 mares sur les 1 399 recensées par le PNR du Gâtinais
français soit environ 10%. Si ces informations ne sont pas optimales d’un point de vue
statistique, il n’en demeure pas moins que ces données donnent un indice sur la tendance des
services rendus par les mares sur le territoire du parc.
bois et forêt de bois et forêt de prairie
Usage/Contexte carrière culture habitation Total
feuillus résineux mésophile
Chasse 4 - - 2 - - 6
collecte d'eau 1 1 - 6 19 - 25
collecte d'eau/ornemental - - - - 3 - 3
collecte d'eau/pêche - - - - 1 - 1
pêche et chasse 2 - - - - - 2
pêche ornemental - - - - 1 - 1
ornemental - - - - 2 1 3
abreuvement bétail indirect - - 1 - - - 1
abreuvement bétail direct - - - - - 4 4
abreuvement bétail
- - - - 1 - 1
direct/collecte d'eau
Pompier - - - - 4 - 4
pas d'usage 23 2 - 48 4 3 77
je ne sais pas - - - 1 2 - 3
sans données - - - 4 - - 4
Total 30 3 1 61 37 8 140

Tableau 18 : Les mares et leurs usages sur le territoire du PNRGF,


Source, C. Brun d’après les fiches de caractérisation du SNPN

bois et forêt de bois et forêt de prairie


Usage/Contexte carrière culture habitation Total
feuillus résineux mésophile
chasse 2,8 - - 1,4 - - 4,2
collecte d'eau 0,7 0,7 - 4,2 13,5 - 17,8
collecte d'eau/ornemental - - - - 2,1 - 2,1
collecte d'eau/pêche - - - - 0,7 - 0,7
pêche et chasse 1,4 - - - - - 1,4
pêche ornemental - - - - 0,7 - 0,7
ornemental - - - - 1,4 0,7 2,1
abreuvement bétail indirect - - 0,7 - - - 0,7
abreuvement bétail direct - - - - - 2,8 2,8
abreuvement bétail
- - - - 0,7 - 0,7
direct/collecte d'eau
pompier - - - - 2,8 - 2,8
pas d'usage 16,5 1,4 - 34,2 2,8 2,1 55
je ne sais pas - - - 0,7 1,4 - 2,1
sans données - - - 2,8 - - 2,8
Total 21,5 2,1 0,7 43,5 26,4 5,7 100
Tableau 19: Pourcentage des usages des mares sur le territoire du PNRGF,
Source : C. Brun d’après les fiches de caractérisations du SNPN)

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Ce tableau a deux avantages, il met en évidence les services qui sont rendus par les
mares et les milieux où l’on peut trouver ces mares. De plus, l’intérêt de ce tableau à double
entrée est qu’il associe le contexte géographique au service rendu majoritaire.

Un lien peut donc être établi entre le contexte et l’usage :

- 5,7 % des mares rendent un service cynégétique dont 1,4 % sont également pour la
pêche ;
- 20 % des mares servent pour la collecte des eaux dont 2% sont aussi ornementales et
0,7% pour la pêche ;
- 2,1 % des mares sont ornementales ;
- 3 % des mares servent pour l’abreuvement du bétail que cela soit de manière directe
ou indirecte ;
- 2,8 % des mares servent comme réserve d’eau notamment contre les incendies ;
- Et un peu moins de 43 % des mares caractérisées grâce aux fiches sur les 140 du parc,
n’ont pas d’usages déterminés ou il y a un manque d’information.

Le service écosystémique majoritaire sur le territoire du parc naturel régional est donc la
collecte des eaux, 16,3 % de ces mares sont localisées dans les zones péri-urbaines et
urbaines. Le service chasse est dominant dans les mares qui sont en zones boisées et
forestières, tandis que les mares servant à l’abreuvement sont localisées dans les prairies
mésophiles.

Ces données permettent également de voir qu’une mare peut avoir plusieurs usages,
plusieurs services associés. Néanmoins, si ces informations sont intéressantes, il n’en demeure
pas moins que les mares rendent d’autres services qui ne sont pas présents dans la liste des
caractéristiques des mares du SNPN.

- La mare cynégétique :

La mare cynégétique doit être attractive pour la faune, elle doit fournir de la nourriture
et un abri tout au long de l’année aux animaux. La mare de Villiers-en-Bière sur la photo 6 est

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désignée comme étant une mare cynégétique par la SNPN. A partir des images aériennes, il a
été possible de trouver celle-ci (en jaune), de plus en bas à gauche de celle-ci une mare pour
l’abreuvement du bétail a été identifiée (en bleu). L’environnement immédiat de la mare
cynégétique est : un espace boisé à l’est et au nord et est séparée par une haie d’une prairie sur
le sud-ouest.

MA 77 02205

MA 77 02206

Photo 6 : Exemple d’une mare cynégétique (jaune) et mare d’abreuvement du bétail (bleu) sur la commune de
Villiers-en-Bière, source : Google Map, 2cm pour 50m

Les fiches des deux mares (annexe 29 et 30) établissent que les caractéristiques de ces
deux mares sont différentes. La mare MA 77 02205 est une mare cynégétique.

La mare MA 77 02205 de Villiers-en-Bière a une forme patatoïde, d’une taille


maximale de 3 000 m² où la gestion apparente de la mare et des abords est inexistante. L’état
de conservation de cette mare est mauvaise (eutrophisation et absence de végétation). Elle est
alimentée par des précipitations et des eaux de ruissellement. C’est une mare de forêt entourée
d’un bois et forêts de feuillus d’un coté et d’une prairie mésophile de l’autre, la mare est
toujours en eau et son régime hydrique est permanent. Le fond de la mare est naturel,
composé d’argile, de vase, de rochers et de dépôts organiques. La profondeur d’eau maximale

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se situe entre 50 et 100 cm, les berges en pentes douces représentent environ 50 %, le
surpiétinement des abords est de faible à nul, la berge est boisée ou embroussaillée entre 75 à
100 % provoquant un ombrage de la surface par les ligneux de 0 à 25 %. La mare est au stade
pionnier avec la présence de poissons, mais également de déchets anthropiques (matériaux).
La présence de plantes invasives n’a pas été recensée. Les usages principaux de la mare sont
la pêche et la chasse.

- La mare pour le bétail

Généralement localisée à proximité des villages ou dans les prairies mésophiles. Elles se
caractérisent par une faible profondeur et peuvent être soit bétonnées soit naturelles. Les
mares bétonnées sont situées dans les villages et avaient pour but de nettoyer les sabots des
animaux (sanitaire), tandis que les mares naturelles avaient pour objectif d’abreuver le bétail.
Aujourd’hui, les mares pour le bétail gardent cet objectif d’abreuvement. Sur le territoire du
parc naturel régional du Gâtinais, on peut trouver des espèces tels que le bovin, le caprin, le
mouton ou la volaille qui profitent des mares pour s’abreuver mais également se nourrir.

La mare précédemment localisée à Villiers-en-Bière est une mare naturelle


d’abreuvement du bétail (photo 6). La mare MA 77 02206 de Villiers-en-Bière a une forme
complexe, d’une taille maximale de 2 500 m² où la gestion apparente de la mare est
inexistante et des abords (20m) est un pâturage. L’état de conservation de cette mare est bon.
Elle est alimentée par des buses et canalisations mais également par des précipitations et des
eaux de ruissellement. C’est une mare de prairie au cœur d’une prairie mésophile, la mare est
toujours en eau et son régime hydrique est permanent, il n’y a pas d’exutoire. Le fond de la
mare est naturel, composé d’argile, de vase, de rochers et de dépôts organiques. La profondeur
d’eau maximale se situe entre 0 et 50 cm, les berges en pentes douces représentent entre 75 et
100 %, le surpiétinement des abords est intense et totale, la berge n’est ni boisée ou ni
embroussaillée. La mare est au stade de végétation enraciné avec une eau libre, ce sont des
eaux mésotrophes ou la présence de poissons n’a pas été identifiée. La présence de plantes
invasives n’a pas été recensée. L’usage principal de la mare est l’abreuvement direct du bétail.

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Aucune recommandation n’a été trouvée dans la documentation pour la mise en place
de mare d’abreuvement.

- la mare tampon :

La mare tampon est utilisée en gestion d’hydraulique douce pour lutter contre le
ruissellement et l’érosion des sols. Aucune mare tampon n’a été recensée sur le territoire du
parc, néanmoins cela ne veut pas dire qu’il n’y en a pas ou qu’aucune n’a cet objectif. De
plus, la mairie de Boissy-aux-Cailles souhaite en mettre en place sur sa commune afin de
lutter contre le ruissellement et les inondations. Le cas d’étude sera développé plus loin.

L’AREAS a réalisé une fiche sur le rôle des mares tampon (annexe 31). Celle-ci nous
indique qu’une mare tampon doit avoir deux niveaux :

 le premier niveau correspond à une mare


permanente ;
 et le second sert à réguler les débits. Il stocke
temporairement les eaux de ruissellement
lors des pluies et se vide progressivement
grâce à la conduite d’évacuation appelée
ouvrage de fuite.

Schéma 26: Fonctionnement d’une mare tampon,


source : AREAS – fiche 16, Mare tampon

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Les mares tampons doivent se situer dans un axe d’écoulement ou de concentration des
écoulements, en fond de vallon ou point bas, etc. Afin d’avoir une mare bien proportionnée,
l’AREAS a réalisé un tableau afin de calculer les dimensions d’une mare tampon optimale.

Schéma 27 : Aide au calcul des


dimensions de la mare tampon, source :
AREAS – Fiche 16, Mare tampon.

La mare doit pouvoir stocker au minimum 20 m3/ha soit 2 mm de ruissellement quand


l’eau vient de la plaine. La profondeur de la zone tampon doit être entre 50 cm et 1 mètre. La
zone d’arrivée de l’eau doit être enherbée afin de protéger la zone en amont de l’érosion. Le
fond de la mare doit être imperméable. Il est recommandé d’aménager des contours courbes,
qui confèrent à l’ouvrage une bonne intégration dans le paysage.

« Pour qu’une mare soit propice à la faune et à la flore, sa profondeur doit être
suffisante pour éviter un assèchement ou le gel de toute l’eau en hiver. Pour cela, sa plus
grande profondeur doit atteindre 1, 20 à 1, 50 mètres.
Par ailleurs, une partie des berges peut être aménagée en marche d’escalier, pour avoir
des profondeurs et donc des habitats variés.
La grande profondeur permet aussi de limiter l’envahissement total de la mare par les
roseaux ou massettes. » 141

141
AREAS – Fiche 16, Mare tampon.

172
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La flore a privilégié ou présente dans les zones humides, telles que les mares, est :

o plantes hygrophiles :
 Épilobe hirsute (Epilobium hirsutum) ;
 Lythrum à feuille d’hysope (Lythrum hyssopifolia) ;
 Lycope d’Europe (Lycopus europaeus) ;

o plantes hélophiles :
 Joncs (Juncus inflexus, J. articulatus, …) ;
 Massettes (Typha angustifolia, T. latifolia) ;
 Menthe (Mentha pulegium) ;

o plantes hydrophiles :
 Characées (Chara spp.).

Les fiches du SNPN ont identifié plusieurs espèces présentes sur le territoire du parc
naturel régional du Gâtinais :

o Acer platonoides L. 1753 ; o Fraxinus excelsior L., 1753


o Agrostis L. 1753 ; o Galium aparine L., 1753
o Agrostis stolonifera L. 1753 ; o Galium palustre L., 1753
o Alisma plantago – aquatica L.1753 ; o Glyceria fluitans (L.) R.Br., 1810
o Calystegia sepium L. R.Br., 1810; o Heracleum sphondylium L., 1753
o Alopecurus geniculatus L., 1753 o Iris pseudacorus L., 1753
o Betula alba L. subsp. alba o Juncus bufonius L., 1753
o Callitriche L., 1753 o Lemna minor L., 1753
o Carex acutiformis Ehrh., 1789 o Robinia pseudo acacia L. 1753
o Carex elata All., 1785 o Typha latifolia L. 1753
o Carex vesicaria L., 1753 o Schoenoplectus lacustris L. Palla 1888
o Cirsium arvense (L.) Scop., 1772
o Cornus sanguinea L., 1753
o Crataegus monogyna Jacq., 1775
o Dryopteris carthusiana (Vill.)
H.P.Fuchs, 1959
o Echinochloa crus-galli (L.) P.Beauv.,
1812
o Epilobium tetragonum L., 1753
o Frangula dodonei Ard., 1766

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La faune qui vit dans les écosystèmes de mares est riche et diversifiée. Là encore, les
fiches du SNPN sont une aide précieuse pour déterminer quelles espèces animales vivent dans
les mares du parc, informations qui ont été complétées par la bibliographie :

o Mammifères :

 Chevreuil,
 Lapin,
 Lièvre,

o Avifaune :

 Aigrette,
 Faisan,
 Héron,
 Perdrix,
 Canard,
 Poule d’eau, Photo 7 : Couple de canard à la mare de Jacqueville
(C. Brun)
o Amphibien :

 Grenouille agile (Rana dalmatina fitzinger, 1838),


 Grenouille rousse (Rana Linnaeus, 1758),
 Salamandre commune (Salamandre salamandra Linnaeus, 1758),

o Odonate (Libellule) :

 Aeshna cyanea Miller, 1764,


 Anisoptera,
 Coenagrion puella Linnaeus, 1758,
 Lilellula depressa Linnaeus, 1758,
 Pyrrhosoma nymphula, Sulzer, 1776,
 Zygoptera

La liste n’est évidement pas exhaustive, mais elle permet d’avoir un indice des espèces
présentes dans les mares et ainsi de voir que les mares participent au bon fonctionnement de
l’écosystème. Les mares ont un rôle important et rendent un certain nombre de services
écosystémiques.

174
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 Les bandes enherbées

La carte 15 permet de localiser les bandes enherbées et les zones potentiellement


enherbées (schéma 28) sur le territoire du parc naturel régional du Gâtinais.

Périmètre de la Réserve de Biosphère Les Bandes Enherbées (BD Ecoline éléments linéaires)

Parc Naturel Régional du Gatînais français Bande herbeuse 1 (entre 2,5m et 5m de largeur)

Mode d'occupation du sol( MOS 2008) PNR Bande herbeuse 2 (plus de 5m de largeur)
Bois ou forêts Bande herbeuse ripicole 1(entre 2,5m et 5m de largeur)
Rural Bande herbeuse ripicole 2 (plus de 5m de largeur)
Eau Berme avec arbres plantés continus
Urbain ouvert Berme avec arbres plantés discontinus
Urbain construit Berme avec arbres plantés épars
Les Bandes Enherbées (BD Ecoline éléments polygones) Berme avec embuissonnement spontané
Bande herbeuse 2 (plus de 5m de largeur) Berme avec embuissonnement spontané continu
Jachère faune sauvage Berme avec embuissonnement spontané discontinu
Prairie naturelle Berme avec ligneux bas plantés continus
Friche Berme avec ligneux bas plantés discontinus
Berme prairiale Berme avec ligneux bas plantés épars
Berme avec arbres plantés épars Berme prairiale
Berme avec arbres plantés discontinus Chemin enherbé
Berme avec arbres plantés continus Chemin masqué
Berme avec embuissonnement spontané discontinu Chemin partiellement enherbé
Berme avec embuissonnement spontané Fossé
Berme avec ligneux bas plantés épars Friche
Berme avec ligneux bas plantés discontinus Jachère faune sauvage
Berme avec ligneux bas plantés continus Prairie naturelle
Verger

Schéma 28. Légende de la carte 15 (C. Brun)

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Carte 15. Les bandes enherbées du PNRGF (C. Brun)

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Les bandes enherbées rendent un certain nombre de services encore peu étudiés. Le
schéma suivant liste les services rendus par les bandes enherbées, celle-ci n’est pas
exhaustive.

Les services rendus par les bandes enherbées

SUPPORT

 Pédogénèse : production et maintien de sol,


 Cycle biogéochimique : préservation de la ressource en eau, pollinisation de la flore par insectes pollinisateurs,
 Préservation de la diversité biologique,
 Production primaire.

RÉGULATION

PRÉLÈVEMENT  Aération du sol par vers de terre (indirect),


 Amélioration de la fertilité sol (humus),
 Litière et nourriture pour le bétail,  Aide à la pollinisation avec les auxiliaires,
 Plantes mellifères,  Retour prédateur,
 Chasse : tourterelle des bois, perdrix rouge et  Purification de l’eau (absorption pesticide),
grise, lapin de garenne, lièvre d’Europe  Réduction de l’érosion du sol,
 Réduction des épidémies et plantes invasives (effet
barrière) : diversité et résistance spécifique,
 Trame verte (biodiversité) : éléments de connectivité.

CULTUREL

 Paysage : augmente la diversité et l’hétérogénéité des paysages,


 Éducatif
 c. Aménagements,
Spirituel : Bien être, restauration et entretiens des IAE (coût et
 Loisirs : développement d’espèces d’intérêt cynégétique.
enjeux)

Schéma 29 : Les services rendus par les bandes enherbées,


Source : C. Brun d’après la bibliographie

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Il n’y a eu aucune confrontation de la liste des services rendus par les bandes enherbées
avec le ressenti des acteurs et gestionnaires du territoire. Les résultats suivants sont donc
uniquement issus de travaux scientifiques142 :

 une bande enherbée de 6 mètres de large retient jusqu’à 99% des molécules
polluantes issues des pesticides ;
 les bandes enherbées n’ont aucun effet sur les eaux de drainage, alors que celles-ci
représentent 90 % des eaux sortant d’une parcelle drainée ;
 les bandes enherbées épurent les eaux de ruissellement en piégeant les matières
en suspension (la boue) et en facilitant l’infiltration puis la dégradation des
herbicides et de insecticides (l’efficacité est de 62% pour une bande large de 6
mètres et de 88% pour une bande large de 18 mètres), capacité d’infiltration du sol
variant de 10 à 200 mm/h contre 2 à 5 mm/h dans les parcelles cultivées ;
 la bande enherbée qui entourent les champs concentrent jusqu’à 80% de la
biodiversité. Elle sert de refuge à des insectes et des petits mammifères, des
invertébrés (carabes, acariens, araignées), aux auxiliaires de culture ;
 la bande enherbée permet les migrations d’espèces animales et végétales ;
 les bandes enherbées diminuent l’érosion des sols et limitent la perte de limons et
de matière organique.

« L’implantation des bandes enherbées en France est liée à des raisons


environnementales. La protection des eaux de surface et la limitation de l’érosion des sols
sont les seules motivations affichées de leur présence.

Ainsi, favoriser la biodiversité végétale sur les bandes enherbées, dans l’objectif final
de favoriser une biodiversité plus large, rendant des services à l’agriculture et à
l’agriculteur, peut nécessiter des moyens de gestion qui entrent en conflit avec les objectifs
environnementaux. Par exemples, augmenter le nombre d’espèces annuelles, introduire des
espèces messicoles, favoriser l’apparition d’espèces à fleur pour les pollinisateurs, de

142
Dossier Biodiversité des zones rurales « La biodiversité dans les zones rurales : comment concilier
préservation et activités ? », juin 2007 ;
URL : http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/31247/RUR.pdf?sequence=1

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légumineuses pour l’alimentation azotée du couvert, peuvent diminuer l’efficacité de la bande


enherbée dans son rôle de ralentisseur de l’écoulement de l’eau.

Se pose également alors la question des plantes autorisées en semis sur les bandes et
des conflits possibles entre la réglementation (interdiction de semer des légumineuses sur les
bandes enherbées dans les zones vulnérables aux nitrates) et intérêts écosystémiques (rôle
favorable des légumineuses dans la production de ressources pour les pollinisateurs). »143

 la bande enherbée comme zone tampon hydraulique

La bande enherbée participe à la lutte contre l’érosion dans les fonds de vallon, sur les
fourrières et les versants pentus, le dépôt des particules contenues dans le ruissellement et
l’épuration des eaux venant de l’amont et dans l’infiltration d’une partie des ruissellements
venant de l’amont.

Schéma 30 : Le rôle des bandes enherbées contre l’érosion des sols et le ruissellement,
source : Territ’Eau – Agro-Transfert Bretagne, Bandes enherbées, 2009

143
Cordeau S., « Conséquences de la mise en place des bandes enherbées sur l’évolution de la flore adventice »,
Thèse, Université de Bourgogne, 2010

179
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Les bandes enherbées constituent un lieu de gîte, de nourriture et de reproduction pour


le gibier et la faune auxiliaire. La bande enherbée doit être stratifiée tel que :

- l’horizon 0-2 cm enrichi de litière, des mats racinaires, de débris aériens et


racinaires peu décomposés, favorise la rétention des molécules
phytosanitaires ;
- l’horizon 2-10 cm, bien structuré et présentant une forte densité racinaire
permet l’infiltration des écoulements ;
- l’horizon 10-30 cm où de nombreuses petites racines sont encore présentes
mais en densité inférieure, prolonge l’infiltration ;
- l’horizon 30-60 cm de couleur plus claire avec relativement peu de racines.

Pour être bien adapté une bande enherbée doit être dimensionnée :

o pour un talweg enherbé :

« La meilleure solution est de créer des chemins d’eau larges non terrassés, occupant
tout le fond du vallon. 20 mètres sont souvent nécessaires. Sa largeur doit tenir compte de son
ensablement partiel lié aux dépôts au fil des ans. Elle doit aussi pouvoir recevoir des
écoulements exceptionnels sans déborder. »144

o pour la fourrière en herbe :

« La largeur idéale est de 20 mètres pour une parcelle de 500 mètres de long. Cela
permet de disposer d’une zone suffisante pour y faire tourner les engins et de préserver en
plus une zone permettant l’infiltration. »145

144
AREAS, Fiche 13 – Zone enherbée
145
AREAS, Fiche 13 – Zone enherbée

180
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10 mètres de large sur


450 m de longueur

10 mètres de large sur


150 m de longueur

Photo 7 : Bande enherbée fleurie sur la commune de Photo 8 : Bande enherbée sur la commune de
Guercheville, Source : C. Brun 2013 Larchant, source : C. Brun, 2013

Il n’a pas été possible de savoir pour quelle raison ces bandes enherbées ont été placées,
mais des haies cynégétiques ayant été mise en place sur la commune il est probable que les
bandes enherbées soient cynégétiques également. La bande enherbée fleurie (photo 7) est
également une zone pour les abeilles et les auxiliaires de culture.

c. Les inconvénients liés aux haies, mares et bandes enherbées

La liste suivante fait état des inconvénients qui ont été avancés lors des entretiens, ainsi
que dans des témoignages trouvés tout au long des recherches bibliographiques.

o Coût de la mise en place des haies, mares ou bandes enherbées ;


o Changement de mode de gestion des parcelles ;
o Place nécessaire à sa mise en place ;
o Résistance des acteurs, gestionnaires et citoyen.

Les inconvénients et la résistance de la part des acteurs du territoire mettent un frein à la


mise en place, au maintien et à la remise en place des haies, mares et bandes enherbées.

181
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Néanmoins, localement des actions de mise en place, remise en place et maintien des mares,
des haies et des bandes enherbées sont observables.

II. Les services écosystémiques rendus par les IAE à l’échelle locale

Les communes qui ont été sélectionnées pour l’étude des services rendus par les
infrastructures agro-écologiques à l’échelle locale ont été choisies en raison de plusieurs faits :

- ce sont les communes où la rencontre avec des acteurs du territoire à été possible ;
- les communes ont été étudiées sur le terrain ;
- il a été possible de recueillir des données sur ces communes ;
- ces communes sont représentatives d’infrastructures agro-écologiques ciblées et à
usages précis.

Ces communes ont été choisies pour illustrer certains des services rendus par les
infrastructures agro-écologiques. Elles sont présentées comme des exemples.

a. Guercheville : des haies à caractères cynégétiques

La commune de Guercheville s’étend sur 921 hectares dans le département de Seine-et-


Marne (Carte 16). La commune est située sur un plateau autour de 110 et 120 mètres
d’altitude. L’occupation du sol de la commune est majoritairement agricole, on note l’absence
de tout espace boisé. La commune n’est pas ou peu soumise à l’érosion des sols, ni aux
ruissellements.

182
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Carte 16. Localisation de la commune de Guercheville dans le PNRGF (C. Brun)

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Lors de la rencontre en mai 2013 avec monsieur Gilles Augé, agriculteur, chasseur et 1er
adjoint du maire Claudine Chardon, celui-ci nous a fait visiter les parcelles agricoles sur la
commune de Guercheville. Monsieur Augé possède 190 hectares de terres agricoles et 708
mètres de haies à usage cynégétique privé (famille et amis). La carte suivante permet de
localiser les haies présentes sur la commune de Guercheville.

1.

Carte 17 : Localisation des haies sur la commune de Guercheville


(C. Brun d’après le cadastre de la mairie et une étude de terrain)

Les haies en vert foncé sont les haies cynégétiques du dernier remembrement (1995), les
haies en vert clair une haie de moins d’un an mise dans le cadre de la PAC, les haies en
marron/vert sont des haies pour protéger et cacher la mairie et le bassin d’assainissement de la
commune. Nous n’avons pas pris en compte les haies urbaines voulant nous concentrer sur les
haies cynégétiques. La haie n°1 au nord de la commune est celle qui a été étudiée en détail.

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Il est possible de distinguer deux générations de haies :

- les haies âgées d’une dizaine d’années résultat du remembrement (1995);


- les haies âgées d’un an ou moins résultat des mesures de la PAC.

Les haies ont été plantées pour les plus anciennes afin de rendre un service cynégétique
à la démarche de monsieur Augé et de madame Chardon, également agricultrice à
Guercheville. On peut voir donc ici un lien fort entre aménagement du territoire et
agriculteurs-chasseurs. Pour monsieur Augé il est important de « faire passer un message » :
mettre des haies est « une question de bon sens », « les agriculteurs qui sont également
chasseurs se sentent beaucoup plus concernés que les gens qui sont uniquement
agriculteurs ».

Un travail de terrain effectué en juillet 2013 a permis de caractériser l’une de ces haies
cynégétiques représentative de ce service écosystémique (n°1). Ainsi, longue de 64 mètres 50
et large de 8 mètres 50, cette haie haute d’une dizaine de mètres fait partie d’un ensemble de
cinq haies espacées d’environ 50 mètres.

1.

Photo 9 : Image aérienne de la haie n°1 de la commune de Guercheville (C. Brun adapté de Google Map.)

185
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Photo 10 : Haie numéro ? sur la commune de Guercheville, (C. Brun)

La haie est bordée sur sa face sud d’un chemin enherbé de 6 mètres 50 de large la
séparant d’un champ d’orge et sur sa face nord d’une bande enherbée de moins de 2 mètres
puis d’un champ d’orge.

Photo 11 : L’ensemble de 5 haies sur la


commune de Guercheville (C. Brun)

Les espèces végétales composantes cette haie n’ont pas été clairement identifiées, par
manque de connaissances. Néanmoins, sur la première haie, on a pu noter la présence de 4
cerisiers, de houes, de groseilliers et de framboisiers, fait confirmé par monsieur Augé qui a
choisi des espèces à fruits et à baies pour la faune mais également pour les enfants de la
commune.

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Photo 12 : Exemple de baies Photo 13 : Présence de cerisier dans la haie,


(C. BRUN) (C. Brun)

Photo 14 : Noisetiers dans une des haies sur la


commune de Guercheville (C. Brun)

Les haies donc rendent des services écosystémiques induits par le choix des espèces
végétales par le propriétaire :

- la chasse (service de régulation et service de prélèvement) ;


- la production de fruits et de baies (service de prélèvement) ;
- une activité de loisir (service culturel).

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La chasse étant le service écosystémique ayant entrainé la mise en place et le maintien


de ces haies sur la commune de Guercheville, nous avons voulu connaître les espèces
présentes qui vivent et se nourrissent grâce à elle. Des aménagements ont été faits pour
accueillir les espèces animales dans les haies et notamment des abris (Photo 15). À l’intérieur
de la haie, la photo 16montre que les espèces faunistiques de petites tailles peuvent trouver un
abri.

Photo 16 : La haie comme abris (C. Brun)

Photo 15 : Abri pour nourrir les espèces


cynégétiques (C. Brun)

Là encore monsieur Augé à été d’une aide précieuse, de même que madame Anne
Dumesny, secrétaire de la mairie de Guercheville. En effet, il a été possible de distinguer la
présence de :

- renards ;
- de faisans ;
- de lapins et lièvres ;
- de 8 à 10 couples de perdreaux (sans haie 2 couples) ;
- de grues depuis 2 ans (oiseaux migrateur) ;
- d’un couple de busards des roseaux nichant depuis 2 ans près de la mare de
décantation à proximité de la haie ;
- un couple de Tadorne de Belon depuis 2 ans (oiseaux migrateurs protégés).

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Photo 17 : Nid de Busards des roseaux à Photo 18: Couple de Tadorne de Belon à
Guercheville (Karine et Vincent Huré) Guercheville (Karine et Vincent Huré)

Le Busard des roseaux est un rapace diurne qui fait son nid (une plateforme de roseaux)
au milieu d’une roselière. La femelle pond 4 à 5 œufs entre avril et juillet. Ce rapace se
nourrit de petits oiseaux, de petits mammifères et de batraciens.

Le Tadorne de Belon est une espèce proche du canard colvert. Il fait son nid dans un
trou du sol, parfois dans une ruine, sous un roncier ou même dans un arbre. La femelle pond 8
à 10 œufs entre février et août. Ce canard fouille la vase pour trouver algues et petits
mollusques ou crustacés, il broute aussi l’herbe.146 Le Tadorne de Belon est un oiseau de bord
de côte, il est rare d’en trouver dans l’intérieur des terres. De plus, cette espèce est protégée :
elle est inscrite à l’annexe II de la Convention de Berne, relative à la conservation de la vie
sauvage et du milieu naturel de l’Europe, et comme tous les anatidés à l’annexe II de la
Convention de Bonn (C.M.S. Convention sur la conservation des espèces migratrices
appartenant à la faune sauvage).147

Les haies participent donc également à la biodiversité faunistique de la commune de


Guercheville. La réflexion de la mise en place de ces haies, afin que celles-ci soient
optimales, à été faite à l’échelle de l’ensemble de la commune. Ainsi, les haies ont été placées

146
L’Eccho de Guercheville Bulletin communal n°29 mars 2013
147
Larousse, article Tadorne de Belon

189
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les unes par rapport aux autres dans un rayon de 500 – 600 mètres, ce qui permet aux
perdreaux de passer d’une haie à une autre sans risque. Il y a peu de démarches en ce sens sur
le territoire du parc naturel régional du Gâtinais. Celle-ci permet de montrer que les haies
peuvent être compatibles avec un système agricole d’openfield.

b. Boissy-aux-Cailles : une mare pour lutter contre les inondations

Carte 18 Localisation de la commune de Boissy-aux-Cailles dans le PNRGF (C. Brun)

190
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La commune de Boissy-aux-Cailles est composée du bourg et de deux hameaux,


Marlanval et Mainbervilliers (carte 19). Les deux tiers de la surface de la commune sont
occupés par un plateau agricole au relief peu prononcé, tandis que la vallée de Boissy est
occupée par des espaces boisés.

Carte 19 : Carte IGN de la commune de Boissy-aux-Cailles148

Le bourg de Boissy-aux-Cailles est soumis à un risque d’inondation consécutif d’un


ruissellement venu des plateaux agricoles suivant les axes d’écoulement naturel et artificiel,
notamment les routes et chemins.

148
Moulin de Lucy, « Programme de gestion intégrée des bassins versants du Parc Naturel régional du Gâtinais
français – Monographie de Boissy-aux-Caille», avril 2012, p.5

191
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Boissy-en-Cailles

Marlanval
Mainbervilliers

Carte 20 : Hydrologie de la commune de Boissy-aux-Cailles149

La carte 20 permet d’identifier les conditions hydrologiques sur la commune de Boissy-


aux-Cailles. On peut voir que sur les six mares de villages ayant existées, seule deux existent
encore aujourd’hui. Sur le hameau de Mainbervilliers (photo 19) il ne reste plus qu’une mare,
tandis qu’à Marlanval une mare (photo 20 et un bassin peuvent toujours être utilisés. A
Boissy-aux-Cailles il n’y a plus de mare d’où une augmentation du risque d’inondation dans
le bourg.

149
Moulin de Lucy, « Programme de gestion intégrée des bassins versants du Parc Naturel régional du Gâtinais
français – Monographie de Boissy-aux-Caille», avril 2012 p :10

192
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Photo 19 : Mare de Mainbervilliers (Anaïs Doyen)


Photo 20 : Mare de Marlanval, source :
Moulin de Lucy

Ces deux mares ont été caractérisées grâce aux fiches utilisées par le SNPN. Les deux
mares sont approvisionnées par les précipitations et le ruissellement venant de la route, flèche
bleu, et de la parcelle agricole, en marron. L’usage principal de ces mares aujourd’hui est la
collecte des eaux. La mare de Marlanval a été réaménagée : la haie basse à gauche, en jaune, a
remplacé un muret, afin de favoriser l’écoulement du ruissellement dans la mare à travers des
ouvertures dans la haie. Cette mare n’est pas en eau de manière permanente et sa profondeur
maximale est entre 0 et 50 cm, l’embroussaillement des berges est entre 25 et 50%. La
végétation de la mare est à 92% composée d’hydrophytes flottants non enracinés et d’algues
affleurantes et à 8 % d’hydrophytes. Si aucun poisson n’a été vu, la présence de grenouilles et
de têtards a été notée. Suite à la rencontre avec monsieur François Rouillon, 1er adjoint au
maire de Boissy-aux-Cailles et agriculteur ayant des terres bordant la mare de Marlanval, il
nous a expliqué que la mare était curée régulièrement et la boue récoltée est redistribuée dans
les champs au alentour.

193
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La carte 21 illustre ces axes d’écoulements qui convergent vers le centre du bourg de
Boissy-aux-Cailles, flèches bleues. Les étoiles rouges permettent de localiser les points bas et
donc les zones à risque d’inondation.

Carte 21 : Les axes d’écoulements, points bas et aménagements existants sur le bourg de Boissy-aux-Cailles150

150
Moulin de Lucy, « Programme de gestion intégrée des bassins versants du Parc Naturel régional du Gâtinais
français – Monographie de Boissy-aux-Caille», avril 2012, p : 30

194
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Aujourd’hui, aucun aménagement n’est pourtant en place afin de réduire ce risque. En


effet, l’unique mare a été comblée il y a une dizaine d’années (pas de date précise) était
localisée sur un axe d’écoulement venant du sud du bourg, en direction du nord.

Photo 21 : Mare comblée de Boissy-au-Cailles,


source : Moulin de Lucy

Le comblement des mares n’est malheureusement pas un phénomène isolé. À Boissy-


aux-Cailles cela se traduit par les inondations, nécessitant donc des aménagements spécifiques
tels que des avaloirs (en point vert sur la carte 21). Cependant, les aménagements actuels
n’ont pas la capacité de gérer des volumes d’eau apportés par les parcelles agricoles en cas
d’orages de printemps et notamment venant des cultures de betteraves en amont, au sud de
Boissy-aux-Cailles. Ainsi, Boissy-aux-Cailles si le seul arrêté catastrophe, inondations et
coulées de boue, date du 16 mai 1983, d’autres évènements pluvieux ont entrainé des
inondations pluviales trop localisées pour être déclaré en arrêtés de catastrophes naturelles.
On citera les dates du 13 mai 2006 (30 mm), le 18 mai 2008 (30 mm), le 14 mai 2009 (25
mm) et le 2 juillet 2010 (25 mm)151. Il y a donc une récurrence dans les événements pluvieux
causant des dégâts non négligeables dans la commune. Aucune donnée n’a été fourni sur la
valeur monétaire des dégâts causés par le ruissellement et les inondations. Celle-ci aurait
permis d’établir un coût de remplacement et ainsi comparer le coût de mise en place et
d’entretien d’une mare aux coûts des dégâts occasionnés en absence de celle-ci.

151
Moulin de Lucy, « Programme de gestion intégrée des bassins versants du Parc Naturel régional du Gâtinais
français – Monographie de Boissy-aux-Caille», avril 2012, p : 19

195
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Le Moulin de Lucy propose des aménagements dits d’hydrauliques douces pour la


commune de Boissy-aux-Cailles. La carte 22 propose des solutions d’aménagements :

- la délimitation d’une zone d’absence de culture de printemps (en jaune) ;


- la mise en place et le maintien des jachères le long des axes d’écoulement (en
vert et rouge) ;
- la création de bande enherbée en aval des cultures de printemps (en orange) ;
- la mise en place de prairies permanentes à l’entrée nord-ouest du bourg, le long
de l’axe d’écoulement (vert sur blanc).

Carte 22 : Les propositions d’aménagement d’hydraulique douce sur la commune de Boissy-aux-Cailles, source : Moulin de
Lucy

196
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La réflexion dans la mise en place des aménagements d’hydrauliques douces a été faite
à l’échelle du bassin versant. La carte 23 montre bien cette réflexion de l’amont vers l’aval
pour la protection d’une zone de vulnérabilité importante (cercle rouge). Ainsi, on
trouve selon le profil tracé n°1 du nord ouest vers le sud est au cœur du bourg (en rouge):
- une modification des pratiques culturales et des cultures de printemps ;
- des bandes enherbées de 20 mètres ;
- des haies sur bourrelet ;
- la création d’ouvrage ponctuel, tels que des dos d’âne pour ralentir l’eau ;
- des jachères ;
- des tranchées drainantes ;
- des ouvrages ponctuels à entretenir.
Carte 23 :

Le profil n° 2 (en noir) va du sud ouest vers le nord est :


- des bandes enherbées ;
- des aménagements de chemin ;
- des dépressions ;
- des ouvrages ponctuels ;
- une mare tampon, des noués et ouvrages annexes.

197
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Il s’agit donc de diminuer dès l’amont les débits de ruissellements, et par un système de
palier et aménagements de gestion d’organisés le long des axes d’écoulement permettant de
réduire l’impact des inondations des zones à risques. Ces aménagements d’hydrauliques
douces, composés des mares, des haies et des bandes enherbées serviront à réduire la
vulnérabilité de la commune face aux ruissellements, aux inondations en aval et à l’érosion
des sols agricoles en amont.

Des problèmes peuvent être rencontrés lors de la mise en place de ces mesures. La
réouverture de la mare sur la place du bourg de Boissy-aux-Cailles va concurrencer les projets
d’aménagement prévus, soit la création d’un espace de stationnement. « Un aménagement
paysager intégrant l’option parking et la rétention d’eau semble techniquement compliqué
mais pas impossible. »152

Le parc naturel régional du Gâtinais français a établi des devis pour les différents
aménagements proposés. Ainsi, pour l’ensemble de la commune, le devis est de 350 216 €.
On peut prendre trois exemples qui illustrent les coûts de mise en place ou de restauration
d’une mare, d’une bande enherbée et d’une haie sur le territoire du parc naturel régional du
Gâtinais.

Les mesures Agri-Environnementales doivent avoir une largeur d’au moins 10


mètres. Elles sont basées sur le volontariat, le contrat est de 5 ans non renouvelable :

Localisation
Bande enerbée sur la parcelle du Vezu 745 ml
Bande enherbée sur la parcelle du Fief 380 ml
Total travaux 0€

152
Moulin de Lucy, « Programme de gestion intégrée des bassins versants du Parc Naturel régional du Gâtinais
français – Monographie de Boissy-aux-Caille», avril 2012, p :?

198
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La restauration de la mare place du Bourg à Boissy-aux-Cailles d’une superficie de


350 m² et d’un volume de 320 m3 dont un aménagement pour une réserve incendie de 120 m3
et un stockage utile de 200 m3.

Opération Unité Prix unitaire Quantité Coût € HT


Aménée/repli du matériel F 600 1 600
Travaux de terrassement m3 30 320 9 600
Etanchéification fond de la mare m2 10 350 3 500
Muret tout au tour de la mare m2 350 184 64 400
Margelle ouvrage exutoire existant F 2 400 1 2 400
Reprise des ouvrages d’entrée F 2 000 1 2 000
Puisard au carrefour de la rue St Martin et
ml 1 500 6 9 000
de la rue St André, ouvrages accessoires
Etanchéification des habitations riveraines m2 100 24 2 400
Divers et imprévus 20% 18 780
Maîtrise d’œuvre 15 % des travaux 16 902
Total travaux Hors taxe 129 582 €

La plantation de 720 ml de haie au Fiel couterait 14 324 € :

Opération Unité Prix unitaire Quantité Coût € HT


Amenée/repli du matériel F 600 0,5 300
Plantation de haie ml 14 720 10 080
Divers et imprévus 20% 2 076
Maîtrise d’œuvre 15 % des travaux 1 868
Total travaux HT 14 324 €

Les travaux étant envisagés très sérieusement, on peut se dire que le coût
d’aménagement 350 216 € est un investissement rentable dans le temps face aux coûts des
dégâts occasionnés par le ruissellement, les inondations et l’érosion du sol.

Ainsi, les mares, les haies et les bandes enherbées sont des aménagements viables et
rentables pour la réduction des risques sur la commune de Boissy-aux-Cailles.

199
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c. La ferme de Blaru à Perdreauville (Yvelines): des haies contre les plantes

Carte 24 et 25 : La commune de Perdreauville en Île-de-France, l’occupation du sol et


localisation de la propriété « Ferme de Blaru » (C. Brun)

200
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Étudier cette commune qui n’est pas sur le territoire du parc naturel régional du Gâtinais
est pertinent à plus d’un titre :

- cette commune est localisée dans la région Île-de-France, le contexte


géographique est proche de celle du parc naturel régional du Gâtinais ;
- le terrain d’étude est une pension et un élevage de chevaux (Barbes) et un sujet de
préoccupation sur le territoire de la réserve de biosphère et du parc naturel
régional du Gâtinais ;
- l’étude de l’impact des plantes sur la santé des chevaux peut être comparée à
l’étude sur l’impact des produits vétérinaires des chevaux sur les coléoptères
coprophages lancés par la RBFG
- des mesures agro-environnementales sont envisagées par la propriétaire Rachel
Bonne pour l’ensemble de sa propriété (environ 20ha).

La mise en place, éventuelle, de haies sur la propriété, afin de lutter contre une plante
causant des troubles de santé chez les chevaux, est une opportunité pour mettre en évidence
l’un des services écosystémiques que peuvent rendre les haies. En effet, les haies ont un effet
barrière contre la dispersion des akènes du Séneçon Jacobée.

Le Séneçon Jacobée, Jacobaea Vulgaris, est une


plante herbacée vivace de la famille des Asteraceae.
Initialement localisée dans le sud de la France, elle
colonise progressive toute la France vers le nord. Elle
est bisannuelle d’une taille de 50 à 120 cm, elle fleurit
de juillet à septembre et les fruits, des akènes plumeux
sont formés de juin à janvier. Ces akènes, très légers,
sont facilement disséminés par le vent (anémophile). Le
Séneçon à maturité fait des fleurs jaunes, ces feuilles
sont alternes, glabres, aux contours profondément
pennatiparties qui se divisent en segment presque égaux,
oblongs ou crénelés. La tige est très ramifiée au sommet.

Fig. 1 : Planche du Senéçon Jacobé153

153
http://luirig.altervista.org/naturaitaliana/viewpics.php?title=Jacobaea+vulgaris

201
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Le Séneçon de Jacob est toxique pour les chevaux et les bovins en raison des alcaloïdes
pyrrolozidiniques qu’il referme. L’intoxication se produit lors de la consommation de la
plante sur pied ou séchée dans le foin. Toutes les parties du Séneçon sont toxiques. Que la
consommation soit continue dans le temps ou non, l’intoxication se fera. La dose létale pour
un cheval est atteinte après l’indigestion cumulée d’une quantité de séneçon (en matière
sèche) correspondant de 3 à 5 % de son poids vif (soit 300 g/j pendant 50 jours).
L’intoxication est possible avec la consommation de seulement 50 à 100 g de séneçon par jour
pendant six à huit semaines. Les signes cliniques apparaissent le plus souvent après une
longue phase clinique silencieuse, seulement plusieurs mois après l’indigestion. Les
principaux signes cliniques sont :

- une insuffisance hépatique chronique,


- une léthargie,
- l’anorexie,
- la dépression,
- des coliques digestives,
- perte de poids,
- …

L’intoxication par le Séneçon de Jacob peut toucher les chevaux mais également les
bovins. Les vaches touchées peuvent contaminer le lait et ainsi avoir un impact sur la santé
humaine. Les conditions climatiques des dernières années, avec le réchauffement de la
planète, favorisent la prolifération des séneçons en France et risquent d’entraîner une
augmentation du nombre de cas de chevaux intoxiqués. Il faut donc connaître et reconnaître
ces plantes afin de lutter contre leur prolifération, facilitée par leur caractère anémophile. Le
traitement des animaux intoxiqués étant symptomatique et souvent sans résultat lorsque les
signes cliniques sont marqués, le plus important est de lutter contre l’ingestion de la plante par
les chevaux en détruisant les séneçons dans les pâtures et dans les parcelles destinées a la
récolte du foin.154

154
Passemard Blanche et Pruymenko Nathalie, « L’intoxication des chevaux par les séneçons, une réalité en
France », Revue médiale vétérinaire 2007, http://www.revmedvet.com/2007/RMV158_425_430.pdf

202
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Afin de participer à la lutte contre la prolifération du Séneçon Jacob, un diagnostic de


santé des chevaux de la propriété et des conditions territoriales a été réalisé. Une des solutions
de gestion agro-sylvo-pastorale serait de planter des haies de feuillus autour de toutes les
parcelles. Le sol étant calcaire les espèces végétales pour la mise en place de haies de
régulations des plantes qui ont été préconisées par le Laboratoire d’Analyse Microbiologique
des Sols de Marey-sur-Tille dans le département de la Côte-d’Or sont :

- Espèces de grandes tailles :


o Érable sycomore,
o Merisier,
o Orme commun,
o Peuplier de culture,
o Tilleul à petites feuilles.

- Arbres de taille moyenne :


o Alisier torminal,
o Charme commun,
o Érable champêtre,
o Grisard,
o Osier des vanniers,
o Poirier sauvage,
o Saule blanc.

- Arbustes :
o Aubépine épineuse,
o Cerisier de sainte Lucie,
o Cytise,
o Coudrier,
o Prunier myrobolan,
o Sureau noir,
o Buis,
o Cornouiller sanguin.

203
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Il s’agit de planter des haies sur 2 rangs, en quinconce, séparés d’un mètre et d’espacer
les arbres d’un mètre sur le rang. Il ne faut pas mettre deux arbres de la même espèce côte à
côte. Il faut laisser pousser les haies pendant 2 ans puis au mois de mars de la 3 ème année de
céper les arbustes à 10 cm de haut pour étoffer les haies. Il faut laisser les espèces de grandes
tailles pousser afin d’obtenir une haie étagée.

Ces haies ont donc un effet brise-vent empêchant la dispersion des akènes sur les
parcelles servant de pâturages aux chevaux de la propriété.

Photo 22. Délimitation de la propriété de la Ferme de Blaru (Perdreauville, Yvelines)

204
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Les études de cas présentées sont représentatives des services que peuvent rendre les
haies, les mares et les bandes enherbées. Aborder les haies, les mares et les bandes enherbées
à travers les services écosystèmiques est un moyen, un outil important pour convaincre les
acteurs et gestionnaires du territoire du parc naturel régional du Gâtinais. Cela permet
également de rassembler ces acteurs et gestionnaires autour d’une même table afin d’établir
un projet d’aménagement cohérent et répondant aux différents enjeux du territoire.

Mettre en place ces infrastructures agro-écologiques telles que les haies, les mares et les
bandes enherbées est un investissement dans le temps. Choisir de mettre en place ces éléments
nécessite de savoir pourquoi et quels usages on souhaite en avoir. Il est également possible de
multiplier les services écosystémiques et les usages.

Ainsi, une haie peut servir à la réduction des risques d’inondations et d’érosion des sols
mais également pour la chasse et la production de bois de chauffage ; une mare pour la pêche,
les loisirs et la biodiversité. Ces services ne sont pas incompatibles et peuvent être une clé de
concertation entre les acteurs du territoire et les différents enjeux autour de la gestion de ce
territoire.

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Chapitre 7 – Limites du projet et de l’étude

I. Limites pour les acteurs du territoire

Un certain nombre de limites ont été rencontrées lors de l’évaluation des services rendus
par les mares, les haies et les bandes enherbées. Outre la méfiance et le rejet, déjà évoqués, de
certains acteurs et gestionnaires du territoire quant à la mise en place de ces infrastructures
agro-écologiques telles que les haies, les mares et les bandes enherbées, d’autres limites sont
apparues. Nous prendrons l’exemple de la commune de Boutigny-sur-Essonne (carte 26).

Carte 26
:

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a. Les couts des travaux pour les communes

Le coût des travaux pour des aménagements est très conséquent pour les communes. Par
exemple, Catherine Pauvert, secrétaire générale de la commune de Boutigny-sur-Essonne,
nous a expliqué que l’estimation des travaux pour l’ensemble des travaux « a de quoi faire
frémir ». L’ensemble des aménagements prévus pour la commune de Boutigny est estimé à
565 119 € hors taxe, « il y en a pour au moins 10 ans de travaux » d’après madame Pauvert.
Pour de petites communes, ce budget est considérable et nécessite un échelonnage dans le
temps. Toutefois, ces travaux sont nécessaires et certains « sont à leur portée » tels que les
bandes enherbées sur les pentes, la modification des façons de planter, etc. Ils ont également
rénovés leur bassin de rétention de 1 800 m3 pour environ 80 000 €. Si ces travaux sont
entrepris c’est que la commune est soumise à un risque de ruissellement, d’inondation et
d’érosion des sols forts. Madame Pauvert nous expliquait que lors d’une coulée de boue, les
dégâts pour nettoyer uniquement les rues et trottoirs ont coutés à la commune entre
10 000 et 15 000 euros et vu la récurrence des phénomènes hydriques et érosifs il devient
rapidement rentable de mettre en place des aménagements.

b. Des aménagements à l’échelle d’un Bassin versant

Les aménagements pour la lutte contre l’érosion doivent être faits sur l’échelle d’un
bassin versant. Néanmoins, il est difficile d’imposer des aménagements en amont, sur les
plateaux où le risque n’est pas dominant, il n’y a pas ou peu d’inondations. Il y a un fort
sentiment d’injustice présent pour les communes en aval, tels que Boutigny-sur-Essonne qui
récupère l’ensemble des eaux de ruissellement de son bassin versant et notamment de
Videlles. Madame Pauvert explique que le sentiment d’injustice est important dans la
commune.

Il est donc important d’avoir une réflexion globale du fonctionnement d’un bassin
versant (ou sous-bassin versant). Il est important de pouvoir sensibiliser les acteurs du
territoire et d’expliquer le fonctionnement et les dynamiques amont/aval d’un bassin versant
aux communes afin de mieux répartir les coûts d’aménagement. Toutes actions en amont à
des conséquences en aval : c’est un des principes des dynamiques hydrologiques.

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II. Limites des données et informations

Une autre des limites de ce projet a été le manque de données et de valeurs monétaires
permettant un approfondissement des services rendus par les haies, les mares et les bandes
enherbées. L’étude proposée est à compléter et à enrichir. Notamment, sur la communication
et les outils pour persuader les acteurs du territoire de l’intérêt de mettre, remette et maintenir
ces infrastructures agro-écologiques.

Les résultats obtenus sont donc le fruit d’une étude bibliographique conséquente, d’un
travail de terrain très localisé et de rencontres avec les acteurs du territoire. Ils mettent en
évidence les avantages pour les enjeux territoriaux des haies, des mares et des bandes
enherbées et également les inconvénients pour les communes.

Si ces résultats mériteraient d’être approfondis, ils sont néanmoins intéressants car ils
constituent un point de départ pour la réflexion sur les services écosystémiques rendus par les
infrastructures agro-écologiques.

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Conclusion Générale

Ce mémoire de fin d’étude sur l’évaluation des services rendus par les infrastructures
agro-écologiques et notamment les haies, les mares et les bandes enherbées avait pour but de
recenser des données sur les services qu’elles peuvent rendre, mais également déterminer si la
notion de services écosystémiques peut être un outil de concertation entre les enjeux et les
acteurs du parc naturel régional du Gâtinais.

Nous avons pu voir dans la première partie les caractéristiques du contexte territoriale et
les raisons pour lesquelles cette étude a été entreprise par la réserve de biosphère de
Fontainebleau et du Gâtinais et le parc naturel régional du Gâtinais français. Dans la seconde
partie, nous avons déterminé la méthode et les outils nécessaires pour cette évaluation des
services rendus par les haies, les mares et les bandes enherbées. Enfin la dernière partie
illustre les résultats obtenus à l’échelle du parc naturel régional du Gâtinais ainsi qu’à
l’échelle de quelques communes en fonction du service écosystémique dominant. Cette
dernière partie a également permis de mettre en avant les limites de l’étude.

Plusieurs « points » ont pu être éclairés :

- les haies, les mares et les bandes enherbées rendent des services écosystémiques
qu’il convient de mettre en avant à travers un argumentaire solide à l’attention des
gestionnaires et acteurs du territoire ;

- la restauration, la mise et remise en place de haies, de mares et de bandes enherbées


sur le territoire sont certes faites dans un but de lutte contre le ruissellement, les
inondations et l’érosion des sols agricoles, mais participe également à la protection
de l’environnement, la construction du paysage, aux activités cynégétiques, etc. ;

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- la notion de services écosystémiques est un outil, une clé de concertation


permettant de concilier les enjeux des différents acteurs du territoire du parc
naturel régional du Gâtinais ;

- la collaboration de la réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais et du


parc naturel régional du Gâtinais français à travers ce mémoire apporte des
connaissances et une méthode de recherche pouvant répondre aux besoins des
acteurs du territoire ;

- il est possible de concilier plusieurs services écosystémiques afin de répondre à


certains enjeux du territoire (cynégétique/loisir ; biodiversité/ruissellement, etc.).

Ce travail pourra faire l’objet d’une plaquette à l’attention des acteurs du territoire qui
aurait pour but la valorisation des services rendus par les haies, les mares et les bandes
enherbées de manière simple et adaptée. Celle-ci est en cours d’élaboration.

Pour aller plus loin dans cette évaluation des services rendus par les infrastructures
agro-écologiques, il serait intéressant d’organiser des ateliers thématiques afin de rassembler
les acteurs et les gestionnaires. Cela permettrait à la fois une confrontation des enjeux mais
serait également un bon moyen de communication sur les services que pourraient rendre les
haies, les mares et les bandes enherbées selon les enjeux locaux. C’est ce qu’aà fait le parc
naturel régional de l’Avesnois. Ce parc a également lancé une étude sur les services rendus
mais en se focalisant sur le paysage caractéristique : le bocage. Si le paysage du parc naturel
régional du Gâtinais n’est pas un paysage de bocage, il n’en demeure pas moins qu’une
collaboration et une comparaison entre les services rendus est intéressante.

Dans un premier temps, les acteurs ont dû identifier individuellement les services
rendus par le bocage et donc les haies. Puis dans un second temps, les acteurs ont dû
entreprendre de hiérarchiser les services rendus afin d’en dégager 4 ou 5 par le biais d’une
monnaie créée pour l’occasion par le PNR de l’Avesnois, permettant de miser sur les services

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écosystémiques qu’ils considèrent comme les plus importants. Un groupe de travail a ensuite
traité des évolutions des services rendus par le bocage dans l’histoire du paysage, des craintes
de l’augmentation de l’érosion des sols et des évolutions souhaitées notamment sur
l’utilisation des sols ou le maintien des prairies. Le but de ces ateliers a été de donner la parole
aux acteurs du territoire pour faire prendre conscience de l’utilité du bocage et de l’ensemble
des services écosystémiques rendus par celui-ci. Ces tables rondes autour des services
écosystémiques rendus par le bocage et donc les haies sont des outils de concertation afin de
faciliter la communication entre les enjeux des différents acteurs du territoire.

Travailler sur les infrastructures agro-écologiques nous a conduit, à travers les


recherches bibliographiques notamment, à nous demander vers quel futur l’agriculture va-t-
elle tendre. Vers l’agroforesterie ? Si cette question n’a pas été développée c’est qu’elle est
encore très minoritaire aujourd’hui sur le territoire national. Nous avons, néanmoins, posé la
question à certain agriculteur, qui se sont dits globalement réfractaire en raison des
changements de pratiques agriculturales mais également des coûts d’entretien (matériel et
temps) et des pertes de surfaces cultivables. Cela demande, en effet, des investissements
importants à échelonner dans le temps. C’est un pari sur l’avenir.

Une autre question a été soulevée : les choix d’aménagements que l’on fait, et qui ne
seront amorties financièrement que dans 10 ans, seront-ils toujours adaptés face aux
évolutions climatiques ? Les espèces végétales que l’ont choisi de privilégier pour la mise en
place de haies sont-elles les plus adaptées en cas d’évolution climatique ? Il n’a pas été
possible de répondre à ces questions. Néanmoins, elles sont intéressantes du fait de la
projection dans le futur des aménagements que l’on fait aujourd’hui.

Ce travail sur les services rendus par les infrastructures agro-écologiques dans le
paysage du Gâtinais a été particulièrement intéressant pour plusieurs raisons : il m’a permis
de confronter mes connaissances universitaires à la réalité du terrain et au quotidien des
acteurs et gestionnaires du territoire et il m’a demandé une réflexion poussée sur une notion
controversée les « services écosystèmiques » notion totalement nouvelle pour moi et peu
développé lors des cours à l’université.

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Je me suis sentie d’autant plus concernée par cette étude que celle-ci était localisée sur
le territoire du parc naturel régional du Gâtinais, où j’ai passé mon enfance. Ce qui m’a
également ouvert un certain nombre de portes, notamment auprès des agriculteurs et des élus.
Combien de fois les gens se sont détendus dès qu’ils en prenaient connaissance : « Vous êtes
une petite du cru, tout va bien alors ! ». Je pense qu’ils constataient que je n’étais pas là pour
les juger mais pour écouter leurs témoignages, prendre en compte leur réalité pour ainsi mieux
les confronter aux articles scientifiques. Je ne prétends pas avoir cerné l’ensemble de la
problématique, ni de réussir à satisfaire l’ensemble des acteurs, mais j’espère avoir retransmis
un peu de leur voix à travers ce mémoire. Sans eux, ce travail n’aurait été qu’une simple étude
bibliographique.

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Bibliographie thématique

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Thème : Haie et agriculture

Ouvrages

 Baudry et Jouin, De la haie aux bocages, organisation, dynamique et gestion, INRA


 Burel et Baudry, Écologie du paysage.
 Guinaudeau Claude, Guide Pratique – Aménagements urbains et durables – Les haies urbaines et périurbaines –
Fonctions, choix des espèces, mise en œuvre et entretien, Ed. CSTB, jan. 2012
 Dupraz et Liagre, Agroforesterie : des arbres et des cultures, Ed. France Agricoles, 2008
 Terrasson F., Le Bocage, Ed. Paris : centre national de documentation pédagogique, 1978 (Cote GBGPH 226 IG)
 Le Roux, Barbault, Baudry, Burel et al., Agriculture et biodiversité – Valoriser les synergies, INRA, Synthèse du
rapport d’expertise, 2 ème partie, juillet 2008
 Trommetter M., Deverre C., Doussan I., Fleury P., Herzog F., Lifran R., Chapitre 4 – Biodiversité, agriculture et
politiques publiques, ESCO « Agriculture et biodiversité » - Chapitre 4

Articles

 Grenier J.P., Les haies, réservoirs de biodiversité et multifonctionnalités, 2009


 Moutaud, Boutin, Bertrand et Morin, Quelle est la capacité d’accueil des haies pour l’avifaune en France ? Étude sur
les colombidés et les turdidés, Faune Sauvage, n°294, 1 er trimestre 2012,
http://www.polebocage.fr/IMG/pdf/FS294_article_Haies_final.pdf
 Tourneur et Marchandeau, 1996, Milieux bocagers et biodiversité. Les vertébrés typiques du grand-ouest –Enjeux de
la préservation de cet agro-écosystème, Synthèse bibliographique, Office National de la Chasse, Bulletin
Mensuel,
http://www.polebocage.fr/IMG/pdf/synthese_Tourneur_et_Marchandeau.pdf

Thèse

 Alignier Audrey, Distribution des communautés végétales sous l’influence des lisières forestières des bois
fragmentés, thèse d’Écologie, Université de Toulouse, 2010, 239 p.
 Frilleux P., thèse, La haie et le bocage pavillonnaires, diversités d’un territoire périurbain, entre nature et artifice.
2008 Bailey S.,
 Effets des éléments boisés sur les populations d’abeilles sauvages dans différents paysages – Étude des lisières forêt-
colza et forêt-verger, compte rendu de thèse, 2010-2013.

Services administratifs

 AGROOF, INRA, Association française Agroforesterie, Hamon X., Dupraz C., Liagre F, L’Agroforesterie – Outil de
séquestration du carbone en Agriculture, dec. 2009
 Arbres & paysages d’Autan, http://www.arbresetpaysagesdautan.fr/ :
 Les Haies, alliées de notre bien-être,
http://www.arbresetpaysagesdautan.fr/IMG/pdf/La_haie.pdf
 Comprendre le paysage pour mieux s’y intégrer
http://www.arbresetpaysagesdautan.fr/IMG/pdf/Paysage.pdf
 L’implantation végétale, une protection du sol et de l’eau
http://www.arbresetpaysagesdautan.fr/IMG/pdf/Protection_du_sol_et_de_l_eau.pdf
 La Haie, source de biodiversité
http://www.arbresetpaysagesdautan.fr/IMG/pdf/Biodiversite_de_la_haie.pdf
 Guide, Arbres et arbustes champêtres des paysages de Haute-Garonne
http://www.arbresetpaysagesdautan.fr/IMG/pdf/livret_paysage_web.pdf
Un aménagement par des plantations réussies
http://www.arbresetpaysagesdautan.fr/IMG/pdf/Des_plantations_reussies.pdf
 AREAS, fiche 14 « Haie », 2008
 AREAS, fiche 12 « Fascine », 2008

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Les services écosystémiques rendus par les infrastructures agro-écologiques
Une clé de concertation entre enjeux et acteurs du Gâtinais

 ARENH, Connaitre pour agir – Planter des haies champêtres : un geste éco-citoyen, 2004,
http://www.arehn.asso.fr/publications/cpa/cpa11.pdf
 Chambres d’agriculture, Guide : l’agroforesterie dans les réglementations agricoles, Etat des lieux en juin 2010,
Ministère de Agriculture et de la Pêche.
 Commissariat général au développement durable, Service de l’économie, de l’évaluation et de l’intégration du
développement durable, Dubois Gaëtan, Le point sur – Les « infrastructures agro-écologiques » : état des lieux
dans les communes françaises, n° 145, oct. 2012.
 Coulon F., Solagro, Les infrastructures agro-écologiques : état des lieux et enjeux d’une reconnaissance dans la PAC
2014, 2012
 Fiche technique, Les haies, http://www.farre.org/fileadmin/medias/pdf/fiche_techique_05.pdf
 Fiches pratiques : les fonctions des haies et talus, http://www.paysans-creactiv-bzh.org
 Fiches pratiques : les rôles des haies et talus, http://www.paysans-creactiv-bzh.org
 Fiches Services environnementaux et agriculture, http://ftp.fao.org/docrep/fao/010/a1200f/a1200f03.pdf
 Fiches techniques : les haies, http://www.farre.org (Forum de l’agriculture raisonnée et respectueuse de
l’environnement.
 France Nature Environnement, Pôle ERR – Agriculture et Forêt, Schulz M.C. et Vilain L. « Mettre en place des
infrastructures agroécologiques (IAE) sur son exploitation agricole : pourquoi ? comment ? – Outils d’aide à la
décision pour la mise en place d’infrastructures agroécologiques (IAE) sur les exploitations agricoles », 2008,
Paris
 GIASC du Volleréalais, Veysset et Landas, Plaquette : Les Haies « Des atouts agricoles et écologiques »
http://www.polebocage.fr/IMG/pdf/Plaquette_haie_GIASC_Villerealais.pdf
 Giraudel Catherine, Statut juridique des haies, propositions d’évolutions, 2002,
 Guerveno S., La biodiversité au service de l’agriculture : place de l’arbre au sein de l’exploitation agricole,
Rencontres Nationales Arbres et Haies Champêtres, octobre 2009, INRA SAD –Paysage, Rennes
 Le Roux X., R. Barbault, J. Baudry, F. Burel, I. Doussan, E. Garnier, F. Herzog, S. Lavorel, R. Lifran, J. Roger-
Estrade, J.P. Sarthou, M. Trommetter (éditeurs), 2008. Agriculture et biodiversité. Valoriser les synergies.
Expertise scientifique collective, synthèse du rapport, INRA (France).
 Ministère de l’alimentation, de l’agriculture et de la pêche, et Muséum National d’Histoire Naturelle, Elaboration
d’un jeu d’indicateurs permettant de mieux suivre la biodiversité en lien avec l’évolution de l’agriculture, 2009
 Natura 2000, « Cahiers d’habitats », Tome 1, Habitats forestiers, La Documentation française, Paris, 2005
 Natura 2000, « Cahiers d’habitats », Tome 4, Vol. 1 Habitats agro-pastoraux, La Documentation française, Paris,
2005.
 Office National de la Chasse http://www.polebocage.fr :
 AGRIFAUNE, « Sur mon exploitation, les Haies sont utiles à l’agriculture et à la faune sauvage,
http://www.polebocage.fr/IMG/pdf/depliant_agrifaune.pdf
 Berger Gert, Diagnostic paysager pour la mise en œuvre de politiques agro-environnementales,
http://www.polebocage.fr/IMG/pdf/17Gert_BERGER.pdf
 Bessiere Christian, Synthèse des modalités de gestion des milieux bocagers et amélioration des capacités
d’accueil pour la faune sauvage,
http://www.polebocage.fr/IMG/pdf/18Christian_BESSIERE.pdf
 Gauthier Daniel, Bocage outil d’équilibre de fonctionnement de l’agro-système,
http://www.polebocage.fr/IMG/pdf/12Daniel_GAUTHIER.pdf
 Knudsen Heldge, Action publique incitative pour le plantation de bandes boisées, politique au Danemark,
http://www.polebocage.fr/IMG/pdf/22Heldge_KNUDSEN.pdf
 Marchandeau et Aubineau, Le bocage, milieu d’accueil de la Faune Sauvage, l
http://www.polebocage.fr/IMG/pdf/fiche_Bocage2.pdf
 Roeleveld Lex, Gestion des haies et aménagement en Hollande,
 Syndicat intercommunal d’aménagement hydraulique du Bassin de la Lizonne, « Les haies : des milieux biologiques
riches – Intérêts agricoles et faune sauvage »,
http://www.polebocage.fr/IMG/pdf/Plaquette_haies_Agrifaune_24.pdf
 ONCFS, Bocage, haie et faune sauvage, Gestion pratique, Fiche technique,
http://www.oncfs.gouv.fr/IMG/pdf/Bocagehaie_faune_sauvage_2006.pdf
 ONCFS, Les Haies, Fiche technique, http://www.oncfs.gouv.fr/IMG/pdf/Agrifaune_haies_2011.pdf
 ONCFS, Les milieux agricoles ouverts

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Les services écosystémiques rendus par les infrastructures agro-écologiques
Une clé de concertation entre enjeux et acteurs du Gâtinais

 Solagro et le Ministère de l’Écologie, du Développement et de l’Aménagement durables, Plaquette Les


infrastructures agro-écologiques au service de notre agriculture, 2008.

Vidéo

 Association Salangane, La magie des haies, Terre.tv,


http://www.terre.tv/fr/agriculture-durable/documentaire/1786_la-magie-des-haies

Thèmes : les mares

 Agence de l’eau Loire-Bretagne Ministère chargé du développement durable, « Guide d’analyse économique –
Zones humides : évaluation économique des services rendus, Analyse sur sept sites tests du bassin Loire-
Bretagne », 2011
 AREAS, fiche 16, « Mare tampon », 2008
 Association des Amis du Patrimoine, « Catalogue d’exposition – L’eau au fil du temps – Histoire de l’eau dans les
communes du canton de la Chapelle-la-Reine », septembre 2001
 Société nationale de protection de la nature (SNPN), « Inventaire des mares d’Île-de-France – Bilan 2011-2012 »,
2013

Thème : Bandes enherbées

 AREAS, Fiche 13 « Zone enherbée », 2008


 Cordeau Stéphane, « Conséquences de la mise en place des bandes enherbées sur l’évolution de la flore adventice »,
Thèse 2010, Université de Bourgogne – Institut national de la recherche agronomique.
 Richet J.B., Gril J.N. et Ouvry J.F. « Infiltrabilité de dispositifs enherbés du Pays de Caux, premier résultats », 2006

Thème Hydrologie

Ouvrages

 Caubel, V. (2001). Influence de la haie de fond de vallée sur les transferts d'eau et de nitrates. INRA Rennes
Quimper. Rennes, Ecole Nationale Supérieure d'Agronomie de Rennes: 155.

Thèses et mémoires

 Angeliaume A., Ruissellement, érosion et qualité des eaux en terre de grande culture – Étude comparée de deux
bassins versants du Laonnois et du Soissonnais (02), thèse de géographie 1996
 Augeard B, Mécanismes de genèse du ruissellement sur sol agricole drainé sensible à la battance. Etudes
expérimentales et modélisation. Thèse 2006
 Boubchir A., 2007, Risques d’inondation et occupation des sols dans le Thore (région de Labruguière et de
Mazamet), mémoire de master 1 Géographie et aménagement Université Toulouse le Mirail
 Caubel V., 1996. Influence de la haie de ceinture de fond de vallée sur la dynamique de l’eau et des solutés à son
voisinage. Conséquences sur les transferts d’eau et de nitrates dans la nappe. UMR Sol Agronomie, École
nationale supérieures agronomie de Rennes, thèse de doctorat, 139p.
 Caubel V., Influence de la haie de ceinture de fond de vallée sur les transferts d’eau et de nitrate, thèse 2001
 Quilbé R., Transfert de polluants inorganiques par ruissellement en terre de grande culture – Approche
interdisciplinaire et multi-échelle, Thèse de géographie, 2002
 Meyer Eric, Évolution des paysages ruraux et fonctionnement hydrologique d’un bassin versant en terres de grande
culture. Cas du ru de Senneville (Yvelines), Thèse de géographie physique.

Articles

 LUDWIG B., AUZET A.V., BOIFFIN J., PAPY F., KING D. et CHADOEUF J. (1996) - États de surface, structure
hydrographique et érosion en rigole de bassins versants cultivés du Nord de la France. Étude et Gestion des Sols,
vol. 3, n° 1, p. 53-70.

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 Martin Philippe, Le Bissonnais Yves, Benkhadra Hassan, Ligneau Laurence, Ouvry Jean-François, Mesures du
ruissellement et de l'érosion diffuse engendrés par les pratiques culturales en Pays de Caux. In :
Géomorphologie : relief, processus, environnement, juin 1997, vol. 3 n°2.pp.143-154.
 Merot, Gascuel-Odoux, Walter, Zhang et Molenat, Influence du réseau de haies des paysages bocagers sur le
cheminement de l’eau de surface, Revue des sciences de l'eau / Journal of Water Science, vol. 12, n° 1, 1999, p.
23-44.www.erudit.org

Services administratifs

 Bordage D., Fiche n°10, Organisation du parcellaire, pour un meilleur fonctionnement hydraulique du bassin
versant, avril 2008
 Merot et Reyne, Rôle hydrologique et géochimique des Structures linéaires boisées – Bilan bibliographique et
perspectives d’étude, INRA, Et. Rech. Syst. Agraires Dév., 29 : 83-100

Thème Santé

Ouvrages

 Debras, J.-F. (2007). Rôles fonctionnels des haies dans la régulation des ravageurs : le cas du psylle Cacopsylla pyri
L. dans les vergers du sud-est de la France. Avignon Pays de Vaucluse: 240.

Thème Climatologie

Ouvrages collectifs

 Guyot et Seguin, 1976. Influence du bocage sur le climat d’une petite région. In CNRS, INRA, ENSA, université de
Rennes Ed. Les bocages : histoire, écologie et économie.

Thèses

 Princé K., Quel futur pour la biodiversité en milieu agricole dans un contexte de changements climatiques ? De
l’évaluation des mesures de conservation aux scénarios d’usage des sols, Thèse de Doctorat, Université Pierre et
Marie Curie, 2012

Articles

 Guyot G., 1963. Les brise-vent : modification des micro-climats et amélioration de la production agricoles. Ann.
Agron, 14, 429-488.
 Guyot G., 1983. Les effets des brise-vents et des aménagements régionaux sur le microclimat. In INRA Avignon :
Bioclimatologie. Manuel sur l’utilisation des brise-vents dans les zones arides, INRA, Avignon 89-150.

Thème Pédologie :

Ouvrages collectifs

 Gis Sol. 2011. L’état des sols de France. Groupement d’intérêt scientifique sur les sols, 188 p.

Thèses et mémoires

 Baffet M., 1984. Influence de la haie sur l’évolution des caractères physico-chimique et hydrodynamiques des sols.
Thèse universitaire de Limoges.
 Carnet C., 1978. Etude des sols et de leur régime hydrique en région granitique de Bretagne : une approche du rôle
du bocage. UER Sciences biologiques, thèse de l’université de Rennes, mention Agronomie, 235p.
 Cravos Rios M., Cartographie des zones sensibles à l’érosion sur le bassin versant de la Vie, du Ligneron et du
Jaunay, Mémoire, 2010

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 Druais J., Caractérisation de l’érosion et du ruissellement des territoires aval de la Chalaronne. Propositions de
mesures de gestion. Mémoire de fin d’étude, 2009
 DRUAIS J., Caractérisation de l’érosion et du ruissellement des territoires aval de la Chalaronne. Propositions de
mesures de gestion, mémoire de fin d’étude, 2009.
 Liegeois M., Des aléas et des hommes – Elaboration d’une méthode de diagnostic de la vulnérabilité à l’aléa
érosion, thèse, 2005

Articles

 Fox, Martin, Girosso et Morschel, Étude et cartographie de l’érosion des sols dans un vignoble du sud-est de la
France, Etude de géographie physique, n° 33, 2006.
 Le Bissonnais, Dubreuil, Daroussin et Gorce, Modélisation et cartographie de l’aléa d’érosion des sols à l’échelle
régionale, exemple du département de l’Aisne, Etude et gestion des Sols, Vol. 11, 3, 2004, p 307-321
 Liégeois, Wicherek et Amat, Réflexion sur la vulnérabilité à l’aléa érosion, Cahiers Agricultures 2004 ; 13 :355-61

Services administratifs

 Parc Naturel régional de l’Avesnois, Fiche technique, Lutte contre l’érosion et gestion des ruissellements
 Parc Naturel Régional des Caps et Marais d’Opale, Guide technique de la lutte contre l’érosion des sols en Caps et
Marais d’Opale, novembre 2003
 Réseau wallon de Développement Rural, Carnet du Réseau n°1, Érosion, coulées boueuses et inondations,
Décembre 2011

Thème Services écosystémiques


Ouvrages

 Gunnell, 2009, Écologie et société, collection U, ed. Armand Colin

Ouvrages collectifs

 Chevassus-au-Louis B., Salles J.M. et Pujol J.L., Approche économique de la biodiversité et des services liés aux
écosystèmes – Contribution à la décision publique, La documentation française, Paris, juin 2009, 399p.
 Estrade, Baudry et al. Chap.3 L’insertion des objectifs de biodiversité dans les systèmes de productions agricoles,
ESCo « Agriculture et biodiversité », INRA, 85p.
 Lavorel, Sarthou et al. , Chap. 2 Intérêts de la biodiversité pour les services rendus par les écosystèmes, ESCo
« Agriculture et biodiversité », INRA

Thèses et mémoires

 Aznar O., Services environnementaux et espaces ruraux – une approche par l’économie des services, 2002,
Université de Bourgogne
 Hetsch E., Biens et services environnementaux en agriculture pour la lutte et l’adaptation aux changements
climatiques – Analyse et perspectives d’application au Québec, 2010, Mémoire fin d’étude
 Grard Maud, Le Rôle des politiques publiques dans les services écosystémiques des prairies de montagne, mémoire
de fin d’étude, sep. 2010
 Lamarque P. Une approche socio-écologique des services écosystémiques – Cas d’étude des prairies subalpines de
Lautaret, Thèse 2012, Université de Grenoble

Articles

 Aznar O., Jeanneaux P., Déprés C., Les services environnementaux fournis par l’agriculture, entre logique
sectorielle et logique territoriale : un cadre d’analyse économique, INRA SFER CIRAD, 2009
 Balvanera, Pfisterer, Buchmann, He, Nakashizuka, Raffaelli & Schmid, “Quantifying the evidence for biodiversity
ecosystem functioning and services”, Ecology Letters, 2006, 9: 1146-1156

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Brun Cassandre – Master 2 Géographie EDMR Recherche – Paris-Sorbonne
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Les services écosystémiques rendus par les infrastructures agro-écologiques
Une clé de concertation entre enjeux et acteurs du Gâtinais

 Barnaud, Antona & Marzon, “Vers une mise en débat des incertitudes associées à la notion de service
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 Bonnal P., Bonin M. et Aznar O., Les évolutions inversées de la multifonctionnalité de l’agriculture et des services
environnementaux, Vertigo Vol. 12 n°3, dec. 2012http://vertigo.revues.org/12882
 Bonin M. « L’émergence des services environnementaux dans le droit international de l’environnement : une
terminologie confuse », Vertigo, Vol. 12, n°3, dec. 2012 http://vertigo.revues.org/12889
 Commission Européenne, Biens et services écosystémiques, septembre 2009
 Daily G.C., S. Alexander, P.R. Ehrlich, L. Goulder, J. Lubchenco, P.A. Matson, H.A. Mooney, S. Postel, Schneider
S.H., D. Tilman et G.M. Woodwell, Ecosystem services : Benefits supplied to human societies by natural
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 ECOFOR Ecosystèmes forestiers, Echos d’ECOFOR n°23, juillet 2012, 13p.
 Espaces naturels, De la recherche aux pratiques : enjeux et réalités de la restauration, n°29, janvier 2010
 Heal G., « Valuing Ecosystem Services », Ecosystems, 2000, 3:24-30
 Nicholson E., Mace G., Armsworh P., Atkinson G. & co, “Priority research areas for ecosystem services in a
changing world”, Journal of Applied Ecology, 2009, 46, 1139-1144
 Peterson M., Hall D., Feldpausch-Parker A. & Peterson T.R., “Obscuring Ecosystem function with application of the
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 Valette E., Aznar O. Hrabanski M. Maury C. Caron A. et Decamps M., Émergence de la notion de service
environnemental dans les politiques agricoles en France : l’ébauche d’un changement de paradigme?, Vertigo,
Vol. 12, n°3, dec. 2012
 Bonin M. & Antona M., Généalogie scientifique et mise en politique des services écosystémiques et services
environnementaux, Vol. 12 n°3, dec. 2012, Vertigo, http://vertigo.revues.org/13147
 Hrabanski M. & valette E. Organisations environnementales et services écosystémiques – Stratégies de diffusion du
concept et opportunités politiques, Vol. 12, n°3, dec. 2012, Vertigo http://vertigo.revues.org/12904
 Froger, Méral, Le Coq, Aznar, Boisvert, Caron & Antona, « Regards croisés sur l’économie sur les services
écosystémiques environnementaux », Vertigo, Vol. 12, n°3, dec. 2012 http://vertigo.revues.org/12900
 Serpantié, Méral & Bidaud, « Des bienfaits de la nature aux services écosystémiques – Éléments pour l’histoire et
l’interprétation d’une idée écologique » Vertigo, Vol. 12 n°3, dec. 2012, http://vertigo.revues.org/12924

Services administratifs

 Bouscasse, Defrance, Amand, Grandmougin Strosser et Beley, Amélioration des connaissances sur les fonctions et
usages des zones humides : évaluation économique sur des sites tests, Rapport principal, mai 2011, Acteon et
Ecovia
 Centre de Recherche pour l’Étude et l’Observation des Conditions de Vie, CRéDOC, Étude exploratoire pour une
évaluation des services rendus par les écosystèmes en France – Synthèse – Application du millénnium ecosystem
assessment à la France, 2009.
 Commissariat Général au Développement Durable, Conservation et utilisation durable de la biodiversité et des
services écosystémiques - Analyse des outils économiques, Rapport de la commission des comptes et de
l’économie de l’environnement, nov.2010
http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Refbiodiv2.pdf
 GreenFacts, Consensus Scientifique sur la dégradation des écosystèmes, 2005, 79p.
 LAMETA, Laboratoire montpelliérain d’Économie Théorique et Appliquée, J.M. Salles, Évaluer la biodiversité et
les services écosystémiques : pour quoi faire ?, DR n°2010-17
 Millennium Ecosystem Assessment, Rapport de synthèse de l’Évaluation des Écosystèmes pour le Millénaire, 2005,
59p.
 Millennium Ecosystem Assessment, Ecosystem and Human well-being – Synthesis, 2005, 155p.
 Ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du développement durable et de la Mer, Commissariat général au
développement durable, Projet de caractérisation des fonctions écologiques des milieux en France, n°20, mai
2010
 Ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du développement durable et de la Mer, Évaluation des services rendus par les
écosystèmes – Étude exploratoire pour un MEA France
 Muséum National d’Histoire Naturel, Levrel H., Étude de faisabilité pour la réalisation d’un Millenium Ecosystem
Assessment en France, 2007, 47 p.
 NatureParif : Les services écosystémiques de la biodiversité,

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Les services écosystémiques rendus par les infrastructures agro-écologiques
Une clé de concertation entre enjeux et acteurs du Gâtinais

http://www.natureparif.fr/attachments/observatoire/Annexes/Annexe5.pdf
 Office fédéral de l’environnement OFEV de la Confédération suisse, Indicateurs pour les biens et services
écosystémiques – systématique, méthodologie et recommandations relatives aux informations sur
l’environnement liées au bien-être, 2011.
 SERENA, Martine Antona et Muriel Bonin, Services environnementaux et usages de l’espace rural, Généalogie
scientifique et mise en politique des SE (services écosystémiques et services environnementaux), 2010

Thème Trame verte et bleue


 Girault Vincent, « Mise en œuvre de corridors écologique et/ou biologiques sur le territoire des Parcs Naturels
Régionaux – Définition d’une méthodologie commune et recueil d’expérience », 2005, 127 P.
 Blanc N., Glatron S., Schmitt G., « Trames vertes urbaines : recherches en sciences humaines et sociales »,
Développement durable & territoires, Vol.3, n°2, juil. 2012,
URL: http://developpementdurable.revues.org/9370
 Sordello, Gaudillat, Siblet, Touroult, Trame verte et bleue – Critères nationaux de cohérence – Contribution à la
définition du critère sur les habitats, MNHN, Service du Patrimoine Naturel, 2011

Réserve de Biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais

 Réserve de biosphère, Notes techniques 2008, Entre l’Homme et la nature, une démarche pour des relations
durables, UNESCO, 144 p.
 Réserve de biosphère, Notes techniques 2006, Biodiversité et acteurs, des itinéraires de concertation, UNESCO, 82
p.
 Réserve de biosphère, Notes techniques 2007, Le dialogue dans les réserves de biosphère – Repères, Pratiques et
expériences, UNESCO, 81 p.
 Réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais, Diagnostic de territoire – Rapport technique, 2008

Parc Naturel Régional du Parc du Gâtinais français

 Rizet G., Kerbiriou C., Maratrat J., Le suivi national des chiroptères – Programme Vigie Nature du MNHN, Intérêt à
l’échelle locale : cas du PNRGF, 2007
 Bureau d’Étude Moulin de Lucy, Projet agro-environnemental – Lutte contre le ruissellement et l’érosion –
Diagnostic agricole, Programme de gestion intégrée des bassins versant du PNRGF, janvier 2012
 Bureau d’Étude Moulin de Lucy, Projet agri-environnemental – Lutte contre le ruissellement et l’érosion – Partie 2 :
Les mesures Agri-Environnementales, 2013.
 Moulin de Lucy, « Programme de gestion intégrée des bassins versants du Parc Naturel régional du Gâtinais
français – Monographie de Boissy-aux-Caille», avril 2012
 Parc Naturel Régional du Gâtinais français, Charte 2011-2023, Le Rapport, 2011.

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