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Chap 5

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Chapitre 5

Purification des enzymes et Dosage de l’activité


I Purification des Enzymes
(Rappel)
II Dosage de l’Activité Enzymatique
1. PRINCIPE DE LA MESURE D’UNE ACTIVITÉ ENZYMATIQUE

L’activité enzymatique se mesure par la vitesse de la


réaction de transformation du substrat S en produit P :

S→P
1.1. Unité enzymatique

L’unité enzymatique est la quantité d’enzyme qui catalyse la transformation


d’une certaine quantité de substrat par unité de temps. Deux types d’unités sont
actuellement utilisés, qui correspondent à deux modes d’expression de la Vm :

• l’unité internationale (UI), qui n’est pas cohérente, correspond à la quantité


d’enzyme qui catalyse la transformation d’une micromole de substrat par minute

• le katal (kat), cohérent, correspond à la quantité d’enzyme qui catalyse la


transformation d’une mole de substrat par seconde (les sous-multiples sont
seuls utilisés : millikatal, microkatal et nanokatal).

Le passage d’une unité à l’autre s’effectue de la façon suivante :


1 UI = 1 μmol.min–1 = 10–6/60 mol.sec–1 = 10–6/60 kat = 0,01667 μkat = 16,67
nkat
1.2. Concentration d’enzyme dans un milieu biologique et activité spécifique

a) Concentration :
La vitesse de la réaction enzymatique étant assimilée à la quantité d’enzyme, il
est possible de parler de concentration d’activité catalytique soit en unités
internationales par litre (UI/L) soit en katals par litre (kat/L).

b) Activité spécifique :
Les unités dérivées sont : la quantité d’activité catalytique spécifique (UI/kg ou
kat/ kg) et la quantité d’activité catalytique molaire (UI/mol ou kat/mol).

Remarque : La comparaison de résultats exprimés en UI/L n’est possible en


enzymologie clinique que dans le cas où les conditions opératoires sont
dûment précisées (nature du substrat, température, etc.).
2. Effecteurs de la réaction enzymatique
2.1. pH

Notons que l’effet du pH est complexe puisqu’il agit à la fois :


• sur l’équilibre de la réaction si celle-ci implique la libération ou la capture
d’un proton (cas de la coenzyme nicotinamide-dinucléotide NAD) :
NAD+ NADH + H+
• sur la conformation de la protéine enzyme et l’ionisation des groupes
impliqués dans la catalyse au niveau du site actif de l’enzyme. Toutefois, il y
a toujours un pH optimal pour lequel l’effet catalytique de la protéine
enzyme est maximum.
Pour certaines enzymes, de petites variations du pH provoquent des grandes
variations de l’activité. Pour d’autres enzymes au contraire, l’effet du pH est
moindre. L’ensemble de ces contraintes exige que le milieu réactionnel soit
rigoureusement tamponné. De façon générale, c’est le pH optimal qui est choisi ; il
est pour la plupart des enzymes proche de la neutralité. Cependant, si le pH est le
seul paramètre qui permette de séparer deux isoenzymes, des pH alcalins ou
acides sont utilisés.

C’est le cas des phosphatases alcalines (PAL) qui se différencient aisément des
phosphatases acides (PAC) par le pH choisi pour la mesure. En d’autres termes, le
pH alcalin permet une mesure correcte des phosphatases alcalines en présence de
phosphatases acides. Il est impératif dans tous les cas de bien vérifier que les
constituants du tampon ne sont pas, ou ne contiennent pas d’inhibiteurs.
2.2. Système tampon

Effecteur important, le tampon doit présenter une capacité tampon


suffisante. La molarité et le pK des composés devront donc être sélectionnés.
2.3. Température
L’effet de la température sur la réaction enzymatique est simple jusqu’à 40 °C
: on obtient une accélération de la réaction proportionnelle à cette
température. Au-delà de 40 °C, un phénomène commence à apparaître : la
dénaturation de l’enzyme.

Donc, la vraie température optimale pour un essai est la température pour


laquelle l’enzyme présente une activité constante pendant une période de
temps au moins aussi longue que le temps de l’essai.
3. Modalités de la détermination des activités enzymatiques

l’activité catalytique se mesure par la détermination de la Vm de la


réaction ou une vi proche de la Vm. L’aspect pratique de cette mesure
repose sur la connaissance de nombreux paramètres qu’il est
impératif de maintenir à une valeur constante pendant tout le temps
de la mesure.

Vm est fonction de la nature et de la concentration de l’enzyme, de la


nature du substrat si l’E en tolère plusieurs, du pH, de la température,
et des effecteurs divers.
3.1. Méthodes en deux points : cinétiques en un temps fixé

On mesure la quantité de produit apparue ou la quantité de substrat disparue


au bout d’un temps fixé. Ce sont les méthodes qui étaient utilisées au tout
début de l’enzymologie et qui le sont encore quand il est impossible de mesurer
directement S ou P.
Généralement, on arrête brutalement la réaction au bout du temps fixé soit par
action de la chaleur soit par un changement de pH et l’on mesure la
concentration en S ou P dans le milieu réactionnel à l’aide de méthode
analytique convenable et appropriée.
3.2. Méthodes cinétiques directes

La mesure de la vitesse de la réaction est effectuée de façon continue. En


fait, la variation d’un signal est appréciée dans des temps très rapprochés.
Cette façon d’opérer permet de calculer, dans de bonnes conditions, la pente
de la droite correspondant à la vitesse de la réaction.

Seules quelques méthodes analytiques sont adaptées à cette mesure directe


dans le milieu réactionnel. Ce sont essentiellement la spectrophotométrie
d’absorption dans le visible et l’ultraviolet, la spectrofluorimétrie, la
turbidimétrie, la conductimétrie, la potentiométrie et la polarographie.
A. Spectrophotométrie d’absorbtion

On enregistre en continu une variation d’absorbance


(densité optique) en fonction du temps : dA/dt.
B. Spectrofluorimétrie

Dans la mesure où, après excitation, le substrat ou le produit d’une


réaction émet une fluorescence, la spectrofluorimétrie est utilisable
pour la mesure de l’activité enzymatique. L’avantage principal de
cette méthode réside dans la grande sensibilité de la mesure
(jusqu’à 100 fois plus sensible que la spectrophotométrie).
C. Turbidimétrie

Les problèmes qui limitent l’emploi de cette méthode en


enzymologie sont les problèmes généraux de la turbidimétrie
(appareillage mal adapté aux grandes séries, difficulté de la
mesure, etc.) et la difficulté en enzymologie d’obtenir de façon
reproductible des suspensions de substrats stables.
D. Conductimétrie

Les réactions enzymatiques dont les produits sont ionisés, alors que
le substrat ne l’est pas, peuvent être mesurées grâce à
l’augmentation de la conductivité du milieu réactionnel.
E. Potentiométrie

La mesure du pH par une électrode spécifique est théoriquement


utilisable quand la réaction enzymatique libère des protons.

Exemple :
L’action de la lipase sur un triglycéride libère des acides gras titrables par la soude. En
fait, l’acidité libérée est titrée automatiquement au fur et à mesure de son apparition
dans le milieu réactionnel par une solution de soude qui maintient le pH constant. La
pente de la courbe obtenue (quantité de soude ajoutée en fonction du temps) permet
de mesurer l’activité de la lipase.
F. Polarographie

Une électrode sensible aux variations d’oxygène, qui est le substrat de


nombreuses oxydases, permet la mesure de l’oxygène consommé en
fonction du temps. Le peu d’intérêt présenté jusqu’à présent par ces
enzymes en biologie clinique réduit considérablement l’utilisation de
cette méthode qui est réservée plutôt au dosage des substrats de ces
mêmes oxydases (glucose, cholestérol).
3.3. Méthodes cinétiques indirectes utilisant des réactions consécutives

Quand le substrat ou la coenzyme éventuel ne présente pas de propriétés


spectrales utilisables, la réaction enzymatique ne peut pas être étudiée
en continu. Par contre, si l’un des produits de la réaction étudiée est le
substrat d’une déshydrogénase ayant pour coenzyme le NAD ou le NADP,
il devient possible de coupler les deux réactions enzymatiques dans la
même cuve de mesure : la deuxième réaction devient indicatrice de la
première.
4. Précautions à prendre pour la mesure d’une activité enzymatique

A. Choix de la méthode : standardisation, optimisation


La standardisation consiste, dans un premier temps, à choisir le principe de la
méthode. Puis, dans un second temps, la standardisation s’est étendue au choix
de tous les paramètres : température, pH, nature du tampon, des substrats et
des cofacteurs nécessaires, élimination des réactions parasites.
Enfin, dans un troisième temps, l’optimisation a consisté à déterminer pour
chaque paramètre la concentration qui optimise, c’est-à-dire qui rend maximale
la vitesse de réaction pour une concentration donnée en enzyme.
B. Utilisation d’un réactif prêt à l’emploi

Il est impératif de respecter scrupuleusement les conditions opératoires précisées


dans la méthode. Celles-ci peuvent se décomposer ainsi :

1. Température
2. Ordre d’introduction des réactifs et pré incubation :En pratique, le sérum est
incubé en présence de l’ensemble des réactifs (tampons, coenzymes, et
enzymes éventuelles des réactions consécutives) sauf le substrat spécifique de
l’enzyme à mesurer. Celui-ci est utilisé à la fin de cette phase pour démarrer la
réaction
Addition du réactif de démarrage

Début de la mesure

Absorbance (A)

Phase d’incubation

Phase de latence

Zone linéaire
Temps (t)

Schéma d’une réaction en enzymologie


3. Mesure de la vitesse et calcul des résultats: Le calcul des activités (UI/L)
s’effectue à partir de la pente de la zone linéaire en utilisant le coefficient défini
précédemment en vérifiant que le trajet optique du spectrophotomètre utilisé
correspond bien à celui qui a servi à l’établir.

4. Blanc réactif et blanc sérum :Deux types de blancs peuvent être pratiqués : le
blanc réactif contrôle la stabilité du réactif et la présence éventuelle d’enzymes
contaminant les enzymes indicatrices. Ce blanc est pratiqué une fois par lot de
réactifs. Dans certains cas un blanc sérum permettra d’évaluer l’efficacité de
l’élimination des réactions parasites par la préincubation. Il est inutile pour les
méthodes recommandées.
5. Linéarité: Un réactif prêt à l’emploi impose à l’utilisateur une concentration de
substrat calculée pour rester à saturation pour les activités habituellement
rencontrées dans le sérum. Pour les activités enzymatiques trop élevées, le substrat
ne restant pas à saturation pendant toute la durée de la mesure, la vitesse n’est
plus constante, ce qui est contraire au principe même de la méthode. La seule
solution est de diluer l’enzyme afin de retrouver des activités convenables.
6. Adaptation d’une méthode à un autoanalyseur : Les méthodes
recommandées sont toujours manuelles. C’est généralement le fabricant du
réactif qui étudie cette adaptation. La plupart des appareils peuvent
respecter les contraintes des protocoles opératoires (température,
préincubation, démarrage, temps de mesure, taux de dilution du sérum dans
le milieu réactionnel, etc.). Toute modification du protocole due à l’adaptation
à l’appareillage doit être rigoureusement contrôlée afin de vérifier son
influence sur le résultat. En effet, cela est une cause fréquente de variabilité
des résultats interlaboratoires.
7. Contrôle de qualité des mesures : L’étalonnage des mesures des activités
enzymatiques dans le sérum reste utopique. En revanche, l’utilisation de
sérums dosés en contrôle de qualité devient une nécessité absolue pour
éviter les biais dans les résultats (trajet optique mal évalué, obstruction des
systèmes de prélèvements, thermorégulation défectueuse, mauvaise
adaptation de la méthode, etc.).

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