Education Sexualite
Education Sexualite
Education Sexualite
à la sexualité
Supports pédagogiques
L'éducation à la sexualité
au collège et au lycée
Guide du formateur
Les pages 32 et 33 concernant « Sexualité et loi » ont été actualisées
Août 2008
eduscol.education.fr/educsex
Remerciements pour leur contribution
Françoise B AGLAND , infirmière de l’Éducation nationale, académie de Nantes. Patrick B ERTRAND ,
professeur de sciences de la vie et de la Terre, académie de Nantes. Stéphanie BERTRAND, assistante de service
social de l’Éducation nationale, académie de Nantes. Olivier B IHEL , conseiller principal d’éducation,
académie de Lyon. Sophie B OUTIN - CHATOUILLOT , psychanalyste, spécialiste de l’adolescence, Lyon.
Philippe BRENOT, psychiatre, anthropologue, directeur d’enseignement en sexologie à l’université Paris-V.
Brigitte C ADÉAC D ’ ARBAUD , responsable des services téléphoniques de l’École des parents et des
éducateurs. Laurence COMMUNAL, professeure de sciences de la vie et de la Terre, académie de Grenoble.
Robert DUBANCHET, psychologue clinicien, chargé d’enseignement en sexologie médicale, Lyon-I. Christine
FERRON , directrice adjointe aux affaires scientifiques de l’INPES. Annie GIRARD, professeure de français, aca-
démie de Nantes. Jean-Claude G UILLEBAUD , écrivain et journaliste, Paris. Chantal L APOSTOLLE -
DANGREAUX, psychologue, responsable des formations à l’ADESSI de Grenoble. Isabelle LECERF, documenta-
liste, académie de Nantes. Serge LESOURD, psychanalyste, maître de conférences en psychologie à l’université
Paris-V. Annie M AMECIER , IGEN, doyen du groupe des sciences de la vie et de la Terre.
Jean-Louis MICHARD, IGEN des sciences de la vie et de la Terre. Maryvonne NOËL, infirmière conseillère tech-
nique, inspection académique de Paris. Michèle N OUVIALE , correspondante de la revue Échan-
ger, académie de Nantes. Michelle O CCELLI , médecin conseiller technique, inspection académique
des Hautes-Pyrénées. Patrick PELÈGE DE BOURGES, docteur en sociologie, directeur du CRAES-CRIPS Rhône-
Alpes. Chantal PICOD, professeure de vie sociale et professionnelle, éducateur sexologue, académie de Lyon.
Maryse POIRAUD, professeure de mathématiques, académie de Nantes. Jacques RICOT, professeur de philo-
sophie, académie de Nantes. Claude ROZIER, médecin de l’Éducation nationale, académie de Grenoble. Hélène
SAUDUBRAY, infirmière de l’Éducation nationale, académie de Nantes. Delphine VIGUIER, médecin de santé
publique, chargée de mission à l’EPE.
Annexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
Outils pédagogiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
Vidéographie ........................................................................... 55
Centres de documentation, associations ou organismes ..................................... 55
Textes de référence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
Préface
E d’adulte.
n liaison étroite avec la famille, l’École a un rôle prépondérant
à jouer, dans la santé des élèves et dans la préparation à leur future vie
Jean-Paul de Gaudemar,
directeur de l’enseignement scolaire
R éflexions sur la sexualité humaine
« L’évolution des mentalités, des comportements, du ration. Sur un plan affectif et relationnel, la sexualité
contexte social, juridique et médiatique dans le est ce qui rapproche les individus et qui les unit, mais
domaine de la sexualité, ainsi que des connaissances qui, dans le même temps, est souvent un obstacle à la
scientifiques liées à la maîtrise de la reproduction compréhension de l’autre. La science tente aujour-
humaine a conduit les pouvoirs publics à développer d’hui de comprendre ce que la littérature nous dit
l’éducation à la sexualité en milieu scolaire comme depuis longtemps, à l’image de François Mauriac qui
une composante essentielle de la construction de la formule à sa façon cette altérité portée par la diffé-
personne et de l’éducation du citoyen1. » rence des sexes : « Rien que cela, le sexe, nous sépare
plus que deux planètes3.» Premier paradoxe, premier
témoin de sa complexité, la sexualité est la fois ce
qui nous sépare et ce qui nous unit. La sexualité est
La sexualité ainsi bien plus qu’un comportement, elle est un mode
entre nature et culture2 de pensée qui ne peut se réduire à une génitalité.
L’éducation sexuelle aura entre autres pour mission
La sexualité est une composante essentielle de l’épa- de comprendre les différences et les pulsions. Elles
nouissement personnel. Elle existe dès la naissance procèdent toutes deux à la fois de la nature et de la
et active des prototypes sensori-moteurs, elle accom- culture dans un déterminisme complexe d’inter-
pagne l’enfant au cours de sa maturation, elle est le actions constantes.
fondement de la personnalité, elle préside aux trans- L’érotisme est assurément la dimension humaine de
formations de l’adolescence, elle est le ferment de la sexualité. Il élève la pulsion au rang de valeur
l’union et le garant de la pérennité du couple. Ces morale en cultivant le don de soi pour permettre le
quatre lettres, S E X E, sont ainsi capables de désir et le plaisir du partenaire. L’érotisme apporte à
déchaîner toutes les passions ou de susciter toutes la sexualité sa dimension subjective et relationnelle.
les résistances. Il est fait d’attention, d’écoute et de tendresse, il orga-
Le sujet est délicat : on en parle trop pour les uns, nise l’échange amoureux.
pas assez pour d’autres. La question ne se pose cepen- Nature sonne comme une vérité populaire qui justifie
dant pas en ces termes, le sexe est une donnée de la souvent les contre-attitudes éducationnelles : « Ça ne
nature qui organise les individus et les sociétés et s’apprend pas, c’est naturel!» Notre récente connais-
dont les mots sont en permanence présents à notre sance « objective » de la sexualité nous montre deux
esprit au point que le sexuel constitue le premier réfé- évidences: sa grande complexité (elle n’est pas mono-
rent du langage. Cette réalité est intrigante, à la déterminée) et sa profonde dimension culturelle : la
mesure des paradoxes qu’elle contient, et tout sexualité est fondamentalement apprise, même dans
d’abord dans la définition de quatre termes indis- le monde animal, dont nous faisons partie. Un jeune
pensables : sexualité, érotisme, nature, culture. babouin, séparé de ses congénères à la naissance et
La sexualité est, par définition, un mode de repro- réintroduit à la puberté, est incapable de s’accoupler
duction qui sépare (secare) l’espèce en deux catégo- avec les siens selon les normes de son espèce. Il lui
ries, les mâles et les femelles. La sexualité n’est ni manque l’apprentissage relationnel et social, il lui
indispensable, ni obligatoire puisqu’une grande partie manque l’apprentissage du corps à corps qui s’ac-
des espèces vivantes (les êtres unicellulaires) n’a pas quiert chez nos enfants par leurs jeux dans la cour de
de sexualité et se reproduit par réplication du même. récréation.
La reproduction sexuée, ou sexualité, est ainsi à l’ori- Culture est un mot-clé de la sexualité humaine, qui en
gine de la diversité biologique que nous observons décrit toute la spécificité et la diversité selon les tradi-
par la création d’individus nouveaux à chaque géné- tions. Les rituels amoureux et les codes de la séduc-
1. Circulaire n° 2003-027 du 17 février 2003, relative à l’éducation à la sexualité dans les écoles, les collèges et les lycées. BO n° 9 du 27 février 2003.
2. Contribution de Philippe Brenot, psychiatre-anthropologue, directeur d’enseignement en sexologie à l’université Paris-V.
3. Mauriac François, Le Désert de l’amour (1926), Paris, Grasset, 1971.
« L’éducation à la sexualité à l’école est inséparable Des liens sociaux, pour garantir la lignée
des connaissances biologiques sur le développement La question de l’identité sexuée est complexe car elle
et le fonctionnement du corps humain, mais elle pose des questions existentielles très prégnantes dans
intègre tout autant, sinon plus, une réflexion sur les la mesure où les voies de la sexualité permettent aux
dimensions psychologiques, affectives, sociales, cultu- êtres et aux sociétés de se reproduire. Ces conditions
relles et éthiques. Elle doit ainsi permettre d’appro- corporelles et sexuelles, souvent réduites à la ques-
cher, dans leur complexité et leur diversité, les tion des enveloppes corporelles quand sont évoquées
situations vécues par les hommes et les femmes dans les infections sexuellement transmissibles (IST), souli-
les relations interpersonnelles, familiales, sociales7. » gnent la nécessité d’appréhender le champ de la sexua-
lité, des identités sexuées et des pratiques sexuelles,
comme fondateur. Fondateur des origines, puisque
Dans le champ social participant à la construction identitaire des êtres. Mais
fondateur aussi des relations d’altérité, dans un jeu
de rapprochements et de différenciation. La sexualité
La loi symbolique
suppose d’appréhender une fonction de différencia-
dans la construction de l’identité8
tion des sexes tout en repérant une fonction de simi-
La sexualité des enfants et des adolescents ne peut litude. C’est parce que toute société se fonde sur la
être abordée sans évoquer tout ce qui se transmet distinction des générations et des sexes qu’elle organise
sexuellement sur le plan de la construction identi- des formes d’alliance et de filiation qui vont rendre
taire, tant sur le plan symbolique que sur le plan certaines unions possibles et d’autres interdites.
familial. Cette mise au point est un préalable néces- Les sociétés mettent en place des liens sociaux et des
saire aux actions d’éducation à la sexualité. formes d’échange entre les êtres dans leurs rencontres
Bien que les sociétés contemporaines nous poussent intimes, pour garantir la prolongation et l’extension
à prendre en considération la question des images et des lignées. C’est ainsi que selon les civilisations et les
de l’imaginaire dans la construction des rapports au milieux sociaux, les rôles féminins et masculins sont
monde, il nous a semblé important de rappeler dans balisés ou libérés et que les corps sont plus ou moins
un premier temps le point de vue anthropologique cachés, exhibés, voilés ou dénudés.
de la sexualité humaine.
C’est parce que l’être au monde intègre, au fur et à Avoir intériorisé l’inceste,
mesure de son éducation, la dimension symbolique de la l’anthropophagie et le meurtre
loi qu’il devient à même de négocier sa rencontre à Plusieurs travaux ethnologiques 9 ont étudié les
autrui. Cette dimension est celle qui distingue l’imagi- systèmes familiaux, lieux de la reproduction sexuelle
naire sur l’autre de la réalité de cet autre. Autrement et des premières formes d’éducation. Ils ont montré
dit, les lieux et les liens d’éducation et de socialisation l’importance de la loi symbolique transmise de géné-
permettent aux filles et aux garçons issus d’unions ration en génération, fondée sur la nécessité d’inté-
sexuelles et de parents non choisis, de devenir des rioriser les interdits fondamentaux: ceux de l’inceste,
femmes et des hommes adultes, à même de se délier des de l’anthropophagie et du meurtre.
premiers objets d’amour sexués pour choisir et se lier La prohibition de l’inceste est «l’interdit» qui permet
symboliquement et réellement à d’autres. Telle est la de se situer dans l’ordre familial entre les généra-
tension identitaire de la condition sexuée: intégrer, c’est- tions. Pour que les enfants deviennent des êtres sexués,
à-dire incorporer en soi l’ordre symbolique du monde, à même d’investir d’autres objets d’amour que les
celui qui noue la différence des générations et la diffé- parents sexués de l’origine, il faut qu’ils puissent s’as-
rence des sexes, en tout cas la différence des places. surer qu’ils ne sont pas objets d’investissement libi-
7. Circulaire n° 2003-027 du 17 février 2003, relative à l’éducation à la sexualité dans les écoles, les collèges et les lycées. BO n° 9 du 27 février 2003.
8. Pelège Patrick, extrait du dossier « Éducation à la sexualité, de l’intime au social », La Santé de l’homme, 2001, n° 356, Vanves, CFES.
9. Lévi-Strauss Claude, Les Systèmes élémentaires de la parenté, Paris, Puf, 1968. Mead Margaret, L’Un et l’Autre sexe, Paris, Gallimard, 1988, coll.
« Folio essais ». Héritier Françoise, Masculin / Féminin, Paris, O. Jacob, 1996.
10. Héritier Françoise, Les Deux Filles et leur mère, Paris, O. Jacob, 1995 ; Couples, filiation et parenté aujourd’hui : le droit face aux mutations de la
famille et de la vie privée, Paris, O. Jacob, 1998.
11. Freud Sigmund, Totem et Tabou, Paris, Payot, 2001.
12. Contribution de Patrick Pelège, docteur en sociologie, directeur du CRAES-CRIPS (collège Rhône-Alpes éducation pour la santé – centre régional
de prévention du sida).
18. Contribution de Robert Dubanchet, psychologue clinicien, chargé d’enseignement en sexologie médicale à l’université Lyon-I.
20. Contribution de Serge Lesourd, psychanalyste, maître de conférences en psychologie à l’université Paris-V.
« L’École a un rôle spécifique dans la construction En ce qui concerne l’éducation sexuelle, la clef de
individuelle et sociale des enfants et des adolescents. voûte passe par le combat de la masturbation, légi-
Il s’agit de leur donner les moyens de s’approprier timé par l’ouvrage du docteur Tissot, L’Onanisme,
progressivement les données essentielles de leur déve- dissertation sur les maladies produites par la mastur-
loppement sexuel et affectif et leur permettre notam- bation (1769), qui fournira jusqu’au début du
ment de mieux analyser et appréhender les multiples XXe siècle des pseudo-arguments hygiénistes pour
messages médiatiques et sociaux qui les assaillent combattre les pulsions sexuelles et persécuter des
quotidiennement21. » générations d’adolescents, en particulier au sein des
institutions scolaires. La base peut être considérée
comme de l’information sexuelle précédant et justi-
De l’information sexuelle fiant dans ce cas une éducation sexuelle répressive.
Le début du XXe siècle est marqué par l’apparition de
à l’éducation à la sexualité22 deux courants médicaux. Le premier jette les bases
d’une psychologie sexuelle nouvelle et d’une dé-
Information sexuelle ou éducation sexuelle ? culpabilisation de la sexualité, à travers l’œuvre de
L’apparition de la notion d’information sexuelle est Sigmund Freud qui fondera la psychanalyse, et celle
nettement postérieure à celle d’éducation sexuelle d’Henri Havelock Ellis qui développera une éducation
qui a toujours préoccupé les sociétés, les normes sexuelle tenant déjà compte des multiples éclairages
sexuelles évoluant au fil du temps en fonction des de la sexualité. Le second apparaît plus clinique et
valeurs de la société et de ses réactions aux généra- hygiéniste, avec l’apparition de notions de santé
tions précédentes. publique portées par de nombreuses voix telles celles
des docteurs Henry Fischer (Éducation sexuelle et
hygiène de l’enfance, 1903), Sicard de Planzoles (La
Petit historique
Fonction sexuelle au point de vue de l’éthique
Dès l’origine, l’Occident chrétien a édicté des règles et de l’hygiène sociale, 1908) et Lucien Mathé
de morale sexuelle autour des prescriptions et des (L’Enseignement de l’hygiène sexuelle à l’école, 1912).
interdits bibliques (masturbation, souillure, adultère, Ce sont essentiellement des médecins qui désirent mieux
homosexualité). Les pères de l’Église renforceront faire connaître la physiologie et l’hygiène sexuelle, ce
ces interdits jusqu’au Moyen Âge où alterneront des qui se nommerait actuellement information sexuelle.
périodes de répression et de grande permissivité, avec Succédant à ces courants qui donnent une nouvelle
une forme d’éducation sexuelle à travers des écrits approche de la sexualité humaine, des tentatives
libres, poétiques, voire libertins. La laxité morale du d’éducation sexuelle structurée sont menées en milieu
siècle des lumières, conjuguée à l’urbanisation, susci- scolaire.
tera de violentes réactions au cours de la période Contrairement à certaines idées reçues, le ministère de
révolutionnaire et tout au long du XIXe siècle qui l’Éducation nationale ne s’est jamais désintéressé de
devint un siècle puritain : l’Angleterre victorienne l’information et de l’éducation sexuelles, et son actua-
cultivera la pruderie, l’Europe du Nord ses principes lité est, en fait, un long aboutissement d’initiatives
rigoristes, l’Amérique se mobilisera contre le démon dispersées et isolées, mais aussi de réflexions insti-
de la luxure et la France connaîtra une véritable tutionnelles, ponctuées, certes, d’écueils et de tâton-
répression sexuelle qui perdurera jusqu’au milieu du nements en raison d’un consensus difficile à établir
XXe siècle. sur ce thème sensible.
21. Circulaire n° 2003-027 du 17 février 2003, relative à l’éducation à la sexualité dans les écoles, les collèges et les lycées. BO n° 9 du 27 février 2003.
22. Contribution de Félicia Narboni, bureau de l’action sanitaire et sociale et de la prévention, direction de l’enseignement scolaire, et de Chantal
Picod, professeur de vie sociale et professionnelle, éducateur sexologue, académie de Lyon.
23. Commission d’enquête sur l’état des connaissances scientifiques et les actions menées à l’égard de la transmission du sida au cours des dix
dernières années en France et à l’étranger.
24. Contribution d’Annie Mamecier, inspectrice générale de l’Éducation nationale, doyenne du groupe des sciences de la vie et de la Terre, et de
Jean-Louis Michard, inspecteur général des sciences de la vie et de la Terre.
25. Circulaire n° 2003-027 du 17 février 2003, relative à l’éducation à la sexualité dans les écoles, les collèges et les lycées. BO n° 9 du 27 février 2003.
26. Arrêté du 10 janvier 1997. JO du 21 janvier 1997. BO hors série no 1 du 13 février 1997.
27. FIVETE : Fécondation in vitro et transfert embryonnaire. ICSI : IntraCytoplasmic Sperm Injection (injection de spermatozoïdes dans le
cytoplasme).
28. Circulaire n° 2003-027 du 17 février 2003, relative à l’éducation à la sexualité dans les écoles, les collèges et les lycées. BO n° 9 du 27 février 2003.
29. Contribution de Michèle Occelli, médecin conseiller technique, inspection académique des Hautes-Pyrénées.
30. Contribution de Chantal Picod, professeur de vie sociale et professionnelle, éducateur sexologue, académie de Lyon.
31. Circulaire n° 2003-027 du 17 février 2003, relative à l’éducation à la sexualité dans les écoles, les collèges et les lycées. BO n° 9 du 27 février 2003.
homosexuelles en 1982. Il n’existe pas de notion de - 2001 : loi n° 2001-588 du 4 juillet 2001 relative à
consentement au-dessous de l’âge de 15 ans. La loi l’interruption volontaire de grossesse et à la
française interdit toute forme de relations sexuelles, y contraception, qui autorise le recours à l’IVG avant la fin
compris des caresses à connotation sexuelle, entre un de la 12e semaine de grossesse au lieu de la 10e.
majeur et un mineur de moins de 15 ans, même si ce
dernier apparaît clairement consentant. Les lois concernant la vie en société
Le choix de l’âge de 15 ans est ainsi pris en compte tantôt – 1791 : premier texte sur l’attentat à la pudeur
comme élément constitutif de l’infraction, comme c’est le comprenant exhibitionnisme et voyeurisme.
cas pour les atteintes sexuelles commises sans violence, tantôt – 1971 : respect de la vie privée.
comme circonstance aggravante des infractions sexuelles – 1982 : dépénalisation de l’homosexualité.
commises avec violence, contrainte, menace ou surprise. – 1993 : nouvelle définition de l’exhibition sexuelle et
Au-delà de 15 ans, même en cas de consentement du de la corruption de mineurs
mineur, le mineur est considéré comme victime Les lois sur les violences sexuelles
d’atteintes sexuelles si le partenaire sexuel est un adulte – 1980 : nouvelle définition du viol.
ayant autorité sur le mineur. – 1989 : délais de prescription portés à dix ans après la
– 1971-1973: accès à la contraception avec les décrets majorité du mineur abusé.
d’application de la loi Neuwirth (anonymat et gratuité – 1994 : le harcèlement sexuel dans les relations de
pour les mineurs dans les centres de planification). travail devient un délit.
– 1979 : accès à l’IVG pour les mineures, sous réserve du – 1994 : nouvelles définitions des infractions à caractère
consentement d’un adulte exerçant l’autorité parentale. sexuel dans le code pénal
– Loi du 17 juin 1998 relative à la prévention et à la – 1998 : prévention et répression des infractions
répression des infractions sexuelles ainsi qu’à la sexuelles et protection des mineurs (loi 98-468 du 17 juin
protection des mineurs, qui énonce un certain nombre de 1998) : notamment extension de la prescription de certains
dispositions concernant la situation de mineurs victimes délits sexuels à 10 ans après la majorité de la victime ;
d’agressions sexuelles. – 2002 : nouvel article du Code pénal concernant les
– Loi du 4 juillet 2001 : pour les mineures, accès à la mineurs victimes de prostitution
contraception d’urgence gratuite. – 2004 : nouvelle extension de la prescription des
Autorisation pour les infirmières de l’Éducation nationale infractions sexuelles à 20 ans après la majorité de la
d’administrer aux élèves mineures et majeures la victime pour les infractions non prescrites au jour de
contraception d’urgence à titre exceptionnel, dans des l’entrée en vigueur de la loi
situations d’urgence ou de détresse caractérisée. – 2007 : le « happy slapping » (perpétrer des violences,
Pour une mineure non émancipée, accès à l’IVG possible en enregistrer des images et les diffuser) est puni par la
sans autorisation parentale, mais avec un loi du 5 mars 2007
accompagnement par un adulte majeur de son choix.
Obligation de dispenser une information et une éducation
à la sexualité dans les écoles, les collèges et les lycées. Les valeurs communes
– 2006 : l’âge légal du mariage pour les filles est 18 ans
(depuis 1804, il était de 15 ans pour les filles et 18 ans
dans l’espace scolaire34
pour les garçons) sauf dérogation demandée au procureur « Il est fondamental qu’en milieu scolaire l’éducation à la
de la République. sexualité repose sur une éthique dont la règle essentielle
porte sur la délimitation entre l’espace privé et l’espace
Les lois concernant la vie de la femme et la public, afin que soit garanti le respect des consciences, du
gestion du couple droit à l’intimité et de la vie privée de chacun35.»
– 1967 : légalisation de la contraception – loi Neuwirth. Les propos qui suivent résultent d’une réflexion menée
– 1970 : l’autorité parentale remplace la puissance paternelle. depuis longtemps sur la pratique de la laïcité et d’une
– 1975 : loi provisoire sur la contraception et l’IVG, expérience sur l’éducation à la sexualité à l’école, dans le
libres et gratuites. cadre de la formation des personnels de l’Éducation
– 1979 : loi définitive sur l’IVG et la contraception qui nationale. Il ne s’agit pas ici d’ouvrir le débat difficile et
dépénalise l’IVG, sans abroger la loi de 1920. très technique de la fondation de l’universalité des
– 1991 : autorisation de la publicité des contraceptifs valeurs. On se contentera d’admettre l’existence de ces
sous conditions d’impératifs de santé publique (le dernières et de tirer les conséquences de l’absence, de
préservatif, dans le cas du sida). fait, d’une fondation unique.
36. Contribution de Laurence Communal, enseignante de sciences de la vie et de la Terre, formatrice en éducation à la sexualité, et de Claude
Rozier, médecin de l’Éducation nationale, formatrice en éducation à la sexualité.
37. Circulaire n° 2003-027 du 17 février 2003, relative à l’éducation à la sexualité dans les écoles, les collèges et les lycées. BO n° 9 du 27 février 2003.
38. Contribution d’Olivier Bihel, conseiller principal d’éducation, formateur en éducation à la sexualité, académie de Lyon. Cette action a été
menée en collaboration avec Monique Grosgeorges, infirmière de l’Éducation nationale, Corinne Jego, assistante de service social de l’Éducation
nationale et Abdelhalim Laghoueg, professeur principal de la classe.
39. Michèle Nouviale, en collaboration avec Françoise Baglan, infirmière de l’Éducation nationale, Isabelle Lecerf, documentaliste et Maryse Poiraud,
professeur de mathématiques, dossier « Garçons et filles à l’école », revue Échanger, septembre 2001, n° 53, académie de Nantes. Le texte complet
de cette action peut être consulté dans ce numéro de la revue.
40. Contribution de Chantal Lapostolle-Dangréaux, psychologue, responsable des formations à l’Association départementale sanitaire et sociale de
l’Isère (ADESSI), Grenoble, et de Christine Ferron, directrice ajointe aux affaires scientifiques de l’Institut national pour l’éducation à la santé.
41. Contribution de Chantal Picod, professeur de vie sociale et professionnelle, éducateur sexologue, académie de Lyon.
42. Circulaire n° 2003-027 du 17 février 2003, relative à l’éducation à la sexualité dans les écoles, les collèges et les lycées. BO n° 9 du 27 février 2003.
43. Ibid.
44. Contribution de Chantal Picod, professeur de vie sociale et professionnelle, éducateur sexologue, académie de Lyon.
tendance à faire l’amalgame entre l’expérience homo- autre peut être du même sexe ou du sexe opposé. On
sexuelle, des réactions un peu féminines et l’homo- peut être très en phase avec son sexe biologique (très
sexualité. Il y a ainsi souvent confusion entre l’identité viril ou féminine) et avoir une orientation homosexuelle.
sexuelle, l’orientation sexuelle et les pratiques L’orientation sexuelle relève de l’intimité des
sexuelles. personnes, seul(e) l’intéressé(e) peut le ressentir, elle
ne doit donc pas être confondue avec l’identité qui
L’identité sexuelle relève de l’espace social.
Ce sont tous les éléments physiques, psychiques,
sociaux (stéréotypes, rôles) qui font que l’on est Les pratiques sexuelles
reconnu comme homme ou comme femme. Elles peuvent relever de l’orientation mais en être aussi
Les jeunes (douze-quinze ans) qui sont dans cette distinctes et ne dépendre que de la quête du plaisir, et
phase identitaire sont souvent attirés par leur dans ces cas-là, peu importe le sexe du ou des parte-
semblable, car il est beaucoup plus facile quand on se naires. Il convient d’être attentif à ce que la loi du
cherche, de se trouver en miroir par rapport à son groupe n’enferme pas des adolescents dans une iden-
ami(e), qui est plus simple à comprendre, qui a les tité homosexuelle, à la suite d’expériences ou de rites
mêmes goûts que soi, etc. Mais, il ne faut pas illicites de passage (par exemple le bizutage) ne relevant
confondre une relation amicale narcissique et ce qui que de pratiques sexuelles. Il faut les amener à réfléchir
est de l’ordre d’une orientation homosexuelle. Il ne sur l’implication de ces jugements du groupe, pour
faut pas non plus se fier aux apparences d’un garçon des choix qui ne peuvent être que personnels.
jugé trop efféminé et d’une fille trop masculine : cela Mais, il y a aussi ceux qui sentent que leur désir les
ne se voit donc pas. porte vers une personne du même sexe et la ques-
tion de leur orientation est alors posée de façon plus
L’orientation sexuelle angoissante. Il est nécessaire que ces jeunes qui se
C’est tout ce qui porte vers l’autre, le désir, l’attirance savent homosexuels puissent entendre qu’ils ne sont
érotique, les sentiments et la capacité de projet. Cet pas les seuls.
45. Voir les travaux et recherches en médiologie menés par Régis Debray et Paul Virilio.
Près de trois ans et demi séparent l’âge médian au au premier rapport dans les cohortes nées en 1972-
premier baiser de l’âge médian au premier rapport 1973 est de 17 ans pour les garçons et 18 ans et 1
sexuel. L’âge médian au premier rapport est de 17 mois pour les filles. Les calculs réalisés par Michel
ans et 3 mois pour les garçons, de 17 ans et 6 mois Bozon montrent que la précocité sexuelle ne s’est
pour les filles. pas accrue depuis une vingtaine d’années. Cependant,
Y a-t-il eu une évolution du calendrier d’entrée dans il semble qu’il y ait rapprochement entre les âges
la sexualité? D’après l’enquête ACSF47, l’âge médian médians des deux sexes.
46. Extraits de l’enquête ANRS : Lagrange Hugues, Lhomond Brigitte, Les comportements sexuels des jeunes de 15 à 18 ans, enquête, Paris, Agence
nationale de recherche sur le sida, 1995.
47. Analyse des comportements sexuels des Français (1990-1992). Enquête de l’Institut national des enquêtes et des sondages, INED, 1990.
Les sentiments qui poussent à l’acte sexuel, plus que reux de leur partenaire. Il y a un décalage entre le
les actes pratiqués, distinguent les filles et les garçons. motif invoqué pour la première relation sexuelle et le
Majoritairement, les filles font l’amour par amour. sentiment déclaré pour son partenaire : dire qu’on
Près de la moitié des garçons le font par attirance est amoureux légitime le premier rapport sexuel.
ou par désir physique (l’amour ne concerne que 38% Leur premier rapport sexuel n’est pas une chose dont
d’entre eux). Ces différences n’empêchent pas que ils parlent avec leurs parents ; seuls 16 % des garçons
87% des filles et 70% des garçons disent être amou- et 26 % des filles l’ont fait.
Préservatifs et contraception
Lors du premier rapport sexuel, plus des trois quarts de la proportion des jeunes qui ont utilisé des préser-
des jeunes déclarent avoir utilisé des préservatifs et un vatifs lors de leur premier rapport sexuel.
cinquième la pilule. Lors du dernier rapport sexuel, Chez les garçons, cette progression semble se réaliser
la proportion d’utilisateurs des préservatifs en deux bonds : le premier en 1990 (plus 15 points).
«descend» à 72% chez les garçons et à 51% chez les Chez les filles, le changement intervient en 1991 (plus
filles, alors que l’usage de la pilule augmente forte- 15 points) et en 1993 (plus 10 points).
ment. Soulignons que 10 % des jeunes, filles et L’utilisation massive des préservatifs par les garçons
garçons confondus, n’utilisent aucune précaution les plus jeunes lors de l’entrée dans la sexualité
lors du premier rapport sexuel. Ce pourcentage est constitue un fait nouveau. Mais entre quinze et dix-
moins élevé lors du dernier rapport. huit ans, l’utilisation croissante de la contraception
Le phénomène le plus remarquable du point de vue orale entraîne une baisse de l’utilisation des
des précautions, est la forte progression dans le temps préservatifs.
Enseignement général 2 2
Enseignement technique 1 4
Enseignement professionnel 5 3
Centres de formation d’apprentis (CFA) 9 4
Organismes de formation (OF) 15 7
CIPPA48 4
Base 65 67
3,3 % des filles qui ont eu des relations sexuelles ont Une proportion similaire de garçons (3 %) déclare
été enceintes une fois dans leur vie. 72% d’entre elles qu’une de leurs partenaires a été enceinte d’eux.
ont fait une IVG ; 16 % ont fait une fausse couche ; Dans ce cas, elles sont 78 % à avoir eu recours à
12 % ont eu un enfant. On trouve le pourcentage le l’IVG, 11 % à avoir fait une fausse couche et 11 %
plus important de grossesses chez les jeunes filles des à avoir eu un enfant. Comme pour les filles, les
CIPPA et des organismes de formation (OF). C’est garçons concernés sont plus fréquemment dans l’en-
aussi chez ces jeunes femmes que le recours à l’IVG seignement professionnel et l’IVG y est moins
est le moins fréquent. fréquente.
49. Contribution de Brigitte Cadéac d’Arbaud, responsable des services téléphoniques à l’École des parents et des éducateurs, et de Delphine Viguier,
médecin de santé publique, chargée de mission à l’École des parents et des éducateurs.
50. Extrait d’une enquête sur l’éducation à la sexualité auprès des lycéens, rectorat de Paris / Cramif, novembre 2002.
Annexes 55
– Éducation nationale en ligne : Numéros verts
http://eduscol.education.fr/ Fil Santé Jeunes : 0 800 235 236
– Institut national d’éducation pour la santé (INPES) Allô Enfance maltraitée : 119
42, boulevard de la Libération – 93203 Saint-Denis Sida Info Service : 0 800 840 800
Tél. : 01 49 33 22 22 Ligne Azur : 0 801 20 30 40 (questions sur l’orien-
– Comités régionaux et départementaux d’éducation tation sexuelle)
pour la santé (CRES, CODES) : www.inpes.sante.fr Autre numéro
– Mutuelle de l’Éducation nationale (MGEN) Inter-Service-Parents : 01 44 93 44 93
Service audiovisuel
3, square Max-Hymans – 75748 Paris
Tél. : 01 40 47 20 20 Textes de référence
– Association pour l’éducation sanitaire et le don
– Loi n° 2001-588 du 4 juillet 2001, relative à l’in-
solidaire à l’Éducation nationale (ADOSEN)
terruption volontaire de grossesse et à la contraception.
Tour Maine-Montparnasse
– Décret n° 92-1200 du 6 novembre 1992, relatif
33, avenue du Maine – 75015 Paris
aux relations du ministère de l’Éducation nationale
Tél. : 01 45 38 71 93
avec les associations qui prolongent l’action de l’en-
– Association de lutte contre le sida (AIDES) seignement public. JO du 13 novembre 1992.
247, rue de Belleville – 75019 Paris – Circulaire n° 97-175 du 26 août 1997, relative aux
Tél. : 01 44 52 00 00 instructions concernant les violences sexuelles. BO
– Mouvement français du planning familial (MFPF) hors série n° 5 du 4 septembre 1997.
4, square Saint-Irénée – 75011 Paris – Circulaire n° 98-108 du 1er juillet 1998, relative à
Tél. : 01 48 07 29 10 la prévention des conduites à risque et au comité
– Centre régional d’information et de prévention du d’éducation à la santé et à la citoyenneté. BO n° 28
sida (CRIPS) du 9 juillet 1998.
Tour Maine-Montparnasse – Circulaire n° 98-237 du 24 novembre 1998, rela-
33, avenue du Maine tive aux orientations pour l’éducation à la santé à
BP 53 – 75755 Paris Cedex 15 l’école et au collège. BO n° 45 du 3 décembre 1998.
Tél. : 01 56 80 33 33 – Circulaire n° 2003-027 du 17 février 2003, rela-
– Fédération nationale des familles rurales tive à l’éducation à la sexualité dans les écoles, les
7, cité d’Antin – 75009 Paris collèges et les lycées. BO n° 9 du 27 février 2003.
Tél. : 01 44 91 88 88 – Circulaire n° 2003-210 du 1er décembre 2003, rela-
– Centres de planification familiale tive à la santé des élèves : programme quinquennal
Se renseigner auprès des DDASS pour obtenir les de prévention et d’éducation. BO n° 46 du
adresses locales. 11 décembre 2003.