Etude Energie Durable FIK
Etude Energie Durable FIK
Etude Energie Durable FIK
Introduction
Depuis l'ère industrielle, la consommation de l’énergie sous ses différentes formes n'a cessé de
croitre. Les énergies fossiles représentent 84,3% du mix énergétique mondial en 2019. Elles sont
majoritaires dans le mix de toutes les grandes régions du monde : la part du pétrole, du gaz naturel
et du charbon est de 67,4% du mix énergétique en Amérique Centrale, 73,6% en Europe, 81,7% en
Amérique du Nord et 98,8% au Moyen-Orient.
Le charbon est toujours, de très loin, la principale source d’électricité dans le monde malgré un recul
de 2,8% de la production des centrales à charbon en 2018. Ce combustible, qualifié de source la plus
polluante, a contribué pour 36,4% à la production mondiale d’électricité en 2019.
La production mondiale du pétrole brut, condensat et liquide de gaz s'est élevée à 95.2 millions de
barils/j (Mbl / j) pour une consommation journalière de 101Mbl/j. Les réserves sont à fin 2019, de
1733.9 milliards de barils. Pour le gaz naturel, la production mondiale a atteint, 3989.3 milliards de
m3 en 2019 pour une consommation de 3929.2 milliards de m3. A fin 2018, les réserves mondiales
en gaz naturel sont de 198 008 milliards de m3. D'après l'Agence Internationale de l'Energie (AIE) et
selon le rythme actuel de production, les réserves pour les deux produits peuvent assurer la
production pour environ 50 ans.
L’utilisation de ces énergies non renouvelables a eu des conséquences néfastes sur le climat,
l’environnement et continue à en avoir. Les émissions de gaz à effet de serre principales causes
du réchauffement climatique ont augmenté de 0.5 % en 2019 contre 1,1% par an en moyenne au
cours de la dernière décennie entrainant notamment le déséquilibre des écosystèmes et la
destruction de la qualité des terres .
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En décembre 2015, lors de la 21e Conférence sur le climat tenue à Paris (COP 21), les parties à la
Conférence-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques ( CNUCC) sont parvenues à un
accord historique pour lutter contre le changement climatique et pour accélérer et intensifier les
actions et les investissements nécessaires à un avenir durable à faible intensité de carbone.
L'Accord de Paris s'est fixé pour objectif de « contenir l'élévation de la température de la planète
nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et de poursuivre les efforts
pour limiter la hausse des températures à 1,5 ° », ce qui permettrait de réduire largement les
risques liés aux changements climatiques et à leurs retombées.
L'Accord de Paris exige de toutes les Parties qu'elles fassent tout leur possible pour présenter des
"Contributions Déterminées au niveau National" (CDN) et qu'elles renforcent ces efforts dans les
années à venir. Cela comprend l'obligation pour toutes les Parties de rendre compte régulièrement
de leurs émissions et de leurs efforts de mise en œuvre.
Une transformation énergétique globale optant pour les sources d'énergies renouvelables,
associées à une amélioration constante de l'efficacité énergétique, constitue la solution la plus
pratique et la plus rapidement disponible dans les délais fixés par le Groupe d’Experts
Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC). Elle garantit qu'à la fin du siècle, les
températures planétaires n'augmenteront pas de plus de 1,5 °C par rapport aux niveaux
préindustriels.
L'Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) a exploré la voie à suivre pour une
transformation énergétique propre et à l'épreuve du climat. L'analyse de l'IRENA montre qu'en plus
de la garantie des faibles émissions de carbone, cette voie comporterait toute une série d'avantages
socio-économiques et, pour y parvenir, il faut accélérer le rythme et l'importance des
investissements consentis dans les énergies renouvelables (ENR).
Le nouveau système énergétique comprend les technologies liées aux ENR l'amélioration
constante de l'efficacité énergétique et l'électrification accrue des secteurs d'utilisation finale.
Selon la même source, les ENR et l'électrification des secteurs d'utilisation finale permettraient la
réduction de 75% de CO2 dégagé et l'efficacité énergétique réduirait ces dégagements de 25%.
Pour atteindre l’objectif de limitation à 2 °C, une réduction des émissions cumulées d'au moins 470
gigatonnes (Gt) doit encore être effectuée par rapport aux politiques actuelles et ce, pendant la
période 2015- 2050. La quantité totale de CO2 à éviter serait de 760Gt, soit 9.7 Gt/ an.
« L'énergie renouvelable est une source rentable de nouvelle énergie qui protège les marchés de
l'électricité et les consommateurs de la volatilité des prix, renforce la stabilité économique et
stimule la croissance durable », a souligné Francesco La Camera, directeur général de l'IRENA.
Le rapport de l'IRENA « La transition énergétique mondiale : une feuille de route pour 2050 », invite
les pays à mettre en place une action politique pour rediriger le système énergétique mondial sur
une voie plus pérenne. Le rapport identifie six domaines dans lesquels des politiques publiques et
des décisions doivent être prises et mises en œuvre :
Exploitation des fortes synergies existantes entre l'efficacité énergétique et les énergies
renouvelables.
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Conception d'un réseau électrique dans lequel les énergies renouvelables représentent une
part importante.
Augmentation du recours à l'électricité dans les transports, le bâtiment et l'industrie. l'ENR est
une partie de la solution pour ces secteurs.
Soutien à l'innovation dans tout le système de transition énergétique.
Harmonisation des structures et investissements socioéconomiques avec la transition.
Redistribution équitable des coûts et avantages liés à la transition.
Selon l'IRENA, les coûts des ENR sont abordables, ils permettent un remplacement plus rapide et
plus rentable des systèmes conventionnels basés sur les hydrocarbures et le charbon.
L’investissement global dans l’électricité renouvelable et les bioénergies a atteint près de 255
milliards d’euros en 2018 selon les données Bloomberg New Energy Finance.
Pour réaliser la transformation énergétique, l'IRENA évalue les investissements annuels à 3,2 billions
de dollars, soit environ 2 % du produit intérieur brut (PIB) mondial. Pour rester en deçà de la limite
de 1,5 °C recommandée par le GIEC, près de 18,6 billions de dollars des investissements
énergétiques cumulés consentis à l'échelle mondiale en faveur des combustibles fossiles doivent être
transférés d'ici 2050 vers les technologies à faible teneur en carbone. Les investissements annuels
moyens dans les combustibles fossiles au cours de la période chuteraient alors, pour s'établir à 547
milliards de dollars, soit la moitié environ de ce que le secteur des combustibles fossiles a investi en
2017.
Selon la même source :
Les investissements destinés à renforcer la capacité de production d'énergies renouvelables
doivent être deux fois plus élevés que ce qui est actuellement prévu et atteindre 22,5 billions de
dollars d'ici 2050.
Il faut investir 1,1 billion de dollars par an dans l'efficacité énergétique, soit plus du quadruple
du niveau actuel.
Avec la montée en puissance des énergies solaire et éolienne, les exploitants de réseaux ont
besoin de nouveaux équipements pour assurer un fonctionnement souple de l'ensemble du
système électrique soit plus de 3.3 billions de dollars jusqu'à 2050.
Les investissements annuels les plus élevés dans la transformation de l'énergie jusqu'en 2050
seraient effectués en Asie de l'Est, avec 763 milliards de dollars, suivie de l'Amérique du Nord avec
487 milliards de dollars. L'Afrique subsaharienne et l'Océanie présenteraient les investissements les
plus faibles, avec respectivement, 105 milliards de dollars et 34 milliards de dollars par an.
D'après les statistiques de l'IRENA, la domination des énergies renouvelables dans l'expansion de la
capacité se poursuit, confirmant la tendance amorcée en 2012. Les ENR pour la production
d’électricité connaissent, depuis une dizaine d’années, une croissance sans précédent dans le monde.
La capacité installée mondiale en ENR est passée de 1 226 GW en 2010 à 2 536 GW en 2019, soit
une progression de 7,6%, soutenue par les nouveaux apports d'énergie solaire et éolienne qui ont
représenté 84 % de la croissance. En 2019, les énergies solaire et éolienne ont contribué à hauteur
de 90 % à la capacité renouvelable totale. Cette croissance est dominée par l'Asie, qui a réalisé 54 %
du total des nouvelles installations. Elle dépasse de 2,6 fois celle des combustibles fossiles.
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Les investissements dans les énergies renouvelables ont dépassé les investissements dans les
moyens conventionnels de production d’électricité. Cette avancée est due essentiellement au
développement technologique et à une réduction des couts de l’ordre de 80% pour le
photovoltaïque.
Par région, la capacité de renouvelable installée en 2019 et connectée au réseau se présente comme
suit:
l'Afrique: 48 GW dont 6 en Egypte et 5.5 en Ethiopie(*)
l'Asie : 1119 GW dont 756 GW en Chine (*)
l'Europe: 573 GW dont 125 GW en Allemagne(*)
l'Amérique du Nord: 391 GW dont 264 GW aux USA(*)
l'Amérique du Sud: 221 GW dont 142 GW au Brésil(*)
et le Moyen Orient: 22 GW dont 13 GW en Iran(*)
………………….
(*) Pays en tête de liste
Par type de source, la répartition pour 2019 est comme suit, l' l'Asie occupant la première place
pour chaque type de source:
hydroélectricité: 1.310 GW
énergie éolienne : 623 GW
énergie solaire : 586 GW dont 6 GW seulement pour l'énergie solaire CSP.
bioénergie : 124 GW
La capacité d'ENR non connectée au réseau a évolué de 4.125 MW en 2010 à 8.594 MW en 2019.
L'Asie accapare la part du lion en 2019 avec 6.145 MW dont 2.054 MW en Inde . L'Afrique a installé
1.354 MW en 2019 contre 294 MW en 2010.
Le solaire PV domine avec 3.433 MW, dont 1.980 MW en Asie et 998 MW en Afrique, suivi par
l'hydroélectricité: 823 MW dont 353 MW en Asie et 217 en Afrique.
La crise sanitaire liée à la Covid-19 a eu des effets considérables sur la demande pétrolière, en retrait
par rapport à 2019 de 6 % au 1er trimestre 2020 et de 17 % au 2ème trimestre. Le recul devrait être
moins marqué pour les deux derniers trimestres 2020 (- 6% et - 3 % respectivement d’après l’AIE) le
plus bas niveau depuis 1995.
Après 10 ans de croissance ininterrompue, la consommation de gaz naturel pourrait quant à elle
diminuer de 5% en 2020 par rapport à 2019.
Les émissions de CO2 liées à l’énergie ont pour leur part été réduites de 5% durant le premier
trimestre. Le cours du pétrole est autour de 40 $/bl (38/46 $/bl) à partir de début juin, niveau
relativement faible par rapport au prix moyen de 2019 (64 $/bl), mais bien au-dessus des évolutions
constatées lors des confinements massifs mis en place au niveau mondial de mars à mai (10 à 30
$/bl). En moyenne annuelle, la demande pétrolière se situerait à 92 Mbl/j en 2020, en recul de 8
Mbl/j par rapport à 2019 et de 10 Mbl/j par rapport à ce qui était anticipé en janvier 2020.
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Pour 2021, en supposant une reprise économique progressive, la demande sera plus soutenue
(97,1 Mb/j), mais restera toujours inférieure à celle de 2019 (- 3 Mb/j) ou à ce qui a été anticipé
avant la crise du Covid-19 (- 4 Mb/j).
En prenant pour hypothèse « une levée progressive des mesures de confinement dans la plupart des
pays, l'AIE estime que sur l’ensemble de l’année 2020 :
La situation sanitaire et économique a, selon l’AIE, particulièrement impacté les énergies fossiles et
s'est accompagnée d'« un virage vers des sources d’électricité bas carbone comme l’éolien, le
solaire photovoltaïque, l’hydroélectricité et le nucléaire ».
Au 1er trimestre 2020, la consommation mondiale d'énergie renouvelable a augmenté de 1,5% par
rapport au 1er trimestre 2019 (portée par la production électrique d'origine renouvelable). Sur
l'ensemble de l'année 2020, elle pourrait être en hausse de 1% selon les estimations de l'AIE.
Le Directeur exécutif de l’AIE a affirmé qu'au-delà de ces prévisions portant sur l’année 2020, " il est
encore trop tôt pour déterminer les impacts de long terme mais le secteur énergétique qui sortira
de cette crise sera sensiblement différent de celui ayant précédé l'épidémie".
Selon DNV GL, la crise sanitaire et économique a « provoqué des changements majeurs, notamment
une réduction du transport longue distance et une augmentation du télétravail », dont les effets
continueront à se faire sentir d’ici la moitié du 21e siècle.
Toujours, selon DNV GL, la part de l’électricité dans la consommation mondiale d’énergie
finale pourrait plus que doubler d’ici le milieu du 21e siècle, passant de 19% en 2018 à 41% en
2050. Cette hausse serait en particulier liée à l’électrification des transports.
La structure du mix mondial de production d’électricité serait également bouleversée : grâce aux
chutes de coûts et aux progrès en matière de stockage, DNV GL considère que les énergies
renouvelables pourraient avoir une part de 78% du mix électrique mondial en 2050 (contre 26% en
2018), les filières à production intermittente , éolien et solaire photo- voltaïque en tête atteignant
alors à elles seules une part de 62% dans ce mix, contre 17% pour les énergies fossiles et 5% pour le
nucléaire.
Dans ce scénario, DNV GL envisage « un énorme déploiement » des capacités de stockage (de 650
Gwh aujourd’hui à plus de 30 TWH en 2050), principalement sous forme de batteries.
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Les exportations des produits énergétiques ont enregistré une baisse en valeur de 12%
accompagnée par une hausse des importations en valeur de 10%. Le déficit de la balance
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commerciale énergétique est passé de 6271 MD en 2018 à 7461 MD en 2019, soit une dégradation
de 19%.
Le secteur énergétique tunisien fait face à plusieurs défis d'ordre stratégique, économique, social
et environnemental. L’approvisionnement énergétique, notamment pour le secteur électrique qui
dépend essentiellement du gaz naturel à hauteur de 97% et du seul fournisseur étranger algérien
devient un réel problème. Comme développé ci-dessus, le déficit de la balance énergétique a
commencé à s'aggraver depuis 2010.
Pour faire face à cette situation, et en vue d'honorer ses engagements vis à vis de l'Accord de Paris
sur le climat qui vise à limiter la hausse moyenne de la température mondiale à un niveau situé bien
en dessous de 2°C pour ce siècle par rapport au niveau de l'époque préindustrielle, la Tunisie , à
l'instar de plusieurs pays, a opté pour une stratégie de transition énergétique fondée sur l'équilibre
de trois dimensions fondamentales :
La sécurisation de l’approvisionnement et la diversification du mix énergétique (énergies
conventionnelles et énergies renouvelables), le développement de l'efficacité énergétique, le
développement des Interconnexions régionales gazières et électriques ainsi que le
développement des infrastructures de production, de transport, de stockage et de distribution.
L’équité énergétique et la gouvernance avec l'assurance d’un approvisionnement équitable de
toutes les régions et dans les meilleures conditions, la création d'une instance de régulation
ainsi que la garantie d'une meilleure gouvernance et d’une meilleure transparence.
Le développement durable pour assurer une meilleure compétitivité économique et une
meilleure maitrise des coûts avec le ciblage des subventions et le renforcement des capacités
ainsi que le développement du partenariat public-privé
3. La transition énergétique en Tunisie à l’horizon 2030
Dans le cadre de sa politique de transition énergétique, la Tunisie a élaboré son plan solaire (PST) en
2010 qui a été actualisé en 2015 avec l'introduction de plusieurs améliorations touchant le
renforcement des cadres réglementaire, institutionnel et tarifaire ainsi que le développement de
l'infrastructure énergétique. Un ensemble de mesures et décisions ont été prises à très haut
niveau pour offrir les conditions favorisant l'atteinte des objectifs fixés par le PST et accélérer le
processus de réalisation des projets avec une transparence totale dans l'exécution. Les objectifs du
PST sont:
la réduction de la consommation de l'énergie primaire de 30% à l'horizon 2030,
la diversification de son bouquet énergétique avec le développement des ENR dont la part
doit atteindre 12% du mix énergétique en 2020 et 30% en 2030.
la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre dans tous les secteurs de manière à
baisser son intensité carbone de 41% en 2030 par rapport à l’année de base 2010. La
réduction spécifiquement visée en 2030 pour le secteur de l’énergie est de 46 %.
Aujourd’hui, plusieurs sources d’énergies renouvelables sont utilisées à travers le monde :
biomasse, géothermie, hydro-électricité, éolien et solaire. La production d’énergies d’origine
renouvelable dépend fortement des conditions naturelles locales. La Tunisie a opté essentiellement
pour l'énergie solaire et l'énergie éolienne dont elle dispose d’un potentiel très important sur
tout le territoire. En effet, le rayonnement solaire horizontal global (GHI) moyen est de l’ordre de
1850 kWh/m², ce qui se traduit en une production annuelle moyenne des systèmes solaires PV de
l’ordre de 1650 kWh/ Kwc. Par ailleurs, les conditions de vent sont favorables au développement de
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l'énergie éolienne (vitesse supérieure à 7m/sec à 60 mètres de hauteur) dans plusieurs régions :
Nabeul, Bizerte, la zone centrale de Kasserine, Tataouine, Médenine, Gabès. Le potentiel éolien est
estimé à 8000 MW.
Le Plan Solaire Tunisien a prévu d'installer à l' horizon 2030 , une capacité additionnelle de 3815
MW en énergies renouvelables répartie comme suit:
1755 MW pour l’éolien,
1510 MW pour l’énergie solaire Photovoltaïque
450MW pour le solaire CSP,
100 MW pour la biomasse.
Le plan quinquennal de développement économique 2016-2020 a fixé comme objectif à atteindre
en 2020, la mise en place d’une capacité additionnelle cumulée des ENR de 830 MW à travers
l’énergie éolienne (410 MW), le solaire PV (375 MW) et la valorisation des déchets (45 MW).
Ces objectifs ont été révisés à la hausse par l’avis n°01/2016 publié au mois de janvier 2017 par le
Ministère chargé de l’énergie. Cet avis a fixé la capacité électrique d’origine renouvelable à installer
durant la période 2017-2020 à 1 000 MW, dont 650 MW à travers le solaire PV et 350 MW par
l’énergie éolienne.
Suite à la conférence sur l’accélération de la mise en œuvre des projets d' énergies renouvelables
en Tunisie, qui a eu lieu les 7 et 8 décembre 2017, il a été décidé d’actualiser les objectifs fixés par
l’avis n° 01/2016 en amenant la puissance à installer à 1860 MW : 1070 MW par le solaire PV et 790
MW par l’énergie éolienne à l'horizon 2023.
Le PST estime les créations d'emplois directs cumulés à plus de 8 500 dans les énergies
renouvelables jusqu’à l’horizon 2030, et au double si l’on tient compte des emplois indirects et
induits.
Le PST a été actualisé en introduisant plusieurs temporalités 2020,2030,2050 et ce comme suit :
2020: Lancement des projets d'énergies renouvelables de 1ère génération (concession, autorisation,
autoproduction et STEG) et régulation du secteur de l’énergie.
2030: Développement des énergies propres de 2ème génération (solaire thermique à concentration
(CSP), Pompage-Turbinage “STEP”), et développement des nouvelles technologies électriques
(Mobilité).
2050: Ruptures sociale et technologique et convergence vers un modèle d’économie verte.
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Pour le régime de la concession, la loi n°2015-12 a renvoyé le cadre juridique de la réalisation des
projets au régime de la production indépendante instauré par la loi n°1996-27 du 1er avril 1996 et
son décret d’application n°1996-1125 qui soumet les conventions conclues (PPA, convention de
concession, etc.) à l’ARP pour approbation.
Le cadre régissant l’autoproduction en MT/HT prévu par la loi 2015- 12 s'est avéré insuffisant et
n'incitait pas les acteurs dans les domaines de l'industrie, l'agriculture et les services à adhérer au
régime de l'auto production électrique. C'est ainsi qu'il a été modifié par la loi n° 2019-47 en date
du 29 mai 2019, relative à l’amélioration du climat de l’investissement. Cette nouvelle loi a prévu
des dispositions pour le développement des ENR, elle a autorisé:
La création, par les collectivités locales et les entreprises publiques ou privées, actives dans les
domaines de l’agriculture, l’industrie et les services, d’une société anonyme ou à responsabilité
limitée dont l’activité se limite à la production de l’électricité à partir des ENR pour leurs propres
besoins et la vente de l’excédent de production à la STEG.
La possibilité d’implantation des projets sur des terrains appartenant au domaine de l’Etat ou aux
collectivités locales, en cas de besoin et sous réserve de l’intérêt de leur réalisation par rapport à
la stratégie nationale de développement des ENR.
L’absence de besoin de changement de la vocation agricole des terrains pour implanter un projet.
Le décret n° 2016-1123 du 24 août 2016 a fixé les conditions et les modalités de réalisation des
projets de production d’électricité à partir des ENR , à des fins d’autoconsommation ou pour
satisfaire les besoins de la consommation locale , les conditions de vente des excédents de
production et de raccordement au réseau en haute et basse tension et des conditions de transport
de l’électricité
Le décret (d'application de la loi 2019-47) n°2020- 105 du 25 février 2020 a modifié et complété le
décret n° 2016-1123. Il a précisé les dispositions apportées par la loi n° 47-2019 et relatives au
développement des ENR. Il stipule que la capacité à installer par les sociétés de projet (SPV) ne doit
pas dépasser 1 MW et que l'excédent de l'électricité produite est vendu exclusivement à la STEG
dans la limite de 30%.
Les principaux acteurs du cadre institutionnel sont : le ministère chargé de l'énergie, l'ANME, la
STEG, la chambre syndicale des intégrateurs du photovoltaïque (UTICA) et plus de 150 entreprises
qui opèrent dans le secteur dont 86% sont des installateurs de PV, 36% des fournisseurs ,
distributeurs de composants et 13% des bureaux d'études.
Afin d'accélérer la réalisation des projets de production des énergies renouvelables, l'Etat tunisien a
procédé au renforcement du cadre institutionnel par la création de:
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Le plan pour la production d’électricité produite à partir des ENR est prévu par la loi N° 2015-12, il est
élaboré par le ministère chargé de l'énergie après consultation du Conseil National de l'Energie et
approuvé par un décret gouvernemental, il fixe le programme selon les besoins de consommation
nationaux tout en tenant compte de la capacité d'absorption du réseau.
Dans le but de concrétiser les objectifs du Plan Solaire Tunisien, l’avis n° 01/2016 publié par le
ministère chargé de l’énergie a fixé la capacité solaire PV à installer pour la production d’électricité
durant la période 2017-2020 à 650 Mwc. Suite à la conférence nationale sur l’accélération de la mise
en œuvre des projets ER en Tunisie, qui a eu lieu les 7 et 8 décembre 2017, il a été décidé d'amener
la puissance PV à mettre en place à 1070 MW dont 300 pour la STEG, 500 en concession, 140 par
autorisation et 130 sous le régime de l'autoproduction.
La publication en 2017, de tous les textes d’application de la loi n° 2015-12 a permis le démarrage
d'approbation des projets d'autoproduction raccordés à la MT. A fin juin 2020, 158 projets solaires
PV d’autoproduction en MT ont été approuvés par la CTER.
La puissance globale des projets PV approuvés est de 27 MW. 64% de ces projets ont une capacité
inférieure à 100 KW. Le secteur agricole occupe la première place avec 53% des projets, suivi de
l'industrie avec 25% et du tertiaire avec 22 % . Environ 70% des projets PV-MT approuvés ont un coût
moyen inférieur à 3500 DT/KW. La mise en place de l’ensemble des projets approuvés permettrait la
production annuelle d’environ 43 GWh d’énergie électrique, soit une économie annuelle d’énergie
primaire de l’ordre de 9485 tep.
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crédits bancaires dont le recouvrement est effectué à travers les factures de la consommation
électrique sur 7 ans.
Les deux premiers rounds d’appels à projets solaire PV ont été lancés en 2017 et 2018 et ont visé la
mise en place de centrales d’une capacité de 140 MW.
12 projets ont été retenus sur 59 proposés de 10Mwc chacun. Le prix du KWh varie entre 112 et 177
millimes. 14 autres projets ont été retenus sur 43 proposés pour des capacités de 1Mw chacun, le
prix du KWh varie entre 178 et 234 millimes le KWh..
La capacité totale approuvée est de 134 MW dont 51 MW seront installés à Sidi Bouzid, 24 à Gabès,
12 à Tataouine, 11 à Sfax, 11 à Béja, 10 à Kasserine et le reste est réparti entre Kébili, Gafsa, et
Sousse.
Un troisième round visant la mise en place d’une capacité de 70 MW a été lancé en juillet 2019 et
dont la date limite pour le dépôt des demandes a été fixée au 26 novembre 2019, puis reportée au 9
janvier 2020. Six accords de principe ont été accordés pour une capacité de 60 MW (6x10 MW) et dix
accords pour une capacité de 10 MW (10x1MW).
Un quatrième appel à projet a été lancé en 2020 pour l'installation d'une capacité de 70 MW, ( 6x 10
MW) et (10x 1 MW).
A fin juin 2020, les autorisations accordées sont arrêtées à 42 pour 24 projets de 1Mw et 18 projets
de 10 MW chacun, soit une puissance cumulée de 204 MW.
Douze sociétés de production électrique à partir des ENR ont été créées selon la loi 2019-47 du 29
mai 2019.
Un seul projet de 1Mwc est mis en service.
Un appel d’offres de pré-qualification a été lancé en mai 2018 pour la réalisation de 5 centrales
solaires PV d’une capacité globale de 500 MW. L’implantation de ces centrales sera faite sur des
terrains appartenant au domaine de l’Etat à Sidi Bouzid (50 MW), Tozeur (50 MW), Kairouan (100
MW), Gafsa (100 MW) et Tataouine (200 MW). Seize promoteurs ont été pré-qualifiés en novembre
2018 pour participer à l’appel d’offres restreint qui a connu le dépôt de 6 soumissions. Cinq offres
ont été retenues avec des tarifs intéressants. Les prix proposés pour la vente de l’électricité à la
STEG dans ces soumissions varient de 25.12 à 49.21 US$/ Mwh. L'ARP a approuvé les contrats y
afférents en juillet 2020.
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La STEG attend l'accord du gouvernement pour le lancement de l' appel d’offres relatif à la
construction de six centrales solaires photovoltaïques (300 MW) prévues dans les gouvernorats de
Sidi Bouzid (100 MW), Tataouine (50MW), Médenine (50 MW), Kasserine (50 MW), Sfax (30 MW) et
Kébili (20 MW).
L’exploitation du solaire PV décentralisé a démarré en Tunisie dans les années 80 au niveau des
zones rurales afin de subvenir aux besoins électriques de la population n’ayant pas accès au réseau
électrique national. Les installations photovoltaïques étaient destinées aux populations à faibles
revenus afin d’améliorer leurs conditions de vie. Ces installations ont été subventionnées à plus de
90% par le budget de l’Etat dans le cadre des programmes annuels menés conjointement par
l’Agence Nationale pour la maitrise de l’Energie (ANME) et les conseils régionaux des gouvernorats
concernés.
Le développement du réseau électrique national et la rapidité de son extension dans le milieu rural
ont limité considérablement le potentiel de l’électrification décentralisée par le solaire PV.
Depuis 2010, le nombre d'installations ayant bénéficié de la subvention "FNME" se monte à 176 pour
une puissance globale de 315 Kwc.
Le pompage de l’eau est considéré parmi les importantes applications de l’énergie solaire PV non
raccordée au réseau. Le Ministère de l’Agriculture a adopté cette technologie pour couvrir les
besoins en eau potable des populations des zones lointaines, notamment dans le Sud tunisien. Le
nombre d’installations de pompage solaire d’eau potable est estimé à environ une centaine de
stations.
Avec l’augmentation des prix de vente du gasoil, la baisse des coûts des systèmes solaires PV et la
mise en place des primes spécifiques par le FNME/ FTE, le recours au solaire PV pour le pompage de
l’eau destinée à l’irrigation est devenu économiquement rentable.
Pour la période 2010-2018, le nombre des systèmes de pompage solaire d’eau d’irrigation a atteint
183 systèmes totalisant une puissance PV globale d’environ 1 600 Kwc.
Le programme d'installation des chauffe-eau solaires "prosol" date de 1982. Après une opération
pilote réussie soutenue par des fonds étrangers, l’Etat a mis en place un mécanisme innovant de
financement et d'incitation combinant l’octroi d’une subvention, payée par l’ANME à la société
installatrice, à travers le Fonds National pour la Maîtrise de l’Energie (transformé en 2014 en FTE) et
l’octroi au consommateur d’un crédit bancaire remboursable à travers la facture de la STEG de
l’acquéreur du CES sur une durée de 5 ans.
La capacité cumulée installée est passée de 23.000m2 en 2005, à 358.000m2 en 2010 et 885.000m2
en 2018 et 1.000.000 de m2 en 2019. Par ailleurs, le marché des CES a connu, une baisse depuis
2011 en raison de la pression économique et financière subie par les ménages, passant de 80.000m2
en 2010 à 60.000m2 en 2018. Un million de m2 sont installés à fin 2019.
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Le développement des installations solaires collectives pour le chauffage de l’eau a été lancé au
milieu des années 90 grâce à des fonds étrangers. Environ 10 500 m² de capteurs solaires destinés
au chauffage collectif de l’eau dans le secteur tertiaire ont été installés dans le cadre de ce projet
durant la période 1997-2002, dont la plupart au profit du secteur hôtelier.
En 2009 -2010, l’ANME a procédé à la mise en place de deux programmes Prosol- tertiaire et Prosol-
Industrie, tous les deux soutenus par le FNME et le PNUE.
Depuis la mise place de ces programmes, une surface d’environ 32 000 m² de capteurs solaires a été
installée, notamment dans le secteur tertiaire.
Afin d’atteindre les objectifs du Plan Solaire Tunisien, le ministère en charge de l’énergie a fixé dans
l’avis n° 01/2016 la capacité éolienne à installer durant la période 2017-2020 à 350 MW, révisée
suite à la conférence qui a eu lieu les 7 et 8 décembre 2017 et portant sur l’accélération de la mise
en œuvre des projets des énergies renouvelables en Tunisie, à 790 MW, répartis comme suit:
concessions: 500MW, autorisations: 130 MW, autoproductions: 80MW, STEG :80 MW.
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La STEG attend l'accord du gouvernement pour lancer le dossier d’appel d’offres relatif à la
construction d’une Centrale éolienne à Jbel Tbaga dans la région de Kébili (80 MW).
La STEG a installé deux mâts de mesure dans le site d’El Ktef à Médenine pour l’élaboration de
l’étude de faisabilité du projet de la centrale éolienne d'une puissance de 100 MW.
Le Plan Solaire Tunisien a prévu la mise en place d’une capacité totale des centrales CSP de 450 MW
à l’horizon 2030.
La STEG a élaboré plusieurs études pour la réalisation d’une centrale CSP dans la région de Akarit du
Gouvernorat de Gabès. Les prix du KWh n'ont pas encouragé la STEG à réaliser des centrales de
petites puissances. La capacité optimale de CSP à installer par la Tunisie en 2035 pourrait atteindre
450 MW à 900 MW et la mise en service de la première centrale dans ce cadre est envisageable en
2025. La STEG a engagé une autre étude de préfaisabilité d’un projet CSP au site de Béni Mhira
(Tataouine) d’une puissance de 100 MW extensible à 400 MW.
La production de la biomasse en Tunisie est estimée à environ 1085 ktep, soit l’équivalent de
18% de la production nationale d’énergie primaire. La Tunisie produit environ 6 millions de
tonnes de déchets organiques par an (2,2 millions de tonnes de déchets ménagers, 2,2
millions de tonnes provenant des fermes et de l'industrie agroalimentaire, 1 million de
tonnes du traitement de l'huile d'olive, 400 000 tonnes de déchets de volailles et 200 000
tonnes résultant du traitement des eaux usées).
Le potentiel de production de l'électricité à partir des déchets est d'environ 1000GWh. Le
PST s'est fixé comme objectif une capacité de 100MW. Aucune autorisation n'a été donnée
à ce jour sauf celle accordée au marché de gros de Tunis en 2010(avant le PST) pour une
puissance de 2.4GWh/an.
6. Le réseau électrique
Dans le but d’assurer l’intégration massive des centrales d’énergies renouvelables dans le
système électrique au Sud, la STEG a lancé le projet de renforcement du réseau HT Sud –
Nord avec un axe 400 kV Skhira – Kondar à l’horizon 2023 suite à l’acceptation de son
financement.
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Sur la base des économies de combustible présentées ci-dessus, les émissions évitées de
CO2 sont estimées en 2018 à environ 462 ktCO2. En termes cumulés sur la période 2000-
2018, les émissions évitées par les réalisations ENR en Tunisie sont estimées à environ 4.2
MtCO2, dont 46% grâce à l’éolien, 31% au solaire thermique, 4% au PV et le reste à
l’hydraulique.
Les créations d'emplois par les ENR à fin 2018 sont estimées à 2180 dont 1485 dans le
solaire thermique et 570 dans le PV.
Le montant total des investissements réalisés sur la période 2005-2018 est d’environ 1423
MDT, dont la part la plus importante dans l'éolien avec 686 MD (extension STEG) suivi du
solaire thermique avec 496 MD. 52% (737 MDT), ont été investis par les particuliers dans le
chauffe-eau solaire, les toits solaires PV et le pompage PV.
Le gain sur la facture d’énergie en 2018 a été estimé à environ 187 MDT soit environ 1% du
déficit commercial total durant l’année en question. En termes cumulés sur la période 2000-
2018, le gain sur la facture serait de l’ordre de 1245 MDT dont 43% proviennent de l’éolien
et 42% du CES.
La contribution financière du FNME/ FTE pour les ENR sur la période 2005-2018, s’est élevée
à environ 170 MDT. Un dinar investi par le FTE a permis de mobiliser sur la période 2005-
2018 environ 4.3 dinars d’investissements privés venant essentiellement des ménages. De la
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même manière, un dinar investi dans le FTE a rapporté 2.4 dinars de gain sur la subvention
sur la période 2005-2018. Sur la durée de vie des installations, ce ratio pourrait être
nettement plus élevé.
En termes de capacités, l'avis n°1/2016 a fixé les objectifs de 2020 à 1000 MW. A fin juin
2020, les projets approuvés par le ministère de l'énergie totalisent 1371 MW répartis
comme suit :
pour le PV, auto production: 27 MW, autorisations : 204 MW, concessions :
500 MW, STEG : 20 MW
pour l'éolien: autorisation: 120 MW, concessions: 500 MW.
Les projets réalisés ou en cours d'achèvement portent sur une capacité totale de 21MW
seulement (20 MW par la STEG et 1 MW par le privé) . Si on ajoute la capacité installée pour
l'auto production connectée au réseau BT qui s'élève à 70.6 MW, la capacité installée serait
de 91.6MW.
Le retard dans l'exécution des objectifs nationaux en matière de développement des ENR est
dû à des aspects d'ordre réglementaire, institutionnel et incitatifs, au manque de formation
des ressources humaines ainsi qu'à la capacité du réseau électrique à recevoir les ENR.
Au moment de la publication du Plan Solaire Tunisien en 2010, il n'y a pas de texte réglementaire
permettant au privé d'intégrer le secteur de production électrique pour vendre de l'électricité à une
tierce partie. La loi n°2009 permettait l'autoproduction de l'électricité pour répondre à un besoin
d'autoconsommation. La nouvelle loi relative à la réalisation des projets de production d'électricité
à partir de sources d'ENR, soit pour l’autoconsommation, soit pour répondre aux besoins de la
consommation locale ou en vue de l'exportation n'a vu le jour qu'au mois de mai 2015 ( loi n°2015-
12), d'où un retard de plus de 4 ans par rapport à la communication du PST. Son décret
d'application fixant les conditions et les modalités de réalisation des projets de production et de
vente d’électricité à partir des ENR a été publié 15 mois plus tard (décret n° 2016-1123 du 24 août
2016).
Les dispositions de ladite loi et son décret d'application étaient insuffisantes et n'encourageaient pas
les acteurs dans les secteurs de l'industrie, de l'agriculture et des services à investir dans les ENR
pour l'autoconsommation. Les modifications de la loi et de son décret d'application ont eu lieu
respectivement en 2019 et 2020 (la loi n°2019-47 et le décret n°2020-105), d'où un retard de 10 ans
( par rapport à la publication du PST) pour la promulgation et la clarification des textes
réglementaires régissant les ENR.
Bien que la loi n°2019-47 ait permis la création par les auto consommateurs de sociétés de
production d'électricité (SPV) à partir des énergies renouvelables (connexion à la M/HT) , elle a limité
la capacité maximale à installer à 1 MW ce qui représente une contrainte pour ces entreprises. De
plus, le système de comptage adopté réduit considérablement le taux de couverture des besoins
électriques de l’auto-producteur par les ENR.
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Jusqu'à 2015 et avant la publication de la loi n°2015-12, l'Agence Nationale pour la Maitrise de
l'Energie (ANME) examinait dans le cadre de la Commission Technique Consultative,
interdépartementale (CTC) créée en son sein, tous les projets de maitrise de l'énergie avec les deux
aspects : efficacité énergétique et développement des énergies renouvelables quel que soit le
secteur et quelle que soit l'importance du projet. La loi n° 2015-12 a créé une Commission Technique
de la production privée d’électricité à partir des ER (CTER) au sein du Ministère chargé de l'énergie
qui a remplacé la CTC pour le volet renouvelable. Cette création n'est pas justifiée d'autant plus que
l'ANME est rodée depuis 2005 à la gestion de ce type de projet dans le cadre de ses prérogatives
(examen des dossiers, suivi et évaluation des projets et programmes nationaux) . A notre avis, on
aurait dû renforcer la capacité de l'ANME en personnel de profil technique et juridique compétent
pour faire face à la demande accrue de projets dans le cadre du PST. Cette création nouvelle de la
CTER a ralenti le processus d'examen et d'approbation des projets. Les procédures sont devenues
relativement complexes et les délais longs en plus de l' exigence au préalable d'un accord du
ministre chargé de l’énergie, publié par arrêté.
La STEG, de par la loi de sa création de 1962 et le rôle qui lui est accordé par les textes relatifs aux
IPP (la loi n° 1996-27) et les textes relatifs au développement des ENR (la loi n° 2009-7, la loi 2015-12,
la loi n°2019-47) et leurs textes d'application est un acteur très important dans le système de
production électrique . En effet, la STEG détient la majorité de l'activité de production électrique (
84% en 2019) et détient le réseau électrique. Elle a le monopole de la distribution et de la vente de
l'électricité. Les nouvelles lois de 2015 et 2019 lui ont attribué l'exclusivité de l'achat de l'électricité
produite par le secteur privé à partir des ENR. Les attributions de la STEG en plus de l'absence de
l'instance indépendante de régulation du secteur électrique rendent difficile l'accélération du
processus de développement des ENR par le secteur privé.
Les couts de financement sont élevés en comparaison avec ceux des pays bénéficiant d'un
environnement plus favorable au niveau de l'investissement. Ces couts sont liés à plusieurs risques
dont les principaux sont les risques du marché de l'énergie liés au cadre réglementaire et le
mécanisme de fixation des tarifs de vente des ENR, le risque du réseau / transmission qui n'est pas
encore prêt pour intégrer la capacité d'ENR prévue par le PST et le risque monétaire/
macroéconomique.
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Le réseau électrique de la STEG peut absorber dans la situation actuelle et sans difficultés
particulières, de l’électricité produite à partir des ENR dans la limite de 1000 MW. Le
Gouvernement doit autoriser le plus rapidement possible la STEG à réaliser ses projets de
renforcement et d'extension de son réseau pour l'absorption des capacités prévues par le PST soit
3815 MW additionnels à l'horizon 2030.
Le gel des recrutements au niveau de la fonction publique et le départ massif des compétences
notamment au niveau de l'ANME, a rendu l'activité de sensibilisation, d'accompagnement ,
d'assistance technique et de renforcement des capacités pour le développement des énergies
renouvelables très difficile. Les faiblesses suivantes sont relevées:
Pour les projets connectés au réseau M/HT, les procédures sont relativement complexes, les délais
longs et exigent au préalable un accord du ministre chargé de l’énergie, publié par arrêté.
Le système de comptage et de facturation de l'énergie adopté par la STEG pour les projets
d'autoproduction est complexe et difficile à gérer pour les entreprises abonnées au réseau MT
uniforme. Actuellement, les projets soumis à autorisation ne sont pas proposés d’une manière
spontanée par les développeurs avec des prix affichés à l’avance et fixés par arrêté, comme le stipule
la loi n° 2015-12, mais ils sont sélectionnés suite à des appels à projets sur la base des tarifs les moins
chers proposés par les développeurs.
Les sociétés installatrices des systèmes PV dans plusieurs régions de l’intérieur du pays pourtant
bien dotées en sources renouvelables ne sont pas suffisantes.
Enfin d’importants retards ont relevés au niveau du déblocage de la subvention allouée par le FTE
ce qui impacte négativement la trésorerie des sociétés installatrices et les oblige à réduire
considérablement le volume de leur vente ou à arrêter leur activité, d'où les problèmes des services
après ventes.
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Compte tenu du constat ci dessus développé, il est recommandé de faire figurer la sécurité et le mix
énergétiques du pays parmi les priorités économiques. Les conditions suivantes sont à réunir dans
les meilleurs délais pour rattraper le retard déjà accusé dans le domaine des énergies renouvelables
(1)- Revoir le cadre réglementaire régissant le développement des énergies renouvelables, dans le
but d'éliminer tous les obstacles limitant l'incitation à l'investissement dans le domaine et entravant
la réalisation des projets : obstacles d'ordre technique de limitation de capacités installées, d'ordre
tarifaire pour l'énergie électrique vendue à une tierce partie ( la STEG), difficultés de gestion de la
vente ( l'exclusivité d'achat accordée à la STEG doit être revue), et de réalisation des
IPP....L'implication des acteurs privés et de la société civile est conseillée pour la réalisation de cette
révision du cadre réglementaire.
(2)- Regrouper tous les textes de lois, les décrets d'application et arrêtés dans un seul recueil afin
d’en faciliter l'accès et la lecture aux investisseurs potentiels.
(3)- Etablir un environnement d'investissement caractérisé par une réduction des risques et des
couts de financement des investissements dans le domaine des ENR. Un intérêt particulier doit être
accordé :
à la régulation du marché de l'énergie électrique et la mise en place de mécanismes de
tarification transparent pour la vente de l'électricité produite à partir des ENR.
au réseau de transmission qui doit être capable de gérer l'intermittence des ENR.
aux risques monétaires/ macroéconomiques.
Le nouveau environnement à l'investissement doit permettre l'atteinte des objectifs du PST d'ici
2030 et qui a prévu que 80% des investissements soient supportés par le secteur privé. Ces
mesures publiques d'atténuation des risques permettront aussi de réaliser des investissements au
moindre cout et d'assurer la production électrique à des prix abordables.
(4)- Créer en urgence l'instance indépendante de régulation du marché électrique afin de créer un
climat de confiance entre les investisseurs potentiels dans les énergies renouvelables et les différents
acteurs intervenants dans le domaine.
(6)- Renforcer la Direction Générale de l'énergie au ministère chargé de l'énergie, l'ANME ainsi que
certains districts de la STEG en moyens humains qualifier pour améliorer leur capacité de gestion et
de suivi et évaluation du programme de développement des ENR arrêté par l'Etat.
(7)- Revoir le FTE au niveau de ses mécanismes d'intervention et des procédures de gestion. L'ANME
doit être dotée d'une équipe solide afin de fluidiser le traitement des dossiers de demande de
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subventions , de crédits complémentaires ou tout autre type de soutien afin de rendre plus
dynamique l'intervention du fonds et de le faire sortir de sa léthargie depuis sa création en 2013.
(8)- Promouvoir une politique du secteur financier favorable au financement des infrastructures des
ENR et introduire une refonte du système financier pour tenir compte de la spécificité des projets de
production électrique à partir des énergies renouvelables et faciliter aux promoteurs l'accès au
financement.
(9)- Assurer une veille technologique afin de mieux suivre et évaluer les ressources, les technologies
par rapport aux rendements, adéquation des équipements aux conditions climatiques et physiques
locales. Dans le même cadre il est conseillé de créer un centre technique des énergies renouvelables.
(10)- Améliorer le taux d'intégration industriel du secteur de développement des ENR. Le ministère
chargé de l'Industrie doit œuvrer en étroite collaboration avec l'UTICA et l'APII dans ce sens. Le
niveau atteint par le secteur de l'industrie mécanique, électrique et électronique ainsi que celui des
technologies de l'information et de la communication en terme de production, de valeur ajoutée et
d'exportation peuvent ériger la Tunisie en plate forme de production et d'exportation d’articles,
pièces et équipements pour les centrales photovoltaïques et les fermes éoliennes.
(11)- Promouvoir la création de sociétés proposant des services de construction et des entreprises
d'entretien et de maintenance des équipements des ENR.
(12)- Soutenir la STEG par l'Etat pour le développement et la modernisation du réseau électrique et
les lignes de transmission en le faisant évoluer vers le "smart- grid" afin de bien gérer l'intégration
de l'électricité produite à partir des énergies renouvelables. En parallèle ,la STEG doit mettre en place
un code réseau transparent , clairement défini qui serait mis à jour régulièrement afin de
permettre de surmonter les éventuels obstacles d'exigences techniques des promoteurs des projets
dans les ENR. Le code doit inclure les normes d'intégration des ENR dans le réseau.
(13)- Elaborer des programmes de recherche - développement dans le domaine des énergies
renouvelables. Les ministères chargés de l'énergie, de l'industrie , de la recherche scientifique avec
la STEG et l'ANME, doivent œuvrer ensemble pour identifier des sujets de recherches . Le domaine
des énergies renouvelables est encore à ses débuts, il prend progressivement la relève au secteur
des énergies fossiles, le potentiel de recherche est énorme: stockage de l'énergie, gestion de
l'intermittence, transformation de l'excédent de l'électricité en un autre pouvoir calorifique (power
to X)....La Tunisie peut se faire une place à l'échelle internationale dans ce domaine.
(14)- La Tunisie se doit de diversifier son mix énergétique au-delà du renouvelable, en réfléchissant
au nucléaire et au non conventionnel pour diminuer le taux de dépendance énergétique du pays
atteint en 2019 (59%) et qui est appelé à s’aggraver.
(15)- La Tunisie doit s'activer à opter pour l'électrification des secteurs d'utilisation finale de
l'énergie tels que la mobilité, le bâtiment...Le cadre réglementaire régissant ces secteurs, les cahiers
des charges afférents à l'exercice de ces activités doivent être revus afin d' intégrer l'efficacité
énergétique et les énergies renouvelables.
Conclusion
Malgré l'importance des sources renouvelables en Tunisie et la mise en place d'une politique de
transition énergétique depuis 2010 dont les objectifs temporels ont été révisés plusieurs fois et
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malgré les efforts déployés par l'Etat pour l'élaboration d'un cadre réglementaire régissant les
énergies renouvelables et le renforcement du cadre institutionnel et incitatif, les projets tardent à
être réalisés et les objectifs du PST ne sont pas atteints. Plusieurs contraintes d'ordre réglementaire
et institutionnel, de programmation et de planification, de réseau/transmission, d'atténuation des
risques aux investissements dans le domaine des énergies renouvelables ainsi que l'insuffisance de
compétences locales rendent difficile l'atteinte des objectifs.
La Tunisie devrait tirer parti des enseignements d'ordre technique, économique et de gouvernance
des pays en avance dans ce domaine , à l'instar de l'Allemagne, du Portugal, du Maroc et de
l'Afrique du Sud .
Mots clés : énergies renouvelables en Tunisie ; transition énergétique en Tunisie ; Etudes du Forum
Ibn Khaldoun ; Etudes Noura Laroussi Tunisie.
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