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3 Le Risque

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Cours : Droit des assurances

Auteur : Didier Krajeski


Leçon n° 3 : Le risque

Table des matières


Section 1. La notion de risque............................................................................................................... p. 2
Section 2. L'évaluation des risques....................................................................................................... p. 5
§ 1. L'évaluation initiale du risque................................................................................................................................p. 5
A. La déclaration des risques.............................................................................................................................................................p. 5
1. La forme de la déclaration.......................................................................................................................................................................................... p. 5
a) La déclaration spontanée.......................................................................................................................................................................................... p. 5
b) Le questionnaire fermé..............................................................................................................................................................................................p. 6
2. Les limites de la déclaration....................................................................................................................................................................................... p. 9
B. Les conséquences de la fausse déclaration................................................................................................................................p. 13
1. L'éventail des comportements...................................................................................................................................................................................p. 14
a) L'assuré de mauvaise foi.........................................................................................................................................................................................p. 14
b) L'assuré de bonne foi.............................................................................................................................................................................................. p. 16
2. La paralysie des sanctions........................................................................................................................................................................................p. 17
C. Les autres moyens d'information................................................................................................................................................. p. 18
§ 2. L'évolution du risque........................................................................................................................................... p. 19
A. L'aggravation du risque................................................................................................................................................................ p. 19
B. La diminution du risque................................................................................................................................................................p. 21

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Section 1. La notion de risque
En droit des assurances, il faut prendre garde à ne pas confondre le risque avec l'événement
incertain redouté. L'objet du contrat d'assurance ce sont les conséquences dommageables d'un
événement et pas l'événement lui-même (V. Nicolas, Contribution à l'étude du risque dans le contrat
d'assurance, RGDA 1998, 637 et s) . C'est bien ce que traduit le terme de sinistre. On ne peut
s'assurer contre une tempête ou un procès. L'assureur ne peut les éviter. On peut s'assurer contre
les conséquences dommageables d'un événement aléatoire. A priori, la distinction semble relever
de la maniaquerie de langage. Pourtant, la qualification de contrat d'assurance est en question ainsi
que sa validité.

Jurisprudence
La jurisprudence a coutume de rappeler que le contrat d'assurance est un contrat aléatoire (Cass.
1re civ., 4 nov. 2004, RCA 2004, n° 88. - Cass. crim., 11 déc. 2007, RGDA 2008, 55, obs. Kullmann).

L'art. L. 121-15 du Code des assurances l'affirme : " l'assurance est nulle si, au moment du
contrat, la chose assurée a péri ou ne peut plus être exposée aux risques ".

Cela signifie donc que si lors de la conclusion du contrat les parties savent que le risque est réalisé,
le contrat est nul.

Jurisprudence
L'hypothèse d'école a fait l'objet d'un arrêt de la Cour de cassation en date du 9 novembre 1999
(RCA 2000, chron. H. Groutel). Les juges du fond vérifient le caractère aléatoire (Cass. 1re civ., 4
nov. 2003, JCP G 2004, I, 237, obs. Kullmann) du risque sous le contrôle de la Cour de cassation.

La nullité n'est cependant pas la seule sanction applicable. Certains arrêts se contentent de décider
que la garantie n'est pas due (Cass. civ. I, 27 février 1990, Bull. civ. I, n°52) . Le contrat demeurerait
valable, mais le sinistre litigieux serait hors du champ de la garantie. Le choix entre les deux solutions
paraît souvent résulter de la demande des parties. En fait, l'explication semble résider dans l'article
L. 121-15 du Code des assurances. Relisons le texte :

" L'assurance est nulle si, au moment du contrat, la chose assurée a déjà péri ou ne peut
plus être exposée aux risques ".

Il est aisé d'en déduire que si la chose assurée n'a pas déjà péri ou peut encore être exposée aux
risques, il suffit d'écarter la garantie de l'assureur (Parfaitement illustré par : cass. 2e civ., 26 oct.
2006, n° 04-17865, 21 déc. 2006, n° 05-19072 et 05-11367, RGDA 2007, 53, note Kullmann ; Sabine
Bertolaso, « L'aléa en droit des assurances, état des lieux et perspectives », RGDA 2009, 431 -
Cass. 3e civ., 25 févr. 2009, n° 08-10.280, RGDA 2009, 463, note Karila).

Mais que faut-il entendre par absence d'aléa ? Faut-il considérer que l'on ne contracte une
assurance que pour se garantir d'événements futurs ? Malgré les apparences, la réponse est
négative.

Ces questions reviennent à se demander si l'aléa consiste dans la comparaison entre date de
production de l'événement et date de conclusion du contrat ou dans l'incertitude des parties
sur la survenance de l'événement lors de la conclusion du contrat ? Selon que l'on prendra
en considération l'une ou l'autre des conceptions, on élargira ou on réduira le champ de la nullité.
Aléa objectif ou subjectif ?

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Jurisprudence
Un exemple simple mettra les idées en place. Voilà une personne contractant une assurance
garantissant l'invalidité. Quelques temps plus tard, elle est amputée du fait d'un accident s'étant
produit avant la souscription. Que décider ? Faut-il prendre en considération l'événement lui-même ?
Dans ce cas, le contrat n'est pas aléatoire. Certaines juridictions l'ont admis. L'assureur ne doit pas
sa garantie. Faut-il, au contraire, ne prendre en considération que les séquelles ? Dans ce cas,
l'assureur doit sa garantie.

Si, en principe, c'est la théorie de l'aléa objectif qui prime (Cass. 3e civ., 25 févr. 2009, n° 08-10.280,
RGDA 2009, 463, note Karila), La Cour de cassation va apporter un peu de souplesse à l'analyse
(Cass. civ. I, 8 juill. 1994, Bull. civ. I, n° 235) .

Selon elle, la condition d'aléa est remplie même pour un accident antérieur dès lors qu'au moment
de la signature du contrat " le risque en découlant n'est ni certain ni déterminable dans son étendue
". En rapprochant la formule d'autres solutions, on perçoit une conception originale du risque où la
réalité compte moins déterminante que l'idée que s'en font les parties.

Dans certains arrêts, elle précise que " le contrat d'assurance, par nature aléatoire, ne peut porter
sur un risque que l'assuré sait déjà réalisé (Cass. civ. I, 27 févr. 1990, précité) " . En l'espèce,
l'assuré réclamait la garantie pour des faits s'étant produits avant la souscription du contrat et dont
elle avait connaissance. Le contrat précisait que la garantie était due même pour un fait générateur
de responsabilité antérieur à condition que l'assuré n'en ait pas eu connaissance à la prise d'effet
du contrat. Ce qui compte c'est la connaissance que l'assuré a du risque.

La solution est la même pour les assurances de protection juridique lorsque l'on constate qu'une
personne s'est assurée après la survenance d'un différend dont elle craint l'issue. La jurisprudence
semble faire reposer l'existence de l'aléa sur la connaissance des parties. On se trouve devant une
manifestation de la bonne foi. Si l'une des parties a connaissance de la survenance du risque lors
de la souscription du contrat, ce risque ne saurait être couvert. L'aléa n'existe pas. La conception
autorise une acception a contrario.

L'intérêt de l'arrêt du 8 juillet 1994 est qu'il a semblé élargir encore la notion d'aléa lorsque le
risque est complexe. Un risque complexe est un risque constitué par une série d'événements. Dans
l'espèce, la garantie était subordonnée à une maladie entraînant une incapacité. Il existait donc
deux éléments. Suffit-il que l'un des éléments soit aléatoire, ou supposé l'être, ou faut-il que tous le
soient ? La Cour de cassation semble considérer désormais qu'il suffit que certains éléments soient
aléatoires pour que le contrat soit valable. Cela dit, le contrat peut être l'occasion de pratiquer une
conception beaucoup plus stricte du risque.

Lorsque le risque s'est réalisé sans que les parties en ait eu connaissance lors de la souscription
du contrat, le contrat d'assurance est valable. C'est ce que l'on appelle la théorie du risque putatif.
Littéralement, si les parties ont cru à l'existence de l'aléa lors de la souscription, alors l'aléa existait
réellement.

Si la jurisprudence applique cette conception du risque, elle semble la réserver au cas où le contrat
l'admet (Civ. 2e, 11 juin 2009, n° 08-16.362, RGDA 2009, 735, note Bigot).

L'admission de la théorie du risque putatif est réalisée par la pratique des clauses de reprise du passé.
Ce sont les clauses par lesquelles l'assureur accepte de garantir de puis une période antérieure à la
souscription du contrat. Il s'agit de demandes faites en cours de contrats pour des faits générateurs
antérieurs. En général, elles prévoient que la condition de validité de la clause est l'ignorance par
l'assuré de la survenance du risque. Ce n'est qu'une application de la théorie du risque putatif. Cette
pratique a été entérinée par la législateur en matière d'assurance de responsabilité en général (C.
ass., art. L. 124 s.) et de responsabilité médicale en particulier (L. 30 déc. 2002).

La pratique de la clause de reprise du passé peut achopper dans des situations où il est difficile de
déterminer si l'assuré avait connaissance de la réalisation du risque. Il est certain que l'hypothèse
se rencontre peu s'agissant d'une assurance de responsabilité. Il est possible de savoir lorsqu'un

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événement se réalise s'il aboutira à la mise en œuvre de la responsabilité de telle personne ou pas
ou quels préjudices se produiront : un incendie a des conséquences suffisamment spectaculaires.

Tous les types d'assurance ne vont pas de même.

Exemple
L'assurance de protection juridique couvre selon l'art. L. 127-1 du Code des assurances les litiges
ou les différends selon le contrat. Il est toujours très difficile de déterminer la date de naissance d'un
différend entre deux personnes. Une personne est licenciée après la souscription d'une protection
juridique, la cause de licenciement ne trouve-t-elle pas sa cause dans un événement antérieur à la
souscription ? L'assuré ayant connu cet événement pouvait-il prévoir qu'il dégénérerait en différend
et en litige ?

On voit ici qu'il est parfois difficile de dire s'il y avait connaissance de la réalisation du risque.
Certaines décisions distinguent entre potentialité du risque et non potentialité dont l'assuré devrait
avoir conscience. Par réaction, un auteur préconise de prendre en considération l'imminence du
risque (J. Courrouy, Réflexions sur quelques aspects de l'assurance de protection juridique, D. 1992,
chron., p. 169) .

Pour éviter les difficultés, certaines compagnies pratiquent les délais de carence. Cela consiste à
subordonner la couverture de certains litiges à la condition qu'ils soient nés au delà d'un certain délai
après la prise d'effet du contrat.

Exemple
Il est possible de décider que les litiges relatifs à des problèmes de voisinage ou de succession ne
seront couverts que s'ils naissent deux ans après la prise d'effet du contrat. Le délai de carence
peut ainsi être sélectif et ne concerner que certains litiges dont l'origine est assez incertaine.

Dans certains contrats, le doute sur l'existence de l'aléa provient d'une autre cause. Depuis quelques
années, la doctrine est partagée sur la qualification de certaines opérations. On ne sait pas s'il s'agit
d'assurances sur la vie ou de simples opérations d'épargne. L'enjeu de la discussion c'est un régime
juridique favorable pour les opérations qualifiées d'assurance (hors succession, avantages fiscaux).
La qualification dépend du point de savoir si ces opérations comportent un aléa. En fait c'est leur
efficacité qui en fait douter : quoi qu'il arrive à l'assuré, l'argent qu'il investit aura une utilité pour lui
ou les tiers. La Cour de cassation s'est prononcée en faveur de la qualification d'assurance (Cass.
mixte, 23 nov. 2004, RGDA 2005, 110, note Mayaux ; D. 2005, 1905, note B. Beignier - Cass. 2e
civ., 22 oct. 2009, n° 08-17793, RGDA 2010, 131, note Mayaux).

Le risque, on le voit, est un élément essentiel du contrat d'assurance. Nous venons d'examiner
ses conditions d'existence. Il convient de préciser que le risque doit présenter un autre caractère :
il doit être licite. Il est en effet impossible d'assurer une activité illégale : activité de trafic de
stupéfiants, prostitution, activité assimilée à un exercice illégal de la médecine. De la même façon,
il est impossible de s'assurer contre le risque d'une sanction pénale (retrait de permis, amende).
Cette dernière prohibition a pour objet de maintenir une certaine moralité et éviter que l'on porte
atteinte à l'efficacité de la sanction pénale. Si l'activité illégale a pour support des biens parfaitement
assurables (locaux), l'assurance est théoriquement possible pour ces biens. Mais l'activité illégale
viendra entacher de nullité le contrat sur le fondement de la fausse déclaration ou de la cause illicite.

Cette prohibition doit cependant être entendue restrictivement (sur cette question : L. Mayaux,
' Assurance et ordre public : à la recherche d'un critère ', RGDA 2008, 601 s.). La prohibition de
l'assurance des risques de condamnation ne touche pas le risque de poursuite. Une personne peut
prendre une assurance de protection juridique pour les risques de poursuite pénale. La plupart des
contrats d'assurance comportent d'ailleurs une clause défense pénale et recours.

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Section 2. L'évaluation des risques
Le contrat d'assurance est le résultat de la prise en considération de la situation de l'objet ou du sujet
à assurer. L'assureur doit vérifier qu'il peut assurer le risque représenté par le souscripteur. Il doit
ensuite correctement le délimiter pour déterminer le plus justement possible la contrepartie financière
à en attendre. Chacun des risques rencontrés contribue à la concrétisation de la projection globale
réalisée par l'assureur lors de la mise en place de la mutualisation ou de la capitalisation. Une erreur
d'évaluation fausse le calcul. Une correcte évaluation lors de la conclusion est essentielle. Mais on
comprendra qu'il faut aussi intégrer les modifications en cours de contrat qui bousculent le calcul
réalisé initialement. L'évaluation initiale du risque peut être modifiée par le constat de l'évolution du
risque.

§ 1. L'évaluation initiale du risque


Comment délimiter le risque que présente telle personne ou tel objet? Expertise ? Présomption ?
Cela est onéreux ou abstrait. Ce ne peut être la source principale d'information. Puisque la personne
connaît sa propre situation, autant qu'elle renseigne l'assureur.

Le risque se délimite par déclaration du candidat à l'assurance. C'est ici que l'on retrouve la part
d'information qui incombe à l'assuré pour rassurer l'assureur en quête de sécurité. S'illustre alors
une idée courante dans la plupart des contrats : l'information est un flux réciproque indispensable.

Son importance s'accroît en la matière. En droit des assurances, l'information ne concerne pas
que l'état du consentement des parties, elle implique aussi l'équilibre du contrat. Une déclaration
erronée des risques est sanctionnée radicalement. Nous envisagerons trois points : la déclaration
des risques, les moyens d'information complémentaires, la sanction d'une fausse déclaration.

A. La déclaration des risques


L'article L. 113-2 du Code des assurance fait obligation à l'assuré " de répondre exactement aux
questions posées par l'assureur, notamment dans le formulaire de déclaration de risque par
lequel l'assureur l'interroge lors de la conclusion du contrat, sur les circonstances qui sont
de nature à faire apprécier par l'assureur les risques qu 'il prend en charge ".

La rédaction de l'article date de la réforme de 1989. La loi a modifié la forme de la déclaration des
risques, il est possible de se demander si la modification de cette forme n'a pas changé l'esprit dans
lequel elle doit être faite.

1. La forme de la déclaration
Pour comprendre l'ampleur de la réforme, il faut revenir sur la forme de la déclaration avant la réforme
de 1989. L'assuré devait alors procéder à la déclaration spontanée. La loi a préféré consacrer le
système du questionnaire fermé. Il convient de se demander si la soif d'information de l'assureur
a des limites.

a) La déclaration spontanée
Le système de la déclaration spontanée a été mis en place par la loi du 13 juillet 1930. Avant la
conclusion du contrat d'assurance, le candidat devait se plier au jeu de la déclaration. Cela consistait
pour lui à relever dans sa situation tous les éléments ayant un rapport avec le risque. Il devait
donc procéder à une analyse inconfortable pour lui. La loi précisait tout de même qu'il n'était tenu
de communiquer que les informations connues de lui. Cela n'était cependant pas suffisant. Une
personne peut connaître un fait relatif à sa situation sans savoir que cela a un lien avec le risque
qu'elle court. En outre, l'assureur n'avait absolument pas l'obligation d'orienter l'analyse de l'assuré
en lui indiquant les éléments déterminants.

Imposer à l'assuré de déclarer spontanément les risques, revenait à inverser le cours des choses. Il
est faux de penser que le candidat à l'assurance est le mieux placé pour connaître sa situation. On
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a vu que l'assureur a la charge d'organiser la mutualité. Pour ce faire il possède l'information la plus
pointue sur les différents risques et leurs facteurs déclenchant. Il est donc absurde de demander
au candidat à l'assurance de raisonner sur une matière inconnue de lui alors que l'assureur a une
idée claire de ce qu'il recherche. En toute logique, il revient à l'assureur de poser des questions. La
situation de l'assuré était donc incertaine.

Le système aurait pu être supportable s'il avait reposé sur la bonne foi. Ne rien reprocher à l'assuré
ayant consciencieusement déclaré les risques et sanctionner uniquement celui qui a dissimulé des
éléments déterminants. Cette différence n'était pas faisable. La mutualité dans les deux cas était
faussée, l'assuré devait donc être sanctionné, il faut cependant remarquer que dès la loi du 13 juillet
1930, la distinction entre bonne et mauvaise foi emporte des sanctions différenciées. C'est la seule
part que la mutualité concède aux particuliers (P. Catala, La déclaration du risque en droit français
et anglais comparé, RGAT1966, p. 449 et s) .

Il ne faudrait pas croire que le questionnaire a été inventé par la loi du 31 décembre 1989. La
plupart des compagnies d'assurance diffusaient des questionnaires (Cass. civ. I, 18 novembre
1965, RGAT 1966, 374, obs. AB) . La place de celui-ci était assez ambiguë. On peut dire que
l'existence d'un questionnaire en supprimait en rien l'exigence de déclaration spontanée. Cependant,
le questionnaire permettait de délimiter la pertinence des déclarations de l'assuré. A mauvaise
question, mauvaise réponse.

Globalement négatif, le système de la déclaration spontanée a été critiqué par une recommandation
de la commission des clauses abusives du 6 décembre 1985 (RGAT 1986, 151) . Le législateur a
manifestement entendu l'appel.

b) Le questionnaire fermé
Nous l'avons précisé, le candidat se contente désormais de répondre aux questions se trouvant dans
le questionnaire.

Jurisprudence
Cass. 2e civ., 15 févr. 2007, n° 05-20865, RCA 2007, 172, obs. Groutel.

Il appartient à l'assureur de rédiger soigneusement celui-ci pour être sûr de refléter correctement
la mutualité. Il est donc désormais possible d'affirmer que la déclaration spontanée a bel et bien
disparue. Cela n'interdit pas au candidat à l'assurance d'y recourir. Il peut vouloir apporter une
précision qui lui semble pouvoir réduire le coût de ses primes. Dans ce cas, la déclaration subira
le sort des réponses au questionnaire. Une déclaration fausse ou erronée conduira à la nullité,
la résiliation ou la révision de la prime (Cass. 2e civ., 19 févr. 2009, n° 07-21.655, RCA 2009,
119 ). La question que laisse subsister le passage au système du questionnaire fermé est le
rôle du souscripteur. Est-il entièrement passif ou doit-il faire preuve d'un certain dynamisme ? La
loi a conservé la distinction entre bonne et mauvaise foi. De même, la notion de bonne foi est
très restreinte de ce point de vue. Peut-on exiger du souscripteur qu'il apporte des précisions
supplémentaires à celles exigées? Doit-il pallier le manque de précision du questionnaire ?

La conception traditionnelle de l'information pousserait à répondre par l'affirmative. Nous avons déjà
précisé que l'information est un flux réciproque entre les parties. Chacune permet à l'autre d'avancer.
Il n'est cependant pas certain que cette conception soit de mise en droit des assurances. L'opposition
des conceptions peut être représentées par deux positions jurisprudentielles. Ce n'est pas un hasard
si cette opposition est constituée par la doctrine des juridictions du fond et celle des juges de la Cour
de cassation. Les juges du fond, observateurs souverains du fait sont souvent enclins à adapter
le droit pour cerner une situation de fait. Les magistrats de la Cour de cassation ont souvent plus
d'égard pour la légalité. Cela dépend cependant de l'importance du problème.

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Jurisprudence
Prenons un arrêt de la Cour d'appel de Toulouse représentatif de l'une des positions (Toulouse,
15 mai 1995, D. 1996, 58, note B. Beignier) . Une personne avait souscrit un contrat garantissant
la perte de revenus professionnels à l'occasion d'accidents ou maladie. A la suite d'un accident,
l'assureur apprend que l'assuré était un toxicomane. Or, le questionnaire comporte des questions
sur le dernier médecin traitant et l'existence d'autres déclarations sur l'état de santé. Deux
hypothèses. On peut s'en tenir à l'idée que le souscripteur répond aux seules questions posées,
on peut aussi considérer qu'il doit comprendre que la toxicomanie est un élément déterminant dans
sa situation. La Cour d'appel de Toulouse privilégie la seconde hypothèse. Le souscripteur doit
mentionner les antécédents de nature à modifier l'opinion sur le risque. La bonne foi est donc
appréciée largement.

La Cour de cassation a, de son côté, déjà eu l'occasion de préciser que l'assuré n'est pas tenu
de faire des déclarations au delà du questionnaire (Cass. civ. I, 17 mars 1993, RGAT 1993, 547,
note R. Maurice). L'espèce est d'autant plus remarquable qu'elle a été rendue sous l'empire de
la loi antérieure. Cette position a pour elle le déroulement des travaux parlementaires. Lors de la
discussion du texte, certains parlementaires se sont émus d'une référence à la loyauté dans la
formule légale. L'assuré devait répondre loyalement aux questions. Cela impliquait certainement
les solutions de la Cour d'appel de Toulouse. Il lui faut simplement répondre exactement. S'il fait ce
qu'on lui dit, il ne doit pas chercher plus loin. A l'assureur de peaufiner ses questions.

La Cour de cassation a parfois pu donner l'impression d'infléchir sa position. L'espèce est cependant
assez particulière (Cass. civ. I, 31 mars 1998 , RGDA 1998, 253, obs. A. Favre-Rochex ; RCA
1998, 125). Il s'était écoulé quelques semaines entre la déclaration des risques correspondant à la
proposition d'assurance et la conclusion effective du contrat. Entre-temps, deux sinistres s'étaient
produits, que l'assuré n'avait pas cru bon de mentionner lors de la conclusion. L'assureur ne l'avait
pas invité à déclarer des circonstances nouvelles. La Cour d'appel s'en est tenu à cette idée
pour accorder la garantie. La Cour de cassation casse en mettant à la charge du souscripteur
une obligation de déclaration spontanée. La solution tient-elle à une spécificité du cas ou une
volonté de contrer la mauvaise foi ? Une décision plus récente a confirmé la solution (Cass. civ.
I, 10 juill. 2002, RGDA 2002, 958, note Kullmann). Une explication peut résider dans le fait que
la jurisprudence semble soumettre la circonstance citée à la situation d'aggravation du risque qui
impose une déclaration du souscripteur.
Il y a, dans ces différents exemples, un élément à souligner qui mérite attention. Dans le cas
ayant donné lieu à l'arrêt du 17 mars 1993, le questionnaire manquait de précision, il exigeait du
souscripteur qu'il soit en bonne santé lors de la souscription. Il fallait vraiment y voir une demande
de déclaration de tous les antécédents médicaux et pas seulement une question relative à l'état de
santé au jour de la demande.

Cet aspect de l'arrêt rejoint un problème plus général : celui du sort des questions imprécises.

Pour éviter de se voir opposer l'absence de questions, certaines compagnies vont figurer dans leurs
questionnaires des questions très larges telles que la déclaration de bonne santé. Il arrive aussi très
simplement que le questionnaire ne soit pas très clair. Pour tous ces problèmes, il faut avoir recours à

l'article L. 112-3 C. ass. : " Lorsque, avant la conclusion du contrat, l'assureur a posé des
questions par écrit à l'assuré, notamment par un formulaire de déclaration du risque ou par
tout autre moyen, il ne peut se prévaloir du fait qu'une question exprimée en termes généraux
n'a reçu qu'une réponse imprécise ".

Ce texte ne fait que confirmer l'idée déjà évoquée : l'assureur a la charge d'orienter la déclaration,
il assume en partie les difficultés posées par les mauvaises rédactions. La Cour de cassation
reconnaît aux juges du fond un pouvoir souverain d'appréciation pour évaluer la sincérité de la
réponse en fonction de la qualité de la question (Cass. 2e civ., 22 janv. 2009, n° 06-12.006, RCA
2009, 120 ; Cass. 2e civ., 12 févr. 2009, n° 08-13.296, RCA 2009, 120). Cette position n'est que la
manifestation de l'idée ancienne selon laquelle les réponses s'apprécient toujours en considération
du questionnaire (Cass. crim., 27 janv. 2009, n° 08-81.257, RCA 2009, 119 ; Hubert GROUTEL La

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déclaration du risque : nouvel état des lieux, RCA 2009, étude 5. - Cass. 2e civ., 17 juin 2010, n°
09-67081, RGDA 2010, 1020, note Pélissier).

C'est véritablement une critique de la forme des questionnaires de l'assureur qui a lieu. On peut ainsi
reprocher à l'assureur ce qu'il a induit en présentant les questions d'une certaine façon ou en ne
laissant pas suffisamment de place pour répondre. On peut effectivement s'attendre à une réponse
courte et peu approfondie. S'il a pu laissé penser que tel type de risques lui paraissait sans incidence
sur la détermination globale du risque, il ne peut reprocher à l'assuré son silence. Si tout prête à
croire que seule une période récente l'intéresse, il ne peut reprocher l'absence de renseignements
antérieurs. Ainsi, pour bien faire les choses, le questionnaire doit mentionner systématiquement
les périodes. Par exemple, il se peut que des questions relatives au comportement routier soient
pertinentes sur une période donnée et celles sur la santé sur une période plus grande. Il faut alors
mentionner le passage de l'une à l'autre. On en arrive à un point où les juges du fond estiment que
l'omission de mentionner une maladie mortelle ne peut être sanctionnée parce que le questionnaire
pose une question relative à la santé sous la forme " bonne santé " au moment du questionnaire
(Angers, 2 juin 1998, JCP 1999, IV, 1366) . Les juges estiment même que le concept de bonne
santé empêche le souscripteur de déclarer un état en contradiction avec l'idée positive. Les juges
concluent à la renonciation à se préoccuper des questions de santé. L'assureur doit donc faire la part
entre emballage commercial et attitude professionnelle. Pour éviter les reproches relatifs à la qualité
des questionnaires, les assureur diffusent des questionnaires appelant des réponses fermées (oui/
non) qui, selon le cas, appelleront des questions ou des examens supplémentaires.

Jurisprudence
La cour de cassation n'est cependant pas toujours aussi complaisante. Elle estime que le
souscripteur était en mesure de comprendre la déclaration de bonne santé, par conséquent il n'est
pas nécessaire de faire remplir un questionnaire de santé (Cass. crim., 24 novembre 1999, RGDA
2000, p. 53, obs. J. Kullmann). Elle peut aussi estimer que les questions sont suffisamment précises
et intelligibles (Déclaration erronée de mauvaise foi à propos d'examens médicaux, Cass. 2e civ.,
8 sept. 2005, RGDA 2006, 74, Obs. Abravanel-Joly).

On pensait que c'était devenu la référence essentielle pour elle désormais : le juge ne peut relever
une déclaration erronée que s'il constate l'existence d'une question qui aurait dû conduire l'assuré à
déclarer tel élément (Cass. 2e civ., 9 avr. 2009, n° 08-14.624, RCA 2009, 159, obs. Groutel. - Cass.
2e civ., 13 janv. 2011, n° 10-12.806, RCA 2011, 162. - Cass. 2e civ., 9 févr. 2012, n°11-11470,
www.actuassurance.com, n° 25, obs. Krajeski).

Il faut reconnaitre qu'il existe une opposition entre les différentes chambres de la Cour de cassation.
La chambre criminelle, dans une parfaite orthodoxie, considère que le système légal suppose une
question et sa réponse l'ensemble se situant avant la souscription du contrat (Cass. crim., 10 janv.
2012, n° 11-81.647, Bull. civ. ; JCP G 2012, 428, note Mayaux. – Cass. crim., 27 janv. 2009, n°
08-81.257, RCA 2009, étude 5 par H. Groutel).

D'autres chambres sont plus récéptives à de nouveaux phénomènes. Il arrive de plus en plus que
l'assuré réponde par oral aux questions énoncées par l'intermédiaire d'assurance (ou au préposé
qui coche les réponses : Cass. 2ième civ., 29 mars 2012, n° 11-14305, Non publié au bulletin ,
www.actuassurance.com, n° 26, obs. Astegiano-La Rizza). Si on arrive à établir qu'il est auteur des
réponses, il n'y a pas de difficulté à lui reprocher leur inexactitude (Cass. 2e civ., 16 déc. 2010, n°
10-10.859 et 10-10.865, RCA 2011, 162). Comme le souligne les
arrêts, l'existence d'un questionnaire n'impose pas l'existence de réponses écrites, pas plus que
l'on écarte la possibilité de déclarations spontanées complémentaires. Pour établir la preuve des
réponses faites aux questions, l'assureur produira un écrit signé de la main de l'assuré récapitulant
ses réponses (Cass. 2e civ., 17 févr. 2011, n° 09-72.793, RCA 2011, 162. - Cass. 2ième civ., 12 avr.
2012, n° 11-30075, www.actuassurance.com 2012, n° 26, act. jurispr., note S. Abravanel-Jolly ).

La solution peut se trouver dans le texte en discussion. A relire l'article L. 113-2, si le


formulaire de déclaration n'est qu'une possibilité ("notamment"), ce qui permet le recours à
l'oral, le système question/réponse semble, lui, s'imposer. De surcroit, le texte fait référence
à la période de conclusion du contrat. Au point de vue des sanctions, il apparaît donc

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inconcevable de constater l'existence d'une erreur ou d'une dissimulation sans produire une
question qui corresponde à l'information recherchée.

2. Les limites de la déclaration


Le souscripteur doit répondre exactement aux questions posées sur les circonstances qui sont de
nature à faire apprécier par l'assureur les risques qu'il prend en charge. Il y a dans l'article L. 113-2
du Code des assurances une limite à l'information de l'assureur, on la retrouve dans l'art. L. 113-8 .
Les circonstances à déclarer doivent avoir un lien avec le risque pris en charge. C'est la première
limite à la déclaration du souscripteur.

L'assureur cherchant à faire sanctionner l'assuré pour fausse déclaration doit démontrer le lien
existant entre la question et le risque à couvrir (Cass. 2e civ., 16 déc. 2010, n° 10-12.179, RCA 2011,
162). Les juges du fond apprécient souverainement ce lien (Cass. civ. I, 21 mai 1990, RGAT 1990,
p. 605, obs. J. Kullmann) .

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Jurisprudence
Ainsi, la Cour de cassation a pu établir antérieurement des distinctions. Si le risque assuré est
la responsabilité de l'assuré et non son insolvabilité, l'assuré n'a pas normalement à déclarer la
résiliation d'un contrat antérieur pour défaut de paiement des primes (Cass. civ. I, 14 mai 1991,
RCA 1991, 303 ; RGAT 1991, 331). La déclaration ne sert en principe qu'à évaluer le risque et non
les aptitudes à être un bon cocontractant. Si il y a de l'intuitus personne dans le contrat d'assurance,
il semble souvent se définir par rapport à l'objectif de l'opération plus que la finalité particulière du
contrat. La Cour de cassation semble revenir sur cette conception. Dans un arrêt du 16 décembre
2010 elle casse un arrêt de Cour d'appel qui considérait que la fausse déclaration intentionnelle sur
la résiliation du contrat antérieur n'avait pas de lien avec l'opinion sur le risque (n° 10-13926, RGDA
2011, 474, note Abravanel-Jolly). Comme le remarque la commentatrice, l'espèce était peut être
l'occasion de recourir au dol plutôt qu'à un mécanisme spécifique au contrat d'assurance.

Une autre espèce éclaire différemment le débat (Cass. civ. I, 3 juillet 1990, Bull. civ. I, 185) . Une
personne souscrit une assurance couvrant la responsabilité liée à un véhicule mais d'autres risques
comme l'incendie. Elle se déclare conducteur habituel alors que c'est son fils. Un incendie a lieu,
l'assureur refuse sa garantie en prétendant que la fausse déclaration sur l'identité du conducteur
conduit à la nullité du contrat. La Cour de cassation rejette le pourvoi en soulignant l'absence de lien
entre identité et incendie. C'est assez audacieux dans un contrat multirisque dans la mesure où cet
élément est déterminant pour déterminer le risque de responsabilité. Peut-être faut-il remettre en
question cette attitude restrictive. La Cour de cassation semble avoir infléchi sa position. Par deux
arrêts du 8 novembre 1994 décidé que s'il est nécessaire que la fausse déclaration ait un lien avec
le risque pris en charge, il n'est pas important que la circonstance omise ait été sans influence sur
le sinistre (Cass. civ. I, 8 novembre 1994, Bull. civ. I, n°320) .

Selon les magistrats, il ne s'agit pas d'un revirement mais de promouvoir une analyse in concreto
de l'incidence du risque. En clair, l'analyse du lien doit se faire risque par risque mais concrètement.
Cette position a été confirmée de nombreuses fois (Cass. civ. I,3 janv. 1996, RGDA 1996,74 ; Cass.
2e civ., 8 juill. 2004, RGDA 2005, 926, note Fonlladosa, antécédents médicaux). La cour estime
que la fausse déclaration relative à l'identité était de nature à modifier l'appréciation de l'assureur
sur les risques d'incendie. Il y avait un lien avec le lieu du stationnement. La jurisprudence va
encore plus loin dans cette voie. Ce qui compte c'est l'opinion de l'assureur. Si l'assuré ment sur
une circonstance objet d'une exclusion de garantie (sur la notion, voir le thème sur la détermination
de la garantie) , il doit être sanctionné (Cass. civ. I, 22 mai 2002, RGDA 2002, 684, note Kullmann) .
La solution, bien que rigoureuse, doit être approuvée.

De façon assez surprenante la jurisprudence décide que l'incohérence des réponses aux questions,
non relevée par l'assureur après réception du questionnaire, manifestait son désintérêt pour le type
d'information fournie (surface des locaux assurés : Civ. 2e, 9 avril 2009, n°08-15867, NPB, RGDA
2009, 747, note Mayaux).

La question de l'incidence des déclarations sur la délimitation du risque pose d'autres difficultés.
Il s'agit de savoir si le souscripteur est dans l'obligation de déclarer l'existence d'autres contrats
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d'assurance. Nous savons qu'il existe en droit des assurances une distinction entre assurances
de répartition et assurances forfaitaires. Les assurances de répartition sont soumises au principe
indemnitaire (ce principe sera étudié à l'occasion de l'étude du sinistre) figurant à l'art. L. 121-1 C.
ass. : " l'indemnité due par l'assureur à l'assuré ne peut pas dépasser le montant de la valeur de la
chose assurée au moment du sinistre ". Le texte précise que l'assurance relative aux biens est un
contrat d'indemnité. Il donne un domaine au principe indemnitaire. Quel est donc le rapport avec le
problème des limites à la déclaration de risques ?

Il faut se référer à l'art. L. 121-4 : " Celui qui est assuré auprès de plusieurs assureurs par
plusieurs polices, pour un même intérêt, contre un même risque, doit donner immédiatement
à chaque assureur connaissance des autres assureurs ".

Nous y voilà ! Toute la question est de savoir si cette obligation de déclaration se limite aux cas où le
principe indemnitaire est susceptible de s'appliquer. Cela signifie donc que lorsque le souscripteur
d'une assurance ne déclare pas l'existence d'un autre contrat d'assurance, le contrat ne peut être
annulé pour fausse déclaration intentionnelle.

Jurisprudence
C'est la position qui fut adoptée par la Cour de cassation et que l'on retrouve dans deux arrêts
des 10 janvier 1995 et 15 février 1995 (Cass. civ. I, 10 janvier et 15 février 1995, D. 1996, somm.
185, obs. H. Groutel) . Il s'agissait d'un cas où une personne avait souscrit plusieurs contrats
couvrant le risque maladie et invalidité. Dans chaque contrat, elle avait répondu négativement à
la question relative à l'existence d'un autre contrat. Après survenance du sinistre, elle se trouvait
cumuler plusieurs indemnités journalières. La solution de la Cour de cassation revient à considérer
que l'article L. 113-8 est appliqué en considération de l'article 121-4 qui en constitue une limite. La
Cour de cassation confirmait donc un revirement amorcé en 199l (Cass.civ. I, 14 mai 1991, Bull. Civ.
I, n° 147; RCA 1991, 312 ; obs. H. Groutel) . Antérieurement, elle avait toujours affirmé l'autonomie
de l'article L. 113-8.

Elle semble être revenu sur cette idée par une décision récente (Cass. civ. I, 13 mai 1997, B. I, n
° 153; RCA 1997, 319, obs. H Groutel ; D. 1997, 351, note J.-L.Aubert; RGDA 1997, 829, note J.
Kullmann) confirmée depuis. L'espèce n'en se distingue pas fondamentalement des précédentes.
Une personne avait souscrit sept assurances individuelles différentes contre des accidents. Elle
déclare s'être blessée accidentellement 9 joures après la conclusion du dernier contrat (arme à
feu) . Elle avait répondu négativement à la question posée dans deux contrats par laquelle on
l'interrogeait sur l'existence d'autres contrats couvrant le même risque. Il faut mentionner que le
souscripteur a été poursuivi pour tentative d'escroquerie et relaxé. Il ne restait donc aux assureurs
qu'une voie contractuelle. La Cour de cassation les entend ;" Si les assurances contre les accidents
atteignant les personnes ne sont pas soumises au principe indemnitaire et si elles échappent ainsi
aux dispositions de l'article L. 121-4 du Code des assurances relatives aux assurances cumulatives ,
elles demeurent néanmoins soumises aux dispositions de l'art. L. 113-8 du même code ".

C'est l'affirmation de l'idée que l'article L. 113-8 du Code des assurances s'interprète
indépendamment de l'article L. 121-4 du même code. Il faut cependant rechercher les motifs qui
fondent ce revirement. Elle nous les donne : " que, par suite, l'assureur, pour se former une exacte
opinion du risque qu'il accepte de couvrir, peut imposer à l'assuré l'obligation de l'informer de
l'existence des autres polices qu'il a pu souscrire ".

Mais quel est donc le rapport entre déclaration d'assurances existante et opinion de l'assureur ?

Il faut aller chercher dans la jurisprudence des années 1940 pour trouver l'explication. A l'époque
où les arrêts de la Cour de cassation étaient moins hermétiques, on considérait que le fait qu'une
personne souscrive plusieurs assurances indiquait qu'elle faisait moins preuve de prévoyance que
d'un certain sens de la spéculation. Le sinistre avait donc plus de chances de se produire... la prime
était calculée en conséquence. Il faut avoir l'habitude de gérer des risques pour les délimiter avec
tant de soin. Certains auteurs suivent cette opinion (B. Beignier, op. cit., n° 79) . Cette position a
l'intérêt de montrer que le risque pris en considération est très large. Il s'agit non seulement des
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conséquences de l'événement dommageable mais il faut encore y intégrer l'effet du comportement
de l'assuré sur cet événement. C'est certainement une vision scrupuleuse du risque. Cependant,
elle a l'inconvénient d'effacer la frontière entre la considération de la situation du souscripteur et le
jugement de valeur sur le souscripteur cocontractant. On pourra toujours dire que la mutualité justifie
tous les sacrifices.

Puisque l'on parle de sacrifice, le moment est venu d'aborder le dernier facteur de limite au
questionnaire : le secret médical. Il s'agit surtout de comprendre comment le droit des assurances
s'articule avec les informations d'origine médicale couvertes par le secret. Il faut avouer que le
problème se pose moins souvent au stade de la déclaration que de l'enquête visant à rechercher les
causes d'une invalidité, une maladie ou un décès. Pour évaluer le risque et déterminer si sa garantie
est due, l'assureur a parfois besoin d'informations médicales. Du point de vue de la déclaration, le
problème ne se pose pas lors de la déclaration même mais au moment où il pense que l'assuré a
répondu faussement au questionnaire. Sa volonté d'en savoir peut-elle se heurter au secret invoqué
par l'assuré? Pour éviter le problème il est conseillé à l'assureur de soumettre le souscripteur à un
examen médical. Il faut cependant reconnaître que ce n'est pas la panacée. Le secret médical est
donc un obstacle qui se dresse souvent.

Jurisprudence
Si l'on en croit la jurisprudence de la chambre criminelle, tel est le cas puisque le patient lui-même
ne peut délivrer le médecin de son obligation (Cass. crim., 8 avril 1998, P. A. 19 juil. 1999, p. 24) .
Il faut souligner que les chambres civiles ont une conception plus nuancée du secret. La Cour de
cassation exige que l'argument tiré du secret soit invoqué au soutien d'un intérêt légitime (Cass.
civ. I, 9 juin 1993, RCA 1993, 348 et chron. M.-A. Peano) .

Selon B. Beignier, " il ne peut être absolu que quand il est légitime et il n'est légitime que lorsqu'il
vise à protéger la personnalité du patient (B. Beignier, Secret médical et assurance de personnes,
D. 1999, chron. p. 469) ".

" Mme X ne pouvait pas légitimement s'opposer à la production d'un (tel) certificat, dès lors qu'il ne
s'agissait pas pour elle de faire respecter un intérêt légitime mais de faire écarter un élément de
preuve contraire à ses prétentions ".

En l'espèce, l'assureur produisait un certificat médical établi par le médecin traitant de l'assuré.
Il découle de cet arrêt que l'assureur peut aussi solliciter une expertise médicale. Le dossier
médical peut être communiqué à l'expert judiciaire (Paris, 8 janv. 2002, Gaz. Pal. 2002, 2, 1500,
note Carbuccia-Berland) . La jurisprudence vient de restreindre cette possibilité en décidant qu'un
établissement de santé ne pouvait être contraint de transmettre des documents à un expert sans
l'accord de la personne concernée ou ses des ayant droits (Cass. 1re civ., 7 déc. 2004, RCA 2005,
75 ; Pierre Bichot, « Le secret médical : un outil redoutable à la disposition des assurés de mauvaise
foi », RLDC 2005, 485). On ne peut passer outre le refus de la personne concernée ou ses ayant-
droits.

C'est l'intérêt de la justice et la loyauté des débats qui justifient que l'assureur vérifie les antécédents
médicaux de l'assuré. Il en résulte que le souscripteur qui remet volontairement des documents
médicaux aux médecins conseils mandatés par l'assureur ne peut s'opposer à la communication
des documents à un expert judiciaire. L'autorisation donnée par l'assuré reçoit donc plein effet.
Il faut considérer comme valables les clauses par lesquelles l'assuré autorise la communication
d'informations au médecin-conseil. Il en va de même pour les clauses subordonnant la garantie à la
fourniture d'un certificat médical (Cass. civ. I, 29 oct. 2002, RGDA 2003, p. 340, note Kullmann) . Il
faut bien voir que l'autorisation n'est pas générale. Elle ne vaut que pour les circonstances citées :
informations nécessaires pour l'adhésion.

Cet aménagement de la force du secret médical a cependant ses propres limites. Ainsi, le médecin-
conseil de l'assureur ne peut divulguer à celui-ci les informations qu'il peut détenir du médecin de
l'assuré sous le sceau de la confidentialité (Cass. civ. I, 12 janvier 1999, B. I, n° 18; PA 10 juin 1999,
note F. Courtray; JCP 1999, II, rap. P. Sargos; D. 1999, 676 et chron. B. Beignier, p. 469) . Il doit
uniquement à l'assureur un avis et non la transmission de documents.

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Jurisprudence
C'est une règle qui excède largement le seul droit des assurances (Toulouse, 25 octobre 1999,
Cah. Jur. Aquit. Midi-Pyr. 2000-1, p. 133, note M. Contis) . En l'espèce, un médecin avait remis à
une femme un certificat médical relatif à l'état du conjoint, son patient. Celui-ci avait été versé à titre
de preuve dans une instance en divorce.

Il existe une autre limite. Il faut préciser que le secret ne peut se retourner contre l'assuré et lui
être opposé par l'assureur et le médecin-conseil de celui-ci, le TGI d'Angers (TGI Angers, 5 juin
1997, RCA 1997, n°282) a eu l'occasion de le rappeler : " En matière d'assurance ni l'assureur,
ni le médecin qui à la demande de celui-ci a examiné l'assuré, ne peuvent opposer à ce dernier
le secret médical ou professionnel pour refuser de communiquer le rapport médical sur lequel se
fonde l'assureur pour refuser ou suspendre sa garantie ".

Enfin, une dernière limite doit être évoquée. Il existe une interdiction légale de tenir compte de
certaines informations relatives à l'état de la personne. Cette interdiction figure dans l'article L.
1141-1 du Code de la santé publique et résulte de la loi du 4 mars 2002. Le principe consiste à
interdire aux entreprises proposant une garantie des risques d'invalidité ou de décès de tenir compte
des caractéristiques génétiques d'une personne demandant à bénéficier de ces garanties. Elles
ne peuvent solliciter d'expertise, ni prendre en considération le résultat de telles expertises remis
spontanément par l'assuré. L'interdiction vaut pour toute la durée du contrat.

En somme, en la matière, tout est affaire de loyauté et de mesure. Le problème essentiel restant
pour l'assureur de tenter de démonter que les déclarations effectuées ne sont pas exactes. Il pourra
ainsi bénéficier des sanctions de ces fausses déclarations.

Dans certains cas, l'assureur ne se heurte pas au secret médical pour obtenir des informations
sur l'état de santé de l'assuré ou d'un tiers réclamant l'indemnité. Il se borne à le faire suivre pour
déterminer si un accident a bien porté atteinte à son autonomie. La jurisprudence considère que
le procédé est admissible dès lors que "les atteintes portées à la vie privée , sur la voie publique
ou dans des lieux ouverts au public, sans provocation aucune à s'y rendre, et relatives aux seules
mobilité et autonomie de l'intéressé, n'étaient pas disproportionnées au regard de la nécessaire et
légitime préservation des droits de l'assureur et des intérêts de la collectivité des asuréss" (Cass.
1re civ., 31 oct. 2012, n° 11-17476, EDA 2012, 174, obs. Béguin ; wwww.actuassurance.com, n°
28, obs. Krajeski)

B. Les conséquences de la fausse déclaration


La fausse déclaration peut avoir deux conséquences sur l'opinion de l'assureur. Elle peut l'avoir
amené à contracter alors que s'il avait connu la véritable situation du souscripteur, il ne l'aurait pas
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fait. A ce titre, on peut envisager des sanctions aussi classiques que l'erreur ou le dol. La fausse
déclaration peut aussi l'avoir conduit à contracter à des conditions plus intéressantes que s'il avait
connu l'ampleur du risque. C'est le cas du père qui contracte en son nom une assurance pour un
véhicule utilisé par son fils jeune conducteur. Dans tous les cas, la fausse déclaration est une atteinte
à la mutualisation. Elle doit être sanctionnée. C'est à cela que servent les articles L. 113-8 et L.
113-9 du Code des assurances.

Après les avoir souvent effleurées, il est temps d'aborder ces dispositions. Elles établissent une
distinction entre bonne et mauvaise foi de l'assuré.

La distinction a été établie par la loi du 13 juillet 1930. La distinction n'a pas pour but de savoir
si l'assuré doit être sanctionné ou non. Il est essentiel de comprendre qu'en matière d'assurance,
la fausse déclaration est toujours susceptible d'être sanctionnée parce que le calcul de l'assureur
est faussé. Elle est susceptible seulement car l'assureur ou les circonstances peuvent générer une
paralysie des sanctions. Cette paralysie ne provient pas du comportement de l'assuré. Selon l'état
d'esprit de l'assuré, la sanction sera plus ou moins importante. L'éventail des comportements génère
une diversité de sanctions.

1. L'éventail des comportements


La lecture des articles L. 113-8 et L. 113-9 conduit à voir deux situations successives.

L.113-8 indique que " le contrat d'assurance est nul en cas de réticence ou de fausse
déclaration intentionnelle de la part de l'assuré, quand cette réticence ou cette fausse
déclaration change l'objet du risque ou en diminue l'opinion pour l'assureur " on retrouve ici
l'idée d'incidence que nous avions évoqué comme une limite aux questions posées par l'assureur.

L'art. 113-9 complète la proposition : " L'omission ou la déclaration inexacte de la part de


l'assuré dont la mauvaise foi n'est pas établie n'entraîne pas la nullité de l'assurance ".

Nous reviendrons plus tard sur les sanctions.Les deux textes semblent former un ensemble suffisant
excluant le recours au droit commun (R. Bout, « Vices du consentement et droit du contrat
d'assurance », mél. J.-L. Aubert, Dalloz, 2005, p. 45 s.). Ils n'empêchent cependant l'assureur de se
fonder, s'il y a lieu, sur l'absence d'aléa si c'est ce que crée la fausse déclaration (Cass. 1re civ., 4
nov. 2003, Resp. civ. et assur. 2004, 88 : déclarations relatives à des sinistres antérieurs).La formule
de L. 113-9 est curieuse : mauvaise foi non établie. Elle indique au moins la charge de la preuve.
Il appartient à l'assureur de démontrer que la déclaration est inexacte et que l'inexactitude provient
de la mauvaise foi de l'assuré. On présume la bonne foi en vertu d'un principe général énoncé à
l'article 2268 du Code civil.

a) L'assuré de mauvaise foi


La mauvaise foi est une notion dont le contenu évolue selon les matières. En quoi consiste la
mauvaise foi en la matière ? L'art. L. 113-8 indique qu'il s'agit d'un mensonge ou une réticence
(au sens propre du terme) ayant pour but de modifier l'opinion de l'assureur. L'assuré doit avoir
conscience de l'effet de sa réticence ou de son mensonge.
La démonstration de la mauvaise foi suppose la preuve de différents éléments :
• une question,
• une réponse,
• une réalité différente de la réponse,
• une intention de tromper.
Ces éléments doivent être établis par l'assureur.

Comment va-t-il y procéder ?

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Le questionnaire est l'élément essentiel de la preuve (la plupart du temps : Cass. 2e civ., 19
nov. 2009, n° 08-17.166, RGDA 2010, note Abravanel-Jolly). Quel rôle peut-il jouer ? Plus les
questions seront précises et plus il sera difficile à l'assuré d'affirmer qu'il n'en a pas compris le sens
(Cass.2e civ., 15 sept. 2011, n° 10-19694, RGDA 2012, 41, note Kullmann ) ou qu'il a pu oublier
des événements récents. Certaines hypothèses de mauvaise foi sont faciles à prouver. On citera
le cas d'un bandit notoire ayant contracté une assurance-vie en se déclarant directeur de société
(Cass. civ. I, 1er décembre 1993, Lexis, n° 1561) . On voit bien que la démonstration du mensonge
fait la preuve de la mauvaise foi. La réticence est plus difficile à cerner. Les circonstances vont
parfois aider un peu l'assureur. Si une hospitalisation importante a eu lieu peu de temps avant la
souscription, il est difficile d'admettre que le souscripteur a pu l'oublier. La réticence semble renforcer
l'importance du questionnaire et la jurisprudence refuse souvent de reconnaître la mauvaise foi
lorsque le questionnaire est dépourvu de clarté.

C'est tout le problème des formules pré rédigées. Il arrive que le questionnaire exige que le
souscripteur certifie ne pas avoir subi ceci ou cela. La jurisprudence peut décider que cela n'indique
pas suffisamment les éléments sur lesquels se fonde l'assureur. Elle donne parfois un effet curieux
à cette mention.

Jurisprudence
Dans une espèce, le souscripteur avait signé le questionnaire comportant une mention manuscrite
relative à un retrait de permis de 60 jours dans les trois dernières années. Le souscripteur avait en
fait été condamné pour homicide involontaire à 2 ans de suspension du permis. La déclaration est
sanctionnée comme étant fausse, mais la Cour estime que en l'absence de mention lu et approuvé
et de la preuve de question plus précises, il n'y a pas de mauvaise foi (Cass. civ. I, 28 septembre
1999, RGDA 2000, p. 52, obs. J. Kullmann).

La solution est certainement critiquable en ce qu'elle exige plus qu'une simple signature. La loi n'exige
pas la signature du questionnaire. Mais dans la mesure où il revient à l'assureur de démontrer la
fausse déclaration par le souscripteur, la signature du questionnaire est une belle preuve que le
souscripteur a pris connaissance des questions. En outre, l'arrêt remet au goût du jour la formule lu
et approuvé que la jurisprudence considère pourtant comme dépourvue de toute portée.

Tout cela montre que la notion de mauvaise foi est assez relative et que son établissement dépend
des tribunaux. Ils semblent détenir en la matière un pouvoir d'appréciation qui leur permet de donner
libre cours à leur désir de ne pas pénaliser l'assuré ou de moraliser la relation d'assurance (Cass.
civ., 15 juin 2000, RGDA 2000, 815, note A. Favre Rochex). Il faut aussi rappeler la tendance
de plus en plus courante à récapituler dans les documents contractuels les réponses de l'assuré
et de les produire lorsqu'une contradiction manifeste avec la réalité est constatée. Certains arrêts
s'affranchissent de plus en plus de l'exigence d'une corrélation question/réponse.

On se dira que tout cela n'est pas grave, l'impossibilité de caractériser la mauvaise foi n'empêche
pas de sanctionner la fausse déclaration. Rien n'est moins sûr. Le passage de l'article L. 113-8 à
l'article L. 113-9 n'a rien d'automatique. Si les conclusions ne font pas une demande subsidiaire sur le
fondement de l'art. L. 113-9 du Code des assurances , le juge n'a pas à soulever d'office l'application
du texte (Cass. civ. I, 20 octobre 1993, RGAT 1994, 111, note J. Kullmann ; RCA 1993, chron. n°36,
H. Groutel) , mais selon les circonstances il peut décider de l'appliquer (Cass. civ. I, 28 nov. 2001,
RGDA 2002, p. 63, note J. Kullmann) . Cette solution est critiquable. Au point de vue des règles
de procédure civile, elle ne tient pas compte de la règle selon laquelle le juge restitue aux faits leur
exacte qualification. Au point de vue du droit des assurances, c'est ne pas tenir compte du lien de
l'unité des textes relatifs à la fausse déclaration. C'est finalement décider que le contrat est nul ou
parfaitement valable. C'est donc faire preuve d'un sens curieux de la mesure.

Puisque de nullité, il est question, il est temps d'en décrire les spécificités. L'article L.113-8 précise
que le contrat est nul, cependant l'assureur conserve les primes payées et il a droit à toutes les
primes échues à titre de dommages et intérêts. Cette dernière disposition n'est pas applicable aux
assurances sur la vie. C'est véritablement une forme particulière de nullité. La règle des restitutions
réciproques ne joue pas ici. La nullité produit cependant quelques effets connus : la garantie est
censée n'avoir jamais existé et si des indemnités ont été versées, elles doivent être restituées.

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Ces restitutions unilatérales font adopter à un auteur une conception originale de cette nullité.Selon
B. Beignier, l'art. L. 113-8 n'est qu'une manifestation de l'adage " nemo auditur propriam
turpitudinem allegans (op. cit., n° 90) " magnifiquement exposé par le Professeur le Tourneau (Ph.
le Tourneau, La spécificité et la subsidiarité de l'exception d'indignité, D. 1994, chr. 298) . L'explication
rappelle que le droit des assurances est du droit civil. A la réflexion, elle semble pourtant ne pas être
la bonne, on peut considérer que l'adage s'applique du fait de l'esprit de fraude qui anime l'assuré
de mauvaise foi.

Peut-on cependant qualifier de cause illicite et immorale la volonté de réaliser une économie ?
L'auteur de la proposition souligne lui-même que l'assuré n'est pas foncièrement malhonnête. C'est
peut être un peu excessif. La sanction peut certainement se justifier par la seule idée que la mutualité
a déjà souffert du mensonge, il ne faudrait qu'elle souffre de la restitution des primes. Manifestation
d'une volonté de ne pas infliger un mal plus grand que celui que l'on veut sanctionner. La sanction
est dure et mieux vaut être dans la peau de l'assuré de bonne foi.

b) L'assuré de bonne foi


L'assuré de bonne foi, comme nous l'avons dit, c'est celui dont la mauvaise foi n'a pas pu être établie.
Son omission ou sa déclaration inexacte n'entraîne plus la nullité du contrat. Il existe deux types de
sanction selon que l'on se trouve avant ou après le sinistre.

Avant la survenance du sinistre, l'assureur se rend compte de l'omission ou de la déclaration


inexacte. Il a le choix entre deux possibilités :
• la résiliation du contrat
• ou l'augmentation de la prime
S'il choisit la résiliation du contrat, il doit attendre dix jours après l'envoi d'une notification envoyée
à l'assuré. On notera que la faculté de résilier appartient à l'assureur, l'assuré ne peut faire le choix
de cette résiliation.

Toujours avant la survenance du sinistre, l'assureur peut faire le choix d'une autre sanction. Il peut
décider de maintenir le contrat moyennant une augmentation de prime acceptée par l'assuré. Le
complément de prime correspond à la circonstance non déclarée modifiant l'opinion de l'assureur.

Lorsque l'omission ou la déclaration inexacte sont connues après la survenance du sinistre,


on appliquera la règle proportionnelle de prime. L'indemnité est alors amputée d'une somme
représentant le complément de primes qui aurait été versé si la déclaration avait été correcte. On
fait donc un rapport entre ce qui a été versé et ce qui était dû. C'est une bonne façon de trouver une
solution équilibrée. L'assuré conserve le bénéfice de la garantie sans que cela mette en danger la
mutualité. Ce n'est pourtant pas satisfaisant quand on élargit l'horizon.

Des bénéficiaires peuvent être intéressés à l'affaire, notamment dans les assurances de
responsabilité. Le tiers victime peut solliciter auprès de l'assureur le bénéfice de l'indemnité. Peut-il
se voir opposer la réduction d'indemnité ? Le problème est surtout posé dans les cas d'assurance
obligatoire, car dans ce cas, l'assurance n'a pas été contractée pour le bénéfice de l'assuré mais pour
celui des victimes. Certains auteurs ont donc proposé à la jurisprudence de décider que la réduction
proportionnelle ne s'appliquait pas dans les assurances obligatoires.

Dans certains cas, il est prévu que la réduction n'était pas opposable au bénéficiaire (art. R. 211-13
C. ass., assurance automobile) . Peut-on y voir l'expression d'un principe plus général ?

Jurisprudence
La Cour de cassation le refuse estimant qu'il revient au législateur de réaliser cette généralisation
(Cass. civ. I, 6 novembre 1994, RCA 1995, n° 67, obs. H. Groutel) . Venant de la Cour de cassation,
cette réponse n'est jamais entièrement satisfaisante. On se demande alors quelles raisons ont pu
la pousser à réaliser des avancées plus significatives.

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Avant le sinistre Après le sinistre

Résiliation du contrat : Dix jours après Règle proportionnelle de prime :


l'envoi d'une notification envoyée à l'assuré. L'indemnité est amputée d'une somme
représentant le complément de primes qui
Augmentation de la prime : Correspondant aurait été versé si la déclaration avait été
à la circonstance non déclarée modifiant correcte.
l'opinion de l'assureur.

2. La paralysie des sanctions


Il ne manque pas d'hypothèses dans lesquelles l'assureur ne pourra pas ou ne voudra pas se
prévaloir des sanctions de la fausse déclaration. La première est due au législateur, elle résulte de
l'article L. 113-10 du Code des assurances .

Selon cet article : " Dans les assurances où la prime est décomptée soit en raison des salaires,
soit d'après le nombre des personnes ou des choses faisant l'objet du contrat, il peut être
stipulé que, pour toute erreur ou omission dans les déclarations servant de base à la fixation
de la prime, l'assuré doit payer, outre le montant de la prime, une indemnité qui ne peut en
aucun cas excéder 50% de la prime promise ".

L'article prévoit en outre de prévoir la possibilité de répéter les indemnités versées en cas d'erreurs
ou omissions frauduleuses.Cette disposition d'une grande limpidité (!) prévoit le système de la clause
pénale en en fixant le montant maximum. L'assureur peut donc substituer aux sanctions prévues par
la loi le versement d'une clause pénale. Mais s'il le fait, c'est au prix d'une renonciation à invoquer
les articles L. 113-8 et L. 113-9 du Code des assurances (Cass. civ. I, 31 mars 1998, Bull. civ. I,
n° 129 ; Cass. civ. I, 17 juill. 2001, Bull. civ. I, n° 227) . Cette solution est justifiée par la nature
particulière des assurances concernées : assurances à prime variable dans lesquelles l'application
des sanctions habituelles n'est pas pertinente (J. Bigot, « Assurances à primes variables et risques
variables : fausse route ? », JCP G 2008, I, 207).

Il peut d'ailleurs exister d'autres stipulations contractuelles. Le contrat d'assurance peut prévoir une
clause d'incontestabilité par laquelle l'assureur maintient le contrat dans les mêmes conditions même
s'il découvre ultérieurement une omission ou une déclaration inexacte. Il ajoute au risque principal un
nouveau risque qu'il accepte de couvrir : le risque d'une mauvaise information (B. Beignier, op. cit.,
n° 95) .Par ces procédés, l'assureur a anticipé sur le problème des fausses déclarations. D'autres
phénomènes causent une paralysie pour une autre raison. La paralysie des sanctions peut ainsi
intervenir à titre de sanction. Cela devient très subtil.

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Jurisprudence
La jurisprudence a l'habitude de décider que la connaissance par le préposé ou l'intermédiaire de
l'assureur de la fausse déclaration l'empêche de se prévaloir des sanctions des articles L. 113-8
et L. 113-9 du Code des assurances (Cass. civ. I, 23 novembre 1999, RGDA 2000, 50, obs. D.
Langé. - Cass. 2e civ., 8 juill. 2010, n° 09-67899, RGDA 2010, 1015, note Mayaux). Le fondement
de la solution peut procéder de deux idées : l'assureur est civilement responsable de ceux qui sont
habilités à présenter des assurances pour son compte ; il est représenté par les intermédiaires.

La solution est-elle fondée ? Dans l'affaire citée, l'agent général d'assurance savait parfaitement
que les mentions relatives au conducteur habituel étaient inexactes. Il avait laissé conclure le
contrat. On ne peut pas dire qu'il y ait fausse déclaration puisque l'assureur, par son intermédiaire,
n'ignore rien de la véritable situation. La connaissance par l'agent général ou le préposé de la
véritable situation lors de la souscription du contrat écarte les conditions de la sanction.

Peut-on imputer la situation à l'assureur ? On peut toujours soutenir que c'est lui qui choisit les
personnes chargées de la représenter. La sanction n'est donc que la contrepartie de son choix.
Nous avons souligné la tendance des intermédiaires à recevoir les réponses orales des candidats
à l'assurance. La moindre modification des réponses, si elle est démontrée, peut exposer à cette
paralysie des sanctions.

Jurisprudence
La faveur de la jurisprudence pour l'assuré la mène plus loin enocre. Elle arrive à fonder la paralysie
des sanctions sur la théorie du mandat apparent (Cass. civ. I, 9 novembre 1999, RGDA 2000, 67,
obs. D. Langé) .

En l'espèce, un courtier d'assurance avait participé à une fausse déclaration consistant à faire
passer l'ami du propriétaire d'un véhicule pour conducteur habituel à la place du propriétaire. Ce
dernier avait été condamné deux fois pour conduite en état alcoolique. La fausse déclaration était
évidemment de mauvaise foi. Pour écarter les sanctions habituelles, la Cour de cassation réalise
un tour de force. Elle reproche aux juges du fond de ne pas avoir vérifié si l'ami du propriétaire
n'avait pas la croyance légitime que le courtier représentait et engageait la compagnie d'assurance.
Par le biais du mandat apparent, elle étend le champ de l'apparence. Elle étend aussi du même
coup la responsabilité de l'article L. 511-1 à ceux qui sont habilités et ceux qui sont légitimement
supposés habilités.
Les juges ont d'ailleurs la charge de rechercher si l'intermédiaire n'agissait pas en qualité de
mandataire de l'assureur (Cass. 2e civ., 4 févr. 2010, n° 09-11464, RGDA 2010, 310, obs. Bigot).
Une dernière hypothèse de paralysie réside dans la possibilité pour l'assureur de renoncer à faire
sanctionner l'assuré. On a déjà dit que les sanctions de la fausse déclaration n'étaient pas d'ordre
public. L'assureur peut donc y renoncer. La renonciation ne peut cependant valablement intervenir
qu'en connaissance de cause. L'assureur doit donc être informé de la véritable situation de l'assuré.
Le juriste chevronné sait que le problème de la renonciation résulte de son mode d'expression.
Comme tout acte de volonté, elle est soumise au principe du consensualisme. Elle peut être expresse
ou tacite. Tacite, l'assuré est en droit de démontrer que l'assureur a renoncé aux sanctions par tel
ou tel comportement non équivoque (Cass. civ. I, 20 juin 2000, RGDA 2000, 813, A. Favre Rochex) .
L'enjeu est de taille.

La loi a prévu deux cas de renonciation tacite.


• Selon l'art. L. 113-4 du Code des assurances , l'assureur informé d'une aggravation de risque
qui aura continué à recevoir les primes ou aura verser une indemnité après été informé d'une
aggravation de risque est censé avoir renoncé aux sanctions applicables (En revanche, le
recours aux solutions de L. 113-4 ne vaut pas renonciation à demander la nullité : cass. civ. I,
17 juill. 2001, RGDA 2001, 954, note Mayaux) .
• Le deuxième cas est plus général. Il résulte de l'art. L. 113-17 du Code des assurances : "
L'assureur qui prend la direction d'un procès intenté à l'assuré est censé aussi renoncer à toutes
les exceptions dont il avait connaissance lorsqu'il a pris la direction du procès ".
Toute la question consistera alors à jouer sur les qualifications : est-on dans le cadre d'une direction
de procès ou d'une protection juridique (Cass. civ. I, 8 juillet 1997, Bull. civ. I, n° 231) ?

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C. Les autres moyens d'information
L'assureur n'est pas censé s'en tenir au questionnaire d'assurance et doit utiliser des sources
complémentaires d'information. Il ne le doit pas parce que la loi l'impose mais parce que la
jurisprudence lui reprochera d'ignorer un fait évident. La notoriété publique et la médiatisation sont
des sources d'information qu'il ne peut ignorer (Cass. civ. I, 2 mars 1994, RGAT 1994, p. 469, obs.
R. Maurice) .

L'assureur peut aussi décider de trouver des modes d'information complémentaires : la visite des
lieux, l'expertise.

§ 2. L'évolution du risque
Nous avons souligné en commençant l'étude du contrat d'assurance, que cette convention inscrite
dans la durée évolue. L'élément central du contrat peut se modifier, l'obligation de déclaration de
l'assuré s'étend à cette circonstance nouvelle : " L'assuré est obligé de déclarer, en cours de contrat,
les circonstances nouvelles qui ont pour conséquence, soit d'aggraver les risques, soit d'en créer
de nouveaux et rendent de ce fait inexactes ou caduques les réponses faites à l'assureur... " (art.
L. 113-2, 3°, C. ass. ). Selon la jurisprudence, il y a aggravation si la modification intervient entre la
remise du questionnaire et la prise d'effet de la garantie (Cass. 2e civ., 19 févr. 2009, n° 07-21.655,
RCA 2009, 119).

Le Code précise que " L'assuré doit, par lettre recommandée, déclarer ces circonstances à
l'assureur dans un délai de quinze jours à partir du moment où il en a eu connaissance ".

Ce que ne mentionne pas cette disposition et qu'il faut pourtant évoquer, c'est le cas où le risque
diminue.

A. L'aggravation du risque
Sous l'intitulé d'aggravation de risque, il faut distinguer deux situations:
• Les circonstances nouvelles produisant une aggravation du risque existant,
• Les circonstances nouvelles provoquant l'émergence d'un risque nouveau.
Les deux sont soumises à l'obligation de déclarer mais en attendant la réaction de l'assureur, le
traitement n'est pas le même. Le risque nouveau ne fait pas partie du champ de la garantie. Il ne
doit pas être pris en charge par l'assureur.

Exemple
Un exemple illustrera l'idée. Un véhicule est assuré et il est prévu qu'il est censé tracter un certain
type de remorque. L'assuré tracte une remorque non mentionnée dans la police au moment où il
subit un accident. L'assureur peut invoquer l'exception de non-garantie. Il y a risque nouveau. Peut-
on facilement le distinguer de l'aggravation d'un risque existant ?

L'aggravation de risque existant est une circonstance nouvelle qui va augmenter " la probabilité
ou l'intensité du risque couvert par le contrat (Y. Lambert-Faivre, op. cit., n° 320) ". Si une maison
est assurée contre l'incendie, l'installation d'une usine de fabrication d'explosif est certainement
une circonstance nouvelle causant l'aggravation d'un risque existant. Il faut bien remarquer que la
distinction entre aggravation de risque existant et apparition de risques nouveaux est assez relative.
La jurisprudence fluctue souvent sur telle ou telle circonstance.

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Exemple
Un autre exemple permettra de mieux faire la différence entre les deux notions. Un aviateur
est assuré pour l'activité de photographie aérienne. A l'occasion d'un vol d'examen pour le
renouvellement de la qualification, un accident se produit. La Cour d'appel applique les solutions en
cas d'aggravation. La cour de cassation considère, à l'inverse que l'activité est un risque nouveau
exclu de la garantie (Cass. 2e civ., 5 juin 2008, n° 05-18126, RGDA 2008, 647, note Abravanell-
Jolly).

Il est important de souligner que l'obligation de déclarer n'est pas conditionnée par ces seules
circonstances nouvelles. Le texte prévoit que les circonstances nouvelles doivent rendre inexactes
ou caduques les réponses faites au questionnaire. C'est dans cette limite que naît l'obligation
de déclarer. C'est uniquement par référence aux inquiétudes initiales de l'assureur que se définit
l'obligation de déclarer (Cass. 2e civ., 22 janv. 2009, n° 08-10.294, RCA 2009, 117, obs. Leduc).

Pourquoi imposer une obligation de déclarer à l'assuré? Le but est en fait de permettre à
l'assureur de réagir à la circonstance nouvelle. On a vu que l'assuré devait déclarer l'aggravation
selon des formes particulières et dans un délai de 15 jours. Cette information fait naître au profit de
l'assureur une option.

Elle est réglementée à l'art. L.113-4 du Code des assurances " En cas d'aggravation du risque
en cours de contrat. Telle que si les circonstances nouvelles avaient été déclarées lors de la
conclusion ou du renouvellement du contrat, l'assureur n'aurait pas contracté ou ne l'aurait
fait que moyennant une prime plus élevée, l'assureur a la faculté, soit de dénoncer le contrat,
soit de proposer un nouveau montant de prime ".

Il peut donc adapter le contrat ou y mettre fin car sa prévision est bouleversée.

Lorsqu'il décide de mettre fin au contrat, une procédure est prévue. Le contrat prend fin dix jours
après la notification de l'assureur. Il doit restituer la portion de prime correspondant à la période
pendant laquelle le risque n'a pas couru. Comme elles sont payées par avance, c'est la période qui
reste à courir. Lorsqu'il propose une augmentation de prime, les choses sont différentes. L'assuré
peut l'accepter ou la refuser. Dans ce dernier cas l'assureur peut mettre fin au contrat si l'assuré
n'a pas donné suite à sa proposition dans les trente jours ou l'a refusé expressément. Cette faculté
de résiliation est subordonnée à l'information de l'assuré en caractères apparents dans la lettre
de proposition. L'assureur doit en outre rappeler à l'assuré les dispositions ici décrites lorsqu'il est
informé d'une aggravation.

Plusieurs hypothèses viennent empêcher l'accomplissement de cette procédure. Il se peut d'abord


que l'assureur ne réagisse pas à la déclaration de l'assuré. Dans ce cas, l'article L. 112-2 du
Code des assurances prévoit une hypothèse originale. Le silence de l'assureur dans les dix jours
vaut acceptation de la modification. Le contrat couvre l'aggravation aux conditions antérieures. La
jurisprudence décide que la disposition vaut aussi bien pour l'aggravation de risques existants que
pour l'apparition de risques nouveaux (Cass. 1re civ., 15 juin 1999, RGDA 2000, 71, obs. Kullmann ;
Cass. 2e civ., 3 mai 2006, RCA 2006, 279). En revanche, si l'assuré n'a pas utilisé cette forme
afin de solliciter la souscription d'un contrat pour un risque nouveau, le risque n'est pas couvert en
attendant la décision de l'assureur. C'est une offre qui attend une acceptation et non une proposition
de modification (Cass. 2e civ., 3 sept. 2009, n° 08-19.597, RCA 2009, 336, obs. Leduc).

Jurisprudence
Dans la première espèce, un fabricant de fermeture en aluminium avait assuré son activité. Il
avait fait part à l'assureur de sa volonté de faire assurer une nouvelle activité : la construction de
vedettes. L'assureur a laissé cette lettre sans réponse. Lors de la survenance d'un sinistre, l'assuré
invoque le bénéfice de la modification et l'assureur la limitation du texte à l'aggravation de risques
existants. La Cour de cassation rejette la demande de l'assureur : " sauf le cas d'assurance sur la
vie, une proposition, quelles que puissent en être la nature et la portée, faite par l'assuré, par lettre
recommandée, à son assureur, et que ce dernier n'a pas refusée dans les dix jours de la réception
de cette lettre, est considérée comme acceptée par lui ".

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Dans la seconde espèce, un assuré proposait de reporter l'assurance d'un immeuble sur un autre,
le silence de l'assureur a conduit à la couverture d'un sinistre.

La règle silence vaut acceptation était fondée sur l'idée que l'assuré ne peut contacter un autre
assureur lorsqu'il s'agit de l'aggravation d'un même risque, il ne faut pas le laisser dans l'expectative.
Il n'en va pas de même pour l'assurance d'un risque nouveau car un nouveau contrat d'assurance
peut être souscrit. La cour de cassation semble voir dans le texte un instrument général de sécurité
pour l'assuré. Cette interprétation large ne vaut cependant que si, dans sa proposition l’assuré
évoque la police existante, sinon il fait une simple proposition de conclusion d’un autre contrat (Cass.
2e civ., 3 sept. 2009, n° 08-19.597, RCA 2009, 336, obs. Leduc ; RGDA 2009, 1147, note Mayaux).

L'article L. 113-4 du Code des assurances prévoit une autre hypothèse où la procédure est
supprimée. Lorsque l'assureur informé d'une quelconque manière de l'aggravation a manifesté son
consentement au maintien de l'assurance spécialement en continuant à recevoir les primes ou en
payant, après un sinistre, une indemnité (Cass. 2e civ., 10 nov. 2009, n° 08-21447, RGDA 2010,
71, note Abravanel-Jolly). Après le silence, l'acceptation tacite. Plus vraisemblablement, il faut voir
dans les deux dispositions une volonté de sanctionner la négligence du cocontractant. Il sait quel
comportement adopté et dans quels délais.

Comme le prévoit in fine l'article L. 113-4, les dispositions citées ne sont pas applicables aux
assurances sur la vie et à l'assurance maladie lorsque l'état de santé de l'assuré se trouve modifié.
Elles ont été souscrites pour pallier les conséquences du changement dans l'état de santé.

Pour les assurances de dommage, la modification du risque non prise en considération fausse les
prévisions de l'assureur. On comprend alors que le défaut de déclaration soit soumis à des sanctions
comme pour la déclaration initiale de risque. La sanction n'est cependant pas la même. L'article
L. 113-2 du Code des assurances prévoit une déchéance pour déclaration tardive. Nous allons
cependant voir qu'à la différence des sanctions habituelles d'obligations légales, celle-ci a un régime
spécifique.

La déchéance dont parle le texte c'est la perte du droit subjectif, ici le droit à garantie. Vous
connaissez des hypothèses où le banquier est déchu de son droit à intérêts. Cette déchéance n'est
pas constituée par le seul manquement à l'obligation d'information. Il faut en outre que le contrat
ait prévu cette sanction : " lorsqu'elle est prévue par une clause du contrat... ". Il faut encore que
l'assureur démontre que le retard dans la déclaration lui a causé un préjudice. On ne sait plus
s'il s'agit d'une sanction ou d'une réparation. Vous voyez cependant dans l'ensemble du dispositif
que la négligence de l'assuré n'a pas les mêmes conséquences que celle de l'assureur. On est
professionnel ou on ne l'est pas...

De façon assez surprenant, la jurisprudence limite cette sanction à la déclaration tardive. Que faire
lorsque l'assuré n'a pas du tout déclaré l'aggravation ? Selon elle, on peut appliquer les sanctions de
L. 113-8 ou L. 113-9 comme s'il y avait défaut de déclaration initiale (Paris, 25 janv. 2005, Gaz. Pal.
4 et 5 mai 2007, p. 40, obs. Leducq). Donc, peut être prononcer une nullité pour un manquement
contractuel !

RESUME : Une circonstance nouvelle peut révéler une aggravation de risque existant ou un
risque nouveau. Si l'aggravation rend inexactes ou caduques les réponses au questionnaire,
l'assuré doit déclarer l'aggravation. Le défaut de déclaration l'expose à une déchéance du droit
à garantie conditionnée à une clause du contrat et un préjudice pour déclaration tardive. La
déclaration se fait par lettre recommandée dans les 15 jours de la connaissance de l'aggravation.
Le silence de l'assureur pendant les 10 jours de la réception vaut acceptation par l'assureur de la
modification.Il peut décider de résilier le contrat. Elle intervient 10 jours après notification moyennant
remboursement de la prime pour la garantir restant due.Il peut proposer un nouveau montant de
prime. Si l'assuré refuse ou garde silence pendant 30 jours, l'assureur peut résilier s'il a informé
l'assuré.Ces dispositions ne sont pas applicables aux assurances sur la vie et assurance maladie si
état de santé de l'assuré se trouve modifié.

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B. La diminution du risque
L'article L. 113-4 du Code des assurances réserve un alinéa à la diminution de risque. Il indique
que l'assuré a droit à une diminution du montant de la prime. Si l'assureur n'y consent pas, l'assuré
peut résilier le contrat. La dénonciation du contrat prend effet trente jours après. L'assureur doit alors
rembourser la portion de prime correspondant à la période pendant laquelle la garantie n'est pas
fournie.

Pratiquement, l'assuré va proposer une modification par lettre recommandée dans les conditions de
l'art. L. 112-2, cela lui permettra de bénéficier de la règle selon laquelle le silence gardé pendant
10 jours vaut acceptation.

Jurisprudence
La jurisprudence est assez libérale. Une proposition de modification par télécopie suffit à faire jouer
tacite acceptation (Cass. 2e civ., 29 mars 2006, RGDA 2006, 624, obs. Mayaux. - Cass. 2e civ., 5
juill. 2006, Gaz. Pal. 4 et 5 mai 2007, p. 13, obs. Périer). La nécessité d'une lettre recommandée
est qualifiée de simple formalité probatoire. La jurisprudence a ici des largesses qu'elle s'interdit
concernant l'interruption de prescription (cf. leçon 8)
.

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