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Kerkennah

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Kerkennah

34° 39′ 29″ N, 11° 04′ 07″ E
Kerkennah
‫قرقنة‬ (ar)

Image satellite des Kerkennah.

Géographie

Pays  Tunisie

Localisation
Mer Méditerranée
Coordonnées
34° 39′ 29″ N, 11° 04′ 07″ E
Superficie
160 km2
Nombre d'îles
14
Île(s) principale(s)
Chergui et Gharbi
Point culminant
non nommé (13 m)
Géologie
Îles continentales

Administration

Statut
Délégation et municipalité

Gouvernorat
Sfax

Démographie

Population
15 501 hab. (2014)
Densité
96,88 hab./km2
Plus grande ville
Remla

Autres informations

Découverte
Préhistoire
Fuseau horaire
UTC+01:00
Géolocalisation sur la carte : Tunisie

Kerkennah

Archipels en Tunisie

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Les Kerkennah (arabe : ‫قرقنة‬ Écouter [qærqnæ]) sont un archipel tunisien de la mer


Méditerranée situé à 17,9 kilomètres au large de Sidi Mansour, dans la périphérie nord-est
de Sfax. Administrativement, il constitue une délégation rattachée au gouvernorat de Sfax,
composée de dix imadas, mais aussi une municipalité.
Il est composé de deux îles principales — Gharbi, aussi appelé Mellita du nom du village qu'elle
abrite, et Chergui ou Grande Kerkennah — et de douze îlots, Gremdi, Roumadia, Rakadia,
Sefnou, Charmadia, Ch’hima, Keblia, Jeblia, El Froukh, Firkik, Belgharsa et El Haj Hmida. Le
périmètre de l'archipel dépasse 160 kilomètres. Gharbi et Chergui sont reliées entre elles par une
chaussée d'une longueur de 600 mètres existant dès l'époque romaine. La principale route
asphaltée, qui traverse l'archipel entre Sidi Youssef à l'extrémité ouest et Kraten à l'extrémité est,
mesure presque 45 kilomètres.

Sommaire
 1Étymologie
 2Géographie
 3Histoire
 4Démographie
 5Économie
 6Culture
o 6.1Festivals
o 6.2Gastronomie
o 6.3Religion
 7Personnalités
 8Notes et références
 9Voir aussi
o 9.1Bibliographie
o 9.2Liens externes

Étymologie[modifier | modifier le code]
Les Romains, à travers les nombreuses descriptions faites par Diodore de Sicile, Polybe, Tite-
Live ou Plutarque, dénomment ce groupe d'îles Cercina, nom libyco-berbère d'une ville portuaire
fréquemment visitée par des vaisseaux de marchandises 1. Les variantes de Kirkeni, Karkeneh ou
Querquanes existent également.
Le nom de Kyrannis mentionné par Hérodote au Ve siècle av. J.-C.2 serait quant à lui le résultat
d'une erreur dans la retranscription du manuscrit, en l'occurrence l'oubli de la lettre
grecque kappa.
Outre « Kerkennah », les
orthographes « Karkenah », « Karkena », « Kerkenna », « Kerkena » ou encore « Kerkina » sont
également utilisées.

Géographie[modifier | modifier le code]
L'archipel, distant de Sfax d'une vingtaine de kilomètres, se caractérise par un relief plat et un
milieu quasi-aride. L'altitude maximale est de treize mètres, ce qui aurait pour conséquence, en
cas de montée du niveau de la mer, la submersion partielle ou totale de l'archipel. Les sols sont
souvent très salins et une partie du territoire est occupée par des lagunes appelées sebkhas. Les
Kerkennah bénéficient par ailleurs de moins de 200 millimètres de précipitations par an3.
L'arbre typique de l'archipel est le palmier : la palmeraie abritant plusieurs centaines de milliers
d'arbres a toutefois un aspect très clairsemé du fait du manque d'eau et de sols très pauvres et
salins. Les palmiers donnent donc des fruits de qualité médiocre, servant d'alimentation pour
le bétail, alors que les palmes et les troncs servent à la confection du matériel de pêche.
Les fonds marins abritent, à cinquante kilomètres au large, l'un des plus remarquables herbiers
de posidonies de la mer Méditerranée.

Chemin serpentant entre palmiers et vergers


 

Paysage des Kerkennah


 

Coucher de soleil au large du village de Chergui


 

Coucher de soleil en août 2017

 Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.

Histoire[modifier | modifier le code]
Article connexe : Histoire de la Tunisie.
Les Kerkennah sont décrites par Hérodote dans ses Histoires rédigée au Ve siècle av. J.-C. :
« Auprès de ce pays est, au rapport des Carthaginois, une île fort étroite, appelée Cyraunis ; elle
a deux cents stades de long. On y passe aisément du continent ; elle est toute couverte d'oliviers
et de vignes. Il y a dans cette île un lac, de la vase duquel les filles du pays tirent des paillettes
d'or avec des plumes d'oiseaux frottées de poix. J'ignore si le fait est vrai ; je me contente de
rapporter ce qu'on dit : au reste, ce récit pourrait être vrai, surtout après avoir été témoin moi-
même de la manière dont on tire la poix d'un lac de Zacynthe [...] Ainsi ce qu'on raconte de l'île
qui est près de la Libye peut être vrai4. »
Les plus anciennes traces historiques remonteraient ainsi à l'époque phénicienne. Le climat
ayant probablement été plus pluvieux à cette époque, on retient la description d'un lieu de
production agricole.
Jules César, dans sa lutte contre Pompée, y fait une halte en 46 av. J.-C. pour ravitailler
sa flotte maritime. Cette représentation contraste avec celle contemporaine d'un lieu quasiment
impropre à la culture, même s'il est vrai que les Kerkennah ont longtemps servi de pâture à un
important cheptel ovin et caprin.
Site archéologique de Borj Hassar.

L'archipel accueille Hannibal Barca sur sa route d'exil en 195 av. J.-C., après sa défaite à


la bataille de Zama, qui y séjourne quelques années avant de rejoindre la Phéniciens du
roi Antiochos III de Syrie. De même, Tacite rapporte dans ses Annales qu'il sert durant quatorze
ans de prison pour Sempronius Gracchus, amant de Julie qui n'est autre que la fille de l'empereur
romain Auguste5, qui y est finalement exécuté.
C'est probablement à cette période qu'est construite une cité romaine sur l'archipel. Celle-ci
devait se trouver à l'emplacement occupé par le fort de Borj Hassar — repris par
les Ottomans au XVIIIe siècle — qui constitue le seul vestige historique de l'île situé sur la côte
occidentale, près de Sidi Frej. Ainsi, des traces de cuves de salaison et de citernes utilisées à
une époque où le niveau de la mer était supérieur de deux mètres à son niveau actuel ont été
retrouvées. Quelle que soit l'époque, les Kerkennah ne restent donc jamais à l'écart des
évolutions du continent en raison de la faible distance de la côte et de la facilité de navigation.
Rattachée tour à tour aux provinces d'Afrique proconsulaire, de Numidie et de Byzacène, elle
devient un siège épiscopal au IVe siècle et saint Fulgence y aurait bâti le dernier monastère à
Erramadia au VIe siècle. Au VIIe siècle, avec la conquête musulmane du Maghreb, l'archipel se
convertit et prend comme nom définitif. Il apparaît vite comme un enjeu dans la rivalité entre les
puissances de la Méditerranée occidentale : il est ainsi conquis tour à tour par
les Almohades au XIIe siècle. En 1284, Pierre d'Aragon prend le contrôle des Kerkennah et
devient pour vingt ans le suzerain de l'amiral Roger de Lauria. L'archipel passe ensuite sous le
contrôle des troupes de Roger de Sicile puis des flottes espagnoles et ottomanes au XVIe siècle.
Finalement, les Kerkennah sont définitivement conquises par Sinan Pacha pour le compte du
sultan ottoman Sélim Ier en 1574 et servent de base navale ; beaucoup de Kerkenniens entrent
par la suite dans les marines marchande ou militaire.
Au début de l'année 1807, François-René de Chateaubriand passe plusieurs jours au large de
l'archipel dont il mentionne les charfias6. Avec l'installation du protectorat français de Tunisie, des
relations de voyage sont rédigées et décrivent les Kerkennah et les Kerkenniens en des termes
marqués par le racisme colonial de l'époque mais très positifs, proches de l'idéal naturel de Jean-
Jacques Rousseau :

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