14 - Goyon - Jean Claude KARNAK16
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KARNAK
16
CINQUANTENAIRE
CFEETK 1967-2017
Centre franco-égyptien d’étude des temples de Karnak
2017
Le kiosque d’Osorkon III du parvis du temple de Khonsou :
vestiges inédits
Jean-Claude Goyon (univ. Lyon 2)
D
urant l’exercice 1976-1977 du CFEETK avait lieu le relevé architectural des vestiges de la colon-
nade-propylée construite sous la XXVe dynastie, en avant du pylône du temple de Khonsou. L’opération
comporta une fouille des fondations du secteur de la travée centrale du kiosque originel, correspondant
à la portion terminale nord du dromos 1. Le dégagement eut pour résultat la découverte d’un ensemble de douze
plaques de grès fragmentées, remployées dans les fondations des colonnes 2 et provenant du débitage des murets
d’entrecolonnements d’un kiosque avant-porte détruit au temps du règne de Taharqa ; ces restes de construction
étaient datés de la XXIIIe dynastie grâce aux cartouches d’Osorkon III « Fils d’Isis » conservés sur certains
des témoins 3.
30 cm d’épaisseur. Seule la face ravalée reçut la gravure, le dos restant brut. Ceci implique que, à cette époque,
le mode de mise en appareil a comporté le montage de chaque muret en deux panneaux accolés deux à deux 4.
Impossible dès lors d’assigner un emplacement quelconque à aucun d’entre eux, même lorsque, par la suite,
certains ont pu être assemblés avec certitude. En outre, contrairement à la présomption émise par Fr. Laroche
en 1982, aucun autre vestige du monument d’Osorkon III n’a, ensuite, été extrait des fondations de la colonnade
éthiopienne et l’étude préliminaire descriptive de Cl. Traunecker, annoncée en 1977, n’eut pas de suite 5. Il me
revint donc de reprendre le dossier et de présenter en 1982 lors du Congrès international des Égyptologues de
Toronto un résultat obtenu à partir du premier des deux assemblages photographiques que j’étais parvenu à
établir 6. Toutefois, du fait des limites imposées par les éditeurs du périodique qui publia les actes du congrès,
aucune donnée technique concernant les quatre éléments du premier montage n’avait pu être communiquée
tout comme pour le second assemblage effectué ensuite, réunissant deux autres morceaux de paroi 7. En 2013
et 2015, l’étude des contenus des six premiers fragments de murets ayant abouti, les deux assemblages ont pu
être publiés in extenso en photographie et en dessin 8. Les six autres plaques et portions de murets de la fouille
de 1976 sont jusqu’ici demeurés inédits. Le rassemblement et la confrontation des caractéristiques des douze
témoins disponibles permettent d’évaluer approximativement les dimensions des scènes figurées des murets
de la colonnade d’époque libyenne. Pour une hauteur avoisinant 1,40 m, les tableaux occupaient une longueur
d’environ 2,90 à 3 m et leur répartition correspondait à un dispositif de scènes se répondant en vis-à-vis.
4. Un procédé similaire a été utilisé à Philae par les maçons ptolémaïques pour la restauration de la paroi du muret de l’angle nord-
ouest du kiosque de Nectanébo ; S. Farag, G. Wahba, A. Farid, « Notizie da File II. Reused Blocks of Nectanebo », OrAnt 17, 1978,
p. 152. Cela pourrait être la raison de la présence de résidus de plâtre au dos des blocs.
5. Fr. Laroche-Traunecker, Karnak 7, p. 313 ; J. Leclant, Orientalia 46/2, 1977, p. 255, n. 1.
6. Scène du lâcher des oiseaux du sacre ; l’article du JSSEA mentionné n. 3 ne comportant pas d’illustration, ce montage est reproduit
dans R. Fazzini, Egypt Dynasty XXII-XXV, Iconography of Religions XVI/10, Leyde, 1988, pl. XVI et p. 32.
7. Ce sont les six blocs mentionnés par Fr. Laroche-Traunecker, « Les restaurations et transformations d’époque gréco-romaine du
temple de Khonsou à Karnak », dans W. Clarysse, A. Schoors, H. Willems (éd.), Egyptian Religion. The Last Thousand Years 2,
OLA 85, 1998, p. 906, n. 15.
8. J.-Cl. Goyon, « Thèbes, Thot et la monarchie pharaonique après la IIIe Période de Transition. La fête du 19 du premier mois de
l’année et les rites de confirmation du pouvoir royal à Karnak, Edfou et Philae » (I re Partie), dans Chr. Thiers (éd.), Documents de
Théologies Thébaines Tardives (D3T 2), CENiM 8, 2013, p. 33-93 ; IIe Partie, dans D3T 3, CENiM 13, 2015, p. 29-89. Voir CENiM 8 :
assemblage 1 = muret 1 du « Lâcher des oiseaux », p. 36, fig. 3 ; assemblage 2 = rites lunaires, p. 37, fig. 4.
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Le kiosque d’Osorkon III du parvis du temple de K honsou : vestiges inédits
Dans l’appareil originel, vraisemblablement liées au plâtre, les plaques réunies pour former ce muret devaient
reposer sur un soubassement aujourd’hui disparu, mais dont la hauteur peut être estimée d’après celle de certains
des blocs inédits qui comportent une ligne de sol au-dessus d’une zone ravalée sans décor d’une hauteur appro-
chant 45 cm à 50 cm. Les matériaux utilisés proviennent probablement tous de remplois, mais seul le dernier
élément D de cet assemblage 1 en apporte la preuve formelle. Retaillée dans la base d’un sphinx du dromos
de la XVIIIe dynastie, la plaque D conserve dans l’épaisseur de sa partie inférieure le restant de l’inscription
originelle de dédicace gravée au protocole d’Amenhotep III 9 (fig. 2).
9. Signalé par Fr. Laroche-Traunecker, Karnak 7, 1982, p. 323, no 16. Mentionné par A. Cabrol, Les voies processionnelles de
Thèbes, OLA 97, 2001, p. 254.
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J ean-Claude Goyon
Le texte hiéroglyphique conservé correspond au début du nom de Nebty d’Amenhotep III « [Vive Celui des
Deux-Dames qui établit les normes], qui pacifie [le Double-Pays], le Faucon d’Or, grand de force physique qui
frappe les Asiatiques, le Roi qui apparaît portant la double rémige comme [Amon …] » 10.
De la disposition des acteurs, roi et premier prophète d’Amon se dirigeant vers la droite, il ressort que ce
muret appartenait à une paroi latérale gauche de l’entrecolonnement originel selon l’axe de montée sud-nord
aboutissant au pylône. Il n’a pas été possible d’établir si l’édifice originel de la XXIIIe dynastie possédait, comme
pour son successeur éthiopien, plusieurs travées ; cependant, l’examen de la cohérence et de la concentration du
thème religieux illustré sur douze des treize vestiges recueillis conduit à envisager l’hypothèse d’une construction
simple comportant une allée axiale bordée de murets appareillés en double épaisseur. Dans ce cas, sur l’axe
nord, les représentations des parois internes correspondent aux rites de confirmation du pouvoir royal ainsi qu’à
celui du virement des offrandes du cycle lunaire des deux assemblages retrouvés (Nos 1 et 2).
Assemblage 2 (fig. 3)
Seuls deux morceaux de plaques de longueur inégale et incomplets dans leur hauteur ont été utilisés pour
ce second muret. La scène est pratiquement complète sauf à la portion inférieure où le bas des jambes des fi-
gures debout manque ; l’ensemble originel devait comporter un soubassement non retrouvé. La taille générale
du muret correspond à celle du précédent même si les dimensions individuelles des deux éléments assemblés
sont différentes :
– Bloc A’ : L. max. 1,42 m ; H. max. 0,91 m ;
– Bloc B’ : L. max. 0,69 m ; H. max. 0,90 m.
10. J. Von Beckerath, Handbuch, p. 229 ; E. Hornung, LÄ I/2, 1973, col. 206, s.v. « Amenophis III ».
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Le kiosque d’Osorkon III du parvis du temple de K honsou : vestiges inédits
Compte tenu des manques sur le côté gauche de la plaque A’ et sur celui de droite de B’, la longueur moyenne
actuelle totale de 2,11 m, contre 2,74 m pour l’assemblage no 1 11, suggère que les dimensions approximatives
des scènes de chaque muret approchaient en longueur 2,80 m à 2,90 m pour une hauteur d’1,50 m au maximum.
Ce second muret, sur l’axe nord de l’allée centrale de la colonnade, devait être placé à droite dans la mesure où
l’offrande du roi du sud à la couronne blanche se place à droite du tableau pour l’observateur – la scène fonc-
tionnant en outre à double sens par la dualité du motif de la rencontre au centre des manifestations du principe
divin lunaire.
Muret no 1 : Scène de ḫrp qbḥ à Amon-Rê par Osorkon III et deux génies économiques (fig. 4-5)
Inédit, ce tableau a, toutefois, été décrit de manière approximative par J. Baines en 1985 qui l’attribua en
outre par erreur à Osorkon IV 12. En effet, le roi n’est pas « offering incense » comme indiqué, mais il présente
une aiguière au seigneur de Karnak. De même, en renvoyant à l’iconographie similaire des génies économiques
représentés à la même époque dans le temple d’Osiris ḥqȝ ḏ.t, la description des personnages n’est pas conforme
à la réalité, tout autant que l’identification opérée tendant à confondre ceux du muret avec les intervenants dif-
férents de nature et de nom du relief du temple osirien de l’est du téménos d’Amon.
De forme régulière, marqué de fractures transversales sans déplacements, la ligne d’arrêt du bas de la plaque de
grès correspond à un raccord originel avec un élément formant soubassement sur lequel étaient gravées les jambes
des personnages qui manquent dans l’état actuel. À la partie droite, le bloc a subi une découpe biaise mutilant
l’image d’Amon ; à gauche, une forte épaufrure qui marque les deux tiers inférieurs du bord taillé verticalement
a entraîné la perte de l’arrière du corps du second génie économique. Sur toute la longueur conservée, le haut
des colonnes de texte des légendes qui figurait sur un élément d’architecture de couronnement du muret est
manquant. Les dimensions relevées équivalent à :
– sans restitution de la figure d’Amon-Rê du champ droit, L. max. 1,45 m ; H. max. 0,87 m ;
– avec restitution, L. 1,73 m 13.
11. Les manques latéraux étant bien moindres, la scène de ce muret 1 est pratiquement complète ; il ne manque qu’une moitié environ
de la colonne royale de texte du côté gauche et la bordure à droite de la palette de Benenet. Il se pourrait que l’encadrement des
tableaux ait comporté un ciel étoilé à la partie supérieure comme sur le fragment de plaque no 4, élément de décor peut-être supporté
aux extrémités des côtés par de grands signes ouas.
12. J. Baines, Fecundity Figures, Warminster, 1985, p. 308 ; id., Orientalia 46, 1977, p. 255 cité à cette page, mais ne faisant en aucune
façon allusion à ce muret, mentionnant seulement les blocs de l’assemblage 1 ci-dessus.
13. Si comme cela semble être le cas les murets appareillés mesuraient en longueur entre 2,80 m et 2,90 m, un bloc adjacent situé à
droite d’environ 1 m pouvait accueillir les figures de Mout et Khonsou. C’est ce que suggère la mention des nṯr.w nb.w Bnn.t de la
col. 5 des légendes ; une hypothèse moins vraisemblable serait que ce complément était placé à gauche, car la scène semble complète
en ne comportant que deux figures de génie.
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Le kiosque d’Osorkon III du parvis du temple de K honsou : vestiges inédits
Le dieu Amon récipiendaire assis à droite du muret fait face au pharaon officiant et aux génies l’accompagnant,
tous trois venant de la gauche. De cette disposition, il ressort que dans la colonnade d’origine le muret faisait
partie d’une paroi placée à gauche de la personne se dirigeant vers le nord en direction du pylône du temple de
Khonsou, ce qui était également le cas pour l’assemblage no 1 du « lâcher des oiseaux ».
Le souverain à la barbe carrée, coiffé du nemes à poche portant l’uraeus frontal est torse nu ; il n’est vêtu que
d’un pagne court à ceinture et queue cérémonielle. D’une main, il présente vers le visage d’Amon une aiguière
qui semble n’avoir pas été munie d’un bec comme celles tenues par le Nil qui suit le roi. L’autre main est tendue
vers la divinité dans l’attitude de la vénération. En échange du don royal, le bras tendu du dieu assis sur le trône
archaïque dirige vers l’uraeus royal l’emblème combiné du ʿnḫ et du wȝs.
Derrière le pharaon, s’avance en courant un Nil androgyne à longue barbe recourbée, porteur de deux aiguières
à bec ; sous les mamelles pendantes, le ventre est plat et seules les traces du nœud du pagne qui revêt le bas de
son corps sont actuellement visibles. Quant à sa coiffure composée d’une volumineuse couronne de boutons et
de fleurs de lotus épanouies en éventail, elle est d’un type exceptionnel ; néanmoins, elle est également attestée
au temple d’Osiris Heqa-djet sur lequel il sera question plus loin.
À la suite de ce Nil vient en marchant un génie économique présentant des traits du visage analogues à ceux
de son prédécesseur et porte la même coiffure végétale. Toutefois, les formes du repli adipeux sous la mamelle
et le ventre, très rebondi et débordant au-dessus d’un pagne à devanteau plissé, différent notablement. L’offrande
présentée par ce second acteur est faite d’un bouquet monté d’ombelles de papyrus épanouies et d’une touffe de
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J ean-Claude Goyon
fleurs de lotus tenu de la main gauche. La droite est refermée sur les tiges d’un bouquet semblable au précédent
mais, en lieu et place de lotus, ce sont les pattes d’un oiseau aquatique suspendu tête en bas qui sont retenues
avec les tiges végétales 14.
Par la conjonction des apports de vases et la contrepartie divine du don du pouvoir et de la vie par le biais
du sceptre, le tableau s’apparente aux scènes de course aux vases de type jubilaire ce que corrobore le motif du
pavillon de fête-sed placé entre les replis des uraeus encadrant le cartouche vertical 15 d’«Amon-Rê seigneur des
Trônes du Double-Pays qui préside à Ipet-Sout (Karnak) », inscrit devant l’image du dieu. La plupart des scènes
de présentation des aiguières d’eau nouvelle par le roi où figure l’octroi divin du ʿnḫ-wȝs, qu’elles soient sous l’in-
titulé ḫnp qbḥ ou ḫrp qbḥ, a été considérées par H. Kees 16 comme du ressort du jubilé ou, dans le culte régulier,
comme de celui de la purification. Étant donné le contexte de commémoration de l’investiture royale et de jubilé
des scènes associant Osorkon III et Takelot III dans le temple d’Osiris Heqa-djet 17, la scène de la paroi nord-est
(19) intitulée ḫrp qbḥ et faisant intervenir un Nil, les génies Djefa, Kheded, Sekhet et Tayt au service d’Osiris
« qui préside à la Corporation divine dans Ipet-Sout, régent de l’éternité qui a rejoint Ipet-Sout » accompagné
d’« Isis l’imposante, mère divine » qui prononce le formulaire du proscynème, entre dans la catégorie rituelle
définie par H. Kees. Cependant, la scène du muret no 1 du parvis de Khonsou diffère notablement de ceux du
recensement opéré jadis par le savant allemand dans la mesure où ce n’est pas le roi qui court en portant l’eau,
pas plus que ne le fait le génie « aux bouquets et à l’oiseau ». C’est au Nil qu’est dévolue cette pratique, ce qui
renvoie au contexte général des murets du kiosque illustrant les moments essentiels de la grande panégyrie du
19 du premier mois de l’année. Il faut considérer que le tableau reproduit la consécration de l’eau du flot annuel
et des bienfaits de son action pour l’abondance des moyens de subsistance de l’année, dont l’arrivée avait eu lieu
une dizaine de jours auparavant lors de l’arrivée du premier flot de la crue à Thèbes 18. On se souviendra, en ce
sens, de l’importance du relevé de hauteur de crue effectué sous le règne d’Osorkon III 19.
14. J. Baines (Fecundity Figures, p. 308) ne mentionne pas cet oiseau et le rapprochement d’apparence qu’il opère avec la « troisième
(the third) figure » porteuse de bouquets montés de la scène d’Osiris Heqa-djet (salle intérieure orientale, PM II2, p. 206 [19]) est
inexact, la coiffure n’étant pas la même, comme on le verra par la suite, que celle portée par sa « seconde » figure qui est celle du
Nil. La tête et le bec du volatile ainsi que la longue patte visible ne paraissent pas être ceux d’un canard ou d’un ansériforme mais
évoquent plutôt ceux d’une gallinule ou d’une poule sultane (gallinule pourpre) ; voir B. Bruun, S. Baha el-Din, Common Birds of
Egypt, Le Caire, 1985, pl. 5 (6-7) ; P.F. Houlihan, Birds of Ancient Egypt, Le Caire, 1988, p. 88-90, 153 et fig. 127.
15. Pour la titulature d’Amon dans un cartouche, voir par ex. Cl. Robichon, L.-A. Christophe, Karnak-Nord (1945-1949) III, FIFAO 23,
1951, p. 124 (27) ; LD Text III, p. 42 (R8) ; P. Kaplony, LÄ III/4, 1979, col. 613, s.v. « Königsring ».
16. H. Kees, Der Opfertanz des ägyptischen Königs I, Leipzig, 1912, p. 52-53 ; II, p. 273-276, recensement des scènes. Il n’établit
cependant aucun lien entre la « course » au vase, qu’elle soit solennelle ou cultuelle, et le don du ʿnḫ-wȝs pourtant bien mis en évidence
par les sources dès le Nouvel Empire. Voir par ex. Akh-menou, pilier 9.o (djt qbḥ), J.-Fr. Pecoil et al., L’Akh-menou de Thoutmosis III
à Karnak. La Heret-ib et les chapelles attenantes. Relevés épigraphiques, Paris, 2000, pl. 48 (= KIU 2364) ; A.M. Calverley, The
Temple of King Sethos I at Abydos I, Londres, Chicago, 1933, pl. 49 ; ou, entre autres, la scène de ḫrp qbḥ d’Edfou II, 146, 3-4 où
« tous les dieux et déesses qui sont dans Outjeset-bik consacrent le ʿnḫ-wȝs à Horus Behedety (nṯr.w nṯr.wt jmy.w Wṯst-(bjk) ḫrp.sn
ʿnḫ wȝs n Ḥr Bḥdty) ».
17. G. Daressy, « Le temple et les chapelles d’Osiris à Karnak », RecTrav 22, 1900, p. 134 ; G.E. Kadish, D.B. Redford (éd.), The
Twenty-third Chapel of Osiris Ruler of Eternity (à paraître) ; K.A. Ritner, The Libyan Anarchy. Inscriptions froms Egypt’s Third
Intermediate Period, WAW 21, Atlanta, 2009, p. 427 (115) « Additions to the Temple of Osiris Heqa-djet ».
18. Par rapport à la date théorique du 1er Thot pour la fête de l’ouverture de l’an et le début de la crue, les dates de la célébration de la
cérémonie de l’accueil du Flot-Hâpy sont variables selon les lieux d’observation (J.-Cl. Goyon, Confirmation du pouvoir royal, BdE 52,
1972, p. 25 et n. 2, p. 42) ; à Thèbes, la panégyrie était mise en œuvre entre le 7 et le 9 du premier mois, les rituels de confirmation
incluant ces jours jusqu’au 14e et l’on peut considérer que le cérémonial de la fête de Thot du 19 en formait la clôture ; voir en ce sens
J.-Cl. Goyon, dans D3T 2, CENiM 8, p. 55.
19. Crue de l’an III d’Osorkon III : K.A. Kitchen, Third IP, 1973, p. 342-343, n. 557 ; JWIS II, p. 293 (29.1) ; K.A. Ritner, The Libyan
Anarchy, p. 39.
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Le kiosque d’Osorkon III du parvis du temple de K honsou : vestiges inédits
Les textes
Toute la partie supérieure des légendes des acteurs du tableau réparties en colonnes de hiéroglyphes assez
soignés gravés en champ levé a disparu. On peut cependant estimer que les parties manquantes devaient
correspondre à une hauteur de tout au plus de trois à quatre cadrats. Assez curieusement, le titre de la scène
rituelle est inscrit selon un ordre rétrograde dans le dos du roi, les paroles de la divinité étant gravées devant lui.
Titre
Le roi
Nil A
Génie B
Amon
b’)
Titre
Consacrer (a) la libation à son père Amon.
[1]
Le roi
[2]
[Le roi de Haute et Basse-Égypte, seigneur du Double-Pays] Ouser-Maât-Rê l’élu d’Amon
[3]
[le Fils de Rê, seigneur des couronnes] Osorkon Fils d’Isis, aimé d’Amon
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J ean-Claude Goyon
[4]
[lac. ~ 2 c.] maître des nourritures et des pains-nenyou (?) (b)
[5]
[lac. ~ 2 c.1/2 les… (?)] qui donne les pains à son seigneur.
Nil A
[6]
[Le Flot-Hâpy] qui donne la libation.
Génie B
[7]
[Djefa] qui donne les jeunes plantes pour satis [8] [faire] tous les dieux (c) du sanctuaire-Benenet
[9]
[lac. ~ 2 c.] les nourritures (d) et les subsistances
[10]
[lac. ~ 3 c.] ils (?) […] le roi de Haute et Basse-Égypte, seigneur du Double-Pays
[11]
[lac. ~ 2 c. le seigneur] qui accomplit les rites Ouser-Maât-Rê l’élu d’Amon
[12]
[le Fils de Rê, seigneur] des couronnes Osorkon Fils d’Isis, aimé d’Amon
[13]
[lac. ~ 2 c.] (e) le Flot-Hâpy à son temps prévu.
Amon
[14]
[Amon-Rê, seigneur des Trônes du Double-Pays] qui préside à Ipet-Sout [15]
[lac. ~ 2 c.] [Kamou]
tef (?) (f) roi de dieux [16] [lac. ~ 3 c. 1/2]
[17]
Je te donne vie et pouvoir.
a) ḫrp, « consacrer » (AnLex 77.3155 et non ḫnp « verser », ibid., 77.3093) est également le titre du tableau
PM II, p. 206 (19) du temple d’Osiris Heqa-djet (Neg. P. Barguet I 12), non relevé par G. Legrain, RecTrav 22,
1900, p. 134.
b) Groupe de lecture délicate, le signe du pain pouvant être un élément déterminant d’une graphie nny du mot
rare (Wb II, 275, 1) figurant dans la catégorie onomastique des produits de boulangerie/pâtisserie ;
A.H. Gardiner, AEO II (réimpr. 1968), p. 231 [535] à rapprocher du tour : t pw nn(w) de la p. 230* [530] qui
semble signifier « c’est du pain le produit nenou ».
c) Une explication valable me fait défaut pour l’étrange petit signe rond qui précède la marque de pluralité
du groupe nb.w et qui n’est manifestement pas un t mal gravé.
d) Lecture kȝ.w d’après les traces qui subsistent au-dessus du signe du pain long.
e) Dans la lacune pouvait figurer une formule évoquant l’accueil de l’eau nouvelle.
f) Les éléments graphiques de la fin de la lacune pourraient correspondre à cette épithète d’Amon qui figure
parfois, bien que rare, dans la légende du dieu non ityphallique ; par ex. OIP 106, pl. 226 (B 336).
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Le kiosque d’Osorkon III du parvis du temple de K honsou : vestiges inédits
de Khonsou, celui-ci ne porte que des bouquets végétaux et aucun oiseau ; plusieurs
volatiles (canards) et non un seul sont tenus en main par Kheded et par lui seul.
Cependant, étant donné la concordance de nature des dons principaux qu’apporte
le second génie du muret no 1, son identification est certaine.
En revanche, une discordance importante intervient en ce qui concerne le premier
acolyte incarnant Hâpy le Flot, indubitablement reconnaissable par sa légende, iden- Fig. 6. Hâpy le Flot, temple
d’Osiris Heqa-djet, restitution.
tique à celle du relief d’Osiris Heqa-djet. En effet, sur celui-ci, quoique gravement © J.-Cl. Goyon.
mutilée, sa représentation n’est pas pourvue d’une volumineuse couronne florale
mais de la motte traditionnelle d’où jaillit la triple touffe de papyrus (fig. 6) 22.
20. J. Baines, Fecundity Figures, p. 186, suite de la n. 1, p. 185 ; LGG V, 973b-c. Comme l’avait indiqué P. Barguet (Le temple d’Amon-
Rê à Karnak. Essai d’exégèse, RAPH 20, 1962, p. 121, n. 1), ce génie des marécages en compagnie de Sekhet fait partie du répertoire
spécifique de la chasse au filet rituelle, ce qui n’est aucunement le cas dans le tableau d’Heqa-djet. Photographie de Kheded d’Heqa-
djet, R. Fazzini, Egypt Dynasty XXII-XXV, pl. XX (2).
21. Dans ce cas, il conviendrait de lire le vocable « Djefa l’aquatique » ; en effet, non consignée au Wb V, la graphie défective du nom
réduite à l’oiseau ḏfȝ est assortie du déterminatif du bassin d’eau, que l’on ne retrouve pas dans les multiples attestations du nom de la
personnification. Il est à noter que dans certaines scènes du Nouvel Empire associant l’apport de sauvagine à celui des jeunes plantes
ou de végétaux seuls, sans qu’il y ait, cependant, référence à la libation, le don divin en retour est le ʿnḫ-wȝs ; par ex. Thoutmosis III,
Temple d’Amada Cahier IV, CDAE, Le Caire, 1967, pl. J 14 (ḫnp ẖnm.w rdjt rnp(t) nbt) ; Ramsès II, Ch. Kuentz, Face sud-est du
massif est du pylône de Louqsor, CDAE, Le Caire, 1971, pl. XIII (bouquets).
22. Dessin exécuté à partir du négatif et du cliché de P. Barguet I 12 antérieur à 1951 et conservant les traces aujourd’hui perdues de
la partie supérieure de la figure.
23. J. Baines, op. cit., p. 52, fig. 29, 101 et 150, fig. 70, p. 55, 147, 158, passim.
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J ean-Claude Goyon
Muret no 2 : Restant d’un registre inférieur avec génies économiques agenouillés (fig. 8) 24
Retaillée irrégulièrement lors de son remploi, cette plaque fragmentaire fortement fissurée formait la partie
basse d’un muret au décor d’interprétation malaisée dans l’état actuel. Celui-ci a été gravé au-dessus d’un
soubassement ravalé et poli sur les côtés mais dont le centre montre une large zone de marques d’outil taillant
à panne large utilisé selon une direction gauche vers droite en biais et dans une moindre mesure un piquetage
en pluie de même orientation. Peut-être s’agit-il des marques laissées après l’effacement d’un décor antérieur.
Une ligne de sol relativement épaisse définit la limite du registre gravé au-dessus en relief dans le creux pour
les figures et la légende de gauche, les hiéroglyphes des légendes gravées dans les colonnes en saillie bordant
les figures ne l’ayant été qu’en très léger creux.
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Le kiosque d’Osorkon III du parvis du temple de K honsou : vestiges inédits
Taillée de façon parfaitement rectiligne à la partie supérieure, la portion de plaque conservée est brisée en
biais à la partie droite, ce qui limite les dimensions à :
– L. max. au sommet 0,92 m ; à la partie inférieure 0,79 m ;
– H. max. 0,56 m ;
– H. du soubassement ravalé 0,33 m ;
elle représente environ un tiers de la longueur estimée à partir des assemblages 1 et 2.
Le décor conservé paraît correspondre au bas du restant du motif central de la partie inférieure d’une scène
qui comportait à sa partie droite une succession de Nils et de génies économiques portant des plateaux d’of-
frandes, agenouillés face à gauche. Deux de ces figures, un Nil et un génie, sont presque entières, à l’exception
des ornements de tête ; de la troisième, à nouveau un Nil, ne subsiste que la portion du plateau d’offrandes
spécifique. Le corps androgyne du premier Nil, toutefois sans barbe, est de type traditionnel, tout comme son
plateau porteur de deux aiguières encadrant un vase globulaire à haut col. Au-dessous descendent trois extrémités
inférieures de sceptres-ouas, la première étant liée à la boucle d’un ânkh. Le génie économique, dont le nom
gravé devant lui n’est pas attesté jusqu’ici, présente une anatomie normale. Il porte une longue barbe recourbée
et une perruque archaïque à longs pans et le bas de son corps est couvert d’un pagne à ceinture. Sur ses bras,
sans plateau apparent, repose une sorte de « buisson » à sommet arrondi dont il est impossible, dans l’état actuel,
de dire s’il était végétal ou fait d’une matière qui puisse être amoncelée de cette manière. Aucun exemple du
même modèle n’a été relevé dans l’étude de J. Baines sur ce type de figures. Dans son état originel, étant donné
la surface occupée par chaque canton contenant figure et colonne de légende, la file de figures agenouillées n’a
pu compter que quatre éléments fonctionnant par paires au maximum, soit deux Nils et deux génies. Le dernier
élément totalement disparu était, dans ce cas, un génie formant le pendant de celui nommé wȝḏ rsy.
La partie gauche de ce fragment de muret pose d’emblée le problème de sa compréhension. En effet, devant
le premier Nil, les traces gravées en champ levé qui subsistent montrent, en allant de la ligne de sol vers le haut,
la portion droite d’une aile de vautour, le début d’une ligne de hiéroglyphes de gros module orientée de droite
à gauche et au-dessus, à peine reconnaissable, la partie inférieure d’une autre aile de rapace, d’un module plus
faible que celui du bas. Cette combinaison ne peut être celle du motif des plafonds alternant vautours et cobras
ailés et constitue une énigme totale que le fragment de texte visible n’aide pas à résoudre 25.
Les textes
Légende gauche
Nil 1
25. La seule hypothèse qui se présente à l’esprit, compte tenu de la bribe de mention de Jwnw-šmʿ Hermonthis au-dessus de l’aile
inférieure serait que, sans qu’aucun parallèle connu puisse être mentionné, on ait eu à cet emplacement la fin d’un formulaire
contenant le protocole royal suivi de la mention [mry Mnṯw-Rʿ nb] Jwnw-šmʿ et, sous toute réserve du fait de l’incertitude sur les
traces suivantes, jr.f (?) dj ʿnḫ ḏd wȝs snb ȝwt-jb nb (etc.), ce qui cependant, même en très gros caractères, peine à remplir l’espace
correspondant au reste de la figure s’il s’agit du disque ailé.
239
J ean-Claude Goyon
a) Restitution possible .
b) Gravé en sens inverse.
c) Traces sûres.
Nil 1 :
[1]
[Vient (?)] le roi de Haute et Basse-Égypte, seigneur du Double-Pays Ouser-Maât-Rê l’élu d’Amon
auprès de lui.
[2]
[…] Thèbes la victorieuse (a), le seigneur de l’offrande qui apporte la nourriture.
Génie 2 : Ouadj du Sud (wȝḏ rsy) (b) ; sur son plateau : Nourriture (?) ([ḏ]f<ȝ> ?).
[1]
[Vient (?)] le Fils de Rê, seigneur des couronnes Osorkon Aimé d’Amon le dieu régent de Thèbes,
[2]
[…] qui satisfait les (besoins des) lieux de culte, il apporte la nourriture.
a) L’orientation inversée de cette mention d’Ouaset la victorieuse pourrait indiquer que son effigie figurait
sur la droite du muret, soit dans le prolongement de la file des Nils et génies, soit au-dessus.
b) Aucun génie économique de ce nom n’a été recensé dans l’ouvrage de J. Baines et l’on ne retrouve pas ce
« Verdoyant (?) méridional » dans les listes géographiques de terroirs agricoles des nomes. L’énigme reste totale.
240
Le kiosque d’Osorkon III du parvis du temple de K honsou : vestiges inédits
Ce fragment est le seul des douze retrouvés en 1976 qui ait conservé une partie du décor de l’encadrement
originel des tableaux. À la partie supérieure régnait un ciel étoilé et les limites latérales verticales étaient for-
mées par de grands signes-ouas. Dans ce cadre s’inscrit le haut de la figure de Sechat ; la partie inférieure de
son corps ne subsiste plus qu’à l’état de traces assez faibles, mais celles-ci répondent aux critères de restitution
de sa vêture qu’implique la présence du nœud d’attache sur l’épaule gauche et des pattes griffues de sa pardalide
traditionnelle sur les avant-bras. La position du bras gauche dirigé vers le bas correspond aux traces très nettes
de la palette de scribe et ses accessoires 27 que tenait la souveraine de l’écriture. Le bras droit tendu vers la droite
pourrait indiquer que la déesse tenait un objet vertical, peut-être une fronde de palmier jubilaire sans qu’il soit
possible d’aller plus loin, car la main est coupée et détruite à la hauteur de la base du pouce. Il est, en revanche,
certain qu’elle n’écrivait pas sur un support ni sur la canne jubilaire 28. La position de la représentation divine à
l’extrémité gauche du muret, dirigeant son geste vers un ou plusieurs récipiendaires (roi et dieu, éventuellement
Thot en tant qu’acolyte), indique un emplacement originel du tableau sur la file gauche d’entrecolonnement du
kiosque.
Par malchance, aucune trace d’inscription n’étant conservée à droite de la figure de Sechat, rien ne permet
d’établir avec précision dans quel type de scène elle intervenait. Les bribes de légende encore lisibles n’apportent
aucune aide vers une solution. Devant l’emblème de tête de Sechat, un cadre réservé avant l’exécution du champ
27. Il est très étrange que le signe identifiant de Sechat apparaisse à la suite du groupe de la palette, car il faut bien supposer que sa
présence était justifiée par une légende gravée devant et au-dessus d’elle.
28. Pour la position du bras droit dans l’attitude de l’écriture, voir par ex. É. Naville, Deir el-Bahari II, pl. LV ; A.M. Calverley,
The Temple of King Sethos I at Abydos II, pl. 30. Écrivant sur la canne jubilaire, par ex. Medinet Habu V/1, OIP 83, 1957, pl. 295 ;
Temple of Ramses III, OIP 25, 1936, pl. 61.
241
J ean-Claude Goyon
levé est détruit à son sommet ; les signes ʿnt.f préservés en dessous sont gravés en creux. En revanche, sous cette
sorte de tablette (?), le groupe jr nb ʿnḫ est en relief levé comme, d’ailleurs les signes de la palette et du nom de
Sechat à la partie basse.
Au-dessous du cadre
Toute tentative utile de traduction de ces quelques mots apparaît vaine, faute de contexte. Dans la phrase du
dessous du cadre, le doute étant fort en l’absence de marque du féminin, on pourrait à la rigueur proposer « Ce
que fait la dame de vie (?) », cette désignation ne faisant cependant pas partie des épithètes habituelles de la
« Dame de la Bibliothèque ». Quant au groupe ʿnt.f du cadre haut, la présence du déterminatif du signe šn(w)
oriente de prime abord vers le terme comportant un t final et donnant un sens « son anneau, sa bague », sans
que la traduction obtenue dans ce cas établisse un rapport satisfaisant avec le geste attribué à Sechat. Le mot ʿn
(ʿnw/ʿny) signifiant « tablette pour écrire » 29 serait bien mieux adapté, mais la graphie et le déterminatif font
alors difficulté. Le problème reste donc actuellement sans solution.
Muret no 4 : Portion gauche d’un tableau incluant Amon et Râttaouy (?) (fig. 10-11)
Élément terminal gauche d’un muret localisé à l’origine sur la droite de l’axe du kiosque découpé pour former
un rectangle dont les mensurations sont :
– H. max. 1,03 m pour une larg. max. de 0,69 m 30.
La paroi décorée a fortement souffert de la corrosion du grès par le sel et l’humidité du sol. Les zones amin-
cies par le traitement du décor en champ levé se sont boursouflées par plaques, et certaines d’entre elles dans le
bas à droite ont entièrement desquamé. À la bordure médiane gauche, une forte épaufrure a détruit la majeure
partie de la colonne latérale de texte qui l’occupait. Malgré le misérable état de ce fragment, les effigies divines
représentées sont encore reconnaissables. Tout d’abord, à droite de la partie conservée, le mortier aux deux
hautes rémiges d’Amon assis est demeuré net ainsi que l’arrière de son trône archaïque. Derrière lui, le haut
de la figure debout d’une manifestation divine féminine dans l’attitude de la protection porte au sommet de sa
perruque l’emblème hathorique traditionnel, disque solaire enserré entre les hautes cormes en lyre fichées dans
un modius. Le corps n’est que très partiellement reconnaissable. En avant de ses jambes subsiste un restant de
forme incomplète combinant un demi-cercle sur un carré mais dont il est impossible d’établir la nature réelle,
la présence d’un support d’offrande à cet emplacement étant peu vraisemblable.
29. ʿnt « anneau, bague », Wb I, 188 (8) ; ʿn/ʿny/ʿn(w), Wb I, 187 (13-14), AnLex. 78.0719, 79.0477.
30. La hauteur est la même que celle du fragment de muret no 3 ; lors du remploi des plaques, il semble que l’on ait cherché à façonner
des dalles, tantôt grossièrement rectangulaires, tantôt approximativement carrées pour les répartir dans la fondation du nouvel édifice.
242
Le kiosque d’Osorkon III du parvis du temple de K honsou : vestiges inédits
Les traces qui subsistent à la limite supérieure du bloc correspondent au restant d’un ciel étoilé couvrant la
longueur du registre. Bien que rien n’en soit conservé, la bordure extérieure gauche du tableau devait être mar-
quée par un grand signe-ouas couvrant toute la hauteur, comme c’est le cas sur le muret no 3.
243
J ean-Claude Goyon
Aucune légende n’est conservée qui permettrait d’identifier sûrement la figure hathorique placée derrière
Amon. Un seul signe dj est encore lisible dans la colonne latérale de texte derrière celle-ci, et le reste de colonne
de texte gravé devant elle reproduit le propos d’Amon :
Muret no 5 : Portion gauche d’un tableau incluant Montou-Rê et Hathor Nebet-hetepet (fig. 12-13)
Plaque équivalant environ au tiers gauche d’un muret localisé à l’origine sur la droite de l’axe du kiosque et
retaillé pour former un carré dont les mensurations sont :
– H. max. 0,99 m pour une larg. max. de 0,97 m.
Une forte cassure a fait disparaître la presque totalité du bord gauche du bloc, détruisant la partie arrière de
la figure féminine et rendant indistinct tout détail sur sa vêture.
Assez bien conservé, possédant encore l’essentiel des légendes des acteurs, le tableau présente le couple divin
occupant le canton de gauche et, devant celui-ci, le restant d’une table d’offrande. Sur le plateau sont disposés
deux pains ronds, encadrant un pain ovoïde, qui supportent une pièce de viande (?) ou un légume oblong (?).
Au-dessus de la sellette, venant de droite, subsiste l’extrémité de l’aile d’un vautour qui surmontait le roi disparu.
La trace du signe wsr de son cartouche de roi de Haute et Basse-Égypte coupé verticalement est encore visible ;
à gauche de celui-ci, se dresse sur la touffe de papyrus de Basse-Égypte le cobra d’Ouadjyt de Bouto traversé
par un sceptre-ouas supportant un emblème-ânkh.
Face à droite, recevant l’offrande royale, qui pourrait être ici la présentation de la fumigation accompagnant
une libation, Montou-Rê seigneur d’Ermant est assis sur le trône archaïque. Il est hiéracocéphale et le sommet
de sa tête est orné des deux hautes rémiges inclinées sur lesquelles est plaqué un grand disque solaire à l’avant
duquel descend le double uraeus caractéristique. Le pagne à boucle-tjt de la figure divine est reconnaissable et
celle-ci tient à gauche le sceptre-ouas, à droite un ânkh dans la main reposant sur les genoux. Derrière lui, debout,
dans l’attitude de protection, main levée au-dessus de l’épaule de Montou-Rê, vient Hathor Nebet-hetepet en sa
31. OIP 106, pl. 17 (= KIU 606) : Ramsès II offrant fumigation et libation, snṯr ḳbḥ, à Amon-Rê et à Râttaouy.
244
Le kiosque d’Osorkon III du parvis du temple de K honsou : vestiges inédits
manifestation thébaine spécifique. Si peu de chose de son corps est encore reconnaissable à l’exception de sa
face et de ses bras, le gauche tenant un ânkh, les contours préservés de sa couronne lui attribuent une coiffure
exceptionnelle comme on le verra plus loin.
Les textes
Le roi
Montou-Rê
Hathor Nebet-hetepet
Le roi :
[1]
Ouser-[Maât-Rê l’Élu d’Amon].
245
J ean-Claude Goyon
Montou-Rê :
[2]
[Paroles prononcées] par Montou-Rê seigneur [3] de l’Héliopolis du Sud, roi des dieux (a) [4] [grand]
de victoire à la tête des temples de Djerty (Tôd) (b) :
[5]
Je te donne la force puissante de mes deux bras (?) (c) [6] [sans que] ton cœur s’affaiblisse (d).
Hathor Nebet-hetepet :
[7]
[Paroles prononcées] par Hathor Nebet-hetepet, souveraine unique [8] fondatrice (e) de Thèbes-Ouaset.
a) Pour ces qualificatifs nb Jwnw-šmʿ et nswt nṯr.w peu fréquents appliqués à Montou-Rê de Tôd, voir
J.- Cl. Grenier, Tôd I, FIFAO 18/1, 1980, respectivement no 14 et no 24, 5 ; Chr. Thiers, Tôd II, FIFAO 18/2,
2003, nos 250, 1 et 183, 6 (Montou-Rê de Médamoud) ; no 185, 5 (Montou-Rê seigneur de Thèbes).
b) Pour la graphie du toponyme valant , voir entre autres F. Bisson de la Roque, Tôd, FIFAO 17/1,
1937, p. 157 (1624, fig. 93) ; Medamoud 1931-1932, FIFAO 9/3, 1933, p. 67 (6330) ; Tôd I, nos 8, 4 et 37, 6, passim ;
Tôd II, nos 288, 6 et 232 292, 7. Notable est la marque du pluriel adjointe au terme ḥwt qui fait difficulté a priori ;
cependant, une explication peut être avancée : cette pluralité pourrait être une référence aux trois dénominations
locales de Tôd :
ḥwt-kȝ, FIFAO 17/1, p. 157, Tôd I, nos 8, 4 et 11, passim ;
ḥwt-ṯȝy, Tôd I, nos 1, 20, 33A et 127, 8, passim ;
ḥwt-Rʿ, Tôd I, nos 31B2, 34, 1 et 40, 1, passim ;
Pour la mention des trois, consulter Tôd II, index, p. 396.
d) Restitution probable [tm sg]nn jb.k, Wb IV, 321-322, 5-7, AnLex 78.3904 pour l’emploi de sgnn.
e) La lecture de l’épithète grg Wȝst est sûre, en fonction des traces nettes du déterminatif.
On a vu au muret no 4 l’association d’Amon, hélas sans qualificatif, la légende le concernant ayant disparu,
avec une personnalité d’apparence hathorique dans laquelle, en toute vraisemblance, il convient de reconnaître
Râttaouy. On se serait donc attendu à ce que ce soit elle qui apparaisse ici en compagnie de Montou-Rê et non,
en théorie, Hathor Nebet-hetepet. Cependant, même si, selon la théologie spécifique de Tôd, Nebet-hetepet figure
dans l’énumération universaliste des manifestations divines qu’incarne Râttaouy, son nom n’est pas précédé du
vocable « Hathor » et les qualificatifs qui lui sont attribués n’ont rien de commun avec ceux que livre la légende
du muret d’Osorkon III 32.
Pour le Grand Thèbes, deux exemples seulement d’association de la déesse à Montou ont été relevés par
J. Vandier ; à Louqsor, elle est nommée « [souveraine] d’Héliopolis ([ḥnwt] Jwnw) », donc sans correspondance
avec les données du muret, tout comme pour la mention d’Ermant 33. La première attestation de la séquence ḥnwt
32. Tôd II, no 285, 9-10 : Nbt-ḥtpt ḥmt Rʿ mr(t).f mḥ wḏȝt m dbḥ.w.s, nswt bjtyt nb(t) Ḥwt-Rʿ etc. « épouse de Rê qui complète l’Œil Sain
de ses éléments, reine de Haute et Basse-Égypte, maîtresse du Temple-de-Rê… ». Dans le péri-Thèbes, Iousaâs et Nebet-hetepet sont
tenues pour résidentes à Ermant du fait de l’assimilation de Montou à Rê-Harakhtès/Atoum, par ex. Deir Chelouit I, nos 5 et III, no 135.
33. J. Vandier, « Iousâas et (Hathor)-Nebet-hetepet », RdE 17, 1965, p. 91 (C XXIV) pour Louqsor ; p. 105 (F CXXX) pour Ermant.
246
Le kiosque d’Osorkon III du parvis du temple de K honsou : vestiges inédits
wʿt grg(t) Wȝst relevée par cet auteur, sans, d’ailleurs, qu’il y ait de relation avec Montou, est celle de la statue de
Djed-bastet-iouef-ânkh, fils de Hori, CG 42224 extraite de la Cachette de Karnak à dater de la XXIIIe dynastie 34
et donc contemporaine de l’édifice d’Osorkon III. Le titulaire, entre autres fonctions sacerdotales du domaine
d’Amon, était prophète de la déesse tout comme son père Neseramon (III) 35. Dans l’état actuel des attestations,
seuls les témoins de cette période mettent en relation de manière conjointe les épithètes ḥnwt wʿt et grg(t) Wȝst
avec Hathor Nebet-hetepet. Il faut attendre l’époque ptolémaïque pour retrouver une mention à Thèbes ouest
d’Hathor Nebet-hetepet ḥnwt wʿt identifiée à Ouaset sans être qualifiée de « victorieuse » ; le texte hymnique
universaliste la concernant inclut ensuite, après l’épithète « Œil de Rê à l’Occident», la séquence « Thèbes
(Wȝst), glorieuse au ciel, puissante sur terre, régente dans le Domaine-du-dieu au nom de qui le Sud et le Nord
sont fondés » 36.
À la XXVe dynastie, l’inscription biographique de Montouemhat du temple de Mout évoque la restauration
d’une effigie de la ḥnwt wʿt grg(t) Wȝst que la suite du texte définit comme étant Wȝst nḫt nbt ḫpš « Thèbes la
victorieuse, dame de la force puissante » 37 :
Déjà, dans une note additionnelle, J. Vandier indiquait à ce propos : « la souveraine unique qui a fondé
Thèbes » est également identifiée à Ouaset, déesse qui personnifie la ville de Thèbes » considérant que grgt
Wȝst n’était qu’une épithète de Nebet-hetepet « en relation avec une précision géographique » 38. Le constat,
en soi exact, n’explique cependant pas comment, d’une manifestation héliopolitaine d’Hathor, on est passé à
la personnification de la cité d’Amon. D’autant que celle-ci, mais toutefois sans la mention grgt Wȝst, est tou-
jours connue comme ḥnwt wʿt à la XXXe dynastie 39 et qu’il est exclu, étant donné la localisation à Karnak du
document qui la fait intervenir, d’adopter la solution proposée par J. Vandier de voir en elle une « déesse de la
nécropole thébaine (…) qui se confond souvent avec Hathor ». Sa présence sur la rive orientale n’a, au contraire,
aucun caractère funéraire et concerne la totalité des domaines qui constituent le grand Thèbes 40. En fait, en
la circonstance, Hathor Nebet-hetepet associée à Montou-Rê n’est autre qu’un état du principe solaire féminin
Râyt formant le parallèle de Râttaouy. La formulation de la légende gravée sous Osorkon III est à considérer
comme une adaptation simplifiée de la tradition locale de l’origine de la Cité et de sa prépondérance mise en
34. Le cartouche de « Fils de Rê » ne contient pas la mention sȝ Ȝst mais le qualificatif nṯr ḥqȝ Wȝst accompagnant celui de roi de
Haute et Basse-Égypte rend certaine l’attribution au règne d’Osorkon III (et non II) ; K.A. Kitchen, Third IP, p. 202, § 166 ; datation
à rectifier dans J. Vandier, RdE 16, 1964, p. 104-105 et 18, 1966, p. 95-96 (statue I, a-c) = G. Legrain, Statues et statuettes de rois et
de particuliers III (CGC), Le Caire, 1914, p. 54-57, pl. XXXI ; cachette 738, 25 mai 1906 = JE 38581 = CK 652 ; K. Jansen-Winkeln,
Ägyptische Biographien I, ÄAT 8, 1985, p. 206 [B 25] qui republie la statue dans « Zu einigen religiösen und historischen Inschriften »,
CdE 134, 1992, p. 243-249 ; http://www.ifao.egnet.net/bases/cachette/?id=652.
35. Tableau commode de G. Legrain, RecTrav 30, 1908, p. 75 (2 et 3). Inscription dorsale de CG 42224, col. 4-5, K. Jansen-Winkeln,
CdE 134, 1992, p. 246, fig. 4.
36. Temple d’Hathor-Maât de Deir el-Medineh, J. Vandier, RdE 17, 1965, p. 191 (XCIV) = P. Du Bourguet (éd. L. Gabolde), Le temple
de Deir al-Médîna, MIFAO 121, 2002, no 154 : Ḥwt-Ḥr Nbt-ḥtpt ḥnwt wʿt, Jrt-Rʿ m [Jmntt], Wȝst ȝḫt m pt wsrt m tȝ ḥqȝt wrt m ẖrt-nṯr
šmʿ mḥw grg n rn.s. Le verset s’inscrit dans la lignée des textes apologétiques de Temet, l’Hathor Quadrifrons.
37. J. Leclant, Montouemhat, BdE 35, 1961, p. 218, n. 3, doc. 44/II, § 32A ; id., Recherches, p. 310, n. 3 ; P. Vernus, LÄ V/6, 1984,
col. 937-938 et n. 9, s.v. « Siegreiches Theben ».
38. J. Vandier, RdE 17, 1965, p. 129 B 16 et n. 12 ; id., RdE 18, 1966, p. 96.
39. Stèle Caire 28.6.37.2 de Nectanébo Ier du mur d’enceinte de Karnak qui met en scène l’effigie de Ouaset nakht avec la légende
rp(y)t Wȝst ḥnwt wʿt « statue de Ouaset souveraine unique », la lecture *ḥnwt tȝ.wy de L. Habachi (« Le mur d’enceinte du grand
temple d’Amenrê à Karnak », Kêmi 20 [= Karnak 3]), p. 230-231 et fig. 1) étant à rectifier en groupe visible sur la pl. XXIa.
40. J. Vandier, RdE 18, 1966, p. 96 et 98 ; la présence du nom Nebet-hetepet, mais non des épithètes en cause, dans la litanie ramesside
d’Ouaset n’est pas la preuve qui « justifie le rapprochement entre Ouaset et Nebet-hetepet ».
247
J ean-Claude Goyon
exergue à l’époque ramesside. Selon celle-ci, le principe solaire féminin Râyt « dame des cités » 41 fut institué
par Amon à la fois comme incarnation divine de la localité sacrée et comme protectrice de Karnak ainsi que
de tout le territoire thébain, et sa manifestation active fut Ouaset nakht. Cette tradition était toujours bien
ancrée dans les sanctuaires thébains à l’époque ptolémaïque. À Karnak, on en retrouve les termes essentiels
dans l’apologie de Thèbes du passage du IIe pylône où il est proclamé que la Cité d’Ouaset est « la souveraine
des cités et des nomes » et que l’on dit « Ouaset la victorieuse en tant que son nom, car elle a protégé les dieux
dans leur ensemble » 42. À Karnak-Nord, encore, la nature solaire de l’élaboration théologique est réaffirmée :
« Thèbes (Ouaset) la Victorieuse, dame de la force puissante est Ra(y)t (le Soleil féminin), dame des cités » 43,
tandis qu’un autre passage exalte sa nature originelle de « Cité au nom de laquelle ont été créées les cités » 44.
41. P.Leyde I 350, I, 13, J. Zandee, Hymnen aan Amon van Papyrus Leiden I 350, OMRO 28, 1947, p. 9 et pl. I, 13 ; A. Barucq,
Fr. Daumas, Hymnes et prières de l’Égypte ancienne, LAPO 10, 1980, p. 210 ; II, 11-12, ibid., p. 27, Thèbes/Râyt symbolisent le lieu
où Amon suscite l’humanité r grg njwt nbt m rn.s « pour fonder toute cité en son nom », A. Barucq, Fr . Daumas, op. cit., p. 213-214.
Nebet-hetepet = Rayt « soleil féminin », J. Vandier, RdE 17, 1965, p. 125.
42. Urk. VIII, no 143, 2 et 4 (KIU 4849, l. 1 et 4) : Wȝst (…) ḥnwt njw.wt spȝ.w.t (…) ḫr.tw Wȝst nḫt nb(t) ḫpš m rn.s ḥr nḏ.n.s nṯr.w
r-ȝw.sn ; É. Drioton, ASAE 44, 1944, p. 140 ; voir également p. 137, n. g : « la Cité au nom de laquelle ont été créées les cités ».
43. Urk. VIII, no 49o = S. Aufrère, Propylône, p. 90-91.
44. Urk. VIII, no 49c = S. Aufrère, Propylône, p. 82.
45. J. Vandier, RdE 17, 1965, p. 137, réf. E 1 à RdE 16, 1964, p. 104-105 qui est seule justifiée ; douteuse, la stèle Philadelphie
E. 13612, D CXIV, p. 94 est, en outre, memphite ; de même, la mention de Philae F CXIII (PM VI, p. 209 [40]), p. 144 ne concerne
pas Nebet-hetepet.
248
Le kiosque d’Osorkon III du parvis du temple de K honsou : vestiges inédits
En dépit du médiocre état de la fig. 13A, sur laquelle on ne peut dire s’il y avait ou non la double corne
enserrant le disque ou, à la rigueur, seulement un globe solaire sur le devant des deux hautes rémiges, deux
différences importantes apparaissent au premier coup d’œil : le modius bordé d’uraeus dressés et l’uraeus frontal
hathorique caractéristique 46. Cette coiffure, cependant avec un modius sans frise d’uraeus, est à rapprocher de
celle portée sous la XIXe dynastie par Hathor de Dendara (nbt Jwnt) 47 (fig. 14).
La forme très élaborée de la figure C à modius simple comporte un bandeau à uraeus hathorique qui pourrait
avoir également orné le front de la figure A. Toutefois, le peu qui soit reconnaissable du voile de tête de celle-ci
ne laisse pas imaginer le luxe de détails, la figure C faisant appel à deux longues mèches latérales et une attache
médiane. En toute hypothèse, la combinaison coiffe, bandeau à uraeus, modius portant les hautes plumes de
l’époque d’Osorkon III correspondait plus probablement aux éléments de parure de la figure B.
46. Il semble que cet uraeus portant disque et cornes sur la tête ait été associé à une fleur et un bouton de lotus (?) dont les traces sont
visibles sous le capuchon du cobra et qui ne correspondent pas à la tête de vautour d’une perruque de reine.
47. Séthi Ier, hypostyle de Karnak, OIP 106, pl. 144 (= KIU 783), consécration et fumigation à Amon-Rê et Hathor ; OIP 106, pl. 106
(= KIU 713), jeu du sistre par Hathor devant Amon et Amonet. Comparer encore pl. 155 (= KIU 796), Hathor de Bouto.
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J ean-Claude Goyon
Muret No 6 : Partie inférieure de soubassement d’un tableau de la génuflexion royale (fig. 15-16)
Ce sixième fragment de muret de la seconde série, au maximum 1,68 m de long pour une hauteur de 0,56 m,
conserve une partie du soubassement ravalé d’origine occupant 30 cm de la hauteur jusqu’à la ligne de sol du
tableau supérieur épaisse de 2,5 cm. Au-dessus de celle-ci subsistent les restes d’une scène de paroi gauche cor-
respondant à la partie inférieure des corps des personnages mis en scène. De la droite vers la gauche, quelques
signes du bas d’une colonne latérale de texte précèdent la trace des jambes d’une figure féminine debout. Celle-
ci se dressait derrière le souverain qui est représenté dans l’attitude de la « génuflexion en extension » sur une
natte épaisse tressée 48. Seules les jambes, le devanteau du pagne et la queue cérémonielle sont conservés. Le roi
officiait devant un dieu trônant sur un socle à devant biseauté recouvert d’une natte ; il s’agit probablement de
Khonsou, momiforme d’après la forme de l’emplacement des pieds, qui tenait un sceptre composite dont seule
l’extrémité inférieure fourchue est encore visible.
48. Attitude classifiée R.N.E. 25 par J. Vandier, Manuel III, Paris, 1958, p. 422 = pl. LXXXIII (4) CG 42142 : Ramsès II « roi prosterné
présentant au dieu un symbole divin » décrit comme « à genoux, la jambe droite rejetée en arrière, le torse penché les bras étendus
en avant ». Le terme prosterné (anglais prostrate) signifiant « être couché par terre, à plat ventre » est inadéquat.
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Le kiosque d’Osorkon III du parvis du temple de K honsou : vestiges inédits
Aucune suggestion sur la nature de la scène d’offrande ne ressort des bribes de texte de la double colonne
latérale royale :
[1]
[… Osorkon III] aimé de Montou-Rê seigneur de Thèbes.
[2]
[…] tout (?) (lac.)] sur elle (?).
Un bon élément de comparaison pour un essai de restitution du geste royal est fourni par la statue
d’Osorkon III CG 42197 retrouvée en 1904-1905 par G. Legrain dans la Cachette de Karnak. Elle représente le
souverain coiffé du nemes à uraeus à genoux « en extension » poussant devant lui une barque de Sokar 49. Toute
réserve gardée quant au type d’offrande et aux ornements du pagne, plusieurs propositions sont envisageables,
sans cependant pouvoir en privilégier aucune (fig. 16) :
– oblation de Maât ;
– élévation du plateau d’offrandes du fȝ (j)ḫt ;
– offrande du bouquet monté.
49. Cachette 377, JE 37427 = CK 338 (PM II2, p. 143) ; G. Legrain, Statues et statuettes de rois et de particuliers, p. 6 et pl. V ; http://
www.ifao.egnet.net/bases/cachette/?id=338.
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J ean-Claude Goyon
Muret N° 7 : Reste sur soubassement d’un tableau non identifiable (fig. 17)
Long d’1,05 m environ pour 0,78 m en hauteur, cette partie très mutilée d’un muret retaillé pour obtenir une
plaque presque rectangulaire a été martelée en pluie 50 au-dessus de la ligne de sol encore visible à gauche à 0,35 m
du bas ; sous celle-ci, le soubassement ravalé est marqué au centre de stries profondes creusées par un outil à lame
large frappant en biais. On devine quelques lignes de l’ancien décor détruit, impossibles à interpréter utilement.
De ce fait, le seul intérêt de ce fragment est de fournir un élément complémentaire pour définir l’apparence
originelle des entrecolonnements de l’époque d’Osorkon III. Faits de plaques de grès, pour la plupart de remploi,
juxtaposées et superposées, tous leurs reliefs étaient gravés au-dessus de lignes de séparation matérialisant le
sol, tracées à la limite supérieure de la réserve ravalée formant le soubassement, tel qu’il apparaît ici comme
sur les murets nos 2 et 6, et qui existait au départ sur tous les autres témoins dont la partie inférieure manque.
50. Ce type de martelage s’apparente à celui pratiqué sous la XXVe dynastie ; on aimerait connaître la raison de la mise en œuvre d’une
telle pratique sur un bloc destiné à l’enfouissement dans une fondation et qui, a priori, ne devait pas comporter de motifs religieux
« à proscrire ».
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