7e Mer-V2 - Le Nouveau Monde
7e Mer-V2 - Le Nouveau Monde
7e Mer-V2 - Le Nouveau Monde
JOHN WICK PRÉSENTE UN SUPPLÉMENT POUR 7 MER DEUXIÈME ÉDITION « LE NOUVEAU MONDE »
E
MARK DIAZ TRUMAN DANIELLE LAUZON ASSISTANTE DE CONCEPTION ANASTASIA KOTSOGLOU DIRECTEUR DE CRÉATION LEONARD BALSERA
CONCEPTION
CONCEPTION SYSTÈME MICHAEL CURRY AJOUT SYSTÈME BRETT ZEILER DIRECTION ARTISTIQUE MARISSA KELLY
RÉDACTION DALE ANDRADE ADRIAN ARROYO JEREMY ELDER JAMES MENDEZ HODES BETSY ISAACSON ROB JUSTICE
SHOSHANA KESSOCK ANASTASIA KOTSOGLOU ANDRÉ LA ROCHE FELIPE REAL MARK DIAZ TRUMAN MARIA DO CARMO ZANINI
RÉDACTION ADDITIONNELLE DANIELLE LAUZON BRETT ZEILER ILLUSTRATIONS GIORGIO BARONI CHARLIE CREBER
SHEN FEI ANNA KAY PHU THIEU MAC JAMES MOSINGO DIEGO RODRIGUEZ MEAGAN TROTT
CONCEPTION GÉOGRAPHIQUE ET CARTOGRAPHIE MARK RICHARDSON GRAPHISME ET MAQUETTAGE THOMAS DEENY HAL MANGOLD
RÉVISION MARK DIAZ TRUMAN RELECTURE SHELLEY HARLAN
DÉVELOPPEMENT DE 7E MER : DEUXIÈME ÉDITION MICHAEL CURRY ROB JUSTICE MARK DIAZ TRUMAN JOHN WICK
INSPIRÉ DE « LES SECRETS DE LA 7E MER » CONCU PAR JOHN WICK JENNIFER BRADBURY
Un mot de John…
Quand Les secrets de la 7E Mer est sorti pour la première fois en 1999, je n’avais aucune idée de comment
faire ce supplément. Je ne savais rien sur l'Amérique précolombienne, ses peuples, son passé et ses histoires. Je
n’y connaissais rien de rien.
À présent, en 2017, je ne sais toujours pas comment faire ce supplément. Heureusement, grâce aux 11 000
personnes qui ont soutenu le financement participatif sur Kickstarter, je peux engager des auteurs pour le faire
à ma place. Cela signifie que le monde de 7E Mer s’agrandit encore plus.
Je suis surexcité rien qu’en relisant le texte, surexcité à l’idée de voir des personnages qui sont rarement—voire
jamais—représentés dans les jeux de rôle. Et je ne parle pas de sauvages rétrogrades et barbares qui pensent que les
effusions de sang font se lever le soleil. Ces personnages sont comme vous et moi : ce sont des Héros (et parfois des
Scélérats bien sûr). Je suis ébloui par l’ensemble des connaissances qui figurent dans ce livre. C’est toujours passionnant
de discuter avec des gens qui maîtrisent un sujet auquel je ne connais rien. Je ne comprendrai jamais les phrases qui
débutent par : « Je ne veux pas apprendre… » Ce livre m’a appris des choses.
Il ne s’agit toutefois pas d’une encyclopédie sur la culture méso-américaine : on parle plus d’un voyage
immersif dans la mythologie et la vie de ces peuples. Lorsque j’ai soumis l’idée de ce livre pour la première fois,
j’ai posé la question suivante : « À quoi ressemblerait leur civilisation si le cours de l’Histoire avait été diffé-
rent ? » Voilà la réponse. Un mélange de passé et d’imagination avec, et c’est le plus important, un univers qui
sert de cadre aux aventures de Héros et de Scélérats… le tout selon un point de vue que vous n’aviez peut-être
jamais envisagé.
—John Wick
Remerciements particuliers
Je remercie Mark d’avoir à nouveau cru en moi en me confiant le développement de ce livre, et je remercie
Anastasia pour avoir fait preuve de patience avec la béotienne que je suis. J’espère que vous apprécierez tous
autant que moi les histoires et les mystères que renferment cet ouvrage.
Comme toujours, je remercie mon mari, mon phare dans la tempête, Weston Harper.
—Danielle Lauzon
Quand j’ai commencé à écrire des jeux de rôle en 2010, je n’aurais jamais imaginé avoir l’occasion de travailler sur un
projet comme 7E Mer : Deuxième édition. 7E Mer était un véritable jeu de rôle, du genre qu’on vend dans les maga-
sins, avec des illustrations en couleur et des centaines de pages. Des années plus tard, non seulement j’ai contribué
à la renaissance de 7E Mer pour des milliers de fans, mais j’ai également contribué à donner vie à la Méso-Amérique
dans l’univers du jeu, et ce d’une façon totalement inattendue. Toutefois, ce livre n’aurait jamais vu le jour sans notre
formidable équipe : un énorme merci à Danielle, qui a rassemblé toutes les pièces du puzzle, à Anastasia, qui a apporté
au livre l’ensemble de ses connaissances savantes et folkloriques, à Marissa, qui a bataillé pour que les illustrations
soient aussi nettes (et précises) que possible, et à John, qui nous a fait confiance pour apporter du neuf à son univers.
Un grand merci, également, à tous les concepteurs de jeu de rôle peu connus qui œuvrent dans le monde et qui se
demandent si leur combat en vaut la peine, s’ils peuvent créer quelque chose d’unique et d’original, s’ils ont quelque
chose à offrir aux gens : sí, se puede. Je vous l’assure. Vous pouvez y arriver. Vous êtes sur la bonne voie.
—Mark Diaz Truman
7th Sea is a Registered Trademark of Moon Design Publications, and is used with its permission. 7th Sea is published in English by
Chaosium Inc. www.chaosium.com
The names, descriptions and depictions applied to this product are derived from works copyrighted by and include trademarks owned
by Moon Design Publications and may not be used or reused without its permission.
© 2019 Agate RPG pour la version française sous licence Chaosium. Agate RPG est une marque d’Agate Éditions. Agate Éditions, 13
Boulevard de la République, 92250 La Garenne-Colombes. Contact, question, distribution : team@studio-agate.com. Dépôt légal :
2019 – ISBN : 978-2-491139-00-1 – Imprimé en Europe.
Table des matières
L’échappée de K’awil 4 Chapitre 5 : Aventures
dans le Nouveau Monde 159
Introduction 9 Les Héros aztlans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
Un « Nouveau » monde . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Les Théans en Aztlan . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
Vivre parmi les dieux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Conception d’un Héros aztlan . . . . . . . . . . . 161
Un monde en évolution . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Étape 1 : les Caractéristiques . . . . . . . . . . . 161
Les influences extérieures . . . . . . . . . . . . . . . 10 Étape 2 : la Nation . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161
Les Nations d'Aztlan . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Étape 3 : les Historiques . . . . . . . . . . . . . . 161
L’Alliance nahuacane . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Étape 4 : les Compétences . . . . . . . . . . . . . . 164
Le Tzak K’an . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Étape 5 : les Avantages . . . . . . . . . . . . . . . 165
L’Empire kuraque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Étape 6 : les Arcanes . . . . . . . . . . . . . . . . . 168
Comment utiliser ce livre . . . . . . . . . . . . . . . 11 Étape 7 : les Histoires . . . . . . . . . . . . . . . . 169
Étape 8 : Touches finales . . . . . . . . . . . . . . 170
Chapitre 1 : L’Aztlan 13 Les Gardiens de l’Aztlan . . . . . . . . . . . . . . . . 170
L’Empire aztlan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 Les Héritiers du Jaguar . . . . . . . . . . . . . . . . 170
Aujourd’hui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 Le Pochteca . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170
Technologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
Commerce . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 Sorcellerie 171
L’Église vaticine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Wayak’ Kan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171
Les dieux d’Aztlan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 Wañuy Ñaqay . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176
Religion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 Escrime, navigation et secrets . . . . . . . . . . . . 181
Dieux et créatures notables . . . . . . . . . . . . . . 36 Duels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181
Nouvelles histoires du Navire . . . . . . . . . . . . 185
Chapitre 2 : L’Alliance nahuacane 45 Sociétés secrètes d’Aztlan . . . . . . . . . . . . . . 186
Histoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47 Les Gardiens de l’Aztlan . . . . . . . . . . . . . . 186
Gouvernement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53 Les Héritiers du Jaguar . . . . . . . . . . . . . . . 188
Politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58 Le Pochteca . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190
Société . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60 Le Concile des Anciens dieux . . . . . . . . . . . 191
Religion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
Lieux notables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70 Générateur de cités-États
Personnages notables . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76 tzak k’aniennes 193
Générer une Cité-État . . . . . . . . . . . . . . . . . 193
Chapitre 3 : Le Tzak K’an 85 Méthode 1 : à la carte . . . . . . . . . . . . . . . 193
Origines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 Méthode 2 : lancer de dés . . . . . . . . . . . . . 193
Histoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89 Méthode 3 : une pierre après l’autre . . . . . . . 193
Politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94 Anatomie d’une cité-État . . . . . . . . . . . . . . . 194
Culture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98 Iconographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 194
Religion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103 Dieu tutélaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 196
Sorcelleries . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107 Souverain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 198
Lieux notables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
Personnages notables . . . . . . . . . . . . . . . . . 114 Obstacles 199
Aspects de base . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 200
Chapitre 4 : L’Empire kuraque 123 Aspects optionnels . . . . . . . . . . . . . . . . . 200
Histoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125 Conflits principaux . . . . . . . . . . . . . . . . . 202
Politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
Culture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133 Aventures dans le Nouveau monde 202
Religion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140 Rendre le décor familier . . . . . . . . . . . . . . 203
Lieux notables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145 Accroches narratives . . . . . . . . . . . . . . . . 204
Personnages notables . . . . . . . . . . . . . . . . . 150
Annexe 205
L’échappée de K’awil par John Wick
L
a jungle le cinglait et lui lacérait la peau. Ses jambes et Un autre cri retentit.
ses poumons étaient en feu. Son dos souffrait du poids « Je les vois ! »
porté sur ses épaules. La sueur lui piquait les yeux. Il K’awil agrippa la femme et la hissa par-dessus son épaule.
sauta par-dessus un arbre tombé et s’affala en voulant en « Nous sommes près du fleuve, » dit-il. « Le village est
éviter un autre. Ce qu’il portait chut vers l’avant en gémis- de l’autre côté. »
sant. K’awil leva les yeux et vit du sang. Elle grimaça lorsqu’il la hissa. « Il va nous falloir trouver
Bien que sombre, la peau de la Kuraque commençait à visi- un moyen de traverser. »
blement blêmir. Elle posa la main sur son ventre rouge vermeil Il répartit son poids sur ses épaules et marmonna :
et regarda K’awil avec des yeux sombres et déterminés. « Apocōātl nous guidera. »
« Tu dois me laisser, » dit-elle dans la langue de son inter- Il reprit sa course.
locuteur. Elle portait des vêtements de voyage. Elle plongea ***
son autre main dans son sac et en retira une petite bourse
en cuir. « Prends-la. » Sept jours plus tôt, Chuki entrait dans le village, les bras
K’awil avait du mal à reprendre son souffle. Ils entendirent levés et le sourire aux lèvres. Elle portait ses vêtements
des cris qui se rapprochaient. Des cris et des aboiements. de voyage, mais aucune arme. Son visage et ses habits
Il secoua la tête. « Non, » dit-il en posant la main sur la étaient sales, et elle avait quelques toiles d’araignée dans
bourse. « Range ça. » les cheveux qui étaient autant de souvenirs d’un combat
« Tu es soit très courageux, soit très imprudent, » répon- ayant failli virer au désastre.
dit-elle en rangeant la bourse, les lèvres mues par un Le village n’était pas très grand, mais suffisamment pour
demi-sourire. parvenir à survivre dans la jungle. Des hommes et des
« Probablement les deux… » répliqua-t-il en souriant à femmes y étaient affairés. La plupart étaient armés.
son tour. « Bonjour ! » lança-t-elle d’une voix forte mais amicale.
4 L'échappée de K'awil
Les villageois levèrent les yeux. Chuki ignorait à quoi s’at- La boisson, familière mais étrange, était vraiment déli-
tendre, mais elle se tenait prête à courir. L’une des femmes cieuse. Elle leva les yeux vers K’awil. « C’est succulent. Je
se leva et lui cria. comprends pourquoi il l’aimait tant. »
« Va-t’en, Kuraque, nous ne voulons pas d’ennuis ! » Il s’assit, sa propre tasse en main et lui demanda : « Que
Chuki s’arrêta à la lisière du village. « J’ai besoin de votre fais-tu ici ? »
aide. Et vous avez besoin de la mienne. » Elle hocha la tête. L’heure était venue de dire la vérité.
Un homme de haute stature s’avança alors vers elle. Il était « Calderón. »
quasiment nu. Il portait une lance, une boussole autour du Les yeux de K’awil prirent alors l’intensité des flammes.
cou, un éclat d’obsidienne taillé accroché à la taille et ce que Son corps se raidit comme s’il anticipait une attaque.
Chuki devinait être une ceinture de guerrier. Il s’approcha « La bête ? »
suffisamment près pour être en mesure de la frapper si besoin. « Il veut la Larme d’Ītzzohualli. Il veut l’offrir à l’Impéra-
« Qui es-tu ? » demanda-t-il d’un ton légère- trice du Kuraq en échange d’une faveur. »
ment menaçant. K’awil hocha la tête et se leva. « Oui. Ça ne m’étonne pas
« Mon nom est Chuki. » que la bête la veuille. »
Il l’étudia de la tête aux pieds. « Tu es une Kuraque. » Chuki remarqua qu’il n’avait pas prononcé une seule fois
« Oui, » dit-elle en hochant la tête. « Je suis aussi une le nom de Calderón, et qu’il avait presque craché le surnom
amie de Ferdinand. » qu’il lui donnait.
L’homme plissa des yeux : « Toi ? Et je suis censé te croire « Je suis venue faire en sorte qu’il ne s’en empare pas. »
sur parole ? » répondit Chuki. « J’ignore les plans de l’Impératrice, mais
« Il est venu au Kuraq récemment, et il a rejoint la résis- je ferai tout mon possible pour l’arrêter. »
tance, le Pakaykuq. C’est là que je l’ai rencontré. » K’awil lui fit face : « Et je suis censé te croire sur parole ?
L’homme grommela et fit un geste de la main pour l’in- Peut-être l’Impératrice t’a-t-elle justement envoyée ici pour
viter à continuer : « Parle-moi de lui. » dérober la Larme. »
« Il est plus petit que moi. Il a la peau blanche et une Chuki secoua la tête. « Je te jure que non. »
barbe. Des yeux sombres. Il aime bien siffloter. Et il adore « Et, » insista-t-il, « je suis censé te croire sur parole ? »
les infusions. » Elle fit un signe prudent de la main droite, « Je suis une amie de Ferdinand, » répondit-elle d’une
qui était toujours au-dessus de sa tête, pour désigner la voix nouée.
boussole que portait son interlocuteur autour de son cou. K’awil se rua alors vers elle : « Et où est-il ? Pourquoi a-t-il
« Et il t’a donné ça. » Elle le regarda fixement. « K’awil. » envoyé une Kuraque s’occuper de ce problème ? »
L’homme ne laissa rien paraître. Son regard l’étudiait. Une larme coula sur la joue de Chuki.
La pénétrait. « Il est mort, » dit-elle. « Calderón l’a surpris alors qu’il
Doucement, un sourire se dessina sur son visage : « Quel espionnait l’Impératrice. Il avait presque réussi à s’enfuir…
genre d’infusion ? » Il voulait aider la résistance, mais il est mort peu de temps
Elle ne put s’empêcher de sourire en retour : « Je l’ignore. après l’avoir rejointe. »
C’est un breuvage que tu as préparé à partir d’une plante K’awil inspira profondément. « La bête l’a tué ? »
qui pousse ici. Il a voulu m’expliquer mais je n’ai pas compris Chuki hocha la tête.
un traître mot de ce qu’il m’a dit. » « Comment le sais-tu ? » lui demanda-t-il.
L’homme se tourna vers les villageois et leur cria : « C’est Chuki leva les yeux. « J’étais là quand il est venu dans
une amie de Ferdinand ! » notre campement. J’ai entendu ses paroles de mes propres
Tous les visages du village s’illuminèrent, et les batte- oreilles. » Elle détourna son regard vers les flammes. « Je
ments de tambour du cœur de Chuki commencèrent à l’ai vu mourir. Et je n’ai rien pu faire. »
s’estomper. K’awil la regarda, assise devant l’âtre. Il sut qu’elle disait la
L’homme se retourna. « Je suis K’awil. Bienvenue dans vérité. Il s’agenouilla à côté d’elle et plaça une main sur son
notre village. » épaule. « Ferdinand était un homme bon. »
« Oui, » dit-elle en levant à nouveau les yeux. « Et main-
***
tenant, j’ai besoin de ton aide pour que l’Impératrice et
Tous deux se rendirent chez K’awil. De la vapeur s’échappait du Calderón ne deviennent pas plus puissants encore. »
bec d’une théière castilliane pendue au-dessus de l’âtre. K’awil K’awil hocha la tête. « Je t’aiderai. »
la retira du feu et versa le liquide bouillant dans une tasse en
***
céramique, elle aussi importée de Castille.
« Ferdinand me l’a laissée, » dit-il en lui tendant la tasse. Olivia Corvaza Marquez détestait la jungle. Elle détestait ses
« C’est un cadeau. » habitants, ses animaux et ses plantes. Elle détestait les vête-
« Merci, » répondit Chuki. Elle souffla sur la surface de ments qu’elle portait. Elle détestait la nourriture. Elle détestait
l’infusion fumante avant d’en avaler une petite gorgée. même l’eau. Elle détestait tout ici.
6 L'échappée de K'awil
se brisa près de sa tête. S’appuyant sur son pied valide, ***
il fit un pas en avant.
En ouvrant les yeux, Chuki ne vit que les ténèbres. Elle avait
« Apocōātl me protège, » répéta-t-il.
chaud. Des bribes de souvenirs lui revinrent par fragments.
La Castilliane lâcha le pistolet et en dégaina un autre. Elle
Elle passa une main sur son ventre. Sa blessure était en voie
visa sa tête. « Donne-moi la Larme ! »
de guérison.
K’awil fit un pas en avant. Il ne ressentait aucune douleur.
« Il y a quelqu’un ? » demanda-t-elle en kuraqi. Pas de
« Apocōātl me protège. »
réponse. Elle changea de langue et répéta la question en
Elle appuya sur la détente. Le son du pistolet retentit,
tzak k’anien.
suivit d’un autre. Métallique, perçant, comme celui d’une
Elle entendit des sons, dehors. Deux silhouettes péné-
cloche. K’awil tituba en oscillant vers l’arrière mais il ne
trèrent alors dans la pièce. Elle dut lever la main pour
tomba pas. Il se tint bien droit et les yeux de la Castialliane
se protéger du soleil aveuglant et ainsi reconnaître ses
s’écarquillèrent.
visiteurs. Il y avait K’awil accompagné d’un autre homme
La balle était venue se loger dans la boussole autour de
qu’elle ne connaissait pas. Un Nahuacan visiblement. Il
son cou. Elle était coincée là et de la fumée s’en échap-
avait des cheveux noirs, épais, des yeux vifs et des joues
pait encore.
rougies par le soleil. Il portait une robe bleue et l’attirail d’un
« Apocōātl me protège. »
médecin. Lorsqu’il parla, les doutes de Chuki disparurent.
Il était tout proche, à présent. Si proche qu’il aurait
« Te voilà donc réveillée » dit-il d’une voix chantante,
presque pu la frapper. Elle dégaina son troisième pistolet,
aussi douce que prévenante. « Comment te sens-tu ? »
le dernier, et prit soin de viser sa tête.
« J’ai été blessée par balle... »
Il abattit sa lame d’obsidienne. Elle appuya sur la détente
Le Nahuacan hocha la tête. « J’ai vu. Et K’awil m’a déjà
en hurlant.
tout raconté… »
Le pistolet ne fit aucun bruit hormis un léger cliquetis.
Elle cligna des yeux et perdit son souffle l’espace d’un
La lame atteignit sa gorge et quelques gouttes de
instant. « La Larme ! » dit-elle à l’adresse de K’awil. « La
sang perlèrent. La pointe n’était qu’à un millimètre de
Larme de… »
sa jugulaire.
« Elle est en sécurité, » dit-il en acquiesçant.
Les yeux de la Castilliane s’emplirent alors de peur. K’awil
« Et la femme ? »
parla à voix basse.
« La Castilliane ? » ajouta t-il. « Elle est partie. »
« Regroupe tes soldats et retourne voir la bête. Dis-lui que
Le Nahuacan s’agenouilla à son chevet. « Je m’appelle
la Larme d’Ītzzohualli ne lui appartient pas. »
Ome Atl. J’ai rejoint le Pakaykuq il y a peu. » Il lui sourit puis
Les lèvres tremblantes de la Castilliane prirent une inspi-
demanda : « Tu as bien failli nous quitter. Puis-je inspecter
ration. « Ou sinon… ? »
ta blessure ? »
« Sinon, j’enfonce ma lame dans ta gorge et je laisse
« J’imagine que vous l’avez déjà vue. » opina-t-elle.
la terre s’abreuver de ton sang, ainsi que l’ont fait mes
« Certes, mais cela n’empêche pas de rester courtois. »
ancêtres quand les Théans ont voulu prendre ce qui ne leur
Il souleva la couverture teintée d’un rouge sombre.
appartenait pas. »
« On dirait que tout va pour le mieux. Et peut-être plus
Tremblante, elle le regarda dans les yeux.
encore. Tu devrais être sur pied dans peu de temps. » Il se
« Nous partons ! » ordonna-t-elle à ses hommes.
leva et s’inclina face à eux. « Si tu as mal, j’ai une décoction
Les gardes qui les encerclaient s’échangèrent des
chez moi. C’est la meilleure qu’on puisse trouver dans toute
regards dubitatifs.
l’Aztlan. »
« J’ai dit : baissez vos armes ! Nous rentrons ! »
« Merci beaucoup, » répondit-elle.
Un de ses sous-fifres, celui qui portait un récipient, prit la
Il les salua et quitta la pièce.
parole : « Mais si nous rentrons sans… »
Chuki regarda K’awil, qui se tenait immobile dans la
Elle lui jeta un regard furibond et il se tut. Les gardes
lumière feutrée.
baissèrent leurs armes et reculèrent. Elle regarda K’awil
« Je me souviens être tombée, » dit-elle. « Mais c’est à
à nouveau.
peu près tout. » Elle ferma les yeux. « Où sommes-nous ? »
« On se reverra. »
« Je t’ai portée jusqu’à un avant-poste du Pakaykuq. Je
« Je ne crois pas. » lui répondit-il.
me suis dit que c’était l’endroit le plus sûr pour garder la
La Castilliane s’éloigna de lui. Ses pistolets vides gisaient
Larme à l’abri. »
sur le lit de la jungle. « Oh, que si. J’ai un nouveau mot à
« Merci. » dit-elle avec un hochement de tête à peine
t’apprendre. Ton amie pourra te l’expliquer, si elle survit. »
visible. « Nous avons porté un coup dur à l’Impératrice et
« Lequel ? »
à Calderón. »
Elle sourit et le prononça comme si elle s’en délectait :
« Comment t’es-tu échappé ? » ajouta-t-elle après
« Vendetta. »
quelques secondes.
Puis ses gardes et elle disparurent dans la jungle.
« Apocōātl m’a protégé. »
8 L'échappée de K'awil
Introduction
10 Introduction
LA LANGUE AZTLANE
Les Nations d'Aztlan Bien que tous les Aztlans ne parlent pas
L’Aztlan est composée de trois grandes nations : l’Alliance la même langue, leurs dialectes respectifs
nahuacane, le Tzak K’an et l’Empire kuraque. présentent de nombreuses similitudes datant
de l’époque où ils étaient partie intégrante
L’Alliance nahuacane du même empire. Les mots et leur emploi
varient en fonction des endroits, mais ce
L’Alliance nahuacane s’étend dans la partie nord de l’Aztlan. guide de prononciation est valable dans les
À sa tête, on trouve le conseil des anciens dont les participants trois Nations.
viennent des quatre grandes cités situées aux points cardi-
naux de la Nation (Mīlllahco au nord, Tecuehtitlān à l’ouest, • x ressemble au son d’un h aspiré ;
Ōlōxochicalco à l’est et Nexhuatipec au sud). Chacune est • it ressemble au son h ;
liée à l’un des quatre dieux tutélaires de l’Alliance. • ā, ī, ō, ū se prononcent comme les voyelles
traditionnelles, mais en plus long ;
La seule personne qui ait autorité sur le conseil est le Grand • hu se prononce « w » comme dans « wok » ;
orateur, un individu qui consacre sa vie à se faire le porte-pa- • tl se prononce « tt » comme dans « hotte » ;
role du peuple et à interroger la volonté des dieux. L’actuel • j se prononce « yé » comme dans « vieille » ;
Grand orateur est jeune, si jeune que seule une minorité de • z se prononce « s » comme dans « saucisse » ;
la population le pense à la hauteur de sa tâche. Les chefs des • n se prononce « ne » comme dans « âne » ;
deux plus importantes puissances militaires de l’Alliance sont • ‘ indique qu’il faut marquer l’arrêt avant
de continuer.
actuellement en conflit pour tenter de l’influencer.
Les Nahuacans sont un peuple de guerriers qui croient aux • Aztlan : As-ttane
valeurs de l’ordre et de la loi. Ils veulent tous réunifier l’Aztlan, • Apocoātl : Apo-co-aatt
mais ils ne réussissent pas à s’accorder sur la méthode à • Nahuacan : na-wa-kane
employer pour y parvenir. • Tzak K’an : Tsak--ane
Le Tzak K’an
Le Tzak K’an partage sa frontière nord avec l’Alliance son pouvoir et ériger Supay en dieu unique. Pour cela, elle
nahuacane. Il s’agit d’un pays recouvert de jungles qui a déclaré l’ouverture de la Chasse divine afin de détruire
s’apparente plus à un conglomérat de cités-États sans toutes les divinités vivant au Kuraq. Quelques Kuraques,
gouvernement central. Les Tzak K’aniens ont uniquement bénis par leurs anciens dieux et las de leur dirigeante
en commun leur culture et leurs croyances religieuses ainsi corrompue, ont formé une résistance. Ils veulent désor-
qu’un grand respect pour les sciences et l’art des scribes. mais renverser l’Impératrice et rétablir les dieux d’antan
La culture des Tzak K’aniens a beau être riche et foison- à leur place légitime : au cœur de la vie des Kuraques.
nante, leur incapacité à s’unir les rend vulnérables en cas
d’unification de l’Aztlan. Pour ne rien arranger, certaines Comment utiliser ce livre
cités-États sont prêtes à se déclarer la guerre, ce qui pourrait Ce supplément devrait vous fournir tout le nécessaire
bien provoquer l’effondrement du pays. pour jouer des aventures en Aztlan, ou pour créer des
personnages aztlans et les introduire dans vos campagnes
L’Empire kuraque existantes de 7E Mer. Ceci étant, nous sommes conscients
Le Kuraq—ou Empire kuraque—s’étend quant à lui de notre incapacité à rendre justice à la complexité et à
au sud du Tzak K’an, dans les montagnes occidentales. la richesse historique de ces cultures véritables. Bien que
Les Kuraques vénèrent Supay, le dieu de la mort, et nous nous soyons inspirés d’événements historiques et
sont gouvernés depuis un siècle par une Impératrice d’histoires vraies, nous ne prétendons pas avoir rédigé
morte-vivante, Asiri Inkasisa. Leur culture s’articule une thèse sur ces cultures.
autour de l’adoration qu’ils vouent à leurs défunts, Nous espérons qu’à la lecture de ces pages, vous trou-
lesquels marchent parmi eux et prennent les décisions verez suffisamment d’informations pour développer votre
qui régissent leur quotidien. monde de 7E Mer, et que vous vous poserez suffisamment
Aujourd’hui, l’Impératrice du Kuraq ne se satisfait plus de questions pour vouloir en apprendre davantage sur les
des frontières de sa Nation. Elle espère un jour étendre cultures que nous allons présenter.
Des déserts de l’Alliance nahuacane aux jungles du Les Héros aztlans ont depuis longtemps appris à concilier
Tzak K’an en passant par les sommets du Kuraq, ce que compréhension du passé et adaptation à un environnement
les explorateurs et archéologues théans surnomment mouvant. S’ils font leur possible pour aider les civilisations nées
« le Nouveau monde » n’a en fait rien de nouveau. L’Aztlan après la Chute à croître et à prospérer, ils cherchent également
est en réalité un continent dont la civilisation remonte à à rassembler leurs pairs en une Nation unie. Leurs méthodes
une époque précédant l’Histoire : alors que les Théans divergent, mais ils espèrent tous unifier les peuples aztlans en
vivaient encore dans des grottes, les peuples aztlans étaient préservant leurs cultures respectives. Même s’ils rencontrent
déjà passés maîtres dans l’utilisation de la science et de beaucoup de résistance de la part des peuples qu’ils veulent
la magie. aider, ces Héros savent que leur cause est juste, tout simplement
Pourtant, Aztlan est bel et bien un nouveau monde. Ce le car les dieux se satisfont de leurs sacrifices et de leurs épreuves.
sera toujours. Les puissances qui le dirigeaient—les dieux- Ainsi que l’a démontré un siècle passé au contact des
rois de jadis—l’ont a jamais transformé, et la Chute en a explorateurs, archéologues et autres envahisseurs théans,
fait un lieu étrange empli de ruines syrneth. Ici, les cartes l’Aztlan ne peut plus se permettre d’ignorer le reste du
ne servent quasiment à rien car les jungles et les déserts monde. Les dieux ont en effet soif de fidèles—qu’ils soient
sont en mouvement constant. L’Aztlan n’appartient à natifs ou non—et nombre de peuples insistent pour débar-
personne, même pas à ceux qui la connaissent le mieux. quer sur leurs rivages.
14 Chapitre 1 | L'Aztlan
L’Empire aztlan
Bien avant l’arrivée des Théans, bien avant que la Compagnie Toutes les civilisations qui naquirent après la Chute
commerciale atabéenne n’établisse des itinéraires de traite possèdent leurs propres récits sur l’effondrement de l’Empire
d’esclaves, bien avant que le Roi-Soleil ne rêve d’un monde aztlan, autant de théories qui tentent d’expliquer la cause de
unifié sous le drapeau montaginois, bien avant que l’Avalon ce désastre. Il ne s’agit toujours que de légendes car le fait
ne fonde ses colonies en Wabanahkik, bien avant que Safiye est que les dieux eux-mêmes ignorent la vérité. La Chute fut
ne règne sur l’Empire du Croissant, bien avant tout cela, l’Em- simplement une apocalypse, le genre de catastrophe pendant
pire aztlan s’étendait sur chaque parcelle du monde civilisé. En laquelle les documents objectivables disparaissent.
cette époque lointaine où les ténèbres recouvraient la Terra, les Si l’on a oublié les causes de la Chute, ses conséquences
dieux-rois régnaient, grands et fiers, majestueux et gracieux, sont en revanche bien connues : les dieux-rois dispa-
parfaits. Leurs cités s’étendaient jusqu’aux cieux et leurs rituels rurent de la surface du monde, leurs cités majestueuses
leur permettaient de communiquer avec les étoiles. tombèrent en ruine et la plupart des Sorcelleries qui
Certains érudits disent qu’il ne pouvait en être autrement : étaient pratiquées furent à jamais perdues. Tandis que les
les dieux-rois avaient maîtrisé les cycles, le cercle infini de Aztlans s’efforçaient de survivre aux retombées du plus
la vie et de la mort qui fait tourner les rouages du cosmos. grand désastre que leur monde n’avait jamais connu, leur
Leur seule volonté faisait pousser les récoltes, et le paysage culture vacillait, au bord de l’extinction.
lui-même s’écartait pour laisser place à leurs routes et leurs L’érudit nahuacan Chicuei Atzintli résuma un jour la
édifices. L’harmonie régnait en cette époque, la discorde entre Chute par ces mots : « La flamme étincelante de l’Empire
les peuples étant quasi inexistante ; si elle apparaissait, les aztlan brilla dans les ténèbres jusqu’à ce que les ténèbres
dieux-rois intervenaient directement pour résoudre les conflits. se lassent d’une telle arrogance. Quelle présomption de la
Personne—pas même les plus grands savants aztlans— part de cette flamme que de défier le Néant. »
ne sait comment les dieux-rois réalisèrent de tels exploits.
Aujourd’hui, une telle union n’est qu’utopie : les nouvelles Une terre mystérieuse
Nations aztlanes se querellent pour des questions de terri- Les Aztlans finirent par se regrouper pour reconstruire.
toires, de religion, de ressources et d’influence. Ils reprirent le contrôle du continent en repoussant les
Rien n’est éternel, pas même la perfection. jungles par le feu et en irriguant les déserts. Ils pensaient
un jour pouvoir maîtriser la terre, tout comme l’avaient
La Chute fait les dieux-rois avant eux. Ils tentèrent de reconstruire
La Chute de l’Empire aztlan fut tout aussi inattendue qu’ir- l’Empire, mais nombre d’entre eux doutaient déjà que
réversible. En ces temps reculés, les dieux-rois veillaient sur l’Aztlan puisse un jour être réunifiée.
le monde. L’intemporalité de leur règne les avait enhardis : Lorsqu’ils reconstruisirent les villes et les temples, les
vaniteux et parfaits, ils ne doutaient plus ni de leur pouvoir, Aztlans durent faire face à une nouvelle réalité : la Chute
ni de leur prestige. Leur empire chut sans même qu’ils aient avait transformé l’Aztlan.
le temps de s’en rendre compte : en un clin d’œil, tout ce à La jungle n’existait plus seulement dans l’enclave définie
quoi ils tenaient ne fut plus que ruines et gravats. par ses lisières : elle s’étendait bien au-delà de ses limites.
Les Aztlans quittèrent dès lors les villes et abandon- Quant aux vastes étendues sableuses, elles étaient tout
nèrent leurs foyers, les grands temples furent pillés et aussi capables de ramener les voyageurs à leur point de
vandalisés, et les jungles et les déserts—que les dieux- départ que de les laisser passer sans aucun incident.
rois avaient longtemps tenus à l’écart grâce à leur magie— Au fil des siècles, la forme et le contour du continent
submergèrent le continent telle une invasion de sauterelles. gagnèrent en uniformité, mais la terre ne retrouva jamais
La terre elle-même sembla se retourner contre l’Aztlan. sa robustesse première. Peu importe sa cause, la Chute fut
Plus personne ne se souvient de l’origine de la Chute. Une plus qu’un simple cataclysme politique : elle fut le moment
folie infectieuse poussa-t-elle les Aztlans à détruire leur propre où l’Aztlan mourut. Quoi qu’il soit aujourd’hui devenu,
empire ? Des envahisseurs venus d’une terre lointaine sacca- ce monde est une créature récente, le produit d’un cycle
gèrent-ils le plus grand empire que le monde ait jamais connu ? infini qui verra sûrement naître une nouvelle Aztlan dans
Les dieux-rois s’attirèrent-ils l’opprobre des puissances supé- le futur.
rieures en commettant un péché impardonnable ? Nul ne le sait.
16 Chapitre 1 | L'Aztlan
LE TEMPS CHEZ
En dépit de l’autoritarisme et du conservatisme des LES AZTLANS
Vénérables, l’Impératrice Inkasisa a progressivement Les événements décrits dans cette section
transformé l’État unifié qu’était l’Empire kuraque en sont racontés du point de vue des Aztlans, qui
un véritable régime totalitaire. Aujourd’hui, ses agents possèdent leurs propres calendriers. Ceux-ci ne
sont pas les mêmes sur tout le continent : les
sont partout, œuvrant à détruire les ennemis de leur
calendriers kuraques, nahuacans et tzak k’aniens
souveraine où qu’ils se trouvent. Cela n’a pourtant pas suivent chacun des perspectives et des cycles
empêché une résistance de naître et de croître, jour après locaux, ce qui complexifie la compréhension des
jour, dans l’espoir que le Kuraq puisse redevenir ce qu’il événements sur l’ensemble du continent.
était auparavant.
18 Chapitre 1 | L'Aztlan
LES ÉCHANGES
AGRICOLES
D’autres Castillians connurent des échecs similaires. Franco La rencontre avec l’Aztlan modifia irrémédia-
Gonzales, un explorateur ambitieux, fut le premier à rencon- blement le régime alimentaire théan, et ces
trer l’Impératrice du Kuraq. Là, dans la grande capitale de nourritures étrangères imprègnent désormais
l’ensemble de la cuisine théane. La pomme de
Kuska, entouré par les nantis et les puissants du pays, il tenta
terre, géniale plante kuraque, s’est par exemple
lui aussi de se faire passer pour un dieu. Il eut cependant droit trouvée un nouveau foyer dans les sols ravagés
à un sort plus miséricordieux que son compatriote : il fut par la Guerre de la Croix, permettant ainsi
humilié et banni du Kuraq. Il passa les cinq années suivantes à de soulager les pires famines de la campagne
se morfondre avant de revenir arme au poing pour exterminer eisenör. L’Inismore et l’Ussura ont également
tous les Kuraques qui croisaient sa route. On ne sait pas suivi l’exemple de l’Eisen, ignorant les avertisse-
ments grandiloquents de l’Inquisition à propos
grand-chose de ce qu’il advint de lui. Les quelques survivants
des dangers de la « pomme de Légion. » Au
terrifiés de son expédition disent que ses soldats et lui furent sud, n’importe quel bravo vodacci pourrait vous
réduit en miettes par ceux-là mêmes qu’ils avaient tué. parler de la sauce de sa nonna faite à partir des
Au Tzak K’an, plusieurs expéditions disparurent dans la premiers plants de tomate ramenés d’Aztlan par
jungle sans laisser la moindre trace. Interrogés, les Tzak son bon-à-rien de cousin. Par l’intervention des
K’aniens répondirent simplement que ce sont des choses Prophètes, ou grâce à un labeur méthodique, il
en pousse toujours dans leurs champs (Theus soit
qui arrivent. Certains Castillians pensaient que les Tzak
loué !).
K’aniens enlevaient ou tuaient leurs compatriotes, mais les
plus perspicaces se rendaient bien compte que les autoch- Les élevages théans révolutionnèrent également
tones ne s’aventuraient jamais seuls dans la jungle, et qu’ils l’agriculture aztlane. L’arrivée des chevaux et des
n’y passaient jamais plus de temps que le strict nécessaire. bœufs permit à l’Alliance nahuacane de cultiver
Les Théans qui désiraient faire de l’Aztlan un vassal colo- des zones plus grandes. Dans les cités-États
du Tzak K’an, les techniques agricoles théanes
nial virent donc tous leurs efforts compromis par un mélange
remplacèrent progressivement la méthode
de malchance, d’échecs militaires et d’interventions divines. traditionnelle du brulis : le crottin a désormais
supplanté les cendres comme engrais principal,
Premiers partenariats et les plantations mixtes de maïs, de courges
En dépit de ces premiers « malentendus, » les relations et de haricots ont cédé le pas à un système de
entre la Théah et l’Aztlan se sont formalisées dans une rotation des cultures. Les agronomes kuraques
plantent quant à eux des semences théanes
paix vigilante, chaque continent surveillant l’autre et reti-
à travers tout leur empire. Dans leurs champs
rant ce qu’il peut de leurs échanges. Commerçants, prêtres expérimentaux, ils testent les sols et les tempé-
et savants font aujourd’hui du commerce de marchandises ratures afin de découvrir quelle flore étrangère
et de connaissances, s’échangeant croyances et richesses. peut être cultivée.
Au vu du grand nombre de Castillians en Aztlan—
qui représentent la part dominante de la population
théane, et de loin—il n’est pas étonnant que beaucoup
soient parvenus à s’intégrer à l’écosystème politique.
Don Francisco Schulz, fils d’un héros de guerre eisenör
et d’une noble castilliane, s’était par exemple donné
pour but de conquérir les terres du Nouveau monde.
Heureusement pour lui, il se rendit rapidement compte
que l’Aztlan n’était guère hospitalière envers les conqué-
rants. Dorénavant, il sert de guide aux Théans nouvelle-
ment arrivés dans l’Alliance nahuacane. Il connaît tous
les marchands locaux, parle tous les dialectes aztlans
et possède même une grande maison à Pepechotlan,
un cadeau du Grand orateur lui-même si l’on en croit
ses dires.
20 Chapitre 1 | L'Aztlan
L’étude des Syrnes en Aztlan
Tandis que l’Inquisition s’acharne à détruire les artefacts et
les trésors dénichés en Théah, ses ressortissants s’attachent
à découvrir la vérité à propos des Syrnes aztlans. Les plus
brillants archéologues œuvrent de concert avec les érudits
locaux (majoritairement nahuacans et tzak k’aniens). La
course pour découvrir le secret des mystères aztlans n’a
jamais été si déterminante… et si dangereuse.
22 Chapitre 1 | L'Aztlan
fournissent un accès aux ruines. Peu de
sites de fouilles ont toutefois été établis de
manière permanente.
Récemment, l’inquisiteur Calderón
envoya des émissaires rencontrer l’Impéra-
trice du Kuraq dans l’espoir de forger une
alliance qui pourrait profiter à l’Inquisi-
tion et à l’Empire. Leur proposition était
la suivante : en échange d’or et d’armes,
l’Impératrice consentirait-elle à laisser
l’Inquisition accéder aux sites de ruines
syrneth de la Nation ?
L’Impératrice étudie l’offre du Castillian.
Elle n’est pas idiote et sait que Calderón lui
cache ses véritables intentions. Cependant,
il est toujours judicieux de traiter correc-
tement l’ennemi de ses ennemis. Le souci,
c’est que l’Impératrice considère quasi-
ment tout le monde comme un ennemi.
24 Chapitre 1 | L'Aztlan
L’INFLUENCE
Commerce DES ÉTRANGERS
Le commerce, de part et d’autre de la mer Atabéene, s’est Les Théans furent les premiers étrangers à venir
développé à une vitesse folle depuis le premier contact en nombre en Aztlan, mais la « découverte » du
Nouveau monde a par la suite attiré voyageurs,
entre l’Aztlan et la Théah. Chaque Nation théane
explorateurs et archéologues venus du monde
convoite aujourd’hui la plus grosse part possible des entier. Depuis, la majorité d’entre eux a compris
richesses aztlanes. Jusqu’à maintenant, la Castille s’est que leurs travaux en Aztlan ne verront le jour que
assurée les itinéraires commerciaux les plus durables à grâce au soutien politique des Aztlans. Cependant,
travers le continent (ses représentants sur place sont plus il n’est pas rare qu’un étranger enfreigne les lois ou
nombreux que ceux d’autres Nations théanes), mais cela coutumes locales, notamment dans les cités-
États tzak k’aniennes qui sont dirigées par des
ne décourage absolument pas ses rivaux.
chefs capricieux (l’Alliance nahuacane et le Kuraq
possèdent également des systèmes juridiques très
Les préoccupations des Théans complexes pour les Théans).
Pendant un temps, quelques-uns des grands de Théah
virent leurs préoccupations tourner auprès de l’être le plus Tout comme les Théans et les Ifriens qui se
insignifiant d’Aztlan : la cochenille. Un moine castillian rendent dans le Nouveau monde en quête
de savoir, de trésors et de gloire, les Aztlans
découvrit un jour qu’une fois réduits en poudre, les corps de
voyagent jusqu’en Théah, en Ifri et dans le
ces insectes vivant sur les cactus du nord de l’Aztlan produi- Croissant. Certains voyageurs aztlans quittent
saient une teinture rouge écarlate sans égale. Aujourd’hui, ainsi le continent pour accomplir leurs propres
c’est à la cochenille que les cardinaux vaticins doivent la tein- desseins, tandis que d’autres sont missionnés
ture éclatante de leurs vêtements, et ils gardent jalousement par les autorités aztlanes qui veulent garder un
le secret de son origine et de sa production. œil sur leurs adversaires étrangers. Après tout,
l’Impératrice du Kuraq serait bien sotte d’ignorer
Néanmoins, leur secret pourra-t-il résister à l’Empereur
le reste du monde : comment pourrait-elle
montaginois ? Ayant essuyé le refus de tous les prêtres de conquérir des pays dont elle ne sait rien ?
l’Église—à commencer par le hiérophante—le monarque,
frustré, se tourna vers ses nobles pour qu’ils se procurent
cette teinture par des moyens magiques. Quand plusieurs
sorciers audacieux maîtrisant le Porté se volatilisèrent lors au commerce par voie de terre de s’épanouir. Les Vestens,
d’un transport de teinture, et que l’on retrouva les restes tout particulièrement, détestent cette préférence aztlane
démembrés de plusieurs autres dans une forêt tropicale pour la recherche du savoir plutôt que la richesse matérielle,
aztlane, l’engouement se tassa. Cela est d’autant plus car elle menace le monopole fleurissant de la Ligue.
frustrant que les réserves de teinture en Montaigne sont Les échanges avec le Kuraq ne sont pas très déve-
devenues rares et chères depuis que les Nahuacans ont loppés, pour des raisons à la fois politiques et tech-
découvert le véritable prix de l’or rouge. niques : d’une part, les pays frontaliers se méfient des
Les autres Nations théanes s’en tiennent quant à elles à ambitions de l’Impératrice, d’autre part, leurs routes
des intérêts plus communs : les métaux précieux, les bois furent construites pour laisser passer des piétons, non
rares et les gemmes, que l’Aztlan produit en grandes quan- de larges chariots de marchandises.
tités. Si la Castille s’occupe de la majorité du commerce, Si les Aztlans ne possèdent pas de navires de haute
les soldats de la Couronne aident souvent les navires mer, ils rattrapent petit à petit leur retard maritime. Les
commerciaux de Montaigne et d’Eisen à trouver des canoës tzak k’aniens, destinés au commerce, et les bateaux
marchandises… moyennant finance. kuraques, construits avec des roseaux, deviennent de plus
en plus imposants. Certains, conçus avec une double
Les avancées aztlanes coque, parviennent même à s’aventurer plus loin qu’aucun
Les Nations aztlanes commercèrent rapidement pour autre auparavant. Ce n’est qu’une question de temps avant
obtenir des connaissances sur les techniques industrielles qu’un constructeur théan peu précautionneux se retrouve
théanes et les produits finis pouvant être étudiés et repro- du mauvais côté d’un mācuahuitl (une massue en bois
duits. C’est ainsi que les Nahuacans et les Tzak K’aniens entourée de lames d’obsidienne) et que son savoir tombe
bénéficièrent de l’arrivée des voitures à cheval, ce qui permit aux mains des Aztlans.
26 Chapitre 1 | L'Aztlan
Aztlans, séduits par le dévouement des Théans vis-à-vis de L’Inquisition en Aztlan
leur dieu, se sont convertis. Cependant, de telles décisions Si le gros de l’activité théane dans le Nouveau monde se
restent rares. résume au commerce, à la recherche et à la diplomatie, des
Récemment, certains inquisiteurs ont avancé que les Scélérats théans rôdent dans les ombres d’Aztlan. Des
Aztlans respecteraient davantage Theus si l’on imposait Sa forces influentes manœuvrent pour éroder la souveraineté
volonté en faisant preuve de plus de fermeté. Ce raisonne- aztlane, et les pires d’entre elles portent les robes rouges de
ment gagne de plus en plus d’ampleur à mesure que peine l’Église vaticine.
la mission vaticine dans le Nouveau monde.
La destruction du souvenir aztlan
Une approche syncrétique Les voyages en partance pour le Nouveau monde s’étaient
En vérité, si les deux points de vue sont facilement considérablement raréfiés lorsque la Guerre de la Croix faisait
compréhensibles, chacun passe à côté d’autant de concepts rage, au début du XVIIe siècle, mais depuis, l’Église vaticine a
qu’il en appréhende. Les Aztlans ont raison de relever témoigné d’un regain d’intérêt pour l’Aztlan. Ne parvenant
qu’un dieu bienfaiteur, omnipotent et omniscient doit pas à rassembler les fonds pour lancer une invasion à grande
répondre des horreurs humaines commises en son nom échelle, elle utilisa avec succès la conversion des Aztlans à la
(comme la Guerre de la Croix). Cela étant, il y a un certain foi vaticine pour justifier son intervention sur ce continent.
attrait dans l’idée d’un dieu qui laisse son troupeau paver Le cardinal Verdugo s’empara ainsi de cette « excuse » pour
son propre chemin et lui vient en aide seulement en cas de y envoyer son vieil ami, don Alonso Ruiz Calderón.
nécessité impérieuse. Qui est responsable de la Guerre de Affirmant que les machines antiques—et autres artefacts—
la Croix : Theus ou la Théah ? A-t-elle été menée au nom étaient l’œuvre diabolique de Légion, Verdugo ordonna à
de la foi ou du pouvoir ? Un prêtre de Nacatlicue dirait l’Inquisition présente en Aztlan de combattre l’influence
que ces questions importent peu—les champs brûlés et syrneth. Les différents gouvernements d’Aztlan étant visi-
les enfants morts n’en ont cure—mais peut-être le progrès blement corrompus, Calderón fut missionné pour détruire
humain n’est-il possible que si l’on prend la mesure de les artefacts syrneth. Cet ordre lui octroie une autorité sans
l’horreur dont l’homme est capable. égale au sein de l’armée castilliane et de l’Église vaticine.
Sans équivoque, l’expérience des Aztlans semble Tout le monde sait ce que l’Inquisition fait réellement
confirmer cette hypothèse. S’il y a un bien une chose sur en Aztlan. Certes, beaucoup de paroisses vaticines locales
laquelle Kuraques et Nahuacans sont d’accord, c’est que essaient de contrecarrer son influence, mais Calderón,
les dieux sont à l’origine de la Chute. Toutefois, attribuer cinquantenaire imposant, est un personnage persuasif et
des causes divines à la Chute permet surtout aux Aztlans dangereux. Qui plus est, l’absence d’autorité centralisée
de se dédouaner du rôle qu’ils ont eux-mêmes joué dans aztlane ne fait qu’aggraver la situation : quand les activités
l’effondrement de leur terre natale à moitié fantasmée. de l’Inquisition provoquent la colère d’un trop grand
Les Kuraques parlent peu de leurs dieux aux étran- nombre de dirigeants locaux, Calderón plie bagage et se
gers, mais quand ils le font, il devient alors évident qu’ils rend dans une autre région en emportant les artefacts les
considèrent leurs divinités comme des agents du chaos. plus puissants et les meilleures ressources acquis grâce à ses
Lorsqu’ils les mentionnent—souvent en présence de leurs violentes machinations.
chefs ou d’étrangers—leurs mots sont rarement tendres. L’Église vaticine contrôle très peu Calderón. Verdugo lui
Les Tzak K’aniens entrent quant à eux en guerre avec les fait confiance, et tant qu’il continue d’envoyer des rapports
cités-États voisines sur simple ordre de leurs divinités. Ils sur les artefacts détruits, personne ne s’intéresse vraiment à
peuvent ainsi réduire des villes en cendres et massacrer ses méfaits. Il peut bien remplir ses rapports d’exagérations
leurs ennemis simplement parce que l’alignement des pour dissimuler la vérité, voire les inventer de toutes pièces,
étoiles est en faveur de leur dieu plutôt que de celui de leurs personne en Castille ne s’en rendra compte. Calderón
voisins. En Aztlan, les dieux poussent l’humanité à réaliser détruit bien certains artefacts : ceux dont il n’arrive pas
des desseins divins plutôt qu’humains. Quoi qu’il en soit, ce à se servir ou qui ne l’aident pas à atteindre ses objectifs.
sont tout de même ces dieux qui ont protégé leurs fidèles Les autres—généralement des armes—sont rassemblés
de l’avarice maladive des Scélérats théans. Qui sait ce qui dans l’espoir qu’ils puissent un jour servir à exterminer les
serait arrivé s’ils n’avaient pas été là ?
28 Chapitre 1 | L'Aztlan
Les dieux d’Aztlan
S’il y a bien une chose qui continue d’étonner les Théans, pairs (c’est à dire les autres dieux). Leur puissance n’est
c’est le rapport unique des Aztlans à la spiritualité. Pour la pas exagérée. Quelques-uns ont parfois trouvé la mort,
plupart des Théans, la religion se pratique, mais elle reste mais leur nature fait qu’ils sont capables de revenir à
tout de même séparée de leur quotidien (ce n’est qu’un des la vie aussi aisément que l’homme sait se réveiller d’un
nombreux aspects de leur existence). Ils vont à la messe, profond sommeil. Cela étant, nulle divinité n’aime faire
apprennent les principes de leur foi, se font baptiser et, l’expérience de la mort, c’est pourquoi ils l’évitent comme
lorsque c’est nécessaire, se marient devant Theus, et c’est n’importe quel Aztlan, peut-être même plus encore.
à peu près tout. Les Aztlans, pour leur part, considèrent Si certains dieux se contentent d’un nombre restreint
et vivent la religion autrement. de fidèles—à l’échelle d’une seule Nation ou de quelques
Bien qu’elle soit différente selon les régions, les cités—la majorité désire tout de même l’adoration de tout
langues et les particularités des croyances person- un chacun. C’est pour cela qu’ils apparaissent à quiconque
nelles, tous les Aztlans partagent une compréhension est disposé à les écouter. Ainsi, chaque Nation vénère sans
commune de la Réalité que l’on peut résumer ainsi : le savoir les mêmes dieux, simplement ils en révèrent un
les dieux sont réels. Ce ne sont pas de simples idées aspect différent (ce qui explique pourquoi leur nom est
ou notions, ni des juges ou observateurs extérieurs. d’ailleurs rarement le même). Les Kuraques n’ont ainsi
Au contraire, ce sont des créatures d’importance au pas la moindre idée que leur dieu de la mort est en fait le
pouvoir incroyable, des êtres immortels qui exigent et même que le dieu nahuacan de la vie.
méritent l’adoration des simples mortels. Ils sont à la Le seul dieu qui refuse de jouer selon ces règles se
portée de tous. Prier en Aztlan, ce n’est pas parler dans nomme Apocōātl, le Serpent à plumes. Bien que sa
le vide : c’est communiquer avec un divin, car les dieux forme diffère d’une Nation à une autre, tous les Aztlans
sont toujours à l’écoute. le nomment de la même façon. D’aucuns disent qu’il est
Et parfois, ils daignent même vous répondre. l’un des dieux-rois et qu’il aurait trouvé un moyen de
survivre à la Chute, d’autres pensent qu’il est juste le plus
Des dieux vivants puissant des nouveaux dieux. Quelle que soit la vérité, ses
La relation qu’entretiennent les Aztlans avec leur monde exploits ne laissent aucun doute quant au fait qu’il soit bel
se base sur leurs expériences avec les divins. Quand les et bien au-dessus du lot.
dieux ont un nom, quand ils sont accessibles et omnipré-
sents, la notion de « foi » n’a plus de sens. Les Aztlans L’ordre cosmique
ne « croient » pas : ils savent que leurs dieux existent, et Les dieux l’ont révélé aux humains : la Réalité forme une
cette vérité structure leur vision du monde. Ainsi, après seule unité dans laquelle toutes les choses sont reliées les
la Chute, ce furent les dieux eux-mêmes qui leur ensei- unes aux autres. Les hommes, tout insignifiants soient-ils,
gnèrent le fonctionnement de la Réalité, l’Histoire du ont donc une responsabilité dans le grand ordre des
monde ainsi que les diverses vérités fondamentales qui choses, un rôle à y jouer.
forment la base de leurs incroyables avancées technolo- Toutes les histoires aztlanes relatives à la naissance
giques et scientifiques. Chaque fois que cet ordre naturel de l’univers s’accordent à dire que son créateur—quel
est perturbé, la situation finit toujours par empirer. C’est qu’il fut—se volatilisa ou se sacrifia durant le processus
pour cela que les Aztlans pratiquent leur religion avec tant de création. Il créa ainsi le monde tel qu’on le connaît
d’assiduité : ils savent que sans leur dévotion aux dieux, le aujourd’hui, un endroit peuplé d’êtres fondamentalement
monde entier prendrait fin, tout simplement. différents, des dieux aux humains. Quand bien même
Bien qu’ils soient immortels, tous les dieux aztlans leurs pouvoirs étaient immenses, les dieux-rois qui ont
partagent les défauts et les inquiétudes des mortels qui les succédé au dieu créateur étaient limités par les frontières
vénèrent. En dépit de leur esprit insondable, ils possèdent de cette création. Même eux devaient rendre honneur au
donc les mêmes désirs élémentaires que leurs adorateurs : sacrifice du créateur.
ils veulent profiter de leur existence, être portés aux nues L’univers n’est toutefois pas une entité stagnante. Bien
par ceux qu’ils considèrent comme inférieurs (c’est-à- au contraire, le monde est régi par une règle invariante :
dire leurs adorateurs) et être traités avec respect par leurs le changement perpétuel. Les Aztlans en ont la preuve
30 Chapitre 1 | L'Aztlan
avec les dieux. Cela explique pourquoi les Aztlans ont Religion
construit tant de merveilles architecturales aux endroits Les pratiques religieuses des Aztlans sont toutes diffé-
qu’ils pensent être le centre du Monde. Au fil du temps, rentes, ce qui n’est pas en soit étonnant étant donné que
ces lieux sont également devenus les demeures des chaque culture a ses propres divinités, calendriers et prin-
classes dirigeantes. cipes de croyance. Ceci étant, il est tout de même possible
de dégager quelques généralités à partir des pratiques et
L’outre-Monde attitudes présentes dans toute l’Aztlan.
C’est dans l’outre-Monde que reposent les morts. L’une
des caractéristiques les plus répandues dans les croyances Foi et dévotion
aztlanes dit que l’outre-Monde se compose de neuf Ainsi qu’il en a déjà été fait mention, la cosmogonie
niveaux distincts qui vont descendant. Dans toutes les aztlane se base sur l’idée que toutes les choses qui
cultures, les âmes des vivants doivent voyager à travers composent la Réalité sont reliées les unes aux autres.
certains niveaux, parfois tous. Une fois le voyage effectué, Selon les Aztlans—donc les histoires que les dieux leur
elles pourront rejoindre leur lieu de repos éternel au ont racontées, sous une forme ou une autre—les êtres
niveau le plus bas, ou aller au-delà, jusqu’à une destina- humains furent créés dans un but bien précis : servir les
tion céleste. dieux en les adorant et en les vénérant. Certains disent
D’après une autre notion, l’accès à l’outre-Monde est même que ce furent les dieux-rois qui créèrent les Aztlans
possible—et autorisé—depuis certains endroits bien (et tous les autres peuples). En échange, les dieux veillent
précis du Monde intermédiaire, notamment les grottes à ce que le monde suive le cours de son existence dans sa
ou les plans d’eau stagnante. On dit que ces derniers forme actuelle, la seule capable d’entretenir la vie humaine
(surtout les lacs et les sources d’eau naturelles) ont un telle qu’on la connaît.
pouvoir bienfaisant, ce qui pousse guérisseurs ambitieux Cela explique pourquoi la foi n’est pas le fondement de
et patients désespérés à les rechercher. la religion aztlane (du moins pas au sens où les Théans
Paradoxalement, l’outre-Monde est également un lieu l’entendent). Les Aztlans savent que les dieux existent
morbide en pleine décomposition, rempli d’horreurs et et qu’en dépit des apparences, ils aident l’humanité tout
de châtiments innommables. Il existe, par exemple, des entière à perdurer. Sachant cela, les mortels doivent leur
endroits spécifiques pour écorcher les gens ou dévorer offrir leurs pensées, leurs prières et de nombreux sacri-
leur cœur. La plupart des érudits et des prêtres aztlans fices pour les satisfaire. Il s’agit là de leur responsabilité, le
disent que ces épreuves sont nécessaires pour purifier fondement de leur religion.
l’âme des morts avant qu’ils n’atteignent leur destination En substance, dieux et mortels existent au sein d’une
céleste finale. Malgré cela, les terrifiantes histoires de relation mutuellement bénéfique. Grâce au sacrifice
voyages à travers l’outre-Monde ne sont pas destinées primordial, les hommes furent créés et se virent offrir
aux âmes sensibles. un monde sur lequel habiter. Il va donc de soi que les
Il est une culture aztlane qui ne se contente pas humains doivent se sacrifier—au sens figuré—afin de
seulement d’embrasser l’outre-Monde avec toutes les rendre la pareille aux dieux en leur vouant un culte digne
merveilles et les horreurs qu’il comporte, une Nation d’eux. Ainsi, ils s’assurent une existence pérenne car les
qui côtoie les esprits des morts au quotidien : le Kuraq. divinités préserveront l’ordre cosmique tel qu’il est.
Les Kuraques pensent que leurs voisins ne sont que des Ce cycle mystique et infini est la base du mode de vie
idiots superstitieux qui gaspillent ce qui constitue leurs aztlan : sans lui, les peuples natifs des terres d’Aztlan
richesses les plus précieuses : le savoir et les pouvoirs vivraient dans la crainte d’une fin du monde inévitable.
de ceux qui vivent par-delà la mort. A contrario, aux
yeux du reste de l’Aztlan, le Kuraq est un pays peuplé
d’imbéciles, car il faut nécessairement être idiot pour
autant fréquenter les morts.
32 Chapitre 1 | L'Aztlan
SACRIFICES HUMAINS
Dresser les protections Bien qu’elle fut autrefois une pratique répandue,
Une fois l’intention du rituel clairement établie, il est tous les Aztlans ont depuis longtemps aban-
important de dresser certaines protections pour garantir donné les sacrifices humains. Ce type de rite
la sécurité des participants et du dieu qu’on invoque. Ces est désormais unanimement honni, tant par
les personnes au pouvoir que par celles qui
précautions sont souvent de nature mystique et physique,
possèdent un lien avec les dieux.
et sont l’une des raisons pour lesquelles il est compliqué
d’interrompre un rituel.
En général, la tâche incombe au maître de cérémonie.
Elle implique d’inscrire—ou de renouveler—des marques Clôture
qui protègent et sanctifient le lieu. Après avoir mené le rituel à bon terme, le maître de céré-
monie doit s’assurer que le lien avec le dieu est bien rompu,
Bannir les indésirables et purifier et ce pour empêcher que d’autres en abusent. Cette étape
Avant que ne commence le rituel, les participants doivent imite, voire reconstitue, la deuxième étape car elle a pour
s’assurer qu’aucune autre entité ne pourra interférer avec but de protéger à la fois le dieu et les participants de
la cérémonie. Chaque rituel impliquant l’offrande d’un toute intervention extérieure indésirable. Généralement,
pouvoir mystique (souvent sous la forme d’un sacrifice le maître de cérémonie efface ou brise les marques appo-
symbolique) attire des êtres indésirables vers le sanctuaire. sées au début du rituel. Ce faisant, il libère les énergies
Le maître de cérémonie guide donc les participants au mystiques utilisées et rompt la connexion avec le divin.
cours d’une prière, d’un chant ou d’une danse afin de créer
une harmonie ayant pour but de bannir tout indésirable. Restauration et rétablissement
Enfin, tous les participants doivent accomplir un certain
Transe nombre d’actes obligatoires avant de s’en retourner à leur
Une fois que toutes ces conditions ont été remplies, le quotidien, ceci afin qu’ils retrouvent leur individualité et
maître de cérémonie devient le lien entre les mortels et le la perception d’eux-mêmes. En effet, tout rituel—même
dieu. Si tous les participants se partagent équitablement le plus élémentaire—nécessite que les participants entrent
la responsabilité du rituel, seul cet « Intermédiaire » est dans un état de contemplation et d’accueil du divin dont
capable de transmettre les désirs de la communauté à ils doivent ensuite réussir à se détacher.
la divinité, et également de rapporter à l’assemblée tout Lors de cette étape, le maître de cérémonie accomplit
message que lui aura inspiré le dieu. Cette étape est généralement une série secrète de sons ou de gestes qui
particulièrement ardue, à la fois mentalement et physi- ont pour but de « réveiller » les membres de l’assemblée
quement, c’est pourquoi seules les personnes compétentes et de les faire retrouver leur état normal.
tentent d’accomplir cet exploit. La transe peut avoir des
effets secondaires chez le maître de cérémonie, allant
d’une perte de conscience à des mots murmurés dans
une langue inconnue en passant par une danse menée
au rythme d’une musique inaudible, pour ne citer que
quelques exemples.
34 Chapitre 1 | L'Aztlan
LES AUTRES
La vie d’un Intermédiaire INTERMÉDIAIRES
Celles et ceux qui réussissent considèrent rétrospec- Bien que l’on se concentre ici essentiellement
tivement cette période comme l’âge d’or de leur vie. sur les prêtres et leur entraînement, le terme
En effet, après être devenus des novices reconnus, ces Intermédiaire n’a pas été choisi fortuitement. En
effet, si les prêtres sont les Intermédiaires les
Intermédiaires doivent immédiatement se comporter
plus courants, d’autres personnes « touchées
de manière exemplaire, que ce soit lors des cérémonies par les dieux » font également partie de la vie
ou dans leur vie quotidienne. On attend d’eux qu’ils quotidienne. En fonction de leurs croyances
s’habillent, mangent, parlent et dorment comme leur personnelles, les différentes cultures aztlanes
rang l’exige, et tous sont obligés d’assister les « véri- reconnaissent l’existence d’individus capables de
tables » Intermédiaires, ceux qui président les rituels et communiquer quasiment à volonté avec les dieux
(les chamanes), à appréhender leurs desseins (les
les cérémonies.
devins), de déceler—et soigner—les maladies
Les apprentis qui parviennent au bout de cet entraî- surnaturelles (les guérisseurs). Vous trouverez des
nement rigoureux de tous les instants deviennent les descriptions plus détaillées de chaque archétype
nouveaux Intermédiaires de leur peuple, sans même s’en d’Intermédiaire dans les chapitres qui traitent des
rendre véritablement compte. Cette période a beau être différentes cultures.
difficile et exigeante, les résultats valent vraiment toute
cette attente : les individus qui ont surmonté toutes ces
épreuves deviennent des intercesseurs mesurés, fiables et Des dirigeants éclairés
avisés entre l’humanité et les dieux. Ils sont dignes de En Aztlan, les souverains doivent non seulement s’ac-
leur titre. quitter de leurs devoirs concernant l’administration
juridique, l’imposition et les problèmes politiques, mais
Communiquer avec les dieux également endosser le rôle de porte-parole du peuple
Devenir un Intermédiaire ne confère pas la possibilité auprès des divinités.
exclusive de communiquer avec son dieu. Certes, ces En effet, selon la philosophie aztlane, seule une personne
personnes parlent et s’adressent aux dieux, mais ces capable de comprendre et d’interagir avec les dieux est
derniers ne communiquent pas qu’avec eux. digne de régner. Après tout, qui d’autre pourrait trans-
La communauté choisit son Intermédiaire et lui donne mettre aux dieux les besoins et les désirs de son peuple ?
une place d’influence dans la société car il remplit un Ainsi, les différents peuples exigent de leurs dirigeants
devoir sérieux et influent. Cependant, les dieux se préoc- un talent administratif certain ainsi qu’une sagacité
cupent peu de savoir qui est un Intermédiaire et qui ne développée en matière divine. Sans cela, un souverain ne
l’est pas : ils choisissent simplement les personnes à qui saurait manier son pouvoir correctement.
ils souhaitent parler. Les Aztlans comptent donc sur leurs dirigeants pour les
Dans les faits, ils accepteront plus facilement l’adora- défendre contre les forces malfaisantes venues d’un autre
tion de ceux qui connaissent les rituels adéquats et les Monde, converser avec les dieux grâce aux Intermédiaires
différentes formes de vénération, ce que les Intermédiaires et, en substance, maintenir l’ordre dans l’univers grâce
maîtrisent parfaitement. Cependant, d’autres personnes à leur position privilégiée. Si, traditionnellement, les
en Aztlan parviennent à interagir directement avec leurs dieux ne s’impliquent pas dans les affaires quotidiennes
dieux. Cela se passe chaque jour car ici et là les dieux du souverain, ils peuvent se manifester quand bon leur
ont besoin que les humains remplissent des tâches qu’ils semble pour l’obliger à respecter ses obligations.
leur confient. C’est pour cela qu’aux yeux des Aztlans, leurs dirigeants
sont des êtres d’exception semi-divins : chacun est simple-
ment le meilleur représentant de son peuple. Les Théans
ont parfois pris cet aspect pour une sorte de dévotion
envers les souverains, alors qu’en vérité, il s’agit simple-
ment d’une réaffirmation de la valeur de ces individus. Si
l’un d’eux venait à se montrer indigne de sa charge, les
Aztlans feraient en sorte de le destituer.
Extrait de la préface
Ce livre est incomplet, et il le restera essayer d’aller au bout de ce qu’il m’est consignent, aussi fidèlement que possible,
à jamais. possible de faire. la vérité sur les mystères de l’Aztlan,
Une vie entière consacrée à l’étude de J’espère avant tout que cet ouvrage depuis la plus septentrionale des cités de
l’Aztlan ne suffirait pas à le terminer. En servira d’invitation, d’appel aux auda- l’Alliance nahuacane jusqu’à la dernière
vérité, je pense que plusieurs vies sont cieux qui auront le courage de venir pucará tout au sud du Kuraq.
nécessaires pour achever cette chronique ici pour vouer leur vie—tout comme J’aimerais avoir récompense plus
des merveilles et des horreurs dont recèle moi-même et beaucoup d’autres—à matérielle à offrir que mes simples mots,
le Nouveau monde. Pour autant, je vais cette cause commune. Qu’ils explorent et mais hélas, c’est tout ce dont je dispose.
36 Chapitre 1 | L'Aztlan
le dieu de la pluie du folklore nahuacan. c’est justement ce que Tlacatpochtli leur Pourquoi Tlacatpochtli demande t-il
En effet, dans un rapport écrit par sir demande : « les âmes des Élus. » de telles offrandes charnelles à ses
Charles Dibber, une native les évoque Certaines questions sur les ahuitzotls molosses ?
en ces termes : « les molosses de demeurent toujours sans réponse : Si l’on venait à survivre à une
Tlacatpochtli. » Si l’on en croit ses dires, Pourquoi l’âme ne se trouverait-elle attaque—et à la noyade—pour-
ils ne mangent que les yeux, les ongles et que dans les yeux, les ongles et les rait-on découvrir leur repaire au fond
les dents car c’est là « que réside l’âme, » et dents ? de l’océan ?
Les quinametzin
Les seuls vestiges des Syrnes que d’Ōlōxochicalco—ou bien quand on Ragnvaldr Hendel fut le premier à
nous pouvons trouver en Théah sont parcourt les artères de la titanesque cité effectuer des recherches sur ces créatures.
quelques rares ruines disséminées de Tlaichtacān. Ces constructions, qui Pour cela, il s’est appuyé sur des archives,
ici et là. Que diraient nos savants en « défient le réel, » ont laissé perplexe des chansons et des gravures. Nombreux
observant les magnifiques pyramides plus d’un architecte théan. Tous se sont les érudits qui ne prêtent aucun
aztlanes qui défient les cieux ou, mieux sont avérés incapables de proposer crédit à ses conclusions, mais il serait
encore, les cités entières aux dimensions la moindre méthode—qu’elle soit tout de même inconvenant de rejeter
cyclopéennes que l’on trouve ici et là en passée ou présente—permettant de ces travaux simplement parce qu’ils
Aztlan ? Les légendes nahuacanes disent reproduire ces structures gigantesques. s’appuient sur des « contes populaires. »
qu’il s’agit de l’héritage des quinametzin, Les Nahuacans ne possédant pas la Les histoires traduites par le Vesten font
des géants qui peuplaient le monde à technologie nécessaire pour bâtir de état d’une « colère des dieux » consécu-
ses débuts. telles merveilles, ils ne l’avaient donc tive au fait que les quinametzin ne les
On trouve des preuves de l’exis- pas non plus en ces temps reculés où auraient pas « vénérés convenablement »
tence des quinametzin partout dans elles furent construites. et auraient commis de « graves péchés. »
l’Alliance nahuacane, par exemple Mais, me demanderez-vous, pourquoi La vérité concernant ces informa-
lorsque l’on contemple l’impression- ces titans ont-ils disparus ? Quelle sorte tions—comme tout ce qui a trait aux
nante Mīlllahco—la grande pyramide de catastrophe a bien pu signer leur fin ? quinametzin—reste encore à découvrir.
38 Chapitre 1 | L'Aztlan
aurait un jour entrepris un voyage ce qui restera donc une rumeur. Quel message ont-ils à confier ? Celui-ci
« jusqu’à une région dans les nuages, Certaines questions sur les b’olon concerne-t-il la fin du monde ?
bien au-delà des frontières observables t’oons demeurent toujours sans Peut-on les chevaucher sans risque ?
du ciel » en compagnie de ces créatures. réponse : Quel serait le prix d’une telle chevau-
Malheureusement, leur disparition rend Peut-on réellement survivre après les chée ? Où nous emmèneraient-ils avec
impossible toute possibilité de confirmer avoir rencontrés ? Si oui, comment ? leurs neuf pattes ?
Les camazotz
Ce nom, qui signifie littéralement se sont approché, sans le savoir, d’une notes de sa traduction, Cruz Villaverde
« chauve-souris de la mort, » fait aussi grotte ou d’un puits qui n’étaient que précise : « ces créatures viennent proposer
bien référence à l’essaim de chauve-souris des ouvertures sur l’outre-Monde. Ces aux humains les marchés du dieu Kimi,
qui réside à Xibalba—l’outre-Monde créatures ailées semblent toujours prêtes dont les termes sont toujours défavo-
des croyances tzak k’aniennes—qu’au à protéger leur royaume, emportant avec rables pour qui les accepte. »
message de Kimi, le dieu de morts. elle les voyageurs imprudents jusqu’à Certaines questions sur les camazotz
Un des principaux récits relatifs aux Xibalba. Le Livre du peuple relate trois demeurent toujours sans réponse :
camazotz se trouve dans la traduction occasions où les camazotz ont quitté Qu’est-ce qui peut bien les énerver
du Livre du peuple, par Trinidad Cruz Xibalba pour venir assombrir le ciel au point qu’elles assombrissent le ciel
Villaverde. Le texte les décrit ainsi : d’Aztlan et mentionne que, chaque d’Aztlan ?
« extrêmement dangereuses et d’appa- fois, cela a apporté malheurs et désastres
rence squelettique, ces chauve-souris sur les personnes qui avaient provoqué Comment repérer les entrées vers
peuvent atteindre une taille gigantesque leur courroux. l’outre-Monde ? Peut-on survivre si
et sont capables de décapiter un humain Ce même livre décrit une autre elles nous entraînent jusque là-bas ?
d’un coup rapide et unique. » espèce qui leur est sans doute liée, celle Quel message de l’outre-Monde
Le principal problème avec les « d’hommes aux ailes de chauve-souris. » apportent-elles quand elles appa-
camazotz est que l’on peut les rencontrer Ceux-ci, moins féroces que leurs congé- raissent au nom du dieu Kimi ?
par accident. Cela est par exemple nères, semblent paradoxalement bien Quelles sont les conditions de leur
arrivé à de malheureux explorateurs qui plus dangereux. En effet, dans l’une des marché ?
Les mannequins
Parmi les légendes et les histoires que la vie, ils échouèrent. Les mannequins Je suis, depuis ce jour, incapable de
j’ai étudiées lors de mes voyages à sont la résultante de cet échec. Sculptés chasser cette image de mon esprit, et j’ai
travers l’Aztlan, une a instillé la peur dans du bois mais d’apparence trompeu- peur qu’elle me hante jusqu’à la fin de
dans mon cœur. J’aurais aimé pouvoir sement humaine, ils marchent depuis mes jours.
la considérer comme un simple conte parmi les vivants. La plupart du temps, Certaines questions sur les manne-
destiné à effrayer les plus jeunes, on ne les remarque même pas tant ils quins demeurent toujours sans réponse :
malheureusement, mon expérience nous ressemblent. Il n’y a que deux Comment faire pour les repérer ?
personnelle m’a montré l’horrible réalité signes qui puissent les trahir : ils sont Quel genre de magie nous empêche de
des mannequins. muets et leur regard est inexpressif et les détecter ? Les mortels peuvent-ils
Au cours de l’une de mes expé- sans vie. l’utiliser ?
ditions au Tzak K’an, j’ai entendu J’eus le privilège—ou la malchance,
quelques rumeurs les concernant. Les tout dépend du point de vue—d’être Quel sortilège permet de les invo-
indigènes prenaient d’abord toujours présent lorsque la nature de l’une de ces quer ? À défaut, où peut-on les
soin de les chuchoter, puis ils adres- créatures fut révélée. Aussi étonnante trouver ? Quels est le prix à payer
saient des prières enfiévrées à leurs fut l’expérience, elle n’aurait toutefois ou les ingrédients à utiliser pour une
nombreux dieux. été qu’anecdotique si, deux jours plus telle incantation ?
Lorsque les dieux tzak k’aniens tard, je n’avais pas vu mon sosie quitter Si l’on parvenait à les invoquer,
voulurent pour la première fois créer la cité pour s’enfoncer dans la jungle. comment pourrait-on les arrêter ?
40 Chapitre 1 | L'Aztlan
Les inkarris
Les inkarris sont de défunts dirigeants une menace pour ceux qui tenaient les Dès lors, ils se mirent à la recherche de
kuraques qui furent démembrés et n’ont rênes du pouvoir. Ces derniers, par peur celles et ceux qui leur avaient infligé
jamais été momifiés. On les condamna de ce que ces opposants pourraient leur cette terrible malédiction, car ils avaient
ainsi à vivre emprisonnés dans ce faire dans l’après-vie, décidèrent de les désormais soif de vengeance. »
monde, sans jamais pouvoir devenir démembrer et d’inhumer leurs restes Certaines questions sur les inkarris
des Vénérables. Dans cette culture où la en divers endroits de l’Aztlan, et ce afin demeurent toujours sans réponse :
différence entre vie et mort est à peine qu’ils ne puissent jamais communiquer Peut-on discuter avec eux pour
perceptible, l’existence des inkarris avec leurs descendants. Si leur plan obtenir des informations ? Quels
démontre que même la mort ne peut était parfait sur le papier, les résultats seraient les termes d’une telle
empêcher les plus déterminés de guider confinèrent cependant au fiasco : non négociation ?
leur peuple. seulement les inkarris réussirent à
Le plus intéressant chez les inkarris déjouer ce châtiment, mais ils jurèrent Une fois leur vengeance accomplie,
n’est finalement pas qu’ils soient en plus d’exercer leur vengeance sur rejoindront-ils l’Impératrice ou la
toujours en vie, mais plutôt qui leur a ceux qui les avaient condamnés. résistance ?
permis de continuer à vivre. Le témoignage d’un dénommé Où se trouve la cité perdue de Kachu
On chuchote ainsi—mais pas trop Pachakutek indique que « les corps des Pual ? Peut-on y rencontrer le dieu de
fort, évidemment, nous sommes au inkarris furent rapiécés par Supay au la mort ?
Kuraq—que les inkarris constituaient cœur de la cité perdue de Kachu Pual.
Ayar Kachi
Ayar Kachi, le frère de Manqu Qhapaq, à dire que le comportement violent qu’Ayar Kachi est toujours endormi.
est connu comme « le géant piégé sous d’Ayar Kachi en fut la cause principale, Personne ne sait exactement quels
la cordillère d’Hark’apa. » Il serait, une information qui s’avère particuliè- genres d’horreurs ce dieu pourrait
dit-on, d’une force extraordinaire. rement crédible lorsque l’on sait que les répandre sur le Kuraq et le reste de
Nombre d’histoires parlent ainsi d’une Kuraques peuvent communiquer avec l’Aztlan s’il parvenait à s’échapper de
puissance « sans égale, » tandis que leurs défunts ancêtres. sa prison.
les récits plus poétiques—et souvent On ne sait pas s’il en est l’instigateur, Ayar Kachi a beau être enfermé sous
plus exagérés—évoquent de véritables mais Manqu Qhapaq n’est clairement une montagne, il prend régulièrement
exploits, par exemple lorsqu’il détruisit pas étranger à cette captivité. Bien qu’il contact avec des oracles et des prêtres.
une montagne d’une seule pierre de ne soit techniquement plus en vie, il a Un culte lui est en effet dévoué, en
sa fronde. fait part, à plusieurs reprises et à travers dépit de la vigilance de Manqu
Ayar fut emprisonné par ses frères différents réceptacles, de sa résolution Qhapaq pour le maintenir isolé du
quelque part dans les cavernes de sans faille à empêcher que son frère ne reste du monde. Certains prêtres, que
Llakipakuy. L’emplacement exact de s’échappe de sa prison. Ce sont ainsi des l’on retrouve souvent infiltrés dans
cette prison demeure un mystère, tout richesses considérables qui sont offertes l’armée du Kuraq, le prient ainsi en
comme la raison de cette détention. à quiconque ose s’aventurer dans les échange de force et de pouvoir.
Plus d’un historien kuraque s’accorde cavernes de Llakipakuy pour s’assurer
42 Chapitre 1 | L'Aztlan
Nacatlicue
Une autre de ces histoires qui sait mettre La déesse fut assassinée par quatre libérée, rien ne dit que seule sa progé-
à l’épreuve nos notions théanes de bien cents de ses propres enfants, parmi niture subirait les conséquences de sa
et de mal est celle qui relate la chute lesquels se trouvait sa fille la plus juste vengeance.
de Nacatlicue. Elle fut consignée dans rancunière, Coyolxauhqui. La Mère Nacatlicue possède des adorateurs
notre langue grâce aux vaillants efforts mortifère des Nahuacans donna alors la partout en Aztlan, pas seulement
de Mies Willy Van Hofwegen, le chef de vie au dieu Huitzilopochtli qui apparut, dans l’Alliance nahuacane. Ses
l’Intrépide compagnie des farfouilleurs. armé, pour protéger sa mère. Intermédiaires sont les prêtres et,
On dit de Nacatlicue, la « Mère La colère qu’elle nourrit à l’encontre d’une manière générale, les dirigeants
mortifère » des Nahuacans, que son de Coyolxauhqui et du reste de ses de sa foi. Elle les guide dans leurs
corps est dépecé de la tête à la taille, ce enfants n’a fait que croître au fil du activités agricoles et ceux qui suivent
pourquoi son apparence est sûrement temps. Elle a ainsi promis d’anéantir ses conseils obtiennent les récoltes les
plus déstabilisante que celle de n’im- tous ceux de ses rejetons qui l’ont plus foisonnantes et les meilleures
porte quel autre dieu aztlan. trahie, mais si sa fureur venait à être bêtes d’élevage.
L’Alliance nahuacane s’est construite au fil des batailles et inexpérimenté. Il n’a ni l’influence, ni le pouvoir de ses prédé-
s’est consolidée grâce à la grande rigueur de ses structures cesseurs. Les dirigeants des deux principales forces militaires,
juridiques et politiques. La Nation traverse désormais l’Aigle et le Jaguar, se battent pour gagner sa faveur ou, à
l’Aztlan de part en part, réunissant une multitude d’États défaut, lui subtiliser le pouvoir. Tlatoa a bien conscience de
nahuatlophones plus ou moins consentants sous la houlette leurs manigances, mais il n’a pas les moyens de les arrêter
de quatre grandes cités et de leurs puissantes divinités. car ni l’un ni l’autre ne l’ont encore attaqué. Il sait toutefois
Même si les Nahuacans obéissent à un ordre social rigou- que ce n’est qu’une question de temps avant que cela n’arrive.
reux, ils louent l’héroïsme et la grandeur sans tenir compte Aux yeux des Nahuacans et de leurs alliés, l’Alliance repré-
des castes ni des statuts. Leurs sorciers possèdent d’in- sente l’ordre, la civilisation, la richesse et la sécurité. Aux yeux de
croyables pouvoirs issus du cœur culturel de leur civilisation leurs ennemis, elle est synonyme de tyrannie, de conformisme,
d’une part, et des créatures les plus mortelles vivant dans la de pillage et de militarisme démesuré. Les Héros nahuacans
nature environnante d’autre part. Leurs armées, courageuses sont des tacticiens de génie, des athlètes accomplis, des artisans
et parfaitement organisées, contrôlent la totalité de la région. prodigieux, des entrepreneurs audacieux ou des défenseurs
Bien que les Nahuacans soient incontestablement les plus d’une cause perdue. Les Scélérats nahuacans sont quant à eux
forts, un grand danger les menace tout de même. Chicahua des gouverneurs tyranniques, des seigneurs de guerre sans pitié,
Tlatoa, Grand orateur et chef de l’Alliance, est jeune et des sorcières sociopathes ou des intégristes culturels.
Accroches scénaristiques
Accroches scénaristiques
Accroches scénaristiques
Accroches scénaristiques
Accroches scénaristiques
10 5 15
Necahual,
grande prêtresse d’Ītzzohualli
Necahual est une femme pieuse et vouée à Ītzzohualli :
elle a fait de brillantes études, puis maîtrisé les arts de la
dissimulation et du subterfuge nécessaires à se hisser au
plus haut rang de son clergé.
Depuis ses plus jeunes années au sein du séminaire de
Mīlllahco, Necahual a toujours été fascinée par les grands
cycles de création et de destruction qui rythment le calen-
drier nahuacan. Devenue grande prêtresse d’Ītzzohualli, elle
eut accès aux textes les plus sacrés, ceux qui sont réservés aux
âmes les plus pieuses. À mesure qu’elle dévorait les codex,
elle repéra un élément récurrent : lors de chaque cycle, les
dieux aidèrent à la création du monde, mais à chaque fois,
ils abandonnèrent l’humanité à l’heure de sa destruction.
Chaque page tournée semait davantage le doute dans son
esprit. L’absence de réponse des dieux vis-à-vis du problème
théan ne fit que confirmer ses intuitions. Si les prophéties sont
correctes, l’arrivée des Théans précède la fin du sixième âge.
Bientôt, les dieux abandonneront donc l’humanité à son sort.
Necahual, qui préfère l’action aux paroles, ne sombra pas
dans le désespoir. Bien au contraire, elle mit tous ses talents au
service de son peuple afin de le sauver. Si, officiellement, elle est
une prêtresse dévouée, officieusement, elle œuvre pour détruire
les dieux et faire sienne leurs pouvoirs afin d’exterminer les
Théans, puis guider les Nahuacans vers un nouvel âge.
Armée du savoir ancien de son clergé, Necahual cherche les
faiblesses des dieux. Elle engage des explorateurs pour sonder
les frontières de l’Alliance et les étendues sauvages au-delà, à
la recherche de l’arme qui lui permettra de les vaincre. L’une
de ces expéditions a récemment retrouvé l’un des dieux
jaguars. Necahual l’a soumis à sa volonté grâce à d’anciens
chants, et s’en sert désormais pour supprimer ses adversaires.
Accroches scénaristiques
4 8 12
Atzopelic
Atzopelic était un jeune noble vivant à Huitecocan, une
cité magnifique située à l’est de l’Alliance. Il vivait une
existence privilégiée, faite de savoirs et de dévotion reli-
gieuse envers Huitec, dieu timide mais sanguinaire. Dans
sa jeunesse, la guerre, la défaite et l’exil n’étaient que
chimères dont il avait l’habitude d’agrémenter ses poèmes.
Puis vint l’Alliance nahuacane, qui offrit sa « protection »
à Huitecocan. Le grand-oncle d’Atzopelic, qui gouvernait
Huitecocan, déclina poliment. Malheureusement, le
gouvernement nahuacan avait émis là une proposition
qu’on ne pouvait pas refuser.
Huitecocan fut attaquée deux semaines plus tard. Les
Huitecs n’eurent aucune chance. L’Alliance conquit la
ville, tua prêtres et nobles et imposa son mode de vie.
Aujourd’hui, Huitecocan sert de base d’opérations à
l’armée nahuacane.
Atzopelic échappa à la colère de l’Alliance et trouva
refuge à Tetecuallan, un village de pêcheurs. Homme
lettré, fin diplomate, linguiste accompli, il n’eut aucun
mal à démontrer sa valeur en tant que scribe et interprète.
Sa sagesse et ses conseils furent grandement appréciés,
notamment des messagers et entrepreneurs théans.
Atzopelic est également un intrigant adroit et subtil, un
manipulateur hors pair qui entretient un intérêt de façade
et joue double-jeu avec les Nahuacans et les Théans. Il
cherche à ce que la frontière orientale de l’Alliance reste
fragile. Il tisse donc sa toile avec soin et attend le bon
moment pour passer à l’acte, c’est-à-dire insuffler suffi-
samment de protestation, de dissension et de rébellion
pure et simple pour que les Nahuacans n’aient pas d’autre
choix que de renoncer à Huitecocan.
Accroches scénaristiques
6 4 10
Azeneth Medellín
Le premier souvenir d’Azeneth Medellín remonte au
moment où Apocōātl brûla vif son père, Fernando
Medellín, sous ses yeux et ceux de sa mère, Ix Itzam.
Toutes deux parvinrent à s’échapper, mais au fil du temps,
la vengeance s’ancra dans l’esprit de la jeune fille. Son
éducation et ses études ne furent motivées que par un seul
objectif : détruire le démon qui avait assassiné son père.
Ix Itzam regagna la cité-État qui la vit naître au Tzak
K’an. Sa famille les accueillit toutes les deux, et Ix s’im-
pliqua alors dans l’entreprise familiale. Au fil des années,
elle se rendit plusieurs fois dans l’Alliance sans jamais être
inquiétée des crimes de son mari. Malheureusement, un
jour, un guerrier jaguar la reconnut et la mit immédiate-
ment à mort pour trahison. Ix sauva la vie de sa fille en
mentant sur son identité. Azeneth put prendre la fuite
dans les jungles nahuacanes.
Depuis, son désir de vengeance s’est accru. Elle veut
détruire le Serpent des tempêtes pour le meurtre de
son père et l’ocēlōtl pour celui de sa mère. Elle a appris
toutes les informations possibles sur Apocōātl, y compris
l’endroit où il repose actuellement. Elle a essayé de péné-
trer dans son sanctuaire à maintes reprises, mais a vu
ses tentatives déjouées par les chevaliers aigles et divers
Héros nahuacans.
Elle fera n’importe quoi pour tuer Apocōātl, y compris
détruire l’Alliance nahuacane. Certes, elle se soucie de
l’Aztlan, mais si cette Nation venait à disparaître, ce ne
serait pas une grande perte.
Accroches scénaristiques
8 7 15
84 Chapitre 3 | Le Tzak K’an
Chapitre 3
Le T ak K’an
7E MER : LE NOUVEAU MONDE 85
Le T ak K’an
la volonté de leurs divinités, qu’ils vénèrent et louent en
échange d’un savoir magique à nul autre pareil.
Obsédé par l’individualisme, préférant donner la priorité
aux problèmes locaux plutôt qu’à une unification superfi-
cielle, le Tzak K’an n’a jamais vraiment été une entité poli-
tique. D’ailleurs, le nom « Tzak K’an » ne fait pas tant réfé-
rence à un territoire géographique qu’à un horizon culturel
Nichées au cœur de l’Aztlan, entre les sombres pics du partagé, une philosophie de vie commune située quelque
Kuraq et les vallées ensoleillées de l’Alliance nahuacane, part entre tradition et innovation. De plus, si le paysage
se trouvent les cités-États du Tzak K’an. Fidèle au savoir, politique s’est construit autour de quelques grandes cités-
à la science et aux voies de l’occulte, cette Nation subsiste États influentes, il s’est peu à peu divisé en des dizaines
depuis des milliers d’années dans une terre où la menace de morceaux fébrilement maintenus par des alliances, des
est protéiforme. Les Tzak K’aniens, que les Théans consi- traités et des coutumes culturelles. Les menaces étant extrê-
dèrent comme étranges, mystérieux voire impénétrables, mement nombreuses—instabilité politique, environnement
ne se sont jamais trop préoccupés des dimensions maté- de plus en plus hostile, invasions étrangères, révoltes—le
rielles de ce monde. En effet, ainsi qu’ils le savent, la réalité Tzak K’an est aujourd’hui au bord de l’effondrement.
dépasse les apparences pour qui sait où porter son regard. Néanmoins, il n’a pas encore disparu.
Les cités-États ne sont pas dirigées par le seul pouvoir Les Tzak K’aniens ont beau en savoir beaucoup sur le
mortel. Chaque Tzak K’anien sait que l’univers est régi par futur, leur avenir leur reste incertain. Peut-être les flammes
le Grand cycle—la vie, la mort et la renaissance—et que de cette Nation brilleront plus intensément que jamais,
seul le bon vouloir des dieux rend la vie possible sur Terra. peut-être finiront-elles par s’éteindre complètement. Une
Prêtres et astrologues gouvernent donc aux côtés des rois seule chose est sûre : le changement est imminent. Reste à
et reines, et tous essayent de comprendre et d’accomplir voir quelle forme il prendra.
Les dynasties royales Ainsi, si un trop grand nombre de lacunes apparaît dans
Au Tzak K’an, la royauté est divine et héréditaire. L’autorité la gestion de la ville—que ce soit d’ordre politique, environ-
politique est donc liée à l’ascendance patriarcale ou matriarcale nemental ou militaire—le peuple commence à remettre en
(en fonction de la cité). Bien souvent, l’enfant aîné accède au question son souverain et sa prétendue puissance divine. Les
trône, ses frères et sœurs étant placés à la tête de zones satellites différences de nombre entre les classes sociales étant extrêmes,
ou de cités plus réduites. Le sang et la parenté ont beau être très les troubles civils sont une perspective très dangereuse pour
précieux, il peut arriver que l’héritier soit adopté au détriment les dirigeants.
des descendants légitimes. Comme on peut se l’imaginer, tout
cela grouille évidemment de rivalités fraternelles. Le rite du Béni
Nombre de cérémonies et de rituels précèdent l’accession Les héritiers du trône qui souhaitent donner l’image d’une
au trône. Ainsi, avant de pouvoir revêtir la coiffe blanche et souveraineté résolument théocratique accomplissent généra-
verte—ce que les Théans appellent « une couronne »—il lement le rite du Béni. Le futur souverain s’aventure alors dans
faut prouver sa valeur en accomplissant un ou plusieurs rites le Monde d’en-haut ou dans l’outre-Monde afin de triompher
initiatiques religieux, militaires ou politiques. Il s’agit d’une d’une série d’épreuves. Les grandes connaissances des Tzak
étape symbolique représentant les idéaux du futur souverain. K’aniens sur les autres Mondes—généralement consignées
Après l’accession au trône, on organise une Cérémonie dans les livres sacrés—permettent à l’héritier de savoir quelles
du feu annonçant le début du règne. On érige ensuite de sont les épreuves qui l’attendent.
gigantesques stèles à l’image du nouveau roi. Ces monu- Quiconque réussit à accomplir ce rite peut placer devant
ments taillés dans la pierre témoignent de sa puissance, de son nom le titre d’Aj/Ix Haah Ch’ul : le/la Divin/e méri-
son histoire et des idéaux de sa cité. tant/e. Lorsqu’ils l’accomplissent, les souverains gagnent
Les Tzak K’aniens considèrent que les rois sont les l’estime de nombreux dieux, lesquels leur offrent doréna-
Intermédiaires des dieux, ce pour quoi ils les respectent vant leur aide divine lorsqu’ils la demandent.
autant qu’ils les craignent. Ils estiment également qu’il
incombe au souverain—ainsi qu’à la famille royale—de gérer Le rite du Seigneur de guerre
tous les aspects de leur cité-État. Il s’agit d’une tâche certes Les héritiers du trône qui souhaitent mettre en avant leurs
titanesque, mais tous les Tzak K’aniens pensent que leurs aptitudes martiales accomplissent généralement le rite
dirigeants sont quasi omnipotents. du Seigneur de guerre. Le futur souverain doit dès lors
Accroches scénaristiques
Accroches scénaristiques
Accroches scénaristiques
Accroches scénaristiques
GUY DE MALVAUX
Accroches scénaristiques
ALONSO RUIZ CALDERÓN
• Les Héros subissent une attaque en revenant de
ruines syrneth. Ils se font dérober les artefacts
« Il n’y a qu’à se baisser pour
s’emparer de ces terres, j’ai juste qu’ils avaient trouvés. Sauront-ils les récupérer
besoin d’un petit peu d’aide. » avant que Calderón ne les fasse disparaître ?
• Calderón a demandé au Kuraq qu’il lui envoie des
churikunas. Il a promis que la cité-État de Polok
K’anche’ se convertirait au culte de Supay. Le roi
Kal’omte ignore bien sûr tout de cela. Il ne laisse-
rait d’ailleurs jamais des Kuraques pénétrer dans
PUISSANCE INFLUENCE MALFAISANCE
sa cité. Les Héros sauront-ils convaincre le roi de
7 13 20
bouter Calderón avant qu’il ne soit trop tard ?
Ix Tzak Cho’k-Taak
Ix Tzak Cho’k-Taak cultive les fèves de cacao. Ses planta-
tions sont cachées, disséminées à travers tout le Tzak K’an.
Elle s’en occupe avec l’aide de ses vingt filles—biologiques
et adoptives—toutes plus dévouées les unes que les autres.
Ensemble, elles opèrent le plus grand trafic de faux cacao
du Tzak K’an.
Leur arnaque est simple : elles remplacent les fèves par
de l’argile de la même couleur. Elles vendent ensuite les
cabosses à des marchands nahuacans—estimant, à juste
titre visiblement, qu’ils ne sont pas très futés—puis
écoulent les fèves à des grossistes tzak k’aniens. Cela leur
permet d’engendrer un double profit pour le même travail.
Bien sûr, ce trafic ne serait pas possible si Ix Tzak Cho’k-
Taak ne disposait pas d’une main-d’œuvre spécifique. Elle
capture en effet de jeunes enfants et les oblige à travailler.
Leurs petits doigts minimisent en effet les dégâts infligés
aux cabosses lors de l’extraction des fèves, ce qui rend le
fruit de ses contrefaçons quasiment invisible. Quand ils
deviennent trop grands pour ce labeur, elle les envoie faire
la récolte des cabosses ou les vend à des esclavagistes.
La capture d’enfants est facile : elle les attire simplement
en leur promettant du chocolat chaud ou de la nourriture.
Ix Tzak Cho’k-Taak est devenue une sorte de légende
chez les Tzak K’aniens superstitieux. Les parents mettent
en garde leurs enfants contre « la vieille chouette qui
enlève les enfants pas sages et boit leur sang pour rester
jeune. » Les souverains des grandes cités-États font fi de
ces histoires, les classant au rang de spéculations et de
rumeurs. Ix Tzak Cho’k-Taak et ses filles continuent donc
d’enlever des enfants sans être inquiétées.
L’opération entière engendre des richesses incroyables.
Ix Tzak et ses filles en utilisent une grande partie pour
entretenir leurs réseaux commerciaux, continuer la distri-
bution de leurs contrefaçons et soudoyer les autorités
lorsqu’il le faut.
Accroches scénaristiques
4 8 12
Ix Miol
Ix Miol est née à Sakbe’nal. Dès son plus jeune âge, elle
accompagna ses parents lors de leurs missions commer-
ciales. Elle voyagea donc à travers tout le Tzak K’an et aida
sa famille dans différentes cités-États où ils se rendaient.
Elle a toujours détesté cela.
D’aussi loin que sa mémoire lui permette de se souvenir,
Ix Miol a toujours voulu devenir archéologue. Enfant,
elle aimait passer du temps auprès de celles et ceux qui
étudiaient les Anciens (ses parents lui reprochaient
d’ailleurs de perdre son temps). Lorsqu’elle fut en âge de
reprendre l’affaire familiale, elle partit donc pour travailler
sur un site de fouilles syrneth où se trouvaient des archéo-
logues parmi les plus connus du Tzak K’an. Elle développa
alors un intérêt croissant pour la découverte des secrets
et de l’utilité des artefacts. Comme beaucoup de Tzak
K’aniens, elle espérait pouvoir utiliser ces technologies
pour le bien de sa ville natale, Sakbe’nal.
Lorsque ses parents avaient appris sa décision, ils avaient
exprimé l’étendue de leur colère en la désavouant. Ses
économies fondirent comme neige au soleil et sans argent
en poche pour subvenir à ses besoins, les archéologues lui
firent comprendre qu’elle n’était plus la bienvenue sur le site.
Il ne lui fallait pourtant qu’une petite découverte tech-
nologique pour retrouver les bonnes grâces de sa famille,
ce pour quoi elle commença à voler des artefacts pour
les étudier. Ainsi, ce qui avait débuté comme une noble
entreprise—l’étude de la technologie pour aider son foyer
natal—se transforma en un cercle vicieux : voler des artefacts
pouvant être transformés en armes afin de dérober d’avan-
tages d’artefacts.
Désormais, Ix Miol est la voleuse d’artefacts la plus recher-
chée au Tzak K’an. Depuis, elle s’est entourée d’un petit
groupe de personnes qui l’aident dans son entreprise, qu’elle
paye en vendant des artefacts modifiés. Le pire est qu’elle ne
se contente plus de voler les équipes archéologiques : elle va
jusqu’à détruire leurs recherches pour masquer ses traces.
6 4 10
Kal’omte Chan K’awiil
Polok K’anche’ était une cité-État vouée à l’étude de
l’astronomie, de l’art et des sciences. La population
tirait sa fierté de son pacifisme affiché, de son amour
pour la recherche et, surtout, de la prospérité qui en
résultait. Kal’omte Chan K’awiil, leur roi, était un érudit
et un scribe adoré par les citoyens. Il était sage, patient,
intelligent et il redistribuait ses richesses à ses sujets les
plus pauvres.
Quand don Calderón arriva à Polok K’anche’, il ne lui fallut
pas grand-chose pour insuffler la peur dans le cœur paci-
fique de Chan K’awiil. La vilenie de Calderón n’avait en effet
d’égale que la force de ses paroles.
L’Alliance nahuacane, au nord, a les armées les plus puis-
santes. Qui les empêchera de conquérir le Tzak K’an ? Les
Kuraques, au sud, veulent imposer leur dieu de la mort. Qui
stoppera leurs prêtres dévoués ? Les Théans, cupides, veulent
s’emparer de l’Aztlan. Qui s’opposera à eux ? Le Tzak Kan
est au centre du monde, mais il est divisé et, chaque jour, ses
ennemis tirent profit de ses clivages. Il faut une âme sage et
qualifiée pour unir le pays face à ces menaces. Qui d’autre
que Chan K’awiil peut faire cela ?
S’il prônait autrefois la paix, Chan K’awiil pense désormais
qu’il n’y a que la guerre qui saura unir son peuple disparate.
Les mots de Calderón n’étaient pas sans sagesse, ce pourquoi
le souverain commença à se consacrer à l’unification du Tzak
K’an.
Ainsi commença le grand changement. D’une plaque tour-
nante florissante, Polok K’anche’ devint un centre militaire
en quelques semaines. Des tours à moitié construites se
retrouvent désormais abandonnées par les ouvriers appelés
à rejoindre l’armée. Les palais et les monuments sont main-
tenant à nu, privés de leur obsidienne, de leur jade et de leur
or qui ont été vendus ou forgés pour faire des armes. Cette
armée, d’une efficacité redoutable, a déjà soumis plusieurs
cités-États mineures…
Accroches scénaristiques
KAL’OMTE CHAN K’AWIIL
• Kal’omte Chan K'awiil convoite Cahal Naab. Si
cette ville tombe, d’autres suivront plus facilement.
« Tout ce que je désire, c’est la paix.
Les Héros parviendront-ils à défendre la ville ? S’il le faut, je l’obtiendrai par le feu. »
• Chan K’awiil veut ce qu’il y a de mieux pour son
peuple. Il ne se rend pas compte de la tromperie
de Calderón. Les Héros sauront-ils le convaincre
de changer de méthodes et de les aider à défaire
Calderón ?
2 8 10
Chapitre 4
L’Empire kuraque
L’Empire kuraque
Il y a des portes qui ouvrent sur l’autre monde. par feu leurs ancêtres—les Vénérables—dont les esprits
Elles sont en toi. contrôlent encore leurs corps momifiés depuis l’au-delà.
Il y a des portes qui mènent à l’après-vie. Ils régissent la vie de leurs descendants, utilisant parfois
Tu en connais le chemin. les corps de ces derniers—les Porte-paroles—pour
Il y a des portes qui renferment des voix. espionner le monde ou s’exprimer parmi les vivants.
Écoute, elles t’appellent. Sous l’autorité de l’Impératrice Asiri Inkasisa, les
Bienvenue ! Vénérables ont transformé la civilisation kuraque, qui est
Quel est ton nom ? petit à petit passée d’une multitude d’ethnies polyglottes
-Comptine kuraque fragmentées à un peuple unifié. Néanmoins, l’Empire
n’est pas aussi soudé que ce que l’Impératrice veut faire
Jadis, le Kuraq était un pays constitué de cités-États croire à son peuple. Les nobles complotent en effet depuis
disparates, à l’instar de l’actuel Tzak K’an. Unifiés sur les leurs tombes pour que leurs familles respectives gagnent
cendres d’un légendaire empire déchu voici deux cents en puissance. Des lignées entières s’affrontent donc pour
ans, les Kuraques mirent de côté leurs différences pour obtenir—ou conserver—du pouvoir, que ce soit dans le
se ranger sous une même bannière. Depuis, l’Empire commerce, la politique ou à l’occasion de guerres clan-
kuraque est devenu une Nation forte et stable qui a destines. Ainsi, ici et là, les rancunes vieilles de plusieurs
résisté tant aux tentatives d’invasions qu’à l’influence des générations provoquent de nombreuses effusions de sang.
cultures étrangères. Aujourd’hui, l’Empire kuraque se dresse tel un mono-
Le pouvoir politique qui structure l’Empire est d’une lithe au bord du précipice, une puissante Nation de morts
nature peu ordinaire. Les Kuraques sont en effet dirigés dirigée d’une main de fer.
Accroches scénaristiques
Accroches scénaristiques
Accroches scénaristiques
K’UYUK
Accroches scénaristiques
Accroches scénaristiques
8 10 18
Anka,
chef des chaskis
Anka sert l’Empire en tant que chef des chaskis. Il gère
tout ce qui a trait aux messagers impériaux : entraînement,
paye, tarifs, encryptage, décryptage, etc.
Anka est né dans une importante famille noble, et sa vie
a toujours été opulente. Il n’a aucune envie de se contenter
de moins. Ainsi, lorsque ses ancêtres décidèrent que sa
mère, après sa mort, s’exprimerait par le corps de sa sœur,
Anka brûla le corps de sa génitrice avant que les prêtres
ne puissent accomplir leur rituel. Depuis, ses ambitions
ne connaissent pas de limites.
De par son statut privilégié, Anka a accès à tous les
secrets de l’Empire, et bien qu’il soit sous la surveillance
constante de l’Impératrice, il parvient à vendre des infor-
mations à quiconque a de quoi le payer, en liquide ou
en faveurs.
Peu regardant sur ses acheteurs, il vend ses renseigne-
ments tant aux serviteurs de l’Empire qu’aux membres
du Pakaykuq. Parfois, il vend la même information à
deux acheteurs différents. Il opère en secret, et quand son
identité est découverte, la personne disparaît sans laisser
de trace.
Accroches scénaristiques
ANKA,
CHEF DES CHASKIS
« Quand plus d’une personne a connaissance
d’un secret, ça n’en est plus un. »
5 6 11
Intiawki,
meneur de la résistance
Intiawki est né dans le Pakaykuq. Il n’a jamais rien connu
d’autre de son existence. Ses parents sont morts quand il
était jeune, il est devenu un orphelin en quête de sa place
dans le monde. Là où les autres enfants jouaient, cour-
raient et riaient, lui restait sérieux. Il jouait avec les armes
du Pakaykuq, et ses batailles étaient constituées de vrais
affrontements contre les troupes impériales. Au quotidien,
il voyait les gens qu’il aimait mourir les uns après les autres.
Certains s’en sont inquiétés, d’autres ont même essayé de
changer son éducation. Le problème est qu’ils étaient peu
nombreux, et aucun n’avait les moyens de s’occuper de lui.
Aussi continua-t-il de se battre et de ne rien apprendre
d’autre que les us et coutumes du Pakaykuq. Les meneurs
mourraient, Intiawki grandissait.
Il finit par devenir un élément essentiel du mouvement,
jusqu’à ce que sa voix soit la plus puissante lors des
réunions, et que ses mots deviennent les plus sages quand
il s’agissait de parler de guerre. Comme de nombreux
chefs avant lui, Intiawki est mort en combattant pour
la seule cause qu’il n’ait jamais connue dans sa vie. Cela
aurait marqué la fin de son existence si les prêtres de
Supay ne l’avaient pas ramené d’entre les morts.
Ils voyaient en lui un puissant allié contre les pakaykuqs,
à condition, bien sûr, de réussir à le retourner contre
les siens. Après avoir passé les portes de l’outre-Monde,
Intiawki rencontra Supay qui lui fit une offre.
Pour la première fois, quelqu’un lui donnait le choix.
Pour la première fois, on se souciait de ce qu’il voulait.
En échange d’un minimum d’obéissance, Supay lui offrait
de riches savoirs et la vie éternelle et intense qui succède à
la mort. Sans hésiter une seconde, Intiawki accepta.
Quand il revint dans le monde des vivants, Intiawki y vit
un miracle annonçant la fin de ses ennemis. Pas l’Impéra-
trice et ses sujets, non, plutôt les pakaykuqs.
Accroches scénaristiques
INTIAWKI,
• Intiawki continue de mener le Pakaykuq, dont les
MENEUR DE LA RÉSISTANCE membres sont persuadés qu’il est l’élu du dieu du
soleil, choisi pour les guider vers la victoire. Avant qu’il
« J’ai eu tort pendant si longtemps. ne soit trop tard, les Héros sauront-ils convaincre les
C’est bon de savoir que j’avais pakaykuqs qu’il travaille pour l’ennemi ?
finalement raison. »
• Supay a fait une offre à Intiawki, mais elle n’est pas
éternelle. Une fois qu’il aura accompli sa part du
marché, Intiawki sera à nouveau libre. Les Héros
l’aideront-ils à honorer sa dette, pour qu'il puisse
PUISSANCE INFLUENCE MALFAISANCE
ensuite éventuellement rejoindre le Pakaykuq
6 7 13
contre l’Impératrice ?
Cornélie Blanchet
Cornélie a été abandonnée alors qu’elle était encore une
enfant. Laissée seule dans les rues de Montaigne, elle a dû
apprendre à survivre. Par son courage et sa détermination,
elle s’est fait un nom sans en avoir aucun. Elle a volé des
habits de nobles, a rejoint la cour et avant que quiconque
puisse réagir, s’est fait appeler madame Fournier. Au bout
d’un moment, cependant, le vent tourna et elle devint
veuve. Quel malheur ! Son deuil fut toutefois de courte
durée : elle devint très vite madame Blanchet et embarqua
aussitôt pour le Nouveau monde avec son riche époux.
Le décès prématuré de monsieur Blanchet—et du
reste de son expédition—fut une nouvelle épreuve pour
Cornélie. Aussi fit-elle ce qu’elle avait fait depuis qu’elle
était orpheline : observer et étudier. Elle vit de quelle
la façon les dieux aztlans réduisaient les siens à l’état
de statues de pierre, de cendres ou pire. Elle joua donc
les innocents témoins et attendit son heure. Quand elle
comprit que ni les Nahuacans ni les Tzak K’aniens n’al-
laient céder à ses charmes, elle mit les voiles vers le sud.
Elle tomba alors sur un peuple dirigé par les morts.
Cornélie était prête à mourir pour obtenir leur pouvoir.
Elle se fraya donc un chemin dans la cour d’Asiri, mais
cette dernière avait d’autres plans pour elle : l’Impératrice
était prête à accepter la vie de la Montaginoise, mais elle
ne deviendrait jamais une Vénérable, sauf à prouver sa
dévotion à Supay.
Asiri voulait tout savoir sur la Théah et ses habitants, et
elle était plus que prête à y mettre le prix, offrant richesses
et titres de noblesse. Éternelle survivante, Cornélie rejoi-
gnit la cour de l’Impératrice. Désormais, elle lui apprend
tout ce qu’elle désire, et nul ne sait mieux que Cornélie
distinguer les faiblesses de son prochain.
Accroches scénaristiques
4 5 9
Chapitre 5
Aventures dans
le Nouveau Monde
CONCEPTION D'UN HÉROS AZTLAN
L’Aztlan est très éloignée de la Théah, c’est pourquoi elle toujours aider ceux qui en ont besoin—ou ne peuvent s’en
possède un contexte historique riche de récits, d’intrigues et sortir seuls—et il traite les problèmes de ses amis comme
d’aventures qui lui sont propres. Vous pouvez autant jouer s’il s’agissait des siens.
un personnage originaire de ce territoire magnifique qu’un
étranger venu de n’importe où ailleurs sur Terra. En Aztlan, Les Théans en Aztlan
les Héros sont ceux qui désirent bien agir, quels que soient Les Théans interagissent avec les Aztlans depuis plus de
les obstacles. Parfois, ce sont des Héros traditionnels—qui quatre-vingt dix ans. Nombre d’entre eux se sont intégrés
combattent des Scélérats ou aident ceux qui sont dans le à diverses Nations, ce qui signifie qu’il existe énormément
besoin—mais il arrive également qu’ils soient d’un genre de nationalités différentes qui cohabitent dans le Nouveau
inhabituel, à l’instar de ceux qui cherchent à préserver l’an- monde. Les Héros théans peuvent être de nouveaux arri-
cien culte des dieux pour qu’il ne soit pas effacé de l’histoire. vants tout juste débarqués ou, au contraire, il peut s’agir
de descendants de deuxième génération nés de couples de
Les Héros aztlans Théans qui se sont installés en Aztlan voilà des années, ou
Les raisons qui peuvent pousser un Aztlan à devenir un bien encore de métisses mi-Aztlan mi-Théan.
Héros sont nombreuses et dépendent bien souvent de sa Les origines de votre Héros déterminent ses intérêts
Nation d’origine. Il peut ainsi œuvrer pour une Aztlan personnels. Ceux qui sont nés en Aztlan ont les mêmes
unifiée par la diplomatie pacifique, vouloir détruire inquiétudes que les autres Héros de sa Nation, et ce même
certaines cités-États tzak k’aniennes diaboliques et mettre s’ils possèdent encore des liens avec leurs racines théanes.
fin à leurs terribles traditions, ou encore simplement libérer Les Théans récemment arrivés ont quant à eux d’autres
les siens d’un souverain Scélérat. Quoi qu’il en soit, ce raisons, tout aussi nombreuses, d’être sur place. Peut-être
Héros voit que quelque chose ne va pas dans son pays, et il ont-ils fui un sombre passé et tentent de se construire une
s’est juré d’arranger les choses. nouvelle vie dans l’Alliance nahuacane. Il est également
Le Héros aztlan est fier d’être courageux et intelligent. possible qu’ils veuillent s’enrichir et devenir célèbre dans
Il refuse de laisser la peur dicter ses actes et même si sa les jungles du Tzak K’an, qu’ils aient besoin d’un soutien
Nation craint la guerre avec la Théah, il sait qu’il peut politique au Kuraq ou qu’ils cherchent quelqu’un venu au
trouver des alliés fiables chez les Héros théans. Il veut Nouveau monde avant eux.
ATHLÉTISME PERSUASION
Athlétisme s’utilise pour traverser une pièce en se balançant à Persuasion s’utilise pour faire appel aux bons sentiments
un lustre, bondir de toit en toit, esquiver des chutes de débris d’autrui. Persuasion permet aussi d’assurer à votre interlo-
ou grimper au mât d’un navire. cuteur que vous êtes complètement honnête avec lui et qu’il
peut vous faire confiance.
BAGARRE
Bagarre s’utilise pour donner des coups de poing ou de pied à REPRÉSENTATION
un adversaire, ou encore se saisir de quelqu’un pour le traîner Représentation s’utilise pour captiver un public grâce à vos
dans une ruelle. talents d’artiste. Représentation permet aussi de transmettre
un message particulier aux spectateurs, voire de susciter une
DISSIMULATION émotion spécifique : les faire rire grâce à vos facéties, leur tirer
Dissimulation s’utilise pour se faufiler à travers une pièce des larmes en jouant un personnage tragique, les stimuler
obscure sans que les gardes en faction ne vous repèrent. grâce à un discours galvanisant, etc.
Dissimulation permet aussi de cacher une arme ou un objet
et d’éviter qu’on ne le découvre si l’on vous fouille. Vous SUBORNATION
pouvez également l’utiliser pour attaquer sournoisement Subornation s’utilise pour soudoyer quelqu’un et le pousser
une victime, avec une arme ou à mains nues. Dissimulation à agir au mépris du bon sens. Subornation permet aussi de
sert aussi à élaborer un déguisement ou à camoufler un lieu. convaincre autrui de vous accorder « un moment d’intimité. »
MENACE SILENCIEUSE
Dépensez un point d’Héroïsme pour vaincre immédiate-
ment une Escouade de Brutes. Leur force n’importe pas
tant qu’ils ne sont pas au courant de votre présence avant
le début de l’attaque.
Premières étapes
• Je distingue un manque important dans mon
champ de recherche que je pourrais combler :
trouver une cité perdue, une espèce disparue ou
une technologie inédite.
• Je proviens d’une longue lignée d’individus qui
ont exercé la même profession, mais je n’y arrive
pas. Je m’en vais pour que ma famille soit fière et
un jour leur revenir, enfin capable de reprendre
l’entreprise familiale.
• Je suis apprenti artiste depuis des années, mais
l’académie me rejette à cause de mon « style quel-
conque. » Mon vieux maître dit que je devrais
voyager à la découverte du monde et de la vie en
dehors de ma petite ville.
Manifestations et Nuances
Quand un churikuna active une Manifestation, il
dépense un point d’Héroïsme. Il chante dans une
langue ancienne, fait des gestes sinueux et ses mains—
ou ses yeux—brillent d’une étrange lueur verte ou
violacée. Les effets visuels varient d’une Manifestation
à l’autre et peuvent être décidés par le churikuna, mais
la présence de la magie doit être évidente pour tout
observateur extérieur. L’activation d’une Manifestation
a un effet immédiat.
En outre, le churikuna choisit une Nuance de
son choix à appliquer. Il peut appliquer plusieurs
Nuances à sa Manifestation en dépensant des points
d’Héroïsme supplémentaires pour chaque Nuance
additionnelle, mais il ne peut appliquer chaque
Nuance qu’une seule fois. Par exemple, un churikuna
peut dépenser un point d’Héroïsme pour activer la
Manifestation Témoin avec la Nuance Subtil. S’il
veut que son Témoin utilise aussi la Nuance Contact,
il peut payer un point d’Héroïsme supplémen-
taire (ce qui signifie que son Témoin bénéficie de
Subtil et Contact). S’il veut que son Témoin utilise
Contact, Subtil et Écho, il dépensera deux points
d’Héroïsme en plus, pour un total de 3. Il ne peut
en revanche pas utiliser Écho plusieurs fois pour la
même Manifestation.
Témoin
Activez cette Manifestation lorsque vous touchez une
créature morte, mort-vivante ou un churikuna. Jusqu’à la s’achève instantanément si votre cible devient Sans
fin de la Scène, vous verrez et entendrez tout ce que le défense ou est détruite (par exemple, si le cadavre est brûlé,
personnage voit et entend comme si vous étiez à sa place. éparpillé ou démembré).
Si vous utilisez cette Manifestation sur un cadavre, vous Lorsque cette Manifestation est active, vos yeux luisent
pourrez voir et entendre normalement (même si, bien d’une lueur d’outre-Monde, le plus souvent d’un vert ou
entendu, le cadavre ne le peut pas). d’un violet surnaturel. La cible Témoin n’a quant à elle pas
L’effet perdure jusqu’à la fin de la Scène, jusqu’au conscience de la magie qui l’habite, et il n’y a pas d’effet
moment où vous choisissez de le désactiver ou bien visuel sur elle.
Icniuhtli
L’Icniuhtli existe depuis des générations dans l’Alliance
nahuacane. Ce Style est né—et a toujours été popu-
laire—chez les ocēlōmeh, même si d’autres organisa-
tions militaires l’utilisent aussi. Ces Duellistes, protégés
d’une armure légère et armés de lances, fondent dans
les combats puis s’en retirent, créant des ouvertures
pour d’autres unités qui s’y enfoncent à leur tour. Si ces
combattants sont déjà dangereux en tant qu’individus, ils
forment des groupes dévastateurs lorsqu’ils coopèrent.
Le grand ennemi
Bien que l’arrivée des Théans soit la plus grande source
d’inquiétude de la majorité des Gardiens de l’Aztlan, les
plus anciens et respectés n’ont de cesse de rappeler aux
défenseurs plus jeunes que l’ennemi principal ne vient pas
de la mer, mais d’ailleurs.
Du temps de l’Empire aztlan, la mission des Gardiens était
de défendre le peuple contre la menace des Anciens dieux,
immortels assoiffés de sang qui exigeaient des sacrifices
afin d’apaiser leur colère. Les Syrnes se sont jadis occupés
de ces êtres surpuissants, déplaçant l’Aztlan dans une
Pierre : le métal est presque inconnu dans l’Aztlan Montagne. Termes alternatifs pouvant être utilisés pour
moderne, la pierre est donc souvent utilisée à la place. déterminer le nom de la cité : cime, mont, sommet.
Peut-être celle de la région est-elle particulièrement
précieuse à cause d’une propriété rare, ou bien les locaux Colline. Termes alternatifs pouvant être utilisés pour déter-
sont-ils des tailleurs de pierre au talent remarquable ? miner le nom de la cité : falaise, plateau, tertre.
Termes alternatifs pouvant être utilisés pour déterminer le
nom de la cité : granit, joyaux, obsidienne. Vallée. Termes alternatifs pouvant être utilisés pour déter-
miner le nom de la cité : canyon, creux, gorge.
Sang : le sang représente la vie, la mort et la famille. Pour
cette région, il est plus important que tout. Les lignées Plaine. Termes alternatifs pouvant être utilisés pour déter-
familiales sont-elles plus précieuses ici qu’ailleurs, ou miner le nom de la cité : champ, immensité, prairie.
bien les locaux ont-ils la réputation de faire des sacrifices
(animaux ou autres) au nom d’anciens dieux sombres que Île. Termes alternatifs pouvant être utilisés pour déterminer
le reste de l’Aztlan a oubliés ? le nom de la cité : archipel, îlot, récif.
Termes alternatifs pouvant être utilisés pour déterminer le
nom de la cité : écarlate, os, ruissellement. Plage. Termes alternatifs pouvant être utilisés pour déter-
miner le nom de la cité : berge, côte, rivage.
Aube : L’aube représente le renouveau et la rédemption,
la naissance littérale et figurative d’un jour nouveau. Les Terrain vague. Termes alternatifs pouvant être utilisés pour
locaux y voient un instant sacré, temps de vénération et de déterminer le nom de la cité : aride, étendue, désert.
réflexion, ou bien ont des traditions spéciales, comme ne
jamais passer d’accord après le coucher du soleil.
Termes alternatifs pouvant être utilisés pour déterminer le
nom de la cité : aurore, levant, lumière.
DÉVASTATEUR
L’Obstacle peut dépenser une Mise pour détruire une
structure ou un objet comme un petit bâtiment, un pont
ou un navire. Cela inflige une Blessure à tout personnage
qui se trouve en position d’être blessé (par exemple celui
qui se tient sur le pont), sauf si celui-ci dépense une Mise
en réaction. Si un Obstacle utilise cet Aspect dans une
Scène contenant un ou plusieurs Navires, tous reçoivent
1 Dégât Critique en plus des autres effets.
INTENSE
Lorsque l’Obstacle inflige des Blessures, le MJ peut
dépenser 1 point de Danger pour que chaque personnage
touché perde 1 Mise.
LUGUBRE
L’Obstacle peut dépenser 1 Mise pour plonger la zone
où il se trouve dans des ténèbres presque totales. Toute
Action qui nécessite d’y voir coûte 2 Mises au lieu d’1
jusqu’à la fin du Round.
MORTEL
L’Obstacle peut dépenser une Mise pour infliger 2
Blessures immédiates à tous les personnages présents
dans la Scène. Les Escouades de Brutes voient quant à
elles leur Puissance réduire de 2.
Que dit l’Iconographie de l’histoire et des habitants de cette zone ? Personnes importantes
Lieux importants
Événements importants
Index
Armée Vestenmennavenjar 25-37
Cuāuhmeh 46, 49-51, 56-57, 74, 76, 80, 162
Ocēlōmeh 49, 51-52, 55, 57, 67, 71, 74, 76, 83, 182-183 Religions
Pakaykuq 5, 7, 129, 131-134, 139-141, 146-147, 150,-157, 163 Apocoalt 4, 6-7, 11, 28-29, 47-49, 52 56, 58-59, 66-67, 71-63,
83, 125, 128, 131, 196
Cosmologie Les Intermédiaires 26, 33-35, 43
Monde d'en-haut 30, 40, 87, 95, 103, 105-106 Les Quatre 11, 47-52, 56, 58-59, 63, 67-69, 72-73
Monde intermédiaire 30-31, 87, 97, 103-107, 196 Supay 11, 40-41, 118,126-134, 137, 140-142, 144-145, 147-148,
outre-Monde 31, 37, 39-40, 87-89, 95, 103-106, 154, 156-157, 163, 167, 176, 179, 184
114-115, 136, 156, 175, 179, 188, 196 Theus 18-19, 26-29, 38, 41
Le temps
Sociétés secrètes
Créatures Concile des Anciens dieux 187, 191-192
Ahuitzolts 36-37 Die Kreuzritter 28
Amarus 40 Fraternité de la côté 18, 78
B’olon t’oons 38-39 Gardiens de l'Aztlan 170, 186-187, 204
Camazotz 39, 104, 175, 196 Héritiers du Jaguar 170, 188-189
Inkarris 41 Pochteca 52, 162, 170, 190-191
Mannequins 39 Société des explorateurs 20, 22, 204
Ohuican Chaneques 37, 75 Vagabundos 28
oqe phutiy 41
Pet mo’ 40 Sorcelleries
Quinametzin 37-38 Connaissance des jours 107
Unu Pachacutis 41 Divination 48, 66
Victimes d'Ehēcah Totech 38 Dons des dieux 144
Miroirs 107
Histoire Nagualisme 66
Les Chok Ch'a 89-91, 99, 113 Plume 66
La Chute 10, 14-16, 20, 23, 27, 29-30, 43, 4-49, 58, 67, 75, 88, Wañuy Ñaqay 129, 142-144, 148, 176-180
110, 112, 125, 127, 129, 140-141, 152, 186, 187, 191, 204 Wayak’ Kan 107, 171-175
L'Empire Aztlan 15, 20, 30, 47-48, 50, 66-67, 75, 87,
90-91, 112, 133, 175, 186-188, 191, 204
Les Machines antiques 10, 21-23, 27, 75, 186-187, 181
Les Syrnes 14, 20-23, 27, 37, 51, 78, 117-118, 120,
173, 180, 186, 191, 199, 203-204
Nations
Alliance nahuacane
11, 16-27, 29-30, 34, 36-38, 43, 46-83, 89-93, 97, 103, 108, 110,
112, 115-116, 118-119, 121, 131, 133, 138, 140, 157, 160-163,
165, 167, 182-185, 188, 190-191, 203-204
Avalon 15, 18, 21-22
Castille 5-8, 10, 17-23, 25-28, 37, 51-52, 62, 65, 68, 92-93, 117,
120, 128, 143, 153, 182-183
Eisen 19, 24-26
Empire du Croissant 15, 17, 20, 25, 78, 115, 204
Ifri 20, 25, 30, 115
Kuraq 4-7, 1°-11, 14, 16-20, 22-31, 34, 36, 40-42, 59, 61, 63, 71,
86, 90-93, 97, 106, 108, 115, 118, 121, 124-157, 160-161, 163,
166-167, 176, 182, 184-185, 188, 191, 203-204
Montaigne 15, 18, 20, 23-26, 36-37, 51, 157
Ussura 17, 19-20, 38, 117, 175
Tzak K'an 6-8, 11, 14, 16-22, 24-28, 30,
34, 37-40, 43, 51, 58-59, 61, 65-66, 75, 80, 83, 86-121, 124, 131,
133, 138, 140, 157, 160-161, 163, 166-167, 171-175, 182-184,
188, 191, 193, 196-197, 203-204
Vodacce 6, 18-20, 26, 40, 117, 161
208 Annexe