7e Mer Nations-Pirates
7e Mer Nations-Pirates
7e Mer Nations-Pirates
JOHN WICK PRÉSENTE UN SUPPLÉMENT POUR 7E MER : DEUXIÈME ÉDITION « NATIONS PIRATES »
DÉVELOPPEMENT MARK DIAZ TRUMAN JOHN WICK BEN WOERNER DÉVELOPPEMENT ADDITIONNEL DANIELLE LAUZON
DIRECTION ARTISTIQUE MARK DIAZ TRUMAN CONCEPTION SYSTÈME MICHAEL CURRY DIRECTION ARTISTIQUE PRINCIPALE MARISSA KELLY
DIRECTION ARTISTIQUE SHARON SPERRY BLOOM
RÉDACTION TOBIE ABAD MIKE CURRY JERRY GRAYSON JESS HARTLEY JAMES MENDEZ HODES NICOLE JUSTICE
ROB JUSTICE SHOSHANA KESSOCK DAN WASZKIEWICZ JOHN WICK BEN WOERNER
RÉDACTION ADDITIONNELLE DANIELLE LAUZON MARK DIAZ TRUMAN « LA VENGEANCE ET LE CORBEAU » JENNIFER MAHR
ILLUSTRATIONS MARIO BARBATI GIORGIO BARONI CHARLIE CREBER SHEN FEI YONG YI LEE JAMES MOSINGO DIEGO RODRIGUEZ
DRAPEAUX DES NATIONS MEAGAN TROTT CONCEPTION GÉOGRAPHIQUE ET CARTOGRAPHIE MAXIME PLASSE MARK RICHARDSON
CONCEPTION GRAPHIQUE ET MAQUETTAGE THOMAS DEENY HAL MANGOLD RÉVISIONS SALLY CHRISTENSEN AMANDA VALENTINE
RELECTURE CARRIE ULRICH PERSONNEL AUXILIAIRE KATHERINE FACKRELL J. DERRICK KAPCHINSKY
DÉVELOPPEMENT DE 7E MER : DEUXIÈME ÉDITION MICHAEL CURRY ROB JUSTICE MARK DIAZ TRUMAN JOHN WICK
INSPIRÉ DE « LES SECRETS DE LA 7E MER » CONÇU PAR JOHN WICK JENNIFER MAHR
Un mot de la part de John
On peut distinguer deux réalités au sujet des pirates : la réalité romanesque et la réalité historique. Ce
qui importait par-dessus tout aux pirates était réellement d’être libres. Ils faisaient réellement de leurs
bateaux des démocraties flottantes et se riaient des gouvernements et des dieux. Ils adhéraient à une
charte stipulant qu’ils se protégeaient les uns les autres et servaient avant tout leur navire, leur capitaine
et leur équipage.
Ils étaient aussi des voleurs et des tueurs. Certes. C’est la réalité historique.
Cependant, 7e Mer lorgne bien moins du côté de la réalité que de la fiction, et il en va de même des
Nations pirates décrites dans ce livre. Ces dernières sont vouées à la liberté, à mettre à bas les lois injustes et
à s’opposer aux pires Scélérats imaginables. Leurs membres sont des aventuriers dans un monde qui a déses-
pérément besoin de hors-la-loi, de contrebandiers et de rebelles. En bref, ils sont des Héros à part entière.
Ce livre n’aurait pas été ce qu’il est sans la minutie de Ben Woerner et ses connaissances étendues en
matière de piraterie et de navigation. Mark Diaz Truman a fait office de pilote et il a su garder le cap lors
de nos passages en eau trouble. Cet ouvrage fut également le voyage en mer inaugural de Lenny Balsera,
notre nouveau directeur de création. Il a tout de suite été jeté dans le grand bain, mais il n’y a que comme
ça qu’on apprend à nager ! Nos auteurs ont vraiment tout donné, parfois dans l’urgence. Merci à vous tous !
Cet ouvrage est le premier pas au-delà de la Théah, dans le vaste monde de 7e Mer. Y sont dissimulés
des indices à propos de ce qui se trouve par-delà l’Atabéenne. Si vous faites bien attention, il se peut que
vous entraperceviez une terre qu’aucun Théan n’a vue à ce jour…
—John Wick
Remerciements particuliers
Je voudrais remercier John et Mark de m’avoir Je voudrais remercier jusqu’au moindre des
confié le poste de consultant professionnel en forbans qui ont donné naissance à Nations
piraterie. Tous mes remerciements à ma femme, Pirates. Cet ouvrage couvre plus de territoire
Emily, ainsi qu’à mes enfants, Morgan et William, que presque tout autre livre de 7e Mer., depuis
pour avoir supporté que Papa ne sorte jamais de les rivages de la Numa jusqu’aux confins du
son livre sur les pirates. Merci aussi à tous les Nouveau monde, et ce fut une épopée que de
auteurs, depuis les marins d’eau douce jusqu’aux lui donner corps. Merci en particulier à Marissa
vieux loups de mer : vous avez été extraordinaires Kelly d’avoir supporté toutes mes demandes en
et c’est avec plaisir que je parcourrais de nouveau matière d’illustrations, à Danielle Lauzon d’avoir
l’océan avec vous. Et enfin, merci à vous, les fait chanter La Bucca et à Lenny Balsera d’avoir
fans, d’avoir fait de mon rêve une réalité grâce maintenu ce livre sur les rails quand il en avait
à vos doublons âprement gagnés. Sans vous, le plus besoin. Vous êtes un sacré équipage,
il n’y aurait pas de 7e Mer. : deuxième édition. et il me tarde de naviguer une fois de plus en
Maintenant, levez l’ancre et hissez les voiles ! Cap votre compagnie !
sur l’Atabéenne et ses trésors ! —Mark Diaz Truman
—Ben Woerner
7th Sea and all related marks are © and ™ 2016 John Wick Presents. All rights reserved. No part of this work may be
duplicated without express permission from the Author. This is a work of fiction. All characters and places are creations
of imagination.
© 2017 Agate RPG pour la version française sous licence John Wick Presents. Agate RPG est une marque d’Agate
Éditions. Agate Éditions, 7 avenue Joseph Froment, 92250 La Garenne-Colombes. Contact, question, distribution :
esteren@agate-editions.com. Dépôt légal : 2017 – ISBN : 978-2-919256-38-9 – Imprimé en Europe.
Table des matières
La Vengeance et le Corbeau 4 Chapitre 2 : La vie d’un pirate 143
Le Héros pirate . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
Introduction 13 Le Héros pirate dans 7e Mer . . . . . . . . . . . . . 144
Sorcelleries pirates . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158
Chapitre 1 : Ports d’escale 17 La magie des Chartes . . . . . . . . . . . . . . . . 158
La Numa . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 Kap sèvi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
La Numa aujourd’hui . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 Mystírios . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 166
La révolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 Mohwoo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169
Le peuple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 Épées, Navires & Secrets . . . . . . . . . . . . . . . . 172
La kleos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 Duellistes étrangers . . . . . . . . . . . . . . . . 172
L’agoge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 Manœuvres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173
Arts et musique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 Styles de Duel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173
Noms . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 L’histoire du Navire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175
Religion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 Origines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175
Gouvernement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 Historiques de Navire . . . . . . . . . . . . . . . . 176
Économie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 Aventures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177
Villes et villages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 Sociétés secrètes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178
L’armée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 La Cosca . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178
Notables numanaris . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 Le Riroco . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180
Lieux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 Les Chartes pirates . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181
La Bucca . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39 Le Code originel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182
La Palabra de Dios . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 La Fraternité de la côte . . . . . . . . . . . . . . 182
La Bucca aujourd’hui . . . . . . . . . . . . . . . . . 43 Le Crimson Roger . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
Lieux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49 Les lettres de marque de La Bucca . . . . . . . . 183
Personnalités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 La Jaragua . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184
La mer Atabéenne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61 Le parler pirate . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
Histoire de la mer Atabéenne . . . . . . . . . . . . 62 Monstres marins . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187
Les Rahuris : le peuple de la Mer . . . . . . . . . . 67 Palourdes géantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187
Attention : monstres . . . . . . . . . . . . . . . . . 73 Crustacés géants . . . . . . . . . . . . . . . . . . 188
Lieux de la mer des Monstres . . . . . . . . . . . . 77 Poissons carnivores . . . . . . . . . . . . . . . . . 188
Aragosta: la République des pirates . . . . . . . . . 81 Baleines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 188
La légende du Cagneux . . . . . . . . . . . . . . . . 82 Grande baleine blanche . . . . . . . . . . . . . . 189
La naissance de la République . . . . . . . . . . . . 84 Serpents de mer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190
Aragosta aujourd’hui . . . . . . . . . . . . . . . . . 84 Makaras . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190
Les deux trahisons . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88 Mabuyas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191
Rejoindre la République . . . . . . . . . . . . . . . 89 Pieuvres géantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191
Les capitaines du conseil et autres notables . . . 90 Krakens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 192
Lieux aragostains . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95 Mama Tortue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 192
Antagonistes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99 Tiburon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 193
La légende de Jonah le Diable . . . . . . . . . . . 100 Le Wu’a . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 193
La Jaragua . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103 Nouvelles Propriétés monstrueuses . . . . . . . 193
Histoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105 Campagnes nautiques . . . . . . . . . . . . . . . . . 194
Peuple et culture . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107 La vie à bord . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 194
Personnalités éminentes . . . . . . . . . . . . . . 113 L’équipage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 195
Lieux jaraguayens . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120 La différence entre un équipage et une marine . . 196
La Compagnie commerciale atabéenne . . . . . . . 123 Le vote . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 196
La philosophie de la Compagnie . . . . . . . . . . 126 Marines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197
Les activités de la Compagnie . . . . . . . . . . . 126 « Parce que » plutôt que « Et alors » . . . . . . . . 198
Membres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133 Deux questions récurrentes . . . . . . . . . . . . . 199
Relations internationales . . . . . . . . . . . . . 137 D’autres exemples d’Aventures . . . . . . . . . . . . 201
Fort Liberté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
Annexe 203
La Vengeance et le Corbeau par Jennifer Mahr
L
a taverne empestait le whisky aigre, l’air marin et Meg posa le tonneau avec un grognement.
l’odeur prenante du tabac. Comme à la maison, quoi, « J’peux ben m’en charger moi-même. Si j’me mets à
se dit Marisol en laissant la porte se refermer derrière m’tourner les pouces à longueur d’journée, j’vais pas faire
elle. C’était le milieu de l’après-midi et le tripot de la mère d’vieux os. J’peux m’occuper d’mon vin. » Elle s’essuya
Meg était presque vide. Cela changerait d’ici quelques les mains sur son tablier, parsemant les vieilles taches de
heures : au coucher du soleil, des marins de tous bords nouvelles traînées de poussière, puis rassembla sa touffe
viendraient s’y entasser après leur journée de labeur. éparse de cheveux gris qu’elle noua à l’aide d’une ficelle
Même à quai, il y avait bien des choses à faire en journée, de cuir. « Alors comme ça, t’as d’l’argent pour moi ? »
comme raccommoder les voiles ou se réapprovisionner en s’enquit-elle, son visage ridé fendu d’un sourire avenant.
vivres et en munitions. De jour, la myriade de bateaux et Marisol tira une bourse en cuir de sous son manteau.
d’échoppes de Sylviette commerçaient à fond de train, « On met les voiles ce soir. Je pense que je te dois un ou
mais dès la tombée de la nuit, les boutiques diurnes deux verres de la part de mes gars.
fermaient et les lieux comme le tripot de la mère Meg – Ha ! fit Meg en frappant le bar du plat de sa main. Un ou
prenaient vie. Pour le moment, la lumière extérieure ne deux, ça oui, et pas qu’ça ! Attends donc, j’vais t’dire ça. »
faisait que rehausser les ombres intérieures. La vieille femme farfouilla sous le comptoir et en sortit
Malheureusement, le vaisseau et l’équipage de Marisol ne une ardoise couverte de coches. Elle lui donna un chiffre
seraient pas présents pour se joindre aux réjouissances de et Marisol se retrouva avec la bourse plus vide qu’elle ne
ce soir, raison pour laquelle elle se trouvait actuellement l’aurait apprécié, ce qui était à prévoir.
dans le rade préféré de ses gars. « Hé, avant qu’tu t’en ailles, la héla Meg en tapotant
« Meg, cria-t-elle. Je viens payer mon ardoise ! le comptoir alors qu’elle faisait demi-tour. J’ai entendu
– Ah ça, c’est ben gentil d’ta part, ma p’tite. » quequ’chose qui pourrait t’intéresser. »
Meg en personne émergea d’une trappe derrière le comp- Marisol se retourna et parcourut la pièce obscurcie du
toir, charriant un tonneau qui devait bien faire la moitié de regard, imitée par Meg. Dans un coin, un trio de marins
son poids. Marisol secoua la tête. étaient absorbés par une partie de cartes et, sur une chaise
« Tu n’as pas du personnel pour s’occuper de ce genre près de la cheminée, un vieil homme dormait, amoureu-
de choses ? » sement lové contre une choppe vide. Aucun d’entre eux
4 La Vengeance et le Corbeau
n’était à portée des propos que Meg murmura. neuf ans, se curait les ongles à l’aide d’un couteau impo-
« Y a un navire marchand, Le Faucon, qu’a levé l’ancre sant. Un panneau accroché à la façade représentait une
avec la marée de c’matin. C’t’un brick aux couleurs d’la empreinte de main sanglante croisée d’une dague cruelle
Montaigne. ’L’est supposé transporter d’la canne à sucre et d’un pistolet, le tout surplombant le mot « McGee »
échangée contre du vin, mais j’ai appris d’source sûre qu’il peint en noir. Marisol fit un signe de tête.
transporte deux fois c’poids-là en or. Ça leur vient d’encore « C’est la maison de Bonnie la sanglante ? J’arrive pas à
plus de vin et d’aut’ marchandises qu’ils ont amenées sans croire qu’elle a abandonné la mer.
jamais les déclarer. J’suis pas du genre à dire des ragots, – Exact, acquiesça Jones. J’y suis passé d’ailleurs. J’y ai
bien sûr, mais t’es une brave fille et t’as toujours payé rubis échangé un lot de pistolets du dernier navire qu’on a pris
sur l’ongle. Et m’est avis qu’une cargaison comme ça, ça ainsi qu’une collection de sabres. Je nous ai eu un joli petit
pourrait donner à un équipage assoiffé d’quoi s’payer un douzième canon en retour.
tas d’verres, acheva-t-elle avec un clin d’œil. – Ce sera pas de trop. Bonnie s’en sort bien alors ?
– Meg, tu es trop bonne avec moi, répondit Marisol en – Toujours dans le coup, confirma Jones. Elle m’a d’ail-
riant. Et tu n’as pas tort. Qu’est-ce que je peux te donner leurs proposé de m’échanger un de ses enfants, des fois
pour un tuyau pareil ? qu’on ait besoin d’un singe à poudre. »
– Oh allons, tu m’dois rien du tout. Tu viens payer ta Marisol aboya d’un rire bref.
note, c’est ben assez. Et pis… » Meg tapota la main de « Contre quoi ? Encore des armes ?
Marisol et la regarda d’un air affectueux. « Tu m’rappelles – Du vin. »
ma p’tite, ouaip. Maline et solide. Fais de c’t’information
c’qui t’semble bon. J’veux rien en échange. » Véritable modèle d’efficacité, Jones avait déjà chargé le
Sur ces mots, elle se retourna vers la trappe qui menait à dinghy de leurs nouvelles marchandises et deux matelots
la cave et en descendit prudemment les marches. Marisol s’y tenaient prêts à ramer jusqu’à leur navire. Marisol
l’observa jusqu’à voir disparaître sa touffe grise, puis elle gratifia celui qu’elle connaissait d’un hochement de tête
ressortit sa bourse et la cala sous le bar, là où nul autre tandis que Jones accordait au deuxième une tape sur
que Meg ne la verrait. Une fois cela fait, elle ressortit en l’épaule.
plein jour. « Capitaine, voici M. Clovis. Il va nous rejoindre à bord
Au bout de quelques enjambées à peine, elle se retrouva de La Vengeance.
flanquée de son second, plus grand qu’elle d’une bonne – Capitaine, fit l’intéressé en se décoiffant. C’est un
tête et la peau plus claire que son hâle castillian. honneur de faire partie de votre équipage. »
« Jones, le salua-t-elle. Alors ? Elle lui donnait la trentaine. Il avait du ventre, le crâne
– On a assez de munitions pour une quinzaine. Pareil dégarni et l’air enthousiaste. Elle jeta un regard à Jones, un
pour la nourriture. J’ai aussi embauché deux nouveaux gars, sourcil dressé. Il haussa les épaules.
l’équipage est au complet. « Ravie de faire votre connaissance, monsieur Clovis. Je
– On dirait que tu as eu une après-midi productive. présume que vous savez ramer ? »
– Comme d’habitude. » Ils furent promptement ramenés à leur vaisseau.
Ils tournèrent à l’angle. S’engageant dans la grand-rue, Marisol sourit intérieurement, saisie de cette joie aiguë
ils se retrouvèrent rapidement engloutis dans la masse de qu’elle ressentait chaque fois qu’elle montait à bord de
marchands qui vantaient leurs articles et de groupes de La Vengeance d’Adélaïde. Tandis que les provisions étaient
marins qui traversaient la vaste allée. À leur gauche s’étendait stockées et que l’équipage s’affairait aux préparatifs, elle
l’étincelante mer turquoise baignée de soleil, avec son port manda Jones et ses autres officiers dans sa cabine.
rempli de bateaux de toutes tailles et de toutes provenances. « Les gars, on a un lapin, annonça-t-elle sans préambule.
La plage sablonneuse était bordée de palmiers indolemment Un brigantin bien dodu garni d’une cargaison plus fournie
penchés, surplombés de leurs larges frondes épanouies. qu’il l’a laissé entendre. Il a un jour d’avance sur nous, mais il
À leur droite se trouvait une rangée de bâtiments navigue le ventre plein et il est peu protégé, étant donné qu’il
calés les uns contre les autres et ornés de panneaux qui croit avoir berné son monde. Le rattraper devrait être un jeu
clamaient leur activité, certains sous la forme de textes d’enfant. Beccah, dans combien de temps on peut partir ? »
manuscrits ou imprimés, la plupart sous la forme d’images, Sa maîtresse des voiles se renfonça dans sa chaise,
étant donné que l’essentiel de leur clientèle ne savait qu’à mâchonnant l’extrémité de sa longue natte blonde.
peine lire. Une boutique vendait et reprisait des filets, une « Je peux nous avoir à pleine vitesse en moins d’une
autre des voiles, et une troisième vantait l’étanchéité de heure, si tant est que tout le matos est prêt. »
ses barriques scellées à la poix. Beccah jeta un regard à Donald, le vieux maître d’équi-
Ils passèrent devant un petit bungalow légèrement en page à l’air perpétuellement ombrageux.
retrait avec un porche étroit et des rambardes en corde « J’ai donné mes instructions. Normalement, on est parés. »
contre lesquelles trois enfants au regard fuyant étaient Il s’exprimait avec l’assurance d’un homme dont l’équi-
appuyés. L’un d’entre eux, qui ne devait pas avoir plus de page ne fait pas d’erreurs, et cette confiance était justifiée.
6 La Vengeance et le Corbeau
– Je t’en ficherai un hameçon, et je vais te le coller au Beccah tenait en main un morceau de corde, l’air grave.
fond de ton… « Elle a cassé, diagnostiqua-t-elle, le regard rivé sur l’extré-
– Bien ! Capitaine, je pense que nous en avons fini ? inter- mité de la corde qui, quelques minutes plus tôt, maintenait
vint Jones avec une fausse bonhomie. encore le grand mât. Et c’est sûrement pas la seule. » Elle
– Nous n’en avons pas fini du tout, répondit Marisol sans indiqua le cordage qui aurait dû fixer la voile au mât de hune
cesser de fixer Calder afin de ne pas rater la lueur dans son et qui battait maintenant au vent. « Pour qu’une chose pareille
regard ou le battement qui anima sa gorge. arrive, les manœuvres ont dû céder en plusieurs endroits.
– C’est donc une course, fit-il en élargissant son sourire. Quand on a pris le vent, ça a tiré sur le câble principal qui
– Une course », confirma vertement Marisol sans faire s’est rompu. Le reste a suivi comme les maillons d’une chaîne.
attention au soupir bruyant de Jones. – Trois jours au port, trois jours pour contrôler tout le
matériel, et on lève l’ancre avec des cordes pourries ? »
« Il doit avoir une sorcière de la Destinée à bord, rumina Marisol luttait pour ne pas céder à la colère. Beccah
Marisol en arpentant le gaillard d’avant, torturée par secoua la tête, pâle mais sûre de son fait.
l’inaction. Ou une sorcellerie du genre qui gonfle ses voiles « Aucun signe de pourrissement. » Elle regarda de
pendant qu’on dérive. nouveau la corde qu’elle tenait. « Elle est abîmée. Ç’aurait
– On ne dérive pas. été une seule corde à un seul endroit, j’aurais pu croire à
– Eh bien on n’avance pas. de la malchance, ou bien que la corde se soit prise dans
– Bien sûr que si, on a juste affaire à une accalmie. Avec quelque chose et usée. Mais là… » Elle indiqua de nouveau
Beccah, on sera bientôt revenus à pleine vitesse. » la voile qui battait au bout du cordage cassé. « Peut-être
Elle examina Jones tranquillement accoudé au bastin- que la corde était mal fichue.
gage. La plupart du temps, elle trouvait que le calme de – Peut-être mais probablement pas ? demanda Jones en
son second venait équilibrer son tempérament fougueux à échangeant un regard avec les deux femmes.
elle, mais parfois, elle était certaine qu’il agissait de la sorte – Très probablement pas, fit sombrement Beccah.
exprès pour l’énerver. – Ce qui veut dire que quelqu’un à bord de mon
« Tu préférerais qu’on abandonne. Tout ça parce que c’est bateau pourrait avoir fait le coup », conclut Marisol, les
à Calder qu’on a affaire ? » lèvres pincées.
Elle guetta sa réaction pour voir s’il tiquerait, mais il garda les Beccah leva la tête et contempla le gréement
yeux fixés sur la mer et son attitude relâchée ne changea pas. en surplomb.
« C’est pas Calder le problème. Le problème, c’est que « Il faut que j’envoie mes gars vérifier le moindre centi-
tu ne sais pas renoncer à un défi. Et il le sait, pour ton mètre de tout ça.
information. » – Vas-y, dit Marisol. Et vite. »
Elle se mordit la langue. Il avait raison, mais ça ne l’em-
pêchait pas de vouloir répliquer. Marisol était assise dans sa cabine, éclairée par une
C’est alors qu’un concert de cris de joie résonna sur le lanterne solitaire. La quatrième heure du quart inter-
pont principal, vers lequel elle se tourna pour voir la grand- médiaire venait de sonner. Eût-elle été raisonnable, elle
voile se gonfler majestueusement. Elle revint vers Jones, se serait déjà couchée, mais après ce qui s’était passé
prête à admettre qu’il avait eu raison pour l’accalmie, aujourd’hui, elle n’était pas d’humeur.
quand un craquement sec retentit et les vivats se chan- Passer le gréement au peigne fin leur avait pris plusieurs
gèrent en cris de surprise et de panique. Elle se retourna heures. Les gars de Beccah avaient dénombré une douzaine
à temps pour voir la bôme tourner dans le vide. Dans un d’endroits où les cordes étaient également fragilisées.
fracas feutré, la moitié de la voile tomba et s’écroula sur Chaque dommage pris à part aurait pu être attribué à l’usure
elle-même, comme un marin abattu d’un coup de feu. ou à la malchance, mais autant d’un coup, c’était trop gros.
Marisol jura et se rua au sein du chaos. La bôme continuait Ça ne pouvait être que de la sorcellerie ou du sabotage.
de pivoter tandis que l’équipage courait après les cordages Marisol contempla la tasse qu’elle tenait et en sirota le
en pagaille, s’efforçant de l’arrêter. D’autres progressaient contenu, savourant la lente brûlure du rhum.
accroupis pour venir en aide à ceux qui avaient été fauchés. Difficile de savoir à quel point leur pépin les avait
Elle attrapa un câble tenu par deux hommes et les aida à le retardés. Le Faucon était lent et alourdi, mais pas
maintenir, immobilisant la massive pièce de bois. Le Corbeau d’or. Il était possible que Le Corbeau ait déjà
La situation désormais momentanément sous contrôle, atteint Le Faucon et que les efforts nocturnes que Marisol
elle estima les dégâts. Apparemment, la plupart des gars exigeait de son bateau et de son équipage ne soient
s’en étaient sortis avec les nerfs en pelote et quelques investis qu’en pure perte. Mais la mer recelait son lot d’in-
brûlures de friction aux mains. Jones s’occupait d’un gars à connues et elle n’allait pas baisser les bras juste parce que
l’œil barré d’une taillade sanglante. c’était peut-être peine perdue. Cela dit, s’arrêter de ruminer
« Beccah ! » cria Marisol en s’avançant vers la maîtresse là-dessus pour prendre quelques heures de sommeil lui
des voiles. ferait probablement du bien.
8 La Vengeance et le Corbeau
laisser sur un radeau derrière le bateau, un peu avant les « Est-ce qu’il t’a dit quoi faire pour ralentir mon navire ?
premières lueurs. On te mettrait bien au centre, dans un demanda-t-elle.
cercle de poix qu’on allumerait, tu vois ? L’équipage pour- – Euh, non. C’était à moi de me débrouiller. Il m’a juste
rait alors prendre des paris : est-ce que tu cramerais ou dit de m’assurer que vous auriez des difficultés. »
est-ce que le radeau brûlerait sous tes pieds et t’enverrait Elle acquiesça.
te noyer ? Beccah adore les petits jeux. « Et comment tu comptais toucher ta récompense et
– Est-ce qu’il y a un bonus si on parie sur l’éventualité prendre ta retraite sur ton île si tu faisais sauter le bateau
qu’il se fasse manger par un monstre marin, que ce soit à bord duquel tu étais ?
dans l’eau ou sur le radeau ? s’enquit Jones, intrigué. – Hein ? fit-il, manifestement perplexe.
– C’est quoi cette obsession sur l’idée de se faire – Tu as allumé un baril de poudre dans une salle remplie
manger ? fit-elle avec un soupir exaspéré. T’as sauté ton d’autres barils de poudre, grinça-t-elle, sa patience décrois-
dîner la nuit dernière ? » sant à vue d’œil. À quel point est-ce qu’il faut être idiot
Jones se contenta de hausser les épaules. pour vouloir faire couler un bateau sur lequel on est au
« Ça suffit ! C’est bon, c’était moi, c’est ma faute : les milieu d’eaux infestées de monstres ? »
voiles, le feu, c’était moi ! babilla Clovis à toute allure, la Un ange passa lentement dans la pièce. Marisol était
voix enrouée. Tout est ma faute, je suis désolé, par pitié, certaine que Clovis digérait l’idée sous ses yeux, et elle
je veux pas finir mangé ou brûlé vif ou noyé… ou découpé avait l’impression de voir un homme avec trois dents
ou écartelé ! » mâcher sa nourriture. Jones rompit le silence.
On lui voyait tout le blanc des yeux. Il avait l’air d’un « Il faut dire, capitaine, s’il s’agit de charger quelqu’un de
cheval prêt à bondir à travers les flammes plutôt que de saboter le vaisseau à bord duquel il se trouve lui-même,
rester immobile, aussi Marisol se figura-t-elle qu’il était il faut un homme soit très stupide, soit admirablement
mûr pour une discussion. Elle lui glissa la tasse d’eau et lui malin. À votre avis, lequel revient le moins cher ? »
donna la permission d’un hochement de tête. Il l’attrapa
et en engloutit le contenu si précipitamment que l’eau L’aurore aux doigts de rose caressait l’horizon, promesse
dégoulina sur son menton, traçant des stries dans la suie de la journée à venir, mais La Vengeance était encore
dont il était maculé. baignée de ténèbres et d’une bruine glacée. Les marins
« Pourquoi ? » arpentaient le pont tels des fantômes, efficaces et silen-
Il la fixa, toujours cramponné à la tasse vide. Jones se cieux. Un bon équipage sait qu’il ne faut pas faire de bruits
plaça à ses côtés et le déposséda de la tasse, des fois qu’il inutiles quand la visibilité est si mauvaise qu’une oreille
lui viendrait à l’idée de s’en servir comme arme. Ça n’avait indiscrète pourrait s’être glissée près du bateau.
pas l’air d’être son genre, mais ce soir, Marisol n’avait plus Les ultimes heures de la nuit leur avaient fait l’offrande
envie de courir le moindre risque. d’un vent fort, et ils naviguaient à une vitesse respectable
Elle vit les yeux du prisonnier s’illuminer d’une panique sans être excessive. Trois vigies avaient été postées dans le
qui laissa vite place à une morne résignation. gréement, à l’affût de tout danger. Marisol faisait les cent
« On m’a payé, dit-il simplement. pas sur le pont, trop agitée pour dormir. Leur saboteur
– Qui ça ? » avait été neutralisé, mais elle ignorait s’ils étaient toujours
Elle ne s’en enquérait que par principe, mais autant en en chasse ou si leur proie était déjà aux mains d’un autre
avoir confirmation à haute voix. prédateur. Donald la rejoignit d’un pas presque silencieux
« Le capitaine Calder. » pour un homme aussi massif. Sans un mot, il lui tendit
Marisol grimaça lorsque sa tasse en argent fut jetée au une tasse d’un breuvage sombre et épais. Elle ingurgita le
sol avec probablement assez de force pour laisser une café, passant outre l’amertume et la sensation de brûlure
marque aussi bien dans le plancher que sur la tasse. Clovis sur sa langue.
eut un couinement terrifié de surprise et elle échangea « Est-on armés et parés à tout ce qui peut nous arriver
un regard avec Jones qui la foudroyait d’un je te l’avais aujourd’hui ? s’enquit-elle.
dit muet. – Tu as besoin de me le demander ? répondit-il de sa voix
« Continue », intima-t-elle à Clovis tout en surveillant rendue râpeuse par bien des années de tabac, de rhum et
Jones qui s’efforçait de se maîtriser. Ce n’était que dans de d’air marin.
tels moments que ceux qui le connaissaient bien pouvaient – Non, admit-t-elle. Mais je n’en peux plus d’entendre ma voix
repérer des signes de son humeur. dans ma tête. Je me disais que j’allais lui faire prendre l’air. »
« Il m’a embauché à Sylviette. Il m’a dit de me faire Donald repartit avec un petit rire, laissant Marisol
engager sur ce bateau. Il m’a dit que si je vous ralentissais, contempler la mer. L’eau était agitée et le pont dansait
ma fortune serait faite : je pourrais prendre ma retraite sous ses pieds tandis qu’ils fendaient les vagues.
sur une petite île, me trouver une gentille femme et me Un cri qu’on aurait pu prendre pour celui d’une mouette
contenter d’attraper des crabes pour le dîner sans jamais déchira le silence : deux sons brefs suivis d’une pause puis
avoir à reprendre la mer. » L’idée le laissait rêveur. d’un troisième. Le pont s’anima instantanément. L’une des
10 La Vengeance et le Corbeau
« Quoi que t’aies en tête, va falloir faire vite, lâcha-t-elle, des pirates », répliqua-t-il, lui arrachant un reniflement de
le visage pâle. rire tandis qu’ils se rendaient sur Le Faucon.
– Dis-moi quelque chose que je sais pas, maugréa Marisol. L’équipage marchand avait été rassemblé à la poupe du
– D’accord, contra vivement Beccah. Jones est à la barre. bateau sous la garde des gars de Calder. Ce dernier en
Il a utilisé ses espèces de Glamours d’Avalonien et franche- personne la salua joyeusement.
ment, c’est uniquement grâce à lui que le bateau tient le « Je craignais que tu ne puisses te joindre à notre petite
coup. Alors quoi que tu veuilles faire, fais-le vite avant que fête. Enfin, mieux vaut tard que jamais.
lui et La Vengeance s’écroulent du même coup. » – Je ne voulais pas arriver les mains vides alors je me suis
Dans un juron, Marisol se retourna vers Donald qui arrêtée pour prendre à déjeuner. »
acquiesça. Les marins se mirent bras dessus, bras dessous Elle retira le sac attaché à sa ceinture et le jeta à ses pieds
pour se soutenir tandis qu’ils s’aventuraient suffisamment de sorte que le morceau de tentacule carbonisé et caout-
près des tentacules pour les recouvrir du liquide gluant chouteux glissa par l’ouverture pour venir s’échouer au
et puant extrait des barils. Lorsqu’ils furent tous généreu- bout de sa botte. L’un des nombreux restes qu’ils avaient
sement enduits à l’exception de celui accroché au mât, détachés de la coque du bateau.
Marisol donna l’ordre de mise à feu. Une demi-douzaine « Oh. Voilà qui est… appétissant.
de briquets furent battus et le mélange de poix et de – Je t’ai aussi apporté autre chose. Tu avais laissé ça sur
poudre à canon s’alluma. L’air s’emplit de fumée et d’une mon bateau. »
odeur nauséabonde de graisse brûlée. La peau du monstre Sur un signe de sa part, Volya porta plus qu’il ne traîna
grésilla et éclata. M. Clovis auprès du groupe. Calder s’apprêta à parler mais
Un rugissement semblable à rien de ce que Marisol elle l’interrompit d’un geste.
n’avait entendu auparavant s’éleva et La Vengeance mugit « Tu te rends compte que ce mollusque à pattes a essayé
d’une façon qui lui changea l’estomac en pierre. Tout d’un de faire sauter mon vaisseau ?
coup, les tentacules enflammés se retirèrent et s’agitèrent – Vraiment ? Voilà qui est…
follement avant de retourner dans l’eau. Elle courut – Ignoble ? » suggéra-t-elle alors même que Calder finis-
jusqu’au bastingage à temps pour voir la bête battre en sait par un « … ambitieux. »
retraite dans les profondeurs, les flammes persistantes Il leva les mains comme s’il faisait mine de se rendre.
accompagnant sa fuite de lueurs étranges. « Je te promets que je n’ai fait que lui dire de s’assurer
Dès qu’elle put être certaine que le monstre ne revien- que Le Corbeau arriverait en premier. À lui de gérer les
drait pas, elle se rua à la barre, où une foule s’était rassem- détails. Tu me connais, je ne me complique pas la vie,
blée autour de Jones. Il était étendu sur le pont, la peau je préfère déléguer, argua-t-il en la gratifiant d’un sourire
pâle, la respiration lourde, un bras salement tordu. Elle charmeur. Par exemple, je t’ai délégué ce problème de
s’assit à ses côtés et posa une main contre sa gorge. Son pieuvre et tu t’en es chargée magistralement. »
pouls était rapide mais régulier. Les yeux de Marisol s’étrécirent. Elle caressa l’idée
« Tu es un idiot, dit-elle. de l’embrocher avant que quiconque ne puisse réagir.
– Tu m’as dit de gagner du temps, souffla-t-il. Je suis « Tu penses que tu vas réussir à étouffer ma rancune
toujours viré ? avec des mots doux ?
– Idiot, répéta-t-elle doucement avant de faire signe à – Il a bien réussi à te faire l’épouser, fit remar-
Donald. Amène-le au chirurgien. » quer Jones.
– T’as fini avec ça ? renvoya-t-elle. C’était même pas
En fin d’après-midi, ils eurent rattrapé Le Faucon. Le un vrai prêtre. » L’air qu’arborait Calder la glaça. « Tu
Corbeau d’or était attaché à son côté et son équipage avait avais dit que c’était pas un vrai prêtre.
investi l’autre navire, quoique depuis peu, apparemment. Ils – En fait, je crois me rappeler avoir dit que je ne savais
étaient encore en train d’en vider la cale. Techniquement, pas si c’était un vrai prêtre. Après tout, l’habit ne fait
le défi donnait la victoire au premier à atteindre le vaisseau
pas le moine. »
marchand, mais Marisol se sentait davantage liée par l’esprit
Marisol se retint une fois de plus de l’embrocher. Elle
que par la lettre de l’accord. Elle donna l’ordre de mener le
serra les dents et relança :
vaisseau de l’autre côté du Faucon. Elle venait de couler une
« On va prendre les deux tiers de la cargaison. Et c’est
pieuvre. À ce stade, si Calder se sentait de faire feu sur son
à toi de payer la compensation de mon second pour les
navire, elle l’enverrait rapidement rejoindre le monstre marin.
blessures qu’il a subies. » Jones le salua de son bras valide.
« Et je te laisse t’encombrer de cet abruti de traître, ajou-
« Ça a vraiment intérêt à être une sacrée cargaison,
ta-t-elle avec un signe de tête abrupt vers Clovis. Et si je
commenta Jones.
vous recroise toi ou ton navire dans les deux semaines à
– Est-ce que quelqu’un qui vient d’avoir une fracture ne
venir, je vous envoie fissa au fond de l’océan. »
devrait normalement pas se reposer ? souleva-t-elle.
– Quelqu’un m’a dit que les gens normaux ne font pas
Volya se rangea à ses côtés, de toute évidence plus
12 La Vengeance et le Corbeau
Introduction
14 Introduction
La magie de la mer Atabéenne
PIRATES HÉROÏQUES ET
Hors des frontières de Théah, des magies secrètes flottent
PIRATES HISTORIQUES
entre les vagues et le vent. Ce livre détaille six formes
7e Mer est un jeu de rôle de cape et d’épée où
de magies nouvelles et puissantes qui n’attendent que
vos Héros : les joueurs incarnent des personnages héroïques.
Or, historiquement, les activités des pirates telles
• La magie des chartes : les pirates sont unis par que nous les connaissons apparaissent clairement
une Sorcellerie unique en son genre. Il suffit d’un comme illicites, illégales et, au mieux, morale-
peu de sang, d’une signature et de quelques mots ment discutables.
prononcés au-dessus d’un feu.
• Les dons de Jonah le Diable : l’antique pirate Dans ce jeu et dans le présent ouvrage, le parti
mort-vivant connu sous le nom de Jonah le Diable pris est que tout pirate peut également être
hante les océans à la recherche de membres de un héros de cape et d’épée. Pour comprendre
marins pour lever sa terrible malédiction. Qui cette mentalité, réfléchissez au genre de cape et
peut supporter de se trancher le bras, la main ou d’épée. Peter Blood, le héros pirate de Capitaine
le pied, ou encore de s’arracher l’œil pour ensuite Blood, ne s’en prend qu’à ses ennemis avoués :
jeter sa sinistre offrande à la mer, se verra récom- ceux qui l’ont réduit, lui et son équipage, en
pensé d’un don. Un bien sombre don. esclavage, et ceux qui cherchent de nouveau à
• Kap sèvi : la puissante religion des Jaraguiens l’asservir ou à le supprimer.
effraie et mystifie la plupart des Théans. Les
Jaraguiens consacrent de longues heures à prier Les pirates en général se rient des lois des
d’anciens esprits au cours de rituels complexes Nations, mais les pirates héroïques, eux, croient
dans l’espoir de s’attirer leur faveur. Celui qui en la justice et en la liberté pour tous les peuples.
échoue doit en payer le prix. Des pirates scélérats existent également et
• Mohwoo : si vous pouvez trouver Aragosta, sont présents dans ce livre. Leur préoccupation
que vous en avez les moyens et que vous pouvez pour la justice et la liberté ne va pas plus loin
supporter la pointe des aiguilles d’un huajia, vous qu’eux-mêmes.
pourrez acquérir un tatouage qui vous conférera
des capacités inhumaines. Votre pirate fera-t-il usage de sa liberté
• Mystírios : la magie de la Numa. Joignez-vous aux pour aider autrui à trouver la sienne ou pour
cultes à mystères des anciens dieux numanaris, soumettre les faibles et se remplir les poches ?
apprenez leurs secrets et héritez des pouvoirs de
légendes ancestrales.
• Soryana : les ancêtres des Rahuris ne vont pas
loin lorsqu’ils meurent. Ils vont de « l’autre côté
Larguez les amarres !
Et maintenant, il est temps de lever l’ancre, de hisser la
de l’île », ou Soryana. S’il vous faut de l’aide pour grand-voile et de partir à l’aventure en haute mer ! Si vous
une tâche difficile ou que vous avez besoin de voulez vous lancer sans attendre dans la création de votre
la sagesse et des conseils de vos ancêtres, vous Héros pirate, allez directement au Chapitre 2 : La vie
pouvez vous rendre au Pays des morts, de l’autre d’un pirate !
côté de l’île, et vous entretenir avec votre arrière- Si vous voulez au préalable vous renseigner au sujet
grand-oncle Majagua, voire requérir sa présence des différentes Nations pirates, commencez par le
afin qu’il vous aide à chasser un monstre marin Chapitre 1 : Ports d’escale où vous en apprendrez plus
particulièrement coriace. sur ces Nations naissantes, leurs convictions politiques,
leurs figures éminentes et leurs conflits. Vous y trouverez
largement de quoi occuper un équipage entreprenant tout
le long de son existence.
Le berceau de la civilisation (du moins aux yeux des le théâtre d’innombrables conflits à travers les siècles.
Théans) est un groupement d’archipels et d’îles. Il est situé Plusieurs Nations se sont disputées la mainmise sur ses
au sud et à l’est de la Fédération, au nord et à l’ouest de archipels et ses détroits. La Numa est un carrefour straté-
l’Empire du Croissant, non loin du continent méridional gique entre trois grandes puissances : la Théah, l’Empire
que certains nomment l’Alkebulan (et d’autres l’Ifri). Son du Croissant et l’Ifri. Chacune souhaite s’approprier la
nom, qui est aussi celui de la mer qui l’entoure, résonne à Numa, autant pour ce qu’elle symbolise que pour l’intérêt
travers la Théah. militaire et économique que ses Îles représentent.
La Numa. Une quatrième puissance, la Numa elle-même, s’est
Terre de l’ancienne République numanari, terre de héros battue pour sa souveraineté, versant le sang de quiconque
et de mythes, lieu de naissance de la logique, de la raison se targuait de pouvoir conduire sa destinée. Pendant des
et de la science. Ce simple nom résonne de l’ensemble de siècles, les îles Numanaris ont combattu leurs envahis-
l’histoire humaine. seurs, tantôt célébrant leur victoire, tantôt acceptant leur
Mais c’était il y a longtemps. défaite. Mais nulle force d’occupation ne subsiste long-
La Numa que les universités et les écoles théanes portent temps sur les Îles. Tôt ou tard, elle se voit chassée, que ce
aux nues était le fruit d’une ère de légendes et de monstres, soit par une autre Nation venue la supplanter ou par les
une ère de philosophie magistrale qui planta les germes Numanaris eux-mêmes.
d’une conception moderne de l’étude scientifique à travers Et que nul ne s’y trompe : la Numa n’a de comptes à
le monde connu. D’aucuns affirment que le monde serait rendre qu’à elle-même. Elle est une idée autant qu’un pays,
resté dans les ténèbres sans les Numanaris. un rêve autant qu’une Nation.
La Numa actuelle est bien différente. Les Îles ont été
réputation. T, V, X, Y. 1, 3, T, 7. Je vais
teurs bienveillants jusqu’aux monstres cruels, chacun avec
La Magna Numara
Cette ligue innovante est le fruit de l’union de trois cités-
États qui souhaitaient conserver leur indépendance face
à des voisins agressifs. Sitôt que la Numa eut regagné Nikiamara
sa liberté, la polis d’Adamaradon déclara son intention Nikiamara est l’une des plus anciennes cités de la pointe
d’annexer tous ses voisins pour former une puissante méridionale de la Numa. Il s’agissait jadis d’une cité
Nation sous l’égide de son roi, Milyptos. En réponse, trois prospère d’érudits et de guerriers. Considérée comme le
des plus proches cités du nord, Akragosus, Libanuma et carrefour de la pensée à l’époque précédant les nombreuses
Bothrauton, s’unirent contre Adamaradon pour protéger invasions de la Numa, Nikiamara comprenait un nombre
leurs citoyens et leur avenir. Face aux trois cités unies, l’in- époustouflant d’écoles, consacrées à des sujets allant de
vasion fut brève : les forces du roi Milyptos furent mises la philosophie à la guerre en passant par la médecine et
en déroute de manière aussi prompte qu’inattendue. Pour l’étude du monde naturel. La cité hébergeait également
célébrer cette victoire, les cités cimentèrent leur alliance et trois grands temples dédiés aux dieux et déesses qui
formèrent la Magna Numara, une ligue dédiée à la défense, gouvernaient les domaines de l’étude : Theonoa Dianoia,
la croissance et l’unité mutuelles. Supati et Caledon. Elle était vue comme la plus paisible
Les cités de la Magna Numara fonctionnent chacune des cités. Ce fut ce dévouement à la connaissance plutôt
selon leur propre structure gouvernementale. Akragosus qu’à la guerre qui en fit une cible de choix pour les raids de
est une cité-État démocratique, avec un sénat de représen- l’Empire du Croissant.
tants inféodé à un proconsul élu par le peuple. Libanuma L’invasion de l’Empire du Croissant causa la perte de ce
est une cité d’artisans et d’enseignants, d’origine principa- centre d’étude. On dit qu’un général félon du Croissant
lement ifrienne, dirigée par un roi choisi parmi les notables nommé Islandur l’incendia au mépris de ses ordres, afin
et les chefs des diverses familles nobles de la cité. de montrer aux Numanaris le sort qui les attendait. La
La cité fluviale de Bothrauton est soumise à un régime cité finit quasiment rasée, ses années d’histoire réduites
dynastique nettement moins démocratique. L’actuelle à néant. Les populations du Croissant qui s’établirent
reine, Calysto, est la fille à moitié Vesten du chef de guerre dans Nikiamara se contentèrent de reconstruire sur ses
qui prit la cité à la Vodacce. Elle a l’intention de rester décombres encore fumants et de faire de la nouvelle cité un
au pouvoir tant qu’elle pourra garder le trône et a, pour monument à leur victoire. Le temps passa et l’Empire du
l’heure, essuyé six violentes tentatives d’assassinat en seule- Croissant fut chassé de la Numa. La cité devint alors un
ment quelques années. monument à la nature éphémère de telles victoires, ainsi
Les trois dirigeants se disputent parfois entre eux, mais qu’à la vulnérabilité de la connaissance face aux conquêtes
ils sont soudés par l’idée que leur unité est la quintessence sanglantes. Aujourd’hui, Nikiamara est une cité de ruines
de la phrase : « Nous sommes la Numa ». Défier une cité, anciennes sous une ville portuaire moderne. Historiens
c’est les défier toutes les trois. et aventuriers viennent de partout pour demander à
Galatus, chef de guerre et pirate impitoyable, de leur
donner l’accès au vaste labyrinthe de ruines sous les rues
de Nikiamara, dans l’espoir d’y trouver une mine de savoir
antique inconnu.
Naucriparos
Tout pays a ses aspects crapuleux, et on ne peut pas
faire plus crapuleux que Naucriparos. Un dicton dit que
quiconque a un jour triché, volé ou tranché une gorge dans
la Numa a mis au moins une fois les pieds à Naucriparos,
la cité mercenaire.
Initialement bâtie au cours de la guerre en tant que relais
portuaire pour les soldats numanaris qui naviguaient d’une
partie du royaume à l’autre, Naucriparos était une cité
construite à la hâte qui faillit ne pas survivre à la lutte
constante pour la liberté. Une fois la paix instaurée, les
hommes et femmes qui avaient repoussé les conquérants
de la Numa quittèrent Naucriparos et rentrèrent chez eux,
laissant une cité portuaire parfaitement viable aux mains
d’un maigre groupe d’autochtones. Un conseil provisoire
s’instaura et, l’espace d’un temps, la tranquillité régna…
Puis la Ligue de la Main rouge débarqua.
Constituée de soldats de métier et de mercenaires, la
Ligue de la Main rouge avait été créée pour permettre aux
vétérans numanaris de vendre leurs aptitudes martiales
âprement rodées au plus offrant. Avec à leur tête cinq
ex-héros de guerre numanaris décorés, les Mains rouges
firent de Naucriparos le port d’escale de quiconque
cherche des mercenaires, ainsi que de tout mercenaire à la
recherche d’un endroit où se poser. Dans cette ville, n’im-
porte qui peut trouver le tueur à gages ou le voleur dont
il a besoin, à condition d’y mettre le prix. Les rues sont
peut-être dangereuses, mais chaque établissement respecte
le code des Mains rouges : toujours respecter un contrat,
ne jamais abandonner une autre Main dans le besoin et ne
jamais chercher querelle, mais toujours y mettre un terme.
La Bucca, l’île de la Tentation, était jadis la plus célèbre Pendant les quelques jours nécessaires à réapprovisionner
prison insulaire de Théah. Y étaient parqués criminels le bateau, le cardinal, accompagné de quelques autres
violents et prisonniers politiques sensibles. Désormais, religieux, explora l’île en vue de futures incursions. Ils y
l’île fait partie des Nations libres de Théah, structurée par découvrirent une ruine syrneth qui contenait un unique
un mélange fragile entre une démocratie directe et des artefact, ainsi que plusieurs tablettes gravées d’images
dirigeants forts. En apparence, tous sont égaux, mais la étranges où figurait un curieux monstre tentaculaire.
vérité est un peu plus compliquée. Ordunez ne réalisa l’importance de l’artefact que lorsqu’il
tenta de quitter l’île.
La Palabra de Dios Lorsque l’équipage leva l’ancre, les marins remarquèrent
La prison insulaire de La Bucca fut conçue pour y incar- qu’un énorme monstre marin, de taille et de forme
cérer les pires criminels de Théah. Par la suite, on y envoya prodigieuses, faisait le tour de l’île. Le cardinal reconnut
également des prisonniers politiques. L’île fut fortuitement immédiatement la créature représentée sur les tablettes
découverte par le cardinal Alfonso Ordunez lorsque son des ruines. Battu en brèche par la chose dès lors qu’il
navire fut détourné par une tempête particulièrement tentait de quitter la baie où il avait accosté, le navire fut
sévère, laquelle le conduisit à l’ouest de la Castille et de forcé de revenir à son point de départ. Alors que l’équi-
l’Ifri, jusqu’à une petite chaîne d’îles généreusement pour- page projetait de tuer la créature pour libérer le passage,
vues en eau potable et en cochons sauvages. Il nomma cette Ordunez s’efforça de comprendre les tablettes et l’artefact
terre providentielle La Palabra de Dios. qu’il avait exhumés.
Le territoire rahuri
La société rahuri a beau ne descendre que d’un unique
groupe, ses villages couvrent aujourd’hui des milliers
de kilomètres de l’Atabéenne. Son territoire insulaire
est constitué de trois grandes masses terrestres et d’un
chapelet d’autres plus petites.
Borequen
L’île de Borequen est située à l’extrême orient du territoire L’île elle-même est densément peuplée, et les Rahuris
rahuri et constitue le premier arrêt de tout navire théan qui de Borequen sont souvent victimes de raids esclavagistes.
atteint la mer Atabéenne. Les Rahuris de Borequen sont Bien des pêcheurs rahuris sont revenus d’une expédi-
des gens chaleureux qui ont assimilé des aspects culturels tion pour trouver leur village réduit en cendres et leur
de bien de leurs visiteurs, en particulier les Castillians. famille en servitude. Les Rahuris de Borequen sont ceux
Leur emploi du temps se partage entre naviguer sur la mer qui condamnent le plus ardemment l’expansion de la
des Monstres pour y chasser les créatures des profondeurs Compagnie et ses pratiques esclavagistes. Le terme boriqua,
et s’aventurer sur la mer du Serpent pour explorer ce qui qui désigne un guerrier rahuri, est dérivé de Borequen,
existe à l’est de leur terre natale. quand bien même tout boriqua n’en vient pas forcément.
Je vais vous raconter cette histoire comme elle m’a été racontée. À vous ensuite de croire ce que vous voudrez croire.
J’ai été matelot sur La Fierté de la passion pendant trois ans. On était venus de Castille dans l’espoir d’attraper un gros
lot atabéen à ramener chez nous. On avait entendu dire qu’il suffisait de mettre le grappin sur une des créatures d’ici et de
ramener sa carcasse intacte pour se faire le poids du navire en or. C’est qu’il y a des gros bonnets qui paieraient cher pour
ajouter ces monstres incroyables de l’autre bout du monde à leur collection ! Le capitaine Bardocz avait promis à chacun
sa part si on ramenait un joli morceau.
Eh ben Bardocz est au fond de l’océan, avec l’essentiel de l’équipage de La Fierté. J’ai une jambe à moitié faite de bois et d’os
bizarre que les Rahuris d’ici m’ont fabriquée. J’ai pas d’or et je peux pas retourner en Théah. Et pourquoi ça ?
Parce que le bon capitaine a eu les yeux plus gros que le ventre. Il a vu la peau blanche d’une créature et il s’est dit
que ça ferait un beau gros lot. Mais c’était pas une bête ordinaire. Y a pas de ça dans l’Atabéenne.
Cette chose a réduit notre vaisseau en copeaux qui ont rejoint les profondeurs, comme mes compagnons et amis.
J’ai tout vu depuis un bout de coque qu’elle avait laissé de côté, sous le soleil d’un beau jour de printemps.
Et je vous le dis, au cœur de la nuit ou dans mes cauchemars, j’ai jamais rien vu d’aussi horrible que cette gueule.
Vous me croyez pas ? Prenez cette commission et montez sur ce bateau. Allez chercher ces créatures vous-mêmes
et voyez ce que votre poids en or va vous coûter. Allez-y. Vous me trouverez ici, si vous en revenez.
—Entrevue avec Raol Navarre, ancien pirate castillian, résident de San Sancha
Une fois abattu, le monstre est hissé à bord du bateau à Les monstres de la mer Atabéenne
l’aide d’énormes crochets, apprêté par les hommes d’équi- Il serait futile d’essayer de faire une liste complète de toutes
page et tranché en morceaux plus manœuvrables pour être les créatures que recèle la mer Atabéenne. Les autochtones
ramené au port. Parfois, la proie est si colossale qu’elle est aiment à dire que la mer des Monstres a une imagination
tractée derrière le bateau sur un grand radeau, quoique horrible, une soif de sang intarissable et un terrible sens
l’odeur du corps puisse attirer d’autres monstres. Une fois de l’humour. Même le plus expérimenté des chasseurs
au port, la carcasse est promptement débitée, découpée, admettra que la Mer et ses cauchemars pourront toujours
salée et vendue jusqu’au moindre bout. Ensuite, le capi- le prendre au dépourvu. Les Théans ont répertorié
taine et l’équipage se partagent les profits. Les chasseurs quantité de ces Monstres (voir La vie d’un pirate, pages
revendiquent les trophées qu’ils souhaitent, sans oublier 187 à 193), mais cette liste ne saurait être exhaustive. On
d’en garder un de côté pour en décorer fièrement le bateau. mentionnera tout de même ces bêtes parmi les plus gran-
La plupart des baleiniers possèdent des équipages essen- dioses et terrifiantes de l’Atabéenne.
tiellement rahuris, et tout vaisseau théan qui s’essaie à ce
commerce dangereux possède au moins un chasseur rahuri Mama Tortue, la tortue de mer géante
à bord. Les baleiniers rahuris sont souvent remplis d’es- Au loin, une île se distingue à l’horizon. Elle est grande,
prits ancêtres qui aident leurs descendants et leurs amis verdoyante… et n’était pas là il y a quelques instants.
dans leur chasse épique. Un baleinier rahuri aguerri mort Elle se meut visiblement, rappel constant des merveilles
sous les crocs d’un monstre peut revenir la saison suivante étranges et inimaginables de la mer Atabéenne.
pour chercher vengeance après un bref séjour à Soryana, Depuis des générations, les marins se racontent des
et les tableaux de service de bien des bateaux incluent le histoires sur une tortue marine géante qui parcourt la mer
nom de membres défunts, dont le statut particulier est des Monstres. Les Rahuris la nomment Mama Tortue, fille
indiqué par une étoile. de Mama Yaya. L’apercevoir au cours d’un long voyage est
Bien des Théans ne sont pas rassurés à l’idée de côtoyer connu pour être un signe de bonne fortune. Mais plus
des morts sur un bateau, mais ces craintes s’évanouissent qu’un porte-bonheur, Mama Tortue est une gigantesque
vite lorsque la chasse commence et que le vrai danger tortue de mer pensante dont le caractère magnanime a
surgit des profondeurs. De quoi faut-il avoir le plus peur ? sauvé plus d’un navigateur de la mort.
Du fantôme qui souhaite vous voir revenir à bon port ou
du monstre tentaculaire qui cherche à faire de vous son
quatre-heures ?
de rudes épreuves.
pour lui demander l’une de ses dents. Ils doivent grimper
Le bateau lui-même est aujourd’hui davantage fait d’os que de bois, comme si l’équipage avait remplacé l’os-
sature du navire par celle de monstres marins. Lorsque le Cargo est en vue, le ciel s’obscurcit et le vent mugit.
Cela peut aller jusqu’à une tempête, mais prenez le temps de décrire les détails de la poursuite et l’impossibilité
de s’échapper à moins que les personnages ne tentent quelque chose d’incroyablement inconscient.
Une fois aux prises avec le Cargo noir (car il aborde toujours un bateau plutôt que de le couler), laissez quelques
instants passer. Décrivez le clapotis des vagues, la senteur du sel, la puanteur cuivrée du sang et l’odeur sèche
de mort qui émane du Cargo noir. Décrivez le silence de mort : rien de vivant n’existe à bord du Cargo noir.
Décrivez l’équipage de Jonah le Diable, fait de squelettes décrépits et pourrissants. Alimentez la frayeur de vos
joueurs en faisant interagir l’équipage avec eux de façon glaçante. Il pourra par exemple les examiner, jauger
leurs membres en prévision de la « récolte ». Enfin, après une longue attente, décrivez la dépouille grande,
émaciée et flétrie de Jonah le Diable. Sa peau est d’un blanc pâle, mais ses os sont noirs et brillants, comme
s’ils avaient été brûlés. Décrivez ses vêtements jadis resplendissants et le sabre rouillé qu’il porte au côté. Enfin,
décrivez ses orbites ardentes remplies de haine et de jalousie envers les vivants.
Il parle d’une voix grave, lente et impérieuse qui se délecte de la souffrance d’autrui. Lui et les siens prendront
les membres et les yeux que tout membre d’équipage leur offrira, et parfois plus. Rarement, ils prendront une
personne entière, mais il s’agira alors généralement d’un membre d’équipage, pas d’un passager… sauf si ledit
passager provient d’un autre équipage. Les pires légendes prétendent que parfois, si on le provoque ou qu’on
suscite sa colère, le Diable prend toutes les âmes à bord d’un bateau, sauf celles qui lui ont précédemment
donné un œil ou un membre. Voilà pourquoi il porte malheur d’aborder un bâtiment qui dérive en mer sans
personne à bord, car cela revient à s’aventurer là où le Diable en personne a été.
Si un personnage a déjà donné un membre à Jonah le Diable, il le remerciera personnellement : « Je ne requiers de toi
qu’un membre, mais si tu veux me donner davantage, je suis prêt à te faire cadeau d’un merveilleux don de ma cale. »
marins : au moins, la bannière d’un pirate affiche claire- et d’un feu, González avait rédigé une Charte. Il l’avait
ment ses intentions. écrite de son sang et de celui de ses officiers. La mère de
Son quartier-maître, en revanche, n’était pas aussi González venait d’Avalon et la magie avalonienne impré-
honnête. C’était un traître au cœur noir du nom de Jonah. gnait son sang. Le sang de la Vodacci avait également été
González lui-même savait que Jonah était un être mauvais, utilisé, ce qui avait rendu l’enchantement d’autant plus
mais le capitaine ne se serait jamais douté que ce damné fort. Et bien sûr, Jonah y avait pris part aussi. La Charte les
coquin était un Scélérat. Là est la tragédie. avait tous rendus loyaux au navire. Elle leur avait conféré
González avait comme maître artilleur une Vodacci. un genre de magie que personne dans le monde entier
Elle possédait le don que possèdent certaines Vodaccis ; n’avait connu auparavant, longtemps avant la Première
c’est-à-dire que quand les canons du navire faisaient feu, Charte, la Fraternité et la République.
ils rataient rarement. Comme à l’époque de la République numanari, la Charte
Mais ce n’était pas tout. Il y avait des années, sur une donnait une voix à chaque membre d’équipage. La Charte
plage sablonneuse de l’Atabéenne, à la lueur des étoiles le garantissait, et enfreindre la Charte entraînait de
Au fil de l’essentiel de l’histoire de la Jaragua (se prononce Bien vite, les mawons, ces esclaves évadés en guerre contre
« ha-ra-gwa »), des tribus rahuris se sont disputées les la Compagnie, organisèrent une révolution à l’échelle de
meilleures zones halieutiques, minières et agricoles de l’île. Tirant parti de leur supériorité numérique, d’un
cette île fertile. Il y a un siècle, l’ambition théane recou- superbe esprit stratégique et de leur détermination pure,
vrit l’île de plantations profitables, couronnées d’une ils renversèrent les forces de la Compagnie. L’île d’ouvriers
jolie ville portuaire, tandis que les autochtones rahuris se brimés et battus s’unit pour devenir l’une des Nations les
retrouvaient repoussés dans les montagnes. Et lorsque la plus improbables de l’île : une superpuissance agricole en
Compagnie commerciale atabéenne s’appropria les planta- devenir constituée d’un mélange d’Ifriens et de Rahuris,
tions à force de subterfuge et de traîtrise, elle y ajouta un protégée par une armée qui a accompli l’impossible.
ingrédient crucial à la mise en œuvre du plein potentiel de La Compagnie ne veut pas que vous connaissiez la
l’île : l’esclavagisme. Jaragua et son histoire. Elle veut que vous croyiez qu’il n’y
Avide et impitoyable, la Compagnie tua à la tâche d’in- a pas d’esclavagisme dans l’Atabéenne, qu’il n’y a pas eu
nombrables Ifriens et Rahuris pour faire de la Jaragua de révolte et qu’il ne se passe rien d’important en Jaragua.
la propriété la plus rentable de la Compagnie. Or, ces Mais la vérité, c’est que la Jaragua est le plus grand échec
captifs, ces humains parmi les plus bafoués et vulnérables, de la Compagnie ; un échec qu’elle compte bien réparer à
se forgèrent un esprit d’insoumission qui en conduisit tout prix.
beaucoup à s’échapper lors d’évasions aussi brillantes Si une Nation comprend l’héroïsme, du plus humble
qu’audacieuses. Ces évadés fondèrent des communautés ouvrier jusqu’au plus grand général, c’est la Jaragua. En
et des réseaux de soutien visant à libérer à leur tour leurs effet, quoi de plus héroïque que de briser ses chaînes en
camarades exploités. quête de justice ?
Théah
Les relations avec les Nations théanes sont un sacré fiasco.
Pour l’essentiel du monde extérieur à la mer Atabéenne,
après huit années de révolution, la Jaragua n’est pas une
Nation mais une légende urbaine. En Théah, la Compagnie
commerciale atabéenne est parvenue à convaincre gouver-
nements et Héros que l’esclavagisme dans l’Atabéenne est
un mythe répandu par les ennemis politiques du président
Rourke pour ternir la réputation de la Compagnie. Les
quelques esclaves évadés ou émancipés à avoir atteint la
Théah après la révolution ont disparu peu après leurs
premières déclarations publiques… ou bien se sont
nerveusement rétractés sous le regard discret d’agents de
la Compagnie commerciale atabéenne.
La Compagnie estime qu’elle finira par se réapproprier
l’île, ce joyau dans l’écrin de l’Atabéenne, mais elle craint
que l’Oligarchie provisoire ne se trouve des alliés et des
ressources nouvelles parmi les Théans. Après tout, l’es-
clavagisme est illégal en Théah ! Mais s’ils peuvent inti-
mider, réduire au silence ou assassiner tout Jaraguayen qui
chercherait à attirer l’attention… peut-être la Jaragua leur
reviendra-t-elle avant qu’il n’y ait trop de dégâts.
Pour combattre la propagande de la CCA, l’Oli-
garchie provisoire a fait de certains officiers mawons des
Extrait de la lettre écrite l’année dernière par le président George Rourke à l’intention des actionnaires.
Mesdames et messieurs, j’espère que cette lettre vous trouvera aussi sains et bien portants que les affaires actuelles de la Compagnie
commerciale atabéenne. Nous chevauchons la crête d’une vague croissante de progrès qui porte tous nos vaisseaux sur son passage.
Voici les chiffres : cette année, le rendement de notre réseau d’échange s’est accru de 51 %. Nous devons en bonne partie cet exploit à nos
nouveaux partenariats dans le commerce des parties de monstres marins. Nous le devons également à l’acquisition de plusieurs tribus
indigènes et au remplacement de leurs gestionnaires par les nôtres. Nos partenariats avec des entrepreneurs indépendants connaissent
une hausse extraordinaire de 208 %, quoique nous regrettons d’avoir perdu nos vieux amis du bon vaisseau Trahison à cause du Wu’a.
Notre secteur esclavagisme connaît une augmentation des plus impressionnante de 60 % grâce à de nouvelles sources d’approvisionne-
ment et à notre nouvelle approche axée sur le rendement plutôt que sur la longévité. Notre base d’actionnaires s’étant tant accrue cette
année, je prie nos amis de la première heure de bien vouloir m’excuser, le temps pour moi de relater notre histoire aux nouveaux arrivants.
Il y a près de trente ans, je fondai la Compagnie commerciale atabéenne sur la base d’un rêve ; le rêve d’une liberté et d’une autodéter-
mination réelles pour tout homme et femme fort d’esprit et de caractère. En tant que jeune étudiant en archéologie, j’avais arpenté la
Théah, et partout, j’y avais vu des êtres humains asservis et brisés par un ordre social sans réelle valeur ou importance, dominés par des
seigneurs et des monarques qui n’avaient rien fait pour mériter leurs titres, ou par des prêtres imbéciles qui prenaient sans jamais rendre
à autrui leurs bienfaits. J’étais entouré d’hommes et de femmes dignes, brillants et travailleurs dont le réel potentiel était brimé par leur
responsabilité envers des hiérarchies arbitraires. Allais-je supporter cela ? Non ! Chez la Ligue de Vendel, où je commerçai, naviguai et
administrai aux côtés de penseurs parmi les plus éclairés et révolutionnaires de notre époque, je vis le potentiel de quelque chose de
nouveau. Là, chacun était défini par le dur labeur et les bonnes idées, récompensé par quelque chose d’indéniable, quelque chose qui
transcendait les frontières arbitraires et les alliances mesquines, quelque chose que nul dieu ou roi ne pouvait usurper : le capital. C’était
le capital, accumulé par les habiles et les forts en directe proportion de leur valeur, qui nous libérerait.
Exploration
La Compagnie se nourrit d’informations. Elle recherche
les ports les plus lucratifs et aisément défendables, les
plantations les plus fertiles et les voies maritimes les plus
sûres. Elle est prête à payer cher pour des cartes marines
de qualité, mais préfère trouver de telles ressources
avant quiconque.
Les explorateurs de la Compagnie sont des employés
à temps plein au service direct de Flemming Rudd. Nul
ne veut laisser des bateaux, des marins et de l’équipement
de la Compagnie aux mains d’archéologues indépendants
qui pourraient garder leurs découvertes pour eux, voire les
revendre à des gouvernements trop heureux d’humilier
la Compagnie. Le salaire est bon et s’accompagne d’une
généreuse prime pour toute découverte… mais toute terre,
esclave ou autre trouvaille revient à la Compagnie.
La Compagnie attire des explorateurs avec la crème de
son équipement et de ses vaisseaux, lesquels surpassent
largement ses navires de fret : des galions assez rapides
pour damer le pion à la concurrence, assez solides pour
endurer une tempête et assez lourdement armés pour faire
taire tout indigène opposé à l’immigration.
Tout explorateur ou archéologue héroïque plein d’ardeur
et de talent mais démuni d’argent, de provisions ou d’équi-
page sera toujours, toujours bien reçu par la Compagnie.
Un recruteur aux yeux vifs et au sourire engageant, muni
d’un chapeau impressionnant et d’un contrat odieusement
complexe se présentera dans une taverne pour lui proposer
un véritable pacte avec le diable : tout ce qu’il lui faut pour
accomplir ses ambitions au prix de tout ce qu’il pourra
accomplir de réellement valable.
ESCLAVES, MAIS
PAS VICTIMES
Évangélisme L’esclave et l’ex-esclave sont des archétypes
Bien des Théans voient dans le Nouveau monde l’occasion héroïques classiques dont on peut citer bien
parfaite de transmettre la gloire de leur religion. Depuis la
des exemples : Térence, Spartacus, Zumbi dos
fin de la Guerre de la Croix, un cessez-le-feu a été instauré
Palmares, Thomas Dumas ou encore Harriet
entre objectionnistes et vaticins, mais la mer Atabéenne
Tubman. 7e Mer est un jeu qui met en scène
permet à tout zélote d’en revenir aux effusions de sang
des Héros et des Scélérats plus qu’humains,
sacerdotales à l’ancienne.
Les missions évangéliques sont généralement dotées en d’un héroïsme exemplaire ou d’une malfaisance
moyens, en personnel et en enthousiasme, mais dému- éhontée. La distinction est généralement
nies de soutien logistique et d’expérience de voyage. Les évidente, mais faites attention à ne pas étendre
missions de la Compagnie fournissent un équipage, un ce manichéisme à tout : courageux et couards,
vaisseau, ainsi que les provisions et les cartes marines forts et faibles, acteurs et victimes…
nécessaires pour se rendre dans le Nouveau monde. Le
capitaine désigné par la Compagnie tient à jour le livre Nous voulons vous mettre en garde contre cette
de bord et informe la CCA de toute trouvaille territoriale dichotomie. Les crimes de la Compagnie sont
intéressante. Une sous-clause du contrat, trop souvent nombreux, mais le plus terrible de tous est proba-
négligée, stipule que la Compagnie peut revendiquer toute blement la façon dont elle rabaisse les esclaves
terre découverte. au rang de possessions, d’animaux et de sauvages
Cependant, dans la plupart des cas, les capitaines amènent
arriérés pour lesquels la servitude est salutaire.
les expéditions à « découvrir » des terres déjà explorées par
Représenter les esclaves comme des victimes
la Compagnie, dans le but de faire de la région un échiquier
innocentes est un peu mieux, mais ça ne suffit
chaotique d’influences objectionnistes et vaticines plutôt
que de laisser l’une des deux fois se consolider. Si l’une ou pas : une victime est une victime avant d’être une
l’autre prenait l’ascendant, cela pourrait empêcher la CCA personne. Les esclaves passés et présents de Terra
de profiter de leur inimitié. sont avant tout des gens. Ils ont été maltraités,
Flemming Rudd est certes un fervent vaticin, mais Annie humiliés et dépossédés, mais ils n’en restent
Goldenflower est une objectionniste tout aussi dévote. pas moins des individus. Ils ont des forces, des
Les quelques croyants qui travaillent pour la Compagnie faiblesses, un sens de l’humour, une famille, des
sont en nombres à peu près égaux dans les deux camps. vices, des amours et des haines comme tout autre
Rudd et Goldenflower s’entendent en apparence bien, personnage de votre jeu et de votre monde.
mais si Goldenflower n’a pas d’opinion affichée, Rudd se
réjouit de pouvoir concurrencer (violemment ou non) Dans un jeu ou les victimes d’injustice ont
les objectionnistes. besoin d’être sauvées et vengées, les esclaves
Profiter de la guerre est assez difficile quand on ne sout-
pourront à l’occasion être de telles victimes du
ient qu’un camp, mais la Compagnie a discrètement monté
moment que cela n’éclipse pas leur humanité.
les deux religions l’une contre l’autre. Qu’une mission
Donner un nom et un visage à tout personnage,
échoue à cause d’une épidémie ou d’un monstre marin
même les figurants, ne peut qu’enrichir un
pourra décourager de futures tentatives, mais qu’elle se
solde par une confrontation avec un rival haï ne fera que univers de jeu. Ne ratez pas cette occasion.
raviver la flamme : en y mettant un peu plus de moyens et
de soldats, on pourra leur faire payer ! Officiellement, la
Compagnie ne se mêle pas de tels conflits et le service de
sécurité d’Ulriksdottir ne s’implique jamais personnelle- Esclavagisme
ment. Pour autant, la Compagnie vend sans vergogne tout Malgré l’interdit appuyé de l’Église vaticine en matière d’es-
équipement militaire capturé, toujours en s’efforçant de clavagisme, péché aux yeux de Theus, la pratique a existé
n’avantager aucun des deux camps. sur Terra sous diverses formes à travers l’histoire. Mais la
Compagnie a donné un nouveau sens à ce mot. Le marché
du tabac, de la mélasse et du rhum en Théah a stimulé
l’avidité d’innombrables planteurs de la mer Atabéenne qui
n’hésitent pas à réduire d’autres êtres humains en esclavage.
Incarner un hippocampe
La plupart des activités de la Compagnie ne conviennent
guère à un Héros, mais quelques nobles âmes se retrouvent
à travailler pour elle en tant qu’hippocampes chargés de
la poste atabéenne. Néanmoins, nul ne peut ignorer bien
longtemps les véritables activités de la Compagnie, et tout
Héros employé comme hippocampe devra un jour faire
face à la vérité : la Compagnie est probablement l’une des
organisations les plus scélérates du monde.
Incarner un hippocampe (ou une équipe d’hippocampes)
peut donner lieu à de belles tensions. La Compagnie vous
a amené dans l’Atabéenne ; elle a payé votre trajet en
échange d’années de service… Que ferez-vous quand vous
apprendrez la vérité sur ses activités ? Du côté de qui vous
mettrez-vous lorsque les Rahuris vous montreront ce que
la Compagnie a fait ?
Deux Historiques
Choisissez deux Historiques différents dans la liste
ci-dessous.
Vous recevez tous les Avantages de l’Historique. Si
vous recevez un Avantage en double, choisissez-en un autre
avec le même coût en points.
Vous recevez 1 Rang dans toutes les Compétences
liées à votre Historique. Si vous avez une ou plusieurs
Compétences en double, ajoutez-y 1 Rang, pour un total
de 2.
HIPPOCAMPE FLINGUEUR
Seul quelqu’un de courageux ou d’inconscient se vouerait Au loin, un capitaine ennemi ordonne à son équipage
à livrer le courrier à travers la mer Atabéenne. Voilà qui vous d’ouvrir le feu. Personne ne pourrait le toucher à cette
correspond. distance… personne sauf vous.
Coup d’éclat Coup d’éclat
Vous gagnez un point d’Héroïsme lorsque vous livrez un Vous gagnez un point d’Héroïsme lorsque vous dépensez
message important, écrit ou non. toutes vos Mises pour tirer sur une cible et que cela vous
amène à subir des Conséquences.
Avantages Compétences
As de la barre Athlétisme Avantages Compétences
Marié à l’Océan Équitation Marié à l’Océan Athlétisme
Navigation Pied marin Intimidation
Représentation Tireur d’élite Navigation
Vigilance Tir
Vigilance
ENSPEKTÈ NIÑO
Les horreurs de la Jaragua ont cherché à briser votre peuple, La Mère vous a amené ici pour une raison bien précise.
mais vous êtes son protecteur et on ne peut vous briser. Lorsque vous êtes arrivé, elle vous l’a murmurée à l’oreille.
Coup d’éclat Coup d’éclat
Vous gagnez un point d’Héroïsme lorsque vous apprenez Vous gagnez un point d’Héroïsme lorsque vous protégez un
un secret à propos d’un Monstre ou d’une conspiration frère ou une sœur.
anti-jaraguayenne. Avantages Compétences
Avantages Compétences Estomac en fer forgé Dissimulation
Académie de Duellistes Armes blanches Murmure à la Mère Représentation
(Bugu Takobi) Athlétisme Tir
Nerfs d’acier Empathie Vigilance
Érudition Vol
Vigilance
MAWON SENTINELLE
Les ennemis de la Jaragua vous croient peut-être faible et Sur La Bucca, il y a deux possibilités : être rapide ou être
lâche, mais l’opinion des morts vous importe peu. mort. Vous préférez la première.
Coup d’éclat Coup d’éclat
Vous gagnez un point d’Héroïsme lorsque vous vainquez un Vous gagnez un point d’Héroïsme lorsque vous dégainez
ennemi en usant de tactiques de guérilla. plus rapidement qu’un autre personnage.
Avantages Compétences Avantages Compétences
Un contre dix Art militaire Recharge rapide Armes blanches
Victoire partagée Athlétisme Réflexes éclair Athlétisme
Bagarre Intimidation
Dissimulation Tir
Persuasion Vigilance
NGANGA SIRÈNE
Votre peuple se fie à vous pour interpréter la volonté des Le sixième Chapitre n’existe pas. Sauf quand on a besoin
esprits et l’aider quand il en a le plus besoin. de vous.
Coup d’éclat Coup d’éclat
Vous gagnez un point d’Héroïsme lorsque vous usez de vos Vous gagnez un point d’Héroïsme lorsque vous résolvez
connaissances et de vos aptitudes spirituelles pour aider un problème avec discrétion et artifice plutôt que par une
une communauté. confrontation directe.
Avantages Compétences Avantages Compétences
Estomac en fer forgé Armes blanches Approche flexible Armes blanches
Sorcellerie Empathie Mécène Dissimulation
Sorcellerie Érudition Intimidation
Persuasion Tir
Représentation Vol
INSTRUCTEUR BOHITI
Les Théans méritent-ils l’amitié des Numanaris ? Vous allez Vous êtes un ambassadeur de Soryana. Votre responsabilité
les mettre à l’épreuve. sacrée est d’assurer le lien entre votre peuple et ses aïeux.
Coup d’éclat Coup d’éclat
Vous gagnez un point d’Héroïsme lorsque vous poussez Vous gagnez un point d’Héroïsme lorsque vous résolvez le
un autre personnage à se montrer digne de son potentiel, problème d’un ancêtre Perdu.
quitte à causer des problèmes. Avantages Compétences
Avantages Compétences Guide de Soryana Empathie
Académie de Duellistes Armes blanches Sens de l’orientation Érudition
(Agoge de Lakedaimon) Art militaire Navigation
Entraide Athlétisme Persuasion
Empathie Représentation
Érudition
MYRMIDON BORIQUA
La Théah a trop longtemps oublié le nom de la Numa. Il est Par le poids de vos mots ou à la force de vos bras, vous
temps de lui rappeler qui est la mère du monde. protégerez les vôtres.
Coup d’éclat Coup d’éclat
Vous gagnez un point d’Héroïsme lorsque vous impres- Vous gagnez un point d’Héroïsme lorsque vous remportez
sionnez l’équipage d’un navire étranger par votre audace. une confrontation diplomatique en menaçant de violence.
Avantages Compétences Avantages Compétences
Favori de l’Océan Armes blanches Lyceum Armes blanches
Marié à l’Océan Art militaire Sens de l’orientation Intimidation
Athlétisme Persuasion
Intimidation Subornation
Navigation Tir
Tant que vous avez un point de référence, vous n’êtes Vous ou un autre Héros devez posséder l’Avantage
jamais perdu… ce qui ne revient pas forcément à savoir « Marié à l’Océan »
exactement où vous êtes. Si vous êtes assommé et jeté dans Dépensez un point d’Héroïsme pour que ce Round-ci,
une oubliette, vous ne saurez pas forcément dans quelle toute Escouade d’Équipage sous votre commandement
ville vous vous trouvez. En revanche, si vous parvenez à obtienne 2 dés supplémentaires pour tout Risque.
vous échapper, vous ne risquerez pas de tourner en rond
dans les tunnels des cachots. VOLONTÉ INDOMPTABLE
(1 POUR UN NUMANARI)
Dépensez un point d’Héroïsme pour résister automati-
quement lorsqu’un autre personnage essaye de vous inti-
mider, de vous séduire ou de vous provoquer.
AS DE LA BARRE
Vous bénéficiez d’1 dé supplémentaire lorsque vous prenez un
Risque pour manœuvrer un bateau en eau dangereuse, pour
éviter un tir ennemi ou dès lors que votre expertise de barreur
pourrait servir dans une situation dangereuse de ce genre.
BAKCHICH
Dépensez 1 point de Richesse pour corrompre un person-
nage lors d’une Séquence d’Action ou Dramatique, sans
dépenser de Mise. Vous ne pouvez utiliser cet Avantage
qu’une fois par Séquence.
FAVORI DE L’OCÉAN
Vous devez posséder l’Avantage « Marié à l’Océan »
Du moment que vous êtes le capitaine de votre Navire :
• Avant de jeter les dés au début d’un Round, vous
pouvez dépenser un point d’Héroïsme pour réor-
ganiser vos Escouades d’Équipage.
• Dépenser un point d’Héroïsme pour soutenir un
Héros à bord de votre Navire lui confère 4 dés
supplémentaires au lieu de 3.
• Vous bénéficiez d’1 dé supplémentaire pour tout
Risque pris à bord de votre Navire
SINGE À POUDRE
Quand vous prenez un Risque de Tir pour tirer avec un
canon de navire, vous bénéficiez de 2 dés supplémentaires.
7E MER NATIONS PIRATES 151
Cet Avantage vous permet également de guider tout
Avantages à 4 points personnage qui souhaite se rendre sur Soryana et s’entre-
tenir avec Locuo, auquel cas c’est ce personnage que l’an-
FIEFFÉ LASCAR cêtre suit, et non vous, et c’est à lui de dépenser des points
Vous avez appris à vivre et à survivre sur le pont mouve- d’Héroïsme pour maintenir le lien. Mais si un personnage
menté d’un bateau en mer. Lorsque vous prenez un Risque que vous avez mené à Soryana n’entretient pas le lien ou ne
d’Intimidation, de Navigation ou de Vol, tous vos dés ramène pas l’ancêtre sur l’île, il vous appartient d’y remédier.
reçoivent +1 à leur résultat.
MURMURE À LA MÈRE
GUIDE DE SORYANA (BOUCANIERS UNIQUEMENT)
(RAHURIS UNIQUEMENT) Dépensez un point d’Héroïsme et versez un peu de
Vous connaissez les accès secrets à Soryana, le Pays des votre propre sang dans votre main (le plus souvent, un
morts. Lorsque vous êtes en pleine nature ou en mer, Murmureur se mord la lèvre ou la langue, ou se pique
vous pouvez dépenser un point d’Héroïsme pour trouver la main). Vous devez ensuite mettre les mains en coupe
Soryana et obtenir audience auprès de Locuo. Vous pouvez devant votre bouche et murmurer le nom d’un frère ou
plaider votre cause devant lui, et s’il l’estime juste, il vous d’une sœur, ou vous adresser directement à la Mère. Vous
accordera la compagnie d’un ancêtre approprié. pouvez fournir une information ou poser une question
Votre ancêtre a l’apparence d’un spectre fantomatique que la personne entendra. En mettant ensuite vos mains
et translucide, mais il interagit avec le monde comme en coupe au niveau de votre oreille, vous pouvez écouter sa
tout être vivant (il ne peut marcher que sur des surfaces réponse. Répondre ne requiert pas de dépenser un point
solides, peut soulever et porter des choses, etc.) Il possède d’Héroïsme, mais s’arrêter subitement au milieu d’une
une volonté propre, mais vous aidera généralement à conversation pour murmurer entre ses mains semblera
accomplir vos objectifs. Son aide durera le plus souvent sans nul doute très louche. Il est possible de communiquer
le temps d’une Histoire, mais certains guides (ou leurs plus en longueur au prix d’un point d’Héroïsme pour tout
ancêtres) reviennent à Soryana plus tôt ou plus tard, selon échange supplémentaire.
les circonstances.
Votre ancêtre possède 3 Rangs dans toutes les PACTE AVEC LE DIABLE
Caractéristiques. Vous et votre MJ choisissez chacun (2 POUR UN ARAGOSTAIN)
un Historique pour votre ancêtre, ce qui lui confère Vous vous êtes mutilé et avez jeté votre membre arraché à
tous les Avantages associés ainsi que 2 Rangs dans les la mer pour l’offrir à Jonah le Diable. En retour, il vous a fait
Compétences des deux Historiques. Votre ancêtre peut un don ; un artefact unique (et généralement sordide) aux
subir 10 Blessures avant que son âme ne soit détruite et propriétés étranges. Mais vous avez payé plus qu’une livre
perdue pour toujours. de chair : Jonah vous a aussi pris un fragment de votre âme.
La présence de votre ancêtre dans votre monde est Choisissez une partie du corps dont vous vous êtes
fragile. Au début de chaque partie, vous devez dépenser amputé. Vous possédez à la place un don de Jonah, un
un point d’Héroïsme pour entretenir votre lien avec lui et artefact magique doté d’aptitudes uniques. Vous pouvez
lui permettre de rester sain d’esprit. Si vous ne payez pas dépenser un point d’Héroïsme pour activer la capacité
ce prix (soit parce que vous vous en abstenez, soit parce spéciale de votre objet, laquelle dure le restant de la Scène.
que votre ancêtre s’est éloigné de vous), vous perdez votre À vous de définir avec votre MJ en quoi consiste cet arte-
lien avec votre ancêtre et il devient un Monstre dément et fact, mais voici quelques exemples…
furieux doté d’une Puissance de 10, des Propriétés mons-
trueuses « Destructeur » et « Effrayant » et des mêmes • Une barre couleur bronze et argent gravée
d’étranges symboles et faite d’un matériau bien
Avantages qu’avant. Désormais Perdu, il est devenu un
plus solide. Large comme un manche de pique,
mabuya qui s’attaque aux vivants. elle remplace votre jambe et s’attache d’elle-même
Locuo ne pardonne pas aisément un guide qui laisse un à votre moignon. Elle ne se ternit jamais et peut
ancêtre se Perdre. Il verra certainement d’un mauvais œil défoncer même la plus solide des portes. Vous
toute future requête de sa part et ne vous accordera pas pouvez sans effort démolir l’équivalent d’un pied
l’aide d’un autre ancêtre tant que vous n’aurez pas trouvé (trente centimètres) de bois plein d’un coup de
et détruit le mabuya ou découvert un moyen de lui rendre pied, et si vous dépensez une Mise pour frapper
la raison. un adversaire de votre prothèse, il subit 1 Blessure
supplémentaire.
Jonah le Diable
Vertu : Vengeur
Activez votre Vertu lorsque vous accomplissez une justice
poétique, infligez à quelqu’un une punition méritée ou
forcez quelqu’un à respecter sa part d’un marché. Lors de
votre prochain Risque, lorsque vous constituez vos Mises,
chacun de vos dés compte comme une Mise.
Travers : Mesquin
Vous recevez un point d’Héroïsme lorsque vous refusez
d’aider quelqu’un à moins qu’il ne vous supplie de le
secourir ou que vous ayez d’abord eu l’occasion d’afficher
votre nature mesquine et vengeresse.
Le Noyé
Vertu : Tenace
Activez votre Vertu lorsque vous devriez mourir. Par un
retournement de situation ou un coup de pouce du destin,
vous survivez, mais vous êtes immédiatement expulsé de
la Scène.
Travers : Condamné
Activez votre Travers lorsque vous recevez une ou plusieurs
Blessures Dramatiques. Vous gagnez 1 point d’Héroïsme
pour chaque Blessure Dramatique que vous venez
de recevoir.
Le Pêcheur
Vertu : Dévoué
Activez votre Vertu après avoir constitué vos Mises pour
un Risque. Vous perdez la moitié de vos Mises, en échange
de quoi tous les autres Héros présents dans la Scène
gagnent le même nombre de Mises.
Travers : Effacé
Vous recevez un point d’Héroïsme lorsque vous évitez les
feux de la rampe, maintenez n’être qu’un individu ordinaire
ou refusez de vous attribuer le mérite de quelque chose
qu’il vous serait avantageux de revendiquer.
et qu’en réaction à cette injustice, elle acquit son rôle parmi En tant que protectrice des morts, Gé est aussi responsable
les Lwas. Elle est l’épouse de Baron Lakwa, un autre Lwa de leur dépouille matérielle. Un sèvitè habité par Bawon
qui assiste Bawon Gé dans ses attributions. Gé peut dépenser un point d’Héroïsme pour protéger un
corps des effets de la Sorcellerie, y compris du Kap sèvi.
Gran met Ainsi, un corps sous l’effet de Gardien éternel ne pourra
Un sèvitè possédé par Bawon Gé aura tendance à crier des devenir un spectre sous l’effet de l’Hexenwerk, et même les
obscénités et à cracher. Gé peut être capricieuse : si on lui Lwas ne pourront l’affecter.
présente de la nourriture qu’elle n’aime pas, elle tentera de
mordre les bras du sèvitè. Pour apaiser Bawon Gé, le sèvitè Murs de cimetière TI
doit lui rappeler les plaisirs de la vie, généralement à l’aide Beaucoup croient que la fonction des murs d’un cimetière
de rhum et de cigares. est de protéger les morts des vivants, mais l’inverse est
aussi vrai. Un sèvitè habité par Bawon Gé peut dépenser
Lamèci GROS un point d’Héroïsme pour sanctifier un mur. Du moment
Il arrive qu’une personne ne meure pas, même une fois son que le sèvitè possédé par Bawon Gé reste dans l’enceinte
heure venue, au lieu de quoi elle persiste parmi les vivants du mur, rien d’inhumain ne peut le franchir, que ce soit
et cause tourments et chagrin à ses plus proches amis et pour en sortir ou y rentrer.
à sa famille. Dans de tels cas, les proches prient souvent
Bawon Gé d’emporter l’être aimé avant son heure. Un Terre sacrée TI
sèvitè habité par Bawon Gé peut dépenser un point d’Hé- Gé a pour charge de veiller sur les lieux de repos éternel,
roïsme pour tuer un personnage Sans défense consentant mais aussi de préserver les lieux saints des Lwas de toute
sans qu’il s’agisse d’un Acte malfaisant. influence extérieure. Un sèvitè habité par Bawon Gé peut
dépenser un point d’Héroïsme pour consacrer une petite
No grev GROS zone. Il est impossible d’user de Sorcellerie dans une Terre
Il est dit que nul ne peut mourir tant que Bawon Gé n’a sacrée, et tout point d’Héroïsme utilisé à cet effet est rendu
pas creusé sa tombe. Lorsqu’il est possédé par Gé, le sèvitè à son possesseur.
décide de qui la tombe est creusée ou non. Un sèvitè habité
par Bawon Gé peut dépenser un point d’Héroïsme pour
empêcher n’importe quel personnage de mourir. Tant que
la possession dure, le personnage désigné ne peut mourir,
même s’il devient Sans défense.
fants. Ces derniers lui sont semblables et l’aident souvent On dit que nul ne regarde un lépreux en face. Un sèvitè
dans l’exécution de ses devoirs. habité par Sousson peut dépenser un point d’Héroïsme
pour que les gens le fuient comme s’il avait la peste.
Gran met L’apparence du sèvitè devient horrifique et il émet une
Un sèvitè qui accueille Sousson en lui se retrouve couvert aura qui écarte les gens de son passage sans qu’ils osent
d’ampoules, d’inflammations et d’irritations. Au-delà le regarder. Si un Héros souhaite ne serait-ce que s’appro-
de leur apparence peu engageante, ces afflictions n’han- cher de quelqu’un revêtu du Masque du paria, il doit soit
dicapent nullement le sèvitè. À la différence des autres dépenser un point d’Héroïsme, soit, dans le cadre d’une
Lwas, le sèvitè aura rarement besoin d’amadouer Sousson Séquence d’action, dépenser une Mise. S’il souhaite inte-
car, inexplicablement, il semble perpétuellement d’hu- ragir physiquement avec le sèvitè, le Héros doit dépenser
meur joyeuse. une Mise supplémentaire, en plus de ce que lui coûte son
Action en elle-même.
Alliés improbables GROS
On dit que partout où Sousson va, il se fait des amis, mais Nettoyage TI
qu’il ne laisse pourtant que des ennemis sur son passage. Selon Sousson, mieux vaut prévenir que guérir. Un
Un sèvitè habité par Sousson peut dépenser un point sèvitè habité par Sousson peut dépenser un point d’Hé-
d’Héroïsme pour faire de n’importe qui son ami, y compris roïsme pour retirer tout élément contaminant d’un objet,
un Scélérat. Cependant, lorsque Sousson quitte le sèvitè, d’un matériau ou d’une substance, comme par exemple
l’effet s’estompe, et selon la façon dont elle a été traitée, la des draps souillés par la peste ou de l’eau remplie de
cible pourra alors en vouloir au sèvitè. microbes néfastes.
Majeur Majeur
Activez ce mohwoo lorsque vous infligez des Blessures Activez ce mohwoo en désignant un individu comme votre
lors d’un Risque de Bagarre. Ces Blessures ne peuvent être proie. Le MJ vous donne la direction et la distance approx-
prévenues, excepté par des moyens surnaturels (comme imative qui vous sépare de cette personne. Tout Risque
une Sorcellerie, un artefact ou autre chose de ce calibre). physique entrepris pour attraper votre proie (comme un
Un qing ne peut utiliser ce mohwoo qu’une fois par Scène. Risque d’Athlétisme pour la poursuivre ou de Bagarre pour
vous en saisir) bénéficie d’1 dé supplémentaire. L’effet dure
jusqu’à la fin de la Scène, mais vous pouvez dépenser un
Poisson
autre point d’Héroïsme pour le prolonger. Un qing ne peut
Le mohwoo du poisson représente la recherche ou la
utiliser ce mohwoo qu’une fois par partie.
découverte, généralement d’ordre personnel, voire à l’insu
du porteur. Il peut s’agir d’une révélation concernant le Tortue
passé de la personne ou d’un voyage menant à la découverte La tortue est prudente et avisée. Elle ne se meut que
et à la compréhension de soi. lorsqu’elle est certaine de sa trajectoire. Ce mohwoo est
propre à un individu réfléchi et mesuré qui sait que rien ne
Mineur sert de courir ; il faut partir à point.
Le Héros n’a pas besoin de respirer pour le restant de la
Scène. Il ne peut plus suffoquer, se noyer, être étranglé Mineur
ou étouffé, et est insensible à l’empoisonnement par Dépensez votre première Mise d’un Round pour activer ce
voie respiratoire. mohwoo. Pour le restant du Round, tous les dégâts que vous
subissez sont réduits d’1 Blessure.
Majeur
Vous pouvez activer ce mohwoo au lieu de dépenser une Majeur
Mise lors d’une Séquence d’Action ou Dramatique, à condi- Une fois ce mohwoo activé, vous pouvez annuler les
tion que vous soyez en train de nager ou immergé dans l’eau Blessures que vous subissez d’une unique attaque de votre
(au moins à moitié), et que cela serve l’Action entreprise. choix. Vous devez activer ce mohwoo lors de votre tour, au
prix d’une Mise. Un qing ne peut utiliser ce mohwoo qu’une
fois par Scène.
Favori de Salacio
Votre Navire a visité les ports de Numa et y a reçu la béné-
diction d’un hiereus de Salacio, le dieu numanari de la mer.
Une fois par partie, la première fois qu’un Héros reçoit un
point d’Héroïsme à bord du Navire, il en reçoit un supplé-
mentaire (ne vaut qu’une fois pour tout le groupe).
Pavillon noir
Votre Navire était jadis un redoutable vaisseau pirate qui
affichait le pavillon noir apatride. Lorsque vous rencontrez
un PNJ pirate dans des circonstances non hostiles, vous
pouvez dépenser une Mise ou un point d’Héroïsme pour
qu’il vous traite avec respect et camaraderie tant qu’il n’a pas
de raison de faire autrement.
Aventures Je suis un Héros libre !
Les Aventures confèrent aux Héros des bonus et des capac- Échapper aux griffes de la Compagnie commerciale
ités particulières la première fois qu’ils accomplissent une atabéenne après avoir été capturé ou asservi. Vous acquérez
action spécifique liée à leur Navire au cours d’une partie. l’un des Avantages suivants de votre choix : Accointances
Une Aventure n’est pas forcément quelque chose de positif interlopes, Entraide ou Roi de l’évasion. De plus, tout Risque
(se faire dévaliser par des pirates ou échouer sur une île futur consistant à éviter d’être capturé par la Compagnie
déserte est rarement plaisant), mais c’est une expérience dont bénéficie d’1 dé supplémentaire.
le Navire et son Équipage ressortent grandis.
La première fois que vous, votre Navire et son Équipage Prends-en de la graine
accomplissez une Aventure en jeu, votre Navire acquiert un Tuer un Monstre marin avec l’aide d’un ancêtre rahuri sans
bonus ou une capacité qui y est lié. Cette Aventure doit avoir perdre votre ancêtre ou votre Navire. La première fois de
eu lieu en jeu, pas dans le passif des Héros, au cours d’une chaque Round que votre Équipage ou votre Navire inflige
ellipse narrative ou en tant que composante de l’Historique des Dégâts ou des Blessures à un Monstre marin, les Dégâts
de votre Navire. Il n’est pas possible d’obtenir plusieurs fois ou Blessures sont majorés d’1.
le même bonus lié à une Aventure.
Rappelez-vous que de tels bonus s’ajoutent à tout ce que Renaissance
les Héros et le Navire ont pu gagner ou perdre au cours des Après que votre Navire a coulé, en rebâtir un nouveau en
événements qui ont concrétisé l’Aventure. La liste présentée utilisant un souvenir du précédent Navire. Votre Navire
ci-dessous n’est pas exhaustive, mais pourra servir de base conserve son Origine précédente et en acquiert une nouvelle
au MJ afin qu’il conçoive ses propres Aventures ainsi que les selon la Nation où il a été reconstruit ou la nationalité de
récompenses qui les accompagnent. son constructeur.
Foyer maternel
Transporter un membre de Los Niños depuis un endroit
hostile ou dangereux jusqu’à La Bucca, en toute sécurité.
Lorsque vous êtes dans La Bucca, vous pouvez dépenser une
Mise ou un point d’Héroïsme pour entrer en contact avec
un Niño, lequel vous traite en tant qu’ami tant qu’il n’a pas
de raison de faire autrement.
Évasif
Rapide, rusé ou simplement insaisissable, ce Monstre peut
à tout moment dépenser un point de Danger pour fuir une
Scène. Cette capacité ne fonctionne qu’une fois par Épisode.
un équipage et une marine manches. Eux aussi recherchent le profit, mais les risques
et les récompenses attenants sont bien plus élevés, ce
Le Livre de base décrit assez exhaustivement les prin- qui requiert de très grands équipages, lesquels élisent
cipales responsabilités des divers officiers et matelots d’un démocratiquement deux dirigeants : le capitaine et le
vaisseau militaire, mais on constatera plusieurs différences quartier-maître. Le capitaine est en charge du bateau et
importantes au sein d’un équipage pirate ou de celui d’un de l’équipage en cas de combat. C’est aussi lui qui définit
navire marchand privé. le plan de voyage, c’est-à-dire où se rendre et quoi attaquer.
Comme décrit dans le Livre de base , la répartition des Pour tout le reste, le quartier-maître est le maître à bord.
responsabilités à bord d’un vaisseau militaire peut varier Ses responsabilités sont similaires à nombre de celles
d’une Nation à l’autre, notamment en ce qui concerne le d’un commandant, mais essentiellement, il est chargé de
partage des devoirs entre capitaine et commandant. Reste s’assurer que le vaisseau et l’équipage se portent bien et de
qu’à bord de tout vaisseau militaire, le capitaine est l’au- veiller au juste partage du butin au terme du voyage.
torité absolue. Il fait la loi à bord, et l’enfreindre mène à
des châtiments durs et draconiens, voire à la mise à mort.
Il en va autrement des équipages pirates ou marchands.
Le vote
Arrêtez-moi si je me trompe, mais je soupçonne que vos
Les vaisseaux marchands recherchent le profit, et ce Héros formeront un équipage de pirates ou de corsaires.
but sera servi par un bateau aussi rapide et un équipage Rien ne les empêche de faire partie de la marine monta-
aussi réduit que possible. Le propriétaire du bâtiment a ginoise, de l’Armada castilliane ou de la flotte marchande
le dernier mot. Certains navires marchands n’ont même vodacci, mais il y a fort à parier qu’ils préféreront voguer
pas de capitaine, seulement un commandant, et la plupart sous le pavillon noir ou avec une lettre de marque. En
n’ont pas de soldats, d’armes ou d’équipage combattant. partant de ce principe, parlons du vote.
L’essentiel des membres d’équipage occupent plusieurs Les vaisseaux pirates sont des démocraties flottantes.
postes. Ainsi, le commandant pourra aussi être le commis- Leurs équipages ont le droit de voter sur la destination du
saire, et le charpentier le chirurgien. Plus l’équipage sera navire, sur les bateaux ou forts à attaquer en chemin et sur
polyvalent, plus il pourra être restreint et donc rentable. bien d’autres sujets. Pour refléter cela, laissez vos joueurs
voter ! Faites une proposition et annoncez un vote à main
levée à la majorité.
En tant que MJ, vous pouvez aussi permettre au reste
de l’équipage d’influencer le vote. Tout PNJ officier a
alors une voix. Quant aux autres membres d’équipage,
ils peuvent représenter soit une voix (ce qui laissera une
influence considérable aux Héros), soit jusqu’à trois, quatre
ou même cinq voix. Aux Héros, alors, de convaincre le
reste de l’équipage de se ranger à leur avis. Cela peut se
traduire par un Risque où chaque Héros investit des Mises
dans une portion de l’équipage. Par exemple, si l’équipage
est divisé en cinq portions, les joueurs peuvent assigner
leurs Mises à celles de leur choix dans le but d’influencer
leurs votes.
Marines
Les possibilités d’aventure nautique ne se limitent pas à Eisen
être corsaire ou pirate. D’ailleurs, l’essentiel des navires en L’Eisen n’a pas de marine à proprement parler, juste
mer ne sont pas des pirates. Penchons-nous sur le sujet, quelques navires mercenaires qui circulent par le canal
Nation par Nation : de Hoppe. Les Vestens contrôlent ces eaux et imposent
lourdement tout bateau qui y circule, ce que la plupart des
Avalon Eisenörs ne peuvent se permettre, raison pour laquelle ils
Les joueurs peuvent incarner des officiers à bord de vais- emploient des contrebandiers à importer et exporter des
seaux de marine officiels. Certes, l’essentiel de la marine biens par les eaux septentrionales.
avalonienne est constituée de corsaires, mais ce sont
également les corsaires les plus organisés des sept mers. Montaigne
À ce stade de l’histoire, la grande tradition navale avalo- La marine montaginoise est… eh bien, c’est un peu une
nienne est encore bourgeonnante. La hiérarchie à bord blague. Dénuée de discipline et trop cintrée (l’Empereur
se formalise et un centre de commandement est en train semble quotidiennement changer les règles), la flotte
de se constituer pour faire des vaisseaux une puissance montaginoise est chaotique. Si certains vaisseaux sont
navale unie. Certains capitaines renâclent à l’idée de telles dirigés par des capitaines et des équipages compétents, la
procédures, mais l’allégeance à la Reine passe avant tout, plupart sont des exemples flottants de népotisme, d’incom-
et nul capitaine n’osera prétendre le contraire : « Qu’elle pétence et de laisser-aller. Les navires sont immenses et
ordonne, et j’obéirai. » majestueux, chargés de vivres à l’excès, bardés de canons et
de marins en uniforme immaculé dirigés par des imbéciles
Castille qui n’ont aucune idée de la vie en mer. Mais les exceptions
L’Armada castilliane fut mise à mal il y a quelques années sont réellement exceptionnelles. Un bâtiment montaginois
lorsqu’elle tenta d’envahir l’Avalon. Le hasard, de fortes doté d’un capitaine et d’un équipage compétents consti-
tempêtes, l’aptitude nautique avalonienne et l’incompé- tuera l’un des plus redoutables vaisseaux en mer. Massif,
tence castilliane eurent pour résultat l’un des plus grands solide, bien équipé et largement approvisionné, un tel
revers de fortune des cent dernières années. Le bon roi bateau aura tout pour représenter un terrible danger.
Sandoval tenta de rebâtir l’Armada castilliane, mais l’In-
quisition établit d’autres priorités. L’Armada reprit du poil Sarmatie
de la bête, mais resta loin de sa gloire passée… jusqu’à la La Fédération sarmatienne emploie des navires de
découverte du Nouveau monde. De nouvelles ressources commerce depuis des dizaines d’années. Ce n’est que
et cultures se trouvant désormais à portée, l’Inquisition récemment qu’elle s’est mise à bâtir des vaisseaux de guerre
changea l’allocation des fonds, faisant de la flotte castil- pour se protéger plutôt que d’employer des mercenaires.
liane l’une des mieux financées de Théah. Les équipages Au lieu de financer une marine, l’ancien Sejm préférait
castillians comptent parmi les plus disciplinés au monde, embaucher des mercenaires, jugeant cette alternative
constitués de marins hautement compétents et d’officiers plus rentable et commode, mais depuis la Liberté dorée,
avec des années d’expérience. La présence marine castil- la Fédération s’est enfin consacrée à cet enjeu grandissant
liane surpasse celle de toute autre Nation et ses vaisseaux qu’est le contrôle des mers. Pour l’heure bourgeonnante, la
rapportent des fortunes au pays. marine sarmatienne a beaucoup à faire pour se mesurer à
ses Nations voisines, mais ses guilders lui ont permis d’ac-
célérer le processus en embauchant capitaines et amiraux
étrangers. Servir à bord d’un navire sarmatien revient à
prendre part à une entreprise naissante, et ses capitaines
sont partagés entre la discipline stricte de la flotte castil-
liane et la démocratie d’un vaisseau pirate.
Pour finir…
Vous vous souvenez de mes conseils dans le livre de base ?
Tout va bien se passer. Même si vous n’y connaissiez rien
en navires et en bateaux avant de lire ce livre, vous avez
désormais tout un tas d’informations pour vous aider.
Alors allez-y et machinez ! Construisez-vous un petit
vocabulaire nautique et lancez vos joueurs dans une aven-
ture en mer !
Annexe
Coups d’éclat :
Classe
Nom Poste Nation
HISTOIRE DU NAVIRE
Coups d’éclat :
Origine
Nom Poste Nation
Coups d’éclat :
Coups d’éclat :
Coups d’éclat :
Coups d’éclat :
SPIRALE DE LA DESTRUCTION
Nom Poste Nation
Coups d’éclat :
Coups d’éclat :
Trésorerie
n L’ÉQUIPAGE EST REBELLE
Index
Agoge 23, 24, 34, 36, 174 Kap–Kalfu 105, 106, 114, 116, 118, 121, 122
Allende 18, 41–44, 49, 50, 51, 53–55, 56, 57–59, 60 Kleos 21, 23
Aragosta 14, 18, 81–99, 138, 158-159, 175 Küçük Metaxas 21, 38
La Bucca 14, 18, 39–60, 90, 147, 173, 176, 177, 183 Lærke Ulriksdottir, responsable de la sécurité
Capitaine Morgan Jacqueline Bonaventura 105, 106, 118, 119, 125, 127, 129, 133, 135, 138–141
87, 90-91, 92, 93, 95–98, 99 Lakedaimon 23, 24, 26, 30
Capitaine Phillipe Nicolas Gosse 84, 87, 90, 91, 99 La mer Atabéenne 15, 18, 46, 61–80
Capitaine Reis 84, 88, 89, 99, 183, 200 La Mère de La Bucca 45, 46, 49, 52, 55
Capitaine Stephen Fevrier 84, 86, 89, 90, 91 Monstres 49, 63, 64, 66, 70, 71, 72–76, 78, 89, 101, 187–193
Cardinal Alfonso Ordunez 40–42, 49, 52, 54, 58 Navires 175–177, 194–200
Chapelain Nsōwaa Nkansa 106, 109, 112–118, 122 Numa 14, 15, 18, 19–38, 137, 148, 157, 176
Chartes pirates Président George Rourke
14, 83, 84, 87, 88, 89, 92, 93, 95, 101-102, 158-159, 181–184 86, 110, 118, 119, 124-125, 130, 133–135, 137, 138, 141
Chef Pablo de la Cruz 106, 109, 113, 114, 116–118, 122 Les Rahuris 15, 18, 62, 63, 64–80, 104–109, 112, 114–117,
La Compagnie commerciale atabéenne 118, 120, 122, 123 127, 130, 132, 134, 135, 141, 157, 176, 180
14, 18, 66, 67, 69, 71, 72, 80, 82, 86, 89, 90, 91, 92, 93, 95, 98, La République des pirates 83, 84, 89
104–111, 112, 113, 114, 116–141, 175, 177, 180, 184, 199 Sociétés secrètes 98, 141, 178–184
Le Conseil des capitaines 84, 90–94 La Cosca 177, 178-179
Création de personnage 144–157 La Fraternité de la côte
Duels 172–174 82, 83, 84, 90–91, 98, 110, 116, 141, 182
Esclavagisme 14, 18, 46, 66, 67, 69, 71, 72, 79, 80, Le Riroco 69, 71, 72, 79, 180
102, 104–106, 107, 108, 110, 112, 124, 125, 126, 129, 130, 131, 132, Sorcellerie 158–171
134, 180, 184 Kap sèvi 160–165
Flemming Rudd, agent de recrutement en chef Magie des Chartes 158–159
108, 118, 119, 125, 128, 129, 130, 131, 133, 134, 137 Mohwoo 169–171
Fort Liberté 92, 98, 118, 119, 125, 127, 131, 136, 138–141 Mystírios 166–168
Général Taiyewo 106, 109, 113–115, 118 Théah 35, 64, 110, 137, 141, 197, 198
Jaragua 18, 103–122, 147, 175, 184 Vincenzo Gatto 82–84, 87, 88
Jonah le Diable 15, 86, 88, 90, 96, 97, 98, 99–102, 154,
177, 181
208 ANNEXE
À moi forban que m’importe la gloire
Les lois du monde et qu’importe la mort ?
Sur l’océan j’ai planté ma victoire
Et bois mon vin dans une coupe d’or.