Optimisation de La Chaine Logistique Et Productivi
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Téléphone : 514-340-6449
Télécopieur : 514-340-6469
Sommaire 1
Introduction 2
Le lien entre la productivité et la logistique : recension des écrits 4
Les enjeux du benchmarking et la recherche des meilleures pratiques en gestion de la chaîne
logistique 6
La nature des meilleures pratiques 9
La nature des entreprises performantes 15
Les coûts logistiques : comparaison Canada et États-Unis 19
Approvisionnement dans les pays à faibles coûts de production : la situation du Canada 20
Déploiement d’une stratégie logistique 21
Conclusion et prochaines étapes 29
Références 30
CENTRE SUR LA PRODUCTIVITÉ ET LA PROSPÉRITÉ
Sommaire
Depuis plusieurs années, un nombre grandissant d’entreprises et de chercheurs reconnaissent
les bénéfices d’une bonne gestion de la chaîne logistique. Plusieurs enquêtes académiques ou
professionnelles concluent que la gestion de la chaîne logistique a un impact positif sur la
performance de l’entreprise. Plus spécifiquement, de ces études, il se dégage que les pratiques
logistiques ont une incidence positive sur la performance opérationnelle de l’organisation
(service à la clientèle, temps de réponse, niveau des stocks, délais, etc.). Cependant, l’impact sur
la performance financière de l’organisation serait indirect et il y a peu d’études qui concluent à
un lien direct. Puisque l’impact est positif, il devient naturel que de plus en plus d’entreprises
cherchent à comprendre les pratiques de gestion de la chaîne logistique qui dégagent des gains
supérieurs. C’est dans cet esprit que des exercices de benchmarking (analyse comparative) ont
été mis de l’avant et que des enquêtes ont cherché à identifier les entreprises performantes et
leurs pratiques distinctives en matière de gestion de la chaîne logistique. Par ailleurs, ces
dernières études présentent deux inconvénients : trop souvent les mêmes entreprises sont
citées et la définition de pratiques performantes varie beaucoup d’une étude à l’autre (outils,
activités, objectifs). Enfin, le succès n’est pas un état permanent, une entreprise citée en
exemple peut subir des revers de fortune et alors perdre son attrait. Il y a donc lieu de dépasser
la simple étude des pratiques pour appréhender le déploiement des pratiques qui permettront
de comprendre le succès durable des entreprises.
Ces constats ont été produits à partir d’une revue de littérature internationale. Il ressort
clairement qu’il y a une pénurie d’études pouvant aider les entreprises québécoises; les
enquêtes étrangères ciblant trop souvent la très grande entreprise alors que le tissu
économique du Québec est composé en très grande partie de PME. De tels exercices ont déjà
été menés, mais ils remontent à plusieurs années. Il est donc nécessaire d’avoir des données
plus récentes afin de pouvoir identifier des pistes d’amélioration pour les entreprises d’ici.
1
CENTRE SUR LA PRODUCTIVITÉ ET LA PROSPÉRITÉ
Introduction
Initialement, les applications du terme logistique se limitaient au contexte militaire et ce n’est
qu’au cours des années 1960 qu’on verra son apparition dans la réalité de l’entreprise (Ballou,
2007). Au cours des années 1950, des organisations commencent à s’intéresser aux coûts de
transport et à rechercher comment les réduire (Bowersox, 2007). Dans les années 1960, le
terme logistique a été intégré dans le vocabulaire des entreprises; son application étant alors
souvent limitée au transport de la marchandise. Au fil des ans, les ramifications de la logistique
se sont élargies pour traiter du mouvement de la matière dans l’entreprise. Au début des
années 1980, le concept de chaîne logistique (supply chain) est apparu, il est alors devenu
évident que la performance de l’entreprise était dépendante des actions se déroulant en amont
(fournisseurs) ou en aval (réseaux de distribution). Encore là, avec les années, la gestion de la
chaîne logistique dépassa le simple mouvement de la marchandise pour prendre en
considération les activités pouvant avoir un impact sur la disponibilité d’un produit répondant
aux besoins d’un client. La figure 1 permet de voir les différentes applications de la chaîne
logistique (Lambert et al., 1998). Aujourd’hui, la chaîne est le point de jonction de pratiques
provenant de multiples horizons comme la gestion de la qualité, la conception des produits, le
service à la clientèle ou la gestion des données (Anderson et Delattre, 2002).
Figure 1
Schématisation de la chaîne logistique
FLUX DES MATIÈRES
Organisation
Fournisseur Fournisseur
Client Clients
2e rang 1er rang Logistique Finaux
PApprovisionnement Marketing
FLUX DES MATIÈRES
Production Finance
R&D
SERVICE À LA CLIENTÈLE
GESTION DE LA DEMANDE
GESTION DE LA PRODUCTION
2
CENTRE SUR LA PRODUCTIVITÉ ET LA PROSPÉRITÉ
Malgré l’engouement pour le sujet parmi les chercheurs universitaires et les exemples
d’entreprises ayant du succès par leur gestion de la chaîne logistique, il est important d’explorer
plus en profondeur le lien entre la gestion de la chaîne logistique et son impact sur la
performance de l’entreprise. Dans le cadre de cette étude, la notion de performance couvrira
différentes dimensions : financière, opérationnelle, productivité, etc. Aussi, notre étude mettra
en évidence des résultats plus spécifiques à la situation québécoise.
Ainsi, ce volet de la recherche vise à recenser les études établissant un lien entre la productivité
et la gestion de la chaîne logistique. Il vise aussi à identifier les meilleures pratiques en matière
de gestion de la chaîne logistique et à mesurer leur impact sur la productivité des entreprises. Il
entend enfin à déterminer dans quelle mesure les entreprises québécoises réussissent à adopter
de telles pratiques exemplaires. Pour atteindre ces objectifs, nous procéderons à une revue de
la littérature pertinente qui fera l’objet de ce rapport.
3
CENTRE SUR LA PRODUCTIVITÉ ET LA PROSPÉRITÉ
D’abord, l’enquête menée par D’Avanzo et al. (2003) auprès de 636 firmes du top 3 000 des
entreprises mondiales révèle que 90 % des répondants considèrent que la gestion de la chaîne
logistique est une dimension critique de la performance d’une organisation. Cette enquête
suggère un lien direct très fort entre la gestion de la chaîne logistique et la performance
financière.
Une autre enquête produite par PMG (Performance Measurement Group) menée auprès de 70
grandes entreprises manufacturières conclut aussi que les firmes ayant des pratiques logistiques
plus matures sont 40 % plus profitables que les entreprises manufacturières qui n’ont pas des
pratiques aussi évoluées. Les entreprises avec des pratiques matures seraient plus performantes
de l’ordre de 10 % à 25 % en ce qui concerne les délais de livraison, la flexibilité ou les temps de
réponse. Ces mêmes firmes auraient des coûts logistiques équivalant à 9 % des revenus
comparativement à 10,7 % pour la moyenne des répondants. Cet écart signifierait une économie
de 20 millions de dollars pour une entreprise qui a un chiffre d’affaires d’un milliard de dollars
(Roussel et al., 2003). L’étude ne qualifie pas beaucoup ce concept de maturité, mais nous y
reviendrons ultérieurement dans le texte.
Une enquête menée auprès de 478 entreprises brésiliennes reprend ce concept de maturité et
elle conclut qu’il y a un lien entre le degré de maturité des pratiques logistiques et la
performance d’une organisation. Il faut préciser que cette notion de performance est mesurée
dans une perspective opérationnelle des grandes fonctions associées à la chaîne logistique :
approvisionnement, production, distribution et planification (McCormack et al., 2008) .
Ensuite, nous avons analysé les résultats de très nombreuses études empiriques universitaires.
De cette analyse, il se dégage que :
• Les pratiques logistiques ont une incidence positive sur la performance logistique (vitesse
de livraison, responsiveness, flexibilité dans la livraison, capacité de livraison) et sur la
performance marketing (croissance moyenne du marché, croissance moyenne du volume
des ventes, croissance moyenne des ventes en dollars). Ces résultats proviennent d’une
enquête menée dans le secteur manufacturier américain avec un échantillon de 142
4
CENTRE SUR LA PRODUCTIVITÉ ET LA PROSPÉRITÉ
Globalement, de ces études, il se dégage que les pratiques logistiques ont une incidence positive
sur la performance opérationnelle de l’organisation. Cependant, l’impact sur la performance
financière de l’organisation serait indirect et il y a peu d’études qui concluent à un lien direct.
Pour expliquer ces observations, nous reprenons les concepts de Hill (1994) qui suggèrent
qu’une organisation doit penser en termes d’habiletés qualifiantes (qualifiers) et d’habiletés
gagnantes (order-winners). Selon ce que nous venons de constater dans la littérature, les
pratiques de gestion de la chaîne logistique deviennent souvent un seuil minimal à détenir pour
être une entreprise crédible face aux concurrents locaux ou étrangers. Une entreprise peut faire
de ces pratiques de gestion de la chaîne logistique des habiletés gagnantes en réussissant à se
démarquer significativement de la concurrence.
5
CENTRE SUR LA PRODUCTIVITÉ ET LA PROSPÉRITÉ
Au fil des ans, ces exercices se sont raffinés. Les activités de benchmarking devraient combiner
des mesures de performance quantitatives avec des analyses qualitatives. Pour Andersen et al.
(1999), le benchmarking doit poursuivre quatre fonctions : mesurer, comparer, apprendre et
améliorer.
Cependant, ces exercices étant menés sur une base individuelle, il y avait des lacunes quant au
manque de normalisation par rapport à la terminologie et à la clarté des facteurs ayant des
impacts dans un même secteur d’activités. Confirmant cette dernière analyse, Wong et Wong
(2008) ont retracé plus de 40 définitions du concept de benchmarking, mais aucune démarche
normalisée. Pour résoudre ce problème, deux firmes de conseils ont développé le modèle SCOR
qui vise à offrir :
Aussi, les exercices de benchmarking sont rarement dissociés d’une recherche de meilleures
pratiques (pratiques exemplaires – best practices). Initialement, la pratique exemplaire
prescrivait la meilleure façon de traiter un problème particulier tout en étant applicable à
n’importe quel contexte (Reijers et Mansar, 2005).
Dans ce contexte, Laugen et al. (2005) rappellent que les bonnes pratiques doivent permettre
un rehaussement de la performance. Ainsi, une piètre entreprise peut devenir plus performante
alors qu’une entreprise qui a une performance supérieure peut espérer maintenir son niveau de
succès. Comme nous le disions précédemment, ces meilleures pratiques doivent être liées à un
contexte spécifique et enfin l’étude de ces meilleures pratiques devrait être réalisée dans une
perspective holistique. Le tableau 1 tend à confirmer l’impact du déploiement de meilleures
pratiques sur la performance de l’entreprise.
6
CENTRE SUR LA PRODUCTIVITÉ ET LA PROSPÉRITÉ
Une autre enquête, celle de McKinsey, indique que des entreprises qui déploient des pratiques
exemplaires recensées dans leur étude se démarquent par une performance supérieure de la
chaîne logistique. Une performance qui permet de rompre avec l’arbitrage de coût, de service et
de niveau de stocks dans la mesure où ces entreprises ont une performance supérieure sur ces
trois dimensions. Précisons que ce n’est qu’une petite portion des entreprises étudiées (10 %)
qui avaient réussi un tel niveau de performance 1.
Figure 2
L’enquête de PMG (Performance Measurement Avantage de coût selon la maturité de la
chaîne logistique
Group) citée précédemment va dans le même sens;
Coût comme un pourcentage des revenus
les entreprises qui déploieraient des pratiques
exemplaires se démarqueraient sur la gestion des
commandes (order management), la gestion des
achats (material acquisition) et la gestion des stocks
(inventory carrying) (voir figure 2). Notons que ces
trois dernières observations ne contredisent pas
nos conclusions antérieures puisqu’il s’agit encore
d’indicateurs opérationnels.
Enfin, la société Aberdeen Group a réalisé une enquête pour identifier le comportement des
« Best in class » dans le domaine de la chaîne logistique. L’étude a été menée en juillet 2006 par
l’entremise d’une enquête Internet et d’entrevues téléphoniques. Les répondants sont des
firmes manufacturières. Ces entreprises proviennent très majoritairement des États-Unis (79 %).
43 % des entreprises ont un chiffre d’affaires de plus d’un milliard de dollars. Enfin, les
répondants sont classés en trois catégories : 30 % sont des « Laggards », soit ceux qui ont des
pratiques qui génèrent des résultats moindres que la moyenne de l’industrie, 50 % des
répondants ont des résultats dans la moyenne de l’industrie et enfin 20 % des répondants ont
une performance supérieure à l’industrie.
1
The Race for Supply Chain Advantage: Six Practices that Drive Supply Chain Performance, McKinsey Company, 2008,
26 p.
7
CENTRE SUR LA PRODUCTIVITÉ ET LA PROSPÉRITÉ
Les pourcentages présentent la proportion des entreprises de chacune des trois catégories (Best
in class, Average et Laggard) ayant adopté chacune des pratiques (voir la figure 3 de la page
suivante). Il peut paraître surprenant que les « Best in class » déploient moins de pratiques de
réduction des activités manufacturières sans valeur ajoutée, de réduction des stocks et de
réduction des coûts administratifs. Les auteurs expliquent ces différences principalement par la
perspective des entreprises. Les « Best in class » focaliseraient davantage sur les besoins des
consommateurs qui permettraient d’aligner les efforts Lean à l’intérieur de la chaîne logistique.
Les « Average » et les « Laggard » tendraient à focaliser sur des enjeux internes et plus
opérationnels alors que les pratiques Lean misent sur l’agilité et Responsiveness aux attentes
des clients. Précisons que cette liste identifie davantage des objectifs que des moyens
(technologies ou activités).
Figure 3
Comparaison des pratiques Lean entre les différents groupes
63%
Focalisation sur les activités à valeur ajoutée pour le client 41%
par l’entremise de la chaîne logistique 26%
23%
57%
Réduction des activités manufacturières sans valeur ajoutée 63%
23%
Réduction des stocks et des actifs requis pour produire et livrer 37%
le produit. 43%
33%
Améliorer la flexibilité des activités manufacturières 33%
et de la supply chain 30%
33%
Implanter une culture d’amélioration continue 25%
23%
17%
Réduction des coûts administratifs pour les activités 24%
29%
manufacturières et de la chaîne logistique
27%
17%
Déploiement de processus customer demand - driven 24%
8
CENTRE SUR LA PRODUCTIVITÉ ET LA PROSPÉRITÉ
Respect de la planification 88 % 80 % 80 %
Niveau de service 99 % 89 % 80 %
Note : Les pourcentages représentent la proportion des entreprises de chacune des
trois catégories (Best in class, Average et Laggard) ayant rapporté des
bénéfices pour chacun des énoncés.
• La présence d’individus qui ont une vision holistique de la chaîne logistique et qui sont
en mesure de voir les liens entre les divers processus;
• La présence d’individus qui peuvent doser les efforts requis pour les différentes relations
d’affaires;
• La présence d’individus qui peuvent utiliser des chiffres et travailler avec des faits;
• Une organisation qui peut effectuer une coordination centralisée;
• Un responsable de la chaîne logistique qui est aussi un membre du comité de direction
de l’entreprise;
• La constitution d’équipes transfonctionnelles qui mettent en œuvre des projets
d’amélioration de la chaîne logistique;
• Le déploiement de technologies de l’information qui permettent un partage de données
en temps réel entre les partenaires internes et les partenaires externes;
• Le développement d’indicateurs de performance qui suivent les résultats de la chaîne
logistique;
• La démonstration des impacts des initiatives d’amélioration de la chaîne logistique sur
les états financiers de l’organisation.
9
CENTRE SUR LA PRODUCTIVITÉ ET LA PROSPÉRITÉ
Cette liste pourrait être naturellement augmentée par d’autres pratiques. Il semble donc
nécessaire de classer ces pratiques dans des ensembles plus cohérents. À cet effet, Bigras (2004)
a réalisé une importante revue de littérature sur les pratiques exemplaires en matière de
gestion de la chaîne logistique. Il est possible de les découper selon différentes nomenclatures, à
partir de la recension de la littérature de Bigras (2004), nous suggérons la nomenclature
suivante :
10
CENTRE SUR LA PRODUCTIVITÉ ET LA PROSPÉRITÉ
Par ailleurs, des entretiens en profondeur menés auprès de 60 gestionnaires dans le domaine de
la chaîne logistique identifient six pratiques permettant à une organisation de se démarquer par
la performance de sa chaîne. Ces pratiques sont :
1. Une compréhension par les membres de l’organisation des différents niveaux et services
de la stratégie logistique et de ses objectifs;
2. Une capacité à reconfigurer la chaîne logistique selon les produits et le niveau de service
à atteindre;
3. Un équilibre à l’intérieur du système logistique afin qu’il conserve sa flexibilité, sa
productivité et sa capacité à offrir un bon service sans coûts ou risques excessifs;
4. Le déploiement d’outils d’amélioration continue et des efforts transfonctionnels afin de
limiter les coûts du système logistique;
5. Un effort consacré au processus de planification;
6. La recherche et le développement de talents pour gérer la chaîne logistique 2. L’enquête
indique qu’aucune des entreprises de l’étude n’avait réussi à maîtriser les six pratiques.
Aussi, à l’intérieur de ces pratiques, il y a une forme de hiérarchie qui peut s’établir dans la
mesure où des pratiques ont une synergie entre elles alors que d’autres sont un préalable à
certaines.
Par ailleurs, la technologie est une dimension de la gestion de la chaîne logistique. Après tout,
l’intégration du flux d’information au flux des matières est un fondement de base de la gestion
de la chaîne logistique. Dans ce contexte, une entreprise comme Wal-Mart qui met à la
disposition de ses fournisseurs un ensemble de données sur le niveau des stocks ou des ventes
en magasin par l’entremise de son système Retail Link cherche à répondre à cette exigence
d’intégration. Pour sa part, la société Fedex automatise une grande partie de ses activités afin
d’assurer la traçabilité des colis dont elle a la responsabilité. Plus récemment la technologie RFID
(Radio Frequency Identification) a suscité beaucoup d’intérêt afin de remplacer la technologie du
code à barres, permettant ainsi d’automatiser davantage la traçabilité des produits et cela avec
une plus grande fiabilité 3.
2
The Race for Supply Chain Advantage: Six Practices that Drive Supply Chain Performance, McKinsey Company, 2008,
26 p.
3
« The Physical Internet », The Economist, June 17, 2006, p. 3-20.
11
CENTRE SUR LA PRODUCTIVITÉ ET LA PROSPÉRITÉ
Par ailleurs, une autre enquête intensive menée au Québec auprès 5 000 gestionnaires (668
questionnaires complétés) par Roy et al. (2001) nuance le portrait. Contrairement à l’enquête
précédente, cette étude ne se limite pas aux technologies. Autre nuance, elle discrimine les
répondants selon la taille de leur entreprise. Les résultats sont présentés au tableau 3.
12
CENTRE SUR LA PRODUCTIVITÉ ET LA PROSPÉRITÉ
Partage de prévisions avec les clients et les fournisseurs (CPFR) 34,2 44,8 59,9
Partage des informations recueillies aux points de ventes 25,9 44,9 47,5
Il ressort de ces résultats que pour tous les énoncés (à l’exception du choix de fournisseurs sur
Internet), il y a une progression du déploiement selon la taille des répondants; les grandes
entreprises adoptant les pratiques et technologies, systématiquement, en plus grand nombre
que les petites ou les moyennes entreprises. Il y a des énoncés où les écarts entre les petites
entreprises et les grandes sont supérieurs à du simple au double (alliances ou partenariats avec
des entreprises de transport ou de logistique, utilisation de systèmes de codes à barres et de
lecteurs optiques, développement ou réingénierie des processus avec des clients et des
fournisseurs, méthode de réapprovisionnement continu (ECR, Quick Response) ou système de
suivi ou tableau de bord de la performance logistique). Au-delà de ces observations, nous
n’osons pas nous avancer davantage, car l’enquête remonte tout de même à plusieurs années,
et le portrait a forcément évolué ne serait-ce que par l’arrivée de nouvelles pratiques ou
technologies comme le RFID.
Par ailleurs, ces bonnes pratiques n’ont pas toujours à être très spectaculaires. Le tableau 4
présente des pratiques permettant de réduire le niveau des stocks. Parmi celles-ci, il y a des
techniques qui ont démontré leur efficacité depuis des décennies.
13
CENTRE SUR LA PRODUCTIVITÉ ET LA PROSPÉRITÉ
Par ailleurs, il faut comprendre que ces « bonnes » pratiques ne se limitent pas à une seule
dimension (intégration des fournisseurs, automatisation, redéploiement des activités, gestion
active des relations avec les clients, etc.), il existe une forte complémentarité entre les
différentes dimensions que nous venons de présenter. Par exemple, le déploiement d’outils
électroniques peut favoriser l’intégration des fournisseurs. Il ne faudrait donc pas les voir
comme des pratiques exclusives les unes des autres. À cet effet, M. André Martin qui est l’un
des concepteurs du système Flowcasting auquel on a référé précédemment plaide pour une
réflexion plus large quant à des changements plus profonds dépassant la simple implantation
d’un système d’information, le Flowcasting inclus. Parmi ces changements, il y a la redéfinition
des rôles, la formation à offrir, la redéfinition des pratiques de rémunération, etc. (Landry et
Beaulieu, 2004).
Par ailleurs, Lapide (2005/2006) considère que cette recherche de meilleures pratiques n’est
peut-être qu’une illusion alors que des organisations qui ont implanté ces meilleures pratiques
n’ont pas obtenu les résultats attendus. Ces meilleures pratiques prennent souvent leur
véritable sens dans le contexte où elles sont déployées.
14
CENTRE SUR LA PRODUCTIVITÉ ET LA PROSPÉRITÉ
Ford Motor Co. International Truck and Engine Wal-Mart Stores inc.
L’enquête du MIT s’inscrit à l’intérieur du projet 2020 qui vise à mieux comprendre les
meilleures pratiques associées à la gestion de la chaîne logistique. L’idée n’est pas de chercher à
reproduire ces meilleures pratiques, mais à saisir les principes sous-jacents derrière celles-ci
(Lapide, 2005/2006). Depuis 2004, l’enquête qui produit un classement des 25 entreprises les
plus performantes en matière de gestion de la chaîne logistique a été reproduite
périodiquement. Le tableau 6 présente les classements obtenus pour les années 2004 à 2008.
La méthodologie a été raffinée au fil des ans. Elle démarre en identifiant des entreprises selon le
plus récent classement du Fortune’s Global 500. De ce classement, des secteurs d’activités
comme celui des banques, de l’énergie, etc. ont été retirés de l’étude finale. Pour la constitution
du Top 25, une note est accordée à chaque entreprise. 60 % de la note provient de données
financières (rendement des actifs, le taux de rotation des stocks et la croissance des revenus).
Ces données offrent un portrait basé sur le passé de l’entreprise. L’autre 40 % de la note
15
CENTRE SUR LA PRODUCTIVITÉ ET LA PROSPÉRITÉ
Cette méthodologie présente cependant une limite importante : les entreprises sont
sélectionnées au préalable sur la base de leurs résultats financiers, par la suite, ce lot
d’entreprises est trié par des professionnels de la gestion de la chaîne logistique. Dans ce
contexte, il est facile d’établir un lien entre bonnes pratiques logistiques et performance
d’entreprise.
Nous avons déjà mentionné que les entreprises identifiées dans la littérature comme
démontrant un leadership en matière de gestion de la chaîne logistique sont souvent les
mêmes. À partir des résultats des études du MIT, le tableau 7 (page suivante) présente certaines
des pratiques qui leur permettent de se démarquer. Il ressort de ce tableau que les pratiques
recensées dépassent du simple mouvement de la marchandise pour embrasser la gestion de la
chaîne logistique, ce qui nous ramène aux ramifications identifiées à la figure 1 en introduction.
Aussi, ces entreprises sont toutes des multinationales étrangères. Pourtant l’enquête de PMG,
4
Précisons que la société AMR Research a été fondée en 1986. Elle offre des services de conseils et des occasions de
réseautage aux cadres des domaines des opérations et des technologies de l’information. L’entreprise possède une
expertise dans les secteurs des produits de consommation, des sciences de la vie, des secteurs manufacturiers et du
commerce de détail.
16
CENTRE SUR LA PRODUCTIVITÉ ET LA PROSPÉRITÉ
citée plus tôt, démontre que la taille n’est pas un facteur expliquant le succès d’une entreprise
dans le domaine de la chaîne logistique.
Ces enquêtes internationales citent peu souvent des entreprises canadiennes ou québécoises.
Pourtant, des organisations québécoises réussissent très bien en matière de gestion de la chaîne
logistique ou, à tout le moins, elles ont déployé des mesures en vue d’améliorer leur
performance dans ce domaine. Ces organisations ont souvent des tailles beaucoup plus
modestes que celles des entreprises du tableau 7, ce qui est plus conforme à la diversité du tissu
économique québécois qui est composé en très grande partie de PME. Malgré cette
caractéristique, elles ont tout même su adapter des stratégies distinctives en matière de
logistique. Cette dernière affirmation tend à confirmer nos propos précédents liés à l’étude de
5
T.A. Foster, (2005) p. 22-36.
« Logistics Today’s: 10 Best Supply Chain 2004 », Logistics Today, vol. 45, n° 12, 2004, p. 17-22.
17
CENTRE SUR LA PRODUCTIVITÉ ET LA PROSPÉRITÉ
PMG. Ces exemples présentent des applications de meilleures pratiques identifiées dans les
sections précédentes. Voyons donc ces quelques exemples.
• Pintendre Autos
L’entreprise se spécialise dans la vente de pièces automobiles provenant de voitures
accidentées. L’entreprise a développé à l’interne un logiciel qui lui permet de gérer les
stocks en main, les ordres de démontage des carcasses et achats de voitures accidentées en
fonction de la vitesse d’écoulement des stocks. Pour les achats, le système d’information
peut suggérer un prix cible en fonction du potentiel de revente. Cette entreprise ne se
considère pas comme un fournisseur de pièces, mais comme une entreprise de service
logistique d’où l’importance qu’elle accorde à la gestion de l’information.
18
CENTRE SUR LA PRODUCTIVITÉ ET LA PROSPÉRITÉ
Une étude encore plus récente trace le portrait de la logistique au Canada en 2008. De 2005 à
2007, le coût total de la logistique et de la gestion de la chaîne d’approvisionnement (GCA) a
augmenté de 3 % au Canada. Dans les trois principaux sous-secteurs de la distribution, le coût de
la logistique a augmenté, grimpant de près de 22 % dans le secteur du commerce de détail et
d'environ 1 % dans ceux des fabricants et des grossistes. L'augmentation du coût de la logistique
dans le commerce de détail s'explique notamment par l'augmentation des coûts de possession
des stocks (une augmentation de plus de 35 % du niveau de stock).
19
CENTRE SUR LA PRODUCTIVITÉ ET LA PROSPÉRITÉ
Selon une étude récente d’Industrie Canada (2007), à peine 43 % des entreprises canadiennes
s’approvisionnant dans des pays à bas coûts ont réussi à diminuer leur coût total livré. L’étude
identifie certaines pratiques exemplaires utilisées par les entreprises ayant réussi à abaisser leur
coût total (voir la figure 6) :
• Recours au transport aérien,
• Établissement de sources d’approvisionnement secondaires,
• Formation des fournisseurs des pays à bas coûts,
• Etc..
Il est intéressant de noter que la constitution de stocks supplémentaires ne fait pas partie des
pratiques exemplaires mais caractérise plutôt le comportement des entreprises qui voient leurs
coûts augmenter.
Figure 6
20
CENTRE SUR LA PRODUCTIVITÉ ET LA PROSPÉRITÉ
Dans les pages précédentes, nous avons parlé de niveaux de maturité logistique des entreprises.
L’enquête de PMG (Performance Measurement Group), citée plus tôt, utilise cette expression.
Ces degrés de maturité s’inspirent justement des travaux de Masters et Pohlen. Ils découlent
d’une échelle à quatre niveaux (voir le tableau 8).
Collaboration inter-
Focalisation fonctionnelle Intégration interne Intégration externe
entreprise
• Les processus logistiques • À l’échelle de l’entreprise, • Identification conjointe • Aligner les objectifs et les
sont discrets bien que le les processus et les des objectifs corporatifs processus entre les
flux des données soit données sont mesurés et et des plans d’action. entreprises participantes.
documenté et compris. des diagnostics de • Renforcement du partage • Viser une gestion en
• Les ressources logistiques processus sont établis. des processus et des temps réel de la chaîne
et l’évaluation de la • Les ressources sont données. logistique en demeurant
performance sont gérées sur la base de • Définition des mesures de lié aux besoins des
établies au niveau des fonctions et via des performance, la mesurer consommateurs.
services. équipes trans- et réaction aux résultats.
fonctionnelles
Basant leurs réflexions sur les outils électroniques, Folinas et al. (2004) suggèrent eux-aussi une
échelle de maturité à quatre niveaux qui offre plus de détails quant aux différentes
caractéristiques de chacun des niveaux (tableau 9, page suivante).
21
CENTRE SUR LA PRODUCTIVITÉ ET LA PROSPÉRITÉ
Poirier (1997) propose lui aussi une nomenclature en quatre niveaux pour caractériser le degré
d’intégration de la chaîne logistique (tableau 10). Bien que similaire aux échelles précédentes,
cette nomenclature présente d’autres variables pour décrire chacun des niveaux.
22
CENTRE SUR LA PRODUCTIVITÉ ET LA PROSPÉRITÉ
Puisque ces trois premières grilles sont complémentaires, nous revenons sur les travaux de PMG
menés en 2003, les entreprises se situaient alors en moyenne au stade de maturité d’intégration
interne. Il y avait naturellement des différences entre les industries alors que le secteur des
biens de consommation était le leader en termes de maturité. Le secteur de la haute
technologie était au milieu de l’échantillon : ces entreprises avaient adopté plusieurs des
pratiques exemplaires, mais elles demeuraient concentrées principalement sur le
développement de produits. Enfin, le secteur des sciences de la vie était le moins mature de
l’échantillon.
23
CENTRE SUR LA PRODUCTIVITÉ ET LA PROSPÉRITÉ
Par ailleurs, il ne faut pas voir les premiers niveaux comme une sous utilisation de la chaîne
logistique, mais comme des stades nécessaires permettant d’atteindre les niveaux supérieurs.
Lee et al. (2007) qui ont mené une étude auprès de cadres dans le domaine de la logistique
concluent que l’intégration interne est le premier déterminant pour contenir les coûts d’une
organisation alors que les liens avec les fournisseurs auront une incidence sur la fiabilité et la
performance générale de l’entreprise. Il ne faut donc pas négliger les efforts d’intégration
interne. À cet effet, une enquête démontre que la première cause des interruptions dans la
chaîne logistique est interne aux entreprises 6.
Une enquête plus récente produite par Poirier et Quinn (2006) laisse sous-entendre que les
entreprises progressent dans l’échelle de maturité de la gestion de la chaîne logistique. Les
résultats envoient des signaux contradictoires (voir figure 7). D’un côté, 40 % des répondants
ont une stratégie logistique qui est mise en œuvre au niveau d’une division ou d’une unité
d’affaires. Dans 30 % des cas, cette stratégie est liée à la stratégie d’affaires de l’entreprise.
Cependant, de l’autre côté, le tiers des répondant n’ont pas encore de stratégie logistique
(aucune ou en développement).
Figure 7
6
« The Physical Internet », The Economist, June 17, 2006, p. 3-20.
24
CENTRE SUR LA PRODUCTIVITÉ ET LA PROSPÉRITÉ
Par ailleurs, Ayers et Malmberg (2002) proposent une autre nomenclature où ils identifient
quatre grands critères afin de définir chacun des niveaux :
1. L’organisation de la chaîne logistique, soit la nature des orientations prises à
l’interne et à l’extérieur de l’entreprise,
2. La capacité de la chaîne logistique à être orientée sur la demande (demand-driven
supply chain),
3. La nature technologique du système logistique, et enfin
4. La nature des défis.
Cette nomenclature précise des conditions expliquant la progression d’un niveau à un autre. Le
tableau 11 décrit les différents niveaux de la nomenclature.
Organisation • Exécution des tâches • Développement des • Classification des • Optimisation des achats
de base habiletés à gérer la articles • Programme
chaîne d’amélioration inter-
• Analyse des causes entreprises
des défaillances
Demand-driven • Partage des risques • Vision complète de • Comité de direction • Réduction des
et des bénéfices la chaîne de la chaîne fournisseurs
• Focalisation client logistique
Bien que toutes ces nomenclatures avancent l’idée d’une progression vers les niveaux
supérieurs, ce mouvement n’est pas inéluctable. À cet effet, l’étude de Bigras (2004) cite les
résultats de l’enquête World Class Logistics qui a été produite à partir d’un échantillon de 3 693
entreprises en 1995 et 306 en 1998 (Stank et Goldsby, 1999). Cette enquête nous apprend que
le score moyen a reculé entre 1995 et 1998 passant de 223,83 à 220,30. Ainsi, la progression des
pratiques logistiques n’est pas une démarche linéaire. Il est donc possible qu’une firme qui a
progressé dans son échelle de maturité revienne sur ses pas. L’enquête de D’Avanzo et al.
(2003) confirme cette dernière affirmation. Dans cette enquête, les entreprises qui avaient
obtenu un avantage concurrentiel par leurs pratiques logistiques ont vu cet avantage être érodé
par le ralentissement de leurs investissements dans le domaine ou par la capacité de leurs
concurrents à rattraper leur avance.
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CENTRE SUR LA PRODUCTIVITÉ ET LA PROSPÉRITÉ
Par ailleurs, Lee (2004) démontre qu’une organisation doit réfléchir à sa logistique non pas
uniquement dans une perspective de réduction des coûts, mais avec la volonté de rechercher un
véritable avantage concurrentiel. Cependant, la perspective de coûts semble prédominer.
Lorsque l’on compare les figures 8 et 9, des résultats intéressants émergent. Il semble plus aisé
d’aller chercher des gains sous la forme de réduction de coûts que par une augmentation des
ventes en raison d’une meilleure gestion des activités de la chaîne logistique. La logistique est
vue comme un centre de coûts et non comme un outil pour améliorer la satisfaction de la
clientèle. Cette affirmation tend à être confirmée par le fait que 37 % des répondants sont
incapables de faire le lien entre l’impact des activités logistiques et les revenus alors que ce
pourcentage tombe à 19 % pour les coûts 7. Une enquête plus récente produite en 2008 par
Mckinsey auprès de cadres supérieurs confirme que la réduction de coûts est l’objectif le plus
populaire rejoignant 57 % des répondants (Paulonis et Norton, 2008).
Figure 8
Ne sais pas
Une diminution de 11 % à 20 %
Une diminution de 6 % à 10 %
Une diminution de 1 % à 5 %
Figure 9
Ne sais pas
Une augmentation de
plus de 20 %
Une augmentation de 11 % à 20 %
Une augmentation de 6 % à 10 %
Une augmentation de 1 % à 5 %
7
Précisons qu’au cours des dernières années, ces écarts ont beaucoup diminué. Ainsi, le taux de répondants qui ont
une méconnaissance des initiatives des pratiques de la chaîne logistique sur leurs revenus était de 30 % en 2006
(Poirier et Quinn, 2006) et de 19 % en 2007 (Poirier et al., 2007). Du côté de l’impact des initiatives logistiques sur les
coûts, 17 % des répondants n’avaient aucune connaissance en 2006 (Poirier et Quinn, 2006) et 15 % en 2007 (Poirier
et al., 2007).
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CENTRE SUR LA PRODUCTIVITÉ ET LA PROSPÉRITÉ
Encore une fois, pour Lee (2004), il arrive trop souvent que la simple amélioration de la
logistique ne réussira pas à améliorer la performance globale de l’entreprise à long terme, ce
que tend à confirmer les études empiriques détaillées au début de ce rapport. En ce sens,
comme nous le disions en introduction, la gestion de la chaîne logistique ne devrait pas être
considérée comme le déplacement de la marchandise, mais comme le mouvement de la matière
en vue de répondre aux besoins des clients. Ce mouvement peut signifier, par exemple,
d’accélérer le développement de nouveaux produits et non pas uniquement l’acheminement du
produit fini au client. À cet effet, Lee parle de construire la chaîne logistique selon trois axes :
1. L’agilité, soit la capacité de l’organisation de répondre aux changements à court
terme de la demande,
2. L’adaptabilité, soit la reconfiguration de la chaîne logistique selon les changements
structurels, ce qui signifie une révision des produits et des technologies, et enfin
3. L’alignement, soit le développement d’incitatifs qui assurent la recherche d’une
performance supérieure.
Figure 10
Les phases de développement de Wal-Mart
Implantation
de Retail Link
Recours
à l’EDI
Lancement d’un
satellite
Développement
d’un WMS
Premier centre
de distribution
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Pourquoi un délai si important? Nous l’avons mentionné plus tôt, les pratiques logistiques ne se
limitent souvent pas à une seule dimension (humaine ou technologique). Il faut saisir toutes les
ramifications dans leur mise en œuvre pour s’assurer qu’elles donnent leur plein potentiel.
Aussi, dans les trois cas présentés ci-haut, ces entreprises ont poursuivi une politique
d’amélioration constante de leur système logistique. Il faut voir qu’entre le moment où ces
différentes améliorations sont introduites et celui où leurs impacts deviennent suffisamment
percutants pour qu’ils fassent l’objet d’une diffusion publique, il peut s’écouler de nombreuses
années. Durant ce même laps de temps, ces entreprises poursuivent l’amélioration constante de
leur système logistique, ce qui explique qu’il devient difficile de les rattraper en vertu de
l’avance qu’elles se sont forgées.
Dans ce contexte, nous croyons en l’importance d’une stratégie logistique comme vecteur de
cohésion des différents outils, des pratiques et des multiples projets d’améliorations qui
pourraient être introduits. Une cohésion qui nous apparaît nécessaire quant à la séquence de
mise en œuvre des changements et aussi une cohésion afin de maintenir le cap, même si les
gains anticipés ne sont pas aux rendez-vous à court terme.
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CENTRE SUR LA PRODUCTIVITÉ ET LA PROSPÉRITÉ
À cet effet, nous proposons de réaliser une étude d’envergure qui verrait à cartographier l’état
du déploiement des pratiques logistiques au Québec et à cerner les enjeux propres au contexte
québécois. Cette étude pourrait être suivie d’enquêtes périodiques visant à mesurer l’évolution
de la situation dans le temps.
Les résultats de cette enquête pourraient être vus comme la première étape d’une démarche de
benchmarking pour de nombreuses entreprises québécoises. Il faut comprendre qu’une
démarche de benchmarking est un important outil de gestion pour de nombreuses sociétés
performantes (Vitasek et Manrodt, 2005). Dans un contexte où l’économie québécoise est
composée de très nombreuses PME qui n’ont souvent pas les ressources pour mener un tel
exercice, la démarche proposée pourrait s’avérer très précieuse pour les gestionnaires. Cet
exercice pourrait déboucher sur la production d’un outil de benchmarking pouvant aider les
entreprises à s’évaluer au fil des ans et ainsi être en mesure de se fixer de nouveaux objectifs.
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