9 - La Goutte
9 - La Goutte
9 - La Goutte
LA GOUTTE
Pr. R.CHERMAT
Service de Médecine interne
CHU DE SETIF
Le 10/06/2020
1
UFAS Faculté de Médecine 5ème année PR. R.CHERMAT Module de Rhumatologie : La goutte
SOMMAIRE
1 DEFINITION
2 PHYSIOPATHOLOGIE
3 CLINIQUE
4 FORMES ETIOLOGIQUES
5 DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
6 TRAITEMENT
2
UFAS Faculté de Médecine 5ème année PR. R.CHERMAT Module de Rhumatologie : La goutte
1- DEFINITION
2- PHYSIOPATHOLOGIE
MECANISMES DE L’HYPERURICEMIE
Hémopathie
Acides nucléiques
Néoplasie traitée Élimination digestive 1/3
intrinsèques + Psoriasis
+
Acides nucléiques Insuffisance rénale
extrinsèques Acidose
Aspirine faible dose
(alimentation)
Déficit en HPGRT Myxoedème
–
Glycogénose + Diurétique
Déficit en glutaminase
La goutte est due à une hyperuricémie définie par un taux supérieur à 70 mg/l (415 mmol/l) chez
l’homme et supérieur à 60 mg/l (360 mmol/l) chez la femme.
3
UFAS Faculté de Médecine 5ème année PR. R.CHERMAT Module de Rhumatologie : La goutte
La goutte chronique
L’acide urique va se déposer dans divers tissus :
- Au niveau des parties molles et des articulations, formant des dépôts volumineux
responsables de tophus palpables, responsables des altérations mécaniques des articulations.
- Au niveau du rein où il provoque une néphropathie interstitielle aggravée par les lithiases
uriques qui favorisent elles-mêmes distension rénale et infections ascendantes.
3- CLINIQUE :
4
UFAS Faculté de Médecine 5ème année PR. R.CHERMAT Module de Rhumatologie : La goutte
A l’examen, l’orteil est tuméfié, rouge, chaud, complètement impotent. Il existe souvent une
circulation veine collatérale, une hyperthermie discrète.
Sans traitement, les douleurs s’atténuent le matin, s’amplifient les nuits suivantes, et
finissent par disparaître en quelques jours, alors qu’une desquamation cutanée se produit.
Au moment de l’accès, l’uricémie est élevée dépassant 70 mg/l chez l’homme et 60 mg/l
chez la femme. Hyperleucocytose à PN et VS accélérée (50 à 100 à la 1ère heure) sont habituelles.
Lorsque le genou est atteint, la crise s’accompagne d’un épanchement articulaire. Le liquide
prélevé est inflammatoire, avec de nombreux éléments (>20.000/mm3) (PN) et riche en protéines
(>40 g/l). Il existe surtout des formations microcristallines multiples intra et extracellulaires : ces
cristaux sont allongés, effilés à leurs extrémités, biréfringents à la lumière polarisée. Leur
découverte affirme le diagnostic de goutte.
Un traitement par la colchicine fait céder la crise en 2 à 3 jours, constituant un véritable test
diagnostique.
1) Formes topographiques
• Atteinte classique du pied (en dehors du gros orteil) : arthrites des chevilles et du
médiotarse, avec important œdème du dos du pied.
• L’arthrite du genou s’accompagne d’un épanchement abondant avec participation des
bourses séreuses prérotuliennes. La tendinite goutteuse des muscles de la patte d’oie est
possible.
• La hanche et l’épaule sont exceptionnellement touchées.
• Le coude et le poignet peuvent être touchés, les petites articulations des mains rarement.
2) Formes polyarticulaires :
Les atteintes pluri-articulaires simultanées ou successives sont plus rares. On doit penser à la
goutte quand elles atteignent surtout les membres inférieurs et que le gros orteil est touché.
3) Formes symptomatiques :
Les accès peuvent être atténués, limités à des douleurs modérées, un épanchement discret
(goutte asthénique).
Des formes suraiguës simulent une arthrite septique tant sur le plan local que général (fièvre
élevée).
5
UFAS Faculté de Médecine 5ème année PR. R.CHERMAT Module de Rhumatologie : La goutte
4) Formes évolutives :
Certains patients ne font qu’une ou 2 crises, d’autres feront des crises répétées, rapprochées
ou non. Sans traitement, l’évolution se fera vers la goutte chronique tophacée et vers des
complications rénales.
A- Les tophi
Désignent en fait les dépôts uratiques visibles et palpables. Ce sont des tuméfactions dures,
indolores, recouvertes d’une peau saine, de coloration blanchâtre (pas toujours visible). Ils peuvent
s’ulcérer à la peau, laissant sourdre une bouillie crayeuse.
Sièges : hélix et anthélix de l’oreille ; voisinage des articulations du coude, des mains, des
pieds ; tendons (tendon d’Achille).
Ces tophi peuvent diminuer de volume voire disparaître sous l’effet d’un traitement hypo-
uricémiant.
6
UFAS Faculté de Médecine 5ème année PR. R.CHERMAT Module de Rhumatologie : La goutte
1- Lithiase urique
D’autant plus fréquente que les patients sont hyperexcréteurs d’acide urique ou soumis à un
traitement uricosurique. La lithiase est souvent bilatérale.
Parfois lente, elle se manifeste par les signes habituels de lithiase rénale : coliques néphrétiques,
infections urinaires répétées, voire manifestations plus graves (pyélonéphrite aiguë, hydronéphrose,
anurie). Elle est radiotransparente et ne peut donc pas être mise en évidence que l’UIV.
2- Néphropathie goutteuse
Il s’agit surtout d’une néphropathie interstitielle provoquée par les dépôts uratiques et les
infections ascendantes. Elle se traduit par : une protéinurie isolée modérée, une leucocyturie avec ou
sans hématurie, parfois une hypertension artérielle, une acidose hyperchlorémique.
L’insuffisance rénale est le terme évolutif de cette néphropathie, à laquelle contribuent également
les lithiases uriques récidivantes et les infections urinaires.
4- FORMES ETIOLOGIQUES
• Déficit partiel en HGPRT : provoque des gouttes polyarticulaires sévères précoces (20-30
ans) avec uricémie très élevée.
7
UFAS Faculté de Médecine 5ème année PR. R.CHERMAT Module de Rhumatologie : La goutte
5. DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
• Arthrite septique : fièvre très élevée, liquide de ponction trouble et septique
• Chondrocalcinose articulaire : femme âgée, l’orteil est exceptionnellement touché,
calcifications des cartilages, liquide de ponction inflammatoire contenant des microcristaux
en bâtonnets de pyrophosphate de calcium.
• Monoarthrites aiguës du RAA, rhumatisme psoriasique, polyarthrite rhumatoïde, syndrome
de Fiessinger Leroy Reiter.
6 – TRAITEMENT
Buts :
• Soulager le patient d’un accès aigu par un traitement symptomatique
• Traiter la dysuricémie elle-même pour tenter de diminuer l’uricémie et prévenir les accès
aigus. Il comporte un traitement symptomatique qui est celui des crises aiguës et un
traitement physiopathogénique qui est le traitement de fond.
6.1- Traitement de la crise aigue
C'est le traitement symptomatique qui doit être énergique et précoce. Il comprend le repos,
le régime et les médicaments.
1° - Le repos
C'est un repos au lit, l'articulation malade étant protégée du poids des draps par un arceau et
une vessie de glace pouvant être placée à son contact pour calmer la douleur (les baumes calmants
ont généralement moins d'efficacité). Ce repos durera tant que les manifestations douloureuses ne
seront pas calmées.
8
UFAS Faculté de Médecine 5ème année PR. R.CHERMAT Module de Rhumatologie : La goutte
2° - Le régime
Il comporte une alimentation légère à base de légumes, de fruits, d'hydrates de carbone avec
2 litres d'eau minérale (Evian, Vittel) par jour, dont 1/2 litre d'eau de Vichy pour alcaliniser les
urines, avec interdiction de l'alcool et également les tous premiers jours, interdiction des graisses et
de la viande (les grandes règles du régime général de la goutte devant bien entendu être respectées
durant la période).
3° - Les médicaments
Une première règle s'impose : ne pas utiliser les corticoïdes : en effet la cortisone par voie
générale a un effet favorable immédiat, mais sa suppression aboutit généralement à l'apparition
d'une rechute et la répétition du traitement au long cours tend à avoir une action défavorable sur
l'évolution générale de la goutte créant des formes rebelles aux autres traitements ("goutte
cortisonée").
En revanche les médicaments de la crise aiguë sont la Colchicine et les AINS en cas d'intolérance
ou de résistance à la Colchicine.
a) La Colchicine
C'est le traitement spécifique de la goutte. Son effet se manifeste en 10 à 24 heures en moyenne sur
les douleurs et elle aboutit à la disparition totale de la crise en 3 à 4 jours en général.
Le traitement se fait aux doses suivantes :
• 3 comprimés à 1 mg le premier jour,
• 2 comprimés à 1 mg les deux jours suivants,
• 1 comprimé à 1 mg les trois ou quatre jours suivants,
Les inconvénients du traitement sont représentés essentiellement par de la diarrhée que l'on peut
essayer de combattre par des spécialités comprenant de la poudre d'opium (Colchimax).
b) Les AINS
L'aspirine n'est pas utilisée dans le traitement de la crise de goutte car elle interfère avec
l'élimination urinaire de l'acide urique et n'est active qu'à forte dose dépassant souvent 3 grammes,
La phénylbutazone (groupe des pyrazolés) est déconseillée du fait des risques hématologiques
d'agranulocytose.
Les AINS (Feldene, Profenid, Voltarene) pourront donc être utilisés au besoin en remplacement de
la Colchicine.
9
UFAS Faculté de Médecine 5ème année PR. R.CHERMAT Module de Rhumatologie : La goutte
10
UFAS Faculté de Médecine 5ème année PR. R.CHERMAT Module de Rhumatologie : La goutte
3 - Les urico-inhibiteurs
Inhibant la production endogène d'acide urique :
1-l'allopurinol (Zyloric) se donne en comprimé à raison de 100 à 300 mg par jour. Il agit en
inhibant l'action de la xanthine-oxydase qui transforme l'hypoxanthine et la xanthine en acide
urique.
Les intolérances sont rares. Il peut être prescrit en cas de lithiase ou d'insuffisance rénale.
2- Adenuric (febuxostat) comprimés 80 mg et 100 mg.
Le febuxostat administré en prise orale unique quotidienne est un nouvel inhibiteur non purique et
sélectif de la xanthine oxidase.
• Comprimé à 80 mg et à 120 mg
Posologie: 80 mg/J peut être augmentée âpres quelques semaines fonction taux AU sang
Effets secondaires
- quelques légères éruptions cutanées
- augmentation des enzymes hépatiques
- survenue de crises de goutte transitoires au début du traitement (évitées par la colchicine)
- diarrhée
Contre-indications :
- insuffisances hépatique et rénale sévères
- grossesse et allaitement
Prudence :
insuffisance cardiaque ou problème cardiaque
4- Un traitement « 2 en 1 » dans la goutte ?
• L’arhalofénate est un hypo-uricémiant aux propriétés anti-inflammatoires (800 mg/j)
– L’arhalofénate est un traitement hypo-uricémiant uricosurique
– Il possède des propriétés anti-inflammatoires en inhibant la production de
l’interleukine 1, cytokine impliquée dans la poussée inflammatoire de la crise de
goutte
– L’arhalofénate serait un hypo-uricémiant efficace, tout en prévenant les crises,
épargnant ainsi l‘utilisation concomitante de colchicine ou d‘AINS.
11
UFAS Faculté de Médecine 5ème année PR. R.CHERMAT Module de Rhumatologie : La goutte
12