Chapitre 17 - Elèves
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Chapitre 17 - Elèves
: LA NORMALISATION COMPTABLE ET
L’ORGANISATION DE LA COMPTABILITE
La comptabilité financière fournit des informations aux partenaires de l’entreprise. Ces derniers
les utilisent pour prendre des décisions. Exemples :
- Associés : investir ou se retirer de l’entreprise.
- Fournisseurs / clients : conclure des contrats.
- Banque : octroyer un prêt ou un découvert bancaire.
- Salariés : négocier les augmentations de salaires.
- Etat : évaluer les recettes fiscales, accorder une subvention.
Les informations fournies doivent présenter un certain nombre de qualités : elles doivent être
pertinentes, fiables, intelligibles et significatives. De manière générale, la notion d’image fidèle
oblige à fournir aux tiers toutes les informations leur permettant d’avoir une perception exacte
de la réalité économique de l’entreprise. Pour y parvenir, les entreprises doivent suivre des
règles identiques : c’est l’objet de la normalisation comptable.
I. La normalisation comptable
Définition
A. La normalisation internationale
L’IASB (International Accounting Standards Board), organisme privé créé en 1973, a pour
mission de développer des normes comptables internationales. Ces normes sont appelées :
- IAS (International Accounting Standards) pour celles qui ont été mises en place avant 2002 ;
- IFRS (International Financial Reporting Standards) pour celles qui sont mises en place depuis
2002.
Ces normes internationales influencent pour partie les règles nationales. Par exemple, le Plan
Comptable Général Français s’en est inspiré pour définir les notions d’actif, de passif,
d’amortissement, etc.
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B. La normalisation dans l’Union européenne
Plutôt que d’élaborer ses propres normes, l’Union européenne a choisi d’adopter, de manière
progressive, les normes comptables internationales élaborées par l’IASB.
- Dans tous les Etats membres, les normes IFRS sont obligatoires pour les comptes consolidés
(ou comptes de groupe) des sociétés européennes cotées en Bourse.
- Chaque Etat membre peut, s’il le souhaite, rendre obligatoire les normes IFRS pour les
comptes consolidés des sociétés européennes non cotées et pour les comptes individuels.
Exemple : la France autorise les sociétés européennes non cotées à présenter les comptes
consolidés selon les normes françaises ou selon les normes IFRS. En revanche, les comptes
individuels doivent être présentés selon les normes françaises.
C. La normalisation en France
- Elle est chargée d’édicter les prescriptions comptables et les normes de la comptabilité privée.
Dans ce cadre, elle adopte les règlements comptables (exemple : le Plan Comptable Général).
- Elle donne un avis sur tout projet de texte contenant des dispositions de nature comptable
élaboré par les autorités nationales.
- Elle émet des avis sur les projets de normes comptables internationales.
a) Le Code de commerce
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b) Les règlements de l’ANC
L’ANC émet des règlements comptables, applicables aux personnes physiques et aux personnes
morales qui sont tenues d’établir des documents comptables conformes aux normes de la
comptabilité privée. Exemple : le règlement 2014-03 a mis en place le nouveau Plan Comptable
Général en 2014. Pour entrer en vigueur, les règlements émis par l’ANC doivent être homologués
par arrêté du ministre de l’économie, puis publiés au Journal Officiel.
Le Plan Comptable Général définit les normes et les méthodes comptables applicables aux
entreprises françaises. Il est mis à jour régulièrement, en fonction des nouveaux règlements
publiés par l’ANC. Son contenu est le suivant :
- Objets et principes de la comptabilité ;
- Définitions des actifs, passifs, produits et charges ;
- Règles de comptabilisation et d’évaluation ;
- Tenue, structure et fonctionnement des comptes ;
- Documents de synthèse.
Depuis 2014, l’ANC publie le recueil des normes comptables. Celui-ci reprend, pour un même
sujet, l’ensemble de la règlementation issue du PCG (couleur noire) et des éléments de doctrine
émis au fil du temps par les institutions en charge de la normalisation comptable (couleur bleue).
Le recueil a pour objectif de rassembler, dans un document de référence exhaustif et
pratique, l’ensemble des textes comptables généraux et de faciliter l’accès des utilisateurs au
droit comptable.
La Compagnie nationale des commissaires aux comptes donne son avis au garde des Sceaux sur
les problèmes de contrôle des comptes. Il peut lui soumettre des propositions.
Les principes comptables sont énoncés dans le Code de commerce et explicités par le Plan
Comptable Général.
Selon ce principe, pour l’établissement des comptes annuels, l’entreprise est présumée
poursuivre ses activités dans un avenir prévisible. Ce principe a une incidence sur l’évaluation
des biens dont l’entreprise est propriétaire. En effet, lorsque l’entreprise n’est pas en mesure
de poursuivre son activité, elle aura tendance à céder les biens qu’elle détient au prix le plus bas.
Exemple : une entreprise A possède la majorité des actions émises par une société B. Celle-ci assure
principalement la commercialisation des produits de A en France. Les actions B présentent peu d’intérêt pour
une autre entreprise et ne pourraient être cédées qu’à une faible valeur. Pourtant, ils ont une grande utilité pour
l’entreprise A. En vertu du principe de continuité de l’exploitation, les actions ne seront pas évaluées au prix de
revente.
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b) Le principe d’indépendance des exercices
Selon ce principe, il faut rattacher à l’exercice les charges supportées par l’exercice et les
produits acquis à l’exercice. Ce principe a une incidence sur les écritures de régularisation à
l’inventaire (factures non parvenues / factures à établir, charges constatées d’avance / produits
constatés d’avance, intérêts courus, etc.).
Exemple :
Dans une entreprise dont l’exercice comptable coïncide avec l’année civile :
- Les primes d’assurance sont payées tous les semestres, le 1er avril et le 1er octobre, pour les six mois à venir. La
prime payée le 1er octobre ne concerne l’exercice N que pour la moitié de son montant : il faut comptabiliser une
charge constatée d’avance.
- Une prestation de service a été achevée fin décembre N. La facture est adressée au client au début de l’année
N+1. La prestation est à rattacher à l’exercice N : il faut comptabiliser une facture à établir.
Selon ce principe, l’entreprise doit appliquer les mêmes règles de comptabilisation et d’évaluation
d’un exercice à l’autre. Certaines méthodes sont dites méthodes de référence, car elles
permettent de fournir la meilleure information financière (exemple : enregistrement des
honoraires, rémunérations d’intermédiaires et droits de mutation dans le coût d’acquisition d’une
immobilisation plutôt qu’en charges).
Ce principe a une incidence sur les choix comptables effectués par l’entreprise, notamment
en matière d’option (évaluation du stock final ou des cessions de titres, frais accessoires sur
achats ou ventes de biens, frais d’acquisition des titres, etc.).
Exemple : l’entreprise ne peut pas modifier les méthodes d’évaluation de ses stocks à la fin de l’exercice en
fonction du résultat qu’elle souhaite obtenir ou de la conjoncture sur le marché.
Selon ce principe, le bilan d’ouverture d’un exercice doit correspondre au bilan de clôture de
l’exercice précédent. Ce principe a une incidence sur l’écriture de réouverture de l’exercice :
il faut contrepasser l’écriture de clôture des comptes de bilan de l’exercice précédent.
Ce principe a une incidence sur l’évaluation des actifs à leur entrée dans le patrimoine. Plus
généralement, l’inflation n’est pas prise en compte, ce qui évite d’avoir à réviser tous les ans la
valeur des biens dont l’entreprise est propriétaire.
Exemple : un terrain acquis il y a quinze ans pour 30 000 € continue de figurer pour cette valeur dans les
comptes de l’entreprise, même si sa valeur réelle est largement supérieure du fait de l’inflation et de la hausse
des prix des terrains.
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f) Le principe de prudence
Selon ce principe, la comptabilité doit être établie sur la base d’appréciations prudentes, pour
éviter de reporter sur les exercices futurs les risques qui seraient nés durant l’exercice. En
pratique, l’entreprise ne doit pas comptabiliser les plus-values potentielles, mais elle doit
comptabiliser les moins-values potentielles. Ce principe a une incidence sur l’évaluation des
actifs à la clôture de l’exercice (enregistrement d’une dépréciation).
Exemple
- Des valeurs mobilières de placement cotées ont été acquis par une entreprise pour 50 000 €. A la fin de
l’exercice, si leur valeur boursière est de 70 000 €, la plus-value potentielle de 20 000 € n’est pas constatée en
comptabilité. En revanche, si leur valeur boursière est de 40 000 €, la moins-value potentielle de 10 000 € doit
être enregistrée.
- A la fin de l’exercice, si un client risque de ne pas régler ses dettes envers l’entreprise, il faut constater une
dépréciation pour tenir compte de la perte potentielle.
g) Le principe de non-compensation
Selon ce principe :
- Les éléments d’actif et de passif doivent être évalués séparément.
- Aucune compensation ne peut être faite entre les charges et les produits.
Exemple
L’entreprise dispose de deux comptes bancaires, l’un à la Caisse d’Epargne, sur lequel elle reçoit les paiements
de ses clients, l’autre à la Société Générale, à partir duquel elle règle ses fournisseurs. Au 31 décembre, le solde
du compte bancaire à la Caisse d’Epargne est débiteur pour un montant de 6 000 € et il a produit des intérêts sur
l’année pour 300 €. A la même date, le solde du compte bancaire à la Société Générale est créditeur pour un
montant de 9 000 €. Ce découvert a entraîné des intérêts sur l’année de 900 €.
Il ne faut pas compenser les deux soldes bancaires, c’est-à-dire faire apparaître un seul compte banque au passif,
pour 9 000 - 6 000 = 3 000 €. Il faut faire apparaître à l’actif le solde du compte Caisse d’Epargne pour 6 000 €
et au passif le solde du compte Société Générale pour 9 000 €. Il ne faut pas compenser les intérêts, c’est-à-dire
faire apparaître un seul compte de charges, pour 900 - 300 = 600 €. Il faut faire apparaître en charges les intérêts
du compte Société Générale pour 900 € et en produits les intérêts du compte Caisse d’Epargne pour 300 €.
Selon ce principe, seules les informations pertinentes et utiles doivent être communiquées aux
destinataires des comptes. Ce principe a une incidence sur le contenu de l’annexe : celle-ci ne
doit mentionner que les informations significatives.
Exemple
Les entreprises doivent mentionner dans l’annexe les montants pour lesquels elles se sont portées caution pour
une autre personne physique ou morale. Une grande entreprise dont la seule caution accordée porterait sur un
emprunt d’un faible montant effectué par un salarié pourrait se dispenser de fournir l’information.
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II. L’organisation de la comptabilité
A. Le système classique
Le système classique se caractérise par un livre-journal unique et un grand livre unique. Les
écritures comptables sont enregistrées dans le livre-journal, puis reportées dans le grand livre.
Avantages
- La recherche des enregistrements est facilitée puisque seuls deux supports sont utilisés.
- Les comptes sont mis à jour après chaque enregistrement dans le livre-journal, ce qui permet
de suivre leur solde en temps réel.
Inconvénients
Le système classique n’est pas adapté lorsque le nombre de pièces comptables devient
important, car il entraîne de nombreuses erreurs lors du report des écritures dans le grand livre
et des retards dans les enregistrements.
B. Le système centralisateur
En plus du livre-journal et du grand livre, sont prévus des journaux auxiliaires et des grands
livres auxiliaires. Ces documents sont spécialisés par type d’opération, en fonction des besoins
de l’entreprise.
- Journaux auxiliaires : le journal des achats, le journal des ventes, le journal de banque, le
journal de caisse, le journal des opérations diverses (TVA, paie, écritures d’inventaire).
- Grands livres auxiliaires : le grand livre auxiliaire clients (ensemble des comptes clients), le
grand livre auxiliaire fournisseurs (ensemble des comptes fournisseurs), le grand livre général
(tous les autres comptes).
En pratique :
- Au jour le jour, les écritures comptables sont enregistrées dans les journaux auxiliaires, puis
reportés dans les comptes des grands livres auxiliaires correspondants.
- En fin de mois, les écritures comptables sont totalisées par type d’opération (exemple : tous
les achats de marchandises du mois), puis enregistrées dans le livre-journal et le grand livre.
C’est l’opération dite de centralisation, d’où le nom donné au système.
Avantage
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Inconvénient
Certaines opérations peuvent affecter deux journaux auxiliaires différents. Par exemple, le
dépôt d’espèces détenues en caisse sur le compte bancaire de l’entreprise fait intervenir à la fois
le journal de caisse et le journal de banque. Il faut donc éviter que l’opération soit enregistrée
à l’identique dans les deux journaux, car cela fausserait les comptes. Pour y parvenir, on
utilise le compte 58. Virements internes. Afin de respecter la partie double dans chaque
journal, l’opération est scindée en deux écritures, le compte 58. Virements internes servant de
contrepartie dans chaque écriture.
Exemple
En fin de semaine, les espèces détenues en caisse font l’objet d’un dépôt sur le compte bancaire de l’entreprise.
Le 7 juin, la somme à déposer est de 1 560 €. L’entreprise utilise des journaux auxiliaires « Banque » et
« Caisse ».
Journal de banque
7/6
Journal de caisse
7/6
Remarque
Comme on le constate dans l’exemple précédent, le compte 58. Virements internes est
automatiquement soldé lors de la centralisation des écritures dans le livre-journal.