Comptabilité Approfondie
Comptabilité Approfondie
Comptabilité Approfondie
Pr A.MARGHICH
Plan du cours :
Chapitre 1 : L’analyse de la loi comptable
Chapitre 2 : Les méthodes d’évaluation
Chapitre 3 : Les écarts de réévaluation
Chapitre 4 : Les stocks
Chapitre 5: Le financement des investissements
Chapitre 6 : Les opérations en devises
Chapitre 7 : Les contrats à long terme
Chapitre 8 : La régularisation des charges et des produits
Chapitre 9 : Les opérations faites en commun
Chapitre 10 : Les opérations postérieures à la clôture
Chapitre 1 : L’analyse de la loi
comptable
• Historique des travaux consacrés à la réforme
comptable :
- 1982 : Séminaire sous l’égide du ministre du plan et des
finances publiques;
- 1986 : Projet prêt;
- 1988 : Soumission du projet du CGNC au parlement;
- 1989 : Expérimentation (essai dans certaines
entreprises publiques notamment l’ONEP);
- 1992 : Sortie de la loi;
- 1994 : Généralisation de la loi.
La loi 9-88 contient 26 articles qui concernent
toutes les obligations comptables des
commerçants à savoir : la méthode
comptable, les documents comptables, le plan
des comptes et les états de synthèse.
• Sources de la réforme comptable marocain :
- Sur le plan international :
IASC : Institute Accounting Standard Committee :
c’est la plus grande instance internationale de la
normalisation comptable. Cet organisme est sous
l’égide des Nations-Unies.
OCAM : Organisation des Communautés Africaines
et Malgaches : les normes de cette organisation
sont presque les mêmes que celle de l’IASC.
ICCA : Institut Canadien des comptables agréés.
- Sur le plan national :
AMDEC : Association Marocaine Des Experts
Comptables;
CECM : Compagnie des Experts Comptables
Marocains;
CNC : Conseil National de Comptabilité
OECM : Ordre des Experts Comptables
Marocains.
Les finalités visées par la réforme sont au nombre de
3 à savoir :
- l’harmonisation : (l’uniformisation) qui concerne les
principes, les méthodes et les comptes
- la normalisation : concerne plus les normes
comptables internationales.
- la pertinence : comptablement parlant, elle signifie
l’adéquation entre le contenu de l’information et
son objet. Autrement dit, l’information comptable
doit refléter la réalité sans qu’il y ait un déphasage.
Le code général de normalisation comptable a été
élaboré dans ce sens et en respectant toutes ces
données qui matérialisent ces notions.
Selon la loi comptable, tout le dispositif de
normalisation préconisé vise à établir des états
de synthèse annuels qui « doivent donner une
image fidèle des actifs et passifs ainsi que la
situation financière et des résultats de
l’entreprise »
Précision : l’image fidèle est la pertinence de
l’information comptable qui conduit à la diffusion
des états de synthèse reflétant la réalité
économique de l’entreprise.
En se référant aux articles 1, 2, 3 et 4 de la loi
9-88, on retient que les commerçants au sens
du code de commerce, ne doivent effectuer
d’écritures comptables que s’ils disposent de
pièces justificatives. Les opérations de ces
entreprises doivent être enregistrées
chronologiquement, opération par opération
et jour par jour.
Ces opérations doivent être enregistrées dans un
livre journal et reportées par la suite dans des
comptes dans un grand livre conformément à la
classification et à la codification du plan
comptable marocain.
Ces opérations doivent donner lieu au
mouvement d’au moins deux comptes : l’un
débiteur et l’autre créditeur.
Les montants débit doivent être égaux aux
montants crédit.
Les entreprises dont le CA est supérieur à 10
millions de dirhams doivent disposer d’un
manuel d’organisation comptable. Il s’agit d’un
manuel de procédures qui définit les tâches au
sein du service comptable et décrit le circuit
que doivent suivre les pièces justificatives et
les relations qui existent entre le service
comptable et les autres fonctions de
l’entreprise
• Les principes comptables fondamentaux :
L’établissement d’état de synthèse donnant une
image jugée à priori fidèle par tout utilisateur,
n’est possible que si l’entreprise devait appliquer
des principes et des méthodes préalablement
définis et publiquement acceptés.
La loi a retenu sept principes comptables
fondamentaux dont l’application normale par
l’entreprise amène celle-ci à obtenir des états de
synthèse qui donnent une image fidèle de son
patrimoine, de sa situation et de ses résultats.
Cette application passe par le respect du
dispositif de fond et de forme préconisé par la
loi et qui matérialise les règles et modalités de
mise en œuvre des principes comptables :
Dispositif de forme :
- Une organisation comptable minimum
obligatoire.
- Une nomenclature rigoureuse.
Dispositif de fond :
- Des méthodes d’évaluation très précise.
- Et une forme d’états de synthèse normalisé.
1- Continuité d’exploitation : c’est un principe de
base d’une importance capitale, car il
conditionne l’application des autres principes
comptables qu’ils devraient être
habituellement respectées par l’entreprise.
La vie de l’entreprise est censée continuer
dans le temps. Ainsi les états financiers arrêtés
à chaque période de douze mois sont
supposés exprimés une situation donnée à la
date de chaque arrêté, avec la perspective que
l’entreprise continuera de fonctionner sans
réduction sensible de ses activités et de son
rythme de production.
Mais dans le cas où il s’avère que l’entreprise
est en voie de cesser partiellement ou
totalement ses activités, le patrimoine doit
être évalué en tenant compte de cette
perspective, dans le respect du principe de
prudence.
2- la permanence des méthodes : c’est le principe
par lequel l’entreprise est censée avoir établi ses
comptes annuels dans le respect des mêmes
règles d’évaluation et de présentation que les
exercices précédents.
Dans le cas inverse, et lorsque les circonstances
l’exigent (non-continuité d’exploitation,
changement dans les méthodes de stockage, de
suivi des coûts, etc.), les comptes annuels sont
présentés dans la forme nouvelle avec l’indication
dans l’ETIC.
3- Le coût historique : c’est le principe par lequel
l’entreprise comptabilise toutes ses opérations
actives et passives en unités monétaires
courantes exprimant, au moment de leur
entrée en patrimoine, soit le coût
d’acquisition pour les biens acquis à titre
onéreux, soit le coût de production pour les
biens créés par l’entreprise, soit la valeur
actuelle pour les biens reçus gratuitement.
4- La spécialisation des exercices : Selon ce
principe, l’entreprise est amenée à découper
son activité en exercices comptables et à
calculer le résultat de chaque exercice en
imputant à chacun d’eux les produits et les
profits acquis qui s’y rattachent, ainsi que les
charges et les pertes correspondantes.
En effet, toute charge et perte comme tout
produit et profit qui ne concernent pas
l’exercice où ils ont été engagés ou en cours,
sont inscrits aux comptes de régularisation, en
attente de rattachement à leur exercice
concerné.
5- La prudence : l’article 16 de la loi comptable
stipule que les produits ne sont pris en compte
que s’ils sont définitivement acquis à l’entreprise;
les charges sont à enregistrer dès qu’elles sont
probables.
6- La clarté : selon ce principe, l’entreprise doit
procéder à l’enregistrement de ses transactions
et informations dans les rubriques et sous les
comptes adéquats, prévus pour chaque nature
d’opérations.
7- L’importance significative : selon ce principe, les
états de synthèse doivent comprendre autant
d’informations qu’il est nécessaire pour donner
une image fidèle des actifs et passifs ainsi que la
situation financière et des résultats de
l’entreprise.
Lorsque l’application d’une prescription
comptable ne suffit pas pour donner une image
fidèle, des informations complémentaires doivent
être données.
Chapitre 2 : Les méthodes
d’évaluation
L’évaluation est l’opération par laquelle
l’entreprise traduit en unités monétaires
nationales courantes chaque transaction, fait,
opération, événement et toute situation
nouvelle qui affecte son patrimoine, sa
situation financière et ses résultats.
Cette évaluation s’exerce à trois moments bien
distincts :
– A l’entrée d’un nouveau bien dans le patrimoine
de l’entreprise ;
– A l’arrêté des comptes ;
– A la sortie du patrimoine.
Plusieurs méthodes d’évaluation peuvent
théoriquement être appliquées. Le PCG choisit
une méthode de base pour l’évaluation des
éléments inscrits en comptabilité : c’est celle
des coûts historiques. Elle est fondée sur les
notions de coûts d’acquisition et de coût de
production.
I- l’évaluation à l’entrée
A leur date d’entrée dans le patrimoine de
l’entreprise, les biens sont comptabilisés
conformément aux prescriptions suivantes :
- les biens acquis à titre onéreux à leur coût
d’acquisition ;
- les biens produits par l’entreprise à leur coût de
production.
Ces règles générales d’évaluation à l’entrée
s’appliquent aussi bien aux éléments immobilisés
(classe 2) qu’aux éléments stockés (classe 3).
A- le coût d’acquisition :
Le coût d’acquisition d’un bien s’obtient en
additionnant les éléments suivants :
– prix convenu, diminué le cas échéant des remises
obtenues ;
– frais accessoires d’achat tels que frais de
transport, d’installation, de montage, d’architecte,
droits de douane, éventuellement TVA non
récupérable….
Par contre, en sont exclus les droits de mutation,
honoraires ou commissions d’intervenants et
frais d’actes. Ils sont portés dans
l’immobilisation en non valeurs et peuvent
être étalés sur plusieurs exercices.
De même, ne constituent pas des frais
accessoires et donc sont exclus du coût de
l’immobilisation :
• Les taxes récupérées,
• Les frais engagés après l’installation;
• Les frais financiers supportés pour l’acquisition de
l’immobilisation.
Application 1 :
L’entreprise X acquiert début janvier N une
construction. Les frais notariés supportés du fait
de cette acquisition s’élèvent à 90 000 DH.
L’entreprise décide d’étaler ces charges sur 5
exercices.
Application 2 :
Acquisition d’une machine de production dans les
conditions suivantes :
• prix d’achat : 500 000 DH HT
• Transport : 20 000 DH (TVA 14%)
• Assurance tout risque : 10 000 DH
• Frais d’installation : 15 000 DH (à la charge de
l’entreprise – à la charge du fournisseur)
• Frais de mise en marche de la machine : 5000 DH
• Ces prix sont HT, le taux de la TVA est de 20%.
• Le mode de règlement est le chèque.
• Le cas des titres :
A la date d’entrée des titres dans le patrimoine de
l’entreprise, le montant porté en comptabilité est le
prix pour lequel ils ont été acquis ou la valeur
déterminée par les termes du contrat d’acquisition.
Les frais d’acquisition (commissions d’intermédiaires,
impôts de bourse,…) en sont exclus ; ils sont inscrits
directement dans les charges de l’exercice au compte
61471 « frais d’achat et de ventes des titres ».
Application
Cas particuliers :
• L’acquisition d’un ensemble immobilier nécessite
la ventilation du prix d’achat entre le terrain et la
construction ;
• Pour l’acquisition d’un véhicule de tourisme, le
coût d’acquisition s’entend du prix d’achat TTC
(TVA non déductible). La vignette et la carte grise
sont enregistrées en « 6167 – Impôts, taxes et
droits assimilés », et l’assurance du véhicule en
« 6134 – Primes d’assurances ».
• Le coût d’acquisition d’une immobilisation
libellée en devise est converti en Dirhams au
cours du jour de l’opération. La différence
entre le cours du jour de l’opération et le
cours effectif du jour du paiement constitue
une charge ou un produit financier.
Application :
Acquisition le 1er avril N d’une machine de
production d’origine allemande au prix de
300 000 Euro (1 euro = 10 DH). Cette machine
est payable moitié comptant, moitié au 1er
décembre N.
Au 1er décembre le cours de l’Euro est de
10,40 DH.
• Détermination du coût d’entrée du logiciel
acheté :
Le coût du logiciel est constitué par le coût
d’acquisition, c’est-à-dire le prix d’achat,
augmenté des frais accessoires d’acquisition.
- comptabilisation des logiciels acquis :
1- indissociés du matériel :
Ils sont comptabilisés au débit du compte 235
« Mobilier, matériel de bureau et aménagements
divers », et amortis selon les règles applicables au
matériel auquel ils se rattachent.
2- dissociés : lors de leur acquisition, le
compte 222 « Brevets, marques, droits et
valeurs similaires »est débité du coût
d’acquisition du logiciel. A l’inventaire, le
logiciel acquis est amorti sur sa durée
probable d’utilisation à compter de sa date
d’acquisition.
B- le coût de production :
Les biens produits par l’entreprise sont
enregistrés à leur coût de production qui
s’obtient en additionnant le coût d’acquisition
des matières consommées, les charges
directes de production et les charges
indirectes rattachables à la production du
bien.
Sont généralement exclus des charges indirectes :
les charges financières, les frais de recherche et
développement et les frais d’administration
générale ainsi que la quote-part des charges
correspondant à la sous-activité.
Le coût de sous-activité est déterminé par la
méthode de l’imputation rationnelle, en
comparaison de l’activité réelle et l’activité
normale. Il ne concerne que les charges fixes.
Ces coûts sont fournis par la comptabilité
analytique ou, à défaut, déterminés par des
calculs extra-comptables. Il s’agit de coûts réels
(ou coûts constatés), c'est-à-dire calculés
postérieurement aux faits qui les ont
engendrés.
En ce qui concerne le coût de production d’une
construction, outre les composantes générales
du coût de production ci-dessus entrent aussi :
• les frais destinés à permettre la construction :
les frais d’études, les honoraires d’architectes,
les frais de démolition et de déblaiement en
vue de la reconstruction immédiate de
l’immeuble.
• Les immobilisations corporelles produites par
l’entreprise sont comptabilisées dans le
compte concerné lors de leur mise en service,
de même, la date d’exigibilité de la TVA est
celle de la première utilisation du bien.
Lorsque la période de fabrication s’étale sur
plusieurs exercices, il est nécessaire de
comptabiliser en immobilisations en cours, à
la fin de chaque exercice concerné, le montant
correspondant.
• Détermination du coût d’entrée du logiciel
fabriqué :
La création d’un logiciel passe par différentes
phases techniques entraînant des charges qui
doivent être incorporées, ou non, au coût de
production du logiciel. En effet, une charge ne
peut être incorporée au coût de production
d’une immobilisation que si :
- le projet à de sérieuses chances de réussite,
- l’entreprise a l’intention de produire le logiciel
en vue de s’en servir durablement pour ses
besoins.
Pour la détermination du coût de production
du logiciel, toutes les charges ne sont pas à
prendre en ligne de compte :
Phases techniques Charges Incorporations Maintenir
dans le coût en charges
Phase de - Documentation X
précommercialisation - Formation de X
l’utilisateur
- Maintenance X
Pondant la réalisation du logiciel, les charges
entrant dans le coût de production sont à
immobiliser à chaque fin d’exercice (avant
l’achèvement), en débitant le compte 2285
« immobilisations incorporelles en cours », par
le crédit du compte 7142 «immobilisations
incorporelles produites ».
Lorsque le logiciel est achevé, son coût est viré du
compte 2285 au compte 2220«Brevets, marques,
droits et valeurs similaires ».
Ce logiciel sera amorti sur une durée probable
d’utilisation, et selon un plan d’amortissement.
En ce qui concerne les marques et les sites
développés de manière interne à l’entreprise,
ainsi que leur inscription à l’actif, la méthodologie
et le traitement restent le même à ceux des
logiciels.
C- la valeur vénale :
La valeur vénale d’un bien est le prix présumé
qu’accepterait d’en donner un acquéreur
éventuel de l’entreprise dans l’état et le lieu où se
trouve ledit bien. La valeur vénale doit être
appréciée en fonction de la situation de
l’entreprise.
Les biens reçus à titre gratuit (succession,
donation,…) sont enregistrés à leur valeur vénale.
Leur contrepartie est enregistrée en tant que
« Produits non courants ». C’est un revenu
monétaire net que l’entreprise estime pouvoir
obtenir en contrepartie de la vente de ce bien.
En ce qui concerne les biens reçus par voie
d’échange, ils sont évalués à leur valeur vénale
estimée à la date d’entrée du bien, en fonction
du marché et de leur utilité économique pour
l’entreprise.
Application
• Cas particuliers d’évaluation à l’entrée :
- les immobilisations entrées à l’actif d’une
entreprise dans le cadre d’une opération
d’augmentation de capital par apport en
nature ou d’une opération de fusion, sont
inscrites à la valeur indiquée dans l’acte
d’apport ou de fusion.
- Les immobilisations acquises à l’aide d’une
prime d’investissement spécifique sont
inscrites à l’actif pour leur valeur réelle
d’acquisition; la subvention d’investissement
reçue étant rattachée à un compte de capitaux
propre assimilés (voir chapitre 5) et rapportée
progressivement aux produits non courants.
• Les immobilisations acquises en application
d’un contrat de crédit bail ne peuvent figurer à
l’actif; l’utilisateur n’en étant pas propriétaire
tant qu’il n’a pas levé l’option d’achat. À la
levée d’option, elles sont portées au bilan de
l’acquéreur pour leur coût d’acquisition égal
au prix contractuel de cession (valeur
résiduelle).
II- l’évaluation à l’arrêté des comptes
Toute entreprise doit contrôler par inventaire, au
moins une fois tous les 12 mois, l’existence et la
valeur des éléments d’actifs et passifs de son
patrimoine.
Elle arrête tous ses comptes en vue d’établir ses
documents de synthèse : bilan, CPC et annexe qui
forment un tout indissociable.
Les points à étudier dans cet axe sont : les règles
générales d’évaluation et leur application aux
différents éléments du patrimoine.
A- Les règles générales d’évaluation :
A l’arrêté des comptes, la valeur comptable
des biens est déterminée conformément aux
prescriptions suivantes :
- la valeur d’entrée des biens dans le
patrimoine est maintenue en écriture en tant
que valeur brute ;
- cette valeur est comparée à la valeur
actuelle des biens. Les plus-values constatées
entre valeur actuelle et valeur d’entrée ne
sont pas comptabilisées ; ce serait contraire à
la convention de prudence. Par contre, les
moins-values sont constatées en comptabilité.
Les moins-values constatées sont prises en
compte dans les conditions suivantes :
– Pour les biens qui baissent de leur valeur en fonction
du temps, l’usage, le changement des techniques ou
toute autre cause, l’entreprise établit un plan
d’amortissement.
– Pour les autres biens corporels et incorporels dont la
valeur actuelle est notablement inférieure à la valeur
comptable, il est procédé, pour le montant de la
différence constatée, à la constitution d’une provision
lorsque la dépréciation n’est pas jugée définitive.
B- l’amortissement :
L’amortissement est la réduction irréversible,
répartie sur une période déterminée, du
montant porté à certains postes du bilan.
Cette notion peut donc s’appliquer aussi bien
aux éléments d’actif du patrimoine
(amortissement des immobilisations), qu’à
certains éléments du passif (amortissement
d’un emprunt).
A côté de l’amortissement pour dépréciation,
le PCG a prévu un autre type d’amortissement
qui peut s’appliquer aux immobilisations : les
amortissements dérogatoires. Il s’agit des
amortissements ou fractions
d’amortissements ne correspondant pas à
l’objet normal d’un amortissement pour
dépréciation et comptabilisés en application
de textes particuliers.
1- Amortissement linéaire (constant)
L’amortissement annuel (annuité
d’amortissement) est égal au quotient de la
valeur d’entrée (V0) par la durée de vie
probable N (exprimée en années).
– Annuité = V0 x taux d’amortissement
– Avec taux d’amortissement = t = 1/N
2. Amortissement dégressif
L’amortissement dégressif a été introduit par la loi de
finances pour l’année 1994.
Tous les biens d’équipement acquis à l’état neuf ou
d’occasion, à compter du 1/1/1994, peuvent être
amortis selon le procédé dégressif à l’exception :
– des immeubles,
– des véhicules de transport de personnes (autres que les
véhicules utilisés pour le transport public, le transport
collectif du personnel de l’entreprise et de transport
scolaire, les véhicules appartenant aux entreprises de
location de voitures).
L’annuité d’amortissement est calculée en
multipliant la valeur comptable nette (du
début de chaque exercice) de l’immobilisation
par un taux d’amortissement obtenu en
appliquant au taux linéaire un coefficient
multiplicateur.
Annuité dégressive = VCN au début de
l’exercice x taux d’amortissement dégressif
Taux d’amortissement dégressif = taux
d’amortissement linéaire x coefficient
Le coefficient multiplicateur est de :
– 1,5 pour les biens dont la durée d’amortissement
est de 3 ou 4 ans (3≤ n ≤4)
– 2 pour les biens dont la durée d’amortissement
est de 5 ou 6 ans (5≤ n ≤ 6)
– 3 pour les biens dont la durée d’amortissement
est supérieur à 6 ans (n > 6).
3. Amortissement accéléré :
Pour aider et inciter certaines activités, l’Etat a mis en
place des procédures particulières d’amortissement.
Ainsi, les codes des investissements autorisent
certaines entreprises, sous certaines conditions, à
pratiquer des amortissements accélérés dans la limite
du double des taux généralement admis au sens de la
pratique fiscale. Ces amortissements appelés,
également amortissements dérogatoires, permettent
à l’entreprise de bénéficier d’une réduction temporaire
de l’impôt sur les sociétés (IS). CGNC, Vol IV P 123.
Ces amortissements appelés, également
amortissements dérogatoires, permettent à
l’entreprise de bénéficier d’une réduction
temporaire de l’impôt sur les sociétés (IS).
CGNC, Vol IV P 123.
Les amortissements accélérés font partie des
provisions réglementées. CGNC, Vol IV P 123.
Application
4. Amortissement exceptionnel :
La loi donne la possibilité aux entreprises de modifier
leur plan d’amortissement en cours d’exécution pour
tenir compte des dépréciations anormales par rapport
aux conditions d’utilisation habituelles des
immobilisations.
Les causes de ces dépréciations peuvent provenir de
circonstances particulières de nature diverse :
– une utilisation plus intensive que prévue ;
– une évolution technique (obsolescence) ;
– des aléas de fabrication,
– état de marché etc.
Dans ce cas, la valeur nette d’amortissement
de l’immobilisation à la date de l’inventaire est
supérieure à la valeur actuelle.
Cette dépréciation anormale, lorsqu’elle
présente un caractère définitif, elle est
constaté comme étant un amortissement
exceptionnel. Par contre si elle est réversible,
elle est constaté comme étant une provision
pour dépréciation.
C- les provisions pour dépréciation des
immobilisations :
Les provisions pour dépréciation sont la
constatation comptable d’un amoindrissement de
la valeur d’un élément d’actif résultant de causes
dont les effets ne sont pas jugés irréversibles.
Lorsque certaines immobilisations corporelles,
incorporelles ou financières (titres) subissent des
dépréciations jugées « incertaines », l’entreprise
constatera cette moins value potentielle à l’arrêté
des comptes par une provision pour dépréciation.
III- l’évaluation à la sortie du patrimoine
La sortie de certains éléments du patrimoine de
l’entreprise peut être volontaire ou forcée :
– sortie volontaire : cession, donation, mise au rebut,…
– sortie forcée : expropriation, destruction, vol,…
Quelle que soit la cause de la sortie, celle-ci doit
faire l’objet d’un enregistrement comptable et
donner lieu à détermination d’un résultat.
La sortie d’un bien du patrimoine implique
deux opérations comptables :
– la constatation de la disparition du bien du bilan
par annulation de sa valeur comptable nette à la
date de l’opération ;
– la constatation du prix de cession.
La différence entre le prix de cession et la VCN
constitue le résultat de la cession (plus ou
moins value).
– Détermination de la VCN :
Valeur comptable nette = valeur d’origine – ∑ des
annuités d’amortissement
Comptablement, la somme des amortissements
s’entend, de la date d’acquisition à la date de cession.
– Détermination du prix de cession :
Le prix de cession retenu est le prix de cession indiqué
dans l’acte. Il est indépendant des modalités de son
règlement.
Les frais de cession (commissions,….) doivent faire
l’objet d’un enregistrement comptable distinct, dans
les comptes de charges par nature appropriés.
– L’enregistrement comptable de la cession :
Le principe de l’enregistrement comptable est
le suivant :
.la valeur comptable nette du bien calculée au jour
de la cession est inscrite au débit du compte : 651
« Valeurs nettes d’amortissements des
immobilisées cédées » ;
.le prix de cession est enregistré au crédit du
compte : 751 « Produits de cessions
d’immobilisations ».
– Le régime de la TVA sur cessions
d’immobilisations : reversement de la TVA
Lors de la cession d’un bien ayant supporté la
TVA lors de son acquisition, avant le début de
la 5ème année suivant celle de son entrée dans
le patrimoine, il y a lieu à reversement de TVA.
Le montant de la TVA à reverser se calcule ainsi :
[TVA récupérable] – [1/5 x TVA récupérable x
nombre d’années (ou fractions d’années)
civiles écoulées depuis la date à laquelle a pris
naissance le droit à déduction]
La TVA à reverser constitue une charge à
enregistrer parmi les charges non courantes.
– Sortie du patrimoine d’une immobilisation
incorporelle ou financière :
La démarche à suivre est la suivante :
• la constatation de l’annuité d’amortissement
au titre de l’exercice de sortie si le bien est
amortissable ;
• la constatation du prix de cession ;
• la sortie de l’immobilisation du patrimoine ;
• La réintégration des provisions s’elles existent.
Cas sur les recherches et développement :
L’entreprise X s’est engagée le 2 Mai dans une
recherche concernant la fabrication d’un prototype
de machine :
Les charges engagées au 31/12/N sont les suivantes :
- le personnel : 171 000
- la sous-traitance : 162 000 HT
- des fournitures diverses : 157 500 HT
Au 31/12/N, le prototype n’est pas entièrement
achevé, mais les services commerciaux
confirment qu’il y a une demande potentielle
pour ce produit.
La conception de cette machine est entièrement
achevée le 31/03/N+1, et la fabrication a été
lancée juste après.
Les dépenses de recherche engagées au cours de
l’année N+1 sont de l’ordre de 141 000 DH HT.
La direction de l’entreprise compte amortir
ces frais sur 5 ans. Le taux de TVA est de 20%.
Travail à faire :
Passer les écritures nécessaires depuis le
lancement des recherches jusqu’au
31/12/N+1.
les règlements sont effectués par chèque.
Chapitre 3 : Les écarts de
réévaluation
En période inflationniste, la valeur nominale
des biens augmente. Mais en comptabilité, le
principe de prudence interdisant la prise en
compte des plus values latentes, en imposant
le maintien du coût historique des biens, ne
permet pas de présenter la valeur réelle de
ces biens au bilan.
Une sous évaluation des immobilisations
donne une image défavorable de la situation
de l’entreprise aux tiers, et par ailleurs, cette
sous évaluation entraîne une sur estimation
du résultat car les amortissements sont
calculés sur le coût historique.
La loi des Finances (97-98) a instauré dans son
article 8 pour la première fois une
réévaluation libre des immobilisations. La
mise en œuvre a été instaurée par la Loi des
Finances 1999-2000 (articles 9) :
• La réévaluation ne peut porter que sur des
immobilisations corporelles et financières, en sont
par conséquent exclus : les immobilisations
incorporelles et les stocks ;
• La réévaluation doit porter sur l’ensemble des
immobilisations corporelles et financières. Il n’est
donc pas possible de procéder à la réévaluation
d’un seul des biens concernés ;
• L’écart de réévaluation est égal à la différence
entre la valeur actuelle réévaluée et la valeur
comptable nette. Il ne concerne pas la valeur
d’origine.
La plus-value latente dégagée à l’occasion de la
réévaluation est inscrite dans un poste spécifique
des capitaux propres « écart de réévaluation ».
Sur le plan comptable elle ne constitue pas un
résultat.
La réévaluation légale qui est prévue par la loi de
l’IS (24-86) et qui suppose que l’administration
des finances publiques publie annuellement des
coefficients de réévaluation selon le coût de la
vie, est en principe abrogée par l’article 9 de la LF
99-00.
• Position fiscale :
L’administration fiscale précise dans sa
circulaire que l’écart de réévaluation dégagé
n’est pas imposé et les dotations
supplémentaires sont, par conséquent, à
réintégrer.
Cet écart, n’étant pas un profit, ne peut ni être
distribué, ni servir à compenser des pertes,
mais il peut, en tout ou partie, être incorporé
au capital, que cet écart corresponde à la
réévaluation des immobilisations
amortissables ou non amortissables.
Comptabilisation : les étapes de l’enregistrement
comptables :
• Lors de la réévaluation, le compte 1130 « écart de
réévaluation » enregistre la contre partie de la plus
value dégagée sur l’immobilisation corporelle ou
financière. C’est la valeur comptable nette qui est
réévaluée pour être portée à la valeur actuelle du bien.
L’écart de réévaluation est donc égal à la différence
entre la valeur actuelle et la valeur comptable nette. Il
n’y a pas lieu de modifier le plan des amortissements ;
• A la fin de chaque exercice pour les biens
amortissables réévalués, l’amortissement est
calculé sur la nouvelle valeur nette comptable
c'est-à-dire la valeur réévaluée ;
• Lors de la cession d’une immobilisation
réévaluée, les écritures habituelles de cession
doivent être enregistrées, le résultat de cession
est calculé à partir de la valeur réévaluée mais
d’écart de réévaluation, non incorporé au capital
en provenant du bien cédé, n’a pas en principe
être affecté au résultat.
Application 1 :
Soit un bien acquis début N pour 200 000 DH, amortissable
sur 10 ans.
A la fin de N+6, le bien fait l’objet d’une réévaluation. La
plus value est évaluée à 270 000 DH.
A cette date la valeur comptable nette du bien est de
60 000 DH.
Application 2 :
Soit un terrain et une construction acquis, début 1990,
respectivement, 450 000 DH et 750 000 DH (amortissable
sur 20 ans) et évalués fin 2000 à leur valeur d’utilité, soit
1 200 000 DH le terrain et 945 000 DH la construction.
L’ensemble est cédé pour 2 250 000 DH début 2007.
Application 3 :
Au 31 décembre N, la société X a réévalué l’ensemble de
ses immobilisations. Parmi celles-ci, un ensemble
immobilier acquis le 1er janvier N-9, payé 4 750 000 DH
(dont 1 000 000 DH pour le terrain) et amortissable en 25
ans, est réévalué. La valeur d’utilité est fixée à 5 000 000
DH dont 1 550 000 DH pour le terrain.
L’ensemble immobilier a été cédé en fin décembre N+2
pour 5 550 000 DH.
• Réévaluation des titres :
Pour les titres immobilisés, ils sont évalués de la même
manière que les immobilisations corporelles non
amortissables.