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CORRIGES CAS PRATIQUES ACTIVITE N°1

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DROIT CIVIL – PROCEDURE CIVILE

DROIT DES CONTRATS – ACTIVITES CAS PRATIQUES

Septembre 2021

Natacha Sauphanor-Brouillaud

ELEMENTS DE CORRECTION
Pour les cas n°s1, 2,4,5 et 6, : rappeler en une phrase que le contrat est conclu après la
réforme du droit des contrats et par conséquent soumis au nouveau droit en vigueur. Pour le cas
n°1, l’application dans le temps concerne la promesse d’exécution et non le testament.

N° 1 :
Monsieur Béranger a deux fils, Louis et Pierre, nés de son épouse décédée il y a 15 ans. Il a en outre eu
une fille hors mariage, Anne, qu’il a reconnue tardivement, en 2015. Or, en 2012, Monsieur Béranger
avait rédigé un testament dans lequel il léguait la totalité de ses biens à ses deux fils. Décédé en
septembre 2019, il n’a pas eu le temps de rédiger un nouveau testament pour inclure Jeanne. En
janvier 2020, Louis et Pierre, qui sont associés dans une entreprise organisatrice d’évènements
(cocktails, inaugurations d’expositions, etc.) contactent par courriel Anne pour lui indiquer qu’ils
s’engagent à diviser la succession en 3. Cependant, à la fin de l’année 2020, s’étant retrouvés en grande
difficultés financières à raison de la pandémie de COVID 19, ils refusent de procéder au partage avec
leur sœur. Anne décide de les assigner en justice.
Que pensez-vous des chances de succès de cette assignation ?

(Nota Bene : La formulation laisse entrevoir ici que l’exercice s’approche plus du cas pratique que de
la consultation)

Monsieur Béranger est décédé laissant pour lui succéder trois enfants Louis, Pierre et Anne. Anne a
été reconnue après la rédaction du testament qui ne prévoit la transmission qu’aux deux autres
enfants. Ces derniers ont promis de partager la succession avec Anne mais s’y refusent ensuite.
L’article 1100 al. 2 du C. civ. dispose que les obligations peuvent naître de l'exécution
volontaire ou de la promesse d'exécution d'un devoir de conscience envers autrui. Est ici consacrée la
jurisprudence relative à la transformation de l’obligation naturelle (le devoir de conscience envers
autrui) en une obligation civile. La promesse de partage d’une succession peut être analysée en une
telle transformation d’une obligation naturelle en une obligation civile (Civ.1, 11 oct. 2017, n°16-
24533).
En l’espèce Louis et Pierre se sont engagés envers Anne à partager la succession ce qui apparait
comme une promesse d’exécution d’un devoir de conscience.
En conclusion, le juge saisi devrait faire droit à la demande de Anne et prononcer l’exécution
forcée de la promesse de partage.

N°2
Le 3 septembre 2018, la société Chocolats Lillois a conclu avec la société Jeff d’Amsterdam un contrat
de franchise d'une durée de 5 ans, pour l'exploitation d'un fonds de commerce sous l'enseigne Jeff
d’Amsterdam dans la banlieue de Lille. La société Jeff d’Amsterdam a remis à la société Chocolats Lillois
des comptes prévisionnels laissant envisager un chiffre d’affaires de 20 000 euros par an. Au bout de
3 ans d’exploitation, la société Chocolats Lillois qui n’a jamais réussi à dépasser un chiffre d’affaires de
12 000 euros par an décide de rompre le contrat. Assignée en paiement pour rupture anticipée, la
société Chocolats Lillois vient vous consulter. Elle vous fait valoir qu’avant de rompre le contrat, elle a
à plusieurs reprises sollicité la société Jeff d’Amsterdam pour que celle-ci s’explique sur les bases
d'élaboration des comptes prévisionnels. Elle n’a obtenu que des réponses approximatives ce qui lui
laisse penser que l’établissement des comptes prévisionnels a manifestement été fait de façon
expéditive.
Elle vous demande conseils car elle souhaite réclamer des dommages et intérêts d’un
montant de 24 000 euros correspondant au manque à gagner sur la durée du contrat calculé sur la
base des comptes prévisionnels.
(Nota Bene : La formulation laisse entrevoir ici que l’exercice s’approche plus de la consultation que
du cas pratique)

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La société Chocolats Lillois a rompu de façon anticipée le contrat de franchise qui la liait à la société
Jeff d’Amsterdam au motif qu’elle n’avait pas réussi à atteindre le chiffre d’affaires annoncé par le
franchiseur. Elle nous demande conseils pour obtenir réparation des dommages et intérêts d’un
montant de 24 000 euros correspondant au manque à gagner.
La réparation d’un préjudice supposant la preuve d’une faute, il convient de rechercher la voie de droit
qui permettrait à la société Chocolat Lillois de prouver cette faute (I) afin d’obtenir réparation du
préjudice causé par celle-ci (II).

I/ La preuve d’une faute.

La faute pourrait être caractérisée à raison des réponses approximatives.

Selon l’article 1112-1 du C. civ., « Celle des parties qui connaît une information dont
l'importance est déterminante pour le consentement de l'autre doit l'en informer dès lors que,
légitimement, cette dernière ignore cette information ou fait confiance à son cocontractant (…) Ont
une importance déterminante les informations qui ont un lien direct et nécessaire avec le contenu du
contrat ou la qualité des parties ». Le texte écarte cependant du champ d’application de l’obligation
d’information, l’estimation de la valeur. Cependant, en matière de contrat de franchise, la
jurisprudence considère que l’erreur sur la rentabilité économique constitue une erreur sur la
substance et non une erreur sur la valeur.

En l’espèce, l’établissement expéditive des comptes prévisionnels ont conduit le franchiseur à


délivrer une mauvaise information à la société Chocolat Lillois. Or, le franchiseur et le franchisé sont
liés par un contrat qui génère une véritable collaboration et qui oblige le franchiseur à informer son
cocontractant de la façon la plus exacte possible sur son investissement. On ne pourrait considérer
qu’il s’agirait d’une information sur la valeur exclue du champ d’application de l’obligation
précontractuelle d’information.

Par conséquent, la société Chocolat Lillois aurait intérêt à apporter la preuve de ce


manquement ne devrait donc pas susciter de difficultés.

B/ La réparation du préjudice

Selon l’article 1112-1 du C. civ le manquement à ce devoir d'information déclenche la


responsabilité de celui qui en était tenu. Cependant « le préjudice résultant du manquement à une
obligation précontractuelle d'information est constitué par une perte de chance de ne pas contracter
ou de contracter à des conditions plus avantageuses et non par une perte d'une chance d'obtenir les
gains attendus » (Com., 31 janv. 2012, n°11-10834).
En l’espèce, la société Chocolat Lillois prétend pouvoir obtenir réparation du manque à gagner,
c’est-à-dire l’obtention des gains attendus.
En conclusion, il sera indiqué à la société qu’elle ne peut juridiquement obtenir une telle
somme devant le juge. Il lui est conseillé, pour éviter de se voir essuyer un refus tant de la part de la
société Jeff d’Amsterdam que du juge, de demander une somme inférieure correspondant à une perte
de chance de ne pas contracter. Elle peut essayer de procéder à une évaluation en ce sens.

N°3
Le 26 novembre 2012, un acte de donation partage a attribué à Mme Vendôme des droits sur un
immeuble situé aux Andelys. L’acte était accompagné d’un pacte de préférence en cas de vente de
l’immeuble au profit de Madame Lenoir. Le 30 avril 2021, Mme Vendôme a conclu avec les époux
Leblanc une promesse synallagmatique de vente portant sur cet immeuble. Aucune référence n’est

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faite au pacte de préférence. L'acte authentique de vente devait être signé devant notaire le 29 août
suivant. Pendant le mois d’août, le notaire, qui prend connaissance de ce dossier, notifie à Madame
Lenoir le projet de vente avec ses conditions. Invoquant une violation du pacte de préférence stipulé
dans l'acte de donation-partage, dont elle tenait ses droits en tant qu'attributaire, Mme Lenoir a
demandé sa substitution dans les droits des époux Leblanc.
Furieux contre le notaire et contre Madame Vendôme, les époux Leblanc viennent vous
consulter pour vous demander conseils.

La situation suppose de savoir si Mme Lenoir a des chances d’obtenir la substitution. En d’autres
termes, en tant que bénéficiaire d’un pacte de préférence violé, il convient de s’interroger sur ses
droits pour conseiller les époux Leblanc. Il sera observé que la donation partage est antérieure à la
réforme du droit des contrats. Cependant, celle-ci étant une consécration d’un arrêt de chambre
mixte du 26 mai 2006, a solution posée par la réforme peut s’appliquer.

En droit, il résulte de l’article 1123 C. civ. que lorsqu'un contrat est conclu avec un tiers en
violation d'un pacte de préférence, le bénéficiaire peut demander au juge de le substituer au tiers dans
le contrat conclu s’il démontre que le tiers connaissait l'existence du pacte et l'intention du bénéficiaire
de s'en prévaloir.
En l’espèce, Mme Lenoir semble avoir demandé au notaire sa substitution dans les droits des
époux Leblanc,
En conclusion, le notaire ne pourra pas accéder à cette demande, puisqu’elle doit être portée
devant le juge. Il s’agit donc d’un premier argument que devraient faire valoir les époux Leblanc.
En outre, il résulte de l’article 1123 C. Civ. que le bénéficaire démontre que le tiers connaissait
l'existence du pacte et l'intention du bénéficiaire de s'en prévaloir. La jurisprudence a exigé que ces
deux conditions soient appréciées au moment de la vente. Cependant, en présence d’une promesse
synallagmatique de vente, la Cour de cassation a précisé que « la connaissance du pacte de préférence
et de l'intention de son bénéficiaire de s'en prévaloir s'apprécie à la date de la promesse de vente, qui
vaut vente, et non à celle de sa réitération par acte authentique » (Civ. 3e, 25 mars 2009, no 07-22.027).
En effet, selon l’article 1589 du Code civil, la promesse de vente vaut vente lorsqu’il y a consentement
réciproque des deux parties sur la chose et sur le prix.
En l’espèce, le 30 avril 2021, les époux sont bénéficiaires d’une promesse synallagmatique de
vente qui vaut vente. Il convient donc de se demander si à cette date, ils connaissaient l’intention de
Madame Lenoir de se prévaloir du pacte de préférence. La réponse est négative puisqu’aucune
référence n’est faite au pacte de préférence. Rien dans les faits ne laisse présumer une connaissance
du pacte.
Par conséquent on peut rassurer les époux Leblanc sur le fait que Madame Lenoir aura du mal
à prouver qu’à la date de la promesse, ils étaient de mauvaise foi. Il importe donc peu qu’au jour prévu
de la réitération par acte authentique ils étaient alertés de la connaissance de l’intention de Madame
Lenoir. Par conséquent, puisque Madame Lenoir ne pourra valablement invoquer la nullité, il convient
de prévenir Monsieur et Madame Leblanc qu’elle risque de demander réparation du préjudice subi.

En effet selon l’art. 1123 C. civ., lorsqu'un contrat est conclu avec un tiers en violation d'un
pacte de préférence, le bénéficiaire peut obtenir la réparation du préjudice subi. Madame Lenoir
pourrait agir en responsabilité délictuelle contre Monsieur et Madame Leblanc. Le texte ne précise
pas les conditions mais il semble que l’action soit a minima subordonnée à la connaissance par le tiers
du pacte de préférence en application de la jurisprudence classique sur l’opposabilité des contrats aux
tiers qui implique qu’ils aient eu connaissance du contrat.
En l’espèce, puisque les époux ne connaissaient pas l’intention de Madame Lenoir de se
prévaloir du pacte, au jour de la promesse synallagmatique, il n’est pas certain qu’elle pourra obtenir
des dommages et intérêts.

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En conclusion, il est donc conseillé à Monsieur et Madame Leblanc de ne pas s’inquiéter sur
la remise en cause de leur achat et de se préparer tout au plus à une demande de dommages et
intérêts.

N°4
La SARL Les Côteaux du midi est propriétaire d’immeubles à usage de bureaux. M. Rouvier, gérant de
la SARL, prenant connaissance de la loi dite climat publiée pendant l’été 2021 a immédiatement décidé
de rénover les immeubles aux fins de se conformer aux nouvelles exigences environnementales. Le 20
août 2021, il a donc sollicité plusieurs professionnels en vue d’obtenir des devis d’installation de
panneaux solaires photovoltaïques. Le 15 septembre 2021, ayant pris connaissance des devis, M.
Rouvier a informé les associés de la SARL qu’il allait retenir le devis de la société SolarPro qui proposait
un coût de 1.000 € / m².
Cependant le 16 septembre 2021, il a reçu un mail de la société SolarPro l’informant de l’augmentation
de ses tarifs à raison de l’entrée prochaine dans la saison automnale laquelle, à raison des pluies
prévues, complexifie l’installation, le tarif étant désormais de 1300 € / m².
M. Rouvier peut–il obtenir l’exécution de l’installation au prix initial annoncé ?

M. Rouvier ne peut obtenir l’exécution de l’installation au prix annoncé qu’à la condition que le contrat
puisse être considéré comme conclu lors de la réception du mail.
Il nous faut donc envisager la formation d’un contrat avant de s’interroger, si le contrat n’est pas formé,
sur une éventuelle responsabilité extracontractuelle de la société SolarPro (II)

I/ L’existence ou non d’un contrat conclu entre la société SolarPro et M. Rouvier

En droit, pour qu’il y ait un contrat au sens de l’art. 1113, encore convient-il qu’il y ait la
rencontre d’une offre et d’une acceptation.
En l’espèce les devis adressés par le professionnel constituent une offre au sens de l’article 1114
(éléments déterminés etc). L’acceptation d’un des devis scellera le contrat.
Selon l’article 1118, « l'acceptation est la manifestation de volonté de son auteur d'être lié dans
les termes de l'offre ». Le texte précise que tant qu’elle n'est pas parvenue à l'offrant, elle peut être
librement rétractée, pourvu que la rétractation parvienne à l'offrant avant l'acceptation » et selon
l’article 1121 « le contrat est conclu dès que l'acceptation parvient à l'offrant ». Il en résulte que
l’acceptation ne prend effet que lorsqu’elle parvient à l’offrant.
En l’espèce, l’annonce de M. Rouvier aux associés de la SARL ne constitue donc pas
juridiquement une acceptation.
Par conséquent, le contrat n’était donc pas conclu lorsqu’il reçoit le mail le 16 sept. M. Rouvier
ne peut donc pas obtenir l’exécution de l’installation au prix initial faute de conclusion du contrat. Il
reste à envisager d’éventuels dommages-intérêts sur le fondement de la responsabilité
extracontractuelle.

II/ L’éventuelle responsabilité extracontractuelle de la société SolarPro

Selon l’art. 1116, une offre ne peut être rétractée avant l'expiration du délai fixé par son auteur
ou, à défaut, l'issue d'un délai raisonnable. La rétractation de l'offre en violation de cette interdiction
engage la responsabilité extracontractuelle de son auteur.
En l’espèce, la modification du devis s’analyse en une rétractation de l’offre. Les faits ne nous
renseignent pas sur la date à laquelle la société SolarPro a adressé son devis mais uniquement celle à
laquelle le devis a été demandé (1er sept) et celle à laquelle M. Rouvier a pris sa décision (15 sept).
En conclusion, si le délai de maintien des conditions financières est considéré comme

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raisonnable, M. Rouvier n’obtiendra pas de dommages et intérêts. S’il est jugé trop bref, M. Rouvier
obtiendra des dommages et intérêts s’il prouve un préjudice, lequel serait la perte de chance de tirer
profit du contrat.

N°5
Les époux Pierre et Simone Rouvier ont acquis l'usufruit d'un immeuble aux Saintes-Maries-de-la-Mer
et leur fils Paul Rouvier la nue-propriété. Par acte authentique du 13 janvier 2020, celui-ci a consenti,
après le décès de son père, une promesse unilatérale de vente de l'immeuble à M. Lenoir qui l'a
acceptée. La promesse unilatérale de vente stipulait que Mme Simone Rouvier en avait l'usufruit et
que la réalisation de la promesse pourrait être demandée par le bénéficiaire dans les quatre mois à
compter du jour où celui-ci aurait connaissance, par lettre recommandée avec demande d'avis de
réception, du décès de l'usufruitière. La promesse de vente fixait le prix de l’immeuble et M. Lenoir a
versé une indemnité d’immobilisation de 10% de ce prix.
Le 1er juin 2021, le notaire de Mme Rouvier a adressé à Monsieur Lenoir une lettre avec accusé de
réception pour l’avertir du décès de Mme Rouvier.
Par acte du 1er août 2021, Paul Rouvier a assigné M. Lenoir en annulation de la promesse unilatérale
de vente, en faisant valoir que celle-ci était dépourvue d’objet, l’immeuble ayant été vendu le 25 juillet
2021 à la SCI l’Illiade. Cependant, le 20 août 2021, M. Lenoir a levé l’option.
Pensez-vous que la levée de l’option de M. Lenoir sera efficace ?

En droit, selon l’art. 1124 C. civ., la promesse unilatérale est le contrat par lequel une partie,
le promettant, accorde à l'autre, le bénéficiaire, le droit d'opter pour la conclusion d'un contrat dont
les éléments essentiels sont déterminés, et pour la formation duquel ne manque que le consentement
du bénéficiaire. La révocation de la promesse pendant le temps laissé au bénéficiaire pour opter
n'empêche pas la formation du contrat promis.
En l’espèce, M . Lenoir est bénéficiaire d’une promesse vente et tous les éléments essentiels
du contrat de vente, à savoir la chose et le prix sont fixés. L’assignation de P. Rouvier en annulation de
la promesse unilatérale de vente s’analyse comme une révocation de la promesse. Celle-ci est
inefficace au sens de la réforme du droit des contrats. La troisième chambre civile, modifiant sa
jurisprudence antérieure qui jugeait auparavant que la révocation était efficace fait application de la
réforme dans un arrêt du 23 juin 2021, n° 20-17.554. Elle a jugé que le promettant s'oblige
définitivement à vendre dès la conclusion de l'avant-contrat, sans possibilité de rétractation, sauf
stipulation contraire.
Par conséquent, la révocation de Paul Rouvier est inefficace.

Pour autant la levée de l’option suffit-elle à former la vente et à tenir en échec la vente conclue avec
la SCI l’Illiade ?
En droit, le contrat conclu en violation de la promesse unilatérale avec un tiers est nul si le
tiers connaissait l'existence de la promesse.
En l’espèce, si Monsieur Lenoir persiste dans son intention d’acquérir l’immeuble Il lui faut
alors démontrer que le tiers, la SCI Lilliade connaissait l’existence de la promesse. A défaut, la nullité
du contrat conclu avec le tiers ne sera pas envisageable et par conséquent l’exécution du contrat
conclu avec le promettant sera impossible.
Par conséquent, la levée de l’option est à elle seule inefficace. Monsieur Lenoir doit prouver
que le tiers, la SCI Lilliade connaissait l’existence de la promesse afin d’obtenir la nullité de cette vente
avant de solliciter l’exécution de la promesse.

N°6
Monsieur Leconte, responsable de l’hygiène et de la sécurité de l’entreprise Elias décide d’acheter des
petits flacons de gels hydroalcooliques à destination de l’ensemble de ses salariés. Après quelques
recherches sur Internet, il découvre le site Gels.hydro.net qui propose des packs de 50 gels de 100

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millilitres pour un prix de 125 euros. Sur le site un bandeau indique que la vente sera effective « sous
réserve des stocks disponibles ». L’entreprise décide de commander 10 packs. Et en un clic, la
commande est validée. Monsieur Leconte reçoit quelques minutes après dans sa boite de courriels
professionnels une publicité du site internet Santé plus.com qui propose également des packs pour un
prix de 125 euros mais les packs comportent non seulement 50 gels mais en outre 50 masques au logo
« filtration garantie ». Monsieur Leconte envoie donc immédiatement un message électronique à la
société Gels.hydro pour l’avertir qu’il annule sa commande et il procède à l’achat de packs « gels-
masques » auprès de Santé Plus.com. 48 heures après il reçoit les packs de la société Santé Plus qu’il
distribue à ses salariés. C’est alors que le directeur des ressources humaines, alerté d’une hausse de
cas de COVID19 lié à un nouveau variant, décide que deux tiers des salariés exerceront en télétravail.
Le lendemain, Monsieur Leconte reçoit les packs de la société Gels.hydro, packs dont il n’a évidemment
plus l’utilité à raison du fait qu’il a déjà été livré par la société Santé plus et qu’en outre de nombreux
salariés ne sont plus dans les locaux de l’entreprise.
Que peut faire Monsieur Leconte ?
La question qui se pose est de savoir si M. Leconte peut se faire rembourser les packs de la société
Gels.hydro. Il convient d’écarter les arguments qui seraient liés à une mauvaise exécution du contrat,
celle-ci n’étant manifestement pas avérée.
Il reste à se situer sur le terrain de la formation du contrat. M. Leconte peut-il invoquer que son mail a
empêché la formation du contrat ? Cela supposerait que ce mail puisse être considérée comme une
rétractation de l’acceptation valablement parvenue avant l’acceptation au sens de l’article 1118 du
Code civil. En d’autres termes, cela suppose de se demander si la commande opérée en un clic valait
ou non acceptation de l’offre car si le contrat était formé, le mail d’annulation est dépourvu
d’efficacité, cependant que si le contrat n’était pas formé, le mail d’annulation est efficace.
2 éléments indiqués dans les faits méritent d’être discutés à cet égard : L’un concerne l’offre de gels
(I), l’autre concerne la commande en un clic (II).

I/ Sur l’offre de gels

En droit, selon l‘article 1113 c.civ., le contrat est formé par la rencontre d'une offre et d'une
acceptation par lesquelles les parties manifestent leur volonté de s'engager. Selon l’article 1114 c.civ.,
l'offre doit comprendre les éléments essentiels du contrat envisagé et doit exprimer la volonté de son
auteur d'être lié en cas d'acceptation. Faute de ces conditions quant à l’offre, l’acceptation n’emporte
pas formation du contrat.
En l’espèce, si l’offre est précise, un élément pourrait faire douter de sa fermeté. Il est indiqué
que la vente sera effective « sous réserve des stocks disponibles ».
Traditionnellement une offre faire avec réserve n’est pas une offre. Cependant, ici la réserve
étant « objective » contrairement à une réserve d’agrément, elle peut être compatible avec la fermeté
de l’engagement.
Par conséquent, le contrat semble formé mais M. Leconte peut tenter de se prévaloir du
défaut de confirmation par la société de l’existence d’un stock.

II/ Sur la commande en un clic

Aux termes de l’article 1127-2 du Code civil, le contrat passé par voie électronique s’opère
après un « double clic ». Cependant, ce dispositif peut selon l’article 1127-3 être écarté dans les
contrats conclus entre professionnels.
En l’espèce, M. Lenoir a contracté dans le cadre de son activité professionnelle.
Par conséquent, M. Lenoir ne peut se prévaloir du défaut de respect de double clic.

Il est donc conseillé à M. Leconte de tenter d’invoquer le défaut de formation du contrat, s’agissant
d’une offre contenant une réserve et d’une absence de confirmation du stock de la part du vendeur.

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