Corrigé OB 3
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CONSULTATIONS
Première consultation
En juillet 2023, un contrat de vente portant sur une parcelle de terrain a été conclu. Le contrat a été négocié
entre l’acquéreur et un représentant du vendeur. Celui-ci n’a pas informé l’acquéreur du risque d’adoption d’un arrêté
préfectoral pouvant rendre le terrain inconstructible et a, en outre, laissé entendre que s’il refusait d’acheter le terrain,
le contrat de bail de sa mère pourrait être remis en cause. L’acquéreur, qui a par ailleurs, dépensé 13 000 euros en frais
d’avocat, a informé le vendeur de ce qu’il entendait récupérer son argent.
Deux questions doivent donc être envisagées : il faut, dans un premier temps, se demander si l’acquéreur
pourrait obtenir la nullité du contrat (I) et, dans un second temps, s’il pourrait engager une action en responsabilité
contre le vendeur (II).
Avant de s’intéresser à ces questions, il faut déterminer le droit qui leur est applicable 1.
Selon les articles 9 de l’ordonnance du 10 février 2016 et 16, I, de la loi de ratification du 20 avril 2018, les actes
conclus depuis le 1er octobre 2018 sont soumis aux nouvelles dispositions du Code civil résultant de ces deux textes.
En l’espèce, le contrat de vente a été conclu en juillet 2023, soit postérieurement au 1 er octobre 2018.
Les questions qui en découlent sont donc soumises aux nouvelles dispositions du Code civil.
I. L’annulation du contrat
La question qui se pose est celle de savoir si le contrat de vente pourrait être remis en cause.
Cela revient à se demander si la vente est valable. En d’autres termes, il faut s’interroger sur les fondements
qui pourraient être invoqués pour mettre en cause la validité du contrat.
L’article 1128 du Code civil impose trois conditions cumulatives pour la validité d’un contrat : le consentement
des parties, leur capacité de contracter et un contenu licite et certain.
En l’espèce, le contrat porte sur une vente, son contenu paraît licite et certain. En outre, rien ne permet
d’établir que l’une des parties n’aurait pas eu la capacité de contracter. En revanche, certains éléments invitent à
s’interroger sur le consentement de l’acquéreur2.
Ainsi, il faut se demander si l’acquéreur pourrait se placer sur le fondement de la violence (A), de l’erreur (B) et
du dol (C), pour ensuite s’intéresser aux conséquences d’une éventuelle annulation du contrat (D).
La question revient donc à se demander si le contrat pourrait être annulé sur le fondement de la violence.
Selon l’article 1140 du Code civil, le vice de violence suppose la réunion de trois conditions : le demandeur doit
établir qu’il a subi une contrainte (1) illégitime (2), ayant fait naître chez lui une crainte qui l’a déterminé à contracter (3).
S’agissant de la contrainte, elle peut, selon l’article 1140, porter tant sur la personne elle-même que sur ses
biens et viser indifféremment le cocontractant ou ses proches. En l’absence de précisions dans le texte, cette contrainte
peut être d’ordre physique, moral ou pécuniaire. L’article 1142 précise, en outre, que cette contrainte peut émaner tant
d’une partie au contrat que d’un tiers.
En l’espèce, le représentant du vendeur a adressé un courriel à l’acquéreur pour lui indiquer que s’il refusait
d’acheter, le contrat de bail conclu entre sa mère et la femme du représentant pourrait être remis en cause. Le
1 En principe, compte tenu de l’ancienneté de la réforme, la plupart des IEJ ne demandent plus de faire l’application de la loi dans le temps, sauf pour le
droit intermédiaire ou droit ancien. Par sécurité, vous pouvez quand même évoquer la question très rapidement.
2 Vous pouviez être beaucoup plus rapides sur ce point en identifiant immédiatement les fondements juridiques pertinents.
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représentant du vendeur a donc menacé l’acquéreur. Une telle menace constitue sans nul doute une contrainte morale
mais également financière. En outre, il importe peu qu’elle ait visé la mère de l’acquéreur et non celui-ci directement.
La contrainte peut donc être établie.
Pour que cette contrainte soit prise en compte, il faut également qu’elle soit illégitime. Autrement dit, il ne faut
pas que les moyens utilisés pour contraindre son cocontractant soit légaux (Soc., 8 novembre 1984 ; Com., 21 février
1995). L’article 1141 exclut ainsi que cette contrainte puisse résulter de la menace d’exercer une voie de droit dont
l’exercice est en principe légitime. Le texte ménage toutefois des exceptions à ce principe. Ainsi, la menace d’exercer une
voie de droit peut être constitutive du vice de violence dans deux hypothèses : lorsque la voie de droit est détournée de
son but ou lorsqu’elle est invoquée pour obtenir un avantage manifestement excessif.
En l’espèce, le représentant du vendeur a menacé de remettre en cause le contrat de bail liant sa femme à la
mère de l’acquéreur. Or, en soi, il n’est pas illégal de remettre en cause un contrat. Cette menace ne devrait donc pas, en
principe, être considérée comme illégitime.
Il faut donc vérifier si l’une des exceptions à ce principe pourrait s’appliquer.
Tout d’abord, il faut se demander si la contrainte a été exercée afin d’obtenir un avantage manifestement
excessif. Autrement dit, il s’agit de vérifier s’il existe une disproportion manifeste entre le droit que l’auteur de la
contrainte menace d’exercer et l’avantage retiré du contrat obtenu sous cette contrainte. L’appréciation du caractère
manifestement excessif dépendra certainement du pouvoir souverain des juges du fond. Sous l’empire de l’ancien droit,
qui admettait déjà cette limite, la jurisprudence avait pu considérer que constituait un avantage manifestement excessif
un engagement de payer une somme dix fois supérieure au préjudice pour obtenir le désistement d’une plainte (Req., 10
mars 1908). De même, a pu être sanctionné le fait d’obtenir d’une personne, sous la menace de poursuites pénales, une
somme importante et injustifiée (Civ. 3e, 17 juillet 1967).
En l’espèce, le contrat litigieux est un contrat de vente d’un terrain. Rien ne permet de penser que ce terrain a
été vendu à un prix excessif au regard de ceux du marché.
On peut donc penser que le cocontractant ne tire pas du contrat un avantage manifestement excessif 3.
Ensuite, il faut se demander si la voie de droit a été détournée de son but. Cela revient à se demander si elle a
été invoquée afin d’obtenir un avantage sans rapport direct avec le droit qui pourrait être exercé (par ex. : Civ. 1re, 25
mars 2003, s’agissant d’une reconnaissance de dette obtenue sous la menace d’une saisie immobilière relativement à
une autre créance).
En l’espèce, le représentant du vendeur a menacé de remettre en cause le contrat de bail dont bénéficie la mère
de l’acquéreur. Cette menace visait à contraindre l’acquéreur d’acheter le terrain. Or, il n’existe aucun rapport entre la
menace d’exclusion et la vente d’un terrain.
Ainsi, l’acquéreur pourrait se prévaloir de cette exception de sorte que la menace de remettre en cause le
contrat devrait être considérée comme illégitime.
Quant à la troisième condition, elle suppose d’établir qu’en l’absence d’une telle contrainte, le contractant
n’aurait pas conclu le contrat ou l’aurait conclu à des conditions différentes. L’article 1130 du Code civil précise que le
caractère déterminant s’apprécie in concreto, eu égard aux personnes et aux circonstances dans lesquelles le
consentement a été donné. Il peut être ainsi tenu compte de la force de caractère, de l’âge et de la situation sociale de la
personne qui subit la contrainte. Récemment, la Cour de cassation a rappelé que, pour que cette condition soit remplie,
la contrainte devait avoir été exercée au moment de l’acte. En revanche, une menace proférée postérieurement à la
conclusion du contrat ne peut être considérée comme déterminante du consentement (Civ. 1 re, 13 mars 2024)4.
En l’espèce, l’acquéreur est juriste, de sorte qu’il dispose de connaissances juridiques. En outre, il a répondu au
mail du représentant du vendeur en lui rappelant qu’il n’était pas possible de remettre en cause un contrat de bail de
cette façon. Certes, par la suite, l’acquéreur a accepté de conclure le contrat. Néanmoins, compte tenu de sa première
réaction, il est peu probable qu’il parvienne à convaincre les juges que, s’il n’avait pas été menacé, il n’aurait pas conclu
le contrat.
Ainsi, sous réserve de l’appréciation souveraine des juges du fond, la menace ne devrait pas être considérée
comme ayant été déterminante du consentement de l’acquéreur.
Par conséquent, l’acquéreur ne devrait pas pouvoir agir en nullité sur ce fondement. (1,5 pts)
3 Dans la mesure où cette exception ne s’appliquait pas en l’espèce, vous pouviez l’écarter très rapidement.
4 Vous pouviez être plus rapides sur cette majeure.
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B. L’annulation du contrat sur le fondement de l’erreur.
La question suppose de déterminer si le contrat pourrait être remis en cause sur le fondement de l’erreur sur
les qualités essentielles de la prestation.
L’article 1130 du Code civil dispose que l’erreur est un vice du consentement lorsqu’il apparaît que, sans elle,
l’une des parties n’aurait pas contracté ou aurait contracté mais à des conditions substantiellement différentes. L’article
1132 ajoute que l’erreur, de droit ou de fait, à moins qu’elle ne soit inexcusable, est une cause de nullité du contrat
lorsqu’elle porte sur les qualités essentielles de la prestation due ou sur celles du cocontractant ; l’article 1133 précisant,
à ce titre, que les qualités essentielles de la prestation sont celles qui ont été expressément ou tacitement convenues et
en considération desquelles les parties ont contracté.
Ainsi, celui qui invoque une erreur vice du consentement doit établir l’existence d’une erreur (1), portant sur
une qualité essentielle de la prestation – soit une qualité expressément ou tacitement convenue entre les parties (2) et
déterminante de leur consentement (3) et, enfin, que cette erreur est excusable (4) 5.
Il faut donc, tout d’abord, établir l’existence d’une erreur, soit une discordance entre la croyance de l’errans et
la réalité. Selon l’article 1130 du Code civil, l’existence de l’erreur doit s’apprécier au moment de la conclusion du
contrat. Néanmoins, antérieurement à la réforme, la Cour de cassation avait précisé que si la conviction de l’errans
devait s’apprécier au moment de la conclusion du contrat, la réalité pouvait être établie en prenant en considération des
éléments postérieurs à la conclusion du contrat (Civ. 1re, 13 décembre 1983). En outre, s’agissant spécifiquement de la
constructibilité d’un terrain, la jurisprudence est susceptible de retenir deux conceptions de la constructibilité pour
déterminer la réalité à laquelle il convient de confronter la conviction de l’errans. Soit, elle retient une conception
juridique, en ce sens qu’un acte juridique est nécessaire pour déterminer si le terrain est constructible (en particulier,
une décision administrative). Dans ce cas, la Cour de cassation considère que l’annulation d’un permis de construire
postérieurement à la vente, bien que rétroactive, est sans incidence sur l’erreur, qui s’apprécie au moment de la
formation du contrat (v. par ex. : Civ. 3e, 26 mai 2004 ; 8 octobre 2003 ; 24 novembre 2016). Soit, la jurisprudence retient
une conception matérielle de la constructibilité. Dans ce cas, la décision d’inconstructibilité survenue postérieurement à
la vente peut conduire à la nullité du contrat s’il est établi que les données matérielles rendaient déjà le terrain
inconstructible au moment de la vente (Civ. 3e, 12 juin 2014)6.
En l’espèce, au moment de la conclusion du contrat, le terrain était déclaré constructible. Trois jours après la
conclusion de la vente, toutefois, l’administration décide de classer ce terrain comme inconstructible.
Si l’on devait retenir la conception matérielle de la constructibilité, il apparaît que la décision de l’administration
a été prise au regard du risque d’inondation qui préexistait à la conclusion du contrat de vente. Ainsi, en réalité, le terrain
était d’ores et déjà matériellement inconstructible au jour de la conclusion du contrat. Or, l’acquéreur pensait que le
terrain était constructible. Il y a donc bien un décalage entre la croyance de l’errans – le terrain est constructible – et la
réalité – le terrain était déjà matériellement inconstructible au jour de la conclusion du contrat.
Dans cette hypothèse, l’erreur de l’acquéreur peut donc être établie.
Si l’on devait retenir la conception juridique de la constructibilité, il apparaît qu’au jour de la conclusion du
contrat, le terrain était juridiquement constructible, dès lors que la décision de l’administration n’est intervenue que
trois jours après la conclusion de la vente. On pourrait donc penser qu’il n’y a pas d’erreur de l’acquéreur. Il reste qu’au
jour de la conclusion du contrat, le risque de ce que le terrain soit déclaré inconstructible existait déjà, les propriétaires
concernés, en ayant été informés. Autrement dit, le terrain était certes constructible mais il était déjà établi, au jour du
contrat, qu’il pourrait ne plus l’être. Or, l’acquéreur n’ayant pas été informé de ce risque, il pouvait légitimement croire,
au jour de la conclusion du contrat, que la constructibilité du terrain ne posait pas de difficultés immédiates. De ce point
de vue, il y a donc bien un décalage, au jour de la formation du contrat de vente, entre la croyance de l’errans – la
constructibilité ne pose pas de difficultés – et la réalité – il existe un risque que la constructibilité du terrain soit remise
en cause.
Ainsi, dans cette hypothèse, l’erreur de l’acquéreur pourrait également être établie.
Par conséquent, en tout état de cause, l’acquéreur pourra démontrer avoir commis une erreur.
Il faut ensuite établir que l’erreur porte sur une qualité essentielle de la prestation, c’est-à-dire une qualité
expressément ou tacitement convenue entre les parties et en considération desquelles les parties ont contracté.
Il faut donc, tout d’abord, que l’erreur ait porté sur une qualité déterminante du consentement. Cela suppose
que, sans l’erreur, le contractant n’aurait pas accepté de conclure la convention ou aurait contracté mais à des
conditions substantiellement différentes. A ce sujet, l’article 1130 précise que le caractère déterminant s’apprécie eu
égard aux personnes et aux circonstances dans lesquelles le consentement a été donné.
Pour être prise en compte, cette qualité déterminante doit encore avoir été tacitement ou expressément
convenue entre les parties. On comprend que si les parties ont explicitement envisagé cette qualité dans leur accord,
elle devra être considérée comme expressément convenue. En revanche, si elles ne l’ont pas fait, il appartiendra à celui
qui se prévaut de l’erreur de convaincre le juge que la qualité a été tacitement convenue, autrement dit qu’il s’agissait de
la commune intention des parties. La jurisprudence admet que cette commune intention puisse être déduite d’une
interprétation des stipulations du contrat (v. par ex. : Civ. 1re, 26 mai 1965 ; 31 mars 1987). Elle pourrait également
résulter des circonstances entourant la conclusion du contrat ou encore se fonder sur ce que l’opinion commune tient
pour une qualité objectivement essentielle 7.
En l’espèce, la qualité litigieuse porte sur la constructibilité du terrain. Or, s’agissant de la vente d’un terrain et
dans la mesure où sa constructibilité influe nécessairement sur sa valeur, il faut sans doute considérer qu’une telle
qualité est perçue, dans l’opinion commune, comme une qualité objectivement essentielle, de sorte qu’elle était
nécessairement convenue entre les parties.
Il s’agit donc bien d’une qualité au moins tacitement convenue entre les parties.
Quant à la quatrième condition relative au caractère excusable de l’erreur, les nouveaux textes ne précisent à
quelles conditions, une erreur doit être considérée comme inexcusable. Si l’on se réfère à la jurisprudence rendue sous
l’empire des anciens textes, qui imposait déjà cette condition, il apparaît que l’erreur, pour être excusable, ne doit pas
être le résultat d’une négligence blâmable de l’errans (voir, par ex. : Civ. 3e, 27 novembre 1979 ; Com. 26 mars 2002).
Ainsi, les tribunaux qualifient plus facilement d’inexcusable l’erreur commise pas un professionnel averti qui contracte
dans le domaine de son activité habituelle. Pour autant, l’erreur commise par un non-professionnel peut également être
qualifiée d’inexcusable au regard, notamment, de l’absence de précautions prises par ce dernier pour éviter cette erreur
(par ex. : Civ. 3e, 2 février 2005)8.
En l’espèce, au jour de la conclusion de la vente, l’arrêté préfectoral n’avait pas encore été adopté, de sorte que
l’acquéreur ne pouvait pas le connaître. En outre, si le vendeur a été informé du risque qu’il soit adopté, rien ne permet
de penser que d’autres personnes que les propriétaires concernés en ont été avisés. Autrement dit, l’acquéreur n’avait
sans doute aucune possibilité pour découvrir qu’un arrêté préfectoral allait peut-être être adopté.
Son erreur devrait donc être considérée comme excusable.
Par conséquent, les conditions étant réunies, le contrat devrait pouvoir être annulé sur ce fondement. (2,5 pts)
La question qui se pose est celle de savoir si le contrat pourrait être annulé sur le fondement du dol.
L’article 1137, alinéa 1, du Code civil définit le dol comme le fait pour un contractant d’obtenir le consentement
de l’autre par des manœuvres ou des mensonges. L’alinéa 2 précise que constitue également un dol la dissimulation
intentionnelle par l’un des contractants d’une information dont il sait le caractère déterminant pour l’autre partie.
Ainsi, pour que le silence gardé par une des parties soit constitutif d’un dol, quatre conditions doivent être
réunies : un silence (élément matériel du dol) (1) portant sur une information déterminante du consentement de l’autre
partie (2), une volonté de tromper (élément intentionnel du dol) (3) et un silence gardé par le cocontractant ou l’une des
personnes visées par le texte (origine du dol) (4).
S’agissant de l’élément matériel, il s’agit d’établir que l’auteur des agissements dolosifs a gardé le silence,
autrement dit, qu’il détenait une information et ne l’a pas révélée.
En l’espèce, le représentant du vendeur, qui a négocié la vente avec l’acquéreur, disposait d’un document
expliquant le risque d’adoption de l’arrêté préfectoral. Il détenait donc cette information. Or, manifestement, il n’a pas
transmis cette information à l’acquéreur.
Le représentant a donc bien gardé le silence sur une information.
S’agissant de l’élément intentionnel, celui qui s’est tu doit avoir volontairement gardé le silence, en sachant
qu’il trompait ainsi son cocontractant. Sous l’empire des anciens textes, la Cour de cassation a pu décider que cette
intention pouvait se déduire de la connaissance du caractère déterminant du consentement de l’information pour l’autre
partie (Com., 9 janvier 2019). Autrement dit, celui qui sait que l’information qu’il tait est essentielle pour l’autre partie,
ne peut prétendre ensuite n’avoir agi que par une négligence involontaire. Rien n’excluant dans les nouveaux textes que
la preuve du caractère intentionnel puisse se faire par le biais d’une telle présomption, cette solution pourrait être
maintenue.
En l’espèce, le représentant du vendeur savait manifestement que la constructibilité du terrain pouvait être
remise en cause. S’agissant d’une qualité objectivement essentielle, il ne pouvait ignorer qu’elle était nécessairement
déterminante du consentement de l’acquéreur. Il savait donc nécessairement qu’en transmettant cette information, il
prenait le risque que l’acquéreur renonce à acheter le terrain.
Ainsi, l’intention du représentant du vendeur de tromper l’acquéreur peut être établie.
S’agissant, enfin, de l’origine du dol, ce dernier doit en principe, selon l’article 1137 du Code civil, émaner du
cocontractant. Toutefois, l’article 1138, alinéa 1, admet que le dol est également constitué s’il émane, notamment, du
représentant. Sur ce point, la Cour de cassation a eu l’occasion de préciser, sous l’empire des anciens textes mais rien ne
s’oppose à ce que cette solution soit maintenue, que lorsque le dol émane du représentant, il peut être caractérisé sans
qu’il soit nécessaire de démontrer la complicité du cocontractant (Civ. 3 e, 5 juillet 2018).
En l’espèce, le vendeur a chargé un ami de trouver un acquéreur et de négocier le contrat de vente. Cet ami est
donc bien intervenu comme représentant du vendeur. Dès lors, le représentant ayant gardé le silence, le dol peut être
caractérisé. Il importe peu en revanche que le vendeur ait manifestement eu la volonté de transmettre les informations
recélées à l’acquéreur et n’ait donc pris aucune part dans ces agissements dolosifs.
Ainsi, le dol émanant du représentant du cocontractant, cette condition est remplie.
Par conséquent, les conditions étant réunies, l’acquéreur devrait pouvoir obtenir la nullité du contrat sur le
fondement du dol. (2,5 pts)
La question qui se pose est celle de savoir ce que pourrait obtenir l’acquéreur s’il décidait de remettre en
cause le contrat sur le fondement de l’erreur ou du dol.
Selon les termes des alinéas 2 et 3 de l’article 1178 du Code civil, le contrat annulé est censé n’avoir jamais
existé et les prestations exécutées donnent lieu à restitution dans les conditions prévues aux articles 1352 à 1352-9 du
Code civil. En particulier, l’article 1352 dispose que la restitution d’une chose autre qu’une somme d’argent a lieu, sauf
impossibilité, en nature. L’article 1352-3 ajoute que la restitution inclut les fruits et la valeur de la jouissance que la chose
a procurée. Lorsque la restitution porte sur une somme d’argent, l’article 1352-6 du Code civil précise que cette
restitution inclut les intérêts au taux légal et les taxes acquittées entre les mains de celui qui l’a reçue. Enfin, l’article
1352-7 précise que les intérêts et la valeur de la jouissance sont dus à compter du paiement, si celui qui a reçu était de
mauvaise foi ou à compter de la demande, s’il était de bonne foi.
En l’espèce, en obtenant que le contrat soit annulé, l’acquéreur devra restituer le terrain au vendeur. Il pourrait
également être tenu de payer pour la valeur de la jouissance. L’acquéreur étant de bonne foi, la valeur de la jouissance
ne devrait être due qu’à compter de la demande. Quant au vendeur, il devra restituer les 300 000 euros reçus,
augmentés des intérêts au taux légal. Dans la mesure où le vendeur n’a pas pris part aux agissements dolosifs, il devrait
également être considéré comme étant de bonne foi, de sorte qu’il ne devra les intérêts qu’à compter de la demande de
restitution. (0,5 pt bonus)
9Ce point n’ayant pas encore été vu en cours, il ne vous était pas demandé d’en traiter pour ce sujet. Il faut toutefois toujours penser à aller jusqu’au
bout du raisonnement en s’intéressant aux conséquences de la nullité, en particulier, au regard de la situation de celui qui vous consulte.
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En conclusion, l’acquéreur devrait pouvoir faire annuler le contrat, soit sur le fondement de l’erreur, soit sur le
fondement du dol. Le vendeur pourrait ainsi être tenu de restituer les 300 000 euros perçus mais pourra récupérer son
terrain.
La question qui se pose est celle de savoir si l’acquéreur pourrait également agir en responsabilité contre le
vendeur aux fins d’obtenir une indemnisation.
Que le contrat soit annulé ou pas, les éventuelles fautes commises par le vendeur étant antérieures à la
conclusion du contrat, sa responsabilité ne pourrait être que de nature délictuelle.
Selon les articles 1240 et 1241 du Code civil, pour engager la responsabilité d’une personne sur le fondement de
la faute, trois conditions doivent être établies par le demandeur : un dommage (1), une faute (2) et un lien de causalité
entre les deux (3).
S’agissant du dommage, il doit être de ceux que le droit répare, qu’il soit matériel, moral ou corporel. Il doit en
outre être direct (il doit être la suite directe du fait dommageable), certain (sa réalisation doit être certaine et non pas
éventuelle, mais il peut s’agir d’un dommage qui n’apparaîtra que dans le futur), et les préjudices qui en résultent ne
doivent pas être illégitimes (ils ne doivent pas correspondre à un gain manqué illicite). La Cour de cassation a, par
ailleurs, précisé que lorsqu’un contrat était annulé, le dommage indemnisable ne pouvait résider que dans les pertes
subsistant en dépit des restitutions (Com., 7 mars 1995).
En l’espèce, il apparaît que l’acquéreur a déboursé 13 000 euros en frais d’avocat pour obtenir son permis de
construire. Or, cette somme ne pourra pas lui être restituée en conséquence de l’annulation du contrat. Ainsi,
l’acquéreur subira toujours une perte, même si le contrat est annulé. Or, si l’acquéreur avait su qu’il ne pourrait pas
obtenir son permis de construire, il n’aurait sans doute pas acheté le terrain, de sorte qu’il n’aurait pas eu à payer
d’avocat. Son dommage est donc bien la suite directe du fait dommageable. De plus, les 13 000 euros ayant déjà été
payés, la réalisation de ce dommage est certaine. Enfin, ces sommes ne correspondent pas à un gain manqué illicite, le
préjudice financier qui résulte de ce dommage est légitime.
Ainsi, l’acquéreur peut se prévaloir d’un dommage réparable.
S’agissant de la faute, la jurisprudence qualifie de faute tout fait illicite, d’action ou d’abstention, qui ne
correspond pas au comportement de référence qu’aurait dû adopter une personne raisonnable placée dans la même
situation (Civ. 2e, 28 février 1996) ou qui consiste en la violation d’une obligation légale (Civ. 3 e, 22 mai 1997).
En l’espèce, au regard des faits, deux fautes pourraient être envisagées : la réticence dolosive en elle-même,
d’une part, et la violation d’une obligation d’information, d’autre part.
Il faut donc, tout d’abord, se demander si le vendeur pourrait se voir reprocher des agissements dolosifs. En
effet, de tels agissements, en ce qu’ils sont prohibés par l’article 1137 du Code civil, constituent une violation d’une
prescription légale. Une chambre mixte de la Cour de cassation a toutefois récemment apporté des précisions quant à la
possibilité d’opposer au cocontractant les agissements dolosifs commis par son représentant. Elle a, en effet, décidé que
la responsabilité du représenté ne pouvait être engagée que si la victime du dol pouvait établir que le représenté avait
lui-même commis une faute (Ch. Mixte, 29 octobre 2021). Autrement dit, soit le cocontractant a participé au dol, en
commettant lui-même une faute et, dans ce cas, sa responsabilité pourra être engagée, soit il ignorait tout des
agissements de son représentant, et, dans ce cas, il ne pourra pas être mis en cause.
En l’espèce, le vendeur avait remis à son représentant un dossier mentionnant le risque d’adoption d’un arrêté
préfectoral, afin que celui-ci puisse en aviser les éventuels acquéreurs. On peut donc raisonnablement penser que le
vendeur n’a jamais eu l’intention de dissimuler cette information à son cocontractant. Il n’est donc pas possible de
considérer qu’il aurait violé une prescription légale ou aurait adopté un comportement qui ne correspondrait pas à celui
d’une personne raisonnable.
Aucune faute ne semble donc pouvoir être retenue à l’encontre du vendeur au titre de la réticence dolosive.
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En l’occurrence, le contrat porte sur la vente d’un terrain. Toutes les informations tenant notamment à la
possibilité d’édifier un immeuble sur ce terrain a donc nécessairement un lien direct avec l’objet du contrat. En outre, il a
déjà été établi que le vendeur détenait cette information.
Ainsi, cette première condition ne pose pas de difficultés.
Quant à la condition tenant à l’ignorance ou à la confiance légitime, il s’agit d’établir que le demandeur n’avait
pas de moyens à sa disposition pour connaître l’information recélée. La Cour de cassation a ainsi pu exclure l’obligation
précontractuelle d’information portant sur un risque qu’un cocontractant, avisé et attentif, ne pouvait ignorer (Civ. 2 e, 8
juin 2017). De même, la Cour de cassation considère que l’ignorance du créancier n’est pas légitime lorsque l’information
était aisément accessible (Com., 17 juillet 2001). S’agissant de la confiance légitime, elle peut résulter de la nature du
contrat ou des liens unissant les parties.
En l’espèce, le contrat portant sur la vente d’un terrain entre deux personnes ne se connaissant pas, on ne peut
sans doute pas considérer que l’acquéreur aurait pu faire légitimement confiance à son cocontractant. En revanche, il a
déjà été établi que l’acquéreur n’avait sans doute aucun moyen pour découvrir lui-même qu’il existait un risque qu’un
arrêté préfectoral de prévention des risques soit adopté.
Ainsi, on peut certainement penser que l’ignorance de l’acquéreur était légitime.
Il en résulte que pesait sur le vendeur une obligation précontractuelle d’information.
Il reste donc à déterminer si le vendeur a manqué ou non à cette obligation. A ce sujet, l’article 1112-1, alinéa 4,
précise qu’il appartient au débiteur de l’obligation d’information de prouver qu’il a effectivement rempli son obligation.
En l’espèce, pour échapper à toute responsabilité, le vendeur devra donc démontrer qu’il a bien transmis les
informations à l’acquéreur. Or, il ressort des faits que le vendeur pourra établir avoir transmis l’information à son
représentant. En revanche, il paraît impossible que le vendeur parvienne à prouver que l’information a été délivrée à
l’acquéreur, dès lors que cela n’a pas été fait.
Ainsi, le vendeur n’étant pas en mesure de prouver qu’il a exécuté son obligation d’information, une faute
pourra bien être retenu contre lui sur ce fondement.
S’agissant, enfin, du lien de causalité, en matière de responsabilité délictuelle pour faute, les juges retiennent la
théorie de l’équivalence des conditions qui admet l’existence du lien de causalité dès que l’événement envisagé a
concouru à la réalisation du dommage (par ex. Civ. 2e, 24 mai 1971, 11 janvier 1979).
En l’espèce, si le vendeur avait exécuté son obligation précontractuelle d’information, l’acquéreur n’aurait sans
doute pas acheté le terrain. Il n’aurait, en conséquence, pas eu à recourir aux services d’un avocat. Ainsi, le dommage a
bien été causé par le manquement du vendeur.
Le lien de causalité peut donc être établi.
Par conséquent, les conditions étant réunies, le vendeur pourrait être tenu d’indemniser le dommage subi par
l’acquéreur en raison de son manquement à son obligation précontractuelle d’information. (3,5 pts)
Seconde consultation
Au regard des faits, il faut envisager successivement la question du prêt de la maison (I) et celle du
remboursement du prêt (II).
Au préalable, on relèvera que tous les événements étant intervenus à compter de juin 2022, les questions qui en
résultent sont soumises aux nouvelles dispositions du Code civil.
I. Le prêt de la maison
En juin 2023, un particulier, Hortense, a prêté sa maison, pour une durée de 10 ans, à un autre particulier,
Armand. La prêteuse pensait que l’emprunteur était chercheur et pouvait trouver un traitement à sa maladie, ce qui en
réalité n’était pas le cas. En outre, le prêt est intervenu alors que l’emprunteur avait adressé de nombreux courriels à la
prêteuse pour la convaincre de conclure le contrat. L’ayant-droit de la prêteuse voudrait récupérer la maison de sa mère.
La question qui se pose est celle de savoir si le contrat de prêt pourrait être remis en cause.
Au préalable, il convient de relever qu’en tant que continuateur de la personne du défunt et selon l’article 724
du Code civil, la fille et héritière de la prêteuse peut, en cette qualité et sauf disposition contraire, exercer les actions en
nullité dont disposait la défunte.
Cela établi, il faut déterminer les fondements qui pourraient être invoqués pour remettre en cause le contrat.
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Au regard des conditions de validité posées à l’article 1128 du Code civil, seule celle relative au consentement
semble pouvoir être discutée.
En particulier, on peut se demander si le contrat ne pourrait pas être annulé sur le fondement de la violence (A),
de l’erreur (B) et du dol (C). Il faudra ensuite s’intéresser aux conséquences d’une annulation du contrat (D).
La première sous-question revient à se demander si le contrat pourrait être annulé sur le fondement de la
violence.
Selon l’article 1140, il y a violence lorsqu’une partie s’engage sous la pression d’une contrainte qui lui inspire la
crainte d’exposer sa personne, sa fortune ou celle de ses proches à un mal considérable. L’article 1143 du Code civil
ajoute qu’il y a également violence en cas d’abus de l’état de dépendance dans lequel se trouve une partie à l’égard de
l’autre. Ainsi, la violence peut résulter soit d’un acte de contrainte, soit de l’abus d’un état de dépendance.
A titre préalable, la question se pose, toutefois, de la possibilité d’un cumul entre ces deux actions. Plus
précisément, on peut se demander si, pour l’annulation d’un même contrat, une partie pourrait faire valoir des faits
l’ayant déterminée à contracter qui relèveraient non seulement de la contrainte mais également de l’abus ou s’il faut
considérer que l’un devrait nécessairement l’emporter sur l’autre, de telle sorte que la victime ne pourrait se prévaloir
que d’une contrainte ou que d’un abus. La jurisprudence ne s’est, à ce jour, pas prononcée sur cette question. Le plus
probable, néanmoins, est qu’elle admette ce cumul dans la mesure où ces deux fondements, qui sanctionnent un même
vice de violence, sont des règles de protection dont les conditions ne sont, au demeurant pas les mêmes.
Ainsi, en dépit de cette incertitude, les deux sous-questions doivent être envisagées en l’espèce. Il faut ainsi se
demander, d’une part, si le contrat pourrait être annulé sur le fondement de la contrainte (1) et, d’autre part, s’il
pourrait l’être sur le fondement de l’abus de l’état de dépendance (2)10.
Il faut tout d’abord se demander si le contrat pourrait être annulé sur le fondement de la violence par
contrainte.
Comme il a été dit, selon l’article 1140 du Code civil, le vice de violence suppose la réunion de trois conditions –
une contrainte (1), illégitime (2), ayant fait naître chez le cocontractant une crainte déterminante du consentement (3).
En l’espèce, l’emprunteur a envoyé près de 200 mails en un mois à la prêteuse pour la convaincre de conclure le
contrat. Il s’est donc montré particulièrement insistant. Dans ses courriers, il n’a toutefois fait que rappeler qu’il se
pensait capable de trouver un remède à la maladie dont la prêteuse souffre. Il ne semble pas, en revanche, qu’il l’ait
menacée ou qu’il ait fait peser sur elle une contrainte particulière. Par ailleurs, même à retenir que le simple fait
d’adresser autant de mails à une personne puisse constituer une contrainte, elle ne semble pas illégitime. Il n’est, en
effet, pas interdit en soi d’insister lourdement pour obtenir la conclusion d’un contrat. Enfin, il ne semble pas que la
prêteuse ait accepté de conclure le contrat pour mettre fin aux demandes répétées de l’emprunteur. En d’autres termes,
il ne semble pas que ce soit, en elle-même, la multiplication des mails qui a déterminé la prêteuse à conclure le contrat. Il
n’est donc pas certain que les juges retiennent l’existence d’une contrainte illégitime, ni que cette contrainte – si elle
était admise – aurait à elle seul déterminé la prêteuse à conclure le contrat.
Ainsi, sous réserve de l’appréciation souveraine des juges du fond, les conditions ne sont pas établies, de sorte
que le contrat ne devrait pas pouvoir être annulé sur ce fondement 11. (0,5 pt)
Il faut, à présent se demander si le contrat pourrait être annulé sur le fondement de l’abus de l’état de
dépendance.
Selon l’article 1143 du Code civil, la violence peut être caractérisée lorsqu’une partie, abusant de l’état de
dépendance dans lequel se trouve son cocontractant à son égard, obtient de lui un engagement qu’il n’aurait pas
souscrit en l’absence d’une telle contrainte et en tire un avantage manifestement excessif.
Ainsi, pour que cette forme de violence puisse entraîner la nullité du contrat, quatre conditions doivent être
réunies : un état de dépendance d’une partie à l’égard de l’autre (1), un abus de cet état par le cocontractant (2), un
engagement que la victime n’aurait pas conclu en l’absence d’une telle contrainte (3) et que l’auteur de cet abus en tire
un avantage manifestement excessif (4).
Dans ce second cas, il faut, ensuite, démontrer qu’il y a eu un abus de cette situation de dépendance.
Autrement dit, il ne suffit pas qu’une partie au contrat se soit trouvée dans la dépendance de l’autre, encore faut-il que
la partie en situation de force ait abusé de cette situation.
En l’espèce, l’emprunteur a envoyé deux cents courriels à la prêteuse, sur une période d’un mois, afin d’obtenir
qu’elle lui prête sa maison. Ce faisant, il ne s’est pas contenté de se servir de l’état de dépendance qu’il a lui-même
instauré mais a exploité cet état de dépendance en insistant lourdement sur le fait qu’il était le seul à pouvoir sauver la
prêteuse et en faisant pression sur elle.
Ainsi, sous réserve de l’appréciation des juges du fond, l’abus devrait pouvoir être établi.
Il faut, encore, démontrer qu’en l’absence d’une telle contrainte, le contractant en situation de dépendance
n’aurait pas accepté de conclure le contrat. Cette condition s’apprécie, en vertu de l’article 1130 du Code civil, in
concreto, en fonction de la personne et des circonstances.
En l’espèce, la prêteuse avait, dans un premier temps, proposé de prêter un peu d’argent à l’emprunteur. En
première intention, elle n’envisageait donc pas de lui prêter sa maison. Il apparaît que suite aux 200 mails qu’elle a reçus,
la prêteuse a changé d’attitude et a fini par conclure le contrat de prêt. On peut donc certainement penser qu’elle
n’aurait jamais accepté de le faire si l’emprunteur n’avait pas abusé de l’état de dépendance dans lequel elle se trouvait.
Ainsi, la pression que l’emprunteur a fait peser sur la prêteuse a bien été déterminante de son consentement.
Enfin, il faut déterminer si le cocontractant a tiré du contrat un avantage manifestement excessif. Il ne suffit
donc pas que le contrat soit déséquilibré. Seul l’excès manifeste peut permettre l’annulation du contrat.
En l’occurrence, le contrat conclu est un prêt qui permet à l’emprunteur de profiter gratuitement de la maison,
sans la moindre contrepartie. Certes, l’emprunteur devait en principe, en échange, chercher un remède à la maladie de
la prêteuse. Il apparaît toutefois qu’il n’a conduit aucune recherche, de sorte qu’il n’a rien fourni en échange de la
maison. En outre, le contrat de prêt est prévu pour une durée de 10 ans, alors même qu’on pouvait penser que la
prêteuse ne vivrait malheureusement pas aussi longtemps. Ainsi, l’emprunteur s’est réservé la possibilité de continuer à
occuper la maison alors même qu’il n’aurait plus eu la possibilité d’aider la prêteuse.
Ainsi, on peut sans doute penser qu’il a tiré du contrat un avantage manifestement excessif.
Par conséquent, il n’est pas certain que le contrat puisse être annulé sur ce fondement, tout dépendant du point
de savoir si les juges accepteront de considérer que la prêteuse était bien dans un état de dépendance à l’égard de
l’emprunteur. (2 pts)
La deuxième sous-question amène à se demander si le contrat ne pourrait pas être annulé sur le fondement
de l’erreur sur les qualités essentielles du cocontractant.
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L’article 1130 du Code civil dispose que l’erreur est un vice du consentement lorsqu’il apparaît que, sans elle,
l’une des parties n’aurait pas contracté ou aurait contracté à des conditions substantiellement différentes. L’article 1132
précise que l’erreur, qui ne doit pas être inexcusable, peut porter tant sur les qualités essentielles de la prestation due ou
sur celles du cocontractant. S’agissant de cette seconde hypothèse, le texte ne précise pas ce qu’il faut entendre par
qualité essentielle. Néanmoins, si on se réfère à la définition que donne l’article 1133 de la qualité essentielle de la
prestation due, il faut sans doute penser que cette qualité essentielle doit avoir été déterminante du consentement des
parties et doit avoir été tacitement ou expressément convenue. Enfin, l’article 1134 précise que l’erreur sur les qualités
essentielles du cocontractant n’est une cause de nullité que dans les contrats conclus en considération de la personne 12.
Celui qui invoque une erreur sur la personne doit ainsi établir, d’une part, que le contrat avait été conclu en
considération de la personne (1) et, d’autre part, l’existence d’une erreur (2), portant sur une qualité essentielle du
cocontractant (3) et, enfin, que cette erreur est excusable (4) 13.
Il faut donc, tout d’abord, établir que le contrat a été conclu en considération de la personne du cocontractant.
Autrement dit, il s’agit de déterminer que de la personne du cocontractant, de ses qualités personnelles, dépend la
bonne exécution du contrat. Certains contrats, par leur nature même, sont, en principe, nécessairement conclus en
considération de la personne (acte à titre gratuit, mandat, contrat de travail…). Néanmoins, les parties peuvent décider
du contraire. Elles peuvent également prévoir que dans un contrat qui, en principe, n’est pas conclu en considération de
la personne, certaines qualités du cocontractant deviennent nécessaires à leur consentement (voir, par ex. pour le
contrat de vente : Civ. 1re, 20 mars 1963)14.
En l’espèce, le contrat litigieux est un contrat de prêt par lequel la prêteuse a accepté de prêter gratuitement sa
maison, pour 10 ans, à l’emprunteur. Il s’agit donc d’un acte à titre gratuit. Or, il est certain que l’on n’accepte pas de
prêter gratuitement sa maison à n’importe qui, de sorte que la considération du cocontractant est nécessairement
essentielle dans un tel contrat.
Le contrat a donc bien été conclu en considération de la personne.
Il faut ensuite établir l’existence d’une erreur, soit une discordance entre la croyance de l’errans et la réalité.
En l’espèce, la prêteuse a conclu le contrat en pensant que l’emprunteur était chercheur en génétique et en
biologie et que la maison était nécessaire pour lui permettre de poursuivre ses recherches. Il apparaît toutefois que tel
n’est pas le cas. Ainsi, il y a bien un décalage entre la croyance de la prêteuse – l’emprunteur est un chercheur – et la
réalité – il n’a aucune compétence en la matière.
L’erreur peut donc être établie.
Il faut, encore, que cette erreur porte sur une qualité essentielle du cocontractant, en d’autres termes, une
qualité déterminante du consentement de la société de production et expressément ou tacitement convenue entre les
parties.
Il faut, tout d’abord, que cette qualité ait été déterminante du consentement de son cocontractant. Cela
suppose que, sans l’erreur, le contractant n’aurait pas accepté de conclure la convention ou aurait contracté mais à des
conditions substantiellement différentes. A ce sujet, l’article 1130 précise que le caractère déterminant s’apprécie in
concreto en tenant compte des dispositions d’esprit de l’errans et non de ce qu’aurait pu être le comportement d’une
personne raisonnable.
En l’espèce, la prêteuse a accepté de conclure le contrat en pensant que l’emprunteur – qu’elle croyait
chercheur – allait poursuivre des recherches sur sa maladie. Or, il est certain que si elle avait su que l’emprunteur n’avait
pas les compétences pour poursuivre la moindre recherche, elle n’aurait pas accepté de lui prêter sa maison pour une
durée de dix ans.
Son erreur a donc bien été déterminante de son consentement.
Il faut donc, ensuite, que cette qualité ait été tacitement ou expressément convenue entre les parties.
En l’espèce, le contrat ne mentionne pas que l’emprunteur serait chercheur. Celui-ci pourrait donc tenter de
prétendre qu’il ignorait cette attente de son cocontractant. Il reste que l’emprunteur a écrit de nombreux courriels à la
prêteuse en se présentant comme chercheur et en prétendant pouvoir trouver un remède à sa maladie. Ce n’est qu’au
regard de ces courriels que la prêteuse a accepté de conclure le contrat. L’emprunteur avait donc nécessairement
conscience de ce que cette question était primordiale pour la prêteuse.
Ainsi, sous réserve de l’appréciation souveraine des juges du fond, cette condition pourrait être établie.
12 Vous pouviez être beaucoup plus rapides sur cette majeure en envisageant que les articles 1132 et 1134 et traiter des articles 1130 et 1133 lorsque
vous étudiez la condition de la qualité essentielle du cocontractant.
13 Vous pouviez là encore aller beaucoup plus vite.
14 Vous pouviez là aussi être beaucoup plus rapides dès lors que cette condition ne posait pas de difficultés en l’espèce.
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Il faut, enfin, que l’erreur soit excusable, ce qui suppose qu’elle ne soit pas le résultat d’une négligence de celui
qui s’est trompé.
En l’espèce, la prêteuse n’a manifestement pris aucune précaution pour vérifier les qualifications et titres de
l’emprunteur, avant d’accepter de lui prêter sa maison pour dix ans. On pourrait donc considérer qu’elle a fait preuve de
négligence. Toutefois, au moment de la conclusion du contrat, la prêteuse souffrait d’une maladie très douloureuse et
incurable. Ainsi, non seulement, elle souffrait, mais elle se savait également condamnée. Or, compte tenu de cette
situation, on pourrait considérer que les affirmations de l’emprunteur ont fait naître chez elle un espoir tel qu’elle a pu
vouloir y croire sans chercher à vérifier. Autrement dit, s’il y a eu négligence de sa part, les juges pourraient considérer
que cette négligence n’était pas blâmable.
Ainsi, sous réserve de l’appréciation souveraine des juges du fond, l’erreur de la prêteuse pourrait être
considérée comme excusable. (2 pts)
Par conséquent, les conditions étant réunies, l’ayant-droit de la prêteuse devrait pouvoir agir en nullité du
contrat pour erreur sur les qualités essentielles du cocontractant.
La troisième sous-question revient à déterminer si le contrat pourrait être annulé sur le fondement du dol.
L’article 1137, alinéa 1, du Code civil définit le dol comme le fait pour un contractant d’obtenir le consentement
de l’autre par des manœuvres ou des mensonges. L’alinéa 2 précise que constitue également un dol la dissimulation
intentionnelle par l’un des contractants d’une information dont il sait le caractère déterminant pour l’autre partie. Ainsi,
pour établir le dol, quatre conditions doivent être réunies : un acte de tromperie (élément matériel du dol) (1), une
volonté de tromper (élément intentionnel du dol) (2), une tromperie émanant du cocontractant (origine du dol) (3) et
une erreur déterminante du consentement de la victime (4).
S’agissant ensuite de l’élément matériel du dol, il suppose un acte de tromperie qui, aux termes de l’article
1137 peut résulter de manœuvres, de mensonges ou de la dissimulation d’une information. La manœuvre peut être
définie comme tout acte positif par lequel une partie crée chez son cocontractant une fausse apparence de la réalité
(mise en scène, faux documents, intervention de tiers). Le mensonge, quant à lui, peut être défini comme une contre
vérité positivement affirmée.
En l’espèce, l’emprunteur a prétendu être chercheur en génétique et biologie, ce qui n’est pas le cas. Ainsi,
l’emprunteur a proféré un mensonge en donnant de fausses informations à la prêteuse.
L’élément matériel peut ainsi être établi.
Encore faut-il démontrer que le contractant a eu l’intention de tromper son cocontractant. Cette condition est
expressément visée à l’alinéa 2 de l’article 1137 qui impose que la dissimulation soit intentionnelle. En revanche,
l’élément intentionnel n’est pas expressément visé dans le premier alinéa. Il s’infère néanmoins de la définition même
des termes de manœuvres ou de mensonges qui supposent nécessairement une volonté de tromper.
En l’espèce, l’emprunteur a prétendu être un chercheur et pouvoir conduire des recherches pour trouver un
remède à la maladie dont souffrait la prêteuse. Or, on ne voit pas pour quelle raison il aurait agi ainsi, sinon pour
tromper sa cocontractante en lui donnant une fausse apparence de la réalité.
Ainsi, l’intention de tromper de l’emprunteur pourra être aisément établie.
Quant à l’origine du dol, l’article 1137 impose qu’il soit le fait d’un contractant.
En l’espèce, c’est l’emprunteur qui a menti à la prêteuse.
Cette condition ne pose donc pas de difficultés.
S’agissant, enfin, de l’erreur déterminante du consentement, il a déjà été établi que la prêteuse s’est trompée
sur les qualifications de l’emprunteur. Il a également déjà été démontré que cette erreur avait été déterminante du
consentement de la prêteuse.
Cette condition doit donc être considérée comme remplie.
Les conditions étant réunies, l’ayant-droit de la prêteuse pourrait là encore, obtenir l’annulation du contrat en
agissant sur le fondement du dol. (2 pts)
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Selon l’article 1178 du Code civil, un contrat annulé est censé n’avoir jamais existé de sorte qu’une telle
annulation donne lieu à des restitutions. A ce sujet, l’article 1352 du Code civil prévoit que la restitution d’une chose a
lieu en principe, en nature. Les articles 1352-3 et 1352-7 ajoutent que celui qui doit restituer une chose est tenu
également de restituer la valeur de la jouissance que la chose a procurée à compter du jour où il l’a reçue lorsqu’il est de
mauvaise foi.
En l’espèce, en agissant en nullité du contrat, l’ayant-droit de la prêteuse devrait obtenir l’anéantissement du
contrat. Elle pourrait ainsi récupérer la maison de sa mère. Elle pourra également obtenir que l’emprunteur soit
condamné à lui restituer la valeur de la jouissance de la maison. Celui-ci ayant été de mauvaise foi lorsqu’il a reçu la
maison, il devra cette valeur à compter du jour où il a reçu la maison. De son côté, l’emprunteur n’ayant rien exécuté,
l’ayant-droit de la prêteuse n’aura rien à lui restituer. (0,5 pt bonus)
En conclusion, l’ayant-droit de la prêteuse devrait pouvoir récupérer la maison de sa mère en agissant soit sur le
fondement de l’erreur, soit sur le fondement du dol. En revanche, il n’est pas certain qu’elle parvienne à ce résultat en
agissant sur le fondement de l’abus de l’état de dépendance.
En juillet 2022, un contrat de prêt portant sur une somme de 12 000 euros a été conclu entre, d’une part,
Joseph, prêteur et, d’autre part, Léna, Christophe, Gaëtan et Justin, emprunteurs. Le contrat prévoit que les emprunteurs
sont tenus solidairement au remboursement du prêt au plus tard le 15 mai 2024. L’un des emprunteurs, Léna, a été mise
en demeure de payer les 12 000 euros.
Au regard des faits, il faut envisager deux questions : il faut tout d’abord se demander si l’emprunteuse
pourrait être tenue de payer 12 000 euros au prêteur (A) et, ensuite, combien elle pourrait réclamer à ses
coemprunteurs (B).
A. Le paiement au prêteur
La première question amène donc à se demander si l’emprunteuse mise en demeure pourrait être tenu de
payer la somme réclamée par le prêteur.
Pour répondre à cette question, il faut commencer par qualifier la nature de l’engagement souscrit.
Selon l’article 1310 du Code civil, la solidarité est légale ou conventionnelle, elle ne se présume pas. Ainsi, la
solidarité doit nécessairement avoir été prévue par la loi ou par une stipulation contractuelle. En outre, la solidarité est
dite passive, lorsque chacun des débiteurs est obligé pour l’intégralité de la dette dans ses rapports avec les créanciers ;
elle est dite active lorsque chacun des créanciers peut exiger et recevoir le paiement de l’intégralité de la créance.
En l’espèce, le contrat de prêt stipule que les emprunteurs sont engagés solidairement au remboursement du
prêt. Il y a donc bien une stipulation expresse.
On est donc en présence d’une solidarité passive. (0,5 pt)
Il faut à présent se demander ce que le co-emprunteur mis en demeure pourrait avoir à payer. Cela revient à
s’interroger sur le rapport d’obligation.
L’article 1313 du Code civil prévoit que la solidarité entre débiteurs oblige chacun d’eux à toute la dette, de
sorte que chaque débiteur peut être amené à payer l’intégralité de la dette, peu important le montant de sa part
contributive. Toutefois, l’article 1316 du Code civil prévoit que le créancier qui reçoit paiement de l’un des codébiteurs
solidaires et lui consent une remise de solidarité conserve sa créance contre les autres, déduction faite de la part du
débiteur qu’il a déchargé15.
En l’espèce, la somme prêtée s’élève à 12 000 euros. Les coemprunteurs étant tenus solidairement, chacun
d’entre eux est obligé à toute la dette et peut donc être tenu de payer l’intégralité de la somme. Il apparaît toutefois que
le créancier a déjà reçu un paiement de 4 000 euros de son fils et lui a consenti une remise de solidarité. Il ne peut donc
plus exiger l’intégralité de la somme aux autres coemprunteurs mais doit déduire le montant reçu du montant de sa
créance. Ainsi, le prêteur ne peut plus réclamer à chacun des coemprunteurs restant que la somme de 8 000 euros.
Il en résulte que la co-emprunteuse mise en demeure ne peut être tenue de payer les 12 000 euros réclamés. En
revanche, elle pourrait avoir à payer la somme de 8 000 euros. (1 pt)
15Il était possible, ici, de faire le raisonnement en deux temps, en s’intéressant d’abord au rapport d’obligation et, ensuite, à la possibilité pour le
débiteur poursuivi d’opposer au créancier le paiement déjà effectué. Néanmoins, dans un souci de rapidité, il est sans doute préférable de traiter ces
deux points ensemble.
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B. Les sommes que l’emprunteur solvens pourraient réclamer à ses coemprunteurs.
La seconde question suppose de déterminer le montant que le débiteur solvens pourrait réclamer à ses
codébiteurs. Pour le déterminer, il faut donc s’intéresser à la contribution à la dette.
L’article 1309 du Code civil prévoit que la répartition se fait, en principe, par parts égales, sauf disposition ou
stipulation contraire. A ce sujet, l’article 1318 du Code civil dispose que si la dette procède d’une affaire qui ne concerne
que l’un des codébiteurs solidaires, celui-ci est seul tenu de la dette à l’égard des autres.
En l’espèce, en raison de la remise de solidarité consentie à l’un des coemprunteurs, il ne reste plus désormais
que trois codébiteurs solidaires, Léna, Christophe et Justin. Le contrat ne prévoit manifestement aucune répartition
particulière du poids de la dette entre ces trois codébiteurs. Ainsi, en principe, chacun devrait être tenu in fine à hauteur
du tiers de la somme due, soit un tiers de 8 000 euros. Il apparaît toutefois que la dette a été contractée pour permettre
à deux des codébiteurs encore solidaires de partir en voyage. En revanche, le troisième, Justin, n’est intervenu que pour
leur permettre de conclure le contrat avec le prêteur. Il n’a donc pas profité de la somme empruntée. Autrement dit,
seuls deux des codébiteurs étaient concernés par l’affaire dont la dette procède, Léna et Christophe, tandis que le
troisième y est extérieur. Il en résulte que seuls Léna et Christophe doivent supporter, à parts égales, le poids total de la
dette, tandis que Justin ne doit rien.
Ainsi, en principe, la débitrice solvens ne pourra rien réclamer à Justin. En revanche, elle pourrait demander
4 000 euros à Christophe. (1 pt)
Il apparaît toutefois que Christophe est insolvable, de sorte qu’il n’est pas en mesure de payer à Léna la
somme qu’il lui doit.
Selon l’article 1317 du Code civil, lorsque l’un des codébiteurs est insolvable, sa part se répartit, par
contribution, entre les codébiteurs solvables, y compris celui qui a fait le paiement et celui qui a bénéficié d’une remise
de solidarité.
En l’espèce, Christophe étant insolvable, sa part doit se répartir sur les autres codébiteurs solvables. Toutefois,
dans la mesure où Justin n’est pas concerné par l’affaire, il ne peut être tenu de contribuer. En revanche, même si
Gaëtan a bénéficié d’une remise de solidarité, la part de Christophe peut tout de même se reporter sur lui. Dans la
mesure où Léna et Gaëtan étaient tenus à parts égales, la part de Christophe doit donc se répartir entre eux dans les
mêmes proportions. Il en résulte que Léna et Gaëtan sont tenus, outre leur propre part, à hauteur de la moitié de la part
de Christophe, soit 2 000 euros.
Par conséquent, Léna pourrait réclamer à Gaëtan la somme de 2 000 euros. (1 pt)
En conclusion, Léna pourrait être tenue de payer 8 000 euros au prêteur. Dans ce cas, elle pourrait toutefois, au
stade de la contribution à la dette, obtenir de Gaëtan qu’il lui paye la somme de 2 000 euros16.
16Dans la mesure où vous étiez uniquement interrogés sur le montant que Léna pourrait obtenir des autres codébiteurs, vous n’aviez pas à traiter des
recours qu’elle pourrait exercer. En principe, le débiteur solvens dispose de deux recours contre ses codébiteurs. Tout d’abord, un recours personnel
qui, lorsque la solidarité est conventionnelle, est fondée sur le mandat. Ensuite, un recours subrogatoire.
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