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Grippe

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GRIPPE

Le premier est appelé glissement antigénique : des


GRIPPE mutations de gènes codant pour des protéines de
surface provoquent des modifications mineures du
virus. Le nouveau variant reste très proche du
précédent, si bien que l'immunité conférée par une
grippe contractée précédemment protégera contre le
DEFINITION nouveau variant. Depuis vingt-cinq ans, les virus en
circulation sont des descendants du virus Hong-Kong
La grippe est une maladie virale épidémique causée par un (1968). Actuellement les 2 sous-types d'Influenzavirus A,
H3 N2 et H1 N1, cohabitent dans le monde.
ensemble de virus appartenant à la famille des
Orthomyxoviridae. Ces virus grippaux constituent le genre Le deuxième phénomène de variation, appelé cassure,
Influenzavirus (virus ARN monocaténaire, segmenté en 8 peut être plus grave. Des changements radicaux des
brins). Ils sont répartis en 3 types : A, B et C. protéines antigéniques du virus (provenant souvent de
Les Influenzavirus A comprennent des virus humains et la recombinaison entre les gènes H et/ou N de virus
des virus animaux voisins (responsables des grippes humains et de virus animaux) donnent naissance à un
équine, porcine, aviaire) ; eux seuls peuvent provoquer nouveau virus, totalement différent de celui qui circulait
des pandémies. Ils sont classés en sous-types en jusque-là. Ce nouveau virus apparaît et gagne tous les
fonction des caractères antigéniques des continents. C'est la pandémie.
glycoprotéines de surface : Hémagglutinine (H) et 1918-1919 : Pandémie de grippe « espagnole » : virus A
Neuraminidase (N). A ce jour, 15 H (H1 à H15) et 9 N (N1 (H1N1) ; 20 millions de morts dans le monde.
à N9) ont été identifiées chez les oiseaux migrateurs. 1958-1959 : Pandémie de grippe « asiatique »: virus A
Chez l’homme, seuls les 3 H (H1 à H3) et 2 N (N1 à N2) (H2N2), causée par le changement simultané de H et de
sont connus et responsables d’épidémies de grippe. N (H2 N2 remplaçant le précédent virus H1 N1) : 70 000
Chaque souche porte un nom précis: le type/le lieu morts aux Etats-Unis.
d'origine/un numéro/l'année d'isolement.
1968-1970 : Grippe de Hong Kong, virus A (H3N2): plus
Exemples : A/New Caledonia/20/99 (H1N1), d’un millions de morts dans le monde dont 18 000 en
A/Moscow/10/99 (H3N2), B/HongKong/330/2000. France par un seul changement de H seulement (H2 en
H3).
BIOPATHOLOGIE 1977-1978 : Grippe « russe » virus A (H1N1) avec
réapparition du virus ayant sévi entre 1947 et 1957
 EPIDEMIOLOGIE responsable de la grippe espagnole.
La grippe se déclare en hiver sous forme d’épidémies
 CLINIQUE
annuelles (virus A et B surtout) ou parfois même de
pandémies dont l’apparition est liée à un Le virus se réplique dans les cellules cylindriques ciliées
réappariement génétique entre souches animales et de l’arbre respiratoire.
souches humaines. Après 1 à 2 jours d’incubation, les signes cliniques non
spécifiques apparaissent comprenant une fièvre élevée,
Le virus se transmet facilement d’une personne à l’autre
des courbatures, des céphalées, des myalgies et des
par voie aérienne, au moyen des microgoutelettes et
arthralgies. Un peu plus tardivement se déclare la toux
des particules excrétées par les sujets infectés lorsqu’ils
d’origine laryngotrachéale ou bronchitique, plus ou
toussent ou éternuent. Le virus grippal pénètre dans
moins accompagnée de signes d’irritation
l’organisme par le rhino-pharynx. Les symptômes
conjonctivale. La fièvre diminue vers le 3e ou 4e jour
apparaissent de 1 à 4 jours après la contamination. Les
avec impression de guérison. Elle remonte souvent juste
sujets atteints deviennent contagieux un jour avant
après pour tomber complètement vers le 6e jour. Le
l’apparition des symptômes et le restent pendant 7
malade guérit en conservant toutefois une asthénie
jours.
persistante.
La maladie se propage rapidement, en particulier quand
Des formes graves avec complications surviennent
il y a de fortes concentrations de populations. Le virus
principalement chez des sujets fragilisés dits «sujets à
survit plus longtemps à l’extérieur de l’organisme
risque» : insuffisants respiratoires, asthmatiques,
lorsque le temps est sec et froid, raison pour laquelle les
bronchitiques, immunodéprimés, diabétiques,
épidémies saisonnières surviennent en hiver dans les
personnes âgées.
climats tempérés.
Il peut s’agir de complications respiratoires liées au virus
 MECANISMES D’APPARITION DES VIRUS DE LA lui-même (OAP, insuffisance respiratoire aigüe) ou à des
GRIPPE surinfections bactériennes (bronchites, otites,
Tandis que B et C sont relativement stables, le virus A pneumonies), mais aussi de complications
évolue sans cesse selon deux mécanismes principaux. neurologiques et cardiovasculaires.

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GRIPPE

dispositifs de diagnostic rapide, de type « savonnette »


INDICATIONS DE LA RECHERCHE DU VIRUS ou bandelette, qui permettent de poser le diagnostic
d’infection grippale à partir d’un écouvillonnage ou
- Chez un sujet qui présente une infection respiratoire d’une aspiration des sécrétions nasales de manière
aiguë sévère. simple, rapide et suffisamment fiable (valeur
- Dans le cadre d’enquêtes épidémiologiques à prédictive positive : 90 %, valeur prédictive négative :
l’échelon national ou international. 60 %).
- Dans l’étude du suivi des modifications antigéniques
 Détection d’antigènes viraux
et de l’apparition de nouveaux variants du virus pour
prévoir une vaccination adaptée et efficace. Par IF : elle est réalisée sur l’échantillon respiratoire après
frottis sur lame, par contact avec un anticorps
monoclonal, soit directement marqué à l’aide d’un
RECOMMANDATIONS PREANALYTIQUES fluorochrome, soit non marqué (la révélation se faisant
alors par un anticorps anti-souris marqué).
 PRELEVEMENT – CONSERVATION, TRANSPORT Il existe des trousses commerciales permettant
Prélèvements d’origine respiratoire : sécrétions naso- l’identification groupée des virus grippaux et d’autres
pharyngées recueillies, soit par aspiration, soit par virus respiratoires, comme les Adénovirus, le virus
écouvillonnage nasal profond ; sécrétions bronchiques respiratoire syncitial, les virus parainfluenzae.
ou lavage broncho-alvéolaire. L’écouvillonnage de L’IF permet un diagnostic rapide mais sa sensibilité est
gorge n’est pas recommandé. théoriquement moindre que celle de la culture (60 à
En vue d’un diagnostic rapide d’orientation ou d’une 70 %).
RT-PCR, ils sont à effectuer dans les 2 jours qui suivent Par ELISA : on peut détecter les antigènes grippaux par
l’apparition des signes cliniques et avant tout capture à l’aide d’un anticorps monoclonal puis
traitement. Au delà, la sensibilité du diagnostic diminue révélation par méthode immuno-enzymatique. Il existe
fortement. un test ELISA sur membrane (« savonnettes »). La
Prélèvements sanguins : pour diagnostic sérologique sensibilité de ces tests est supérieure, mais il faut se
(rétrospectif ou à visée épidémiologique). méfier des réactivités non spécifiques, surtout pour des
Se reporter au référentiel des examens de biologie valeurs de signal faible.
médicale Biomnis en ligne pour les conditions de  Culture cellulaire
prélèvement et conservation-transport.
C’est la technique de référence réservée aux laboratoires
 QUESTIONS A POSER AU PATIENT de virologie spécialisés : elle permet l’identification
antigénique complète (type, sous-type et variant) du
Age ? virus grippal et reste la technique de choix utilisée dans
Vaccination ? la perspective vaccinale. Elle est limitée par son délai de
Pathologie associée ? réponse (> 4 jours).
L’inoculation se fait sur œuf de poule embryonné ou sur
cellules MDCK (lignée continue de cellules de rein de
METHODES DE DIAGNOSTIC chien). La révélation du virus est faite par
hémadsorption à l’aide de suspensions d’hématies ou
 DIAGNOSTIC DIRECT par IF à l’aide de réactifs identiques à ceux utilisés pour
Le virus est présent dans le système respiratoire dès le la recherche virale directe.
début de la maladie. On peut rechercher les antigènes Si elle s’avère positive, elle sera suivie par l’identification
viraux par immunofluorescence (IF) ou ELISA, ou le virus du virus par technique d’inhibition de
par culture cellulaire ou RT-PCR. l’hémagglutination ou neutralisation de la fluorescence.
Compte tenu du risque élevé de contagion, il est  PCR
important de connaître l’étiologie réelle d’un syndrome
Détection de l’ARN du virus grippal (grippe A + B) par
grippal (épisode fébrile aigu, d’apparition brutale, avec
amplification génique après transcription reverse (RT-
signes respiratoires) le plus rapidement possible, en
PCR). La sensibilité et la spécificité de la technique sont
particulier dans les collectivités à risque élevé
> 95 % et le délai de réponse de 36 h.
(personnes âgés, enfants fragilisés, immunodéprimés).
Ce diagnostic permet de limiter la prescription
 DIAGNOSTIC INDIRECT
d’antibiotiques et d’examens complémentaires, parfois
même de commencer un traitement par des  Réaction de fixation du complément
antineuraminidases. Permet la mise en évidence d’anticorps totaux antivirus
influenza A ou B, car ces anticorps sont surtout dirigés
Il devient donc important que les laboratoires en
contre l’antigène interne du virus (la NP) spécifique de
relation avec ces collectivités, s’équipent avec des

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GRIPPE

type A ou B. Leur apparition est lente et ils ne sont plus actuellement menés pour obtenir un vaccin multivalent
détectables 3 mois après l’infection. universel contre la grippe, dirigé contre la protéine M2
Un titre > ou égal à 64 peut signifier une infection (constante).
récente. C’est l’augmentation du taux d’anticorps sur le Un autre progrès est le développement de nouvelles
2eprélèvement d’au moins 2 dilutions, qui permettra de voies d’administration : patchs transdermiques, voie
conclure à une infection récente. intradermique, voie muqueuse (instillation nasale). Ceci
 Inhibition de l’hémagglutination (IHA) est important car, la vaccination devant être répétée
chaque année, le frein dû à la piqûre pourrait ainsi être
Permet la révélation d’anticorps dirigés contre des
levé. De plus, la voie intradermique est performante
antigènes d’enveloppe et donc spécifiques de types,
pour la vaccination, l’épaisseur du derme étant
sous-types et variants.
constante, quels que soient l’âge, le sexe, l’indice de
Il existe d’autres techniques sérologiques : ELISA, masse corporelle.
réactions de neutralisation qui, avec l’IHA, sont
Une étude de phase 3, multicentrique, randomisée,
réservées à des laboratoires spécialisés dans le cadre ouverte et contrôlée, évaluant l’immunogénicité de
d’études épidémiologiques. Intanza® 15 µg, a comparé les voies ID et IM et a conclu
à une supériorité de l’immunogénicité de la voie ID
INTERPRETATION versus la voie IM. Ce vaccin n’est pas encore
commercialisé en France, mais attendu, ce d’autant
Le diagnostic direct rapide est intéressant dans un qu’une très bonne tolérance a été rapportée après
contexte d’urgence : grippe avec infection respiratoire injection ID de Intanza® à l’aide d’une micro-aiguille.
aiguë pouvant avoir conduit à une hospitalisation. La
PCR permet un diagnostic de certitude et l’identification
POUR EN SAVOIR PLUS
de la souche. La culture reste indispensable à la
caractérisation des souches dans une perspective  Freymuth F. Virus influenza. Encycl Med Biol (Elsevier
vaccinale. Le diagnostic sérologique ne permet qu’un PARIS) 2003.
diagnostic rétrospectif. La RFC garde son intérêt en cas  Rédaction de la revue prescrire. Vaccins grippaux H1N1v.
de retard de diagnostic par rapport à l’apparition des Revue Prescrire 2009 ;tome29 (n°313) :806-810.
premiers signes cliniques. Elle est utilisée également  Société française de microbiologie, Virus de la grippe, In :
pour suivre la progression d’une épidémie au sein d’une REMIC : Société Française de Microbiologie Ed ;2015 :663-8.
collectivité ou dans une population à risque.

TRAITEMENT
La progression de l’infection par les virus A et B dans le
système respiratoire peut être ralentie par les
antineuraminidases (Zanamivir®, Tamiflu®), à condition
de les administrer dans les 24 à 48 premières heures de
la maladie.
Seule la vaccination limite la diffusion de la grippe. Elle
est d’ailleurs vivement recommandée chez les groupes
de patients à risque ainsi que chez le personnel de
santé. Elle doit être pratiquée tous les ans, compte tenu
de la variabilité des souches en circulation.
En 2009, suite à la pandémie de grippe due au virus
A/H1N1v, ont été développés plusieurs vaccins
grippaux monovalents inactivés contre le virus H1N1v, à
virus fragmenté ou non, Celvapan®, Focetria®,
Pandemrix®, Panenza®, avec adjuvant lipidique
(Focetria®) ou ASO3 (Pandemrix®) visant à amplifier la
réponse immunitaire.
Par ailleurs, de nouvelles méthodes de production en
culture cellulaire ont été développées : différentes
lignées cellulaires sont désormais disponibles pour
produire des vaccins anti-grippaux, mais il existe aussi
d’autres méthodes de production, notamment la
culture sur cellules d’insectes via une recombinaison
dans un baculovirus. Des travaux de recherche sont

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