Location via proxy:   [ UP ]  
[Report a bug]   [Manage cookies]                

CHAPITRE I Spectrophotométrie UV Visible

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 12

Chapitre 1 : Méthodes Spectrales Spectrophotométrie UV-Visible

SPECTROPHOTOMETRIE D’ABSORPTION DANS L’UV-VISIBLE

Introduction

La spectrophotométrie UV-Visible apporte qualitativement des informations quant à la nature


des liaisons présentes au sein de l’échantillon et également détermine quantitativement la
concentration d’espèces absorbant dans ce domaine spectral. Cette technique non destructive
est caractérisée par sa rapidité, et son large usage dans une diversité de domaine (chimie,
biochimie,…).

I - Domaine UV-Visible
L’intervalle spectral est divisé en trois régions de longueurs d’onde appelées
 proche UV (185-400 nm),
 visible (400-700 nm),
 très proche infrarouge (700-1 100 nm).
La plupart des spectrophotomètres vont de 185 à 900 nm. L’absorption lumineuse provient
principalement d’interaction des photons de la source des radiations lumineuses avec les ions
ou les molécules de l’échantillon à analyser.
II – Principe et règles de sélection
L’interaction des photons de la source lumineuse avec les ions ou molécules de l’échantillon
apporte une absorption des radiations de la lumière.
L’interaction électromagnétique rend compte de l’interaction entre une onde électromagnétique
et une particule chargée. A l’échelle atomique, la matière n’étant pas continue mais constituée
d’assemblage de particules élémentaires, ainsi que l’énergie qui ne peut prendre que des valeurs
discrètes. L’énergie totale d’un édifice atomique peut se mettre sous la forme de la somme
suivante :
E = Eél + Evib + Erot + Etrans
Eél est l’énergie électronique, Evib ; est l’énergie vibrationnelle, Erot est l’énergie rotationnelle
et Etrans est l’énergie de translation du système.
L’interaction électromagnétique caractérise l’aptitude d’un édifice atomique à voir son énergie
modifiée par l’action d’un rayonnement électromagnétique. Le passage du niveau bas au niveau
haut, permet au système d’acquérir de l’énergie, il s’agit donc d’une absorption. Le trajet
inversé conduit à une libération de l’énergie, on parle alors d’une émission.
L’absorption ou l’émission d’énergie se fait alors sous forme d’onde électromagnétique, dont
l’énergie est fortement liée à l’ordre de grandeur de la différence d’énergie entre les deux états

1
A. Aloui (ENST)
Chapitre 1 : Méthodes Spectrales Spectrophotométrie UV-Visible

(fondamental et excité), notée ΔE, et donc à la nature des niveaux considérés (l’orbitale
moléculaire fondamentale occupée à une orbitale moléculaire excitée vacante).

Figure (1) : Niveaux électroniques dans une molécule.

La fréquence ν du rayonnement émis ou absorbé et l’écart énergétique ΔE entre les niveaux


initiaux et finaux sont reliés par la relation de Planck-Einstein :
ΔE = ℎν,
avec h la constante de Planck (h = 6,63.10-34 J.s).
Or, dans le vide, fréquence ν et longueur d’onde λ sont liées par la célérité de la lumière c :
ν = c/λ.
On en déduit alors la relation entre ΔE et λ : ΔE = ℎc/λ
Mais toutes les transitions énergétiquement possibles ne sont pas permises.
Les transitions permises sont celles qui provoquent une variation du moment dipolaire
électrique. De plus, une transition permise a lieu si les orbitales impliquées au cours de ce
processus sont telles que Dl = ±1 et DS = 0. En d'autres termes, le photon fait changer la
symétrie de l'orbitale occupée par l'électron avant et après la transition mais ne fait pas changer
le spin de cet électron.

III – Spectre d’absorption


Les spectres enregistrés (Figure (2)) sont représentés par la transmittance ou l’absorbance en
fonction de la longueur d’onde. La bande d'absorption est caractérisée par sa position en
longueur d'onde λ max , nm (ou en nombre d’onde, cm-1 ) et par son intensité reliée au coefficient
d’extinction molaire εmax selon la loi de Beer et Lambert. La position du maximum d’absorption
correspond à la longueur d’onde de la radiation qui provoque la transition électronique. Quant

2
A. Aloui (ENST)
Chapitre 1 : Méthodes Spectrales Spectrophotométrie UV-Visible

à l’intensité, on peut montrer qu’elle est liée au moment dipolaire. Sa valeur (ε) permet de savoir
si la transition est permise ou interdite.

Figure (2) ; Différents aspects des spectres d’absorption dans le domaine UV-Visible

IV Différents types de transitions électroniques

Les transitions électroniques correspondent au passage des électrons des orbitales moléculaires
liantes ou non liantes remplies, vers des orbitales moléculaires anti-liantes non remplies. Le
diagramme suivant illustre ceci pour des orbitales de type σ, π et n :

L’absorption d’un photon dans le domaine UV-visible peut souvent être attribuée à des
électrons appartenant à de petits groupes d’atomes appelés chromophores (C=C, C=O, C=N,
C≡C, C≡N…).
La longueur d’onde d’absorption dépend de la nature des orbitales mises en jeu.

3
A. Aloui (ENST)
Chapitre 1 : Méthodes Spectrales Spectrophotométrie UV-Visible

Figure (3) : Comparatif des transitions les plus souvent rencontrées dans les composés
organiques simples

1 - Transition σ _σ*

Energie requise trop élevée et appartient au lointain UV (λ< 200 nm et λ> 100 nm).
2 - Transition n _π*

L’électron promu d'une orbitale non-liante n à une orbitale anti-liante π*. Elles ont leur origine
dans des groupements tels que C=O̲, O─N=O,... Elles présentent une faible absorption (Ɛmax
< 100 M-1 cm-1 ). On les appelle bande R ; exploitable également par les appareils courants (λ >
200 nm) : Aldéhydes et cétones.
3 - Transition n _ σ*

Le transfert d'un électron du doublet n d’un hétéroatome (O, N, S, Cl..) à un niveau σ* est
observé pour les alcools, les éthers, les amines ainsi que pour les dérivés halogénés. Cette
transition donne une bande d'intensité moyenne qui se situe à l'extrême limite du proche-UV.
 Les transitions n →π* et n → σ* présentent une intensité relativement faible car elles
sont en partie interdites.
4 - Transition π _π*
L’électron est promu d’une orbitale π (niveau liant) à une orbitale π* (niveau anti-liant). Ces
transitions engagent une énergie élevée dans le cas ou π _π* est isolé.
Ethylène C=C, λ = 162,5 nm ;
Buttyne-2 C─C≡C─C, λ = 172 nm ;
Hexène- 3 cis C─C─C=C─C─C, λ = 179 nm.
Ces transitions sont très sensibles à l’environnement comme par exemple : La conjugaison ou
la présence d’un hétéroatome, dans ces conditions λ max , Ɛ (coefficient d’absorption) seront
modifiés. Lorsque la liaison π est conjuguée on parle alors de la bande K pour la transition
π _π*.
C=C─C=C : π _π* bande K par contre C─C=C─C : n’est pas bande K.
4
A. Aloui (ENST)
Chapitre 1 : Méthodes Spectrales Spectrophotométrie UV-Visible

Sur le diagramme énergétique suivant sont situées ces transitions les unes par rapport aux autres
dans le cas général.

Figure (4) : Transition électronique dans les composés possédant une double liaison
Remarque :
Il existe également d’autres bandes appelées :
Bande « B » ou Benzenoides, caractéristiques des spectres de la molécule aromatique ou
hétéro aromatique. Des substitutions chromophoriques déplacent les bandes B vers des
longueurs d’onde plus élevée que celles des bandes K.
Bande « E » ou Ethylénique, caractéristique des spectres des molécules aromatiques. Elles
sont attribuées au système formé de trois doubles liaisons cycliques conjuguées. Elles ne
dépassent que rarement 210 nm.

Exemples

Chromophore Exemple Transition λmax , nm ε Solvant

C=C Ethylène π→π* 170 15000 hexane


C≡C 1-Hexyne π→π* 180 10000 hexane
C=O Ethanal n→π* 293 180 Hexane
π→π* 12 10000 hexane
N=O Nitrométhane n→π* 275 200 Ethanol
π→π* 17 5000 Ethanol
C-X Bromure de
n→σ* 205 200 hexane
méthyle

5
A. Aloui (ENST)
Chapitre 1 : Méthodes Spectrales Spectrophotométrie UV-Visible

Figure (5) : Spectre présentant les bandes d’absorption et les transitions électroniques
correspondants

6- Transitions d-d

Dans les complexes des métaux de transition, on assiste sous l’effet du champ cristallin à une
levée de dégénérescence des orbitales d.
En général, ces complexes sont colorés. Par exemple, les solutions des complexes de cuivre(II)
[Cu(H2 O)6 ]2+ sont bleues. Les absorptions dans le visible sont le plus souvent dues à une
transition d'un électron d'une orbitale d peuplée à une orbitale d vide (Ex. un électron passe du
niveau t2g au niveau eg pour une géométrie octaédrique). On parle de transition d–d. Les
coefficients d’extinction molaire sont souvent très faibles, de 1 à 100 L.mol-1 .cm-1 .
Les différences d'énergie entre les orbitales d qui interviennent dans ces transitions d-d,
dépendent du métal, de son degré d'oxydation, de la géométrie de coordination et de la nature
du ligand.

Figure (6) : différences d'énergie dans les transitions d-d

L’intensité des bandes correspondantes est généralement faible.

6
A. Aloui (ENST)
Chapitre 1 : Méthodes Spectrales Spectrophotométrie UV-Visible

Si un complexe ne présente qu’une seule transition, sa couleur correspond à la couleur


complémentaire de celle absorbée pendant la transition.
Exemple : Le complexe Ti(H2 O)6 3+ est rouge-violet et absorbe dans le vert.

V- Transitions de transfert de charge

Un composé transparent dans un domaine spectral peut devenir absorbant s'il est mis en
présence d'une espèce avec laquelle il interagit par un mécanisme du type donneur-accepteur
(D-A). Ce phénomène est lié au passage d'un électron appartenant à une orbitale liante du
donneur (le partenaire nucléophile) vers une orbitale vacante de l'accepteur (l'électrophile), d'un
niveau d'énergie proche. La transition est appelée transition de transfert de charge.

Figure (7) : Mécanisme de transfert donneur-accepteur


HOMO : haute orbitale occupé, LUMO : Basse orbitale vide

La position de la bande d'absorption correspondante est fonction du potentiel d'ionisation du


donneur et de l'affinité électronique de l'accepteur ; la valeur de pour une telle transition est
en général très grande.

IV Effet de l’environnement sur les transitions

1. Groupement chromophore : groupement insaturé covalent responsable de


l’absorption (C=C, C=O, C=N, CC, CN, C=S, N=N …).
 Groupement auxochrome : groupement saturé lié à un chromophore et qui modifie
la longueur d'onde et l'intensité de l'absorption maximale. Ex. : OH, NH2, Cl…
 Effet bathochrome : déplacement des bandes d'absorption vers les grandes
longueurs d'onde.
 Effet hypsochrome : déplacement des bandes d'absorption vers les courtes
longueurs d'onde.
 Effet hyperchrome : augmentation de l'intensité d'absorption.

7
A. Aloui (ENST)
Chapitre 1 : Méthodes Spectrales Spectrophotométrie UV-Visible

 Effet hypochrome : diminution de l'intensité d'absorption.

Ces effets sont illustrés sur la figure suivante :

Figure (8) : Effet de l’environnement sur les transitions électroniques


2. Effet de la substitution
La position de la bande d’absorption dépend de la présence ou non de substituants sur le
groupement chromophore. Par exemple, plus le groupe éthylénique est substitué, plus la bande
d’absorption due à la transition * est déplacée vers le visible : effet bathochrome.

Les substituants à effet mésomère (auxochromes -OH, -OR, -X, -NH2,…) portés par un
chromophore C=C ou C=O, donnent des effets bathochrome et hyperchrome.
3. Effet de la conjugaison
L’enchaînement d’insaturation entraîne la délocalisation des électrons π. Cette délocalisation
qui traduit la facilité des électrons à se mouvoir le long de la molécule est accompagnée d’un
rapprochement des niveaux d’énergies.

8
A. Aloui (ENST)
Chapitre 1 : Méthodes Spectrales Spectrophotométrie UV-Visible

Il en découle un effet bathochrome et un effet hyperchrome sur la bande d’absorption


correspondant à la transition ππ*.
Composé λmax  max
Ethylène CH2=CH2 165 15000
Buta-1, 3-diène CH2=CH-CH=CH2 217 20900
Plus les liaisons multiples sont nombreuses, plus la longueur d’onde est élevée :

Figure (9) : Evolution de λ et de ε et avec la conjugaison

Le même effet est observé sur la transition n π*.


Composés transition * transition n*
Propanone 188 nm 279 nm
Méthyl isobutylcétone 236 nm 315 nm
(oxyde de mésityle)

4. Effet de solvant

La position, l’intensité et la forme des bandes d’absorption des composés en solution dépendent
du solvant. Ces changements traduisent les interactions physiques soluté-solvant qui modifient
la différence d’énergie entre état fondamental et état excité.
 Transition n-π* : λ diminue par augmentation de la polarité du solvant.

9
A. Aloui (ENST)
Chapitre 1 : Méthodes Spectrales Spectrophotométrie UV-Visible

 Transition π-π* : λ augmente par augmentation de la polarité du solvant.

L’étude du déplacement des bandes par effet de la polarité des solvants peut aider à reconnaître
la nature des transitions observées.
Dans l’eau, les spectres sont très souvent sensibles au pH qui modifie l’ionisation de certaines
fonctions chimiques.
IIV- Règles de woodward-fieser

L’étude des spectres d’un grand nombre de molécules a permis d’établir des corrélations entre
structures et positions des maxima d’absorption. Les plus connues sont les règles empiriques,
dues à Woodward, à Fieser et à Scott, qui concernent les composés carbonylés insaturés, les
diènes ou les stéroïdes. À partir de tableaux rassemblant, sous forme d’incréments, divers
facteurs et particularités de structure, on peut prévoir la position de la bande d’absorption
π→ π∗ de ces systèmes conjugués particuliers (Tab. 1). La concordance est bonne entre les
valeurs calculées et les positions expérimentales.
Tableau de corrélation en spectrométrie UV/visible. Règles de Woodward-Fieser-Scott pour le
calcul de la position du maximum d’absorption des énones et diénones (précision 3 nm).

Types de structure concernée

Solvant : Méthanol ou éthanol


Tableau(1) : Principaux incréments des règles de Woodwardd –Fieser-Scott

Structure de base

x=H 207 nm
x= alkyle 215 nm
x=OH, O-alkyle 193 nm
Chaine ouverte au cycle à 6C
(cycle à 5C : 202 nm)
Incréments
 Chaque double liaison conjuguée 30 nm
additionnelle
 Caractère exocyclique d’une 5 nm
double liaison C=C
 Caractère homoannulaire 39 nm
diénique

10
A. Aloui (ENST)
Chapitre 1 : Méthodes Spectrales Spectrophotométrie UV-Visible

Pour chaque substituants, on ajoute (en nm) :


Positions α β γ δ
Alkyle 10 12 18 18
-Cl 15 12
-Br 25 30
-OH 35 30
-O-alkyle 35 30
-O-acyle 6 6 6 6
-N(R)2 95
NB : acyle c’est un radical obtenu en enlevant le groupement hydroxyle de l’acide
carboxylique.

Incrément de solvant :
Solvant incrément
Eau + 8 nm
Chloroforme - 1nm
Ether - 7 nm
Cyclohexane - 11 nm

IIIV - Loi de Beer-Lambert

Dans des conditions idéales (lumière incidente monochromatique, absence de


fluorescence, échantillon homogène, concentration du composant pas trop élevée),
le rapport It /I0 définit la transmittance (T), ou pourcentage de lumière transmise par
l'échantillon, avec I0 et It , les intensités respectives des faisceaux incident et
transmis. L'absorption de la lumière est décrite par la loi de Beer-Lambert : It /I0 = 10εCl,
plus généralement exprimée sous la forme du rapport :
log (I0/It ) = A = DO = ελCl
(A) appelé absorbance ou densité optique DO, avec C, la concentration de l'espèce
absorbante, exprimée en moles par litre (mol. L-1 ), de l'espèce absorbante ; l, le trajet
optique, exprimé en centimètres (cm) et ε λ, le coefficient d'absorption molaire, exprimé
en (L. mol-1 . Cm-1 ). Ce dernier est caractéristique de l'espèce absorbante à une longueur
d'onde donnée et traduit sa probabilité d'absorption d'un quantum de lumière.
Dans le cas de plusieurs composants, il y a additivité des différentes absorptions et

It /I0 = 10-(ε1C1 + ε2C2 + ....εnCn).


La conséquence immédiate et l'application pratique de la loi de Beer-Lambert sont
la caractérisation et/ou la détermination de la teneur d'une solution ou d'un mélange, à
la seule condition que ces espèces soient absorbantes.
La loi de Beer-Lambert n'est plus vérifiée en présence de certains complexes en solution,
lorsque, par exemple, la constante d'équilibre est affectée par la dilution.
11
A. Aloui (ENST)
Chapitre 1 : Méthodes Spectrales Spectrophotométrie UV-Visible

Appareillage
On utilise un spectrophotomètre mono-faisceau et à double faisceau.

1. Mono-faisceau (schéma (a) simplifié)

□─□─ U─□─□
1 2 3 4 5

1 Source : UV : lampe à hydrogène ; Visible : lampe au tungstène.


2 Monochromateur : Sélectionne des radiations (prisme ou réseau).
3 Cellule d’analyse : UV : cellule en quartz ; Visible : cellule en verre.
4 Détecteur : photoélectrique.
5 Enregistrement des mesures.
2. Double faisceau (Schéma (b))

─𝑼─
□─□─ ○<─𝑼─ > 5
─□─□
1 2 3 4 6 7

La différence entre le schéma (a) et (b) est :


3 représente le diviseur du faisceau ;
4 Cellule contenant le composé à analyser
5 Cellule contenant le solvant (blanc).

Un rayonnement monochromatique de La comparaison des deux Spectre de


longueur d’onde λ (entre 200 et 800 nm) faisceaux d’intensités l’échantillon
traverse simultanément l’échantillon (solution respectives I et I0 permet de A = f (λ)
homogène d’une substance et la référence) calculer l’absorbance de
l’échantillon à la longueur
d’onde λ.

12
A. Aloui (ENST)

Vous aimerez peut-être aussi