M Diarra Assita
M Diarra Assita
M Diarra Assita
Thème
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EQ
PROBLEMATIQUE DE FINANCEMENT DES
PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES TH
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(PME) PAR LA MICROFINANCE :
LI
IB
Année académique
2008-2009
I
Composition du jury
Président du jury
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Enseignant à la faculté des Sciences Economiques et de Gestion
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de l’Université d’Abomey-Calavi
TH
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Membres du jury
LI
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D’ALMEIDA Claude
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CDAL-consultants
II
Résumé
Après les banques, c’est aux institutions de microfinance que reste posée la problématique de
financement des petites et moyennes entreprises (PME). Nous avons d’une part, les PME dont
les besoins en produits financiers sont connus mais insatisfaits. D’autre part, les Institutions
de Microfinance (IMF) qui tentent, malgré la recherche d’un équilibre financier, de répondre
tant bien que mal aux besoins exprimés par cette cible. Mais s’il est vrai que les IMF ont pu
s’adapter aux micros et petites entreprises, il n’en demeure pas moins qu’elles ne parviennent
pas à répondre convenablement aux besoins des PME.
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Notre étude qui s’intitule « problématique de financement des PME par la microfinance: cas
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du Centre Financier aux Entrepreneurs (CFE)» s’est fixée comme objectif de comprendre les
contraintes liées au financement des PME par la microfinance au Burkina-Faso.
TH
Au Burkina-Faso, c’est surtout le Réseau des Caisses Populaires du Burkina (RCPB), par le
biais du CFE, qui apporte son concours spécifiquement aux PME.
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LI
Le CFE mis en place en 2004, est confronté à deux types de contraintes. D’une part, la faible
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capacité technique des PME à remplir les conditions exigées par le CFE. Et d’autre part, la
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capacité du CFE à répondre adéquatement aux besoins des PME. Fonctionnant essentiellement
sur des ressources à court terme, le CFE a du mal à octroyer des financements à long terme.
IA
Aussi, les modalités de financement, les procédures d’analyse des dossiers, comportent-elles
R
des insuffisances non négligeables dans l’accès des PME au financement. Enfin, les
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mécanismes utilisés restent assez coûteux pour la majeure partie des entreprises.
Cette problématique a été traitée grâce à un cadre d’analyse (modèle) à deux dimensions. Ce
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sont les capacités techniques des PME à accéder au financement et les capacités internes du
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CFE à octroyer les financements sollicités. Quatre hypothèses de recherche ont donc été
émises.
L’étude utilise une approche empirique partant du cas précis du CFE. L’enquête de terrain a
utilisé des techniques et outils de collecte qui ont permis de vérifier les hypothèses.
Un échantillon de 121 personnes a été touché au cours de l’enquête. En ce qui concerne les
PME, 112 entreprises ont été enquêtées. Les responsables de 5 IMF, de la direction de la
microfinance et de la Maison de l’Entreprise ont accepté également se soumettre à nos
investigations.
III
L’étude nous a permis d’aboutir aux résultats suivants: par rapport aux contraintes que
rencontrent les PME pour accéder au financement, le profil des promoteurs pose problème. En
effet, les entrepreneurs ont un faible niveau d’instruction et de formation. Aussi, l’expérience
cumulée qui devait être un grand atout, reste très peu exploitée. En outre, l’absence de
système de production des informations financières influence négativement la qualité des
dossiers soumis pour financement.
Par rapport à la capacité interne de financement du CFE, il ressort que dans cette institution le
niveau des ressources stables est très faible, conditionnant donc immanquablement la nature
du financement à octroyer, essentiellement à court terme. Egalement, le manque de synergie
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entre les différents niveaux d’approbation du dossier de financement joue sur l’accès au crédit
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à temps par les promoteurs. En outre, le non-respect des bonnes pratiques de financement par
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les conseillers en crédit augmente le niveau de risque des crédits et par conséquent, menace
l’accès des PME au financement à long terme. Enfin, les conditions liées à chaque mécanisme
TH
utilisé tel que le cautionnement et la mutualisation des risques (crédit consortium), excluent
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une bonne partie des entreprises de la possibilité d’avoir du financement.
LI
Au regard des insuffisances observées, nous avons émis des recommandations visant d’une
IB
d’une politique de rémunération des dépôts à terme, la mise en réseau informatique du CFE et
R
des caisses participantes, le recyclage des conseillers sur les pratiques de financement du CFE
ES
Les recommandations visant à l’amélioration des capacités techniques des PME pour l’accès
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au financement concernent : une définition et une publication par le CFE des critères de
C
classification des PME, l’orientation guidée des promoteurs vers la Maison de l’Entreprise,
l’établissement des plans annuels de formation des entreprises et enfin, une évaluation des
impacts des produits du CFE sur la promotion des PME membres.
Cette recherche qui se veut limitée ouvre la voie à bien d’autres recherches, notamment, celles
portant sur les stratégies de mobilisation des ressources longues (DAT) auprès des membres
du CFE et les études d’impact des produits du CFE sur la promotion des PME membres.
IV
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1.1.APERÇU SUR LE BURKINA-FASO ................................................................................................................. 4
1.1.1. La structuration spatiale et sociale .................................................................................. 4
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1.1.2. L’environnement politique, économique et financier ....................................................... 5
EQ
1.1.2.1. L’environnement politique ..................................................................................... 5
1.1.2.2. L’environnement économique ................................................................................ 5
TH
1.1.2 3 L’environnement financier au Burkina-Faso ........................................................... 7
1.2. PRESENTATION DU RESEAU DES CAISSES POPULAIRES DU BURKINA ......................................................... 9
1.2.1 L’historique ....................................................................................................................... 9
O
1.2.2 L’organisation ................................................................................................................... 9
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3.1 CONTRAINTES LIEES A LA CAPACITE TECHNIQUE DES PME A ACCEDER AU FINANCEMENT ....................... 43
3.1.1 Le profil du promoteur .................................................................................................... 43
3.1.1.1 Les motifs de création des entreprises ................................................................... 43
E
3.1.1.2 Le niveau d’instruction et de formation des promoteurs ....................................... 45
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3.1.1.3 L’expérience des promoteurs ................................................................................. 46
3.1.2 Le choix du secteur d’activité .......................................................................................... 48
EQ
3.1.3 Le choix de la forme juridique de la PME ...................................................................... 50
3.1.4 L’étude de marché ........................................................................................................... 51
TH
3.1.5 La qualité des informations financières .......................................................................... 52
3.1.6 La synthèse des contraintes liées à la capacité technique des PME à accéder au
O
financement et la vérification de l’hypothèse N°1.................................................................... 55
3.2 OBSTACLES RENCONTRES PAR LES IMF DANS LE FINANCEMENT DES PME .............................................. 57
LI
3.2.4 Les difficultés rencontrées par le CFE dans le financement des PME ........................... 60
3.2.4.1 La structure des ressources disponibles au CFE .................................................... 61
IA
TABLEAUX
E
Tableau 6: Volume des ressources du CFE de 2004 à 2008 (en FCFA) .............................................. 61
U
Tableau 7: Analyse comparative des crédits octroyés et des crédits en retard de paiement de 2005 à
EQ
2006 (en FCFA) ....................................................................................................................... 67
Tableau 8: Conditions d’octroi de la caution de soumission aux marchés........................................... 71
TH
Tableau 9: Répartition des PME en fonction des difficultés rencontrées dans la constitution de
l’apport préalable...................................................................................................................... 72
O
Tableau 10: Avis des promoteurs par rapport aux frais de gestion des dossiers de crédit ................... 73
LI
IB
GRAPHIQUES
-B
Graphique 1: Proportion des PME en fonction des motivations de création des promoteurs ............. 44
Graphique 2: Répartition des PME en fonction du nombre d’années d’expérience des promoteurs .. 47
IA
Graphique 5 : Evolution de la demande de financement de PME au niveau de trois IMF (en FCFA) 59
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Graphique 6: Niveau des ressources du CFE et leur évolution de 2004 à 2008 (en FCFA) ............... 61
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SCHEMAS
Sigles et abréviations
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BCEAO Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest
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BOAD Banque Ouest Africaine de Développement
EQ
BRS Banque Régionale de Solidarité
BTP Bâtiments et Travaux Publics
CA Conseil d’Administration
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CEDEAO Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest
LI
CFE Centre Financier aux Entrepreneurs
IB
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PIC Politique Industrielle Commune
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PME Petite et Moyenne Entreprises
PMI Petites et Moyennes Industries
TH
PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement
PVD Pays en Voie de Développement
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RCPB Réseau des Caisses Populaires du Burkina
LI
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Dédicace
positivement:
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NEYA Ayed, notre fils à qui nous avons volé quelques années de
EQ
vie, mais qui nous reste toujours aussi affectueux,
TH
OUATTARA Korotoumou, notre mère, qui nous a toujours
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soutenue, qu’elle trouve en ce travail le résultat de ses sacrifices,
LI
IB
Nos frères et sœurs, pour tous les soutiens qu’ils nous ont
toujours porté,
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profonde gratitude!
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Remerciements
Notre formation qui s’est échelonnée sur une période de deux ans, n’aurait été possible sans
le concours financier de:
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Madame HEUER Corinna, représentante adjointe de la Fondation, pour son soutien et
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ses marques d’attention;
Madame CASPER Anja représentante adjointe, pour avoir poursuivi
TH
l’accompagnement jusqu’à la fin de cette formation,
Tout le personnel de la Fondation Konrad Adenauer,
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LI
(CODESRIA), pour avoir pris en charge les frais de recherche sur le terrain d’étude;
pour la rédaction des mémoires et thèses, pour avoir porté le choix sur notre
thématique de recherche,
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Tout le personnel du CODESRIA ayant œuvré pour que ce financement nous parvienne;
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Nous leur adressons nos sincères remerciements. Aussi, notre gratitude va-t-elle à l’endroit
des personnes physiques et morales suivantes:
• Les amis de l’UADC, HOULBOUMI Fulbert, AMADOU Bachir, GUINDO Bakary, ZEBA
Momini, NIGNAN Tahirou, HABYARIMANA Gilbert,
• Monsieur OUEDRAOGO Mamadou, Directeur de PRODIA;
• Monsieur OUEDRAOGO Saïdou, Directeur du Réseau et Développement à la
Fédération des Caisses Populaires du Burkina;
• Monsieur TOUGMA Romain, Directeur du CFE et son personnel;
• Monsieur TAPSOBA Placide, conseiller juridique au CFE, notre maître de stage pour sa
disponibilité et son accompagnement;
• Mesdames et monsieur AOUBA Fatimata, OUEDRAOGO Mariam et ZABSONRE Félix
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conseillers en crédit au CFE pour nous avoir appuyée dans nos travaux;
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• Tous les responsables des structures évoluant dans le secteur de la microfinance
EQ
(FBDES, SOFIPE, direction de la microfinance…)
• Tous les responsables de Petites et Moyennes Entreprises (PME);
TH
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Nous voudrions dire à toutes ces personnes combien leur appui a été bénéfique pour nous et
cela, même si pendant ces moments, nous n’avions pas eu le reflexe de leur démontrer notre
LI
gratitude.
IB
-B
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1
Introduction
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Le Burkina-Faso, pays enclavé d’Afrique de l’ouest, n’a pas échappé à cette situation de fait.
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En effet, plusieurs institutions financières (banque nationale de développement du Burkina,
caisse nationale de crédit agricole etc.) ont fermé, réduisant de ce fait, les financements à
l’endroit des PME.
TH
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Cependant, depuis 1991, on note au Burkina une évolution au niveau du secteur privé. De
LI
grandes avancées ont été faites en terme de réformes: libéralisation du commerce et des prix,
IB
Malgré ces dispositions, les banques restent néanmoins sceptiques quant au financement des
IA
PME. Les petites et moyennes entreprises faisant partie du secteur informel, sont donc
R
ES
Dès cet instant, le financement des PME est devenu une des grandes préoccupations de l’heure
pour les responsables des institutions financières et aussi pour les politiques. Pourtant, la
contribution des entreprises au développement des économies africaines est non négligeable.
En Afrique, avec les Programmes d’Ajustement Structurel (PAS), ayant eu comme corollaire
le gel de l’embauche systématique des diplômés dans la fonction publique et les
privatisations, les Etats se sont vus contraints d’encourager ou de renforcer le rôle du secteur
privé. Aussi, les PME ont-elles constitué une alternative en terme de création d’emplois et de
redéploiement des déflatés de la fonction publique. Elles ont donc permis d’amortir le choc
2
Dans la plupart des économies développées (Canada, France, Japon, Etats-Unis, etc.) et ce,
depuis plusieurs années, les PME contribuent à la constitution du PIB. En 1990, au Japon, elles
contribuaient à 30% dans la constitution du PIB, en France 20% et aux Etats-Unis 17,1%.
E
d’améliorer la compétitivité et la diversification de ces économies.
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Un regard salutaire va à l’endroit de la microfinance comme une alternative au financement
des PME. En effet, les échecs essuyés dans le passé, dans la collaboration avec les banques en
TH
vue de la mise en place de mécanismes de financement para-étatiques et étatiques (lignes de
crédit à taux bonifié, fonds de garantie, etc.) ont conduit les Etats à prospecter d’autres voies
O
pour l’émergence des PME, dont la microfinance.
LI
IB
La microfinance a fait ses preuves dans le financement des micros et petites entreprise (MPE).
-B
Pourtant, certains auteurs émettent toujours des doutes quant à sa capacité à s’adapter aux
besoins de financement des PME (BARRO, 2005).
IA
Si la microfinance a fait ses preuves dans le financement des micros et petites entreprises,
R
alors pourquoi ne pourrait-elle pas accompagner les petites et moyennes entreprises dans le
ES
C’est pour tenter de cerner cette question même partiellement, que la présente étude a voulu
O
L’objet principal de l’étude est de comprendre les contraintes liées au financement des PME
par les institutions de microfinance et d’identifier les différents mécanismes de financement.
L’étude, en partant du cas concret du Centre Financier aux Entrepreneurs (CFE), comporte une
analyse descriptive visant non seulement à dégager les obstacles au niveau des PME, mais
aussi ceux rencontrés par les institutions financières et à identifier les mécanismes d’appui
aux PME.
3
Le présent mémoire qui restitue les résultats de l’étude est structuré en trois parties : le
premier chapitre décrit le cadre général d’évolution des PME au Burkina à travers le contexte
de l’étude. Le deuxième chapitre précise le cadre théorique et la méthodologie de l’étude. Le
troisième chapitre présente les résultats, de sorte à mettre en évidence d’une part, les obstacles
rencontrés par les PME et les institutions de microfinance, et d’autre part les mécanismes de
financements utilisés.
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-B
IA
R
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C
4
Le chapitre I portant sur le contexte de l’étude est subdivisé en trois parties. La première porte
sur l’aperçu sur le Burkina-Faso. La deuxième partie fait une présentation du Réseau des
Caisses Populaires du Burkina (RCPB) et la dernière une présentation de l’institution où s’est
effectuée cette recherche, notamment le Centre Financier aux Entrepreneurs.
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1.1.1. La structuration spatiale et sociale
EQ
Le Burkina-Faso est situé en Afrique de l’ouest, au sud du Sahara. Il est limitrophe de six
TH
pays qui sont: le Mali au nord, le Niger à l’est, le Bénin au sud-est, le Togo et le Ghana au
Sud, la Côte d’Ivoire au Sud-ouest. Il possède un climat tropical de type soudano sahélien
O
avec deux saisons: la saison des pluies qui dure 4 mois (juin à septembre), avec des
LI
précipitations comprises entre 300 et 1200 mm et une saison sèche plus longue qui dure 8 à 9
IB
mois (octobre à juin). Le pays est traversé par un vent chaud et sec en provenant du Sahara.
-B
Le Burkina-Faso a une superficie de 274 200 km². Le pays est subdivisé sur le plan
R
1996 à 13 730 258 habitants en 2006 selon l’Institut National des Statistiques et de la
Démographie (INSD)1, soit un taux annuel moyen de croissance de 2,4 %. Les femmes
D
représentent 51,67% de la population contre 48,33% pour les hommes. La densité moyenne est
O
de 48 habitants au km².
C
1
Rapport PNUD (2007), 4ème Recensement de la population et de l’habitat (RGPH 2006).
5
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Pays enclavé, le Burkina est l’un des Etats les plus pauvres du monde car classé 176ème sur
EQ
177 pays en 2008 selon l’Indice de Développement Humain (PNUD, 2007). N’ayant pas
d’ouverture sur la mer, il est donc dépendant surtout du port d’Abidjan. La crise déclenchée le
TH
19 septembre 2002 en Côte d’Ivoire a donc fragilisé son économie du fait que le port
O
d’Abidjan est le principal port de transit des marchandises destinées à l’exportation. Avec le
LI
port de Téma au Ghana, le pays a pu néanmoins stabiliser son économie. De 1,6 % en 2001 la
IB
Le secteur primaire est dominé par l’agriculture, représentant à elle seule près des deux tiers
R
de ce secteur. Ensuite, viennent l’élevage et la pêche. L’agriculture est caractérisée par une
ES
mesure où 84,4 % de la population active ont produit environ 31,7% du PIB en 2006 selon le
O
6ème rapport du PNUD (2007) sur le Développement Humain Durable. L’agriculture est
C
dominée par la culture du coton (700 000 tonnes produites). Premier en Afrique de l’ouest
dans la production du coton (période 2005-2006), le Burkina reste dépendant de la fluctuation
du cours du coton sur les marchés mondiaux; il tente donc de diversifier son économie en
investissant dans le secteur minier, notamment l’or et le zinc.
selon les enquêtes auprès des ménages réalisées en 2005 par l’Institut National des Statistiques
et de la Démographie (INSD)2, était de 3,1%.
Le secteur tertiaire, englobant les activités de commerce, de transport et les services publics,
contribue à hauteur de 44% du PIB en 2006. La part en terme d’emploi en 2005 était estimée à
12,5% selon le 6ème rapport du PNUD 2007 sur le Développement Humain Durable.
L’économie est aussi marquée par l’importance du secteur privé. Ce secteur en 2004, selon les
données du ministère de l’économie et du développement, contribuait pour environ 17% à la
valeur ajoutée.
Toutefois, dans l’analyse du bilan commun des pays, au Burkina Faso, on note l’ampleur et la
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profondeur de la pauvreté. En dépit d’un taux de croissance réel du PIB de l’ordre de 5,5% en
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moyenne pour la période 1995-2002, selon les Enquêtes Burkinabés sur les Conditions de Vie
des Ménages (EBCVM) de 2003, environ 46,4 % de la population vivaient en dessous du seuil
TH
absolu de pauvreté contre 45,3 % en 1998. La pauvreté au Burkina demeure un phénomène
essentiellement rural. En effet, 52,3% de la population rurale vivaient en dessous du seuil
O
absolu de pauvreté estimé à 82 672 FCFA par an contre 19,9% de la population urbaine en
LI
2003.
IB
-B
Il faut noter que le gouvernement a institué une concertation permanente entre Etat-Secteur
privé et Société civile. Ce qui a favorisé l’adoption des mesures suivantes: la libéralisation du
IA
Au plan des politiques économiques, l’adoption d’un cadre stratégique de lutte contre la
C
pauvreté et de mesures incitatives telles que le financement des PME, la mise en place d’un
fonds d’appui à l'équipement, à l’encadrement et à la formation des opérateurs économiques,
serviront à accompagner les initiatives privées. Ainsi, dans le cadre de l’UEMOA, l’adoption
des politiques telles que: la charte des PME/PMI, la création d’un observatoire des PME/PMI et
l’élaboration d’un programme minimum pour les PME/PMI pourront contribuer à la promotion
de cette population cible.
2
Rapport PNUD, (2007)
7
Ce secteur comprend, outre l’agence principale de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique
de l’Ouest (BCEAO), l’antenne nationale de la Banque Régionale de Solidarité, des banques
commerciales et des établissements financiers. On note également, des compagnies
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d’assurances et l’antenne de la bourse régionale des valeurs mobilières.
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1.1.2.3.2. Le secteur de la microfinance
Les institutions de microfinance viennent en complément au système de financement
TH
classique. Ces institutions ont connu ces dernières années un développement très important.
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On dénombre quatre (4) types d’institutions assurant l’offre de produits et de services
LI
financiers. Il s’agit des institutions d’épargne et de crédit, des structures faisant du crédit
IB
direct ou solidaire; des projets à volet crédit ou des associations, et des Fonds nationaux de
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financement.
Les institutions d’épargne et de crédit:
IA
Ces institutions s’appuient sur l’épargne pour alimenter le crédit. Issues le plus
R
Ces expériences regroupent les systèmes qui ont opté pour activité principale le crédit
C
pérennisation est rarement pris en compte (faible taux de remboursement, niveau des
taux d’intérêt du crédit faible).
Les Fonds nationaux de financement:
Le souci de promouvoir l’auto emploi par la création de micro entreprises dans un
contexte de lutte contre la pauvreté a conduit à la mise en œuvre d’importantes
initiatives par l’Etat à travers des fonds de financement, notamment, le Fonds d’Appui
au Secteur Informel (FASI), le Fonds d’Appui à la Promotion de l’Emploi (FAPE), le
Fonds d’Appui aux Initiatives des Jeunes (FAIJ) etc.
En 2006, on comptait au Burkina comme structures de microfinance, 330 agréées et reconnues
(fonds nationaux non compris) et 773 420 bénéficiaires. L’encours des dépôts était estimé à
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63,16 milliards de FCFA; la mobilisation de cette épargne était concentrée au niveau de cinq
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IMF3. Les crédits octroyés s’élevaient à 55 587 468 733 FCFA, tandis que les crédits en
souffrance constituaient près de 5,30% du total de l’encours de crédits soit 1.755.570.448
TH
FCFA. O
L’impact de ces IMF sur la sécurisation des avoirs financiers n’est plus sujet à discussion,
LI
aussi bien dans le développement et la diversification des activités économiques que dans la
IB
Le secteur de la microfinance est en pleine expansion et, pour ce faire, un cadre légal,
règlementaire et institutionnel a été défini dans le souci de professionnaliser le secteur. Au
IA
Aussi, le secteur est-il régi par certains actes de l’Organisation pour l’Harmonisation en
Afrique du Droit des Affaires (OHADA).
Il est à noter que depuis 2006, le secteur dispose d’une Stratégie Nationale de microfinance
adoptée par décret N°2006-040/PRES/PM/MFB/MEDEV/MAHRH/MCPEA/MATD du 22 Février
2006.
3 Réseau des caisses populaires du Burkina 85%, Union Régionale des Caisses de Populaires du Sud Ouest 6%, le Fonds
d’Appui aux Activités Rémunératrices des Femmes (FAARF), la Caisses des Producteurs du Burkina (CPB), le Catholic
Relief Service.
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Après ce bref aperçu sur le Burkina-Faso, est présenté dans les lignes suivantes, le plus grand
et le plus décentralisé réseau de microfinance, le réseau des Caisses Populaire du Burkina
(RCPB).
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Dissin et Koper. L’expérience des trois caisses fut répliquée dans la province du Poni, le
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nombre est alors porté à sept de 1972 à 1974. En 1976, l’Union Régionale des Caisses
Populaires de la Bougouriba composée des sept caisses vit le jour. De 1976 à 1984, le nombre
TH
des caisses s’est accru de 7 à 11 avec 10 000 membres, marquant le début des activités de
crédit. L’expérience des caisses du Poni et de la Bougouriba s’est avérée concluante et a
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révélé du coup l’existence d’un potentiel d’épargne et de crédit. De 1987 à 1995, le nombre
LI
des caisses est porté à cinquante trois avec la création des Unions Régionales des caisses
IB
A l’heure actuelle, on dénombre une Fédération nationale des caisses populaires, quatre
R
1.2.2 L’organisation
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Le RCPB est constitué de trois niveaux: à la base les Caisses Populaires (CP), au centre les
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Unions Régionales issues du regroupement des caisses populaires au plan régional et enfin au
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Signification des sigles :
FCPB : Fédération des caisses populaires du Burkina
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URCPN : Union Régionale des Caisses Populaires du Nord
LI
URCPC : Union Régionale des Caisses Populaires du Centre
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Le RCPB s’est assigné comme mission de contribuer à l’amélioration des conditions de vie
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Des organes ont été mis en place à chaque niveau (caisse, union, fédération) conformément
C
aux statuts du réseau. Ces organes facilitent une bonne gestion et une cohérence dans les
interventions du réseau. Au nombre de ces organes, nous avons: l’Assemblée Générale, le
Conseil d’Administration, le Comité de Crédit, le Comité de surveillance.
L’Assemblée Générale (AG) est composée de tous les membres. Il est chargé de veiller à la
saine administration et au bon fonctionnement de la structure, de modifier les statuts et
règlements, d’élire les membres des organes, d’approuver les comptes et de statuer sur
l’affectation des résultats, de prendre connaissance du budget, de créer des réserves
facultatives ou tous fonds spécifiques, de fixer le taux de rémunération des parts sociales
après affectation règlementaire, de créer tout comité qu’elle juge nécessaire. Enfin, l’AG a
11
E
budget et de définir les objectifs de performance et de qualité à atteindre, de donner mandat à
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la faîtière de mettre en application les décisions de l’AG et enfin d’initier toute action
EQ
permettant le développement de la coopérative et des membres.
TH
Le Comité de Surveillance (CS) composé de trois membres est chargé de la surveillance de la
régularité des opérations de la caisse populaire et du contrôle de la gestion de chaque entité.
O
Le Comité de Crédit est chargé de statuer sur les dossiers de demande de financement.
LI
Le RCPB offre à ses membres une gamme variée de produits et services financiers et non
financiers.
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d’une épargne à travers les dépôts à vue et les dépôts à terme (comptes bloqués). On a
également l’épargne spécialisée constituée de l’épargne nantie et de l’épargne volontaire.
L’épargne nantie représente 10% pour le préfinancement de marché et 15% du montant du
crédit demandé. Elle est utilisée comme garantie des prêts et n’est remboursable qu’après le
paiement total du prêt. Enfin, nous avons l’épargne volontaire (représentant 2% du salaire
net). Cette épargne permet aux membres qui le souhaitent, d’avoir accès à une avance sur
salaire, moyennant la constitution d’une épargne régulière sur le salaire net sur une année.
Les produits de crédit sont accessibles à la caisse après deux mois d’adhésion. On a le crédit
classique qui comprend: le crédit à la consommation (permet au bénéficiaire de s’installer, de
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financer des achats importants), le crédit agricole (achat d’intrants, équipements agricoles,
embouche etc.), le crédit commercial (inventaire, filière, flash, équipement, préfinancements
marché, art etc.) et le crédit communautaire (crédit de groupe), le crédit spécifique, qui
comprend les crédits aux femmes (Programme de Crédit aux Femmes, l’Association des
crédits Intermédiaires, le Crédit aux femmes Commerçantes), le Crédit aux entrepreneurs
adapté aux besoins de financement des PME/PMI, le crédit des sociétés de cautionnement
mutuel (regroupement des membres par corps de métiers pour l’accès au crédit) et le crédit
Programme, qui concerne le financement de filières de production (riz, coton).
Les produits de prévoyance offrent une couverture aux membres emprunteurs et à leurs ayant
droits.
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Les produits de monétique permettent de faire des paiements, des retraits et des dépôts grâce à
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la carte porte-monnaie électronique dénommée « carte FERLO» utilisable uniquement aux
guichets automatiques de billets et les terminaux de paiements électroniques.
1.2.3.2. Les services
TH
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Le RCPB offre des services financiers et non financiers. Les services financiers comprennent
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En 2006, le RCPB comptait 454 550 membres, 103 caisses populaires, 48 points de services, 5
D
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comptait 1545 dirigeants (élus), 709 employés, dont 70% sont des femmes.
Au cours de cette même année, la province du Bam vient d’ouvrir sa première caisse (Cf.
carte ci-dessous).
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Desjardins, a été créé grâce à l’appui de certains partenaires, dont l’Agence Canadienne pour
ES
Le CFE- Alliance a démarré officiellement ses activités en avril 2004. Il est constitué par six
O
caisses (Cissin; Sig-noghin; Song-taaba; Dassasgho; Gounghin, Dapoya) qui se sont dotées
C
d’une direction commune de services aux entreprises. Le CFE sert donc de relais aux caisses
dans la distribution de l’ensemble des produits et services aux entrepreneurs. Il renforce
l’expertise des caisses en gestion du crédit productif.
Le minimum de crédit octroyé au CFE correspond au plafond accordé par les caisses soit trois
millions (3 000 000 de FCFA) et le maximum est fixé à trente millions (30 000 000) de FCFA.
Le CFE est un outil créé en complément de l’offre de service au PME/PMI au niveau du RCPB.
Il présente plusieurs avantages pour les PME. Il leur offre non seulement un financement mais
14
aussi une expertise. Il permet également de fidéliser ces derniers et d’entretenir une relation
d’affaires durable.
Le Centre Financier aux Entrepreneurs n’est pas une structure dotée d’une personnalité
morale. C’est plutôt un démembrement ou un service des caisses populaires, ayant pour
mission de répondre aux besoins financiers des PME/PMI affiliées au Réseau des Caisses
Populaires du Burkina. Aussi travaille-t-il avec une cible externe évoluant dans le commerce,
les services, les Bâtiments et travaux publics (BTP), la production et la transformation.
Le CFE a pour objectifs, d’offrir des services professionnels aux membres entrepreneurs à
E
U
travers une utilisation rationnelle des ressources, une expertise révélée et une rigueur dans la
EQ
gestion. Aussi, œuvre-t-il à fidéliser et entretenir une relation d’affaires durable avec les
membres entrepreneurs des caisses populaires de Ouagadougou. Il travaille à promouvoir le
TH
secteur privé et à lutter contre la pauvreté. Enfin, il contribue à la pérennité du RCPB.
O
Le CFE est structuré comme suit: un comité de coordination, un comité de crédit et un organe
LI
techniques.
IB
Le comité de crédit, chargé de prendre les décisions de crédit, est composé de quatre
ES
Le Centre Financier aux entrepreneurs offre à ses clients une gamme variée de produits et de
services.
1.3.2.1 Les produits
Au titre des produits, on note: les produits de crédit qui ont pour but d’offrir aux
entrepreneurs et aux commerçants des moyens financiers afin de stimuler le développement et
la croissance de leurs activités. Les produits de crédit sont offerts en fonction de la fidélité des
membres au CFE. Il a deux types de crédit, le crédit progressif et le crédit à terme fixe.
15
Le crédit progressif est destiné aux nouveaux membres et ceux ayant moins de trois années
d’expérience. Le montant de ce crédit varie de 3 000 000 à 30 000 000 de FCFA. Pour ce qui est
du premier crédit, le montant maximum est de 5 millions de FCFA, le deuxième est de 7,5
millions de FCFA, le troisième crédit de 10 millions de FCFA et enfin le dernier crédit est de
l’ordre de 30 millions de FCFA. Toutefois, si l’emprunteur a un fort potentiel, le montant de
crédit peut aller au-delà du plafond ci-dessus mentionné.
Le crédit à terme fixe est octroyé aux membres existants et ayant plus de trois années
d’expérience. Ce crédit sert au financement: du fonds de roulement, au préfinancement de
marché, à l’achat des marchandises (crédit d’inventaire), à l’acquisition
E
d’équipements/matériels roulants, à l’amélioration locative et aux bâtiments travaux publics
U
(BTP).
EQ
Au nombre des produits d’épargne, on en retient de trois sortes, qui sont proposés au CFE : la
TH
garantie financière, l’épargne entrepreneur et l’épargne profit à rémunération croissante.
La garantie financière: elle consiste à l’apport personnel obligatoire nécessaire pour tout
O
octroi de crédit. Cet argent est non rémunéré. L’apport exigé correspond à 25% du montant du
LI
crédit sollicité. La caisse assume donc un risque à concurrence de 75% du montant du crédit
IB
sollicité.
-B
à un taux de 2%.
ES
L’épargne profit à rémunération croissante: pour cette épargne, il faut un montant minimum
de 500 000 FCFA et une durée minimale de placement de trois mois. Le taux d’intérêt varie de
D
O
En perspective, le RCPB entend mettre en place trois autres CFE, étendre le financement au
secteur agricole et mettre en place une cellule de coordination des CFE au niveau de la
Fédération des Caisses Populaires du Burkina (FCPB).
16
Au terme du chapitre sur le contexte de l’étude, il ressort que le Burkina-Faso est un pays
enclavé de l’Afrique, jouissant d’une certaine stabilité politique. Son économie est basée sur
trois secteurs dont le secteur primaire, le secteur secondaire et le tertiaire. L’environnement
financier de ce pays est dominé par l’existence de plusieurs banques commerciales et des
structures évoluant dans les assurances.
Le secteur de la microfinance, est animé par des structures d’épargne et de crédit, des
expériences de crédit direct, des projets à volet crédit et enfin des Fonds nationaux. C’est
donc dans cet environnement qu’évolue le Réseau des caisses Populaires du Burkina (RCPB),
une des plus grande IMF de la place. Le RCPB, pour mieux desservir sa clientèle PME, a donc
mis en place le Centre Financier aux Entrepreneur.
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17
Le deuxième chapitre comporte deux parties. Un cadre théorique s’inscrivant surtout dans le
domaine de l’économie sociale. Un cadre méthodologique décrivant la démarche suivie pour
aboutir aux résultats de recherche.
E
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2.1.1 La problématique de recherche
EQ
L’avènement de la microfinance a été empreint de beaucoup d’engouement par rapport au
TH
financement des Petites et Moyennes Entreprises (PME). Pourtant, très peu d’Institutions de
Micro Finance (IMF) s’aventurent dans le financement de cette cible. Les institutions ont
O
plutôt tendance à octroyer des crédits pour les Activités Génératrices de Revenus et les micros
LI
et petites entreprises. Au Sénégal en 2005, seule l’Alliance pour le Crédit et l’Epargne pour la
IB
Production (ACEP) s’était lancée dans le financement des PME. A l’instar de l’ACEP au
-B
Sénégal, le Réseau des Caisses Populaires du Burkina (RCPB) octroie également des crédits
destinés spécifiquement aux PME.
IA
Burkina-Faso. Depuis sa création en 1972, le réseau ne cesse de croître. Il est passé de 200 000
ES
Le RCPB a à son actif, plusieurs produits (épargne, crédit, monétique etc.) et le financement
C
de plusieurs PME. Avec la demande de plus en plus croissante des PME en crédit, le réseau
s’est vu confronté à plusieurs difficultés.
Bien qu’ayant une expérience non négligeable dans l’intermédiation financière, le réseau a été
confronté à des difficultés dans l’octroi de crédit productif. Les pratiques habituelles n’étaient
plus adaptées à ce type de produit et à cette clientèle.
En outre, le personnel employé dans les caisses populaires n’avait pas les compétences
requises pour procéder à une analyse adéquate des dossiers de crédit productif.
18
En plus de cela, avec la diversité des produits offerts et l’affluence de la clientèle, le personnel
utilisé a vite été débordé par le nombre de dossiers à traiter. Une partie de la clientèle dont le
besoin a grandi a commencé à s’orienter vers les banques classiques.
Ces différents constats ont conduit le réseau à commanditer une étude de faisabilité en 2000
pour voir l’état de la demande au niveau des PME. Les résultats de cette étude ont ressorti
l’existence d’un besoin de financement moyen de 7,5 milliards de FCFA. La réponse aux
besoins identifiés, a été la création en avril 2004, du Centre Financier aux Entrepreneurs (CFE)
par le Réseau des Caisses Populaires du Burkina (RCPB).
La particularité du CFE réside dans le fait qu’il fonctionne comme un guichet spécialisé
E
n’ayant pas de personnalité juridique. Il agit au nom des caisses et du RCPB dans ses activités
U
d’intermédiation financière. Le CFE a comme objectif: de contribuer au développement du
EQ
secteur privé et de l’emploi par une offre continue de services financiers adaptés aux besoins
TH
des PME.
L’ouverture du Centre a engendré une évolution de la demande d’offre de services par les
O
PME, tant en nombre de dossiers instruits qu’en terme de volume de crédit octroyé. En 2004,
LI
le CFE a approuvé quatre vingt (80) crédits pour un montant total 785.250.000 FCFA. De 2004 à
IB
soit 790 et du volume de financement établi à 12 307 350 000 FCFA. L’encours de crédit était
estimé à 8 607 972 193 FCFA.
IA
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Cependant, l’évolution qualitative de l’offre de services aux PME, est aussi entachée par des
ES
insuffisances observées dans les dossiers soumis pour financement. En la matière, les PME ont
une faible capacité technique. En effet, le profil des promoteurs et la qualité des dossiers
D
Par ailleurs, les contraintes internes au CFE, font qu’il n’arrive pas à satisfaire toutes les PME
sollicitant un prêt. Cette incapacité s’explique par la nature des ressources disponibles au
niveau du CFE. En effet, essentiellement alimenté avec des ressources à court terme, le CFE
ne peut octroyer que des financements à court et à moyen terme. Or, les entreprises référées
par les caisses populaires au CFE sont généralement en pleine phase de croissance et ont donc
besoin de ressources longues pour l’investissement et l’expansion de leurs activités.
En outre, les modalités de financement, les procédures d’analyse des dossiers de crédit du
CFE, ne sont pas non plus, de nature à faciliter l’accès d’un plus grand nombre de PME au
19
financement. Ces modalités sont jugées restrictives par les PME. Elles constituent un facteur
limitant leur accès au crédit.
Pourtant, le CFE a diversifié son offre de services aux PME, à travers le développement de
mécanismes de financement capables de répondre à des besoins spécifiques tels que le
cautionnement, le crédit consortium etc. Ces initiatives restent louables mais elles introduisent
des conditionnalités peu accessibles à beaucoup d’entreprises.
• Quelles sont les contraintes techniques que rencontrent les PME du Burkina-Faso pour
E
accéder aux ressources financières du CFE?
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• Pourquoi le CFE qui est une structure spécialisée dans le financement des PME n’arrive-t-il
EQ
pas à desservir convenablement sa cible?
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• Quels sont les mécanismes utilisés? Et quels peuvent être ceux à développer pour un
meilleur accès des PME au financement du CFE?
O
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Pour répondre à ces différentes préoccupations, des objectifs de recherche ont été émis.
IB
L’Objectif général
IA
D’un point de vue général, l’étude vise à comprendre les contraintes liées au financement des
PME par les institutions de microfinance en général et le CFE en particulier.
R
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comme suit:
O
- Analyser les contraintes techniques que rencontrent les PME pour accéder au
C
En harmonie avec les objectifs spécifiques précédemment fixés, quatre hypothèses ont été
formulées. Ce sont :
20
H1: La qualité technique des dossiers de demande de financement des PME influence leurs
accès au financement du CFE.
H2: Les difficultés d’accès au financement du CFE par les PME s’expliquent par la structure
des ressources essentiellement à court terme de cette institution.
H3: Les modalités de financement du CFE constituent un frein au financement des PME.
H4: les mécanismes de financement mis en place au CFE ne facilitent pas l’accès d’un grand
nombre de PME au financement.
L’exploration de ces hypothèses va requérir que soient uniquement considérées les variables
indépendantes (cf. modèle d’analyse P.40) car les variables dépendantes sont toutes élaborées
autour du concept central ‘‘problématique de financement’’.
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La clarification des concepts fait l’objet du point 2.1.4.
EQ
2.1.4 La clarification des concepts
TH
«La conceptualisation (…) constitue une construction abstraite qui vise à rendre compte du
réel. A cet effet, elle ne retient pas tous les aspects de la réalité concernée mais seulement ce
O
qui en exprime l’essentiel du point de vue du chercheur». (QUIVY et CAMPENOUDT, 1995). La
LI
IB
compréhension du thème nécessite donc la clarification de certains concepts clés tels que : la
microfinance, l’entreprise, la PME, le financement et la garantie.
-B
2.1.4.1 La microfinance
IA
Le concept de ‘‘microfinance’’ a fait l’objet d’une littérature abondante depuis 2005, année
R
déterminant dans la lutte contre la pauvreté (ATTALI, 2008)4. Il a fait l’objet de diverses
D
approches.
O
financiers aux clients exclus par les banques ou ne présentant pas suffisamment de garanties
pour accéder aux services bancaires»; cette définition d’ATTALI (2008) met en exergue
l’exclusion des populations démunies du système financier par le manque de garantie.
Depuis, la notion de microfinance a évolué, amenant les Nations Unies (2006), à travers ‘‘le
livre bleu’’, à introduire le concept de ‘‘systèmes financiers inclusifs’’.
4 Jacques. ATTALI, Président de Planet finance sur Afrikeco signifiait cette importance en ces termes: «Au côté des trois
piliers du développement que sont la démocratie, l’éducation et les infrastructures, la microfinance est de plus en plus
considérée comme un instrument clé pour la mise en place de stratégies efficaces de lutte durables contre la pauvreté».
21
Aussi, KOFFI Annan (2003), dira que: «La dure réalité reste que la plupart des populations les
plus pauvres n’ont pas encore accès à des services financiers pérennes et viables, qu’il
s’agisse d’épargne, de crédit ou d’assurance. L’enjeu essentiel sera donc pour nous
d’éliminer les contraintes qui excluent les plus démunis d’une pleine participation au secteur
financier … Ensemble, nous pouvons et nous devons mettre en place des secteurs financiers
inclusifs qui aident les gens à améliorer leurs conditions de vie». Ces propos de KOFFI
Annan, laissent entrevoir clairement l’exclusion dont font l’objet les pauvres dans le système
financier. Il interpelle toutefois à une pleine participation des plus pauvres à travers la mise en
place de systèmes financiers inclusifs. L’inclusion des pauvres doit être effectuée dans une
approche globale, à travers la mise en place d’IMF pérennes, l’appui à l’infrastructure
E
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d’ensemble du système financier, mais aussi à travers la création d’un cadre politique et
EQ
réglementaire favorable.
CAMARA (2006) abonde également dans cette optique inclusive. Mais sa définition de la
TH
microfinance reste toutefois nuancée. Pour celui-ci, même si la microfinance, à l’origine, était
O
adressée à tous les pauvres, elle doit évoluer dans son acception et ne prendre en compte que
LI
les pauvres actifs, les personnes qui ont la volonté d’entreprendre, de mener des activités
IB
économiques. Aussi, la définit-il comme «L’ensemble des services financiers délivrés dans un
-B
cadre formel et destinés aux populations à faibles revenus, n’ayant pas accès au système
bancaire classique, mais exerçant une activité économique ou ayant un projet économique».
IA
De notre entendement, cette définition semble restrictive, dans la mesure où elle ne prend pas
R
en compte le cadre informel de financement des activités. Or, dans la plupart des pays (en
ES
Afrique, en Asie, etc.) où subsistaient des pratiques ‘‘microfinancières’’, elles prenaient leurs
fondements dans les tontines, la finance informelle (LELART cité par SOULAMA, 2002).
D
O
SOULAMA (2002) par contre appréhende le concept de microfinance sous quatre angles: la
C
définition de type quantitatif, qui fait référence à la faiblesse des transactions, la définition de
type institutionnel, qui plutôt fait mention d’un système capable dans un environnement de
pauvreté et d’incertitude, de traiter l’information financière et de réduire les risques liés à
cette cible. En outre, l’auteur fait cas d’une définition stricto sensu, qui consiste non
seulement au financement des activités des petits emprunteurs mais aussi en l’élargissement
de leur champ d’activité à travers la prise en compte de besoins non financiers (formations en
gestion, hygiène, etc.). Enfin, la définition normative de la microfinance prend racine dans
l’échec du marché car tous les segments de la société n’étant pas desservis en service
22
financier (dualisme financier). La microfinance est alors apparue comme une forme de
régulation du secteur financier.
En somme, en nous référant aux différentes approches développées par SOULAMA (2002), nous
pouvons avancer qu’ATTALI (2008) tout comme CAMARA (2006) s’insèrent dans une vision
normative de la microfinance. Quant à KOFFI Annan, il estime que la microfinance doit être
un outil de promotion des exclus. Elle doit donc, être appréhendée dans une vision inclusive
tout en prenant en compte tous les acteurs (bénéficiaires, IMF et pouvoirs publics) à différents
niveaux que ce soit.
E
financements à court, moyen et long terme à des entreprises semi-formelles évoluant en
U
marge du secteur bancaire classique pour mener des activités productives’’.
EQ
2.1.4.2 L’entreprise
TH
L’entreprise est définie, selon le manuel du Centre de Formation de la Profession Bancaire
O
(CFPB : 1982) comme «une entité économique indépendante qui utilise des moyens de
LI
production afin de produire des biens ou des services destinés à être proposés sur un
IB
marché». L’entreprise, dans la présente recherche, est perçue comme une entité économique
-B
qui assure la combinaison des ressources humaines, matérielles et financières pour produire
des biens et services destinés à être proposés sur le marché et distribuant des revenus en
IA
2.1.4.3 La PME
ES
environnement utilise les critères qui lui sont propres. Cependant, dans les tentatives de
O
5 Cité par Pr Belkassem AMAMOU dans «MODULE 1 : Aspects théoriques de la gestion et de la micro-entreprise»
L’Union Européenne fait une classification en trois catégories des PME suivant les
définitions entrées en vigueur le 1er janvier 2005. La micro- entreprise est une entité ayant
moins de 10 employés et dont le chiffre d'affaires annuel n'excède pas 2 millions d'euros. Les
petites-entreprises avec moins de 50 employés et dont le plan d'affaires annuel n'excède pas
10 millions d'euros; enfin les moyennes-entreprises avec moins de 250 personnes et dont le
chiffre d'affaires annuel n'excède pas 50 millions d'euros. Cette approche de catégorisation des
PME, est à situer dans son contexte; elle est propre aux pays occidentaux. Dans les pays en
développement, les PME sont vues différemment.
Pour DJIBO (2007), les PME peuvent être subdivisées en deux groupes: les petites entreprises et
E
les moyennes entreprises. Les Petites entreprises auraient un nombre d’employés compris
U
entre 1 à 20, avec une comptabilité simplifiée (SYSCOA). Les moyennes entreprises, avec un
EQ
nombre d’employés inférieur à 250 utiliseraient une comptabilité certifiée par un membre
inscrit à l’ordre national des experts comptables et comptables agrées (ONECCA). Cette
approche semble plus se rapprocher des PME africaines
TH
O
BOYE et al. (2007), par contre, entrevoient dans les pays en voie de développement (PVD), trois
LI
activités individuelles ou AGR, les très petites entreprises (micro et petites entreprises)
-B
constituées d’une dizaine d’employés et, enfin, les moyennes entreprises, dont le nombre
d’employés est de plusieurs dizaines.
IA
• qu’elles relèvent du régime du bénéfice du réel normal d’imposition [article 16, loi n°062-
2003/AN du 19/12/2003-Art.12],
D
• qu’elles relèvent du régime du bénéfice réel simplifié d’imposition [article 23, loi n°062-
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2003/AN du 19/12/2003-Art.16],
C
• qu’elles relèvent du régime de la contribution du secteur informel [article 24, loi 18-96
ADP du 09/07/96-Art.1er].
En d’autres termes, le régime du bénéfice du réel normal d’imposition est celui des grandes
entreprises; le régime du bénéfice réel simplifié d’imposition est celui des PME; et la
contribution du secteur informel est réservée au secteur informel.
6
Source : Rapport d’évaluation, sur la mise en œuvre de la politique d’amélioration de l’environnement des
affaires au Burkina-Faso : volet investissement.
24
Notre approche de la PME n’aura pas pour base le régime fiscal. La petite entreprise serait une
entreprise individuelle avec un nombre d’employés compris entre 1 et 9 employés, avec un
chiffre d’affaires de cinq à dix millions (10 000 000) de FCFA. La moyenne entreprise serait
une entreprise constituée sous forme de société, avec un nombre d’employés compris entre 10
à 50 employés et un chiffre d’affaires de plus de dix millions (10 000 000) de FCFA.
2.1.4.4 Le financement
Selon HABYARIMANA (2008), le financement consiste à: «l’action de lever des fonds, encore
appelés capital, autrement dit, à réunir l’argent qui est nécessaire pour réaliser un projet,
une affaire, une activité» Elle se rapproche de notre entendement du financement, en cela
E
qu’apparaît la notion de projet, d’activité.
U
Dans le cadre de notre étude, le financement sera perçu comme ‘‘l’ensemble des crédits
EQ
financiers et non financiers permettant aux entreprises d’augmenter leur capital ou d’accéder
TH
à des marchés’’.
«Tout travail de recherche s’inscrit dans un continuum et peut être situé dans ou par rapport
IB
à des courants de pensées qui le précèdent et l’influencent. Il est donc normal qu’un
-B
L’instauration d’un nouvel ordre économique depuis les années 1990 à travers les concepts de
ES
concurrence et de compétitivité, l’Afrique, tant bien que mal, tend à s’insérer dans ce
O
Par ailleurs, l’apport des PME dans le développement économique a été souligné par plusieurs
auteurs (BECK et al: 2002). Les PME ont beaucoup contribué dans les années 80, lors des crises
économiques et des politiques d’ajustement structurel à amortir le choc social de la crise et de
l’ajustement. Ces différentes contributions justifient leur prise en compte dans les stratégies
nationales et internationales de lutte contre la pauvreté.
Dans les pays du sud, les PME participent de façon essentielle à la croissance et à l’emploi. En
France, aux Etats-Unis, dans la plupart des pays membres de l’OCDE, les PME représentent en
nombre plus de 90% des entreprises et l’essentiel des politiques incitatives sont orientées vers
cette cible. En 2008, en France (CHERTOK et al, 2008), les PME représentaient 66% de l’emploi
E
marchand dont 11 millions sur 16 millions de personnes occupées dans les secteurs de
U
l’industrie, du commerce et des services et 56% de la valeur ajoutée marchande. Aussi, les
EQ
PME constituent-elles un enjeu important pour l’emploi et la valeur ajoutée.
TH
Dans les pays du Nord, en ce qui concerne les économies africaines, il subsiste toujours la
difficulté (SAHA, 2007), à saisir avec précision le poids des PME dans l’économie. Néanmoins,
O
en Afrique du Sud, les micro-entreprises et les très petites entreprises représentaient plus de
LI
55% de l’emploi total et 22% du PIB en 2003. Les petites entreprises entraient pour 16% dans
IB
l’emploi et la production, alors que les moyennes et grandes entreprises comptaient pour 26%
-B
Au Maroc, les PME forment la majeure partie du tissu industriel, avec 93% de l’ensemble des
IA
l’emploi. Au Kenya en 2003, le secteur des PME contribuait pour 18% du PIB.
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Au Nigeria, les PME représentent environ 95% de l’activité manufacturière organisée et 70%
D
de l’emploi industriel. Au Sénégal, en 2002 les PME (1500 PME) ont réalisé un chiffre
O
d'affaires estimé à 1.755 milliards de FCFA et distribué une masse salariale de 126 milliards de
C
FCFA, tout en créant une valeur ajoutée évaluée à 345 milliards de FCFA7.
7Tiré de «Conférence des Nations –Unis sur l’inclusion financière en Afrique», PANAPRESS.
26
SAHA (2007) dégage ainsi trois avantages que représentent ces structures pour l’économie
E
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Pour SAHA (2007), il serait alors plus indiqué de pousser ces PME à la formalisation, car il reste
EQ
beaucoup à faire quant à la formalisation de la plupart d’entre elles. Au Congo Brazzaville,
sur 2 100 entreprises immatriculées dans le secteur formel, on dénombre 10 000 structures
TH
informelles. Au Cameroun en 1992, l’informel à lui seul offrait 80% des emplois.
O
En somme, même si les PME contribuent pour beaucoup dans le développement des
LI
il faut reconnaître toutefois, que beaucoup d’efforts sont à faire par les Etats dans l’appui à
-B
l’accès de cette cible aux ressources financières. Des auteurs sont même allés à affirmer que
les PME sont mal desservies par les institutions financières (BARRO, 2004).
IA
Il convient alors de cerner l’environnement financier dans lequel évoluent ces PME afin de
R
mieux comprendre les rapports que ces PME entretiennent avec les institutions financières et
ES
Les banques constituent l’organisme financier dont l’une des activités majeures est d’octroyer
des financements à des entreprises dans le besoin et remplissant les conditionnalités requises.
En 1975, le secteur bancaire, dans les pays ouest africains membres de la zone franc, a connu
des réformes concernant: la suppression de la distinction entre les banques commerciales et
les banques de développement et l’introduction de normes prudentielles plus strictes (suivant
la nature des activités financées). Cinq ans plus tard, les pays membres de la BCEAO ont
connu une grave crise économique, qui a eu d’énormes répercussions tant sur les banques que
sur les PME.
27
En Afrique subsaharienne, la Côte d’Ivoire et le Sénégal furent les pays ayant le plus subi
cette crise avec, respectivement, la faillite de 9 et 7 banques (POWO FOSSO, 2000). A l’instar
de ces deux pays, le Bénin a observé la faillite de 4 banques et le Burkina-Faso 2 banques. La
faillite de ces banques de développement a laissé un vide dans le financement des PME. Ce
vide s’est renforcé en 1995 avec la mise en application des nouvelles exigences de la Banque
Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), qui décréta que 60% des prêts des
banques doivent nécessairement être approuvés. Ces réformes ont donc amené les banques à
être plus critiques par rapport aux prêts octroyés aux PME, créant ainsi un recul dans le
financement de cette cible. En 1998, au Sénégal, on notait une proportion de rejet de demande
de financement des PME très élevée, se situant entre 75% et 100% (DJIBO, 2007) .
E
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Par ailleurs, il faut aussi souligner que les entreprises, ont été mises en difficulté par le
EQ
blocage de leurs dépôts dans les banques défaillantes et ont eu un accès très limité aux
ressources bancaires à moyen et long termes pour financer leurs investissements. Ce qui a
entraîné la faillite de plusieurs d’entre elles.
TH
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Près de 80% des PME africaines évoluent dans le secteur informel. La plupart ne sont pas
LI
arrivées à remplir les formalités administratives pour leur reconnaissance sur un plan
IB
juridique. Situation conduisant TSAPI (2007) à affirmer qu’elles sont issues souvent de
-B
réflexion «me too»8. En effet, créées sans études préalables, les PME rencontrent toutes les
difficultés pour avoir accès au crédit bancaire.
IA
Toutefois, pour celles jouissant d’une certaine reconnaissance juridique, il se pose des
R
problèmes liés à la qualité du dirigeant, à l’incapacité des entreprises à tenir et à fournir des
ES
documents comptables fiables aussi et surtout, à présenter les garanties exigées par les
D
banques. Face à ces insuffisances, les banques ont un comportement très prudent à l’égard des
O
PME. Elles rationalisent de ce fait leur offre de service en n’octroyant le crédit qu’aux clients
C
En effet, en Afrique, les banques ne financent que les grandes entreprises et surtout celles
évoluant dans «l’import-export» et dont les capitaux sont détenus par des étrangers (WONOU,
2008).
OMENGUELE et EZE EZE (2007), avancent que les banques rencontrent des difficultés dans le
financement des PME en création. En effet, le droit de regard des banques sur la gestion de ces
entreprises est perçu par ces dernières comme une ingérence. Ensuite, l’entreprise en création
8 Entreprise «moi aussi» créée sans plan d’affaire ou juste par mimétisme et/ou sans une étude préalable du marché ou de la
concurrence.
28
constitue un risque trop élevé pour beaucoup de banques qui se refusent de s’engager dans de
tels financements. Enfin, les coûts de transactions des prêts aux petites entreprises deviennent
plus chers d’autant plus que les crédits sont modiques et que les taux d’intérêts rapportés à la
banque restent faibles comparativement aux gros prêts.
Pour certains auteurs, le financement des PME par les banques peut être effectif à condition
que ces dernières adoptent une approche différente de celle couramment utilisée dans les
institutions bancaires (WONOU, 2008). Aussi, BALKENOL et LECOINTRE. (1989) proposent-t-ils
aux banques voulant faire la promotion des PME, de procéder à un assouplissement de leurs
procédures internes, de créer ou de développer des structures intermédiaires (afin de réduire
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les coûts de transaction et les risques), enfin de promouvoir des politiques entrepreneuriales
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pour les PME africaines.
EQ
Toutefois, si les banques ont du mal à prendre en compte la spécificité des PME dans leur
TH
portefeuille de financement, peut-être les institutions de microfinance pourront-elles se
spécialiser dans le financement des petites et moyennes entreprises?
O
2.1.5.3 La microfinance et les PME
LI
IB
La défaillance du système bancaire a entrainé dans beaucoup d’Etats africains, une perte de
-B
classique de financement, une réponse aux besoins des populations les plus touchées par la
R
crise financière, dont les chômeurs, les femmes, les travailleurs déflatés, les jeunes (DJAOWE
ES
et BITA, 2007). Aussi, ces auteurs ont-ils montré dans leur analyse deux principales approches
de la microfinance dans l’appui aux populations pauvres : celle de type insertion sociale et
D
La microfinance de type insertion sociale est définie comme l’ensemble des dispositifs en
C
place devant permettre une réduction de la pauvreté. Tandis que celle de type entrepreneurial
reconnait la capacité des populations pauvres à développer de petites entreprises, à condition
qu’elles aient un petit capital de départ. Dans cette optique la microfinance, dans ses
nouveaux défis, devrait prendre en compte les PME qui constituent des cibles à desservir. Ces
entreprises ont un réel besoin d’investissement, qui n’est pas pris en compte par les IMF,
parce que ces dernières ne proposent que des prêts à court terme (BOYE et al, 2006). Cette
incapacité résulte de la structure financière des IMF qui est souvent constituée des dépôts à
vue des clients, susceptibles d’être retirés à tout moment. De même, les crédits octroyés sont
29
fonction de l’activité (financement des activités peu risquées), limitant l’accès d’un grand
nombre de PME aux services financiers.
Ces insuffisances observées dans l’offre de service des IMF conduisent certains auteurs à
remettre en cause la capacité de ces dernières à pouvoir prendre en charge les PME (WONOU,
2008; DJAOWE et BITA, 2007). Mais avec l’adoption de plus en plus de politiques de promotion
des PME, des mécanismes innovants de financement sont pensés et repensés pour le soutien à
ces organisations. Dans les sections suivantes, nous aborderons quelques mécanismes de
financement existants.
E
Face à l’incapacité des banques et dans une moindre mesure des IMF à appuyer
U
financièrement les petites et moyennes entreprises, on assiste au développement de nouveaux
EQ
mécanismes de financement tels que: les fonds de garantie, le capital-risque, le micro-leasing
TH
pour ne citer que ceux là.
• Le fonds de garantie
O
Parmi les difficultés rencontrées par les PME dans l’accès au crédit, la garantie est au centre.
LI
Dans l’étude conduite par HABYARIMANA (2008) sur le refinancement des institutions de
IB
microfinance au Rwanda, la garantie constituait un problème majeur pour 77% des entreprises
-B
coopératives. Alors, pour palier cette insuffisance, des mécanismes de financement adaptés
ont été pensés: les Fonds de garantie. Comme le nom l’indique, ces fonds sont destinés à
IA
assurer le crédit en cas de défaillance du prêteur. Selon l’ONUDI (1999), les Fonds de garantie
R
«visent à partager les risques avec les organismes de prêt afin que le prêteur soit dédommagé
ES
de tout ou une partie de la perte en cas de non-paiement du prêt». Logés souvent dans des
D
institutions financées par l’Etat ou par des partenaires au développement, ces Fonds servent à
O
couvrir le risque. Au Rwanda, ces fonds s’engageaient à hauteur de 50% du risque pour les
C
Par ailleurs, les Fonds de garantie peuvent être avantageux tant au niveau des PME, qu’au
niveau des structures gérant ces fonds. Les Fonds de garantie sont avantageux pour les PME
parce que la grande majorité d’entre elles, évoluant dans l’informelles, sont sous-capitalisées
et par conséquent, incapables d’accéder au crédit bancaire. Ces Fonds serviront à garantir au
niveau des banques des risques liés au financement. L’avantage pour les banques ou les IMF
E
gérant ces fonds, c’est qu’ils peuvent être investis sous une forme relativement liquide et
U
générer des recettes. Cependant, pour que ce double avantage soit effectif, il faudrait que
EQ
chacune des deux parties (prêteurs et emprunteurs) fasse preuve de volonté et d’engagement
tant dans le recouvrement que dans le remboursement.
TH
Les Fonds de garantie ont fait néanmoins, l’objet de critiques car comportant «un risque
O
moral». Le prêteur, tout comme l’emprunteur, peut faire preuve de peu de motivation tant
LI
dans le recouvrement que dans le remboursement, parce que conscients que la perte sera en
IB
grande partie remboursée par le garant. Pour minimiser l’aléa moral, des alternatives ont été
-B
trouvées. L’emprunteur devrait également participer à la prise de risque en offrant toutes les
garanties possibles en sa possession, même lorsque celles-ci s’avèrent insignifiantes.
IA
L’organisme de prêt doit aussi, à son tour, assumer une proportion du risque couru.
R
n’annihilent cependant pas son utilité. D’aucuns, pour faire face à ces différentes dérives,
D
cautionnement mutuel, de caution solidaire par filière (CAMILLERI, 2005). Cette approche peut
C
constituer une garantie efficace pour les institutions de microfinance. Pour notre part, il
conviendrait de prendre en compte ces propositions de financement, de les repenser en tenant
compte du contexte de développement des IMF, que ce soit en terme de méthodologie que de
capacité à organiser sa cible ou ses bénéficiaires.
• Le capital-risque
Le capital-risque constitue un autre mode de financement des PME. Il consiste en «des prises
de participation au capital des entreprises réalisées par des étrangers qui ne sont pas les
principaux propriétaires. Les investisseurs en capital-risque partagent les risques de succès
ou d’échec de l’entreprise» (ONUDI, 1999). On note toutefois, que les prises de participations
31
sont accompagnées d'une collaboration plus ou moins active entre l'investisseur et l'équipe
dirigeante sur la base de protections conventionnelles (contrats). Le capital-risque permet aux
entreprises en démarrage ou à fort potentiel de croissance de bénéficier d’apport en fonds
propres, d’une assistance en management, de possibilités d'accès à de nouveaux marchés et à
de nouvelles technologies (FADO et BABA, 2009).
Le capital-risque est, avant tout, un contrat d’investissement mettant en relation souvent trois
acteurs: les créateurs d’entreprise en quête de fonds pour développer leurs activités (donc les
bénéficiaires); les investisseurs (compagnies d’assurance, organismes de développement,
banques d’affaires, grandes compagnies ou sociétés etc. donc les apporteurs de capitaux.)
détenant les ressources à long terme et voulant les faire fructifier et, enfin, la société de
E
U
capital-risque qui est un intermédiaire entre apporteurs de capitaux et bénéficiaires. La société
EQ
de capital-risque fonctionne comme un prestataire de service d'investissement à travers le
financement des projets de PME en quête de fonds propres.
TH
Ce mécanisme de financement présente des avantages à plusieurs niveaux: il permet aux
O
apporteurs de capitaux d’investir en des entreprises promises à un bel avenir et de bénéficier
LI
de la plus-value que l’entreprise va générer. Les fonds prêtés par les sociétés de capital-risque,
IB
rapportent des recettes grâce aux intérêts perçus sur les remboursements et contribuent du
-B
même coup à réduire le risque inhérent à la prise de participation. Aux entreprises, le capital-
risque permet de palier aux problèmes de financement surtout lorsque la structure est en phase
IA
dettes. Enfin, il permet aux sociétés de capital-risque de bénéficier d’un pourcentage dans
ES
cette intermédiation.
D
Cependant, le capital-risque présente des risques aussi pour les investisseurs que pour les
O
9 Société de capital-risque mise en place par la Commonwealth Development Corporation (CDC) du Royaume-Uni14
millions de dollars US, La Société financière internationale (SFI) a fourni 20 % du capital-actions et une autre partenaire
apportant une assistance technique.
32
La difficulté pour les entrepreneurs réside dans le niveau de prise de participation. En effet,
étant les fondateurs de l’entreprise, ces derniers n’entendent pas donner une grande part des
actions aux apporteurs de capitaux. Or, les investisseurs compte tenu de la taille des capitaux
investis, veulent avoir le maximum de parts, de voix dans le conseil d’administration pour
pouvoir influer les orientations politiques de l’entreprise. De plus, ils veulent être informés de
l’ensemble des autres activités commerciales menées par l’entreprise avec les partenaires.
Pour bénéficier du capital risque, les entreprises doivent souvent concéder une proportion de
part allant de 20 à 40% et plus dans certain cas. Concéder plus de 20% des parts de l’entreprise,
bon nombre d’entreprises n’arrivent pas à se faire à cette idée. Soucieux de garder le contrôle
sur ce qui est ‘‘leur affaire’’, les entrepreneurs sont donc réservés quant à ce mode de
E
U
financement. Face à ces contraintes, la Banque Africaine de Développement (BAD) a initié
EQ
des rencontres (en 1992 et 1994) en vue d’aplanir ces difficultés et promouvoir ce mode de
financement en Afrique.
TH
Pour l’historique, à l’heure actuelle, la pratique des capitaux à risque se répand timidement,
O
mais sûrement en Afrique. Elle a été introduite dans les années 80 en Afrique de l’est (au
LI
Kenya, avec la Kenya Private Enterprise appuyée par l’USAID). En 1991, dans les pays de
IB
l’Afrique australe (au Zimbabwe avec la Venture Capital Company of Zimbabwe), en Afrique
-B
En dépit des difficultés que peut comporter ce type de financement, son apport dans la
R
promotion des PME peut être non négligeable à condition que des dispositions fiscales
ES
• Le micro-leasing ou crédit-bail
C
E
U
bien constituant en lui-même une garantie. En outre, le coût du leasing peut être négocié en
EQ
fonction du mode de paiement (réduction du prix en cas de paiement au cash). Enfin, un autre
avantage réside dans le fait que l’entreprise utilise l’équipement ou le bien sans apport de
TH
fonds propres ni endettement apparent supplémentaire au bilan. O
Mais, il n’y a pas que les entrepreneurs qui bénéficient de cette pratique de financement, les
LI
institutions en bénéficient également. Le leasing permet surtout, dans le domaine de la
IB
autres crédits ordinaires, le micro-leasing est sûr pour plusieurs raisons: destination du crédit
assez claire, impossibilité de détournement comparativement au crédit ordinaire. L’institution
IA
est propriétaire légal du bien jusqu’à ce que le client finisse de payer ses traites et, en cas de
R
Bien que passant pour un mode de financement adapté aux besoins de financement à moyen
D
terme pour des biens d’équipement des PME, le micro-leasing a aussi ses inconvénients. Il ne
O
permet pas au bailleur de transférer les actifs vers un tiers surtout dans la mesure où les biens
C
ont perdu de leur valeur par l’amortissement. Pour les entrepreneurs, l’inconvénient peut
résider dans le paiement de montants exorbitants pour la location, étant donné qu’il couvre
l’amortissement, l’entretien, l’assurance et, éventuellement, une allocation au titre du
financement.
10Le micro-leasing est pratiqué au Mali avec un volume de portefeuille assez élevé et contribue à 5% de financement des
entreprises en démarrage.
34
Le micro-leasing devrait être encouragé comme moyen de financement pour les PME
africaines en manque de fonds propres et ayant des difficultés à obtenir des prêts pour
développer leurs activités. Aussi, dans le souci de parer les dérapages des financeurs, s’avère-
t-il nécessaire que des dispositions réglementaires soient prises en vue de protéger les
bénéficiaires du leasing contre des avances élevées ou des frais de location exorbitants.
En somme, ces différents mécanismes de financement (même s’ils sont peu pratiqués en
E
Afrique) peuvent constituer des alternatives aux problèmes de financement des PME. Les
U
Fonds de garantie alimentés, soit par l’Etat, soit par des partenaires au développement,
EQ
pourront aider à rendre plus solvable la demande de financement des petites et moyennes
TH
entreprises. Beaucoup d’acteurs sont conscients quant à la nécessité de trouver des
mécanismes de financement innovants. C’est pourquoi, certains acteurs de la microfinance
O
proposent pour l’appui aux PME, «la création de produits financiers appropriés comme le
LI
Pour mieux aborder notre thématique, nous avons adopté une démarche méthodologique
-B
consistant en une utilisation de techniques et d’outils dont la synthèse est présentée dans la
section ci-après.
IA
R
11 Ibrahima Diouf, Directeur des PME au Sénégal à la ‘‘Conférence des Nations unies sur l'inclusion financière en Afrique’’,
E
U
une soixantaine d’ethnies. Cependant les moosé sont les plus nombreux.
EQ
Le choix de la ville de Ouagadougou s’est fait pour trois raisons: d’abord à cause de la forte
implantation des PME sur cette aire géographique (58% des PME sont à Ouagadougou12) ;
TH
ensuite, parce que la section unique du Réseau des Caisses Populaires du Burkina (RCPB) qui
O
s’occupe des PME, c'est-à-dire le Centre Financier aux Entrepreneurs (CFE) est située à
LI
financiers.
La population est constituée de quatre cibles: les PME, les IMF, la cellule de supervision et la
R
Maison de l’Entreprise.
ES
Le RCPB octroie différents types de financement dont les crédits pour les micros et petites
D
entreprises. Pour être certaine d’atteindre les PME recherchées, nous nous sommes donc
O
orientée vers les promoteurs du CFE dont l’effectif total était de 790 entreprises.
C
Le choix de plusieurs catégories d’IMF s’est avéré nécessaire, pour situer la problématique de
financement des PME dans un cadre plus large. Une association de crédit direct, deux
coopératives et un Fonds national ont constitué la cible de l’étude.
L’enquête auprès de la cellule de supervision nous a permis de faire l’état des lieux des
dispositifs d’appui aux PME et aussi des difficultés rencontrées par le secteur et notamment
avec les IMF.
Une structure d’accompagnement des PME, la Maison de l’Entreprise, a été identifiée dans
l’optique de voir quelle peut être la synergie possible entre les deux entités (le CFE et la
Maison de l’Entreprise).
2.2.4 L’échantillonnage
Pour constituer notre échantillon nous avons eu recours à deux techniques. Le choix raisonné
et le choix au hasard ou aléatoire.
Le choix aléatoire a été utilisé pour les PME. Les PME ont été sélectionnées au hasard suivant
une liste fournie par chaque conseiller. Les PME concernées devaient être membres d’une des
six caisses participantes au financement du CFE et avoir déjà bénéficié d’au moins un crédit
E
au CFE.
U
EQ
Le choix raisonné a été utilisé pour le CFE, les IMF, la Maison de l’Entreprise et la cellule de
supervision.
TH
Les IMF ont été choisies de façon raisonnée en tenant en compte de la forme juridique et de
O
l’ancienneté dans l’activité d’intermédiation financière. En plus du CFE, il s’est avéré
LI
pertinent d’adjoindre d’autres IMF afin de pouvoir situer la problématique de financement des
IB
Le choix de la cellule de supervision nous a permis de faire l’état des lieux sur le secteur, les
difficultés et les dispositifs institutionnels d’appui aux PME.
IA
La Maison de l’Entreprise, comme structure d’appui aux PME a été identifiée, elle offre
R
plusieurs services aux entreprise (centres de gestion agrée, centres de guichet, unique, centres
ES
Au total, 118 personnes ont été enquêtées au cours de cette recherche dont:
O
E
2.2.5 Les techniques et outils de collecte des données
U
Les données ont été collectées à travers différentes techniques dont la recherche
EQ
documentaire, l’enquête par questionnaire, l’entretien.
2.2.5.1 La recherche documentaire
TH
La lecture d’ouvrages, de mémoires et de rapports nous a permis de faire le point sur les
O
études antérieures en lien avec notre thématique et par conséquent, de mieux cadrer notre
LI
champ de recherche. Des fiches de lecture ont donc été utilisées à cet effet (voir annexe N°1).
IB
2.2.5.2 L’entretien
-B
A ce niveau des guides d’entretien ont servi de support aux entretiens individuels et
approfondis (EIA) effectués avec les enquêtés. Ces guides sont constitués de questions
IA
Les guides ont été administrés à deux cibles différentes: les responsables de la Maison de
ES
porté sur : les rôles et attributions de la cellule, la description des IMF exerçant au Burkina-
Faso, la contribution des IMF dans la lutte contre la pauvreté et les difficultés rencontrées par
ces dernières. En outre, le guide a pris en compte, les inquiétudes relatives au respect de la
réglementation en vigueur sur le secteur et enfin, les stratégies de promotion des IMF qui
viennent en appui aux PME.
Le guide soumis aux responsables de la cellule de supervision du secteur de la microfinance a
porté sur :
38
2.2.5.3 L’enquête
Les données de l’enquête ont été recueillies grâce à des questionnaires adressés aux
responsables d’institutions de microfinance, et aux promoteurs de PME. Le questionnaire
adressé aux chefs d’entreprises a fait l’objet d’une traduction préalable en langue nationale
(mooré) avant d’être administré à l’ensemble des PME constituant notre échantillon. Cette
option s’est imposée dans l’enquête car beaucoup de promoteurs s’exprimaient difficilement
en langue française. Il fallait harmoniser la compréhension des enquêteurs par rapport au
contenu du questionnaire. L’information a donc été collectée en utilisant la langue nationale.
Les questionnaires ont été distribués aux enquêteurs. Chaque enquêteur avait un lot de 28
questionnaires à administrer à 28 promoteurs du CFE. Le questionnaire adressé aux PME
E
U
prenait en compte cinq variables (identification de la PME, profil du promoteur, production
EQ
des informations financières, relation des PME avec les institutions financières et niveau de
satisfaction des clients). Tandis que le questionnaire destiné aux IMF en comportait quatre
TH
(Identification de l’IMF, financement des PME, difficultés rencontrées dans le financement
O
des PME et mécanismes de financement). Les annexes N°2 et 3 renseignent sur les
LI
questionnaires selon les cibles ci-dessus mentionnées.
IB
Les données qualitatives ont fait l’objet d’un traitement manuel car dépouillées, regroupées
par thématiques et analysées ensuite.
IA
Les données quantitatives ont quant à elles été traitées avec les logiciels informatiques SPSS
R
11.5 et le tableur Excel pour rendre fiable la gamme des résultats issus de la statistique
ES
descriptive. La présentation des résultats a été effectuée suivant les objectifs définis dans la
D
présente étude.
O
Le seuil décisionnel dans la présente étude a été fixé à 30%. Si moins de 30% de l’échantillon
C
enquêté ne remplissent pas les conditions de vérification des différentes hypothèses émises
alors on peut avancer que l’hypothèse n’est pas vérifiée.
Le schéma 3 ci-dessous, présente le financement des PME sous deux dimensions : la capacité
technique des PME à accéder aux ressources financières et la capacité interne de financement
du CFE.
Ainsi, deux types de variables ont été considérés dans l’analyse de l’accès au financement.
Les variables dépendantes et les variables indépendantes ou explicatives.
39
Les variables dépendantes sont celles que l’on tente d’expliquer: l’accès au financement du
CFE, les difficultés d’accès au financement du CFE par les PME et un frein au financement des
PME, l’accès d’un grand nombre de PME au financement.
Les variables indépendantes sont celles que l’on sélectionne pour comprendre l’influence sur
les variables dépendantes. La qualité technique des dossiers de demande de financement, la
structure des ressources essentiellement à cours terme du CFE, les modalités de financement
et les mécanismes de financement mis en place au CFE sont les variables retenues dans le
cadre de la présente étude.
E
variable ‘‘qualité technique du dossier de demande de financement’’. Des indicateurs ont été
U
retenus à cet effet: le profil du promoteur, les secteurs d’activités et la forme juridique,
EQ
l’étude de marché, etc. Ils ont servi de mesure aux variables. Les groupes cibles sont
TH
composés des promoteurs, des responsables d’IMF et du CFE.
• La capacité interne de financement du CFE est perçue à travers trois variables dont : la
O
structure des ressources, les modalités de financement et les mécanismes de financement mis
LI
en place au CFE. Des indicateurs pertinents ont été retenus à savoir : le niveau des fonds
IB
propres, les procédures d’analyse des dossiers, le cautionnement etc. Les groupes cibles, les
-B
promoteurs, les responsables d’IMF nous ont fourni les informations relativement aux
indicateurs mentionnés ci-dessus.
IA
Profil du promoteur
E
U
Secteurs d’activité
Qualité technique des Promoteurs
EQ
dossiers de demande Statut juridique Responsables CFE
Capacité de financement Responsables d’IMF
TH
technique des Etude de marché
PME
Qualité des informations financières
O
LI
Niveau des fonds propres
IB
Dépôt à terme Responsables CFE
Structure des
-B
Problématique ressources du CFE
de financement Dépôts à vue
des PME par le
CFE
Capacité interne IA Niveau des emprunts
R
Modalités de Niveau des subventions
de financement
ES
financement du CFE
du CFE Procédures d’analyse des dossiers
Promoteurs
Responsables CFE
D
Crédit consortium
Responsables d’IMF
O
Mécanismes de
financement en place
C
Cautionnement
au CFE
E
séance de traduction du questionnaire en langue nationale s’est imposée parce les
U
promoteurs, pour la plupart, n’arrivaient pas à s’exprimer convenablement dans la langue
EQ
officielle de travail qu’est le français.
TH
L’enquête a duré deux semaines environ. Chaque deux jours, nous faisions le point avec
les enquêteurs et échangions sur les difficultés rencontrées et les stratégies à adopter.
IO
Comme tout travail de recherche, nous avons été confrontée à des difficultés dont le
L
IB
La première difficulté a résulté du couplage des deux études. Cela s’est ressenti sur le
questionnaire qui était assez long (13 pages). Certains promoteurs se désistaient à la vue du
R
ES
questionnaire prétextant des urgences. Les promoteurs patients étaient surtout ceux qui
avaient des contrats non encore signés au niveau du CFE.
D
En outre, il n’a pas été aisé de traduire le questionnaire en langue locale. Certains termes
O
C
(mécanismes par exemple) français ne trouvaient pas leur équivalent précis dans la langue
locale couramment parlée. Ce qui fait que les enquêteurs avaient du mal à se faire
comprendre sur certaines parties.
L’administration des questionnaires devrait se faire en une semaine mais avec les
contraintes ci-dessus citées, elle s’est étendue sur deux semaines. On sentait donc une
lassitude et une démotivation au niveau des enquêteurs. Cette démotivation se ressentait
sur la qualité du remplissage des fiches. Nous nous sommes retrouvée avec de plus en plus
de fiches remplies aux deux quarts. Pour que cela n’entache pas l’effectif prévu, il a fallu
alors combler les manquements en augmentant notre échantillon.
Enfin, une des difficultés ou limites de l’étude a été l’enquête auprès d’un plus grand
nombre d’IMF, pour des questions de temps, de ressources humaines et financières
disponibles. Il fallait donc opérer un choix entre le nombre de PME à atteindre et
E
l’élargissement de l’étude à plus d’IMF.
U
EQ
TH
L IO
IB
-B
IA
R
ES
D
O
C
43
E
au financement
U
EQ
La partie sur les contraintes liées à la capacité technique des PME à accéder au financement
est subdivisée en trois axes: le premier concerne les contraintes liées au profil du
TH
promoteur, le deuxième traite des contraintes liées à la qualité des dossiers de demande de
financement et le dernier axe porte sur la vérification de la première hypothèse.
IO
3.1.1 Le profil du promoteur
L
IB
Cette section traite du profil du promoteur. Ce profil est décrit à travers quatre éléments
-B
l’individu à engager concrètement des efforts et des ressources dans la poursuite d’une
activité spéculative dans l’espoir d’en tirer un gain (GASSE et CARRIER, 1994). Nous
pensions que cette donnée a une influence sur la croissance de l’entreprise.
Dans le graphique 1, on constate qu’une grande proportion des promoteurs a été motivée
dans la création de leurs entreprises par un désir d’indépendance, soit 53,6%. La deuxième
catégorie de promoteurs a été surtout motivée par la recherche du gain (20,5%). Ensuite,
viennent ceux qui ont profité d’une opportunité (10,7%) pour faire de l’entrepreneuriat. Les
raisons comme le besoin de reconnaissance sociale, le besoin de rendre service aux autres
etc. ont été mentionnées mais à une faible proportion.
44
Graphique 1: Proportion des PME en fonction des motivations de création des promoteurs
E
U
EQ
TH
IO
En somme, les promoteurs ont été déterminés en majorité dans la création de leurs
entreprises par le ‘‘désir d’indépendance’’ (53,6%), de se mettre à leur propre compte, de
L
IB
pouvoir décider de la direction à prendre etc. Certains chefs d’entreprise ont plutôt été
-B
motivés par des contraintes d’ordre financières (le besoin d’argent soit 20,5%). Que les
motifs de la création de l’entreprise soit la recherche de liberté ou du gain, il exige du
IA
promoteur du dynamisme et une vision; un effort d’imagination et une capacité à saisir les
R
opportunités pouvant lui assurer le succès. Entreprendre exige donc une motivation sans
ES
faille, une volonté de réussir quoi qu’il arrive. Dans la relation avec les institutions
financières, l’assurance, la foi que l’emprunteur a par rapport à la réussite de son projet,
D
E
Fréquences Fréquences
U
Résultats Niveau d'instructions
absolues relatives
EQ
Primaire 19 17,0
Secondaire 41 36,6
TH
Valide Supérieur 20 17,9
Aucune instruction 29 25,9
IO
Total 109 97,3
L
ont répondu avoir reçu des formations à travers d’autres canaux (autoformation,
R
apprentissage auprès d’un tiers etc.). Les promoteurs ayant reçu une formation dans les
ES
L’analyse des résultats révèle que dans l’ensemble, les entrepreneurs ont un faible niveau
d’instruction en référence à la proportion de ceux qui n’ont que le niveau du primaire
(17%) et ceux qui n’ont reçu aucune instruction (25,9%). L’effectif cumulé, de ces deux
catégories de promoteurs, reste assez significatif soit 42,9% des enquêtés. Cette situation
pourrait s’expliquer par le fait que les promoteurs compte tenu de leur faible niveau
d’instruction et de l’impossibilité à avoir des emplois salariés dans le secteur public et
privé s’installent à leur propre compte.
Egalement, les promoteurs n’ont pas reçu de formations spécifiques et bien élaborées dans
le management des entreprises. La plupart a juste appris le métier sur le tas soit 76,25% des
E
enquêtés. Formés à travers des circuits informels, au sein d’entreprises familiales où à
U
travers l’auto-formation, ces promoteurs n’ont ni des connaissances particulières dans les
EQ
sciences techniques, ni dans les sciences de gestion. Or, dans l’environnement actuel des
affaires, où la technologie est de plus en plus développée, où l’excellence est la seule voie
TH
de survie, où la concurrence devient ardue, les promoteurs se doivent d’avoir une
IO
formation plus pointue que celle constatée dans notre échantillon d’enquête. Ils doivent
maîtriser les techniques de gestion (coûts de production etc.) pour rester concurrentiel sur
L
IB
le marché. Aussi, doivent-ils être au courant des développements dans leur secteur
-B
panacée; une solution à tous les problèmes de gestion dans l’entreprise. L’expérience
D
E
U
EQ
TH
IO
Les promoteurs en majorité ont une expérience dans le domaine d’activité exercé.
L
promoteur est ‘‘l’homme à tout faire’’. Il est le seul à pouvoir régler les difficultés
-B
auxquelles l’entreprise est confrontée. Il est le seul à avoir une vue générale sur les
opérations effectuées. Il est le premier soucieux de l’atteinte ou pas des objectifs de
IA
l’entreprise.
R
Des entretiens menés avec les promoteurs, nous décelons une faible prédisposition de ces
ES
derniers à transférer les connaissances acquises. Seuls maîtres à bord, les promoteurs
D
n’entendent pas partager leurs expériences avec leur personnel. L’entreprise reste leur
O
affaire. Donc pas de délégation possible dans les tâches. Cette attitude ‘‘avant – gardiste’’
C
devient d’autant plus dangereuse, lorsque le promoteur en vient à être frappé par un
malheur où l’entreprise a des difficultés de survie. Certains néanmoins initient juste un
parent pour les seconder quant ils viendraient à s’absenter ou à être indisposés.
La plupart des promoteurs ont beaucoup d’expériences. Mais ils restent emmurés dans des
pratiques traditionnelles qui ne facilitent pas l’éclosion de leurs activités. Ils n’ont pas le
profil de formation requis pour bien exercer mais refusent cependant de s’entourer des
compétences nécessaires pour compenser leurs insuffisances.
48
Face à ces constats, nous trouvons qu’une longue expérience, si elle n’est pas partagée,
sombre dans la sclérose. L’expérience du dirigeant ne constituera un atout pour l’entreprise
qu’à la seule condition qu’il ait un transfert des compétences. Les investisseurs sont
regardants de plus en plus sur cet aspect. Personne ne veut investir dans des entreprises qui
viendront à disparaître avec la disparition du promoteur. Seules les entreprises dont la
pérennité est démontrée seront éligibles aux différents financements.
Ainsi, cette partie avait pour objectif de dresser le profil du dirigeant de la PME. L’analyse,
à travers les motifs de création de l’entreprise, le niveau d’instruction et de formation,
l’expérience acquise dans l’activité menée, ne traduit pas une grande expertise pouvant
E
motiver au financement des promoteurs enquêtés.
U
Toutefois, le profil du promoteur n’est pas le seul élément d’appréciation de la capacité
EQ
technique des PME à accéder au crédit. Le secteur d’activité a aussi toute son importance.
TH
3.1.2 Le choix du secteur d’activité IO
Le choix de l’activité à mener par la PME constitue un élément fondamental. Les
entreprises évoluent de plus en plus dans un environnement très concurrentiel où
L
IB
l’excellence doit être de mise. Le promoteur se doit donc d’orienter son choix vers les
-B
secteurs porteurs. Ainsi, les produits issus de son activité ou des services offerts devraient
répondre aux besoins des consommateurs. Cependant, chaque secteur d’activité présente
IA
des risques et des besoins de financement spécifiques qui influencent le choix des IMF et
R
notamment du CFE.
ES
Pour ce qui est du contexte burkinabé, beaucoup d’institutions refusent d’octroyer des
D
financements aux entreprises postulant aux marchés publics pour plusieurs raisons. Les
O
procédures d’attribution des marchés sont longues. Les PME n’ont pas toujours les
C
niveau de technicité élevé; ce qui n’est pas toujours évident avec des chefs d’entreprises
qui n’ont pas effectué des études supérieures (seulement 17,9%) et qui ont appris pour la
plupart le métier sur le tas (76,25%). Par rapport à l’artisanat, la plupart du temps, elle n’est
pas rentable (seulement 2,7%). C’est surtout pendant des manifestations comme, le Salon
International de l’Artisanat de Ouagadougou (SIAO), le Festival Panafricain du Cinéma de
Ouagadougou (FESPACO), que les artisans arrivent à faire de bonnes affaires.
E
U
EQ
TH
L IO
IB
-B
IA
Par contre, les secteurs en lien avec le commerce, les BTP et les services sont ceux qui
R
ES
bénéficient de plus de financement en raison des risques maitrisables à court terme par le
CFE. Par exemple, les crédits au secteur des BTP sont très peu risqués. Ce sont des crédits
D
La majorité des promoteurs effectuent des activités commerciales. Ce secteur est beaucoup
financé parce qu’il se rapporte à des activités bien précises et ponctuelles.
économiques et ses débouchés éventuels. Le CFE donc travaille plus avec des promoteurs
menant des activités commerciales et évoluant dans les BTP, que ceux travaillant dans
l’industrie, l’agriculture ou l’artisanat.
Par ailleurs, la forme juridique constitue une variable non négligeable dans l’accès au
financement. Elle influence parfois la prédisposition des institutions financières dans
l’octroi du crédit.
Le choix de la forme juridique ne se fait pas par hasard. Pour le promoteur avisé, il doit
tenir compte dans son choix (société individuelle, S.A, S.A.R.L etc.) des critères
E
U
susceptibles de répondre à ses aspirations propres.
EQ
Graphique 4: Statut juridique des PME
TH
L IO
IB
-B
IA
R
ES
D
O
Dans le cas précis des entrepreneurs du CFE, on note une prédominance de deux types de
C
formes juridiques (cf. graphique 4). Une surreprésentation des entreprises individuelles
(86,6%) qui dénote l’état embryonnaire du secteur privé, toujours du ressort des entreprises
familiales. Les S.A.R.L sont par contre très faiblement représentées soit 13,4%.
distincte de celle de leurs propriétaires. En effet, dans une entreprise individuelle, les
pouvoirs du propriétaire sont illimités. Le patrimoine de l’entreprise est souvent confondu
à celui du propriétaire. Sa pérennité n’est pas toujours garantie. La disparition du
propriétaire peut conduire à celle de l’entreprise.
E
compétences. Cependant, tout comme l’entreprise individuelle, la S.A.R.L manque de
U
crédibilité auprès des banques et établissements financiers du fait du faible apport financier
EQ
des associés et de leurs responsabilités limitées.
TH
Au niveau du CFE, la forme juridique joue aussi dans l’accès à certains produits financiers.
En effet, les montants des crédits consortium sont généralement très élevés13.Ce type de
IO
financement est dans le contexte du CFE adressé surtout aux entreprises constituées sous
L
La section suivante porte sur l’étude de marché qui se présente comme un outil très
-B
pertinent, dans la conduite des activités mais aussi, dans l’accès au financement.
IA
Elle devrait permettre à l’entreprise de répondre aux préoccupations suivantes: quels sont
O
mes clients potentiels? Où sont mes concurrents? Comment évolue le marché que je
C
souhaite conquérir? Et quel avantage comparatif ai-je par rapport aux autres?
Force est de constater, que telle n’est pas la démarche suivie par les promoteurs du CFE.
Les dossiers de crédit auxquels nous avons accédé (un échantillon de 20 dossiers), ne
comportaient pas d’étude de marché dûment effectuée mais plutôt un assemblage
d’informations éparses et peu cohérentes.
On a noté un effort de la part des conseillers en crédit à faire ressortir les caractéristiques
de certains marchés. Or, c’était à l’entrepreneur d’apporter les informations et aux
13 La notion de ‘‘montants élevés’’ est à relativiser ici. Elle prend pour base d’appréciation les micro-crédits
généralement octroyés par les IMF, plafonnés souvent à 5 ou 40 millions suivant les institutions.
52
Beaucoup d’entreprises présentent un fort potentiel économique. Mais les états financiers
manquent pour faire des prévisions et juger de la rentabilité de l’activité à financer. Cette
situation ne facilite pas l’analyse financière aux conseillers.
La qualité des informations financières peut être évaluée à travers le système d’information
et de gestion mis en place dans l’entreprise. Le système d'information et de gestion
E
U
regroupe tous les systèmes mis en œuvre par une entreprise pour produire des informations
EQ
afin de guider la direction dans ses choix et ses actions. Il permet donc de saisir des
données brutes, de les transformer en informations utilisables et de les transmettre aux
TH
utilisateurs (impôts, institutions financières, dirigeants de l’entreprise) sous une forme
adaptée à leurs besoins.
IO
Cependant, force est de constater qu’au niveau des PME, la gestion d’un bon SIG s’avère
L
IB
difficile car les promoteurs, pour la plupart, n’ont pas le profil adéquat pour tenir une
comptabilité régulière et rigoureuse. Ils se refusent également de s’entourer de
-B
compétences nécessaires, de peur de voir leurs ressources subtilisées. En effet, pour les
IA
promoteurs, le maintien d’une gestion empirique des affaires s’explique par la crainte
d’introduire dans l’entreprise un élément extérieur doté d’une connaissance en matière de
R
ES
Dans l’échantillon de l’étude, par rapport à la tenue d’une comptabilité régulière dans
D
l’entreprise, 58,9% des promoteurs ont répondu par l’affirmative et 41,1% par la négative.
O
C
Par rapport au profil de formation des personnes tenant la comptabilité dans ces PME,
54,5% ont fait la comptabilité, 7,1% les finances et 38,4 % n’ont pas du tout le profil
adéquat pour occuper ce poste.
Par rapport au rythme de production des informations financières, 34% ont affirmé les
produire au plus chaque trois mois, 8,9% semestriellement et 46,4% seulement en fin
d’exercice (chaque 31 Décembre). Enfin, 10,7% des répondants ont affirmé le faire au
besoin.
53
En somme, plus du 1/3 des promoteurs ne tient pas du tout de comptabilité régulière. Dans
les entreprises où on note l’existence de personnes faisant office de comptables, on
constate, que plus du 1/3 de ces personnes n’a pas les compétences nécessaires pour
accompagner les promoteurs dans une bonne gestion.
Cependant, dans les entreprises où les promoteurs ont reconnu ne pas tenir de comptabilité,
cette tâche est effectuée soit par ces derniers soit par un parent. Les opérations comptables
sont effectuées de façon rudimentaires sans tenir compte des normes et principes
comptables. Certaines des informations comptables sont alors inexploitables parce que ne
permettant pas à l’entrepreneur d’évaluer réellement la rentabilité de l’activité menée.
E
Le profil inadéquat des personnes tenant la comptabilité au niveau des PME et l’irrégularité
U
dans la production des informations financières jouent énormément sur la qualité des états
EQ
financiers fournis dans les dossiers de demande de financement. Les conseillers en crédit,
TH
chargés de l’analyse des dossiers, n’ont quelque fois pas les éléments nécessaires pour
analyser la productivité des entreprises. En outre, il arrive que les promoteurs fassent de la
IO
rétention d’informations à l’égard des conseillers en crédit. Ils ne donnent toujours pas la
L
de leurs entreprises.
-B
A la lumière de toutes ces insuffisances, les conseillers tentent néanmoins de faire une
analyse, souvent biaisée, de l’entreprise et de l’activité. Malgré les efforts entrepris pour
IA
évaluer la structure financière des entreprises, les conseillers, face à certains cas extrêmes
R
Le recours aux ratios financiers constitue la méthode d’analyse la plus couramment utilisée
D
pour évaluer la situation financière d’une entreprise. Ainsi, dans l’objectif d’apprécier la
O
financement, nous avons procédé à une analyse des niveaux de solvabilité et de rentabilité
de douze PME dont les dossiers ont été rejetés.
Le ratio de rentabilité mesure l’efficacité dans l’utilisation des capitaux investis dans
l’entreprise. Il permet au CFE d’apprécier le taux de rendement réel sur son investissement
pour le comparer aux risques encourus. La norme est de 0,05.
pas. Alors, quels pouvaient être les motifs de rejet des neufs entreprises dont la rentabilité
était prouvée?
E
E4 28 716 524 53 565 914 286 565 000 26 956 730 0,09 0,94
U
E5 0 12 500 000 10 852 000 137 000 0,01 0
E6 0 4 644 408 33 660 000 2 794 000 0,08 0,35
EQ
E7 0 2 345 322 2 183 850 242 217 0,11 0,46
E8 0 116 194 591 500 843 103 78 076 069 0,16 0,93
TH
E9 4 074 819 20 687 247 12 065 280 2 902 314 0,24 1,05
E10 250 000 3 375 000 13 947 500 936 250 0,07 1,19
IO
E11 0 31 000 000 31 257 700 3 748 312 0,12 0,94
E12 4 891 285 7 513 875 17 758 352 3 340 852 0,19 0,59
L
IB
Nous poussons donc l’analyse par une évaluation du niveau de solvabilité. La solvabilité a
été mesurée à travers la capacité de remboursement de ces entreprises. Il faut souligner que
IA
la norme par rapport à ce ratio au niveau du CFE est de 1,25. Le ratio de solvabilité a
R
permis aux conseillers en crédit d’évaluer la capacité de ces entreprises à rembourser leurs
ES
L’observation des données du tableau 4, fait remarquer que toutes les entreprises dont les
O
dossiers ont été rejetés, exception faite de l’entreprise E3, avaient une capacité de
C
L’utilisation des ratios (rentabilité, solvabilité, d’exploitation, etc.) dans l’analyse des
dossiers de financement constitue un élément important dans l’évaluation du risque et, par
conséquent, oriente la décision14.
Or, les PME ont un grand handicap. Elles n’ont pas du personnel qualifié pour tenir
rigoureusement et régulièrement une bonne comptabilité. Le mode de production et de
traitement des états financiers est pourtant très capital dans l’accès au crédit. Cela constitue
donc un obstacle à leur accès au financement.
Par ailleurs, en plus des informations financières d’autres critères d’appréciation rentrent
en ligne de compte dans l’analyse des dossiers de crédit. Effectivement, l’analyse des
E
dossiers rejetés et l’échange avec les conseillers en crédit nous ont renseigné sur d’autres
U
motifs tels que: le faible mouvement des comptes des promoteurs sur les cinq dernières
EQ
années, les garanties proposées par les PME, les mauvais antécédents bancaires de
TH
l’entrepreneur, sa réputation et le surendettement, sont autant de raisons motivant les rejets
des dossiers de demande de financement.
IO
Au terme de notre développement sur les contraintes liées à la capacité technique des PME
L
qualité des dossiers de demande de financement constituent un frein à l’accès des PME au
-B
financement?
IA
L’analyse des contraintes liées à la capacité technique des PME à accéder au financement
D
s’est appuyée sur une variable: la qualité technique des dossiers de demande de
O
financement.
C
La variable a été considérée sous quatre indicateurs dont le profil du promoteur, le secteur
d’activité et le statut juridique, l’étude de marché et enfin la qualité des informations
financières fournies par les PME.
14 L’évaluation globale de l’entreprise se fait à l’aide d’un système de cotation des facteurs de risque, et à chaque facteur
de risque, correspond un coefficient. Ceci permet d’évaluer le risque associé au dossier de demande de crédit. Les
facteurs de risque sont les suivants: la direction (25%), la position dans le marché (15%), la rentabilité (25%), la structure
financière (20%), la qualité de l’actif (7,5%), l’exploitation (7,5%).
56
Le profil du promoteur a été cerné à travers les motifs de création de l’entreprise, le niveau
d’instruction et de formation et enfin l’expérience acquise dans la conduite de l’activité.
Nous avons donc abouti aux résultats suivants : les promoteurs membres du CFE pour la
plupart sont animés par un esprit d’entreprise. Principalement le désir d’indépendance
(53,6%) et les besoins d’argent (20,5%) ont été avancés comme motifs de création des
entreprises par les promoteurs. Cet indicateur ne confirme pas nos attentes selon lesquelles
les motivations de départ pourraient entacher le management et le développement de
l’entreprise.
E
s’est révélée concluante. En effet, nous avons décelé un faible niveau d’instruction chez
U
une grande partie des promoteurs. L’effectif cumulé des personnes ayant le niveau du
EQ
primaire (17%) et des promoteurs n’ayant aucune instruction (25,9%) est très significatif
TH
soit 42,9% de l’échantillon. Le manque également de formation freine l’émergence des
PME. En effet, 76,25% des promoteurs ont appris le métier sur le tas. On peut donc conclure
IO
que le faible niveau d’instruction et de formation entache le profil du bon dirigeant.
L
Toutefois, cette expertise n’est pas transmise au reste du personnel. Elle ne peut donc
constituer un facteur de croissance de l’entreprise parce que l’expérience ne peut se
IA
mesurer en terme de nombre d’années effectuées dans le domaine. Mais plutôt dans la
R
Par ailleurs, les résultats en rapport avec le choix du secteur d’activité, montrent que les
C
individuelles pour la plupart ne sont pas éligibles à ce type de financement parce qu’elle
nécessite une plus grande assise financière.
E
n’ont pas du personnel compétent (38,4% n’ont pas le profil adéquat) pour produire les
U
états financiers nécessaires pour juger de la santé financière de leurs entreprises. Elles font
EQ
une gestion intuitive et ne respectent pas toujours les normes comptables. Cette gestion
TH
intuitive a été corroborée par l’analyse d’un échantillon de 12 entreprises dont les dossiers
ont été rejetés.
IO
A la lumière de tous ces éléments et en référence au seuil décisionnel préalablement fixé à
L
30%, nous confirmons que l’hypothèse N°1 selon laquelle: «La qualité technique des
IB
technique des promoteurs à répondre aux exigences des investisseurs, la question est de
ES
savoir quelles peuvent être les contraintes internes aux institutions financières dans le
financement de cette cible.
D
O
PME
Le développement suivant porte sur les obstacles rencontrés par les institutions financières
dans leur appui aux PME. Il a été subdivisé comme suit: la première section fait un bref
aperçu sur quelques institutions avec lesquelles nous nous sommes entretenue, la deuxième
fait le point sur l’évolution des financements octroyés par les IMF aux PME, la troisième
traite des difficultés que ces IMF rencontrent dans le financement des PME, la quatrième
section fait cas des contraintes que rencontrent spécifiquement le CFE et la dernière section
est consacrée à la synthèse et à vérification des hypothèses N°2 et N°3.
58
E
CFE/RCPB Coopérative Epargne-crédit 30 000 00015 PME
U
COOPEC-GALOR Coopérative Epargne -crédit 3 000 000 Micro et petite
EQ
entreprises
Source: Notre enquête, 2009.
TH
La Promotion du Développement industriel, Artisanal et Agricole (PRODIA) est une
association faisant du crédit direct. Elle a pour objectif d’appuyer la promotion du
IO
développement industriel, artisanal et agricole, surtout au niveau des petites et moyennes
L
surtout les entrepreneurs évoluant dans l’informel à un plafond de trois millions (3 000 000)
-B
de FCFA.
IA
mise en place par l’église catholique pour appuyer ses membres désireux d’évoluer dans
ES
l’entreprenariat. Elle a pour cible les micro-entreprises dont les besoins n’excèdent pas
trois millions (3 000 000) de FCFA. La COOPEC-GALOR, fonctionne sur l’épargne
D
Le CFE en tant que guichet spécialisé des caisses populaires fonctionne sous un régime
coopératif. Notre recherche est partie du cas pratique du CFE (Cf. Point 3.2.4 du présent
mémoire).
De l’enquête réalisée auprès de ces trois IMF, on peut retenir que la forme juridique dicte la
nature de l’activité menée. Ainsi les institutions constituées sous forme associative
(PRODIA) sont celles qui font du crédit direct, et celles constituées sous forme coopérative
(CFE, COOPEC-GALOR) font de l’épargne un préalable au crédit.
15Le montant plafond dans certains cas peut excéder les 30 millions. Le type de financement est dénommé crédit
consortium.
59
E
(en FCFA)
U
EQ
TH
L IO
IB
-B
IA
R
ES
D
O
C
Quant à PRODIA, elle a connu un faible financement des PME en 2005. Le financement est
passé de 700 000 000 à 680 000 000 de FCFA. Cette situation se justifie dans la mesure où
l’association a bénéficié de fortes subventions jusqu’en 2004; mais en 2005, les subventions
se sont amenuisées. PRODIA a dû faire recours aux emprunts bancaires pour assurer le
financement de sa clientèle, ce qui a exigé d’elle le respect des normes de gestion
financières. Il fallait alors procéder à une réorganisation de la structure, en terme de
volume de financement mais aussi en nombre de personnes à toucher. D’où la baisse du
volume de financement observé en 2005. A partir de 2006, la situation s’est stabilisée et on
note une évolution dans l’offre des produits de crédit au PME.
60
La section suivante traite des difficultés rencontrées par les IMF dans le financement des
PME.
3.2.3 Les difficultés rencontrées par les IMF dans le financement des
PME
Avec l’avènement de la microfinance, une lueur d’espoir est lue dans les perceptions quant
à la promotion et au développement de l’initiative privée. Les IMF devraient donc
permettre de résoudre le problème lié à l’accès aux ressources des banques (formalités
longues, garanties exigées etc.). Pourtant, les IMF se retrouvent elles-mêmes confrontées
aux mêmes difficultés que les banques.
E
L’enquête auprès des IMF (PRODIA, COOPEC-GALOR) révèle qu’elles font face à six
U
difficultés majeures. Il s’agit des difficultés liées à la mobilisation des ressources
EQ
financières, à la réalisation des garanties, à la faible qualité technique des dossiers de
TH
financement et enfin celles liées à la faible rentabilité des activités financées qui influe sur
le taux de recouvrement des crédits placés.
IO
Face à ce manque de ressources, certaines IMF, comme COOPEC-GALOR, ont fait l’option
L
de n’octroyer que des micro-crédits (généralement crédit AGR). Depuis 2006, cette
IB
institution n’a plus financé les PME. Quant à Prodia, on note une évolution timide dans le
-B
Afin de mieux comprendre ces difficultés nous nous sommes focalisée sur le cas pratique
R
du CFE. A l’instar des autres IMF, le CFE fait également face à plusieurs contraintes dont,
ES
3.2.4 Les difficultés rencontrées par le CFE dans le financement des PME
O
L’analyse des obstacles liés au financement des PME au niveau du CFE se focalise sur: la
C
structure des ressources du CFE, les modalités de financement et les mécanismes mis en
place pour accompagner les PME.
Tout financement est conditionné par l’existence de ressources. Les IMF doivent donc
disposer d’une grande surface financière pour couvrir leurs charges de fonctionnement
mais aussi les besoins de leurs clientèles.
Dans la section suivante, il sera question de faire une analyse de la structure des ressources
disponibles au CFE pour les activités de financement des PME.
61
La structure des ressources du CFE de 2004 à 2008 est présentée dans le graphique 6.
E
Graphique 6: Niveau des ressources du CFE et leur évolution de 2004 à 2008 (en FCFA)
U
EQ
TH
L IO
IB
-B
IA
R
ES
des
2004 2005 2006 2007 2008
ressources
O
du CFE
1 117 687 787
C
DAT 110 541 210 49 867 322 190 626 500 425 484 697 341 168 058
Opérations DAV 10 666 846 634 13 640 476 569 14 366 364 705 17 270 276 305 19 582 944 524 75 526 908 737
avec les Autres
480 461 610 697 452 881 1 081 429 783 2 234 999 811
membres dépôts 1 158 180 748 5 652 524 833
Provisions
Fonds
fonds propres 2 504 573 178 3 047 512 439 2 741 054 763 4 702 410 193 6 148 416 026 19 143 966 599
propres
et assimilés
Opération
avec les 230 000 000
Emprunts 0 0 15 000 000 15 000 000 200 000 000
institutions
financières
Opérations Opérations 1 763 287 738
406 270 382 215 442 641 290 607 031 356 445 182 494 522 502
diverses diverses
Total 14 168 693 014 17 650 751 852 18 685 082 782 23 927 797 125 29 002 050 921 103 434 375 694
On constate que l’ensemble des ressources du CFE est constitué de produits d’épargne
(DAT, DAV et autres dépôts), de fonds propres et des ressources obtenues sur diverses
opérations.
Toutefois, on note une insuffisance des ressources longues. Il est constaté une
prédominance des ressources courtes (DAV); ces dépôts à vue croissent d’année en année,
avec un pic en 2008, soit 19 582 944 524 de FCFA, tandis que les dépôts à terme (DAT)
restent insignifiants et se rétrécissent même en 2008. Quant aux fonds propres, ils évoluent
à un rythme faible. En 2008, le CFE s’est confronté à une crise de liquidité qui l’a obligé à
recourir à des emprunts bancaires de près de deux cent millions (200 000 000) de FCFA. Le
manque de ressources financières à long terme laisse croire peut-être à des taux d’intérêt
E
U
peu rémunérateurs pour des placements à long terme (cf. tableau 6).
EQ
Par ailleurs, le Centre Financier aux Entrepreneurs dans sa politique de financement, a opté
pour la diversification de son portefeuille de prêts, que ce soit dans le type de crédit
TH
octroyé que dans les secteurs d’activités financés. Spécialisé dans le financement des PME,
IO
le CFE n’octroie que des crédits productifs.
L
De 2004 à 2008 (Cf. graphique 7), on note une évolution très significative du portefeuille
de crédit aux PME. En 2004, le CFE a octroyé un volume de crédit de 785 250 000 FCFA aux
entreprises. Ce montant, en cinq années est passé à 12 307 350 000 FCFA. Le portefeuille de
prêt aux PME est donc passé de 2004 à 2008, de 6% à 42% des ressources du CFE. Cette
évolution marque le besoin de plus en plus croissant des PME en ressources financières. La
63
forte demande est certainement liée à l’adoption d’une politique spécifique de promotion
des PME au niveau du CFE.
Après cet aperçu sur le niveau d’évolution des financements à l’endroit des PME, il importe
de savoir si les procédures d’analyse des dossiers facilitent l’accès d’un grand nombre
d’entreprises au crédit.
La présente section ne porte pas sur l’analyse de toutes les modalités de financement en
place au CFE. Elle porte uniquement sur l’analyse critique des procédures d’analyse des
dossiers de demande de financement au CFE.
E
U
Il faut préciser que l’accès au financement du CFE exige que les promoteurs remplissent
EQ
certaines conditions préalables. L’entrepreneur doit:
• Etre (ou devenir) membre d’une caisse populaire de Ouagadougou;
•
•
Etre de bonne moralité;
Etre inscrit au registre de commerce; TH
IO
• Avoir une expérience d’au moins un an dans le secteur de l’activité exercée;
L
IB
-B
IA
R
ES
D
O
C
64
L’étude du dossier est entamée depuis les caisses populaires à travers l’établissement d’une
feuille de route. Une fois le dossier introduit au niveau du CFE, il passe par quatre étapes
essentielles que sont: l’entrevue avec le promoteur, la validation du dossier, l’analyse
proprement dite; la recommandation et la prise de décision.
E
La feuille de route est le premier niveau d’instruction du dossier.
U
EQ
• La feuille de route
Elle est établie au niveau des caisses populaires par un répondant du CFE. Celui-ci est
TH
chargé de vérifier si le membre répond aux critères d’éligibilité au crédit. Une fois cette
IO
effectivité établie, il s’assure que le membre est bien en possession des pièces nécessaires
L
(liste des fournisseurs, liste des factures, mouvements des comptes, etc.) à la constitution
IB
du dossier. Ensuite, la feuille de route est transmise au conseiller en crédit au CFE 16.
-B
populaires. Il a donc des obligations vis-à-vis de cette entité. Il est à cheval entre les tâches
R
considérées comme secondaires. Cette vision des choses influe énormément sur la qualité
D
des informations contenues dans la feuille de route. Les informations fournies sont souvent
O
très sommaires. Des documents devant être adjoints au dossier manquent quelque fois.
C
Ainsi, lorsque les conseillers reçoivent la feuille, ils se retrouvent confrontés à des
difficultés. Ils n’ont pas les éléments nécessaires pour bien instruire le dossier. Ils sont
obligés de refaire le travail du répondant CFE, en plus de leurs propres attributions. Cela a
pour corollaire le débordement des conseillers et le prolongement du temps d’étude des
dossiers.
16Les conseillers, au nombre de quatre, sont répartis par caisse et responsables, chacun d’une caisse dont il a la charge
des dossiers de demande de financement.
65
populaires. Cela crée des points d’achoppement entre les promoteurs et les conseillers en
crédit. Les promoteurs s’en prennent donc à la lenteur des conseillers en crédit, lesquels
tentent de se défendre car n’ayant pas reçu les documents incriminés.
En somme, dans la procédure d’élaboration de la feuille de route, il n’y a pas une synergie
très marquée entre les répondants CFE et les conseillers en crédit du CFE.
Après la remontée de la feuille de route au CFE, le dossier suit d’autres étapes: entrevue
avec le membre, validation, analyse à proprement dite et enfin la recommandation et la
prise de décision. Des insuffisances sont constatées à chacune de ces étapes aussi.
E
U
C’est l’étape ou le conseiller essaie d’instaurer un climat de confiance avec le promoteur
EQ
afin qu’il se dévoile à lui. L’entrevue lui permet de réunir les informations sur
l’entrepreneur et sur l’entreprise. A l’issue de cet échange, le conseiller fait une synthèse à
TH
travers l’élaboration du sommaire (financement demandé, garantie proposée, expérience de
IO
crédits antérieurs etc.). Également, il dresse le portrait général du membre et de son
entreprise.
L
IB
Le processus d’entrevue est en partie biaisé à deux niveaux. D’une part, les promoteurs ne
R
facilitent pas le montage de leurs dossiers. Ils ne font pas de prospection dans la majorité
ES
des cas avant de se lancer dans l’activité. Aussi, les conseillers nous ont-ils rapporté que
D
l’analyse des dossiers, surtout les informations relatives à leurs situations patrimoniales et
C
D’autre part, les conseillers ne jouent pas pleinement leurs rôles. Face à ces manquements,
ils montent quand même les dossiers. Ils savent pertinemment que le promoteur ne maîtrise
pas l’activité pour laquelle il demande des financements. Au lieu de les orienter vers des
structures pouvant leur fournir l’appui escompté, les conseillers choisissent eux-mêmes de
faire des études de marché dans les limites de leurs bureaux. En plus, une étude financière
est effectuée sans avoir pour socle des données de base réelles et complètes. En définitive,
la non maitrise de l’environnement du promoteur et la reconstitution d’une situation
66
financière fictive des promoteurs ne contribuent pas à mieux cerner les réalités du projet au
niveau du CFE.
A cette étape, le conseiller est chargé de vérifier la qualité des informations fournies par
l’emprunteur et surtout celles financières. Aussi, permet-elle de vérifier de façon objective
l’ensemble des données contenues dans le dossier, à travers des recoupements
d’informations, des visites de terrain etc.
L’étape de validation prend fin avec la «certification sur les éléments clés du dossier» par
le conseiller en crédit, qui atteste avoir visité et vérifié toutes les garanties fournies par
E
l’entrepreneur. C’est une étape très déterminante dans la prise de décision pour l’octroi ou
U
non du financement demandé.
EQ
L’insuffisance observée à ce niveau, est qu’entre les tâches de bureau, les dossiers à
monter et la course vers les primes,17 les conseillers n’ont pas toujours le temps pour
approfondir la vérification des informations collectées. TH
IO
• L’analyse du dossier
L
IB
l’entreprise. Le conseiller en crédit analyse la capacité financière sur la base des ratios du
bilan, du compte d’exploitation, de l’évolution de la trésorerie. Il procède à un
IA
réajustement des données financières en rapport avec la réalité constatée sur le terrain.
R
Ensuite, il évalue le risque associé au dossier de demande de crédit. Cette évaluation se fait
ES
à l’aide d’un système de cotation des facteurs de risque. A chaque facteur de risque est
attribué un coefficient. La cotation va de 1 à 6, la première côte représentant le risque le
D
plus faible et le second, le risque le plus élevé. Les facteurs de risque considérés sont: la
O
proposées par les promoteurs. Les conseillers n’ont pas l’expertise nécessaire pour évaluer
les garanties proposées par les promoteurs.
Tableau 7: Analyse comparative des crédits octroyés et des crédits en retard de paiement
de 2005 à 2006 (en FCFA)
Crédits octroyés 218 307 2 222 858 000 4 069 010 000
E
Crédits en retard de 25 32
148 829 705 289 692 786
U
paiement
EQ
Source: Sommaire au comité de coordination du 31/12/05 et du 30/06/06
TH
En observant le tableau 7, on constate qu’en 2005, 218 dossiers de crédits ont abouti au
déboursé. En 2006, ce chiffre est passé à 307 dossiers. Toutefois, 11% des dossiers financés
IO
ont été confrontés à des retards de paiement en 2005 et 10% en 2006. Cela démontre qu’il
L
reste encore à faire par rapport à l’appréciation du risque dans les dossiers de financement,
IB
conseiller défend ses dossiers devant le mini comité. Les dossiers potentiellement éligibles
O
Dans l’ensemble, l’appréciation que l’on serait tenté de faire, c’est que la procédure
d’analyse peut être parfois assez longue. Le promoteur peut attendre pendant un mois,
quelque fois plus, avant d’avoir le financement demandé. Or, nul n’ignore que ce sont les
opportunités d’affaires qui guident les besoins des entrepreneurs.
Des entretiens avec les promoteurs, il découle des insatisfactions à ce sujet. Certains
promoteurs ont dû renoncer aux crédits accordés. La période où le crédit a été accordé ne
leur convenait plus (l’opportunité ou la période de pointe de l’activité étant passée).
D’autres, par contre, se sont plaints par rapport au comité, qui ne siège que chaque deux
semaines. Un tel contexte pénalise les entrepreneurs qui ont tous les éléments pour accéder
68
au crédit mais qui doivent attendre la tenue du comité, au risque de perdre les marchés
pour lesquels ils ont sollicité le prêt.
E
crédits placés, à la capacité des PME à présenter des garanties et des projets rentables. Face
U
à ces différentes contraintes, certaines institutions comme la COOPEC-GALOR, ont
EQ
réorienté leur financement vers les Activités Génératrices de Revenus et les micro- crédits.
D’autres comme PRODIA octroie des financements mais à l’adresse des micros et petites
entreprises.
TH
IO
Vérification de l’hypothèse N°2
L
manque de ressources stables pour le financement des PME. Sur les cinq dernières années, les
-B
ressources à court terme (DAV) représentaient près de 74% des ressources totales du CFE
tandis que les ressources stables ne représentaient que 26%. La nature donc des ressources,
IA
contraint le CFE à n’octroyer que des financements à court et moyen terme. Cette
R
contrainte entraine une limitation des financements à l’adresse des PME, évoluant dans les
ES
A la lumière de cette analyse nous pouvons affirmer que l’hypothèse N°2 intitulée : «Les
C
difficultés d’accès des PME au financement du CFE s’expliquent par la structure des
ressources essentiellement à court terme de cette institution» est vérifiée.
L’appréciation des procédures d’analyse des dossiers au niveau du CFE révèle des
insuffisances, liées non seulement à la faible qualité technique des dossiers à analyser mais
aussi à la conduite des différentes étapes du processus par les conseillers. En effet, une
pratique peu rigoureuse des procédures d’analyse des dossiers de financement et une
69
mauvaise répartition des responsabilités entre les répondants du CFE des caisses populaires
et les conseillers du CFE augmentent le risque crédit.
Toutefois, malgré le fait que les modalités de financement n’étaient pas toujours
respectées, sur une période de cinq ans, 90% des demandes de financement (soit seulement
10% de rejet) ont pourtant abouti au décaissement. En conséquence, on peut avancer que
l’hypothèse N°3 selon laquelle: « Les modalités de financement du CFE constituent un frein
à l’accès des PME au financement» est infirmée.
E
schématisation du dispositif actuel de financement du CFE.
U
EQ
Le dispositif de financement des PME par le CFE se décompose comme suit, selon le
schéma 4, ci-dessous.
TH
Schéma 4: Dispositif et mécanismes actuels de financement au CFE
IO
Source de financement URCPC
L
IB
-B
Intermédiaire financier
CFE
IA
R
Mécanismes utilisés
ES
PME (bénéficiaires)
Mécanisme de financement
Relation de financement
Source: Notre enquête, 2009.
L’union régionale des caisses populaires du centre (URCPC) met à la disposition du CFE
des ressources financières. Ce dernier à travers le cautionnement, les crédits ordinaires et le
crédit consortium, octroie ou facilite le financement des activités des PME. En somme, ce
70
sont les ressources disponibles au niveau des caisses populaires qui servent à financer les
PME. L’échantillon des personnes interrogées montre que 54,50% des PME ont déjà
bénéficié de cautionnement, 34,7% de crédits ordinaires, et 10,8% de crédit consortium.
Le CFE a certes développé des mécanismes forts intéressants de financement des PME,
mais ceux-ci restent à parfaire au vu des insuffisances observées dans leurs
opérationnalisations.
Les sections suivantes font une revue de chaque mécanisme de financement utilisé et ses
limites. Aussi, est-il fait des propositions par rapport aux améliorations possibles.
E
3.3.1 Les mécanismes de financement utilisés au CFE et leurs limites
U
La recherche documentaire effectuée a permis de faire le point sur différents mécanismes
EQ
de financement des PME (fonds de garantie, capital-risque, cautionnement etc.). Le CFE
TH
dans son intermédiation financière utilise essentiellement deux mécanismes de
financement: le cautionnement et le crédit consortium.
IO
3.3.1.1 Le cautionnement
L
IB
L’OHADA (2002) en son article 3, le cautionnement peut-être défini comme un «contrat par
lequel, la caution (CFE) s’engage envers le créancier (promoteur) qui accepte à exécuter
IA
l’obligation du débiteur si celui-ci n’y satisfait pas lui-même». A travers cet acte, la caisse
R
de celui-ci.
Graphique 8: Proportion de PME ayant bénéficié de caution.
D
O
C
71
Les résultats de notre enquête, montrent que plus de la moitié de l’échantillon interrogé a
déjà bénéficié d’une caution au niveau du CFE, soit 54,50% des entreprises financées (cf.
graphique 8).
Les entreprises voulant soumissionner aux marchés publics, et n’ayant pas les ressources
nécessaires ou ne remplissant pas toutes les conditions définies par les maîtres d’ouvrage,
ont recours au cautionnement.
Le cautionnement constitue donc une alternative pour les entreprises manquant de garantie
ou ne jouissant pas d’une certaine crédibilité, de pouvoir soumissionner à des marchés
publics ou privés.
E
U
Les cautions sont donc des couvertures données par le CFE pour faire face à certaines
EQ
obligations si le promoteur (débiteur) n’y satisfait pas lui-même. La caution de soumission
permet d’éviter un décaissement de la part du promoteur. En cas de défaillance du
TH
promoteur, la caisse participante dont le promoteur est membre paie à la place de celui-ci.
IO
Elle transforme l’engagement par signature par un décaissement. Le cautionnement obéit
aux règles générales de formation des contrats.
L
IB
Il présente un avantage pour le CFE. Le cautionnement lui donne droit à des recours légaux
-B
en cas de non réalisation du contrat. Le CFE (caution), qui a payé à la place du promoteur
(débiteur principal), a un recours personnel contre lui pour ce qu’elle a payé. Elle peut
IA
réclamer des dommages et intérêts pour réparer les préjudices subis du fait des poursuites
R
doivent débourser 10 000 fcfa pour un lot d’un montant de 500 000 fcfa, 20 000 fcfa pour les
lots dont les valeurs sont comprises entre 1 000 001-2 00 0000 fcfa. Le promoteur sera
amené à payer 25 000 fcfa pour les lots dont les valeurs excèdent 2 000 000 fcfa.
Les conditions pour accéder au cautionnement restent assez restrictives pour beaucoup de
PME. En effet, la difficulté majeure pour les entreprises qui ont recours à ce mécanisme de
financement se situe au niveau de l’apport préalable ou déposit exigé par le CFE, qui est de
10% de l’emprunt sollicité. Donc, plus le montant sollicité est élevé plus le déposit
augmente. Or, il arrive que des promoteurs soumissionnent pour plusieurs marchés. Ces
entrepreneurs doivent donc faire plusieurs déposit et payer plus de frais.
E
U
EQ
TH
Tableau 9: Répartition des PME en fonction des difficultés rencontrées dans la constitution
IO
de l’apport préalable
L
Fréquence Pourcentage
IB
oui 46 41,1
non 55 49,1
-B
Ces difficultés ont été relevées par les promoteurs dans les tableaux 9 et 10.
D
Des résultats valides, on observe donc que 41,1% des promoteurs rencontrent des
O
difficultés quant à la constitution du déposit. Ils font appel au cautionnement parce qu’ils
C
Alors, le déposit prélevé sur le montant de l’emprunt pose des difficultés aux promoteurs
qui, en introduisant leur demande ne tiennent pas compte de cette donne. Après l’entretien
avec les conseillers en crédit, ils se voient, soit obligés d’augmenter le volume de crédit
demandé, soit obligés de prélever le déposit sur le montant octroyé avec le risque que le
reliquat ne suffise plus pour réaliser le projet.
Les frais de gestion constituent également une autre contrainte pour les PME dans l’accès
au cautionnement.
73
Tableau 10: Avis des promoteurs par rapport aux frais de gestion des dossiers de crédit
E
U
On constate, dans le tableau 10, que la proportion cumulée des répondants insatisfaits,
EQ
trouvant les frais de gestion ‘‘assez élevé’’ et ‘‘très élevé’’ représentait environ 30% de
l’échantillon interrogé.
TH
En somme, beaucoup de PME recourent au cautionnement pour accéder à certains marchés
IO
ou même pour accéder au crédit (préfinancement de marchés). Aussi, ce mécanisme,
L
crédibilité auprès des maîtres d’ouvrage et, par conséquent, d’être aussi compétitives.
-B
Cependant, le cautionnement n’est pas à la portée de toutes les PME. Beaucoup d’entre
elles ont des difficultés par rapport à l’apport personnel exigé du promoteur et aux frais de
IA
des offres. Face à ces difficultés, un grand nombre de PME se trouve exclu de ce
ES
mécanisme de financement.
D
Le crédit consortium se présente sous deux aspects. C’est d’abord un ‘‘produit financier’’
C
La mutualisation des risques permet aux PME de bénéficier du crédit consortium, mais
celles-ci doivent tout d’abord remplir les conditions générales d’éligibilité, ainsi que
d’autres conditions complémentaires telles que:
• Disposer d’une comptabilité régulièrement et à jour, ou tout au moins disposer d’un
système minimal de trésorerie pour les entreprises, donnant un aperçu global des
dépenses et des recettes;
• Avoir bénéficié d’un crédit dans une entité du réseau avec des antécédents de
remboursement positifs.
En sus de ces conditions à remplir, le promoteur doit être à même de s’acquitter de certains
frais dont:
E
•
U
Les frais de dossier de cinquante mille (50 000) FCFA à verser intégralement à la
EQ
caisse chef de pool.
• Les frais de gestion de 2% du montant octroyé à verser à la caisse d’affiliation du
promoteur,
TH
IO
Le partage des risques par plusieurs caisses a engendré comme conséquence un
durcissement des conditions d’octroi du crédit consortium. En effet, le CFE exige aux PME
L
IB
La mutualisation des risques ne se fait donc pas pour toutes les PME. Elle est utilisée
IA
surtout dans le financement des moyennes entreprises dont le chiffre d’affaires est évalué à
R
des dizaines de millions et bénéficiant d’une certaine ancienneté au CFE. Les crédits
ES
consortium peuvent aller au-delà de cent millions (100 000 000) de FCFA.
D
synergie entre les caisses devant participer au financement des entrepreneurs et le CFE. En
C
effet, n’étant pas constitué en réseau (réseautage informatique), le centre n’a souvent pas
une idée sur les disponibilités au niveau des caisses et leur capacité d’injection dans les
financements demandés. Le CFE une fois le financement accordé, est également confronté à
plusieurs difficultés telles que le manque d’information sur la transmission des avis de
débit et de crédit, la gestion des déboursés18, la gestion des opérations à imputer au niveau
des caisses populaires et la gestion des remboursements.
18Le CFE, une fois le financement autorisé, n’est pas informé de la suite des opérations par les caisses populaires. Il ne
sait donc pas si le décaissement a été effectué dans les délais convenus.
75
En outre, ce mécanisme de financement soulève des inquiétudes, étant donné que le CFE
fonctionne, en grande partie, sur des ressources à court terme. Les montants importants mis
en jeu par les caisses participantes en cas de risque systémique, peuvent créer des crises de
liquidités des caisses et hypothéquer aussi la pérennité de ce produit (crédit consortium).
Cette mutualisation des risques est intéressante du point de vue du CFE, mais assez
chèrement payée par les PME. Les conditions d’accès sont trop élevées pour la moyenne
des PME et même pour celles qui ont un fort potentiel. Ainsi, le crédit consortium est donc
exclusif de par sa nature. Toutes les PME ne peuvent y accéder compte tenu des garanties
exigées. Aussi, une autre insuffisance réside dans la non mise en place d’une stratégie
E
d’accompagnement des entreprises vers ce type de crédit.
U
La microfinance, est caractérisée par la petitesse des montants octroyés; faire alors du
EQ
crédit de montant si élevé (plus de cent millions) relève-t-il encore de la microfinance?
TH
Nous pensons à l’étape actuelle que ce produit a besoin encore d’être bien réfléchi. Il y a
aussi lieu de se demander si certains financements octroyés restent en conformité avec les
IO
règles de l’art (réglementation sur la microfinance).
L
S’il est vrai que ces mécanismes du CFE sont innovants, ils n’en restent pas moins
IB
perfectibles pour un plus grand accès des PME aux ressources financières.
-B
Après une analyse des mécanismes utilisés pour le financement des PME et au vu des
différentes insuffisances, nous pensons que l’intervention du CFE peut être améliorée.
R
ES
Nous pensons que plus de PME pourront avoir accès aux ressources financières pour leurs
activités si le CFE réaménageait son dispositif actuel de financement. La configuration du
D
URCPC
1
1’
2
CFE Maison de
l’entreprise
76
4 3
Cautionnement Crédit consortium
Crédits ordinaires
3’
5
2'
Petites Moyennes
entreprises entreprises
: Relation contractuelle
E
: Appui technique
U
: Relation de collaboration
: Relation de financement (octroi du financement)
EQ
Source: Dispositif conçu par nous-mêmes
Maison de l’Entreprise (1) pour un appui aux PME membres du CFE. Une fois la
-B
contractualisation effective, les moyennes entreprises du CFE qui ont des besoins de
financement excédant 30 millions de FCFA, sont systématiquement envoyées à la Maison
IA
des plans d’affaires et dans l’élaboration des dossiers de financement (3). Une fois le
ES
dossier monté, grâce aux relations de collaboration, le promoteur repart au CFE (4) pour
soumettre son dossier pour étude suivant les critères du CFE. Si le dossier remplit les
D
conditions d’octroi du crédit, une mobilisation des ressources est faite au niveau des
O
C
L’URCPC met à la disposition du CFE des ressources (1’) pour le financement des PME qui
ont des besoins n’excédant pas 30 millions de FCFA. Les conseillers en crédit du CFE
procèdent au montage de ces dossiers de financement. Les projets des petites (2') et des
77
moyennes entreprises (3’) présentant des potentialités de croissance sont financés soit à
travers le cautionnement soit à travers des crédits ordinaires. Ces promoteurs sont suivis
par les conseillers en crédit du CFE jusqu’au remboursement final du prêt.
E
donc appuyée par plusieurs bailleurs dont la banque mondiale, l’Union européenne etc.
U
Ensuite, elle joue un rôle d’interface entre les entrepreneurs et ces bailleurs de fonds.
EQ
Enfin, elle constitue un outil fédérateur et dynamique au service des entreprises privées et
TH
des groupements professionnels.
Ces mécanismes sont utilisés par les PME, 54,50% des promoteurs du CFE ont déjà
IA
d’accès paraissent difficiles pour les PME. En effet, les frais de gestion (2%) des cautions
ES
demandés et le déposit (10% de l’emprunt) exigés par le CFE reviennent très chers pour la
plupart des PME. En effet, 41,1% des promoteurs ont affirmé rencontrer des difficultés
D
O
pour le paiement du déposit et environ 30% ont déclaré leur insatisfaction par rapport aux
C
frais de gestion des dossiers. Les conditionnalités exigées pour l’octroi du crédit
consortium font que très peu de PME y ont accès (seulement 10%). Nous constatons donc
que les mécanismes mis en place au CFE ne facilitent pas l’accès d’un grand nombre de
PME au crédit consortium.
A la lumière de ces développements, nous confirmons que l’hypothèse N°3 selon laquelle
«Les mécanismes de financement mis en place au CFE ne facilitent pas l’accès d’un
grand nombre de PME au financement» est vérifiée.
E
U
La politique de rémunération des DAT va encourager les promoteurs à utiliser les produits
EQ
liés à l’épargne au CFE. La motivation résultant de la rémunération des dépôts va induire
l’augmentation des DAT et permettre au CFE de renforcer ses ressources longues et de
TH
disposer de plus de disponibilités pour répondre aux besoins des PME.
IO
2. Mettre en réseau (informatique) les caisses populaires et le centre financiers
L
L’absence de connexion informatique, entre le CFE et les caisses populaires, est à la base
IB
régulièrement sur les ressources réelles dont disposent les caisses avant d’effectuer des
opérations financières. Il pourra suivre le reste des opérations au niveau des caisses
IA
populaires telles que les décaissements, les remboursements etc. le réseautage facilitera
R
donc le suivi à tous les niveaux d’implication (répondant CFE, conseillers en crédit,
ES
directeur CFE).
D
Tous les conseillers et même les répondants CFE n’ont pas une bonne maîtrise des
pratiques de financement de l’institution. Un recyclage va permettre à ces acteurs de
s’approprier cet outil incontournable de travail, mais aussi de situer les différents niveaux
de responsabilité dans l’analyse et le suivi des dossiers de financement.
La Maison de l’Entreprise est une structure agréee dans l’accompagnement des entreprises.
Elle offre aux entreprises plusieurs services dont: l’appui-conseil, des fonds de soutien à
coûts partagés, des centres de formalité des entreprises, des centres de facilitation des actes
de construire, un centre d’information et de documentation économiques, un centre
79
d’information juridique des affaires et un centre des guichets uniques. La signature d’un
contrat entre le CFE et la Maison de l’Entreprise permettra aux PME du CFE, de bénéficier
d’une gamme variée de services non financiers à des coûts très réduits. Les promoteurs
pourront également bénéficier des programmes d’appui au secteur privé dont la Maison de
l’Entreprise a la charge. Une meilleure synergie des actions contribuera donc à accroître la
compétitivité des promoteurs et à minimiser les risques liés au crédit au niveau du CFE.
Des crédits sains ne feront que consolider les ressources stables et permettre davantage
l’accès des PME aux ressources.
La relation entre le CFE et la Maison de l’Entreprise sera des relations de complémentarité
et non de concurrence. Le domaine d’intervention de chacun étant clairement défini dans le
E
U
contrat.
EQ
5. Créer des cadres de concertations périodiques avec les promoteurs
TH
Le CFE fonctionne selon les principes coopératifs. Il a besoin pour améliorer sont offre de
IO
service, de communiquer régulièrement avec les promoteurs membres. Pour ce faire, des
L
cadres de rencontres périodiques doivent être initiés avec les promoteurs, pour permettre
IB
d’une part, un partage d’expériences entre les promoteurs eux-mêmes; et d’autre part, au
-B
CFE d’échanger avec les membres sur les difficultés que ceux-ci rencontrent dans la
conduite de leurs projets. Ces cadres faciliteront donc le suivi des PME bénéficiaires de
IA
crédit au CFE.
R
Les recommandations visant à l’amélioration des capacités techniques des PME prennent
C
Il est nécessaire que le CFE procède à une catégorisation à l’interne des PME bénéficiant de
financements à son niveau. Pour faciliter l’accompagnement de ces entreprises, on pourrait
procéder à une segmentation de la clientèle du CFE en deux catégories d’entreprises. La
catégorie A sera constituée d’entreprises qui ont un chiffre d’affaires de 10 millions et un
besoin de financement inférieur à 30 millions avec moins de 10 employés. La catégorie B
sera constituée d’entreprises dont le chiffre d’affaires s’élèvera à des dizaines de millions
80
E
des promoteurs et de leur personnel.
U
EQ
Les résultats de la présente étude ont ressorti que les promoteurs n’ont pas un niveau
suffisant d’instruction et de formation pour conduire à bien leurs projets. Il serait alors
TH
nécessaire que le CFE procède à un renforcement des capacités de ses membres, à travers
l’élaboration de plans annuels de formation. Grâce à la définition des critères de
IO
classification, des plans de formations ciblées seront élaborés annuellement, pour chaque
L
catégorie de PME. La Maison de l’Entreprise, qui est une structure spécialisée dans l’offre
IB
de services non financiers, pourrait orienter le CFE dans le choix et la planification des
-B
4 Mettre en place un système d’évaluation des impacts des produits sur les
ES
promoteurs.
Depuis la mise place du CFE en 2004, aucune étude n’a été menée pour cerner l’impact des
D
O
produits du CFE sur le développement des activités des promoteurs membres. Des études
C
d’impacts permettront de capitaliser les bonnes pratiques et aussi d’envisager des mesures
correctives s’il y a lieu.
C
O
D
ES
R
IA
-B
IB
LIO
TH
EQ
U
E
81
82
Conclusion
Au terme de l’étude sur «la problématique de financement des PME par la microfinance :
cas du Centre Financier aux Entrepreneurs (CFE)», quelles sont les contraintes majeures
auxquelles font face les IMF ?
Les difficultés que rencontrent les IMF dans le financement des PME sont liées, d’une part
à leurs capacités internes de financement, mais aussi à la capacité technique des
promoteurs à accéder au financement escompté, d’autre part.
E
Pour arriver à cette conclusion nous sommes partie d’une approche empirique de cette
U
problématique. Le cas pratique du Centre Financier aux Entrepreneurs (CFE) nous a donc
EQ
permis de comprendre les contraintes que rencontrent les IMF dans le financement des
PME. Pour ce faire, quatre hypothèses de recherche ont été émises et vérifiées par l’enquête
TH
de terrain effectuée grâce à des questionnaires soumis à différents acteurs intervenant dans
IO
le secteur, notamment, 5 IMF et 112 PME.
L
Les résultats de cette enquête nous révèlent que la plupart des PME mènent des activités
IB
pas toujours rentables et que la forme juridique adoptée (entreprises individuelles) par la
-B
majorité des entreprises (à 80%) n’est pas de nature à rassurer les investisseurs. Les chefs
d’entreprises, à travers une description de leur profil, restent très peu crédibles; mènent des
IA
activités dont ils n’ont pas toujours la maitrise. Ils emploient du personnel ne pouvant pas
R
non plus leur apporter l’expertise nécessaire pour développement de leurs activités.
ES
financières ne milite pas en faveur des financements sollicités. Les entreprises enquêtées
O
n’ont pas un système d’information et de gestion financière bien établi. Les promoteurs ne
C
tiennent pas une comptabilité régulière et pratiquent une gestion de type traditionnel ne
permettant pas une gestion quotidienne et rationnelle des opérations comptables. Les
responsables chargés du crédit ont donc des difficultés pour mesurer la rentabilité des
projets. Situation limite du même coup les possibilités de croissance et d’expansion de
l’entreprise.
E
conseillers en crédit ne prennent-ils pas le temps d’approfondir l’analyse des dossiers de
U
crédit.
EQ
Face à ces défaillances observées au sein du CFE, on craint à long terme une rationalisation
TH
du crédit.
Enfin, le CFE, utilise des mécanismes de financement fort attractifs mais assez coûteux
IO
pour la plupart des PME. L’accès aux différents mécanismes de financement, dont le
L
paiement de différents frais, conditions que toutes les PME ne sont pas à même de remplir.
-B
loin d’être exhaustive, permet néanmoins d’orienter la réflexion sur: les stratégies de
ES
mobilisation des ressources longues (DAT) auprès des sociétaires du CFE, les études
d’impact des produits du CFE sur la promotion PME membres.
D
O
C
19 J.DJAOWE; C.A BITA (2007), le rôle des institutions de microfinance dans la création et le développement, in
création, développement, gestion de la petite entreprise africaine, éditions clé Yaoundé, 517 page.
84
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collection classique des sciences sociales, 190 pages.
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E
microcrédit et épargne pour le développement. Editions d’organisation, Paris, 304
U
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efficacité les risques d’une institution de microfinance? Editions plantation, Côte
d’Ivoire, 176 pages.
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13. LABAZEE, P. (1998) : Entreprises et entrepreneurs du Burkina-Faso. Editions
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14. Lexique d’économie, (2008) : 10 éme édition, éditions Dalloz, Paris, 788 pages.
15. LOINTIER, J-C. et al. (1993) : Pratique de la relation banque-entreprises. Edition
CFPB, collection ITB, Paris, 665 pages.
E
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la petite entreprise au Cameroun. In Tsapi, V. Création, développement, gestion de
EQ
la petite entreprise africaine. Editions Clé, Yaoundé, 515 pages.
18. PAPIN, R. (2003) : Stratégie pour la création d’entreprise. Editions Dunod, Paris, 404
TH
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sociales. Editions Dunod, Paris, 287 pages.
L
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élargir, pour les PME, la gamme des instruments financiers et l'interaction avec les
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services d'appui aux entreprises. Document d'information, 31 pages.
33. POWO FOSSO, B. (2000) : les déterminants des faillites bancaires dans les pays en
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développement : le cas des pays de l'union économique et monétaire ouest-africaine
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N°02-2002, 37 pages.
-B
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Sites Web d’informations consultés
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IB
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E
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EQ
Annexes
Annexes 1: Fiche de lecture
TH
IO
Annexes 2: Questionnaire adressé aux dirigeants de PME
L
de l’Entreprise
Annexes 5: Guide d’entretien adressé aux responsables de la Direction
IA
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de la microfinance
ES
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