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HERBETTE Quentin These 2021

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École doctorale no 391 : Sciences mécaniques, acoustique, électronique et

robotique de Paris

Rapport de Thèse
pour obtenir le grade de docteur délivré par

Sorbonne Université
Spécialité doctorale “Électronique”
présentée et soutenue publiquement par

Quentin Herbette
le 03 décembre 2021

Gain des antennes et réflectivité des cibles


en ondes de surface
Directeur de thèse : Marc Hélier
Co-encadrants de thèse : Muriel Darces, Stéphane Saillant, Florent Jangal

Jury
Mme Valérie Vigneras, Professeur, INP Bordeaux Rapporteur
Mme Geneviève Mazé-Merceur, Directeur de Recherche, CEA-CESTA Rapporteur
Mme Hélène Roussel, Professeur, Sorbonne Université Examinatrice
M. Régis Guinvarc’h, Professeur, CentraleSupélec Examinateur
M. Philippe Pouliguen, Responsable de domaine scientifique, AID Examinateur
M. Florent Jangal, Responsable d’études, DGA Examinateur
M. Gilbert Auffray, Chef d’unité, ONERA Examinateur
M. Marc Hélier, Professeur, Sorbonne Université Examinateur
Mme Muriel Darces, Maitre de Conférence, Sorbonne Université Invitée
M. Stéphane Saillant, Ingénieur, ONERA Invité
M. Alain Reneix, Directeur de Recherche CNRS, XLIM Invité

Laboratoire de Génie électrique et électronique de Paris (GeePs)


UMR CNRS 8507
Table des matières

1 Introduction 4
1.1 Contexte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.1.1 Intérêt des radars HF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.1.2 Radars à ondes de ciel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.1.3 Radars à ondes de surface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.2 Travaux précédents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.3 Objectifs de la thèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.4 Contenu de ce manuscrit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

2 Caractérisation d’antennes HF en extérieur par mesures en champ proche 18


2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2.2 Solution technique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.2.1 Synchronisation émission-réception . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.2.2 Sonde de champ proche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.2.3 Drone utilisé et positionnement par GPS . . . . . . . . . . . . . . . 26
2.2.4 Charge utile développée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2.3 Caractérisation d’un monopôle à 13.5 MHz . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
2.4 Caractérisation d’une structure métamatériau adaptée à la bande HF . . . 37
2.4.1 Mesure à l’échelle 1/100 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
2.4.2 Mise en œuvre du système en HF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
2.4.3 Résultats et comparaisons à des simulations . . . . . . . . . . . . . 43
2.4.4 Évaluation du gain à partir de mesures radars . . . . . . . . . . . . 52
2.5 Limitation du système . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
2.6 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56

3 Surface Équivalente Radar 58


3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
3.2 Propagation en ondes de surface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
3.2.1 État de l’art . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
3.2.2 Comparaison de trois modèles de propagation . . . . . . . . . . . . 68
3.2.3 Effet de l’état de mer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
3.2.4 Effet de la variation de l’indice de réfraction atmosphérique . . . . . 78
3.2.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
3.3 Adaptation de la Surface Équivalente Radar à la propagation en ondes de
surface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
3.3.1 Application de la définition classique de la SER pour une propaga-
tion en ondes de surface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
3.3.2 Modification de la formulation de la SER . . . . . . . . . . . . . . . 83
3.3.3 Modélisation et caractérisation de cibles navales . . . . . . . . . . . 88
3.3.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93

2
3.4 Intégration dans l’équation radar . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
3.4.1 Adaptation de l’expression du gain des antennes à la propagation
en ondes de surface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
3.4.2 Simulation et application à l’équation radar . . . . . . . . . . . . . 98
3.4.3 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
3.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102

4 Perspective : Évaluation de la SER d’une cible navale par transformée


champ proche-champ lointain 103
4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
4.2 Évaluation du champ diffracté à grande distance par transformée champ
proche-champ lointain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
4.3 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112

Conclusion générale 114

Listes des publications 117

Annexes 119

A Mesures complémentaires réalisées sur le métamatériau en HF 120

B Formules de Bannister 123

C Applications des formules de Bannister pour différentes fréquences 127

D Applications du modèle de Rotheram pour différentes fréquences 130

E Applications de l’équation parabolique pour différentes fréquences 132

F Répartition du champ incident en fonction de l’état de mer selon la


fréquence 135

G Influence de la partie immergée de la coque des bateaux 137

H Formule complète de compensation pour la variation du champ 140

I Calcul de la SER σSW pour un bateau de pêche à 4 fréquences différentes142

Bibliographie 142
Chapitre 1

Introduction

1.1 Contexte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.1.1 Intérêt des radars HF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.1.2 Radars à ondes de ciel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.1.3 Radars à ondes de surface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.2 Travaux précédents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.3 Objectifs de la thèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.4 Contenu de ce manuscrit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

1.1 Contexte

1.1.1 Intérêt des radars HF


L’utilisation opérationnelle des radars HF (3-30 MHz) débute dans les années trente,
et sera amplifiée lors de la Seconde Guerre mondiale. Un célèbre système de défense
aérienne exploitant des radars de ce type est la « Chain Home Type 1 » mise en place par
les britanniques [1]. Ce système fonctionnait principalement dans la partie haute de la
bande HF (20-30 MHz) et permettait la détection des aéronefs de la Luftwaffe pénétrant
leur espace aérien. Cette innovation technologique a grandement aidé à la victoire des
Alliés lors de la bataille d’Angleterre. Cependant, l’utilisation de la bande HF était surtout
justifiée par les limites technologiques de l’époque et n’était pas orientée vers l’exploitation
de ses capacités « transhorizon » (qui permettent de détecter des cibles placées loin
derrière l’horizon radioélectrique). En effet, la technologie du klystron et du magnétron,
permettant l’utilisation de la partie la plus haute du spectre électromagnétique, était
encore peu répandue à l’entrée en guerre.
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le développement des programmes améri-
cain et soviétique de missiles balistiques lors de la guerre froide a eu pour conséquence
d’accroître la demande en radar de veille de longue portée. L’exploitation des capacités
transhorizon des radars HF a alors débuté. Les Américains souhaitaient déployer un ra-

4
CHAPITRE 1. INTRODUCTION

dar de ce type en Turquie pour couvrir l’ouest de l’URSS : le Cobra Mist sera finalement
déployé en Angleterre pendant moins d’une dizaine d’années à cause de nombreux pro-
blèmes techniques. Un des systèmes les plus célèbres exploitant la bande HF est le Duga-1
(figure 1.1), un radar quasi-monostatique installé près de Tchernobyl, en Ukraine, qui a
été utilisé jusqu’à l’effondrement du bloc soviétique.

Figure 1.1 – Partie du récepteur du Duga-1 @Buzzly

Avec l’apaisement des tensions à la sortie de la guerre froide et la mise en place


de constellations de satellites pour les systèmes d’alerte précoce [2], les investissements
des leaders américains et russes dans la production de radars transhorizon diminuèrent
fortement. Cependant certains pays, au vu des coûts prohibitifs de développement et
de mise en orbite des systèmes satellitaires, ont continué le développement de radars
transhorizon, notamment la Chine qui emploie un nombre élevé de ces radars pour la
surveillance de la mer de Chine [3]. Le contrôle des espaces maritimes est une cause
importante de l’utilisation actuelle des radars transhorizon.
En effet, bien que le contrôle des ressources marines et sous-marines jusqu’à 200 milles
marins (370 km) ait déjà été mis en place par certains États, il a fallu attendre 1982 et
l’article 55 de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer pour voir l’apparition
de la base juridique internationale de la Zone Économique Exclusive (ZEE). Les articles
encadrant la ZEE stipulent que l’État côtier possède des droits souverains aux fins d’ex-
ploration, d’exploitation et de conservation des ressources naturelles, biologiques ou non,
des eaux, fonds marins et sous-sols concernés dans la limite de 200 milles marins (370
km) au-delà de ses côtes (figure 1.2). La surveillance de ces zones est un enjeu important
pour tous les pays, et particulièrement ceux possédant de grandes surfaces côtières et
donc de grandes ZEE. En effet, ces territoires peuvent faire face à des actes malveillants
comme la pêche illégale, des actes de piraterie ou encore de la contrebande de biens ou
de l’immigration illégale. Aujourd’hui encore, la majorité de la surveillance de ces zones
est réalisée grâce à des aéronefs, des navires ou des systèmes placés sur des satellites,
des moyens radars micro-ondes, etc. Cependant, la zone de surveillance de ces moyens
est limitée, environ 10 000 km2 contre approximativement 100 000 km2 pour les radars à
ondes de surface, et leurs coûts combinés sont importants.

Page 5
CHAPITRE 1. INTRODUCTION

Figure 1.2 – Délimitation de la zone économique exclusive @Wikipedia

Cet enjeu de surveillance à grande échelle étant primordial pour de nombreux pays
possédant une ligne de côte importante et sous tension, notamment la France qui possède
la deuxième Zone Économique Exclusive au monde en termes de surface, les recherches sur
les radars transhorizon sont importantes. Plusieurs démonstrateurs de ces radars, utilisant
la bande HF, ont été conçus par l’Onera. D’autres domaines d’application, notamment
l’océanographie et l’anti-furtivité, ont contribué au développement des radars HF. On
peut classer les radars transhorizon suivant deux familles.

1.1.2 Radars à ondes de ciel


La première famille regroupe les radars HF à ondes de ciel (par exemple le Duga-1).
Ils utilisent la propriété qu’a l’ionosphère de réfléchir les ondes électromagnétiques d’une
fréquence contenue dans la bande HF, entre 3 et 30 MHz. L’ionosphère est définie comme
la partie ionisée de la haute atmosphère, qui correspond à la zone comprise entre environ
60 et 1000 km d’altitude. La présence de particules chargées est due à la photo-ionisation
engendrée par le rayonnement solaire. La structure et les propriétés de l’ionosphère sont
donc fortement dépendantes de l’activité solaire et des particules présentes selon l’alti-
tude. On divise l’ionosphère en trois couches : D, E et F. La couche F, en journée, est
divisible en deux sous-couches : F1 et F2. La différenciation des couches est réalisée par
l’altitude et la densité d’électrons associée. Les ondes électromagnétiques interagissent
avec les particules chargées et, dans le domaine de la bande HF, cela permet aux ondes
d’être réfléchies vers le sol. Les travaux sur cette partie de l’atmosphère sont assez abon-
dants dans la littérature. La compréhension et la simulation de l’ionosphère font encore
l’objet de travaux au sein de l’Onera, particulièrement sur le développement de modèles

Page 6
CHAPITRE 1. INTRODUCTION

comportementaux du fouillis ionosphérique [4]. Le principe de fonctionnement du radar


est illustré ci-dessous (figure 1.3).

Figure 1.3 – Illustration du fonctionnement d’un radar HF à ondes de ciel @Onera

Le principe de réflexion sur l’ionosphère a d’abord été utilisé pour les communica-
tions HF à longue distance au début du XXe siècle. Ces systèmes de communications sont
toujours utilisés, notamment pour la radiodiffusion en ondes courtes ou pour les commu-
nications de secours. Puis les radars HF à ondes de ciel ont commencé à émerger au milieu
du XXe siècle.
Durant les années quatre-vingt-dix, un démonstrateur de radar transhorizon a été
développé par l’Onera, en France. Il s’agit du radar NOSTRADAMUS, qui est installé sur
une ancienne base de l’OTAN à Dreux [5]. Ce démonstrateur est composé de 288 antennes
bicônes disposées suivant trois branches (figure 1.4). Le choix de cette structure permet
de couvrir 360° en azimut et de contrôler le diagramme de rayonnement en élévation.

Figure 1.4 – Géométrie du réseau d’antennes et antennes bicônes utilisées pour le radar
NOSTRADAMUS

Ce type de radar peut être utilisé pour la détection d’aéronefs ou de bateaux. Des
détections d’avions au-dessus de la Méditerranée et de bateaux croisant au large de la
Corse ont déjà été réalisées. Avec des conditions favorables de l’ionosphère, cette détection

Page 7
CHAPITRE 1. INTRODUCTION

peut s’effectuer jusqu’à plus de 2000 km. Un des inconvénients de ces radars est la présence
d’une zone aveugle correspondant à la première réflexion ionosphérique. L’ionosphère,
dont l’état varie au cours de la journée, n’a pas le même comportement en fonction de la
fréquence. Aussi une certaine agilité en fréquence est nécessaire afin d’obtenir les meilleures
performances en portée radar. De plus, cette agilité est requise pour éviter les nombreux
brouillages présents en HF.

1.1.3 Radars à ondes de surface


La seconde famille de radars HF est celle des radars à ondes de surface (ROS). Ces
derniers utilisent la propagation des ondes de surface à l’interface air-mer pour réaliser
des détections au-delà de l’horizon radioélectrique [6]. L’atténuation des ondes de surface
est moindre que sur terre grâce à la valeur élevée de la conductivité de la mer. L’utili-
sation opérationnelle de ces radars est plus récente et le site d’implantation d’un ROS
est nécessairement proche des côtes. Le principe de leur utilisation est illustré ci-dessous
(figure 1.5).

Figure 1.5 – Détection de cibles à l’aide d’un radar HF à ondes de surface

Ces ondes de surface se propageant à l’interface air-mer permettent non seulement des
applications exclusivement radar, mais aussi certaines applications spécifiques à l’océano-
graphie [7]. En effet, l’interaction entre l’onde et la surface de la mer permet de récupérer
des informations sur les courants et sur la hauteur des vagues. Le phénomène exploité
pour les relevés océaniques, avec un radar HF, est la diffusion de Bragg. Elle rend compte
de la diffraction des ondes par les trains de vagues ayant une longueur d’onde de l’ordre de
la moitié de celle des ondes de surface. Comme on peut le voir sur la figure 1.6, l’énergie

rétrodiffusée par les raies de Bragg présente un décalage fréquentiel de : fb = 0.102 f , où
f représente la fréquence porteuse du radar. Des relevés de paramètres océaniques sont
aussi possibles avec les radars à ondes de ciel. Des essais pour l’alerte précoce de tsunami
sont aussi en cours [8].
Le fouillis de mer constitue un problème important, car celui-ci empêche la détection
de cibles présentant un décalage Doppler similaire à celui d’une raie de Bragg. De plus,

Page 8
CHAPITRE 1. INTRODUCTION

Figure 1.6 – Image Doppler-Distance présentant les raies de Bragg @Onera

si nous cherchons des bateaux placés à une distance égale à la distance de l’ionosphère
par rapport à l’antenne, nous pouvons rencontrer un problème lié au retour de l’onde par
réflexion ionosphérique. Celui-ci se présente sous la forme d’un étalement sur une gamme
Doppler importante et sur une distance considérable.
Plusieurs démonstrateurs de ROS ont été installés par l’Onera, premièrement à Bis-
carosse (figure 1.7), puis sur l’île du Levant [9]. Lors des dernières campagnes de mesures,
des détections de navire d’une longueur de 200 m jusqu’à une distance de 300 km, et d’em-
barcations de 9 m au-delà d’une distance de 100 km ont été effectuées. Ce dernier système
utilisait un réseau synthétique d’antennes afin d’avoir une meilleure résolution angulaire,
permettant ainsi de séparer des cibles angulairement proches les unes des autres.

Figure 1.7 – Antenne bicône d’émission et site de réception à Biscarosse @Onera

Page 9
CHAPITRE 1. INTRODUCTION

1.2 Travaux précédents


Ce travail de recherche bénéficie des résultats de travaux de thèses antérieures. Lors
de l’exploitation du premier radar à ondes de surface de l’Onera à Biscarosse, plusieurs
difficultés ont pu être observées. Tout d’abord les antennes utilisées sont du même type
que celles déployées pour les radars à ondes de ciel. Or les diagrammes de rayonnement
recherchés pour les deux types de radars sont très différents. Les antennes pour les radars à
ondes de ciel doivent rayonner dans une direction définie par des angles de zénith compris
entre 10 et 30 degrés. Pour les radars à ondes de surface, l’excitation d’une forte onde au
niveau de l’interface entre la mer et l’air est souhaitable. Le second problème, déjà évoqué
dans la partie précédente est le fort fouillis ionosphérique, difficile à prédire et à traiter,
présent lors de l’exploitation des ROS. En effet, si l’ionosphère permet des détections à
très grandes distances pour les radars à ondes de ciel, elle est une cause de brouillage
intense dans le cas des radars à ondes de surface. La description du comportement du
fouillis ionosphérique a donc été le sujet des recherches de Marie-José Abi Akl [4]. Ses
travaux ont principalement porté sur le développement d’un module de calcul de fouillis
ionosphérique pour un futur simulateur de radar HF. Ceci a conduit à l’élaboration d’un
modèle de fouillis prenant en compte des fluctuations rapides de la densité électronique
de l’ionosphère.

Afin de répondre à ces différents problèmes, des recherches ont été lancées, en partena-
riat avec le laboratoire GeePs (Génie Électrique et Électronique de Paris), anciennement
laboratoire d’Électronique et Électromagnétisme (L2E). Celles-ci ont d’abord porté sur
l’optimisation du rayonnement des antennes pour les ROS avec l’étude des conditions
permettant de lancer une puissante onde de surface, cela dans le but d’améliorer le bilan
radar et de limiter le fouillis ionosphérique. La figure 1.8 illustre la géométrie du problème
considéré.

Figure 1.8 – Géométrie du problème

Le premier milieu est de l’air (permittivité ε0 ) et le second est un diélectrique à pertes,


de conductivité σ et de permittivité diélectrique relative εrr . La permittivité relative

Page 10
CHAPITRE 1. INTRODUCTION

complexe est alors :

σ
εr = εrr + j (1.1)
ωε0
où ω est la pulsation électrique. Il a pu être démontré, en 2011, en utilisant une dé-
composition de Kistovitch du champ, que seule une interface de permittivité négative
permettait de propager une unique onde de surface [10]. Plus précisément, il est néces-
saire d’avoir, pour le second milieu, une permittivité relative inférieure à εrr = −1 et une
conductivité la plus faible possible. Afin d’obtenir un métamatériau avec de telles pro-
priétés, une structure périodique est utilisée. Il existe dans la littérature un grand nombre
de structures périodiques de type métamatériau pour divers domaines d’applications, no-
tamment en térahertz et en optique [11][12]. Les structures habituelles sont les surfaces
corruguées, celles dites « champignons » et les structures uni-planaires. Ces structures,
selon leur géométrie, peuvent présenter une bande passante dans laquelle l’onde de surface
est plus ou moins confinée. L’étude de ces structures a constitué le sujet de la thèse de
Luca Petrillo [13].

(a) (b)

Figure 1.9 – (a) Géométrie de la surface corruguée (b) Maquette du premier métama-
tériau réalisé à 1.1 GHz

Un premier métamatériau a été réalisé (figure 1.9b). La structure périodique choisie


est une surface corruguée qui permet de guider une onde évanescente, dans la direction z,
confinée au niveau de l’interface. Cette structure est constituée d’une succession de pan-
neaux métalliques verticaux connectés à un plan de sol [14]. En modifiant les paramètres
géométriques des panneaux, les propriétés diélectriques apparentes du métamatériau sont
transformées. Les différents paramètres de la structure sont d la longueur d’un motif,
somme de l’épaisseur e d’un panneau et de la distance a entre deux panneaux successifs,
et h est la hauteur des panneaux. L’excitation de la structure est effectuée à l’aide d’un
monopole placé devant elle.
Il est nécessaire d’optimiser les paramètres géométriques de la métastructure pour
lui conférer les performances désirées. Afin de déterminer ces paramètres, la relation de
dispersion pour une onde TM confinée est utilisée, avec l’hypothèse que a < d ≪ λ0 (λ0
la longueur d’onde dans le vide) et que la dimension de la structure selon l’axe y est
supposée quasi infinie. Cette relation est donnée par :

Page 11
CHAPITRE 1. INTRODUCTION

a
q
kx2 − k02 = k0 tan k0 h (1.2)
d
k0 est le nombre d’onde dans le vide et kx est le nombre d’onde associé à la propagation
selon l’axe x. L’équation (1.2) tend vers l’infini pour k0 = 2h
π
(ou h = λ/4). Aussi, puisque
kz = jγ = j kx2 − k02 , avec kz le nombre d’onde selon l’axe z, une onde fortement confinée
p

peut être excitée. Afin de rendre possible la réalisation de cette structure en UHF puis en
HF, l’épaisseur des panneaux doit être raisonnable. Par exemple, fixons le ratio ad de telle
manière à ce qu’il soit le plus proche possible de 1. Pour avoir une onde fortement confinée
il faut maximiser la valeur de γ, il est donc nécessaire dans ce cas d’adapter la valeur de
h. Dans le cas de la figure 1.10 nous fixons ad = 1.001, la constante de propagation γ est
tracée selon la fréquence pour trois valeurs de h, en utilisant l’équation (1.2).

Figure 1.10 – Application de l’équation (1.2) pour différentes valeurs de h et de l’équa-


tion (1.3) pour différentes valeurs de εrr

Dans le cas particulier d’une onde évanescente confinée, il a été montré que le nombre
d’onde kx peut aussi être décrit avec l’équation (1.3).
r
εrr
kx = k0 (1.3)
1 + εrr
Les deux droites pleines tracées sur la figure 1.10 correspondent à l’application de
l’équation (1.3) pour deux valeurs de εrr . L’intersection entre ces lignes et les trois courbes
tracées avec l’équation (1.2) donne les valeurs de γ selon les valeurs souhaitées pour la
fréquence d’utilisation et la permittivité équivalente εrr de la structure.
Afin de valider le bon fonctionnement de la structure et la présence d’une onde confinée
à l’interface, des mesures utilisant le système de thermographie infrarouge EMIR [15] de
l’Onera ont été réalisées [16]. L’onde se propage selon l’axe des x. Les résultats sont
présentés sur la figure 1.11, la première correspond au monopole seul (figure 1.11a) et
la seconde (figure 1.11b) au monopole associé à la structure métamatériau. On vérifie
ainsi que l’amplitude du champ électrique est plus importante à l’interface avec le plan

Page 12
CHAPITRE 1. INTRODUCTION

de masse en présence de la métastructure, aussi l’onde est bien confinée.

(a) (b)

Figure 1.11 – Mesures réalisées avec la technique EMIR. Le monopole rayonne seul
au-dessus de la structure en PEC (a) Le monopole est associé à la surface corruguée
(b) @Onera

L’un des buts de ces études est de caractériser le rayonnement de cette antenne dans la
bande de fonctionnement du radar réel, c’est-à-dire la bande HF. Il existe deux difficultés
importantes qui rendent difficilement praticable ces mesures. La première est la taille
considérable des antennes. La seconde est la forte influence de leur environnement sur leur
rayonnement. Ces deux difficultés rendent impossible l’utilisation de méthode classique
de caractérisation en chambre anéchoïque. Par ailleurs, les mesures directes en champ
lointain, qui doivent être réalisées au-delà de la distance dite de Fraunhofer, sont difficiles
et très coûteuses. Une solution possible est donc d’effectuer une mesure en champ proche,
suivie d’une transformation champ proche-champ lointain.
Les recherches sur la technique appropriée de transformation ont été menées lors de
la thèse de Nicolas Payet portant sur la « Caractérisation d’antennes HF par mesures en
champ proche » [17]. Ces travaux ont permis de mettre au point un code d’identification
de sources. Le concept est basé sur la détermination d’un ensemble de dipôles élémentaires
équivalents rayonnant le même champ que l’antenne sous test. Afin de prendre en compte
toutes les composantes du champ, c’est-à-dire l’onde de ciel composée du champ direct
et du champ réfléchi, et l’onde de surface, le rayonnement des dipôles est exprimé par les
formules de Bannister [18], qui sont une extension en champ très proche des formules de
Norton [19].
Afin de réaliser la transformation, il est nécessaire de connaître les trois composantes
des champs électrique et magnétique, en amplitude et en phase. La mesure des six com-
posantes prendrait un temps considérable. Pour contourner cette difficulté, une approxi-
mation en onde plane est utilisée. En effet, il a été montré [20] que le champ magnétique
pouvait être déterminé à partir du champ électrique seul.
Le champ proche électrique est alors mesuré sur une surface SM fermée et centrée sur
l’antenne sous test, comme illustré sur la figure 1.12. La surface considérée est un cylindre
de rayon rSM et de hauteur hSM , le nombre de points de mesure est NM . Les sources

Page 13
CHAPITRE 1. INTRODUCTION

Figure 1.12 – Surfaces utilisées pour la transformée champ-proche champ-lointain

équivalentes sont aussi disposées sur une surface cylindrique, notée SD , de rayon rSD et
de hauteur hSD , incluse dans la surface SM . Le nombre de points sur cette surface SD est
ND . En chaque point de cette surface, trois dipôles élémentaires électriques sont placés
selon les trois directions des vecteurs unitaires d’une base cartésienne. À chaque point de
mesure de la surface SM , le champ électrique est la somme de toutes les contributions des
3ND dipôles.
L’application d’une méthode de moments à l’équation intégrale caractéristique du
problème permet d’écrire le système linéaire suivant :
   
 ESM   DE 
 
  =   PS D (1.4)
HSM DH

Dans l’équation (1.4), ESM et HSM regroupent les composantes des champs électrique
et magnétique, de taille 3NM . Ici, HSM est calculé directement à partir du champ élec-
trique ESM . DE et DH sont les matrices correspondant à l’expression des fonctions de
rayonnement des dipôles équivalents placés sur la surface SD . PSD représente les moments
dipolaires inconnus des dipôles. Une décomposition en valeurs singulières de la matrice
de propagation globale, associée à un critère sur la puissance totale rayonnée par l’an-
tenne [21], à travers la surface SM , est utilisée pour déterminer le vecteur inconnu PSD .
Cette méthode permet de diminuer le conditionnement de la matrice à inverser. Une fois le
vecteur des moments dipolaires obtenu, le champ rayonné à grande distance, comprenant
l’onde de surface, peut facilement être calculé (équation (1.4)).

En parallèle de ces travaux, Nicolas Bourey s’est intéressé, au cours de sa thèse, à la


propagation du champ au-delà du métamatériau [22]. En effet, si celui-ci génère une forte
onde confinée, il convient d’étudier l’effet, sur la propagation, de la discontinuité liée à
la longueur finie de la métasurface (phénomène de diffraction possible). Aussi, Nicolas
Bourey a travaillé sur la définition d’une transition permettant d’atténuer l’effet de la

Page 14
CHAPITRE 1. INTRODUCTION

rupture d’impédance. Il a pu être montré que, malgré la discontinuité, l’onde de surface


se propage sans modification majeure de ses caractéristiques et assure bien l’augmentation
du gain de l’antenne d’émission. L’ajout de transitions permet en outre d’élargir la bande
de fonctionnement du métamatériau et d’augmenter, à nouveau, le gain de l’antenne
d’émission. Les différents points théoriques abordés dans ces travaux ont pu être démontrés
expérimentalement en bande UHF grâce aux mesures EMIR.

1.3 Objectifs de la thèse


Dans la partie précédente, on a rappelé qu’un travail important sur l’amélioration du
rayonnement des antennes d’émission avait déjà été réalisé grâce à une structure métama-
tériau. Dans ce contexte, l’utilité de mener une caractérisation en champ proche a été mise
en évidence avec les travaux de Nicolas Payet. L’étape suivante est maintenant d’effectuer
une caractérisation en extérieur sur une structure conçue pour fonctionner en bande HF.
Le premier objectif de cette thèse est ainsi de définir et de mettre en œuvre un système de
mesure en champ proche approprié pour vérifier le bon fonctionnement de cette structure
sur site opérationnel.
Depuis plusieurs années, de nombreux travaux de recherches traitant des radars HF ont
été réalisées à l’Onera, entre autres en collaboration avec le GeePs. Cependant, certains
aspects liés à la propagation en ondes de surface, mise en œuvre avec les radars à ondes de
surface, restent encore à étudier. Ceci rend la classification des cibles peu aisée, car en plus
de la fluctuation des pertes de propagation, deux termes de l’équation radar, utilisée pour
réaliser le bilan de puissance d’un radar, le gain des antennes et la Surface Équivalente
Radar (SER), ne sont pas bien définis. Effectivement, dans le cas de la propagation des
ondes de surface à l’interface entre l’air et la mer, l’onde incidente sur la cible ne peut pas
être considérée comme plane et homogène. Ainsi, l’amplitude du champ électromagnétique
ne suit pas la loi de décroissance habituelle, inversement proportionnelle à la distance.
Dans ce cas, les définitions classiques du gain et de la SER, établies pour une propagation
en espace libre, ne sont théoriquement plus applicables. Le deuxième objectif de ce travail
de thèse est donc de redéfinir la notion de SER et de gain pour une propagation en ondes
de surface.

1.4 Contenu de ce manuscrit


Après cette introduction, le deuxième chapitre de ce manuscrit traitera de la carac-
térisation d’antennes HF en extérieur par mesures en champ proche. Dans un premier
temps, un exposé du problème et un état de l’art des solutions existantes seront proposés
au lecteur. Les solutions techniques pour concevoir le système de mesure, et résoudre plus
particulièrement le problème de la synchronisation émission-réception, seront détaillées.
Le système de mesure ainsi développé a premièrement été validé lors de la caractérisation

Page 15
CHAPITRE 1. INTRODUCTION

d’un monopole adapté à 13.5 MHz. Sa mise en œuvre et les résultats de ces mesures
seront présentés et commentés. Ensuite, la caractérisation de la structure métamatériau,
exposée dans l’introduction, et adaptée à la bande HF, sera abordée. Tout d’abord, des
mesures réalisées dans une chambre semi-anéchoïque du GeePs à 1.1 GHz [23] ont permis
d’estimer les performances attendues portant sur le confinement du champ à l’interface
et le gain résultant, défini par rapport à un monopole seul. Ensuite, les expérimentations
réalisées en extérieur à échelle 1 seront détaillées et les résultats obtenus seront comparés
à des simulations. Avant de conclure sur la mise en œuvre de ce système de mesure, les
limitations de celui-ci seront évaluées et différentes perspectives d’évolutions du matériel
seront discutées.

Le troisième chapitre sera consacré à la Surface Équivalente Radar (SER), et plus


largement à l’équation radar, telle qu’appliquée dans l’exploitation des radars HF à ondes
de surface. Ce travail s’intéressera tout d’abord à la propagation en ondes de surface à
partir d’un état de l’art approfondi sur ce mode de propagation particulier. Cette étude
bibliographique a permis de mettre en évidence des modèles de propagation reposant
sur des méthodes de calcul différentes. Trois de ces modèles, jugés les plus pertinents
pour ces travaux de thèse, ont été sélectionnés et comparés. Le premier modèle est celui
de Bannister [18], qui résulte d’une extension des travaux de Norton. Cette méthode de
calcul analytique met en œuvre les intégrales de Sommerfeld et suppose une Terre plate.
Le deuxième est celui de Rotheram [24], modèle de propagation de référence pour l’Union
Internationale des Télécommunications. Enfin, le troisième est basé sur une méthode
numérique de résolution par transformée de Fourier de l’équation parabolique 2D [25]. Les
effets de la mer et de la variation de l’indice de réfraction atmosphérique seront commentés.
On s’intéressera ensuite à l’adaptation de la définition de la Surface Équivalente Radar à
la propagation en ondes de surface. Les rares travaux relatifs à la SER dans ce mode de
propagation et publiés seront présentés et analysés. La nécessité de modifier la formulation
de la SER sera ensuite mise en évidence à travers l’application de la définition classique
de la SER au cas d’une propagation en ondes de surface étudié en simulation. Grâce à
l’analyse réalisée sur la propagation en ondes de surface, différentes modifications seront
appliquées pour proposer une redéfinition de la SER. Cette nouvelle formulation sera
appliquée à la caractérisation de différentes cibles navales. Ensuite, l’étude portera sur
les autres termes de l’équation radar et plus spécifiquement sur le gain des antennes.
Des simulations de scènes complètes permettront de démontrer l’intérêt de ces nouvelles
définitions par comparaison avec les formulations classiques.

Enfin, le quatrième chapitre de ce manuscrit mettra en perspective les apports des


essais des mesures du chapitre deux et les conclusions théoriques du chapitre trois. Un
projet d’évaluation de la SER d’une cible navale sur site opérationnel, par transformée

Page 16
CHAPITRE 1. INTRODUCTION

champ proche-champ lointain, sera présenté. Enfin, une conclusion générale permettra de
dresser un bilan des travaux entrepris et des perspectives ainsi ouvertes.

Page 17
Chapitre 2

Caractérisation d’antennes HF en
extérieur par mesures en champ proche

2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2.2 Solution technique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.2.1 Synchronisation émission-réception . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.2.2 Sonde de champ proche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.2.3 Drone utilisé et positionnement par GPS . . . . . . . . . . . . . 26
2.2.4 Charge utile développée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2.3 Caractérisation d’un monopôle à 13.5 MHz . . . . . . . . . . . 31
2.4 Caractérisation d’une structure métamatériau adaptée à la
bande HF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
2.4.1 Mesure à l’échelle 1/100 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
2.4.2 Mise en œuvre du système en HF . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
2.4.3 Résultats et comparaisons à des simulations . . . . . . . . . . . 43
2.4.4 Évaluation du gain à partir de mesures radars . . . . . . . . . . 52
2.5 Limitation du système . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
2.6 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56

2.1 Introduction
La difficulté de la caractérisation du rayonnement des antennes HF, qu’elles soient uti-
lisées pour de la communication ou de la détection radar, est bien connue et la littérature
scientifique regorge de travaux traitant de ce sujet. Au cours du XXe siècle, différentes
techniques ont été développées [26]. Les mesures les plus aisées à réaliser sont celles en
champ lointain. Cette zone commence lorsque les champs électrique E et magnétique H
sont orthogonaux entre eux et à la direction de propagation. Dans cette zone, la réparti-
tion angulaire du champ est indépendante de la distance à l’antenne. Pour une antenne

18
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

de grandes dimensions devant la longueur d’onde, la distance r, par rapport à l’antenne,


à partir de laquelle le champ lointain peut être considéré est :

2D2
r= (2.1)
λ0
avec D correspondant à la plus grande dimension de l’antenne et λ0 la longueur d’onde
dans le vide. Afin d’éviter l’effet du bruit radioélectrique ambiant, et pour des raisons de
sécurité et de confidentialité, les caractérisations d’antennes sont généralement réalisées en
chambre anéchoïque. Cependant, dans certains cas et en particulier avec des antennes HF,
ces techniques ne sont pas appropriées. En effet, lors de l’utilisation de réseau de grandes
dimensions, le respect de la distance minimale de Fraunhofer, définie par l’équation (2.1),
est ardu (par exemple r = 24 km pour le Duga-1). Or, il est courant avec l’utilisation
d’un radar transhorizon d’employer des réseaux de plusieurs centaines de mètres [27].
De plus, dans le cas des antennes HF, l’environnement d’utilisation a un impact fort
sur la répartition du champ rayonné. Dans le passé, des caractérisations ont pu être
menées grâce à des équipements embarqués sur des aéronefs, hélicoptère ou ULM [28][29],
mais le coût de ces expérimentations est exorbitant, et elles ne fournissent pas de gain
absolu. Une solution possible consiste à réaliser des mesures en champ proche, suivies
d’une transformation champ proche-champ lointain. Les transformations champ proche-
champ lointain ont été mises en œuvre à partir de la seconde moitié du XXe siècle [30].
Il en existe plusieurs, les plus connues étant la décomposition modale [31] et la méthode
des courants équivalents sur des surfaces de Huygens [32]. Généralement les techniques
développées sont applicables à des antennes supposées en espace libre. Dans le cas de
l’utilisation des antennes HF, la propagation est dépendante du sol. Afin de déterminer le
champ à grande distance de l’antenne, il est nécessaire d’intégrer l’environnement lors de
la transformation champ proche-champ lointain. C’est pour répondre à ses difficultés que
les travaux de Nicolas Payet ont été initiés [17]. Ils ont débouché sur un algorithme de
transformation champ proche-champ lointain adapté à cette bande de fréquences. C’est
avec la volonté d’exploiter cet algorithme et le logiciel qui le met en œuvre pour caractériser
le rayonnement des antennes de radars HF en extérieur qu’a commencé ce travail de thèse.
L’objectif est donc d’effectuer des mesures de champs proches en bande HF sur différentes
structures rayonnantes afin de leur appliquer ensuite une transformation champ proche-
champ lointain pour en déduire le champ lointain rayonné par l’antenne, à une distance
donnée.
La question de la caractérisation des antennes en extérieur et en champ proche ou
lointain n’est pas originale et exclusive à l’utilisation de la bande de fréquence HF. Par
exemple, lors de l’intégration de radars sur des navires ou d’antennes relais de télécommu-
nications dans des milieux urbains, il est nécessaire de vérifier si les performances de ces
équipements correspondent à celles déterminées lors du dimensionnement des systèmes.
La difficulté est de déplacer une sonde d’acquisition du champ électrique ou du champ
magnétique autour de l’antenne, qui peut être de grandes dimensions, sans trop perturber

Page 19
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

le champ électromagnétique à l’endroit de la mesure. Il se trouve que dans les années 2000,
et grâce à la forte baisse des coûts de la miniaturisation de l’électronique, les drones com-
merciaux ont émergé. D’abord cantonnés au domaine de la cinématographie et de la prise
de vues aériennes, ils ont commencé à être utilisés pour les recherches scientifiques dans
de nombreux domaines. Naturellement, leur utilisation s’est répandue dans le domaine de
l’électromagnétisme, que ce soit pour y intégrer des radars à pénétration de sol [33], des
radars à synthèse d’ouverture [34] ou des systèmes de caractérisation d’antennes.
L’apparition de drones comme positionneurs pour des systèmes de caractérisation d’an-
tennes a débuté durant la première partie des années 2010, notamment avec les travaux
novateurs de Giuseppe Virone [35] sur la détermination du champ lointain rayonné par des
antennes VHF utilisées dans le cadre du projet "Square Kilometre Array". Afin d’effectuer
des transformations champ proche-champ lointain, les champs électrique et magnétique
doivent être déterminés sous leur forme complexe. Or la détermination de la phase est
ardue, car sa mesure passe ordinairement par une référence d’horloge commune entre
l’émission et la réception.

2.2 Solution technique

2.2.1 Synchronisation émission-réception


Le fonctionnement des radars à ondes de surface se situe généralement dans le bas du
spectre de la bande HF [3 − 15 MHz]. Cela signifie que la période du signal est comprise
dans l’intervalle [66.6 − 333.3 ns]. Afin d’avoir une précision sur la phase inférieure à 10 %
de la période lors de la mesure, valeur d’erreur maximale déterminée en mesure UHF, il
est nécessaire d’avoir une précision de l’ordre de la dizaine de nanosecondes. Ceci nécessite
de réaliser une synchronisation de ce niveau entre les différents systèmes. Le problème de
la synchronisation d’horloges entre plusieurs équipements est courant, mais celle-ci est
généralement mise en œuvre pour des dispositifs placés à des positions fixes.
Dans ce cas, de nombreuses solutions existent. Généralement les différents appareils
devant être synchronisés sont reliés à une horloge commune et un GPS fournit la datation.
Pour certaines applications, la synchronisation entre les éléments doit être extrêmement
précise, inférieure à la nanoseconde. De plus, la stabilité de phase de celle-ci sur une longue
période est importante. Ce problème constituant un réel obstacle pour certains travaux
scientifiques ou industriels, des équipes de chercheurs ont développé des outils "open hard-
ware", tels que le "white rabbit project" [36]. Il permet de réaliser une synchronisation
inférieure à la nanoseconde pour plus de 1000 nœuds différents. Ce système a été mis en
place pour différents grands projets de recherche. Par exemple, la distribution de l’hor-
loge pour la synchronisation des appareils de mesures du CERN, celle du KM3NeT [37]
(CubicKilometre Neutrino Telescope) et d’autres projets scientifiques ont été réalisés à
l’aide du "white rabbit project". Des limitations évidentes existent pour ce type de solu-
tion, car il est nécessaire de câbler les différents éléments ensemble. De plus, le protocole

Page 20
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

utilisé suppose une distance fixe et un canal de propagation stable. Ceci est impossible à
respecter lorsque les équipements sont trop éloignés ou s’ils se déplacent. Utiliser ce type
de moyen pour une application engageant un drone est impossible. L’étude de différentes
solutions à ce problème est présentée dans cette partie.

La première solution envisagée est d’utiliser deux horloges atomiques afin de fournir
une même horloge de référence à l’émission et la réception. L’utilisation d’horloges de ce
type permet d’avoir une référence en fréquence précise et le signal généré par l’horloge,
généralement un signal à 10 MHz, est utilisé comme référence pour les outils de numérisa-
tion ou de synthétisation de signal. En utilisant cette méthode, il convient non seulement
que les deux horloges aient la même fréquence, mais il est aussi nécessaire qu’elles soient
en phase. En raison des instabilités en fréquence, faibles, mais indissociables de l’utili-
sation d’horloges, une dérive sur la phase entre les signaux apparaît inéluctablement à
long terme. Pour d’autres applications, l’unité de recherche de l’Onera a fait l’acquisi-
tion de deux horloges atomiques, E10-Y de Quartzlock, de dimensions réduites et donc
potentiellement embarquables. L’analyse des performances de ces horloges a permis de
montrer que la stabilité à court terme, mesurée sur 100 secondes et caractérisée par la
déviation d’Allan, est correcte (6 × 10−12 ). Bien que cette valeur soit a priori suffisante
pour notre application, la stabilité à long terme est fortement dégradée. Elle peut excéder
200 ns pour une journée d’utilisation, ce qui rend impossible l’utilisation pratique de ces
horloges. Il serait en effet nécessaire de les appairer régulièrement. De plus, les vibrations
et les chocs peuvent affecter sévèrement le fonctionnement de ces équipements. Or, ceux-ci
sont difficiles à éviter dans une application engageant un drone.
Ce type de procédé, afin d’être utilisable, nécessite donc une correction des deux
horloges pour les appairer régulièrement. Ces solutions existent et se basent généralement
sur une régulation grâce aux systèmes GPS (Global Positioning System). En effet, les
satellites de la constellation utilisée pour le système GPS contiennent plusieurs horloges
au césium de grandes précisions. Celles-ci sont en permanence vérifiées et corrigées pour
correspondre au temps UTC (Universal Time Coordinated ), ce qui permet d’utiliser un
récepteur GPS pour générer une impulsion synchronisée sur plusieurs systèmes. Ainsi en
principe, le GPS serait en mesure de fournir une date et une horloge de référence. En
pratique, la connexion au GPS peut parfois s’avérer hasardeuse : le système peut être
soumis à du brouillage, les conditions météorologiques peuvent avoir un impact, enfin
l’environnement, milieu urbain dense par exemple, dans lequel est utilisé l’équipement
peut engendrer une faible précision à court terme. C’est pour cette raison qu’il est rare
d’utiliser un récepteur GPS seul. Il est le plus souvent associé à un oscillateur asservi au
signal GPS. Ce type de montage est nommé GPSDO (GPS disciplined oscillator ). La
stabilité à court terme est assurée par l’oscillateur et l’erreur à long terme est corrigée
par le GPS. Certains travaux [38] se sont intéressés aux performances atteignables par ces
systèmes. Ils ont montré que pour des récepteurs placés à des positions fixes, l’erreur est

Page 21
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

en moyenne inférieure à 50 ns. Une erreur de cet ordre, même si sa valeur est extrêmement
faible, reste trop importante pour notre utilisation. Au vu de la difficulté d’effectuer une
synchronisation de haute précision [39], il a fallu se pencher sur des alternatives permettant
de nous affranchir de cette contrainte.

Le défi de la synchronisation se pose, car la connaissance de la phase du champ est


indispensable pour la transformation champ proche-champ lointain. Afin de s’affranchir
de cette connaissance, des recherches sont menées sur la détermination de la phase à
partir de mesures d’amplitudes. Deux approches sont possibles, la première repose sur
l’utilisation de deux sondes coplanaires scannant simultanément l’amplitude du champ
proche sur une surface [40]. La seconde utilise une seule sonde relevant l’amplitude sur
plusieurs surfaces englobant l’antenne sous test associée à un algorithme de reconstruction
de phase [41][42].
La première solution utilise les informations obtenues par les deux sondes pour retrou-
ver la phase du signal à chaque point. Ensuite, grâce à l’équation (2.2) il est possible de
déterminer la différence de phase entre deux points de mesures.
′′
M − |V1 |2 − |V2 |2
∆φ = φ1 − φ2 = arctan 1′ (2.2)
M1 − |V1 |2 − |V2 |2
où V1 et V2 sont les signaux complexes reçus simultanément par les deux sondes co-
′′ ′
planaires et M1 = |V1 + jV2 |2 , et M1 = |V1 + V2 |2 .
Enfin, pour déterminer le déphasage entre l’excitation et les points de mesure, la
phase d’un des points est déterminée de manière arbitraire. Il suffit ensuite d’utiliser les
différences de phase ∆φ entre les points de mesures pour retrouver les phases à chaque
point. Le défaut principal de cette solution est le choix arbitraire de la phase pour un
des points de mesure. Dans certains cas, un écart par rapport à la valeur réelle risque
d’entraîner de fortes erreurs sur le champ lointain déterminé par transformation. De plus,
l’utilisation de deux sondes de champ proche est difficile, car le poids et l’encombrement
des équipements pour être embarqués sur un drone sont trop importants.
La seconde solution envisageable nécessite l’utilisation d’une seule sonde de champ
proche. Cette approche repose sur une grande quantité de données, généralement obte-
nues sur deux surfaces ou plus. Ensuite, un algorithme adapté à la reconstruction de phase
du champ est utilisé. Sous réserve d’avoir développé un algorithme de ce type, un système
de mesure embarqué sur un drone est réalisable. Une équipe espagnole est pionnière dans
ce type d’expérimentation [43]. Elle applique cette technique à des antennes fonctionnant
aux longueurs d’onde centimétriques. Compte tenu des longueurs d’onde utilisées, le pro-
blème du positionnement du drone est particulièrement important. En conséquence, deux
systèmes complémentaires de positionnement sont nécessaires pour le drone. Le premier
est un système de positionnement GPS RTK (Real Time Kinematic), dont le fonctionne-
ment sera détaillé plus loin, permettant d’avoir un positionnement du drone de l’ordre du

Page 22
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

centimètre. Le second équipement est un altimètre laser permettant d’acquérir la position


du drone selon l’altitude. Afin d’obtenir l’information sur l’amplitude du champ, les au-
teurs utilisent un détecteur de puissance, système classique pour récupérer l’information
sous forme d’un signal numérique. En faisant converger les informations de position et
d’amplitude vers un Raspberry Pi, les informations sont stockées avant d’être envoyées
vers une station au sol grâce à une antenne Wifi. Grâce à cela, il est possible de recons-
truire l’amplitude du champ proche rayonné sur une surface de mesure. Afin de déterminer
le champ lointain rayonné par l’antenne sous test, une méthode modifiée de reconstruction
des sources est utilisée [44]. Ici, un algorithme réalisant une minimisation d’une fonction
coût est employé, cette fonction liant l’amplitude des champs mesurés à la distribution des
courants équivalents. Le nombre requis de surfaces de mesure n’est pas forcément impor-
tant, cependant la précision de la méthode est liée aux nombres de surfaces de mesures.
Cette technique de mesure est avantageuse, car elle est matériellement simple à mettre
en place. Cependant, l’intégration d’un algorithme de reconstruction de phase au sein du
code préexistant de transformation champ proche-champ lointain ne rentre pas dans ce
travail de thèse.
La mise en œuvre d’une numérisation à bord d’un drone, permettant de récupérer
l’information sur la phase, est complexe. En effet, les contraintes de poids, d’alimentation,
d’encombrement et plus particulièrement de performances des outils de numérisation et
de synchronisation, rendent difficile la réalisation d’un tel système. Une autre possibilité
serait l’utilisation d’une mesure indirecte du champ proche à l’aide d’un petit élément
diffractant (dipôle, par exemple). Elle permettrait de ne pas avoir à faire de relevé de
champ électrique sur le drone tout en conservant l’information sur la phase et l’amplitude.
En maîtrisant les paramètres de la source d’excitation et en relevant le champ rétrodiffusé,
le champ au niveau de l’élément diffractant peut être retrouvé à l’aide du principe de
réciprocité. C’est le principe de la technique de la diffusion modulée [45]. Afin de séparer
le champ diffracté par l’élément diffractant des réflexions liées à l’environnement, la sonde
qui est utilisée est modulée par un signal à basse fréquence. La modulation peut être
effectuée de deux manières. La première est réalisée en effectuant une rotation de l’objet
diffractant, généralement un dipôle [46], la seconde est de charger le dipôle à son centre
avec une diode PIN dont l’impédance varie, grâce à un signal électrique [47]. Cependant,
la mise en place d’une telle technique en extérieur et avec un drone est un réel défi
technologique.
Finalement, la méthode que nous avons sélectionnée est de récupérer, au sol, les in-
formations sur le champ proche grâce à un câble. L’utilisation d’un simple câble coaxial
est impossible, car le champ induit sur celui-ci risquerait de fortement fausser les relevés.
De plus, le poids important d’un tel câble rendrait difficile son levage par le drone. La
solution est d’utiliser une fibre optique pour récupérer le signal au sol. En effet, la lumière
n’est pas perturbée par les ondes radioélectriques et le poids d’une fibre optique est bien
inférieur à celui d’un câble coaxial.

Page 23
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

2.2.2 Sonde de champ proche


La mesure à réaliser est donc un relevé en champ proche, au moyen d’un drone servant
de positionneur. Le système de mesure est conçu autour d’une sonde de champ proche
embarquée. Une présentation de cet équipement innovant, permettant des mesures non
perturbatrices, est nécessaire. En effet, l’utilisation d’une sonde de champ proche clas-
sique pourrait engendrer un couplage entre la sonde et l’antenne sous test. Ce couplage
risquerait d’altérer les valeurs de champ relevées par la sonde. Le relevé du champ ne
peut donc pas être réalisé avec une sonde classique, sauf en effectuant une correction de
sonde, méthode qui n’a jamais été mise en œuvre pour une propagation en ondes de sur-
face. Lorsque la sensibilité voulue de la sonde est faible (supérieure à 50 mV/m) et que
l’on souhaite utiliser celle-ci pour mesurer des valeurs importantes de champ, on utilisera
des systèmes exploitant des cristaux sensibles à l’effet Pockels. Cet effet électro-optique
désigne l’apparition d’une biréfringence du cristal proportionnelle au champ électrique
appliqué à celui-ci. Cela signifie que la lumière issue d’un laser verra ses propriétés phy-
siques (amplitude, phase, état de polarisation) modulées de différentes manières par le
cristal. Une fois détectées, ces différences permettent de retrouver les valeurs de champ
électrique. Les cristaux généralement utilisés sont du niobate de lithium ou de l’arséniure
de gallium [48][49]. Le signal lumineux est ensuite transmis, via une fibre optique à un
appareil distant où il est converti en un signal électrique. Lorsque la sensibilité du dispo-
sitif n’est pas critique, ce type de sonde est très intéressant. En effet, c’est le seul qui soit
entièrement fabriqué avec des matériaux non métalliques.
La seconde approche a recours à des éléments d’optoélectronique actifs tels que les
LED ou des lasers, associés à une petite antenne de réception. Le champ induit un signal
aux bornes de l’antenne contenue dans la sonde, et c’est ce dernier qui vient moduler les
équipements d’optoélectroniques [50][51]. Le signal lumineux est ensuite envoyé, via une
fibre optique, à un boîtier de réception. L’utilisation d’une photodiode et d’un amplifica-
teur permet de récupérer le signal. Ce type de sonde permet d’atteindre des sensibilités
plus élevées que celles des sondes à base de cristaux. Cependant, un problème important
apparaît : l’utilisation d’éléments actifs nécessite une alimentation. Or la présence d’un
câble d’alimentation perturberait le champ rayonné par l’antenne sous test et aurait un
impact sur la précision de la mesure. Certains ont pensé à utiliser des batteries placées
au niveau de la sonde, mais le problème reste présent, car les batteries peuvent altérer
le champ mesuré [50]. Une des améliorations a été de placer de très petites cellules pho-
tovoltaïques dans la sonde. Grâce à ce dispositif, l’apport d’énergie pour alimenter les
éléments actifs est assuré par un laser et une fibre optique supplémentaire dédiée [51].
Ceci permet donc de se passer totalement de câbles électriques, ce qui assure une plus
grande discrétion vis-à-vis du champ rayonné.
La sonde qui est ici utilisée, de type EFS 105 d’enprobe, est basée sur cette approche.
La sonde commercialisée est issue de prototypes conçus en laboratoires, et dont le fonction-
nement a été décrit dans plusieurs articles [52][53]. Les différentes innovations ont porté

Page 24
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

sur l’amplification du signal dans la sonde, ainsi que sur la source de lumière alimentant
les cellules photovoltaïques [54][55]. Les premières sondes réalisées ne comportaient pas
d’étage amplificateur et présentaient donc une sensibilité plus faible. La sonde n’était pas
alimentée par un laser, mais par la lumière d’une lampe à arc, cette lumière était ensuite
concentrée et injectée dans une fibre optique pour alimenter les différents éléments ac-
tifs. Les auteurs ont remplacé ce système par un laser permettant d’obtenir un meilleur
rendement énergétique. Ils ont enfin placé un amplificateur à la sortie du dipôle qui sert
d’antenne de réception de très faible dimension électrique. Le principe de fonctionnement
est illustré sur la figure 2.1.

Figure 2.1 – Structure de la sonde EFS-105

La sonde de champ, bien que de petites dimensions, comporte de nombreux éléments.


Comme on l’a vu, un dipôle de petite taille électrique est utilisé comme antenne de récep-
tion au sein de la sonde. Un amplificateur à drain commun réalisé avec un HEMT (High
electron mobility transistor ) y est connecté. Les éléments optoélectroniques sont une diode
laser à cavité verticale émettant par la surface (VCSEL) et des cellules photovoltaïques
permettant d’alimenter les différents éléments actifs de la sonde.
Le champ électrique capté par le dipôle génère un signal électrique, qui est amplifié
par le HEMT, et qui module le courant alimentant le laser VCSEL. La lumière émise
par celui-ci est alors elle-même modulée par ce signal. La sonde est reliée à la base de
réception via deux jeux distincts de fibres optiques. Le premier est utilisé pour propager la
lumière servant à illuminer les cellules photovoltaïques. Le second sert à propager le signal
lumineux généré par le laser. Ce dernier signal est converti en un faible courant par une
photodiode dans le boîtier de réception. Ce signal électrique est alors fortement amplifié
par un amplificateur à transimpédance. Une vue schématique simplifiée de la sonde est
présentée sur la figure 2.2a, ainsi qu’une photo de la sonde utilisée (figure 2.2b). Il est à
noter que le dipôle est fabriqué en matériau céramique qui a, par la suite, été métallisé.
Enfin, pour le protéger, la sonde est dotée d’un radôme.
Le champ électrique ambiant va nécessairement induire un champ électrique sur les
différents éléments métalliques de la sonde. Les mesures en champ proche sont donc affec-
tées. Cependant, les auteurs ont constaté lors de mesures que la rétrodiffusion du champ
était suffisamment faible pour ne pas être prise en compte. Le dipôle étant très petit
devant la longueur d’onde pour des fréquences inférieures à 3 GHz, le système présente

Page 25
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

(b)
(a)

Figure 2.2 – Schéma simplifié de la sonde (a) Photo de la sonde utilisée (b)

un faible facteur d’antenne, quasiment constant sur la bande de fréquence d’utilisation du


système [300 kHz−3 GHz]. La connaissance de ce facteur d’antenne permet de restituer
l’amplitude réelle du champ en corrigeant les valeurs obtenues. Une des caractéristiques
principales de la sonde développée par enprobe est sa grande sensibilité. En effet, pour
une fréquence de travail autour de 10 MHz, celle-ci est d’environ 13 µVm−1 Hz−1/2 . En
contrepartie, la sonde sature pour des valeurs de champs relativement faibles, de l’ordre
de 30 V/m. Cette limitation est principalement liée à l’utilisation du VCSEL qui devient
non linéaire pour des valeurs de champs trop importantes. Pour éviter tout dommage
matériel, il est nécessaire de prédéterminer correctement le couple (puissance d’excita-
tion, distance) qui permettra d’atteindre une valeur de champ inférieure à la valeur de
saturation.

2.2.3 Drone utilisé et positionnement par GPS


Le drone utilisé ici est un Matrice 600 pro, visible sur la figure 2.3, commercialisé par
la société DJI, leader mondial des drones de loisir. L’utilisation d’un drone de ce type
comme porteur de la sonde de champ proche se fait avec des limitations évidentes. Tout
d’abord, afin d’avoir une autonomie suffisante pour les mesures, l’ensemble des équipe-
ments emportés ne doit pas peser plus de 5.5 kg. Cela permet d’assurer un vol de 15
minutes avec un vent inférieur à 8 m/s.
Par ailleurs, la précision sur les coordonnées des points de mesure est totalement
dépendante de la précision de la position du drone. Celle-ci est normalement assurée
par GPS. Ce type de positionnement permet une précision suffisante pour la majorité
des utilisations civiles. Cependant, pour les relevés de champ électrique, nous avons pu
déterminer que la précision nécessaire devait au moins être égale à ± 30 λ
(±1 m à 10 MHz).
Le constructeur certifie que la précision horizontale du drone est de ±1, 5 m. Le problème
de précision sur le positionnement est relativement commun et des techniques reposant
sur des équipements de géomètres ont été mises au point [35]. Une solution simple à

Page 26
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

Figure 2.3 – DJI Matrice 600 Pro

mettre en œuvre est d’utiliser un système GPS RTK (Real Time Kinematic) fournissant
une précision en temps réel de l’ordre du centimètre.
La méthode classique de positionnement GPS utilise la trilatération avec quatre satel-
lites différents, trois pour les coordonnées et un pour l’horodatage. De façon simplifiée, la
distance entre un satellite et le récepteur est obtenue en multipliant le temps de propa-
gation par la vitesse de propagation. Afin d’obtenir le temps de propagation, le récepteur
génère un code binaire de référence identique à celui qu’il devrait recevoir de la part du
satellite à un instant T. Ce code est un "Pseudo-Random-Noise signal" a une fréquence de
répétition de 1,023 MHz, permettant une précision d’environ 3 m. L’intervalle de temps
entre ce mot de référence, et le mot effectivement reçu constitue le temps de propagation.
Le système RTK n’utilise pas le code modulant, mais le décalage en phase de la
porteuse (L1 = 1575 MHz ou L2 = 1227 MHz ) entre le signal attendu et celui reçu.
Le calcul réalisé est ici plus complexe et porte sur la levée de l’ambiguïté entière qui
correspond au nombre de longueurs d’onde. L’utilisation de la porteuse permet d’atteindre
une précision centimétrique. En pratique, le système RTK utilise une base, qui sert de
référence au positionnement, et un objet mobile, ici le drone. La précision centimétrique
obtenue concerne la position relative du drone par rapport à la station de base. Si l’on
souhaite une position absolue possédant une précision centimétrique, alors il est nécessaire
d’utiliser un point géodésique comme point de référence pour la station de base. Ce point
géodésique désigne un point dont la position a été précisément déterminée. Ceux-ci sont
particulièrement nombreux en France et leurs lieux d’implantations peuvent être obtenus
sur le site de l’IGN (Institut national de l’information géographique et forestière). Le choix
a donc été fait d’équiper le drone avec un système GPS RTK.

Page 27
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

2.2.4 Charge utile développée


Comme évoqué précédemment, c’est la sonde de champ proche qui est au cœur de la
réalisation de la charge utile. Cet équipement n’est pas conçu pour être embarqué, et ceci
se traduit par un poids important de 2,575 kg. De plus, son encombrement est élevé, car
le boîtier de la sonde occupe un volume de 230 × 300 × 82 mm3. Sa tension d’alimentation
doit être comprise entre 9 et 30 VDC et sa consommation est de 250 mA/h. Le boîtier à
embarquer est présenté sur la figure 2.4.

Figure 2.4 – Boitier de sonde de champ proche d’enprobe

Le signal généré par le boîtier de la sonde est donc récupéré via une fibre optique. Ceci
nécessite d’embarquer un convertisseur opto-électronique à bord du drone. L’Onera utilise
déjà de tels équipements pour convertir les signaux reçus sur les antennes des radars à
ondes de surface. Un convertisseur opto-électronique a un fonctionnement relativement
simple. La lumière émise par un laser est modulée par le signal électrique et transportée
par une fibre optique. L’Onera utilise ce procédé, car l’atténuation engendrée par la fibre
optique est faible (environ 1 dB/km) et, de plus, la fibre est neutre par rapport aux
perturbations possibles dues aux ondes radioélectriques. Le convertisseur a une plage de
fonctionnement de 500 kHz à 500 MHz, et sa consommation est de 10 mA/h. En ne
gardant que la partie utile de l’équipement, il a été possible de réduire ses dimensions à
120x60x35 mm3, et le poids à 0,2 kg.
Le convertisseur, la sonde et son boîtier de réception sont les seuls éléments électro-
niques à être embarqués sur le drone. La tension de fonctionnement du convertisseur fixe
la tension d’alimentation à 12 VDC . La consommation des deux éléments combinés est
d’environ 260 mA/h. Afin de ne pas affaiblir l’autonomie du drone, il a été décidé de ne
pas prélever l’énergie nécessaire à l’alimentation sur ses propres batteries. Une batterie
12 V d’aéromodélisme ayant une capacité de 5800 mA · h est utilisée. Elle permet lar-
gement d’être autonome sur une journée de manipulation. Le poids de la batterie est de
0,44 kg.
La structure du drone utilisé est principalement composée de fibre de carbone. Malheu-
reusement le fabricant, DJI, ne communique pas les propriétés électriques de ce matériau.
Or, si sa conductivité électrique est élevée, le drone va, par sa présence, changer les condi-
tions aux limites et donc déformer le champ électromagnétique rayonné par l’antenne sous
test. Cela signifie que, si la sonde de champ proche n’est pas à bonne distance du drone,
les valeurs relevées seront inexactes. Des logiciels de simulation électromagnétique ont été
utilisés afin de déterminer la distance minimale à placer entre le drone et la sonde. Le

Page 28
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

pire cas, celui d’une structure de drone en conducteur électrique parfait, a été envisagé.
Pour avoir une erreur négligeable, il a été déterminé qu’une distance minimale de 70 cm
était nécessaire entre la sonde et le drone. Pour des raisons pratiques liées aux contraintes
d’atterrissage, la sonde doit donc être placée sur l’un des côtés du drone.
Une fois les différents éléments du système de mesure déterminés, son intégration au
drone a pu être réalisée. La figure 2.5 illustre la charge utile constituée par le boîtier de
sonde de champ proche, le convertisseur opto-électronique et la batterie.

Figure 2.5 – Charge utile réalisée et placée sous le drone

Le support de la sonde doit permettre de la placer dans trois orientations différentes


afin de récupérer les trois composantes du champ électrique. Concevoir un mécanisme
permettant de changer l’orientation pendant le vol risquait d’être complexe et d’ajouter du
poids, c’est pourquoi il a été décidé de réaliser un vol pour chaque orientation de la sonde.
La performance en positionnement est assez grande pour que l’erreur de positionnement
entre les trois vols n’affecte pas les mesures. La figure 2.6 présente le support de la sonde.
Il apparaît clairement une légère différence de position pour la mesure de Eρ et de Ez ,
mais celle-ci n’est pas gênante compte tenu des longueurs d’onde utilisées, et est négligée.
Aussi, la sonde doit être déportée pour en éloigner les perturbations liées principalement
aux pièces métalliques. Ceci exclut évidemment de fabriquer un support contenant des
parties métalliques. En outre, le support de la sonde doit permettre de la protéger contre
les chocs. Il a été réalisé en Plexiglas et ses accessoires (vis, etc.) sont en nylon. Il y a
deux positions pour le montage de la sonde. La position inférieure permet d’obtenir deux
des trois orientations (e⃗z , e⃗φ ) de la sonde en réalisant une rotation de cette dernière. La
dernière orientation (e⃗ρ ) est obtenue avec la position supérieure du support. Pour écarter
la sonde du drone, un tube rigide en plastique d’une longueur de 70 cm ayant un diamètre
de 25 mm est utilisé.
L’ensemble de la charge utile et du drone est présenté sur la figure 2.7. Le système
final pèse 4,1 kg. La charge due à la fibre varie évidemment en fonction de la longueur
emportée par le drone, mais elle sera au maximum, pour 150 m déroulés, de 1 kg. Il a été
nécessaire de limiter la longueur de fibre transportée par le drone lors de la planification

Page 29
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

Figure 2.6 – Positionnement de la sonde

du vol pour réduire le poids de la charge utile. Avec un maximum de 75 m de câble


emporté, le poids total est de 4,6 kg. Avec cette charge utile, l’autonomie du drone varie
entre 15 et 20 minutes en fonction des conditions de vents rencontrées.

Figure 2.7 – Drone équipé du système de mesure

Page 30
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

2.3 Caractérisation d’un monopôle à 13.5 MHz


L’utilité finale du système de mesure est de caractériser le métamatériau adapté à la
bande HF. Auparavant, afin de valider le système de mesure, un premier test sur une an-
tenne classique a dû être réalisé. L’essai a consisté en la détermination du champ proche
rayonné par un monopôle adapté à la fréquence de 13.5 MHz. On rappelle que l’envi-
ronnement d’utilisation des antennes HF va avoir un impact fort sur leur rayonnement.
La mesure a été réalisée sur le site de Nostradamus, le radar transhorizon à ondes de
ciel opéré par l’Onera. Nostradamus est implanté sur le site de l’ancienne base aérienne
de l’OTAN de Dreux-Louvilliers construite en 1953. Cette grande base aérienne accueillit
principalement des escadrons du "60th Troop Carrier Wing" mettant en œuvre des avions
de transport. À partir de 1961, elle fut utilisée pour des avions de reconnaissance. Mais, le
21 février 1966, Charles de Gaulle rendit public le retrait de la France du commandement
intégré de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord. Par conséquent, le site revint à
la France qui décida de ne plus l’utiliser comme base aérienne. Durant la décennie 90, le
démonstrateur de radar transhorizon a donc pu y être construit par l’Onera et utilisé au
profit de l’Armée de l’air. Il est possible de voir sur la figure 2.8 le lieu d’implantation du
radar. L’essai a eu lieu sur la voie de circulation restante, à l’ouest de la base. Une part
importante de la base est aujourd’hui occupée par un parc photovoltaïque de 130 ha.

Figure 2.8 – Base aérienne de Dreux-Louvilliers (@IGN 2012)

Pour la mesure, un plan de sol grillagé de 25 m × 20 m a été installé sur le taxiway,

Page 31
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

Figure 2.9 – Trajectoire du drone réalisée et site d’essai

l’antenne monopôle étant placée en son centre. Afin de minimiser les perturbations dues
aux équipements de mesures, le matériel a été installé dans une camionnette et éloigné
dans une « marguerite » (zone de stationnement des avions de forme florale, vue du ciel) à
une centaine de mètres de l’antenne. L’objectif est de réaliser une transformation champ
proche-champ lointain à partir des mesures effectuées à l’aide du drone. Il faut norma-
lement faire une mesure sur une surface cylindrique afin d’alimenter le code. Mais, dans
le cas du monopôle, il est possible de considérer l’antenne comme étant à symétrie de
révolution. Alors, en effectuant l’acquisition du champ proche sur une seule génératrice
du cylindre de mesure, il est possible de reconstruire les données de tout le cylindre. La
trajectoire parcourue par le drone est illustrée sur la figure 2.9. Le cylindre généré a une
hauteur de 9 m et un rayon de 27 m.

Figure 2.10 – Schéma fonctionnel de la caractérisation de l’antenne

Page 32
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

Un schéma fonctionnel illustrant la mesure est présenté sur la figure 2.10. À l’aide du
convertisseur électro-optique embarqué, l’information sur le champ électrique proche est
convertie en un signal lumineux. Grâce à l’utilisation d’une longue fibre optique et d’un
second convertisseur optoélectronique, il est reconverti, au niveau du sol, en un signal
électrique. Les signaux émis et mesuré sont numérisés, en utilisant la même horloge, par
un système de numérisation National Instruments. Ce dernier est utilisé comme référence
pour la phase.
En consultant le livre de bord électronique du drone, il est possible de récupérer
sa position GPS et donc celle de la sonde. Deux mesures successives ont été réalisées,
une pour chaque composante de champ. Il est à noter la composante azimutale Eφ du
champ électrique n’est pas relevée, car elle est nulle, ce qui a tout de même été vérifié
expérimentalement. La figure 2.11 représente les deux trajectoires réalisées pour acquérir
les composantes verticale Ez et radiale Eρ , le pied de l’antenne étant à l’origine des axes.
Ce sont les trajectoires utilisées pour les simulations.

Figure 2.11 – Trajectoires réalisées pour les mesures des composantes du champ élec-
trique

Les simulations ont été réalisées avec CST Studio (FIT) et FEKO (EFIE-MOM).
Ces deux logiciels de simulations électromagnétiques permettent de déterminer le champ
rayonné par l’antenne aux positions de la sonde. Pour les simulations, la scène a été
simplifiée, le sol étant considéré homogène et en béton sous le plan de masse de l’antenne.
Ceci est suffisant pour l’antenne monopôle, car son fonctionnement est relativement simple
mais, comme on le verra plus loin, une modélisation plus fine de l’environnement a été
nécessaire pour l’antenne à métamatériau. Le coefficient de réflexion S11 de l’antenne a
été relevé afin de déterminer la puissance réelle fournie à l’antenne. Les comparaisons
entre les mesures et les simulations sont absolues pour les valeurs d’amplitude de champ.
En revanche, le retard électrique apporté par le câble coaxial et la fibre optique n’est pas

Page 33
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

précisément déterminé. Ainsi, les comparaisons des phases sont réalisées en décalant les
mesures avec un retard électrique arbitraire. Cette méthodologie n’induit pas de biais, car
la connaissance de la phase absolue du champ électrique proche n’est pas nécessaire pour
déterminer l’amplitude absolue du champ avec les transformations champ proche-champ
lointain. L’axe des abscisses représente la distance totale parcourue par le drone (abscisse
curviligne). Les 25 premiers mètres coïncident avec le déplacement selon l’axe x à altitude
constante. Les 9 derniers mètres correspondent à la phase d’atterrissage du drone.

(a)

(b)

Figure 2.12 – Comparaisons entre les champs électriques mesurés et simulés Ez

La figure 2.12 représente la comparaison entre les champs mesurés et simulés pour Ez ,
en amplitude et en phase. Les valeurs sont cohérentes et les différences entre les simulations
FEKO et CST peuvent être expliquées par les différentes méthodes de calculs mises en
œuvre en simulations. En effet, FEKO permet de considérer une interface infinie, ici en

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CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

béton, alors que CST n’utilise pas ce type de méthode.

(a)

(b)

Figure 2.13 – Comparaisons entre les champs électriques mesurés et simulés Eρ

Sur la figure 2.13, les mesures pour la composante radiale Eρ du champ électrique
sont comparées aux résultats de simulation. La mesure de l’amplitude est correcte, mais
celle de la phase présente une forte différence dans la partie où le drone atterrit. Plusieurs
raisons peuvent expliquer cela : l’hypothèse d’un sol homogène en béton a pu fausser les
simulations, le sol ayant une grande importance pour le rayonnement. Comme les valeurs
d’amplitudes associées à ces parties de la trajectoire sont faibles, et il est possible qu’un
bruit ambiant ait faussé le relevé (émission parasite transitoire, par exemple).
Plusieurs mesures successives ont été effectuées, et les résultats obtenus sont similaires.
Les mesures de champ proche, bien que difficiles à mettre en œuvre ont montré des
résultats satisfaisants et reproductibles. Ces premiers relevés ont permis de valider le bon

Page 35
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

fonctionnement du système de mesure. Ainsi une transformation champ proche-champ


lointain a pu être effectuée. Le résultat est présenté sur la figure 2.14, et la mesure est
comparée à des résultats de transformée réalisée à partir de données de simulation CST.
La forme générale de la composante verticale du champ, obtenue à partir de la mesure,
est correcte. On observe un décalage horizontal du maximum de champ de 5°et un écart
relatif d’environ 6% sur la valeur de ce maximum.

Figure 2.14 – Comparaison entre les champs lointains calculés pour un monopôle

Page 36
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

2.4 Caractérisation d’une structure métamatériau adap-


tée à la bande HF

2.4.1 Mesure à l’échelle 1/100


Au sein de l’Onera, les recherches sur l’utilisation des métamatériaux pour améliorer
le rayonnement des radars à ondes de surface ont d’abord été réalisées à 1.1 GHz, c’est-
à-dire sur des maquettes à l’échelle du centième, en appliquant le principe de similitude.
Ceci a permis de déterminer la structure optimale pour une mise en œuvre, à l’échelle
unité, à moindres coûts. L’Onera dispose d’un système de caractérisation par imagerie
infrarouge (EMIR) permettant de déterminer l’amplitude du champ rayonné par une
antenne quelconque sur un plan. Pour effectuer les transformations champ proche-champ
lointain, la détermination du champ doit se faire sur une surface englobant l’antenne et
sa phase doit être définie. Pour cela, en 2016, une base de mesure UHF semi-anéchoïque
a été mise en place au GeePs. Ce banc de mesure utilise aussi la sonde de champ proche
EFS-105 d’enprobe. Elle est montée sur des rails motorisés permettant le déplacement de
la sonde selon 3 axes. Grâce à un analyseur de réseau 2 voies, le coefficient de transmission
S21 entre l’antenne sous test et la sonde de champ peut être déterminé. L’accès 1 excite
l’antenne et l’accès 2 est connecté à la sortie analogique du boîtier de sonde de champ
proche.
L’amplitude du champ électrique mesuré Em est liée à la tension Vm de l’accès 2 et au
facteur d’antenne AF de la sonde :

|Em | = AF.|Vm | (2.3)

En utilisant la puissance envoyée sur l’antenne Pin et l’impédance Z2 de l’accès 2, la


puissance du signal reçu à l’accès 2 peut être déterminée :

|Vm |2
|S21 |2 .Pin = (2.4)
Z2
Finalement en prenant en compte le retard δ engendré par la fibre optique placée entre
la sonde et le boîtier de sonde, il est possible, grâce à l’équation (2.5), de déterminer le
champ électrique complexe Em :

̸
(2.5)
p S21 +2πf δ)
Em = AF. |S21 |2 Pin Z2 .ej(

Ce banc de mesure, illustré sur la figure 2.15, a aussi permis de valider le logiciel
de transformation champ proche-champ lointain pour des sols à pertes. Ici, le sol est
métallique, car l’expérimentation ne porte que sur l’étude du confinement de l’onde au
niveau de l’interface. L’étude de la propagation de cette onde sur un sol réel a déjà été
effectué.
La première structure a déjà été présentée sur la figure 1.9. Seulement celle-ci n’était

Page 37
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

(a) (b)

Figure 2.15 – Chambre UHF semi-anéchoïque et schéma fonctionnel du banc de mesure


champ proche

pas encore optimisée pour une transposition en HF. Il a été nécessaire de la modifier pour
alléger et réduire le coût de construction d’un éventuel prototype à l’échelle unité. Pour
cela, les panneaux ont été ouverts et la largeur de la structure a été réduite. Les travaux
de caractérisation de cette métasurface avec 3 × 18 panneaux, illustrée sur la figure 2.16,
ont été réalisés par Nicolas Bourey [22].

Figure 2.16 – Métastructure légère réalisée pour une fréquence de 1.1 GHz

De plus, la fréquence de fonctionnement du prototype à échelle unité avait été initia-


lement fixée à 11 MHz. Celle-ci a finalement été déplacée à 15 MHz, ce qui a permis de
réduire les dimensions de la structure et donc la matière première nécessaire.
Comme indicateur de performance, on définit, avec l’équation (3.65), un gain en am-
plitude, mesuré à une distance de 745 mm (≈ 2.5λ) dans l’axe principal de l’antenne.

Page 38
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

EmetaZ est le champ électrique rayonné par le monopôle associé au métamatériau et Ez


est le champ électrique rayonné par le monopôle seul :
 
|EmetaZ |
Ge = 20 log (2.6)
|EZ |
À l’extrémité du métamatériau, un gain d’environ une dizaine de dB est obtenu. Sur
la figure 2.17 on peut observer, à partir des mesures, le gain de la structure conçue par
Luca Petrillo ("Full ") comparé à celui de la structure allégée ("Open"). Le gain est tracé
en fonction de la hauteur Z en millimètre, avec le zéro au niveau de l’interface. Dans la
zone d’intérêt, c’est-à-dire aux faibles hauteurs, la différence entre les deux structures est
assez faible pour préférer l’utilisation de la structure légère ici appelée "Open Structure".

Figure 2.17 – Gain obtenu pour les structures dîtes "Full " et "Open" à 1.1 GHz.

Au vu du prix de la matière première pour la réalisation de la métastructure en


HF, il a été décidé de réduire le nombre de panneaux à 13 rangées. En réutilisant la
structure caractérisée par Nicolas Bourey, il a été possible de déterminer le gain attendu
en mesure avec cette structure raccourcie. Il est d’environ 7 dB, ce qui est suffisant pour
démontrer le bon fonctionnement du métamatériau en HF. Le bon confinement de l’onde
au niveau de l’interface peut être observé sur la figure 2.18 grâce à une mesure au-dessus
du métamatériau, dans un plan vertical parallèle à l’axe principal de la structure. Grâce
à ces mesures, la longueur d’onde λx , dans la direction de propagation, correspondant
au nombre d’onde kx a pu être déterminée. Dans ce cas, il est possible, en utilisant
l’équation 1.3 décrite dans l’introduction, d’évaluer la permittivité relative équivalente du
métamatériau. Celle-ci a été déterminée à εrr = −1.25 à 1.1 GHz. Cette valeur, estimée,
correspond bien à la valeur théorique attendue et traduit le bon confinement de l’onde à
la surface.

Page 39
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

Figure 2.18 – Mesure dans un plan vertical de l’amplitude du champ Ez pour la structure
à 13 panneaux à 1.1 GHz, pour une antenne recevant 15 dBm

2.4.2 Mise en œuvre du système en HF


Une fois la structure optimale déterminée, la construction de celle-ci, adaptée à la
bande HF, a commencé. L’entreprise Tonna Access, dans le cadre du projet RAPID AC3M,
a fabriqué la structure selon les dimensions présentées sur la figure 2.19. Celle-ci est
constituée de 13 rangées de 3 panneaux et est adaptée à la fréquence de 15 MHz.

Figure 2.19 – Dimensions de la structure réalisée pour un fonctionnement en bande HF

Le résultat de la conception du métamatériau, visualisée en CAO, est représenté sur


la figure 2.20. On remarque que les panneaux ne sont pas pleins, mais remplis avec du
grillage métallique, ce qui permet de diminuer la masse de l’ensemble et de réduire sa
prise au vent.
À nouveau les essais sur ce lanceur volumique d’ondes de surface 3D ont eu lieu sur le
site du radar Nostradamus. Pour permettre le bon déroulement des mesures, le plan de
sol métallisé a été agrandi. Ses dimensions ont été portées à 50 m de long et 25 m de large.
La structure est construite en acier et a été prézinguée pour éviter une oxydation précoce.

Page 40
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

Figure 2.20 – Dessin CAO de la structure du métamatériau

Le traitement appliqué aux matériaux est incomplet et ne dégrade pas la conductivité


électrique des éléments constitutifs de la structure. Celle-ci a été déployée pendant le
printemps 2019. Le métamatériau associé au monopôle est visible sur la figure 2.21.

Figure 2.21 – Métamatériau et monopôle (au fond) servant d’excitation

Différents types de mesures ont été réalisées, dont deux sont exploitées pour véri-
fier le bon fonctionnement de la structure d’émission. Les mesures selon des coordonnées
cylindriques, représentées sur la figure 2.22a, sont celles ensuite utilisées pour réaliser
les transformations champ proche-champ lointain. Les mesures suivant des lignes horizon-
tales, représentées sur la figure 2.22b, permettent directement de vérifier en champ proche
si la structure a un fonctionnement nominal. Enfin, des mesures de référence ont été réa-
lisées (figure 2.22c). Celles-ci, relativement simples, ont permis de vérifier rapidement la
répétabilité de l’acquisition et sont indispensables pour optimiser les simulations. Sur la

Page 41
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

figure 2.22c, le trajet tracé en bleu (AB) est la trajectoire suivie par le drone. Celui-ci
décolle du point A et atterrit au point B.

(a) Mesures sur un cylindre (b) Mesures selon des lignes horizontales

(c) Mesure de référence

Figure 2.22 – Représentations 3D des trois types de mesures réalisées

Contrairement aux mesures effectuées sur le monopôle seul, les mesures ont ici été
effectuées sur la totalité du cylindre englobant le système d’émission. La topographie du
terrain est telle qu’une partie des mesures est entreprise au-dessus de la terre alors que
l’autre l’est au-dessus du béton. Pour que les simulations soient cohérentes, l’environne-
ment complet des mesures a été reproduit. La figure 2.22c fait apparaître le sol hétérogène
modélisé sous CST MWS. La difficulté ici a été de déterminer les caractéristiques diélec-
triques du béton et de la terre. En effet, même si la mesure des paramètres diélectriques des
matériaux a été envisagée, il est difficile de mettre en œuvre des caractérisations en bande
HF. La solution a donc été d’utiliser des modèles de la littérature [56][57] permettant de
définir les caractéristiques de ces matériaux dans la bande d’intérêt.
Les paramètres diélectriques à 15 MHz utilisés pour les simulations CST sont affichés
dans le tableau 2.1. L’épaisseur du béton considéré est de 1 m, ce qui correspond aux
relevés effectués sur le site d’essai.

Page 42
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

Matériaux εrr σ (S.m-1)


Terre 43.5 48.6×10−3
Béton 10 2.3×10−3

Table 2.1 – Paramètres diélectriques des matériaux considérés en simulation

2.4.3 Résultats et comparaisons à des simulations

(a)

(b)

Figure 2.23 – Mesures de référence - Amplitude et phase du champ électrique vertical :


comparaisons entre les mesures et les simulations, à 15 MHz pour une antenne recevant
15 dBm

Les premiers résultats obtenus sont ceux issus des mesures de référence. Ces mesures
sont ici comparées avec des simulations où le trajet du drone a été fidèlement reproduit.
Les mesures sont tracées en utilisant l’abscisse curviligne s (le point A correspond à
s = 0 m et le point B à s = 115 m). On observe sur la figure 2.23 qu’il y a une bonne
correspondance entre les mesures et les simulations pour le champ électrique vertical, en

Page 43
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

amplitude et en phase. À distances égales du monopôle, il est à noter que le champ rayonné
par la structure est plus important à l’avant du métamatériau. Des mesures similaires ont
pu être obtenues pour la composante radiale du champ. On a vérifié que la composante
azimutale du champ était négligeable, comme attendu. Elle n’a donc pas été prise en
compte.

Figure 2.24 – Cartes du champ électrique |Ez | relevé en mesure et comparé à la simu-
lation pour trois fréquences

Les deuxièmes résultats sont ceux obtenus selon des lignes horizontales. Ces mesures
ont été réalisées pour différentes fréquences [10.3 12.7 13.4 14.4 15 15.7 16.3 18.8] MHz
afin de mettre en évidence la bande d’utilisation de la structure métamatériau. L’antenne
a été adaptée à chaque fréquence, la puissance injectée est donc constante. Ici, seules les
mesures réalisées à [12.7 15 18.8] MHz sont présentées et comparées à des simulations
sur la figure 2.24 (la totalité des mesures et simulations est présentée en annexe A). Lors
des simulations, seule la répartition du module du champ électrique dans un plan vertical
(y = 0) au-dessus du métamatériau a été représentée. Sur ces figures, le confinement de
l’onde au niveau du sol peut être observé. De plus, les cartes du champ en mesure et en
simulation sont similaires. Les différences peuvent s’expliquer par une mauvaise évaluation
de la position du drone en azimut ou par l’interpolation effectuée pour visualiser les cartes
de champs. En effet, le logiciel Matlab utilise une méthode d’interpolation bilinéaire pour
définir les couleurs utilisées pour représenter les surfaces.

Page 44
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

Les erreurs quadratiques moyennes pour les trois fréquences ont été évaluées et sont
présentées sur le tableau 2.2. Ces niveaux d’erreurs sont environ de 10 dB inférieurs à
l’amplitude moyenne du champ observé.

Frequency (MHz) RMSE (dBV/m)


12.7 -38.4
15 -36.7
18.8 -30.6

Table 2.2 – Erreur quadratique moyenne pour les trois fréquences

En analysant la figure 2.24, il pourrait sembler que la structure, dimensionnée pour


15 MHz, présente de meilleures performances à 18.8 MHz. Cependant, l’application visée
est celle du radar à ondes de surface, avec une ouverture azimutale du lobe principal
d’environ 30° et une forte réduction du champ rayonné vers l’ionosphère. Ces différentes
caractéristiques sont absentes à la fréquence de 18.8 MHz. Sur la figure 2.25 une comparai-
son issue de simulations réalisées à 15 MHz et à 18.8 MHz est présentée. En normalisant
le champ, il est possible d’observer que le lobe principal est plus fin à 18.8 MHz qu’à
15 MHz. Par ailleurs, une utilisation à une fréquence supérieure à 15 MHz entraîne des
pertes de propagations supplémentaires ce qui restreint l’utilisation du radar à ondes de
surface à la partie basse de la bande HF.

Figure 2.25 – Comparaison des diagrammes de rayonnement avec la structure métama-


tériau à 15 MHz et 18.8 MHz (à altitude nulle)

À partir de ces mesures, il a été, à nouveau, possible de déterminer la longueur d’onde


λx et, à l’aide de l’équation (1.3), la permittivité équivalente du métamatériau pour les
différentes fréquences (tableau 2.3). Ces résultats sont proches de εrr = −1 qui correspond
à la condition recherchée pour rayonner une importante onde de surface.

Page 45
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

Fréquences (MHz) λx (m) εrr


12.7 10.5 -1.25
15 9.2 -1.26
18.8 8.5 -1.39

Table 2.3 – Longueur d’onde mesurée au-dessus du métamatériau et permittivité équi-


valente

Enfin, les résultats expérimentaux permettant de réaliser les transformations champ


proche-champ lointain sont les mesures en coordonnées cylindriques. Différents types de
cylindres de mesure ont été parcourus par le drone. Ici, seules les mesures effectuées sur
un cylindre de rayon égal à la hauteur (r = z = 40 m) sont analysées, car correspondant
à une configuration optimale pour la transformation champ proche-champ lointain. Le
champ électrique Eφ n’est pas mesuré, car considéré comme nul. Les deux cylindres de
mesure choisis pour relever Eρ et Ez sont illustrés sur la figure 2.26. Il est notable que
malgré quelques positions erronées, la trajectoire suivie par le drone décrit correctement
le cylindre.

(a) (b)

Figure 2.26 – Cylindres de mesure choisis pour les relevés de Eρ et Ez

Afin de réaliser les transformations champ proche-champ lointain, il est nécessaire


d’identifier des positions uniques associées aux mesures de Eρ et Ez . Bien qu’il soit théo-
riquement possible d’utiliser des surfaces imparfaites pour calculer les transformées, il
s’est avéré délicat d’utiliser directement les positions réelles du drone. En effet, il est né-
cessaire de déterminer la puissance rayonnée à travers la surface de mesure pour réaliser
les transformées. Pour cela le cylindre est discrétisé par l’identification des triangles de
Delaunay [58]. La procédure de calcul de ces triangles peut s’avérer coûteuse en temps s’il
faut la réaliser pour chaque trajectoire de drone associée à chaque composante de champ
mesurée. Nous avons donc profité des écarts faibles mesurés entre les positions réelles du
drone à chaque mesure pour définir une trajectoire moyenne représentant les points de
discrétisation d’un cylindre idéal. Ce cylindre est visible sur la figure 2.27.

Page 46
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

Figure 2.27 – Cylindre idéal utilisé pour les transformations CP-CL

Pour analyser les transformations champ proche-champ lointain réalisées, l’intérêt s’est
porté sur la composante verticale Eθ du champ rayonné au niveau du sol à 300 m du centre
du système d’émission. Afin de s’assurer de la validité des résultats obtenus, ces mesures
sont comparées à des simulations réalisées sous FEKO et CST MWS.
Les simulations avec FEKO permettent de déterminer directement le champ électrique
lointain à 300 m, mais le logiciel ne permet pas de définir un sol hétérogène, contrairement
à CST. Ces simulations ont donc été réalisées pour un sol en terre homogène (εrr = 43.5,
σ = 0.0486 S.m-1).
Les simulations avec CST ont, en revanche, été réalisées dans des conditions de sol
plus réalistes, identiques à celles de la figure 2.22c. L’exploitation des simulations est
différente pour CST. En effet, le champ est ici déterminé sur le cylindre de mesure en
champ proche, puis une transformation champ proche-champ lointain est réalisée. Les
deux scènes de simulations sont visibles sur la figure 2.28.

(a) (b)

Figure 2.28 – Cylindres de mesure choisis pour les relevés de Eρ et Ez (a) environnement
CST (b) environnement FEKO

On peut observer sur la figure 2.29 les résultats, en phase et en amplitude, obtenus
pour la transformation champ proche-champ lointain issus des mesures. Ils sont comparés
aux données issues de simulations. Il est notable que la variation et le niveau du champ

Page 47
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

électrique |Eθ | suivent sensiblement la variation et le niveau obtenus avec les simulations.
Comme attendu, on observe bien ici que le métamatériau permet d’exciter une forte
onde de surface au niveau du sol dans la direction principale du métamatériau φ = 0°.
La différence la plus importante porte sur les minima. Pour la phase, il existe de fortes
différences notamment dans la région du lobe principal.

(a) Amplitude du champ à 300 m

(b) Phase du champ à 300 m

Figure 2.29 – Résultats des transformées champ proche-champ lointain

Plusieurs erreurs sont à l’origine de ces différences. En effet, le cylindre de mesure a


été centré sur le monopôle, alors que, pour se placer dans les meilleures dispositions pour
la transformation champ proche-champ lointain, celui-ci doit être centré sur le système
d’émission comme l’expérience pratique acquise au laboratoire a permis de le déduire. De
plus, la programmation des vols du drone semble avoir été légèrement erronée, le centre du
cylindre étant légèrement décalé du monopôle. Enfin, il apparaît clairement que réaliser
les mesures sur un sol hétérogène complique le bon déroulement de la transformation
champ proche-champ lointain.

Page 48
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

Au vu de ces résultats encourageants, bien qu’imparfaits, il a été décidé de réaliser


de nouvelles mesures lors d’essais radars prévus en bord de mer pour octobre 2020. Le
sol étant homogène et la conductivité du sol élevée (sable à proximité de la mer), les
comparaisons avec les simulations devaient être plus favorables.
L’implantation, aux Salins du Midi d’Aigues Mortes, de la structure à métamatériau
a permis d’évaluer, avec des mesures radars, le gain apporté par la structure par rapport
à un monopôle seul. La structure, ainsi installée, est visible sur la figure 2.30.

Figure 2.30 – Structure métamatériau installée aux Salins du Midi

Deux types de mesures ont été menés. Pour les essais radar, deux antennes, un mono-
pôle seul et un monopôle associé au métamatériau sont alimentés simultanément par des
signaux de type codes orthogonaux. Un réseau de réception fournit des niveaux sur les
cibles, ainsi que sur les fouillis de mer et ionosphérique, ceci simultanément à partir des
signaux des deux antennes d’émission, afin de comparer leurs gains.

Figure 2.31 – Système d’émission monté sur le drone

Page 49
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

Des mesures par drone, similaires à celles réalisées à Crucey étaient planifiées. Ces
mesures devaient être effectuées avec le système de mesure en champ proche développé
spécialement pour évaluer le champ rayonné par cette structure à l’échelle 1. Cependant,
la période des mesures a coïncidé avec le passage de la tempête Barbara, ce qui a rendu
impossible le déploiement de ce système, le risque d’accident étant trop élevé. Malgré ces
conditions expérimentales difficiles, pour lesquelles il a été décidé de ne pas embarquer la
sonde de champ sur le drone, des mesures avec un autre système ont pu être réalisées. Il
est présenté sur la figure 2.31.

(a) Amplitude du champ à 300 m

(b) Phase du champ à 300 m

Figure 2.32 – Résultats des mesures réalisées avec le drone et comparés à des simulations

Avec ce système, l’antenne d’émission est embarquée sur le drone et la réception s’ef-
fectue sur le monopôle placé devant le métamatériau. Le signal d’excitation est généré
grâce à un synthétiseur réglé à 14.756 MHz, la fréquence alors autorisée pour les mesures
radars. Il est raccordé à un monopôle, de faible longueur électrique devant la longueur

Page 50
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

d’onde. Ceci permet d’éviter un éventuel couplage entre la structure au sol et le drone.
Pour effectuer un relevé de diagramme de rayonnement, en valeur relative par rapport au
champ maximum, il faut se placer à grande distance de la structure métamatériau, soit
au moins 300 m de celle-ci. En raison des conditions climatiques, il était impossible de
se placer à une telle distance. Nous avons donc réalisé des mesures circulaires à 50 m de
distance et à une altitude de 17 m. Ces mesures étaient centrées sur le centre du système
de réception.
Puisque les mesures (figure 2.32a) ont été réalisées en champ proche de la structure,
l’analyse seule de celle-ci ne permet pas de tirer de conclusions sur le gain du métamaté-
riau. Il a donc fallu les comparer à des simulations où le trajet du drone a été fidèlement
reproduit. On observe alors que le comportement, en champ proche, en mesure est bien ce-
lui attendu en simulation (figure 2.32b). La légère dissymétrie observée sur les minima est
liée à des difficultés lors de l’évaluation du point GPS du centre de la structure d’émission.

Page 51
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

2.4.4 Évaluation du gain à partir de mesures radars


L’implantation du site d’émission et de réception du ROS déployé au Salins du Midi
est représentée sur la figure 2.33. Le réseau de réception, composé de 8 monopôles, est
espacé de 3,3 km de l’émission afin d’éviter un fort trajet direct.

Figure 2.33 – Implantation du ROS au Salins du Midi

Les deux antennes d’émission, le monopôle seul et le monopôle associé au métamatériau


sont espacés d’environ 30 m, les positions des antennes sont indiquées sur la figure 2.34.

Figure 2.34 – Implantation des antennes d’émission du ROS aux Salins du Midi

Grâce aux mesures radars, réalisées par Michel Menelle de l’Onera, il a été possible
d’évaluer les gains, en fonction de l’azimut, de la structure composée du monopôle et du

Page 52
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

métamatériau. Les gains ont d’abord été évalués sur les raies de Bragg. Ces raies rendent
compte de la diffusion de l’onde sur la crête des vagues. Lorsque la longueur d’onde de la
houle est égale à la moitié de celle de l’émission, les contributions réfractées s’ajoutent en
phase, c’est ce que l’on appelle les raies de Bragg. Ces échos étant cohérents, ils peuvent
servir de référence pour mesurer les gains. Tout d’abord, les niveaux obtenus sur l’écho de
la mer ont été évalués pour quatre essais, qui se sont déroulés sur quatre journées, en début
et en fin de mesure. Le temps d’intégration de chaque mesure est de 60 s, puis 20 images
sont sommées pour un temps global d’analyse de 20 minutes. La figure 2.35 présente ces
niveaux, on remarque que l’analyse n’est pas réalisée pour un azimut inférieur à -25°. Ceci
est dû au choix du site d’implantation, les valeurs inférieures à -25° sont inexploitables,
car la propagation s’effectue au-dessus de la terre.

Figure 2.35 – Niveaux recueillis pour le fouillis de mer en 4 jours de mesures

Le gain de l’antenne à métamatériau, par rapport au monopôle, est obtenu en effec-


tuant la différence des niveaux reçus sur les deux antennes. Les antennes d’émission étant
co-localisées, la seule différence pour la puissance reçue est liée au diagramme de rayonne-
ment de l’émission. Le gain est présenté sur la figure 2.36. Une variation d’environ ±2 dB

Page 53
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

est observée, mais une enveloppe globale se dessine et montre bien un gain dans la direc-
tion d’intérêt (azimut φ = 0°). Cette variation s’explique principalement par la grande
dynamique des niveaux reçus, environ 20 dB, en fonction de la force et de la direction du
vent. Ainsi, la répartition non uniforme du fouillis, selon l’azimut, impacte fortement les
niveaux rentrant par les lobes secondaires du réseau de réception.

Figure 2.36 – Gain du métamatériau estimé sur le fouillis de mer

Le même type d’analyse a été réalisé pour des cibles navales. Les pistes communes
obtenues pour les deux antennes d’émission permettent de comparer le niveau des plots
(i.e. le niveau de l’écho des cibles). La figure 2.37 permet de comparer le gain moyen
relevé sur les cibles à ceux obtenus pour le fouillis de mer et pour la simulation, où le sol
considéré est une mer homogène. La forme générale des courbes est similaire en mesures
et en simulation. Le maximum sur les courbes mesurées, de 5.5 dB, est environ d’1 dB
inférieur au maximum théorique (6.5 dB). Il est à noter qu’on se trouve dans un cas
classique des mesures radars en HF, avec de fortes variations des niveaux de fouillis et
un nombre important d’inconnues rendant difficile la répétabilité des mesures, et donc
de l’analyse. Ceci permet de souligner l’intérêt des caractérisations en champ proche des
antennes afin de limiter les facteurs inconnus de l’environnement de mesure.

Page 54
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

Figure 2.37 – Gain théorique du métamatériau comparé aux résultats issus des mesures

2.5 Limitation du système


Le problème de la caractérisation du rayonnement des antennes n’est pas exclusif à la
bande HF, car on retrouve la même difficulté pour la caractérisation des grands réseaux
d’antennes en VHF ou lors de l’implantation d’antennes sur des navires. Le système de
mesure développé (figure 2.7) est adapté aux mesures en bande HF mais pourrait être
utilisé à plus haute fréquence, car la sonde permet des relevés jusqu’à 3 GHz. Seulement,
d’autres contraintes apparaissent à haute fréquence. En effet, avec la précision réelle du
positionnement du drone, aujourd’hui une dizaine de centimètres, la fréquence maximum
d’utilisation est de 100 MHz. La fréquence maximum d’utilisation est obtenue en pre-
nant comme limite 30 λ
, erreur maximale de positionnement supportée par l’algorithme de
transformation champ proche-champ lointain. Une possibilité serait d’équiper le drone
d’un système de positionnement GPS RTK plus performant. En effet, celui fourni par le
constructeur du drone présente des performances limitées. Des chercheurs espagnols [43]
utilisant aussi des drones pour des mesures en champ proche réussissent à obtenir une
précision d’1 cm. On peut, ainsi, effectuer des mesures aux alentours d’1 GHz. Enfin, des
systèmes de positionnement par laser, le drone étant alors équipé d’une cible réflectrice,
sont possibles et permettent d’utiliser des systèmes de mesure de champ à plus de 10 GHz.
Une équipe de recherche allemande [59] a réussi à effectuer des mesures de ce type. La

Page 55
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

mise en œuvre d’un tel système représente cependant un surcoût de plusieurs dizaines de
milliers d’euros. En outre, la présence de la fibre complique nécessairement les mesures
et alourdit le système. Une évolution importante pourrait être d’utiliser un algorithme de
reconstruction de phase. Dans ce cas, des mesures d’amplitudes sur au minimum deux sur-
faces englobant le système d’émission permettraient de réaliser les transformations champ
proche-champ lointain. Mais, l’utilisation de fréquences plus élevées entraînerait un pas
d’échantillonnage plus petit. Les mesures seraient donc nécessairement plus longues, et
afin d’en limiter leur durée, l’emploi d’un algorithme d’interpolation pourrait être utile.
Enfin une optimisation de la charge utile pour réduire le poids et la prise au vent serait
nécessaire.

2.6 Conclusion
Le travail sur la conception d’un système de mesure en champ proche a débuté par
un état de l’art, permettant de mieux comprendre le but poursuivi et de percevoir les
difficultés rencontrées pour une mesure de ce type. Le défi le plus complexe à surmonter a
été celui de la synchronisation entre l’émission et la réception de deux systèmes physique-
ment éloignés et mobiles. Après avoir exploré différentes possibilités, il est apparu que la
solution la plus simple et performante à mettre en place était de récupérer le signal au sol
via une fibre optique. Ce signal est ensuite numérisé de la même manière que l’émission
en utilisant une unique horloge de numérisation.
Après avoir défini la charge utile, la plateforme embarquée a pu être assemblée. Celle-
ci a tout d’abord été utilisée pour caractériser un monopôle seul adapté à la bande HF.
Ce premier essai a permis de valider l’ensemble de la chaîne de mesure en acquérant le
champ proche rayonné par l’antenne et en le comparant à des simulations. Ainsi, après
transformation champ proche-champ lointain, il a pu être noté que la précision des données
était suffisante pour obtenir des résultats cohérents.
La réalisation d’un tel équipement de mesure avait pour but la caractérisation d’une
structure métamatériau adaptée à la fréquence de 15 MHz. Cette structure a bénéficié
d’un projet Rapid nommé AC3M, qui a permis d’aller jusqu’à sa construction et sa carac-
térisation. D’abord construite avec 18 panneaux pleins sous la forme d’une maquette au
centième pour une fréquence de fonctionnement de 1.1 GHz, cette antenne a été caractéri-
sée avec un gain d’environ 10 dB tel qu’attendu par rapport à un monopôle. La structure
réalisée et mesurée en bande HF a été, elle, réduite à 13 panneaux pour une question
de coût et de poids. Les mesures avec le système embarqué sur le drone ont permis de
montrer des performances similaires à celles obtenues en simulation. Enfin, des mesures
radars effectuées aux Salins du Midi ont montré, malgré des conditions météorologiques
difficiles, un gain moyen de 5.5 dB du système par rapport à celui d’un monopôle.
Certaines améliorations à apporter au système de mesure ont pu être mises en évidence.
Elles portent principalement sur la précision de positionnement du drone. La planification

Page 56
CHAPITRE 2. CARACTÉRISATION D’ANTENNES HF EN EXTÉRIEUR PAR
MESURES EN CHAMP PROCHE

des vols est relativement délicate et la réalisation d’un parcours complexe n’est pas encore
possible. La précision des équipements proposés par le constructeur était suffisante pour
notre application, seulement elle rend problématique l’exploitation du système de mesure
à des fréquences plus élevées.
Cet aspect du travail de thèse a utilement ouvert le champ de recherche en combinant
des aspects théoriques et des connaissances en techniques de mesures innovantes. Enfin,
le développement de ce système de mesure a aussi fait naître l’idée de la possibilité de
réaliser des mesures de champ proche diffracté par des cibles navales pour ensuite évaluer,
grâce à des transformées champ proche-champ lointain, leur surface équivalente radar. Le
dernier chapitre de ce manuscrit sera d’ailleurs consacré à la vérification, en simulation,
de la pertinence de ce concept orignal de caractérisation de cibles navales.

Page 57
Chapitre 3

Surface Équivalente Radar

3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
3.2 Propagation en ondes de surface . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
3.2.1 État de l’art . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
3.2.2 Comparaison de trois modèles de propagation . . . . . . . . . . 68
3.2.3 Effet de l’état de mer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
3.2.4 Effet de la variation de l’indice de réfraction atmosphérique . . 78
3.2.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
3.3 Adaptation de la Surface Équivalente Radar à la propagation
en ondes de surface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
3.3.1 Application de la définition classique de la SER pour une pro-
pagation en ondes de surface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
3.3.2 Modification de la formulation de la SER . . . . . . . . . . . . 83
3.3.3 Modélisation et caractérisation de cibles navales . . . . . . . . . 88
3.3.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
3.4 Intégration dans l’équation radar . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
3.4.1 Adaptation de l’expression du gain des antennes à la propagation
en ondes de surface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
3.4.2 Simulation et application à l’équation radar . . . . . . . . . . . 98
3.4.3 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
3.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102

3.1 Introduction
Dans ce chapitre on va s’intéresser notamment à la définition de la Surface Équivalente
Radar (SER), grandeur scalaire fondamentale pour l’établissement du bilan de liaison des
radars à ondes de surface. En effet, la SER est fortement liée à l’équation radar. Cette
équation est similaire à celle de Friis, mais suppose une « troisième antenne » inconnue,

58
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

la cible. Cette équation radar permet de déterminer la puissance reçue Wr au niveau de


l’antenne de réception. Dans son écriture classique, elle est définie comme :

Wt Gt σ
Wr = 2
× × Ae (3.1)
4πR 4πR2
avec Wt la puissance transmise, Gt le gain de l’antenne à l’émission, Ae la surface
effective de captation de l’antenne de réception. Dans le cas d’une onde plane incidente
sur l’antenne de réception, le gain Gr à la réception est défini comme :

Ae
Gr = 4π (3.2)
λ2
Et finalement l’équation radar s’écrit :

Wt Gt σ λ2 Gr
Wr = × × (3.3)
4πR2 4πR2 4π
Avant d’exposer les différents travaux réalisés, il est nécessaire de rappeler des notions
sur la diffraction des ondes par un objet. Celle-ci résulte de l’interaction d’un champ élec-
tromagnétique incident, provenant d’une source lointaine, avec un ou plusieurs objets. Les
données considérées dans ce problème sont le champ électromagnétique incident (E ⃗i, H
⃗ i ),
ainsi que la géométrie et les matériaux du corps diffractant. La configuration du problème
considéré est illustrée sur la figure 3.1.

Figure 3.1 – Géométrie du problème

Ici, ⃗k définit la direction de propagation de l’onde incidente. Le champ diffracté (E⃗d , H


⃗d)
se dirige selon ⃗u et est observé au point M . La densité de courant J⃗s circulant sur la sur-
face de l’objet est observée au point M ′ . Enfin la distance entre le point d’observation et
l’objet est R.
Dans ce problème les inconnues sont le champ diffracté (E⃗d , H ⃗ d ) et le champ to-
tal (E⃗t, H ⃗ t ). En chaque point de l’espace entourant l’objet, le champ total est la somme
des champs incident et diffracté. Le champ total vérifie les conditions aux limites à la
surface de l’objet diffractant. Puisque le champ incident seul, dans la majorité des cas,

Page 59
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

ne vérifie pas ces conditions, il apparaît une densité de courant J⃗s à la surface de l’objet,
source du champ diffracté.
La détermination du champ diffracté permet de caractériser l’objet. Cependant, le
champ est une grandeur vectorielle complexe évoluant selon la distance d’observation.
Son emploi est relativement difficile et rend laborieuses les comparaisons entre différents
scénarios de détections radars. C’est pour cette raison qu’on définit une valeur scalaire
qui est la Surface Équivalente Radar. Cette grandeur scalaire permet de quantifier la
capacité d’une cible à renvoyer l’énergie de l’onde électromagnétique incidente à laquelle
elle est soumise. Cette grandeur est homogène à une surface (m2 ) et se définit comme
la surface projetée d’une sphère équivalente qui renverrait la même énergie que la cible
réelle. Lorsque les différents paramètres de la scène sont figés, le rayonnement de la cible
est considéré comme omnidirectionnel.
La définition mathématique de la SER, notée σ, nécessite que l’onde incidente sur la
cible, placée en espace libre, soit plane et homogène. On écrit alors la densité de puissance
incidente Si , avec η0 l’impédance de l’air, de la façon suivante :

⃗ i ||2
1 ⃗ ⃗ ∗ 1 ||E
Si = E i Hi = (3.4)
2 2 η0
En assimilant la cible à une antenne captant de l’énergie, la SER σ est alors définie
comme la surface de captation de cette antenne. Elle capte alors une puissance égale à :

⃗ i ||2
1 ||E
W = σSi = σ (3.5)
2 η0
Si la cible est métallique, sans pertes, elle re-rayonne la totalité de cette puissance. Ce
rayonnement est considéré comme s’il était omnidirectionnel et observé à une distance R
de la cible. On définit alors la densité de puissance diffractée Sd par la cible par :

W 1 ||E⃗d ||2
Sd = = (3.6)
4πR2 2 η0
Et, en utilisant l’équation (3.5) :

⃗ i ||2
1 ||E 1 ||E⃗d ||2
Sd = σ = (3.7)
8 πη0 R2 2 η0
D’où :

||E⃗d ||2
σ = 4πR2 (3.8)
||E⃗ i ||2
Il apparaît clairement ici une dépendance de la SER à la distance, ce qui n’est pas
satisfaisant, car afin d’être exploitable, cette grandeur doit être constante. Le point d’ob-
servation est classiquement considéré à grande distance de la cible, permettant ainsi de
considérer que le champ diffracté E⃗d par la cible évolue en suivant une loi inverse de la
distance ( R1 ). Dans ce cas, la SER converge selon la distance, elle est alors définie comme :

Page 60
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

⃗ 2
2 ||Ed ||
σ= lim 4πR (3.9)
R→∞ ⃗ i ||2
||E
La connaissance de la SER d’une cible est primordiale. Elle constitue, en se plaçant
du côté de la cible, le seul paramètre caractéristique de la cible dans l’équation radar, les
autres étant seulement dépendants du radar employé et de la distance parcourue par les
ondes.
On comprend alors l’importance que revêt la connaissance de la SER pour prévoir
la capacité de détection d’un radar. Plusieurs méthodes peuvent être envisagées pour la
déterminer : les méthodes hautes fréquences et les méthodes exactes. La notion de haute
fréquence ne fait pas référence ici à la bande HF. Elle traduit l’utilisation d’une longueur
d’onde petite devant les dimensions de la cible. Dans ce cas, il est communément admis
que la longueur d’onde doit être environ 10 fois inférieure aux dimensions du plus petit
élément diffractant de la cible pour pouvoir utiliser ces méthodes [60].
Les méthodes hautes fréquences sont appréciées pour leur efficacité et leur temps de
calcul réduit. À haute fréquence, il est possible de considérer que chaque partie de la
cible rayonne indépendamment des autres. Les calculs des courants induits, puis celui du
champ diffracté en sont facilités. Différentes méthodes existent [61] dont la méthode de
l’optique géométrique, qui est la plus ancienne et la plus simple. La solution de l’optique
physique et la théorie géométrique de la diffraction sont aussi utilisées. La plupart des
logiciels de calcul de SER mettent en œuvre des combinaisons de ces différentes méthodes.
Elles sont d’un grand intérêt, car la majorité des radars de surveillance et de conduite
de tir utilisent des fréquences qui, au regard du critère défini plus haut, peuvent être
qualifiées de hautes fréquences. L’utilisation de ces méthodes est à la base de certains
processus de conception d’aéronefs ou de bateaux pour augmenter leur furtivité radar,
et donc diminuer leur SER [62]. À l’inverse, ces méthodes sont parfois appliquées pour
augmenter la SER : par exemple afin d’accroître la visibilité radar des bateaux civils en
utilisant des réflecteurs [63] ou pour ne pas compromettre la SER réelle d’un vecteur
furtif, lors d’entraînements ou de démonstrations [64].
Avec les radars à ondes de surface, la gamme de longueurs d’onde employée [20−60 m]
ne permet pas d’utiliser les méthodes hautes fréquences. L’emploi de méthodes exactes
est nécessaire. Elles passent par une résolution exacte des équations de Maxwell. Les
principales méthodes de résolution sont celles des différences finies et la méthode des
moments. Ce sont les méthodes les plus précises, ce qui conduit à des tailles de problème
parfois très importantes. Néanmoins, des techniques d’accélération existent, et permettent
de réduire le temps de calcul [65].
Avant de caractériser la SER de cibles navales, il est nécessaire de s’intéresser aux
hypothèses permettant d’établir les relations (3.9) et (3.3). La première concerne le champ
incident E ⃗ i sur la cible qui doit être homogène et plan. De la même façon, le champ E⃗d
diffracté par la cible, doit suivre une loi de variation inversement proportionnelle à la

Page 61
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

distance afin que la limite converge dans l’équation (3.9). Ces hypothèses valables pour
une propagation en espace libre nécessitent d’être évaluées pour une propagation en ondes
de surface. Le cas échéant, des modifications pour adapter la définition de la SER à cette
propagation devront être effectuées.

Page 62
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

3.2 Propagation en ondes de surface

3.2.1 État de l’art


Au début du XX e siècle, Guglielmo Marconi, déjà considéré comme un pionnier dans
les transmissions radio et soutenu par le gouvernement britannique, décide de mener
une expérimentation pour réaliser la première transmission radiotélégraphique transat-
lantique. Il est alors décidé de placer un récepteur, dont l’antenne consiste en un câble
attaché à un cerf-volant, visible sur la figure 3.2, sur une colline adjacente à la ville de
St John’s à Terre Neuve, alors territoire britannique. L’émetteur, de nouvelle génération
et de forte puissance, est localisé à Poldhu en Cornouailles. L’expérience a réussi en dé-
cembre 1901 à une fréquence inconnue (estimée autour de 850 kHz), et a permis de relier
les deux points distants de 3500 km [66]. Cette réussite a été accueillie avec enthousiasme
par la majorité de la communauté scientifique. Cependant au vu du peu de preuves et
du faible nombre de témoins, certains savants firent part de leur scepticisme. Dans la
continuité de cette première liaison, Marconi accomplit un test davantage documenté. La
liaison fut réalisée, jusqu’à 3400 km, avec un paquebot, le S.S Philadelphia. Par ailleurs,
elle permit de mettre en évidence que la nuit était plus propice pour la propagation des
ondes à longue distance.

Figure 3.2 – Cerf-volant équipé d’un câble servant d’antenne de réception (@McClure’s
Magazine)

Ces expériences successives représentent une avancée technique majeure. Elles ont
amené de nombreux physiciens et mathématiciens à répondre à une question fondamen-
tale. Quel phénomène physique lié à la propagation des ondes permet d’expliquer cette
liaison transatlantique ?
En effet, il était alors admis que les ondes électromagnétiques se propageaient en ligne
droite. Les premiers travaux référencés sont présentés en 1903 par H.M. Macdonald [67],
un mathématicien écossais. Ils théorisent la possibilité que les ondes se courbent autour
d’un obstacle conducteur. L’hypothèse est donc qu’une onde se propageant à la surface
de la mer est responsable de la réussite de l’expérience de Marconi. La validité de ces
recherches est rapidement questionnée par Rayleigh [68] et Poincaré [69], deux illustres

Page 63
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

mathématiciens et physiciens.
Il existe aujourd’hui un consensus scientifique sur l’expérience de Marconi. La trans-
mission aurait été rendue possible par la réflexion sur l’ionosphère d’une harmonique
Haute Fréquence du signal. La transmission par onde de surface est impossible au vu du
niveau d’atténuation de celle-ci avec la distance.
En 1907, les travaux de Zenneck [70] représentent la première étape importante dans
la modélisation de l’onde de surface. Ceux-ci traitent du cas de la propagation d’une
onde, solution des équations de Maxwell, à l’interface plane de deux milieux homogènes.
Les deux milieux ont une même perméabilité µ0 , mais des permittivités et conductivités
différentes. La géométrie des milieux de propagations est similaire à celle de la figure 1.8
Le problème est traité dans le cas de la propagation de deux ondes planes non ho-
mogènes, une dans chaque milieu. La propagation s’effectue dans la direction x et, selon
Zenneck, la composante du champ magnétique, pour z > 0 est :

H1y = b1 e−kz1 z−jkx x (3.10)

Le champ magnétique, dans le second milieu, z < 0, est :

H2y = b2 e+kz2 z−jkx x (3.11)

Les termes b1 et b2 sont constants, et on définit les nombres d’onde par les expressions
suivantes :

k02 = kz1
2
+ kx2
(3.12)
εr .k02 = kz2
2
+ kx2
La continuité des champs tangentiels, à l’interface, impose qu’à z = 0, H1y =H2y et en
conséquence b1 = b2 = b. Les composantes de champ électrique, déduites des équations
de Maxwell, dans le milieu supérieur sont :
 
kz1
E1x = −b e−kz1 z−jkx x
jωε0
  (3.13)
kx
E1z = b e−kz1 z−jkx x
jωε0
Les composantes dans le second milieu de propagation s’écrivent de façon équivalente :
 
kz2
E2x =b e+kz2 z−jkx x
σ + jωε0 εrr
  (3.14)
kx
E2z =b e+kz2 z−jkx x
σ + jωε0 εrr
La propagation de deux composantes de champ électrique entraîne l’existence de deux
composantes Px et Pz , pour le vecteur de Poynting P⃗ .

Page 64
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

1
Px = − Ez Hy∗
2 (3.15)
1 ∗
Pz = Ex Hy
2
La présence simultanée de ces deux composantes est une des caractéristiques princi-
pales de la propagation d’une onde de surface. L’énergie liée à la composante verticale du
vecteur de Poynting est faible et est associée aux pertes dans le sol. L’inclinaison de la
propagation de l’onde vers le sol, communément appelé tilt de l’onde, entraîne le confi-
nement de celle-ci à l’interface. L’atténuation est exponentielle selon la hauteur z, et est
différente dans les deux milieux.
Zenneck a démontré mathématiquement qu’une onde de surface peut se propager à
l’interface de deux milieux, cependant il ne traite pas de la question de la source de ces
ondes. Il a été démontré qu’une ligne infinie de dipôles verticaux permet la présence d’une
onde transverse magnétique sur un plan cylindrique infini. Cette onde a une structure
d’onde de Zenneck et son amplitude décroît en √1R dans la direction de propagation au
niveau de l’interface [71]. La notion d’onde de surface dans la littérature fait parfois
référence à cette structure d’onde.
Sommerfeld est le premier à démontrer la présence d’une onde de surface rayonnée par
une source réelle sur un demi-espace conducteur [72]. Il parvient à écrire les champs élec-
triques et magnétiques rayonnés par des dipôles élémentaires électriques et magnétiques.
Une erreur de signe fit controverse et fut longuement débattue, mais celle-ci fut corrigée
en 1926 [73]. Le problème se définit avec la géométrie exposée sur la figure 3.3.

Figure 3.3 – Géométrie utilisée pour les équations de Sommerfeld et le modèle de Ban-
nister

Page 65
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

Dans cette étude, on s’intéresse à la propagation de l’onde de surface à grande distance,


c’est pour cette raison qu’ici les termes d’ordres inférieurs évoluant en R12 , R13 , présent
dans les formules complètes, sont négligés. Pour un sol possédant une forte conductivité
( ωεσ 0 ≫ εrr ), et avec l’hypothèse que le dipôle élémentaire vertical est placé à l’interface
(h = 0), le champ électrique vertical E1z au niveau de l’interface est défini comme suit :

E1z ≃ E1 F (w) (3.16)

Dans ce cas, E1 est le champ de référence donné par :

e−jkR1
E1 = jµ0 ωp (3.17)
2πR1
p est le moment dipolaire porté par le dipôle élémentaire.
Ce champ de référence correspond au champ rayonné au-dessus d’un plan conducteur
électrique parfait. Le caractère diélectrique à pertes du sol est pris en compte au travers
de la fonction d’atténuation F (w).

√ √ 
F (w) = 1 − j πwe−w erfc j w (3.18)

La grandeur w est la distance numérique, distance virtuelle introduite par Sommerfeld,


dépendante des paramètres du sol, de la distance réelle et de la fréquence.

1  p 2
w = − jk0 R1 sin Ψ1 + ∆ 1 − ∆2 cos2 Ψ1 (3.19)
2
Avec ∆ l’impédance de surface normalisée par rapport à l’impédance de l’air :

1
∆= q (3.20)
εrr − j ωεσ 0

La fonction d’erreur complémentaire erfc est définie par l’expression suivante :


Z ∞
2 2
erfc(j w) = √ √
e−z dz (3.21)
π j w

Dans le cas d’un rayonnement hors des contraintes définies précédemment, les déve-
loppements de Norton sont utilisés [19]. En effet, ce modèle, toujours d’actualité, est une
version facilitant l’usage et la compréhension des travaux de Sommerfeld.
La fonction d’atténuation dépend de différents facteurs. Pour un même sol, elle dé-
pendra de la fréquence et de la distance R1 entre le dipôle et le point d’observation du
champ.
Les recherches de Sommerfeld et Norton permettent de montrer, via un développement
en série de la fonction d’atténuation, qu’à proximité du dipôle rayonnant, l’onde se propage
avec une structure proche de l’onde de Zenneck. En effet, dans ce cas le terme d’atténuation
le plus important est alors proportionnel au rapport √1R . À grande distance, l’évolution
en √1R n’est plus représentative du comportement de l’onde de surface [74]. La figure 3.4

Page 66
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

permet d’observer l’évolution du module du champ électrique vertical rayonné par un


dipôle au-dessus de la mer (εrr = 81, σ = 5 S.m-1). L’évolution réelle du champ est
comparée à une variation en inverse de la racine carré de la distance et à l’inverse de la
distance. Il est bien notable que le champ n’évolue pas en √1R à grande distance du dipôle.
L’évolution du champ paraît similaire à celle d’une propagation en R1 sur les premiers
kilomètres de propagation mais diverge peu à peu avec la distance.

Figure 3.4 – Comparaison de l’évolution du module du champ vertical à une propagation


en √1R et R1

Norton a suggéré que le champ rayonné par un dipôle au-dessus d’un sol conducteur est
la somme de trois composantes : un champ direct, un champ réfléchi, équivalent au champ
direct, mais pondéré par un coefficient de réflexion de Fresnel, et un terme de correction.
Les deux premiers termes sont regroupés sous le nom d’onde de ciel. Le troisième terme
correspond à l’onde de surface. La notion d’onde de surface dans ce rapport fait référence
à la définition donnée par Sommerfeld et Norton.
Il existe dans la littérature un grand nombre d’autres modèles plus complexes permet-
tant de prendre en compte différents facteurs. Ceux-ci incluent, notamment, la rotondité
de la Terre, les transitions terre-mer, la rugosité du terrain et les effets de l’atmosphère.
Les modèles analytiques présentent l’intérêt de pouvoir simplement séparer les compo-
santes ondes de surface et ondes de ciel. Cependant, certains paramètres ne peuvent être
intégrés, notamment le relief des terrains, la répartition du champ à propager, etc. Il
peut être notamment fait référence aux travaux de Fock [75], Bremmer [76] et Rothe-
ram [24]. Ce dernier est d’intérêt, car il est recommandé par l’Union Internationale des
Télécommunications (UIT).
Avec l’émergence de processeurs offrant de grandes capacités de calculs, les modèles
numériques ont connu une forte expansion. Ils sont aujourd’hui les modèles privilégiés
dans l’estimation des pertes de propagation, que ce soit pour des applications radars ou
en télécommunications.

Page 67
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

La résolution de l’équation parabolique est très largement répandue [77], d’autres


modèles tels que le Forward-Backward Spectral Acceleration associé à la méthode des
moments sont aussi employés [78].
La majorité des travaux traitant de la propagation pour les radars à ondes de surface
s’intéresse seulement aux pertes au niveau du sol en fonction de la distance. Dans le cadre
de la diffraction par un objet, et par conséquent pour la SER, il est nécessaire de se soucier
de la répartition, en amplitude et en phase, du champ selon l’altitude le long de la cible
en fonction de la distance à l’émetteur.
Pour cette étude, et afin de caractériser le comportement de l’onde de surface, une
comparaison entre trois modèles de propagation éprouvés a été réalisée. Le premier modèle
analytique et développé par Bannister [18] est une extension des travaux de Norton. Le
deuxième est le modèle de Rotheram, un des modèles analytiques les plus complexes,
prenant en compte la rotondité de la Terre et les variations atmosphériques. Enfin, le
dernier est un modèle basé sur la résolution de l’équation parabolique.

3.2.2 Comparaison de trois modèles de propagation


Les formules de Bannister décrivent le rayonnement d’un dipôle au-dessus d’un plan
conducteur infini. La géométrie du problème est identique à celle de la figure 3.3. Ces
formules présentent deux avantages par rapport à celles de Norton. Celles-ci sont valables
à plus grande proximité du dipôle rayonnant et la programmation du calcul est simplifiée.
On s’intéresse ici uniquement aux champs rayonnés par un dipôle électrique vertical
placé au-dessus de l’interface, à une altitude h. L’impédance de l’air est η0 = 377 Ω, le
nombre d’onde dans l’air est k0 , p est le moment dipolaire. Enfin, on rappelle l’impédance
de surface normalisée par rapport à l’impédance de l’air ∆ :

1
∆= q (3.22)
εrr − j ωεσ 0

Le coefficient de réflexion de Fresnel pour la polarisation verticale Γ|| est défini comme :

sin Ψ2 − ∆1
Γ|| = (3.23)
sin Ψ2 + ∆1
avec ∆1 :

p
∆1 = ∆ 1 − ∆2 cos2 Ψ2 (3.24)

Les équations des champs électriques et magnétiques ont été simplifiées pour en amé-
liorer la lisibilité, en supposant que le point d’observation est situé à une grande distance
du dipôle (|k0 R2 | ≫ 1). Les formulations de Bannister sont présentées dans leur totalité
en annexe B.
Les trois composantes de champs non nulles, en coordonnées cylindriques, sont :

Page 68
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

jk0 η0 p e−jk0 R1 e−jk0 R2 e−jk0 R2


 
Eρ = sin Ψ1 cos Ψ1 + Γ|| sin Ψ2 cos Ψ2 − (1 − Γ|| )∆F (w) cos Ψ2
4π R1 R2 R2
(3.25)

jk0 η0 p e−jk0 R1 e−jk0 R2 e−jk0 R2


 
2 2 2
Ez = − cos Ψ1 + Γ|| cos Ψ2 + (1 − Γ|| )F (w) cos Ψ2
4π R1 R2 R2
(3.26)

jk0 p e−jk0 R1 e−jk0 R2 e−jk0 R2


 
Hφ = cos Ψ1 + Γ|| cos Ψ2 + (1 − Γ|| )F (w) cos Ψ2 (3.27)
4π R1 R2 R2

Sur les trois équations ci-dessus, les composantes de champs sont la somme d’un champ
direct, d’un champ réfléchi au niveau de l’interface, caractérisé par le coefficient de ré-
flexion de Fresnel Γ|| , et d’une onde de surface caractérisée par F (w), la fonction d’atté-
nuation de Norton.
Avec la source d’émission placée au niveau de l’interface (h = 0 m), soit un scénario
classique pour l’utilisation de radar HF à ondes de surface, le rapport entre la composante
longitudinale et verticale du champ électrique, pour Ψ1 = Ψ2 = 0, est :


| | = |∆| (3.28)
Ez
À titre d’exemple, pour une mer aux propriétés électromagnétiques classiques (εrr = 81,
σ = 5 S.m-1), le rapport vaut : |∆| ≈ 0.0105 à 10 MHz. Une faible valeur de ∆ peut
être observée pour toute la bande HF, pour une propagation sur la mer. Ceci explique
pourquoi seul le champ électrique vertical est généralement considéré pour les ROS.
L’étude avec ce modèle de propagation est limitée par l’hypothèse de Terre plate. Il a
été démontré que la distance limite correspondante est [79] :
 − 13
π
dc = R R (3.29)
λ0
avec R = 6371 km le rayon de la Terre. L’analyse, extrapolable à toute la bande de
fréquence d’intérêt, est réalisée ici à 10 MHz est donc limitée à une distance maximale
de dc = 70 km. D’autres résultats obtenus à différentes fréquences sont présentés dans
l’annexe C. Les courbes tracées sur la figure 3.5 montrent les variations, normalisées à la
valeur maximale obtenue, au niveau de la mer, de l’amplitude et de la phase du champ
électrique vertical en fonction de l’altitude. Cette comparaison est réalisée pour différentes
distances entre 30 et 70 km. L’altitude est limitée à 100 m, car il n’existe pas de navires
ayant un tirant d’air supérieur à cette valeur.
Des informations importantes peuvent être tirées des figures 3.5. Premièrement, bien
que l’amplitude du champ ne soit pas constante, ses variations avec l’altitude, à une dis-

Page 69
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

(a)

(b)

Figure 3.5 – Variation de l’amplitude de Ez (a) Variation de la phase de Ez (b) pour


différentes distances (f = 10 MHz, mer : εrr = 81 et σ = 5 S.m−1 ) - Modèle de Bannister

tance fixe, sont faibles (de l’ordre de 10 % à 100 m d’altitude). Les variations en fonction
de l’altitude sont quasiment linéaires et assez semblables, au moins sur les quarante pre-
miers mètres, quelle que soit la distance d’observation. Des conclusions similaires peuvent
être tirées pour la phase. Afin de renforcer ces conclusions, une analyse analogue a été
réalisée avec d’autres modèles de propagation.

Le deuxième modèle est, aussi, un modèle analytique très complet, intégrant notam-
ment la rotondité de la Terre et la présence de l’atmosphère dans le calcul du champ

Page 70
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

rayonné par un dipôle électrique [24]. Ce modèle est celui recommandé par l’Union In-
ternationale des Télécommunications (UIT). Le logiciel GRWAVE utilise ce modèle et
permet, seulement, le calcul de l’amplitude du champ électrique à un point d’observation
arbitrairement placé au-dessus d’une terre considéré homogène. Ces travaux se basent en
réalité sur trois modèles, appliqués distinctement selon la distance et la hauteur d’obser-
vation. Pour des propagations à courtes distances et à faible altitude, dans le cas où la
représentation Terre plate est valide, un modèle étendu de Sommerfeld est utilisé [80].
Dans le cas où la distance reste faible, mais la hauteur à laquelle le champ est observé
augmente, le champ est calculé grâce à une technique d’optique géométrique. Enfin, dans
le cas où le récepteur se situe au-delà de l’horizon radioélectrique, les techniques précé-
dentes ne sont plus utilisables. Dans ce cas, un calcul des résidus pour résoudre l’équation
intégrale, adaptée à une Terre sphérique, permet de déterminer le champ rayonné est ef-
fectué. Cette dernière méthode se base sur les travaux fondateurs de Bremmer adaptée
pour la prise en compte de l’atmosphère.
Le modèle d’indice de réfraction de l’atmosphère couramment utilisé est celui d’une
variation exponentielle avec l’altitude [81]. Son implémentation se fait en modifiant le
rayon de la Terre lors du calcul des champs. Cette technique, souvent utilisée pour les
problèmes de propagation troposphérique, permet de redéfinir le problème réel comme
celui d’une Terre, sans atmosphère, possédant un rayon effectif variable. Ce rayon est
noté :

re = Kr0 (3.30)

avec K le facteur du rayon effectif et r0 = 6371 km le rayon de la Terre.


Il est à noter que la méthode de Bremmer, et par conséquent celle de Rotheram, ainsi
que celle développée par Norton ont pu être comparées à des résultats expérimentaux. Ces
mesures, réalisées [82][83] avec un émetteur statique localisé sur la côte méditerranéenne et
un récepteur placé à bord d’un bateau, représentent une source importante d’information
pour valider les différents modèles de propagation. Dans les conditions de mesure, à savoir
un terrain avec peu de relief ainsi qu’un état de mer faible, les comparaisons montrent
que ces modèles, dans leurs domaines respectifs de validité, permettent un calcul précis
des pertes de propagation. Le comportement de l’onde de surface est par conséquent
bien modélisé. Cependant, une comparaison manque et concerne, l’étude des variations
du champ en fonction de l’altitude. Celle-ci n’a, en effet, à notre connaissance, jamais
été traitée dans la littérature scientifique. L’utilisation du système de mesure embarqué
sur drone présenté dans le chapitre précédent permettrait de lever l’incertitude sur la
validité en altitude de ces modèles, pour l’amplitude au moins. En effet, la détermination
de la phase du champ nécessiterait une synchronisation à grande distance, ce qui semble
difficilement réalisable.
Puisque la méthode de Rotheram ne permet pas de déterminer la phase du champ
électrique, on s’intéresse seulement aux variations d’amplitude. L’analyse est analogue à

Page 71
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

celle réalisée avec le modèle de Bannister. Néanmoins, le domaine de validité étant supé-
rieur en distance, l’analyse est étendue jusqu’à 200 km. Des résultats de calculs effectués
à différentes fréquences sont présentés en annexe D.

Figure 3.6 – Variation de l’amplitude de Ez pour différentes distances (f = 10 MHz,


mer : εrr = 81 et σ = 5 S.m−1 ) - Modèle de Rotheram

Les observations notables sur la figure 3.6 sont équivalentes à celles effectuées avec le
modèle de Bannister. La variation du champ en fonction de l’altitude est faible, environ
10 %, et celle-ci évolue peu avec la distance. Surtout, il est intéressant d’observer que
les courbes de variations convergent à partir d’une distance supérieure à 70 km. Le front
d’onde incident sur la cible est alors sensiblement identique, quelle que soit la distance.
Cette conclusion qui peut être étendue à toute la bande d’intérêt pour les radars HF
à ondes de surface [5-15 MHz] permet d’envisager que la diffraction de la cible soit alors
indépendante de la distance à la cible. En effet, si la structure de l’onde, en variation
relative au champ à l’interface, est constante en fonction de la distance, alors les courants
induits sur la structure de l’objet diffractant seront les mêmes, à une constante près, quelle
que soit la distance à la cible. Cette hypothèse importante est nécessaire pour pouvoir
attribuer une valeur unique à la réflectivité de la cible. Pour pousser l’étude plus loin, une
analyse similaire a été réalisée avec un modèle de propagation numérique.

L’équation parabolique a été introduite dans les années quarante par Leontovitch et
Fock [84]. Leur recherche concernait la propagation des ondes autour de la Terre. L’équa-
tion parabolique est nommée ainsi, car une hypothèse de paraxialité (parabolique) est
appliquée pour l’établir. Cette approche, au vu de la complexité initiale du calcul, n’a
pas particulièrement intéressé la communauté scientifique, et il a fallu attendre que Tap-
pert introduise la méthode de résolution Split-Step Fourier pour qu’elle commence à être
employée [85]. Elle fut, dans un premier temps, appliquée au problème de propagation
des ondes sonores en milieu aquatique, notamment pour la détection de sous-marins. Elle

Page 72
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

s’avère d’un grand intérêt pour des milieux de propagation possédant de fortes variations
d’indices de réfraction verticales et horizontales. L’application de cette méthode à la pro-
pagation des ondes électromagnétiques a débuté à l’aube des années quatre-vingt-dix, et
elle a été popularisée par Dockery et Kuttler [77].
L’origine de cette méthode de résolution est l’équation d’Helmholtz. Dans le cas d’un
milieu parfait (linéaire, homogène, isotrope, à réaction instantanée, et avec absence de
pertes) et en l’absence de courant et de charges l’équation est :

∆U + k 2 U = 0 (3.31)

avec k = ω µε le nombre d’onde, ω la fréquence angulaire, ∆ l’opérateur laplacien
et U le champ magnétique ou électrique. La structure de l’onde de surface présente une
composante de champ magnétique Hφ et deux composantes de champ électrique, longitu-
dinale Eρ et verticale Ez . Les composantes de champ électrique peuvent être déduites du
champ magnétique grâce aux équations de Maxwell. Dans ce cas, on s’intéresse seulement
à la composante U = Hφ du champ magnétique. Dans certains cas, l’étude de l’équation
parabolique se fait dans un domaine tridimensionnel [86]. Cependant, les études de ce type
sont naturellement plus complexes, car prenant en compte une dimension supplémentaire.
Nécessitant des temps de calcul bien plus importants à ceux en deux dimensions, elles ne
présentent qu’un intérêt limité pour cette analyse. Une hypothèse d’invariance azimu-
tale, selon φ, permet alors de ramener le problème dans un espace à deux dimensions.
L’équation de propagation, en coordonnées cylindriques, est alors :

∂ 2U 1 ∂U ∂ 2U
+ + + k02 n2 U = 0 (3.32)
∂ρ2 ρ ∂ρ ∂z 2
avec n l’indice de réfraction de l’atmosphère. On substitue au champ U sa valeur
réduite u par la transformation :

1
U (ρ, z) = √ ejk0 ρ u(ρ, z) (3.33)
ρ
Dans ce cas, l’équation de propagation des ondes est :

∂ 2u ∂u ∂ 2 u
 
1
− 2jk0 + 2 2
+ k0 u (n − 1) + =0 (3.34)
∂ρ2 ∂ρ ∂ 2 z (2ρk0 )2
S’applique ensuite l’hypothèse de paraxialité qui se traduit par l’inégalité suivante :
2
∂ u
≪ 2k0 ∂u (3.35)


∂ρ2 ∂ρ

Une seconde hypothèse sur l’indice de réfraction n permet d’écrire :

1
≪ n2 − 1 (3.36)

(2ρk0 )2

Ainsi, appliquées à l’équation (3.34), ces hypothèses mènent à l’équation parabolique

Page 73
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

2D standard suivante :

∂ 2u ∂u 2 2
(3.37)

− 2jk0 + k0 n − 1 u=0
∂z 2 ∂ρ
La littérature présente de nombreuses techniques de résolution de l’équation (3.37).
La démarche utilisée ici est une méthode par éléments finis décrite par Apaydin [25]. L’es-
pace bidimensionnel est maillé suivant les directions longitudinale et verticale. Les pas de
discrétisation sont respectivement δρ et δz. La mise en place d’une méthode de résolution
de type Crank-Nicolson permet une résolution matricielle du système d’équations aux
dérivées partielles. L’application de cette méthode impose une hypothèse forte : la source
émet un rayonnement de type faisceau gaussien. Ceci ne correspond pas au diagramme de
rayonnement d’un dipôle. Les aménagements nécessaires pour tenir compte de la source
réelle sont lourds à mettre en oeuvre et ne sont pas d’un grand intérêt, car, à grande
distance, seule l’onde de surface subsiste. En effet, la somme des champs direct et réfléchi
est nulle à proximité du sol. En conséquence, les modifications n’ont pas été réalisées.
Le schéma de résolution de l’équation parabolique est présenté sur la figure 3.7. Le
calcul de la propagation est initialisé sur une verticale en suivant une allure gaussienne.
La résolution utilise ce champ initial et s’effectue de façon itérative selon l’axe horizontal
à l’aide de l’algorithme de Cranck-Nicolson.

Figure 3.7 – Schéma de résolution et maillage du problème pour l’équation parabolique

Ce modèle de propagation est utilisé pour les mêmes paramètres de fréquence et de sols
que ceux définis dans les parties précédentes. Des résultats obtenus à différentes fréquences
sont présentés dans l’annexe E. L’atmosphère est considérée comme standard, les pas
horizontaux et verticaux sont respectivement δr = 100 m et δz = 10 m. La figure 3.8
représente la variation de l’amplitude du champ électrique vertical évalué jusqu’à 200 km
de la source.
Il est notable sur la figure 3.8 que la variation d’amplitude du champ en fonction

Page 74
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

Figure 3.8 – Variation de l’amplitude de Ez pour différentes distances (f = 10 MHz,


mer : εrr = 81 et σ = 5 S.m−1 ) - Modèle de l’équation parabolique

de la hauteur au-dessus de la mer pour une distance de 30 km, est différente de celle
obtenue avec les deux modèles précédents. Cette différence est due à la nature gaussienne
de la source. À cette distance, le champ n’est pas composé de la seule onde de surface
et l’influence du profil spatial du champ source gaussien est alors visible. À plus grande
distance, les mêmes variations que celles décrites avec les modèles analytiques peuvent être
observées. Cette analyse, réalisée ici à 10 MHz est aussi applicable aux autres fréquences
de la bande utile des ROS.
Pour la phase du champ électrique, présentée sur la figure 3.9, des variations similaires à
celles présentées avec le modèle de Bannister peuvent être notées. Il semble que l’utilisation
d’un modèle numérique de propagation ne soit pas très appropriée pour des calculs de
propagation avec des paramètres standards de simulations. Le temps de calcul est bien
supérieur, et les résultats très proches, à ceux des modèles analytiques. Le véritable intérêt
de ce type de modèle se révèle pour des fréquences plus élevées, où l’indice de réfraction
atmosphérique a un fort impact, ou bien lorsque l’on veut calculer les pertes sur un sol
présentant du relief.
Ces différents résultats permettent de poser les bases du raisonnement permettant de
redéfinir la notion de la surface équivalente radar appliquée au radar à ondes de surface.
L’hypothèse, qui sera vérifiée en simulation, est que les profils de variations, avec la dis-
tance, des champs électrique et magnétique sur la cible sont identiques. Cette hypothèse,
valable pour toute la bande de fréquence d’intérêt, doit être étendue en s’intéressant à
l’impact de l’état de mer sur la propagation.

Page 75
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

Figure 3.9 – Variation de la phase de Ez pour différentes distances (f = 10 MHz, mer :


εrr = 81 et σ = 5 S.m−1 ) - Modèle de l’équation parabolique

3.2.3 Effet de l’état de mer


Il est communément admis que l’état de mer a un fort impact sur la propagation des
ondes de surface. L’état de mer se définit par l’échelle de Douglas. La méthode couram-
ment utilisée pour prendre en compte les pertes liées à l’état de mer consiste à modéliser
l’impédance de la surface. Pour cela, différentes méthodes sont présentes dans la littéra-
ture. Celle privilégiée ici a été développée par Barrick [87]. Elle applique le principe des
perturbations pour aboutir à une modification de l’impédance de surface normalisée par
rapport à l’impédance de l’air. Pour rappel, celle-ci est définie par :

1
∆= q (3.38)
εrr − j ωεσ 0

Afin d’être appliquée, cette méthode nécessite que les variations soient faibles devant
la longueur d’onde. Il faut (k0 h)2 ≪ 1, avec h la hauteur des rugosités. On note alors
l’impédance de sol effective ∆, donnée par :

∆=∆+A (3.39)

où A est la double intégrale dans l’espace de Fourier sur les variables spectrales p et
q, définie par :
Z +∞ Z +∞
A= F (p, q)W (p, q)dpdq (3.40)
−∞ −∞

et :

Page 76
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

p2 + b′ ∆(p2 + q 2 − k0 p) p2 − q 2
 
F (p, q) = +∆ + k0 p (3.41)
b′ + ∆(b′2 + 1) 2

1
q

b = k02 − (p + k0 )2 − q 2 (3.42)
k0 p
W (p, q) représente le spectre de gravité de la mer, qui permet de reconstituer les
paramètres statistiques de la mer. Un certain nombre de modèles sont présents dans la
littérature, et deux d’entre eux ont été utilisés dans cette étude [88]. Le premier est le
spectre de Philips :

1 0.02
W (p, q) = (3.43)
2 π(p + q 2 )2
2

Le second est celui de Neumann-Pierson :

3.05(p cos α + q sin α)2 −2g



W (p, q) = 5 13 e U2 p2 +q 2 (3.44)
g (p2 + q 2 )
2 4

avec α qui représente la direction du vent par rapport à l’axe ρ, en coordonnées


cylindriques. U est la vitesse du vent et g est l’accélération de la pesanteur. Les analyses
étant sensiblement identiques pour les deux modèles, les résultats ne sont présentés que
pour le premier modèle. L’impédance de surface est modifiée pour deux états de mer
différents et les résultats sont présentés dans le tableau 3.1.

État de mer Vitesse du vent Hauteur rms des vagues


2 5.1 m.s-1 0.13 m
5 12.9 m.s-1 0.84 m

Table 3.1 – États de mer considérés pour les simulations

Les états de mer supérieurs à 5 ne sont pas considérés, car ils ne vérifient pas la
condition de faibles variations de hauteur devant la longueur d’onde. De plus, il a été
montré que l’utilisation des radars à ondes de surface devient difficile pour des états de
mer forts (supérieurs à 7). L’analyse a été effectuée sur les variations du champ électrique
en fonction de l’altitude selon la distance d’observation, avec les mêmes paramètres de
simulation. Des résultats obtenus à d’autres fréquences sont présentés dans l’annexe F.
Le modèle de propagation ici utilisé est celui de Bannister. Les courbes sont tracées pour
une impédance de la mer calme et pour les deux impédances effectives correspondantes
aux états de mer 2 et 5.
Les variations de la surface de mer ajoutent des pertes non négligeables lors de la
propagation, elles ont aussi un impact sur la répartition du champ incident sur la cible,
comme on peut le voir sur la figure 3.10. Cependant, l’observation d’une faible variation,
en fonction de la distance, de la répartition du champ sur la cible selon l’altitude se
retrouve aussi avec des états de mer importants.

Page 77
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

Figure 3.10 – Variations de l’amplitude de Ez pour plusieurs distances et plusieurs états


de mer (f = 10 MHz, mer : εrr = 81 et σ = 5 S.m−1 )

3.2.4 Effet de la variation de l’indice de réfraction atmosphérique


La variation de l’indice de réfraction atmosphérique est importante au-dessus de la mer.
Elle a fait l’objet d’un nombre important d’études relatives aux radars micro-ondes [89].
De fortes variations vont diminuer ou accroître la portée du radar ainsi que modifier
la répartition du champ incident au niveau de la cible. La cause de ces variations est
principalement attribuable à l’existence de conduits d’évaporation. Ceux-ci sont dus à la
décroissance rapide du taux d’humidité au-dessus de la mer [90].
Il est couramment admis dans la littérature que ces conduits ont un impact négligeable
sur la propagation en bande HF. En effet, les longueurs d’onde décamétriques ne sont pas
concernées par des pseudostructures de guidage de quelques mètres de haut [90]. Pour
cette raison, aucune étude publiée dans la littérature scientifique n’aborde ce sujet dans
le détail pour la bande HF, et ces aspects ne sont pas pris en compte dans cette étude.

3.2.5 Conclusion
L’étude de l’onde de surface et des modèles de propagation fournis par Bannister, Ro-
theram et de la résolution de l’équation parabolique, permet de formuler une hypothèse
indispensable, pour déterminer la grandeur scalaire représentative du pouvoir de diffrac-
tion de la cible. Bien que l’onde incidente ne soit ni plane ni homogène, la variation, en
fonction de la distance, du profil vertical du champ sur la cible est suffisamment faible
pour être négligée. L’évolution du champ est dépendante des paramètres électriques du
sol, de l’état de mer et de la fréquence, mais il semble possible de négliger la dépendance
à la distance. Cette approximation doit permettre de définir une grandeur semblable à

Page 78
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

la surface équivalente radar, mais adaptée à la spécificité de la propagation en ondes de


surface.

Figure 3.11 – Pistage du Bella Vita au large de l’Île du Levant

Les premiers résultats expérimentaux obtenus avec le prototype de radar à ondes de


surface, mis au point par l’Onera et installé sur l’Île du Levant, vont dans ce sens. La
figure 3.11 montre le pistage d’une cible au large de l’Île du Levant. Cette cible a été suivie
pendant près de 2h45. Le point A représente le début de la piste, et le point B la fin. La
cible est le Bella Vita, un yacht de 73 m de long, identifiée grâce à la correspondance entre
la piste et l’AIS (Automatic Identification System).

Figure 3.12 – Niveau du Bella Vita au cours du temps

On observe sur la figure 3.12 que les variations du signal écho reçu en provenance de

Page 79
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

la cible fluctuent faiblement. Le niveau de signal évolue en fonction du temps et donc de


la distance au radar (le bateau a une trajectoire qui l’éloigne du radar), mais il n’y a pas
de fortes fluctuations sur des temps courts.
Si la structure de l’onde incidente variait fortement, en fonction de la distance ou de
l’indice de réfraction atmosphérique, alors le niveau de l’écho reçu en provenance de la
cible devrait présenter aussi de fortes variations.
La suite de l’étude porte sur la diffraction de la cible et sur la modification de la
définition de la surface équivalente radar pour une propagation en ondes de surface.

Page 80
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

3.3 Adaptation de la Surface Équivalente Radar à la


propagation en ondes de surface

3.3.1 Application de la définition classique de la SER pour une


propagation en ondes de surface
Dans la partie précédente, il a été montré que le champ incident, noté Ei sur la cible
n’est ni homogène, ni plan. Aussi, les champs électromagnétiques, notamment le champ
Es diffracté par la cible, ne s’affaiblissent pas selon une loi inversement proportionnelle
à la distance R. Il semble donc que la définition de la SER, équation (3.9), ne soit pas
appropriée pour une propagation en ondes de surface. La première étape a donc été de
montrer que l’application de cette formule ne permettait pas de déterminer une valeur
représentative du pouvoir de diffraction de la cible.
Cette étude a été effectuée en réalisant des simulations avec le logiciel FEKO. La
méthode des moments utilisée permet un calcul rigoureux ("full-wave") en présence d’une
interface infinie. Grâce au calcul de l’intégrale de Sommerfeld complétant les fonctions
de Green, la contribution de l’onde de surface est bien prise en compte pour le calcul du
champ électromagnétique total.

Figure 3.13 – Scène de la simulation de la diffraction d’une plaque au-dessus de la mer

La simulation est présentée sur la figure 3.13, la cible étant une plaque rectangulaire
de 40 m de haut et de 50 m de large. Le milieu supérieur est de l’air, caractérisé par ε0 ,
la permittivité du vide, et µ0 , la perméabilité du vide. Le milieu inférieur est la mer, avec
les paramètres électromagnétiques suivants : εrr = 81 et σ = 5 S.m-1. Le champ incident
sur la plaque est produit par un dipôle vertical, rayonnant à la fréquence de 10 MHz. Il
est placé à proximité du sol (z = 1 m) à 50 km de la cible.
Afin de vérifier que FEKO permet bien de calculer l’onde de surface, une première
comparaison a été effectuée entre le champ électrique rayonné par le dipôle avec FEKO et
celui calculé grâce aux formulations analytiques de Bannister [18]. La figure 3.14 montre
l’amplitude de la composante verticale du champ électrique rayonné en fonction de la

Page 81
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

distance radiale à la source. Les champs sont bien identiques. De plus on constate que la
décroissance du champ est plus rapide qu’une loi inversement proportionnelle à la distance,
ce qui est bien connu et décrit dans la littérature [19].

Figure 3.14 – Champ vertical rayonné au-dessus de la mer à z = 1 m par un dipôle -


comparaison FEKO/formule de Bannister (10 MHz)

En présence de la cible, le champ diffracté est calculé, à une hauteur d’1 m au-dessus
de la surface, pour tous les angles azimutaux φ entre [0 − 360°], et à trois distances R : 30,
50, et 70 km de la cible. La formule classique de la SER (3.9) est appliquée à ces données
afin de calculer la SER bistatique de la cible. Le résultat est visible sur la figure 3.15.

Figure 3.15 – Calcul bistatique de la SER σ de la plaque, située au-dessus de la mer (à


10 MHz)

Ces résultats sont comparés à ceux obtenus pour un calcul classique, en espace libre,
visible sur la figure 3.16. On constate que la SER dépend de la distance pour la propagation

Page 82
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

en ondes de surface. Un résultat de ce type était attendu, car la propagation en ondes de


surface est très différente de celle en espace libre. L’absence de convergence pour la SER
quand la distance croît, dans le cas des ondes de surface, montre bien l’inadéquation de
la définition classique pour ce type de propagation.

Figure 3.16 – Calcul bistatique de la SER σ de la plaque, située en espace libre (à


10 MHz)

La définition usuelle de la SER impose deux hypothèses, non vérifiées, pour notre
cadre d’utilisation. En premier lieu, il y a la nécessité d’avoir un champ diffracté évoluant
selon une loi inversement proportionnelle à la distance R. Il a été montré précédemment
que ça n’était pas le cas de l’onde de surface. En second lieu, il y a l’invariance du champ
incident sur la cible en fonction de l’altitude. Les profils verticaux du champ, affichés
précédemment, contredisent cette hypothèse.
Par ailleurs, l’emploi de cibles maritimes rend plus difficile le problème à traiter. En
effet, une partie de la coque des embarcations est immergée dans l’eau. Le calcul des
courants induits sur cette partie est compliqué et n’est pas proposé pour un sol infini avec
FEKO. Cependant, on pourrait montrer que l’influence de cette partie de l’embarcation,
sur le rayonnement de la cible est négligeable, notamment à cause de l’épaisseur de peau
pour la mer en bande HF. Des informations supplémentaires et des simulations sont
présentés dans l’annexe G.

3.3.2 Modification de la formulation de la SER


La littérature présente peu de références sur la surface équivalente radar dans le cas
d’une propagation en ondes de surface, ce qui est potentiellement dû au caractère confi-
dentiel de ces travaux. L’étude la plus aboutie qui a pu être lue jusqu’ici a été réalisée
par une équipe de recherche canadienne. Celle-ci a porté sur l’évaluation de la SER à
partir de mesures de deux cibles maritimes, dont une de grande taille devant la longueur

Page 83
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

d’onde. Après modélisation, les SER des cibles ont été étudiées grâce à des logiciels de
simulation électromagnétique. Il a été montré qu’il était difficile d’établir les SER à partir
de mesures, aussi les caractérisations ont été effectuées en considérant un sol conducteur
électrique parfait, qui par sa nature ne permet pas la présence d’une onde de surface [91].
D’autres chercheurs ont traité le sujet en introduisant la notion de SER apparente [92].
Celle-ci est définie en corrigeant la SER en espace libre (appelée σF S ) par un coefficient
prenant en compte les pertes de propagation au-dessus de l’interface (coefficient F ). Ainsi
la SER apparente σa s’écrit :

σa = F 4 σF S (3.45)

Cette définition permet de déterminer la SER pour un milieu de propagation donné.


Elle nécessite qu’un calcul de propagation soit mené en amont pour déterminer F . Dans ce
cas, la SER ne caractérise plus seulement le pouvoir de diffraction de la cible, mais aussi le
milieu de propagation. Ce type de calcul de SER est utile pour des milieux de propagation
complexes, par exemple dans le cas de la diffraction d’une cible placée derrière une île.
La partie précédente a été l’occasion de montrer que la définition classique de la SER
n’était pas adaptée à la propagation en ondes de surface. Pour cela, une exploitation de
trois modèles différents de propagations a permis de préciser le comportement des ondes
de surface. Le modèle de Bannister, le modèle de Rotheram et une résolution numérique
de l’équation parabolique ont été utilisés. Même si l’onde de surface n’est ni plane, ni ho-
mogène sur la cible, la variation, en fonction de la distance, de la distribution verticale des
champs électriques et magnétiques incidents sur la cible est négligeable. Cette hypothèse
a été étendue en s’intéressant à l’effet de l’état de la mer sur la propagation. En utilisant
la méthode Barrick [87], les conclusions ont été similaires à celles obtenues pour une mer
calme.
Grâce à cette hypothèse et aux formulations du rayonnement d’un dipôle proposées
par Bannister, une définition de la SER adaptée à la propagation en ondes de surface a pu
être développée, cette nouvelle SER étant notée σSW . La source de champ est supposée
proche du sol. P⃗i est le vecteur de Poynting résultant du rayonnement du dipôle, en régime
sinusoïdal :

1⃗
P⃗i = E ⃗∗
i × Hi (3.46)
2
Dans le cas de la propagation d’une onde de surface, les deux composantes de champ
électrique incident sur la cible sont : Ezi et Eρi . La composante de champ magnétique
incidente est Hφi . On en déduit le vecteur de Poynting :

1 1
P⃗i = − Ezi Hφ∗ i e⃗ρ + Eρi Hφ∗ i e⃗z (3.47)
2 2
En considérant que la source d’émission est placée au niveau de l’interface, et que l’on
s’intéresse au champ à proximité de l’interface (z > 0 m), on a le rapport suivant entre

Page 84
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

les modules des champs électriques :

|Eρi | = |∆||Ezi | (3.48)

Pour rappel, l’expression de ∆ est :

1
∆= q
εrr − j ωεσ 0

Par conséquent, si l’on s’intéresse aux modules des densités de puissances, Sρi et Szi ,
résultantes du vecteur de Poynting, elles peuvent être écrites :

1 ∗
Sρi = E⃗zi H⃗φi
2 (3.49)
1 ⃗ ⃗ ∗ 1 ⃗ ⃗ ∗
Szi = Eρi Hφi = ∆Ezi Hφi
2 2
Dans la bande de fréquence d’intérêt et pour une propagation sur la mer, la norme de
l’impédance de surface normalisée ∆ est très petite devant 1 (|∆| ≈ 0.0105 à 10 MHz),
seule la composante radiale Sρi du vecteur de Poynting est prise en compte pour le calcul
de la SER. Dans ce cas, la densité de puissance incidente Si , considérée seulement pour le
champ électrique vertical, en coordonnées cylindriques, avec η0 l’impédance du vide, est :

1 ∗ 1 ||E⃗zi ||2
Si = − E⃗zi H⃗φi = (3.50)
2 2 η0
Comme expliqué précédemment, la distribution du champ varie selon l’altitude. L’hy-
pothèse ici est que le champ suit la même variation avec l’altitude, quelle que soit la
distance radiale. Il est alors possible d’exprimer la densité de puissance incidente comme
la moyenne arithmétique de la densité de puissance sur la cible, avec htarget la hauteur de
la cible par :
Z htarget
1 1
Si = ||Ez⃗i (z)||2 dz (3.51)
2η0 htarget 0

La puissance W captée par la cible est alors définie par :

W = σSW Si (3.52)

on appelle alors σSW la nouvelle SER, adaptée à la propagation en ondes de surface.


Et en utilisant l’expression (3.51) on a proposé :
Z htarget
1 1
W = σSW ||Ez⃗i (z)||2 dz (3.53)
2η0 htarget 0

La définition usuelle de la SER suppose une diffusion omnidirectionnelle du champ


variant inversement avec la distance R, ce qui n’est pas compatible avec une propagation
au-dessus de la mer (voir figure 3.14). Le champ diffracté doit tenir compte du compor-

Page 85
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

tement singulier de la propagation en ondes de surface. La solution apportée ici est issue
des formules de Bannister. Il est alors proposé d’introduire une fonction C, fonction de
compensation pour la variation du champ en fonction de la distance. Cette fonction est
dépendante de la fréquence, de la position du point d’observation et des paramètres du
sol. Celle-ci est définie en utilisant le coefficient de réflexion Γ|| en polarisation verticale
et la fonction d’atténuation de Norton F (w), dépendante, elle, de la distance numérique
de Sommerfeld. Dans le cas d’une propagation à longue distance (|k0 R2 | ≫ 1) des termes
peuvent être négligés, et cette fonction est définie comme :

C(Γ|| , F (w)) = |1 + Γ|| + (1 − Γ|| )(F (w))|2 (3.54)

La fonction développée est présentée dans l’annexe H. La densité de puissance diffrac-


tée Sd , en ne considérant que le champ électrique vertical, par la cible est :

W
Sd = C(Γ|| , F (w))
4πR2
(3.55)
1 ||E⃗zs ||2
Sd =
2 η0
Et en utilisant l’équation (3.52) :

σSW Si
Sd = C(Γ|| , F (w)) (3.56)
4πR2
D’où :

4πR2 Sd
σSW = (3.57)
C(Γ|| , F (w)) Si
En utilisant les formules liant les densités de puissances, incidentes et diffractées, aux
champs électriques :

1 ||E⃗zd ||2
σSW = 4πR2 (3.58)
||Ez⃗i (z)||2 dz
R htarget
C(Γ|| , F (w)) 1
htarget 0

En considérant le champ diffracté à grande distance, obtenu par un calcul aux limites,
la SER adaptée à la propagation en ondes de surface est :

1 ||E⃗zd ||2
σSW = lim 4πR2 (3.59)
||Ez⃗i (z)||2 dz
R htarget
R→∞ C(Γ|| , F (w)) 1
htarget 0

Il est à noter que la moyenne arithmétique n’est pas appliquée pour la densité de puis-
sance diffractée en raison de considérations pratiques. En effet, les antennes de réception
des ROS étant de petite taille devant la longueur d’onde, la variation du champ avec
l’altitude y est très faible.
La convergence de cette nouvelle définition peut être vérifiée en l’appliquant à la
configuration décrite dans la partie 3.3.1 et qui concerne l’étude d’une cible canonique :

Page 86
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

une plaque métallique verticale. Comme il peut être observé sur la figure 3.17a, les trois
courbes, représentant la variation de la SER à trois distances différentes, sont superposées.
Cela montre la bonne adaptation de la formule de la SER (3.59) pour une propagation en
ondes de surface. En revanche, sur la figure 3.17b confirme qu’avec l’expression classique
de la SER, il n’y a pas de convergence. La nouvelle formulation permet de définir une
grandeur constante, selon la distance, représentative de la réflectivité de cibles canoniques.
Dans le but de simuler des scénarios typiques de l’utilisation de ROS, une analyse similaire
doit être réalisée pour des cibles plus réalistes.

(a) Application de l’équation (3.59)

Page 87
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

(b) Application de l’équation (3.9)

Figure 3.17 – Calcul de la SER σSW bistatique pour une plaque verticale dans le cas
d’une propagation en ondes de surface (a) comparée à l’application de la définition clas-
sique (b)

3.3.3 Modélisation et caractérisation de cibles navales


Dans un souci de lutte contre les pratiques illégales, les radars à ondes de surface
peuvent être employés pour détecter différents types de cibles. Il peut s’agir de bateaux de
tailles très différentes, allant des petites embarcations (< 15 m) aux très grands navires
(> 200 m), s’écartant de leurs routes de navigation. Il est nécessaire de vérifier que la
convergence de la définition adaptée à la propagation en ondes de surface est aussi assurée
pour des cibles réalistes de différentes dimensions. Enfin, dans le cadre du projet ASTRID
Maturation SimROS, auquel ce travail de thèse est indirectement rattaché, une base de
données de champs diffractés pour différentes cibles navales est indispensable au bon
fonctionnement du logiciel de simulation.

Figure 3.18 – Plan et modèle 3D du bateau de pêche


(Plan : http ://hobimaketmodel.blogspot.com/)

Une modélisation 3D de différentes cibles a donc été nécessaire. Pour cela, le logiciel
Rhino 3D a été utilisé, donnant accès à des surfaces NURBS (Non-Uniform Rational Basis

Page 88
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

Splines), surfaces qui sont représentées par des fonctions polynomiales [93]. Ce type de
surface est préférable pour le maillage surfacique mis œuvre avec le solveur de la méthode
des moments de FEKO. Avec l’aide de plans, photos et dimensions, il a été possible de
modéliser différentes cibles.
Trois cibles ont été retenues, la première est un bateau de pêche dimensionné grâce à
des plans de construction disponibles en ligne. Une architecture de ce type est commune
en mer Méditerranée. Un des plans utilisés et le modèle 3D réalisé sont visibles sur la
figure 3.18.

Figure 3.19 – Photo et modèle 3D du bateau de plaisance visualisé avec FEKO

La seconde cible est un bateau de plaisance (Riva Corsaro 60) utilisé comme cible
coopérative lors des mesures réalisées avec les précédents prototypes des Radars à Ondes
de Surface (ROS) développés par l’Onera. À partir de photos (voir figure 3.19), et grâce
à des informations sur les dimensions du bateau, il a été possible de le modéliser.
La dernière cible à avoir été représentée avec le logiciel de CAO est un porte-conteneurs,
de grandes dimensions, ce qui permettra de s’intéresser à la convergence du terme σSW
relatif à des cibles pour lesquelles on s’attend à une forte variation de la SER. Le modèle
3D est visible sur la figure 3.20.

Figure 3.20 – Plan et modèle 3D du porte-conteneurs

Le calcul de la SER de ces différentes cibles a été effectué afin de vérifier la bonne
convergence du terme σSW . La scène de simulation pour le bateau de pêche est représentée
sur la figure 3.21. Comme pour la plaque, le milieu supérieur est l’air et le milieu inférieur
est la mer. Le champ incident est rayonné par un dipôle proche de l’interface (z = 1 m)

Page 89
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

et placé à 50 km de la cible. La position de la cible par rapport à l’antenne d’émission est


tel que le bateau est illuminé à tribord perpendiculairement à l’axe de roulis.

Figure 3.21 – Scène de simulation de la diffraction d’un bateau de pêche au-dessus de


la mer

Le champ diffracté est calculé pour tous les angles azimutaux aux distances de 30,
50, et 70 km de la cible et à une hauteur de 1 m. La fréquence de simulation est de
10 MHz, des résultats à d’autres fréquences sont présentés dans l’annexe I. La définition
de σSW est appliquée pour calculer la SER bistatique de la cible, le résultat est présenté
sur la figure 3.22a. La SER calculée avec la définition classique de σ est présentée sur la
figure 3.22b. Comme attendu il peut être noté que le terme σSW n’est pas dépendant de
la distance, ce qui correspond bien à l’objectif recherché.

(a) Application de l’équation (3.59)

La seconde simulation réalisée sur cette cible s’intéresse à la comparaison des résultats
de SER σSW pour différentes sources. En effet, comme développé dans la partie 3.3.2, la
distribution du champ incident sur la cible est décisive pour exprimer la SER du navire.
Le champ diffracté est calculé ici seulement à 50 km de la cible pour trois sources de

Page 90
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

(b) Application de l’équation (3.9)

Figure 3.22 – Calcul de la SER σSW bistatique pour un bateau de pêche dans le cas d’une
propagation en ondes de surface (a) comparée à l’application de la définition classique (b)

champ incident utilisées séquentiellement. Ces sources sont trois dipôles placés respecti-
vement à 30, 50, et 70 km de la cible. La figure 3.23 illustre la convergence du terme
σSW pour les différentes sources à une seule distance de diffraction. Les courbes sont ici
parfaitement superposées démontrant une bonne convergence du terme et traduisant une
réponse constante de la cible et bien indépendante la distance.

Figure 3.23 – SER bistatique σSW du bateau de pêche illuminé par trois sources diffé-
rentes (à 10 MHz)

La scène de simulation pour le bateau de plaisance est présentée sur la figure 3.24, elle
est sensiblement équivalente à celle du bateau de pêche. À nouveau, la cible est éclairée à

Page 91
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

tribord dans l’axe de tangage.

Figure 3.24 – Scène de simulation de la diffraction d’un bateau de plaisance au-dessus


de la mer

(a) Application de l’équation (3.59)

(b) Application de l’équation (3.9)

Figure 3.25 – Calcul de la SER σSW bistatique pour un bateau de plaisance dans le
cas d’une propagation en ondes de surface (a) comparée à l’application de la définition
classique de la SER (b)

Page 92
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

Le résultat des calculs de ces SER sont présentés sur les figures 3.25a et 3.25b. La
cible étant de faibles dimensions devant la longueur d’onde, 16 m de long et 7 m de haut,
la diffraction est quasi omnidirectionnelle. La cible agit ici comme un point devant l’onde
incidente. Le problème est assimilable un problème de diffusion de Rayleigh, pour lequel
la SER est faible et quasi constante quelle que soit la direction d’observation.

Figure 3.26 – Scène de simulation de la diffraction d’un porte-conteneurs au-dessus de


la mer

Afin de vérifier la bonne convergence de la SER σSW pour des cibles de grandes
dimensions, le calcul a aussi été réalisé pour le porte-conteneurs. La cible fait 170 m
de long et 34 m de haut. Le champ incident est rayonné par un dipôle élémentaire qui
illumine la cible par tribord. La scène de simulation est présentée sur la figure 3.26. Le
champ diffracté est calculé pour tous les angles azimutaux à des distances de 30, 50, et
70 km de la cible, et à une hauteur z = 1 m. La fréquence de simulation est de 10 MHz.
La formule (3.59) est appliquée aux données de la simulation afin de calculer la
SER σSW de la cible. On constate, sur la figure 3.27a, qu’à nouveau le terme converge bien
quelle que soit la distance. Il est aussi notable que les variations selon l’angle azimutal
sont plus importantes qu’avec le bateau de pêche. Ceci peut s’expliquer par le compor-
tement quasi optique de l’onde incidente sur la cible. En effet, la longueur d’onde est
petite comparée à la longueur du bateau (λ = 30 m). Ce dernier résultat confirme bien
que cette définition est bien adaptée à la propagation en ondes de surface. Le résultat de
l’application de la définition classique de la SER est présenté sur la figure 3.27b.

3.3.4 Conclusion
L’analyse de la définition classique de la SER permet de mettre en évidence son inadé-
quation pour la propagation en ondes de surface due à son manque de convergence avec la
distance. Grâce à l’étude de la propagation dans ce domaine particulier, il a été possible
de proposer une formule modifiée de la SER, notée σSW , qui est bien adaptée à l’onde de
surface. L’utilisation d’un logiciel de simulations électromagnétiques permet de montrer
la validité de la nouvelle formulation adaptée à l’onde de surface pour diverses cibles de
dimensions très différentes. Ce travail pourra permettre ensuite d’étudier l’impact de la
modification de la SER sur l’évaluation de la puissance reçue.

Page 93
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

(a) Application de l’équation (3.59)

(b) Application de l’équation (3.9)

Figure 3.27 – Calcul de la SER σSW bistatique pour un porte-conteneurs dans le cas
d’une propagation en ondes de surface (a) comparée à l’application de la définition clas-
sique (b))

3.4 Intégration dans l’équation radar

3.4.1 Adaptation de l’expression du gain des antennes à la pro-


pagation en ondes de surface
Dans la section précédente, on a montré que la définition classique de la SER n’était
pas adaptée à la propagation en ondes de surface. À l’aide de différents modèles de pro-
pagation, des modifications importantes, liées aux caractéristiques de propagation des
champs, ont été réalisées pour aboutir à une définition de la SER adaptée à la propa-
gation en ondes de surface. Le point le plus important pour la bonne convergence du
terme σSW , a été l’insertion du terme de compensation C(Γ|| , F (w)) permettant de définir

Page 94
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

correctement le comportement du champ diffracté en présence d’une interface conductrice.


L’utilisation de la SER se fait naturellement au travers de l’équation radar, qui per-
met de faire le lien entre la théorie électromagnétique et le système radar, et donc de
dimensionner les équipements selon les cibles à détecter, la distance d’observation et les
puissances mises en jeu. Dans le cas d’une propagation avec des pertes, ce qui est le plus
représentatif de l’utilisation d’un radar à ondes de surface, l’équation, sous sa forme la
plus simple, est [94] :

Wt Gt 1 σ 1 λ2 Gr
Wr = (3.60)
4πR2 LA 4πR2 LB 4π
on rappelle la définition des grandeurs suivantes : Wt est la puissance rayonnée par
l’antenne d’émission, Wr la puissance reçue, Gt le gain de l’antenne d’émission, Gr le gain
à la réception, σ la SER de la cible, R la distance d’observation, λ la longueur d’onde
utilisée et LA et LB les pertes de propagation respectivement pour le trajet entre l’émission
et la cible et entre la cible et la réception.
Dans l’équation radar, la SER n’est pas le seul terme à définir en utilisant des hypo-
thèses sur la propagation du champ. En effet, l’équation (3.60) fait appel à la directivité,
à travers les gains des antennes d’émission et de réception. La directivité D utilise, elle,
l’intensité de rayonnement U . L’intensité de rayonnement, pour une direction donnée, est
obtenue en multipliant la densité de puissance rayonnée Srad par la distance élevée au
carré :

U = r2 Srad (3.61)

Il est à noter que les équations et les termes utilisés pour caractériser les antennes sont
issus du livre référence Antenna Theory [26]. L’intensité de rayonnement peut être lié au
champ E(r,
⃗ θ, φ) rayonné à grande distance par l’antenne :

r2 ⃗
U (θ, φ) = |E(r, θ, φ)|2 (3.62)
2η0
U (θ, φ) permet d’analyser le rayonnement des antennes lorsque l’on se trouve dans la
zone de champ lointain, où la distribution angulaire du champ rayonné de l’antenne est
indépendante de la distance à l’antenne.
La norme IEEE Standard Definitions of Terms for Antennas de 2013 [95] définit la
directivité D d’une antenne comme étant le rapport entre l’intensité du rayonnement dans
une direction donnée de l’antenne et l’intensité moyenne du rayonnement dans toutes les
directions :

U U
D= = (3.63)
U0 Wrad

Avec U0 l’intensité de rayonnement pour une source isotropique (dont l’unité est le
W.sr-1), et Wrad est la puissance totale rayonnée par l’antenne.

Page 95
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

Avec l’équation (3.61) et l’équation (3.63), la forme utilisée ici afin de déterminer la
directivité D d’une antenne à partir de données de simulations peut être déduite :

r2 Srad
D= (3.64)
Wrad

Enfin, le gain d’une antenne peut être défini. Ce terme, lié de près à la directivité
permet en plus de prendre en compte l’efficacité de rayonnement de l’antenne. Il est
déterminé comme étant le rapport entre l’intensité dans une direction donnée et l’intensité
de rayonnement qui serait obtenue si la puissance acceptée par l’antenne était rayonnée de
manière isotrope. Il se définit, avec ecd l’efficacité de rayonnement de l’antenne, comme :

G(θ, φ) = ecd D(θ, φ) (3.65)

Au même titre que pour la Surface Équivalente Radar, on peut s’interroger sur l’appli-
cation de la définition classique du gain pour une propagation en ondes de surface. Pour
cela, on peut à nouveau s’intéresser à la convergence du gain pour différentes distances.

(a) (b)

Figure 3.28 – Représentation 3D des antennes sur FEKO, réseau de 3 monopoles (a)
Metamatériau adapté à 10 MHz (b)

Dans cette partie deux systèmes d’émission sont considérés. Le premier est un réseau
de 3 monopôles situés au-dessus de la mer et avec un lobe principal centré sur θ = 90°
et φ = 0°. Le second est un métamatériau 3D associé à un monopole quart d’onde. Les
deux sont dimensionnés pour fonctionner à 10 MHz. Ces antennes sont visibles sur les
figures 3.28a et 3.28b. Ces deux systèmes d’émission représentent les principaux choix à
la disposition de l’Onera pour l’émission des ROS.
Afin de vérifier l’applicabilité de la définition classique du gain, le champ rayonné par
l’antenne est déterminé à 30, 50, et 70 km de l’antenne pour tous les angles azimutaux
φ = [0 − 359°] au niveau de l’interface avec la mer. Le calcul du gain est réalisé à partir
de l’équation (3.65) et représenté sur la figure 3.29 pour les trois distances. Dans ce cas,
le rendement ecd de l’antenne est considéré égal à 1.
Une analyse similaire à celle de la SER peut être réalisée pour le gain. En effet, sa
définition classique ne prend pas en compte la spécificité de la propagation en ondes de
surface, pour une direction d’observation donnée, celui-ci varie en fonction de la distance.

Page 96
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

Figure 3.29 – Calcul du gain pour un réseau de trois monopoles en émission dans le cas
d’une propagation en ondes de surface

Figure 3.30 – Calcul du gain pour le métamatériau en émission dans le cas d’une pro-
pagation en ondes de surface

Le même type de résultat est observé sur la figure 3.30 pour le métamatériau 3D à
10 MHz.
La modification à effectuer, permettant de prendre en compte le comportement en
ondes de surface, concerne l’intensité de rayonnement U . Dans l’équation (3.61), la dis-
tance élevée au carré correspond bien à l’évolution, selon la distance, de la densité de
puissance rayonnée par l’antenne pour une propagation classique. Pour la propagation en
ondes de surface, l’intensité de rayonnement USW est définie en utilisant le coefficient de
compensation C(Γ|| , F (w)) :

Page 97
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

r2
USW = Srad (3.66)
C(Γ|| , F (w))
La directivité de l’antenne DSW est alors définie comme :

r2 Srad
C(Γ|| , F (w))
DSW = (3.67)
Wrad

Il découle une nouvelle expression du gain GSW de l’antenne, donnée par :

GSW (θ, φ) = ecd DSW (θ, φ) (3.68)

L’équation (3.68) est appliquée aux données des simulations réalisées précédemment.
Le résultat de cette application est visible pour le réseau de monopoles sur la figure 3.31a
et sur la figure 3.31b pour le métamatériau. La bonne convergence du terme de gain GSW
modifiée pour une propagation en ondes de surface peut être vérifiée. L’équation (3.67)
permet bien de déterminer une valeur scalaire représentative de la répartition angulaire
du champ indépendante de la distance.

(a)

3.4.2 Simulation et application à l’équation radar


Après avoir modifié les termes de gain et de surface équivalente radar pour la pro-
pagation en ondes de surface, il est normal de s’intéresser à l’insertion et à l’impact de
ces termes dans l’équation radar, notamment pour l’évaluation de la puissance reçue par
l’antenne de réception. L’équation radar considérée pour les simulations et les applications
qui vont suivre est la suivante :

Page 98
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

(b)

Figure 3.31 – Calcul du gain GSW dans le cas d’une propagation en ondes de surface
pour un réseau de trois monopoles (a) pour un métamatériau 3D (b) (à 10 MHz)

Wt GtSW 1 σSW 1 λ2 GrSW


WrSW = 2 2
(3.69)
4πRA LA 4πRB LB 4π
avec : Wt est la puissance rayonnée par l’antenne d’émission, WrSW la puissance reçue
après application des définitions adaptées à la propagation en ondes de surface, GtSW le
gain de l’émission, GrSW le gain à la réception, σSW la SER de la cible, R la distance
d’observation, λ la longueur d’onde utilisée et LA et LB les pertes de propagation respec-
tivement pour le trajet entre l’émission et la cible et entre la cible et la réception. L’indice
SW traduit ici l’application des équations (3.68) et (3.59) pour le gain et la SER.
Le logiciel de simulation FEKO permet de déterminer la puissance reçue sur une ou
plusieurs antennes de réception, pour différentes sources en émission. Il est donc utilisé
pour entreprendre des simulations de scène complète. La scène de simulation comporte un
réseau de trois monopoles en émission, la cible est un porte-conteneurs et la réception est
composée de huit monopoles en réseau. La simulation est réalisée pour une mer classique
(εrr = 81, σ = 5 S.m-1) et une fréquence de 10 MHz. La scène de simulation est illustrée
sur la figure 3.32. La configuration est bistatique avec l’émission située à RA = 40 km de
la cible et la réception placée à RB = 70 km. La cible est éclairée en φi = 0° et elle est
observée sous un angle φd = 15°.
La puissance totale émise Wt est normalisée à 1 W. À l’aide de FEKO, la densité de
puissance incidente sur la cible Si , établie au niveau de l’interface, est déterminée. De
façon similaire, la densité de puissance diffractée Sd par la cible est évaluée à 70 km de
celle-ci au niveau de l’interface. Enfin la puissance WrF EKO reçue est obtenue en sommant
les puissances sur chaque élément de réception. Par ailleurs, les pertes de propagation LA
et LB , par rapport à l’espace libre, ont pu être déterminées en utilisant les équations de
Bannister et en comparant les résultats obtenus pour une propagation au-dessus de la

Page 99
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

Figure 3.32 – Scène de simulation pour l’application de l’équation radar

mer et en espace libre pour un dipôle, possédant un moment dipolaire fixe. Les valeurs
des différents termes sont données dans le tableau 3.2.

Si 4.03 × 10-10 W.m-2


LA 0.375
Sd 1.85 × 10-17 W.m-2
LB 0.505
WrF EKO -110.74 dBm

Table 3.2 – Différentes valeurs déterminées grâce à FEKO et aux équations de Bannister

Dans une première approche, le résultat de l’application de l’équation radar clas-


sique (3.60) pour déterminer la puissance au niveau de la réception Wrclsq est comparé à
la puissance reçue de référence WrF EKO , déterminée en simulation. Pour cela, les gains des
antennes d’émissions et de réceptions ainsi que la SER sont déterminés en utilisant les
formulations classiques (3.65) et (3.9). Le gain en émission Gt est déterminé à la distance
RA de la source. La SER σ ainsi que le gain de la réception Gr sont estimés à la distance
RB . Les différents termes sont représentés dans le tableau 3.3.
Il apparaît clairement que la puissance reçue Wrclsq calculée en utilisant les définitions
classiques du gain et de la SER ne correspond pas à la puissance WrF EKO déterminée
en simulation. La première est surestimée, ici d’environ 10 dB par rapport à la seconde.
Les formules adaptées à la propagation en ondes de surface du gain et de la SER (3.59)

Page 100
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

Gt (φi = 0°) 9.06 dB


σ(φd = 15°) 34.63 dB.m2
Gr (φd = 15°) 11.16 dB
Wrclsq -100.59 dBm

Table 3.3 – Termes de l’équation radar déterminés grâce aux équations classiques

et (3.68) sont ensuite utilisées pour déterminer la puissance reçue WrSW . Les différents
termes, et leurs valeurs, sont représentés dans le tableau 3.4. Dans ce cas, le calcul de la
puissance reçue WrSW correspond bien à la puissance WrF EKO obtenue en simulation avec
le logiciel FEKO.

GtSW (φi = 0°) 4.83 dB


σSW (φd = 15°) 31.55 dB.m2
GrSW (φd = 15°) 8.21 dB
WrSW -110.84 dBm

Table 3.4 – Termes de l’équation radar déterminés grâce aux définitions adaptées à la
propagation en ondes de surface

3.4.3 Conclusion
Cette section a permis de souligner l’intérêt de la modification des définitions de la SER
et du gain pour une propagation en ondes de surface. En effet, l’utilisation des définitions
classiques dans l’équation radar ne permet pas de réaliser un bilan de puissance correct.
La puissance reçue est constamment surévaluée avec l’approche classique, quelle que soit
la distance ou la fréquence utilisée. Avec les définitions adaptées à cette propagation,
la puissance reçue évaluée avec l’équation (3.69) correspond bien à celle déterminée en
simulation.

Page 101
CHAPITRE 3. SURFACE ÉQUIVALENTE RADAR

3.5 Conclusion
Les travaux de ce chapitre ont tout d’abord porté sur la propagation en ondes de
surface et sur les modifications nécessaires pour redéfinir la SER dans ce cas. L’analyse
et la modélisation de la propagation en ondes de surface, via trois différents modèles de
propagation, le modèle de Bannister, le modèle de Rotheram et une méthode de résolution
de l’équation parabolique, ont permis de montrer que la variation de la répartition du
champ incident sur la cible en fonction de la distance était négligeable. Cette observation
est décisive pour la redéfinition de la SER adaptée à la propagation en ondes de surface.
En effet, puisque cette variation peut être négligée, alors la répartition des courants sur
la cible, et par conséquent sa diffraction est indépendante de la distance.
L’utilisation du logiciel de simulation électromagnétique FEKO a permis de montrer
l’inadéquation de l’emploi de la formule classique de la SER pour une propagation en ondes
de surface. Grâce aux connaissances acquises de ce type de propagation, les modifications
nécessaires, basées sur les formules de Bannister, ont été effectuées. La grandeur σSW a
été testée sur différentes cibles, canoniques et quasi réalistes, et a permis de montrer sa
bonne convergence et sa validité.
Après avoir abordé le sujet d’un point de vue électromagnétique, il était nécessaire de
s’intéresser à la modification de l’équation radar. Il a ainsi fallu modifier la définition du
gain afin de la rendre compatible avec une propagation en ondes de surface. Grâce à des
comparaisons effectuées en simulation, il a été montré que les définitions adaptées à cette
propagation permettaient bien d’évaluer correctement la puissance reçue par le radar,
alors que les équations classiques surestiment largement le niveau de puissance reçue, au
risque alors de sous-dimensionner les équipements pour réaliser une détection.
La comparaison aux nombreuses mesures faite par l’Onera n’a malheureusement pas
pu être réalisée. En effet, lors des mesures radars, les niveaux à la réception et à l’émission
ne sont pas normalisés, car pour les détections, la grandeur à considérer est le rapport
entre le signal reçu et le signal du fouillis de mer. Le processus de normalisation des
puissances n’est donc pas nécessaire. Il aurait alors fallu réaliser de nouvelles mesures,
de préférence à échelle réduite, afin de contrôler l’environnement, mais cela n’a pas été
possible par manque de temps et de moyen dans un contexte sanitaire contraignant. Une
autre solution possible serait d’utiliser le système de mesure développé pour la carac-
térisation d’antennes HF afin d’acquérir des mesures de champ proche diffracté par des
cibles navales, pour ensuite évaluer, grâce à des transformées champ proche-champ loin-
tain, leur surface équivalente radar. La dernière partie de ce manuscrit sera consacrée à
la vérification en simulation de ce concept original de caractérisation de cibles navales.

Page 102
Chapitre 4

Perspective : Évaluation de la SER


d’une cible navale par transformée
champ proche-champ lointain

4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103


4.2 Évaluation du champ diffracté à grande distance par trans-
formée champ proche-champ lointain . . . . . . . . . . . . . . . 104
4.3 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112

4.1 Introduction
Le développement de mesures en champ proche appliquées aux antennes d’émission
des radars HF, notamment pour la structure métamatériau 3D, a fait naître l’idée de l’éva-
luation de SER de cible navale, en utilisant un système de mesure embarqué sur drone
analogue à celui déjà développé. En effet, le chapitre 2 nous a permis de déterminer qu’il
était possible de spécifier, grâce aux mesures et à un algorithme de transformation champ
proche-champ lointain, un cylindre de dipôles équivalents représentant correctement le
champ rayonné à grande distance par le système d’émission. Or, une cible diffractant un
champ incident peut-être identifiée à un système d’émission. Les évaluations de SER à par-
tir de données de champ proche sont relativement courantes en chambre anéchoïque [96].
Elles permettent d’utiliser des chambres de dimensions réduites ou bien de caractériser des
cibles de dimensions plus importantes dans une chambre de dimensions usuelles. Cepen-
dant, les caractérisations en champ proche de SER en conditions opérationnelles n’ont,
à notre connaissance, jamais été effectuées, en particulier en bande HF, et sortent du
cadre de cette thèse. Il serait néanmoins possible d’appliquer l’algorithme de transfor-
mée champ proche-champ lointain à des données issues de simulations pour vérifier la
possibilité d’évaluer la SER à partir de données de champ proche.

103
CHAPITRE 4. PERSPECTIVE : ÉVALUATION DE LA SER D’UNE CIBLE
NAVALE PAR TRANSFORMÉE CHAMP PROCHE-CHAMP LOINTAIN

4.2 Évaluation du champ diffracté à grande distance


par transformée champ proche-champ lointain
Le problème se décrit grâce à la situation illustrée sur la figure 4.1. Le navire est placé
à grande distance de l’antenne d’émission, ceci afin d’obtenir une répartition de champ
incident sur la cible analogue à celle que l’on obtient lors de l’utilisation de radars à ondes
de surface, et correspondant aux hypothèses utilisées pour la modification de la formule
de la SER. Le champ diffracté est défini sur un cylindre englobant et centré sur la cible et
dont le rayon est choisi pour qu’il se situe en zone proche de la cible. Le champ diffracté
sert alors de donnée d’entrée à l’algorithme de transformée champ proche-champ lointain
mentionné dans la partie 1.2. En sortie de l’algorithme, un modèle de la cible est obtenu
sous la forme d’un jeu de dipôles électriques équivalents. Il est alors possible de calculer le
champ diffracté à grande distance par la cible, pour ensuite appliquer la nouvelle définition
de la SER adaptée à la propagation en ondes de surface.

Figure 4.1 – Configuration du problème considérée

Dans le deuxième chapitre de ce manuscrit, il a été montré que le logiciel FEKO


permettait de déterminer le champ diffracté par une cible à grande distance pour une
propagation en ondes de surface. Ces données ont été utilisées précédemment afin de dé-
montrer l’utilité de la nouvelle définition de la SER σSW . Les données du champ électrique
déterminé à 50 km de la cible au niveau du sol sont utilisées pour les comparaisons. Elles
sont confrontées aux résultats issus des transformations champ proche-champ lointain. Ces
transformations sont réalisées en considérant les mêmes paramètres diélectriques pour le
demi-espace inférieur que précédemment (εrr = 81, σ = 5 S.m-1). Les différentes cibles
traitées ici sont similaires à celles du chapitre précédent, seuls les résultats pour une cible
canonique (la plaque), le bateau de pêche, et pour le porte-conteneurs sont présentés ici.
On observe sur la figure 4.2 la plaque utilisée en simulation. Ici l’antenne d’émission,
habituellement un dipôle électrique vertical, est remplacée par une onde plane en incidence
quasi rasante (θ = 89°) créant une répartition de champ sur la cible similaire. L’utilisation
d’une onde plane d’incidence tangente (θ = 90°) à la mer est impossible avec une

Page 104
CHAPITRE 4. PERSPECTIVE : ÉVALUATION DE LA SER D’UNE CIBLE
NAVALE PAR TRANSFORMÉE CHAMP PROCHE-CHAMP LOINTAIN

Figure 4.2 – Configuration de la simulation pour une plaque (40 × 50 m2)

(a)

(b)

Figure 4.3 – Comparaison (a) des amplitudes du champ électrique vertical incident, (b)
des phases du champ électrique vertical incident, pour trois sources différentes

Page 105
CHAPITRE 4. PERSPECTIVE : ÉVALUATION DE LA SER D’UNE CIBLE
NAVALE PAR TRANSFORMÉE CHAMP PROCHE-CHAMP LOINTAIN

interface considérée infinie dans FEKO. La figure 4.3 permet d’observer la comparaison
du champ électrique vertical incident, en amplitude et en phase, sur la cible pour trois
sources d’excitations : un monopole quart d’onde situé à 50 km de la cible, un dipôle
à la même distance et une onde plane incidente quasi tangente à l’interface. Le champ
électrique est normalisé dans chaque cas par rapport au champ au niveau de la mer. Il
apparaît clairement que le rayonnement du dipôle correspond bien à celui du monopole.
Aussi l’onde plane présente assez de similarité avec ces deux sources pour être utilisée.
Une conclusion similaire peut être déduite sur la répartition du champ incident dans le
plan horizontal. L’intérêt de l’usage d’une onde plane est de diminuer considérablement
le temps de calcul du champ diffracté par la cible. Le temps de calcul pour le cargo passe
alors de 3 heures 39 minutes à 1 heure 24 minutes.

(a)

(b)

Figure 4.4 – Comparaison (a) des amplitudes du champ électrique vertical diffracté
évalué à 50 km, (b) des phases du champ électrique vertical diffracté à 50 km, pour une
plaque (40 × 50 m2)

Page 106
CHAPITRE 4. PERSPECTIVE : ÉVALUATION DE LA SER D’UNE CIBLE
NAVALE PAR TRANSFORMÉE CHAMP PROCHE-CHAMP LOINTAIN

La plaque a toujours les dimensions suivantes : 40 × 50 m2 . Le cylindre de mesure


possède une hauteur et un rayon identiques, égaux à 60 m, la fréquence de simulation
étant de 10 MHz. Le champ diffracté est déterminé pour 60 valeurs d’azimut différentes,
décrivant ainsi le cylindre complet. La trajectoire, pour un azimut, est décrite par 24
points de mesure : 12 sur le couvercle du cylindre (nρ = 12) et 12 sur la verticale du
cylindre nz = 12). Le cercle de 50 km de rayon au niveau de l’interface représente les
positions où le champ diffracté, servant de référence, est aussi calculé.
Les résultats de simulation sont présentés sur la figure 4.4, le calcul du champ diffracté
à 50 km est comparé à celui obtenu après application de la transformation champ proche-
champ lointain. Que ce soit pour l’amplitude ou la phase, on observe une superposition
des deux courbes, traduisant que les champs lointains diffractés sont bien égaux.
À l’aide de l’équation 3.59, donnant la nouvelle formulation de la SER, établie au
chapitre précédent, il est possible de tracer les SER bistatiques obtenues à partir des
résultats de la transformation champ proche-champ lointain, d’une part, et des résultats
de simulation FEKO, d’autre part. Les courbes sont présentées sur la figure 4.5.

Figure 4.5 – SER σSW bistatique de la plaque, comparaison entre les résultats obtenus
à partir de la transformation champ proche-champ lointain et les résultats obtenus par
simulation FEKO

À nouveau, afin de vérifier la validité de l’application de la nouvelle définition de la


SER (3.59) via la transformation champ proche-champ lointain pour des cibles réalistes,
une analyse similaire à la précédente est réalisée sur un bateau de pêche. La scène de
simulation est présentée sur la figure 4.6. Ici, le cylindre de mesure possède une hauteur
et un rayon identiques égaux à 45 m. Le champ diffracté est déterminé pour 60 valeurs
d’azimut différentes. La trajectoire, pour un azimut, est décrite par 20 points de mesure :
10 sur le couvercle du cylindre (nρ = 10) et 10 sur la verticale du cylindre (nz = 10).
Le résultat des comparaisons des champs diffractés calculés directement à 50 km de
la cible avec FEKO et à l’aide de la transformation champ proche-champ lointain est

Page 107
CHAPITRE 4. PERSPECTIVE : ÉVALUATION DE LA SER D’UNE CIBLE
NAVALE PAR TRANSFORMÉE CHAMP PROCHE-CHAMP LOINTAIN

Figure 4.6 – Configuration de la simulation pour le bateau de pêche

(a)

(b)

Figure 4.7 – Comparaison (a) des amplitudes du champ électrique vertical diffracté
évalué à 50 km (b) des phases du champ électrique vertical diffracté déterminé à 50 km,
pour un bateau de pêche

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CHAPITRE 4. PERSPECTIVE : ÉVALUATION DE LA SER D’UNE CIBLE
NAVALE PAR TRANSFORMÉE CHAMP PROCHE-CHAMP LOINTAIN

présenté sur la figure 4.7. On remarque que les variations d’amplitude du champ diffracté
avec l’angle d’azimut sont faibles, ce qui s’explique par les faibles dimensions du bateau
(hauteur de 13 m et longueur de 29.8 m) face à la longueur d’onde (λ0 = 30 m). Les
niveaux déterminés avec l’algorithme de transformation et le logiciel FEKO sont com-
parables. Une observation similaire peut être réalisée pour la phase du champ électrique
vertical.
Ici encore les résultats des champs électriques déterminés à grande distance avec le
logiciel de simulation électromagnétique FEKO et l’algorithme de transformation champ
proche-champ lointain permettent d’appliquer l’équation 3.59 de la nouvelle SER σSW . Il
est alors possible de tracer les SER bistatiques obtenus dans les deux cas. Les résultats
sont présentés sur la figure 4.8.

Figure 4.8 – SER σSW bistatique du bateau de pêche, comparaison entre les résultats
obtenus à partir de la transformation champ proche-champ lointain et les résultats obtenus
par simulation FEKO

Enfin, on s’intéresse de nouveau aux cibles de grandes dimensions en utilisant le cargo


précédemment modélisé, dont la longueur est 170 m et le tirant d’air est de 34 m. Puisque
pour cette cible la structure est de grande de dimension électrique devant la longueur
d’onde, le champ diffracté par la cible varie fortement selon l’angle d’azimut. C’est ce qui
a été observé dans la section 3.3.3 pour la SER bistatique de cette cible. Cela signifie que
le pas de discrétisation du cylindre de mesure doit être plus fin, pour prendre correctement
en compte ces variations. La scène de simulation est présentée sur la figure 4.9. Le cylindre
de mesure possède une hauteur et un rayon identiques égaux à 105 m. Le champ diffracté
est déterminé pour 60 valeurs d’azimut différentes. La trajectoire, pour un azimut, est
décrite par 42 points de mesure : 21 sur le couvercle du cylindre (nρ = 21) et 21 sur la
verticale du cylindre (nz = 21).
La figure 4.10 permet bien d’observer que la reconstruction du champ diffracté avec
l’algorithme de transformation champ proche-champ lointain est correcte. En effet les

Page 109
CHAPITRE 4. PERSPECTIVE : ÉVALUATION DE LA SER D’UNE CIBLE
NAVALE PAR TRANSFORMÉE CHAMP PROCHE-CHAMP LOINTAIN

Figure 4.9 – Configuration de la simulation pour le cargo

(a)

(b)

Figure 4.10 – Comparaison (a) des amplitudes du champ électrique vertical diffracté
évalué à 50 km (b) des phases du champ électrique vertical diffracté déterminé à 50 km ,
pour un cargo

Page 110
CHAPITRE 4. PERSPECTIVE : ÉVALUATION DE LA SER D’UNE CIBLE
NAVALE PAR TRANSFORMÉE CHAMP PROCHE-CHAMP LOINTAIN

courbes pour l’amplitude ainsi que pour la phase sont bien superposées. On observe bien
que les variations de l’amplitude et de la phase selon l’angle d’azimut sont importantes.
Ces résultats permettent à nouveau d’appliquer l’équation 3.59 au données de champ
électrique diffracté à grande distance. La SER σSW bistatique est calculée à nouveau
à partir de l’équation 3.59 à partir des 2 types de données de champ lointain diffracté
(simulation FEKO et sortie de la transformation champ proche-champ lointain). Il appa-
raît alors clairement sur la figure 4.11 que les SER déterminées dans les deux cas sont
comparables malgré les fortes variations de niveau de SER selon l’angle d’azimut.

Figure 4.11 – SER σSW bistatique du bateau du cargo, comparaison entre les résultats
obtenus à partir de la transformation champ proche-champ lointain et les résultats obtenus
par simulation FEKO

Page 111
CHAPITRE 4. PERSPECTIVE : ÉVALUATION DE LA SER D’UNE CIBLE
NAVALE PAR TRANSFORMÉE CHAMP PROCHE-CHAMP LOINTAIN

4.3 Conclusion
Ce court chapitre de mise en perspective a permis de souligner le lien entre les chapitres
2 et 3, concernant respectivement les caractérisations d’antennes HF en extérieur par
mesure en champ proche et la détermination de SER de cibles navales. En effet, il a
été possible à partir de résultats de simulations électromagnétiques de déterminer un
cylindre de dipôles rayonnants, caractérisant le champ diffracté par une cible soumis à
une onde de surface incidente. Après application de la méthode de transformation champ
proche-champ lointain, la nouvelle définition de la SER est appliquée et permet bien,
malgré une diversité de cibles, de retrouver les niveaux de SER directement déterminés
avec FEKO. Ces résultats laissent envisager la possibilité de déterminer la SER de cibles
navales directement à partir des mesures champ proche réalisées en extérieur. Lors de la
mesure, le champ mesuré sera constitué de la somme du champ diffracté et du champ
incident. Il conviendra donc de déterminer le champ incident pour pouvoir le soustraire
et isoler le champ diffracté, probablement en appliquant un filtrage pour éliminer les
fluctuations dues à l’état de mer.
De plus, l’usage d’un système de ce type permettrait de vérifier l’intégration de cap-
teurs et radars sur des vecteurs, maritimes ou terrestres, en conditions opérationnelles.
En effet, lors de la mise en place de ces équipements sur des bateaux, véhicules ou autres,
leur environnement d’utilisation peut modifier, fortement ou non, le diagramme de rayon-
nement des antennes. Les caractérisations de ce type devant être réalisées en extérieur
nécessitent actuellement des bases de mesures importantes et onéreuses. De plus, lors des
mesures, il est compliqué de s’affranchir de diverses difficultés, notamment les effets de
multitrajets, l’impact de l’environnement sur la propagation, dû à l’atmosphère ou aux
conditions de mer, et l’orientation de la cible par rapport au radar qui est souvent connue
approximativement. Ces différentes contraintes mènent à l’introduction de modèles sta-
tistiques permettant de prendre en compte toutes ces fluctuations.
L’utilisation d’un système de mesure embarqué sur drone permettrait de s’affranchir
d’une partie de ces contraintes. En effet, des mesures directes d’antennes en champ proche
intégrées sur des navires permettraient d’éviter les difficultés liées à la propagation. Ef-
fectivement, en réalisant les mesures à proximité directe du vecteur, les problèmes de
propagation à grande distance, multitrajet, conduit d’évaporation, etc., n’impactent pas
ou peu la caractérisation. Ainsi, le coût d’utilisation du drone apparaît raisonnable, son
déploiement, avec pilote, représentant une dépense d’environ un millier d’euros par jour.
Cependant, les contraintes concernant la propagation pour les mesures de SER ne peuvent
être contournées et nécessitent d’être prises en compte. En effet, afin d’avoir une réparti-
tion du champ incident sur la cible similaire à celle mise en jeu lors de l’utilisation d’un
ROS, il est nécessaire que l’émission soit placée à grande distance de la cible (plusieurs
dizaines de kilomètres). Une première solution serait de caractériser la répartition du
champ incident sans la cible afin de vérifier la répétabilité de la structure du champ selon

Page 112
le temps. Ce problème ne se pose pas pour la bande HF mais ne pourrait pas être négligé
pour les fréquences supérieures. Une solution possible serait alors d’effectuer des mesures
successives de SER pour construire des données statistiques prenant en compte différentes
structures de champ incident sur la cible.

Page 113
Conclusion générale

Conclusion
Étant données la superficie importante des étendues maritimes françaises et la néces-
sité de les surveiller, il est indispensable pour les autorités françaises d’explorer divers
moyens techniques de surveillance de ces zones. Aujourd’hui les observations maritimes
sont principalement réalisées à l’aide de moyens aéronautiques embarquant du matériel,
et nécessitant parfois du personnel de bord, dédiés à la surveillance, que ce soit par des
moyens optiques opérant dans différents spectres (visible, infrarouge, thermique), ou par
des radars imageurs. D’un autre côté, la protection des ports et des zones sensibles est
effectuée avec des radars micro-ondes. Cependant, la zone de surveillance de toutes ces
solutions techniques est limitée, quelques dizaines de kilomètres au maximum, et leurs
coûts combinés sont importants. Ces difficultés ont amené la France, et ses grands éta-
blissements, à s’intéresser à des alternatives permettant la surveillance globale de ces zones
à moindres coûts. Dans ce cadre, des études portant sur l’exploitation de radars à ondes
de surface ont été lancées dans les années 2000. Elles ont permis de mettre en évidence
l’intérêt opérationnel de ceux-ci ainsi que certaines limitations, notamment sur les an-
tennes d’émissions qui ne permettent pas de rayonner suffisamment l’énergie en ondes de
surface. Pour remédier à cela des études portant sur l’utilisation d’un métamatériau pour
améliorer le rayonnement de l’onde de surface ont été initiées. La caractérisation de cet
élément rayonnant a été l’un des objectifs de cette thèse. Mais, il subsistait certains obs-
tacles pour décrire correctement le comportement des radars à ondes de surface, et donc
prédéterminer les performances de ceux-ci. En effet, le mode de propagation mis en jeu ne
remplit pas les conditions classiques d’une propagation en espace libre. Par conséquent, les
définitions des termes utilisés classiquement dans l’équation radar ne sont, théoriquement,
plus applicables. La deuxième partie de la thèse porte sur cette question, en s’intéressant
au problème de la caractérisation de la surface équivalente radar des cibles navales. Enfin
une dernière partie permet de connecter les précédentes, en s’intéressant à la perspective
de la caractérisation de la SER de cibles navales à partir de mesures en champ proche, en
utilisant un algorithme de transformation champ proche-champ lointain déjà adapté à la
propagation en ondes de surface.
D’une manière plus détaillée, le début de ce manuscrit a été consacré au contexte de la
thèse, qui est celui des radars HF transhorizons, et principalement celui des radars à ondes

114
de surface. Pour commencer, une revue des différents travaux précédemment réalisés au
sein de l’équipe Onera-GeePs a été effectuée, ces diverses études ont permis d’alimenter
mes propres prospections de recherches. Les objectifs de la thèse ont pu être délimités, à
savoir retravailler la notion de SER et de gain pour une propagation en ondes de surface,
ainsi que définir et mettre en œuvre un système de mesure en champ proche adapté pour
la caractérisation d’antennes HF en extérieur.
Le premier chapitre de ce manuscrit a porté sur la conception d’un système de mesure
en champ proche embarqué sur drone. Il a débuté par un état de l’art, afin de mieux cerner
l’objectif et les difficultés rencontrées pour des systèmes de mesure de ce type. La définition
de la charge utile a permis de montrer que la solution la plus simple et performante, afin
de résoudre les problèmes de synchronisation, était de placer une fibre optique reliant la
charge embarquée au sol. Deux essais ont alors été réalisés. Un premier afin de valider
le système de mesure sur un monopole adapté à la fréquence de 13.5 MHz et un second,
plus important, portant sur la caractérisation d’un métamatériau fonctionnant en bande
HF, à 15 MHz. Ces mesures ont permis de montrer que le système d’émission utilisant
le métamatériau avait bien les caractéristiques prédéfinies. Enfin, ce système d’émission
a été utilisé pour une campagne de mesure radar durant l’automne 2020 et les résultats
pertinents dans le cadre de cette étude ont été présentés.
Le deuxième chapitre de cette thèse a traité du problème des définitions de la SER et
du gain d’une antenne radar lors de l’utilisation d’une propagation en ondes de surface.
En premier lieu, un état de l’art fourni sur la propagation en ondes de surface a été
effectué. L’analyse et la modélisation de la propagation en ondes de surface, via trois
modèles différents de propagation, ont permis de montrer que la variation de la répartition
du champ incident sur la cible en fonction de la distance était négligeable. Grâce à un
logiciel de simulation électromagnétique, FEKO, l’inadéquation de l’emploi des formules
classiques de SER et du gain, pour une propagation en ondes de surface, a pu être montrée.
Des modifications permettant d’adapter ces deux définitions à ce type de propagation
ont été réalisées. Par la suite, des essais en simulation, ont permis de montrer que des
définitions adaptées à cette propagation permettaient d’évaluer correctement la puissance
reçue par le radar.
Enfin, le dernier chapitre a permis de montrer le lien entre les deux chapitres pré-
cédents. Les résultats combinés de ces deux parties laissent envisager la possibilité de
déterminer la SER de cibles navales directement à partir des mesures en champ proche
réalisées en extérieur. Il est aussi envisagé d’utiliser ce système de mesure afin de vérifier
l’impact, sur le diagramme de rayonnement d’une antenne, de la structure du porteur
après son installation. Ce chapitre, a permis de montrer qu’il n’y avait pas de verrou
théorique à des mesures de ce type, mais certaines difficultés techniques importantes sont
encore à surmonter.

Page 115
Perspectives
Le premier chapitre de ce manuscrit a permis de valider l’usage d’un système de me-
sure du champ électrique en zone proche pour caractériser, en extérieur, les antennes
fonctionnant en bande HF. La perspective principale pour ce système est son utilisation
à des fréquences plus élevées et des essais ont déjà été réalisés, avec succès, à 50 MHz sur
un monopole. Malheureusement, le système de mesure, dans sa forme actuelle, présente
des limitations rendant impossible son utilisation à des fréquences supérieures. En effet, le
système de positionnement RTK utilisé ici a des performances limitées, avec une précision
spatiale de quelques dizaines de centimètres. Une solution envisageable serait le dévelop-
pement d’un système de positionnement mêlant un GPS-RTK et un positionnement laser,
qui permettrait d’améliorer la précision du positionnement en allant sous le centimètre.
Ce type de solution a été récemment mise en place par une équipe de chercheurs allemands
avec succès [59].
Le chapitre suivant a démontré que l’utilisation des formulations classiques de la SER
et du gain n’était pas adaptée à la propagation en ondes de surface. De nouvelles formules
appropriées pour cette propagation ont été développées et appliquées sur des données
issues de simulation. Au début de la thèse, la volonté était d’utiliser ces nouvelles formules
sur des données issues de mesures radar. Cela n’a pas été possible par manque de temps
et de moyens, la validation de ces formules sur des données de ce type représente la suite
logique de ces travaux.
Le dernier chapitre porte déjà sur une perspective, celle de la mise en œuvre d’un
système de mesure pour la caractérisation de la SER de cibles navales ou la vérification
de l’intégration d’antennes sur des navires. Les seules limites empêchant, pour le moment,
ce type de mesure sont d’ordre technique. Une validation de ce type de mesure semble
réalisable à échelle réduite, et permettrait d’envisager des mesures à échelle 1 sur des
cibles. Enfin, il serait aussi possible de s’intéresser à des cibles terrestres, le code de
transformation champ proche-champ lointain fonctionnant pour des sols réels même de
faible conductivité.

Page 116
Listes des publications

Q. Herbette, N. Bourey, M. Darces, S. Saillant, F. Jangal, M. Hélier, Adjustment of


the definition of the Radar Cross Section to surface wave propagation (en préparation)

Q. Herbette, N. Bourey, M. Menelle, M. Darces, S. Saillant, M. Hélier, Using a 3D


Metamaterial to Enhance the Surface Wave Propagation for High Frequency Over-the-
Horizon Radars : from Simulation to Outdoor Measurements, Progress In Electromagne-
tics Research C, Vol.115, 81-93, 2021.

Listes des communications


Q. Herbette, B. Urbani, M. Menelle, S. Saillant, N. Bourey, M. Darces, M. Hélier,
Caractérisation d’antenne HF par mesure en champ proche à l’aide d’un drone, 21èmes
Journées Nationales Micro-ondes, JNM 2019, Caen, 15-17 mai 2019.

Q. Herbette, N. Bourey, B. Urbani, M. Menelle, M. Darces, M. Hélier, S. Saillant,


G. Auffray, D. Bacquenois, B. Proust, Mise en œuvre d’un dispositif expérimental de ca-
ractérisation d’antennes HF, par drone, en environnement d’utilisation, ENVIREM 2019,
École Polytechnique, Palaiseau, 2-3 juillet 2019.

Q. Herbette, S. Saillant, M. Menelle, B. Urbani, N. Bourey, M. Darces, M. Hélier,


HF Radar antenna near field assessment using a UAV, International Radar Conference,
Radar 2019, Toulon, 23-27 septembre 2019

Q. Herbette, N. Bourey, M. Darces, S. Saillant, F. Jangal, M. Hélier, A new definition


of the Radar Cross Section suitable for surface wave propagation, APS 2020, Montréal,
Québec, Canada, 5-10 juillet 2020

Q. Herbette, N. Bourey, M. Menelle, M. Darces, S. Saillant, M. Hélier, Using a 3D


metamaterial to enhance surface wave propagation in HF band, EUCAP 2021, Düsseldorf,
Allemagne, 22-26 mars 2021

117
A. Reineix, C. Guiffaut, N. Bourey, M. Darces, M. Hélier, S.Reynaud, N. Ticaud, P.
Dorey, G. Auffray, S. Saillant, Q. Herbette, M. Menelle, Y. Béniguel, P. Pouliguen, Sim-
ROS : Un logiciel pour le di-mensionnement d’un radar HF de détection maritime à ondes
de sol, ENVIREM 2019, École Polytechnique, Palaiseau, 2-3 juillet 2019

A. Reineix, C. Guiffaut, N. Bourey, M. Darces, M. Hélier, S.Reynaud, N. Ticaud, P.


Dorey, G. Auffray, S. Saillant, Q. Herbette, M. Menelle, Y. Béniguel, P. Pouliguen,
SimROS : a simulator for the design of HF surface wave radar - Application to maritime
target detection, EUMW 2020, Utrecht, Pays-Bas, 10-25 janvier 2021

Page 118
Annexes

119
Annexe A

Mesures complémentaires réalisées sur


le métamatériau en HF

(a)

(b)

Figure A.1 – Mesures de références - Amplitude et phase du champ électrique longitu-


dinal : comparaisons entre les mesures et les simulations

120
ANNEXE A. MESURES COMPLÉMENTAIRES RÉALISÉES SUR LE
MÉTAMATÉRIAU EN HF

Lors de la caractérisation du métamatériau avec le drone, des mesures de références


ont été réalisées pour relever le champ électrique Eρ rayonné, en amplitude et en phase.
La figure A.1 représente ces mesures comparées à des simulations.
Les mesures le long de trajectoires horizontales réalisées sur le métamatériau à l’échelle
1 l’ont été pour huit fréquences différentes. Les deux figures ci-dessous représentent les
mesures et les simulations pour les différentes fréquences.

Figure A.2 – Comparaison des cartes du champ électrique |Ez | relevé en mesure et en
simulation pour les quatre premières fréquences

Page 121
ANNEXE A. MESURES COMPLÉMENTAIRES RÉALISÉES SUR LE
MÉTAMATÉRIAU EN HF

Figure A.3 – Comparaison des cartes du champ électrique |Ez | relevé en mesure et en
simulation pour les quatre dernières fréquences

Page 122
Annexe B

Formules de Bannister

Variables et constantes utilisées dans les formules de Bannister :

ρ, z Coordonnées du point d’observation

ρ′ , z ′ Coordonnées du point source

p
R1 = (ρ − ρ′ )2 + (z − z ′ )2

R2 = sqrt(ρ − ρ′ )2 + (z + z ′ )2

cos Ψ1 = f racρ − ρ′ R1

sin Ψ1 = f racz − z ′ R1

cos Ψ2 = f racρ − ρ′ R2

sin Ψ2 = f racz + z ′ R2

p Moment dipolaire (A.m)

f Fréquence de travail (Hz)

ω 2πf Pulsation associée (rad.s-1)

123
ANNEXE B. FORMULES DE BANNISTER

λ Longueur d’onde utilisée (m)

1
ε0 = 10−9 Permittivité du vide (F/m)
36π

εrr Permittivité relative du sol

µ0 = 4π10−7 Perméabilité du vide (H/m)

σ Conductivité du sol (S/m)


k0 = Nombre d’onde dans l’air (m-1)
λ
r
σ
ksol = k0 εrr − j Nombre d’onde dans le sol (m-1)
ωε0

ksol
n = Indice de réfraction du milieu
k0

k0
∆ =
ksol

p
n1 = n 1 − ∆2 cos2 Ψ2

p
∆1 = ∆ 1 − ∆2 cos2 Ψ2

sin Ψ2 − ∆1
Γ|| = Coefficient de réflexion vertical du sol
sin Ψ2 + ∆1

1
w = − jk0 R2 (sin Ψ2 ∆1 )2 Distance numérique de Sommerfeld (m)
2

√ √ 
F (w) = 1 − j πwe−w erfc j w Fonction d’atténuation

Page 124
ANNEXE B. FORMULES DE BANNISTER

Formules complètes de Bannister pour un dipôle électrique vertical, champs électrique


et magnétique :

(
p e−jk0 R1
3 + 3jk0 R1 − k02 R12 sin Ψ1 cos Ψ1

Eρ = +
4πjωε0 R13
)
e−jk0 R2 2jk1 cos Ψ2 e−jk0 R2 1 − Γ||
  
3 + 3jk0 R2 − Γ|| k02 R22 sin Ψ2 cos Ψ2

− 1+ F (w)jk0 R2
R23 n2 R22 2

Eφ = 0

(
p  e−jk0 R1
1 − 3 sin2 Ψ1 (1 + jk0 R1 ) − k02 R12 cos2 Ψ1
 
Ez = − +
4πjωε0 R13
)
−jk0 R2 −jk0 R2
e e
1 − 3 sin2 Ψ2 (1 + jk0 R2 ) − Γ|| k02 R22 cos2 Ψ2 − (1 − Γ|| )F (w)k02 R22 cos2 Ψ2
  
3
R2 R23

Hρ = 0

(
p e−jk0 R1
Hφ = (1 + jk0 R1 ) cos Ψ2 +
4π R12
e−jk0 R2 e−jk0 R2
(1 + Γ|| k0 R12 ) cos Ψ2 + j(1 − Γ|| )F (w)k0 R2 cos Ψ2
R22 R22

Hz = 0

Page 125
ANNEXE B. FORMULES DE BANNISTER

Figure B.1 – Comparaison du résultat, selon la distance, des modèles simplifiés et com-
plets de Bannister (f = 10 MHz, mer : εrr = 81 et σ = 5 S.m−1 )

Figure B.2 – Comparaison du résultat, selon la hauteur et pour plusieurs distances, des
modèles simplifiés et complets de Bannister (f = 10 MHz, mer : εrr = 81 et σ = 5 S.m−1 )

Page 126
Annexe C

Applications des formules de Bannister


pour différentes fréquences

(a)

(b)

Figure C.1 – Variation de l’amplitude de Ez (a) Variation de la phase de Ez (b) pour


différentes distances (f = 5 MHz, mer : εrr = 81 et σ = 5 S.m−1 )

127
ANNEXE C. APPLICATIONS DES FORMULES DE BANNISTER POUR
DIFFÉRENTES FRÉQUENCES

(a)

(b)

Figure C.2 – Variation de l’amplitude de Ez (a) Variation de la phase de Ez (b) pour


différentes distances (f = 7.5 MHz, mer : εrr = 81 et σ = 5 S.m−1 )

Page 128
ANNEXE C. APPLICATIONS DES FORMULES DE BANNISTER POUR
DIFFÉRENTES FRÉQUENCES

(a)

(b)

Figure C.3 – Variation de l’amplitude de Ez (a) Variation de la phase de Ez (b) pour


différentes distances (f = 12 MHz, mer : εrr = 81 et σ = 5 S.m−1 )

Page 129
Annexe D

Applications du modèle de Rotheram


pour différentes fréquences

Figure D.1 – Variation de l’amplitude de Ez pour différentes distances (f = 5 MHz,


mer : εrr = 81 et σ = 5 S.m−1 )

130
ANNEXE D. APPLICATIONS DU MODÈLE DE ROTHERAM POUR
DIFFÉRENTES FRÉQUENCES

Figure D.2 – Variation de l’amplitude de Ez pour différentes distances (f = 7.5 MHz,


mer : εrr = 81 et σ = 5 S.m−1 )

Figure D.3 – Variation de l’amplitude de Ez pour différentes distances (f = 12 MHz,


mer : εrr = 81 et σ = 5 S.m−1 )

Page 131
Annexe E

Applications de l’équation parabolique


pour différentes fréquences

(a)

(b)

Figure E.1 – Variation de l’amplitude de Ez (a) Variation de la phase de Ez (b) pour


différentes distances (f = 5 MHz, mer : εrr = 81 et σ = 5 S.m−1 )

132
ANNEXE E. APPLICATIONS DE L’ÉQUATION PARABOLIQUE POUR
DIFFÉRENTES FRÉQUENCES

(a)

(b)

Figure E.2 – Variation de l’amplitude de Ez (a) Variation de la phase de Ez (b) pour


différentes distances (f = 7.5 MHz, mer : εrr = 81 et σ = 5 S.m−1 )

Page 133
ANNEXE E. APPLICATIONS DE L’ÉQUATION PARABOLIQUE POUR
DIFFÉRENTES FRÉQUENCES

(a)

(b)

Figure E.3 – Variation de l’amplitude de Ez (a) Variation de la phase de Ez (b) pour


différentes distances (f = 12 MHz, mer : εrr = 81 et σ = 5 S.m−1 )

Page 134
Annexe F

Répartition du champ incident en


fonction de l’état de mer selon la
fréquence

Figure F.1 – Variation de l’amplitude de Ez pour différentes distances et plusieurs états


de mer (f = 5 MHz, mer : εrr = 81 et σ = 5 S.m−1 )

135
ANNEXE F. RÉPARTITION DU CHAMP INCIDENT EN FONCTION DE L’ÉTAT
DE MER SELON LA FRÉQUENCE

Figure F.2 – Variation de l’amplitude de Ez pour différentes distances et plusieurs états


de mer (f = 7.5 MHz, mer : εrr = 81 et σ = 5 S.m−1 )

Figure F.3 – Variation de l’amplitude de Ez pour différentes distances et plusieurs états


de mer (f = 12 MHz, mer : εrr = 81 et σ = 5 S.m−1 )

Page 136
Annexe G

Influence de la partie immergée de la


coque des bateaux

Il est à noter que, lors des simulations réalisées avec FEKO, la partie immergée de la
coque des navires est négligée. Pour se permettre d’omettre cette partie de la structure,
il faut d’abord s’intéresser à la notion d’épaisseur de peau. Elle fait référence à la profon-
deur δ dans un matériau à laquelle le champ est réduit à 1e (38 %) de sa valeur initiale.
Elle traduit la propriété qu’a le courant à se déplacer seulement à la surface d’un bon
conducteur à haute fréquence. L’expression générale de cette profondeur est :
sr
r
2  ωε ε 2 ωε ε
rr 0 rr 0
δ= 1+ + (G.1)
σωµ0 σ σ
Dans le cas d’un très bon conducteur (εrr ε0 ω ≪ ω), on retrouve l’expression classique :
r
2
δ= (G.2)
σωµ0
Pour la mer et à une fréquence de 10 MHz, l’épaisseur de peau est de 10.7 cm. La
mer en HF est un conducteur imparfait mais le champ ne pénètre que peu sous la mer
et n’atteindra que très peu la coque. C’est pourquoi, en raison du même phénomène,
les courants sur la coque ne peuvent circuler complètement, ils sont limités à la ligne de
flottaison de l’embarcation.
Des simulations permettant d’imager ce phénomène sont présentées ci-dessous. Celles-
ci consistent en la comparaison entre le champ proche diffracté par une sphère en PEC
à demi-immergée et celui diffracté par une demi-sphère en PEC placée à l’interface entre
l’air et la mer. La source d’excitation ici est une onde plane. Le champ est relevé sur
deux droites placées autour des cibles. Les simulations sont réalisées sous CST MWS. Les
configurations correspondantes sont représentées sur la figure G.1 :
La figure G.2 permet d’observer les courants surfaciques présents sur la surface de la
sphère. Comme attendu, les courants sont limités aux surfaces de la cible hors de l’eau. La
conductivité importante de la mer rend impossible la présence de courants sur la partie

137
ANNEXE G. INFLUENCE DE LA PARTIE IMMERGÉE DE LA COQUE DES
BATEAUX

Figure G.1 – Configurations des deux cibles utilisées

immergée de la cible. Celle-ci ne présentant pas de courant à sa surface ne participe pas


au champ diffracté par la cible.

Figure G.2 – Courants surfaciques sur la sphère

Le résultat des champs diffractés sur les droites par la sphère et la demi-sphère est
présenté sur les figures G.3 et G.4
Ces différentes analyses nous permettent de considérer comme négligeable la partie
immergée de la coque dans la diffusion du champ par la cible.

Page 138
ANNEXE G. INFLUENCE DE LA PARTIE IMMERGÉE DE LA COQUE DES
BATEAUX

Figure G.3 – Comparaison des champs relevés sur la première droite

Figure G.4 – Comparaison des champs relevés sur la seconde droite

Page 139
Annexe H

Formule complète de compensation


pour la variation du champ

Cette annexe permet d’introduire la formule complète de compensation pour la varia-


tion du champ selon la distance. Cette formule est utilisée pour réaliser les graphiques
présentant des courbes de SER indépendantes de la distance pour une propagation en
ondes de surface. La version simplifiée de cette formule est présentée dans le corps du
texte pour faciliter la compréhension. De plus, à grande distance de la cible, il n’y a pas
de différence visible entre les versions simple et complète. Une hypothèse est nécessaire
pour écrire la formule, même dans sa forme complète. Il faut que la cible soit proche de
l’interface et dans ce cas, il est possible de faire l’approximation R1 = R2 . Dans ce cas la
formule complète est :

2
1 + jk0 R1

2 2 2 2 2

C = (2 − 3 sin Ψ1 − 3 sin Ψ2 ) + cos Ψ1 + Γ || cos Ψ2 + (1 − Γ|| )F (w) cos Ψ2

k02 R12

Figure H.1 – Comparaison du résultat des SER obtenues en appliquant les formules
simplifiée et complète

140
ANNEXE H. FORMULE COMPLÈTE DE COMPENSATION POUR LA
VARIATION DU CHAMP

Si le point d’observation du champ se trouve à grande distance de la cible, le premier


terme devient négligeable devant les autres. De plus, dans le cas d’un point d’observation
situé à proximité de l’interface, les angles Ψ1 = Ψ2 sont nuls, et par conséquent cos2 Ψ1 =
cos2 Ψ2 = 1. On retrouve alors la définition de C présentée dans le second chapitre du
manuscrit.

2
C = 1 + Γ|| + (1 − Γ|| )F (w)

La figure H.1 présente le résultat obtenu en utilisant les deux formules pour déterminer
la SER du bateau de pêche à 50 km de celui-ci.

Page 141
Annexe I

Calcul de la SER σSW pour un bateau


de pêche à 4 fréquences différentes

Figure I.1 – Calcul de la SER σSW bistatique pour un bateau de pêche dans le cas d’une
propagation en ondes de surface (f = 5 MHz)

142
Figure I.2 – Calcul de la SER σSW bistatique pour un bateau de pêche dans le cas d’une
propagation en ondes de surface (f = 7.5 MHz)

Figure I.3 – Calcul de la SER σSW bistatique pour un bateau de pêche dans le cas d’une
propagation en ondes de surface (f = 9 MHz)

Page 143
Figure I.4 – Calcul de la SER σSW bistatique pour un bateau de pêche dans le cas d’une
propagation en ondes de surface (f = 12 MHz)

Page 144
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Page 151
Gain des antennes et réflectivité des cibles en ondes de surface

Les radars HF (entre 3 et 30 MHz) ont la capacité de détecter des cibles au-delà
de l’horizon radioélectrique. Des radars de ce type ont déjà été testés par l’ONERA,
notamment plusieurs radars à ondes de surface (ROS). Cependant, certains aspects liés
à la propagation en ondes de surface restent encore à l’étude. En effet, les ondes de
surface se propagent en incidence rasante, dans deux milieux (l’air et la mer). Dans ce
cas, l’onde ne peut pas être considérée comme plane et homogène. Ainsi, l’amplitude
du champ électromagnétique ne suit pas la loi de décroissance habituelle, inversement
proportionnelle à la distance. Par conséquent, les définitions classiques du gain et de la
SER, établies pour une propagation en espace libre, ne sont alors théoriquement plus
applicables. Par ailleurs, on sait bien que l’environnement d’utilisation des antennes de
radars HF a une forte influence sur leurs caractéristiques de rayonnement. L’objectif de
ces travaux de thèse est de répondre à plusieurs questions. Quelle est l’erreur réalisée, sur
le bilan radar, en utilisant les définitions classiques de la SER et du gain ? Comment, en
tirant à profit des connaissances sur la propagation en ondes de surface, peut-on améliorer
les définitions de la SER et du gain ? Comment effectuer une caractérisation champ proche,
en amplitude et phase, d’antennes HF en condition opérationnelle ?

Antenna gain and target reflectivity using surface waves

HF radars (between 3 and 30 MHz) have the ability to detect targets beyond the radar
horizon. Radars of this type have already been operated by ONERA, including several
surface wave radars (HFSWR). However, some aspects related to surface wave propaga-
tion are still under consideration. Thus, the surface waves propagate at grazing incidence,
in two media (air and sea). In this case, the wave cannot be considered as plane and
homogeneous. Also, the amplitude of the electromagnetic field does not obey the usual
diminishing law, inversely proportional to the distance. Consequently, the classical defi-
nitions of gain and RCS (Radar Cross Section), which hold for free space propagation,
are no longer theoretically applicable. Moreover, it is well known that the operating en-
vironment of HF radar antennas has a strong influence on their radiation characteristics.
The objective of this thesis work is to answer several key issues. What is the error made,
on the received power, when using the classical definitions of RCS and gain ? How, using
the knowledge about surface wave propagation, can we improve the definitions of RCS
and gain ? How to perform a near field characterization, in amplitude and phase, of HF
antennas in operating condition ?

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