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8 Toxoplasmose

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Toxoplasma et Toxoplasmose

Pr F. BACHI
Centre National de Référence Toxoplasmose
Laboratoire Biologie Parasitaire
Institut Pasteur d’Algérie
1 - Définition :
La toxoplasmose est une protozoose zoonotique cosmopolite, souvent latente chez l’enfant et
l’adulte, mais redoutable chez le fœtus, le nouveau né et le sujet immunodéprimés.

L’agent pathogène, Toxoplasma gondii est un protozoaire intracellulaire obligatoire avec une
affinité pour les cellules du système réticulo-histiocytaire (SRH).

Il est responsable d’une infection très répandue dans le règne animal, chez tous les animaux
homéotherme y compris l’homme.

2 - Historique :

En 1908, le toxoplasme a été découvert pour la première fois à l’Institut Pasteur de Tunis par
Nicolle et Manceaux chez un rongeur sauvage, Ctenodactylus gondii et simultanément au
Brésil chez un lapin par Splendor en 1909.

En 1909, le parasite est nommé Toxoplasma gondii à partir du mot grec toxon qui signifie
croissant ou arc.

En 1923, Janku a trouvé le toxoplasme dans des kystes rétiniens d’un enfant hydrocéphale.

En 1937, wolf et Gowen rapportent le premier cas de toxoplasmose congénitale humaine et


Sabin décrit la symptomatologie de la toxoplasmose humaine.

En 1940, Pinkerson et Weinman, lors d’une autopsie, isolent Toxoplasma gondii de chez un
adolescent, mort dans un tableau de maladie généralisée avec d’importantes adénopathies et
des plages de nécroses dans différents organes.

En 1948, Sabin et Feldman mettent au point le dye test ou test de lyse qui a permis le
développement de l’approche immunologique et épidémiologique de la toxoplasmose.

En 1951, Hogane avance l’hypothèse de l’origine congénitale des toxoplasmoses oculaires,


confirmées par Feldman en 1952.

En 1957, la mise au point de l’immunofluorescence indirecte par Goldman et kelen a facilité


la quantification des anticorps antitoxoplasmiques.

En 1965, Desmonts et al confirment le rôle de la viande insuffisamment cuite dans la


transmission humaine.

En 1968, la recherche des immunoglobine M a été réalisée par l’IFI, connue sous le nom de
test de Remington.
3 - Épidémiologie :
3 - 1 - Taxonomie :

La position systématique de Toxoplasma gondii a été précisée par Levine en 1980.

Embranchement ‫׃‬ Protozoaire


Classe ‫׃‬ Sporozaire
Sous classe ‫׃‬ Coccidia
Famille ‫׃‬ Sarcocystidae
Sous famille ‫׃‬ Toxoplasmatinae
Genre ‫׃‬ Toxoplasma
Espèce ‫׃‬ gondii

Le genre Toxoplasma ne comporte qu’une seule espèce mais grâce à la biologie moléculaire
et aux techniques de PCR-RFLP et l’analyse des microsatellites trois génotypes principaux
ont été identifiés chez l’homme et les animaux domestiques. Il s’agit du type I, II et III. Le
Type II étant le plus fréquent chez l’homme et les animaux domestiques (environ 80% des
souches).

3 - 2 - Morphologie :

Toxoplasma gondii existe sous trois formes correspondant chacune à une étape bien précise
du cycle évolutif. On décrit une forme proliférative, le tachyzoite ou le trophozoite et deux
formes de résistances, l’une tissulaire et l’autre dans le milieu extérieur, représentées
respectivement par le kyste et l’oocyste.

 Le Tachyzoite :

Il découle du mot grec Tachôs signifiant bref. Il est obligatoirement intracellulaire avec une
affinité pour le système réticulo-histiocytaire. Il représente la forme retrouvée pendant la
phase aigue de la maladie et qui est disséminée dans l’organisme par voie sanguine et
lymphatique en début d’infection.
C’est une cellule asymétrique en forme de croissant ou d’arc mesurant entre 5 à 7 µm de long
sur 3 à 4 µm de large avec une extrémité antérieure effilée ( complexe apical) et une
extrémité postérieure arrondie renfermant un noyau qui contient un grand amas de chromatine
centrale. Il très fragile, détruite après 30 mn à 50°C, après congélation à -20°C, après
dessiccation et sous l’action du suc gastrique.
Tachyzoïtes de Toxoplasma gondii

 La forme kystique :

Le kyste est une forme de latence intra tissulaire de 5-100µm de diamètre. Il est sphérique
dans les tissus nerveux, allongé dans le tissu musculaire et peut être retrouvé au niveau de
l’œil et d’autres viscères.

Le kyste, peut contenir plusieurs milliers de bradyzoites, qui découle du mot grec brados
signifiant lent. Ils sont de structure très proche de celle des tachyzoites , mais plus petits et
plus résistants. Il est plus résistant que le tachyzoite. Il survit dans le suc gastrique et à une
température inferieure à 60°C, mais il est détruit par la congélation pendant au moins trois
jours, et à des températures supérieures à 67°C pendant 03 mn et partiellement inactivé par la
cuisson au microonde.

Kyste toxoplasmique à l’état frais, rompu Kyste toxoplasmique coloré au Giemsa


 L’oocyste :

C’est la forme de résistance dans le milieu extérieur mais aussi la forme de dissémination. Il
existe sous deux formes.

 Oocyste non sporulé :

Fraichement émis dans les excréments du chat (chaton), il représente le seul stade diploïde du
cycle parasitaire. Il est de forme sphérique mesurant entre 10 et 12 µm de diamètre et
contenant une masse granuleuse centrale. La sporulation nécessite 1 à 5 jours fonction de
l’environnement (humidité et oxygénation).

 Oocyste sporulé :

C’est la forme infestante, ovoïde de 12 µm de long entourée d’une coque résistante


enveloppant deux sporocystes ellipsoïdes contenant chacun 4 sporozoites haploïdes de
structure comparable à celle du tachyzoite, mais plus petits et plus résistants.

Les oocystes sporulés résistent plus d’une année dans le sol humide, aux agents de
désinfection dont l’eau de javel et au suc gastrique. Ils sont par contre détruits par une
température de 60°C pendant 1mn et inactivés de façon incomplète par la congélation.

Oocystes de Toxoplasma gondii :(A) non sporulé, (B) sporulé, (C) sporulé sous
microscopie électronique
3 - 3 - Cycle évolutif :

Pour assurer sa pérennité, le toxoplasme accomplit son cycle évolutif en trois phases.

 La phase coccidienne :

Elle se déroule dans l’intestin grêle de l’hôte définitif (le chat) et comprend deux modes de
reproduction.

 Phase schizogonique : reproduction asexuée

Le chat s’infeste le plus souvent en dévorant des rongeurs hébergeant des kystes dans leurs
muscles ou leurs névraxes aussi à partir des oocystes mures souillant la terre ou les herbes.

Au niveau de l’iléon, un bradyzoite ou un sporozoite va pénétrer dans une cellule épithéliale,


il devient alors un schizonte qui grandit puis divise son noyau plusieurs fois. Chaque noyau
entouré de cytoplasme devient un mérozoite. Ces derniers seront libérés dans la vacuole
cellulaire et par effraction vont parasiter des cellules épithéliales neuves.

 Phase gamogonique : reproduction sexuée

Après plusieurs schizogonies, certains mérozoites pénètrent dans les cellules épithéliales se
transforment en gamétocytes ou éléments sexués qui évoluent soit vers :
 Le microgamétocyte mâle, sphérique de 10 µm de diamètre, qui subit des divisions
nucléaires aboutissant à la formation de 12 à 32 microgamètes, qui deviennent les
éléments sexuelles mures possédant trois flagelles dont un est rudimentaire. Ils sont
falciformes, mobiles et vont assurer la fécondation.

 Le macrogamétocyte femelle, qui mesure de 5 à 7 µm de diamètre et ne se devise pas. Il


demeure juste sous la couche des microvillosités de la cellule hôte et devient
macrogamète.

La fécondation du macrogamète par le microgamète aboutit à la formation d’un œuf diploïde


appelé zygote qui s’entoure d’une coque épaisse et donne l’oocyste qui sera éliminé sous
forme immature dans les excréments du chat. L’émission des oocystes s’effectue cinq jours
après ingestion des kystes et vingt jours après ingestion d’oocystes sporulés.

 La phase libre : sporogonie

Elle se déroule dans le milieu extérieur. Les oocystes immatures non sporulés vont effectuer
leur sporulation ou maturation à l’air libre pour donner les oocystes sporulés en 1 à 5 jours en
fonction de l’humidité et la teneur en oxygène. Ainsi ils vont assurer la contamination
tellurique des vertébrés.

 La phase proliférative et formation du kyste :

Elle se déroule chez l’hôte intermédiaire dans le système réticulo-histiocytaire. Après


ingestion des oocystes sporulés ou des kystes, les sporozoites ou les bradyzoites sont libérés
dans la lumière intestinale, ou ils se transforment rapidement en tachyzoites, traversent la
paroi et envahissent les cellules du SRH, transportés par les macrophages qui assurent leurs
dissémination.

La reproduction intracellulaire du parasite aboutit à la formation de pseudokyste


pseudokystes de 15 à
30µm et contenant 100 à 200 tachyzoites. La rupture des pseudokystes assure ainsi la
dissémination par pénétration dans
da les cellules neuves. C’est la phase aigue de la maladie, la
toxoplasmose évolutive qui ne dure que 8 à 12 jours.

Après un certains nombres de cycle de prolifération, l’apparition des phénomènes


immunitaires détermine un ralentissement de la multiplication et les tachyzoites se
transforment en bradyzoites à l’intérieur
l’ d’une formation kystique, qui vont se localiser
préférentiellement dans le cerveau, l’œil et les muscles. C’est la phase chronique de la
maladie.

Cycle de T. gondii et voies de contamination de l’Homme


3 - 4 - Mode de contamination :

 Primo-infection Il existe trois voies de transmission horizontales chez l’Homme et


une voie verticale qui sont :

 L’ingestion d’oocystes infectieux disséminés dans l’environnement (eau,


végétaux…) : Cette contamination est essentiellement indirecte par
consommation de fruits et légumes crus mal lavés ou d’eau de boisson
contaminée, et une hygiène des mains insuffisante après contact avec le sol
(jardinage) ou les animaux.

 L’ingestion de kystes tissulaires contenus dans la viande des hôtes


intermédiaires : La contamination se fait par consommation de viandes fumées,
saumurées ou insuffisamment cuites.

 Transmission du parasite par des greffes d’organes ou transfusions sanguines


de donneurs infectés : Transplantation d’organe d’un donneur séropositif pour
la toxoplasmose vers un receveur négatif avant la greffe.

 Une voie de transmission verticale de la mère à son fœtus par le passage


transplacentaire des tachyzoïtes et est responsable de la toxoplasmose
congénitale.

3 - 5 - Répartition géographique et prévalence de la toxoplasmose :

La prévalence de la toxoplasmose est très variable selon les zones géographiques, le niveau
socio-économique et les habitudes culinaires. La prévalence estimée élevée dans les pays
chauds et humides avec présence des félidés dans l’environnement, se trouve faible dans les
pays froids

L’affection apparait donc ubiquitaire avec une séroprévalence variable d’un pays à l’autre et
parfois à l’intérieur d’un même pays.

4 - Physiopathologie :

La physiopathologie des lésions observées aux cours de la toxoplasmose est directement liée à
la prolifération des tachyzoites et à la lyse des cellules qu’ils infectent.

La transmission maternofœtale est déterminée par le passage transplacentaire du parasite au


cours d’une parasitémie maternelle suite à une primo-infection conceptionelle. Cette
transmission dépend de la structure et de l’irrigation placentaire. Ainsi le placenta pourrait
retarder la transmission parasitaire de la mère au fœtus de plusieurs semaines après une
séroconversion maternelle.
La transmission des tachyzoites aux fœtus est suivie d’enkystement polyviscéral du parasite.
Les toxoplasmoses congénitales latentes sont fréquentes et sont le résultat d’une réactivation
endogène à partir des kystes.
La fréquence et la gravité du risque fœtale au cours de la toxoplasmose évolutive maternelle
varie selon l’âge de la grossesse et la précocité de la thérapeutique. Plus le terme de la
grossesse est avancé plus le risque d’infection fœtale augmente. A l’inverse la gravité de la
fœtopathie décroit au fur et à mesure que l’âge de la grossesse avance.
La période la plus dangereuse, se situe entre la dixième et la vingt-quatrième semaine, ceci est
lié au développement de la structure et de l’irrigation placentaire facilitant ainsi le passage du
parasite, aussi à l’immaturité fœtale.
Les lésions dues à la prolifération des tachyzoites constituent des foyers de nécrose
périventriculaire ou entourant l’aqueduc de Sylvius, associant vascularite, thromboses et
calcifications. Ces lésions sont secondairement responsables d’hydrocéphalie par obstruction
de l’aqueduc de Sylvius.

5 - Clinique :

La toxoplasmose est une parasitose souvent bénigne chez l’adulte jeune immunocompétent,
mais redoutable chez le fœtus, le nouveau né et le sujet immunodéprimés. On distingue
globalement la toxoplasmose acquise et la toxoplasmose congénitale.

5 -1 - Toxoplasmose acquise :

 Chez l’immunocompétent :

Elle peut se présenter sous diverses formes cliniques suivant la virulence de la souche
parasitaire et l’âge du sujet parasité.

 La toxoplasmose inapparente :

Appelée aussi asymptomatique, sérologique ou latente, sa survenue est cliniquement


inapparente dans 80% des cas, découverte fortuitement lors d’un examen systématique.

 La toxoplasmose ganglionnaire :

C’est la forme clinique la plus fréquente, 15 à 20% des cas, caractérisée par la présence
d’adénopathies le plus souvent localisées dans la région cervicale ou occipitale. Les ganglions
sont fermes, mobiles, peu douloureux et n’évoluent jamais vers la suppuration. A ces
adénopathies s’associent une asthénie, une fièvre à 38.5 - 39°C, des signes digestives et
parfois des myalgies.

5 -2 - Toxoplasmose congénitale :

Les manifestations cliniques sont d’autant plus grave que la contamination fœtale est précoce
et le risque de transmission est d’autant plus élevé que l’infestation maternelle est tardive.
En fonction de l’âge de la grossesse, on distingue trois formes de toxoplasmose congénitale.

 La toxoplasmose tertiaire du premier trimestre :

Souvent la transmission en début de grossesse entraine une fœtopathie grave. Si le nouveau né


arrive à terme, il sera porteur de lésions de type séquellaire du système nerveux central et de
l’œil traduisant les signes de la tétrade classique hydrocéphalie, microphtalmie, calcifications
intracérébrales et retard du développement psychomoteur.
Le pronostic est variable, il peut s’en suivre la mort du fœtus et l’avortement, la prématurité
avec un nouveau né fortement atteint ou la naissance à terme d’un nouveau né apparemment
sain dont l’atteinte toxoplasmique se révèlera dans les semaines à venir.

 La toxoplasmose secondaire du deuxième trimestre :

Le tableau clinique à la naissance est celui d’une encéphalite évolutive avec des
manifestations neurologiques, retard psychomoteur et/ou une choriorétinite évolutive.
Si l’évolution n’est pas fatale, le nouveau né est exposé à des lésions nerveuses irréversibles.

 La toxoplasmose primaire du troisième trimestre :

Le nouveau né présente une symptomatologie polyviscérale extraneurale. On peut observer un


ictère néonatal, généralement réversible, accompagné d’hépatosplénomégalie, ou des lésions
oculaires isolées.

Mais la forme la plus fréquente est la toxoplasmose congénitale infraclinique. L’enfant est
porteur de kystes dans le névraxe ou la rétine et la maladie est susceptible de s’exprimer
secondairement.

6 - Diagnostic :

Le diagnostic biologique de la toxoplasmose repose sur la mise en évidence des anticorps


spécifiques en faisant appel à des techniques immunologiques et/ou l’isolement du parasite ou
son ADN.

6 -1 - Diagnostic parasitologique :

 Examen direct :

Pour le diagnostic de la toxoplasmose congénitale les prélèvements à traiter sont le liquide


amniotique, le sang du cordon et le placenta.

La recherche des tachyzoites ou des kystes se fait sur frottis après coloration au MGG ou
encore par l’immunofluorescence directe. Mais la recherche du parasite dans ces
prélèvements est assez difficile vue le nombre faible de parasites.

 L’inoculation à l’animal : L’animal de choix est la souris blanche Balb C.

C’est une méthode de référence pour l’isolement du toxoplasme viable. Elle est applicable à
tous les produits biologiques. L’inoculation se fait par voie intrapéritonéale. Le toxoplasme
sous sa forme kystique est recherché 45 jours après au niveau du cerveau de la souris Blanche
BalbC.

 La culture cellulaire :

La culture est réalisée sur les fibroblastes embryonnaires humains type MRC5, les lignées
monocytaires THP1 et les cellules Hella, etc.
C’est une technique difficile à réaliser et moins sensible que l’inoculation à la souris, mais
elle donne des résultats en 3 à 6 jours.
La mise en évidence du parasite se fait par coloration au MGG ou après marquage par un
anticorps monoclonal fluorescent.

 La biologie moléculaire : Consiste à rechercher le génome de Toxoplasma dans


différents produits biologiques.

6 -2 - Diagnostic sérologique :

La sérologie représente la base du dépistage et du diagnostic de la toxoplasmose. La mise en


évidence des anticorps spécifiques IgG et IgM permet généralement de dater l’infection,
d’orienter la thérapeutique ou de proposer des mesures prophylactiques.
Plusieurs techniques peuvent être utilisées avec des sensibilités et des spécificités différentes.
A titre d’exemple : Immunofluorescence indirecte (IFI), Immunosorbent agglutination assay
(ISAGA), Enzym linked immunosorbent assay (ELISA) et ELISA inverse.

Des techniques complémentaires sont proposées pour mieux caractériser les anticorps
produits. Il s’agit de : Mesure de l’avidité des IgG et Immunoblotting ou Western Blot (WB).

6-3 - Conduite diagnostic de la toxoplasmose :

6-3-1 - Diagnostic de la toxoplasmose acquise :

 Cinétique des anticorps au cours de la primo-infection :

L’étude de la cinétique des différents isotypes d’immunoglobulines permet d’illustrer


schématiquement différentes phases sérologiques.

 La phase de latence :

La sérologie est encore négative, elle sépare le moment de la contamination et le début de la


réponse humorale spécifique. Sa durée est estimée à 8-10 jours.

 La phase précoce :

Les IgM spécifiques sont les premières à apparaitre et la synthèse des IgG est très variable,
de quelques jours à plusieurs semaines, et seule l’apparition des IgG permettra d’affirmer le
diagnostic qui est en général vers le quinzième jour après les IgM.

 La phase exponentielle :

La synthèse des IgG puis l’augmentation de leur taux confirme l’infection toxoplasmique.
Cette phase est variable selon les individus et peut aller de deux à six mois.

 La phase en plateau :

Le titre d’IgG reste en plateau et sa décroissance est lente pendant plusieurs années, les IgM
peuvent persister plus d’un an en fonction de la technique utilisée.
Titre

Temps

Contamination
 j : jours
 m: mois

Cinétique des anticorps dans la toxoplasmose

 La phase chronique :

Le titre d’IgG reste le plus souvent à un niveau résiduel et stable, cette phase correspond à une
infection anciennement acquise.

Les IgA ont été proposées pour la datation de l’infection toxoplasmique vue leurs persistances
plus courtes que celle des IgM, leur principale indication reste le diagnostic de l’infection
congénitale chez le nouveau né.

Quant aux IgE, leur synthèse est fugace et inconstante en cas de primo-infection mais elles
sont un facteur de mauvais pronostic chez le nouveau né.

 Diagnostic de la toxoplasmose de l’immunocompétent :

Le diagnostic sérologique par dosage des IgG et des IgM spécifiques permet de préciser le
statut immunitaire du patient et estimer éventuellement l’ancienneté de la contamination.

 Diagnostic de la toxoplasmose de la femme enceinte :

Le diagnostic sérologique de la toxoplasmose chez la femme enceinte est basé sur l’étude de
deux prélèvements espacés de trois à quatre semaines.
INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS SÉROLOGIQUES ET CONDUITE À TENIR

 Première Situation : Absence d’IgG et d’IgM

On conclura à l’absence d’anticorps spécifiques. Dans ce cas, il conviendra de poursuivre une


surveillance sérologique mensuelle jusqu’à l’accouchement et un mois après, et de
recommander le suivi strict des mesures hygiéno-diététiques.

 Deuxième Situation : Absence d’IgG avec présence d’IgM

Il convient de réaliser une seconde technique de détection des IgM de principe différent. Deux
situations peuvent ensuite se présenter :

 Si la technique de confirmation est négative et qu’il s’agit d’un premier sérum, la présence
d’IgM avec une seule technique peut correspondre à des IgM naturelles non spécifiques
détectant des antigènes ubiquitaires ou à une interférence. Cependant, les performances
des techniques détectant des IgM sont variables surtout en terme de précocité de
détection. Un début de séroconversion ne peut être totalement exclu et la sérologie doit
être contrôlée sur un 2ème sérum espacé de 1 à 2 semaines. Si les résultats du deuxième
sérum sont identiques au premier, l’hypothèse d’IgM naturelles ou d’une interférence est
confirmée. Il convient de poursuivre la surveillance sérologique mensuelle jusqu’à
l’accouchement et un mois après, et de recommander le suivi des mesures hygiéno-
diététiques.

 Si la technique de confirmation est positive et qu'il s’agit d’un premier sérum, une
infection récente est très probable. Cependant la présence d’IgM positives, même
avec 2 techniques, n'exclut pas définitivement l'hypothèse de la présence d’IgM naturelles
non spécifiques ou d'une interférence. En effet les deux techniques peuvent en théorie
présenter les mêmes défauts de spécificité. Ainsi il est recommandé que la technique
complémentaire de confirmation soit d’un principe totalement différent.

Une séroconversion toxoplasmique ne peut être confirmée que par l’apparition d’IgG
spécifiques qui survient dans un délai inférieur à 1 mois dans la majorité des cas. Dans ce
cas des mesures diagnostiques et thérapeutiques de la toxoplasmose congénitale, adaptées à
l'âge gestationnel, doivent être mises en place.

Si les résultats du deuxième sérum sont identiques à ceux du premier (IgG négatives et
IgM positives par 2 techniques différentes), il s'agit d’IgM naturelles non spécifiques ou
d'une interférence et il convient là aussi de poursuivre la surveillance sérologique. Par
contre, si en complément des IgM, une apparition d’IgG est observée lors de ce contrôle, il
s’agit alors d’une séroconversion avérée et une prise en charge médicale adaptée à l'âge
gestationnel doit être instaurée dès cette confirmation du diagnostic.

 Troisième Situation: Présence d’IgG et d’IgM

Pour la femme enceinte, il est nécessaire de dater l’infection par rapport au début de la
grossesse. Il convient de rechercher des sérums ou des résultats antérieurs et, en absence
d’antériorité il est recommandé de réaliser une mesure de l’avidité des IgG si le titre des IgG
le permet.
 Si l’avidité des IgG est élevée, on pourra exclure une infection récente (en fonction de la
période d’exclusion du réactif utilisé). Un contrôle de confirmation à 3 semaines est
recommandé. Si le titre des IgG est stable, on conclura à une infection ancienne. Les
résultats sont à interpréter en fonction de la date de début de la grossesse et la prise en
charge médicale doit être adaptée à l’âge gestationnel.

 Si l’avidité des IgG est intermédiaire ou basse, ces résultats ne permettent pas
d’exclure une infection récente et seule la cinétique des anticorps réalisée sur un
deuxième prélèvement à 3 semaines d’intervalle permettra de dater l’infection. En
présence d’IgG stables, on pourra conclure à une infection datant probablement de
plus de 2 ou 3 mois par rapport à la date du premier sérum. Si une augmentation
significative des IgG (doublement du titre en UI/mL) est observée, l’infection date
alors de moins de 2 à 3 mois. La prise en charge de la femme enceinte sera
adaptée en fonction de l’âge gestationnel.

 Quatrième Situation : Présence d’IgG et absence d’IgM

En absence d’antériorité lors de la grossesse, il convient de contrôler la sérologie sur un


second sérum prélevé à 3 semaines d’intervalle. Si le titre des IgG est stable, on conclura à
une infection ancienne. Si le titre des IgG augmente, il est recommandé de dater l’infection
par la détermination de l’avidité des IgG sur le premier sérum (si le titre le permet). En cas
d’avidité élevée, on pourra conclure à une probable réactivation sérologique d’une infection
ancienne. Si l’avidité est intermédiaire ou basse, une infection récente sans IgM ou avec IgM
fugaces ne peut être exclue et la prise en charge médicale devra être adaptée à l’âge
gestationnel.

 Cinquième Situation: Présence d’IgG équivoques et d’IgM négatives

Ce profil sérologique associant un titre en IgG équivoque (dans la zone grise de la technique
employée) et l'absence d'IgM, soulève le problème du statut immunitaire de la gestante vis-à-
vis du toxoplasme, et donc, de la justification à poursuivre ou non sa surveillance. En
pratique, face à ce profil sérologique, il est recommandé de réaliser une deuxième technique
de détection des IgG de principe différent.

 Si la deuxième technique est négative, on conclura à l’absence d’anticorps


spécifiques. Il conviendra alors de poursuivre le suivi sérologique jusqu’à
l’accouchement, ainsi qu’un mois après. Ce suivi sera assorti des recommandations
hygiéno-diététiques.

 Si la deuxième technique est positive, on conclura à une infection ancienne probable.


Ces résultats sont à confirmer sur un sérum prélevé à 3 semaines d’intervalle.

 Si la deuxième technique est équivoque, il est recommandé de transmettre le sérum à


un laboratoire expert pour la réalisation de techniques complémentaires.
 Diagnostic de la toxoplasmose congénitale :

Toute toxoplasmose maternelle acquise pendant la grossesse expose le fœtus au risque


d’infection par transmission transplacentaire des tachyzoites. Le diagnostic est réalisé in utéro
et/ou après la naissance.

 Le diagnostic anténatal :

Le dépistage de la toxoplasmose congénitale se base sur deux types d’investigation,


échographique et biologique.

La surveillance échographique est pratiquée vers la 18ème, la 24ème et la 30ème semaine à la


recherche de calcifications intracrâniennes, de dilatations des ventricules cérébraux,
d’hépatomégalie et d’une ascite.

L’amniocentèse consiste à prélever 10 à 20 ml de liquide amniotique à partir de la 18ème


semaine d’aménorrhée et quatre semaines au moins après la date présumée de l’infection
maternelle. À partir du culot de centrifugation de ce liquide, on fait une inoculation à la
souris et/ou une PCR, dont l’association des deux techniques permet d’obtenir une sensibilité
de l’ordre de 80%. Sur le surnagent on effectue un dosage d’IgG, d’IgM et d’IgA et on établit
un profil comparatif avec les anticorps de la mère par un WB.

Un diagnostic anténatal positif confirme le passage du parasite et n’ont pas l’atteinte fœtale,
ceci conduira à un changement de la thérapeutique à base de Rovamycine par une autre plus
efficace à base de Pyrimétamine-sulfadoxine

 Diagnostic néonatal :

A la naissance, le diagnostic de la toxoplasmose congénitale associe les arguments suivants :

 Clinique :

C’est le diagnostic qui vise à rechercher des signes cliniques non spécifiques d’embryo-
fœtopathie au stade évolutif (hépatomégalie, splénomégalie, ictère, anémie…) ou séquellaire
(hydrocéphalie, convulsions…), toute en associant un examen radiologique qui repose
actuellement sur l’échographie transfontanellaire à la recherche des calcifications cérébrales
et des dilatations ventriculaires, et un examen ophtalmologique sous anesthésie générale à la
recherche d’un foyer rétinien.

 Biologiques :

 Prélèvements :
Plusieurs prélèvements sont nécessaires pour établir ce diagnostic dans les meilleures
conditions. Le placenta est prélevé le plus aseptiquement possible et placé dans un flacon
propre sans fixateur, stocké à + 4 °C, et adressé au laboratoire dans les meilleurs délais.
Le sang du cordon (SC) est placé dans un tube sec (5-10 ml) pour non seulement l’isolement
du parasite, mais aussi les tests sérologiques, et enfin un échantillon du sang du nouveau-né
prélevé à J10. Le bilan est complété par un contrôle sérologique de la mère, nécessaire pour
l’étude des profils comparés mère-enfant.
 Examen parasitologique :
La recherche du toxoplasme peut se faire par l’inoculation à la souris et/ou PCR et/ou encore
par culture cellulaire. La sensibilité de cette recherche est de l’ordre de 50% pour inoculation
à l’animal et de 50 à 61% pour la PCR. La combinaison des deux techniques augmente la
sensibilité à l’ordre de 60 à 70% et elle diminue à 25% après traitement in utéro par
l’association pyriméthmine-sulfadoxine.

 Examen sérologique :
Les techniques sérologiques utilisées dans le dépistage de la toxoplasmose ne sont pas toutes
adaptées au diagnostic de la toxoplasmose congénitale. Seuls, les tests par immunocapture des
IgM ou des IgA valides pour ce diagnostic doivent être pratiqués. En cas de tests positifs pour
les IgM ou les IgA, il faudra confirmer le résultat sur le sang du nouveau-né prélevé après le
10ème jour. Des tests analytiques complémentaires comme la comparaison des profils
immunologiques mère-enfant par immunoblot permettent de mettre en évidence la synthèse
d’anticorps IgG et IgM par l’enfant. La présence d’anticorps néosynthetisés dans le sérum du
nouveau-né est la preuve absolue de l’atteinte congénitale et doit conduire au traitement de
l’enfant.La présence des isotypes dépend du moment de la contamination maternelle. Pour les
séroconversions maternelles du premier et du deuxième trimestre, ce sont les IgA qui sont le
plus fréquemment détectées alors que les IgM spécifiques le sont plus souvent pour des
infections du troisième trimestre.
La comparaison de la charge immunitaire sérique du nouveau né et de celle de sa mère permet
également le diagnostic lorsque la charge immunitaire chez l’enfant est significativement
supérieure (3 à 4 fois) à celle de la mère. En associant les méthodes de diagnostic
parasitologique et sérologique, le diagnostic de l’infection est porté dans la majorité des cas.

 Diagnostic postnatal :

Il consiste en une surveillance sérologique du nourrisson durant la première année.


L’apparition des IgG spécifiques néosynthétisées par l’enfant de façon qualitative par WB ou
quantitative par comparaison des charges immunitaires infirme ou confirme l’infection
congénitale.
Si l’enfant n’est pas atteint, les anticorps IgG transmis par la mère s’éliminent et la sérologie
devient négative entre le 9éme et le 12ème mois. Tout rebond sérologique avant l’âge de neuf
mois, même après une négativation transitoire des IgG transmises, doit être interprété comme
étant une infection congénitale dépistée tardivement, en raison d’une synthèse différé des IgG
spécifique de l’enfant.
Aussi, un examen ophtalmologique à 6 mois, 1an et 2 ans à la recherche d’un foyer
toxoplasmique rétinien de révélation tardive et même jusqu'à l’âge adolescent.

8 - Traitement :

Les médicaments utilisés dans le traitement de la toxoplasmose se regroupent en deux grandes


familles, les macrolides et les inhibiteurs de la synthèse de l’acide folique. Tous ces
médicaments sont inactifs sur les kystes et n’agissent que sur les tachyzoites.

Les différents schémas thérapeutiques de la toxoplasmose maternelle et de la toxoplasmose


congénitale sont illustrés dans les tableaux suivants :
Thérapeutique des toxoplasmoses maternelle et congénitale

Molécules Posologie Durée du traitement Remarques

Mère :
séroconversion Spiramycine 3MU/8heures Dès l’apparition des Si intolérance :
anticorps, arrêt à Roxithromycine
l’accouchement 1cp/12heures

Mère :
Toxoplasmose Spiramycine 3MU/8heures Datation par Idem
évolutive sans cinétique des
notion de anticorps Arrêt si
séroconversion toxoplasmose
antéconceptionnelle

Mère :
Si fœtopathie Pyriméthamine 0,5mg /kg/j Cures de 3 semaines En alternance
+ + par trimestre dès le avec
Sulfadiazine 100mg/kg/j diagnostic, arrêt spiramycine
transitoire en per Surveillance
partum. cutanée et
hématologique
Enfant :
suspicion de Spiramycine 50000U/kg/8heures De la naissance à la
toxoplasmose disparition des
congénitale anticorps

Enfant :
Toxoplasmose Pyriméthamine 0,75-1mg/kg/j Traitement continu Supplémentation
congénitale + + dès la naissance, arrêt en folates
confirmée Sulfadiazine 100mg/kg/j si argument de
ou guérison
Pyriméthamine Surveillance
+ ½ -1cp/10kg/10j clinique et
Sulfadoxine hématologique
9 - Prophylaxie :

Les mesures préventives concernent aussi bien la toxoplasmose congénitale

9-1 - Prévention primaire :

Elle s’applique aux femmes enceintes à fin d’éviter le risque de séroconversion.


Les principales recommandations hygiéno-diététiques sont les suivantes :

 Lavage soigneux des crudités et les salades.


 Cuisson suffisante des viandes (plus de 65°c).
 Lavage des mains avant et après toute manipulation des aliments.
 Nettoyage des ustensiles et surface ayant servi à la préparation des aliments.
 Ports des gants pour le nettoyage de la litière du chat, ainsi pour les travaux de
jardinage.

9-2 - Prévention secondaire :

Chez la femme enceinte, le but est de limiter les conséquences en cas d’échec de la prévention
primaire. Elle associe un suivi sérologique mensuel pendant toute la grossesse et une semaine
après l’accouchement des femmes séronégatives afin de déceler une éventuelle
séroconversion et instaurer le plus rapidement possible un traitement pour limiter la
transmission materno-fœtale et un diagnostic anténatal pour pallier aux conséquences d’un
passage transplacentaire avec un traitement plus adapté.

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