Phan Thanh Son Diff
Phan Thanh Son Diff
Phan Thanh Son Diff
Titre :
Unité de recherche :
Centre RAPSODEE, UMR CNRS 5302, IMT Mines Albi
Directeurs de thèse :
Doan PHAM MINH, Maître de Conférences HDR, IMT Mines Albi
Ange NZIHOU, Professeur, IMT Mines Albi
5.2.2. Impact du rapport S/C pour le tri-reformage du biogaz (Tri-RB) ................................... 148
5.2.2.1. Tri-RB à 700 °C ................................................................................................................. 149
5.2.2.2. Caractérisation des catalyseurs usés par ATG .................................................................. 152
5.2.2.3. Caractérisation des catalyseurs usés par MEB et MET..................................................... 154
Tableau 3 : Mécanisme de réaction du RSB proposé par Ayodele et al. [33] ....................................... 31
Tableau 4 : Mécanisme du RSB utilisant le catalyseur de Ni/La2O3 proposé par Verykios et al.......... 32
Tableau 5 : Energie d’activation et ordre de réaction pour le tri-reformage du méthane sur différents
catalyseurs (Song et Pan 2004 [38]) ...................................................................................................... 33
Tableau 8 : Activité catalytique des différents catalyseurs dans le procédé de tri-reformage reportée dans
la littérature ........................................................................................................................................... 37
Tableau 11 : Résumé des paramètres de l’étude thermodynamique des procédés de reformage .......... 54
Tableau 12 : Résumé des paramètres de l’étude sur la pression des procédés de reformage ................ 55
Tableau 15 : effet du taux de recycle du gaz de purge aux procédés de production d’H2..................... 78
Tableau 17 : Débit massique des composés à l’entrée de chaque unité des procédés globaux de
production d’hydrogène ........................................................................................................................ 79
Tableau 18 : Débit molaire des composés à l’entrée de chaque unité des procédés de production
d’hydrogène........................................................................................................................................... 80
Tableau 19 : Composition molaire du mélange à l’entrée des différentes unités des procédés de
production d’hydrogène étudiés ; toutes les molécules sont en phase gazeuse ..................................... 80
Tableau 20 : Sélectivité en carbone solide des procédés globaux de production d’hydrogène étudiés 82
Tableau 21 : Besoins énergétiques des différentes unités des procédés de production de l'hydrogène
étudiés ................................................................................................................................................... 82
Tableau 22 : Puissance récupérable des différentes unités des procédés de production d'hydrogène
étudiés ................................................................................................................................................... 83
Tableau 23 : Rendement thermique des procédés globaux de production d'hydrogène étudiés ........... 86
Tableau 24 : Conversions et sélectivités des composants pour le reformage à sec du méthane ........... 95
10
Tableau 25 : Résultats d’ICP-AES des catalyseurs à base de nickel supporté sur les supports HAP et
Mg_HAP ............................................................................................................................................... 97
Tableau 27 : Propriétés texturales des supports d’apatite et des catalyseurs dopés au nickel ............. 110
Tableau 28 : Propriétés acido-basiques des catalyseurs réduits à 700 °C par analyse TPD-NH3 et TPD-
CO2 ...................................................................................................................................................... 114
Tableau 29 : Valeur de la pression dans les tests catalytiques selon les niveaux de WHSV............... 116
Tableau 31 : Calculs thermodynamiques (par Aspen Plus) pour le BRB à 700 °C et 1,4 bar d’un mélange
CH4/CO2/N2 = 1,0/1,1/0,5 (rapport molaire de départ) en fonction du rapport molaire S/C ............... 143
Tableau 33 : Paramètres opératoires utilisés pour étudier l’impact du rapport molaire de départ O/C dans
le Tri-RB.............................................................................................................................................. 157
Tableau 34. Comparaison relative de la performance catalytique des catalyseurs développés dans ce
travail de thèse avec celle des catalyseurs reportés dans la littérature. 𝑇𝑂𝐹𝑚𝑜𝑦𝑒𝑛 : « turnover
frequency » moyen calculé sur la quantité totale du nickel dans le catalyseur (unité :
𝑚𝑜𝑙𝑟é𝑎𝑐𝑡𝑖𝑓𝑐𝑜𝑛𝑣𝑒𝑟𝑡𝑖. 𝑚𝑜𝑙𝑁𝑖𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙 − 1. ℎ − 1𝑜𝑢 ℎ − 1) ; S : sélectivité (définition dans le chapitre 3)
............................................................................................................................................................. 181
11
Figure 3 : Structure de la maille d’hydroxyapatite, projection selon l’axe [001] [98] .......................... 43
Figure 6 : Illustration d’une pompe et d’un compresseur dans la simulation Aspen Plus .................... 53
Figure 7 : Illustration d’un mélangeur (mix) dans la simulation Aspen Plus ........................................ 53
Figure 10 : Illustration d'une chaudière (HEATER) dans la simulation Aspen Plus ........................... 54
Figure 11 : Illustration d'un séparateur idéal dans la simulation Aspen Plus ........................................ 54
Figure 12 : Débits partiels dans le courant de sortie du réacteur RGIBBS à l’équilibre ; mélange de
départ ayant un rapport molaire CO2/CH4 = 1 (débit total du mélange de départ : 2 mol/h) ................ 56
Figure 13 : Débits partiels dans le courant de sortie du réacteur RGIBBS à l’équilibre ; mélange de
départ ayant le rapport molaire de CH4/CO2 = 1,43 (débit total du mélange de départ : 1,7 mol/h)..... 57
Figure 16 : Débits partiels du courant de sortie du réacteur RGIBBS à l’équilibre ; mélange de départ
ayant le rapport molaire S/C=0,5 et CH4/CO2=0,6/0,4 (débit du mélange de gaz de départ : 1 mol/h) 59
Figure 21 : Débits molaires partiels dans le courant de sortie du réacteur RGIBBS en fonction de la
température de Tri-RB avec les rapports molaires de départ de S/C=0,5 ; O/C = 0,1. Débit molaire du
CH4 et du CO2 au départ sont de 0,6 et 0,4 mol/h, respectivement ....................................................... 62
Figure 22 : Conversion du CH4 en fonction des rapports molaires de départ de O/C et S/C en Tri-RB à
700 °C et 1 bar. Débit molaire du CH4 et du CO2 au départ sont de 0,6 et 0,4 mol/h, respectivement. 62
Figure 23 : Conversion du CO2 en fonction des rapports molaires de départ de O/C et S/C en Tri-RB à
700 °C et 1 bar. Débit molaire du CH4 et du CO2 au départ sont de 0,6 et 0,4 mol/h, respectivement. 63
Figure 24 : Sélectivité en carbone solide en fonction des rapports molaires de départ de O/C et S/C en
Tri-RB à 700 °C et 1 bar. Débit molaire du CH4 et du CO2 au départ sont de 0,6 et 0,4 mol/h,
respectivement. ...................................................................................................................................... 63
Figure 25 : Effet de la pression totale sur la conversion du CH4 des procédés de reformage du mélange
de 0,6 mol/h de CH4 et 0,4 mol/h de CO2 à 700 °C (courbe en continu) et à 900 °C (courbes en pointillé)
............................................................................................................................................................... 64
Figure 26 : Sélectivité en carbone solide en fonction de la pression totale des procédés de reformage du
mélange de 0,6 mol/h de CH4 et 0,4 mol/h de CO2 à 700 °C (courbes en continu) et à 900 °C (courbes
en pointillé)............................................................................................................................................ 64
Figure 27 : Schéma du procédé de production d’hydrogène à partir du biogaz par le bi-reformage (BRB)
............................................................................................................................................................... 67
Figure 28 : Schéma du procédé de production d’hydrogène à partir du biogaz par le reformage à sec
(RSB)..................................................................................................................................................... 68
Figure 29 : Schéma du procédé de production d’hydrogène à partir du biogaz par le tri-reformage (Tri-
RB) ........................................................................................................................................................ 69
Figure 30 : Schéma du procédé de production d’hydrogène par le reformage à sec avec un recyclage du
gaz de purge (RSB0,3C) ....................................................................................................................... 70
Figure 32 : Illustration des courbes composites des flux chaud et froid d’une analyse Pinch .............. 75
Figure 33 : Conversion de CO des réacteurs HTS (15,75 bar) et LTS (15,7 bar) en fonction du débit
d’eau STEAM 2 pour le procédé de RSB à 909 °C............................................................................... 77
Figure 34 : Relation entre (A) - la consommation d’énergie pour produire 1 kg/h d’H2 (EH2) et (B) - la
production d’hydrogène (QH2) en fonction des rapports molaires de départ de O/C et S/C à 909 °C et 16
bar en Tri-RB......................................................................................................................................... 77
Figure 35 : relation entre le taux de recycle du gaz de purge et la production d’H2 et le rendement
thermique du procédé ............................................................................................................................ 78
Figure 36 : Les courbes composites des flux chauds et froids du procédé BRB ................................... 84
13
Figure 37 : Les courbes composites des flux chauds et froids du procédé RSB ................................... 84
Figure 38 : Les courbes composites des flux chauds et froids du procédé Tri-RB ............................... 85
Figure 39 : Les courbes composites des flux chauds et froids du procédé RSB0,3C ........................... 85
Figure 40 : Les courbes composites des flux chauds et froids du procédé Tri-RB0,3C ....................... 86
Figure 41 : Illustration du réacteur utilisé pour la synthèse de l’hydroxyapatite par coprécipitation ... 90
Figure 42 : Illustration des particules d’un support à base d’HAP après séchage (a) et après broyage et
tamisage (b) ........................................................................................................................................... 90
Figure 46 : Spectres FTIR des supports HAP à différents rapports molaires de Ca/P (a) et Mg_HAP (b)
............................................................................................................................................................... 98
Figure 47 : Spectres FTIR des catalyseurs au nickel préparés sur les supports HAP (a) et sur les supports
Mg_HAP (b).......................................................................................................................................... 99
Figure 48 : Perte de masse des supports HAP et Mg_HAP en fonction de la température : (a) courbes
ATG et (b) courbes DTG .................................................................................................................... 100
Figure 49 : Signaux d’émission de H2O (a) et CO2 (b) émis pendant l’analyse ATG-MS ................. 100
Figure 50 : Diffractogrammes DRX des catalyseurs à base de nickel supporté sur HAP et Mg_HAP
............................................................................................................................................................. 102
Figure 51 : Morphologie des supports HAP1,55 (a), HAP1,67 (b), 0,1Mg_HAP (c) et 0,3Mg_HAP (d)
............................................................................................................................................................. 103
Figure 52 : Images obtenues par MEB des catalyseurs au nickel supportés ....................................... 104
Figure 53 : Images obtenues par MEB des catalyseurs de Ni/HAP et Ni/Mg_HAP........................... 105
Figure 54 : Images obtenues par MET des catalyseurs à base de nickel supporté sur HAP et sur Mg_HAP
............................................................................................................................................................. 106
Figure 55 : Distribution de la taille des particules NiO des catalyseurs frais calcinés à 700 °C ......... 106
Figure 56: Cartographie par EDX des éléments du catalyseur 5Ni/HAP1,55. Pour la lecture de ces
images, référez-vous à la version électronique ................................................................................... 107
Figure 57 : Cartographie par EDX des éléments du catalyseur 5Ni/HAP1,67. Pour la lecture de ces
images, référez-vous à la version électronique ................................................................................... 107
Figure 58 : Cartographie par EDX des éléments du catalyseur 5Ni/0,1Mg_HAP. Pour la lecture de ces
images, référez-vous à la version électronique ................................................................................... 108
14
Figure 59 : Cartographie par EDX des éléments du catalyseur 5Ni/0,3Mg_HAP. Pour la lecture de ces
images, référez-vous à la version électronique .................................................................................... 108
Figure 63 : Profile de TPD-NH3 (a) et TPD-CO2 (b) des catalyseurs réduits sous hydrogène ............ 113
Figure 65 : Bilan de matière obtenu avec le catalyseur 5Ni/HAP1,67 au WHSV de 15,8 L.gcat-1.h-1 . 119
Figure 67 : Bilan de matière obtenu avec le catalyseur 5Ni/0,3Mg_HAP au WHSV de 15,8 L.gcat-1.h-1
............................................................................................................................................................. 121
Figure 68 : TOF moyen du CH4 en fonction de WHSV et du temps de réaction des catalyseurs
5Ni/HAP1,67 (a) et 5Ni/0,3Mg_HAP (b) ........................................................................................... 122
Figure 69 : TOF moyen du CO2 en fonction de WHSV et du temps de réaction des catalyseurs
5Ni/HAP1,67 (a) et 5Ni/0,3Mg_HAP (b) ........................................................................................... 122
Figure 70 : Effet de la température sur l’activité catalytique des catalyseurs 5Ni/HAP1,67 (a, c) et
5Ni/0,3Mg_HAP (b, d) ........................................................................................................................ 123
Figure 72 : Effet de la température sur la sélectivité en H2O et carbone solide comme produits
secondaires des catalyseurs 5Ni/HAP1,67 (a, c) et 5Ni/0,3Mg_HAP (b, d) ....................................... 125
Figure 73 : Bilan de matière obtenu avec le catalyseur 5Ni/HAP1,67 à 800 °C ................................. 126
Figure 75 : Performance catalytique des catalyseurs à base de HAP et HAP substituée au Mg. Conditions
de réaction : composition du mélange d’entrée CH4/CO2/N2=20%/20%/60% (% volumique), T=700 °C,
P=1,8 bar, WHSV=31,7 L.h-1.gcat-1, a : Conversion de CH4, b : conversion de CO2, c : sélectivité en H2,
d : sélectivité en CO, e : sélectivité en H2O, f : sélectivité en carbone solide ..................................... 129
15
Figure 76 : Illustration de carbone fibreux (deux images en haut) et illustration de l’évolution de
l’encapsulation des particules de Ni exposé sous l’atmosphère de CH4/H2=1/1 à 540°C pendant une
analyse in-situ par la MET à haute résolution (HRTEM) [176] . ........................................................ 131
Figure 77 : Images MEB des catalyseurs après test catalytique. Conditions de réaction T :700 °C, la
composition du mélange d’entrée CH4/CO2/N2=20%/20%/60% (% volumique), WHSV=31,7 L.h-1.gcat-
1
........................................................................................................................................................... 132
Figure 78 : Images MET des catalyseurs après test catalytique. Conditions de réaction : T :700 °C,
composition du mélange d’entrée CH4/CO2/N2=20%/20%/60% (% volumique), WHSV 31,7 L.h-1.gcat-1
............................................................................................................................................................. 133
Figure 79 : Cartographie des éléments du catalyseur 5Ni/HAP1,55 après test catalytique. Conditions de
réaction : T :700 °C, composition du mélange d’entrée CH4/CO2/N2=20%/20%/60% (% volumique),
WHSV 31,7 L.h-1.gcat-1 ........................................................................................................................ 134
Figure 80 : Cartographie des éléments du catalyseur 5Ni/HAP1,67 après test catalytique. Conditions de
réaction : T :700 °C, composition du mélange d’entrée : CH4/CO2/N2=20%/20%/60% (% volumique),
WHSV 31,7 L.h-1.gcat-1 ........................................................................................................................ 134
Figure 81 : Cartographie des éléments du catalyseur 5Ni/0,1Mg_HAP après test catalytique. Conditions
de réaction : T :700 °C, composition du mélange d’entrée CH4/CO2/N2=20%/20%/60% (% volumique),
WHSV 31,7 L.h-1.gcat-1 ........................................................................................................................ 135
Figure 82 : Cartographie des éléments du catalyseur 5Ni/0,3Mg_HAP après test catalytique. Conditions
de réaction : T :700 °C, CH4/CO2/N2=20%/20%/60% (% volumique), WHSV 31,7 L.h-1.gcat-1......... 135
Figure 83 : Distribution de taille des particules à base de nickel des catalyseurs avant et après test
catalytique à 700 °C, 1,6 bar et WHSV=31,7 L.h-1.gcat-1. .................................................................... 136
Figure 84 : Courbes ATG (a) et DTG (b) des catalyseurs à base de nickel déposés sur les supports HAP
et sur la Mg_HAP après test catalytique. Conditions de test : 700 °C, CH4/CO2/N2=20/20/60%, WHSV
31,7 L.h-1.gcat-1 ..................................................................................................................................... 137
Figure 85 : TOF moyen de CH4 (a) et de CO2 (b) pour les catalyseurs 5Ni/HAP1,55, 5Ni/HAP1,75 et
5,7%Ni/TCP908 .................................................................................................................................. 138
Figure 86 : Débit en mmol/min de CH4 consommé (a) et conversion de CH4 (b) en fonction du temps de
réaction en BRB. Conditions : 700 °C ; 1,4 bar ; rapport molaire CH4/CO2/N2 = 1,0/1,1/0,5 ; rapport
molaire S/C de 0,3 à 1,2 ...................................................................................................................... 142
Figure 87 : Débit molaire (mmol/min) de CO2 (a) et conversion de CO2 (b) en fonction du temps de
réaction en BRB. Conditions : 700 °C ; 1,4 bar ; rapport molaire CH4/CO2/N2 = 1,0/1,1/0,5 ; rapport
molaire S/C de 0,3 à 1,2 ...................................................................................................................... 143
Figure 88 : Débit molaire (mmol/min) de H2 (a), de CO (b), de Cs (c) et de H2O (d) en fonction du temps
de réaction en BRB. Conditions : 700 °C ; 1,4 bar ; rapport molaire CH4/CO2/N2 = 1,0/1,1/0,5 ; rapport
molaire S/C de 0,3 à 1,2 ...................................................................................................................... 144
Figure 89 : TOF moyen de CH4 (a) et de CO2 (b) obtenu avec le catalyseur 5Ni/HAP1,67 pour le BRB
aux différents rapports S/C en comparaison à ceux du reformage à sec (S/C=0,0) ............................ 145
16
Figure 90 : Bilan de matière obtenu avec le catalyseur 5Ni/HAP1,67 dans le BRB à 700°C, 1,4 bar,
rapport molaire CH4/CO2/H2O/N2 = 1,0/1,1/0,9/0,5 ............................................................................ 146
Figure 91 : Courbes ATG (a) et DTG (b) des catalyseurs usés récupérés après les tests en BRB.
Conditions : 700 °C, 1,4 bar ; rapports molaires S/C : (a) S/C=0,3 ;(b) S/C=0,6 ; (c) S/C=0,9 ; (d)
S/C=1,2. ............................................................................................................................................... 147
Figure 92 : Images MEB du catalyseur 5Ni/HAP1,67 usé après 50 h de la réaction en BRB : (a)
CH4/CO2/H2O/N2=1,0/1,1/0,3/0,5 ; (b) CH4/CO2/H2O/N2=1,0/1,1/0,6/0,5 ......................................... 147
Figure 93 : Image MET des catalyseurs usés après 50h de réaction en bi-reformage du méthane avec la
composition du gaz à l’entrée : (a) CH4/CO2/H2O/N2=1,0/1,1/0,6/0,5 ; (b)
CH4/CO2/H2O/N2=1,0/1,1/0,9/0,5 ....................................................................................................... 148
Figure 94 : Débit molaire (mmol/min) de CH4 consommé (a) et conversion de CH4 (b) en fonction du
temps de réaction en Tri-RB. Conditions : 700 °C ; 1,4 bar ; rapport molaire de départ CH4/CO2/H2O/O2
= 1,0/0,67/0,6/0,1 et 1,0/0,67/0,9/0,1 .................................................................................................. 149
Figure 95 : Débit molaire (mmol/min) de CO2 consommé (a) et conversion de CO2 (b) en fonction du
temps de réaction en Tri-RB. Conditions : 700°C ; 1,4 bar ; rapport molaire de départ CH4/CO2/H2O/O2
= 1,0/0,67/0,6/0,1 et 1,0/0,67/0,9/0,1 .................................................................................................. 149
Figure 96 : Débit molaire (mmol/min) de H2 (a), CO (b), H2O (c) et carbone solide (d) en sortie du
réacteur en fonction du temps de réaction en Tri-RB. Conditions : 700°C ; 1,4 bar ; rapport molaire de
départ CH4/CO2/H2O/O2=1/0,67/0,6/0,1 et 1/0,67/0,9/0,1 .................................................................. 150
Figure 97 : TOF moyen de CH4 (a) et de CO2 (b) obtenus avec le catalyseur 5Ni/HAP1,67 en tri-
reformage du méthane à 700 °C, 1,4 bar, rapports molaires de départ CH4/CO2/O2=1,0/0,67/0,1 et
S/C=0,6 et 0,9 ...................................................................................................................................... 151
Figure 98 : Bilan de matière obtenu avec le catalyseur 5Ni/HAP1,67 en tri-reformage du méthane à 700
°C, 1,4 bar, rapport molaire de départ CH4/CO2/H2O/O2 = 1,0/0,67/0,9/0,1 ....................................... 152
Figure 99 : Images des catalyseurs usés : (a) après Tri-RB au rapport S/C=0,6 ; (b) après Tri-RB au
rapport S/C=0,9 (c) après RSB au rapport CH4/CO2=1/1,1 ; et (d) catalyseur frais calciné ; particules
blanches : alumine inerte ..................................................................................................................... 153
Figure 100 : Illustration de la répartition des grains de catalyseur dans le réacteur après un test de tri-
reformage............................................................................................................................................. 153
Figure 101 : Profils ATG et DTG des catalyseurs usés après le tri-reformage du méthane à 700 °C, 1,4
bar, CH4/CO2/H2O/O2=1/0,67/0,6/0,1 (a) et CH4/CO2/H2O/O2=1/0,67/0,9/0,1 (b) ............................. 154
Figure 102 : Images MEB du catalyseur 5Ni/HAP1,67 après 50 h de réaction en Tri-RB. Conditions :
CH4/CO2/H2O/O2=1/0,67/0,6/0,1 : (a) Photomicrographie par rétrodiffusion d'électrons (BSE) ; (b)
Photomicrographie par électrons secondaires (SE) ............................................................................. 154
Figure 103 : Images MEB du catalyseur 5Ni/HAP1,67 usé après 50 h de réaction en Tri-RB. Conditions :
CH4/CO2/H2O/O2=1/0,67/0,9/0,1 :(a) Photomicrographie par rétrodiffusion d'électrons (BSE) ; (b)
Photomicrographie par électrons secondaires (SE) ............................................................................. 155
Figure 104 : Images MET du catalyseur 5Ni/HAP1,67 après le tri-reformage à 700°C et au rapport
CH4/CO2/H2O/O2=1/0,67/0,6/0,1 ........................................................................................................ 155
17
Figure 105 : Images MET du catalyseur lequel après le tri-reformage à 700 °C et au rapport
CH4/CO2/H2O/O2=1/0,67/0,9/0,1 ........................................................................................................ 155
Figure 106 : Distribution de taille des particules à base de nickel avant et après la réaction de tri-
reformage à 700 °C, 1,4 bar ................................................................................................................ 156
Figure 107 : Débit molaire (mmol/min) de CH4 consommé (a) et conversion de CH4 (b) en fonction du
temps de réaction en Tri-RB. Conditions : 700 °C, 1,4 bar, rapports molaires de départ CH4/CO2/H2O/N2
= 1,0/1,1/0,6/0,5 et O/C de 0 à 0,1 ...................................................................................................... 157
Figure 108 : Débit molaire (mmol/min) de CO2 consommé et conversion de CO2 en fonction du temps
de réaction en Tri-RB. Conditions : 700 °C, 1,4 bar, rapports molaires de départ CH4/CO2/H2O/N2 =
1,0/1,1/0,6/0,5 et O/C de 0 à 0,1 ......................................................................................................... 158
Figure 109 : Débit molaire (mmol/min) en sortie du réacteur de H2 (a), et de CO (b) et le rapport molaire
H2/CO en fonction du temps de réaction en Tri-RB. Conditions : 700 °C, 1,4 bar, rapports molaires de
départ CH4/CO2/H2O/N2 = 1,0/1,1/0,6/0,5 et O/C de 0 à 0,1 .............................................................. 159
Figure 110 : Débit molaire (mmol/min) du carbone solide (a) et de l’eau (b) en fonction du temps de
réaction en Tri-RB. Conditions : 700 °C, 1,5 bar, rapports molaires de départ CH4/CO2/H2O/N2 =
1,0/1,1/0,6/0,5 et O/C de 0 à 0,1 ......................................................................................................... 160
Figure 111 : TOF moyen de CH4 (a) et de CO2 (b) pour le catalyseur 5Ni/HAP1,67 dans le tri-reformage
à 700 °C, 1,4 bar et aux différents rapports O/C ................................................................................. 160
Figure 112 : Profil ATG et DTG du catalyseur 5Ni/HAP1,67 usé après 50 h de réaction de tri-reformage
à T=700 °C et à 1,4 bar, rapport molaire de départ CH4/CO2/H2O/O2/N2 = 1,0/1,1/0,6/0,05/0,5 ....... 161
Figure 113 : Profil ATG et DTG du catalyseur 5Ni/HAP1,67 usé après 50 h de réaction de tri-reformage
à T=700 °C et à 1,4 bar, rapport molaire de départ CH4/CO2/H2O/O2/N2 = 1,0/1,1/0,6/0,1/0,5 ......... 161
Figure 114 : Débit molaire (mmol/min) de CH4 consommé (a), conversion de CH4 (b), débit molaire
(mmol/min) de CO2 consommé (c) et conversion de CO2 (d) en fonction du temps de réaction en Tri-
RB. Conditions : 1,4 bar, rapport molaire de départ CH4/CO2/H2O/O2 = 1,0/0,67/0,9/0,1 ................. 162
Figure 115 : Débit molaire de H2 (a) et de CO (b), rapport molaire H2/CO (c), débit molaire d’H2O (d)
et du carbone solide (e) en fonction du temps de réaction en Tri-RB. Conditions : 1,4 bar, rapport molaire
du mélange de départ CH4/CO2/H2O/O2 = 1,0/0,67/0,9/0,1 ................................................................ 163
Figure 116 : Catalyseurs usés après Tri-RB à 1,4 bar et (a) à 700 °C et (b) à 800 °C, rapport molaire du
mélange de départ CH4/CO2/H2O/O2=1/0,67/0,9/0,1 .......................................................................... 164
Figure 117 : Profils ATG, DTG des catalyseurs usés après Tri-RB à 1,4 bar, rapport molaire du mélange
de départ CH4/CO2/H2O/O2=1/0,67/0,9/0,1 et à 700 °C (a), 800 °C (b) ............................................. 164
Figure 118 : TOF moyen de CH4 (a) et de CO2 (b) obtenu avec le catalyseur 5Ni/HAP1,67 en Tri-RB à
1,4 bar, au rapport molaire du mélange de départ CH4/CO2/H2O/O2=1/0,67/0,9/0,1 et aux différentes
températures de réaction...................................................................................................................... 165
Figure 119 : Bilan de matière obtenu avec le catalyseur 5Ni/HAP1,67 en Tri-RB à 800 °C, 1,4 bar, au
rapport molaire du mélange de départ CH4/CO2/H2O/O2 = 1,0/0,67/0,9/0,1 ...................................... 165
18
Figure 120 : Images MET du catalyseur usé après Tri-RB à 1,4 bar, CH4/CO2/H2O/O2=1/0,67/0,9/0,1 et
à 800 °C et résultats EDX .................................................................................................................... 166
Figure 121 : Distribution de taille des particules à base de nickel des catalyseurs frais et usés après le
Tri-RB à 700-800 °C avec une composition de gaz à l’entrée CH4/CO2/H2O/O2=1/0,67/0,9/0,1....... 167
Figure 122 : Activité et stabilité du catalyseur 5Ni/HAP1,67 dans le reformage à sec à 700 °C et 1,4 bar
pendant 150 h de réaction. Conditions de réaction : WHSV = 17,2 L.gcat-1.h-1, rapport molaire de départ
CH4/CO2=1,0/1,1 ................................................................................................................................. 170
Figure 123 : Profils ATG et DTG du catalyseur usé après 150 h de réaction en reformage à sec du
méthane à 700 °C. Conditions de réaction : WHSV = 17,2 L.gcat-1.h-1, rapport molaire de départ
CH4/CO2=1,0/1,1. ................................................................................................................................ 171
Figure 124 : Images MET et exemple d’analyse EDX du catalyseur usé après 150 h de réaction de
reformage à sec à 700 °C, rapport molaire de départ CH4/CO2=1,0/1,1, WHSV 17,2 L.h-1.gcat-1 ....... 171
Figure 125 : Cartographie du catalyseur 5Ni/HAP1,67 après 150 h de réaction en reformage à sec à 700
°C, rapport molaire de départ CH4/CO2=1,0/1,1, WHSV 17,2 L.h-1.gcat-1 ........................................... 172
Figure 126 : Pression totale du test de la stabilité du catalyseur en RSB ............................................ 172
Figure 127 : Distribution de taille des particules à base de nickel du catalyseur avant et après la réaction
RSB. Conditions de réaction : WHSV = 17,2 L.gcat-1.h-1, rapport molaire de départ CH4/CO2=1,0/1. 173
Figure 128 : Résultats du test de longue durée en Tri-RB. Conditions : 800 °C, rapport molaire du
mélange de départ CH4/CO2/H2O/O2 = 1,0/0,67/0,9/0,1 ..................................................................... 174
Figure 129 : Catalyseur usé après 300 h de réaction de tri-reformage à 800 °C, rapport molaire de départ
CH4/CO2/H2O/O2 = 1,0/0,67/0,9/0,1 ................................................................................................... 175
Figure 130 : Profils ATG, DTG du catalyseur 5Ni/HAP1,67 après 300 h de réaction en tri-reformage à
800 °C pour illustrer le frittage des grains d’HAP, conditions du test : rapport molaire de départ
CH4/CO2/H2O/O2 = 1,0/0,67/0,9/0,1 ................................................................................................... 175
Figure 131 : Images MET du catalyseur usé après 300 h de réaction en tri-reformage à 800 °C, rapport
molaire de départ CH4/CO2/H2O/O2 = 1,0/0,67/0,9/0,1....................................................................... 176
Figure 132 : Distribution de taille des particules à base de nickel du catalyseur frais et du catalyseur usé
après 300 h de test catalytique en Tri-RB............................................................................................ 177
Figure 133 : Résultats du test de régénération catalytique en reformage à sec du méthane à 700 °C,
rapport molaire de départ CH4/CO2 =1,0/1,1 ; WHSV = 17,2 L.gcat-1.h-1 : (a) Conversions de CH4 et de
CO2 ; (b) : Sélectivité en CO et H2 ; (c) : rapport molaire H2/CO ; (d) : sélectivité en eau et carbone solide
............................................................................................................................................................. 178
Figure 134 : Images MET du catalyseur usé après le test de régénération en RSB ............................ 179
19
λk : Multiplicateur de Lagrange
Introduction générale
La croissance de la population et de l’économie entraine une forte augmentation d’émissions de
gaz à effet de serre, en particulier celles de CH4 et de CO2. Ces émissions sont responsables du
réchauffement climatique qui ne cesse d’augmenter et qui provoque des conséquences lourdes liées par
exemple à l’augmentation du niveau de l’eau des mers et des océans, l’augmentation de la fréquence et
l’intensité des incendies de forêts, la disparition de certaines espèces sur la Terre etc. Afin de lutter
contre le réchauffement climatique, la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques
de 2015 (COP21) a fixé comme objectif la limitation du réchauffement climatique entre 1,5 à 2,0 °C
d’ici 2100. Le passage des ressources fossiles aux ressources renouvelables est donc indispensable pour
atteindre cet objectif ambitieux.
D’autre part, selon le dernier rapport de BP [1], la demande mondiale en énergie ne cesse
d’augmenter (environ + 42% depuis 1993). Au contraire de ce que la société attend, la quantité totale
d’énergie fossile consommée continument augmente dans le monde. En 2019, la consommation
mondiale en énergie fossile représente encore environ 85% de la consommation totale en énergie. Le
développement des vecteurs énergétiques renouvelables avec une minimisation de l’empreinte
environnementale et un coût global compétitif est indispensable pour remplacer progressivement les
ressources fossiles. Dans ce contexte, l’hydrogène est devenu un vecteur énergétique prometteur puisque
son utilisation ne produit que de l’eau. L’hydrogène peut être produit à partir de combustibles fossiles
(pétrole, gaz, charbon), et à partir de l’eau par l’électrolyse, la photo électrolyse ou encore la dissociation
thermique. Actuellement, environ 96% de l’hydrogène est produit à partir d’hydrocarbures d’origine
fossile, en particulier à partir du gaz naturel [2]. Cet hydrogène est considéré comme « hydrogène gris »
ayant un impact environnemental élevé à cause de son origine fossile. Le reste est produit par
l’électrolyse de l’eau qui est considérée comme voie plus propre à partir de l’électricité renouvelable
produite par les éoliennes, les barrages hydrauliques, l’énergie photovoltaïque etc. Cet hydrogène est
considéré comme « hydrogène vert ».
En partant du procédé industriel de la production d’hydrogène à partir du gaz naturel qui contient
principalement du méthane, il est possible de produire de l’hydrogène à partir du biogaz qui contient
principalement du méthane et du dioxyde de carbone, par un procédé similaire (Figure 1). Cela permet
donc de produire de l’hydrogène vert puisque le biogaz est principalement produit à partir de bio-déchets
et de déchets domestiques (enfouissement d’ordures ménagères). Comme détaillé dans le dernier rapport
de l’association mondiale du biogaz [3], le nombre d’installations et la quantité de biogaz produit dans
le monde a fortement augmenté pendant la dernière décennie. A part la production du biométhane (par
la séparation de CO2 et impuretés) pour injection dans les réseaux de gaz de ville et la combustion pour
la production de la chaleur et d’électricité, la production d’hydrogène (Figure 1) est considérée comme
une voie prometteuse pour la valorisation du biogaz. C’est ainsi l’objectif principal du projet
VABHYOGAZ3 (2016-2020), financé par l’ADEME, qui vise à déployer la production d’H2 à partir du
biogaz dans le Tarn. Ce projet VABHYOGAZ3 est la 3ème phase du programme VABHYOGAZ ; ce
dernier étant un programme de recherche de long terme dans le Tarn depuis 2007 entre IMT Mines Albi
et les entreprises locales. En effet, en janvier 2014, une unité de production d’hydrogène à partir du
biogaz (capacité de 10 kg d’hydrogène liquide/jour) et une station de distribution d’hydrogène liquide
ont été inaugurées lors de la fin de la phase 2 (VABHYOGAZ2). Les partenaires du projet
VABHYOGAZ3 sont : ALBHYON (porteur de VABHYOGAZ3), HP Systems, Trifyl, SARP Industrie,
et IMT Mines Albi (Centre RAPSODEE). L’ambition de la phase 3 (VABHYOGAZ3) est de déployer
la production d’hydrogène à l’échelle industrielle avec des unités de production de l’ordre de 80-200 kg
d’hydrogène liquide par jour (prévues chez Trifyl à Graulhet) et des stations de distribution d’hydrogène
Introduction générale 22
commerciales (prévues au centre commercial de Leclerc à Gaillac sur l’axe d’autoroute A68). Pour les
deux phases 2 et 3, le reformage à la vapeur d’eau (vaporeformage) du méthane a été choisi par
ALBHYON pour concevoir le procédé de production global d’hydrogène. Cette étape transforme le
méthane et la vapeur d’eau en gaz de synthèse (mélange de CO et H2) en utilisant un catalyseur à base
de nickel supporté sur alumine. Pour éviter la désactivation catalytique, un rapport molaire de
« steam/methane » (S/C) d’environ 3-4 est utilisé, qui correspond à un large excès d’eau. Cela conduit
à une perte d’énergie important lors du refroidissement du syngas pour alimenter l’étape suivante (water-
gas-shift) qui a lieu à des températures inférieures à 450 °C. Il est donc important de trouver une solution
alternative de reformage, qui nécessite peu voire pas de vapeur d’eau et qui permet donc d’optimiser la
consommation énergétique de la production d’hydrogène. Cela constitue l’aspect innovant du projet
VABHYOGAZ3 qui fait l’objet de cette présente thèse de doctorat.
Figure 1 : Etapes principales de la production d’hydrogène à partir de biogaz : (1) Purification et reformage du
biogaz en syngas ; (2) Réaction de water-gas-shift (WGS); (3) Séparation de l’hydrogène par exemple par le
procédé d’adsorption à pression modulée (pressure swing adsorption – PSA)
L’objectif de cette thèse est de développer des catalyseurs performants pour le reformage à sec du
biogaz (RSB : conversion de CH4 et CO2 en syngas – mélange de CO et H2) et pour le tri-reformage du
biogaz (Tri-RB : conversion de CH4, CO2, H2O et O2 en syngas). Le but final est d’optimiser l’efficacité
énergétique du procédé global de la production d’H2 via le reformage du biogaz, qui est indispensable
pour rendre ce procédé économiquement viable. En fait, les catalyseurs en RSB et Tri-RB ont souvent
le problème de désactivation catalytique en raison du dépôt de coke et du frittage thermique à haute
température (> 700 °C). L’obtention d’un catalyseur performant sous les conditions sévères de RSB et
Tri-RB est cruciale pour le déploiement de ces procédés à large échelle industrielle.
Ce rapport de thèse est divisé en six chapitres :
• Le premier chapitre correspond à une étude bibliographique. Tout d’abord, une étude
générale sur le biogaz, l’hydrogène, les voies de production d’hydrogène à partir du
méthane telles que le vaporeformage, le reformage à sec et le tri-reformage du méthane, y
compris les aspects thermodynamiques et cinétiques est présentée. Les avantages et
inconvénients de ces procédés sont discutés. Ensuite, une étude sur les catalyseurs
développés pour les procédés de reformage du méthane est présentée. Cette étude discute
l’effet des sites actifs, de la nature du support, et de l’ajout d’un promoteur sur la
performance catalytique des catalyseurs. Ce chapitre est terminé par une présentation
générale de l’hydroxyapatite et ses propriétés en tant que nouveau support catalytique
prometteur.
• Le deuxième chapitre présente les résultats de l’étude thermodynamique et du bilan
énergétique des procédés de production d’hydrogène par le reformage du biogaz. L’étude
thermodynamique des procédés de reformage du biogaz a été réalisée par la simulation par
Aspen Plus (version 8.6). Les résultats de cette étude permettent de choisir des paramètres
opératoires des procédés globaux de production d’hydrogène via différentes voies de
reformage du biogaz. Par l’analyse Pinch (pincement), les bilans énergétiques et les
rendements thermiques ont été obtenus pour ces différents procédés globaux de production
d’hydrogène.
Introduction générale 23
• Le troisième chapitre concerne la description des matériels et des méthodes qui sont utilisés
dans cette thèse, ainsi que les résultats de caractérisation des matériaux catalytiques. Tout
d’abord, les méthodes de préparation des hydroxyapatites sans et avec substitution au Mg
(HAP et Mg_HAP, respectivement) sont présentées. Ensuite, la préparation des catalyseurs
à base de nickel supportés sur ces supports est décrite. Puis, les méthodes d’analyses et de
caractérisation physico-chimiques et thermiques sont détaillées. Il s’agit de l’analyse
élémentaire ICP-AES, l’analyse thermique gravimétrique (ATG), la spectroscopie
infrarouge (FT-IR), la diffraction des rayons X (DRX), la microscopie électronique à
balayage et à transmission (MEB, MET), l’isotherme d’adsorption-désorption de l’azote,
la réduction en température programmée (TPR), et la désorption en température
programmée (TPD-NH3, TPD-CO2). Finalement, les résultats de ces analyses et
caractérisations sont présentés et discutés permettant de comprendre les résultats
catalytiques des chapitres qui suivent.
• Le quatrième chapitre porte sur l’étude des performances catalytiques des catalyseurs dans
le reformage à sec du biogaz (RSB). Les effets de temps de contact, de la température et
de la pression sur la performance catalytique sont étudiés. Les caractérisations des
catalyseurs usés ont été effectuées afin de comprendre les résultats obtenus. Une
comparaison entre les catalyseurs développés dans cette thèse et un catalyseur à base
d’HAP commerciale est aussi présentée.
• Le cinquième chapitre porte sur l’étude des performances catalytiques du catalyseur
5Ni/HAP1,67 (un des meilleurs catalyseurs de cette étude identifiés dans le chapitre 4)
dans le procédé de tri-reformage du biogaz (Tri-RB). Les paramètres d’opération suivants
ont été étudiés pour ce procédé : le rapport molaire S/C (rapport molaire de vapeur d’eau
sur méthane), le rapport molaire O/C (rapport molaire d’oxygène sur méthane) et la
température de la réaction. La caractérisation du catalyseur après test catalytique a été
réalisée afin de comprendre son comportement catalytique.
• Le dernier chapitre présente les résultats de l’étude de la désactivation catalytique du
catalyseur 5Ni/HAP1,67 dans les deux procédés de RSB et Tri-RB, ainsi que la
régénération catalytique du catalyseur usé. Une comparaison globale de la performance
catalytique des catalyseurs développés dans cette étude avec celle des catalyseurs reportés
dans la littérature est également présentée dans ce chapitre.
Finalement, le rapport de thèse est terminé avec des conclusions générales, des suggestions pour la
suite, des annexes et une section des références.
24
1.2. Hydrogène
L’hydrogène est parmi les éléments les plus abondants de l’univers. En général, l’hydrogène se
trouve rarement à l’état pur, mais il se combine avec d’autres éléments tels que l’oxygène dans l’eau,
ou le carbone dans les hydrocarbures comme le méthane (CH4), le propane (C3H8) etc.
Le dihydrogène est la molécule (communément dénommée hydrogène) qui contient la plus grande
densité énergétique massique : 120 MJ/kg en PCI (Pouvoir Calorifique Inférieur) d’hydrogène brûlé
[11], soit 2 fois plus grand que celui du gaz naturel ; 3 fois plus grand que celui de l’essence (environ
44-47 MJ/kg) et 5 fois plus grand que celui du charbon [12]. Cependant, son PCI volumique est de 10,0
MJ/m3 qui est plus faible que celui du gaz naturel (environ 32,6 MJ/m3) [13].
Actuellement, la demande mondiale d’hydrogène est environ de 70 millions tonnes par an (Mt/an)
[14]. Il est utilisé dans de nombreux domaines, en particulier dans l’industrie chimique (production
d’ammoniaque, procédés d’hydrogénation des hydrocarbures non saturés et des hydrocarbures
aromatiques, l’hydrogénation d’aldéhyde et de cétones, l’hydrogénation d’azote pour la manufacture
d’aniline, dans les raffineries etc.) [14]. Aujourd’hui, environ 96% de l’hydrogène est produit à partir
de ressources fossiles (du gaz naturel, gazéification du charbon) et le reste par l’électrolyse de l’eau [2].
L’empreinte environnementale de l’hydrogène dépend des matières premières et du procédé de
production. L’hydrogène produit par les ressources fossiles est considéré comme « hydrogène gris ».
Également, l’hydrogène produit par l’électrolyse de l’eau en utilisant de l’électricité d’origine fossile,
voire nucléaire, est considéré comme hydrogène gris. Seul l’hydrogène produit à partir des ressources
renouvelables par des procédés d’efficacité énergétique élevée est considéré comme « hydrogène vert ».
Ce dernier joue un rôle important pour limiter les émissions de CO2 et d’autres polluants (gaz acides,
hydrocarbures type COVs, particules fines…) dansl’atmosphère. Cela concerne en particulier le secteur
du transport. La plupart des moteurs de nos transports (tous types confondus) utilisent des carburants
d’origine fossile. Quelle que soit l’origine du carburant, ces moteurs émettent des gaz acides,
hydrocarbures imbrulés, et particules fines qui posent de sérieux problèmes sur l’environnement et la
santé publique, en particulier dans les zones urbanisées. Le monde actuel est sur le point de s’orienter
vers des moyens de transport plus respectueux de l’environnement, et ce sont les véhicules électriques
et les véhicules à hydrogène qui sont les plus prometteurs. Pour cela, il est indispensable que les vecteurs
énergétiques (électricité, hydrogène, voire biocarburant) soient produits à partir de ressources
renouvelables, telles que l’énergie solaire, éolienne, hydraulique, géothermique, ou encore l’énergie
issue de la biomasse, des bio-résidus etc. Cependant, les produits finaux devraient avoir un coût
compétitif par rapport à ceux d’origine fossile [2].
Comme présenté ci-dessus, une grande partie de l’hydrogène est encore produite par
vaporeformage du gaz naturel dans lequel le méthane est le composant principal. La partie qui suit
présente les procédés permettant d'obtenir de l'hydrogène à partir du méthane via le vaporeformage
(procédé industriel). D’autres voies de reformage du méthane, qui sont encore à l’état de R&D, sont
aussi présentées, y compris le reformage à sec du méthane par le dioxyde de carbone (CO2) et le tri-
reformage du méthane par un mélange de la vapeur d’eau, du dioxyde de carbone et de l’oxygène.
Chapitre 1 : Étude bibliographique 27
𝐾1 𝑃𝐻32 𝑃𝐶𝑂
2,5 (𝑃𝐶𝐻4 𝑃𝐻2 𝑂 − 𝐾1
)
𝑃𝐻2
𝑟1 =
(𝐷𝐸𝑁)2
Chapitre 1 : Étude bibliographique 30
1 + 𝐾𝐶𝑂 𝑃𝐶𝑂 +𝐾𝐻2 𝑃𝐻2 + 𝐾𝐻2 𝑂 𝑃𝐻2 𝑂 + 𝐾𝐶𝐻4 𝑃𝐶𝐻4
𝐷𝐸𝑁 =
𝑃𝐻2
𝛼 𝛽
−𝑟𝐶𝐻4 = 𝑘𝑃𝐶𝐻 𝑃
4 𝐶𝑂2
Cependant, les résultats dans le Tableau 5 montrent que les ordres partiels en CH4 et CO2 varient
avec les catalyseurs utilisés. En plus, la loi de puissance ne permet pas d’exprimer les voies
réactionnelles du procédé, bien qu’elle soit largement utilisée pour calculer l’énergie d’activation
Chapitre 1 : Étude bibliographique 34
apparente et l’ordre de réaction. Le mécanisme du tri-reformage a été expliqué par le modèle simplifié
de Langmuir-Hinshelwood (Tableau 6) [38].
Tableau 6 : Mécanisme du tri-reformage proposé par Song et Pan [38]
𝐾𝐶𝐻4
𝐶𝐻4 +∗↔ 𝐶𝐻4∗
𝐾𝐶𝑂2
𝐶𝑂2 +∗↔ 𝐶𝑂2∗
𝐾𝐶𝐻4
𝐶𝐻4∗ + 𝐶𝑂2∗ ↔ 2𝐻2 + 2𝐶𝑂 + 2∗
𝑘𝐾𝐶𝐻4 𝐾𝐶𝑂2 𝑃𝐶𝐻4 𝑃𝐶𝑂2
−𝑟𝐶𝐻4 = 2
(1 + 𝐾𝐶𝐻4 𝑃𝐶𝐻4 + 𝐾𝐶𝑂2 𝑃𝐶𝑂2 )
* est un site actif disponible sur la surface du catalyseur et k est la constante de vitesse de
l’étape cinétiquement déterminante RDS.
Sur la base de ce modèle, ils ont insisté sur le fait que la constante d’équilibre d’adsorption de CO2,
KCO2 dépend fortement de l’interaction entre le CO2 et la surface du catalyseur. Dans le cas où le CO2
interagit fortement avec la surface du catalyseur, les sites actifs sont occupés par des espèces de CO2
adsorbées ce qui limite ainsi la disponibilité de la surface pour l’adsorption de CH4. Par conséquent,
l’augmentation de la pression partielle de CO2 entraîne la diminution du taux de conversion de CH4 et
l’ordre de réaction CO2 devient négatif. Le résultat est logiquement inversé dans le cas où l’interaction
entre CO2 et la surface du catalyseur est faible [38].
Rapport molaire H2/CO = 3, ce qui est H2/CO = 1, ce qui est H2/CO = 1,5-2, ce qui est favorable
théorique de H2/CO favorable pour la le moins favorable pour la production d’hydrogène et la
production d’hydrogène pour la production synthèse de Fischer-Tropsch
d’hydrogène parmi
les 3 procédés
considérés
Niveau de Déjà commercialisé à Pas encore Pas encore commercialisé
commercialisation l’échelle industrielle commercialisé
pour le gaz naturel
37
Chapitre 1 : Étude bibliographique 38
En plus de la nature du métal actif, d’autres facteurs comme la nature du support catalytique, la
méthode de préparation des catalyseurs, et l’utilisation d’un promoteur jouent aussi un rôle important
pour obtenir un catalyseur performant [59] [60].
1.5.2. Support
Les supports jouent un rôle important sur la performance des catalyseurs en reformage du méthane.
Les propriétés requises d’un support prometteur comprennent généralement une grande surface
spécifique, une bonne stabilité thermique, une bonne capacité de stockage de l’oxygène et la présence
des sites basiques. De plus, une interaction métal-support forte est cruciale pour avoir une bonne activité
et stabilité dans le reformage du méthane [61].
Barroso-Quiroga et Castro-Luna [62] ont étudié l’effet de différents oxydes métalliques, Al2O3,
CeO2, La2O3 et ZrO2, sur l’activité catalytique du nickel (10% en masse) dans le RSB. Le catalyseur
Ni/CeO2 est le plus actif pour la conversion de CH4, alors que le Ni/ZrO2 montre la meilleure stabilité
catalytique grâce à la présence des sites basiques et la stabilité thermique du support ZrO2.
Lou et al. [63] ont réussi à préparer un catalyseur très stable de Ni/ZrO2 pour le RSB avec des
particules de nickel de taille de 1-2 nm, qui sont bien dispersées sur la surface du support. Ce catalyseur
possède une bonne stabilité dans le RSB, avec seulement une perte de 10% de l’activité initiale après
60 h de fonctionnement. Cela est expliqué par la disponibilité des atomes de Ni aux contours des
particules et en contact avec le support, qui favorise l’activation de CO2 à l’interface Ni-ZrO2, et favorise
donc la gazéification du carbone solide de surface.
Les supports basiques utilisés pour le RSB aident à la gazéification des espèces de carbone et donc
limitent la désactivation [64] [65] [66]. Wang et al. [67] ont étudié les catalyseurs à base de nickel
supporté sur l’oxyde basique MgO dans le reformage à sec du méthane. Le catalyseur contenant 8%
massique de Ni calciné à 600 °C est le plus actif pour la conversion du CH4 (84% à 750°C, 1 bar) et
maintient parfaitement la stabilité catalytique pendant 50 h de test. Sokolov et al. [68] ont étudié les
catalyseurs à base de nickel supporté sur différents supports, qui sont des oxydes simples ZrO2, La2O3-
ZrO2, TiO2, SiO2, MgO, Al2O3 et des mélanges d’oxydes comme le Siral10 (SiO2 et Al2O3) et Pural
MG30 (30%MgO, 70%Al2O3) pour le reformage à sec du méthane à basse température (400°C). Les
catalyseurs à base de supports de zirconium sont les plus actifs. Le rendement en H2 peut être classée
comme suit : Ni/La2O3-ZrO2 > Ni/ZrO2 > Ni/Pural MG30 > Ni/Siral10 > Ni/TiO2 > Ni/MgO > Ni/SiO2.
La forte interaction entre Ni et le support mésoporeux de La2O3-ZrO2 entraîne une bonne résistance à la
formation de carbone solide, expliquant la performance de ce catalyseur [68].
Les catalyseurs à base de CeO2 (CeO2, CeO2-ZrO2) ont aussi été trouvés actifs et stables en RSB
[69]. Ces résultats sont expliqués par une forte interaction entre le métal et le support, une grande
capacité de stockage d’oxygène et le potentiel rédox du couple Ce4+/Ce3+. L’ajout le ZrO2 au CeO2
permet d’améliorer la stabilité thermique et la mobilité d’oxygène comparé au support CeO2 seul [69].
Les supports catalytiques qui sont souvent utilisés pour le tri-reformage du méthane sont montrés
dans le Tableau 8. Comme CO2 est l’un des réactifs de ce procédé, les supports ayant un caractère
basique ou une capacité de stockage d’oxygène élevée pourraient améliorer l’adsorption du CO2 et ainsi
augmenter sa conversion [38]. Les supports les plus couramment étudiés dans le tri-reformage sont donc
MgO, CeO2, TiO2-MgO, CeO2, ZrO2, β-SiC, et MgAl2O4. Song et Pan ont étudié les catalyseurs à base
de nickel supporté sur les supports CeO2, ZrO2, MgO, Al2O3 et CeO2-ZrO2 (rapport atomique Ce/Zr=3)
dans le tri-reformage à 800-900 °C et à la pression atmosphérique. De bonnes activités (jusqu’à 97% de
conversion de CH4, et environ 80 % de conversion de CO2) ont été obtenues et le rapport molaire H2/CO
Chapitre 1 : Étude bibliographique 39
varie entre 1,5 à 2 [38]. En particulier, la plupart des catalyseurs n’ont pas de dépôt de coke sauf le
catalyseur Ni/ZrO2 dont la teneur en coke atteint 1,34 % en masse en fin de réaction. Ils ont également
constaté que la capacité de la consommation du CO2 dépend fortement de l’interaction entre le métal et
le support. L’ordre de conversion de CO2 dans le tri-reformage est comme suit [38]:
Ni/MgO>Ni/MgO-CeZrO>Ni/CeO2≈Ni/ZrO2≈Ni/Al2O3>Ni/CeZrO
La conversion de CO2 élevée sur le catalyseur Ni/MgO et Ni/MgO-CeZrO a été attribuée à
l’interaction forte entre CO2 et MgO [38].
Garcia et al. ont étudié le reformage du méthane avec des catalyseurs à base de nickel sur les
supports Al2O3, CeO2, β-SiC, YSZ (zircone stabilisée à l’yttria) et YSZ-O2 (zircone stabilisée à l’yttria
calcinée dans un environnement pauvre en oxygène) [70]. Les résultats obtenus montrent que les
conditions de calcination du catalyseur Ni/YSZ ont modifié la réductibilité du NiO et le nombre de
lacunes d’oxygène de surface, et par conséquent, influencent le comportement catalytique du catalyseur
dans les deux procédés RSB et tri-reformage [70]. Parmi les catalyseurs étudiés, le catalyseur Ni/Al2O3
montre la plus faible performance catalytique, qui est attribuée à la formation de la phase spinelle
inactive NiAl2O4 [70]. Le catalyseur Ni/CeO2 ayant la basicité la plus élevée, conduit au rapport H2/CO
le plus faible. Celui-ci est associé à la capacité d’adsorption du CO2 élevée de ce catalyseur qui favorise
le RSB [70]. Finalement, sous les conditions similaires, les catalyseurs Ni/CeO2 et Ni/β-SiC montrent
les meilleures performances catalytiques pour le tri-reformage ainsi qu’une bonne résistance à la
formation de coke [70].
Récemment, le support d’hydroxyapatite (Ca10(PO4)6(OH)2) a été étudié dans le RSB, avec des
résultats prometteurs [71], [72], [73]. Les propriétés de ce support seront discutées plus tard dans ce
chapitre.
1.5.4.1. L’empoisonnement
L’empoisonnement d’un catalyseur est dû à l’adsorption chimique forte des réactifs, des produits
ou des impuretés sur des sites actifs du catalyseur ou plus généralement sur la surface du catalyseur. Si
une espèce est considérée comme un poison ou pas dépend de sa force d'adsorption sur les sites
catalytiques par rapport aux autres espèces en compétition [84]. Dans le reformage du méthane, les
espèces soufrées (par exemple H2S) sont souvent les poisons critiques. Les catalyseurs au Ni sont
sensibles même aux concentrations faibles de ces espèces (de l’ordre du ppb) en raison de la formation
de sulfures métalliques [85]. Une étape de désulfuration de la source d’alimentation (gaz naturel, biogaz)
est généralement nécessaire avant le reformage.
1.5.4.3. Le frittage
Le frittage est la perte de la surface spécifique du catalyseur et/ou du support due à la densification
du catalyseur et la croissance de cristallites de la phase active ou due à l’effondrement du support. Ceci
est généralement un phénomène physique en nature, sous l’effet thermique à des températures élevées
(> 500 °C) qui peut être accéléré sous la présence de vapeur d’eau [84]. Le frittage entraîne généralement
une désactivation du catalyseur [16]. Toutefois, l’activité spécifique du catalyseur calculée sur la surface
catalytique peut varier (augmenter ou diminuer) quand la taille des cristallites métalliques augmente, en
fonction de la sensibilité de la réaction à la taille des cristallites [84].
1.6.2.1. Stœchiométrie
La stœchiométrie de la HAP est définie par le rapport molaire atomique de Ca/P. Ce dernier est de
1,67 pour l’hydroxyapatite stœchiométrique correspondant à la formule chimique de Ca10(PO4)6(OH)2.
En général, une HAP donnée est souvent un matériau non-stœchiométrique dont le rapport Ca/P varie
dans une large gamme de 1,5 à 1,67 correspondant à la formulation de Ca10-x(HPO4)x(PO4)6-x(OH)2-x
(0<x<1) [99]. Le rapport Ca/P dépend fortement des conditions de synthèse, en particulier la
température, la valeur de pH, le mode et la vitesse d’ajout des précurseurs, la nature des précurseurs etc.
[100]. La maîtrise du rapport molaire de Ca/P permet de contrôler les propriétés acido-basiques. Un
rapport molaire de Ca/P < 1,67 conduit à une HAP plutôt acide, alors qu’un rapport Ca/P ≥ 1,67
correspond plutôt à une HAP basique [101]. Toutefois, les sites acides et basiques sont généralement
simultanément présents dans une HAP.
Chapitre 1 : Étude bibliographique 44
1.6.2.2. Substitutions
Comme mentionné ci-dessus, les tunnels jouent un rôle important sur les propriétés physico-
chimiques d’HAP. Les propriétés structurales d’HAP leur confèrent une grande capacité de substitution
des sites de calcium, phosphate et hydroxyle [102]. Différentes apatites peuvent être dérivées de la HAP
par la substitution totale ou partielle des cations et/ou des anions par d'autres cations et/ou anions [103].
Ces substitutions induisent une légère variation du diamètre moyen des tunnels et modifient ainsi les
propriétés des HAPs. Tableau 9 ci-dessous montre quelques exemples de substitutions et les effets sur
les paramètres cristallins d’HAP [104]:
Tableau 9 : Effets qualitatifs de certains substituants à la HAP [104]
Où 𝐺𝑡(𝑇,𝑃) est l’énergie totale de Gibbs du mélange, kJ, 𝑛𝑖 est le nombre de mole d’espèce i du
mélange, 𝜇𝑖 est le potentiel chimique de l’espèce i dans le mélange, N est le nombre de composant dans
le mélange. Le potentiel chimique de l’espèce i à n’importe quelle température et à n’importe quelle
pression est obtenu par eq.16 [28] [123].
𝑓̂ 𝑦∅𝑃 𝑦∅𝑃
𝜇𝑖 = 𝜇𝑖0 + 𝑅𝑇ln ( 𝑖⁄ ° ) = 𝜇𝑖𝑜 + 𝑅𝑇𝑙𝑛 ( 𝑖 𝑖 ⁄𝑃𝑜 ) = 𝐺𝑖𝑜 + 𝑅𝑇𝑙𝑛 ( 𝑖 𝑖 ⁄𝑃𝑜 ) eq.16
𝑓𝑖
°𝑔
Dans la phase gazeuse, à l’état standard, 𝑃° = 1 𝑎𝑡𝑚 et 𝐺𝑖.𝑒 = 0 (kJ/mol) pour chaque élément, de
°𝑔 °𝑔
ce fait, on peut assumer 𝐺𝑖 = ∆𝐺𝑓𝑖 (kJ/mol) [124].
Où : R est la constante molaire des gaz parfait (J/K/mol), 𝑦𝑖 est la fraction molaire de l’espèce i, Ф𝑖
est le coefficient fugacité, 𝑓̂𝑖 est la fugacité de l’espèce i, 𝑓𝑖𝑜 et 𝐺𝑜𝑖 sont respectivement la fugacité et
°𝑔
l’énergie libre de Gibbs de l’espèce i à l’état standard, 𝐺𝑖.𝑒 est l’enthalpie libre de Gibbs d’élément e
°𝑔
d’espèce i dans la phase gazeuse à l’état standard, (kJ/mol), ∆𝐺𝑓𝑖 est l’enthalpie libre de Gibbs de la
formation de l’espèce i dans la phase gazeuse à l’état standard, (kJ/mol), g est la phase gazeuse.
Par la combinaison des équations eq.15 et eq.16 avec l’utilisation de la méthode de multiplicateur
de Lagrange, l'énergie libre minimale du système global en phase gazeuse peut être exprimée par eq. 17
[28]
𝑁
°𝑔 𝑦∅𝑃
∑ 𝑛𝑖 (∆𝐺𝑓𝑖 + 𝑅𝑇 ln ( 𝑖 𝑖 ⁄𝑃𝑜 ) + ∑ 𝑎𝑖𝑘 𝜆𝑘 ) = 0 eq. 17
𝑖=1 𝑘
Dans un système fermé, la minimisation de l’équation eq. 17 est soumise aux contraintes du bilan
de matière. Donc, le nombre de moles de chaque type d’atome reste constant pendant la réaction :
𝑁
∑ 𝑛𝑖 𝑎𝑖𝑘 = 𝐴𝑘 eq. 18
𝑖=1
Chapitre 2 : Étude thermodynamique et simulation du bilan énergétique des procédés de reformage 51
Où : 𝜆𝑘 est le multiplicateur de Lagrange ; aik est le nombre d’atomes de l’élément k dans chaque
espèce moléculaire i ; Ak est la masse totale d’élément k du mélange alimenté au système, k = (1, 2, … ,
E) avec E est le nombre d’élément présents dans le mélange.
En considérant la présence de carbone solide (graphite pur) dans le système, lorsque les phases
vapeur et solide sont à l’équilibre, l’énergie libre de Gibbs pour le carbone est calculée par eq. 19 :
𝑔
𝐺𝐶̅ = 𝐺̅𝐶𝑠 = 𝐺𝐶°𝑠 = ∆𝐺𝑓𝐶
°𝑠
≅0 eq. 19
𝑔
Où 𝐺𝐶̅ : est l’énergie libre de Gibbs molaire partielle du carbone en phase gazeuse ; 𝐺̅𝐶𝑠 l’énergie
libre de Gibbs molaire partielle du carbone en phase solide ; 𝐺𝐶°𝑠 est l’énergie libre de Gibbs du carbone
°𝑠
solide à l’état standard ; ∆𝐺𝑓𝐶 est l’énergie libre de Gibbs de la formation du carbone solide à l’état
standard, et 𝑛𝐶 est le nombre de moles de carbone, s est phase solide.
Les calculs d'équilibre utilisant la méthode de minimisation de l’enthapie libre ont été réalisés avec
Aspen Plus (Aspen TechTM). Le programme est capable de simuler un système contenant une seule
phase ou plusieurs phases.
Pour notre étude, les mélanges considérés contiennent les différents composés polaires et apolaires
tels que H2, N2, CO2, CO, CH4, O2 et H2O. L’équation d’état PRMHV2 a donc été choisie. Elle est basée
sur le modèle d'équation d'état de Peng-Robinson qui permet de calculer le coefficient de fugacité ∅ ̂𝑖
dans l’équation eq. 20 [122] [126]. De plus, la règle de mélange MHV2 (Huron-Vidal Mixing rules)
permet de prédire les interactions binaires à toute pression [127].
Hydrogène H2
Azote N2
Méthane CH4
Dioxyde de carbone CO2
Monoxyde de carbone CO
Eau H2O
Coke ou solide de carbone Cs
Oxygène O2
Air N2/O2
2.3.2.1. Réacteur
• Réacteur de Gibbs (RGIBBS) :
Ce modèle a souvent été utilisé car il travaille sur la base de la méthode de minimisation d’enthalpie
libre. Toutes les propriétés à l’état standard de chaque molécule sortant du réacteur sont utilisées, ce qui
évite de devoir introduire les réactions et les constantes d’équilibre. RGIBBS est le modèle le plus
flexible. Il permet de travailler avec plusieurs phases (y compris les phases solides depuis la version
V7.3) et plusieurs espèces. Dans cette étude, ce réacteur a été utilisé pour simuler l’étape de reformage
(Figure 4).
Figure 6 : Illustration d’une pompe et d’un compresseur dans la simulation Aspen Plus
Paramètre Tri-reformage
Reformage à sec (RSB) Bi-reformage (BRB)
(Tri-RB)
Rapport molaire S/C 0 0 à 1,2 0 à 1,2
Rapport molaire O/C 0 0 0 à 0,1
Rapport molaire 0,5 à 1,5 0,4/0,6 0,4/0,6
CO2/CH4
Température (°C) 550 à 950 500 à 950 500 à 950
Pression (bar) 1 1 1
Chapitre 2 : Étude thermodynamique et simulation du bilan énergétique des procédés de reformage 55
La composition d’un biogaz ou d’un gaz d’enfouissement varie largement en fonction de leur
production [8]. Il n’est pas possible de modéliser tous les mélanges. Dans cette étude, la composition de
base du gaz d’enfouissement produit sur le site industriel de Trifyl à Graulhet (Tarn, France), qui est un
partenaire industriel du projet VABHYOGAZ3, a été utilisée. Ce biogaz contient 59,7% en méthane,
40,06% en dioxyde de carbone, 0,2% en azote et 0,04% en oxygène (en fraction molaire). En fait, les
unités industrielles de production d’hydrogène liquide pour la mobilité dans le cadre du projet
VABHYOGAZ3 étaient conçues pour ce type de biogaz. A partir de ce mélange de base, différentes
configurations de reformage ont été proposées pour l’étude de simulation : reformage à sec du biogaz
(RSB) où le mélange réactif est seulement composé de CH4 et CO2 ; bi-reformage du biogaz (BRB) où
CH4 est reformé à la fois par CO2 et H2O ; et tri-reformage du biogaz (Tri-RB) où CH4 est reformé à la
fois par O2, CO2 et H2O. Le Tableau 11 montre les paramètres étudiés pour les différents procédés de
reformage lorsque la pression du reformage est fixée à 1 bar.
Le Tableau 12 montre la gamme de pression du reformage étudiée lorsque la température du
reformage est fixée à 700 ou 900 °C, et le rapport molaire de CH4/CO2 est fixé à 60/40.
Tableau 12 : Résumé des paramètres de l’étude sur la pression des procédés de reformage
Il est à noter que le procédé dit « vaporeformage » développé par nos partenaires industriels
pendant les phases 1 et 2, qui précèdent le projet VABHYOGAZ3, est en effet un Tri-RB. En réalité, le
biogaz purifié contenant CH4, CO2 et O2 est reformé avec un grand excès de vapeur d’eau ;le rapport
molaire de vapeur d’eau sur méthane (S/C) étant environ 4/1 pour maintenir les catalyseurs stables. En
raison de la faible teneur en oxygène dans le biogaz utilisé (0,04% en volume), ce vaporeformage est
aussi similaire à un bi-reformage dans lequel H2O et CO2 sont les deux agents oxydants principaux.
Comme montré dans le Tableau 1 du chapitre 1, le reformage du biogaz est un procédé complexe.
La formation des produits dépend des différents équilibres chimiques mis en jeu.
Afin d’évaluer la performance des procédés de reformage comme RSB, BRB et Tri-RB, différents
paramètres tels que le taux de conversion du CH4, CO2, CO, le taux de sélectivité en H2, CO et en
carbone solide ont été définis comme montrés dans le Tableau 13:
Figure 12 : Débits partiels dans le courant de sortie du réacteur RGIBBS à l’équilibre ; mélange de départ
ayant un rapport molaire CO2/CH4 = 1 (débit total du mélange de départ : 2 mol/h)
Dans le cas de la composition du biogaz ou du gaz d’enfouissement, les concentrations de CH4 et
de CO2 peuvent atteindre de 35 à 65% et de 15 à 50% (en volume) respectivement [2]. La Figure 13
montre l’équilibre pour un mélange contenant initialement 1 mol/h de CH4 et 0,7 mol/h de CO2, soit
59% de CH4 et 41% de CO2 (ou le rapport molaire de CH4/CO2 = 1,43) en fonction de la température et
Chapitre 2 : Étude thermodynamique et simulation du bilan énergétique des procédés de reformage 57
à 1 bar. Dans ces conditions, le carbone solide est omniprésent quelle que soit la température de réaction,
ce qui n’est pas souhaité pour la stabilité catalytique.
Figure 13 : Débits partiels dans le courant de sortie du réacteur RGIBBS à l’équilibre ; mélange de départ
ayant le rapport molaire de CH4/CO2 = 1,43 (débit total du mélange de départ : 1,7 mol/h)
L’effet du rapport molaire de CO2/CH4 et de la température sur la conversion de CH4, et sur la
sélectivité en carbone solide est montré dans la Figure 14 et la Figure 15, respectivement.
50
100 60
70
80
90
CH 4 (%)
90
100
80
Conversion de
70
4
H
1.4
2 /C
60
CO
1.2
ire
1.0
50
ola
900
tm
0.8
800
or
700
pp
0.6
Temp 600
Ra
ératu
re (°C 500
)
100
0
20
80
(%)
40
60
Sélectivité en C (s) 80
60 100
40
20
500
0
600 )
1.4
e (°C
1.2 700
tu r
Ra
ppo 1.0 800 péra
rt m m
ola 0.8 900 Te
ire
CO 0.6
2 /CH
4
Figure 15 : Sélectivité en carbone solide (Cs) en fonction de la température et du rapport molaire de départ de
CO2/CH4 à la pression totale de 1 bar
La Figure 15 montre la sélectivité en carbone solide en fonction de la température de réaction et du
rapport molaire de départ de CO2/CH4. A une température donnée, l’augmentation du rapport CO2/CH4
conduit à une diminution de la sélectivité en carbone solide, expliqué par la gazéification de Cs par le
CO2. A un rapport molaire de CO2/CH4 donné, la sélectivité de carbone solide, diminue avec
l’augmentation de la température. Quand il y a moins de CO2 que de CH4 à l’entrée (rapport molaire de
départ de CO2/CH4 < 1), il est impossible d’éviter la formation du carbone solide. Ces résultats montrent
que pour un biogaz contenant plus de CH4 que de CO2, il est indispensable d’ajouter d’autres agents
oxydants comme le dioxyde de carbone, l’oxygène ou la vapeur d’eau pour limiter et éviter la formation
du carbone solide. Ce cas sera discuté dans les procédés de bi-reformage et tri-reformage.
Figure 16 : Débits partiels du courant de sortie du réacteur RGIBBS à l’équilibre ; mélange de départ ayant le
rapport molaire S/C=0,5 et CH4/CO2=0,6/0,4 (débit du mélange de gaz de départ : 1 mol/h)
Les Figure 17 à Figure 19 montrent la conversion de CH4 et de CO2 et la sélectivité en carbone
solide en fonction de la température et du rapport molaire de départ S/C pour un mélange en entrée
contenant le rapport molaire de CH4/CO2=0,6/0,4, la pression totale étant fixée à 1 bar. Sur la Figure 17,
la conversion de CH4 est favorisée à la fois par la température et le rapport molaire de départ de S/C.
Sur la Figure 18, la conversion de CO2 est favorisée par la température mais elle diminue quand le
rapport molaire de départ de S/C augmente. Il y a donc une concurrence entre la vapeur d’eau et le CO2
à travers différents équilibres chimiques comme montrés dans le Tableau 1 du chapitre 1. Toutefois,
pour le BRB, une conversion élevée en CH4 est en priorité. Sur la Figure 19, il existe une zone étendue
où la sélectivité en carbone solide est nulle. Cette zone est observée pour la température supérieure à
650 °C et le rapport S/C supérieur à 0,4. Pour éviter la formation du carbone solide en baissant le rapport
S/C, il est nécessaire d’augmenter la température, par exemple travailler au-delà de 700 °C avec
S/C>0,8, ou au-delà de 800 °C avec S/C>0,5. Cela induit une consommation énergétique plus élevée.
Figure 17 : Conversion de CH4 en fonction de la température et du rapport molaire de départ de S/C ; mélange
de départ ayant le rapport molaire de CH4/CO2=0,6/0,4 ; la pression totale étant fixée à 1 bar
Chapitre 2 : Étude thermodynamique et simulation du bilan énergétique des procédés de reformage 60
Figure 18 : Conversion de CO2 en fonction de la température et du rapport molaire de départ de S/C ; mélange
de départ ayant le rapport molaire de CH4/CO2=0,6/0,4 ; la pression totale étant fixée à 1 bar
Figure 19 : Sélectivité en carbone solide en fonction de la température et du rapport molaire de départ de S/C ;
mélange de départ ayant le rapport molaire de CH4/CO2=0,6/0,4 ; la pression totale étant fixée à 1 bar
Chapitre 2 : Étude thermodynamique et simulation du bilan énergétique des procédés de reformage 61
2,2
2,1
1,9
S/C=1,2
1,8
S/C=1,0
1,7
S/C=0,8
1,6
S/C=0,6
1,5
700 750 800 850 900 950
Température (°C)
Figure 20 : Rapport molaire H2/CO en fonction de la température aux différents rapports molaires de départ de
S/C ; mélange de départ ayant le rapport molaire de CH4/CO2=0,6/0,4 ; la pression totale étant fixée à 1 bar
La Figure 20 montre l’évolution du rapport molaire H2/CO obtenu en fonction de la température à
différents rapports molaire de départ de S/C. Le rapport molaire H2/CO est favorisé par l’augmentation
du rapport S/C en raison de la réaction Water-Gas-Shift. Pour un rapport S/C donné, le rapport molaire
H2/CO diminue par l’augmentation de la température, car la réaction Water-Gas-Shift est exothermique
donc non favorisée par l’augmentation de la température. Dans tous les cas, le rapport molaire H2/CO
est plus élevé que l’unité, ce qui est favorable pour des applications en aval du syngas, comme la
synthèse Fisher-Tropsch, la synthèse du méthanol ou la production d’hydrogène. L’ajout de la vapeur
d’eau pour reformer un biogaz semble avantageux du point de vue du rendement chimique pour la
production d’hydrogène. Toutefois, l’ajout de vapeur d’eau augmente la consommation d’énergie. Un
bon compromis entre rendement en hydrogène et la consommation énergétique devrait être déterminé,
d’où la nécessité de la comparaison des bilans de matière et énergétique des procédés globaux de
production.
Figure 21 : Débits molaires partiels dans le courant de sortie du réacteur RGIBBS en fonction de la température
de Tri-RB avec les rapports molaires de départ de S/C=0,5 ; O/C = 0,1. Débit molaire du CH4 et du CO2 au
départ sont de 0,6 et 0,4 mol/h, respectivement
Figure 22 : Conversion du CH4 en fonction des rapports molaires de départ de O/C et S/C en Tri-RB à 700 °C et
1 bar. Débit molaire du CH4 et du CO2 au départ sont de 0,6 et 0,4 mol/h, respectivement.
Les figures Figure 22, Figure 23 et Figure 24 montrent les effets des rapports molaires de départ de
O/C et S/C sur la conversion du méthane, du dioxyde de carbone et sur la sélectivité en carbone solide
dans le Tri-RB à 700 °C et 1 bar ; le mélange de départ ayant le rapport molaire CH4/CO2=0,6/0,4. La
conversion du méthane est constante et égale à 90% dans une large gamme de rapports molaire de O/C
et S/C (Figure 22). Du point de vue thermodynamique, il est possible d’atteindre des conversions élevées
en méthane à 700 °C, température bien plus faible que celle utilisée dans le vaporeformage du gaz
naturel à l’échelle industrielle (autour de 900 °C). Toutefois, il n’est pas possible de reformer tout le
méthane à cette température aux rapports de départ de S/C et O/C étudiées. En revanche, la conversion
de CO2 est fortement impactée par l’ajout d’oxygène et de vapeur d’eau (Figure 23). Le CO2 est
thermodynamiquement plus stable que l’oxygène et la vapeur d’eau dans ce système. La formation du
Chapitre 2 : Étude thermodynamique et simulation du bilan énergétique des procédés de reformage 63
carbone solide est fortement réduite en augmentant l’ajout d’oxygène et de vapeur d’eau (Figure 24). A
700 °C avec les rapports O/C = 0,1 et S/C = 0,75, le carbone solide n’est plus formé.
Figure 23 : Conversion du CO2 en fonction des rapports molaires de départ de O/C et S/C en Tri-RB à 700 °C et
1 bar. Débit molaire du CH4 et du CO2 au départ sont de 0,6 et 0,4 mol/h, respectivement.
Figure 24 : Sélectivité en carbone solide en fonction des rapports molaires de départ de O/C et S/C en Tri-RB à
700 °C et 1 bar. Débit molaire du CH4 et du CO2 au départ sont de 0,6 et 0,4 mol/h, respectivement.
100
90
80
Conversion de CH4 (%)
70
60
50
40 Tri-RB_900°C BRB_900°C
30 RSB_900°C Tri-RB_700°C
BRB_700°C RSB_700°C
20
0 5 10 15 20 25 30
Pression (bar)
Figure 25 : Effet de la pression totale sur la conversion du CH4 des procédés de reformage du mélange de 0,6
mol/h de CH4 et 0,4 mol/h de CO2 à 700 °C (courbe en continu) et à 900 °C (courbes en pointillé)
100
90
Sélectivité en carbone solide (%)
80
70
60
50
40
30
20
10
0
0 5 10 15 20 25 30
Pression (bar)
RSB_700°C BRB_700°C
Tri-RB_700°C RSB_900°C
Tri-RB_900°C BRB_900°C
Figure 26 : Sélectivité en carbone solide en fonction de la pression totale des procédés de reformage du mélange
de 0,6 mol/h de CH4 et 0,4 mol/h de CO2 à 700 °C (courbes en continu) et à 900 °C (courbes en pointillé)
Au niveau de la sélectivité en carbone solide, elle est fortement influencée par l’augmentation de
la pression totale comme montré dans la Figure 26. A 700 °C, la sélectivité en carbone solide est déjà
élevée à 1 bar comme précédemment observée ; elle augmente encore davantage aux pressions plus
élevées et atteint environ 70-87% à 30 bar. A 900 °C, le procédé RSB ne permet pas d’éviter la formation
élevée en carbone solide, en raison d’un manque d’oxydant du mélange de départ. Pour les procédés
BRB et Tri-RB, il existe des zones où le carbone solide est absent, entre 1 et 5 bar pour le BRB et 1-16
Chapitre 2 : Étude thermodynamique et simulation du bilan énergétique des procédés de reformage 65
bar pour Tri-RB. Puis, la sélectivité en carbone solide augmente. Rappelons que chez Trifyl, le Tri-RB
est réalisé à environ 16 bar et 915 °C avec un rapport S/C environ 4/1. Dans ces conditions, le carbone
solide est évitable du point de vue thermodynamique.
2.4.5. Discussions
Le biogaz contient généralement plus de CH4 que de CO2. Le procédé RSB d’un tel mélange qui
est déficitaire en oxydant n’est pas souhaité en raison de la formation de carbone solide. Il est possible
d’ajouter du CO2 pour augmenter le pourcentage de cet oxydant dans le mélange à réformer. Toutefois,
la fourniture de CO2 à proximité d’un site d’enfouissement de déchets nécessite des unités
supplémentaires de capture ou de fourniture de CO2. Au contraire, l’eau est en général plus accessible
que le CO2. L’ajout de vapeur d’eau au biogaz donne lieu au BRB ou Tri-RB. Ces deux procédés ont
des avantages par rapports au RSB. Tout d’abord, le rapport molaire de H2/CO est en général plus élevé
que l’unité ce qui n’est pas le cas du RSB. Pour la production d’hydrogène, c’est un gain important.
Ensuite, la formation du carbone solide peut être fortement diminuée, voire évitée à des températures
plus faibles en comparaison avec le RSB. Cela est crucial pour éviter la désactivation catalytique à la
fois par le frittage thermique et par le dépôt de carbone solide. Toutefois, l’ajout de la vapeur d’eau
s’accompagne par une augmentation de la consommation énergétique. Il est donc important de trouver
le bon compromis entre l’efficacité du procédé, en termes de conversion de CH4 et de sélectivité en
carbone solide, et la consommation énergétique totale. Cela nécessite l’évaluation du procédé global de
la production d’hydrogène via ces différents procédés de reformage. Cela est abordé dans la partie
suivante.
Le produit en sortie du bloc de reformage est le syngas. Le courant correspondant est appelé REF-
P. Il contient principalement du H2, CO, CH4, CO2, et de la vapeur d’eau. Il n’y a plus d’oxygène dans
le syngas car l’O2 est plus réactif par rapport à CO2 et H2O. Le syngas est ensuite refroidi à 350 °C avant
d’entrer dans le bloc Water-Gas-Shift (WGS).
Chapitre 2 : Étude thermodynamique et simulation du bilan énergétique des procédés de reformage 73
Figure 32 : Illustration des courbes composites des flux chaud et froid d’une analyse Pinch
Le point de pincement (Pinch point) ou ∆Tmin sépare le graphique en deux parties, la première située
au-dessus du point de pincement qui a besoin d’un apport de chaleur, et la deuxième située en-dessous
du point de pincement et qui a besoin de refroidissement.
Il y a trois règles à respecter pour atteindre les objectifs énergétiques minimaux d'un processus
[139]:
• ne pas réaliser d’échange de chaleur qui croise le pincement ;
• ne pas utiliser d’utilité chaude au-dessous du pincement ;
• ne pas utiliser d’utilité froide au-dessus du pincement.
Le respect de ces règles permet la conception d’un réseau d’échangeurs de chaleur et le choix des
utilités pour une efficacité énergétique du procédé approchant l’énergie minimale requise [138].
Par l’analyse du pincement, les objectifs de minimiser la consommation d’énergie ne peuvent être
définis que sur la base des informations relatives au bilan d’énergie, avant de créer un réseau
d’échangeurs de chaleur [126]. Pour une unité qui produit de l’hydrogène via le reformage, ∆Tmin est
entre 0 et 30 °C [140]. Dans notre étude, une valeur de ∆Tmin égale à 20 °C a été choisie pour les calculs
de consommation d’énergie totale de chaque procédé.
En général, ces courbes peuvent être facilement générées manuellement ou à l'aide d'un logiciel
commercial tel que Aspen Plus, en prenant en compte le débit, la composition, la température et la
pression de tous les flux.
2.5.3. Hypothèses
Il est rappelé ici que l’objectif de l’étude Aspen Plus est de comparer la production d’hydrogène à
partir du biogaz via différentes voies de reformage. Pour cette comparaison, différentes hypothèses ont
été proposées :
• Tous les procédés globaux traitent le même débit de départ du biogaz de 38,5 kg/h avec la
composition de biogaz comme indiquée à la description du bloc reformage ci-dessus, pour alimenter le
reformage.
• Tous les procédés globaux travaillent à une pression globale de 16 bar (la pression de la charge
d’entrée du réacteur de reformage). Il y a une perte de charge de 10 à 15 mbar dans chaque réacteur.
Chapitre 2 : Étude thermodynamique et simulation du bilan énergétique des procédés de reformage 76
Pour simplifier, le terme « procédé de reformage à 909 °C et 16 bar » est utilisé, sans tenir compte des
pertes de charge.
• Le taux de conversion du méthane de l’étape de reformage est imposé à la même valeur (80%).
Cette valeur est possible pour les trois procédés de reformage dans les conditions choisies.
• Le taux de conversion du CO est également imposé à la même valeur lors de l’étape de WGS (75%
pour chaque réacteur HTS et LTS).
• Le rendement de l’étape de séparation PSA est également fixé (à 79%).
• Pour tous les procédés globaux de production d’hydrogène étudiés, les conditions de température et
de pression de chaque étape sont les mêmes : 909 °C au reformage, 350 et 210 °C aux HTS et LTS, et
38 °C au PSA.
Afin de faciliter la comparaison de l’efficacité des procédés de production d’hydrogène globaux,
les termes suivants ont été définis :
- La consommation d’énergie totale ou la puissance requise en chauffage et en électricité pour les
pompes et compresseur est notée Etotale (kW). Cette valeur a été calculée à partir de la somme de toutes
les chaleurs requises et puissances électriques requises.
- Les puissances thermiques calculées à partir du pouvoir calorifique inférieur (PCI) d’hydrogène
produit et du biogaz sont respectivement notées PPCI_H2 et PPCI_biogaz.
- La production d’hydrogène est notée QH2 (kg/h).
- La puissance d’appoint pour les procédés où il y a besoin d’énergie supplémentaire est la
puissance d’utilité chaude PUc
- La consommation d’énergie totale pour produire un kg/h d’hydrogène (EH2) a été calculée par
l’équation eq.25.
𝐸𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙𝑒 𝑘𝑊. ℎ
𝐸𝐻2 = ( ) eq.25
𝑄𝐻2 𝑘𝑔
- Le rendement énergétique (η) des procédés globaux de production d’hydrogène a été calculé sur
la base du pouvoir calorifique inférieur (PCI) des réactifs et de l’hydrogène, selon l’équation eq.26.
Il est à noter que ce rendement énergétique est théorique lorsque la récupération énergétique est
maximale avec un ∆Tmin donné.
𝑃𝑃𝐶𝐼_𝐻2
𝜂= × 100 eq.26
𝑃𝑃𝐶𝐼_𝑏𝑖𝑜𝑔𝑎𝑧 + 𝑃𝑈𝑐
80 75% de conversion du CO
70
Conversion du CO (%)
60
50
40
30
20
10 HTS LTS
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Débit de vapeur d'eau dans le courant STEAM2 (kg/h)
Figure 33 : Conversion de CO des réacteurs HTS (15,75 bar) et LTS (15,7 bar) en fonction du débit d’eau
STEAM 2 pour le procédé de RSB à 909 °C
23 4,4
(A) (B)
22 4,2
4
21
QH2 (kg/h)
EH2 (kw.h/kgH2)
3,8
20
3,6
19
3,4
E_H₂ (S/C=0,9) E_H₂ (S/C=0,7)
Q_H₂ (S/C=0,9) Q_H₂ (S/C=0,7)
18 3,2
E_H₂ (S/C=0,5) E_H₂ (S/C=0,4) Q_H₂ (S/C=0,5) Q_H₂ (S/C=0,4)
17 3
0 0,02 0,04 0,06 0,08 0,1 0 0,02 0,04 0,06 0,08 0,1
Rapport molaire O/C Rapport molaire O/C
Figure 34 : Relation entre (A) - la consommation d’énergie pour produire 1 kg/h d’H 2 (EH2) et (B) - la
production d’hydrogène (QH2) en fonction des rapports molaires de départ de O/C et S/C à 909 °C et 16
bar en Tri-RB
Chapitre 2 : Étude thermodynamique et simulation du bilan énergétique des procédés de reformage 78
Figure 35 : relation entre le taux de recycle du gaz de purge et la production d’H2 et le rendement thermique du
procédé
Tableau 15 : effet du taux de recycle du gaz de purge aux procédés de production d’H 2
Selon les conditions résumées dans le Tableau 16, le débit de chaque molécule ou mélange
chimique à l’entrée de chaque unité de reformage, HTS, LTS, et PSA a pu être calculé et est montré
dans les Tableau 17 (débit massique) et Tableau 18 (débit molaire). Quand c’est un mélange chimique
(par exemple : syngas, gaz de purge etc.), il s’agit d’un débit total (toutes les molécules présentes dans
le mélange). Le procédé BRB sert comme référence car il a repris les conditions du pilote industriel et
les résultats obtenus sont similaires à ceux de ce pilote (WSFLOX M50 chez Trifyl). Ce procédé permet
de produire 4,19 kg d’hydrogène par heure. Par rapport à la production d’H2 du BRB, la production d’H2
du RSB est la plus faible avec 2,88 kg/h soit 68,7% de celle du BRB. En recyclant 30% du gaz de purge,
le RSB0,3C permet d’atteindre 3,87 kg/h qui est proche de celle du BRB. Le Tri-RB conduit à une
production de 3,96 kg/h, équivalente à celle du RSB0,3C, alors que le Tri-RB0,3C permet de produire
plus d’hydrogène que le procédé de référence BRB avec 4,56 kg/h soit 8,8% de plus.
Tableau 17 : Débit massique des composés à l’entrée de chaque unité des procédés globaux de production
d’hydrogène
Tableau 18 : Débit molaire des composés à l’entrée de chaque unité des procédés de production d’hydrogène
Le Tableau 19 montre les compositions molaires des mélanges de gaz à l’entrée de chaque étape
des différents procédés globaux de production d’H2. Il est souligné que la composition en vapeur d’eau
(H2O totale) inclut tous les flux de vapeur d’eau qui alimentent l’unité de l’étape considérée. Par
exemple, la vapeur d’eau à l’entrée de HTS vient du reformage et de la ligne complémentaire STEAM
2. Le débit massique ou molaire du biogaz à l’entrée de chaque unité de reformage est le même (Tableau
17 et Tableau 18). Toutefois, il est dilué avec différents flux d’agents oxydants (eau, oxygène) et par
conséquent, la composition molaire du méthane varie d’un procédé à l’autre. Cela impacte aussi la
composition des mélanges des produits de reformage en sortie des reformeurs, puis ceux des unités HTS
et LTS. La concentration de CO en sortie de HTS varie de 3,43% pour le procédé BRB à 7,35% pour le
procédé RSB0,3C. Elle est de moins de 2% après LTS. En réalité, la concentration de CO après LTS
peut atteindre de 0,1 à 0,3% avec une conversion de CO à LTS de plus de 80% en utilisant un catalyseur
à base de cuivre [141]. Après l’unité LTS, le mélange de gaz est riche en hydrogène (58-65%) et dioxyde
de carbone (28-36%) ce qui est favorable pour la séparation PSA.
Tableau 19 : Composition molaire du mélange à l’entrée des différentes unités des procédés de production
d’hydrogène étudiés ; toutes les molécules sont en phase gazeuse
Composition à l’entrée de
Étape BRB RSB Tri-RB RSB0,3C Tri-RB0,3C
l’unité (% mole)
CH4 21,39 59,70 44,35 43,50 33,31
Reformage CO2 14,35 40,06 29,76 47,47 40,47
Chapitre 2 : Étude thermodynamique et simulation du bilan énergétique des procédés de reformage 81
Le Tableau 20 montre le « débit du carbone solide » formé par chaque procédé global de production
d’hydrogène. Comme expliqué auparavant, Aspen Plus permet de simuler la production du carbone
solide sous forme de débit sortant du réacteur mais en réalité, ce sous-produit s’accumule principalement
dans le lit de catalyseur. Le carbone solide n’est théoriquement pas formé dans les trois procédés BRB,
Tri-RB et Tri-RB0,3C, aux conditions utilisées. Le procédé RSB conduit à une grande sélectivité en
carbone solide sous les conditions déficitaires en agents oxydants de ce procédé. Le recyclage de 30%
du gaz de purge (procédé RSB0,3C) permet non seulement d’augmenter la production d’hydrogène mais
aussi d’augmenter le rapport molaire de CO2/CH4 au reformeur. Celui-ci permet de réduire la sélectivité
en carbone solide de 37,3% à 18,4%.
Chapitre 2 : Étude thermodynamique et simulation du bilan énergétique des procédés de reformage 82
Tableau 20 : Sélectivité en carbone solide des procédés globaux de production d’hydrogène étudiés
Le Tableau 22 montre les flux chauds de 5 procédés globaux de production d’hydrogène. Il s’agit
de la chaleur récupérable des refroidissements du gaz après les unités de reformage, HTS, LTS et la
chaleur de la combustion. Le procédé de BRB ayant un rapport molaire S/C=3/1 à l’entrée de l’unité de
reformage conduit à une récupération importante de la chaleur lors du refroidissement du syngas. La
chaleur issue de la combustion du gaz de purge est aussi importante dans les 3 procédés BRB, RSB et
Tri-RB dans lesquels il n’y a pas de recyclage de gaz de purge aux reformeurs. La perte de la chaleur
dans les fumées de la combustion correspond à la température de 200 °C des fumées rejetées à l’air
[134]. En réalité, cette température élevée est adaptée dans les procédés industriels pour éviter des
condensations éventuelles des gaz acides qui pourraient causer des corrosions des surfaces métalliques.
La chaleur totale récupérable du procédé BRB est la plus grande, suivie par celle du Tri-RB, ensuite
Chapitre 2 : Étude thermodynamique et simulation du bilan énergétique des procédés de reformage 83
Tri-RB0,3C, puis RSB0,3C et finalement RSB. Le recyclage de 30% de gaz de purge permet de réduire
cette perte de chaleur dans les fumées. Les pertes de chaleur de chaque procédé sont calculées par des
simulations en supposant de la fumée à 25 °C.
Tableau 22 : Puissance récupérable des différentes unités des procédés de production d'hydrogène étudiés
Figure 36 : Les courbes composites des flux chauds et froids du procédé BRB
Figure 37 : Les courbes composites des flux chauds et froids du procédé RSB
Pour les deux procédés de RSB (Figure 37), qui n’utilisent pas de vapeur d’eau au reformeur, et
Tri-RB (Figure 38) qui utilisent moins de vapeur d’eau par rapport au BRB, la consommation d’énergie
thermique est moins élevée que celle de BRB. Elle est de 49,7% et de 66,8% par rapport à celle de BRB,
respectivement. Il faut noter que ces deux procédés sont dans le cas de plafond (threshold) où seule une
utilité froide ou chaude est nécessaire [139]. La puissance thermique récupérée est suffisante pour les
besoins thermiques du même procédé. De ce fait, il n’y a pas de point de pincement et il n’y a pas de
besoin d’unité chaude (PUc nulle). La puissance des unités froides de ces deux procédés est assez
importante : 36,3 kW pour RSB et 39,2 kW pour Tri-RB.
Chapitre 2 : Étude thermodynamique et simulation du bilan énergétique des procédés de reformage 85
Figure 38 : Les courbes composites des flux chauds et froids du procédé Tri-RB
Pour les deux procédés de RSB0,3C (Figure 39) et le Tri-RB0,3C (Figure 40), comme 30% du gaz
de purge sont recyclés au reformage, le débit de gaz de purge à la combustion diminue et donc la chaleur
récupérable à partir de la combustion diminue. En plus, il y a un besoin en chaleur pour préchauffer le
gaz de purge recyclé et pour le reformage de ce gaz (Tableau 21). Cela conduit à une augmentation de
la puissance de l’unité chaude et la valeur de PUc atteint 18,5 kW pour le RSB0,3C et 18,4 kW pour le
Tri-RB0,3C (Tableau 23). Malgré ces valeurs importantes des unités chaudes, ces procédés
s’accompagnent aussi par des unités froides importantes, de 33,3 kW pour RSB0,3C et 35,8 kW pour
Tri-RB0,3C.
Figure 39 : Les courbes composites des flux chauds et froids du procédé RSB0,3C
Chapitre 2 : Étude thermodynamique et simulation du bilan énergétique des procédés de reformage 86
Figure 40 : Les courbes composites des flux chauds et froids du procédé Tri-RB0,3C
Le Tableau 23 résume les chaleurs totales des flux chauds et froids ainsi que les chaleurs
récupérables par l’analyse du pincement des procédés globaux. Il montre aussi les puissances thermiques
des utilités chaudes et froides, la puissance thermique du biogaz utilisé au reformage (PPCI_biogaz) et la
puissance thermique de l’hydrogène produit par chaque procédé (PPCI_H2). Les valeurs de PPCI_biogaz et
PPCI_H2 ont été obtenues à partir des débits du biogaz et d’hydrogène dans les Tableau 17. Rappelons que
le procédé BRB est considéré comme la référence industrielle. Par rapport au BRB, les trois procédés
RSB, RSB0,3C et Tri-RB sont moins intéressants. D’abord, la production d’hydrogène de ces trois
procédés est plus petite que celle du BRB. Ensuite, ces trois procédés s’accompagnent par des unités
froides importantes, ou bien des chaleurs récupérables mais non utilisables dans ces mêmes procédés.
Finalement, les rendements thermiques de ces trois procédés sont plus faibles que celui du BRB, comme
une conséquence des valeurs élevées des puissances des unités froides. Au contraire, le procédé Tri-
RB0,3C apparaît plus compétitif que la référence BRB. Sa production d’hydrogène est plus élevée que
celle du BRB, alors que son rendement thermique est comparable à celui du BRB. Ce rendement
thermique rentre dans la gamme obtenue par le pilote industriel, WSFLOX M50 chez Trifyl,
(Ƞ=70÷75%). La puissance de l’unité froide du procédé Tri-RB0,3C est aussi plus élevée que celle de
l’unité froide du procédé BRB, qui peut être valorisée, pour la production d’eau chaude par exemple.
Tableau 23 : Rendement thermique des procédés globaux de production d'hydrogène étudiés
2.6. Conclusions
L’étude thermodynamique et la modélisation Aspen Plus ont permis d’obtenir les conclusions
suivantes :
• Les procédés de reformage du biogaz sont endothermiques. Ils sont favorisés à haute température
(plus de 750 °C) et à faible pression (atmosphérique).
• Pour le procédé de reformage à sec, un rapport stœchiométrique de CH4/CO2 ou un excès de CO2,
et une température élevée (950 °C) sont nécessaires pour limiter la formation des sous-produits
comme le carbone solide et l’eau. Dans ce cas, le rapport molaire de H2/CO atteint l’unité, qui est
le rapport idéal du procédé.
• L’ajout de vapeur d’eau au mélange de CH4 et CO2 conduit au procédé de bi-reformage. La vapeur
d’eau est efficace pour limiter la formation du carbone solide. En plus, elle permet d’augmenter le
rapport molaire de H2/CO du syngas obtenu.
• Le tri-reformage utilisant simultanément les trois agents oxydants, CO2, H2O et O2, permet
d’améliorer davantage la performance du procédé. La conversion de CH4 peut atteindre des valeurs
élevées aux températures modérées (plus de 90% à 700 °C avec les rapports molaires de H2O/CH4
de 0,5, et de O2/CH4 de 0,1), tout en limitant la formation du carbone solide.
• Recyclage partielle du gaz de purge au reformage permet augmenter la production d’H2, le taux de
recycle a été étudié. La valeur de 30% (en vol.) du gaz de purge est approprié sur la base de la
production d’H2 et la consommation d’énergie totale du procédé Tri-RB.
• L’analyse du pincement (Pinch analyse) a démontré que le procédé de tri-reformage avec un
recyclage du gaz de purge (Tri-RB0,3C) est compétitif par rapport au procédé industriel (BRB)
utilisé chez notre partenaire industriel.
88
Après 48 h d’agitation, le précipité blanc formé est récupéré. Il est ensuite lavé et filtré plusieurs
fois avec de l’eau distillée puis transféré dans un bécher et séché à 105 °C pendant la nuit. On obtient
des blocs qui sont ensuite broyés et tamisés afin d’obtenir la taille des particules dans la gamme de 125
à 315 µm. Compte tenu de la taille du réacteur à lit fixe utilisé (diamètre interne de 8 mm), cette fraction
est adaptée pour la mise en œuvre dans ce système de réacteur catalytique. La Figure 42 montre un
exemple de support HAP séché à 105 °C avant et après broyage et tamisage.
Chapitre 3 : Synthèse et caractérisation des supports et des catalyseurs 90
Figure 42 : Illustration des particules d’un support à base d’HAP après séchage (a) et après broyage et
tamisage (b)
(10 − 𝑥)𝐶𝑎2+ + 6𝑃𝑂43− + 𝑥𝑀𝑔2+ + 2𝑂𝐻 − → 𝐶𝑎(10−𝑥) 𝑀𝑔𝑥 (𝑃𝑂4 )6 (𝑂𝐻)2 eq. 28
Figure 43 : Illustration du réacteur utilisé pour la synthèse de l’hydroxyapatite substituée au magnésium par
coprécipitation
A partir des compositions et des débits en entrée et en sortie du réacteur, les conversions de
méthane, de dioxyde de carbone, et les sélectivités en hydrogène, monoxyde de carbone, carbone solide
et eau ont pu être calculées selon les équations ci-dessous :
Tableau 24 : Conversions et sélectivités des composants pour le reformage à sec du méthane
𝑄𝐶𝑂2𝑒𝑛𝑡𝑟é𝑒 − 𝑄𝐶𝑂2𝑠𝑜𝑟𝑡𝑖𝑒
𝑋CO2 (%) = 𝑥 100 eq. 30
𝑄𝐶𝑂2𝑒𝑛𝑡𝑟é𝑒
Sélectivité,
𝑄𝐻2𝑓𝑜𝑟𝑚é
S (%) 𝑆𝐻2 (%) = 𝑥100 eq. 31
2 ∗ (𝑄𝐶𝐻4𝑒𝑛𝑡𝑟é𝑒 − 𝑄𝐶𝐻4𝑠𝑜𝑟𝑡𝑖𝑒 )
eq. 32
𝑄𝐶𝑂𝑓𝑜𝑟𝑚é
𝑆𝐶𝑂 (%) = 𝑥100
2 ∗ (𝑄𝐶𝑂2𝑒𝑛𝑡𝑟é𝑒 − 𝑄𝐶𝑂2𝑠𝑜𝑟𝑡𝑖𝑒 )
Chapitre 3 : Synthèse et caractérisation des supports et des catalyseurs 96
𝑆𝐶 (%) eq. 33
𝑄𝐶𝑠𝑓𝑜𝑟𝑚é
= 𝑥100
(𝑄𝐶𝐻4𝑒𝑛𝑡𝑟é𝑒 − 𝑄𝐶𝐻4𝑠𝑜𝑟𝑡𝑖𝑒 ) + (𝑄𝐶𝑂2𝑒𝑛𝑡𝑟é𝑒 − 𝑄𝐶𝑂2𝑠𝑜𝑟𝑡𝑖𝑒 )
eq. 34
𝑄𝐻2𝑂𝑓𝑜𝑟𝑚é𝑒
𝑆𝐻2𝑂 (%) = 𝑥100
2(𝑄𝐶𝑂2𝑒𝑛𝑡𝑟é𝑒 − 𝑄𝐶𝑂2𝑠𝑜𝑟𝑡𝑖𝑒 )
où :
XCH4 et XCO2 sont les conversions de CH4 et de CO2 ;
SH2, SCO, SC et SH2O sont les sélectivités en hydrogène, monoxyde de carbone, carbone solide, et
de l’eau, respectivement.
QCH4entrée et QCH4sortie : débit molaire du méthane (mol/min) à l'entrée et à la sortie du réacteur,
respectivement ;
QCO2entrée et QCO2sortie : débit molaire de dioxyde de carbone (mol/min) à l'entrée et à la sortie du
réacteur, respectivement ;
QH2formée, QCOformé et QH2O formée : débits molaires d’hydrogène, de monoxyde de carbone et de
d’eau (mol/min) produits pendant la réaction, respectivement ;
QCsformé : débit molaire du carbone solide (mol/min) qui est calculé par le bilan de carbone à
l’entrée et à la sortie du réacteur. En fait, il est impossible de mesure directement le carbone
solide formé pendant la réaction sous les conditions opératoires utilisées.
Catalyseurs (Ca+Mg)/P % Mg en
Ca/P Mg/Ca % Ni en masse
masse
(théorie) (théorie) (théorie) (théorie)
(théorie)
5Ni/HAP1,55 1,61 (1,55) 0 (0) 1,61 (1,55) 0 (0) 3,75∓0,10 (5)
5Ni/HAP1,67 1,73 (1,67) 0 (0) 1,73 (1,67) 0 (0) 3,96∓ 0,20 (5)
5Ni/HAP1,75 1,74 (1,75) 0 (0) 1,74 (1,75) 0 (0) 3,91∓0,28 (5)
5Ni/0,1Mg_HAP 1,60 (1,52) 0,14 (0,10) 1,82 (1,67) 2,4 (2,2) 3,96∓0,10 (5)
5Ni/0,3Mg_HAP 1,25 (1,28) 0,44 (0,30) 1,81 (1,67) 6,9 (5,8) 4,07∓0,33 (5)
5Ni/0,5Mg_HAP 1,10 (1,11) 0,53 (0,50) 1,64 (1,67) 6,2 (8,5) 3,98∓0,27 (5)
Pour les trois supports Mg_HAP, des différences entre les valeurs obtenues par ICP-AES et les
valeurs théoriques sont observées pour les rapports molaires de Ca/P, Mg/Ca et (Ca+Mg)/P. Si les
valeurs analytiques (par ICP-AES) du rapport Ca/P sont proches de celles théoriques, les différences
sont assez importantes pour le rapport Mg/Ca. Cela indique qu’une partie de calcium n’a pas été
précipitée et est perdue sous forme soluble dans le filtrat. Plus la teneur théorique en Mg est élevée,
Chapitre 3 : Synthèse et caractérisation des supports et des catalyseurs 98
moins cette perte est importante. Au niveau du rapport (Ca+Mg)/P, les valeurs obtenues par ICP-AES
sont bien plus importantes que celles théorique pour les deux catalyseurs 5Ni/0,1Mg_HAP et
5Ni/0,3Mg_HAP. Cela indique qu’une perte d’anions de phosphate sous forme soluble dans le filtrat a
eu lieu. Pour le dernier catalyseur (5Ni/0,5Mg_HAP), le rapport (Ca+Mg)/P analytique est légèrement
plus petit que le théorique, qui suggère une perte de calcium et de magnésium sous forme soluble.
Finalement, la teneur en Mg analysée peut être plus grande ou plus petites que la valeur théorique,
expliquée respectivement par la perte de phosphate ou de Mg sous forme soluble dans le filtrat. On
suppose que cette déstabilisation pourrait être associée à la formation d’autres phases telles que le
whitlockite (Ca57Mg6P42O168) (comme discuté plus tard dans les résultats DRX) ou encore à l’insertion
d’anions CO32- et la formation de HPO42- (au lieu de PO43-).
La teneur en nickel des six catalyseurs varie entre 3,75∓0,10 et 4,07∓0,33 % (en masse). Ces
valeurs sont plus petites que la valeur théorique de 5%. Deux raisons possibles pour expliquer cette
différence sont : i) la perte du précurseur de nitrate de nickel sur les parois des flacons lors de la synthèse
par imprégnation à sec. Cette perte peut être importante quand la préparation est réalisée avec des petites
quantités de l’ordre de quelques g comme dans notre cas ; et ii) la teneur théorique en nickel de 5% en
masse a été calculée pour le nickel métallique, mais comme les catalyseurs ont été calcinés sous air
avant les analyses ICP-AES, probablement le nickel existe sous forme d’oxydes et non métallique qui
réduit légèrement la teneur massique en nickel. Cette différence entre la teneur réelle et la teneur
théorique du métal actif d’un catalyseur préparé par l’imprégnation à sec est généralement observée
pour d’autres systèmes catalytiques (d’autres métaux et d’autres supports).
3.4.2. FTIR
Les spectres infrarouges des supports HAP et Mg-HAP ainsi que ceux des catalyseurs Ni/HAP et
Ni/Mg_HAP sont montrés dans les Figure 46 et Figure 47.
Sur la Figure 46, la structure apatitique est présente dans tous les supports synthétisés à différents
rapports molaires de Ca/P et à différentes teneurs en Mg. Les bandes de vibration caractéristiques de la
structure apatitique ont été observés à 565, 603, 960, 1037, 1091 cm-1 pour les groupements (PO4)3- et
636 et 3572 cm-1 pour les groupements d’OH− [149], [150].
Figure 46 : Spectres FTIR des supports HAP à différents rapports molaires de Ca/P (a) et Mg_HAP (b)
Les bandes de vibration à 873, 1414 et 1454 cm-1 peuvent être attribuées aux groupements CO32-,
ce qui peut être expliqué par l’insertion de CO2 dans la structure apatitique lors de la synthèse
(dissolution de CO2 atmosphérique dans la solution de synthèse) et/ou pendant le contact des supports
Chapitre 3 : Synthèse et caractérisation des supports et des catalyseurs 99
avec de l’air [151]. Il existe deux types de substitution de CO32- dans les hydroxyapatites : les carbonates
de type A dans lequel les anions CO32- remplacent les ions d’hydroxyles et ceux de type B dans lequel
les anions CO32- remplacent les ions PO43-. Dans notre étude, la substitution du type B a été observée en
accord avec la littérature [152], [153]. Cette substitution pourrait expliquer en partie la diminution du
phosphate dans la structure apatitique et donc l’augmentation du rapport molaire de Ca/P ou (Ca+Mg)/P
comme montrés dans les résultats d’ICP-AES. L’incorporation de magnésium semblait avoir un effet
sur la structure apatitique, entrainant un élargissement de bandes PO43- dans les régions d’élongation
(1030 cm-1) et de déformation (565 cm-1) ainsi qu’une diminution de l’intensité de ces bandes (PO43-)
[154].
La Figure 47 montre les spectres FTIR des catalyseurs contenant 5% en masse de Ni supporté sur
les supports apatitiques, après calcination sous air à 700 °C. Nous retrouvons notamment les pics
caractéristiques des groupements de PO43- et de OH. L’ajout de nickel ne provoque pas de modifications
significatives des signaux FTIR par rapports à ceux des supports correspondants. Toutefois, une bande
d’absorption à 1383 cm-1 a été observée pour les catalyseurs au nickel supporté qui pourrait être attribuée
aux groupements de nitrate résiduels provenant des précurseurs de nickel [150] (malgré la calcination à
700 °C qui devrait permettre la décomposition thermique totale de nitrate). En plus, la bande à 877 cm-
1
qui a précédemment été attribuée aux groupements de CO32- pourrait également être attribuée aux
groupements de NO3- [150].
Figure 47 : Spectres FTIR des catalyseurs au nickel préparés sur les supports HAP (a) et sur les supports
Mg_HAP (b)
3.4.3. ATG-ATD
Les pertes de masse des supports HAP et Mg_HAP (qui ont préalablement été séchés à 105°C
pendant 1 nuit en étuve) en fonction de la température de 30 à 1000 °C sont montrées dans la Figure 48.
Les courbes DTG sont les dérivées de la perte de masse qui permettent de mieux visualiser les
changements de masse. Les résultats du couplage ATG-MS de certains supports sont montrés dans la
Figure 49, pour les émissions de CO2 et H2O. Le comportement thermique des supports sont similaires
mais l’amplitude des pertes de masse de chaque support est différente. Plusieurs petits pics de DTG sont
observés entre 30 et 200°C, qui se sont superposés. Ces pics correspondent à la perte de masse de l’eau
physisorbée sur la surface des supports (avant 100°C) et possiblement la déshydratation du MCPM
(mono-calcium phosphate monohydrate, Ca(H2PO4)2·H2O) entre 100 et 200 °C selon l’équation
suivante [155] :
Chapitre 3 : Synthèse et caractérisation des supports et des catalyseurs 100
Ca(H2PO4)2·H2O → Ca(H2PO4)2 + H2O
Entre 200 et 700 °C, tous les supports ont des faibles pertes de masses consécutives et régulières
qui ne conduisent pas à des pics de DTG. Ces pertes de masse sont dues à la déshydratation et la
décarbonatation comme montrées dans la Figure 49. La déshydratation pourrait avoir lieu à partir des
hydrogénophosphates contenant de faibles quantités des anions de H2PO4- et HPO42- [156] La
décarbonatation pourrait être expliqué par les anions de CO32- chimisorbées sur les sites basiques. Entre
700 et 850 °C, des pics DTG sont observés pour certains solides qui sont aussi dus aux déshydratation
et décarbonatation. La déshydratation dans cette zone pourrait être due soit à la condensation des
groupes HPO42- qui sont incorporés dans le réseau d’apatite déficient cationique en pyrophosphate (eq.
35) suivie par la transformation du pyrophosphate en phosphates (eq. 36) [106], soit à une décomposition
partielle de la HAP et Mg_HAP en β-TCP [157]. La température de ces déshydratations diminue lorsque
la concentration de Mg dans les supports Mg_HAP augmente, comme observé précédemment par
Baravelli [158]. La décarbonatation est due à la décomposition des anions de CO32- insérées dans la
structure apatitique [73]. Pour tous les 6 supports, les pertes de masse n’ont pas fini à 1000 °C, et sont
probablement liées à la déshydratation des groupements d’hydroxyle de la structure apatitique à haute
température [159].
1 eq. 35
𝐻𝑃𝑂4 2− → 𝑃2 𝑂7 4− + 𝐻2 𝑂 ↑
2
Figure 48 : Perte de masse des supports HAP et Mg_HAP en fonction de la température : (a) courbes ATG et
(b) courbes DTG
Figure 49 : Signaux d’émission de H2O (a) et CO2 (b) émis pendant l’analyse ATG-MS
Chapitre 3 : Synthèse et caractérisation des supports et des catalyseurs 101
3.4.4. DRX
Les diffractogrammes DRX des catalyseurs à base de nickel supportés sur les supports HAP et
Mg_HAP qui ont préalablement été calcinés sous air à 500 et à 700 °C sont montrés dans la Figure 50.
Les échantillons Ni/HAP1,55 ; Ni/HAP1,67 et Ni/HAP1,75 calcinés à 500 °C montrent la phase
cristalline d’hydroxyapatite (groupe spatial P63/m) ayant les pics caractéristiques aux angles 2θ de 25,9,
31,8, 32,9, 46,8 et 49,7°. Lorsque ces catalyseurs sont calcinés à 700 °C, les mêmes pics sont aussi
observés, mais les pics sont plus fins ce qui indique une meilleure cristallinité. Un nouveau pic à l’angle
2θ de 32,2 correspondant au plan cristallin (112) apparaît, il appartient aussi à la structure apatitique.
En dehors de la phase apatitique, aucun autre calcium de phosphate n’a pu être détecté par la DRX. Les
composants minoritaires tels que MCPM et TCP pourraient être convertis en HAP sous l’effet thermique
à 500-700 °C ou leurs teneurs ne sont pas suffisantes pour être détectés par la DRX. Les pics
caractéristiques d’oxyde de nickel (NiO) ont été observés aux angles 2θ de 37,32, 43,36 et 63,52°.
Pour les catalyseurs préparés avec les supports Mg_HAP et qui ont été calcinés à 500 °C, à faible
teneur en Mg (2,2% en masse en Mg dans le cas du catalyseur 5Ni/0,1Mg_HAP), seule la phase
apatitique est détectée pour le support utilisé dont les pics sont comparables à ceux des supports HAP
sans dopage au Mg. Sans détection d’autres phases telles que l’oxyde ou l’hydroxyde de magnésium, il
serait possible que les cations Mg2+ soient incorporées dans la structure apatitique à la place de Ca2+.
Mais la faible teneur en Mg pourrait aussi limiter la détection par DRX des phases cristallines contenant
du magnésium dans ce catalyseur. Ce même catalyseur calciné à 700 °C montre la même structure
cristalline mais avec une meilleure cristallinité et l’apparition du pic à 32,2° comme observé
précédemment pour les catalyseurs préparés avec les supports HAP. Au contraire, pour les teneurs plus
importantes en Mg, les catalyseurs 5Ni/0,3Mg_HAP et 5Ni/0,5Mg_HAP calcinés à 500 °C montrent
aussi la structure apatitique, mais les pics principaux aux alentours de 30-35° se superposent et forment
un large pic indiquant une faible cristallinité de ces catalyseurs malgré la calcination à 500 °C. L’oxyde
mixte de Mg et de Ni pourrait aussi être présent. Après une calcination à 700 °C, ces catalyseurs
montrent la formation de whitlockite (Ca57Mg6(PO4)42, ICDD : 96-901-2138). La formation de
whitlockite a précédemment été observée par Fadeev et al. [160] sous les conditions de synthèse
similaires (co-précipitation à partir des mêmes précurseurs de Ca, Mg et P). Ils ont notamment mis en
évidence la formation de whitlockite qui est favorable par l’augmentation de la teneur en Mg et de la
température de calcination [160]. Pour tous ces trois catalyseurs à base de Ni supporté sur Mg_HAP, les
particules de NiO ont bien été formés avec ses pics caractéristiques aux angles 2θ de 37,2, 43,2 et 63,52°.
A partir des résultats DRX, la taille des cristallites de NiO ont pu être calculée par l’équation de Scherrer
(Tableau 26). La taille des cristallites de NiO varie entre 21,4 et 27,8 nm.
Chapitre 3 : Synthèse et caractérisation des supports et des catalyseurs 102
NiO
(300)
(211)
HAP
(002)
(202)
Whitlokite Ca57Mg6P42O168
(112)
5Ni/HAP 1,55_500°C
5Ni/HAP 1,55_700°C
Intensité (a.u.)
5Ni/HAP 1,67_500°C
5Ni/HAP 1,67_700°C
5Ni/HAP 1,75_500°C
5Ni/HAP 1,75_700°C
5Ni/0,1Mg_HAP_500°C
5Ni/0,1Mg_HAP_700°C
5Ni/0,3Mg_HAP_500°C
5Ni/0,3Mg_HAP_700°C
5Ni/0,5Mg_HAP_500°C
5Ni/0,5Mg_HAP_700°C
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70
2θ
Figure 50 : Diffractogrammes DRX des catalyseurs à base de nickel supporté sur HAP et Mg_HAP
5Ni/HAP1,75 25,9 NA
5Ni/0,5Mg_HAP 21,4 NA
Chapitre 3 : Synthèse et caractérisation des supports et des catalyseurs 103
Figure 51 : Morphologie des supports HAP1,55 (a), HAP1,67 (b), 0,1Mg_HAP (c) et 0,3Mg_HAP (d)
La Figure 53 montre des images MEB à un agrandissement plus important. A cette échelle, les
particules d’oxyde de nickel (NiO selon les analyses DRX pour les catalyseurs calcinés à 700 °C) sont
visibles. Les catalyseurs préparés avec les supports HAP et avec 0,1Mg_HAP montrent clairement les
particules d’oxyde de nickel de taille qui est grossièrement estimée aux alentours de 30-50 nm. Ces
particules sont distribuées de façon relativement homogène sur la surface des supports. Pour les
catalyseurs préparés avec les supports 0,3Mg_HAP et 0,5Mg_HAP, la taille des particules de NiO
semble diminuer. La densité de ces particules baisse aussi. Pour confirmer ces observations, certains
catalyseurs ont été analysés par MET qui permet une observation à un agrandissement plus important
(Figure 54).
Chapitre 3 : Synthèse et caractérisation des supports et des catalyseurs 105
La Figure 54 montre les images MET de 4 catalyseurs au nickel supportés sur HAP et Mg_HAP.
Dans tous les cas, la taille des particules de NiO varie entre 14 et 120 nm. Généralement, ces particules
ne sont pas sphériques. Dans certains cas, une agglomération des particules de NiO est observée (par
exemple Figure 54 (c)). A partir des images TEM de chaque catalyseur, la distribution de la taille des
particules de NiO a été déterminée et les résultats sont montrés dans la Figure 55. La plupart des
particules se trouvent dans la gamme de 14 à 70 nm. Pour les deux catalyseurs préparés sur les supports
HAP, la taille des particules d’oxyde de nickel est influencée par le rapport molaire Ca/P : plus le rapport
molaire Ca/P est grand, plus la taille des particules est grande. Cela a précédemment été observé dans
l’étude de Boukha et al. [161] lorsqu’ils ont étudié l’effet du rapport molaire Ca/P des catalyseurs
Ni/HAP dans le reformage à sec du méthane. La taille moyenne des particules de NiO de chaque
catalyseur a pu aussi être calculée (sauf pour 5Ni/HAP1,75 et 5Ni/0,5Mg_HAP qui n’ont pas été
analysés par MET) comme montrée dans le Tableau 26. Les résultats sont cohérents par rapport
à la taille des cristallites calculée par la DRX.
Chapitre 3 : Synthèse et caractérisation des supports et des catalyseurs 106
Figure 54 : Images obtenues par MET des catalyseurs à base de nickel supporté sur HAP et
sur Mg_HAP
40
5Ni/HAP 1,55 frais
35
5Ni/HAP 1,67 frais
30
5Ni/0,1Mg_HAP frais
Distribution, %
25 5Ni/0,3Mg_HAP frais
20
15
10
Figure 55 : Distribution de la taille des particules NiO des catalyseurs frais calcinés à 700 °C
La présence de Mg dans les supports Mg_HAP a été confirmée par des analyses ponctuelles par
EDX. Pour mettre en évidence la répartition de Mg, Ca, P et Ni, la cartographie de ces éléments a aussi
Chapitre 3 : Synthèse et caractérisation des supports et des catalyseurs 107
été faite pour quatre catalyseurs (5Ni/HAP1,55, 5Ni/HAP1,67, 5Ni/0,1Mg_HAP, 5Ni/0,3Mg_HAP).
Les résultats sont montrés dans les figures Figure 56 - Figure 59 ci-dessous.
Pour le catalyseur 5Ni/HAP1,55 (Figure 56) les deux éléments principaux du support HAP1,55
sont Ca et P. Ils sont répartis de façon homogène par rapport aux particules de catalyseur cartographiées.
Les particules à base de nickel (NiO) sont bien visibles avec notamment le cas de deux particules isolées
d’environ 30 nm, et d’un petit agglomérat de quelques particules primaires.
Figure 56: Cartographie par EDX des éléments du catalyseur 5Ni/HAP1,55. Pour la lecture de ces images,
référez-vous à la version électronique
Pour le catalyseur 5Ni/HAP1,67 (Figure 57), il est similaire par rapport au catalyseur
5Ni/HAP1,55. Les deux éléments principaux du support HAP1,67 sont Ca et P. Ils sont aussi répartis
de façon homogène par rapport aux particules de catalyseur cartographiées. Les particules à base de Ni
(oxyde de nickel) sont bien visibles avec notamment le cas d’une particule isolée d’environ 40 nm, et
d’un petit agglomérat de quelques particules primaires.
Figure 57 : Cartographie par EDX des éléments du catalyseur 5Ni/HAP1,67. Pour la lecture de ces images,
référez-vous à la version électronique
Pour le catalyseur 5Ni/0,1Mg_HAP (Figure 58) les trois éléments principaux du support sont Ca,
Mg et P. Il est évident de trouver que ces éléments sont également répartis de façon homogène par
rapport aux particules cartographiées. Malgré la faible teneur en Mg substitué dans l’apatite (2,2 % en
masse), Mg est bien clair et sa répartition homogène démontre qu’il s’intègre à la structure apatitique,
Chapitre 3 : Synthèse et caractérisation des supports et des catalyseurs 108
en combinaison avec le phosphore. Au niveau des particules NiO, les particules à base de Ni sont bien
visibles, la taille est inférieure à 50 nm dans le cas de cet exemple.
Figure 58 : Cartographie par EDX des éléments du catalyseur 5Ni/0,1Mg_HAP. Pour la lecture de ces images,
référez-vous à la version électronique
Figure 59 : Cartographie par EDX des éléments du catalyseur 5Ni/0,3Mg_HAP. Pour la lecture de ces images,
référez-vous à la version électronique
Pour le catalyseur 5Ni/0,3Mg_HAP (Figure 59), les trois éléments principaux du support sont Ca,
Mg et P. Ces éléments sont également répartis de façon homogène par rapport aux particules
cartographiées. Cela démontre que le magnésium a bien participé à la formation de la matrice du support
0,3Mg_HAP, en combinaison avec le phosphore. Comme attendu, les particules à base de Ni sont bien
visibles, la taille est inférieure à 50 nm dans cet exemple.
Figure 60 : Isothermes d’adsorption-désorption de l’azote et distribution de taille de pores des supports HAP
et Mg_HAP
Les isothermes obtenus avec tous les catalyseurs à base de nickel supportés sur les supports
HAP et Mg_HAP sont présentés dans la Figure 61. Le dépôt de nickel par la méthode d’imprégnation à
sec n’a pas d’impact majeur sur l’allure des isothermes précédemment obtenus avec les supports (Figure
60).
A partir de ces isothermes, les propriétés texturales des supports et des catalyseurs ont pu être
déterminées et sont résumées dans le Tableau 27. La surface spécifique des supports est relativement
élevée (55-125 m2/g). La surface spécifique augmente avec l’augmentation du rapport Ca/P de 1,55 à
1,75. L’incorporation de Mg en faible quantité conduit à une augmentation significative de la surface
spécifique à 125 m2/g pour le support 0,1Mg_HAP (90 m2/g pour la HAP1,75). Néanmoins, à une
quantité de Mg plus élevée (0,3Mg_HAP et 0,5Mg_HAP), la surface spécifique diminue. Le dépôt du
Chapitre 3 : Synthèse et caractérisation des supports et des catalyseurs 110
Ni a conduit à une diminution du volume poreux et de la surface spécifique. D’ailleurs, avec le dépôt de
nickel sur les supports, la taille moyenne des pores augmente légèrement. Cela suggère que le dépôt de
Ni s’est fait de préférence dans les pores de tailles les plus petites conduisant à une augmentation de la
taille moyenne des pores ; le volume poreux total étant diminué à chaque reprise.
Tableau 27 : Propriétés texturales des supports d’apatite et des catalyseurs dopés au nickel
Figure 63 : Profile de TPD-NH3 (a) et TPD-CO2 (b) des catalyseurs réduits sous hydrogène
La basicité des catalyseurs a été déterminée par l’analyse TPD-CO2 et les résultats sont montrés
dans la Figure 63 (b) et le Tableau 28. Tous les catalyseurs présentent un large pic de désorption qui
s’étend d’environ 130 °C jusqu’à environ 500 °C, qui indique la présence des sites basiques faibles. Les
signaux au-delà de 700 °C pour certains catalyseurs pourraient être due à la décarbonatation des apatites
carbonatées. Donc seul le pic entre 130 et 500 °C est utilisé pour calculer la densité des sites basiques.
Pour les catalyseurs préparés sur les supports HAP, la densité des sites basiques augmente avec
l’augmentation du rapport molaire Ca/P. La densité des sites basiques des catalyseurs préparés sur les
supports substitués au Mg est en général plus élevée que celle des catalyseurs préparés sur les supports
HAP. Cela démontre l’intérêt de l’utilisation de Mg dans le contrôle des propriétés acido-basiques des
supports catalytiques.
Chapitre 3 : Synthèse et caractérisation des supports et des catalyseurs 114
Tableau 28 : Propriétés acido-basiques des catalyseurs réduits à 700 °C par analyse TPD-NH3 et TPD-CO2
3.5. Conclusions
Des supports à base d’hydroxyapatite (HAP) et l’hydroxyapatite substituée au magnésium
(Mg_HAP) ont été synthétisés. Puis ces matériaux ont été utilisés comme supports pour préparer des
catalyseurs contenant 5% en masse en Ni par la méthode d’imprégnation à sec. Ensuite, leurs propriétés
chimiques, physico-chimiques et thermiques ont été analysées et caractérisées par différentes méthodes.
Ces matériaux présentent généralement des propriétés prometteuses d’un bon support catalytique
comme une surface spécifique élevée, une mésoporosité favorable pour la synthèse des catalyseurs
supportés, une stabilité thermique plutôt satisfaisante et une acido-basicité variée et contrôlable. En fait,
la variation du rapport molaire de Ca/P (pour les HAP) et la teneur en Mg (dans les Mg_HAP) conduit
aux variations des propriétés chimiques et physico-chimiques de façon prédictive et contrôlable. Les
trois supports HAP gardent la structure apatitique malgré la variation du rapport molaire de Ca/P. Pour
les supports substitués au Mg, seul 0,1Mg_HAP a la structure apatitique alors qu’aux teneurs en Mg
plus élevées, la phase whitlockite domine. L’augmentation du rapport molaire de Ca/P et de la teneur
en Mg permet d’obtenir des basicités plus élevées.
Le dépôt de Ni sur la surface des supports par l’imprégnation à sec suivie par un séchage et une
calcination sous air conduit à la formation des particules d’oxyde de nickel de taille entre 14 et 120 nm,
qui ont été mise en évidence par MEB et MET-EDX. Ces nanoparticules sont réparties de façon
relativement homogène sur la surface des supports, mais également avec la formation des agglomérats.
L’analyse TPR montre que l’interaction métal-support est plutôt moyenne sur les supports de structure
apatitique (HAP sans substituant Mg et 0,1Mg_HAP), alors qu’elle est plutôt forte sur les supports du
type whitlockite (0,3Mg_HAP et 0,5Mg_HAP).
Le protocole de synthèse utilisé dans ce travail permet également d’obtenir des particules de
supports de taille contrôlée par simple broyage et tamisage, sans passer par l’étape de mise en forme à
partir des poudres. Cela est un avantage majeur pour le futur passage aux échelles TRL (technology
readiness level) élevées qui est un des objectifs du projet VABHYOGAZ3 auquel est associé cette thèse.
Chapitre 4 : Performance catalytique des catalyseurs à base de nickel dans le RSB 115
WHSV
Catalyseur P initiale (bar) P finale (bar)
(L.gcat-1.h-1)
Pour toutes les valeurs de WHSV étudiées, la conversion de CO2 est toujours plus élevée que celle
de CH4. Cela peut être expliqué par la réaction de RWGS (eq. 37), conduisant à une consommation
supplémentaire de CO2 en formant de l’eau comme produit secondaire [167]. Par conséquent, le rapport
molaire de H2/CO est inférieur à l’unité dans tous les cas. Ce rapport diminue quand WHSV augmente
ce qui est expliqué par une augmentation de la sélectivité en H2O pas vrai dans les 3 cas (Figure 64 e ?).
Pour la production d’hydrogène, la diminution du rapport molaire de H2/CO n’est pas souhaitée.
°
𝑘𝐽
𝐶𝑂2 + 𝐻2 ↔ 𝐶𝑂 + 𝐻2 𝑂 ∆𝐻298 = +41,2 eq. 37
𝑚𝑜𝑙
Chapitre 4 : Performance catalytique des catalyseurs à base de nickel dans le RSB 118
Le bilan de matière a été déterminé à partir des résultats expérimentaux pour les 3 éléments
chimiques du reformage à sec du méthane : le carbone, l’hydrogène et l’oxygène.
L’équation du bilan de matière pour hydrogène est définie comme suivante :
𝑠𝑜𝑟𝑡𝑖𝑒
𝑛̇ 𝐻 𝑎𝑡𝑜𝑚𝑖𝑞𝑢𝑒𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙
𝐵𝑖𝑙𝑎𝑛 ℎ𝑦𝑑𝑟𝑜𝑔è𝑛𝑒 = 𝑒𝑛𝑡𝑟é𝑒 eq. 38
𝑛̇ 𝐻 𝑎𝑡𝑜𝑚𝑖𝑞𝑢𝑒𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙
𝑒𝑛𝑡𝑟é𝑒
Où 𝑛̇ 𝐻 𝑎𝑡𝑜𝑚𝑖𝑞𝑢𝑒𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙 est le débit total (mmol/min) d’atomes d’hydrogène alimentés au réacteur (CH4
𝑠𝑜𝑟𝑡𝑖𝑒
d’entrée), et 𝑛̇ 𝐻 𝑎𝑡𝑜𝑚𝑖𝑞𝑢𝑒𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙 est le débit total (mmol/min) d’atomes d’hydrogène en sortie du réacteur
sous forme des réactifs non réagis, et produits principaux et secondaires quantifiés (CH4 non réagi, H2
et H2O).
L’équation du bilan de matière d’oxygène est définie comme suivante :
𝑛̇ 𝑂𝑠𝑜𝑟𝑡𝑖𝑒
𝑎𝑡𝑜𝑚𝑖𝑞𝑢𝑒𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙
𝐵𝑖𝑙𝑎𝑛 𝑜𝑥𝑦𝑔è𝑛𝑒 = eq. 39
𝑛̇ 𝑂𝑒𝑛𝑡𝑟é𝑒
𝑎𝑡𝑜𝑚𝑖𝑞𝑢𝑒𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙
Où 𝑛̇ 𝑂𝑒𝑛𝑡𝑟é𝑒
𝑎𝑡𝑜𝑚𝑖𝑞𝑢𝑒𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙 est le débit total (mmol/min) d’atomes d’oxygène alimentés au réacteur (CO 2
d’entrée) et 𝑛̇ 𝑂𝑠𝑜𝑟𝑡𝑖𝑒
𝑎𝑡𝑜𝑚𝑖𝑞𝑢𝑒𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙 est le débit total (mmol/min) d’atomes d’oxygène en sortie du réacteur sous
forme des réactifs non réagis, et des produits principaux et secondaires quantifiés (CO2 non réagi, CO
et H2O).
L’équation du bilan de matière de carbone est définie comme suivante :
𝑛̇ 𝐶𝑠𝑜𝑟𝑡𝑖𝑒
𝑎𝑡𝑜𝑚𝑖𝑞𝑢𝑒𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙
𝐵𝑖𝑙𝑎𝑛 𝑐𝑎𝑟𝑏𝑜𝑛𝑒 = eq. 40
𝑛̇ 𝐶𝑒𝑛𝑡𝑟é𝑒
𝑎𝑡𝑜𝑚𝑖𝑞𝑢𝑒𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙
Où 𝑛̇ 𝐶𝑒𝑛𝑡𝑟é𝑒
𝑎𝑡𝑜𝑚𝑖𝑞𝑢𝑒𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙 est le débit total (mmol/min) d’atomes de carbone alimentés au réacteur (CH 4
et CO2 d’entrée) et 𝑛̇ 𝐶𝑠𝑜𝑟𝑡𝑖𝑒
𝑎𝑡𝑜𝑚𝑖𝑞𝑢𝑒𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙 est le débit total (mmol/min) d’atomes de carbone en sortie du
réacteur sous forme des réactifs non réagis, et des produits principaux et secondaires quantifiés (CH4 et
CO2 non réagis et CO). Malgré la formation de carbone solide qui s’accumule dans le lit de catalyseur,
il n’est pas possible de déterminer expérimentalement le débit du carbone solide formé au cours de la
réaction avec notre système de réacteur, et le bilan du carbone ne prend pas en compte la formation du
carbone solide.
Chapitre 4 : Performance catalytique des catalyseurs à base de nickel dans le RSB 119
Figure 65 : Bilan de matière obtenu avec le catalyseur 5Ni/HAP1,67 au WHSV de 15,8 L.gcat-1.h-1
La Figure 65 montre un exemple du bilan de matière obtenu avec le test catalytique utilisant le
catalyseur 5Ni/HAP1,67. Le bilan de matière a été presque bouclé pour tous les éléments H, O et C
pendant 50 h de réaction. Cela indique qu’il n’y a pas de formation d’hydrocarbures légers (ou leurs
concentrations sont inférieures à la limite de détection de la µ-GC, soit environ 10 ppmv en phase
gazeuse). Des résultats similaires sur le bilan de matière ont été obtenus pour les différents tests
catalytiques à différentes valeurs de WHSV.
D’une manière globale, les résultats observés avec ce catalyseur sont similaires à ceux obtenus avec
le catalyseur 5Ni/HAP1,67. Pour chaque valeur de WHSV, une désactivation catalytique est observée
qui correspond à une diminution consécutive de la conversion de CH4 et de CO2 en fonction du temps
de réaction. Cette désactivation est moins importante à faible WHSV (15,8 L.gcat-1.h-1) comparée à celle
aux WHSV plus élevés (31,7 et 47,6 L.gcat-1.h-1) (Figure 66 a, b). Les valeurs de la conversion de CH4
et de CO2 sont comparables à celles obtenus avec le catalyseur 5Ni/HAP1,67 (Figure 65). La sélectivité
en H2 diminue aussi avec le temps, en raison de la réaction RWGS, qui produit de l’eau comme produit
secondaire. La sélectivité en H2O est stable en fonction du temps de réaction mais augmente avec la
valeur WHSV. La sélectivité en CO semble stable ou baisse légèrement à haute valeur de WHSV (la
Chapitre 4 : Performance catalytique des catalyseurs à base de nickel dans le RSB 121
Figure 66c, d). La sélectivité en carbone solide est relativement élevée (<15 %) et elle est favorisée par
l’augmentation du WHSV. En comparaison avec le catalyseur 5Ni/HAP1,67, la sélectivité en eau et en
carbone solide du catalyseur 5Ni/0,3Mg_HAP sont similaires (Figure 66 e, f). De ce fait, la substitution
de Ca par Mg semble inefficace pour améliorer la sélectivité des catalyseurs à base de Ni supporté sur
hydroxyapatite dans le reformage à sec du méthane, dans les conditions utilisées. Cela sera discuté plus
en détails via la comparaison de la vitesse moyenne à la fin de cette section. En plus, une étude
comparative des différents catalyseurs avec ou sans Mg sera présentée plus loin.
Figure 67 : Bilan de matière obtenu avec le catalyseur 5Ni/0,3Mg_HAP au WHSV de 15,8 L.g cat-1.h-1
Figure 68 : TOF moyen du CH4 en fonction de WHSV et du temps de réaction des catalyseurs
5Ni/HAP1,67 (a) et 5Ni/0,3Mg_HAP (b)
Figure 69 : TOF moyen du CO2 en fonction de WHSV et du temps de réaction des catalyseurs
5Ni/HAP1,67 (a) et 5Ni/0,3Mg_HAP (b)
Pour chaque catalyseur, l’augmentation de WHSV permet d’augmenter le TOF moyen, donc un
gain dans la transformation des réactifs en produits. Par contre, ce gain est au détriment de la stabilité
du catalyseur et en général n’est pas souhaité pour un procédé catalytique.
Chapitre 4 : Performance catalytique des catalyseurs à base de nickel dans le RSB 123
Figure 70 : Effet de la température sur l’activité catalytique des catalyseurs 5Ni/HAP1,67 (a, c) et
5Ni/0,3Mg_HAP (b, d)
En général, le reformage à sec du méthane est un procédé endothermique et il est favorisé à haute
température [32], [71]. Par conséquent, pour chaque catalyseur testé, la conversion de CH4 et de CO2
augmente significativement en fonction de l’augmentation de la température de réaction entre 700 et
800 °C (Figure 70). Dans les deux cas de la conversion de CH4 et de CO2, le catalyseur 5Ni/0,3Mg_HAP
Chapitre 4 : Performance catalytique des catalyseurs à base de nickel dans le RSB 124
est plus sensible à la variation de la température que le catalyseur 5Ni/HAP1,67. Cela-veut-dire que la
conversion de CH4 et de CO2 varie dans une gamme plus large pour 5Ni/0,3Mg_HAP que pour
5Ni/HAP1,67. A 700 °C, les deux catalyseurs ont des activités initiales similaires. Au contraire, quand
la température augmente à 750 et 800 °C, le catalyseur 5Ni/0,3Mg_HAP est systématiquement plus actif
que 5Ni/HAP1,67. En même temps, au cours de la réaction, la désactivation catalytique est moins
importante avec le catalyseur 5Ni/0,3Mg_HAP en comparaison avec le catalyseur 5Ni/HAP1,67. Cela
démontre à nouveau l’effet bénéficiaire de la substitution de Ca par Mg pour limiter la désactivation
catalytique.
Figure 71 : Effet de la température sur la sélectivité en H2 et CO comme produits principaux des catalyseurs
5Ni/HAP1,67 (a, c) et 5Ni/0,3Mg_HAP (b, d)
Figure 72 : Effet de la température sur la sélectivité en H2O et carbone solide comme produits secondaires
des catalyseurs 5Ni/HAP1,67 (a, c) et 5Ni/0,3Mg_HAP (b, d)
La Figure 73 montre le bilan de matière obtenu avec le catalyseur 5Ni/HAP1,67 à 800 °C. Le bilan
en oxygène et en carbone est relativement satisfaisant avec des valeurs de « bilan oxygène » autour de
97% et « bilan carbone » autour de 92% (donc environ 10% non quantifiés, qui devrait être dû au
carbone solide non pris en compte dans le « bilan carbone »). Pour l’hydrogène, le bilan est moins
satisfaisant et atteint environ 88%. Le débit d’atomes d’hydrogène en sortie du réacteur a été calculé à
partir des débits du méthane non réagi et de l’eau formée. Une moindre sous-estimation des débits du
méthane non réagi et de l’eau formée (par erreur de la mesure par exemple) conduit à une sous-
estimation importante du débit d’atomes d’hydrogène en sortie du réacteur. Mais le bilan de matière
autour de 88% est considéré comme acceptable.
Chapitre 4 : Performance catalytique des catalyseurs à base de nickel dans le RSB 126
Figure 75 : Performance catalytique des catalyseurs à base de HAP et HAP substituée au Mg. Conditions de
réaction : composition du mélange d’entrée CH4/CO2/N2=20%/20%/60% (% volumique), T=700 °C, P=1,8
bar, WHSV=31,7 L.h-1.gcat-1, a : Conversion de CH4, b : conversion de CO2, c : sélectivité en H2, d : sélectivité
en CO, e : sélectivité en H2O, f : sélectivité en carbone solide
Chapitre 4 : Performance catalytique des catalyseurs à base de nickel dans le RSB 130
La Figure 75 (c), (d) montre les sélectivités en H2 et en CO. Ayant des meilleures activités
catalytiques, les catalyseurs 5Ni/HAP1,67, 5Ni/HAP1,75, 5Ni/0,3Mg_HAP et 5Ni/0,5Mg_HAP
possèdent également les meilleures sélectivités en syngas. Au cours de la réaction, la sélectivité en H 2
et CO diminue progressivement d’environ 85 à 80 % pendant les 50 h de réaction. Cette diminution suit
semblablement la baisse de l’activité catalytique comme déjà observé dans les sections précédentes.
Cela est encore confirmé avec les deux catalyseurs 5Ni/HAP1,55 et 5Ni/0,1Mg_HAP qui sont moins
actifs que les quatre autres catalyseurs. La sélectivité en H2 diminue de 77 à 70% (pour 5Ni/HAP1,55)
et de 80 à 78% (pour 5Ni/0,1Mg_HAP). Celle en CO baisse de 78 à 75 % (pour 5Ni/HAP1,55) et de 80
à 79% (pour 5Ni/0,1Mg_HAP).
Les sélectivités en H2O et en carbone solide sont présentées dans la Figure 75 (e) et (f). Pour la
sélectivité en H2O, elle se trouve globalement dans la gamme de 5-14%, et reste relativement stable
pendant la réaction. Plus le catalyseur est actif, plus la sélectivité en H2 est élevée et plus la sélectivité
en H2O est petite. Pour la sélectivité en carbone solide, elle se trouve principalement dans la gamme de
6-13%. Les quatre catalyseurs 5Ni/HAP1,67, 5Ni/HAP1,75, 5Ni/0,3Mg_HAP et 5Ni/0,5Mg_HAP sont
les moins sélectifs en carbone solide. Cela est lié à leurs basicités élevées qui sont favorables pour
l’adsorption et l’activation du CO2 pour former des espèces oxygénées qui limitent donc la formation du
carbone solide [175].
Le dépôt du carbone solide est évoqué comme une raison de la désactivation catalytique. Pour
mettre en évidence ces espèces, les catalyseurs récupérés après les tests catalytiques ont été analysés par
MEB et MET-EDX.
Figure 77 : Images MEB des catalyseurs après test catalytique. Conditions de réaction T :700 °C, la
composition du mélange d’entrée CH4/CO2/N2=20%/20%/60% (% volumique), WHSV=31,7 L.h-1.gcat-1
Figure 78 : Images MET des catalyseurs après test catalytique. Conditions de réaction : T :700 °C,
composition du mélange d’entrée CH4/CO2/N2=20%/20%/60% (% volumique), WHSV 31,7 L.h-1.gcat-1
Par rapport aux analyses MET des catalyseurs frais dans le Chapitre 3, l’observation des particules
à base de nickel semble plus claire avec les catalyseurs usés. En particulier, il semble qu’une population
de petites particules à base de nickel, de l’ordre d’une dizaine de nm, est formée (ou apparaît) après le
test catalytique. Pour mettre en évidence la formation de cette population, la cartographie des éléments
par EDX a également été réalisée et les résultats sont montrés dans les Figure 79 à Figure 82. Cette
technique d’analyse a effectivement démontré la présence des particules à base de nickel de taille variée
d’une dizaine nm à quelques dizaines de nm. La population de petites particules à base de nickel est
particulièrement claire dans le cas du catalyseur 5Ni/0,3Mg_HAP usé (Figure 82).
Chapitre 4 : Performance catalytique des catalyseurs à base de nickel dans le RSB 134
Figure 79 : Cartographie des éléments du catalyseur 5Ni/HAP1,55 après test catalytique. Conditions de
réaction : T :700 °C, composition du mélange d’entrée CH4/CO2/N2=20%/20%/60% (% volumique), WHSV 31,7
L.h-1.gcat-1
Figure 80 : Cartographie des éléments du catalyseur 5Ni/HAP1,67 après test catalytique. Conditions de
réaction : T :700 °C, composition du mélange d’entrée : CH4/CO2/N2=20%/20%/60% (% volumique), WHSV
31,7 L.h-1.gcat-1
Chapitre 4 : Performance catalytique des catalyseurs à base de nickel dans le RSB 135
Figure 81 : Cartographie des éléments du catalyseur 5Ni/0,1Mg_HAP après test catalytique. Conditions de
réaction : T :700 °C, composition du mélange d’entrée CH4/CO2/N2=20%/20%/60% (% volumique), WHSV 31,7
L.h-1.gcat-1
Figure 82 : Cartographie des éléments du catalyseur 5Ni/0,3Mg_HAP après test catalytique. Conditions de
réaction : T :700 °C, CH4/CO2/N2=20%/20%/60% (% volumique), WHSV 31,7 L.h-1.gcat-1
L’analyse des images MET a permis d’établir la distribution de taille des particules à base de nickel.
La Figure 83 compare la taille des particules des catalyseurs frais et usés. Dans le cas des catalyseurs
frais, les particules à base de nickel sont formées par la calcination à 700 °C sous air. Il s’agit donc des
particules d’oxydes de nickel. Pour les catalyseurs usés, ces particules ont été réduites sous hydrogène
et ont été mises sous l’atmosphère réductrice du syngas (H2 et CO) tout au long de la réaction (50 h).
Ces particules sont certainement métalliques ; en contact avec de l’air après les tests catalytiques, elles
peuvent être réoxydées en surface. La réduction des particules de l’état d’oxyde en état métallique
s’accompagne généralement par une réduction de taille des particules. Pour le catalyseur 5Ni/HAP1,55,
la taille des particules après le test catalytique est plus grande que celles avant le test catalytique. Un
frittage ou une agglomération a eu lieu pendant la réaction. En revanche, pour les autres catalyseurs, la
taille des particules à base de nickel des catalyseurs usés est plus petite que celles des catalyseurs frais,
en raison de l’apparition de la classe des particules de 14-20 nm. Différentes hypothèses sur la formation
de ces particules pourraient être proposées : soit ces particules ne sont pas visibles lors de l’analyse des
catalyseurs frais calcinés, soit elles sont formées sous l’atmosphère réductrice du syngas pendant la
réaction catalytique à partir du Ni2+ qui interagissent avec la matrice du support à la surface lors de
Chapitre 4 : Performance catalytique des catalyseurs à base de nickel dans le RSB 136
l’imprégnation à sec. Des études supplémentaires seraient nécessaires pour comprendre comment ces
particules fines sont formées.
Figure 83 : Distribution de taille des particules à base de nickel des catalyseurs avant et après test
catalytique à 700 °C, 1,6 bar et WHSV=31,7 L.h -1.gcat-1.
Figure 84 : Courbes ATG (a) et DTG (b) des catalyseurs à base de nickel déposés sur les supports HAP et sur
la Mg_HAP après test catalytique. Conditions de test : 700 °C, CH4/CO2/N2=20/20/60%, WHSV 31,7 L.h-
1
.gcat-1
170 180
(a) (b)
160
150
140
TOF_CH4 (h-1)
TOF_CO2 (h-1)
130
120
110
100
90
80
5Ni/HAP 1,55 5Ni/HAP 1,55
70 60
5Ni/HAP 1,75 5Ni/HAP 1,75
5,7Ni/TCP908 5,7Ni/TCP908
50 40
0 10 20 30 40 50 0 10 20 30 40 50
Temps (h) Temps (h)
Figure 85 : TOF moyen de CH4 (a) et de CO2 (b) pour les catalyseurs 5Ni/HAP1,55, 5Ni/HAP1,75 et
5,7%Ni/TCP908
Le catalyseur préparé sur le support commercial est relativement stable pendant la réaction. Par
contre, il est moins actif que les deux catalyseurs préparés sur les supports synthétisés dans le cadre de
cette présente thèse. Le catalyseur 5Ni/HAP1,55 montre une bonne stabilité pendant 50 h de réaction.
Le catalyseur 5Ni/HAP1,75 a une activité catalytique initiale élevée, à la fois pour la conversion de CH4
et CO2. Par contre, ce catalyseur se désactive rapidement. L’ordre décroissant de la vitesse moyenne de
désactivation est comme suivant : 5Ni/HAP1,55 > 5,5%Ni/TCP908 > 5Ni/HAP1,75. De ce fait, les
supports HAP excédentaires en calcium ne sont pas favorables pour maintenir la stabilité catalytique
dans le reformage à sec du méthane. Cela a récemment été observé par Boukha et al. [73].
4.6. Conclusions
Ce chapitre est dédié à l’étude catalytique des différents catalyseurs synthétisés. Différents
paramètres opératoires ont aussi été étudiés.
La température et la pression sont les deux premiers paramètres à contrôler dans un procédé
chimique tel que le reformage à sec du méthane. L’étude thermodynamique dans le chapitre 2 a montré
que ce procédé est favorable à haute température et à faible pression. Les résultats expérimentaux ont
confirmé ces prédictions thermodynamiques. Dans la gamme de la température étudiée (700, 750 et 800
°C), l’activité catalytique des catalyseurs augmente significativement avec l’augmentation de la
température. En même temps, la sélectivité en syngas est également améliorée par l’augmentation de la
température comme prédit par l’étude thermodynamique. Au contraire, l’augmentation de la pression
totale (dans la gamme étudiée de 3 à 15 bar) conduit à une diminution significative de la performance
catalytique, à la fois sur la conversion des réactifs et la sélectivité en syngas. L’augmentation de la
pression totale favorise aussi la formation du carbone solide en raison de la réaction Boudouard qui est
favorisée à haute pression [87].
Sur l’influence du rapport molaire de Ca/P, les catalyseurs 5Ni/HAP1,67 et 5Ni/HAP1,75 sont plus
actifs que le catalyseur 5Ni/HAP1,55. Cela est expliqué par l’effet bénéficiaire des sites basiques qui
sont plus présents sur la surface des catalyseurs 5Ni/HAP1,67 et 5Ni/HAP1,75 que sur la surface du
catalyseur 5Ni/HAP1,55. Toutefois, les catalyseurs préparés sur les supports excédentaires en calcium
sont moins stables que ceux préparés sur les supports stœchiométriques ou légèrement déficitaires en
calcium.
Chapitre 4 : Performance catalytique des catalyseurs à base de nickel dans le RSB 139
Sur l’influence de la substitution partielle de Ca par Mg, aux conversions élevées en CH4 et CO2,
les catalyseurs 5Ni/HAP1,67 et 5Ni/HAP1,75 ont des performances catalytiques similaires que
5Ni/0,3Mg_HAP et 5Ni/0,5Mg_HAP. Dans certain cas, la substitution de Ca par Mg conduit à une
amélioration de la stabilité catalytique.
Dans les mêmes conditions opératoires, les catalyseurs préparés sur les supports HAP synthétiques
sont plus actifs que les catalyseurs préparés sur les supports HAP commerciaux (HAP stœchiométrique).
A moins de 950 °C, la formation du carbone solide dans le procédé de reformage à sec du méthane
est inévitable pour un mélange équimolaire de CH4 et CO2, du point de vue thermodynamique. Cela est
vérifié par l’ensemble des résultats expérimentaux présentés dans ce chapitre. En fait, la sélectivité en
carbone solide est souvent autour de 10 à 20 %, conduisant à une désactivation significative des
catalyseurs. Le passage du reformage à sec en tri-reformage semble être une bonne solution pour
limiter/éviter la formation du carbone solide. Le chapitre suivant est dédié au procédé de tri-reformage
du méthane.
140
Figure 86 : Débit en mmol/min de CH4 consommé (a) et conversion de CH4 (b) en fonction du temps de
réaction en BRB. Conditions : 700 °C ; 1,4 bar ; rapport molaire CH4/CO2/N2 = 1,0/1,1/0,5 ; rapport
molaire S/C de 0,3 à 1,2
Figure 87 : Débit molaire (mmol/min) de CO2 (a) et conversion de CO2 (b) en fonction du temps de réaction
en BRB. Conditions : 700 °C ; 1,4 bar ; rapport molaire CH4/CO2/N2 = 1,0/1,1/0,5 ; rapport molaire S/C de
0,3 à 1,2
Tableau 31 : Calculs thermodynamiques (par Aspen Plus) pour le BRB à 700 °C et 1,4 bar d’un mélange
CH4/CO2/N2 = 1,0/1,1/0,5 (rapport molaire de départ) en fonction du rapport molaire S/C
Figure 88 : Débit molaire (mmol/min) de H2 (a), de CO (b), de Cs (c) et de H2O (d) en fonction du temps de
réaction en BRB. Conditions : 700 °C ; 1,4 bar ; rapport molaire CH4/CO2/N2 = 1,0/1,1/0,5 ; rapport molaire
S/C de 0,3 à 1,2
La formation du carbone solide (calculé par la différence) en fonction du temps de réaction est
montrée dans la Figure 88 (c). Quel que soit le rapport molaire S/C, le carbone solide est omniprésent.
Mais d’une manière générale, sa formation semble être légèrement limitée par l’augmentation du rapport
S/C, sous les conditions utilisées. Cela explique la baisse légère de la conversion de CH4 en fonction du
temps de réaction dans la Figure 86.
La Figure 88 d montre l’évolution du débit d’eau en sortie du réacteur. Aux rapports S/C de 0,3 et
0,6, les débits d’eau en sortie sont proches de ceux en entrée du réacteur. Cela indique qu’à ces rapports
S/C, le méthane réagit davantage avec le dioxyde de carbone (conversion de CO2 élevée, Figure 87) et
peu avec la vapeur d’eau. Aux rapports S/C plus élevés (S/C=0,9 et S/C=1,2), les débits d’eau en sortie
sont en-dessous des valeurs d’entrée ; le vaporeformage a bien eu lieu dans ces cas.
La Figure 89 compare le TOF moyen de CH4 et de CO2 obtenu avec le même catalyseur
5Ni/HAP1,67 pour le RSB et pour le BRB aux conditions suivantes :
• Température : 700 °C ;
• Pression totale : 1,4 bar ;
• Débit du méthane : 45 mL/min à 20 °C et 1 bar ;
Chapitre 5 : Performance catalytique des catalyseurs à base de nickel dans le tri-reformage 145
• Rapport molaire de départ pour RSB : CH4/CO2 = 1,0/1,1 et S/C = 0 ;
• Rapport molaire de départ pour BRB : CH4/CO2/N2 = 1,0/1,1/0,5 et S/C : 0,3 à 1,2.
Les résultats obtenus dans la Figure 89 ont mis en évidence l’effet positif de l’ajout de vapeur d’eau
sur le TOF moyen de CH4. Par contre, l’ajout de vapeur d’eau entraîne une diminution de TOF moyen
de CO2 (Figure 89 b). Celui-ci est déjà expliqué au-dessus par la compétition de la vapeur d’eau et du
CO2 dans le reformage du méthane et par l’effet de la réaction WGS. En particulier, en présence de
vapeur d’eau dans le BRB, la désactivation catalytique est moins importante par rapport à celle observée
dans le RSB. Sur la Figure 89 b, il est évident que l’ajout de la vapeur d’eau aux rapports S/C de 0,3 et
0,6 n’a pas d’impact important sur la conversion de CO2. Le TOF de CO2 ne baisse que significativement
aux rapports S/C élevés (0,9 et 1,2).
Figure 89 : TOF moyen de CH4 (a) et de CO2 (b) obtenu avec le catalyseur 5Ni/HAP1,67 pour le BRB aux
différents rapports S/C en comparaison à ceux du reformage à sec (S/C=0,0)
Le bilan de matière a été déterminé à partir des résultats expérimentaux pour les 3 éléments
chimiques du reformage à sec du méthane : le carbone, l’hydrogène et l’oxygène. Les équations définies
dans la section 4.2.1 sont utilisées avec les modifications suivantes :
𝑒𝑛𝑡𝑟é𝑒
• 𝑛̇ 𝐻 𝑎𝑡𝑜𝑚𝑖𝑞𝑢𝑒𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙 est le débit total (mmol/min) d’atomes d’hydrogène alimentés au réacteur
(CH4 et H2O d’entrée)
• 𝑛̇ 𝑂𝑒𝑛𝑡𝑟é𝑒
𝑎𝑡𝑜𝑚𝑖𝑞𝑢𝑒𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙 est le débit total (mmol/min) d’atomes d’oxygène alimentés au réacteur
(CO2, H2O et O2 d’entrée)
La Figure 90 montre un exemple du bilan de matière obtenu par le test catalytique du catalyseur
5Ni/HAP1,67 au rapport molaire S/C = 0,9. Le bilan de matière a été presque bouclé pour tous les
éléments H, O et C pendant 50 h de réaction. Cela indique qu’il n’y a pas de la formation
d’hydrocarbures légers. Les résultats similaires ont aussi été obtenus aux autres rapports S/C.
Chapitre 5 : Performance catalytique des catalyseurs à base de nickel dans le tri-reformage 146
Figure 90 : Bilan de matière obtenu avec le catalyseur 5Ni/HAP1,67 dans le BRB à 700°C, 1,4 bar, rapport
molaire CH4/CO2/H2O/N2 = 1,0/1,1/0,9/0,5
Figure 91 : Courbes ATG (a) et DTG (b) des catalyseurs usés récupérés après les tests en BRB. Conditions : 700
°C, 1,4 bar ; rapports molaires S/C : (a) S/C=0,3 ;(b) S/C=0,6 ; (c) S/C=0,9 ; (d) S/C=1,2.
Figure 92 : Images MEB du catalyseur 5Ni/HAP1,67 usé après 50 h de la réaction en BRB : (a)
CH4/CO2/H2O/N2=1,0/1,1/0,3/0,5 ; (b) CH4/CO2/H2O/N2=1,0/1,1/0,6/0,5
La Figure 92 montre les images MEB des catalyseurs après le test catalytique aux rapports molaires
S/C=0,3 (Figure 92 (a)) et S/C=0,6 (Figure 92 (b)). D’une matière générale, le carbone fibreux est
omniprésent dans ces deux catalyseurs usés, alors que le carbone graphitique semble être absent ou être
formé mais à des quantités moins importantes. Comme mentionné dans la partie de reformage à sec
(section 4.5), le carbone fibreux peut entraîner une désactivation catalytique partielle car les particules
de Ni restent accessibles aux molécules de réactifs. Au contraire, le carbone graphitique conduit à une
Chapitre 5 : Performance catalytique des catalyseurs à base de nickel dans le tri-reformage 148
désactivation rapide du catalyseur car il couvre la surface du catalyseur et donc prive l’accès aux sites
actifs.
La Figure 93 montre les images MET des catalyseurs usés récupérés des tests aux rapports S/C de
0,6 et 0,9. Le carbone fibreux est très souvent observé alors que le carbone graphitique est absent. Ce
résultat confirme l’effet de la vapeur d’eau pour la gazéification des espèces carbonées de type Cα et Cβ.
Figure 93 : Image MET des catalyseurs usés après 50h de réaction en bi-reformage du méthane avec la
composition du gaz à l’entrée : (a) CH4/CO2/H2O/N2=1,0/1,1/0,6/0,5 ; (b) CH4/CO2/H2O/N2=1,0/1,1/0,9/0,5
Figure 94 : Débit molaire (mmol/min) de CH4 consommé (a) et conversion de CH4 (b) en fonction du temps
de réaction en Tri-RB. Conditions : 700 °C ; 1,4 bar ; rapport molaire de départ CH4/CO2/H2O/O2 =
1,0/0,67/0,6/0,1 et 1,0/0,67/0,9/0,1
La Figure 94 montre le débit molaire de CH4 qui a été consommé, QCH4/consommé (a) et la conversion
de CH4 (b) en fonction du temps de réaction à 700 °C aux rapport S/C de 0,6 et 0,9. Pour le même débit
partiel du méthane à l’entrée du réacteur de 45 mL/min, la conversion initiale du méthane en Tri-RB
atteint environ 61-64%, qui n’est pas mieux que celle en BRB (Figure 86). Une désactivation catalytique
non négligeable a eu lieu pendant les 5 premières heures de réaction, qui est plus importante au rapport
S/C de 0,6 que 0,9. Tout au long de la réaction, la conversion du méthane au rapport S/C de 0,9 est plus
élevée qu’à celle au rapport S/C de 0,6. Cela confirme l’effet positif de l’ajout de la vapeur d’eau pour
le reformage du méthane.
Figure 95 : Débit molaire (mmol/min) de CO2 consommé (a) et conversion de CO2 (b) en fonction du temps
de réaction en Tri-RB. Conditions : 700°C ; 1,4 bar ; rapport molaire de départ CH4/CO2/H2O/O2 =
1,0/0,67/0,6/0,1 et 1,0/0,67/0,9/0,1
Le débit molaire (mmol/min) de CO2 consommé, QCO2/consommé (a) et la conversion de CO2 (b) sont
montrés dans la Figure 95. Comme observé pour le CH4 (Figure 94), pour chaque rapport molaire S/C,
la conversion de CO2 baisse avec le temps de réaction, correspondant à une désactivation catalytique du
catalyseur sous les conditions utilisées. A nouveau, l’augmentation du rapport S/C a un impact négatif
Chapitre 5 : Performance catalytique des catalyseurs à base de nickel dans le tri-reformage 150
sur la conversion de CO2 comme déjà observé dans le procédé BRB (Figure 87) ; cela pouvant être
expliqué par la réaction WSG qui convertit H2O et CO en CO2 et H2.
Quant à l’évolution de l’oxygène, l’analyse µ-GC montre qu’aucune trace de ce réactif ne peut être
détectée en sortie du réacteur. L’oxygène est en effet beaucoup plus réactif que l’eau ou le dioxyde de
carbone et il est totalement consommé sous les conditions utilisées.
Figure 96 : Débit molaire (mmol/min) de H2 (a), CO (b), H2O (c) et carbone solide (d) en sortie du réacteur
en fonction du temps de réaction en Tri-RB. Conditions : 700°C ; 1,4 bar ; rapport molaire de départ
CH4/CO2/H2O/O2=1/0,67/0,6/0,1 et 1/0,67/0,9/0,1
Les productions de H2 et CO sont montrées dans la Figure 96 (a) et (b). Elles augmentent avec
l’augmentation du rapport S/C et sont relativement stables pendant 50 h de réaction. L’augmentation du
rapport molaire S/C favorise aussi le rapport molaire H2/CO. Cela peut être expliqué par la réaction
WGS dans laquelle la vapeur d’eau réagit avec CO pour produire CO2 et H2. Quant aux débits d’eau en
sortie du réacteur, à chaque rapport molaire de départ S/C, ils sont bien en-dessous des valeurs à l’entrée
du réacteur. Donc l’eau est bien consommée par le reformage, alors qu’elle est formée dans le cas du
RSB (chapitre 4) ou qu’elle n’est pas consommée en BRB à des faibles rapports S/C (Figure 88). Sur la
Figure 96 (c), les débits d’eau en sortie du réacteur restent relativement stables ce qui explique la même
tendance du débit d’hydrogène produit (Figure 96 (a)). Finalement, pour le carbone solide, sa production
baisse considérablement quand le rapport molaire S/C passe de 0,6 à 0,9 (Figure 96 (d)). Dans les deux
cas, la formation du carbone solide est importante pendant les premières heures de réaction avant de
diminuer. Malgré la présence simultanée des 3 oxydants qui sont largement en excès par rapport au
Chapitre 5 : Performance catalytique des catalyseurs à base de nickel dans le tri-reformage 151
méthane, la formation du carbone solide n’a pas pu être évitée. Il est nécessaire soit de diminuer encore
la taille des particules de nickel, soit de travailler aux températures plus élevées, ou de combiner ces
deux approches.
Figure 97 : TOF moyen de CH4 (a) et de CO2 (b) obtenus avec le catalyseur 5Ni/HAP1,67 en tri-reformage
du méthane à 700 °C, 1,4 bar, rapports molaires de départ CH 4/CO2/O2=1,0/0,67/0,1 et S/C=0,6 et 0,9
La Figure 97 présente les TOF moyen de CH4 et de CO2. Les profils du TOF ont la même tendance
que les profils de la conversion de CH4 et de CO2 (Figure 94 et Figure 95). L’effet positif du rapport
S/C sur la consommation du méthane mais négatif sur la consommation du dioxyde de carbone est
notamment observé. La désactivation catalytique en fonction du temps est également visible.
Chapitre 5 : Performance catalytique des catalyseurs à base de nickel dans le tri-reformage 152
Figure 98 : Bilan de matière obtenu avec le catalyseur 5Ni/HAP1,67 en tri-reformage du méthane à 700
°C, 1,4 bar, rapport molaire de départ CH4/CO2/H2O/O2 = 1,0/0,67/0,9/0,1
La Figure 98 montre un exemple du bilan de matière obtenu pour le test catalytique au rapport
molaire de départ S/C = 0,9. Comme d’habitude, les valeurs à l’entrée et en sortie sont très proches pour
les trois éléments H, O et C pendant 50 h de réaction et le bilan est presque bouclé à 100 %.
Figure 99 : Images des catalyseurs usés : (a) après Tri-RB au rapport S/C=0,6 ; (b) après Tri-RB au
rapport S/C=0,9 (c) après RSB au rapport CH4/CO2=1/1,1 ; et (d) catalyseur frais calciné ; particules
blanches : alumine inerte
Figure 100 : Illustration de la répartition des grains de catalyseur dans le réacteur après un test de tri-
reformage
La Figure 101 montre les courbes ATG et DTG du catalyseur 5Ni/HAP1,67 après 50 h de réaction
de tri-reformage à 700 °C, 1,4 bar aux deux rapports S/C=0,6 et 0 ,9. Le comportement thermique est
relativement similaire dans les deux cas. La première perte de masse a lieu à moins de 120 °C qui peut
être due au départ de l’humidité. Ensuite, un gain de masse est observé autour de 450 °C, expliqué par
l’oxydation des particules métalliques de Ni (et/ou l’oxydation des particules à base de nickel de
structure core-shell). Finalement, une perte de masse importante autour de 650 °C est observé qui
correspond à la combustion du carbone solide du type Cv.
Chapitre 5 : Performance catalytique des catalyseurs à base de nickel dans le tri-reformage 154
Figure 101 : Profils ATG et DTG des catalyseurs usés après le tri-reformage du méthane à 700 °C, 1,4
bar, CH4/CO2/H2O/O2=1/0,67/0,6/0,1 (a) et CH4/CO2/H2O/O2=1/0,67/0,9/0,1 (b)
Figure 102 : Images MEB du catalyseur 5Ni/HAP1,67 après 50 h de réaction en Tri-RB. Conditions :
CH4/CO2/H2O/O2=1/0,67/0,6/0,1 : (a) Photomicrographie par rétrodiffusion d'électrons (BSE) ; (b)
Photomicrographie par électrons secondaires (SE)
Chapitre 5 : Performance catalytique des catalyseurs à base de nickel dans le tri-reformage 155
Figure 103 : Images MEB du catalyseur 5Ni/HAP1,67 usé après 50 h de réaction en Tri-RB.
Conditions : CH4/CO2/H2O/O2=1/0,67/0,9/0,1 :(a) Photomicrographie par rétrodiffusion d'électrons
(BSE) ; (b) Photomicrographie par électrons secondaires (SE)
Figure 104 : Images MET du catalyseur 5Ni/HAP1,67 après le tri-reformage à 700°C et au rapport
CH4/CO2/H2O/O2=1/0,67/0,6/0,1
Figure 105 : Images MET du catalyseur lequel après le tri-reformage à 700 °C et au rapport
CH4/CO2/H2O/O2=1/0,67/0,9/0,1
Chapitre 5 : Performance catalytique des catalyseurs à base de nickel dans le tri-reformage 156
Les Figure 104 et Figure 105 illustrent des images MET du catalyseur après le tri-reformage à 700
°C aux deux rapports S/C. Les particules à base de nickel et le carbone solide fibreux sont à nouveau
observés. A partir d’un grand nombre d’images MET, la distribution de la taille des particules à base de
nickel a pu être déterminée et comparée avec celle du même catalyseur avant test catalytique (Figure
106). Cette distribution est relativement similaire pour les deux catalyseurs usés, dont la taille varie dans
une large gamme de 20-30 nm jusqu’à 170-180 nm. Au contraire, le catalyseur frais contient des
particules plus petites, qui se trouvent dans la gamme de 10-20 nm à 80-90 nm. L’augmentation de la
taille des particules à base de nickel après le test catalytique est due au frittage thermique. De plus, ce
frittage peut être favorisé par la présence de vapeur d’eau [181]. Les atomes métalliques deviennent plus
mobiles en présence de la vapeur d’eau à haute température ce qui facilite le frittage thermique [182].
Figure 106 : Distribution de taille des particules à base de nickel avant et après la réaction de tri-reformage à
700 °C, 1,4 bar
Figure 107 : Débit molaire (mmol/min) de CH4 consommé (a) et conversion de CH4 (b) en fonction du temps
de réaction en Tri-RB. Conditions : 700 °C, 1,4 bar, rapports molaires de départ CH4/CO2/H2O/N2 =
1,0/1,1/0,6/0,5 et O/C de 0 à 0,1
La Figure 108 (a) et (b) montre le débit molaire de CO2 consommé et la conversion de CO2 pour la
réaction de Tri-RB à 700 °C (1,4 bar) aux différents rapports molaires O/C de zéro à 0,1. Une baisse
Chapitre 5 : Performance catalytique des catalyseurs à base de nickel dans le tri-reformage 158
importante de la consommation de CO2 et donc de la conversion de CO2 a été observée lors de
l’augmentation du rapport O/C de zéro à 0,05. Cela peut être expliqué par la compétition entre CO2 et
O2 dans le reformage et l’oxydation partielle du méthane ; O2 étant plus réactif que CO2. Cet effet est
pratiquement négligeable lors de l’augmentation du rapport O/C de 0,05 à 0,1. La conversion de CO2
est légèrement plus élevée au rapport O/C de 0,1 par rapport à celle au rapport O/C de 0,05 pendant une
bonne partie de la réaction. Finalement, dans tous les cas, la conversion de CO2 diminue pendant la
réaction, indiquant qu’une désactivation a eu lieu.
Figure 108 : Débit molaire (mmol/min) de CO2 consommé et conversion de CO2 en fonction du temps de
réaction en Tri-RB. Conditions : 700 °C, 1,4 bar, rapports molaires de départ CH4/CO2/H2O/N2 =
1,0/1,1/0,6/0,5 et O/C de 0 à 0,1
Chapitre 5 : Performance catalytique des catalyseurs à base de nickel dans le tri-reformage 159
La Figure 109 montre les débits molaires en sortie du réacteur de H2 (a), et de CO (b) et le rapport
molaire H2/CO (c) en fonction du temps de réaction. En augmentant le rapport O/C, le débit d’H 2
augmente alors que celui de CO baisse. Cette tendance est en particulier visible lorsque le rapport
molaire de départ O/C passe de 0 à 0,05. L’oxydation partielle (et totale) du méthane est exothermique
et la chaleur produite peut servir les réactions endothermiques du reformage du méthane par CO2 et
H2O. Par conséquent, la production d’H2 et de CO augmente. Le rapport molaire de H2/CO augmente
fortement lorsque le rapport molaire de départ O/C passe de zéro à 0,05 mais il ne change pas aux
rapports molaires O/C de 0,05 et 0,1. Cela a également été observé par Majewski et al. [183].
La Figure 110 montre l’effet positif de l’ajout de l’oxygène pour limiter la formation du carbone
solide au cours de la réaction Tri-RB. La vitesse de formation du carbone solide (mmol/min) baisse avec
l’augmentation de la teneur en oxygène dans la charge de départ, et baisse aussi au cours du temps. Ceci
est un résultat majeur par rapport au RSB. En effet, si la vitesse de formation du carbone solide est
relativement constante (cas du RSB), le carbone solide s’accumule dans le lit et à un moment donné, le
catalyseur sera totalement désactivé et/ou le lit catalytique sera engorgé du carbone solide et empêchera
le passage du mélange réactif. En fait, l’oxygène peut oxyder le carbone solide et donc réduire la
formation de celui-ci au cours de la réaction. De plus, une concentration d’oxygène plus élevée dans la
charge pourrait augmenter la température locale du lit catalytique car l’oxydation partielle du méthane
est exothermique. Une température plus élevée permet de déplacer l’équilibre thermodynamique de la
réaction Boudouard dans le sens inverse (consommation du carbone solide et de l’oxygène en formant
le monoxyde de carbone). Finalement, la réaction de l’oxygène avec le méthane a réduit la quantité de
méthane disponible et donc limite la réaction secondaire du craquage du méthane en carbone solide
[183].
Concernant l’évolution du débit d’eau en sortie du réacteur, le résultat dans la Figure 110 b montre
que dans tous les cas, l’eau injectée dans le réacteur a été partiellement consommée. En fait, le débit
d’eau en sortie du réacteur est toujours inférieur à la valeur de départ. L’ajout de l’oxygène à la charge
entraîne une baisse légère de consommation d’eau, surtout au début de la réaction. Ceci peut être attribué
à la compétition entre l’oxygène et l’eau dans le reformage du méthane.
Chapitre 5 : Performance catalytique des catalyseurs à base de nickel dans le tri-reformage 160
Figure 110 : Débit molaire (mmol/min) du carbone solide (a) et de l’eau (b) en fonction du temps de réaction
en Tri-RB. Conditions : 700 °C, 1,5 bar, rapports molaires de départ CH4/CO2/H2O/N2 = 1,0/1,1/0,6/0,5 et
O/C de 0 à 0,1
Figure 111 : TOF moyen de CH4 (a) et de CO2 (b) pour le catalyseur 5Ni/HAP1,67 dans le tri-reformage à
700 °C, 1,4 bar et aux différents rapports O/C
Finalement, la Figure 111 montre le TOF moyen du méthane et du dioxyde de carbone. Ce résultat
montre à nouveau l’impact important de l’ajout de l’oxygène dans la charge de départ sur l’activité et la
stabilité du catalyseur pour la transformation du méthane et du dioxyde de carbone en syngas.
Figure 112 : Profil ATG et DTG du catalyseur 5Ni/HAP1,67 usé après 50 h de réaction de tri-reformage à
T=700 °C et à 1,4 bar, rapport molaire de départ CH4/CO2/H2O/O2/N2 = 1,0/1,1/0,6/0,05/0,5
Figure 113 : Profil ATG et DTG du catalyseur 5Ni/HAP1,67 usé après 50 h de réaction de tri-reformage à
T=700 °C et à 1,4 bar, rapport molaire de départ CH4/CO2/H2O/O2/N2 = 1,0/1,1/0,6/0,1/0,5
Figure 114 : Débit molaire (mmol/min) de CH4 consommé (a), conversion de CH4 (b), débit molaire
(mmol/min) de CO2 consommé (c) et conversion de CO2 (d) en fonction du temps de réaction en Tri-RB.
Conditions : 1,4 bar, rapport molaire de départ CH4/CO2/H2O/O2 = 1,0/0,67/0,9/0,1
Chapitre 5 : Performance catalytique des catalyseurs à base de nickel dans le tri-reformage 163
Les Figure 114 et Figure 115 montrent l’effet important de la température en Tri-RB. Comme
attendu, l’augmentation de la température s’accompagne par une augmentation de la conversion de CH4
et de conversion de CO2 (Figure 114). La conversion initiale de CH4 et de CO2 augmente respectivement
de 60 et 20% à 85 et 35% quand la température augmente de 700 à 800 °C. Au cours de la réaction, ces
conversions baissent légèrement (< 3% pour la conversion du méthane) signifiant une bonne stabilité
catalytique. Une consommation plus importante d’eau est aussi observée à 800 °C par rapport à celle à
700 °C (Figure 115 d). Quant aux produits, les profils du débit d’H2 et de CO en sortie du réacteur sont
stables avec un rapport molaire H2/CO élevé autour de 2. Ce dernier est favorable pour la production
d’H2 mais aussi pour d’autres procédés tels que la synthèse Fisher-Tropsch. Le rapport molaire H2/CO
semble être plus élevé à 700 °C qu’à 800 °C. Cela est expliqué par la réaction RWGS qui est favorisé à
haute température. La réaction RWGS transforme H2 et CO2 en CO et H2O. Finalement, des quantités
non négligeables de carbone solide sont observés à 700 °C, alors que ce sous-produit est formé à des
quantités plus faibles à 800 °C ce qui est un excellent résultat pour la stabilité catalytique du catalyseur.
Ce résultat est bien accord avec celui de l’étude de Jiang et al. [49] ; ce dernier portant sur les catalyseurs
Ni/MgxTi1−xO en tri-reformage du méthane.
La Figure 116 montre les photos des catalyseurs usés après Tri-RB à 700 °C (a) et à 800 °C (b). Le
catalyseur après le test à 700 °C contient encore des particules revêtues du carbone solide de couleur
noire, alors que celui après le test à 800 °C ne contient plus de ces particules. Cela confirme l’absence
(ou la formation à très faibles quantités) de carbone solide pendant le test à 800 °C. Une température
élevée (800 °C, mais qui est encore en-dessous de la température habituellement utilisée pour le
vaporeformage dans l’industrie qui est autour de 900 °C) et une atmosphère légèrement en excès en
Chapitre 5 : Performance catalytique des catalyseurs à base de nickel dans le tri-reformage 164
vapeur d’eau et en CO2 permettent donc d’éviter la formation du carbone solide. Cela est confirmé à
nouveau par l’analyse ATG (Figure 117 (b)). Le pic de combustion de carbone solide est presque nul
pour le catalyseur usé après le test à 800 °C.
Figure 116 : Catalyseurs usés après Tri-RB à 1,4 bar et (a) à 700 °C et (b) à 800 °C, rapport molaire du
mélange de départ CH4/CO2/H2O/O2=1/0,67/0,9/0,1
Figure 117 : Profils ATG, DTG des catalyseurs usés après Tri-RB à 1,4 bar, rapport molaire du mélange de
départ CH4/CO2/H2O/O2=1/0,67/0,9/0,1 et à 700 °C (a), 800 °C (b)
La Figure 118 montre les courbes TOF moyen de CH4 et de CO2 qui illustrent à nouveau l’impact
important de la température de réaction sur le Tri-RB pour la transformation du méthane, mais aussi
pour la transformation du dioxyde de carbone. Finalement, la Figure 119 montre que le bilan de matière
est presque parfaitement bouclé à 800 °C ce qui illustre la pertinence de l’identification et la
quantification des produits de la réaction.
Chapitre 5 : Performance catalytique des catalyseurs à base de nickel dans le tri-reformage 165
Figure 118 : TOF moyen de CH4 (a) et de CO2 (b) obtenu avec le catalyseur 5Ni/HAP1,67 en Tri-RB à 1,4
bar, au rapport molaire du mélange de départ CH4/CO2/H2O/O2=1/0,67/0,9/0,1 et aux différentes
températures de réaction
Figure 119 : Bilan de matière obtenu avec le catalyseur 5Ni/HAP1,67 en Tri-RB à 800 °C, 1,4 bar, au
rapport molaire du mélange de départ CH4/CO2/H2O/O2 = 1,0/0,67/0,9/0,1
L’analyse MET-EDX des catalyseurs usés a été réalisé. Après le test à 700 °C, l’analyse MET a
permis de repérer des filaments de carbone sur la surface du catalyseur (Figure 105). Après le test à 800
°C, l’analyse MET montre que le carbone solide est absent comme illustré par la Figure 120 a. L’analyse
Chapitre 5 : Performance catalytique des catalyseurs à base de nickel dans le tri-reformage 166
EDX sur la surface des particules de support (illustration par la Figure 120 b) et sur les particules de
nickel (illustration par la Figure 120 c) confirme l’absence du carbone.
Figure 120 : Images MET du catalyseur usé après Tri-RB à 1,4 bar, CH4/CO2/H2O/O2=1/0,67/0,9/0,1
et à 800 °C et résultats EDX
Chapitre 5 : Performance catalytique des catalyseurs à base de nickel dans le tri-reformage 167
L’influence de la température de réaction sur l’évolution de la taille des particules à base de nickel
est montrée sur la Figure 121. Après les tests catalytiques, une nouvelle population de particules de taille
de 80-90 nm à 170-180 nm a été formée et elle est plus importante après le test à 800 °C qu’après le test
à 700 °C. Cela met en évidence que le frittage thermique a eu lieu ce qui explique la légère désactivation
catalytique du catalyseur.
Figure 121 : Distribution de taille des particules à base de nickel des catalyseurs frais et usés après le Tri-RB à
700-800 °C avec une composition de gaz à l’entrée CH4/CO2/H2O/O2=1/0,67/0,9/0,1
5.5. Conclusions
Dans ce chapitre, le procédé Tri-RB a été étudié utilisant le catalyseur 5Ni/HAP1,67. L’influence
du rapport molaire S/C et O/C et de la température de réaction a été investiguée.
Pour le bi-reformage du biogaz (BRB) qui représente le reformage d’un biogaz sans oxygène, le
rapport molaire S/C joue un rôle important sur la performance catalytique. L’augmentation du rapport
S/C (de 0,3 à 1,2) entraîne une augmentation significative de la conversion de CH4, mais aussi une
diminution de la conversion de CO2. La diminution de la conversion de CO2 est liée à la compétition
entre le reformage à la vapeur d’eau et le reformage à sec du méthane. Le rapport S/C influe aussi sur
la formation du carbone solide. Au rapport S/C=0,3, le carbone solide du type Cβ et Cγ est formé, alors
qu’aux rapports S/C ≥ 0,6, seul le carbone solide du type Cγ est présent. Le rapport S/C permet aussi de
contrôler le rapport H2/CO entre 1,5 à 2, ce qui n’est pas le cas du procédé RSB.
L’influence du rapport molaire S/C (0,6 et 0,9) dans le tri-reformage a été étudiée à 700 °C et à 1,4
bar avec un mélange de gaz d’entrée dont le rapport molaire est de CH4/CO2/O2 =1,0/0,67/0,1.
L’augmentation du rapport S/C de 0,6 à 0,9 entraîne une augmentation de la conversion de CH4, et une
augmentation de la production de H2 et de CO. Par contre, une diminution de la conversion de CO2 a
été observé. Aux conditions employées, la formation du carbone solide et le frittage thermique des
particules à base de nickel ont lieu, causant une désactivation catalytique légère.
Pour le Tri-RB, qui représente le reformage d’un biogaz contenant de l’oxygène, l’impact de la
teneur en oxygène a été étudié à 700 °C et 1,4 bar en variant le rapport O/C de zéro à 0,1 et en fixant le
rapport molaire de la charge d’entrée CH4/CO2/H2O/N2=1,0/1,1/0,6/0,5. Dans cette étude, la
concentration de l’oxygène est inférieure de 5% (en mole). L’augmentation de la concentration de
l’oxygène de départ entraîne un effet positif sur la conversion de CH4 mais négatif sur la conversion de
Chapitre 5 : Performance catalytique des catalyseurs à base de nickel dans le tri-reformage 168
CO2. Cela est dû à la compétition entre les trois agents oxydants pour reformer le méthane. L’ajout
d’oxygène contribue surtout à une diminution de la formation du carbone solide.
Finalement, le Tri-RB a été réalisé à 700 et 800 °C avec un mélange ayant le rapport molaire
CH4/CO2/H2O/O2 = 1,0/0,67/0,9/0,1. L’augmentation de la température de réaction de 700 à 800 °C
entraîne une augmentation importante de conversion de CH4 et de CO2, et surtout une amélioration de
la stabilité catalytique. En effet, à 800 °C, le carbone solide est pratiquement éliminé ce qui contribue
fortement à diminuer la désactivation catalytique. Cette dernière est plutôt liée au grossissement des
particules à base de nickel qui reste à optimiser, en améliorant l’interaction métal-support par exemple.
A l’issu de cette étude, il apparaît que le tri-reformage est efficace pour convertir le biogaz en gaz
de synthèse. Le problème de la formation de coke, qui est la raison principale de la désactivation
catalytique rencontrée en RSB a été résolu. Pour confirmer ces résultats catalytiques en vue d’un futur
déploiement à l’échelle pilote industrielle, des tests de longues durées sont indispensables et font l’objet
d’étude du chapitre 6.
Chapitre 6 : Désactivation catalytique 169
Figure 122 : Activité et stabilité du catalyseur 5Ni/HAP1,67 dans le reformage à sec à 700 °C et 1,4 bar
pendant 150 h de réaction. Conditions de réaction : WHSV = 17,2 L.gcat-1.h-1, rapport molaire de départ
CH4/CO2=1,0/1,1
Les résultats obtenus pendant 150 h de test confirment donc la désactivation catalytique du
catalyseur 5Ni/HAP1,67 en RSB. La stabilité n’a pas pu être établie après un long temps de réaction.
Comme observé précédemment, cette désactivation devrait être liée à la formation du carbone solide qui
peut encapsuler des sites actifs, au frittage thermique, et possiblement à la ré-oxydation des sites actifs.
La formation du carbone solide pendant la réaction de reformage à sec du méthane a été confirmé par
l’analyse ATG (Figure 123). La perte de masse principale aux alentours de 630 °C vient de la
combustion du carbone solide du type Cv et possiblement du type Cβ. Un petit gain de masse aux
alentours de 500 °C est également observé qui correspond à la ré-oxydation sous air des particules
métalliques de nickel.
Chapitre 6 : Désactivation catalytique 171
Figure 123 : Profils ATG et DTG du catalyseur usé après 150 h de réaction en reformage à sec du méthane à
700 °C. Conditions de réaction : WHSV = 17,2 L.gcat-1.h-1, rapport molaire de départ CH4/CO2=1,0/1,1.
La Figure 124 illustre la présence du carbone solide sur la surface du catalyseur usé. Les particules
à base de nickel peuvent être séparées de la surface du support HAP pour rester au bout des filaments
de carbone dans certains cas, ou encapsulées dans d’autres cas. Les particules encapsulées perdent donc
leur accessibilité aux molécules chimiques et cela cause donc en partie la désactivation catalytique [109].
L’analyse EDX dans la Figure 124 illustre le cas d’une particule de nickel encapsulée par le carbone
solide ; les pics de Ni et de C sont nettement visibles. D’une manière plus globale, la cartographie par
EDX dans la Figure 125 confirme la couverture des particules de nickel par le carbone solide.
Figure 124 : Images MET et exemple d’analyse EDX du catalyseur usé après 150 h de réaction de reformage à
sec à 700 °C, rapport molaire de départ CH4/CO2=1,0/1,1, WHSV 17,2 L.h-1.gcat-1
Chapitre 6 : Désactivation catalytique 172
Figure 125 : Cartographie du catalyseur 5Ni/HAP1,67 après 150 h de réaction en reformage à sec à 700 °C,
rapport molaire de départ CH4/CO2=1,0/1,1, WHSV 17,2 L.h-1.gcat-1
Dans les chapitres précédents, les tests ont été réalisés pendant 50 h de réaction. Une augmentation
légère de la pression totale dans le réacteur a été observée (qui n’a pas été mentionnée). Pour ce test de
150 h, une augmentation non négligeable de la pression totale du réacteur jusqu’à environ 2,4 bar a été
observée. En fait, comme observé dans la Figure 122 (d), le carbone solide est formé tout au long de la
réaction et est donc accumulé au sein du lit catalytique. Cela devrait remplir au fur et à mesure la porosité
du lit de catalyseur qui fait augmenter la perte de charge de celui-ci. L’augmentation de la pression totale
devrait contribuer à une baisse de la conversion de CH4 et CO2 puisqu’elle n’est pas favorable pour la
réaction RSB comme montré dans l’étude thermodynamique. C’est aussi la raison de l’arrêt de la
réaction à 150 h de test au lieu de la maintenir jusqu’à 300 h.
2,5
2
Pression totale (bar)
1,5
0,5
0
0 20 40 60 80 100 120 140 160
Temps (h)
Figure 126 : Pression totale du test de la stabilité du catalyseur en RSB
La Figure 127 montre la distribution de taille des particules de Ni avant et après la réaction de
reformage. La taille des particules de Ni s’étend jusqu’à la classe de 90-100 nm après le test catalytique
à 700 °C, indiquant qu’un frittage thermique a eu lieu. Ce changement contribue aussi à la désactivation
catalytique.
Chapitre 6 : Désactivation catalytique 173
Figure 127 : Distribution de taille des particules à base de nickel du catalyseur avant et après la réaction RSB.
Conditions de réaction : WHSV = 17,2 L.gcat-1.h-1, rapport molaire de départ CH4/CO2=1,0/1.
Figure 128 : Résultats du test de longue durée en Tri-RB. Conditions : 800 °C, rapport molaire du mélange de
départ CH4/CO2/H2O/O2 = 1,0/0,67/0,9/0,1
Pour ce long test, une augmentation progressive de la pression totale a eu lieu. Cette augmentation
est surtout importante vers la 2ème moitié de la réaction (150-300 h). Pour expliquer ce phénomène, la
caractérisation du lit catalytique récupéré après le test est nécessaire.
La Figure 129 montre une photo du catalyseur usé après 300 h de test en Tri-RB. Le mélange
contient des particules d’alumine inerte pour la dilution, et des particules de catalyseur de couleur grise.
Chapitre 6 : Désactivation catalytique 175
Il n’y a pas eu de particules revêtues du carbone solide de couleur noire. Pour confirmer cela, l’analyse
ATG a été réalisée avec le catalyseur usé.
Figure 129 : Catalyseur usé après 300 h de réaction de tri-reformage à 800 °C, rapport molaire de départ
CH4/CO2/H2O/O2 = 1,0/0,67/0,9/0,1
Sur la Figure 130, une première perte de masse est observée entre 30 et 200 °C qui peut être due
au départ d’humidité ou à la déshydratation des espèces d’hydrogénophosphates (HPO42-) résultant du
contact d’HAP avec la vapeur d’eau pendant la réaction de reformage. Ensuite, un gain de masse est
observé entre 330 et 500 °C, qui est lié à la ré-oxydation des particules à base de nickel [184]. Il n’y a
pratiquement pas de perte de masse due à la combustion du carbone solide. Cela confirme l’absence du
carbone solide dans le catalyseur usé. L’augmentation de la perte de charge dans le réacteur pendant le
temps de réaction n’a donc pas été due à l’accumulation du carbone solide dans le lit de catalyseur
(Figure 128 (f)).
100
ATG (%) DTG (%/°C) 0,009
99 0,007
0,005
DTG (%/°C)
98
ATG (%)
0,003
97 0,001
-0,001
96
-0,003
95 -0,005
30 130230330430530630730830930
Température (°C)
Figure 130 : Profils ATG, DTG du catalyseur 5Ni/HAP1,67 après 300 h de réaction en tri-reformage à 800 °C
pour illustrer le frittage des grains d’HAP, conditions du test : rapport molaire de départ CH4/CO2/H2O/O2 =
1,0/0,67/0,9/0,1
Chapitre 6 : Désactivation catalytique 176
La Figure 131 montre les images MET du catalyseur usé. Un frittage thermique du support HAP a
eu lieu. Une étude détaillée sur le frittage thermique des différentes HAP a été réalisée par Bailliez et
Nzihou [185]. A 800 °C, le frittage thermique a déjà lieu conduisant à la formation des joints entre les
particules d’HAP adjacentes. Ces joints font grossir les particules d’HAP dans le cas de notre catalyseur
(Figure 131). L’augmentation de la perte de charge du lit de catalyseur pendant le test en Tri-RB pourrait
être liée au frittage thermique des particules de HAP. Les travaux précédents de Rêgo de Vasconcelos
ont mis en évidence l’efficacité du prétraitement thermique des supports HAP commerciaux par
calcination sous air à 1200 °C pendant 5 h avant le dépôt de nickel par imprégnation à sec [186]. Les
catalyseurs préparés sur les HAP frittées sont actifs et ne subissent plus de frittage thermique et
deviennent donc plus stables
Figure 131 : Images MET du catalyseur usé après 300 h de réaction en tri-reformage à 800 °C, rapport molaire
de départ CH4/CO2/H2O/O2 = 1,0/0,67/0,9/0,1
La Figure 132 compare la distribution de taille des particules à base de nickel du catalyseur frais et
du catalyseur usé après 300 h de réaction en Tri-RB. Les conditions sévères de Tri-RB (température
élevée sous atmosphère oxydante de la vapeur d’eau, de CO2 et O2) conduisent à un frittage thermique
des nanoparticules à base de nickel. Après la réaction, une nouvelle population de particules de tailles
importantes entre 80-90 et 190-200 nm a été formée. Cela confirme les constats dans la section 5.2.2.3
pour ce même catalyseur. Ce résultat est aussi en accord avec la littérature [181]. La présence de la
vapeur d’eau dans le système catalytique accélère la vitesse de frittage des sites actifs et du support.
Chapitre 6 : Désactivation catalytique 177
30
20
Distribution (%)
15
10
Figure 132 : Distribution de taille des particules à base de nickel du catalyseur frais et du catalyseur usé après
300 h de test catalytique en Tri-RB
Figure 133 : Résultats du test de régénération catalytique en reformage à sec du méthane à 700 °C, rapport
molaire de départ CH4/CO2 =1,0/1,1 ; WHSV = 17,2 L.gcat-1.h-1 : (a) Conversions de CH4 et de CO2 ; (b) :
Sélectivité en CO et H2 ; (c) : rapport molaire H2/CO ; (d) : sélectivité en eau et carbone solide
Pour le premier cycle, les conversions de CH4 et de CO2 diminuent significativement de 58,1 à 36,5
% et de 56,1 à 47,5 % pendant les 2 premières heures de réaction, respectivement. La conversion initiale
de CH4 est plus importante que la conversion de CO2. Cela peut être expliqué par le craquage du méthane
en H2. Cependant, la conversion de CH4 diminue rapidement et devient inférieure à la conversion de
CO2. Cela est expliqué par l’effet de la réaction RWGS qui transforme CO2 et H2 en CO et H2O. Cela
est observé clairement sur l’évolution de H2 (Figure 133 b). La sélectivité en H2 augmente pendant
quelques premières minutes en raison du craquage du méthane, puis elle baisse rapidement en raison de
la réaction RWGS. Par conséquent, le rapport molaire H2/CO diminue significativement de 1,06 à 0,65
pendant les 2 premières heures ( Figure 133 (c)). Après 2h de réaction, l’activité du catalyseur est stable.
Entre 2 et 24 h de réaction, les conversions de CH4 et de CO2 diminuent légèrement de 36,5 à 34% et de
47,5 à 44,5% respectivement. Les sélectivités de H2 et de CO sont aussi stables autour de 68 et 75%
Chapitre 6 : Désactivation catalytique 179
respectivement pendant le 1er cycle. Les sélectivités en carbone solide et en eau (Figure 133 d) sont
également stables autour de 12 % pendant 24 h de réaction.
Le catalyseur usé du cycle 1 devrait contenir une quantité non négligeable de carbone solide. Ce
carbone solide a été éliminé par la combustion sous 1%O2/N2. Puis le catalyseur a été réactivé par une
réduction in-situ sous 10%H2/N2. Après la 1ère régénération catalytique, le catalyseur a pu récupérer une
bonne partie de son activité catalytique initiale (conversion du méthane égale à 56% comparé à 58,1%).
Cette légère diminution de la performance catalytique indique la présence de la désactivation catalytique
irréversible par frittage thermique du catalyseur. Ce résultat a été observé dans l’étude de Rêgo de
Vasconcelos et al. [187]. Comme observé pour le catalyseur frais pendant le 1er cycle, l’activité du
catalyseur régénéré baisse rapidement avant de devenir stable pendant le 2 ème cycle. Le comportement
catalytique du catalyseur est similaire pendant les deux cycles 1 et 2. Une augmentation progressive de
la pression a également été observé. Au bout de 48 h de réaction, le catalyseur a été régénéré une 2 ème
fois. Le même comportement catalytique a été observé. Par contre, la pression totale dans le réacteur
augmente rapidement à 7 bar pendant les premières minutes du 3ème cycle. Il est possible que cette
montée en pression soit liée à l’accumulation du carbone solide. La Figure 134 illustre la formation du
carbone solide sur la surface du catalyseur récupéré en fin de ce test, ainsi que le frittage thermique des
grains du support HAP. La réaction a été arrêtée en raison de la sécurité.
Figure 134 : Images MET du catalyseur usé après le test de régénération en RSB
RSB
𝑚𝑜𝑦𝑒𝑛 𝑚𝑜𝑦𝑒𝑛
T 𝑇𝑂𝐹𝐶𝐻4 (h-1) 𝑇𝑂𝐹𝐶𝑂2 (h-1)
%Ni P totale QCH4/entrée QCO2/entrée QH2O/entrée QO2/entrée SH2, SCO, SH2O, SCs,
Catalyseur réaction (initial-fin) (initial-fin) Référence
(massique) (bar) (mL/min) (mL/min) (mL/min) (mL/min) % % % %
(°C) pendant (x) h pendant (x) h
Ni/HAP1,67 3,96 700 1,7 54 54 0 0 350-250 (50) 413-323 (50) 80 82 7 10 Notre étude
Ni/HAP1,67 3,96 700 1,7 18 18 0 0 275-218 (50) 290-255 (50) 95 88 5 5 Notre étude
Tri-RB
Ni/HAP1,67 3,96 700 1,5 45 30 0,03 4,5 308-283 (50) 65-24 (50) - - - - Notre étude
Chapitre 6 : Désactivation catalytique 182
Ni/HAP1,67 3,96 800 1,5 45 30 0,03 4,5 411-388 (50) 115-99 (50) - - - - Notre étude
Ni/ZrO2 HT 4,8 800 1 15,4 3,1 0,005 3,1 734-734 (100) 146-146 (100) - - - - [191]
Ni/ZrO2 Ipm 4,8 800 1 15,4 3,1 0,005 3,1 711-139 (25) 142-29 (25) - - - - [191]
Ni/β-SiC 3,9 800 1 3,59 4,12 1,39 2,11 429-398 (4) 61-12(4) - - - - [197]
Ni@SiO2 11 750 1 25 12,5 0,01 2,5 118-118 (4) 38-38 (4) [198]
Ni-La/CeO2 10
5 800 123,8 56,9 0,042 12,4 687,6 285,0 100 - - [53]
(10%La) 1 0
HAP : hydroxyapatite ; HT : hydrothermal ; Ipm : méthode d’imprégnation à sec
Chapitre 6 : Désactivation catalytique 183
6.5. Conclusions
Ce chapitre est consacré à l’étude sur la stabilité et la régénération du catalyseur dans le reformage
du méthane. Pour l’étude sur la stabilité catalytique, des tests de longue durée (150-300 h) ont été réalisés
en reformage à sec et en tri-reformage du biogaz. Le catalyseur 5Ni/HAP1,67, sélectionné pour cette
étude, a montré une stabilité moyenne en RSB. Après 150 h de réaction, les conversions en méthane et
en dioxyde de carbone n’ont pas encore atteint la stabilité. Par contre, ce même catalyseur a montré une
bonne stabilité en Tri-RB. Cela est expliqué par une bonne résistance à la formation du carbone solide
sous les conditions du Tri-RB. Toutefois, le frittage thermique du support HAP a eu lieu à 800 °C
conduisant à une augmentation importante de la perte de charge dans le réacteur. Un prétraitement
thermique du support est donc recommandé pour éviter ce frittage thermique.
L’étude de régénération catalytique a été effectuée en RSB dans lequel le carbone solide est formé.
La combustion sous oxygène dilué dans l’azote est efficace pour éliminer le carbone solide. Toutefois,
sous les contraintes thermodynamiques du procédé RSB, le carbone solide est rapidement formé en
l’espace de moins d’une heure et cause une désactivation catalytique rapide du catalyseur.
L’accumulation du carbone solide est le frittage thermique du support HAP, conduisant à une
augmentation rapide de la perte de charge dans le réacteur, constitue encore un véritable défi en RSB.
La comparaison de nos catalyseurs avec ceux indiqués dans la littérature montre que les catalyseurs
Ni/HAP se trouvent parmi les catalyseurs efficaces en reformage du méthane. Des possibilités
d’optimisation existent pour rendre ces catalyseurs encore plus efficaces, en réduisant la taille des
particules à base de nickel.
184
Conclusions générales
Ce travail de thèse fait partie du projet VABHYOGAZ3 (2016-2020). Ce projet est financé par
l’ADEME et a pour objectif global de déployer des premières unités industrielles de production et de
distribution d’hydrogène liquide pour la mobilité dans le département du Tarn. L’objectif de ce travail
de thèse est d’élaborer, de caractériser et de mettre en œuvre un catalyseur à base d’hydroxyapatite pour
le reformage du biogaz en vue de la production d’hydrogène vert. Les conclusions principales de la
thèse sont les suivantes :
❖ La production d’hydrogène vert via le reformage catalytique du biogaz est une voie
prometteuse mais nécessite une amélioration pour optimiser la consommation
énergétique ; cela peut être réalisé en développant de nouveaux catalyseurs performants.
L’étude bibliographique montre que la valorisation du biogaz en produits à valeur ajoutée tels que
l’hydrogène apparaît comme une des voies intéressantes. L’hydrogène est encore principalement produit
par le reformage à la vapeur d’eau (vaporeformage) des hydrocarbures comme le gaz naturel et le
charbon. Il est possible d’adapter le procédé de vaporeformage du gaz naturel pour le reformage du
biogaz comme démontré lors du projet VABHYOHAZ2 conduisant à une unité de production de 10 kg
d’hydrogène liquide par jour. Cependant, c’est un procédé énergivore. Le reformage à sec et le tri-
reformage sont identifiés comme les solutions alternatives au vaporeformage. Le premier consiste à
reformer le méthane par le dioxyde de carbone, alors que le deuxième utilise simultanément la vapeur
d’eau, le dioxyde de carbone et l’oxygène pour reformer le méthane. Ces deux voies sont encore étudiées
à l’échelle laboratoire, en particulier en ce qui concerne le développement d’un catalyseur performant
qui est actif, sélectif et stable sous les conditions sévères du reformage. L’hydroxyapatite est identifiée
comme un nouveau support non conventionnel en catalyse hétérogène et qui est prometteur pour
concevoir ce type de catalyseur.
❖ Le reformage du méthane est favorisé à haute température et à faible pression ; la
formation des sous-produits non désirés (carbone solide et eau) et la valeur du rapport
molaire H2/CO dépendent fortement des conditions opératoires.
L’étude thermodynamique montre qu’en général, le procédé de reformage du biogaz est un procédé
endothermique et qu’il est favorisé à haute température (plus de 750 °C) et à faible pression (autour de
la pression atmosphérique). Pour le reformage à sec du biogaz (RSB), un rapport stœchiométrique de
CH4/CO2 ou un excès de CO2 et une température élevée (950 °C) sont nécessaire pour limiter la
formation des sous-produits comme le carbone solide et l’eau. L’ajout de vapeur d’eau au mélange de
CH4 et CO2 conduit au procédé de bi-reformage, ce qui peut limiter la formation de carbone solide et
permet d’augmenter le rapport molaire H2/CO du syngas obtenu. Particulièrement, le tri-reformage, qui
utilise simultanément les trois agents oxydants, CO2, H2O et O2, permet d’améliorer davantage la
performance du procédé. La conversion de CH4 peut atteindre des valeurs élevées aux températures
modérées (plus de 90% à 700 °C avec les rapports molaires de H2O/CH4 de 0,5, et de O2/CH4 de 0,1),
tout en limitant la formation du carbone solide. Le rapport molaire H2/CO peut atteindre des valeurs
élevées (autour de 1,8) qui est favorable pour la production d’hydrogène.
❖ Les conditions opératoires choisies par les partenaires industriels du projet
VABHYOGAZ3 pour l’unité de production de démonstration peuvent être encore
optimisées.
Conclusions générales 186
L’analyse du pincement (Pinch analysis) permet de comparer les bilans de matière et énergétique
des procédés globaux de production d’hydrogène. Cinq différents scénarii de reformage à sec et de tri-
reformage avec ou sans recyclage du gaz de purge (fraction issue de l’unité de séparation par PSA) ont
été étudiés. Le choix de ces scénarii se base sur les résultats de l’étude thermodynamique et sur les
retours des partenaires industriels lors de la phase 2 du programme VABHYOGAZ. Parmi les cas
étudiés, le tri-reformage avec le recyclage de 30% du gaz de purge (Tri-RB0,3C) a été trouvé plus
compétitif par rapport au procédé industriel (BRB) utilisé par notre partenaire industriel pour l’unité de
production de 10 kg d’hydrogène/jour.
❖ Les particules de supports à base d’hydroxyapatite de taille contrôlée avec ou sans
substitution au Mg (Mg_HAP et HAP, respectivement) ont pu être synthétisées ; le dépôt
de nickel comme phase active sur ces supports par imprégnation à sec permet d’obtenir
des nanoparticules de nickel dans une large gamme de 14 à 120 nm.
Les supports HAP et Mg_HAP ont été synthétisés par la co-précipitation à partir de nitrate de
calcium (Ca(NO3)2∙4H2O) et de phosphate d’ammonium monobasique (NH4H2PO4). Différents supports
ayant des rapports molaires de Ca/P et (Ca+Mg)/P ont été obtenus. La variation de ces rapports molaires
permet d’accéder aux propriétés acido-basiques variées. Tous les supports HAP ainsi que 0,1Mg_HAP
gardent la structure apatitique. Par contre, pour 0,3Mg_HAP et 0,5Mg_HAP, la phase whitlockite
domine.
Le dépôt de nickel sur les supports HAP et Mg_HAP par imprégnation à sec conduit à la formation
des particules à base de nickel de taille de l’ordre de 14-120 nm. Il est recommandé d’optimiser la taille
des particules de nickel qui est favorable pour le reformage du méthane. Ces nanoparticules sont
réparties de façon relativement homogène sur la surface des supports. L’analyse TPR montre que
l’interaction métal-support est plutôt moyenne sur les supports de structure apatitique (HAP et
0,1Mg_HAP) ; cette interaction est plutôt forte sur les supports du type whitlockite (0,3Mg_HAP et
0,5Mg_HAP).
❖ Le reformage à sec du méthane est fortement influencé par les conditions opératoires et la
nature des catalyseurs au nickel supporté sur les supports HAP ou Mg_HAP.
Les catalyseurs à base de nickel supporté sur les supports HAP et Mg_HAP ont été testés dans le
reformage à sec du méthane à 700-800 °C et 1-15 bars. Les résultats expérimentaux confirment les
résultats de l’étude thermodynamique : le reformage à sec du méthane est favorisé par la haute
température et la basse pression.
L’augmentation du rapport molaire Ca/P permet d’obtenir des conversions plus élevées du
méthane. Au contraire, cette augmentation n’est pas favorable pour la stabilité du catalyseur. Il est donc
recommandé de travailler avec des supports HAP stœchiométriques ou légèrement déficitaires en
calcium. La substitution partielle de Ca par Mg n’a pas conduit à une amélioration nette des
performances catalytiques. Toutefois, dans certains cas, cette substitution permet une amélioration de la
stabilité catalytique. Le catalyseur 5Ni/HAP1,67 a été identifié comme un des meilleurs catalyseurs
développés.
Les résultats expérimentaux confirment aussi la formation inévitable du carbone solide dans le
reformage à sec du méthane à 700 °C (pour un mélange équimolaire de CH4 et CO2). Ce carbone solide
peut être éliminé par combustion avec de l’oxygène mais sous les conditions du reformage à sec, le
carbone solide réapparaît rapidement. La formation du carbone solide combinée avec l’augmentation de
la taille des particules à base de nickel conduit à une désactivation en continu du catalyseur pendant 150
h de test.
Conclusions générales 187
❖ L’étude comparative sous les mêmes conditions opératoires montre que les catalyseurs
préparés sur les supports HAP synthétiques sont plus actifs que ceux préparés sur les
supports HAP commerciaux. Le tri-reformage du méthane dépend aussi des conditions
opératoires et de la nature des catalyseurs au nickel supportés sur les supports HAP ou
Mg_HAP.
Le procédé Tri-RB a été étudié en utilisant le catalyseur 5Ni/HAP1,67. L’ajout de l’oxygène et de
la vapeur d’eau au mélange de méthane et de dioxyde de carbone permet d’augmenter la conversion du
méthane et la production du syngas. Au contraire, la conversion du dioxyde de carbone baisse car
l’oxygène et la vapeur d’eau participent aussi au reformage.
A 700 °C et pour les différents mélanges de départ étudiés, le carbone solide est encore formé en
quantités non négligeables. L’augmentation de la température de réaction à 800 °C permet de limiter
considérablement la formation du carbone solide. L’activité et la sélectivité du catalyseur 5Ni/HAP1,67
semblent stables pendant 300 h de test, ce qui n’est pas le cas du reformage à sec. Le rapport H2/CO
peut aussi être obtenu entre 1,5 à 2, qui est favorable pour la production d’hydrogène.
Perspectives
Les résultats de ce travail de thèse peuvent être complétés par les études supplémentaires suivantes :
• Optimisation de la taille des particules de nickel. L’imprégnation à sec est une méthode
standard dans la préparation des catalyseurs métalliques supportés. Dans le cas des
catalyseurs préparés dans le cadre de cette thèse, la taille des particules de nickel est encore
assez grande (14-120 nm). D’autres méthodes de préparation telles que la synthèse
hydrothermale [191] ou l’utilisation des réducteurs en solutions (NaBH4) [199],
cyclodextrine [200]) ou des surfactants pourraient permettre l’obtention de particules de
nickel plus petites qui sont favorables pour le reformage du méthane.
• Le test de longue durée (300 h) en Tri-RB a indiqué une augmentation en continu de la
perte de charge lié probablement à un frittage thermique du support HAP. Un prétraitement
thermique est donc nécessaire pour éviter ce problème, tout en conservant les propriétés
physico-chimiques nécessaires pour un support catalytique.
• Une stabilité catalytique a été démontré sur le catalyseur à partir de nickel sur HAP
déficient en calcium en RSB. Une étude de la performance catalytique de ce catalyseur en
Tri-RB est donc nécessaire de mise en œuvre.
• La thermique du procédé pourrait aussi faire l’objet d’une attention particulière. En effet,
le suivi du profil de température au sein du réacteur, compte-tenu de la forte endothermicité
du reformage du méthane serait un élément important dans la compréhension des processus
mis en œuvre.
Publications 188
Publications
1. Congrès international : Le 4ème congrès international sur la catalyse pour les bioraffineries
(CATBior 2017), Lyon, France, présentation par affiche.
2. Congrès international : Le 7ème congrès international sur l’ingénierie pour la valorisation des
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Références bibliographiques 189
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Trans., vol. 41, no 43, p. 13359, 2012, doi: 10.1039/c2dt31596c.
Annexes 203
ANNEXES
Annexe 1 : Impact du WHSV sur la performance catalytique des catalyseurs de Ni/HAP1,55 : conversion de
CH4 (a), conversion de CO2 (b), sélectivité de H2 (c), sélectivité de CO (d), sélectivité de H2O (e) et sélectivité
en carbone solide (f)
Annexes 204