Cese Autoemploi
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Cese Autoemploi
développement et d’intégration
du secteur informel
www.cese.ma
Conseil Economique, Social et Environnemental
L’auto-entreprise, levier de
développement et d’intégration
du secteur informel
L’auto-entreprise, levier de
développement et d’intégration
du secteur informel
Rapport préparé par :
ISBN : 978-9954-635-35-3
ISSN : 2335-9234
Impression : Canaprint
8
L’auto-entreprise, levier de développement et d’intégration du secteur informel
Sommaire
Synthèse .....................................................................................................................................11
Préambule..................................................................................................................................21
Introduction ..............................................................................................................................23
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Conseil Economique, Social et Environnemental
Annexes ....................................................................................................................................109
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L’auto-entreprise, levier de développement et d’intégration du secteur informel
Synthèse
Le CESE s’est penché, durant des mois, sur l’étude de la question de l’auto-emploi
au Maroc, à travers une auto-saisine confiée à la Commission permanente chargée
de l’Emploi et des Relations professionnelles, qui a procédé à un diagnostic de l’état
actuel, avec l’implication de tous les intervenants, des acteurs concernés et de tous
les membres du Conseil. La Commission a adopté une approche internationale
afin d’identifier les expériences les plus efficientes en vue de mettre en place des
programmes pertinents d’appui à l’auto-emploi au Maroc, et ce en adoptant ce qui
serait plus adapté à la réalité marocaine.
L’auto-emploi est considéré comme l’un des principaux mécanismes pour le
développement de l’esprit entrepreneurial grâce à l’auto-initiative, qui comprend à la
fois l’auto-emploi et le travail indépendant. Il s’agit donc d’un moyen à soutenir afin
de lutter contre le phénomène du chômage, vu le nombre important d’emplois qu’il
est susceptible de générer.
La première partie est consacrée à l’auto-emploi et à l’évaluation des
programmes de soutien et des mécanismes d’intégration :
La problématique du chômage, notamment celui des diplômés de l’enseignement
supérieur, est apparue au Maroc, au début des années 1980s. A ce propos, des
initiatives de promotion de l’auto-emploi ont été lancées, dont notamment
le programme « Crédits Jeunes Promoteurs », lancé en 1987, et le programme
« Moukawalati » en 2006, et ce dans le cadre des efforts déployés par l’Etat pour
promouvoir l’emploi, mais sans atteindre des résultats satisfaisants. Le secteur
informel s’est donc largement développé, comme activité alternative susceptible de
générer des revenus et améliorer les conditions de vie.
L’auto-emploi, formel et informel, est conçu comme un mécanisme qui contribue
à réduire le chômage à travers la création de l’auto-entreprenariat. L’auto-emploi a
représenté, en 2014, 32,5% de l’ensemble de la population active occupée contre
29,9 % en 2000, avec une faible représentation des femmes (14,4%). Ces taux sont
variables.
Sous l’effet des changements démographique et social que connait le Maroc, la part
de la population potentiellement active (15-59 ans) est passée de 61,2% en 2004 à
62,4% en 2014. Cette tendance devrait se poursuivre pour atteindre plus de 63% à
l’horizon 2030. Quant à la tranche d’âge 60 ans et plus, sa proportion a augmenté,
passant de 8,1% en 2004 à 9,6% en 2014. Elle devrait atteindre 15,3% en 2030. Le taux
d’urbanisation au Maroc a évolué à un rythme accéléré : il est passé de 29% en 1960
à 60,3% en 2014. Il devrait atteindre 65% à l’horizon 2030.
L’analphabétisme selon les sexes ou le milieu de résidence et les régions a eu un
impact significatif. Il a atteint 32% en 2014 au niveau national, et 60,4% chez les
femmes rurales, tandis que l’indice de pauvreté a connu une tendance baissière entre
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Conseil Economique, Social et Environnemental
2001 et 2014 : le taux de pauvreté extrême au seuil élevé est passé de 15,3% à 4,2% ;
le taux de précarité de 22,8 à 11,5% ; le taux de pauvreté multidimensionnelle de
28,5% (2003) à 6,0%.
L’offre du marché du travail est marqué par une baisse notable du taux d’activité, tous
niveaux confondus. Cette baisse est due essentiellement à l’amélioration de l’indice
de scolarisation chez la tranche d’âge 15-24 ans, et également aux taux élevés du
chômage qui découragent les chercheurs d’emploi et les poussent en fin de compte
à quitter le marché du travail.
Il convient également de noter que 28% des jeunes ne sont ni scolarisés ni intégrés
dans le marché du travail et, de ce fait, ne sont pas considérés comme des chercheurs
d’emploi.
La baisse du taux d’activité chez la population de 15 ans et plus, est due à la transition
démographique que connaît le Maroc. L’effectif de la population potentiellement
active s’est, en effet, accru d’environ 23,9% entre 2000 et 2014, contre 15,7% du
nombre de la population active. Au regard de cette baisse du taux d’activité et de la
hausse de l’indice de dépendance économique, la transition démographique aura un
impact négatif sur le niveau de l’épargne et de l’investissement.
La demande d’emploi est marquée par un taux de féminisation faible, et par une
proportion limitée des diplômés. La plupart de ceux-ci intègrent le secteur de
l’agriculture et celui des services, tandis que la plupart des diplômés de l’enseignement
supérieur intègrent le secteur des services et de l’administration publique. Le marché
du travail est marqué par une faible promotion du travail décent. En effet, 80,2% de la
population active occupée ne bénéficie d’aucune couverture médicale, et 62,4% des
salariés ne disposent pas d’un contrat de travail, sans oublier que 73,6% de la main-
d’œuvre féminine en milieu rural travaille au foyer et est responsable parfois de deux
familles. A noter qu’il s’agit d’un travail non-rémunéré.
S’agissant de la formation, celle-ci ne répond pas aux exigences du marché du
travail. Par ailleurs, les organes d’intermédiation ciblent uniquement les chômeurs
diplômés, notamment ceux de niveau supérieur. D’autre part, leur action ne couvre
pas l’ensemble du territoire national. Bien que le nombre de chômeurs ait baissé
au Maroc entre 2000 et 2014 pour atteindre environ un million de personnes, le
chômage continue d’être un phénomène urbain chronique qui concerne les jeunes,
les femmes et les diplômés de l’enseignement supérieur.
Le secteur de l’auto-emploi a connu une hausse de l’ordre de 18,4% entre 2000 et
2014. Ce taux s’élève parmi les diplômés de niveau supérieur à 94,4% : il a atteint
75,2% parmi les diplômés qui ont eu une formation et/ou une scolarité moyenne. Ce
taux est faible parmi les non diplômés (3,7%).
L’auto-emploi a contribué à la création d’une moyenne annuelle de 56.000 emplois
dans la période allant de 1999 à 2014, dont 50% en milieu rural.
Quant au secteur de l’auto-emploi selon les régions, 10 régions enregistrent un taux
d’auto-emploi plus élevé par rapport à celui enregistré au niveau national. Dans 4
régions, le taux d’auto-emploi dépasse 36%. Les principaux secteurs d’auto-emploi
sont le commerce (68,1%) et le secteur de la réparation (42,5%).
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L’auto-entreprise, levier de développement et d’intégration du secteur informel
été retenus lors de la première phase et 5400 lors de la phase finale sur un total de
14300 demandes déposées. Quant au financement bancaire garanti par l’Etat, 50%
des projets en ont bénéficié, avec un taux d’impayés à hauteur de 20%. Cependant,
même si ce taux de difficultés de remboursement reste faible, le nombre de projets
ayant bénéficié du financement bancaire a connu un recul, passant de 520 projets en
2009 à 35 seulement en 2013.
Selon les données disponibles sur la répartition des projets, le secteur des services
arrive en tête (39%), suivi de l’agriculture (27%), de l’industrie (21%), du BTP (5%),
de l’artisanat et du commerce (respectivement 3% et 2%) et enfin le secteur du
tourisme (2%).
Quant à la répartition des projets retenus selon le type de diplôme obtenu par les
porteurs de projets, les licenciés arrivent en tête des bénéficiaires (39%), suivis des
lauréats de la formation professionnelle (32%), des titulaires du baccalauréat (11%) et
des diplômés du troisième cycle universitaire (Master et équivalent) (8%). A noter que
70% des porteurs de projets sont de sexe masculin.
Parmi les difficultés qui ont pesé sur le programme Moukawalati, citons l’insuffisance
aux niveaux de l’accompagnement, de la formation et des qualifications des
formateurs, ainsi qu’une insuffisance en termes de coordination et de traitement
informatique des données.
Ces difficultés pourraient s’expliquer par le manque d’expérience chez une grande
partie des responsables des guichets Moukawalati, notamment en ce qui concerne
la préparation des dossiers de crédit, la phase de financement par les banques et
les défaillances du système informatique. En effet, un manque d’informations sur
le programme a été relevé au niveau des agences bancaires. Ont été également
constatées des difficultés relatives à la compréhension des procédures de la gestion
du programme et à l’échange d’informations entre les banques et la Caisse Centrale
de Garantie sur l’application des dispositions et des procédures relatives à l’octroi des
crédits et des avances.
D’autres difficultés ont entravé la réussite du programme, telles que le manque
d’intérêt des banques à ce produit, le faible esprit entrepreneurial chez les porteurs
de projets, qui considèrent cette initiative comme une forme d’assistance sociale ; des
comités régionaux qui ne sont pas activés ; une absence de pilotage et un manque
en matière d’expertise dans certaines régions.
La nouvelle stratégie nationale de l’emploi (2015-2025) place l’emploi au cœur des
politiques publiques et sectorielles, à travers la création des conditions susceptibles
de générer des emplois décents en nombre suffisant.
La nouvelle stratégie nationale tend à valoriser le capital humain, à améliorer la
gouvernance, et à assurer l’intermédiation au niveau du marché du travail. Elle vise
par ailleurs à remédier à l’écart entre l’offre et la demande d’emploi et à renforcer
une dynamique de création d’emplois à même de répondre à la demande sociale
en emploi productif et décent. Cette stratégie vise également à pallier certaines
défaillances : chômage à caractère structurel parmi les jeunes, notamment les
diplômés.
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Préambule
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L’auto-entreprise, levier de développement et d’intégration du secteur informel
Introduction
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peut relever les défis de la mondialisation, ni interagir de manière efficace avec les
changements structurels dans le mode de production résultant de la révolution des
TIC, de la percée de l’innovation technologique dans divers secteurs et l’évolution de
l’économie numérique, participative et environnementale dans plusieurs domaines.
La faiblesse de la structure ainsi que la fragilité de l’entreprise marocaine ont entraîné
l’émergence de secteurs productifs faibles et instables, dominés par l’informel, vu que
les professions exercées ne sont pas réglementées et qu’il est difficile d’en évaluer la
qualité et la rentabilité en l’absence de critères scientifiques pertinents. Ainsi, le point
de départ de la réforme du modèle économique est la modernisation des secteurs
productifs à travers l’organisation et la réglementation des professions.
Afin de relever les défis du progrès et du développement, il est impératif de faire
le point sur les défis de l’initiative et sur le succès de l’entreprise, qui requièrent
que des conditions objectives soient réunies afin de renforcer l’entrepreneuriat et
hisser le niveau des compétences et des capacités dans le respect des tendances
de l’économie et des besoins de l’entreprise, diversifier les partenariats des secteurs
public et privé pour accompagner et qualifier l’entrepreneur tout en lui fournissant
un soutien technique et financier.
La rénovation des politiques sectorielles pourrait contribuer à intégrer les UPI y
afférentes, et ce à travers l’encadrement et la valorisation des compétences acquises, ce
qui aura un impact positif sur le développement desdits secteurs, et particulièrement
s’ils sont associés aux objectifs de développement régionaux et locaux.
Cette association nécessite de coordonner et de mettre en synergie les rôles
des institutions, y compris, les chambres professionnelles, les organisations
professionnelles, les agences spécialisées, les administrations territoriales, ainsi que
les conseils élus, les universités, et les associations afin de soutenir les initiatives
entrepreneuriales au niveau national, régional et local.
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L’auto-entreprise, levier de développement et d’intégration du secteur informel
1 - Le Maroc a enregistré entre 1983 et 1993 un taux de croissance ne dépassant guère 3,1%, avec un recul de
1,8 points par rapport à la période 1972-1982. Le taux d’investissement a également accusé un recul, lors de la même
période (environ 22,4%).
2 - Le Plan de développement économique et social 1981-1985, première partie, ministère du Plan.
3 - Les femmes fonctionnaires au Maroc, enquête et témoignages, Driss Guerraoui, 2002.
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Au niveau institutionnel, une nouvelle loi sur la régionalisation avancée et une loi sur
l’auto-entrepreneur ont été adoptées.
La conjoncture internationale est marquée par l’adoption en septembre 2015
par l’ONU des Objectifs du Développement durable à l’horizon 2030 ; au nombre
de dix-sept, y compris, « la promotion de l’emploi décent, de l’entreprise et de
l’innovation » (Objectif 8).
Il convient de signaler que l’élaboration de ce rapport s’est heurtée à des difficultés,
dont notamment le manque de données mises à jour sur le secteur informel. La
Commission s’est donc référée principalement aux données de l’enquête nationale
réalisée par le HCP en 2006/2007.
26
106,6
91,7
63,9
L’auto-entreprise,
58,4 levier
55,1 de développement et d’intégration du secteur informel
33,3 50,9
40,2
25,1 14,9
14,9 13,1
106,6
63,9
91,7 55,1 58,4
50,9
40,2 33,3
14,9 13,1 14,9 25,1
Source : HCP
7 - L’indice de dépendance rapporte la catégorie potentiellement active à la somme de la tranche d’âge de moins de
15 ans et de la tranche d’âge de 60 et plus.
8 - Note de présentation des premiers résultats du RGPH 2014, HCP.
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Conseil Economique, Social et Environnemental
Source : RGPH 1960-2014. Rapport national sur les Objectifs du Millénaire de 2012, HCP
L’indice de pauvreté, évalué selon divers critères de mesure9, a suivi une trajectoire
descendante entre 2001 et 2011:
• Le taux de pauvreté extrême au seuil élevé : de 15,3% à 4,2% ;
• Taux de précarité : de 22,8 à 11,5% ;
• Taux de pauvreté multidimensionnelle : de 28.5% (2003) à 6,0%
85% de pauvres et 64% de la population en situation précaire vivent en milieu rural
qui abrite 40% de la population du pays.
Par ailleurs, le Maroc connaît des taux faibles d’assainissement. De grandes disparités
selon le milieu de résidence et les régions persistent. Ces taux sont de l’ordre de
59,2% au niveau national, 88,5 en milieu urbain contre 2,8% en milieu rural.
La situation s’est aggravée au Maroc par un pourcentage élevé de la population
vivant dans des logements insalubres : 5,6% au niveau national, 10,8% dans la région
Casablanca-Settat, 6,6% dans la région Marrakech-Safi et 5,9% dans la région Rabat-
Salé-Kenitra. La problématique de l’habitat insalubre est d’autant plus importante que
près de 700.000 habitants (soit 169.000 ménages), y vivent, soit plus de la population
de la préfecture de Rabat (recensement de 2014).
9 - Rapport national sur les Objectifs du Millénaire pour le développement 2015, HCP.
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L’auto-entreprise, levier de développement et d’intégration du secteur informel
Les effets de ces indicateurs sur le marché du travail au Maroc et sur les variations
des taux du chômage ne sont plus à démontrer. Ils devraient par ailleurs être pris en
compte lors de l’élaboration de toute politique nationale en la matière.
.. L’impact de l’évolution de la population sur le marché du travail
au Maroc
La baisse des taux d’activité au Maroc s’explique, en partie, par l’amélioration du
niveau d’études des jeunes et les difficultés d’accès à l’emploi pour les jeunes non
diplômés. Même s’il enregistre un recul, le chômage demeure élevé chez les jeunes
diplômés, notamment en milieu urbain.
1.2.1. Les caractéristiques de l’offre d’emploi au Maroc
L’offre d’emploi au Maroc est marqué par un certain nombre de caractéristiques,
dont l’effectif important de la population active (15 ans et plus) qui est passé, selon
les données de l’HCP, de 10,3 millions de personnes en 2003 à 11,8 millions en 2014,
soit un tiers de la population du Maroc. On constate que 47,2% parmi cette catégorie
ont moins de 35 ans en 2014, contre 56% en 2000 ; 6,5% ont plus de 60 ans, contre
6,2% en 2000 ; 58,6% de la population active sont sans diplôme en 2014, contre 68,2%
en 2000. En milieu rural, ces taux s’élèvent respectivement à 79% et 88,7%.
Le taux d’activité accuse un repli continu (de 52,9% à 48%). Il touche toutes les
catégories sociales, notamment les jeunes et les diplômés. Il reste élevé en milieu
rural, même s’il a régressé lors de la même période (de 61,4% en 2000 à 57,2%
en 2014). Selon les régions, un faible taux d’activité a été enregistré dans la région
du Grand Casablanca (42% en 2014). Chez les femmes, ce taux a été de 19% en 2013,
contre 25,1 au niveau national (il n’est pas fait mention des taux d’activité selon le
sexe et les régions dans le rapport du HCP de 2014).
Par rapport à l’étranger, le Maroc connaît un faible taux d’activité des femmes. Il
s’agit d’ailleurs d’un phénomène répandu partout dans le monde arabe, où le taux
d’activité de cette catégorie n’excède guère 24,7% en 2012, contre 57,1 dans des
pays dont l’IDH est élevé, et contre 50,7% qui est le taux moyen mondial10.
L’écart est encore plus flagrant si l’on compare la contribution des femmes à l’activité
économique au Maroc avec celle dans les pays de l’OCDE.
29
( ) ( ) (OCDE) (OCDE)
Evolution du taux d’activité selon le sexe au Maroc et dans les pays de l’OCDE
25
20
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
Source : HCP
30
70
63,7 64,1 64 65
L’auto-entreprise, levier de développement et d’intégration du secteur informel
de 52,7% du nombre de ceux ayant un niveau d’études supérieur, ce qui s’est traduit
par une hausse du taux d’activité de 15,7% au niveau national.
L’évolution du taux d’activité est due, par ailleurs, à la transition démographique que
connaît le Maroc. L’effectif de la population potentiellement active s’est en effet accru
d’environ 23,9% entre 2000 et 2014, contre 15,7% de l’effectif global de la population
active.
Avec la hausse de l’indice de dépendance11 et la baisse du taux d’activité, la transition
démographique affecte négativement le niveau d’épargne et d’investissement.
Selon les données du HCP, cet indice a connu, pendant les dix dernières années, une
hausse continue, passant de 100 actifs occupés en 2005, sur 195 chômeurs ou actifs
inoccupés, à 210 en 2014.
Par rapport à l’étranger, l’étendue de la corrélation entre l’évolution des taux d’activité
et du chômage et l’indice de dépendance économique est clairement ressentie. Ce
dernier est passé, lors de la même période de 137 à 140 en France et de 127 à 103 en
Allemagne.
Evolution de l’indice de dépendance économique, des taux
d’activité et du chômage au Maroc et dans d’autres pays
Allemagne 1,27 1,12 1,03 73,8 76,6 77,7 11,3 7,2 5,1
France 1,37 1,40 1,40 69,9 70,5 71,3 8,1 9,3 9,9
Italie 1,58 1,64 1,71 62,4 62,9 64,9 7,8 8,5 12,9
Mexique 1,65 1,45 1,43 61,9 63,7 63,7 3,6 5,3 5,1
Espagne 1,27 1,49 1,68 71,1 74,6 75,3 9,2 20,0 24,6
Royaume Uni 1,07 1,13 1,08 76,3 76,3 77,6 4,7 7,9 6,4
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Conseil Economique, Social et Environnemental
créés ont bénéficié aux détenteurs d’un diplôme de niveau supérieur, 64% à ceux
ayant un diplôme de niveau d’études moyen et 7,3% au profit des non diplômés.
Cela explique les difficultés que les actifs non diplômés rencontrent sur le marché du
travail marocain.
Evolution des taux de croissance économique et d’emplois
créés annuellement entre 1999 et 2014
350 9
7,8
308 8
300 7,6
300 7
250 6,3
221 5,6
90
6
200 80,9
5,2 5
74,5 4,8 4,8 4,7 80
150 128 3,7 4
3,3 66,1 133
120
70
100 102
3
2,7 105
3 62,8 114 3
96 2,4
60
2
1,6 64
50 45 42
45,1 21
50
1
40,2
0 39,4 1 0
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 35,2
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 40
Emplois créés Taux de croissance 30
23
17,9 20
13,7 13,4
9,3 11
Source : HCP 7,7
10,9 10,5 8,9
4,1 4,9 6,2 3,8 4,7 5,1 10
On constate la faible part des femmes parmi la population active occupée qui 0ne
dépasse pas 27% en 20142000. Plus de 90% de la population active
2000occupée travaille dans
le secteur privé ; 62,8 des actifs occupés
( n’ont
) aucun diplôme (2014) ; 53,3% de cette
dernière catégorie travaille dans le secteur de l’agriculture et 27,9% dans celui des
services ; 82,7 des actifs qui ont un diplôme de niveau supérieur travaillent dans le
secteur des services et 46% dans l’administration publique.
Il ressort de l’analyse des demandes d’emploi selon le niveau d’instruction, la faible
évolution d’accès des actifs occupés non diplômés au marché du travail : 2%
seulement entre 1999 et 2014, contre 73% parmi les diplômés et 20% de l’ensemble
des actifs occupés.
9 350
8 Répartition de la population active occupée, selon
7,8 les secteurs d’activité
308
économique 300
7,6
7 300
90 6,3 250
6
805 80,9 5,6 221
5,2 74,5 200
4,7 4,8 4,8
704 66,1
62,8 3,7 128 150
133
603 114 3 120 3
3,3
105 96 2,7 102 100
2,4
502 45,1 64 1,6 40,2
39,4 45 50
401 35,2 42
21
300 1 0
2014 23 2013 2012 2011 2010 2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 2000
20 17,9
10,5 13,4 10,9 13,7 11 9,3
8,9 6,2 7,7
10 5,1 4,7 3,8 4,9 4,1
0
Urbain Rural Total Urbain Rural Total
2000 2014
Source : HCP
32
L’auto-entreprise, levier de développement et d’intégration du secteur informel
Source : HCP
33
20
0
2013 2000 2013 2000 2013 2000
parmi les diplômés de niveau supérieur contre 92% pour les non diplômés. Les jeunes
de moins de 30 ans sont les plus vulnérables sur le marché du travail; près de 89%
d’entre eux travaillent sans aucune couverture médicale.
Taux de non affiliation des actifs occupés à un système de couverture médicale
120
40
20
0
2000 2013 2000 2013 2000 2013
Urbain Rural Total
Hommes Femmes Jeunes 15-29 ans Total
Source : HCP
0 20 40 60 80 100 120
62,8
Services 83,4
66,4
88,8
BTP 94,5
91,1
57,6
Industrie 78,5
61,6
82,8
Agriculture 98,5
97,2
Source : HCP
Source : HCP
.... Déséquilibre au niveau du marché du travail
L’inadéquation entre la formation et les exigences du marché du travail reste l’une des
caractéristiques du marché de l’emploi au Maroc. Les établissements de formation
ne fournissent pas aux entreprises les compétences dont elles ont besoin ; une
articulation entre les divers rôles complémentaires des établissements de formation
consiste en premier lieu à accompagner l’entreprise afin qu’elle puisse faire face à la
mondialisation et accroitre sa compétitivité.
Par ailleurs, les organes d’intermédiation ciblent uniquement les chômeurs diplômés,
notamment ceux de niveau supérieur. D’autre part, leur action ne couvre pas
l’ensemble du0 territoire10national.20Poussés 30par le besoin
40
de trouver
50
un60 emploi, 70un
grand nombre de 0,7
chômeurs se voit donc contraint de recourir au secteur informel,
0,7
vu la facilité d’accès
0,7 qui le caractérise. 65,2
51,4
62,4
Cette situation déséquilibrée
2,8
3,5 s’est aggravée en raison de la faible contribution des
3
femmes dans l’activité économique, ce 24,7 qui renforce davantage ce déséquilibre :
34,3
26,6
25,3% seulement en 6,6 2014.
10,2
7,3
35
Conseil Economique, Social et Environnemental
Source : HCP
C’est dire que le marché du travail est marqué par un taux élevé de chômage qui est
désormais un phénomène urbain qui touche notamment les jeunes diplômés de
niveau supérieur et les femmes. Il est parfois de longue durée.
Le chômage selon le sexe, le milieu de résidence et le type de diplôme
70 65,9 62,7
60 26,7 30
50 42,6
40
37,5 21,9 36,4 21,5 25
30,6 31,1
19,9
30 21,9 24
21,2 18,8 20,7
16,8 20
21,1
20 15,5
11,6 10,5 10,3 14,8 11,9
13,6 10 13 13,8 9,8 9,3 10
10 5,8 4,8 8 5,2 2,4
6
2,5 2,4 1,4 2,712,8 5,8 4,4 3,2 5,5 2,4 5,8 3,9 2,8 4,7 4,8 2,4 15
0 9,9 10,4 9,7
Sans diplôme Niveau moyen Niveau supérieur Sans diplôme Niveau moyen Niveau supérieur Sans diplôme 6,5 Niveau moyen Niveau supérieur10
5,5 5
4,2
Urbain
1,8 Rural
1,7 Total 5
15-24 ans 25-34 ans 35-44 ans 45 ans et plus Total
0
que s’effectue
31,1
la recherche d’emploi
36,4
42,6
(respectivement 48,4%
30,6
et 42,8%).
37,5
50
40
21,1 24 20,7 21,2 21,9 30
Un sondage
2,4
10 auprès
15,5
4,8
9,3
16,8
des chômeurs
4,7 2,8 3,9 5,8
9,8
2,4 5,5
sur10le3,2 4,4
type5,8
11,9 d’emploi qu’ils
2,7 1,4 2,4 2,5 6 2,4
10,3 ambitionnent
18,8
5,2
10,5 a11,6montré
8 4,8 5,8
20
10
que 73% préfèrent travailler comme salariés. Cette proportion s’élève parmi0 les
diplômés de niveau supérieur à 86,7%. 8,1% de chômeurs cherchent un emploi
indépendant et 18,6% n’ont pas 24-15 de préférence
34-25 44-35 pour45 un type d’emploi en particulier.
36
L’auto-entreprise, levier de développement et d’intégration du secteur informel
Répartition des chômeurs selon le type d’emploi désiré selon le exe, l’âge et le type de diplôme
100
90 83,8 86,7
Source : HCP
.. Conclusion
Il ressort de l’analyse de la situation du marché du travail qu’il existe plusieurs
facteurs structurels qui influent sur l’évolution de l’effectif de la population active. Ces
facteurs ayant une nature démographique, sociale, économique et institutionnelle
se caractérisent par :
• Une transition démographique accélérée connaissant une augmentation au
niveau du nombre de la population potentiellement active;
• une croissance continue du taux des lauréats des universités, des instituts
supérieurs et de la formation professionnelle ;
• une baisse continue des taux d’activité, en particulier, chez les jeunes diplômés du
niveau supérieur ;
• une persistance du chômage en tant que phénomène urbain, en particulier, chez
les jeunes, les femmes et les diplômés de niveau supérieur ;
• une instabilité du taux de la croissance économique et faiblesse de l’attribution de
la croissance quant à la création des emplois ;
• une forte domination de la précarité dans l’emploi ;
• une régression des chances d’emploi dans le secteur public.
Cette transition démographique a positivement impacté l’indice de dépendance qui
est passé de 106,6% en 1960 à 55,1% en 2014. Il est estimé à 58,1% à l’horizon 2030.
Toutefois, avec la baisse du taux d’activité, la transition démographique affectera
négativement le niveau d’épargne et d’investissement, en plus de la hausse de l’indice
de dépendance. Selon les données du HCP, cet indice a connu une hausse continue
durant les dix dernières années. Par rapport à l’étranger, l’étroite corrélation entre
l’évolution des taux d’activité et du chômage, d’une part et l’indice de la dépendance
économique d’autre part, est clairement ressentie.
Dans cette optique, il résulte de l’analyse de la situation du marché du travail avec
toutes ses composantes, qu’elle souffre de plusieurs défaillances et difficultés qu’il
convient de traiter afin d’instaurer un climat favorable à la promotion de l’emploi
au Maroc. Il s’agit du taux élevé de chômage de longue durée qui concerne plus
37
Conseil Economique, Social et Environnemental
de 61% des actifs chercheurs d’emploi, un taux d’environ 76% des diplômés de
niveau supérieur, ce qui interpelle le rôle des services d’intermédiation, du système
d’éducation et de formation, et du système de production dans l’insertion des lauréats
des instituts et des universités dans le du marché de travail.
La deuxième caractéristique du marché du travail c’est la situation précaire des actifs
occupés, avec la domination du travail indécent. En effet, les actifs disposant d’une
couverture médicale enregistrent un taux très bas (19,8%). Par contre, la part de ceux
ne bénéficiant pas d’un contrat de travail est élevée (62,4%) au même titre que les
taux d’emploi non rémunéré (plus de 70% des femmes actives occupées en milieu
rural).
La troisième caractéristique est de nature institutionnelle. Elle concerne l’inefficience
du cadre macro-économique, des résultats qui ne répondent pas aux objectifs
escomptés de la mise en œuvre des stratégies sectorielles, et l’inadéquation de
l’éducation et de la formation aux besoins du marché du travail.
Parmi les conclusions tirées de l’évaluation des caractéristiques sociodémographiques
au Maroc, on retient :
• La diminution de la part de la tranche d’âge de moins de 15 ans : de 31% en 2004
elle est passée à 28% en 2014. Elle devrait atteindre 21% à l’horizon 2030 ;
• La part de la population potentiellement active (15-59 ans) est passée de 61,2%
en 2004 à 62,4% en 2014. Cette tendance devrait se poursuivre pour dépasser 63%
à l’horizon 2030. Quant à la tranche d’âge 60 ans et plus, sa proportion a augmenté,
passant de 8,1% en 2004 à 9,6% en 2014. Elle devrait atteindre 15,3% en 2030 ;
• Le taux d’urbanisation au Maroc a évolué à un rythme accéléré : de 29,1% en 1960,
il est passé à 60,3% en 2014. Il devrait atteindre 65% à l’horizon 2030 ;
En outre, le marché de l’emploi au Maroc est notamment caractérisé par :
• L’évolution qualitative et quantitative notable de la population active (15 ans et
plus), dont l’effectif est passée, entre 2000 et 2014, de 10,3 millions à 11,8 millions
de personnes. Par ailleurs, 58,6% de la population active en 2014 n’ont aucun
diplôme, contre 68,2% en 2000 ;
• La faible contribution des femmes à l’activité économique : 25,3% seulement
en 2014 de l’ensemble de la population active ;
• Un nombre d’emplois créés de plus en plus limité ;
• Le manque d’efficience et d’efficacité des stratégies sectorielles en matière de
réduction du chômage des diplômés ;
• L’évolution insuffisante du secteur non agricole en milieu rural ;
• La prédominance de l’emploi indécent ;
38
L’auto-entreprise, levier de développement et d’intégration du secteur informel
39
Conseil Economique, Social et Environnemental
Conformément à cette définition, on pourrait identifier les catégories qui ont été
classées par le Bureau International du Travail comme exerçant l’auto-emploi :
• Employeurs: personnes qui, travaillant pour leur propre compte ou avec un ou
plusieurs associés, occupent le type d’emploi défini comme «emploi indépendant»
et qui, à ce titre, engagent, sur une période continue incluant la période de
référence, une ou plusieurs personnes ;
• Personne travaillant pour son propre compte : personnes qui travaillent pour leur
propre compte, avec un ou plusieurs associés, et n’engagent aucune personne sur
une période continue, incluant la période de référence ;
• Membres de coopératives ou associés: personnes qui occupent un «emploi
indépendant» et, à ce titre, appartiennent à une coopérative produisant des biens
ou des services, dans laquelle chaque membre prend part sur un pied d’égalité à
l’organisation de la production, des ventes, et décide des investissements ainsi que
de la répartition des bénéfices de l’établissement entre les membres ;
• Travailleurs familiaux collaborant avec l’entreprise familiale sans salaire: personnes
qui occupent un «emploi indépendant» dans une entreprise orientée vers le
marché et exploitée par un parent vivant dans le même ménage.
Les catégories exerçant dans le cadre de l’auto-emploi, au niveau national, ont été
définies par le HCP comme suit13 : « employeurs, personnes travaillant pour leur
propre compte et membres d’une coopérative ou associés ».
Selon l’article 6 du Code du travail, « est considérée comme salariée toute personne
qui s’est engagée à exercer son activité professionnelle sous la direction d’une ou
plusieurs personnes moyennant rémunération, quels que soient sa nature et son
mode de paiement. Est considérée comme employeur, toute personne physique
ou morale, privée ou publique, qui loue les services d’une ou plusieurs personnes
physiques ».
La loi n°113.14 relative à l’auto-employeur de 2015, définit l’auto-entrepreneur
comme toute personne exerçant, à titre individuel, une activité indépendante dont
le chiffre d’affaire annuel ne dépasse pas 500.000 DH pour les activités commerciales,
industrielles et artisanales, et 200.000 DH pour les prestations de services.
.. Evolution de l’auto-emploi et les caractéristiques des actifs dans
le secteur
Il ressort du diagnostic de l’auto-emploi, et des données recueillies auprès du HCP,
que l’auto-emploi représente 32,5% de l’ensemble de la population active occupée
en 2014, contre 29.9% en 2000, avec une faible part des femmes (14.4%). La proportion
des personnes travaillant pour leur propre compte est estimée à 85,5% de l’ensemble
des composantes de l’auto-emploi, avec un taux stable entre 2000 et 2014. Il convient
de souligner que 74,5% de cette catégorie n’ont aucun diplôme.
40
L’auto-entreprise, levier de développement et d’intégration du secteur informel
50 45
41,6
40 34,1 36,2
33,9 32,5
30,5 31 29,3 29,9
30 24,3 22,5
20 16,2
8,2
10 3,7
0
2000 2014 2000 2014 2000 2014
Urbain Rural Total
Source : HCP
On constate que l’effectif des actifs de l’auto-emploi enregistré une hausse de l’ordre
de 18,4% entre 2000 et 2014. Ce taux s’élève parmi les diplômés de niveau supérieur
(94,4%) durant la même période, suite aux initiatives qui ont été lancées lors de la
dernière décennie. Il atteint chez les diplômés de niveau moyen 75,2%. Il évolue
pourtant à un rythme plus faible parmi les non diplômés (3.7%).
Evolution du taux d'auto-emploi selon la situation professionnelle
et le type de diplôme entre 2000 et 2014
150 135,2
94,4
100 80,9 75,2 65,3 70
61 62,2 55,4 61,2
50,3
50 54,5 60
19,2 19,8 18,4
5,7 45 3,7 8,6 50
-9,2 -12,3 41,6
0
36,2 34,1 40
32,5 33,9 Total
Sans diplôme 29,9 Niveau moyen 29,3 Niveau élevé 31 30,5
50- 24,3 30
22,5
Personne qui travaille pour son propre compte Employé 16,2
Membre de coopérave Total 20
8,2
3,7 10
Source : HCP 0
2014 2000 2014 2000 2014 2000
Selon le milieu de résidence, en dépit de la tendance décroissante qui caractérise le
milieu rural, ce dernier représente encore plus de 50% de l’auto-emploi.
Répartition de l'auto-emploi selon le milieu de résidence et le type de diplôme en 2014
135,2 150
94,4
75,2 80,9 100
55,4 62,2 61
50,3
Source18,4
: HCP 19,8 19,2
50
8,6 3,7 5,7
-12,3 -9,2
0
41
50-
Conseil Economique, Social et Environnemental
70
57,6
60 53,7
48
50 43,9 45,5
42,2
40
30
20
10
0
Indépendant Salarié Membre de coopérave Total
2000 2014
Source : HCP
42
L’auto-entreprise, levier de développement et d’intégration du secteur informel
Les grands groupes professionnels
Urbain Rural Total Urbain Rural Total
Commerçants, intermédiaires
85,1 86,7 85,4 89,2 90,8 89,6
commerciaux et financiers
Conducteurs d’installations et de
machines et ouvriers de l’assemblage,
conducteurs d’installations
et de machines et ouvriers de 21,9 20,2 21,4 19,4 16,4 18,5
l’assemblage - Manœuvres non
agricoles, manutentionnaires et
travailleurs des petits métiers
Personnes inclassables selon le métier 16,0 0,0 14,7 8,4 0,0 6,9
43
Conseil Economique, Social et Environnemental
dans le secteur du commerce en milieu rural est de l’ordre de 72,2%, contre 67% en
milieu urbain. On relève une hausse du taux d’auto-emploi selon le secteur d’activité
économique dans tous les secteurs, à l’exception de l’agriculture, où ce taux reste
en-dessous de 6%.
Evolution des taux d’auto-emploi selon le milieu de résidence
et les branches d’activité économique
Branches d’activité économique
Urbain Rural Total Urbain Rural Total
Activités mal ou non désignées 12,8 38,9 20,7 12,6 17,1 13,3
44
L’auto-entreprise, levier de développement et d’intégration du secteur informel
119
120
100
81 79
42
80 74,5 38
40
70
24
60
14 20
50 46,5
42,5
40 0
27,8 0
30
20 13,3 11,7 12,7
-15,00 -15,00
8,3 9 7,5 20-
10 5,5 3,9 5,6 6,1 4,4 4,4
2,7 3 0,8 2,5 2,4 0,3 1,3 3,1
0 0 0 0,1 0 0
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
40-
Source : HCP
119
120
100
79 81
80
60 54 55
42
38
40
24
20 14
0
0
Salariés Travailleurs pour leur
propre compte Total
Selon l’enquête nationale sur les conditions de vie de 2007, le taux de couverture
médicale pour les actifs dans le domaine de l’auto-emploi est inférieur à celui des
salariés. La dépense annuelle moyenne par personne est également très faible chez
les travailleurs pour leur propre compte.
45
Conseil Economique, Social et Environnemental
Source : HCP
Il ressort des données de cette enquête que la dépense annuelle moyenne par
personne parmi les chefs des ménages actifs occupés travaillant pour leur propre
compte est la plus faible par rapport aux autres statuts professionnels, ce qui est
révélateur de la précarité dont souffre cette catégorie.
Par rapport aux données de l’enquête des ménages 2000-2001, on constate que si la
dépense par personne a augmenté à des rythmes variables, les disparités aux niveaux
national et urbain persistent. Par contre, la dépense annuelle par personne, en milieu
rural, parmi les chefs des ménages travaillant pour leur propre compte est supérieure
à celle des salariés, en raison du faible poids de cette catégorie d’actifs occupés en
milieu rural et du caractère indécent du travail qu’ils exercent.
14 Mesurer l’informalité, manuel statistique sur le secteur informel et l’emploi informel, OIT, 2013
46
L’auto-entreprise, levier de développement et d’intégration du secteur informel
que sur des accords contractuels en bonne et due forme, avec toutes les garanties
que cela suppose.
Les activités exercées par les unités de production du secteur informel ne sont pas
nécessairement réalisées avec l’intention délibérée de se soustraire au paiement
des impôts ou des cotisations de la sécurité sociale, ou d’enfreindre la législation du
travail, d’autres législations ou d’autres dispositions administratives. Par conséquent,
le concept d’activités du secteur informel devrait être différencié de celui des activités
de l’économie dissimulée ou souterraine.
Au niveau national, le secteur informel est défini dans l’enquête nationale y
afférente comme comportant « les unités de production qui ne disposent pas d’une
comptabilité conformément au régime en vigueur3,3% 3,2%au 2,0%
Maroc ». L’enquête
– –
porte
seulement sur les activités non agricoles,
7,0% mais elle prend
3,0%
en compte les
–
activités
5,4%
commerciales et artisanales exercées par les agriculteurs
5,4%
5,4%
comme activités secondaires.
–
4,7% –
5,6%
.. Caractéristiques du secteur informel
5,9%
4,4%au Maroc – –
9,2% –
6,0%
L’augmentation du nombre des 7,8% UPI est 6,2%
l’une des principales caractéristiques
- - - du
secteur informel au Maroc : il a 8,0%
augmenté
7,1% de 320.000 unités entre 1999 et 2007,
8,7%
soit une augmentation annuelle8,6%
de
7,8% 40.000 unités, portant le nombre total –
de 1,23
–
millions unités en 1999 à 1,558,6%million unités en 2007.
7,9%
– –
8,7%
9,5% – –
3.2.1. Répartition des UPI selon les régions et les branches d’activité
13,5%
12,8%
14,3%
Selon
%16,0
l’enquête
%14,0
nationale
%12,0
de 2006/2007
%10,0 %8,0
relative %4,0
%6,0
au secteur%2,0
informel,
%0,0
la majorité
des unités de production informelles 1999 exercent
2007
leur activité en milieu urbain avec
une proportion de 71,6%. Selon les régions, c’est dans le «Grand-Casablanca» que
se concentrent 14,3% des unités de production informelles, suivi de la région de
«Marrakech-Tensift-Al Haouz» qui enregistrent 13,5% des UPI. Par rapport à l’an 2000,
la part des unités exerçant dans la région du «Grand-Casablanca» et «Marrakech-
Tensift-Al Haouz» s’est accrue. En revanche, la part des régions : Rabat-Salé-Zemmour-
Zaer, «Tanger-Tétouan», Chaouia-Ouardigha et Doukala-Abda a connu un recul.
Evolution de la répartition des UPI selon les régions
2007 1999
Source : HCP
47
Conseil Economique, Social et Environnemental
70
57,4
60 52,8
50
40
30
20,9 20 20,1
17,2
20
10 5,4 6,2
0
Commerce Industrie Services Construcon
2007 2000
Source : HCP
48
L’auto-entreprise, levier de développement et d’intégration du secteur informel
9,9
12,6
10,2 9
28,8
37
Répartition des UPI selon le nombre d’employés
5,5
4,9
0 20 40 0,7 60 80
40 35 2,8 30 25 20 15 10 5 0
4 personnes ou plus
4,8
2007 1999
3 personnes 4,5
4
17,7
2 personnes
18,7
74,9
1 personne
70,5
2000 2007
Source : HCP
Le taux de féminisation des chefs des UPI a atteint 9,9% en 2007. Selon les secteurs,
le taux le plus élevé a été enregistré dans le secteur de l’industrie, malgré la baisse
enregistrée par rapport à l’an 2000.
Evolution du taux de féminisation des UPI selon le secteur d’activité économique
Total 9,9
12,6
Services 9 10,2
Industrie 28,8
37
Commerce 5,5
4,9
BTP 0,7
0 5 10 15 20 25 30 35 40
2007 1999
Source : HCP
49
2000 2007
100 91,2
81,1
80 34,2 34,2
30,7 31,6
60 28,9
36,8 37,3 39
40 34,5 22,2
23,6 20,9 21
17 18,6 18,8 18,1
20 16,6
0
8,5
Construcon 7,5 Commerce Industrie Services Total
4,9 4,9 4,7 4,8 5,6
2007 2000
1,7 0,5 1,4
Source : Les enquêtes nationales sur le secteur informel 1999-2000 et 2006-2007, HCP.
34,2 34,2
30,7 31,6
28,9
20,9 22,2 21
16,6 18,1
8,5 7,5
4,9 4,9 4,7 4,8 5,6
1,7 0,5 1,4
Vente de voitures et Réparaon de Vente en gros et Vente en détail dans Vente en détail hors Vente en détail de Réparaon de
pieces automobiles, voitures, vente et intermédiaires en les magasins magasins marchandises marchandises
et vente en détail de réparaon de motos commerce domesques personnelles
carburant
50
L’auto-entreprise, levier de développement et d’intégration du secteur informel
50
43,3
40
31,6 31,4 30,6
27 28,5
30
21,4 20,2 21,1 20,2
16,8 20
7,9
10
50 43,3
40
31,6 31,4 30,6
27 28,5
30
21,4 20,2 21,1 20,2
20 16,8
7,9
10
0
Restaurants, cafés et hôtels Transport et communication Services personnels Autres services
51
Conseil Economique, Social et Environnemental
secteur soit par la tendance à le formaliser. La faible qualification des actifs occupés
du secteur serait à l’origine de cette situation : en 2007, 3% seulement ont un niveau
d’études supérieur, contre 7,4% au niveau national.
.. Quelques constats issus du diagnostic du secteur informel
La création d’emplois dans le secteur informel est un indicateur positif de la dynamique
de l’économie nationale, bien qu’elle s’accompagne de la précarité de ses actifs. On
peut distinguer dans ce cadre quatre types d’activités informelles :
• celles qui concentrent les ruraux ayant immigré en ville. Elles se caractérisent par
une grande compétitivité et n’exigent aucune qualification (cireur, gardien de
voitures, porteur …) ;
• celles qui demandent une certaine qualification (coiffeur, couturier, cordonnier…) ;
• celles qui comprennent des unités disposant de la capacité de concurrence avec
le secteur formel (notamment le bâtiment et le transport) ;
• celles liées au secteur formel et qui cherchent à accroître leurs revenus et à se
soustraire au paiement de l’impôt.
52
L’auto-entreprise, levier de développement et d’intégration du secteur informel
Il convient de noter que les années 1980s ont connu également la réforme de la
formation professionnelle (1984) et du système éducatif et de formation (1985), à
travers la mise en place de passerelles entre les deux systèmes aux fins de réduire les
taux élevés d’abandon scolaire et répondre à la grande demande sur l’enseignement
collégial et secondaire.
4.1.2. Promouvoir la création d’entreprises et de l’emploi
En plus de ces réformes, le programme Crédits Jeunes Promoteurs a été lancé (Loi
n°36.87) en 1987. Il prévoit notamment l’octroi de crédits pour soutenir les jeunes
en matière de création d’entreprises. A travers des mesures incitatives au profit de
cette catégorie, ce programme favorisait la création d’entreprises et visait à ce que les
jeunes puissent travailler pour leur propre compte.
53
Conseil Economique, Social et Environnemental
Par ailleurs, en vertu de la loi 16.87, 964 projets initiés par 1150 lauréats ont bénéficié
des mesures d’encouragement, entre septembre 1990 et septembre 1998, pour
un total de 5103 emplois créés, à raison de 5 emplois pour chaque projet.
Selon les trois banques (Banque Populaire, la BMCE et la CNCA) qui financent près
de 80% des projets, le nombre de dossiers concernés par les échéances impayées
s’élève, au 31 mai 1998, à 2.270 dossiers, soit 32%, dont 503 en situation de
contentieux.
54
L’auto-entreprise, levier de développement et d’intégration du secteur informel
Des mesures incitatives au profit de jeunes entreprises ont été également prises, dont
notamment la réduction des cotisations à la Caisse Nationale de la Sécurité Sociale
pour les jeunes recrues de ces entreprises, parallèlement à la mise en place d’une
infrastructure locale génératrice d’emplois, à travers les mesures suivantes :
• la création d’une assiette immobilière dans les domaines publics ;
• la mobilisation des ressources financières pour répondre aux besoins des collectivités
en matière de mise en place et d’équipement des zones économiques, ainsi que la
mise à la disposition des entrepreneurs de terrains à des tarifs préférentiels ;
• l’activation du Fonds communal de financement des projets au profit de ces
collectivités.
Plusieurs Départements ministériels ont fait de l’emploi l’un des axes prioritaires de
leur action. Le Ministère de l’Agriculture a en effet œuvré pour le renforcement de
l’intégration et l’auto-insertion des diplômés à travers l’octroi de bourses d’emploi,
celui en charge de l’Artisanat s’est employé à créer de nouvelles structures de
production, à promouvoir les produits de l’artisanat au même titre que l’emploi.
D’autres actions ont été menées dans ce sens par les départements du Tourisme, de
la Pêche maritime, de l’Habitat, de la Poste, des Nouvelles technologies et des Mines.
Au terme de ce Plan quinquennal, et grâce à ces mesures, le taux de chômage a
enregistré un recul, entre 1999 et 2004, passant de 13,9% à 10,8%.
Sur le plan institutionnel, cette période a connu l’adoption du Code du travail, de
même que de la loi relative à la création et à la promotion des PME, en plus de la mise
en place et le renforcement du rôle de l’ANAPEC. Cependant, ces initiatives n’ont
eu qu’un impact bien limité sur le taux chômage des lauréats de l’enseignement
supérieur. Il a presque stagné pendant cette période (passant à peine de 27,6% à
26,7%).
Soulignons également le ralentissement de la croissance de l’économie nationale,
lors de la même période, et l’inefficience des services d’intermédiation en place. Ces
résultats limités s’expliqueraient par les nombreuses entraves qui ont freiné la mise
en œuvre des programmes :
• accès difficile des jeunes désireux de créer leur propre entreprise au système
bancaire ;
• faible appui aux jeunes lors de la phase de création et du démarrage du projet ;
• rôle limité des organisations et des associations professionnelles dans
l’accompagnement de jeunes porteurs de projets ;
• faible performance ou incapacité des services publics à mettre en œuvre les
mesures prises et à gérer le marché du travail, tout en répondant positivement aux
exigences des chercheurs d’emploi.
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Conseil Economique, Social et Environnemental
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L’auto-entreprise, levier de développement et d’intégration du secteur informel
En dépit du nombre considérable des jeunes qui, poussés par un esprit entrepreneurial,
ont voulu bénéficier de ce programme, le bilan a été loin des espérances. Des
difficultés aux niveaux de l’accompagnement, de la formation, des qualifications
des formateurs, de la coordination et du traitement informatique des données, ont
lourdement pesé sur les résultats.
Ces difficultés pourraient s’expliquer par le manque d’expérience chez une grande
partie des responsables des guichets Moukawalati, notamment en ce qui concerne
la préparation des dossiers de crédit, la phase de financement, les défaillances
du système informatique. En effet, un manque d’informations sur le programme
a été relevé au niveau des agences bancaires. Ont été également constatées des
difficultés relatives à la compréhension des procédures de la gestion du programme
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L’auto-entreprise, levier de développement et d’intégration du secteur informel
Dans ce cadre, de nouveaux programmes ont été mis en place pour accompagner
les entreprises, y compris, le programme « Imtiaz » qui porte sur le soutien des
investissements en matière d’innovation technologique, et ce par l’octroi de
primes allant jusqu’à 30% de l’investissement global, sans dépasser le plafond de
dix millions de dirhams. Il y a également le programme « Moussanada » dédié à
l’appui de la modernisation des mécanismes d’action de l’entreprise et des systèmes
informatiques, en permettant de bénéficier d’une prime à hauteur de 30% du montant
de l’investissement global, dans la limite de 7 millions de dirhams par bénéficiaire.
Quant à l’appui aux micro-entreprises, le programme d’investissement « Istitmar» a été
mis en place afin de consolider les projets d’investissement en matière d’innovation
technologique (2 millions de DHs par bénéficiaire). Le Programme « Tahfiz » a
également été mis en place. Il consiste à appuyer les efforts de modernisation de
gestion des systèmes informatiques, à travers l’octroi de primes allant jusqu’à
1,5 millions de dirhams par bénéficiaire.
c. Défis à relever pour la promotion de l’auto-initiative et le développement de
l’auto-emploi
Malgré les nouveaux programmes mis en place pour l’appui à l’auto-initiative, ce type
d’entreprises doit encore faire face à certains défis. Elles buttent en particulier sur des
difficultés au niveau du financement, de la modernisation et de la gestion, limitant
ainsi leur compétitivité et le rythme de leur croissance.
Parmi les difficultés de l’auto-entreprise et des petites entreprises : l’accès au
financement et les problèmes au niveau de la gestion et l’équipement. Ces défis
peuvent être résumés comme suit :
• Manque au niveau de l’encadrement et de l’accompagnement en ce qui
concerne la qualification et l’appui à l’entreprise durant les différentes étapes de sa
création et de son développement, pour qu’elle puisse réaliser ses objectifs ;
• Accès difficile au financement, en l’absence des garanties nécessaires et l’incapacité
des entreprises à fournir les documents requis pour bénéficier des crédits ;
• Absence d’une gestion comptable régulière et rigoureuse, d’autant que la
majorité des auto-employeurs ne dissocient pas le compte personnel de celui de
l’entreprise ;
• Absence d’une formation suffisante et continue aux fins d’être au diapason des
évolutions aux niveaux des connaissances et de l’expertise et tirer profit des
nouvelles technologies pour moderniser l’entreprise ;
• Absence d’une connaissance relative aux systèmes de planification et de gestion et
des conditions de prise de risques, et faible utilisation des systèmes informatiques
et des technologies modernes ;
• Non affectation d’un budget à la recherche & développement et à l’innovation ;
• Difficulté de garantir les conditions du travail décent, y compris, un salaire régulier,
une couverture médicale et une retraite ;
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Conseil Economique, Social et Environnemental
16 - Statistiques de la CNSS.
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L’auto-entreprise, levier de développement et d’intégration du secteur informel
17 - Décret n° 2-15-303 (en date du 18 Rabii I 1437/ 30 décembre 2015) fixant la liste des activités commerciales,
industrielles, artisanales et les prestations de services, pouvant être exercées dans le cadre du statut de l’auto-
entrepreneur-Bulletin Officiel n° 6431, publié le 7 Rabii II 1437 (18 Janvier 2016).
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Conseil Economique, Social et Environnemental
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20 - 21 organismes publics et semi-publics font partie du comité, à savoir : l’autorité gouvernementale chargée
de l’économie et des finances, l’autorité gouvernementale chargée de l’intérieur, l’autorité gouvernementale
chargée de l’industrie et du commerce, l’autorité gouvernementale chargée de la formation professionnelle,
l’autorité gouvernementale chargée de l’emploi, l’autorité gouvernementale chargée de la santé, l’autorité
gouvernementale chargée de l’équipement et du transport, l’autorité gouvernementale chargée de la jeunesse,
l’autorité gouvernementale chargée de la solidarité sociale et de la femme, l’autorité gouvernementale chargée du
tourisme, l’autorité gouvernementale chargée des mines, l’autorité gouvernementale chargée des affaires générales
et de la gouvernance, l’autorité gouvernementale chargée de l’artisanat, Bank Al-Maghrib, l’Office de la formation
professionnelle et de la promotion du travail, l’Agence de développement social, l’Agence nationale pour l’assurance
maladie, l’Agence nationale de promotion de l’emploi et des compétences, la société anonyme Barid Al-Maghrib
(S.A) et la Caisse nationale de sécurité sociale.
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L’auto-entreprise, levier de développement et d’intégration du secteur informel
21 - L’accent a été mis sur le côté stratégique et financier dans l’élaboration des plans sectoriels. L’’élément humain et
le niveau de compétence et formation indispensables à la réussite des projets ont été négligés.
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L’auto-entreprise, levier de développement et d’intégration du secteur informel
A cet égard, les objectifs doivent être assortis de chiffres précis en ce qui concerne
l’emploi et la croissance.
Considérant que cette double logique constitue une base pour l’élaboration et la
mise en œuvre des programmes sectoriels, ceux-ci s’orientent vers un remplacement,
aussi partiel soit-il, des postes d’emploi susceptibles d’être perdus dans la majorité
des secteurs traditionnels ( le bâtiment, le textile et le cuir à titre d’exemple) par les
opportunités d’emploi créées dans des secteurs nouveaux.
Tableau : Comparaison des données relatives aux emplois prévus et aux emplois créés
Il ressort de l’étude de ces données statistiques que les politiques sectorielles n’ont pas
pu créer des emplois tel que prévu au moment de l’élaboration et de la formulation
de ces politiques. De ce fait, il apparait clairement que le plan Maroc Vert, qui se
veut être une révolution verte continue en vue d’une modernisation de l’agriculture
pour en faire un catalyseur durable du développement économique, avec une forte
valeur ajoutée, n’a pas contribué à la création d’emplois dans le secteur : il a marqué
un déficit d’environ 12.000 emplois, alors que le secteur a connu la création de
26.000 emplois avant le lancement de ce plan. Le Pacte national pour l’émergence
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Conseil Economique, Social et Environnemental
industrielle n’a pas fait exception : il a enregistré un déficit estimé à 20.000 emplois
alors que le secteur a connu la création de 18.000 emplois avant le lancement de ce
programme.
Quant à la Stratégie nationale de développement de la compétitivité, on constate
que malgré la création d’environ 5000 emplois, ce nombre demeure faible comparé à
la moyenne annuelle de l’offre d’emploi dans le secteur avant le lancement du projet,
qui s’établit chaque année à 16.000 postes.
Cependant, les secteurs qui ont pu réaliser des résultats positifs sont : la Vision 2020
pour le tourisme, avec la création de 48.000 emplois (25.000 par an avant le lancement
du programme) et le programme Rawaj avec 28.000 emplois (22.000 par an avant le
lancement du programme).
Bien que ces données ne concernent que l’indicateur de l’emploi, le Conseil
économique, social et environnemental souligne que les statistiques relatives à
l’auto-emploi ne sont pas disponibles, même si les résultats de certains programmes
tel que Rawaj portent sur l’auto-emploi.
c. Evaluation de l’efficience de l’emploi dans les programmes du secteur public
En dépit du nombre des emplois créés et mis à part les indicateurs chiffrés relatifs à
l’impact prévu des politiques sectorielles sur le marché du travail en termes de création
d’emploi, on constate que le facteur de l’emploi n’est pas pris en compte dans sa
dimension globale lors de la formulation de ces politiques. Il est dès lors difficile de
déterminer les besoins en formation et en compétences en l’absence d’une approche
méthodologique appropriée, d’où l’impossibilité de percevoir le rôle des politiques
sectorielles dans la création d’emplois décents ainsi que dans l’accroissement de
leur qualité. C’est d’ailleurs le résultat auquel a abouti l’évaluation d’étape de ces
politiques (congrès, réunions des instances de gestion et de gouvernance).
Il est à noter que bien qu’elles soient complexes, l’élaboration et la formulation des
politiques publiques représentent l’une des principales étapes permettant de prévoir
la réussite ou l’échec de ces politiques. L’importance de cette étape réside dans
l’interconnexion de tous les facteurs économiques, sociaux et politiques, sans oublier
la multiplicité des intervenants dans l’élaboration de ces politiques.
En plus des indicateurs chiffrés qui se caractérisent par une certaine carence, vu
qu’elles n’offrent pas d’informations concernant l’impact des emplois créés sur
l’augmentation de la productivité, la prise en compte de la dimension qualitative des
nouveaux emplois créés sur le marché du travail nous renvoie aux résultats qui ont
fait l’objet de consensus, notamment :
• la faible contribution des partenaires économiques et sociaux dans l’élaboration et
l’exécution des stratégies sectorielles ;
• l’absence des études permettant l’évaluation des stratégies sectorielles, notamment
en matière de création d’emploi ;
• l’absence d’une vision intégrée pour exécuter ces stratégies et d’une coordination
avec les programmes de promotion de l’emploi ;
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22 - Développement du chiffre d’affaires du secteur de 12%, soit 21,8 milliards de Dhs en 2015, amélioration de
la valeur ajoutée de l’artisanat de 10 milliards de Dhs, création de 63.000 emplois nets, soit une hausse de 2,2 %,
formation de 30.000 lauréats, et création de 840 micro, petites, et moyennes entreprises.
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Il convient de mentionner, à cet égard, le rôle primordial que jouent les élèves
ingénieurs et les lauréats des instituts agricoles dans le développement et la
modernisation du secteur : cette catégorie a été soutenue pour créer des auto-
entreprises dans le domaine du conseil agricole et du support technique au profit
des agriculteurs.
Le manuel de l’auto-entrepreneur a servi à orienter les porteurs de projets vers le
domaine agricole23, mettant ainsi des données et des recommandations au profit des
entrepreneurs tout en les accompagnant dans les différents stades du projet, de la
conception jusqu’au lancement.
Concernant la diminution des disparités territoriales urbaines/rurales, le programme
de mise à niveau du monde rural, avec un budget dépassant 5,8 milliards de DHs se
révèle à la fois ambitieux et prometteur, d’autant plus qu’il vise la promotion de l’auto-
emploi dans divers milieux ruraux et agricoles et le développement des activités
génératrices de revenus, avec pour objectifs ultimes la lutte contre la pauvreté et la
marginalisation dans les villages, la mise en place des infrastructures nécessaires et le
renforcement de l’économie sociale et solidaire.
e. La nouvelle stratégie industrielle24 : appui à l’auto-emploi et à l’intégration
du secteur informel
Le Plan d’accélération industrielle 2014-2020 est venu renforcer les acquis du Pacte
national de l’émergence industrielle et consolider ses résultats positifs, traduits
notamment par le développement et l’expansion des industries marocaines à
l’international, en particulier dans les domaines de l’automobile, l’aéronautique ainsi
que la sous-traitance électronique et technologique.
Cependant, le secteur de l’industrie n’a créé que 75 mille emplois sur une période de
10 ans alors que les candidats au marché de l’emploi à l’horizon 2020 vont atteindre
1,3 millions de personnes.
Le nouveau plan s’articule autour de 10 mesures principales visant la création d’un
climat d’affaires propice, la diminution du secteur industriel informel et la promotion
de son intégration par le biais de mesures financières et sociales, la création d’une
caisse de développement industriel et l’augmentation du PIB industriel pour
atteindre 23 %.
Les mesures qui sont susceptibles de soutenir l’auto-emploi sont :
• L’instauration d’un climat propice aux affaires au profit des entreprises leaders
dans le secteur de l’industrie, en leur accordant le soutien nécessaire en matière
de transfert de la technologie et en facilitant la sous-traitance pour créer des
pôles technologiques. Dans ce contexte, il importe d’activer le partenariat avec les
universités dans le domaine de la recherche & développement, et la promotion
des laboratoires des entreprises, en plus de l’incubation des auto-entreprises
innovantes.
23 - http://www.almouhitalfilahi.com/?p=176
24 - http://lavieeco.com/news/economie/les-details-de-la-nouvelle-strategie-industrielle-2014-2020-29129.html
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L’auto-entreprise, levier de développement et d’intégration du secteur informel
humaines un capital réel qui aura son rôle dans la consécration d’un développement
économique et social durable et inclusif.
Ce choix stratégique du Maroc s’inscrit dans le cadre de la recherche d’une bonne
gouvernance, aussi efficace que convenable, qui pourra répondre aux besoins de la
population et permettre à la région de jouer un rôle pionnier dans le développement
économique et social. Ainsi, dans le cadre des nouvelles attributions de la région,
relatives à la régionalisation avancée, l’enjeu de l’emploi et de l’intégration des jeunes
chômeurs dans le marché du travail demeure le défi majeur que la région doit relever
dans le cadre de ses plans de développement.
Le Maroc connait de grandes inégalités entre ses régions en termes de taux
de chômage. En effet, si ce taux est de 9,9% en moyenne au niveau national, il
augmente dans les régions de l’Oriental et de Oued Eddahab-Gouira-Laayoune avec
respectivement 17% et 15,3%. Ce taux atteint 12,8% dans les régions de Rabat-Salé-
Zemmour-Zaïr et Meknes-Tafilalt. Les taux les plus bas sont enregistrés à Taza-Al
Houceima-Taounat (4%) et à Chaouia-Ouardigha (5,4%).
Les régions du Royaume connaissent des écarts en termes de développement
économique et en climat économique propice à l’investissement et l’initiative.
Cependant, chaque région a ses spécificités qui, si elles sont exploitées d’une bonne
manière, peuvent devenir un moyen à même de créer un climat motivant à l’initiative,
d’autant plus que la région ne peut pas résoudre la problématique du chômage à
travers le recrutement dans la fonction publique au niveau local.
b. Mise en place effective de la régionalisation et réalisation des objectifs
escomptés
La réalisation, au niveau de la région, des objectifs sociaux relatifs à l’intégration
des jeunes chômeurs dans le marché du travail est l’un des indicateurs permettant
d’évaluer le succès de la régionalisation avancée au Maroc. En outre, elle met à
l’épreuve la capacité de la région à élaborer des politiques, d’adopter une planification
économique apte à consolider l’initiative, de réaliser un progrès intégré et productif
de richesses.
A cet égard, la mise en œuvre effective de la régionalisation avancée requiert une
planification et une gestion régionales qui permettent aux capacités locales et
régionales de contribuer au développement de la région.
Si la question de l’emploi est au cœur des préoccupations pressantes de la région elle
est tenue, dans le cadre de ses nouvelles attributions, de prendre plusieurs dispositions
qui puissent promouvoir l’esprit entrepreneurial, et notamment, accompagner et
encadrer les porteurs de projets innovateurs, simplifier les procédures d’accès au
financement, étant donné que l’emploi dans le cadre de la fonction publique au
niveau de la région ne peut répondre aux besoins de tous les diplômés lauréats des
établissements de formation. A cet égard, les jeunes devraient tracer leur propre voie
professionnelle à travers un projet personnel.
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L’auto-entreprise, levier de développement et d’intégration du secteur informel
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Conseil Economique, Social et Environnemental
543.000 nouveaux projets sont créés chaque mois aux Etats Unis. Ainsi, 7 sur
10 nouveaux petits projets restent actifs au moins 2 années, 5 sur 10 au moins
5 années. Un tiers de ces projets durent au moins 10 années et un quart plus de
15 années. Pour 52% des petits projets, le travail se fait à domicile.
En 2011, les auto-entrepreneurs non employeurs ont atteint 22,5 millions, soit une hausse
de 2% par rapport à 2010. Pour devenir un auto-entrepreneur non employeur aux Etats
Unis, il faut disposer d’un chiffre d’affaires annuel dépassant 1000 dollars et payer l’impôt
fédéral sur le revenu. Il convient de signaler que 75% des entreprises américaines sont
des auto-entreprises (19,4 millions d’auto-entreprises individuelles, 1,6 millions d’auto-
entreprises participatives et 1,4 millions d’auto-entreprises individuelles sous forme
d’établissements). Le secteur le plus actif en termes d’auto-entreprises est l’entretien, la
réparation, les salons de coiffure et de beauté, le pliage et le repassage des vêtements,
en plus du nettoyage. Le chiffre d’affaires des auto-entreprises a atteint 989,6 milliards
de dollars en 2011, soit une hausse de 4,1% par rapport à 2010. Le revenu annuel moyen
de l’auto-entrepreneur étant de 44.000 dollars.
S’agissant des auto-entrepreneurs, selon le Bureau fédéral des statistiques du
Travail concernant l’entrepreneuriat, le nombre des auto-entrepreneurs a reculé
de 5,78 millions en 2008, à 5,13 millions en 2011, puis a augmenté pour atteindre
5,48 millions auto-entrepreneurs en 2015. Le nombre des auto-entrepreneurs dans
le secteur informel est passé de 10,59 millions en 2006 à 9,36 millions en 2014, soit le
plus bas taux enregistré depuis 1986, passant à 9,51 millions en 201526.
1.1.2. Expérience des Etats Unis dans le soutien, le financement et la garantie
des microprojets
Les Etats Unis sont les pionniers en matière d’entrepreneuriat et en création des
PME ainsi que des grandes entreprises multinationales. La SBA (Small Business
Administration), qui est l’agence qui assure le soutien à la création des auto-entreprises
aux Etats Unis, définit les microprojets comme étant toute auto-initiative employant
moins de 500 personnes.
.... Financement des petites entreprises
L’Agence fédérale joue un rôle important dans l’opération de financement des
microprojets, et ce à travers plusieurs modes de financement, dont notamment :
• La garantie du crédit : l’agence joue le rôle de garant ou de cautionnaire du
crédit qu’un projet donné arrive à décrocher, eu égard notamment à la difficulté
que rencontre un microprojet à contracter un crédit sans garantie ; puisque les
probabilités de perte sont élevées, raison pour laquelle la SBA se porte garante du
projet vis-à-vis de la banque et assume la responsabilité du prêt en cas de faillite.
La garantie est accordée à 75% des crédits qui ne dépassent pas un million de
dollars, et atteint 85% pour les crédits moins de 150 mille dollars. Partant, et
représentant 90% des financements des microprojets, l’agence a créé 219 mille
entreprises d’une valeur de 45 milliards de dollars, dont 1,5% seulement ont
déposé le bilan.
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L’auto-entreprise, levier de développement et d’intégration du secteur informel
• Le crédit de création d’entreprise : ouvert au public tel que les étudiants, les
salariés et les retraités. Il est financé par les banques commerciales, après étude et
approbation de la demande. Ce crédit bancaire peut être complété par un crédit
public qui varie entre 2000 et 7000€ sans dépassement de la moitié du crédit
bancaire reçu. Contrairement au crédit bancaire qui nécessite une garantie de
la part de l’entrepreneur, le crédit public n’exige ni une garantie, ni un garant, le
payement se fait sur cinq ans avec un différé de 6 mois pour la première mensualité ;
• Le crédit d’honneur sans intérêt : c’est une aide financière accordée pour aider
à faire évoluer l’activité de l’auto-entrepreneur vers une micro-entreprise ou une
petite entreprise. La valeur de ce crédit varie entre 3000 et 15.000€ et ne nécessite
aucune garantie, il est remboursable sur une durée allant de deux à cinq ans.
1.2.4. Rôle de la Banque Publique d’Investissement dans le financement de
l’initiative et de l’entreprise
La Banque Publique d’Investissement en France (BPIFRANCE) a été créée le
31 décembre 2013, dans le but de financer et de développer l’auto-emploi, les très
petites, les petites et les moyennes entreprises ainsi que les entreprises innovantes,
en plus du financement et de la garantie des prêts pour les étudiants.
Il est prévu que la banque investisse 8 milliards d’euros à l’horizon 2017 pour fournir
un fort soutien public à l’initiative et à l’entreprise. En matière de rationalisation du
financement public, plusieurs institutions publiques dispersées ont été intégrées
au niveau de cette banque publique ; les plus importantes sont l’Agence Nationale
de Valorisation de la Recherche (ANVAR) et le pôle public de financement de
l’innovation (OSEO).
Cette institution est considérée comme une société financière28 qui accompagne
le développement de l’entreprise dans ses différents besoins (les dépenses de
gestion, l’investissement, le renforcement du capital, mais également la fabrication,
l’exportation, la recherche & développement, l’innovation et l’aliénation de
l’entreprise, et contribue ainsi au rayonnement des moyennes et des grandes
entreprises).
Dans le cadre des crédits octroyés par cette institution, la banque finance des crédits
sans intérêts et sans garanties aux étudiants âgés de moins de 28 ans qui atteignent
15.000€ remboursables dans un délai de deux ans minimum29. Quant aux très
petites et petites entreprises, la banque leur garantie des crédits chez les banques
commerciales allant jusqu’à 200.000€ ; cette opération est effectuée dans le cadre
d’accords de partenariat30.
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Conseil Economique, Social et Environnemental
1.3.3. Engagement des grandes firmes dans l’incubation et l’aide des auto-
entrepreneurs
Le Canada accorde une grande importance à l’accompagnement sur le terrain au
sein de l’entreprise réussie pour mettre à profit les bonnes pratiques. En effet, cette
expérience permet d’attirer les étudiants brillants pour travailler dans le domaine de
la recherche & développement ainsi que l’innovation et, partant, donner un nouveau
souffle à l’entreprise permettant de conserver la dynamique de la créativité au sein de
ces institutions. Les entreprises se chargent cependant de les accueillir dans le cadre
d’une auto-initiative en plus de l’incubation des projets des diplômés désirant créer
des startups innovantes.
Les banques, à leur tour, s’engagent à soutenir des startups à travers l’accompagnement
dans le domaine financier pour munir le jeune entrepreneur des outils lui permettant
la maitrise du risque et la bonne gestion financière et fiscale de l’entreprise.
.. Le Brésil : la lutte contre la pauvreté et la vulnérabilité à travers
l’intégration du secteur informel
Le Brésil est l’un des pays ayant excellé à intégrer le secteur informel à travers un
traitement méthodologique de plusieurs problèmes structurels dont souffre ce pays
tels que la pauvreté, le bas niveau d’éducation, l’économie rentière et souterraine et
le chômage.
1.4.1. Efforts du Brésil pour intégrer le secteur informel
L’expérience brésilienne a démontré son efficacité dans l’intégration du secteur
informel, en élaborant des réglementations visant à protéger la micro-entreprise de
tout monopole et de toute domination des grandes firmes. Ce pays a également
œuvré à fournir les conditions de travail décentes et à investir dans la sensibilisation
et la formation en intégrant le secteur informel.
L’expérience brésilienne a confirmé le rôle primordial joué par le financement public.
L’Etat œuvre pour accorder des crédits et fournir les mécanismes de garantie. Il accorde
également une grande importance à la nécessité d’assurer une bonne gouvernance
appuyée par la simplification des procédures et l’implication des acteurs concernés
dans la gestion des choix et des priorités.
L’expérience brésilienne se distingue par le regroupement des services dans une
agence autonome pour le soutien des TPE et des micros-entreprises qui jouit de
tous les pouvoirs et participe à la législation, garantit la formation, la qualification et
l’intermédiation financière et encourage les collectivités locales ainsi que les régions à
créer des partenariats équilibrés et contraignants visant à soutenir la petite entreprise
et à faciliter l’intégration du secteur informel.
Grâce à ces mesures, le Brésil a réussi à intégrer des millions d’entreprises du secteur
informel, ce qui a efficacement contribué au développement et au maintien des
équilibres sociaux, économiques et territoriaux.
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Conseil Economique, Social et Environnemental
de la mise en place d’une liste de 80 produits, techniques et services qui leur sont
spécifiques, avec l’interdiction de leur production par les grandes entreprises. En
contrepartie, les grandes firmes sont chargées de produire exclusivement les outils
et les équipements dont les petites et les micro-entreprises auraient besoin.
Quant aux petites et micro-entreprises en Inde, elles participent à l’industrialisation
de 30% des pièces d’équipements de l’industrie lourde, 45% des équipements
industriels moyens, 25% des moyens de transport, en plus de 40% des produits de
consommation.
En matière de financement, des banques publiques spécialisées s’engagent dans
ce sens pour financer les très petites entreprises. L’Inde dispose d’un centre très
développé en matière d’entrepreneuriat auquel sont affiliées des pépinières destinées
à accueillir et à accompagner les porteurs de projets.
1.5.2. Appui à l’accès des petites et micros-entreprises à la technologie
L’Inde accorde des aides multiples aux petites entreprises émergentes, la plus
importante concerne les programmes d’accès à la technologie et au développement.
Le gouvernement indien a mis en place une caisse pour le soutien au développement
technologique des microprojets, l’amélioration du niveau des employés et le soutien
financier et technique pour le développement des produits. Il lui a alloué 50 millions
de dollars. Avec cette mesure, le gouvernement indien a remplacé la protection, qui
imposait l’application de droits et taxes aux produits importés, par l’appui financier et
technique pour le développement des produits.
.. Sénégal : création de marchés pilotes pour organiser les
marchands ambulants
Les marchands ambulants constituent au Sénégal un grand tissu sectoriel dans la
structure économique de ce pays, à tel point qu’il attire l’attention des candidats
aux élections présidentielles qui ont prévu dans leurs programmes des propositions
pratiques pour l’intégration des marchands ambulants, notamment après les
affrontements violents en 2007 avec les autorités publiques. Cette question est ainsi
considérée comme étant un argument électoral.
1.6.1. Expérience du Sénégal dans l’intégration du secteur informel : cas des
marchands ambulants
Le recensement de 2008 au Sénégal a fait ressortir que la capitale Dakar compte,
à elle seule, plus de 55.000 marchands ambulants, 91% sont des jeunes du milieu
rural. Ce chiffre tend à augmenter avec un taux variant de 5 à 10% annuellement, ces
jeunes ruraux adhèrent à 83 associations qui les représentent. Avec l’exacerbation
de ce phénomène, l’Agence Nationale d’Appui aux Marchands Ambulants (ANAMA),
mise en place en vertu du décret présidentiel n° 166/2011, du 13/02/2011, a essayé
de traiter ce phénomène à travers :
• l’allégement de la pression des marchands ambulants sur les villes et le maintien
de la sécurité ;
• la libération de l’espace public de la présence aléatoire des marchands ambulants;
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31 - http://www.streetnet.org.za/docs/reports/2012/sp/Senegal.pdf
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d. Pilier sectoriel
Ce pilier requiert l’engagement effectif des secteurs public et privé dans la qualification
de l’auto-entreprise à travers l’intégration des auto-initiatives dans la chaine de
valeurs. Cette intégration se fait moyennant une approche sectorielle qui bénéficie
des projets structurants et des grands chantiers lancés durant la dernière décennie.
Il s’agit en particulier des chantiers dans les nouveaux secteurs à forte valeur ajoutée
dans lesquels le Maroc offre des avantages compétitifs. Ce pilier constitue aussi un
appui à l’approche inclusive de l’intégration du secteur informel par la promotion de
nouvelles auto-entreprises.
e. Pilier territorial et régional
Ce pilier profite du chantier de la régionalisation avancée qui constitue un choix
stratégique du Maroc pour introduire un développement économique et social local
durable et inclusif. Il s’appuie sur les nouvelles attributions de la région en matière
d’exécution effective des stratégies nationales et programmes sectoriels que les
régions sont appelées à mettre en œuvre au niveau local.
Dans ce cadre, le CESE préconise la mise en application régionale de la stratégie
nationale de l’auto-entreprise pour permettre aux régions de jouer un rôle primordial,
à travers la mise en place d’un environnement régional favorable à l’investissement et
à l’auto-initiative, en veillant à offrir l’accompagnement nécessaire et l’encadrement
des porteurs de projets innovants, à simplifier les procédures de soutien et à définir
des mécanismes de financement Innovants.
L’efficacité de ce pilier repose sur la mise en place d’un partenariat élargi entre les
secteurs public, privé, les universités, les instituts de formation et de recherche
scientifique, en plus de la société civile qu’il convient de réunir dans des conseils
régionaux de l’auto-entreprise que le CESE suggère de créer pour veiller à l’application
de la stratégie régionale de l’auto-emploi et de l’intégration du secteur informel.
Considérant la complémentarité entre le pilier territorial et sectoriel, le CESE
recommande la création de pôles de compétitivité régionaux fondés sur des études
de terrain pointues pour évaluer les spécificités et le potentiel de la région dans le
cadre d’une planification judicieuse des besoins.
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De même, le CESE estime qu’il est nécessaire d’accorder aux promotrices de ces
activités économiques locales la primauté et le privilège d’exploitation, au cas où un
investissement extérieur ou étranger interviendrait dans la promotion de la chaine
des valeurs, et préserver ainsi les droits d’exploitation des habitants locaux.
f. Intégrer les marchands ambulants
Le CESE souligne l’importance de la coordination et de la coopération entre les
autorités concernées, qu’elles soient des collectivités ou autorités locales, des instances
gouvernementales ou non gouvernementales, des associations professionnelles
ou bien des organismes financiers, pour une intégration effective des marchands
ambulants.
A cet effet, le CESE prend note des initiatives visant la réintégration des marchands
ambulants dans plusieurs villes marocaines, en particulier le projet national appuyé
par l’INDH pour intégrer dans une première phase 300.000 marchands ambulants,
construire des espaces commerciaux pilotes et inciter les marchands ambulants
à s’organiser en associations pour bénéficier du soutien financier nécessaire à la
promotion de leur commerce.
Dans ce contexte, le CESE souligne la nécessité d’élaborer un plan d’urgence intégré
pour restructurer les secteurs commercial et artisanal, et intégrer les marchands
ambulants dans l’économie nationale en optimisant le potentiel et les services
proposés par cette catégorie. Pour cela, le CESE préconise :
• l’organisation des marchands ambulants et l’encouragement des espaces
commerciaux pilotes mobiles programmables et gérables dans le temps et dans
l’espace ;
• la reconsidération de l’aménagement urbain et commercial et la réorganisation
intégrée du commerce de proximité.
g. Reconnaitre les acquis de l’expérience professionnelle pour intégrer le
secteur informel
Le CESE souligne la nécessité de reconnaitre les acquis de l’expérience professionnelle
comme instrument essentiel d’intégration des unités de production informelles et
ce en rationalisant et en organisant le travail tout en permettant aux titulaires de
ces unités la validation de leur compétence et de leur qualification pour intégrer
l’économie formelle.
Ainsi, la reconnaissance des acquis de l’expérience professionnelle de ces
entrepreneurs informels valorisera leur savoir-faire et leur permettra de passer à des
activités de qualité meilleure, en termes de productivité, grâce aux moyens offerts à
travers la procédure de validation des acquis de l’expérience professionnelle.
Dans ce cadre, le CESE estime que la procédure de validation des acquis de
l’expérience doit s’effectuer moyennant des formations sanctionnées par la
délivrance d’attestations aux bénéficiaires. Cette procédure de validation devrait
s’opérer à travers un partenariat entre l’Office de la Formation Professionnelle et de
la Promotion du Travail (OFPPT), les chambres et les associations professionnelles et
les partenaires sociaux.
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Le CESE recommande aussi d’agir pour diversifier et adapter les produits de la CCG
aux divers besoins de l’auto-entreprise. Pour cela, le CESE préconise de faciliter
l’accès aux services de la CCG, de simplifier ses procédures pour accélérer l’offre de
garantie, d’améliorer la coordination avec les institutions financières et d’intensifier
la communication avec la population cible en clarifiant les conditions d’octroi
des garanties surtout pour les entrepreneurs qui ne disposent pas de garanties
personnelles pour obtenir des crédits.
m. Développer les mécanismes de soutien et d’accompagnement des
entreprises et des projets nouvellement créés
Le CESE recommande d’appuyer et de développer les mécanismes de soutien et
d’accompagnement des entreprises et des projets nouvellement créés, à travers
divers dispositifs, notamment :
i. Le mentorat
Le CESE recommande d’encourager le mentorat en permettant aux entreprises
expérimentées d’accueillir et d’accompagner les porteurs de projets en leur
prodiguant l’appui et le conseil nécessaires et surtout le partage de l’expérience
acquise, notamment par les « Mentors » pour aider ces porteurs de projets à atteindre
leurs objectifs professionnels.
Le CESE rappelle que le mentorat est un travail volontaire qui s’opère dans le cadre
des relations professionnelles. A cet effet, le Conseil recommande de soutenir les
programmes médiatiques qui y sont dédiés et de généraliser les bonnes pratiques
dans ce domaine.
ii. L’essaimage
L’essaimage est l’un des mécanismes efficaces permettant la création de nouvelles
entreprises, tout en leur accordant des marchés et en favorisant les conditions de
leur succès. A cet effet, le CESE préconise de faciliter l’essaimage en fournissant
l’accompagnement professionnel adéquat pour réussir cette opération avant et
après la création des entreprises.
De ce fait, et pour encourager l’essaimage et inciter les créateurs d’entreprise, le CESE
suggère de préserver les mêmes avantages sociaux dont bénéficient les créateurs
d’entreprise à travers l’essaimage.
iii. La création et la promotion des pépinières d’entreprises
Le CESE recommande d’appuyer et de développer les pépinières d’entreprises qui
constituent le principal dispositif dédié au service de l’entreprise émergente, en
particulier dans la phase du démarrage puisqu’elles offrent le soutien et le conseil
permettant d’éviter les écueils des débuts.
Le CESE propose à cet égard, de réaliser une étude d’évaluation de l’expérience
actuelle et de procéder à la généralisation de ces pépinières d’entreprises dans
toutes les régions du Maroc pour accueillir et soutenir les porteurs de projets en
leur fournissant la logistique et en les accompagnant au niveau du conseil et de
l’encadrement pour le lancement et le développement de leurs projets.
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Annexes
Ghorfi Thami
Hatchuel Armand
Horani Mohamed
Ilali Idriss
Mernissi Fatema
Ouaouicha Driss
Rachdi Abdelmaksoud
Sasson Albert
Alaoui Mohamed
Bensami Khalil
Boukhlafa Bouchta
Simou Najat
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Abbouh Ahmed
Boulahcen Mohamed
Faher KamalEddine
Foutat Abdelkarim
Ghannam Ali
Hifdi Abdellilah
Kettani Mouncef
Riad M’Hammed
Catégorie des Organisation et Associations œuvrant dans les domaines de
l’économie sociale et de l’activité associative
Benchaaboun Mohamed
ElKhadiri Mohammed
Ksiri Abderrahim
Mkika Karima
Mostaghfir Mohamed
Zaoui Zahra
Ahmidouch Said
Cheddadi Khalid
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Références bibliographiques
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Conseil Economique, Social et Environnemental
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