Les Marchés Publics Et Les Collectivités
Les Marchés Publics Et Les Collectivités
Les Marchés Publics Et Les Collectivités
Mars 2013
Octobre 2013
1
Première partie : Marchés publics et collectivités locales : état des lieux.............................................. 8
Chapitre 1er - Le cadre juridique actuel : forces et faiblesses .............................................................. 9
Section 1ère - Les procédures de passation et d’exécution : complexité et insuffisante efficacité 9
Section 2- Le dispositif de contrôle : entre lourdeur et allègement ......................................... 11
Chapitre 2- Dysfonctionnements pratiques ....................................................................................... 13
Section 1- L’insuffisance des compétences en matière de marchés publics et les lourdeurs des
procédures..................................................................................................................................... 13
Section 2- Les pratiques anticoncurrentielles et les problèmes d’éthique .................................. 15
Deuxième partie : Perspectives et propositions ................................................................................... 17
Chapitre 1 – Perspectives et proposition de réforme des collectivités locales .................................. 17
Section 1ère - Réforme constitutionnelle des collectivités locales ................................................. 17
Section 2 - Perspectives de réformes législatives ......................................................................... 20
Chapitre 2- Les perspectives et propositions de réforme des marchés publics .............................. 21
Section première : Propositions relatives à l’organisation............................................................ 21
§1 - Réaménagement des attributions et de la composition des commissions de marchés
régionales et communales ........................................................................................................ 21
§2- Mise en place de centrales d’achat ..................................................................................... 23
§ 3- L’intégration des technologies de l’information et de la communication dans le processus
d’achat public ............................................................................................................................ 24
Section 2 – Propositions relatives aux aspects fonctionnels des marchés publics des collectivités
locales ............................................................................................................................................ 24
Section 3 - Renforcement de la moralisation ................................................................................ 33
Section 4 - Renforcement des capacités : plan de formation, guides ........................................... 35
§1- Développement du métier ................................................................................................. 35
§2- Plan de formation ............................................................................................................... 35
§3- Uniformisation des documents relatifs aux marchés publics ........................................... 35
2
Les marchés publics et les collectivités locales
Quelques réflexions et propositions
Introduction générale
Les évènements qu'a connu la Tunisie en 2010-2011 se sont d'abord déclenché au plan local
et régional, particulièrement dans les régions les plus marginalisées et ont porté d'abord sur
l'emploi, la dénonciation de la corruption et des malversations (l'emploi est un droit bande
de voleurs) et le développement régional équitable. Ils ont fait chuter l’ancien pouvoir. Cette
chute a ouvert une période de transition délicate impliquant de nombreux chantiers de
transformation et de réforme de la gouvernance tant politique, qu’économique et sociale au
plan central, comme au plan des collectivités locales.
Le rejet de la mauvaise gouvernance marquée par la centralisation des décisions, la
corruption et le népotisme impose une nouvelle logique plus décentralisatrice et une
volonté de réaliser les objectifs de l’égalité des chances, de l’intégrité, de la performance, de
l’efficience, de l’efficacité et de la responsabilité dans la gestion des affaires publiques.
Aussi bien les marchés publics que les collectivités locales s’inscrivent pleinement dans cette
perspective et en constituent des chantiers majeurs tant leur poids, leurs fonctions mais
également les maux dont ils souffrent sont nombreux. Le développement équitable et
l’emploi exigent un rôle plus actif des collectivités et une utilisation intègre des marchés
publics pour favoriser un développement local et régional bénéfique pour les populations et
pour les entreprises.
Les marchés publics se trouvent en effet au cœur de ces problématiques, et constituent un
instrument de promotion important de l'investissement générateur d'emploi et de
développement. Ils peuvent ainsi, particulièrement dans le contexte tunisien actuel, assurer
une fonction instrumentale et de politique publique de développement local et régional.
A cet égard, il convient de souligner que chaque année, les marchés publics consomment 12
à 13% du PIB tunisien et plus de 40% du budget de l’Etat. Les collectivités locales constituent
des acheteurs publics importants. Toutefois, l'essentiel des grands marchés publics même
destinés aux régions et aux communes, au développement régional et à l'aménagement du
territoire, leur échappe et est conclu par les administrations centrales.
La question des rapports entre collectivités locales et marchés publics apparaît ainsi
particulièrement sensible et son analyse d'un grand intérêt, d'autant plus que ces deux
secteurs sont appelés dans la prochaine période à connaitre de profondes réformes.
3
Il convient alors de rappeler rapidement ce qu’on entend par marché public et par
collectivités territoriales locales et régionales.
Définitions
Marchés publics
Ils sont aujourd’hui définis par l’article premier du décret n°2002-3158 du 17 décembre 2002
qui régit les marchés publics comme étant « des contrats écrits, passés par l'acheteur public,
en vue de la réalisation des commandes publiques. ». L’article 3 ajoute un complément
indispensable en précisant les seuils à partir desquels les achats publics prennent le
caractère de marché public.
Ainsi, le marché public se définit par trois éléments : un élément formel, un élément
organique et un élément matériel comprenant deux composantes : l’objet et les seuils.
D’abord, quant à la forme, le décret exige l’écrit ce qui donne au formalisme un poids
particulier dans les marchés publics. L’écrit apparaît ainsi comme une condition de validité
du contrat.
Ensuite, le marché public se définit également par un aspect organique. Il est, en effet,
conclu par un acheteur public. Le § 3 de l’article premier du décret du 17 décembre 2002
précise qu’« Est considéré acheteur public au sens du présent décret, l'Etat, les collectivités
locales, les établissements publics, les établissements publics à caractère non administratif et
les entreprises publiques ». L’acheteur public peut donc être aussi bien une personne
publique (l'Etat, les collectivités locales, les établissements publics, les établissements publics
à caractère non administratif) qu’une personne morale de droit privé puisque, en droit
tunisien, aux termes de l’article 8 nouveau de la loi n° 89-9 du 1er février 1989 modifiée,
relative aux participations, entreprises et établissements publics,1 l’entreprise publique peut
revêtir soit la forme de l’établissement public non administratif soit celle de la société
anonyme.
Enfin, quant à l’élément matériel, il concerne, d’une part, l’objet du marché : le marché
public correspond à une commande publique portant sur des prestations diverses que le § 4
de l’article 1er du décret regroupe en trois catégories : les travaux, les fournitures de biens
ou de services, et les études.
1 er
J.O.R.T. n°9 du 7 février 1989, p. 203 modifiée et complétée successivement par la loi n°94-102 du 1 août
1994, la loi n° 96-74 du 29 juillet 1996, J.O.R.T. n° 62 du 2 août 1996, p. 1638, la loi 99-38 du 3 Mai 1999, la loi
n°2001-33 du 29 mars 2001et la loi 2006-36 du 12 juin 2006.
4
Mais ces éléments sont insuffisants pour qualifier un achat public de marché public. Ils
doivent être complétés par le critère des seuils financiers que fixe l’article 3 du décret. 2
Collectivités locales
Elles sont des Institutions Politico-Administratives territoriales décentralisées au sein d’un
Etat Unitaire. Ce sont des divisions territoriales décentralisées autonomes, d’essence
participative concourant à l’exécution des politiques d’aménagement du territoire et à la
gestion des Affaires Publiques.
Les Collectivités Territoriales détiennent des compétences qui leur sont attribuées par la
Constitution et/ ou par la loi et se caractérisent par les éléments suivants :
- Une population et une superficie bien délimitée du territoire national ;
- Des organes de gestion élus ;
- La personnalité morale impliquant la libre administration et une autonomie de gestion
administrative et financière
- compétences propres reconnues par la Constitution et/ou par la loi ;
Il existe aujourd’hui deux catégories de collectivités territoriales en Tunisie :
- Les communes régies par la loi organique des communes promulguée par la loi n° 75-33 du
14 mai 1975 modifiée et complétée, par la suite, plusieurs fois notamment en 1985, 1991,
1995 et en 1006
Et
2
A cet égard, l’article 3 du décret modifié par le décret du 5 juin 2012 fixe ces seuils en revoyant à la hausse en
disposant que « Doivent faire l’objet de marchés publics, les commandes dont le montant, toutes taxes
comprises, est supérieur à :
- deux cent mille dinars (200.000 dinars) pour les travaux.
- cent mille dinars (100.000 dinars) pour les études et la fourniture de biens ou de services dans le secteur de
l’informatique et des technologies de la communication.
- cent mille dinars (100.000 dinars) pour la fourniture de biens ou de services dans les autres secteurs.
- cinquante mille dinars (50.000 dinars) pour les études dans les autres secteurs. »
5
- Les gouvernorats régis par la loi organique n° 89-11 du 4 février 1989 modifiée, relative aux
conseils régionaux et qui constituent à la fois des structures déconcentrées de l’Etat et des
collectivités décentralisées (mélangeant ainsi deux modes d’organisation administrative du
territoire et un mélange des genres.
Les marchés publics des collectivités locales s’inscrivent dans un cadre national et
international instable.
Les contextes, tant national qu’international, sont extrêmement délicats et mouvants. Ils
convergent pour imposer des réformes centrées sur les mêmes préoccupations de
performance par l’équité, l’intégrité, l’efficience, l’économie et l’efficacité.
Au plan international, le contexte est caractérisé par de grandes fluctuations économiques,
par une baisse, voire une stagnation de la croissance, et par une forte instabilité des prix des
matières premières. Par ailleurs, en matière de marchés publics, on observe une tendance
internationale au renforcement de la transparence dans une optique de lutte plus efficace
contre la corruption et les malversations, une volonté de renforcer la concurrence,
d’assouplir et de raccourcir les procédures et les délais notamment par un recours accru à la
dématérialisation, et d’une prise en compte plus significative des impératifs du
développement durable. Les conventions et accords conclus, les sommets organisés et les
réflexions et les approches et autres guides élaborés par les organisations internationales
telles que l’Organisation des Nations-Unies, l’OMC, l’OCDE ou l’Union Européenne en
constituent des illustrations.
Au plan interne, ces données impliquent, pour les pouvoirs publics tunisiens, une
gouvernance réactive, souple, efficiente et efficace des ressources et des dépenses. Les
marchés publics constituent l’une des composantes majeures de ces dépenses.
Le pays vit en effet une période de transition marquée par des difficultés économiques et
financières très sérieuses avec une aggravation des déficits publics et de l’endettement d’un
côté, et des exigences et des revendications économiques et sociales pressantes et
coûteuses de l’autre.
En outre, le contexte tunisien se caractérise par une exigence de lutte contre la corruption et
les malversation, et de recherche de la performance, de l’efficience, de l’efficacité, de
6
l’économie, de l’intégrité et de la qualité de l’achat public et de la « bonne gouvernance »,
pour une meilleure protection des derniers publics
Dans un tel contexte, la question de la gouvernance des marchés publics comme celle des
collectivités locales apparaît d’une importance capitale.
Ce contexte impose, en effet, une réforme profonde et globale du système de gouvernance
publique dans le sens d’une plus grande intégrité et une plus grande performance.
Ainsi, concernant les marchés publics, un programme d’urgence d’appui général au budget
de l’Etat intitulé Programme d’Appui à l’Inclusion Sociale et à la Transition (PAIST) a été
conclu entre la Tunisie et certains bailleurs de fonds internationaux aux termes duquel le
gouvernement tunisien s’est engagé à mener une réforme globale du système national de
passation des marchés publics afin d’y apporter plus de transparence, d’équilibre et de
responsabilisation des acheteurs publics.
Quant aux collectivités locales, le projet de la nouvelle future constitution, tranchant avec
celle de 1959 qui ne leur réservait qu’un seul et court article (l’article 71), leur consacre,
outre un chapitre entier composé de 12 articles, deux autres articles au chapitre premier
impliquant, s’il est adopté dans sa configuration actuelle, d’importantes transformations.
De telles réformes supposent d’abord l’analyse de l’état des lieux (Première partie) et
ensuite la recherche de quelques pistes de réforme (II).
7
Première partie : Marchés publics et collectivités locales : état des lieux
8
Chapitre 1er - Le cadre juridique actuel : forces et faiblesses
10
Mais, au-delà de l’affirmation formelle du principe, on peut relever diverses lacunes du
dispositif tunisien en matière de transparence tant au plan fonctionnel qu’au plan
institutionnel facilitant l’accroissement d’un véritable fléau de corruption.
Sur le plan procédural, on peut notamment relever l’absence d’hiérarchisation des critères
de sélection des offres. Une telle lacune est de nature à priver toutes les règles régissant les
étapes antérieures de la passation de leur effet utile. On peut, en outre, évoquer la
possibilité de négocier les prix « dans le cas où il s’avère que l’offre financière jugée la plus
intéressante … comporte certains prix excessifs ».3
Les problèmes et insuffisances de concurrence, de transparence et d’égalité engendrent
diverses conséquences au stade de l’exécution notamment en termes d’efficacité,
d’équilibre contractuel, de droits et d’obligations des parties au contrat et de partage des
risques.
La méfiance réelle et la volonté d’encadrer méticuleusement les procédures, de multiplier
les contraintes formelles et procédurales, de promouvoir la transparence a engendré,
paradoxalement, la démultiplication des contrôles, leur complexité et leurs lourdeurs. Ceci a
eu pour effet pervers de réduire la transparence et la célérité, d’allonger les délais et
d’augmenter les coûts de l’achat public. Les principes et les objectifs proclamés par la
réglementation se trouvaient, ainsi, affaiblis par les déploiements même de ces procédures
et des contrôles qu’elles impliquent. C’est pourquoi, un mouvement inverse de simplification
et d’accélération marque les deux textes relatifs à la matière pris après le 14 janvier 2011.
Les modifications de 2011 et 2012 semblent chercher à renverser la tendance et tentent de
remédier à ces tares. En effet, ces deux textes sont marqués par un souci de simplification et
d’accélération des procédures de passation.
Cette même volonté d’allègement caractérise les derniers réaménagements des contrôles.
Le dispositif mis en place à partir 2002 se caractérise par des contrôles démultipliés et
lourds. Cet alourdissement des contrôles, observé entre 2002 et 2010, était en contradiction
avec le discours dominant depuis les années 60, soulignant les coûts du contrôles et plaidant
pour leur allègement, notamment a priori, sur l’action des entités publiques. Justifié par une
3
Article 80.
11
volonté de recherche de transparence, de qualité et d’efficacité, il engendrait des effets
pervers consistant en la lourdeur, la complexité et l’affaiblissement de l’initiative et du
dynamisme des gestionnaires publics, et paradoxalement, sans réelle efficacité face au
phénomène de corruption et de pratiques anticoncurrentielles.
D’abord, le décret de 2002 avait alourdit le système de contrôle permanent sur les marchés
publics. Ce contrôle est exercé, théoriquement, à tous les stades du processus de l’achat
public par des organes internes et externes.
Par ailleurs, outre la recomposition des différentes commissions de marchés, le décret de
2002 a créé deux nouvelles structures : l’Observatoire National des Marchés Publics et le
Comité de Suivi et d’enquête créés auprès du premier ministre.
Si l’on ajoute à ce dispositif, déjà lourd, les contrôles externes juridictionnels et non
juridictionnels de la Cour des comptes, du conseil de la concurrence et des autres corps et
inspections (Contrôle Général des Services Publics, Contrôle Général des Finances,
inspections départementales), on aura le sentiment que la confiance, élément fondamental
et consubstantiel à l’efficacité des contrats et à la vie des affaires, est inconnue dans
l’univers des marchés publics. L’impression qui s’en dégageait est que la méfiance régnait
engendrant une complexité procédurale et une lourdeur des contrôles, des surcoûts et un
affaiblissement de la qualité de l’achat public.
Les modifications de 2011 et 2012 semblent chercher à renverser la tendance et tenter de
remédier à cette complexité et à ces lourdeurs. En effet, les deux récents textes sont
marqués par un souci d’allègement et d’accélération des procédures de contrôle notamment
a priori.
C’est dans cette optique qu’on peut inscrire la révision à la hausse des seuils prévus par
l’article trois ainsi que des seuils de compétence des différentes commissions des marchés
par l’article 1er nouveau issu du décret n°2012-5015 du 2 juin 2012.
En outre, l’allègement observé des contrôles préalables est accompagné par un
renforcement des contrôles ex post (art. 11, 12 et 17 du décret du 23 mai 2011).
Le dispositif procédural tant en matière de passation et d’exécution qu’en matière de
contrôle présente donc un tableau mitigé avec des tendances d’évolution instables et
contradictoires, avec des zones d’ombre, des lacunes et des retards assez gênants.
Il convient d’y ajouter l’insuffisance de modernisation des procédures des marchés publics.
On peut souligner deux aspects qui nous paraissent capitaux. Il s’agit, d’une part, de la
12
dématérialisation des procédures et, d’autre part, de la prise en compte de la dimension
écologique et, par conséquent, de la durabilité de l’achat public. A cet égard, la
dématérialisation apparaît encore peu consistante et la durabilité insuffisamment prise en
compte.
Le dispositif ne tient pas compte par ailleurs des spécificités, des contraintes particulières et
des faiblesses des collectivités locales.
13
Il convient d’y ajouter la lourdeur des procédures et la crainte des recours devant les
instances de recours ou de règlement des litiges et qui relèguent le volet économique à
l'arrière-plan.
Les collectivités locales sont issues de la décentralisation qui s’accompagne, en
principe, du transfert des ressources humaines de l’Etat vers ces dernières. Or, la majorité de
ces entités régionales n'ont pas bénéficié de ce transfert. La faiblesse des ressources
humaines des collectivités fait que les collectivités ne sont souvent pas en mesure d’assurer
les tâches complexes d’ordre technique liées aux marchés publics tel que, la bonne
identification des besoins au préalable, l'établissement de critères pertinents pour le choix
des titulaires des marchés, la maîtrise des délais de traitement des dossiers, le suivi de
l'exécution des marchés publics ainsi que leurs réceptions, le règlement des sommes dues
aux titulaires des marchés publics, etc.
On ne juge donc pas ici de l’autonomie, de la volonté ou du dynamisme des équipes
régionales ou communales, mais du lien entre les compétences transférées et le volume des
tâches et le niveau des compétences techniques et organisationnelles des équipes des
collectivités pour les gérer.
Par ailleurs, le recours à des expertises externes en matière d’élaboration et de suivi
des marchés publics contribuera peut être à alourdir les charges des collectivités qui
souffrent, généralement de situations financières difficiles.
En fait ce qui manque aux collectivités territoriales c'est un personnel rodé,
compétent et spécialisé en matière de marchés publics, qui doit être en mesure de passer
des commandes publiques dans un temps raisonnable, et aussi capable d'assurer une
gestion saine et un suivi proche des opérations d’achat.
14
régional a contribué au freinage de la consommation du budget de l’Etat du moins pour
l'année budgétaire 2013 et qui est estimée à 32% seulement.
Cette lourdeur est sentie non seulement au niveau procédural mais aussi dans la
prévalence du critère prix comme principal frein à l’accroissement de l’investissement
public. Le choix du titulaire du marché sur la base de la règle du moins disant prive les
entreprises des régions de tout avantage possible malgré leurs proximité et leur contribution
effective à l'effort national fourni pour la promotion et le maintien de l'emploi.
La rigidité des appels d’offres est citée aussi comme frein, dans la mesure où cette
rigidité engendre une lenteur dans l'achèvement de toutes les opérations liées au marchés
publics commençant par les délais de dépouillements des offres passant par les délais
d'attribution des marchés publics arrivant aux délais de paiement. Or, ces délais d'attente
coûtent de l’argent pour les entreprises et engendrent aussi des frais supplémentaires (coûts
stockage, coûts sociaux, frais bancaires, ...). A noter aussi que les chefs d’entreprises sont
conscients du chemin qu’ils ont eux-mêmes à parcourir et ils sont obligés de comptabiliser
ces frais supplémentaires en amont, ce qui n'est pas forcément compatible avec l'application
"systématique" de la règle du moins disant.
15
entreprises mais aussi elle peut créer un favoritisme déguisé au détriment de la
concurrence.
L'analyse économique des effets économiques des pratiques d’entente
anticoncurrentielles et de corruption montre qu'elles sont néfastes pour l'administration et
les entreprises puisqu'elles provoquent une majoration artificielle du prix payé par
l’administration pour acheter des biens et des services. Mais il faut noter aussi, qu'au final,
les prix facturés au secteur public sont surestimés, ce qui confère une rente
anticoncurrentielle aux entreprises participantes à ces pratiques car celles-ci confisquent le
surplus des consommateurs du fait de leurs ententes. Ces pratiques ont donc un effet direct
et immédiat sur les dépenses publiques, sur les ressources des entreprises et sur les
contribuables-consommateurs.
Ainsi, les ententes autorisant la surfacturation nécessitent souvent la passivité ou la
complicité active des agents administratifs qui sont capables de détecter les ententes. Cet
inertie et passivité est souvent compensée par un échange de faveurs allant du pantouflage
ou de l'embauche de l'un de ses proches aux avantages en nature en passant par les pots-de-
vin en argent liquide.
Il résulte de ces ententes, dans un contexte de corruption, un surcoût de la
commande publique qui se répercute finalement sur les entreprises et les contribuables. La
gravité de ce phénomène est donc un sujet de préoccupation surtout à l'échelle régionale.
16
Deuxième partie : Perspectives et propositions
Ces perspectives doivent être esquissées en tenant compte notamment des implications
futures de la nouvelle constitution encore au stade du projet.
Toute réforme des marchés publics des collectivités locales est tributaire de leur statut, de
leur physionomie, de leurs compétences et des principes et règles de leur fonctionnement
qui seront consacrés dans la future constitution et la future législation qui en découlerait.
L'accroissement de l'investissement public à l'échelle régionale, devrait être
considéré comme un objectif stratégique. Dès lors, il devrait être consacré au plus haut
niveau de la hiérarchie des normes, dans la constitution. La décentralisation territoriale
s’exerce dans un Etat unitaire. Elle implique une autonomie des collectivités territoriales,
une flexibilité dans leurs actions, une démocratisation de l'administration et un contrôle
allégé du pouvoir central.
17
Tutelle allégée: la décentralisation implique l'existence d'un pouvoir de tutelle exercé
par le pouvoir central. Cette tutelle doit être allégée, ce qui veut dire que la
collectivité décentralisée ne devait pas avoir une autorisation de la part du pouvoir
central pour lancer un appel d'offres ou signer un marché public puisque cette
autorisation constitue une atteinte au principe de libre administration.
- Une indépendance organique qui est assurée lorsque les organes dirigeants des
collectivités décentralisées ne relèvent pas du pouvoir hiérarchique et disciplinaire du
pouvoir central. Les dirigeants des collectivités décentralisées doivent être élus afin d'éviter
les désignations susceptibles de limiter l'indépendance organique ;
18
compétence territoriale de l'ingérence du pouvoir central et les collectivités décentralisées
doivent bénéficier d’un droit de recours contre le pouvoir centrale pour empêcher une saisie
de compétences décentralisées.
Si l'organisation de l'administration territoriale est autonome, les marchés publics de
cette dernière seraient traités distinctement. A partir de ce moment, il est évident que les
marchés publics des collectivités locales soient soumis à un régime juridique spécial capable
de répondre aux exigences des régions en matière de promotion des investissements.
A cet égard, le projet de constitution fournit les fondements d’une décentralisation plus
solide et ouvre potentiellement les perspectives d’une gouvernance plus efficace des
marchés publics.
L’article 8 du projet de constitution dans sa version du 1 er juin 2013 dispose que « L'Etat
veille à la réalisation de la justice sociale, du développement durable, de l'équilibre entre les
régions et de l'exploitation raisonnée des richesses nationales ».
L’article 9 ajoute que « L’État s'engage à instituer la décentralisation et à l'appliquer sur tout
le territoire national, de façon à appuyer les chances de développement et à relever le niveau
de vie de tous les citoyens, sans toucher à l'unité de l'Etat.
Quant au chapitre 7 réservé aux autorités locales et composé de 12 articles, il consacre les
éléments suivants :
- Un découpage à trois étages (article 128) : commune, régions et districts (grandes régions)
avec possibilité ouverte de création d’autres niveaux
- Une reconnaissance de l’autonomie administrative et financière (art.129)
- Une répartition des compétences sur le fondement des principes de libre administration
(art. 129) et de subsidiarité (article 131)
- Trois types de compétences : propres, conjointes et transférées (art. 131)
- Reconnaissance d’un pouvoir réglementaire propre aux collectivités décentralisées (art
131)
- Établissement d’une liaison forte entre transfert de compétences et transfert des
ressources (art.132)
- Principe de solidarité financière (art. 133)
- Autonomie de gestion des ressources financières et bonne gouvernance (art.134)
- Contrôle de légalité ex post : (art. 135)
- Coopération et partenariat (137
19
Ce dispositif constitutionnel devrait être complété et concrétisé par une réforme
législative et réglementaire d’ensemble.
de la loi n° 75-35 du 14 mai 1975, portant loi organique du budget des collectivités
locales, ensemble les textes qui l’ont modifiée ou complétée et notamment la loi
organique n° 97-1 du 22 janvier 1997 et la loi organique n°2007-65 du 18 décembre
2007 ;
20
B - Soit l’abrogation du dispositif actuel et son remplacement par un véritable code
des collectivités locales conçu dans le sens de l’unification, de la consolidation, du
renforcement de la responsabilisation des collectivités moyennant un contrôle
davantage centré sur l’intégrité, la performance et les résultats, et régissant
l’ensemble des questions relatives à l’organisation, aux compétences et au
fonctionnement des collectivités locales, dont un chapitre serait consacré aux
marchés publics de ces collectivités et prenant en considération leurs contraintes et
leurs potentialités spécifiques.
Cette dernière perspective nous paraît la plus appropriée. La réforme des marchés
publics locaux et régionaux doit s’inscrire en particulier dans ce cadre.
Ces propositions portent, d’une part, sur les aspects d’organisation et d’autre part, sur des
questions de fonctionnement.
21
- Un représentant du Ministre chargé de l'Industrie, Un représentant du Ministre
chargé du commerce
- Le directeur régional de l'Equipement et de l'Habitat et de l'Aménagement du
Territoire
Sauf cas d'empêchement dûment justifié, le chef de l'administration ou de
l'établissement public concerné assiste à la réunion pour présenter ses dossiers à la
commission des marchés compétente. En cas d'empêchement, il peut se faire représenter par
les personnes chargées du dossier qu'il désigne à cet effet. Les dispositions relatives à cet
article s'appliquent aux marchés à conclure pour le compte des collectivités locales et des
organismes assimilés situés dans le gouvernorat concerné et aux marchés à conclure dans le
cadre des crédits délégués par l'Etat aux gouvernorats et aux marchés des établissements
publics situés dans le gouvernorat sous réserve des dispositions spécifiques applicables aux
marchés de certains établissements publics.
Relèvent également de la compétence de la commission régionale, les marchés
relatifs aux dépenses à caractère régional telles que spécifiées par décret quelque soit leur
montant, à l'exception des marchés relevant de la compétence de la commission supérieure
des marchés".
Article 92 : "La commission communale des marchés est composée des membres
suivants :
- Le président du conseil municipal ou son représentant parmi les conseillers
municipaux : président
- Le Secrétaire Général de la Commune : membre
- Le Contrôleur des dépenses de la commune : membre
- Un représentant de la direction régionale de l'Equipement et de l'Habitat et de
l'Aménagement du territoire : membre
- Le receveur des finances, comptable de la commune : membre
- La commission communale des marchés instituée auprès de la commune de Tunis
comprend, en outre, les membres suivants :
- Un représentant du Ministre chargé des Finances, un représentant du Gouverneur de
la Banque Centrale de Tunisie
22
- Un représentant du Ministre chargé des Technologies de la Communication et du
Transport ou du Ministre chargé de l'Equipement, de l'Habitat et de l'Aménagement du
Territoire ou du Ministre chargé de l'Industrie et de l'Energie selon l'objet du marché.
Sont maintenues les commissions communales des marchés déjà instituées
antérieurement à la parution du décret n° 89-280 du 10 février 1989 fixant les conditions
d'application de l'article 13 de la loi N°75-35 du 14 Mai 1975 portant loi organique du budget
Des collectivités locales.
La commission des marchés de la commune de Tunis, pour les marchés conclus à son
profit, exerce les mêmes attributions et dans les mêmes limites que la commission
départementale des marchés".
23
Une centrale d'achat est une organisation ayant pour objet de regrouper les commandes
d'un ensemble de membres. La structure offre de meilleures conditions d'achat (grâce
aux économies d'échelle). Ce type d’organisme est prévu par le droit de l’Union européenne
des marchés publics ainsi que par les législations et réglementations de ses divers pays
membres, à l’instar de la Belgique et de la France.
Une centrale d’achat est, en effet, un Acheteur qui acquiert des fournitures ou des services
destinés à des acheteurs publics, ou passe des marchés publics de fournitures, de services ou
de travaux destinés à des acheteurs publics. L’Acheteur public qui recourt à une centrale
d’achat est considéré comme ayant respecté ses obligations de publicité et de mise en
concurrence pour autant que la centrale d’achat est soumise, pour la totalité de ses achats,
aux dispositions du présent décret.
Ceci pourrait être une solution adaptée aux collectivités locales qui souffrent de
l’insuffisance des ressources financières et du manque de compétence et de
professionnalisme en matière d’achat public.
Section 2 – Propositions relatives aux aspects fonctionnels des marchés publics des
collectivités locales
Sur le plan de la démarche d’abord, les réformes à introduire doivent s’inscrire dans une
logique participative. Au plan de leur contenu, ensuite, elles doivent conjuguer simplification
24
et diversification pour tenir compte des spécificités des diverses catégories des collectivités
territoriales.
§1 - Approche participative
1) Simplification
25
la mise en place d’une série de réformes destinées à moderniser et surtout, à simplifier et à
accélérer les procédures des marchés publics. Les entrepreneurs sont quotidiennement
amenés à collaborer avec diverses administrations publiques dans le cadre de la planification
de travaux, de l’exécution d’un marché et du paiement.
Les autorités belges par exemple ont opté pour l'application du "principe de
confiance" dans les marchés publics. En effet, c’est le principe par lequel l'acheteur public
est invité à se suffire au minimum de documents pour ne pas alourdir la tâche des
entreprises locales.
26
2- Propositions relatives aux délais et au régime d’exécution
La lenteur des procédures de passation des marchés publics engendre des coûts
supplémentaires pour les opérateurs privés. En plus, la réglementation des marchés publics
fixe des délais pour les soumissionnaires qui sont parfois assortis de pénalités en cas de non
respect. Mais le même texte ne prévoit pas des délais bien déterminés pour l'administration.
Cette absence de délais ou de sanction donne à l'administration un pouvoir discrétionnaire
et parfois conduit à des abus.
b)- Autre brèche observée dans la procédure des marchés publics est l’absence de
fixation d'un délai entre la signature du marché et l'émission de l'ordre de service de
commencement de l'exécution. En fait, les entreprises sont obligées surtout dans les
marchés de travaux d'attendre que les acheteurs publics émettent un ordre de service qui
peut tarder des mois.
A cette observation s'ajoute un constat assez important. En effet, la reforme de 2008
a introduit l'obligation d'insérer dans les cahiers des charges une formule d'actualisation des
offres que le titulaire de marché peut faire jouer, en cas d'un retard imputable à l'acheteur
public. Plus précisément, l'article 42 bis du décret 2002-3158 du 17 décembre 2002 portant
réglementation des marchés publics tel que modifié par le décret n°2471 du 5 Juillet
2008 stipule que: "Le titulaire du marché à prix ferme, peut demander l’actualisation de son
offre financière si la période entre la date de présentation de l’offre financière et de
notification du marché ou d’émission de l’ordre de service de commencement d’exécution le
cas échéant, dépasse six mois.
Le cahier des charges doit indiquer les bases de l’actualisation et les modalités de son
calcul.
27
Le titulaire du marché est tenu de présenter à l’acheteur public une demande dans
laquelle il indique le montant de l’actualisation requis, les bases et les indices ayant servi à sa
détermination. Cette demande doit être accompagnée par tous les documents et justificatifs
le prouvant.
L’acheteur public procède à l’étude de cette demande et établit à cet effet un rapport
qu’il soumet à la commission des marchés compétente. Ce rapport doit comporter l’avis de
l’acheteur public à propos de la demande d’actualisation et sa proposition à cet égard.
Si la commission des marchés compétente approuve le bien fondé de la demande
d’actualisation, l’acheteur public procède à l’actualisation du montant de l’offre si le marché
n’est pas encore signé ou à l’établissement d’un projet d’avenant au marché conclu,
conformément à l’avis de la commission des marchés, qui sera soumis au titulaire du marché
pour signature".
Malgré l'existence de cette formule d'actualisation des offres financières, on a
observé que les acheteurs publics omettent l'insertion de cette formule d'actualisation dans
les cahiers des charges. Ceci est d’autant plus inacceptable que le décret régissant les
marchés publics n'a pas prévu une application d'office d'une formule d'actualisation
prédéfinie en cas d'absence de cette formule dans les cahiers des charges.
3- Diversification
Dans une optique de diversification facteur de flexibilité et d’adaptabilité des
procédures, outre les marchés à procédure adaptée ci-dessus évoqués, on peut également
recommander l’introduction en droit tunisien de la technique, consacrée dans divers droits
étrangers, des marchés globaux et encourager davantage la coordination de leurs achats .
a) Les marchés globaux
Compte tenu du faible taux d’encadrement dans les collectivités locales et les faiblesses
observées en matière de maîtrise du processus des marchés publics, la technique des
marchés globaux de conception-réalisation est de nature à faciliter le dépassement des
faiblesses observées.
Le marché global intègre à la fois de conception et l’exécution. Il s’agit d’un marché unique
généralement en matière de travaux passé avec une ou un groupement d’entreprises
choisi, pour les marchés locaux et régionaux, dans une logique de préférence régionale et
qui porte à la fois sur la conception du projet et l’exécution des travaux, ou sur la
conception, la fourniture et la réalisation d’une installation complète.
29
Les collectivités locales devraient pouvoir recourir à ce type de marchés si ce recours est
justifié par, outre des motifs d’ordre technique par des préoccupations de développement
local ou régional.
30
Chaque collectivité locale membre du groupement, pour ce qui la concerne, signe le marché
et s’assure de sa bonne exécution.
La convention constitutive du groupement peut, en outre, prévoir que le coordonnateur sera
chargé :
a - Soit de signer et de notifier le marché, chaque membre du groupement, pour ce qui le
concerne, s’assurant de sa bonne exécution ;
b - Soit de signer le marché, de le notifier et de l’exécuter au nom de l’ensemble des
membres du groupement.
De nombreuses avancées ont eu lieu ces dernières années au niveau des textes afin
de responsabiliser les acheteurs publics. Cependant, il serait souhaitable de poursuivre cette
démarche de responsabilisation et d’audit en matière des marchés publics. Une ambitieuse
réforme devrait être engagée pour alléger le contrôle a priori qui aboutit à un formalisme
excessif et l’axer sur la performance.
L’allégement du contrôle a priori et le renforcement du contrôle a posteriori des
acheteurs publics rend ces derniers plus responsables de leurs décisions et permet de les
mettre en cause en cas d’infraction aux règles régissant les marchés publics.
En outre, il serait utile d’instituer un véritable contrôle de l’opportunité des marchés
publics afin d’encadrer le pouvoir discrétionnaire important dont dispose l’acheteur public
durant la phase de définition des besoins. Par ailleurs, il pourrait être envisagé d’élargir le
rôle des commissions des marchés en amont de la phase d’attribution afin qu’elles puissent
protéger l’intégrité et faire face aux pratiques de favoritisme et de corruption et aux conflits
d’intérêts.
Quant au contrôle a posteriori, il a été observé que l’audit pour les marchés n’est pas
systématique en pratique. En plus, il faudrait non seulement réaliser des audits pour les
marchés importants, mais aussi les rendre plus systématique pour les petits marchés des
collectivités locales où les malversations peuvent être plus fréquentes .
31
implantées dans les régions les plus défavorisées. Cette préférence peut s’opérer à travers
diverses techniques comme l’allotissement des marchés ou l’incitation à la sous-traitance
des entreprises régionales ou locales.
1) L’allotissement
Cette solution pourrait être envisagée. Elle semble une technique intéressante en
liaison avec les préoccupations de rééquilibrage des territoires et d’équité régionale, et
entre les diverses collectivités aux degrés de développement et de dynamisme économiques
très inégaux.
Elle risque de se heurter toutefois à diverses objections ainsi qu’aux règles du droit
international et du droit comparé. En effet, le droit de l’Union Européenne, et les directives
des grands bailleurs de fonds considèrent que les marchés publics ne peuvent sans
méconnaître le principe d'égalité de traitement des candidats, être attribués sur la base
d'une préférence locale ou régionale. Un critère de sélection lié à l'implantation
géographique des entreprises constituerait une méconnaissance des règles européennes de
la commande publique. Une obligation d'implantation géographique peut toutefois
32
constituer une condition à l'obtention du marché, si elle est justifiée par l'objet du marché
ou par ses conditions d'exécution, notamment pour des raisons liées aux délais
d'intervention du prestataire au regard du caractère urgent de la prestation à réaliser, étant
précisé qu'un candidat qui s'engage à s'implanter localement en cas d'attribution du marché
doit être considéré comme satisfaisant à cette obligation, au même titre qu'un candidat déjà
implanté. Ce dernier point est de nature à contrarier l’effet recherché par la sous-traitance
locale ou régionale.
Le renforcement de la moralité est une action qui peut être entreprise chez les
acheteurs locaux et régionaux et chez les opérateurs privés.
33
manquement aux normes de l’éthique doit être sévèrement sanctionné. Cependant, parfois
la difficulté d’identifier le « conflit d’intérêt » fait qu’il serait aussi difficile pour les autorités
publiques d’agir en conséquence. Dans cette optique, il serait utile de s’inspirer de la
définition du conflit d’intérêts en droit comparé. En effet, le conflit d’intérêt est une
situation de fait dans laquelle se trouve placée une personne face à deux intérêts divergents,
un intérêt général et un intérêt particulier, devant lesquels il a un choix à faire.
34
Section 4 - Renforcement des capacités : plan de formation, guides
La réforme visant l’allègement du contrôle a priori est souhaitable car elle est de
nature à permettre l’accélération des procédures de passation des marchés publics en
évitant un formalisme excessif de vérification de la régularité. Dans cette optique, Il faudrait
professionnaliser d’avantage l’opération d’achat public. Cet objectif peut être atteint à
travers le développement d’un métier acheteur public et l’établissement d’un plan de
formation en matière de marchés publics dédié au personnel des collectivités locales. En
outre, l’allégement du contrôle a priori devrait être accompagné par une uniformisation des
documents relatifs aux marchés publics.
35
Il est également souhaitable d’établir un ensemble de documents pour pouvoir
uniformiser l’application des procédures des marchés publics. En fait, l’allègement du
contrôle a priori doit être accompagné par l’établissement de documents types susceptibles
d’aider l’acheteur public dans toutes les phases de l’opération d’achat. Ces documents
peuvent être des cahiers de charges types applicables à un type de commande de même
nature.
Mieux encore, les autorités publiques peuvent établir des guides de procédures
comportant un ensemble de réponses à des questions fréquemment posées.
Conclusion
36