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Rapport Maroc

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Septembre 2015

L’urbanisme au Maroc face à son


environnement institutionnel
Projets urbains et logiques de gouvernance à Rabat et Agadir

Rapport du stage d’été Urbanistes du Monde

Enzo DAUPHINOT
Chloé SPERANDIO

Référente : Hind KHEDIRA


Résumé exécutif

Depuis les années 2000, les villes marocaines ont connu de profondes mutations de
l’action urbaine et urbanistique dans le pays, qui s’inscrit désormais dans une logique
mondialisée et de partenariats public-privé. Cela a favorisé l’émergence de l’urbanisme dit
« de projet », qui ne signifie pas pour autant la convergence des villes vers un modèle unique
néo-libéral. Au contraire, ce modèle a pris des colorations différentes à chaque endroit, selon
des systèmes d’acteurs locaux complexes.

Le présent travail tente ainsi de comparer ce qui passe dans l’agglomération de


Rabat-Salé, avec le mégaprojet d’aménagement de la Vallée du Bouregreg, et dans la
Commune Urbaine d’Agadir. En effet, ces deux cas forment deux modèles divergents
d’application de l’urbanisme de projet. Dans le premier, on assiste à une intervention royale
directe pour tenter de faire de la capitale du Royaume une vitrine pour le Monde, en
confisquant les pouvoirs locaux au profit d’une structure ad hoc créée par souci d’efficacité
et de contournement des défaillances de la gouvernance locale. Dans le second, c’est la
municipalité de la capitale régionale, forte d’une bonne gestion, qui s’est saisie pleinement de
ses compétences décentralisées et de nombreux projets d’urbanisme pour affirmer son
leadership (et une plus grande légitimité) au détriment du pouvoir central et des autorités
déconcentrées. Cela pose finalement des questions de gouvernance urbaine et de prérogatives
dévolues aux gouvernements locaux.

2
Table des matières

Résumé exécutif .............................................................................................................................. 2


Présentation de la mission .............................................................................................................. 4
Introduction ..................................................................................................................................... 5
I. Le projet du Bouregreg à Rabat-Salé : illustration d’un mégaprojet royal où les pouvoirs
locaux sont confisqués dans une optique d’efficacité................................................................... 8
A. Les acteurs en présence .................................................................................................... 10
1. La caution forte du chef de l’Etat .................................................................................. 10
2. Une seule entité responsable : l’Agence pour l’Aménagement de la Vallée du
Bouregreg ............................................................................................................................... 11
3. La place des communes : un rôle consultatif ............................................................... 11
B. Les limites de l’entité unique : la légitimité ...................................................................... 13
II. Le portage de projets par la Commune Urbaine d’Agadir : le « modèle » d’une structure
communale non défaillante .......................................................................................................... 14
A. Une administration locale qui utilise ses prérogatives .................................................... 15
B. Des projets portés directement par la municipalité ........................................................ 16
III. Limites de la comparaison : deux villes à l’histoire et aux vocations différentes ........... 19
A. Des collectivités aux prérogatives différentes .................................................................. 19
B. Des territoires géographiques différents .......................................................................... 20
C. Des destins divergents ....................................................................................................... 21
Conclusion...................................................................................................................................... 22
Liste des personnes rencontrées .................................................................................................. 25
Références ..................................................................................................................................... 26
Remerciements .............................................................................................................................. 29

3
Présentation de la mission

Ce rapport s’inscrit dans la cadre d’un stage d’été réalisé pour Urbanistes du Monde
durant le mois de juillet 2015. Ayant pour but d’animer un réseau international d’étudiants,
de chercheurs, de professionnels et d’acteurs de la société civile dans les domaines de
l’urbanisme et de l’aménagement des territoires, l’ONG propose chaque année à des
étudiants de réaliser des enquêtes de terrain dans différents pays sur des problématiques
urbaines. Cette année, en partenariat avec le Conseil Français Des Urbanistes (CFDU), les
missions ont été confiées à 18 stagiaires étudiants sur 11 destinations différentes, réalisées
en autonomie autour de la thématique intitulée : « Quels métiers de l’urbain pour quelles
villes dans les pays du Sud en 2030 ? » ; et dans laquelle chacun approfondit une approche
particulière. Les résultats ont été présentés lors de son forum annuel du 26 au 28 août
2015 et ce rapport en constitue l’aboutissement.

Figure 1 - Carte du Maroc


Source : Apple Plans
4
Introduction

Le Maroc constitue un terrain privilégié pour l’observation de la fabrique de la ville au


e
XXI siècle car il est doté de caractéristiques croisées de différents héritages qui font de ses
villes des laboratoires des transformations que connaissent les pays du Sud, mais qui reposent
également sur des spécificités propres au pays ou à chacune d’entre elles.

Après avoir été le « terrain d’expérimentation privilégié de l’urbanisme colonial »1,


avec la création de nouveaux quartiers planifiés (des « villes nouvelles » selon la commande
de Lyautey) distincts des médinas préexistantes, les villes marocaines se sont développées
tout au long du XXe siècle autour de ces doubles centralités et ont connu une très forte
expansion non contrôlée nourrie par un exode rural qui se poursuit encore aujourd’hui
(Mohamed El Halaissi2). En raison de ces trames urbaines singulières, l’urbanisme marocain
forme un objet d’étude tout à fait intéressant puisque confronté à une dichotomie entre un
héritage de planification et des pressions démographiques et économiques spectaculaires, en
particulier depuis les deux dernières décennies. L’action collective urbaine connaît ainsi un
système de gouvernance et de régulation en pleine mutation.

D’après Aziz Iraki, alors que l’Etat a longtemps piloté un urbanisme « réglementaire »
poussé, cette méthode s’est vue progressivement dépassée par de nouveaux dispositifs et
l’arrivée de nouveaux acteurs. L’urbanisme traditionnel a ainsi opéré un glissement graduel au
profit de nouvelles formes d’action, en particulier avec l’introduction officielle par la
circulaire ministérielle n°254 du 12 février 1999 de l’instrument de la « dérogation » (c’est-à-
dire la possibilité de ne pas respecter les affectations décrites dans les documents d’urbanisme
si leur contournement permet de réaliser des investissements économiques, sociaux ou
urbanistiques plus facilement).3 On voit ainsi émerger un urbanisme dit « de projet » (parfois
« d’opportunité » pour reprendre l’expression d’Aziz Iraki, empruntée à Pierre-Arnaud
Barthel) qui se détourne assez largement des approches antérieures : contournement des
acteurs traditionnels (à savoir habituellement les services déconcentrés de l’Etat – agences
urbaines, wilayas, ministères – et les collectivités locales), aménagements d’îlots de villes
sans réflexion d’ensemble à l’échelle de la ville, partenariats public-privé. De fait, il existe
toute une gamme de réalités différentes allant de petits projets privés à des « mégaprojets »
royaux (« formaté[s] sur le registre du gigantisme et mis en scène grâce à une mobilisation

1
Elsa Coslado, « Avant-propos », Les Cahiers d’EMAM [En ligne], 20 | 2010, mis en ligne le 04 janvier 2012,
consulté le 15 août 2015. URL : https://emam-revues-org.acces-distant.sciences-po.fr/155
2
Sauf référence particulière, les personnes citées dans le corps du texte ont été rencontrées en entretien.
3
La circulaire ministérielle de 2003 (permettant de compléter le dispositif) indique la procédure et les critères
permettant d’établir une dérogation (http://www.crifes.ma/pdf/Proc%C3%A9dures/autorisations-
diverses/circulaire-derogation.pdf, consulté le 10 septembre 2015). Tarik Harroud nous explique que les critères
retenus sont généralement vagues et laissées en partie à l’appréciation des acteurs autorisant les dérogations.

5
remarquable des médias »4), mais ces nouvelles pratiques ont marqué une rupture pour les
acteurs en présence, qui sont encore en cours de recomposition.

Plusieurs raisons expliquent ce changement de paradigme, en particulier depuis les


années 2000 :

 l’intégration du Maroc dans la mondialisation et l’arrivée de capitaux étrangers (Aziz


Iraki) : en particulier venus des pays du Golfe, qui investissent massivement dans la
construction et qui importent de nouveaux modèles architecturaux, de marketing et approches
technico-financières5 ;

 la relative libéralisation du système politique : avec un Etat moins sécuritaire 6, une


montée en puissance de la société civile et des associations locales depuis les années 1990 7, et
l’avancée du processus de décentralisation visant la compétitivité8 et la participation des
territoires (nouvelle charte communale en 2002 notamment) (Tarik Harroud ; Manuel
Goehrs) ;

 les difficultés à mettre en œuvre la planification classique9 : le recours au privé ou à


des investissements exceptionnels (provenant de holdings royales par exemple) expliquant la
volonté – ou l’opportunité – de contourner les problèmes de gouvernance à et entre tous les
échelons d’action ainsi que le manque de ressources propres des collectivités locales (aussi
bien en termes de compétences, que de ressources humaines ou financières), qui de fait
conduisent à une mauvaise gestion des projets (Tarik Harroud ; Manuel Goehrs ; Mohamed El
Halaissi).

4
Raffaele Cattedra, « Chapitre I. Les grands projets urbains à la conquête des périphéries », Les Cahiers
d’EMAM [En ligne], 19 | 2010, mis en ligne le 10 février 2012, consulté le 15 août 2015. URL : https://emam-
revues-org.acces-distant.sciences-po.fr/114
5
Hicham Mouloudi, « Les projets d’aménagement des fronts d’eau de Rabat (Maroc). Systèmes d’action et
stratégies d’acteurs », Les Cahiers d’EMAM [En ligne], 22 | 2014, mis en ligne le 31 décembre 2013, consulté le
15 août 2015. URL : https://emam-revues-org.acces-distant.sciences-po.fr/568
6
Hicham Mouloudi, « La mobilisation des acteurs locaux en réaction aux projets d’aménagement des fronts
d’eau de Rabat : Émergence de nouveaux acteurs et évolution des répertoires de l’action collective », L’Année du
Maghreb [En ligne], 12 | 2015, mis en ligne le 04 juin 2015, consulté le 15 août 2015. URL :
https://anneemaghreb-revues-org.acces-distant.sciences-po.fr/2406 ; DOI : 10.4000/anneemaghreb.2406
7
Ibid.
8
Aziz Iraki, Raffaele Cattedra et Olivier Legros, « Introduction », Les Cahiers d’EMAM [En ligne], 17 | 2009,
mis en ligne le 09 février 2012, consulté le 15 août 2015. URL : https://emam-revues-org.acces-distant.sciences-
po.fr/306
9
D’après Aziz Iraki, seuls 17 à 18 % des équipements planifiés se réalisent actuellement.
6
Cette « nouvelle génération de projets urbains »10 aux impacts spectaculaires semble
ainsi dessiner un schéma de convergence des métropoles marocaines vers un modèle
international de ville « néolibérale ». Pour autant, et sans nier l’influence de ces
transformations sur les acteurs urbains, il convient de s’interroger sur la façon dont ces
changements s’adaptent au contexte du pays, et même aux différents contextes locaux. En
effet, les transformations en cours ne créent pas d’uniformisation des modes de portages de
projets et de faire la ville. En effet, la culture réglementaire reste forte dans l’approche
urbanistique de l’Etat (Aziz Iraki), notamment dans une optique « sécuritaire » (Tarik
Harroud). Les projets urbains, bien que foisonnants et très variés, s’inscrivent dans le registre
de l’exception avec des systèmes d’acteurs ponctuels.11 Les grands projets sont plus
spécifiquement portés fortement par le roi, qui souhaite s’inscrire dans la modernité et donner
de la visibilité à son action. Enfin, les forces locales et citoyennes revendiquent des
conditionnalités politiques et sociales qui s’ajoutent à la mise en œuvre de ces projets, et font
parfois émerger des conflits d’aménagement12. Il s’agit dès lors d’un urbanisme de
« négociation », où les projets sont omniprésents mais prennent des colorations différentes
selon les endroits et en fonction des forces locales (Aziz Iraki).

Nous avons ainsi choisi deux exemples, à la fois représentatifs et limités, pour décrire
ces phénomènes. Rabat, avec le mégaprojet du Bouregreg, et Agadir illustrent en effet deux
systèmes de gouvernance de projets relativement opposés qui peuvent être significatifs des
tendances évoquées précédemment et des choix opérés, et dont il convient d’analyser les
facteurs. L’approche comparative des jeux d’acteurs, avec ses limites, permet ainsi de dégager
les enjeux essentiels des transformations de l’action urbanistique dans ces villes en particulier
et au Maroc, voire au Maghreb, en général.

Riche d’entretiens avec des chercheurs, des professionnels impliqués dans les cas
décrits et des personnalités politiques rencontrées sur place, représentant une palette
diversifiée mais néanmoins incomplète de la chaîne d’acteurs et d’observateurs impliqués qui
limite de fait la portée de notre analyse (nous n’avons par exemple malheureusement pas pu
rencontrer de représentants des collectivités locales de Rabat et de Salé), notre rapport est un
croisement des éléments récoltés sur les terrains et de ceux esquissés dans la littérature sur le
sujet. Il conviendrait de l’approfondir par un travail plus complet sur un panel plus large de
villes et/ou de projets au Maroc, afin de confirmer ou d’atténuer les hypothèses retenues dans
ce travail.

10
Isabelle Berry-Chikhaoui, « Les citadins face aux enjeux d'internationalisation de la ville. Casablanca et
Marseille : où est le Nord, où est le Sud ?», Autrepart 1/2007 (n° 41), p. 149-163. URL : www.cairn.info/revue-
autrepart-2007-1-page-149.htm (15 août 2015) ; DOI : 10.3917/autr.041.0149
11
Raffaele Cattedra, op. cit.
12
Hicham Mouloudi, 2014, op. cit.
7
I. Le projet du Bouregreg à Rabat-Salé : illustration d’un
mégaprojet royal où les pouvoirs locaux sont confisqués dans une
optique d’efficacité

L’immense projet d’aménagement de la vallée du Bouregreg, structurant pour


l’ensemble de l’agglomération de Rabat-Salé, donne lieu à un modèle de gouvernance
centralisé. En effet, l’importance accordée à la réalisation préfigure un portage tout à fait
exceptionnel autour d’une structure ad hoc créée spécialement pour l’occasion, avec une forte
caution du roi et contournant l’autorité directe des municipalités concernées. Mais l’efficacité
de cette entité unique de gestion se confronte à une absence de légitimité.

Figure 2 - Plan de masse


Source : site web de l’AAVB

8
Encadré 1 : Présentation du projet d’aménagement
de la vallée du Bouregreg

Situées de part et d’autre de l’oued Bouregreg, les villes de Rabat et Salé se


sont construites dos au fleuve qui les sépare. Le projet d’aménagement de la vallée
du Bouregreg a été présenté comme une réconciliation entre ces deux villes autrefois
concurrentes : à la fois proches et fortement séparées, par la topographie naturelle
ainsi que leurs statuts propres. Le projet Bouregreg se veut être non pas une série de
projets isolés, mais bien ancré dans une dynamique globale d’aménagement et
réhabilitation de cette vallée, en plein cœur de l’agglomération de Rabat-Salé, et
dont il développe les fronts d’eaux (ou « waterfront »), une nouveauté au Maghreb13.

Dans sa totalité, le projet que nous présente Abdessamad Sekkal s’étend sur
une zone de près de 6000 hectares. Il est découpé en six séquences
complémentaires, dont les deux premières seulement sont en cours de réalisation
(les travaux ont été lancés en 2006). Les objectifs du projet sont multiples et permis
par l’emplacement stratégique de la vallée :

 protection de l’environnement (dépollution de la vallée ; urbanisation partielle


de la vallée, afin d’en conserver l’aspect verdoyant) ;

 organisation des déplacements et mobilités (construction du nouveau pont


Hassan II ; construction de deux lignes de tramway entre Rabat et Salé ;
construction d’une rocade autoroutière à l’est de l’agglomération) ;

 conservation du patrimoine historique (restauration et réhabilitation de la


médina et de la casbah ; site archéologique de Chellah).

Mais le projet ambitionne également de faire de cet espace un lieu de loisirs et


de culture (restauration de la corniche ; création et aménagement de la marina ;
projet du Grand Théâtre de Rabat), ainsi que de travail et d’habitation,
principalement tourné vers les classes supérieures, marocaines ou étrangères. En
plus de vouloir faire de Rabat-Salé une attraction touristique cotée, ce projet devrait
surtout permettre à l’agglomération d’améliorer sa compétitivité territoriale, et
attirer des investissements dans un contexte mondialisé, en complémentarité avec
Casablanca14.

13
Hicham Mouloudi, 2014, op. cit.
14
Hicham Mouloudi, 2015, op. cit.
9
A. Les acteurs en présence

1. La caution forte du chef de l’Etat

Déjà sept tentatives d’aménagement de la vallée du Bouregreg avaient été proposées,


par Hassan II puis plusieurs ministres ; toutes ont échoué. Fort d’une volonté puissante que le
projet réussisse, Mohammed VI lui-même convoque en 2000 une commission royale (des
conseillers royaux et plusieurs experts : architectes, urbanistes, historiens, etc.) et lui demande
un projet d’aménagement global avec montage financier (6 milliards de MAD, par la
Direction Générale des Collectivités Locales et le fonds Hassan II), qui sera validé en 2003.
Hicham Mouloudi parlera d’un nouveau système d’acteurs pour ces mégaprojets,
« déterminés d’en haut » et directement gérés par un cabinet royal15 ; Tarik Harroud y verra
un « gouvernement parallèle » du roi.

Ce projet est donc l’opportunité pour le chef de l’Etat de poser sa puissance – chercher
à « se légitimer » selon les mots d’Aziz Iraki – mais également d’améliorer la visibilité du
Maroc et de sa capitale (en faisant de Rabat un grand centre culturel et touristique) au sein du
pays et à l’international. Notamment en faisant appel à des architectes mondialement connus,
à l’instar de Zaha Hadid pour la réalisation du Grand Théâtre de Rabat.

Ce qui fait la force du projet Bouregreg est justement le fait que Mohammed VI s’y
implique personnellement, notamment en se faisant l’interlocuteur direct et privilégié pour les
investisseurs et capitaux étrangers. C’est lui qui a lancé l’initiative du projet, et tout est mis à
disposition pour en garantir la réussite (Tarik Harroud). C’est dans ce but qu’une institution
publique spécifique au projet a été créée : l’Agence pour l’Aménagement de la Vallée du
Bouregreg (AAVB).

Figure 3 - Mohammed VI lors du lancement des travaux


du Grand Théâtre de Rabat
Source : site web de l’AAVB

15
Hicham Mouloudi, 2015, op. cit.
10
2. Une seule entité responsable : l’Agence pour l’Aménagement de la
Vallée du Bouregreg

À l’origine, c’est la Société pour l’Aménagement du Bouregreg (SABR) – une société


privée –, adossée à le CDG (Caisse des Dépôts et de Gestion) qui était porteuse du projet, déjà
pour éviter une gestion par la multiplicité des acteurs locaux. À cela se sont ajoutées d’autres
difficultés, notamment dans la gestion du foncier, et la nécessité de procéder à des
expropriations, normalement uniquement du ressort de l’Etat. C’est donc dans un souci
général d’efficacité qu’une seule agence, publique, est créée par Dahir (n°1-05-70) en
novembre 2005 : l’AAVB, aussi appelée Agence Bouregreg (Tarik Harroud).

À titre exceptionnel, toutes les prérogatives nécessaires à la réalisation du projet


Bouregreg sont confiées à l’Agence, de la planification à la réglementation : elle est à la fois
« juge et partie », selon Tarik Harroud. Elle possède les compétences qui sont normalement
celles des communes (rôle d’autorité urbaine), et celles des agences urbaines rattachées au
ministère de l’Intérieur (aménagement et développement) ; tout en restant bien dépendante de
l’État, précise Abdessamad Sekkal. L’Agence a par exemple le droit de prendre en charge les
expropriations (ce qui était contestable avec une structure privée). Les terrains publics ont été
mis gratuitement à disposition de l’Agence par l’Etat. L’AAVB travaille sur la mobilisation
du foncier et la recherche de développeurs, l’Etat finance les infrastructures, tandis que des
investisseurs se chargent de valoriser le foncier.

3. La place des communes : un rôle consultatif

À l’intérieur de cette structure, les communes ont surtout un rôle consultatif : leurs
représentants siègent au Conseil d’Administration de l’AAVB, tandis que leurs pouvoirs, sur
tout ce qui touche au projet, sont confiés à l’Agence. La création de cette entité permet
effectivement au roi de contourner les acteurs traditionnels, et par là même l’ensemble des
problèmes de gouvernance : fragmentation, corruption, désorganisation… tout ce qui rend
actuellement au Maroc les structures communales inefficaces, voire « défaillantes » pour
reprendre le mot de Tarik Harroud. Manuel Goehrs va plus loin, disant qu’au Maroc, « on ne
peut pas parler de gouvernance urbaine ».
Ainsi, l’AAVB puise sa légitimité à la fois dans son rapport direct avec le roi (et non
pas le Ministère de l’Habitat par exemple), mais également parce que les collectivités
territoriales elles-mêmes y trouvent leur compte. Preuve en est une phrase du maire de Rabat
concernant les plans communaux de sa ville16 :

« Les hautes directives royales visant à promouvoir la ville de Rabat au


standing des villes internationales, s’inscrivent dans la ligne droite de notre

16
« Intervention de Monsieur le Président lors de la présentation du plan de développement communal », site
internet de la mairie de Rabat, http://www.mairiederabat.com/discours.html (15 août 2015)
11
stratégie et des motivations qui l’animent. Aussi notre action durant le
mandat actuel du conseil s’est-elle fixée pour objectifs d’accompagner les
grands projets lancés par SM le Roi dans la ville et de contribuer, tant soi
peu, aux efforts de sa restructuration. »

C’est certes une confiscation des pouvoirs locaux, mais également une opportunité
pour ces villes de bénéficier de toute la publicité et visibilité garanties par de tels projets.
Ainsi que de nouvelles infrastructures et équipements, pour l’aménagement desquels les
communes seraient bien en peine de trouver les moyens (financiers, foncier, investissements,
etc.).
De plus, d'après Tarik Harroud, cette gouvernance particulière s'explique également
une agrégation de caractéristiques politiques et institutionnelles plus générales concernant la
commune de Rabat (cf. infra), qui se trouve être une collectivité affaiblie au regard des autres
acteurs en présence également en dehors du projet du Bouregreg.

Si le projet Bouregreg et l’AAVB sont parfois cités comme des modèles d’efficacité et
d’innovation17 par de nombreuses instances (sur le plan de l’exécution), il pose toutefois
certaines questions de légitimité. Raffaele Cattedra affirme que la « confiscation des pouvoirs
locaux […] sur les projets urbains » est une « spécificité du Maghreb », et le projet
Bouregreg n’est qu’un exemple parmi d’autres, même au Maroc, de cette confiscation.18
Parallèlement à ces questions de légitimités surviennent également des contestations au projet.

Figure 4 - Nouvelles constructions à Salé le long du Bouregreg, vues depuis Rabat


Source : personnel

17
Abdessamad Sekkal nous a présenté un plan sans zonage mais par strates, et sur une base projet.
18
Raffaele Cattedra, op. cit.
12
B. Les limites de l’entité unique : la légitimité

Même si elles ne viennent ni des partis politiques marocains, ni des collectivités


territoriales, des contestations au projet existent ; surtout concernant les expropriations
foncières. Les seuls à réagir contre la toute-puissance de l’Agence seront les associations :
habitants expropriés, habitants de Salé, ou d’autres représentants de la société civile. Les
diverses associations se sont fédérées en une union pour se mobiliser contre le projet par
différentes actions (pétitions, sit-in, observations lors de l’enquête publique, lettres de
protestation, communiqués de presse19) (Tarik Harroud). Plus précisément contre la manière
et le contenu du projet ; ce dernier a finalement été réajusté, avec l’ajout d’une composante
sociale. Par exemple les barcassiers, qui font traverser le fleuve en barque aux passagers
moyennant quelques dirhams, ont obtenu le droit de continuer à exercer leur fonction. Hicham
Mouloudi parle donc d’une réelle nécessité, pour affirmer la légitimité d’une agence telle que
celle du Bouregreg, d’aboutir à des compromis et de prendre en compte les acteurs sociaux
déjà présents.20

L’AAVB soigne en outre toute sa communication extérieure : afin surtout de montrer


que c’est toujours un organisme public qui pilote le projet, suivant une certaine dynamique
réelle, et non pas des investisseurs privés sur des projets individuels. Dans cette optique-là,
l’Agence a récemment interdit une campagne de publicité prévue par des constructeurs
émiratis, et dont l’approche était « incompatible avec la conception du projet » qu’avait
l’Agence (selon Abdessamad Sekkal). C’est tout un jeu sur l’image : celle de Rabat-Salé,
mais surtout du Maroc, qui apparait à travers ce projet.

Il semblerait donc que ce type de mégaprojets soit encore à la recherche d’un mode de
régulation accepté, la logique de gouvernance observée n’étant pas stabilisée. C’est ce que
montre notamment cette intégration progressive d’éléments « sociaux » ou « participatifs »,
mais ce toujours sans inclure les collectivités locales. Cela témoigne de la perpétuation du
processus de marginalisation des communes au Maroc. Malgré des avancées relatives de la
décentralisation, l’État, plutôt que de se pencher sur le renforcement (financier et humain) des
autorités locales cherche toujours à en contourner les défaillances ou à les mettre sous tutelle.

19
Hicham Mouloudi, 2015, op. cit.
20
Ibid.
13
II. Le portage de projets par la Commune Urbaine d’Agadir : le
« modèle » d’une structure communale non défaillante

La tendance à la création de structures ad hoc, à l’image de l’Agence pour


l’Aménagement de la Vallée du Bouregreg, pour des projets urbanistiques dans les villes
marocaines semble être l’une des voies empruntées pour répondre aux « défaillances » (selon
les termes de Tarik Harroud) des structures communales. Néanmoins, certains gouvernements
locaux ont su s’imposer comme des autorités urbaines légitimes. L’exemple le plus
emblématique est certainement la municipalité à la tête d’Agadir entre 2003 et 2015, qui a su
régulièrement s’imposer face au pouvoir central et porter ses propres projets.

Figure 5 - Plan d'Agadir


Source : Apple Plans

14
A. Une administration locale qui utilise ses prérogatives

Contrairement à ce que peut laisser croire le cas précédent, le Maroc connaît bien un
mouvement de décentralisation, entamé à l’indépendance et avancé en particulier en 2002
avec une nouvelle charte communale. Ce mouvement fait même figure de précurseur si on le
compare au reste de l’Afrique21. Même si les communes doivent se partager les compétences
avec les services déconcentrés (dont les agences urbaines en matière d’urbanisme), elles
disposent de certaines marges de manœuvre garanties dans la législation, ce que nous
confirme Carole Guilloux. Mais en pratique, celles-ci ne sont pas utilisées à plein escient.
D’après Aziz Iraki, l’Etat continue ainsi souvent à exercer une tutelle sur les collectivités
locales (en particulier le roi et les préfets ou les walis). Les maires (les présidents des
communes) y sont soit contraints de manière officieuse, soit ils ne souhaitent pas utiliser leurs
prérogatives (Tarik Harroud), pour diverses raisons, mais notamment en raison d’un manque
de ressources et de confiance (Manuel Goehrs). Selon l’expression du chercheur David
Goeury, citée par Manuel Goehrs : « on peut ficeler les walis, à condition de bien connaître
les rouages institutionnels ». Ce sont donc les pratiques qui déterminent très fortement le
degré d’autonomie des élus locaux.

À Agadir, de l’avis unanime des chercheurs rencontrés, le maire, Tariq Kabbage, a


réussi à imposer son leadership face à cette pression, contrairement à la majorité des grandes
villes. Il a en fait bien « délimité son territoire », en termes de compétences qui lui sont
normalement attribuées, face aux autorités déconcentrées (wilaya et agence urbaine en tête) et
aux ministères.

Ce leadership est tout d’abord personnel. Tariq Kabbage est en effet une personnalité
politique marocaine importante et expérimentée. Issu d’une grande famille de notables de la
région du Souss, il a participé au gouvernement dit d’alternance à la fin des années 1990 sous
l’étiquette de l’USFP (Union Socialiste des Forces Populaires). De plus, il cultive une
exposition médiatique qui a contribué à renforcer sa légitimité (Tarik Harroud). Son équipe
municipale est elle-même issue de la société civile : Mohamed El Halaissi, vice-président de
la Commune Urbaine en charge des finances et de la planification, a ainsi présenté le « club
de la ville », dont il est issu, comme une association faisant la promotion de la « bonne
gouvernance ».

La gestion vertueuse de la commune constitue l’autre axe sur lequel la municipalité a


pu s’appuyer pour s’émanciper de l’Etat. Le professionnalisme et l’intégrité de l’équipe
municipale ont été notamment reconnus par la Cour des comptes.22 Mohamed El Halaissi
explique d’ailleurs que les cas de mauvaise gouvernance épinglés par cette dernière

21
François Yatta (sous la direction de), L’environnement insitutionnel des collectivités locales en Afrique, The
Cities Alliance, Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique, Septembre 2013, 122 p.
22
Fatiha Nakhli, « Cour régionale des comptes Agadir : la gestion des recettes communales bat de l’aile »,
L’Economiste, Edition n°4498 du 2015/04/06. URL : http://www.leconomiste.com/article/969599-cour-
regionale-des-comptesagadir-la-gestion-des-recettes-communales-bat-de-l-aile (15 août 2015)
15
constituent l’explication que les maires d’autres villes « n’aient pas résisté ». Le manque de
ressources humaines qualifiées ne semble en effet pas à déplorer ici. Le vice-président nous
explique que les savoir-faire ont été acquis grâce à des coopérations internationales (par
exemple avec des gouvernements locaux comme la ville de Nantes – ville jumelée – ou les
Îles Canaries, mais aussi avec des agences de développement comme la GIZ, qui est une
initiative allemande) et qu’ils dépasseraient parfois même ceux des ministères (notamment en
matière d’équipements urbains et d’environnement). De plus, il affirme avoir engagé une
« rationalisation » des dépenses budgétaires (non pas au sens de rigueur, mais
d’investissements ciblés dans la « proximité », tout en refusant de déléguer la plupart du
temps la gestion des services publics malgré les pressions).23 L’informatisation de l’ensemble
de l’administration communale a également été achevée. Enfin, aucun scandale de corruption
n’a jusqu’à présent terni la réputation du personnel politique. Mohamed El Halaissi explique
aussi que la coalition menée entre 2009 et 2015 a été conclue avec le Parti pour le Justice et le
Développement (PJD, islamiste) plutôt qu’avec un autre parti historique, certainement pas
pour une quelconque proximité idéologique, mais bien par souci de probité.

La Commune Urbaine d’Agadir a ainsi trouvé les ressources techniques et politiques


pour exister. Et c’est également par le portage de projets d’aménagement qu’elle a pu
développer une stratégie propre pour la ville, qui fait dire à Manuel Goehrs, qu’on peut
sensiblement parler « d’urbanisme local » dans ce cas de figure.

B. Des projets portés directement par la municipalité

À l’image des maires européens, qui se servent de la visibilité des aménagements


pour accroître leur légitimité, la mairie d’Agadir tente d’attirer elle-même les projets et les
investissements, parfois en conflit avec les autres acteurs de l’Etat, parfois non. Selon
Mohamed El Halaissi, ce dernier cas de figure s’expliquerait justement par la bonne gestion et
la capacité à s’autofinancer de la ville, le roi accordant des financements dans les villes où les
communes sont défaillantes pour tenter de « rattraper » les erreurs commises. À l’exception
d’une participation au plan de déplacements urbain (PDU), Agadir n’a en effet obtenu aucune
subvention du pouvoir royal pour ses projets. Les ressources financières de la collectivité se
trouvent ainsi principalement dans les impôts locaux (taxe professionnelle, taxe d’habitation,
taxe de services communaux)24, dans le fonds d’équipement communal (renseigné par Carole
Guilloux), en partie dans les subventions gouvernementales et grâce aux coopérations

23
Malika Alami, « Rapport de la Cour des comptes Agadir : gestion chaotique pour la gare routière »,
L’Economiste, Edition n°3515 du 2011/04/25. URL : http://www.leconomiste.com/article/rapport-de-la-cour-
des-comptesbragadir-gestion-chaotique-pour-la-gare-routiere (15 août 2015)
24
Philippe Baudry, « Note : les grandes lignes de la fiscalité au Maroc », Ambassade de France au Maroc,
Service Economique Régional, 4 février 2014. URL : http://www.tresor.economie.gouv.fr/File/396831 (15 août
2015)
16
internationales (cf. encadré suivant). La gestion directe des terrains à lotir permet également
de négocier la construction de logements ou d’équipements avec des partenaires privés. 25

Encadré 2 : Les grands projets menés par la municipalité

Après avoir établi un plan de projets structurants en 2006, la municipalité s’est lancée
dans la réalisation d’une série d’équipements26. En plus de nombreux équipements socio-
culturels et de maisons de quartiers, ainsi que l’extension de réseaux, cela concerne
notamment :

 l’aménagement de la corniche (pour un coût global de 22 millions €, financés en fonds


propres par la commune, par le fonds d’équipement communal et par la contribution de
quelques hôtels, et dont l’étude a été financée par les îles Canaries) ;

 la réhabilitation et l’extension du Souk al Had, un souk urbain en périphérie (pour un total


de 13 millions € sur plusieurs tranches, dont la majeure partie provient de la commune) ;

 la mise en place d’un Bus à Haut Niveau de Services (BHNS) en site propre (en cours de
réalisation, dont le coût est estimé à près de 91 millions € pour la première phase, dont
l’étude de faisabilité a été réalisée avec l’aide de la ville de Nantes, et financée en partie par
le Ministères des Affaires Etrangères français) ;

 la construction d’un « espace du savoir » concentrant une faculté de médecine, un CHU


et un technopôle (à l’état de projet).

Figures 6 et 7 - Préconisations du PDU


Source : personnel, avec l’autorisation de la mairie d’Agadir

25
Mohamed Ben Attou, « Agadir gestion urbaine, stratégies d’acteurs et rôle de la société civile : urbanisme
opérationnel ou urbanisme de fait ? », Insaniyat [En ligne], 22 | 2003, mis en ligne le 30 septembre 2012,
consulté le 18 août 2015. URL : http://insaniyat.revues.org/6881
26
Les projets nous ont été présentés lors de notre entretien avec Mohamed El Halaissi.
17
Au-delà de ses marges de manœuvre, c’est la tentative d’inscrire les projets dans des
plans d’urbanisme qui forme la singularité du cas gadiri, qui tente d’établir sa propre
planification urbaine. La mairie fait respecter les plans d’urbanismes ou, s’ils lui sont imposés
par les services déconcentrés, tente de les influencer pour les rendre plus conformes à ses
attentes. Ainsi, Mohamed El Halaissi nous a présentés différents plans portés depuis son
arrivée et garantissant principalement toute une série d’équipements et d’aménagements : un
« plan d’urgence » en 2005, un « plan de projets structurants » en 2006 et le plan communal
de développement (PCD) en 2009, certes rendu obligatoire pour toutes les communes, mais
dont la mise en place à Agadir a été une première pour une grande ville.

Lors de l’entretien, l’insistance du maire-adjoint pour l’effort d’investissement dans


les équipements, et en particulier pour le projet à venir de « l’espace du savoir », montre que
la municipalité tente d’acquérir une vision intégrée. En effet, dans l’exemple évoqué, la ville
d’Agadir s’engage dans le financement des équipements alors que ni l’enseignement, ni la
santé ne font partie de ses compétences.

Finalement, la Commune Urbaine d’Agadir est considérée par de nombreux acteurs et


observateurs – à l’instar de la GIZ et des chercheurs rencontrés – comme une ville « modèle »
puisque réussissant à concilier légitimité, efficacité et même stratégie globale dans la conduite
de projets et constitue une expérience démocratique inédite au Maroc. D’après Tarik Harroud,
le maire a ainsi pu donner une certaine visibilité à sa ville. Le « modèle » n’est cependant pas
forcément transposable.

Figure 8 - Projet de réhabilitation du nouveau centre de Talborjt


Source : personnel
18
III. Limites de la comparaison : deux villes à l’histoire et aux
vocations différentes

La comparaison proposée dans ce rapport comporte des limites. Les deux cas étudiés –
à Rabat un mégaprojet proposé et mené par le roi, et un modèle de gouvernance urbaine locale
à Agadir – s’inscrivent en effet dans des contextes et des territoires particuliers et aux enjeux
distincts. L’idée de cette comparaison est surtout de dépeindre un tableau qui soit plus nuancé
de la gouvernance des villes marocaines, dans des espaces aux prérogatives, géographies et
ambitions différents ; ces différences-ci expliquant en partie celles que l’on peut observer
dans le mode de gouvernance à l’œuvre.

A. Des collectivités aux prérogatives différentes

Tout d’abord ce sont leurs statuts qui diffèrent entre les deux villes : Rabat a celui de
capitale administrative du Maroc, ce qui lui confère des prérogatives particulières. Au
contraire, Agadir détient un statut de commune urbaine de droit commun et c’est son
gouvernement local qui lui permet de détenir une certaine légitimité politique.

Si le statut de capitale de Rabat lui apporte de fait une importance et une attention
spécifique (notamment de la part du roi), son gouvernement n’est pas autonome dans les
textes, qui prévoient aussi un statut d’exception. La ville se trouve en effet être sous tutelle du
wali, même après la charte de 2002. Ce dernier est l'ordonnateur des dépenses pour la
municipalité, il doit valider son plan d'action et peut même gérer la ville en cas de défaillance
du conseil communal. Jusqu'aux dernières élections communales, ce conseil communal était,
par ailleurs, composé d'une majorité politique très fragile et son président de 2009 à 2015,
Fathallah Oualalou, de l'USFP, avait été désigné par une coalition hétéroclite, comprenant
certains élus du PJD. De plus, malgré la réforme de l’unicité de la ville de 2003 (prévoyant le
regroupement de communes en une seule autorité urbaine par ville, divisée en
arrondissements), l’agglomération est restée fragmentée en différents gouvernements urbains,
puisqu’il s’agit d’une conurbation regroupant les villes de Rabat, de Salé et de Témara (Tarik
Harroud).

La mairie d’Agadir en revanche tire le bénéfice politique de son action, qui n’est pas
réellement entravée par les textes (éventuellement dans les pratiques) et qui lui laissent la
possibilité d’exercer des compétences. Le territoire de la commune est également cohérent
avec celui de la ville. La réforme de 2003 l’a agrandi et a absorbé plusieurs communes
voisines dépendant de l’agglomération, gouvernée de ce fait de manière unifiée (Mohamed El
Halaissi) ; c’est par la pratique que l’équipe municipale en place a su s’affirmer, se légitimer
et s’autonomiser. Sur le plan politique, elle a néanmoins été défaite lors des dernières
élections communales, le 5 septembre 2015, pour des raisons variées qu’il conviendrait

19
d’analyser.27 Cela constitue évidemment une nouvelle donne pour les paramètres de
gouvernance et la gestion de la ville décrits précédemment.

B. Des territoires géographiques différents

Les territoires géographiques de Rabat-Salé et d’Agadir sont une autre différence


majeure, dont découle une pression foncière incomparable.

Il demeure à Rabat une fragmentation très marquée entre Rabat même et ses voisines
directes, Salé au nord et Témara au sud. Capitale administrative, ville du roi, Rabat a toujours
été plus ou moins volontairement enclavée : la vallée du Bouregreg au nord, des coteaux
rocheux à l’est, une ceinture verte au sud, et l’océan à l’ouest. A l’instar de la ceinture verte,
Abdessamad Sekkal nous raconte que des initiatives royales pour « préserver » la capitale ont
permis de délimiter la ville, par exemple en faisant des quartiers entiers de villas et habitations
bourgeoises (Souissi, Ambassador). De ces limitations survient inévitablement une
augmentation du foncier, et donc un étalement urbain de plus en plus lointain et une forme de
« filtration sociale », selon Tarik Harroud. Déductions confirmées par la croissance quasiment
négative de la ville de Rabat28, au contraire de celle observée à Salé et Témara. C’est ainsi que
la pression foncière se répercute sur ces dernières, en en faisant des cités-dortoirs, où se
développent un grand nombre d’habitats économiques et informels. La ville multipolaire est
livrée, selon Abdessamad Sekkal, à de constants mouvements pendulaires de migrations –
engendrant des problèmes de logement, mais aussi de transport et de mobilité.

Agadir, à l’opposé, dispose d’un territoire très vaste. Il ne reste aujourd’hui quasiment
rien de la ville historique, détruite par un séisme en 1960. Elle aura été reconstruite deux
kilomètres plus loin du site d’origine, et suivant les principes de la charte d’Athènes. On y
trouve des rues larges bordées d’immeuble et pas de médina. On remarque également qu’il y a
moins de centralités qu’ailleurs ; les communes avoisinantes, rattachées à la Commune
Urbaine d’Agadir en 2003, ont dû être intégrées et équipées telle que l’était le reste de la ville,
de façon à ne pas créer de « fractures dans la ville » comme nous l’a précisé Mohamed El
Halaissi. Mohamed Ben Attou dira de la reconstruction de la ville qu’elle aura été un
« laboratoire d’urbanisme ». En outre, cette organisation a permis de ne pas subir la même
pression foncière qu’à Rabat, au contraire, « le marché immobilier est spatialement assez
étendu et concerne l’ensemble de l’agglomération »29.

27
Samir El Ouardighi, « Tariq Kabbage : ‘Pourquoi nous avons perdu Agadir et les élections’ », Medias24, 10
septembre 2015. URL : http://www.medias24.com/Elections-2015/157839-Tariq-Kabbage-Pourquoi-nous-
avons-perdu-Agadir-et-les-elections.html (10 septembre 2015)
28
Master Governing the Large Metropolis, Urban Governance: Field Study in Rabat and Casablanca, Ecole
Urbaine de Sciences Po, 2015, 84 p. URL : http://www.sciencespo.fr/affaires-
urbaines/sites/default/files/GLM_report_2015_web.pdf (15 août 2015)
29
Mohamed Ben Attou, op. cit.
20
C. Des destins divergents

Il existe une similarité de taille entre les deux villes : de nombreux investissements
dans le tourisme. Plus spécifiquement, c’est vers un tourisme de luxe que Rabat et Agadir
vont tendre : logements de haut standing, aménagements de marinas bordées de restaurants et
enseignes luxueuses ; mais également en multipliant les installations culturelles : telles que les
projets de musées à Agadir, ou le Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain à
Rabat, inauguré en 2014. Pour Isabelle Berry-Chikhaoui, ces projets « tablent sur des
opportunités d’investissements internationaux en particulier en provenance des pays du
Golfe », et visent tout à la fois des visiteurs étrangers et marocains.30 À l’exception du
tourisme cependant, les deux villes ne font pas l’objet de la même ambition.

Agadir s’est reconstruite, en se concentrant sur ses plus grandes richesses : la terre et
l’océan. Elle est la capitale régionale du Souss, riche plaine agricole, et une ville industrielle
dont le territoire vers les terres n’est pas encore limité. Ville portuaire, et l’un des principaux
ports d’exportation de la pêche au Maroc (selon Mohamed El Halaissi), Agadir n’en demeure
pas moins une grande station balnéaire. Finalement, l’ambition de la ville semble être celle
d’une métropole régionale de 460 000 habitants, « plaque tournante entre le Nord et les
provinces sahariennes »31.

Figure 9 – Plage d'Agadir


Source : site web de medias24

Rabat ambitionne de son côté de devenir une grande métropole mondiale, en


complémentarité avec Casablanca. Mais cette proximité apporte tout de même la nécessité
pour la capitale administrative du Maroc de se réinventer, et marquer cette complémentarité
par une opposition avec la capitale économique.32 D’où la multiplication de grands projets

30
Isabelle Berry-Chikhaoui, op. cit.
31
Mohamed Ben Attou, op. cit.
32
Master Governing the Large Metropolis, op. cit.
21
« vitrines », à l’instar du projet Bouregreg, renforçant l’image de « ville verte »33 que souhaite
se donner Rabat. Des mégaprojets royaux, dont on ne trouve guère d’équivalent à Agadir,
comme nous le confirme Mohamed El Halaissi.

Rabat n’est certainement pas représentative du


développement urbain au Maroc, nous dit Carole
Guilloux, mais les dynamiques de l’agglomération
prouvent bien son ambition de devenir une métropole
de rang mondial : « La volonté de hisser la capitale
marocaine au rang des métropoles internationales est
à l’origine de l’intérêt porté aux conceptions les plus
récentes de l’urbanisme et au déploiement qui en
résulte de nouveaux modes de gestion et de mise en
œuvre des interventions urbaines »34. De nouveaux
modes de gestion qui restent encore à légitimer, mais
qui sont exposés dans le PCD de la commune de Rabat.
Ce dernier illustre la stratégie tout à fait spécifique de
la ville (Tarik Harroud). Figure 10 - Rabat, ville de demain
Source : site web de La revue

Conclusion

Les limites apportées à la comparaison entre les cas de Rabat et d’Agadir renforcent
finalement la thèse d’une gouvernance de l’urbanisme au Maroc différenciée selon les
contextes locaux, les caractéristiques politiques, sociales, historiques et géographiques des
villes se renforçant mutuellement pour aboutir à des équilibres singuliers. Plus que sur des
modes spécifiques de faire la ville, les exemples étudiés précédemment renvoient à des
questionnements plus généraux sur la gouvernance urbaine, qu’on retrouve également dans
d’autres villes ou d’autres programmes.35 Hicham Mouloudi, analysant le cas de Rabat, estime
ainsi centrales les problématiques suivantes : « la question de la démocratie représentative et
participative ; celle de la confrontation des légitimités ; et celle, enfin, des conflits – et de leur
éventuelle régulation – entre intérêts particuliers et intérêt général ».36

33
Le slogan de « ville verte » se retrouve notamment sur le site internet de la mairie de Rabat.
34
Hicham Mouloudi, 2015, op. cit.
35
D’autres exemples de systèmes d’acteurs nous ont été rapportés en entretien à titre de comparaison. De plus, le
cas de Casablanca, tout comme les programmes de villes nouvelles font l’objet d’une importante littérature
scientifique.
36
Hicham Mouloudi, 2014, op. cit.
22
Ainsi, c’est tout d’abord le rôle de l’Etat qui est à interroger. Ce dernier reste en effet
omniprésent et réinvente ses modes d’action, d’autant plus face à une fragmentation de ses
interlocuteurs urbains. Concernant l’action monarchique en particulier, la nouvelle
constitution de 2011 a permis de rebattre les cartes et de clarifier certaines compétences :
Tarik Harroud estime ainsi que le roi s’est légèrement retiré du secteur de l’économie. Mais
c’est surtout l’ambiguïté du processus de décentralisation qui amène à une diversité des
pratiques et des contextes politiques locaux.

En effet, comme souligné à plusieurs reprises et notamment par Souleymane Idrissa


Maiga, la décentralisation est relativement avancée au Maroc comparée au reste du continent
africain. Mais même l’organisation de M. Maiga, le CGLUA, souligne les limites de cette
avancée dans la pratique.37 Il existe des conflits de compétences entre les différents échelons
d’autorités qui sont liés aux imprécisions des textes définissant les compétences de chacun,
une dépendance accrue du fonctionnement de l’organisation décentralisée aux relations
personnelles entre acteurs, et une insuffisance des mécanismes de transferts financiers de
l’Etat aux collectivités.

Au-delà des arguments qualitatifs, certains chercheurs et analystes estiment que c’est
le processus de décentralisation lui-même qui serait ralenti aujourd’hui, suite à une ouverture
plus poussée dans la décennie passée. Tarik Harroud et Manuel Goehrs soulignent à ce titre le
manque de mise en œuvre ou de concrétisation d’expérimentations, telles que la « stratégie de
développement urbain » lancée par le ministère de l’intérieur dans les années 1990, les
initiatives nationales et locales de développement humain (INDH et ILDH) dans les années
2000 ou encore certains dispositifs inclus dans les PCD (tels que le diagnostic participatif)
abandonnés aujourd’hui. Certains facteurs conjoncturels comme la montée du PJD au fil des
élections laissent Manuel Goehrs penser qu’une recentralisation s’explique par la volonté de
contrer la mouvance islamiste.

Le chantier de la régionalisation avancée, en cours d’application et dont la loi a été


votée au début de l’année 2015, ainsi que le lancement d’une nouvelle charte communale sont
l’illustration de cette hésitation. En effet, ces nouvelles lois organiques recomposent les
structures de gouvernance urbaine et l'intercommunalité comme les principes de participation
citoyenne. Ainsi, la réduction du nombre de régions, la redistribution des compétences entre
conseils communaux et régionaux, faisant de la région le chef de file en matière de
développement économique, social et territorial et d’exécution des politiques publiques, ainsi
que la contractualisation des relations Etat-régions en lieu et place de la tutelle exercée
auparavant offrent de nouvelles opportunités mais réduisent aussi le champs d’action des
communes.38 Selon Tarik Harroud et Carole Guilloux, cela reste donc à étudier dans la
pratique.

37
François Yatta (sous la direction de), op. cit.
38
Echkoundi Mhammed, Hicham Hafid, « Régionalisation avancée : Le Maroc : Une nouvelle gouvernance
territoriale en gestation », Le Matin, 2 juillet 2015. URL : http://www.lematin.ma/journal/2015/regionalisation-
avancee_le-maroc--une-nouvelle-gouvernance-territoriale-en-gestation/227112.html (18 août 2015)
23
Ainsi, en matière d’urbanisme et d’aménagement, il est possible de voir perdurer,
voire se développer des services déconcentrés ou des structures ad hoc. Selon Raffaele
Cattedra, la nature de la décision en matière de grand projet plaide pour une telle
recentralisation.39 Néanmoins, nous pouvons également formuler l’hypothèse que les
communes vont se saisir de leurs prérogatives de manière croissante et qu’elles gagneront en
légitimité et en autonomie à l’avenir. La commune d’Agadir serait alors précurseur dans cette
optique. En effet, le manque de formation des cadres et des élus, qui n’ont pas souvent un
niveau d’études supérieurs, comme le rappelle Mohamed El Halaissi, pousse le centre à une
« approche paternaliste » (selon les mots de Mohamed Mouaqit, repris par Manuel Goehrs).
Dans cette interprétation, l’Etat investit là où les structures communales sont défaillantes.
Dans tous les cas, les années à venir seront intéressantes à étudier dans cette
perspective, où le système d’acteurs continuera à se recomposer. C’est enfin la question de
« qui pense la ville » qui semble centrale au-delà de qui y agit ou qui la régule. Cette pensée
globale et intégrée constitue encore un enjeu à venir pour les villes marocaines (Aziz Iraki),
les stratégies étant encore souvent développées selon une logique sectorielle (Tarik Harroud).
Le rôle des pouvoirs locaux (et notamment celui des niveaux de collectivité non étudiés ici)
reste ainsi à étudier, notamment dans la perspective de prise en compte du fait métropolitain.
L’enjeu démocratique d’une pensée de la ville semble également central pour l’avenir et
différents aspects mériteront une attention toute particulière (rôle de la société civile,
pratiques locales, ouvertures politiques formulées par le roi, rôle et évolution des acteurs
privés).

Figure 11 - L'oued Bouregreg, lieu de vie


Source : personnel

39
Raffaelle Cattedra, op. cit.
24
Liste des personnes rencontrées

Tous les entretiens ont été effectués en juillet 2015.

Aziz IRAKI Institut National chercheur


d’Aménagement et
d’Urbanisme, Rabat

Tarik HARROUD Institut National chercheur


d’Aménagement et
d’Urbanisme, Rabat

Soumia BENLEBSIR Cités et Gouvernements documentaliste


Locaux Unis d’Afrique,
Rabat

Souleymane Idrissa Cités et Gouvernements directeur de cabinet et des


MAIGA Locaux Unis d’Afrique, opérations
Rabat

Carole GUILLOUX Fonds Mondial pour le directrice régionale Afrique


Développement des Villes,
Rabat

Safia ELKHATABI Fonds Mondial pour le stagiaire


Développement des Villes,
Rabat

Sarah BOISARD Fonds Mondial pour le stagiaire


Développement des Villes,
Rabat

Zineb BOUJRADA Fonds Mondial pour le stagiaire


Développement des Villes,
Rabat

Manuel GOEHRS Ecole de Gouvernance et chercheur


d’Economie, Rabat

Abdessamad SEKKAL Agence pour directeur du Pôle urbanisme et


l’Aménagement de la architecture
Vallée du Bouregreg, Rabat

Mohamed EL HALAISSI Commune Urbaine vice-président chargé des


d’Agadir finances et de la planification

25
Références
Articles de revues scientifiques

Mohamed BEN ATTOU, « Agadir gestion urbaine, stratégies d’acteurs et rôle de la société civile :
urbanisme opérationnel ou urbanisme de fait ? », Insaniyat [En ligne], 22 | 2003, mis en ligne le
30 septembre 2012, consulté le 18 août 2015. URL : http://insaniyat.revues.org/6881

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Aziz IRAKI, Raffaele CATTEDRA et Olivier LEGROS, « Introduction », Les Cahiers d’EMAM [En ligne], 17 |
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Hicham MOULOUDI, « La mobilisation des acteurs locaux en réaction aux projets d’aménagement des
fronts d’eau de Rabat : Émergence de nouveaux acteurs et évolution des répertoires de l’action
collective », L’Année du Maghreb [En ligne], 12 | 2015, mis en ligne le 04 juin 2015, consulté le 15
août 2015. URL : https://anneemaghreb-revues-org.acces-distant.sciences-po.fr/2406 ; DOI :
10.4000/anneemaghreb.2406

Hicham MOULOUDI, « Les projets d’aménagement des fronts d’eau de Rabat (Maroc). Systèmes
d’action et stratégies d’acteurs », Les Cahiers d’EMAM [En ligne], 22 | 2014, mis en ligne le 31
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Rapports et publications

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26
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Benjamin TOIX, Les gares, lieux de connexion et de vie urbaine dans les pays du Sud : Tanger,
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Articles de presse

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de-la-cour-des-comptesbragadir-gestion-chaotique-pour-la-gare-routiere (15 août 2015)

Noureddine EL AISSI, « Plan de Développement Communal : Rabat prépare sa compétitivité


territoriale », L’Economiste, Edition n°3721 du 2012/02/16. URL :
http://www.leconomiste.com/article/891293-plan-de-d-veloppement-communal-rabat-pr-pare-
sa-comp-titivit-territoriale (15 août 2015)

Samir EL OUARDIGHI, « Tariq Kabbage : ‘Pourquoi nous avons perdu Agadir et les élections’ »,
Medias24, 10 septembre 2015. URL : http://www.medias24.com/Elections-2015/157839-Tariq-
Kabbage-Pourquoi-nous-avons-perdu-Agadir-et-les-elections.html (10 septembre 2015)
Echkoundi MHAMMED, Hicham HAFID, « Régionalisation avancée : Le Maroc : Une nouvelle
gouvernance territoriale en gestation », Le Matin, 2 juillet 2015. URL :
http://www.lematin.ma/journal/2015/regionalisation-avancee_le-maroc--une-nouvelle-
gouvernance-territoriale-en-gestation/227112.html (18 août 2015)

Fatiha NAKHLI, « Cour régionale des comptes Agadir : la gestion des recettes communales bat de
l’aile », L’Economiste, Edition n°4498 du 2015/04/06. URL :
http://www.leconomiste.com/article/969599-cour-regionale-des-comptesagadir-la-gestion-des-
recettes-communales-bat-de-l-aile (15 août 2015)
27
Fatiha NAKHLI, « Gestion/aménagement des villes : Agadir : Les limites d’un système de
gouvernance », L’Economiste, Edition n°4577 du 2015/07/28.URL :
http://www.leconomiste.com/article/974907-gestionamenagement-des-villesagadir-les-limites-d-
un-systeme-de-gouvernance (15 août 2015)

Webographie

Agence pour l’Aménagement de la Vallée du Bouregreg. URL : http://www.bouregreg.com/tiki-


index.php (18 août 2015)

Agence Urbaine d’Agadir. URL : http://www.aua.ma/ (18 août 2015)

Agence Urbaine de Rabat-Salé. URL : http://www.aurs.org.ma/ (18 août 2015)

Plan Communal de Développement d’Agadir 2010-2016, Commune Urbaine d’Agadir. URL :


http://www.pcd-agadir.com/ (18 août 2015)

Rabat, Ville Verte, Mairie de Rabat. URL : http://mairiederabat.com/ (18 août 2015)

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Remerciements

Nous tenons à remercier tout particulièrement Hind Khedira, notre référente,


pour son suivi rigoureux du projet et ses conseils très précieux dans l’avancée de
notre travail, l’ensemble de l’équipe d’Urbanistes du Monde pour les opportunités
qu’ils nous ont offertes et la confiance qu’ils nous ont accordée, les autres stagiaires
étudiants pour l’échange d’expériences et la convivialité, l’équipe pédagogique de
l’Ecole Urbaine de Sciences Po pour son soutien, évidemment l’ensemble de nos
interlocuteurs rencontrés à Rabat et à Agadir pour leur accueil toujours très
chaleureux et leur bienveillance (avec mention spéciale pour Tarik Harroud qui nous
a accordés près de cinq heures d’entretien !), ainsi que toutes les personnes qui nous
ont aidés et ouvert des portes, et enfin tous ceux qui se sont trouvés sur notre
passage et qui nous ont permis de vivre cette expérience très enrichissante.

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