Étude Linéaire Chap 12
Étude Linéaire Chap 12
Étude Linéaire Chap 12
à nos jours
RABELAIS, Gargantua
(1532)
LECTURE LINEAIRE 1 :
chap. 12 (les chevaux
factices)
Introduction
Présentation
Gargantua semble se présenter comme un roman de formation, où nous suivons la croissance puis
l’éducation et enfin les épreuves (la guerre) à surmonter par le jeune ogre joyeux qu’est Gargantua
avant la récompense (la paix retrouvée, la société idéale).
Un roman foisonnant en 58 chapitres, signés de Maitre Alcofribas (Rabelais n’assume pas encore la
paternité de sa saga romanesque même si les lecteurs e l’époque devinent aux thématiques – le sujet
emprunté à la geste populaire pantagruéline alors en vogue, la langue docte et ludique à la fois, les
piques satiriques contre l’église et les théologiens de la Sorbonne …) qu’il s’agit de notre auteur
tourangeau.
Des chap. 1 – 10 : l’enfance de Gargantua : texte burlesque, extravagant et volontiers grivois mais aussi
très érudit.
Situation
Chap. 11-12 premiers chapitres qui traitent de l’éducation du personnage mais aussi, qui se
fixent comme objectif de former le lecteur
Mouvements
1. Intimité de l’enfance (jeux, habitudes)
2. « un jour, le Seigneur … » surgissement des inconnus = éléments perturbateurs ;
dialogue enfant innocent et joueur / arrivants arrogants
3. « Devinez ici lequel des deux... » interpellation du lecteur = morale de l’histoire
C’est-à-dire :
- Situation initiale
- Modèle vs contre-modèle
- Délibération par le lecteur qui doit se positionner (et opérer un travail déductif) =
Schéma habituel des fables (apologues)
TROISIEME MOUVEMENT
▪ En fin d’histoire (sur le modèle de la fable), les invités se sentent floués, or Rabelais nous
engage à nous en moquer « nous avons le moine » (jeu de mot entre Rabelais et les
lecteurs) moine (frère Jean champion des devinettes, cf. chap. 58 / « se faire avoir »
locution figée) ; là où les invités se trompent, c’est que ce n’est pas Gargantua qui leur a
joué un tour, c’est Rabelais qui leur a donné le mauvais rôle.
▪ Rabelais incrimine ces personnages et laisse le lecteur juge (question finale sous forme
d’interrogative (« devinez duquel des deux… ou se cacher de honte ou rire … »).
▪ En vérité ces invités se seront trompés, et se seront égarés tant dans les escaliers
(« degrés », « échelons ») que dans leur relation au jeune Gargantua dont ils n’ont pas su
tirer le bon parti : errance géographique rejoint l’erreur de positionnement et de
jugement.
Conclusion
Saynète, histoire courte, d’apparence légère et qui joue avec les niveaux de compréhension
et d’énonciation, comme autant d’étages et d’escaliers dans le château de Grandgousier : fin
travail littéraire d’accord fond/forme.
On note ici une des rares adresses directes du narrateur au lecteur,
amené à choisir, comme souvent dans ce roman, entre un modèle et
son contre-modèle. L’éducation du jeune Gargantua est un prétexte
à l’éducation du lecteur.
Très vite les chap. (15 sqq) consacrés à l’éducation vont arriver : une
fois que la disposition mentale du lecteur a été interrogée, on peut
choisir un bon professeur (Holopherne et Jobelin Bridé aux chap.14-
15 par opposition à Eudemon au chap. 15, Ponocrates au chap. 33.
Plutôt, interrogation ici de l’éthos de l’apprenant, c’est-à-dire de
l’élève, avant que ne soient comparés les différents professeurs et
leurs méthodes.