Analyse Harmonique Des Systemes Lineaires Continus: Chapitre 3
Analyse Harmonique Des Systemes Lineaires Continus: Chapitre 3
Analyse Harmonique Des Systemes Lineaires Continus: Chapitre 3
IKHOUANE – 2018-19
Chapitre 3
1 – REGIME SINUSOIDAL
1.1 – Rappels
1.1.1 – Caractéristiques
Soit un vecteur M se déplaçant en rotation autour du point O dans le sens trigonométrique.
y u1 u2
u1 M
x
0 u2 0 90° 180° 360°
2f
où
f est la fréquence de rotation du point M, c’est à dire le nombre de tours complets effectuée par
M en une seconde. On a donc encore :
1 2
f et
T T
1
de Heinrich HERTZ, physicien allemand (1857 – 1894)
EST de Safi – Cours d’Automatique – Mme O.IKHOUANE – 2018-19 2
Un signal sinusoïdal (tension ou courant) est un signal dont l’amplitude varie dans le temps
selon une loi sinusoïdale : u( t ) Û cos( t ) où :
Û représente l’amplitude crête du signal (en anglais crête = peak), c’est à dire la valeur
maximale prise par le signal,
2Û représente l’amplitude crête à crête (peak to peak),
représente le déphasage à l’origine (lorsque t = 0).
u
Û
0
t
T
Û
t Re
0
Multiplier un nombre complexe par une constante k revient à multiplier son module par k,
l’argument restant le même.
dt
Plus généralement, le nombre complexe associé à la dérivée d’un signal s’obtient en multi-
pliant l’image complexe du signal par j .
j
Remarque : e 2 cos j sin 0 j.1 j
2 2
x( t ) X̂ cost dt sint cos t 2 .
X̂ X̂
Si x( t ) X̂ cos( t ) , alors
A l’intégrale d’une fonction sinusoïdale x(t), d’image complexe X , est associée l’image com-
plexe
X̂ j 2 X̂ j X̂ j 1
x( t ) e e e 2 j e j X .
Plus généralement, le nombre complexe associé à l’intégrale d’un signal s’obtient en divi-
sant l’image complexe du signal par j .
S a a2 b b2
b b
ArgS arctan
a a
A. A e j A j
C’est le même raisonnement, R .e donc :
A A e j A
EST de Safi – Cours d’Automatique – Mme O.IKHOUANE – 2018-19 4
A
R (rapport des modules)
A
ArgP (différence des arguments)
2 – Inductance
di
La tension aux bornes d’une inductance est u( t ) L . Si i( t ) Î cos t , alors
dt
di di di
Î sin t Î cos t . Donc, l’image complexe de la dérivée est jI . Dans ces
dt 2 dt dt
conditions, l’image complexe de u(t) s’écrit U jLI , et donc l’impédance complexe de
l’inductance est :
U
ZL jL
I
3 – Condensateur
1
C
La tension aux bornes d’un condensateur est u( t ) idt . Dans ces conditions,
1 1 1 i
u( t ) cos tdt sin t cos( t ) et l’image complexe de u(t) s’écrit u .
C C C 2 jC
L’impédance complexe du condensateur est donc :
U 1
ZC
I jC
Réseau
e s
s S( j) j
T( j) e
e E( j)
C’est aussi un nombre complexe dont le module et la phase sont des fonctions de la pulsa-
tion :
S( j)
T( j)
E( j)
argT( j)
1.3.2 – Exemple
Soit le réseau intégrateur de la figure ci-dessous. Calculer sa fonction de transfert.
R
C s
e
Psortie et Pentrée sont exprimées en Watts, G est exprimé en bels (B). Toutefois, le bel étant une unité
trop importante, on préfère utiliser une unité dérivée : le déciBel (dB). On a alors :
Psortie
G dB 10 log
Pentrée
2 – Gain en tension
En électronique, on travaille plutôt en tension ou en courant. La puissance est fonction du carré de
l’une de ces deux grandeurs ; donc, si A est une de ces deux grandeurs, on a 10 log A 2 20 log A .
tension de sortie
On appelle gain en tension le rapport G V 20 log
tension d' entrée
s
G V 20 log
e .
On envoie sur l'entrée du système un signal sinusoïdal. D’après le paragraphe 1.3.2 précé-
dent, remplaçons p par j dans la fonction de transfert ; il vient:
K K 1
F( j) avec c
1 j
1 j
c
F( j) est un nombre complexe dont le module (gain) et l’argument (phase) sont respectivement :
F j
K
1 2 c
2
ArgF j Arctan .
c
La représentation graphique du gain et de la phase en fonction de s’appelle lieu de transfert. Il
peut se tracer soit dans le plan de Bode (représentation préférée des électroniciens), soit dans le
plan de Black (représentation préférée des automaticiens. Il existe également la représentation de
Nyquist qui s’effectue dans le plan complexe (représentation préférée des mathématiciens).
Le gain est exprimé en dB soit G 20 log( F( j ) . Bode exprime le gain et la phase en fonc-
tion de dans deux plans séparés, alors que Black trace le lieu dans le plan [G, ], ce qui impose
de le graduer en et de l’orienter.
EST de Safi – Cours d’Automatique – Mme O.IKHOUANE – 2018-19 7
G
20logK
-20dB/dec
20logK-3
0
c
0
0 c/2 c 2c
F( j) K 0,89K 0,707K 0,44K 0
0 -26°5 -45° -63°5 -90°
2u
ArgF( ju) Arc tan
1 u2
On peut étudier les variations de ces deux paramètres en fonction de u, donc de .
d F( ju)
du
1
K 4u 3 4u(1 2 2 ) (1 u 2 ) 2 4 2 u 2
2
3
2
0 R n
R n 1 2 2
On voit tout de suite que la pulsation de résonance est inférieure à la pulsation propre non amortie,
mais elle s'en approche de plus en plus lorsque diminue. Pour la valeur limite R =n, c'est à dire
si = 0, le système est alors un oscillateur libre.
M
16
14
12
10
8
6
4
2
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7
c n 1 2 2 (2 2 1) 2 1
0
Figure 3.10 – Variation de l'argument (plan de Bode)
Le comportement dynamique d'un système du premier ordre est entièrement décrit par sa
constante de temps alors que celui du second ordre est décrit par sa pulsation propre non amor-
tie n. Cette dynamique est aussi appelée espace fréquentiel puisque et n sont liées à la pul-
sation de coupure c.
Conclusions :
un système rapide est un système qui a une bande passante large (faible constante de
temps).
un système lent a une bande passante étroite.
D'autre part, les systèmes des premier et second ordres sont des filtres passe-bas. Cela
signifie encore que tous les signaux d'entrée de pulsations supérieures à la fréquence de coupure
c d’un système ne seront pas transmis. Par exemple un enregistreur de fréquence de coupure
2Hz ne pourra pas enregistrer des signaux de fréquences 10Hz !
L'abaque ci-dessous (figure 3.11) permet la détermination des caractéristiques d'un sys-
tème du second ordre à partir de la connaissance de la réponse indicielle ou de la réponse harmo-
nique. Les valeurs ont été calculées à partir des formules élaborées dans les paragraphes précé-
dents.
Inversement cet abaque autorise aussi des opérations de synthèse d'un système du se-
cond ordre lorsque, par exemple, se trouvent fixés le dépassement D et l'un des temps définissant
la rapidité (tpic, tr, tm) :
la valeur de D fixe celle de l’amortissement ,
la valeur de tpic, de tr ou de tm fixe la pulsation propre non amortie n.
EST de Safi – Cours d’Automatique – Mme O.IKHOUANE – 2018-19 11
trn R c c
tmn tpicn Tpn D% MdB
(5%) n n R
0,1 1,68 30 3,16 6,31 73 0,99 1,54 1,56 14 0,1
0,15 1,74 20 3,18 6,36 62 0,98 1,53 1,56 10,5 0,15
0,2 1,81 14 3,21 6,41 53 0,96 1,51 1,57 8,1 0,2
0,25 1,88 11 3,24 6,49 44 0,94 1,48 1,59 6,3 0,25
0,3 1,97 10,1 3,29 6,59 37 0,91 1,45 1,61 4,8 0,3
0,35 2,06 7,9 3,35 6,71 31 0,87 1,42 1,63 3,6 0,35
0,4 2,16 7,7 3,43 6,86 25 0,82 1,37 1,67 2,7 0,4
0,45 2,28 5,4 3,52 7,04 21 0,77 1,33 1,72 1,9 0,45
0,5 2,42 5,3 3,63 7,26 16 0,71 1,27 1,80 1,2 0,5
0,55 2,58 5,3 3,76 7,52 12,6 0,63 1,21 1,93 0,7 0,55
0,6 2,77 5,2 3,93 7,85 9,5 0,53 1,15 2,17 0,3 0,6
0,65 3,00 5,0 4,13 8,27 6,8 0,39 1,08 2,74 0,1 0,65
0,7 3,29 3 4,40 8,80 4,6 0,14 1,01 7,14 0 0,7
0,75 3,66 3,1 4,75 9,50 2,84 - 0,94 - - 0,75
0,80 4,16 3,4 5,24 10,5 1,52 - 0,87 - - 0,80
0,85 4,91 3,7 5,96 11,93 0,63 - 0,81 - - 0,85
0,90 6,17 4 7,21 14,41 0,15 - 0,75 - - 0,90
0,95 9,09 4,1 10,06 20,12 0,01 - 0,69 - - 0,95
5.1 – Réponse d’un retard pur dans les plans de Bode et Black
Nous avons démontré dans le chapitre précédent que la fonction de transfert d'un élément
à retard s'écrit :
S(p)
F(p) e TRP
E(p)
Le régime harmonique est obtenu en posant p = j, soit
jTR
F( j) e cos TR j sin TR
L'élément à retard est donc un déphaseur pur. Les lieux de transfert dans les plans de
Bode et Black sont donnés figure 3.12 page suivante.
Remarque : Dans le plan de Nyquist, le lieu de transfert est un cercle de rayon 1 centré à l'origine.
EST de Safi – Cours d’Automatique – Mme O.IKHOUANE – 2018-19 12
0 G
T T
R R
0
0
T T
R
R
Bode Black
S(p)
La fonction de transfert du processus s'écrit e pTR F(p) . Le lieu de transfert en boucle
E(p)
ouverte est le lieu des points d'affixe :
S( j)
e jTR . F( j) F( j)
E( j )
Arg S( j) ArgF( j) T
R
E( j)
Le gain reste donc le même, mais le déphasage devient plus négatif (figure 3.14). Le
point correspondant à = 0 reste fixe; tous les autres sont translatés de TR vers les phases né-
gatives. Dans le plan de Black, on a l’impression que le lieu de transfert subit une rotation autour
du point = 0.
G
avec retard
0
s ans retard