Transfusion Sanguine: Présentée Par Mlle DJAGOUN AFOUDA Marie-Joseph
Transfusion Sanguine: Présentée Par Mlle DJAGOUN AFOUDA Marie-Joseph
Transfusion Sanguine: Présentée Par Mlle DJAGOUN AFOUDA Marie-Joseph
SANGUINE
PLAN
1- Généralités
1-1- Définitions
1-2- Rappels physiologiques
1-3- Différents groupes sanguins, anticorps et antigènes du
système ABO/rhésus
2- Produits sanguins et indications de transfusion
3- Règles ou schéma de transfusion
4- Réalisation de l’acte transfusionnel
5- Accidents et incidents transfusionnels
5-1- Accidents immunologiques liés à la transfusion
5-2- Accidents non immunologiques liés à la transfusion
6- Prise en charge
6-1- Prévention
6-2- Conduite à tenir
Conclusion
1- Généralités
1-1- Définitions
Transfusion sanguine : consiste à administrer le sang ou l’un de ses
composants dits labiles du fait de leur durée de conservation limitée (globules
rouges, plaquettes, granulocytes, plasma, protéines) ou stable, provenant d’un ou
plusieurs sujets appelés « donneurs », à un ou plusieurs sujets malades appelés «
receveurs ».
Système ABO : Ensemble d’antigènes génétiquement déterminés, présents à la
surface de la membrane des cellules sanguines, regroupés en systèmes
génétiquement codés et indépendants les uns des autres.
Le groupe sanguin ABO est défini par la présence ou par l’absence d’antigènes à
la surface des hématies et d’anticorps dans le plasma.
Antigènes : Substance capable de provoquer une réaction immunitaire, puis de
réagir spécifiquement avec le produit de cette réaction (anticorps).
Anticorps : Protéines (immunoglobulines) dont la production est provoquée par
l’administration d’un antigène et capable de se lier spécifiquement à lui.
Phénotype : Ensemble des caractères apparents d’un individu.
Génotype : Ensemble du matériel génétique porté par un individu, y compris les
gènes non exprimés.
Système rhésus
C’est le second système antigénique attaché aux globules rouges. Les rhésus
positifs représentent 85% de la population et les autres (15%) sont de rhésus
négatif.
Les rhésus négatifs ne possèdent pas spontanément d’agglutinines anti-rhésus,
mais ils en fabriquent lorsqu’ils sont mis en contact avec des hématies portant
l’antigène ou facteur rhésus.
Les antigènes du système rhésus
- L’Ag D ou RH1 présent sur les hématies des sujets RH+ et absent chez les
sujets RH-.
- L’Ag C ou RH2 présent chez 70 % des individus
- L’Ag E ou RH3 présent chez 30 % des individus
- L’Ag c ou RH4 reconnu chez 80 % des sujets
- L’Ag e ou RH5 présent dans 99 % des cas.
Les antigènes C et c sont antithétiques. Les antigènes E et e sont antithétiques.
Les anticorps du système rhésus
Il n’y a pas d’anticorps naturels. Les anticorps identifiés dans le système Rhésus
sont tous d’origine immune et de nature IgG. Deux origines sont possibles : la
transfusion et la grossesse.
Fréquence d’immunisation : D>K>E>c>e>C. La femme s’immunise « dès
qu’elle le sait ».
(D) (K) (E) (c)
Autres systèmes
Ils sont nombreux et souvent importants en transfusion. Exemples :
- Système Kell
- Système Duffy : Fya/Fyb (FY1/FY2)
- Système Kidd : JKA :Jkb (JK1/JK2)
- Système MNS : S (MNS3) et s(MNS4)
- Antigènes Lewis : Lea/Leb (LE1/LE2) (s’ils sont hémolysants)
2- Produits sanguins et indications de transfusion
2-1- Différents produits sanguins
Trois principaux types de produits sanguins labiles (PSL) sont régulièrement
utilisés :
• les concentrés de globules rouges (CGR) ;
• les concentrés plaquettaires, dont il existe deux préparations :
– les concentrés de plaquettes d'aphérèse (CPA) ;
– les mélanges de concentrés plaquettaires (MCP) ;
• le plasma frais congelé (PFC).
On utilise aussi parfois le sang total, le concentré leucocytaire et le concentré
granulocytaire.
De façon générale, les PSL sont obligatoirement déleucocytés : on épure le sang
des leucocytes, afin de réduire les risques de réaction immunitaire et le risque
infectieux. Pour réduire drastiquement le risque infectieux lié aux transfusions,
tous les dons de sang font l'objet de tests de dépistage des maladies infectieuses
transmissibles majeures : VIH, VHB, VHC, HTLV-I et HTLV-II, syphilis. La
détection du génome du VIH et du VHC est obligatoire depuis 2001, celle du
VHB depuis 2010. Chez certains donneurs sont également recherchés les
anticorps antipaludéens et/ou anti-Trypanosoma cruzi.
A- Concentrés de globules rouges
Proviennent soit d'un don de sang total, après une étape de fractionnement, soit
d'un prélèvement d'aphérèse. Comme dit précédemment, tous les CGR sont
déleucocytés. La plupart des CGR transfusés sont des CGR standards pour
lesquels seules les compatibilités ABO et Rhésus D sont imposées. Pour certains
patients spécifiques, les CGR doivent passer par une étape supplémentaire de
qualification, prescrite par le praticien, consistant à sélectionner pour le receveur
le CGR le plus adéquat possible :
• CGR phénotypés pour lesquels une ou plusieurs déterminations d'antigènes
de systèmes de groupes sanguins ont été effectuées en plus du groupe ABO et de
l'antigène RH1 (Rhésus D) : antigènes RH2, 3, 4, 5 et KEL1 (Rhésus C, E, c, e
et Kell) ;
• CGR phénotypés étendus pour lesquels des déterminations d'autres
systèmes de groupes sanguins ont été effectuées comme Duffy, Kidd, MNSs,
etc. ;
• CGR compatibilisés pour lesquels a été réalisée une épreuve de
compatibilité entre le sérum du receveur et les globules rouges du CGR.
De plus, afin de pouvoir être administrés à certains malades, les CGR doivent
subir une opération complémentaire, appelée transformation, également
prescrite par le praticien, qui consiste à modifier les caractéristiques du CGR,
que ce soit en qualité ou en quantité. Voici les différentes transformations
potentielles :
• irradiation (inactivation des lymphocytes T résiduels pour éviter la
prolifération de lymphocytes résiduels du donneur chez un patient profondément
immunodéprimé) ;
• préparation pédiatrique ;
• cryoconservation (pour pouvoir conserver des CGR de groupes sanguins
rares) ;
• déplasmatisation (en cas d'antécédents de réactions transfusionnelles
anaphylactiques majeures ou de déficit en IgA sériques avec présence
d'anticorps anti-IgA chez le receveur) ;
• réduction de volume (contexte périnatal).
MODALITES DE CONSERVATION DES CGR
* 42 jours entre + 2° C et + 6°C (armoire réfrigérée sécurisée),
* congelé : 10 ans à –60° C, 4 ans à –30° C,
* déplasmatisé : 6 heures ou 24 heures,
* décongelé : 24 heures,
* irradié après 15 jours : 24 heures.
* dans les six heures suivant leur réception dans l’unité de soins.
B- Concentrés plaquettaires
Deux types de concentrés plaquettaires (CP) existent :
• le concentré de plaquettes d'aphérèse (CPA) issu d'un seul don spécifique
de plaquettes (par extraction sélective des plaquettes grâce à un séparateur de
cellules qui restitue au donneur ses globules rouges et son plasma, ou
thrombophérèse) ;
• le mélange de concentrés de plaquettes (MCP) ou CP standards issus d'un
mélange de plaquettes de même groupe ABO obtenues grâce à plusieurs dons de
sang total (quatre à cinq donneurs en moyenne).
Les deux produits, MCP et CPA, sont identiques en efficacité et en tolérance.
Les CPA sont indiqués chez les patients porteurs d'anticorps anti-HLA et/ou
HPA responsables d'un état réfractaire et quand il y a une nécessité d'adapter la
dose à transfuser (néonatologie). Il convient de privilégier une transfusion de
plaquettes ABO et Rh-compatibles. Comme les CGR, les plaquettes peuvent
avoir exceptionnellement des qualifications ou subir des transformations.
MODALITES DE CONSERVATION DES PLASMAS FRAIS CONGELES
(PFC)
* 1 an à – 30° C,
* décongélation dans un bain marie 20-30 minutes à 37° C,
* décongelé 6 heures entre + 2° C et + 6° C pour les homologues (72 heures
pour les autologues).
* dans les six heures suivant leur réception dans l’unité de soins.
C- Plasma
Le plasma est obtenu par plasmaphérèse. À la différence des CGR et des CP, il
est conservé congeler après déleucocytation. La décongélation des PFC (plasma
frais congelé) en vue d'une transfusion est contrainte à des règles strictes, afin de
ne pas altérer les facteurs de coagulation (durée de décongélation de 20
minutes). Une sécurisation complémentaire est mise en place vis-à-vis du risque
infectieux, soit par mise en quarantaine soit par des procédés physicochimiques.
Attention, du fait de la présence d'anticorps dans le plasma, les règles
transfusionnelles des PFC sont inversées par rapport aux CGR. En effet, les
sujets du groupe O sont donneurs universels de CGR (car ne possèdent pas
d'antigènes tissulaires A ou B) mais donnent un plasma contenant des anticorps
naturels anti-A et anti-B. À l'inverse, les sujets du groupe AB donnent un plasma
ne contenant pas d'anticorps naturels anti-A ou anti-B (tableau 8.3).
MODALITES DE CONSERVATION DES PLAQUETTES
* Plaquettes : 5 jours à 22° C sous agitation permanente,
* à transfuser immédiatement dès leur réception
2-2- Indications
L'objectif d'une transfusion est de corriger un symptôme ou un risque en lien
avec une anémie, une thrombopénie ou une thrombopathie, ou un autre trouble
de l'hémostase.
A- Transfusion de concentrés de globules rouges
Elle a pour but de prévenir ou corriger une anémie en améliorant le transport en
oxygène. La symptomatologie liée à une anémie est dépendante d'autres facteurs
que la seule valeur de l'hémoglobine. L'hypovolémie, la vitesse d'installation de
l'anémie, le terrain et les antécédents (notamment cardiovasculaires) modifient
sa tolérance et donc les symptômes du patient. L'évaluation de cette tolérance,
en plus de la valeur de l'hémoglobine, permet d'évaluer la nécessité d'un recours
à une transfusion de CGR.
Les principales indications de la transfusion de CGR sont le syndrome
hémorragique et les anémies d'origine centrale. D'une manière générale, il -
convient de prescrire des CGR standards (compatible ABO-Rhésus D).
Néanmoins, les femmes en âge de procréer, les polytransfusés ou patients à
risque de transfusions répétées (drépanocytose, par exemple) et les enfants
doivent bénéficier de CGR compatibilisés, afin de diminuer le risque de
développer des anticorps immuns (ou irréguliers) contre les autres antigènes du
système Rh : les antigènes C, c, E et e. En dehors du cas de l'hémorragie aiguë,
il faut privilégier la transfusion d'un CGR à la fois.
Un CGR augmente le taux d'hémoglobine d'environ 1 à 1,5 g/dl selon le poids
du patient
Seuils indicatifs de transfusion en absence de signe de décompensation de
l’anémie :
≤7 g/dl pour la majorité des patients hospitalisés en réanimation
≤9–10 g/dl en cas de syndrome coronarien aigu
≤8-9 g/dl en per-opératoire et antécédents cardiovasculaires
≤6g/dl chez patient immunocompétent
≤10g/dl chez patient immunodéprimé
≤8g/dl chez drépanocytaire
Quantité à transfuser : soit Q ce volume
Q = ΔHb x Pds x k avec ΔHb = THb souhaité – THb du malade ; k = 3 si CGR
ou k = 6 si sang total
Vitesse de perfusion habituellement utilisée :
- chez l’adulte : 10 à 15 ml/min.
- chez le nouveau-né : 3 à 15 ml/kg/heure.
B- Transfusion de concentrés plaquettaires
Elle a pour but la restauration d'une hémostase favorable à la coagulation
biologique. La principale indication de la transfusion de CP (CPA ou MCP) est
la thrombopénie d'origine centrale et les thrombopathies. Ces indications
dépendent de nombreux critères dont, bien évidemment, la numération
plaquettaire mais aussi l'existence d'une hémorragie active ou d'un risque
hémorragique significatif, la cinétique d'évolution de la thrombopénie, la
nécessité de réalisation d'un geste invasif (ponction, chirurgie) et les traitements
associés.
À l'inverse, certaines causes de thrombopénie périphérique sont des contre-
indications à la transfusion de CP, notamment les syndromes de
microangiopathie thrombotique (incluant le HELLP syndrome) et la
thrombopénie immunoallergique induite par l'héparine, du fait de l'aggravation
de la pathologie thrombotique en partie liée à la consommation des plaquettes.
D'autres causes de thrombopénies périphériques (purpura thrombopénique
immunologique, coagulation intravasculaire disséminée, hypersplénisme) ne
doivent motiver une transfusion de CP qu'en cas de syndrome hémorragique
difficilement contrôlable.
Seuils indicatifs de transfusion :
- 100 G/l si hémorragie active (hors hémorragie digestive),
neurochirurgie, traumatisme crânien
- 50 G/l : acte invasif en préventif
- Thrombopénie < 20G/l
Quantité à transfuser : Une unité pour 7 à 10 kg de poids chez l'adulte
C- Perfusion de plasma
L'objectif le plus fréquent d'une transfusion de plasma thérapeutique est
d'apporter des facteurs de coagulation chez des patients présentant une
hémorragie ou un risque d'hémorragie, avec une atteinte de coagulation probable
ou avérée. 1 ml/kg de PFC augmente en moyenne le TP de 1 %.
Principales indications :
Coagulopathies graves de consommation ;
Hémorragie aiguë avec déficit global des facteurs de coagulation ;
Déficits rares en facteurs non disponibles sous forme de fractions
coagulantes.
La transfusion de PFC n’est recommandée qu’en cas d’association :
soit d’une hémorragie, soit d’un geste à risque hémorragique,
et d’une anomalie profonde de l’hémostase définie par :
- Fibrinogène < 1 g/l (d’autant que la numération plaquettaire est <
50G/l),
- TP < 40 % environ,
- TCA > 1,5 – 1,8 fois la valeur contrôle.
- Au cours du choc hémorragique traumatique : le traumatisme crânien grave
associé à un saignement massif au niveau d’un site inaccessible à une hémostase
rapide chirurgicale ou radiologique peut justifier d’une transfusion précoce.
- En neurochirurgie : les indications dans la transfusion massive restent
valables, les seuils transfusionnels étant plus élevés en raison de la gravité des
séquelles (TP < 50 % et < 60 % pour la pose d’un capteur de pression
intracrânienne).
- Au cours de la chirurgie cardiaque : l’indication n’est envisagée qu’en cas de
saignement microvasculaire persistant associé à un déficit en facteurs de
coagulation. La transfusion prophylactique peut être justifiée :
. en cas de mise en jeu du pronostic vital ;
. chez le nourrisson, le rapport volume sanguin/solution de remplissage
de la CEC imposant une dilution importante.
- En obstétrique : la transfusion de PFC est recommandée dans le traitement de
la CIVD obstétricale lorsque le traitement étiologique ne permet pas de juguler
rapidement l’hémorragie.
- En médecine, en cas de :
. micro-angiopathies thrombotiques (purpura thrombotique thrombo-
cytopénique dans l'objectif d'apporter un constituant du plasma la
métalloprotéinase ADAMTS 13 non accessible autrement à ce jour ; et le
syndrome hémolytique et urémique de l’adulte)
. et les échanges plasmatiques.
- Chez le nouveau-né et l’enfant, les indications sont similaires à celles de
l’adulte. Chez l’enfant de moins de 29 semaines de gestation en détresse vitale,
la transfusion de PFC est recommandée lorsque les facteurs de coagulation sont
inférieurs à 20 %, même en l’absence de syndrome hémorragique clinique.
- En cas de surdosage en AVK : les indications sont les manifestations
hémorragiques graves ou le surdosage majeur.
D- Transfusion de sang total
Exceptionnelles en cas d’hémorragie massive dans le contexte de l’urgence
E- Transfusion de concentrés leucocytaires
Aplasie ou neutropénie< 100 PN/mm3 avec infection sévère non contrôlée par
anitibiothérapie
F- Transfusion de concentré de granulocytes
- Cette indication est exceptionnelle, et posée devant des cas de déficit
immunitaire avec infections gravissimes, résistantes à l’antibiothérapie.
- Les concentrés de granulocytes sont de manipulation complexe sur tout
l’ensemble de la chaîne transfusionnelle. Ils doivent être compatibilisés et
irradiés.
6- Prise en charge
6-1- Prévention
Traçabilité
C’est la possibilité d’établir un lien entre le PSL délivré et le receveur tout en
conservant l’anonymat du donneur. Elle permet les enquêtes ascendantes du
donneur et descendantes du receveur. Dans le cadre de la médecine
transfusionnelle, la traçabilité est une obligation réglementaire qui intervient
dans l’amélioration continue de la qualité.
Hémovigilance
« On entend par hémovigilance l’ensemble des procédures de surveillance
organisées depuis la collecte du sang et de ses composants jusqu’au suivi des
receveurs, en vue de recueillir et d’évaluer les informations sur les effets
inattendus ou indésirables résultant de l’utilisation thérapeutique des produits
sanguins labiles et d’en prévenir l’apparition, ainsi que les informations sur les
incidents graves ou inattendus survenus chez les donneurs.
L’Hémovigilance comprend également le suivi épidémiologique des donneurs
(Art. L.1221-13).
L’hémovigilance est un élément de la sécurité transfusionnelle. Elle comporte
pour toute unité préparée d’un produit sanguin labile :
- Le signalement de tout effet inattendu ou indésirable lié ou susceptible d’être
lié à l’usage thérapeutique de ce produit ;
- Le recueil, la conservation et l’accessibilité des informations relatives à son
prélèvement, à sa préparation, à son utilisation ainsi qu’aux effets mentionnés au
a ci-dessus ;
- L’évaluation et l’exploitation de ces informations en vue de prévenir la
survenance de tout effet inattendu ou indésirable résultant de l’utilisation
thérapeutique des produits sanguins labiles
Conclusion
La transfusion sanguine est une thérapeutique indispensable mais qui comporte
certains risques potentiellement mortels (immunologiques et infectieux). Elle
impose le respect de règles strictes de sécurité pour lesquelles chaque
intervenant a sa part importante de responsabilité.