Nazoumou y PDF
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THESE de DOCTORAT
présentée à
par
Yahaya NAZOUMOU
Ingénieur des Mines
En haut à gauche, Barrage el Haouareb sur l'oued Merguellil (Tunisie) avec en premier plan la tour de prise ; à
droite, les déversements (janvier 1990) de l'évacuateur de crues du Barrage de Sidi Saâd sur l'oued Zeroud
(Tunisie). En bas à gauche, vue du lit de l'oued Merguellil ; à droite, périmètre irrigué.
THEME :
Mai 2002.
AVANT - PROPOS
Si la réalisation d'une thèse est comparable au tumultueux voyage des caravaniers du Ténéré, le
thésard serait sans doute le jeune premier dont la réussite, même si elle dépend surtout de sa détermination,
est facilitée par le soutien et les précieux conseils des plus expérimentés qui le guident assurément vers
l’objectif final. La rédaction du mémoire constitue la dernière touche au carnet de route du doctorant,
l'occasion de rendre grâce à ceux qui l'ont aidé à accomplir sa mission.
Mon premier guide dans ce voyage fut le Pr. Mustapha BESBES. Notre première rencontre remonte à
Juillet 1996, lorsque connaissant mes penchants hydrogéologiques, R. BOUHLILA m’avait recommandé une
entrevue avec lui. Le dernier résultat de la rencontre c'est ce travail qu'il a bien voulu me confier. Je fus
séduit autant par ses qualités scientifiques et son expérience que par sa simplicité et ses qualités humaines.
Ma reconnaissance envers lui n’a d’égale que mon estime pour tout son soutien et la rigueur avec laquelle il
a suivi ce travail dans ses moindres détails.
Soumettre ce mémoire à l’appréciation du collège de scientifiques, si ce n’est pas la première épreuve,
constitue une expérience et une chance unique. C'est surtout l’occasion d’échanges et de discussions au
bénéfice du jeune chercheur. Je remercie l'ensemble des membres du jury d'avoir accepté de se pencher sur ce
travail en consacrant leur précieux temps à l'examen du manuscrit. Le Pr. Khlifa MAALEL que j’ai eu le
plaisir d’avoir comme professeur me fait l’honneur de présider ce jury. Pour celui qui m’initia à la
“propagation des crues”, son avis pertinent m’est d’une importance capitale.
Mon baptême hydrologique n’aurait sans doute pas autant d’éclats sans l’apport du Pr. Zoubeida
BARGAOUI. D’abord en tant que directrice du Laboratoire par le soutien et la constance de sa
compréhension à mon égard. Ensuite en tant que professeur de la formation doctorale lorsqu'elle a accepté la
pénible mission de rapporter ce mémoire. Ses remarques et suggestions pertinentes ont contribué à améliorer
substantiellement ce manuscrit. Je lui adresse une pensée forte et pleine de reconnaissances.
C’est au cours de mon premier séjour scientifique en France que j’ai eu l’honneur de rencontrer pour la
première fois les deux membres du jury suivants :
D’abord le Pr. Emmanuel LEDOUX, Directeur du Centre d’Informatique Géologique de l’Ecole de
Mines de Paris, qui m’a spontanément accueilli dans son établissement durant trois semaines. J’ai été
particulièrement touché par sa disponibilité malgré les responsabilités qui sont les siennes et par sa rigueur
scientifique. Ses connaissances hydro(géo)logiques le désignaient incontestablement pour rapporter et juger
ce manuscrit. Je le remercie sincèrement pour l’honneur qu’il me fait en acceptant de faire parti du jury.
Ce séjour fut également l'occasion de ma rencontre avec le Dr. Christian LEDUC. J'étais émerveillé par
son expérience de l'hydro(géo)logie nigérienne à laquelle il s'attelait depuis quelques années déjà avec l'équipe
MEVHYSA de l'IRD/Montpellier, et par son intérêt pour l'hydrogéologie du sud tunisien. Le soutien
constant qu'il n'a cessé de témoigner à ce travail m'honore à plus d'un titre et c'est avec amabilité que je lui
soumets enfin ce mémoire. Qu'il retrouve ici toute ma gratitude et mon amitié.
Ma reconnaissance va également à l'endroit du Pr. Wolfgang KINZELBACH de IHW de Zürich. Mon
premier contact avec lui est survenu en marge de l'Atelier sur le Modèle MODFLOW qu'il organisa à
l'ENIT en juillet 2000. Grande fut ma fascination lorsque j'ai découvert son intérêt pour l'hydrogéologie et
la société du pays Haoussa dont il manœuvre délicatement la langue. L'intérêt immédiat qu'il a témoigné à
ce travail m'honore et c'est avec enchantement que je lui soumets ce rapport.
Avec le Dr. Djemili El BATTI, c'est la Direction Générale des Ressources en Eau de Tunisie, la
DGRE, que j'aborde dans ces remerciements. D'abord en sa qualité de Directeur, puis surtout de praticien
et de "mémoire" du Bureau des Inventaires et Ressources Hydraulique (BIRH). Sa présence parmi les
membres du jury est plus qu'indispensable car rien ne peut être accompli sans le précieux concours de ses
différents services. Merci d'avoir accepté de faire parti du jury.
A la DGRE justement, j'ai bénéficié du soutien de S. BOUZAIANE, Ingénieur en chef responsable
entre autre de la base de données hydrométriques. Sa constante compréhension m'a facilité la tâche. Je lui
suis reconnaissant.
C'est en sa qualité de Chef du Projet MERGUSIE que j'ai rencontré R. KALLEL, Directeur des
Ressources en Eau de Surface. Nos fructueux échanges au cours des nombreuses réunions des équipes du
projet m'ont été bénéfiques. Ce fut également le cas de A. MAMOU avec qui ce projet avait démarré. Je le
remercie pour ses remarques sur les aspects structuraux de la nappe.
A Kairouan où j'ai séjourné à plusieurs reprises, mes démarches ont été rendues aisées par la
disponibilité de B. CHADLY, R. BEJI et A. GASSARA. Malgré la rigueur du terrain, mes sorties hydrologiques
ont été facilitées par la présence de M. AYACHI qui m'initia au jaugeage, et de B. BEN OTTMAN que l'on
peut désigner la "mémoire" de l'hydrologie du Kairouanais. Merci à eux d'avoir supporté mes questions de
débutant.
Aux barrages de Sidi Saâd et d'El Haouareb, les portes m'étaient toujours restées ouvertes pour les
données de suivi et de gestion des retenues. Je remercie sincèrement les “barragistes” M. HARRABI et M.
BEN SALEM ainsi que leurs équipes pour leurs éclaircissements au cours de mes nombreuses visites aux sites.
Ces rencontres n'auraient pas été possibles sans l'aval tutélaire de la D/GETH, à laquelle j'adresse mes
remerciements à travers A. JEBALI et A. LARGUECHE pour leurs soutiens.
Durant mon séjour français, l'honneur m'a été échu de rencontrer D. POITRINAL qui a bien voulu me
confier à son équipe du BRGM/Montpellier. Merci à P. LASSACHANGE, H.M. DEGRAMONT et D.
THIERRY pour leur disponibilité.
Mes premiers contacts à l'IRD/représentation de Tunis furent dans le cadre du Projet MERGUSIE.
C'est au cours de nos nombreuses rencontres que j'ai eu le plaisir de connaître J. BOURGES, P. Le GOULVEN
et R. CAVEZ. Leur aimable soutien et leur compréhension m'ont été d'un secours inestimable. Merci pour les
nombreuses discussions fructueuses que nous avions eues ensemble. A travers eux et J. CLAUDE, c'est toute
l’Institution IRD que je remercie pour son soutien dans le cadre de mes séjours scientifiques en France.
Pour réaliser ce travail, j'ai évolué au sein du Laboratoire de Modélisation en Hydraulique et
Environnement de l'ENIT. J'adresse toute ma reconnaissance au corps professoral (S. RAIS, R. BOUHLILA,
M. ZAMMOURI, M. MOUSSA, J. CHAHED, K. MRABET, H. SHAYEB, R. ZGOULLI, M. DJEBBI, et Z.
Hafsia) pour m'avoir accepté en son sein durant ces longues années. Mes remerciements seraient incomplets
sans en gratifier M. NAJEH, l'infatigable "bienfaiteur" vers qui je me tournais trop souvent dans les
situations d'urgence. Cette précieuse aide m'était également constante de la part de Mme S. BOUAZIZ.
Merci à elle et à M. CHARNI pour les tirages et les taquineries bienfaisantes.
Il y a surtout les compagnons de tous les jours, ceux à qui revenait le supplice de mes changements
d'humeurs ma foi assez fréquents. Il s'agit de A. KINGUMBI, I. NASSER, J. MBAINAIBEYE, H. MOUSSA
alias BOSS et M. BABA SY. J'espère n'avoir pas été un compagnon trop désagréable. Milles merci à vous pour
la constance de votre amitié sans laquelle certains caps auraient sans doute été plus difficiles à franchir.
Enfin, à G. FOTSO pour la source d'apaisement qu'elle a su m'apporter dans la dernière ligne droite, j'adresse
mes tendres pensées.
Tunis, le 25 avril 2002.
Sommaire i
SOMMAIRE
1.1 Aridité......................................................................................................................…........... 3
1.2 Recharge des nappes souterraines en zone aride ...................................................…............. 4
1.3 Recharge artificielle en zone aride .......................................................................….............. 6
1.4 Les Méthodes d'estimation de la recharge par écoulements intermittents des oueds …........ 7
1.4.1 Approches du bilan en eau ...................................................................…...................... 9
A. Calcul du bilan hydrique ......................................................................…..................... 9
B. Les mesures lysimétriques ............................................................................….......…. 11
C. Méthodes du bilan en eau de surface ou de pertes d'écoulement ..................….......…. 12
1.4.2 Méthodes des fluctuations piézométriques ...............................................…................. 12
1.4.3 Les approches hydrauliques de gradient-conductivité ou darciennes ......….................. 15
1.4.4 Techniques des traceurs ................................................................................…........…. 19
1.5 Conclusions ......................................................................................................….................. 20
ANNEXES …………………………..……………………………………………………………………….. I
Dans la zone semi-aride de la Tunisie centrale, deux barrages ont été construits en 1982 et 1989
respectivement sur les oueds Zeroud et Merguellil. L'infiltration des crues naturelles de ces oueds
constituait jadis la principale source d’alimentation de la nappe de la plaine de Kairouan. Les barrages
destinés à l'écrêtement des crues et à l’irrigation, devaient également permettre la recharge de la nappe
située à l’aval. Cette thèse est une contribution par la modélisation hydrologique, à l'évaluation de
l'impact de ces ouvrages sur les écoulements et la recharge de la nappe de Kairouan.
Pour simuler les mécanismes de recharge de la nappe par l'infiltration des crues naturelles et des
lâchers dans le lit des oueds, un modèle intégré des écoulements de surface et souterrains a été mis au
point. La propagation et l'infiltration des crues et des lâchers sont schématisées à l'aide d'un modèle
discrétisé à réservoirs, qui associe la fonction de production de type sol à une fonction de transfert. Il
réalise le bilan hydrique sur un bief élémentaire de l'oued afin de quantifier le flux d'infiltration
efficace. La zone non saturée qui assure le transfert de cette infiltration efficace à la nappe est
conceptualisée par une cascade de réservoirs linéaires en série. Enfin, la résolution numérique par la
méthode des différences finies, de l'équation de diffusivité appliquée à un domaine multicouche
discrétisé en mailles carrées régulières assure la prise en compte du transfert de charges dans la nappe.
Les critères statistiques d'efficience de l'ajustement montrent que le modèle s'adapte aussi bien au
régime de propagation des crues naturelles, qu'à celui des lâchers après la construction des barrages.
Les flux de recharge estimés sont corroborés par les remontées piézométriques de la nappe, qui
concordent raisonnablement avec les observations effectuées aux passages des épisodes de recharge.
Le modèle a été utilisé pour simuler l'évolution du système aquifère sur une chronique de 30
années de suivis hydrométrique et piézométrique avant et après la construction des barrages. L'objectif
étant de quantifier le gain de recharge occasionné par les aménagements. L'aptitude du modèle à
prendre en compte les perturbations de régime d'écoulement autorise son utilisation pour la prévision
sur le long terme (horizon 2050), de l'impact des règles de gestion des retenues sur la dynamique des
niveaux piézométriques et la ressource en eau de la plaine.
Mots clefs : eaux de surface, barrage, lâcher, propagation, infiltration, recharge de nappe, eaux
souterraines, modèle intégré, impact, zone semi-aride.
ABSTRACT
In the semi-arid zone of central Tunisia, infiltration from floods through the bed of wadis (rivers)
Zeroud and Merguellil has long constituted the most important mechanism of groundwater recharge of
the Kairouan plain aquifers. Dams were built on these rivers respectively in 1982 and 1989 for water
supply, flood protection of the Kairouan city and artificial recharge of the aquifer by stream channel
spreading. This thesis is a contribution by hydrologic modeling, to the evaluation of the impact of the
modification of the wadis flow regime on the Kairouan groundwater recharge and resource evolution.
To simulate the groundwater recharge mechanisms by infiltration from natural floods and stream
channel spreading, an Integrated Model of both surface water and groundwater flow processes has
been developed. Surface water flows are modeled using a tank model, that takes into account the
propagation and the infiltration of floods in the wadi beds. It also provides the hydrological balance of
the floods in order to quantify the effective infiltration flux. The unsaturated zone is schematized as a
cascade of linear tanks, which is a global transfer approach of efficient infiltration transfer that will
reach the aquifer thus constituting the recharge. The numerical resolution, by finite-difference method,
of the Boussinesq equation associated with the transferred recharge flux, allows then the integration of
the groundwater flow processes.
The statistical efficiency criteria of the adjustment show that the model is adapted to the natural
propagation regime of floods on the wadis, as well as to the artificial one after the construction of
dams. Calculated recharge flux are corroborated by the corresponding piezometric increase in the
aquifer, which agree reasonably with the observations made after the passage of the episodes of
recharge.
The model was used to simulate the hydrodynamic behavior of the aquifer during 30 years (1969 to
1998) before and after the construction of the dams, for which hydrometric and piezometric data are
available. The aim of these simulations is to quantify the actual recharge profit caused by these
installations. The aptitude of the model to take into account the disturbances of flow regime authorizes
its application for the long term prediction (horizon 2050) of the impact of the rules of management of
the dams on the evolution of the levels and the water resource in the plain of Kairouan.
Key words : surface water, flood propagation, stream channel spreading, infiltration, recharge,
groundwater, dam impact, integrated model, semi-arid zone.
Liste des figures vi
Fig. 3.16 - Cotes observées et calculées du plan d'eau de la retenue du barrage d'el Haouareb .............….… 84
Fig. 3.17 - Apports mensuels observés à Haffouz et ceux estimés au barrage el Haouareb sur la période
1989-90 à 1997-98 ..…………………………………………………………………………….... 85
Fig. 3.18 - Réseau d'observations piézométriques et hydrométriques de la recharge artificielle des nappes de
Kairouan .……………..................................................…………………………………...…..…. 88
Fig. 4.1 - Schéma du principe de la fonction de production.................................................................…........ 93
Fig. 4.2 - Principe de constitution des biefs sur le réseau hydrographique......………………………………. 97
Fig. 4.3 - Zone non saturée : transfert dans une série de réservoirs linéaires en cascade. .......................….... 99
Fig. 4.4 - Principe de la relation nappe rivière .......................................................................................…...... 101
Fig. 4.5 - Schéma du principe de fonctionnement du Modèle Intégré des écoulements ..........................….... 104
Fig. 5.1 - Hydrogrammes observés de la crue naturelle du 2-5 Juin 1969 à Sidi Saâd et Pont Zaâfrana ..….. 109
Fig. 5.2 - Hydrogrammes mesurés et calculés de la crue naturelle du 2-5 Juin 1969 au Pont de Zaâfrana …. 111
Fig. 5.3 - Débit instantané et moyen journalier de la crue du 2-5/7/1969 à Sidi Saâd. .........................…....... 113
Fig. 5.4 - Influence du pas de temps de discrétisation des débits d’entrée sur le volume infiltré journalier … 114
Fig. 5.5 - Hydrogramme de la crue du 2-5/7/1969 au Pont de Zaâfrana en fonction de la distribution de la
vitesse d’infiltration le long du lit .................................................................................…………... 115
Fig. 5.6 - Répartition le long de l'oued Zeroud, du volume infiltré total de la crue du 2-5/7/1969 dans la plaine
de Kairouan .......................................................................………......………………………….… 116
Fig. 5.7 - Volumes infiltrés vers la nappe par épisode de crue de l'oued Zeroud : comparaison des résultats
des deux schémas de variation de K ..……....................................................................…....…….. 117
Fig. 5.8 - Hydrogrammes mesurés du 19 au 28 Juin 1995 aux stations de contrôle ..............................…...... 120
Fig. 5.9 - Débits de pointe mesurés aux stations de contrôle de recharge artificielle du 19 juin au 19 juillet
1995 ……………………………………………………………………………………….....…..... 122
Fig. 5.10 - Comparaison des hydrogrammes de sortie calculé et mesuré ..................................................….. 123
Fig. 5.11 - Hydrogrammes mesurés et calculés des ondes du 19 et 24 Juin 1995 aux stations de contrôle … 125
Fig. 5.12 - Vérification sur 2 ondes/jour : hydrogrammes mesurés et calculés du 19 au 24 Juin 1995 ...….... 128
Fig. 5.13 - Maillage du Modèle d'Ensemble et conditions aux limites de la nappe phréatique (régime permanent)
..................……………………………………………………………………………………………....…..... 133
Fig. 5.14 - Maillage du Sous-Modèle de la nappe de Kairouan ............................................................…....... 134
Fig. 5.15 - Evolution du sous-écoulement du Merguellil en fonction de la cote de la retenue .............….….. 135
Fig. 5.16 - Transmissivité de la nappe après ajustement ……………………………………………….......... 139
Fig. 5.17 - Transmissivité (spécifique) de passage après ajustement .......................….................................... 139
Fig. 5.18 - Carte piézométrique calculée et observée(ME) de la nappe phréatique (Janvier 1969) .........…... 140
Fig. 5.19 - Carte piézométrique calculée et observée de la nappe phréatique (Janvier 1969) ..........…...….... 141
Fig. 5.20 - Dispersion des points de charge observée et calculée (Janvier 1969) de la nappe phréatique ....... 142
Fig. 6.1 - Epaisseur de la zone non saturée au-dessus de la nappe phréatique ..........................…..........…..... 145
Fig. 6.2 - Coefficients d'emmagasinement dans les nappes phréatique et profonde ........................................ 146
Fig. 6.3 - Secteurs Abida & Kairouan N-W et réseau de surveillance piézométrique de la nappe de Kairouan
…………………………………………………………………………………………………………..….... 148
Fig. 6.4 - Piézométrie observée et calculée de la nappe phréatique, période 1969-1971 ...................……….. 149
Fig. 6.5 - Piézométrie observée et calculée de la nappe profonde, période 1969-1971 ...........................….... 150
Fig. 6.6 - Influence des prélèvements de la zone Abida sur l’évolution piézométrique de la nappe ...….…... 154
Fig. 6.7 - Piézométrie calculée et mesurée de la nappe phréatique, période 1969-1989 .............….....…....... 156
Fig. 6.8 - Piézométrie calculée et mesurée de la nappe profonde, période 1969-1989 .........…................…... 157
Fig. 6.9 - Volume mobilisé à partir du barrage de Sidi Saâd du 19/6/1995 au 31/1/1997, pour la recharge de
la nappe ……………………………………………………………………………………….…... 161
Fig. 6.10 - Remontées piézométriques calculée et observée de la nappe, suite à la recharge artificielle sur le
Merguellil ………………………………………………………….…………………………....... 162
Fig. 6.11 - Remontées piézométriques calculée et mesurée de la nappe, suite à la recharge artificielle sur le
Zeroud .……………………………………………………………………………..…………...... 164
Fig. 6.12 - Volume mobilisé au barrage d'el Haouareb et recharge de la nappe de Kairouan, période 1989
à 1998 .…………………………………………………………………..……………………....... 166
Fig. 6.13 - Bilan moyen des écoulements de l'oued Merguellil à l'aval du barrage el Haouareb en régime
modifié, période 1989 à 1998 .............………………………….........................................…........ 166
Fig. 6.14 - Volume mobilisé au barrage de Sidi Saâd et recharge de la nappe de Kairouan, période 1982
à 1998 ...…………………………………………………………………………………………... 167
Fig. 6.15 - Bilan moyen des écoulements de l'oued Zeroud à l'aval de Sidi Saâd, en régime modifié, période
1982 à 1998 ……………………………………………………………….…………..….……..... 168
Fig. 6.16 - Piézométrie calculée et mesurée de la nappe phréatique, période 1969-1998 .......................….... 169
Fig. 6.17 - Piézométrie calculée et mesurée de la nappe profonde, période 1969-1998 ..............…................ 170
Liste des figures viii
Fig. 6.18 - Apports des crues à la nappe, période 1969 à 1998 ......................................................….............. 172
Fig. 7.1 - Principe de constitution de la série d'apports et d'évaporation aux barrages ................…................ 176
Fig. 7.2 - Irrigation et lâchers moyens au barrage de Sidi Saâd, période 1982-2051 ...................................... 184
Fig. 7.3 - Répartition des volumes annuels d'irrigation, de lâchers et totaux mobilisés pour la recharge à partir
du barrage de Sidi Saâd, période 1982-2051 ....………………....................................…………... 185
Fig. 7.4 - Irrigation et lâchers annuels à partir du barrage de Sidi Saâd, pour les scénarios n°1 & 9 ...…….... 186
Fig. 7.5 - Influence du taux de transport solide sur les lâchers du barrage Sidi Saâd ...........................…....... 187
Fig. 7.6 - Irrigation et lâchers moyens au barrage d'el Haouareb, période 1989-2051 ......................…........... 188
Fig. 7.7 - Bilan moyen comparatif des scénarios d'écoulements et de la recharge sur l'oued Zeroud, période
1982-1998 ….……………………………………………………………………………………... 190
Fig. 7.8 - Bilan moyen comparatif des scénarios d'écoulements et de la recharge sur l'oued Merguellil, période
1989-1998 ……………………………………….…………….………………………………….. 191
Fig. 7.9 - Bilan moyen comparatif des scénarios d'écoulements et de la recharge sur l'oued Merguellil, période
1989-2051 .………..……………………………………………………………………………..... 191
Fig. 7.10 - Bilan moyen comparatif des scénarios d'écoulements et de la recharge sur l'oued Zeroud, période
1982-2051 ………………………………………………………………………..…………….…. 193
Fig. 7.11 - Apports/sorties cumulés et variation de réserves calculée de la nappe de Kairouan, scénario n°9. 194
Fig. 7.12 - Variation de réserves calculée de la nappe de Kairouan ............................................................... 194
Fig. 7.13 - Evolution piézométrique de la nappe dans la zone amont du Zeroud, entre 1969 et 2051 ........... 197
Fig. 7.14 - Evolution piézométrique de la nappe dans la zone aval du Zeroud, entre 1969 et 2051 .............. 198
Fig. 7.15 - Evolution piézométrique de la nappe dans la zone amont du Merguellil, entre 1969 et 2051 ..... 199
Fig. 7.16 - Evolution piézométrique de la nappe dans la zone aval du Merguellil, entre 1969 et 2051 ......... 200
Fig. 7.17 - Rabattement 1969-2051 dans la nappe phréatique, cas du scénario optimiste (Cas n°9) ..........… 201
Fig. 7.18 - Rabattement 1969-2051 dans la nappe profonde, cas du scénario optimiste (Cas n°9) ................ 202
Fig. 7.19 - Rabattement 1969-2051 dans la nappe phréatique, cas du régime naturel (sans barrages) ........... 203
Fig. 7.20 - Rabattement 1969-2051 dans la nappe profonde, cas du régime naturel ...................................... 204
Fig. 7.21 - Rabattement 1969-2051 dans la nappe phréatique, cas du scénario le plus pessimiste (Cas n°1).. 205
Fig. 7.22 - Rabattement 1969-2051 dans la nappe profonde, cas du scénario pessimiste (Cas n°1) .............. 206
Fig. 7.23 - Influence des prélèvements : rabattements 1969-2051 dans la nappe phréatique en régime naturel
……………………………………………………………………………………………………………….. 208
Fig. 7.24 - Influence des prélèvements : rabattements 1969-2051 dans la nappe profonde en régime naturel. 209
Liste des tableaux x
INTRODUCTION GENERALE
Dans les régions arides, l'infiltration des eaux de crues dans le lit des cours d'eau intermittents
(oueds), constitue généralement la principale source d'alimentation des nappes souterraines. Malgré la
grande irrégularité du régime hydrologique qui caractérise ces régions, les crues brèves et brutales des
oueds revêtent souvent un caractère de catastrophe nationale, en inondant et détruisant les potentialités
agricoles et urbaines de toute une région. C'est ce qui advint dans la plaine de Kairouan à la suite des
crues de l'automne 1969.
Avec une superficie de 3000 km2, la plaine de Kairouan est le plus grand bassin aquifère de la
Tunisie centrale. Dans cette région semi-aride où la pluviométrie moyenne annuelle n'excède pas 300
mm/an, la percolation des eaux de crues des oueds Zeroud et Merguellil constitue le mécanisme le
plus important de la recharge des nappes auxquelles ils sont associés. L'épisode des crues de
Septembre et Octobre 1969, pendant lequel 572 mm de pluie se sont abattus sur la ville de Kairouan,
fut catastrophique pour toute la région, et la ville fut dangereusement menacée par les débordements
des oueds.
Pour protéger la plaine contre le risque des inondations imprévisibles de ses deux principaux
cours d'eau, la construction du barrage de Sidi Saâd sur le Zeroud et celui d'el Haouareb sur le
Merguellil fut décidée dès le lendemain de la catastrophe de l'automne 1969. Ces ouvrages, devenus
effectifs respectivement en Décembre 1981 et Août 1989, ont modifié le régime hydrologique naturel
dans la plaine, et en particulier, le mécanisme de recharge des nappes. Ils ouvrent cependant, la voie à
une maîtrise et à une utilisation conjointe des ressources en eaux de surface et souterraines, basée sur
la recharge artificielle des nappes à partir des eaux des barrages, qui apparaît désormais comme un
outil de gestion active et rationnelle des réservoirs. Les ressources mobilisées devraient également
permettre l'irrigation de nouveaux périmètres agricoles.
Depuis le début des années 80 qui coïncide avec la fermeture du barrage de Sidi Saâd, on
observe une baisse continue des niveaux de la nappe de Kairouan. Cette baisse est en relation avec
d'une part, l'accroissement du régime des prélèvements souterrains par les forages et les puits de
surface, et d'autre part, avec la mise en place des barrages de Sidi Saâd et d'el Haouareb, qui
"artificialisent" le régime des apports à la nappe. Pour pallier ce déséquilibre aux conséquences
imminentes sur l'accès et la disponibilité de la ressource, la recharge artificielle a été entreprise à partir
de 1988, grâce à des campagnes de lâchures des eaux des barrages dans le lit des oueds.
Dans ce contexte, l'objectif de ce travail de thèse découle d'une finalité, celle d'évaluer par la
modélisation hydrologique et hydrodynamique, l'impact des barrages sur l’alimentation et les
mécanismes régissant le comportement des aquifères en zones arides, à travers le cas spécifique de la
plaine de Kairouan, où l'acuité du problème et les données recueillies constituent un cadre propice
pour la mise au point d'un premier outil d'évaluation.
La démarche que nous avons adoptée dans ce mémoire tente d'abord dans un premier chapitre,
de dresser un état des connaissances sur la modélisation des apports aux nappes en zones arides par
infiltration dans le lit des oueds, à travers des cas réels et expérimentaux déjà traités dans des
conditions analogues à celles de la plaine de Kairouan. Nous essayerons également au terme de cette
première étape, d'énumérer succinctement, les objectifs et les dispositifs de recharge artificielle des
nappes dans les régions arides.
Le contexte physique de la plaine de Kairouan fait l'objet du second chapitre de ce mémoire, où
nous mettrons en exergue les caractéristiques principales du régime hydrologique du bassin et les
données disponibles. La structure et le fonctionnement hydrogéologique du système aquifère ont fait
l'objet d'un développement particulier, permettant de comprendre l'approche conceptuelle adoptée dans
le développement des modèles d'écoulements mis au point.
Les caractéristiques des barrages et de leurs sites sont décrits dans le chapitre 3, au sein duquel
nous proposerons un essai de bilan en eau des retenues de ces ouvrages depuis leurs mises en service,
à partir des données d'exploitation disponibles. L'objectif recherché serait de quantifier les pertes par
infiltration et les apports aux retenues, dès lors que les écoulements des oueds ne font plus l'objet de
mesure à l'entrée. Puis, nous exposerons enfin la technique et le dispositif de recharge artificielle
spécifique à la nappe de Kairouan.
Le quatrième chapitre est consacré au développement des outils de simulation. L'approche
proposée consiste à mettre au point un modèle de simulation intégrée de la propagation et de
l'infiltration des crues dans le lit des oueds, d'une part, et du comportement hydrodynamique des
nappes souterraines recevant cette infiltration, d'autre part. L'intégration d'une fonction globale de
transfert dans la zone non saturée permettra une prise en compte de tous les mécanismes de la
recharge.
L'application des modèles proposés au système de Kairouan débute d'abord par une simulation
séparée des écoulements de surface et souterrains, présentée dans le chapitre 5, où nous distinguerons
le régime d'écoulement des crues naturelles dans les oueds, de celui, artificiel, des lâchers de barrages
pour la recharge. Les écoulements souterrains traiteront ici du modèle conceptuel du système aquifère
de Kairouan et des simulations de la nappe en régime permanent.
La simulation intégrée des écoulements dans la plaine est mise en œuvre dans le chapitre 6. Elle
concerne aussi bien le régime naturel du système avant la construction des barrages, que le régime
modifié après, pour à terme exprimer un diagnostic de l'impact des barrages sur la situation actuelle de
la recharge. Les simulations prévisionnelles ébauchées dans le chapitre 7 donneront un aperçu de
l'évolution probable du système, en fonction des scénarii envisageables de gestion des lâchers au
niveau des barrages.
INTRODUCTION................................................................................................................................................. 1
L'étude d'impact des barrages sur l'alimentation des nappes en régions arides et semi-arides
implique une quantification des apports naturels, mais également artificiels aux systèmes aquifères
après les aménagements. Le choix de la méthode d'estimation de la recharge repose sur l'identification
des mécanismes de recharge prépondérants et des principales caractéristiques qui influencent le
processus.
Dans les zones arides, l'infiltration des crues dans le lit des cours d'eau intermittents (oueds)
constitue le principal mécanisme d'alimentation des nappes phréatiques en régime naturel. Les
techniques de recharge artificielle les plus couramment utilisées dans ces régions observent
généralement ce schéma de recharge, ce qui autorise l'application des mêmes approches d'évaluation
des apports à la nappe en régime naturel et artificiel. Durant les trois dernières décennies, plusieurs
méthodes d’estimation de la recharge ont été proposées et éprouvées selon les milieux d'étude et les
objectifs recherchés. Pour les régions arides, les récents travaux de Simmers (1997) constituent l'état
des connaissances les plus récentes sur les mécanismes et les outils d'évaluation de l'alimentation des
nappes phréatiques.
Dans cette première partie bibliographique qui ne se prétend pas exhaustive, nous proposons
d'abord un rappel sommaire des processus de recharge naturelle et des caractéristiques qui régissent le
fonctionnement du système nappe / oued, avant d'ébaucher les objectifs et les techniques de recharge
artificielle utilisées dans les conditions arides. Nous tenterons à terme d'exposer quelques méthodes et
études sur l'estimation de la recharge dans le contexte spécifique d'une alimentation de la nappe par
percolation à travers le lit des oueds.
1.1 Aridité
En absence de toute classification basée sur l'application projetée, le terme aridité paraît quelque
peu vague. Malgré plusieurs tentatives ça et là dans la littérature, une définition précise du terme
aridité reste néanmoins difficile en raison de la variabilité des données hydrologiques, climatiques et
environnementales prises en compte (précipitations moyennes, durée de la saison pluvieuse,
topographie, composition et utilisation du sol etc.). D'un point de vue hydrologique, l'aridité représente
un déficit hydrique dans les conditions hydro-climatologiques moyennes, causé par une instabilité
atmosphérique, la continentalité, la topographie ou les courants froids marins (Middleton et Thomas,
1997). Dès lors, il apparaît clair que la pluviométrie moyenne annuelle n'est point le paramètre
suffisant, mais que d'autres aspects tels que la durée et l'occurrence de la pluie et de la saison sèche, la
température et la disponibilité de l'eau pour les plantes doivent être pris en compte.
La classification des zones arides généralement utilisée est basée sur l'indice d'aridité Ia,
déterminé par le rapport de la moyenne pluviométrique annuelle P (mm) sur l'évapotranspiration
potentielle ETP (mm) annuelle ( Middleton & Thomas, 1997) :
Ia = P (1.1)
ETP
Depuis les travaux de Thornthwaite (1948) cités par Middleton & Thomas (1997), on distingue
principalement les zones sub-humides, semi-arides, arides et hyper-arides (Tableau 1.1) :
Les zones semi-arides sont caractérisées par un régime pluviométrique fortement saisonnier
avec une moyenne pouvant atteindre 800 mm/an pour un régime estival et 500 mm/an pour un régime
hivernal, avec toutefois une variabilité inter-annuelle de 25 à 50 %.
Les zones arides ont une pluviométrie moyenne de l’ordre de 200 mm/an et une variabilité inter-
annuelle de 50 à 100 %. Près de 1/3 de la surface terrestre est classé zone semi-aride ou aride
(Simmers, 1988 ; Middleton & Thomas, 1997). Par convention, nous utiliserons dans ce mémoire le
terme "arides" pour désigner les régions arides et semi-arides.
Dans un sens général, la recharge peut être définie comme le flux de percolation d’eau qui
parvient à la nappe constituant ainsi un apport additionnel à sa réserve (Simmers, 1988). Une nette
distinction doit cependant être faite entre le volume potentiel d'eau disponible dans le sol et la recharge
effective (infiltration efficace) telle que définie plus haut.
La recharge des eaux souterraines peut s’opérer naturellement (recharge naturelle) à partir des
précipitations, des rivières (pérennes ou intermittentes), des canaux ou des lacs. Elle peut également
survenir artificiellement (recharge artificielle) par intervention directe de l’Homme ou comme un
phénomène induit par certaines de ses activités (irrigation, réseau d'adduction d’eau potable …etc.).
Les principaux mécanismes de recharge naturelle des nappes en zone aride peuvent être classés
en trois catégories (Simmers, 1997) conceptualisées sur la Figure 1.1 adaptée de Lloyd (1986) :
− la recharge directe par percolation verticale des précipitations efficaces à travers la zone non
saturée ;
− la recharge indirecte par percolation dans le lit des cours d'eau généralement intermittents ou
oueds ;
Fig. 1.1 - Mécanismes de recharge en zone aride (essai de traduction, d'après Lloyd, 1986).
Cette classification n'est qu'une simplification de la réalité des processus car elle ne prend pas
explicitement en compte le flux de recharge latérale. En outre, dans nombre de cas plusieurs
mécanismes y concourent simultanément. Il apparaît cependant clair d’après la littérature scientifique
(Rushton, 1988 ; Simmers, 1997) que :
− la contribution de la recharge directe diminue avec l’augmentation de l’aridité, alors que celle
de la recharge indirecte croît en terme d'apport total à la nappe (Gee et Hillel, 1998) ;
La recharge indirecte par infiltration des crues à travers le lit des oueds constitue la principale
source d'alimentation des nappes dans les régions arides. Les écoulements intermittents sont
caractérisés par un court temps de montée des crues, une durée d'écoulement limitée de quelques
heures à quelques jours et des pertes d'écoulement très importantes qui laissent présager une
infiltration substantielle vers les nappes (Parissopoulos & Wheater, 1991). Le flux de recharge qui
percole à travers la zone non saturée dépend alors des caractéristiques suivantes (Abdulrazzak & al.,
1988 ; Rushton, 1988 ; Parissopoulos & Wheater, 1991; Kruseman, 1997) :
− le régime d'écoulement : les pertes sont d’autant plus importantes que l’écoulement est lent et
de longue durée (régime hivernal) ;
− les matières en suspensions qui après dépôt peuvent réduire la perméabilité du lit ;
− l'épaisseur de la zone non saturée qui stocke temporairement l’eau infiltrée et qui diminue
généralement d’amont en aval ;
Au sens large du terme, la recharge artificielle est définie comme le procédé qui consiste à
introduire de l'eau dans une formation perméable en vue de sa réutilisation dans des conditions de
régime et de qualité différentes (Bize et al., 1972). Il s'agit donc d'un stockage plus ou moins
temporaire des eaux de surface dans un réservoir souterrain. Les objectifs peuvent être divers
(Kruseman, 1997 ; Bize et al., 1972) :
− modification de la qualité des eaux (lutte contre la pollution, mélange d'eaux de qualités
différentes, traitement de l'eau par géoépuration) ;
Par rapport aux retenues de surface, le stockage souterrain présente les avantages suivants :
− disponibilité des surfaces habituellement occupées par les lacs des retenues ;
− les épandages contrôlés qui consistent à augmenter la quantité d'eau infiltrée par accroissement
de la surface ou du temps d'infiltration. Ils comprennent les bassins d'infiltration, les lâchers
dans le lit naturel ou aménagé (en diguettes ou en bassins) de l'oued et les épandages sur des
périmètres irrigués ;
− les injections directes dans les puits, les forages ou les tranchées de recharge.
Les techniques de recharge artificielle par les lâchers dans le lit de l'oued sont les plus utilisées
en raison de leurs efficacités techniques et économiques et de la disponibilité saisonnière de l'eau.
Elles nécessitent un barrage réservoir en amont pour la régulation des écoulements de l'oued et
éventuellement un aménagement du lit de l'oued. L'efficacité de la recharge par les lâchers de barrages
dépend de la quantité d'eau mobilisable, sa qualité (matières en suspension et composition chimique),
de la capacité de stockage et des caractéristiques de l'aquifère.
1.4 Les Méthodes d'estimation de la recharge par écoulements intermittents des oueds
les processus qu’elles impliquent (Allison, 1988 ; Foster, 1988) : les méthodes physiques sont fondées
soit sur l’utilisation des données hydrométriques et des paramètres du sol pour déterminer le bilan
hydrologique, soit sur l’interprétation des données hydrologiques (analyse des fluctuations
piézométriques et des pertes d’écoulement) ou les mesures des paramètres hydrauliques du sol (teneur
en eau, conductivité hydraulique non saturée, gradient hydraulique ou potentiel de succion) afin de
quantifier le flux d’eau sous la zone d’évapotranspiration (approches hydrauliques ou darciennes). Les
méthodes chimiques consistent quant à elles en l’analyse chimique ou isotopique des traceurs dans la
zone saturée ou la nappe (approches des traceurs et isotopes). Quoi qu'il en soit, l’estimation de la
recharge par l’une ou l’autre des ces méthodes est sans contexte sujette à des incertitudes plus ou
moins importantes (Simmers, 1988).
L’évaluation de la recharge doit être abordée comme un processus itératif dont l’estimation
finale doit résulter du calage d’un modèle distribué de simulation des écoulements (Simmers, 1997).
Les modèles de recharge requièrent des hypothèses sur les processus et doivent prendre en compte les
principales caractéristiques des écoulements mis en jeu :
− en souterrain, on note les écoulements dans la zone non saturée et la nappe, les zones
d’hétérogénéité des propriétés hydrodynamiques et la capacité de stockage de l’aquifère.
La prise en compte de tous ces paramètres nécessite l’utilisation d'une série de modèles
représentant différents processus de recharge à des échelles spatio-temporelles variables (Rushton,
1988). Le flux de recharge à travers le lit des oueds peut être estimé à l'aide de mesures directes ou de
méthodes indirectes d'évaluation de la recharge. Les mesures directes à l’aide de lysimètres ne sont
réalisables que dans des conditions expérimentales spécifiques, lesquelles sont difficilement
envisageables dans les zones arides en raison de l'irrégularité des précipitations. Les méthodes
indirectes consistent en l'identification de la cause (infiltration efficace) à partir de l'analyse de ses
effets (variations de débits et de niveaux de la nappe) au moyen d'une relation ou modèle (Besbes,
1978). L'identification de la recharge par la modélisation peut être directe lorsqu'on cherche à
déterminer les paramètres par approximations successives en comparant les sorties calculées et
observées, ou inverses quand on recherche les paramètres optimaux qui reproduisent au mieux les
sorties observées.
Parallèlement aux mesures directes, l'estimation de la recharge est basée sur une large variété de
modèles sensés représenter le processus physique. Ces modèles peuvent être globaux en ne prenant
pas en compte la variabilité spatiale des paramètres ou discrétisés. Selon les principes physiques ou
chimiques qu'ils décrivent, les modèles d'estimation de la recharge peuvent être regroupés en quatre
catégories :
Cette classification fort simpliste des techniques d'évaluation de la recharge par écoulements
intermittents ne prétend pas fournir une logique figée. Certains modèles de recharge font en effet appel
à plusieurs concepts. Il s'agit ici de proposer une revue des approches couramment mises en œuvre
dans l'estimation du flux de percolation à travers le lit de l'oued, tout en mettant l'accent sur leurs
points forts mais également leurs limites d'application.
Elle est de loin la plus utilisée dans l’estimation de la recharge en zone aride. Développée à
l'origine pour l'évaluation de la recharge directe sur les bassins versants dans les zones tempérées
(Thornthwaite & Mather, 1955, 1957), cette méthode est basée sur la détermination des composantes
du bilan hydrique de sol. La percolation qui constitue la recharge est déterminée par la différence entre
les précipitations et les autres termes du bilan selon l’équation de bilan suivante :
I = P − ETR − R − ∆ S (1.2)
Où :
I : l’infiltration ou percolation ;
P : les précipitations ;
R : le ruissellement hors du domaine ;
ETR : l’évapotranspiration réelle ;
∆S : la variation du stock d’humidité dans le sol.
− la pluie P dans le bassin versant est remplacée par l'apport A du ruissellement de l'oued à
l'entrée du bassin hydrogéologique ;
− sauf indication contraire (recharge aux piedmonts), la recharge directe est négligeable sur le
reste du bassin.
La condition imposée dans cette méthode est que lorsque le stock d'eau dans le sol est inférieur
à la réserve facilement utilisable RFU, l'ETR doit être inférieure à sa valeur potentielle (Van Tonder &
Kirchner, 1990).
Plusieurs variantes de cette technique ont été utilisées soit en remplaçant l'ETR par l'ETP, soit
en prenant en compte les variations du stock d'eau dans le sol ou le bilan d'humidité de la zone
d'évapotranspiration.
Les modèles simplifiés du bilan (Watson et al., 1976 ; Alley, 1984 ; De Vries, 1984) sont
utilisés en absence d'informations détaillées sur le sol et le couvert végétal (Gee & Hillel, 1988).
L'exemple le plus notable est celui présenté par Thornthwaite & Mather (1955, 1957), dans lequel la
recharge est calculée au pas de temps mensuel comme la différence entre les apports, l'ETP et les
variations du stock d'eau du sol au cours du mois considéré. Excepté quelques situations isolées, les
modèles simplifiés de bilan sont rarement utilisés en zone aride parce que trop approximatifs (Gee &
Hillel, 1988).
L'approche du bilan de Thornthwaite a été récemment modifiée par Steenhuis & Van der Molen
(1986) pour prendre en compte d'une part le bilan d’humidité dans le sol au pas de temps journalier et
d'autre part le retard de l’infiltration dans la zone non saturée. Cette approche dite de déficit hydrique
du sol suppose que la recharge survient seulement lorsque le sol est complètement saturé et le drainage
devenu libre (gravitaire). Elle est cependant particulièrement sensible aux conditions initiales
d'humidité (Rushton, 1988).
Gieske et Selaolo (1988) notent que les méthodes du bilan en eau sont limitées en raison des
incertitudes sur les données du ruissellement, l'ETP et les paramètres du modèle qui n'ont parfois
aucune signification physique. L'ETP n'est pas directement mesurable et son estimation à partir des
données climatiques (température, rayonnement solaire, vitesse du vent, humidité) reste sujette à des
incertitudes notoires. En outre, l'épaisseur de la zone d'évapotranspiration peut varier de 1 à plusieurs
dizaines de mètres ( jusqu'à 30 m d'après Van Tonder & Kirchner, 1990). C'est pourquoi, l'application
de ces modèles nécessite un calage et une validation conséquents. Dans des conditions plus humides,
Johannson (1988) note qu'il a fallu imposer une recharge même en période de déficit hydrique pour
reproduire la remontée piézométrique d'un aquifère de sable en Suède. Par contre, Eagleson (1978),
Alley (1984) ou encore Steenhuis & Van Der Molen (1986) ont abouti à une bonne estimation de la
recharge dans le long Island (USA).
Selon Hendricks & Walker (1997), les méthodes de bilan peuvent fournir des informations sur
la variabilité temporelle de la recharge lorsqu'elles sont utilisées dans des conditions particulières :
− pas de temps de calculs de 1 à 10 jours. En effet, les recharges brèves mais parfois importantes
sont masquées par les valeurs moyennées mensuelles ou annuelles (Howard & Lloyd, 1979 ;
Sophocleous, 1991) ;
− tenir compte des irrégularités climatiques caractéristiques des zones arides en réalisant les
calculs sur une longue chronique climatique couvrant plusieurs années ;
Les erreurs inhérentes à la méthode du bilan peuvent être significativement réduites lorsque la
prédiction de la recharge peut être corroborée par l'augmentation de l'humidité en profondeur et une
remontée sensible du niveau piézométrique de la nappe. Sophocleous (1991) estime que les résultats
obtenus en associant l'approche du bilan avec celle des fluctuations piézométriques sont bien meilleurs
que ceux calculés par l'utilisation séparée des deux approches de base.
Les lysimètres donnent une estimation du bilan hydrique en fournissant les mesures in situ de
l'évapotranspiration, la variation du stock d'eau dans le sol et de l'infiltration. Ils fournissent la seule
mesure directe du flux d'eau à travers une surface en présence d'une couverture végétale.
L'évapotranspiration y est mesurée avec une précision de l'ordre de quelques millimètres (Gee &
Hillel, 1988). Les lysimètres profonds permettent une estimation directe de la percolation sous la zone
d'évapotranspiration, dont la valeur annuelle peut être obtenue avec une précision inférieure à 1 mm.
Les lysimètres apparaissent ainsi comme un standard contre lequel les autres méthodes d'estimation de
la recharge peuvent être testées et validées. Leur utilisation reste néanmoins circonscrite en raison de :
Cette méthode estime la recharge comme étant les pertes d'écoulement lors de la propagation de
crues dans le lit de l'oued. Ces pertes sont évaluées à partir du bilan massique entre les volumes de
ruissellements entrants et sortants d'un bief de l'oued selon l'équation suivante (Abdulrazzak &
Sorman, 1994) :
I = Ae + Al − R − Ev (1.3)
Où Ae et R sont respectivement les volumes d'écoulement entrants et sortants du bief ; Al les apports
latéraux du bassin intermédiaire et Ev les pertes par évaporation.
Les écoulements peuvent être estimés à partir des mesures hydrométriques aux stations. Les
apports latéraux peuvent également être mesurés, sinon calculés à partir de la pluie et du coefficient de
ruissellement. L'évaporation est évaluée sur la base de mesures au bac ou calculée à partir des données
climatiques.
La forme et le volume de l'hydrogramme de crue ainsi que les apports des bassins intermédiaires
ont une influence prépondérante sur le volume des pertes d'écoulement. Ils contrôlent en effet la
largeur inondée, le tirant d'eau (charge hydraulique) et la durée de l'écoulement, paramètres
déterminants dans l'infiltration. Les conditions initiales d'humidité doivent également être prises en
considération en intégrant par exemple un indice d'humidité initiale (Abdulrazzak & Sorman, 1994).
Cette approche donne des résultats intéressants lorsque l'on dispose de stations hydrométriques bien
étalonnées, au niveau desquelles les mesures sont réalisées de manière régulière (Kruseman, 1997).
A partir de l'analyse des écoulements sur le bassin de l'oued Tabalah (Arabie Saoudite), Walters
(1990), Sorman & Abdulrazzak (1993) et Abdulrazzak & Sorman (1994) ont déterminé des équations
de régressions permettant de calculer les pertes d'écoulement de l'oued en fonction du volume ruisselé,
des conditions d'humidité initiales et de la largeur utile du lit.
Les pertes par infiltration durant une crue sont difficiles à estimer dès lors que la différence de
volume d’écoulement entre deux stations hydrométriques est de même ordre de grandeur que les
erreurs de mesures. La technique du bilan en eau de surface est aussi handicapée par l'instabilité du lit
qui engendre des erreurs sur l'estimation du ruissellement et par les imprécisions sur les apports
latéraux et surtout les pertes par l'évaporation car tout ce qui disparaît en surface n'atteint pas
forcement la nappe.
q( ∆ t ) = S y ⋅ s( ∆ t ) + Qa ( ∆ t ) + ∆ Ql ( ∆ t ) (1.4)
Les résultats de cette approche dépendent également du pas de temps des calculs ou
d'interpolation des remontées de niveaux piézométriques et de la répartition spatiale des points de
mesures.
Besbes & al. (1978) ont utilisé la déconvolution des fluctuations de niveaux dans les
piézomètres proches du lit des oueds pour identifier la recharge de la nappe de Kairouan. La mise en
œuvre de cette méthode nécessite l'exploitation d'un modèle maillé de simulation de l'aquifère,
préalablement calé en transitoire sur un évènement exceptionnel de sorte que les erreurs d'ajustement
sur la piézométrie restent négligeables par rapport à l'amplitude des fluctuations. Partant de
l'hypothèse de la linéarité du comportement de l'aquifère vis-à-vis de la recharge, la déconvolution
consiste à déterminer la recharge q(t) à partir de νi(t) la réponse impulsionnelle (R.I) et de la remontée
effective si(t) de la nappe au piézomètre i, suivant la relation de convolution ci-après :
t
si(t) = ∫ q(τ) ⋅ ϕi(t − τ)dτ (1.5)
0
La remonté effective ou efficace si(t) de la nappe à un instant t (Fig. 1.2.b) est la différence entre
le niveau piézométrique mesuré au piézomètre i et celui qui aurait été observé en absence de toute
alimentation et qui représente la décharge naturelle de la nappe (Fig. 1.2a). Cette décharge est calculée
à l'aide d'un modèle maillé de simulation de la nappe ou par ajustement d'une loi analytique de
décharge exponentielle sur la courbe de décharge de la crue précédente.
La R.I reliant l'infiltration efficace à la remontée piézométrique (Fig. 1.2.b) est identifiée à l'aide
d'un modèle maillé de simulation de l'aquifère. Elle peut également découler des observations
piézométriques lorsqu'un flux de recharge unitaire et sa réponse sont bien connus au niveau d'un
piézomètre i. Dans son application au système aquifère de Kairouan et afin d'éliminer l'effet des écarts
de calage du modèle de nappe, l'auteur a utilisé une méthode mixte de déterminer la R.I. (Fig. 1.3), en
assimilant la première partie de celle-ci (période non influencée par les crues suivantes) à la réponse
expérimentale, tandis que le reste de la décrue est calculé à l'aide de modèle maillé.
(a)
(b)
(c)
Fig. 1.2 - Principe de calcul de la recharge par déconvolution piézométrique (Besbes, 1978).
(a) : variation piézométrique mesurée et décharge calculée de la nappe ; (b) : remontée
piézométrique efficace et réponse impulsionnelle de nappe ; (c) : recharge calculée par
déconvolution de la remontée efficace.
Les modèles basés sur les fluctuations du niveau de la nappe fournissent des informations sur la
variabilité spatiale et temporelle de la recharge lorsqu'ils sont appliqués sur un long historique. Les
fluctuations piézométriques peuvent cependant être trompeuses si elles sont confondues avec les effets
de pompages (Sophocléous, 1991) et requièrent de ce fait une série continue d'enregistrement et une
analyse préalable (Rushton, 1988). Elles nécessitent également une bonne connaissance du coefficient
d'emmagasinement de l'aquifère et sont en outre limitées par la connaissance de la répartition spatiale
des prélèvements des puits de surface. Cette approche n'intègre pas la reprise par l'évapotranspiration
et les échanges avec le niveau aquifère inférieur qui peut drainer un flux important de la nappe
phréatique, réduisant ainsi l'amplitude des remontées.
Outre les mesures lysimétriques, le moyen le plus direct pour évaluer la recharge est de
déterminer le flux percolant à travers la zone non saturée à partir des mesures séparées du gradient
hydraulique et de la conductivité hydraulique (Stephens & Knowlton, 1986). Le flux de recharge q,
défini comme volume d'eau percolant par unité de surface et de temps est calculé à l'aide de l'équation
de Darcy :
dφ
q = −K(θ) ⋅ (1.6)
dz
Où K(2) est la conductivité hydraulique non saturée ; 2 est la teneur volumique en eau ; Ρ le
potentiel matriciel ou de succion ; Ν = z + Ρ(2) est potentiel hydraulique total et z la profondeur
comptée négative sous la surface.
Le gradient hydraulique peut être mesuré à l'aide d'un tensiomètre. Sous la zone
d'évapotranspiration, il est généralement proche de l'unité et le flux se réduit à la conductivité
hydraulique K(2) (ou K(Ρ)) dont l'estimation reste incertaine. Elle dépend de la teneur en eau du sol, la
texture et la structure du profil, mais également de l'état d'hystérésis. Bien que la variation de
l'humidité dans la zone de transfert soit faible, l'erreur associée à l'estimation de K(2) peut être
importante.
∂ψ ∂ ⎡ ∂ψ ⎤ ∂ ⎡ ⎛ ∂ψ ⎞⎤
C( ψ ) = ⎢ K x (ψ ) ⎥ + ⎢ K z (ψ )⎜ − 1⎟ ⎥ (1.7)
∂t ∂x ⎣ ∂x ⎦ ∂z ⎣ ⎝ ∂z ⎠⎦
Des approches analogues ont été adaptées pour l'étude des effets de l'hétérogénéité dans la zone
non saturée (Reid & Dreiss, 1990) et des caractéristiques de l'hydrogramme de crue (Parissopoulos &
Wheter, 1991) sur le mécanisme de recharge sous le lit d'un cours d'eau intermittent. La même
approche fut adoptée par Dillon et Liggett (1983) afin d'analyser les interactions entre Little Para river
(Australie) et la nappe phréatique sous-jacente et estimer sa recharge naturelle et artificielle suite aux
lâchers de barrage. Le modèle mis en œuvre prend en compte l'évolution de la connexion hydraulique
entre la nappe et la rivière.
Avant l'arrivée du front humidité à la nappe (Fig. 1.4.a), l'infiltration varie dans le temps et la
recharge est nulle. Les études d'écoulements di-phasiques (Morel-Seytoux et Khanji, 1974) ont montré
que tant que le front d'humidité n'a pas atteint la zone saturée, le flux d'infiltration I0 par unité de
longueur du lit de l'oued peut être estimé à l'aide du modèle de Green et Ampt (éq. 1.8),
particulièrement lorsque la charge hydraulique en surface est significative, ce qui est le cas lors des
crues :
⎡H + D⎤
I 0 = K s ⋅ l' ⎢ (1.8)
⎣ D ⎥⎦
dZ rf I o ⋅ l' − q( t )
= (1.9)
dt (θ s − θ )
∂h( x ,t ) T ∂ 2 h( x ,t )
+ =0 (1.10)
∂t ne ∂x 2
[ ]
q( t ) = K Z rf ( t ) − h( t ) (1.11)
Avec :
K = min( K h , K v ) (1.12)
Suivant la méthode décrite par Abdulrazzak et Morel-Seytoux (1983), cette formulation conduit
à une fonction intégrale différentielle de la recharge q(t) qui peut être résolue analytiquement pour le
cas peu complexe (Abdulrazzak et Morel-Seytoux, 1983) ou numériquement par discrétisation spatio-
temporelle. Cette dernière technique a été utilisée par Sorman et al. (1997) pour l'estimation de
recharge sur un bief expérimental de l'oued Tabalah (Arabie Saoudite). Les résultats ont été corroborés
par la solution analytique de Ortiz & al. (1978) et par les observations réalisées sur le terrain.
La pertinence des résultats de ces types de modèles dépend de la représentativité des paramètres
conductivité hydraulique (K), porosité efficace (ne), déficit de saturation ()2) et de la géométrie du
canal. En l'occurrence, les mesures de 2 à l'échelle d'un oued ou d'une nappe sont très onéreuses, ce
qui limite l'application d'un tel modèle à une échelle plus réduite.
Fig. 1.4 – Mécanismes de recharge sous le lit d'un cours d'eau intermittent (essai de traduction,
d'après Abdulrazzak et al., 1983).
(a) : Progression du front d'humidité sous le lit de l'oued ; (b) : Profil de recharge après
l'arrivée du front à la nappe ; (c) : Profil exact du niveau piézométrique ; (d) réflexion du
front de recharge.
Les traceurs sont présents dans l'environnement suite à l'activité humaine ou simplement de
façon naturelle. Les traceurs permettent la détection et l'estimation du flux de percolation ainsi que sa
vitesse dans la zone non saturée ou dans la nappe. Lorsqu'on admet un transport de type piston, la
profondeur d'un front d'humidité dans la zone non saturée dépend de son âge. Il est important de
définir dans ce cas la période de recharge correspondante à chaque tranche de profondeur de mesures
(Gee & Hillel, 1988).
L'utilisation des solutés se heurte au problème de leur interaction avec le milieu souterrain
(absorption, dégradation biologique et chimique) et ne permet pas, de ce fait, le traçage des milieux à
texture fine (argiles) et dans des zones non saturées épaisses où la détection visuelle est laborieuse.
L'alternative des traceurs à détection chimique comme les électrolytes comme les chlorures (Bazuhair
et Wood, 1996) est handicapée par la diffusion et la dispersion hydrodynamique liées à leur vitesse de
pénétration dans le sol (Hillel, 1974).
La technique la plus prometteuse est l'utilisation des isotopes de l'environnement dont la
variation naturelle au cours du cycle de l'eau permet leur utilisation comme traceurs. Les plus
fréquemment utilisés sont le tritium (3H), isotope radioactif et les isotopes stables de la molécule de
18
l'eau à savoir l'oxygène O et le deutérium (2H). Ces isotopes traduisent de manière convenable le
mouvement de l'eau. Bien que l'introduction artificielle du tritium soit possible par enrichissement, la
plupart des études tentent de suivre le mouvement du tritium thermonucléaire. Comme la
concentration varie d'une année à l'autre (Allison, 1983), il est difficile d'identifier les profondeurs et le
pic de tritium correspondant au flux de recharge d'une année donnée, à moins que la zone non saturée
ne soit suffisamment épaisse pour mémoriser plusieurs années de recharge (Allison, 1983, 1988 ; Gee
& Hillel, 1988). L'inconvénient du tritium reste sa faible demi-vie (12,3 ans) et surtout sa volatilité qui
engendre une incertitude dans l'estimation de la reprise par l'évapotranspiration et le bilan de masse.
De plus son analyse est très spécialisée et coûteuse (Van Tonder & Kirchner, 1990).
D'autres études ont montré que l'analyse du profil du 36Cl ou de l'activité du carbone 14C peut
également être utilisée pour quantifier la recharge des nappes en zone aride.
1.5 Conclusions
La recharge indirecte par percolation des eaux de crues dans le lit des oueds constitue la
principale source d'apports naturels aux nappes en zone aride. Avec l'artificialisation du cycle de l'eau,
ces apports sont généralement assurés en respectant ce mécanisme naturel, grâce à des lâchers d'eaux
de barrages dans les lits naturels ou aménagés.
Le choix de la méthode d'estimation de la recharge doit être guidé par les objectifs pour lesquels
elle est recherchée, la disponibilité et la possibilité d'acquisition des données supplémentaires. Dès lors
que les résultats restent entachés d'erreurs d'estimation, il s'avère indispensable d'appliquer si possible
sur le même site, plusieurs techniques basées sur des données différentes afin de confronter les
résultats.
Les approches du bilan hydrique sont d'une utilisation limitée parce qu'elles estiment la recharge
comme la différence de deux grandeurs souvent incertaines. Elles peuvent néanmoins aboutir à des
résultats satisfaisants lorsqu'on dispose de stations bien étalonnées et au niveau desquelles les mesures
sont réalisées de manière régulière.
Même si elles parviennent à des précisions acceptables, les mesures directes de la recharge sont
onéreuses et ne fournissent que des estimations ponctuelles.
L'utilisation des approches darciennes basées sur les mesures du gradient hydraulique ou
l'estimation de K(2) et 2(Ρ) est complexe et reste éloignée des préoccupations pratiques de la gestion
des ressources.
Fig. 1.1 - Mécanismes de recharge en zone aride (essai de traduction, d'après Lloyd, 1986)................................. 5
Fig. 1.2 - Principe de calcul de la recharge par déconvolution piézométrique (Besbes, 1978)............................. 14
Fig. 1.3 – Réponse impulsionnelle et remontée efficace (Besbes, 1978). ............................................................. 15
Fig. 1.4 – Mécanismes de recharge sous le lit d'un cours d'eau intermittent (essai de traduction, d'après
Abdulrazzak et al., 1983). ............................................................................................................................. 18
Tab. 1.1 - Classification de l'aridité (d'après Lloyd, 1986 ; Middleton & Thomas, 1997). ..................................... 4
2 LE CADRE PHYSIQUE
Avec une superficie de 3000 km2, la plaine de Kairouan (Fig. 2.1) constitue le plus grand bassin
aquifère de la Tunisie centrale. Ce vaste fossé d’effondrement à sédimentation détritique lenticulaire
renferme principalement une nappe phréatique et une nappe profonde, étendues sur toute la plaine.
Dans cette région semi-aride où la pluviométrie moyenne annuelle n'excède pas 300 mm/an,
l'infiltration des eaux de crues des cours d'eau intermittents que sont les oueds Zeroud et Merguellil
constitue le mécanisme prépondérant dans la recharge des nappes. Ces oueds parcourent la plaine sur
respectivement 40 et 30 km de tronçons favorables à la recharge des nappes.
En amont de la plaine les bassins versants des oueds Zeroud et Merguellil s’étendent
respectivement sur 8600 et 1100 km2 de bassins très hétérogènes, reliant les reliefs montagneux de la
dorsale tunisienne aux grandes plaines d’épandage du centre.
Depuis la construction du barrage de Sidi Saâd sur le Zeroud en 1982 et celui d'el Haouareb sur
le Merguellil en 1989, les écoulements des oueds à l'entrée de la plaine de Kairouan sont maîtrisés.
Cependant, ces aménagements ont profondément modifié le régime des apports au système
hydrogéologique de la plaine de Kairouan.
Dans cette partie, nous présentons les principales caractéristiques hydrologiques des bassins
versants des oueds Zeroud et Merguellil ainsi que les aspects essentiels de l’hydrogéologie de la plaine
de Kairouan, véritable réceptacle des eaux de ces bassins.
Tunisie
Fig. 2.1 - Carte de situation et piézométrie de la plaine de Kairouan en régime naturel (Janvier-1969).
2.1.1 Hydrométéorologie
A. pluviométrique
Fig. 2.2 - Variabilité des précipitations dans les bassins du Zeroud et du Merguellil.
Outre la mise en évidence du caractère irrégulier des précipitations dans les bassins, ces séries invitent
aux commentaires suivants :
− persistance de longues périodes sèches (1935 à 1948 ; 1960 à 1968 et 1976 à 1988) relayées par
des périodes humides à très humides plus ou moins longues.
− la mise en service du barrage de Sidi Saâd coïncide avec une période à pluviosité moyenne à
sèche de près de 10 ans (1976 à 1988), mais qui a été suivie par une série humide à partir de
1990.
− enfin la variabilité mise en évidence présente un caractère régional puisque toutes les stations
montrent simultanément les mêmes tendances.
B. L'évaporation et l'évapotranspiration
L’évaporation est maximale dans la plaine en été et minimale en hiver sur les reliefs. La hauteur
moyenne totale évaporée mesurée au Piche à Kairouan est de 2070 mm/an. Plus de la moitié de cette
évaporation s’opère entre les mois de Mai et Août.
Les mesures de l'ETP sont rares dans la plaine. Parmi les formules utilisées, seule la formule de
Riou fournit des valeurs à Kairouan proches des mesures réalisées à la station de Hendi Zitoun la plus
proche (Tableau 2.1). La moyenne ainsi estimée s’élève à 1700 mm/an (Bouzaiane & Lafforgue,
1986). Les valeurs maximales s’observent en été durant les mois de Juin et Juillet (Fig. 2.3) tandis
qu’un minimum net se dégage en hiver (Décembre).
Tab. 2.1 - Evapotranspiration potentielle moyenne à Kairouan (d’après Bouzaiane et Lafforgue, 1986)
Station S O N D J F M A M J J A Total
Hendi Zitoun 212 130 71 53 45 43 79 115 156 239 273 258 1674
Kairouan 163 118 72 52 60 76 110 144 196 227 245 217 1680
L’indice d’aridité (cf. § 1.1) à Kairouan serait donc de 0,18, ce qui classe le régime de la zone à
cheval entre le semi-aride et l’aride selon les classifications de Lloyd (1986) et Meddleton & Thomas
(1997). La Figure 2.4 montre que l’ETP moyenne inter-saisonnière est supérieure à la pluie.
Fig. 2.3 - Evapotranspiration potentielle Fig. 2.4 - Moyenne inter-saisonnière des pluies
moyenne mensuelle à Kairouan. et ETP à Kairouan.
2.1.2 Hydrologie
A.1. Description
Le bassin versant de l’oued Zeroud fait partie du grand bassin de la sebkha Kelbia, réceptacle
des principaux oueds de la Tunisie centrale. Lorsqu’il est limité à la station de Sidi Saâd, le bassin du
Zeroud couvre une superficie de 8600 km2 de bassin très hétérogène. L’oued prend sa source sur le
versant sud de la dorsale tunisienne, puis traverse une cascade de plaines alluviales avant de déboucher
dans la plaine de Kairouan. L’oued Zeroud est formé par la confluence, 3 km à l’amont de Sidi Saâd,
d’une branche Nord drainée par l’oued Hathob et d’une branche Sud constituée par l’oued Hajel (Fig.
2.5).
Dans la branche Nord, le prolongement des zones montagneuses vers l’aval favorise un
ruissellement et une concentration rapides des eaux dans le lit principal, accompagnés d’une forte
érosion et d’un transport solide important (Bouzaiane & Lafforgue, 1986). L’oued Hathob est contrôlé
vers son exutoire respectivement par les stations de Ain Saboun et Ksar Kebrit.
La branche Sud est comparable à la branche Nord dans sa partie amont. A l’aval par contre, la
traversée de la plaine de Sidi Bouzid et les changements de direction qu’elle marque engendrent un
fort épandage et un amortissement des crues. Bien que cette partie de l’oued Hajel puisse être sujette à
des ruissellements importants, sa contribution aux écoulements du Zeroud n’est pas en rapport avec sa
superficie. La branche Sud est contrôlée presque entièrement par la station de Bleb Lassoued appelée
aussi Negada.
Depuis 1982, l’oued Zeroud est contrôlé par le barrage de Sidi Saâd situé quelques centaines de
mètres en amont de l’emplacement de l’ancienne station hydrométrique du même nom.
Entre le site du barrage de Sidi Saâd et la plaine de Kairouan, l'oued Zeroud traverse le bassin
hydrogéologique de la plaine Bhira, sur un parcours de 15 km. A l'entrée de cette zone, l'oued coule
vers l'Est, puis change de direction à l'approche du Djebel Chérachine et se dirige vers le Nord. Juste
avant son entrée dans la plaine de Kairouan, il amorce, aux gorges dites de Pavillier, un coude de 90°
et prend une direction Est, puis Nord-Est.
Fig. 2.5 – Bassins versants des oueds Zeroud et Merguellil (Adaptés de Bouzaiane & Lafforgue, 1986).
Pour les besoins de l'estimation des apports aux exutoires des bassins, nous avons retenu six
stations principales (deux sur le Merguellil et quatre sur le Zeroud) en fonction de l'importance des
sous-bassins qu'elles contrôlent et de la chronique des débits observés. La figure 2.6 présente
l'historique des observations hydrométriques disponibles au niveau de ces stations.
Fig. 2.6 – Chronique des observations hydrométriques aux stations principales des bassins versants
des oueds Zeroud et Merguellil.
Cette station contrôle un bassin versant de 813 km2 délimité par des montagnes entourant la
plaine d’épandage de Rohia. La première installation de mesure date de 1962, mais la chronique
d'observations de bonne qualité est celle réalisée à partir de 1965, exception faite de la période
Octobre 1969 à Mars 1971 où l’incertitude sur les relevés est importante (Bouzaiane et Lafforgue,
1986). Cette station reçoit en moyenne 10 crues/an dont près de la moitié en automne. Nous disposons
de 29 années complètes de débits moyens journaliers à cette station, entre 1966-67 et 1997-98.
Abstraction faite de l'année 1969-70 où les observations étaient incomplètes, la série des apports
observés à cette station (Fig. 2.7 et Annexe A-1) fait apparaître un longue période d'écoulements
faibles à moyens entre les courtes périodes plus humides de 1972-73/1973-74 et 1994-95/1996-97. Le
module total annuel sur toute la série est de 15 Mm3. Il est réparti entre 14 Mm3/an d’apport de crues
et 1 Mm3/an d’écoulement de base.
Située à environ 5 km en amont de la confluence entre les branches Nord et Sud du bassin
versant du Zeroud, la station de Ksar Kebrit contrôle une superficie de 2945 km2 soit le 1/3 du bassin
versant total. Elle a été construite en 1974 afin d’estimer la contribution de la branche Nord aux débits
et apports du Zeroud, puis démontée peu après la mise en service du barrage, en 1983. Nous disposons
ainsi de 9 années complètes de débits moyens journaliers suffisamment fiables à cette station.
L’occurrence des crues sur cette période est en moyenne de 16 crues/an. L’apport total moyen de la
série (Fig. 2.8.a et Annexe A-1) est de 53 Mm3/an, dont 41 Mm3/an par les crues survenant
principalement d’Août à Novembre (50 %) et en début de l’été (Avril-Juin).
Mise en service 1974, elle contrôle la quasi-totalité de la branche Sud du Zeroud, soit une
superficie de bassin de 5290 km2. La chronique de débits dont nous disposons est très fiable entre
Décembre 1974 et Août 1998. L’occurrence des crues en cette station est de 11 crues/an. L’apport
total moyen annuel sur 25 années d'observations de l’oued Hajel (Fig. 2.8.b et Annexe A-1) est de 25
Mm3, provenant essentiellement du ruissellement direct (80 %), avec une forte contribution en
automne.
Fig. 2.8 – Volumes d'écoulements observés sur l'oued Zeroud : (a) : Ksar Kebrit, (b) : Bled Lassoued
et (c) : Sidi Saâd.
Depuis sa première installation en 1945, cette station aux annales très mouvementés, a connu
trois sites disposés sur un tronçon de 1,5 km entre les flancs des djebels Touila (au Nord) et Nara
(prolongement du djebel Gobrine, au Sud). Elle a été abandonnée en Septembre 1978 avec les travaux
de construction du barrage. L’occurrence des crues confirme le régime à deux maxima qui caractérise
la Tunisie centrale. La moyenne est de 13 crues/an dont la moitié surviennent en automne et 38 %
entre les mois de Mars et Juin.
D’une manière générale, les mesures de débits à Sidi Saâd étaient peu fiables avant 1949. En
dépit des lacunes de 1954-55 et 1955-56, nous disposons au total de 27 années complètes de mesures
de ruissellement et d’écoulement de base.
Le Tableau 2.2 rassemble les caractéristiques moyennes et de dispersion des apports observés à
la station de Sidi Saâd (cf. Annexe A-1) et présentés sur la figure 2.8.c. L’apport total annuel est de 94
Mm3 dont 76 Mm3 de ruissellement direct. L’écart-type des apports totaux annuels de la série est de
55,6 ce qui dénote une forte variabilité inter-annuelle de ces apports. La contribution moyenne de
l’écoulement de base est de 19 %, mais elle peut varier entre 9 et 59 % à l’échelle annuelle. Selon
Bouzaiane et Lafforgue (1986), l’estimation des apports de base doit être appréhendée avec une
incertitude difficile à estimer. Toutefois, cette incertitude qui n'affecte pas les volumes de crues ne
peut qu’être négligeable, compte tenu de la prépondérance de ces derniers dans l’écoulement total.
La prise en compte de l’année exceptionnelle 1969-70 fait passer les caractéristiques moyennes
et de dispersion des apports du simple au double. Ainsi, en tenant compte de cette année, le module
annuel est porté à 190 Mm3 avec un écart-type considérable de 504 Mm3 ! La contribution du
ruissellement direct serait elle de 171 Mm3/an.
A titre indicatif sur la contribution des sous-bassins à l'écoulement du Zeroud, nous noterons que sur
quatre années communes d'observations aux stations de Ksar Kebrit, Bled Lassoued et Sidi Saâd,
l'écoulement total moyen à cette dernière est de 87 Mm3/an. L'apport du bassin intermédiaire (365
km2) annexé essentiellement à la branche Sud représente 13 % de ce volume soit 11 Mm3/an, alors que
18 Mm3/an (21 %) transiteraient déjà par Bled Lassoued. La contribution la plus importante (66 %)
proviendrait donc de la branche Nord qui est presque entièrement contrôlée par Ksar Kebrit.
Il s'agit d'une station hydrométrique secondaire qui a fonctionné entre Mars et Août 1969, avant
d’être emportée par les crues de Septembre 1969. Elle est située sous le Pont de Zaâfrana, après un
parcours de 25 km de l'oued Zeroud dans la plaine de Kairouan.
Nous disposons seulement des mesures relatives à la crue du 2 au 5 juillet 1969 (Claude, 1975).
Le volume ruisselé au droit de la station suite à cet évènement a été estimé à 1 Mm3 pour un apport de
2 Mm3 à Sidi Saâd.
La station de Sidi Saâd a été démontée en Septembre 1978 avec les travaux de construction du
barrage dont la digue principale est située quelques mètres à l’amont. En 1983, soit un an après la mise
en service de l’ouvrage, celle de Ksar Kebrit fut également abandonnée parce que submergée par la
retenue. Depuis cette date, les écoulements de la branche Nord du Zeroud et ceux à l'aval de la
confluence de celle-ci avec la branche Sud ne font plus l'objet de mesures directes.
Pour ce faire, nous avons recherché plusieurs régressions hydrométriques entre les apports
observés aux stations d'Ain Saboun, Ksar Kebrit, Bled Lassoued et Sidi Saâd sur la période commune
d’observations 1974-75/1977-78. Ces régressions que nous numéroterons de 1 à 6 pour le Zeroud et de
6 à 8 pour le Merguellil (cf. §2.1.2.B.3) peuvent être classées en deux groupes :
− les régressions débit-débit basées sur les débits moyens journaliers observés aux différentes
stations. Elles comprennent la Régression n° 1 entre les débits à Bled Lassoued et Ain Saboun
d'une part et ceux à Sidi Saâd d'autre part; celle entre les débits à Bled Lassoued et Ksar Kebrit
d'une part et ceux à Sidi Saâd d'autre part (n° 2) et la Régression n°3-b entre les débits de base
aux stations de Bled Lassoued, Ksar Kebrit et Sidi Saâd.
− les régressions volume-volume qui mettent en jeu soit les apports totaux mensuels aux stations
(Régressions n° 4 et 5), soit les volumes écoulés par événement de crue identifié simultanément
au niveau des stations (Régression n° 3-a). Pour estimer l'écoulement total à la station de Sidi
Saâd, cette régression est associée à la fonction débit-débit (Régression n°3-b) entre les
écoulements de base aux stations.
Toutes les fonctions de régression que nous avons obtenues ont été ajustées aux séries par la méthode
des moindres carrés, en privilégiant des fonctions linéaires simples.
La corrélation entre les débits moyens journaliers aux stations de Bled Lassoued et Ain Saboun
d'une part et ceux à la station de Sidi Saâd d'autre part est faible. La fonction linéaire ajustée à la série
(Fig. 2.9 ) montre un coefficient de corrélation R de 0,67. En outre, plusieurs débits journaliers
importants mesurés en 1975-76 se distinguent nettement du reste de la série. Par contre, en remplaçant
la chronique de Ain Saboun par celle observée à la station de Ksar Kebrit, les débits journaliers des
branches Nord et Sud semblent mieux corrélés avec ceux de Sidi Saâd sur la même période. La
fonction de régression linéaire ajustée correspondante (Fig. 2.10) aboutit à un coefficient de
corrélation relativement satisfaisant de 0,93. Cette fonction restitue l'essentiel des débits non corrélés à
l'aide de la Régression n°1 (30/6/76, 5/7/76, 24-25/9/75, 15/10/74, 19/11/76) et qui proviennent du
bassin intermédiaire entre les stations de Ain Saboun et Ksar Kebrit (2132 km2). L’évènement du
24/8/75 reste cependant une singularité dans la série.
Les régressions débit-débit peuvent être biaisées par l'interdépendance avérée entre les variables
débits journaliers, notamment en période de crue. Pour vérifier l'effet de cette interdépendance sur les
fonctions obtenues, nous avons entrepris quelques régressions entre les volumes d'apports aux stations.
Les débits de base des stations semblent peu corrélés (Fig. 2.12) en raison notamment des
imprécisions qui entourent les mesures de ces débits. L'état des prélèvements des nappes drainées par
les oueds et les pompages directs fréquents de ces débits de base en amont (Bouzaiane et Lafforgue,
1986) contribuent à renforcer ces incertitudes. Nous noterons par exemple que les observations de
l’année 1975-76 sont éloignées du reste des points. Même si le coefficient de corrélation reste très
faible, nous pouvons ajuster une fonction de régression linéaire aux séries de débits de base des
stations de Bled Lassoued, Ksar Kebrit et Sidi Saâd.
Fig. 2.9 - Régression débit-débit entre les débits journaliers à Sidi Saâd d'une
part, Bled Lassoued (QLs) et Ain Saboun (QAs) d'autre part.
Fig. 2.10 - Régression débit-débit entre les débits journaliers à Sidi Saâd d'une
part, Bled Lassoued (QLs) et Ksar Kebrit (QKk) d'autre part.
_______________________
Ici R est le coefficient de corrélation multiple, valeur maximale prise par le coefficient de corrélation linéaire entre le débit
observé à Sidi Saâd QSs et les combinaisons linéaires de QLs et QAs (ou QKk) (Saporta, 1990), correspondant aux coefficients
affichés en ordonnées.
Fig. 2.11 - Régression volume-volume entre les volumes de crues à Sidi Saâd
d'une part, Bled Lassoued (ALs) et Ksar Kebrit (AKk) d'autre part.
Fig. 2.12 - Régression débit-débit entre les débits de base journaliers à Sidi Saâd
d'une part, Bled Lassoued (QLs) et Ksar Kebrit(QKk) d'autre part.
_______________________
Ici R est le coefficient de corrélation multiple, valeur maximale prise par le coefficient de corrélation linéaire entre le débit
observé à Sidi Saâd QSs et les combinaisons linéaires de QLs et QAs (ou QKk) (Saporta, 1990), correspondant aux coefficients
affichés en ordonnées.
Bien que 46 évènements de crues aient pu être identifiés simultanément à Ain Saboun, Bled Lassoued
et Sidi Saâd (cf. Annexe A-3), aucune fonction de régression n’a pu être ajustée à la série.
La Régression n°4 entre les volumes d’apports totaux mensuels à Ain Saboun et Bled Lassoued
d’une part et ceux à Sidi Saâd correspondants d’autre part (Fig. 2.13) confirme les résultats déjà
obtenus avec les mêmes stations en considérant comme variable le débit moyen journalier (Régression
n°1). Même si le coefficient de corrélation s'est nettement amélioré (0,72), les apports des mois d'Août
et Septembre 1975 ainsi que ceux de Juin à Août 1976 restent éloignés des estimations. Par contre la
fonction ajustée entre les apports totaux mensuels aux stations de Ksar Kebrit, Bled Lassoued et Sidi
Saâd, présentée sur la figure 2.14 (Régression n°5) aboutit à un coefficient de corrélation de 0,98 et
permet également d’améliorer sensiblement l’estimation des apports de l’évènement du 24 Août 1975.
La meilleure fonction de régression est celle qui conserve au mieux la valeur moyenne et la
variance de la série observée à Sidi Saâd sur la période commune d'observation 1974-75/1977-78. En
effet, ce type de reconstitution n'est valable que s'il maintient les valeurs moyennes et de dispersion de
l'échantillon observé, même si par ailleurs les valeurs annuelles prises individuellement peuvent être
différentes de celles réellement observées.
Tab. 2.3 - Caractéristiques d'apports du Zeroud observés et calculés à Sidi Saâd : Période commune
1974-75 à 1977-78.
(*)
Caractéristique Observé Régression 1 Régression 2 Régression 3 Régression 4 Régression 5
Moyenne 87,3 89,0 87,8 93,4 84,3 84,5
Ecart type 34,4 29,8 37,9 39,7 39,4 38,6
Min. 49,5 61,5 49,5 53,9 44,7 50,0
Quartile 1 66,8 68,1 67,6 71,3 55,9 60,8
Médiane 78,4 78,1 75,5 80,2 72,2 69,1
Quartile 3 98,9 99,0 95,7 102,3 100,5 92,8
Max. 142,8 138,3 150,8 159,5 147,9 149,8
(*) : Fonction de Régression n°3-a (crues) associée à 3-b (étiage).
La figure 2.15 présente les apports annuels observés et calculés à Sidi Saâd à l'aide des
différentes fonctions de régression sur la période 1974-75/1981-82. Les caractéristiques moyennes et
de dispersion des séries d'apports observés et calculés à Sidi Saâd sur la période commune
d'observations 1974-75/1977-78 (cf. Annexe A-1) sont récapitulées sur le tableau 2.3. L'examen de ce
tableau montre que les fonctions de régression impliquant la station de Ain Saboun (Régression n° 1 et
4) et la régression entre les apports de crues (régression n°3-a) associée à celle entre les débits de base
(Régression n°3-b) donnent des valeurs moyennes et des variances éloignées de celles de la série
observée. L'écart relatif absolu entre les apports moyens observés et calculés varie entre 2 % pour la
Régression n°1 et 7 % pour la Régression n°3.
Fig. 2.13 - Régression volume-volume entre les apports mensuels à Sidi Saâd
d'une part, Bled Lassoued (Als) et Ain Saboun (AAs) d'autre part.
Fig. 2.14 - Régression volume-volume entre les apports mensuels à Sidi Saâd
d'une part, Bled Lassoued (Als) et Ksar Kebrit (AKk) d'autre part.
L'utilisation de la fonction de régression n°2 nous permet de disposer d'un historique complet
d'apports à Sidi Saâd jusqu'à la date de mise en service du barrage (Décembre 1981). Nous utiliserons
plus tard cet historique (cf. Annexes A-1 & A-6), afin de simuler les écoulements naturels dans le
système sur la période d'avant la construction des barrages.
Fig. 2.15 – Apports observés et calculés du Zeroud à Sidi Saâd : Période 1974-75/1981-82.
B.1. Description
Le bassin versant de l'oued Merguellil couvre une superficie totale de 1330 km2, en grande
partie montagneuse. Le cours principal de l’oued draine la majeure partie du bassin. Les affluents
importants sont situés en rive droite, à l'exception de l'oued Chérichira tout à fait à l'aval. Deux
stations hydrométriques principales contrôlent les apports du Merguellil, dont une seule est encore en
fonctionnement après la construction du barrage d'el Haouareb :
− celle de Haffouz, station complète d'annonce de crue et qui contrôle la partie centrale du
bassin, vaste de 675 km2.
− celle de Sidi Boujdaria située juste à l’amont du barrage el Haouareb. Elle a été abandonnée à
en Août 1985 avec les travaux de construction du barrage.
Le bassin intermédiaire entre les stations de Haffouz et Sidi Boujdaria est essentiellement
constitué par le bassin versant de l'oued Zebbès (172 km2), le plus important affluent du Merguellil et
qui draine le versant Nord du djebel Trozza ainsi que le plateau d'el Ala. Au site du barrage d'el
Haouareb, le bassin versant du Merguellil couvre une superficie de 1120 km2 après avoir collecté les
apports des bassins des oueds Hammam et Zitoune. Plus à l'aval dans la plaine de Kairouan, il reçoit
sur sa rive gauche l'oued Chérichira.
Station de Haffouz
Fig. 2.16 – Volumes d'écoulements observés sur l'oued Merguellil: (a) : à Haffouz et (b) : à Sidi
Boujdaria.
A la station de Sidi Boujdaria qui contrôle un bassin versant de 890 km2, les observations ont
débuté en Octobre 1974. La limnimétrie est dans l'ensemble satisfaisante à l'exception de l'année
incomplète 1974-75 et des lacunes de 1978-79 et 1982-83. L’occurrence des crues est en moyenne de
8 crues/an. Les caractéristiques moyennes et de dispersion des apports annuels que nous avons estimés
à Sidi Boujdaria sur les 8 années complètes d'observations entre 1974-75 et 1984-85 (en intégrant les
données postérieures à 1980, non prises en compte dans la Monographie) et celles à Haffouz
correspondantes (Fig. 2.16.b et Annexe A-2) sont récapitulées dans le tableau 2.4. Le module total
écoulé à Sidi Boujdaria est évalué à 30 Mm3/an contre 32 Mm3/an sur les six premières années
d'observations entre 1974-75 et 1981-82 (Bouzaiane et Lafforgue, 1986). L'apport moyen des crues à
Sidi Boujdaria sur la période 1974-75/1984-85 est de 24 Mm3/an pour un écoulement de base de 6
Mm3/an.
Sur la même période (1974-75/1984-85), les écoulements moyens à Haffouz indiquent une
baisse de 13 % par rapport à ceux sur l'ensemble de sa chronique 1968-69/1997-98, tout en gardant des
variances proches. Toutes proportions gardées par ailleurs, l'apport total moyen estimé à Sidi
Boujdaria correspondrait alors à une période relativement sèche sur le bassin, au moins sur sa partie
amont.
(*)
: Sur 8 années d'observations, sans 1978-79 et 1982-83 lacunaires à
Sidi Boujdaria ainsi que l'année incomplète 1974-75.
B.3. Essai d’extension de la série des débits moyens journaliers à Sidi Boujdaria
Les valeurs moyennes estimées sur les 8 années de suivi ne sont pas, a priori, représentatives du
régime d'écoulement de l'oued Merguellil à Sidi Boujdaria, étant donnée la période d'observations
relativement courte et moins humide prise en compte. D'autre part, la simulation de l'évolution du
système hydrogéologique de la plaine nécessitera de disposer comme pour le Zeroud, d’un historique
complet d’apports naturels de l'oued Merguellil entre janvier 1969 et la mise en eau du barrage el
Haouareb en Août 1989. A l’instar de ce que nous avons entrepris précédemment pour la station de
Sidi Saâd et afin d'étendre la chronique des apports à la station de Sidi Boujdaria que nous
considérerons comme étant l'entrée du barrage el Haouareb et de la plaine de Kairouan, nous avons
cherché des fonctions de régression entre les grandeurs des écoulements observés à cette station et à
celle de Haffouz pour laquelle les mesures sont régulières et disponibles jusqu'en 1997-98.
Une corrélation appréciable existe entre les débits journaliers observés à ces stations. La
fonction linéaire ajustée à la série commune de ces débits entre Septembre 1974 et Août 1985
(Régression n°6) indique un coefficient de corrélation R de 0,82 (Fig. 2.17) et quelques valeurs de
débits très isolées d’automnes (Septembre) 1979-80-81, non corrélées entre les deux stations.
La régression n°7-a entre les apports de 108 évènements de crues identifiés au niveau des deux
stations (cf. Annexe A-5) montre une meilleure corrélation entre les volumes écoulés, avec un
coefficient R correspondant à la courbe linéaire ajustée de 0,84 (Fig. 2.18). Néanmoins, cette fonction
sous-estime aussi les volumes des évènements d’automnes 1979-80-81. L'examen des apports
correspondant à la crue du 4 au 7 Septembre 1979 laisse indiquer une mauvaise estimation du volume
de la crue à Sidi Boujdaria. En effet, alors que le volume ruisselé à Haffouz est évalué à 5 Mm3,
l'apport à Sidi Boujdaria n’est que de 3 Mm3. Les évènements des mois de Septembre 1979-80-81
proviennent essentiellement du bassin intermédiaire (215 km2) dont l'affluent principal est l'oued
Zebbes.
Il n'existe pas de corrélation étroite entre les débits de base journaliers estimés des stations de
Haffouz et Sidi Boujdaria (Fig. 2.19). Loin de vouloir aborder les détails de l’analyse de ces débits qui
ne reflètent nullement les mesures réalisées en période d’étiage, nous noterons que la fonction de
Régression n°7-b ajustée à la série indique un coefficient de régression faible de 0,67 avec une
dispersion des points notamment dans la gamme des faibles débits à Haffouz. Pour les raisons
invoquées plus haut au sujet des incertitudes sur les apports de base, nous avons néanmoins associé
cette fonction à celle de la Régression n°7-a dans l’optique d’une seconde formulation des apports à
Sidi Boujdaria en fonction de ceux de Haffouz.
Une dernière régression entre les volumes mensuels écoulés montre un coefficient de
corrélation de 0,84 pour la fonction présentée sur la Figure 2.20. Comme avec les précédentes
fonctions, les apports d’automnes 1979-80-81 demeurent mal restitués.
La figure 2.21 présente les apports observés et calculés à Sidi Boujdaria (cf. Annexe A-2) en
utilisant les différentes fonctions de régression sur la période commune d’observations avec la station
de Haffouz. Les caractéristiques moyennes et de dispersion correspondantes, regroupées dans le
Tableau 2.5, montrent que les fonctions n°7 donnent une moyenne et une variance supérieures à celles
de la série observée. Cette tendance à la surestimation est mieux illustrée par les valeurs des quartiles
de la série calculée qui restent supérieures à celles de la chronique observée. Par contre, les fonctions
n°6 et 8 présentent des caractéristiques comparables à celles de la série observée. L’écart relatif entre
les valeurs moyennes d’apports des séries observées et calculées varie entre 1 et 2 % respectivement
pour la fonction n°8 et 6.
Fig. 2.19 – Régression débit-débit entre les débits de base à Haffouz et à Sidi
Boujdaria.
Fig. 2.20 – Régression volume-volume entre les apports mensuels à Haffouz et Sidi
Boujdaria.
Toutefois, dans le souci de disposer de débits journaliers adéquats pour la simulation des
écoulements de surface (cf. § 5.1), nous avons retenu la fonction n°6 pour l’extension de la série
d’apports à Sidi Boujdaria à toutes les années non observées entre 1968-69 et Août 1989. Le module
annuel de la série "hybride" ainsi constituée (observations et extensions, cf. Annexes A-2 & A-6) est
de 32,5 Mm3 pour un écart-type de 15,0 Mm3.
Cette série vient compléter celle constituée à Sidi Saâd pour l’oued Zeroud. Ainsi, nous
disposerons d'un historique d'écoulements naturels des deux oueds à l'entrée de la plaine de Kairouan,
jusqu'aux mises en service respectives des barrages.
2.2.1 Géologie
Des plis de la Dorsale tunisienne et de la Tunisie centrale jusqu'à la mer Méditerranéenne, les
déformations tectoniques ont donné naissance en surface à une série de vastes cuvettes séparées par de
molles ondulations (Fig. 2.22). Ces dépressions comblées par des sédiments plio-quaternaires sont
limitées au Nord et à l'Ouest par les plis de formations secondaires et tertiaires, et à l'Est par des
couches pontiennes et plio-quaternaires.
La cuvette de Djebibina-El-Alem-Kairouan-Nsar-Allah est de loin la plus importante de ces
dépressions. Sa bordure Ouest est constituée du Nord au Sud par les plis périsahéliens. De Djebibina à
Bir el Aouani en passant par Sidi Bouzid, les accidents orientés S.S.O-N.N.E sont interrompus par des
plaines suivant une ligne méridienne. Il s'agit du synclinal éo-miocène de Bou-Mourra et de l'anticlinal
du Djebel Dekrila. Ces deux unités sont interrompues vers le Sud par une importante fracture orientée
N.N.O-S.S.E. Plus au Sud, les structures très complexes des Djebels Baten et Chérichira sont témoins,
selon Castany (1948), des efforts orogéniques intenses dont cette région fut le théâtre. Le flanc Est du
Baten est régulier, alors que celui du Chérichira prend l'allure d'un pli faille, avec apparition du Trias
intrusif et de phénomènes de métamorphisme en bordure de la plaine. Sur la limite méridionale de
cette cuvette, la direction des plis est anormale, méridienne pour le Djebel el Haouareb et N.N.0-S.S.E.
au Chérachine. La limite Est présente des reliefs moins accentués, constitués de terrains pliocènes et
quaternaires. On distingue successivement du Nord au Sud le Draa Choukouf, Draa Ghazezia, Draa
Guessaat, Draa el Ktitir, Draa Mechertate, Draa Krechem et les plis S.O-N.E des Djebels Khordj et
Bou Thadi. Le Draa Choukouf et son prolongement Nord constitué par le Draa Es Souatir séparent la
cuvette de Dejbibina-El-Alem-Kairouan-Nasr-Allah du golfe d'Enfidaville-Sebkha El Kelbia. Entre les
ondulations d'Ain-El-Ksar-El-Guessaat à l'Ouest, l'ondulation pontienne S.O-N.E de Bou-Thadi-El-
Chorbane au Sud et les Dômes d'el Djem, s'étend la dépression de Sidi-El-Hani-Oued-Cherita.
Axes anticlinaux
Failles importantes
Fosses d'effondrement
reconnues
I - Plaine de Grombalia
II - Fossé périsahélien
III - Cuvette d'Enfidaville
IV - Plaine d'Oglet Metnène
VI - Lac de Bizerte
VII - Golfe de Tunis
VIII - Oued Miliane
X - Cuvette de Sidi Bouzid
SEUILS HYDRAULIQUES
A – Hadjeb El Aïoun
B – Sbiba
C – Bled Er Roua Djilma
F – El Haouareb
H – Sbeitla
0 20 km
Fig. 2.22 - Schéma tectonique régional et situation des fosses d'effondrement (D'après Castany, 1948)
Les premières explorations géologiques dans la région remontent aux années 1887-1889. Par la
suite, bien d'autres travaux sont venus compléter ces premières investigations et définir les formations
lithostratigraphiques connues et utilisées par les géologues jusqu'à nos jours (Castany, 1948, 1951;
Burollet, 1956).
La stratigraphie de la plaine de Kairouan marque en surface une prépondérance du Quaternaire
actuel (Fig. 2.23). Le Trias diapir apparaît aux Djebels Baten, Chérichira et Chérachine. Même si le
Crétacé est représenté, les terrains tertiaires occupent la plus grande superficie des affleurements sur
les hauteurs. Ces formations géologiques observables sur les bordures de la plaine peuvent être
rencontrées dans les sondages sous le remplissage Quaternaire de la cuvette.
Le Trias se présente sous la forme de gypses avec lits d'argiles bariolées et de dolomies jaunes
ou grises. Le Jurassique montre une alternance argilo-carbonatée parfois riche en Bélemnites et
Ammonites. Le Néocomien affleure aux Djebels Siouf, El Haouareb et à la terminaison septentrionale
du Baten. Il montre une alternance de marno-calcaires à la base, mais qui devient sablo-argileuse au
sommet (Castany, 1948, 1952a, 1952b; Burollet, 1956; Rabhi, 1999). Il est difficile de distinguer
l'Aptien de l'Albien. Cet ensemble lithologique se présente sous deux faciès : Le faciès détritique
continental qui débute par des alternances de grès sableux tendres et de dolomies, et se termine par des
grès tendres. Le faciès de calcaires dolomitiques est observable au Chérichira-nord et au Djebel
Hallouf, représenté par des calcaires dolomitiques en bancs bien réglés. Le Turonien indique des
alternances de marnes et de bancs calcaires qui deviennent plus fréquents au sommet. Elles reposent
souvent transgressivement sur les calcaires dolomitiques de l'Aptien au niveau des Djebels Siouf et
Hallouf. On note également au niveau des Djebels Hallouf, Baten, Chérichira et Chérachine les
affleurements du Sénonien, identifiés par des marnes avec bancs marno-calcaires à la base, suivies de
calcaires campaniens et d'une alternance marno-calcaire au sommet.
Selon Castany (1952b), le passage du Crétacé au Tertiaire s'effectue par des marnes dano-
montiennes foncées schisteuses avec quelques rares lits de calcaires gris-blancs. Les calcaires éocènes
à Nummulites qui affleurent au Djebel Chérichira indiquent tout au plus le sommet de l'Yprésien. Plus
au Nord, ces calcaires marquent un passage au faciès à Globigérines. Le Lutétien supérieur est
caractérisés dans la région par son faciès de calcaires et lumachelles. Il est surmonté par un lit de
sables rubéfiés qui annonce les complexes oligocènes : Grès, sables et marnes continentaux de
l'Oligocène inférieur et marnes avec bancs de grès de l'Oligocène supérieur.
Le Miocène est bien représenté dans la plaine de Kairouan. Il début par la transgression marine
(conglomérats et grès) du Burdigalien et se termine par une accumulation de dépôts détritiques
continentaux qui se poursuit sans discontinuité jusqu'au Quaternaire ancien. C'est cet ensemble qui
porte le nom de Mio-pliocène (Castany, 1952b). Le Vindobonien est représenté surtout par les argiles
avec une alternance de grés et de sables. La sédimentation continentale qui termine le cycle miocène
commence au Pontien avec une accumulation des grès grossiers, de conglomérats et d'argiles
provenant du démantèlement des chaînes de la Dorsale et de ses Avant-Monts.
Tunisie
Ain
Beidah
El T
Bhira
Echelle
0 10 km
T
Légende : aQ: alluvions récents & actuels; IQ: Bourrelets éoliens (lunettes) de dépressions endoréiques récentes et
actuelles; seQ: Sebkhas limniques (bassins endoréiques); cQ : Pléistocène moy. & continental (alluvions anciennes,
croûtes calcaires et gypseuses); Qv: Pléistocène inf., Villafranchien (conglomérats, croûtes et couches rouges). M:
Pliocène marin (Marnes et grès); M-Pl: Mio-Pliocène (conglomérats, sables et argiles); O: Oligocène (alternances
argilo-gréseuses: FORTUNA, & CHERICHIRA); gE1: Yprésien (calcaires à globigérines); nE1: Yprésien et Lutétien inf.
(calcaires à nummulites, calcaires dolomitiques et couches phosphatées); aE2-3: Lutétien-Préabonien (argiles et
lumachelles); E2-3: Lutétien-Préabonien (marnes à "boules jaunes"); Cm-P: Maestrichtien-Paléocène (marnes et
argiles à "boules jaunes"); C1: Crétacé inf. (marnes, argiles, grès et dolomies); rC1: Crétacé inf. (calcaires: SERJ); C2:
Créatacé sup. non subdivisé; dC2: Sénonien sup. (calcaires crayeux blancs: ABIOD); bC2: Cénomanien-Turonien
(calcaires, dolomies, marnes et gypses: ZEBBAG); J: Jurassique non subdivisé; T: Trias (argiles, dolomies, grès et
évaporites).
Cette série détritique se poursuit au Pliocène où elle devient moins homogène. Les grés et les
conglomérats sont plus tendres et mal cimentés, tandis que les couches d'argileuses rubéfiées et celles
de grès ou de sables agglomérés renfermant de gros grains de quartz deviennent plus fréquentes. Sur le
flanc Est du Djebel Baten et au Chérichira, le Pliocène montre des pendages de 30 à 40 degrés vers
l'Est. La poursuite des plissements dans la région au cours de cette période indique l'existence d'une
phase orogénique vers la fin du Pliocène. L'étude géologique de la bordure occidentale de la plaine de
Kairouan montre une grande complexité tectonique due à un diastrophisme intense. L'importance des
affleurements du Trias diapir et les nombreuses fractures sont la preuve d'une tectonique complexe.
Les sédiments du Quaternaire sont d'origine continentale. Le Quaternaire ancien est connu sous
l'aspect d'argiles rouges, de sables jaunes ou rouges, de cailloutis et rarement de couches gréseuses. La
cuvette quaternaire subsidente de Kairouan est comblée par de puissants dépôts alluviaux récents. Ce
sont des alternances de limons, de sables plus ou moins grossiers et de graviers reconnues par les
sondages profonds sur plus de 700 m de profondeur. Les alluvions modernes des lits des oueds Zeroud
et Merguellil sont formés de sables fins souvent grossiers, de graviers et de cailloutis plus ou moins
colmatés par les limons, ainsi que de galets. Les sols de Sebkhas sont représentés par des limons fins
plus ou moins sableux, riches en sels et en gypse.
L'étude des coupes de forages dans la plaine de Kairouan (Castany, 1948; Astier, 1967; Besbes,
1967a et 1975) montre que la sédimentation grossière et à dominance sableuse en bordures Ouest et
Nord devient argileuse et colmatée vers le centre de la cuvette. Ces formations sont lenticulaires car
les essais de corrélation entre des sondages voisins permettent difficilement les raccordements. Tous
les terrains traversés sont attribuables au Quaternaire continental avec le Pliocène à la base.
D'un point de vue topographique deux points bas sont identifiables dans la plaine de Kairouan.
La Sebkha Kelbia au Nord-Ouest avec une altitude de 25-30 m et les Sebkhas El Hani et Chérita à
l'Est, cotées entre 28 et 30 m. A partir de ces dépressions, l'altitude croît vers l'Ouest, passant de 50-55
m à Kairouan à respectivement 190 et 160 m à el Haouareb et Nasrallah.
A. Structure de l’aquifère
Depuis les premières conditions hydrogéologiques définies par Archambault (1941), bien des
travaux sont venus étayer les connaissances hydrogéologiques de la plaine de Kairouan (Archambault
1941; Castany, 1948, 1952a; Ohling, 1968a, 1968b). Les contributions les plus récentes sont celles de
Besbes (1975, 1967a, 1967b, 1971a, 1971b, 1975), et de Besbes & de Marsily (1975) auxquels nous
prions le lecteur de se reporter pour plus de détails.
Les forages réalisés dans la plaine de Kairouan, plus de 200, ont montré que les dépôts plio-
quaternaires de la cuvette revêtent une sédimentation lenticulaire, constituée d'alternances de couches
Aquifère
perméable
Terrain
semi-perméable
Terrain
quasi-imperméable
Fig. 2.24 – Exemple de corrélation litho-électrique dans la plaine de Kairouan (D'après Besbes
et De Marsily, 1975).
Les courbes isopièzes de la nappe phréatique (cf. Fig. 2.1) épousent sensiblement la forme des
courbes de niveaux et les cotes piézométriques s'abaissent progressivement vers l'Est. L'écoulement
des nappes s'effectue du Sud-Ouest vers l'Est et le Nord-Est, suivant deux courants privilégiés
correspondant aux deux oueds. Au passage de ces derniers, les courbes isopièzes marquent une
convexité vers le Nord, témoin d'une alimentation par les crues. A Sud de l'Oued Zeroud, ces courbes
s'orientent vers l'Est et attestent d'un écoulement vers les dépressions des Sebkhas el Hani et Chérita.
La zone non saturée sous le lit des oueds Zeroud et Merguellil a une épaisseur variant entre 5 et
50 mètres. Plus épaisse à l'amont, elle s’amincit progressivement vers l’aval jusqu'à affleurement de la
nappe au niveau des sebkhas Chérita, el Hani et Kelbia, exutoires naturels du système
hydrogéologique.
La Figure 2.25 présente une coupe lithologique simplifiée le long du lit de l'oued Zeroud,
dressée à partir des logs des forages peu profonds. En amont de Argoub Erremth (AER), la zone non
saturée est essentiellement constituée de formations très perméables (sables, graviers et galets) tandis
que vers l’aval, elle devient plus argileuse jusqu'à la hauteur de la ville de Kairouan.
Fig. 2.25 - Coupe lithologique transversale de la zone non saturée sous le lit du Zeroud.
L’alimentation naturelle des nappes de Kairouan a été estimée à 57 Mm3/an (Besbes, 1975).
Celle-ci était assurée à plus de 60 % par l’infiltration des eaux de crues des oueds Zeroud et
Merguellil. Ces rivières parcourent la plaine sur respectivement 40 et 30 km de tronçons favorables à
la recharge des nappes. L’analyse des coupes hydrogéologiques le long des oueds et les essais
d’infiltration ont montré une prépondérance de la recharge sur une zone de 7 km à partir de l'entrée de
la plaine pour le Zeroud et sur une distance du même ordre à compter du seuil el Haouareb pour le
Merguellil (Pantu, 1973 ; Ohling, 1969). En effet, les eaux d’étiage s’infiltrent entièrement à l’entrée
de la plaine et les relevés piézométriques réalisés sur plusieurs années ont mis en évidence la
participation importante des crues dans la recharge des nappes (Besbes, 1978).
Le reste des apports à la nappe est constitué par l'infiltration directe aux piedmonts des reliefs de
bordures, comme en témoigne la multitude de ravins observables sur place et qui concentrent
vraisemblablement un ruissellement non négligeable. Ailleurs dans la plaine, le déficit hydrique
important de la zone milite pour une infiltration efficace négligeable de la pluie. Dans la zone du
Merguellil, les aquifères amonts de Haffouz et Ain Beidha se déversent dans la nappe de Kairouan à la
faveur du col tectonique du Seuil d'el Haouareb, constituant un sous écoulement estimé à 120 l/s en
moyenne (Besbes, 1975).
La surface piézométrique de la nappe phréatique (cf. Fig. 2.1) est inclinée Ouest-Est avec une
pente de 0,1 à 0,3 % (Pantu, 1973). Les exutoires du système hydrogéologique sont formés d'une part
par les limites hydrauliques que sont les sebkhas de bordures Chérita, El Hani et Kelbia, et d'autre part
par les prélèvements dans les puits de surface et les forages pour des fins agricoles, industrielles ainsi
que pour l'alimentation en eau potable. En 1995, l’exploitation des 4000 puits de la nappe phréatique a
été estimée à 27,5 Mm3/an (DGRE, 1980-85-90-95) tandis que les 130 forages qui captent la nappe
profonde produisent eux-mêmes 26 Mm3/an (DGRE, 1973-98).
E. Salinité
L'étude des résidus secs en régime naturel montre que la salinité de l'eau est très variable en
rapport avec les variations de la composition des sols et les diverses réactions chimiques dont ils sont
le siège, et avec la vitesse de l'écoulement. Les eaux douces (salinité inférieure à 1,5 g/l) coïncident
avec la zone d'alimentation par les eaux de l'Oued Merguellil, en relation avec la salinité des eaux de
ce dernier. Dans la zone d'alimentation par le Zeroud, on trouve une eau de salinité moyenne (1,5 à 3
g/l), sauf dans la région de Nasrallah où une poche à salinité plus élevée rend compte de l'infiltration
des eaux de ruissellement provenant des affleurements évaporitiques du Djebel Chérachine.
En règle générale, les concentrations augmentent en allant d'Ouest vers l'Est, particulièrement
en direction des Sebkhas el Hani et Kelbia. Dans cette direction, la nappe phréatique se sale plus
rapidement que les horizons profonds conformément aux gradients piézométriques et rend compte du
sens et de la qualité des échanges verticaux entres les niveaux aquifères : La bonne liaison mise en
évidence à l'amont permet une quasi-conservation de la qualité des eaux dans leur percolation. A l'aval
en revanche, l'existence d'une séparation par des couches peu perméables provoque un gradient
vertical de salinité élevé (Besbes, 1975).
Depuis 1980, les données des prélèvements des nappes de la plaine de Kairouan sont publiées
par les services de la DGRE sous forme d’Annuaires d’Exploitations édités tous les ans pour la nappe
profonde (DGRE, 1973-1998) et tous les cinq ans pour la nappe phréatique (DGRE, 1980; 85; 90; 95).
La figure 2.26 présente la répartition spatiale des puits de surface répertoriés suite aux
inventaires de 1985 et des volumes prélevés dans la nappe profonde en 1998.
Depuis la première enquête réalisée en 1962, le nombre de forages en exploitation dans la plaine
de Kairouan est passé de 27 à 118 en 1998 (Besbes, 1975 ; DGRE, 1973-1998), pour un total foncé de
plus de 200 forages. Les volumes prélevés dans la nappe profonde par ces forages font l’objet
d’évaluations annuelles régulières depuis 1969. L’historique des prélèvements des nappes de Kairouan
(Fig. 2.27) montre que si la production des forages n’a pas considérablement varié jusqu’en 1970, elle
marque une hausse plus ou moins régulière depuis cette date, en fonction des variations
pluviométriques inter-annuelles. Le volume des prélèvements par les forages est ainsi passé de ~10
Mm3/an en 1969 à 26 Mm3/an en 1996. Sur un total prélevé de 25,3 Mm3/an en 1998 (DGRE, 1973-
1998), 58 % étaient destinés à l'usage agricole. L'usage industriel ne représente que 2 % de ce volume
tandis que la production en eau potable de la SONEDE équivaut à 40 %. Cette dernière est
essentiellement opérée dans la zone d'el Grine en rive gauche de l'oued Merguellil (cf. Fig. 2.26).
L’exploitation de la nappe phréatique se fait à partir des puits de surface équipés de moto-
pompes ou de dalous. Les enquêtes réalisées entre 1968 et 1973 ont permis d’inventorier 2040 puits
prélevant un total de 22,2 Mm3/an. Le dernier inventaire de 1985 (DGRE, 1986, 1980-85-90-95) a
permis de répertorier plus de 2800 puits dont 1700 équipés, pour un volume prélevé de 24,7 Mm3/an.
Depuis 1985 et à défaut d’un inventaire exhaustif, l’actualisation du répertoire des puits de surface et
des volumes prélevés dans la nappe phréatique est effectuée à partir des enquêtes administratives
localisées de subvention, d’électrification et de fonçage de nouveaux puits. Les dernières estimations
(DGRE, 1980-85-90-95) évaluaient à 4000 le nombre total de puits dans la plaine en 1995, dont près
de 1900 équipés. La production totale de ces puits serait de 27,5 Mm3/an.
Fig. 2.26 – Répartition des prélèvements par les forages (en 1998) et des puits de surface.
Les volumes de prélèvements par les forages sont connus avec une précision acceptable, basée
sur le suivi des pompages. Par contre, en l'absence d’inventaire régulier, les estimations des
prélèvements de la nappe phréatique restent entachées d’erreurs grossières difficilement quantifiables.
En effet, la maîtrise de l’évolution spatio-temporelle des puits et des volumes prélevés reste
problématique du fait surtout des pratiques de captage et d’usage des eaux en vigueur dans la plaine,
caractérisées par :
Dans l’optique d’une modélisation hydrogéologique du système aquifère de la plaine de Kairouan, les
prélèvements de la nappe phréatique devront ainsi être considérés avec toutes les précautions qui
s’imposent.
B. Données piézométriques
varie selon l’emplacement du point de contrôle. D'une base trimestrielle voire semestrielle dans la
moitié Sud, elle devient mensuelle aux alentours des lits des oueds et dans la moitié Nord de la plaine.
Des mesures en continu sont effectuées sur les piézomètres équipés de limnigraphes (au nombre
de 12 en 1999 : A, E, M17, M21, M22, M24, N, P1gr, Z1, Z16, Z21, Z5bis). La qualité et la régularité
des mesures varient d’un point à l’autre. A partir de la base de données piézométriques constituée par
Beboulé (1996) nous avons analysé et mis à jour les chroniques des points disposant de séries plus ou
moins régulières et représentatives du comportement de l'aquifère.
L’évolution piézométrique enregistrée montre que depuis les fortes remontées observées suite
aux crues de l’automne 1969, le niveau de la nappe accuse une baisse plus ou moins continue (Fig.
2.29). Cette baisse est plus importante à l’amont et dans la nappe phréatique où elle atteint 8 m.
M14
Le barrage el Haouareb est construit sur un complexe hydrogéologique constitué par le seuil d'el
Haouareb, qui met en jeu d'une part l'aquifère du synclinal d'Ain Beidha à l'amont, et d'autre part, la
nappe de la plaine de Kairouan à l'aval. Ces aquifères communiquent à travers les recouvrements
récents du quaternaire et les calcaires crétacés (Turonien) du djebel el Haouareb.
L'aquifère d'Ain Beidha est constitué (Chadly, 1992) par les nappes des grès profonds de
l'Oligocène, qui communiquent avec le niveau aquifère supérieur du sable du Vindobonien. Ces
aquifères sont surmontés par une nappe phréatique, sur laquelle s'étale la retenue du barrage.
L'aquifère d'Ain Beidha est alimenté par l'infiltration aux piedmonts et à partir des affluents de l'oued
Merguellil (oueds Ben Zina et el Hammam). L'exutoire naturel du système est formé par le seuil d'el
Haouareb, où la nappe se déverse dans le système aquifère de la plaine de Kairouan, d'une part, par la
jonction hydraulique directe sous les recouvrements quaternaires, et d'autre part, par un écoulement
souterrain à travers les calcaires fissurés du Djebel el Haouareb (Chadly, 1992, Baba Sy, 1999).
Le djebel el Haouareb se présente sous la forme d'un anticlinal dissymétrique à cœur Jurassique
et renferme un aquifère limité, essentiellement constitué de bancs de calcaire souvent réduits par des
intercalaires marno-calcaires.
Les communications latérales entre les différents niveaux aquifères au seuil d'el Haouareb ont
été mises en exergue par la corrélation litho-stratigraphique (Chadly, 1992) qui montre, d'une part, que
les calcaires du djebel el Haouareb plongent dans la cuvette d'Ain Beidha, avant de subir un
effondrement sous l'effet d'une faille supposée, et d'autre part, que le recouvrement quaternaire de la
cuvette s'amincit progressivement vers l'aval et trouve en contact direct avec les calcaires (Fig. 2.30).
Le niveau piézométrique de la nappe d'Ain Beidha est sub-affleurant à l'emplacement actuel du
barrage, mais subit une chute dans la plaine de Kairouan à l'aval, confirmant ainsi l'existence du seuil
hydraulique souterrain.
La plaine d'el Bhira est une cuvette synclinale à fort remplissage, située entre le barrage de Sidi
Saâd et la plaine de Kairouan dont elle est isolée, du moins dans sa partie Nord (cf. Figs. 2.1 et 2.23).
Elle est limitée à l'Ouest par la chaîne Gobrine-Nara, au Nord-Ouest par le djebel Touila, à l'Est par
l'unité Chérachine et au Sud par le djebel Krechem.
D'après les travaux de Mansouri (1980), la plaine d'el Bhira renferme un aquifère multicouche
compartimenté Nord et Sud, constitué par plusieurs formations hydrogéologiques dont les plus
importantes sont celles du Mio-Plio-Quaternaire.
Fig. 2.30 – Description schématique des échanges entre les aquifères au niveau du seuil d'el
Haouareb (d'après Chadly, 1992) .
L'oued Zeroud traverse l'aquifère du compartiment Nord à constitution variable, allant des gros
éboulis calcaires et graviers de l'Ouest, aux calcaires sableux à bancs gréseux de l'Est, en passant par
les formations sablo-argileuses du centre de la cuvette. Dans cette partie de l'aquifère (Fig. 2.31), les
courbes isopiézes de la nappe phréatique traduisent un gradient faible. L'alimentation de la nappe
provient des failles importantes sur la bordure Ouest, des piedmonts des reliefs et de l'infiltration de
l'oued Zeroud, qui constitue également dans sa partie aval, un exutoire de la nappe. En effet, les
jaugeages différentiels réalisés entre 1974 et 1978 (Mansouri, 1980) ont montré que l'oued recharge la
nappe d'el Bhira, particulièrement sur un parcours de 2 km à partir de l'entrée de la plaine. Sur le reste
de son trajet, l'oued draine l'aquifère à hauteur de 175 l/s (5,5 Mm3/an). On peut donc supposer que
même après la construction du barrage de Sidi Saâd, la contribution de la structure d'el Bhira au débit
de base de l'oued Zeroud continue et s'écoule à l'entrée de la plaine de Kairouan où elle s'infiltre,
comme en témoignent les observations actuelles au niveau des gorges de Pavillier.
2.3 Conclusions
La plaine de Kairouan est une vaste cuvette d’effondrement à structure lenticulaire, comblée par
des sédiments détritiques continentaux d’age mio-plio-quaternaire. On identifie néanmoins une nappe
phréatique relativement continue dans toute la plaine et un niveau aquifère plus profond, à partir des
profondeurs supérieures à 100 m. En régime d’écoulement naturel, l’infiltration des eaux de crues des
oueds Zeroud et Merguellil constituait la principale source d’alimentation des nappes de Kairouan
d'ores et déjà estimée à 57 Mm3/an.
L’historique des observations hydrométriques aux stations de Sidi Saâd et Sidi Boujdaria
montre que les bassins versants des oueds Zeroud et Merguellil situés à l’amont apportaient au total
plus de 120 Mm3/an dans la plaine, dont 80 % sous forme de ruissellement direct survenant
principalement en automne (Septembre-Novembre) et au printemps (Mars-Mai). Les régressions
hydrométriques basées sur les apports observés à ces stations exutoires et à celles situées plus à
l’amont ont permis une extension des chroniques d’écoulements des oueds dans la plaine jusqu’aux
mises en service des barrages.
Depuis le début des années 80, on observe une baisse continue des niveaux de la nappe. Cette
baisse est à mettre en relation avec d'une part l'augmentation du régime de prélèvements des nappes
(profondes et phréatique) et d'autre part avec la construction des barrages de Sidi Saâd et el Haouareb
qui a profondément modifié le régime des apports à la nappe.
Fig. 2.1 - Carte de situation et piézométrie de la plaine de Kairouan en régime naturel (Janvier-1969). ............. 22
Fig. 2.2 - Variabilité des précipitations dans les bassins du Zeroud et du Merguellil........................................... 23
Fig. 2.3 - Evapotranspiration potentielle moyenne mensuelle à Kairouan............................................................ 24
Fig. 2.4 - Moyenne inter-saisonnière des pluies et ETP à Kairouan. .................................................................... 24
Fig. 2.5 – Bassins versants des oueds Zeroud et Merguellil (Adaptés de Bouzaiane & Lafforgue, 1986)............ 26
Fig. 2.6 – Chronique des observations hydrométriques aux stations principales des bassins versants des oueds
Zeroud et Merguellil. .................................................................................................................................... 27
Fig. 2.7 – Volumes d'écoulements observés à la station d'Ain Saboun................................................................. 28
Fig. 2.8 – Volumes d'écoulements observés sur l'oued Zeroud : (a) : Ksar Kebrit, (b) : Bled Lassoued et (c) : Sidi
Saâd............................................................................................................................................................... 29
Fig. 2.9 - Régression débit-débit entre les débits journaliers à Sidi Saâd d'une part, Bled Lassoued (QLs) et Ain
Saboun (QAs) d'autre part. ............................................................................................................................. 33
Fig. 2.10 - Régression débit-débit entre les débits journaliers à Sidi Saâd d'une part, Bled Lassoued (QLs) et Ksar
Kebrit (QKk) d'autre part................................................................................................................................ 33
Fig. 2.11 - Régression volume-volume entre les volumes de crues à Sidi Saâd d'une part, Bled Lassoued (ALs) et
Ksar Kebrit (AKk) d'autre part. ...................................................................................................................... 34
Fig. 2.12 - Régression débit-débit entre les débits de base journaliers à Sidi Saâd d'une part, Bled Lassoued (QLs)
et Ksar Kebrit(QKk) d'autre part. ................................................................................................................... 34
Fig. 2.13 - Régression volume-volume entre les apports mensuels à Sidi Saâd d'une part, Bled Lassoued (Als) et
Ain Saboun (AAs) d'autre part. ...................................................................................................................... 36
Fig. 2.14 - Régression volume-volume entre les apports mensuels à Sidi Saâd d'une part, Bled Lassoued (Als) et
Ksar Kebrit (AKk) d'autre part. ...................................................................................................................... 36
Fig. 2.15 – Apports observés et calculés du Zeroud à Sidi Saâd : Période 1974-75/1981-82............................... 37
Fig. 2.16 – Volumes d'écoulements observés sur l'oued Merguellil: (a) : à Haffouz et (b) : à Sidi Boujdaria...... 39
Fig. 2.17 – Régression débit-débit entre les débits journaliers à Haffouz et à Sidi Boujdaria. ............................. 42
Fig. 2.18 – Régression volume-volume entre les apports de crues à Haffouz et à Sidi Boujdaria. ....................... 42
Fig. 2.19 – Régression débit-débit entre les débits de base à Haffouz et à Sidi Boujdaria. .................................. 43
Fig. 2.20 – Régression volume-volume entre les apports mensuels à Haffouz et Sidi Boujdaria. ........................ 43
Fig. 2.21 – Apports observés et calculés du Merguellil à Sidi Boujdaria : 1975-76/1984-85............................... 44
Fig. 2.22 - Schéma tectonique régional et situation des fosses d'effondrement (D'après Castany, 1948)............. 46
Fig. 2.23 – Carte géologique de la plaine de Kairouan (Extrait de la carte géologique de Tunisie à 1/500000, Ben
Haj Ali et al., 1985)....................................................................................................................................... 48
Fig. 2.24 – Exemple de corrélation litho-électrique dans la plaine de Kairouan (D'après Besbes et De Marsily,
1975). ............................................................................................................................................................ 50
Fig. 2.25 - Coupe lithologique transversale de la zone non saturée sous le lit du Zeroud..................................... 51
Fig. 2.26 – Répartition des prélèvements par les forages (en 1998) et des puits de surface. ................................ 54
Fig. 2.27 - Evolution des prélèvements dans la nappe de Kairouan...................................................................... 55
Fig. 2.28 – Réseau principal de surveillance piézométrique de la nappe de Kairouan.......................................... 56
Fig. 2.29 - Evolution des niveaux piézométriques dans la nappe de Kairouan ..................................................... 57
Fig. 2.30 – Description schématique des échanges entre les aquifères au niveau du seuil d'el Haouareb (d'après
Chadly, 1992) ............................................................................................................................................... 58
Fig. 2.31 – Compartiment Nord de la plaine d'el Bhira. ....................................................................................... 59
Tab. 2.1 - Evapotranspiration potentielle moyenne à Kairouan (d’après Bouzaiane et Lafforgue, 1986) ............ 24
Tab. 2.2 - Caractéristiques d'apports du Zeroud observés à Sidi Saâd : Période 1949-50/1977-78 (hormis 1969-
70). ................................................................................................................................................................ 30
Tab. 2.3 - Caractéristiques d'apports du Zeroud observés et calculés à Sidi Saâd : Période commune 1974-75 à
1977-78. ........................................................................................................................................................ 35
Tab. 2.4 - Caractéristiques d'apports du Merguellil observés à Haffouz et Sidi Boujdaria .................................. 40
Tab. 2.5 - Caractéristiques d'apports du Merguellil observés et calculés à Sidi Boujdaria : Période commune
1974-75/1984-85........................................................................................................................................... 44
Après une brève présentation de ces ouvrages, notre objectif est ici de dresser le bilan en eau
des deux aménagements permettant de réaliser un diagnostic des volumes effectivement mobilisés
pour l'irrigation et la recharge. Les apports des oueds aux retenues nous permettront de compléter les
séries des débits mesurés aux stations de Sidi Saâd et Sidi Boujdaria, considérées comme les entrées
respectives aux barrages.
L'évaluation précise des apports est indispensable pour la gestion des retenues. Si l'apport direct
de la pluie est relativement aisé à évaluer, il n'est pas de même pour les entrées de crues, lorsqu'on ne
dispose pas de station hydrométrique de mesure des écoulements comme c'est le cas depuis le
démantèlement des stations de Ksar Kebrit et de Sidi Boujdaria (cf. Fig. 2.5), respectivement en 1983
et 1985. Les apports journaliers des crues aux barrages de Sidi Saâd et el Haouareb sont approchés à
partir des mesures de la cote du plan d'eau et des sorties connues (ou supposées telles) de la retenue
(irrigation, lâchers, déversement, dévasement, évaporation). Les pertes sous la fondation sont mal
connues, nous tenterons de les estimer par des méthodes adéquates.
1
Impluvium artificiel délimité en terre et servant à drainer les eaux de ruissellement vers une série de banquettes définissant des parcelles
irriguées ou Mankaa).
2
Digues (Tablias) construites sur les versants pour l'accumulation des sédiments et des eaux à but agricole.
3
Ouvrage de dérivation construit en terre dans le lit pour alimenter les périmètres irrigués.
Le barrage devait ainsi permettre la régulation d’une partie des apports du Zeroud et garantir
une ressource en eau suffisante pour l’irrigation de 4080 ha supplémentaires, tout en assurant la
recharge artificialisée (régulée) de la nappe de Kairouan à l’aval. Etant donné la variabilité des apports
de l'oued, cette recharge devait être interrompue durant les années les plus sèches, lorsque le plan
d’eau descend sous la cote limite qui permet de satisfaire les besoins des périmètres irrigués, estimés à
20 Mm3/an.
Le barrage est composé d'une digue principale (barrage principal) et d'une digue de col sur la
rive droite, construites en terre, ainsi que d'un évacuateur de crues, en béton, édifié dans un canal
creusé entre le barrage principal et la digue de col (SNC, 1974). L’évacuateur de crues comprend un
pertuis sans vanne de contrôle de 6 m de diamètre, ajusté à la cote 270 m, et un déversoir à crête libre,
calé à la cote 287 m.
Le réservoir du barrage de Sidi Saâd comporte une tranche morte de 60 Mm3 comprise entre les
cotes 232 et 257 m, qui sert de bassin de décantation. Le volume emmagasiné entre les cotes 257 et
270 m ou volume d’exploitation qui est de 150 Mm3 permet d'assurer l’irrigation des périmètres et la
recharge de la nappe.
Les besoins en irrigation ont été estimés à 20 Mm3/an lors du projet (SNC, 1974) alors que la
recharge devrait être assurée à hauteur de 40 Mm3/an. La tranche de 512 Mm3 comprise entre les
niveaux 270 et 287 m sert au laminage des crues moyennes, évacuées rapidement par le pertuis avec
un débit de 650 à 750 m3/s. Le déversoir libre n’entre en jeu qu’à partir de la cote 287 m. Il peut
évacuer jusqu’à 10400 m3/s en cas de crues importantes. La cote des plus hautes eaux du barrage
(PHE) est de 298 m.
Le barrage de Sidi Saâd est construit sur des formations d’âges mésozoïque et éocène fortement
plissées et d’orientation Nord-Sud, avec un pendage fort vers l’Ouest (SNC, 1974). Sous les alluvions
récentes du lit de l’oued, on trouve alternativement des calcaires, dolomies, grès fins à grossiers et des
argiles schisteuses. Ces formations sont en affleurement au niveau de l’évacuateur des crues, la digue
de col et les appuis, avec une prédominance des calcaires et des argiles.
Pour réaliser le bilan en eau du barrage de Sidi Saâd nous disposons des mesures de la cote du
plan d’eau, la pluie tombée sur la retenue, l’évaporation au bac et des volumes d'eau soutirés pour
l’irrigation, la recharge, le dévasement et les déversements de l'évacuateur des crues, fournis par la
D/G.E.T.H/Barrage Sidi Saâd (D/GETH, 2000).
Jusqu’en Août 1985, ces données sont disponibles en cumuls mensuels et se prêtent peu à un
calcul exhaustif du bilan en eau à l'échelle journalière. Les mesures quotidiennes sont disponibles
seulement à partir de Septembre 1985.
La Figure 3.1 présente l’évolution du plan d’eau dans la retenue depuis sa mise en eau. Elle
montre que le barrage a connu des apports plus ou moins réguliers durant les 5 premières années de
fonctionnement, avant de connaître une période stable entre Octobre 1986 et juillet 1989. La
perturbation majeure reste sans conteste celle faisant suite aux crues de janvier 1990 qui ont enregistré
le niveau record du plan d'eau dans la retenue de 273,14 m le 24 janvier 1990. L’importance de ces
apports et surtout des dépôts solides associés est, a priori, à l'origine de la première modification
notable des caractéristiques de la retenue (fonction hauteur / volume / surface, comportement vis-à-vis
des fuites …etc.). Deux autres épisodes d’apports moins importants se démarquent durant les
automnes 1995 et 1997.
Fig. 3.1 - Evolution de la cote du plan d’eau dans la retenue du barrage de Sidi Saâd.
Une analyse sommaire des données relatives aux évènements de janvier 1990 montre que la
cote maximale observée le 24/01/1990 (273,14 mètres) correspond à un volume total stocké de 268
Mm3. Sachant que le pertuis de l'évacuateur des crues est calé à la cote 270 m (210 Mm3), le volume
déversé par cet ouvrage serait de 58 Mm3 et devrait être laminé en moins de 24 heures (donc au plus
tard le 25/01/1990), avec un débit pouvant atteindre 750 m3/s (SNC, 1974). Toutes les sorties du
barrage confondues, le volume mesuré affecté à cette date (D/GETH, 2000) est de 22 Mm3, soit 38 %.
En poursuivant le même raisonnement (calculs grossiers certes, mais fort indicatifs) sur la période du
23/01/1990 au 01/02/1990 durant laquelle la cote du plan d'eau mesurée est restée au-dessus de 270 m,
nous obtenons un volume cumulé de 247 Mm3 qui devrait être évacué par l'ensemble des exutoires
(déversoirs, vanne secteur de vidange & de recharge, évaporation, soutirage et pertes). Ce volume est à
opposer au cumul des sorties mesurées durant la même période, estimé à 101 Mm3. Ce qui laisserait
supposer une possible sous-évaluation de ces termes du bilan de l'ordre de 143 %. A défaut d'autres
éléments d'appréciation de la pertinence de ces données, nous les vérifierons plus loin par la
simulation du remplissage de la retenue (cf. § 3.2.3).
La retenue du barrage de Sidi Saâd permet de satisfaire les besoins en eau pour l'irrigation et la
recharge de la nappe de Kairouan par les lâchers. Le modèle du bilan en eau de la retenue doit donc
tenir compte de toutes ces sollicitations, schématisées sur la Figure 3.2, et se base sur l'équilibre entre
les entrées, les sorties et la variation du stock d'eau emmagasiné.
A. Les entrées
− les écoulements (Qa) provenant du bassin versant et qui comprennent les apports de crues et les
étiages. Depuis le démantèlement de la station de Ksar Kebrit en 1983, les écoulements de
l'oued Zeroud à l'amont immédiat du barrage ne sont plus mesurés, d'où la nécessité d'estimer
ces entrées.
− la pluie directe (P) qui tombe sur la retenue du barrage. L’apport de la pluie d'un jour j est
calculé par le produit de la hauteur pluviométrique tombée et de la surface moyenne du plan
d’eau entre les jours j et j-1. La pluie est mesurée à l’aide d’un pluviomètre4 installé aux abords
de la retenue. Des mesures assez régulières sont disponibles à partir de Septembre 1985. Pour
compléter la série antérieure et les lacunes dues à l’absence de mesures, nous avons utilisé les
données de la station pluviométrique de Sidi Saâd5 située à environ 2 km du barrage, où nous
disposons d’une série allant de Septembre 1956 à Août 1999.
B. Les sorties
4
Source : Base de données d'exploitation du barrage, fournie par la DGGTH/barrage de Sidi Saâd.
5
Source : Monographie hydrologique des oueds Zeroud et Merguellil, Bouzaiane et Lafforgue (1986).
− les pertes par évaporation directe (E) sur le plan d’eau de la retenue. Leur volume est estimé
par le produit de la hauteur évaporée mesurée au bac et de la surface moyenne du plan d’eau,
corrigé par un coefficient d'évaporation Kev. Les mesures d’évaporation au barrage de Sidi Saâd
ont commencé au lendemain de sa mise en eau. Il existe néanmoins quelques lacunes liées à
l’absence de mesures, surtout sur la période d'avant Septembre 1985. Nous avons dû y remédier
en utilisant des valeurs moyennes journalières calculées à partir des mesures de la période
1985-1999. La valeur de Kev généralement appliquée en Tunisie est de 0,8 (Hayouni, 1999). A
l'échelle journalière, ce coefficient varie entre 0,6 et 0,9 (Al-Turbak & Al-Muttair, 1989, Al-
Hassoun & Al-Turbak, 1995). La plus forte valeur est obtenue à la fin de l'automne lorsque la
chaleur emmagasinée dans le réservoir durant l'été contribue à l'évaporation et que le bac est
relativement froid. La valeur faible correspond par contre au printemps et à l'été, lorsque le bac
s'échauffe beaucoup plus rapidement que la retenue (Al-Turbak & Al-Muttair, 1989). Dans une
étude du coefficient d’évaporation des bacs sur les barrages en Tunisie, Abassi (2000) propose
pour le barrage de Sidi Saâd, un coefficient mensuel compris entre 0,83 et 0,85. Pour le besoin
du bilan, nous avons admis quant à nous, un coefficient Kev de 0,85, constant sur l’année.
− les déversements de l'évacuateur (Qdeve) lors des crues importantes. Ce sont des sorties
incontrôlées par le pertuis et le déversoir libre. Les volumes évacués sont évalués à l'aide des
courbes d'étalonnage des ouvrages (pertuis et déversoir), à partir de la durée de déversement et
de la hauteur d'eau estimées.
− le dévasement (Qdeva), réalisé à partir de la vanne pour lutter contre l’envasement de la retenue.
− les soutirages pour l’irrigation des périmètres (Qir) et les lâchers (Ql) pour la recharge de la
nappe de Kairouan à l’aval. Ces volumes sont débités à partir des vannes et sont donc connus
avec une assez bonne précision.
− Les pertes diverses (Qft) dont les fuites à travers les digues et par infiltration sous la retenue du
barrage. Elles sont fonction de la cote du plan d’eau dans la retenue et s’opèrent en continu.
Pour une même cote du plan d'eau, les pertes sont généralement plus importantes durant les
premières années de fonctionnement du barrage. Elles diminuent progressivement en raison
d’une part du colmatage du fond par les dépôts solides et d’autre part de l'équilibre hydraulique
établi entre la retenue et l'aquifère sous-jacent.
Sauf en présence d'une perturbation majeure comme les crues exceptionnelles, les apports
d'étiage fluctuent peu d'une année à l'autre. Ils peuvent, de ce fait, être estimés à partir des valeurs
moyennes observées à la station de Sidi Saâd.
Les mesures quotidiennes de niveau du plan d’eau, nous permettent d'estimer la surface
moyenne et la variation du stock dans la retenue à partir des courbes caractéristiques hauteur-volume
et hauteur-surface initiales de la retenue datant de 1982. Avec l'envasement du barrage, l'utilisation de
ces courbes peut conduire à des erreurs conséquentes sur le volume liquide stocké.
Le terme (Qft) quantifiable sur les périodes sans apports à partir de l’équation 3.2 est en réalité
la résultante des grandeurs suivantes :
− les pertes effectives d’eau à travers les fondations et les appuis du barrage (fuites) ;
− les erreurs sur l’estimation des apports et sur les mesures des autres paramètres de bilan.
La part de l’une ou l’autre de ces composantes ne pouvant être précisée, nous désignerons par
abus de langage cette résultante par le terme "pertes" en eau de la retenue. Elle est a priori plus
importante que les fuites proprement dites.
En raison de la structure des données, nous avons d'abord effectué les calculs des pertes et des
apports au pas de temps journalier sur la période allant de Septembre 1985 à Août 1999, pour laquelle
nous disposons de mesures journalières. Entre la mise en eau du barrage et Août 1985, ces grandeurs
seront déduites par reconstitution du remplissage du barrage sur la période concernée.
A l'instar de Kingumbi (1999), nous définissons les périodes sans apports selon trois critères suivants:
(1) Aucune pluie sur la retenue et ses environs immédiats. Ce critère permet d’éviter les apports
des petits sous-bassins adjacents qui peuvent ruisseler des volumes de crues non négligeables.
(2) pas de crue observée au niveau des stations hydrométriques de Ain Saboun et Bled Lassoued
en amont du barrage. Les débits mesurés à ces stations doivent avoisiner les débits de base
moyens mensuels aux points considérés.
(3) la variation du plan d’eau dans la retenue doit être strictement négative pour exprimer un
déstockage de quantité d’eau non négligeable.
(4) la durée d'une période sans apports doit-être au moins égale à 15 jours consécutifs afin de
compenser les erreurs de mesures.
Sur chaque période sans apports, nous calculons la cote moyenne et les pertes moyennes
correspondantes qui permettront de déterminer la fonction ou modèle de pertes.
Afin de tenir compte des apports d'étiage persistant même pendant les périodes dites sans
apports, nous avons pris en compte l'apport moyen de base à la station de Sidi Saâd, calculé à partir
des observations hydrométriques entre 1949-50 et 1977-78. L’année 1969-70 n'a pas été prise en
compte dans le calcul en raison de son caractère exceptionnel. L'écoulement de base moyen annuel au
barrage est ainsi évalué à 18 Mm3 (cf. Tableau 2.2).
B. Résultats
Nous avons identifié 75 épisodes sans apports à la retenue de Sidi Saâd entre Septembre 1985 et
Août 1999 (cf. Annexe A-7 à A-9). Les résultats reportés sur la Figure 3.3 peuvent être scindés en 3
grandes périodes, délimitées par les événements d’apports (crues) importants déjà identifiés lors de
l'examen sommaire de la courbe d'évolution du plan d'eau :
− 1ère période : entre Septembre 1985 et décembre 1989, les apports au barrage sont assez
− 2ème période : elle comprend également 26 épisodes secs entre janvier 1990 et Août 1995, après
que les sédiments déposés suite aux crues de janvier 1990 auraient modifié le comportement du
− 3ème période : elle correspond à 23 épisodes sans apports à partir de Septembre 1995. Les pertes
Nous avons ajusté un troisième modèle de pertes (P3) qui prend en compte tous les points
calculés. La droite de régression obtenue présente une pente encore plus faible et surestime toutefois
les pertes pour les cotes du plan d'eau inférieures à 264 m, correspondantes aux basses eaux de la
retenue sur toute la période.
Les modèles de pertes obtenues représentent la conjonction de toutes les erreurs d'estimations et
des hypothèses faites sur les éléments du bilan. C'est ce qui explique sans doute, la faible qualité des
ajustements statistiques. Nous avons néanmoins utilisé ces modèles pour quantifier les volumes de
pertes du barrage.
La Figure 3.4 présente les estimations des pertes cumulées annuelles calculées à partir des
observations de la cote du plan d’eau en appliquant d’une part, conjointement les modèles (P1) sur sa
période de validité (Septembre 1985 à Décembre 1989) et (P2) sur les deux autres périodes à partir de
janvier 1990, et d’autre part en appliquant le modèle (P3) sur toute la chronique entre Septembre 1985
et Août 1999.
Il s'avère d'après ces résultats que le modèle de pertes (P3) surestime les pertes de 15 à 50 %
pour les cotes inférieures à 264 m (basses eaux de la retenue) tandis qu'en hautes eaux (cotes
supérieures à 264 m), il donne des valeurs de 1 à 30 % inférieures à celles calculées par la
combinaison des modèles (P1) et (P2). Les pertes cumulées moyennes annuelles sur toute la période
allant de Septembre 1985 à Août 1999 sont estimées à 32 Mm3/an à l’aide des modèles (P1) et (P2)
contre 27 Mm3/an fournis par le modèle (P3), soit une majoration de 18,5 %.
Pour toutes les raisons évoquées précédemment, nous avons appliqué le modèle (P1) sur sa
période de validité et le modèle (P2) sur le reste de la chronique à partir de janvier 1990, pour le calcul
du bilan en eau de la retenue. Nous gardons toutefois à l'esprit que ces modèles surestiment les pertes
particulièrement en hautes eaux et nous reviendrons plus loin sur ces grandeurs.
Fig. 3.4 –Volumes de pertes calculés de la retenue de Sidi Saâd, période 1985-86 à 1998-99.
(P1) & (P2) : Volumes estimés par les Modèles de pertes (P1) entre Sept. 1985 à Déc.
1989 et (P2) sur le reste de la période à partir de Janv. 1990; (P3) : par le modèle (P3)
appliqué sur toute la période Sept. 1985 à Août 1999.
En intégrant les modèles des pertes (P1) et (P2) dans l’équation du bilan en eau (équation 3.1) et
suivant les périodes de validité définies précédemment, nous avons calculé les apports à la retenue sur
la période du bilan allant de Septembre 1985 et Août 1999 (Fig. 3.5).
Faute de mesures quotidiennes du plan d'eau et des sorties quantifiables du barrage entre sa mise
en service (janvier 1982) et Août 1985, aucun modèle de pertes n’a pu être établi sur ces premières
années de fonctionnement de l'ouvrage. Pour avoir une estimation des pertes sur cette période, nous
avons adopté les apports calculés à Sidi Saâd à partir des régressions hydrométriques (cf. § 2.1.2.A3),
selon le schéma suivant :
− celle entre les stations de Bled Lassoued et Ksar Kebrit d’une part et Sidi Saâd d’autre part
(Régression n°2), appliquée sur la période allant de la mise en service du barrage à Août 1983,
date de démantèlement de la station de Ksar Kebrit ;
− puis celle entre les stations de Bled Lassouda et Ain Saboun d’une part et Sidi Saâd d'autre
part (Régression n°1), appliquée de Septembre 1983 à Août 1985.
Les apports étant ainsi admis, les pertes sont évaluées a posteriori, en vérifiant que le modèle de
bilan en eau du barrage reconstitue de manière acceptable, le remplissage de la retenue (évolution de
la cote du plan d'eau) sur la période en question. Etendue à la période allant de Septembre 1985 à Août
1999, la simulation du remplissage de la retenue permettra également de vérifier la cohérence des
volumes d'apports et de pertes estimés sur cette période, par rapport aux soutirages déclarés ou
supposés connus.
La Figure 3.5 rassemble les évolutions observées et simulée de la cote du plan d’eau de la
retenue de Sidi Saâd et les apports estimés respectifs sur chaque période (régression hydrométrique et
bilan en eau). Les premières simulations du remplissage en négligeant les pertes sur la période de
Janvier 1982 à Août 1985 (cote cal. 1er test) ont conduit à une cote du plan d’eau calculée supérieure à
celle observée sur cette période, ainsi qu'un décrochage de la courbe calculée entre le 24 et le 25
janvier 1990, coïncidant avec les apports de crues du 23/1/1990 au 1/02/1990.
Pour ajuster la première période (janvier 1982 à Août 1985) pour laquelle les cotes du plan
d'eau sont inférieures à 262 m, nous avons estimé les pertes par essais et erreurs de fermeture du bilan,
en s'assurant que l'évolution observée du plan d'eau dans la retenue est restituée de manière acceptable.
Pour la seconde période (à partir de Janvier 1990), notre parti était celui d'une réévaluation des
volumes de déversements déclarés qui nous semblent être sous-estimés sur cette période, après analyse
sommaire des données relatives à cette période, qui montre une incohérence entre la cote du plan d'eau
observée et les volumes évacués déclarés.
Les résultats de l'ajustement présentés sur la Figure 3.5 indiquent un coefficient de corrélation
entre les cotes observées (Cote obs.) et calculées (Cote ajustée) de 0,92 qui dénote une bonne
restitution de l'évolution du plan d'eau. Sur le Tableau 3.1 nous présentons le bilan en eau calculé de la
retenue de Sidi Saâd, après ajustement du remplissage entre sa mise en service (janvier 1982) et Août
1999. Suivant ses composantes, ce bilan se résume comme suit :
Fig. 3.5 – Evolutions(observée et calculée) du plan d’eau et apports estimés à la retenue de Sidi Saâd.
(1) : Apports estimés par régressions hydrométriques; (2) : Apports estimés par fermeture du bilan.
Les apports
Il ressort après reconstitution du remplissage du barrage en tenant compte des modèles de pertes
(P1) et (P2) et en admettant les apports estimés par régressions sur la période allant de janvier 1982 à
Août 1985 (combinaison des fonctions de régression n°1 et 2), que l'apport total moyen des oueds
Hajel et Hathob à la retenue de Sidi Saâd entre janvier 1982 et Août 1999 est de 99 Mm3/an. Cet
apport est légèrement supérieur à celui estimé sur la série observée à Sidi Saâd entre 1949 et 1978, en
raison essentiellement du caractère particulier de l’année hydrologique 1989-90 qui aurait apporté 327
Mm3. L’apport au barrage se réduit en effet à 85 Mm3/an si on ne prend pas en compte cette année.
La pluie apporte en moyenne 3 Mm3/an directement sur le plan d'eau de la retenue, ce qui porte
l'apport total à 102 Mm3/an.
Tab. 3.1 - Eléments du bilan en eau du barrage de Sidi Saâd, période Janv. 1982 à Août 1999.
L’irrigation
L’irrigation a timidement débuté en Mai 1986 soit presque 5 ans après la mise en eau du barrage
(Fig. 3.6). Le volume mobilisé varie d’une année à l’autre en fonction de la pluviométrie et de
l'assolement des périmètres. Le volume d’eau fourni en moyenne pour l'irrigation est de 7 Mm3/an sur
toute la période. Cela ne représente que 7 % du volume total mobilisé en sortie ou encore 6 % de
l'apport total. L’irrigation connaît un net accroissement depuis 1997-98, portant le volume total à 20
Mm3/an, volume prévu dans le projet.
Les dévasements
Les déversements
Les plus importants sont ceux de janvier et Août 1990, lorsque plus de 60 Mm3 ont été évacués
(corrigés à 87 Mm3). Les déversements parviennent rapidement à la plaine de Kairouan où une part
importante s'infiltre vers la nappe tandis que le surplus atteint parfois les zones d’épandage naturel des
eaux de crues et de la nappe (Sebkha) où ils s’évaporent. Le volume moyen déversé à partir du barrage
est de 7 Mm3/an.
Les lâchers de recharge ont véritablement commencé avec la campagne de Mars 1989 (Fig. 3.7).
Depuis, ils sont réalisés de manière soutenue en fonction des quantités d'eau disponibles dans la
retenue et des consignes de gestion du barrage. Les plus importants sont ceux réalisés après les apports
de janvier 1990. Durant les deux années qui ont suivi, près de 65 Mm3 ont été mobilisés à partir de la
retenue. Entre Juin 1995 et janvier 1997, un volume de 85 Mm3 a été lâché d’abord à partir de la vanne
secteur avec un débit moyen de 10 m3/s, puis de la conduite de Sidi Salah qui permet d’acheminer 1
m3/s en continu directement à l’entrée de la plaine de Kairouan.
Le volume spécialement mobilisé pour la recharge par les lâchers ne représente que 15 % des
apports estimés, soit une moyenne de 15 Mm3/an. Si nous tenons compte des déversements et des
dévasements de la retenue, le volume mobilisé à l’aval du barrage s’élèverait à 32 Mm3/an soit près de
32 % des apports calculé du barrage, entre Décembre 1981 et Août 1999.
Les pertes totales de la retenue sont constituées par l’évaporation, les fuites proprement dites par
infiltration et à travers la fondation ainsi que les erreurs d'estimations. Elles représentent près de 50 %
des apports au barrage, à raison de 18 Mm3/an par évaporation directe sur la retenue et 32 Mm3/an par
les pertes non contrôlées (fuites et erreurs diverses).
L'évaporation se justifie entre autre par l’étendue de la retenue qui atteint 1700 ha à la cote de
retenue normale de 270 m. Elle dépend également, mais dans une moindre mesure, du coefficient
d'évaporation Kev. En appliquant une valeur de Kev=0,80, l'évaporation moyenne de la retenue
augmente de 1 %. Le volume maximal évaporé (25 Mm3/an) revient à l’année hydrologique 1992-93,
lorsque le plan d’eau était resté relativement haut durant une bonne partie de l’année.
Les pertes par infiltration sont particulièrement importantes durant les premières années de
fonctionnement du barrage et les hautes eaux de 1990 à 1995. En effet, la mise en eau du barrage de
Sidi Saâd a mis en charge la nappe de Hajeb el Aïoun sur laquelle repose la majeure partie de la
retenue, et l'aquifère de Ain el Beidha sur la limite Nord. Le volume infiltré parvient à ces nappes qu'il
recharge avec un flux soutenu. En confrontant les évolutions piézométriques observées à celles
simulées à l'aide d'un modèle hydrogéologique de la nappe d'Ain Beidha en l'absence des barrages,
Baba Sy (1999) note que l'impact de la retenue de Sidi Saâd sur cette nappe s'est manifesté sur les
puits situés dans la partie Sud du bassin (cf. Fig. 2.28). C'est le cas des puits n°7521 et n°14981, où les
remontées observées depuis la mise en eau des barrages sont de 4 et 1,5 mètres (Fig. 3.8).
Fig. 3.8 – Impact du barrage de Sidi Saâd sur le niveau piézométrique de la nappe d'Ain Beidha
(D'après Baba Sy, 1999).
En comparant les pertes estimées par ajustement du remplissage et modèles de pertes (P1) &
(P2) avec les valeurs déjà avancées lors d'une première étude de bilan mensuel de la retenue entre
1981-82 et 1988-89 (SCET, 1990), nous notons que sur la période 1985-86 à 1988-89, les volumes
moyens de pertes sont comparables même si à l'échelle inter-annuelle les valeurs peuvent être
éloignées (Fig. 3.9). Sur la période allant de la mise en service du barrage à 1984-85, les pertes
estimées par fermeture du bilan mensuel de la retenue semblent être sous-évaluées. Cette sous-
estimation pourrait résulter des pas de temps différents utilisés dans les deux approches. A l'échelle
mensuelle en effet, échelle à laquelle les estimations de la SCET ont été réalisées, les variations
journalières parfois importantes de la cote du plan d'eau sont moyennées ce qui peut entraîner une
sous-estimation des pertes associées aux cotes importantes. Les pertes cumulées annuelles moyennes
estimées sur la période 1981-82 à 1988-89 par cette approche s'élèvent à 16 Mm3/an contre 23
Mm3/an évalués conjointement par ajustement du remplissage de la retenue (apports estimés par la
régression hydrométrique) et modèles de pertes (P1) et (P2).
Rappelons enfin que les pertes traduisent non seulement les fuites par infiltration et à travers la
fondation et les appuis, mais également toutes les erreurs de mesure ou d'estimation des apports qui
peuvent être importantes.
Une gestion adéquate du stock d’eau aurait sans doute permis de mieux réguler les apports et
minimiser les pertes qui contribuent à augmenter la salinité de la retenue par évaporation. Le
déstockage a été amorcé à partir de 1992 avec les campagnes de lâchers de recharge. Il a permis de
ramener le volume total occupé de la retenue à 120 Mm3 en Août 1999, soit néanmoins près de 60 %
de sa capacité de stockage, estimée à 210 Mm3.
Le barrage el Haouareb est situé juste à l’embouchure de l’oued Merguellil dans la plaine de
Kairouan. Il est constitué de trois ouvrages principaux (SNC, 1982a) : (a) la digue principale en terre
longue de 2070 m, (b) la digue de col ou digue auxiliaire construite en béton armé sur la rive droite,
juste à l’extrémité du barrage principal et (c) l’évacuateur de crues en béton armé de 40 m de long,
situé au-delà de la digue de col.
Les ouvrages secondaires comprennent une tour de prise circulaire en béton de 13 m de
diamètre et 36 m de haut servant d’abri aux prises d’eau de la retenue et un canal d’évacuation long de
150 m, qui sert à évacuer les crues de l’évacuateur vers le lit de l’oued.
Fig. 3.10 – Cote du plan d'eau et validité des courbes caractéristiques du barrage el Haouareb
(d'après Kingumbi, 1999).
Le barrage el Haouareb est construit sur une série de formations allant du Jurassique au Plio-
Quaternaire (Smaoui, 1984). L’appui droit du barrage est constitué par le djebel el Haouareb,
terminaison périclinale de la chaîne Nara-Touila. Sur la rive gauche du Merguellil, le barrage s’appuie
sur des formations sédimentaires tendres d’age Tertiaire allant de l’Oligocène à l’amont au Mio-
Pliocène à l’aval. On rencontre essentiellement les argiles Mahmoud (Miocène), imperméables, qui
forment un rideau étanche naturel sur lequel est ancré le noyau de la digue principale.
La retenue s'étale sur le synclinal d’Ain el Beidha qui renferme un système aquifère dont
l’exutoire naturel est constitué par le déversement dans la nappe de la plaine de Kairouan d’une part à
travers le seuil d’el Haouareb et d’autre part par écoulement souterrain via les calcaires Turoniens du
djebel el Haouareb.
Le bilan en eau du barrage el Haouareb a fait l’objet d’une étude intitulée "bilan et modélisation
du barrage el Haouareb" par Kingumbi (1999). Nous reprenons ici succinctement les principaux
résultats de ces travaux (Tableau 3.2) avant de les commenter. Le lecteur pourra se reporter à l'étude
originale pour les détails des calculs.
Tab. 3.2 – Eléments du bilan en eau du barrage el Haouareb (d’après Kingumbi, 1999).
Apport (Mm3) Sortie (Mm3)
Année
Oued Pluie Irrigation Lâcher Dévasement Evaporation Pertes
1989-90 39,36 2,1 0,0 0,0 0,21 6,11 20,26
1990-91 29,14 2,05 0,0 1,4 0,0 7,9 22,06
1991-92 20,52 1,94 0,0 0,0 0,0 7,92 18,18
1992-93 21,94 1,19 0,0 8,07 0,24 7,12 15,5
1993-94 6,66 0,39 3,04 0,0 0,09 2,75 6,28
1994-95 22,12 0,34 2,14 0,0 0,05 4,29 10,24
1995-96 32,46 2,18 0,71 2,31 0,4 6,48 17,48
1996-97 4,63 0,37 2,59 0,0 0,01 3,15 6,84
1997-98 18,53 1,13 3,23 0,0 0,06 4,49 11,51
Total 195,35 11,69 11,71 11,79 1,05 50,21 128,37
Moyenne 21,71 1,3 1,3 1,31 0,12 5,58 14,26
Les émergences
Malgré tous les efforts déployés lors de la construction du barrage pour limiter le risque de
fuites sur l'appui droit, des émergences sont apparues dans la fosse de dissipation de l’évacuateur des
crues après la mise en eau du barrage. Le suivi plus ou moins régulier dont ces fuites font l’objet
depuis avril 1993 montre que leur débit est proportionnel à la cote du plan d’eau dans la retenue. Le
débit maximal mesuré est de 400 l/s pour une retenue à la cote 208 m. Entre Juin et Août 1994, ces
émergences ont persisté pendant près de 2 mois après l’assèchement de la retenue pour atteindre un
débit de 125 l/s, avant de remonter à la faveur de la reprise des apports. L'évolution des débits mesurés
durant cette période montre un tarissement exponentiel des émergences (Kingumbi, 1999) mettant en
exergue la contribution de l'aquifère d'Ain el Beidha à travers les calcaires Turoniens (Chadly, 1992).
Le modèle de relation linéaire entre la cote du plan d'eau et le débit des émergences (Fig. 3.11)
suggère que pour une même cote du plan d'eau de la retenue, le débit diminue au fur et à mesure de
l'envasement celle-ci (entre deux campagnes bathymétriques). L'application de ce modèle sur
l'historique de la cote du plan d'eau montre que le débit des émergences varie entre 8 et 14 Mm3/an
avec une moyenne de 10 Mm3/an.
L'irrigation
Le volume d'irrigation (Fig. 3.12) est fourni d’une part, à partir de la station principale de
pompage qui puise directement dans la retenue et d’autre part, à partir d'une station secondaire qui
permet depuis décembre 1996, de soutirer jusqu’à 100 l/s sur le débit des émergences. Le volume
mobilisé entre 1989-90 et 1997-98 pour les périmètres irrigués est de 1,3 Mm3/an.
Depuis la mise en eau du barrage, le plan d’eau n’a jamais dépassé la cote 210 m alors même
que la retenue normale est fixée à 217 m. Il n’y a donc pas eu de déversement par l’évacuateur des
crues.
Très peu de vidange a été effectuée à partir du barrage el Haouareb. On estime en moyenne à
moins de 0,1 Mm3/an le volume d’eau chargée soutirée. Le dévasement le plus important a été effectué
en 1992-92 avec 0,24 Mm3 évacués en 2 mois.
La plus importante campagne de lâchers a été réalisée du 19 avril au 8 Mai 1993 et a permis de
mobiliser 6 Mm3 pour la nappe de Kairouan (Fig. 3.13). Le volume moyen des lâchers est estimé à 1,3
Mm3. Toutefois, les dévasements et le surplus des émergences après le pompage complémentaire
destiné à soutenir l’irrigation rejoint le lit de l’oued et s’infiltre dans la plaine.
Les pertes
Le modèle de pertes de la retenue d'el Haouareb a été déterminé à partir des moyennes des
périodes sans apports suivant l’approche décrite plus haut. Le nombre de périodes identifiées comme
sans apports sur les périodes de validité des trois courbes caractéristiques hauteur-volume-surface
relevées en 1989, 1994 et 1997 sont respectivement de 4, 20 et 13. Les résultats de cette approche ont
été corroborés par une deuxième méthode prenant en compte les moyennes mobiles des 15 jours sur
chaque période sans apports. Le modèle de pertes obtenu (Fig. 3.14) comporte trois fonctions
correspondantes aux courbes caractéristiques de la retenue. Les pertes cumulées annuelles calculées à
partir des observations de la cote du plan d'eau varient entre 6 Mm3/an (1993-94) et 22 Mm3/an (1990-
91) soit avec une moyenne inter-annuelle de 14 Mm3/an.
Les erreurs de mesures des paramètres de gestion et les imprécisions des courbes
caractéristiques hauteur-surface-volume de la retenue pourraient conduire à une sous-estimation des
pertes du barrage et par voie de conséquences de ses apports. Cette hypothèse serait particulièrement
probante durant les premières années de fonctionnement du barrage où Kingumbi (1999) constatait
déjà que le cumul des apports au barrage est inférieur à celui de Haffouz.
Bien que l’hypothèse d’une réduction des apports consécutive aux aménagements dans le bassin
amont soit avancée (Dridi, 2000 ; Kingumbi, 1999), leur influence serait moins importante car elle
n'est pas perceptible sur les apports du bassin amont, contrôlé par la station de Haffouz. D'autre part,
l'analyse de la chronique pluviométrique dans le bassin (cf. Fig. 2.2) indique que la mise en service du
barrage el Haouareb a été suivie de 3 années humides entre 1989-90 et 1991-92. Sur 8 années de
fonctionnement du barrage, on dénombre 5 années humides contre 4 années sèches dont 1993-94 et
1996-97. Nous pouvons supposer à juste titre que l’apport au barrage devrait au moins avoisiner
l’écoulement moyen des 8 années observations à Sidi Boujdaria, à savoir 30 Mm3/an.
Les sorties totales du barrage représentent 23 Mm3/an dont 63 % par infiltration et 25 % par
évaporation. L'irrigation et tous les apports susceptibles de constituer une recharge de la nappe de
Kairouan (lâchers, déversements et dévasements) ne représentent chacun en effet que 6 % du soutirage
total.
Une tentative de bilan d'eaux souterraines en relation avec la retenue (Kingumbi, 1999) montre
que 19 Mm3/an transitent par le seuil d'el Houareb pour rejoindre la nappe de Kairouan, à raison de 14
Mm3/an provenant des pertes du barrage et 5 Mm3/an émanant du déversement de la nappe d'Ain el
Beidha. A l'aval, ces apports se répartissent entre les émergences (10 Mm3/an) et le déversement
souterrain (9 Mm3/an).
Fig. 3.15 – Apports observés à Haffouz et ceux estimés au barrage el Haouareb sur la période
1989-90 à 1997-98.
Afin de vérifier l'adéquation entre les apports et les pertes évalués à partir du bilan en eau du
barrage el Haouareb, nous avons simulé le remplissage de la retenue du barrage à l'aide d'un modèle
de bilan, depuis sa mise en eau jusqu'en Août 1998. Nous notons au passage que ce type de validation
a posteriori n'a pas été entrepris lors de l'étude du bilan.
Pour ce faire, nous avons maintenu toutes les sorties mesurées (irrigation, déversement,
dévasement et recharge) à leurs valeurs fournies comme données. Les calculs ont été réalisés au pas de
temps journalier. Les pertes sont calculées, dans cette première approche, à l'aide du modèle de pertes
de Kingumbi (cf. Fig. 3.14).
En intégrant les apports estimés par Kingumbi (1999), les simulations ont abouti à des cotes du
plan d’eau bien supérieures à celles observées, surtout sur la période comprise entre la mise en eau et
Août 1993. Cette surestimation des niveaux calculés serait consécutive à une sous-estimation des
pertes, ce qui remettrait en cause les apports.
Les simulations prévisionnelles de la gestion des barrages nécessitent un modèle de bilan qui
vérifie le remplissage de la retenue sur la période déjà écoulée. C'est pourquoi nous avons jugé
opportun de réaliser un second bilan de la retenue, dans lequel nous prenons en compte :
− les apports estimés à Sidi Boujdaria par régression hydrométrique sur la base des débits
observés à la station de Haffouz jusqu'en Septembre 1998 ;
− des corrections éventuelles des volumes de pertes, notamment sur les premières années
d'exploitation du barrage.
Les volumes de sorties étant maintenus par ailleurs à leurs valeurs fournies comme données,
l'ajustement du remplissage de la retenue consistera à quantifier les pertes qui aboutiront à la meilleure
reconstitution de l'évolution observée du plan.
Fig. 3.16 – Cotes observées et calculées du plan d'eau de la retenue du barrage d'el Haouareb.
La Figure 3.16 présente l'évolution de la cote du plan d'eau après ajustement du remplissage de
la retenue par essais et erreurs. Si la reconstitution est satisfaisante dans la première et la troisième
période de validité des courbes caractéristiques de la retenue, elle est en revanche très nuancée sur la
période allant des hautes eaux de Mars 1991 à l'assèchement total survenu en été 1994. L'analyse
comparative des chroniques d'apports mensuels (Fig. 3.17) calculés à l'aide des deux approches (bilan
et régression) et ceux observés à la station de Haffouz correspondants, montre que les volumes
quantifiés par la régression sont plus faibles que ceux obtenus par bilan pour les évènements les plus
importants de la période à savoir Septembre 1991, Février 1992, Septembre 1992, Novembre 1992 et
Septembre 1993 (Fig. 3.17.b).
Fig. 3.17 – Apports mensuels observés à Haffouz et ceux estimés au barrage el Haouareb sur la
période 1989-90 à 1997-98.
Une comparaison sommaire des volumes de crues identifiées à Haffouz et des variations du
stock d'eau dans la retenue suite aux événements majeurs non restitués correspondants montre que ces
apports proviennent surtout du bassin intermédiaire entre Haffouz et le barrage (215 km2). Ces crues
ayant sans doute le même impluvium que celles à l'origine des apports de Septembre 1997 (Fig.
3.17.c) sont mal restitués par le modèle de régression hydrométrique. Elles pourraient être approchées
à l'aide des régressions pluvio-hydrométriques que nous n'avons pas expérimentées dans le cadre de ce
travail.
Les modifications des termes du bilan qui résultent de l'adoption de la série des apports calculés
par régression hydrométrique concernent les volumes de pertes des années 1989-90, 1990-91, 1996-97
et 1997-98 (Tableau 3.4) pour lesquelles nous avons en moyenne doublé les volumes de pertes afin de
parvenir à un ajustement acceptable. Les pertes ainsi réévaluées sur tout l'historique seraient de 26
Mm3/an soit 84 % de plus que celles émanant du modèle de pertes de Kingumbi (1999).
Tab. 3.4 – Bilan en eau du barrage el Haouareb, calculé d'après l'ajustement du remplissage de la
retenue.
Apport (Mm3) Sortie (Mm3)
Année
Oued Pluie Irrigation Lâcher Dévasement Evaporation Pertes
1989-90 68,5 2,3 0,0 0,0 0,21 6,8 46,1
1990-91 46,3 2,0 0,0 1,4 0,0 8,2 39,2
1991-92 25,2 1,9 0,0 0,0 0,0 8,3 22,6
1992-93 24,5 1,1 0,0 8,07 0,24 7,1 20,9
1993-94 15,0 0,4 3,04 0,0 0,09 3,6 13,5
1994-95 37,6 0,5 2,14 0,0 0,05 5,7 20,1
1995-96 39,8 2,3 0,71 2,31 0,4 7,8 24,1
1996-97 19,2 0,5 2,59 0,0 0,01 5,7 23,6
1997-98 39,6 1,4 3,23 0,0 0,06 6,6 29,5
Total 315,8 12,3 11,7 11,8 1,1 59,9 239,6
Moyenne 35,1 1,4 1,3 1,3 0,1 6,7 26,3
Notons ici que les incertitudes liées aux volumes de pertes estimés par ajustement du
remplissage de la retenue sont du même ordre de grandeur que celles commises sur l'estimation des
apports dont ils découlent. Quand bien même les apports estimés par régression hydrométrique
semblent mieux corroborer d'une part, le comportement de la retenue depuis sa mise en service, et
d'autre part, le régime d'écoulements observés à la station de Sidi Boujdaria avant la construction du
barrage, cette approche montre des limites quant à la restitution des apports provenant du bassin
intermédiaire. En l'occurrence et sur la base de la simple observation de l'évolution de la cote du plan,
les apports de l'année 1996-97 peuvent paraître surestimés ici.
Nous retiendrons cependant cette série pour la constitution de la chronique des apports de l'oued
Merguellil après la mise en eau du barrage, parce qu'elle semble en accord avec les observations
réalisées à Sidi Boujdaria entre 1974-75 et 1984-85. Cette série servira plus loin aux simulations
prévisionnelles de l'impact des barrages sur la recharge de la nappe de Kairouan.
La recharge est réalisée depuis 1988, par infiltration des lâchers d'eau des barrages de Sidi Saâd
et d'el Haouareb, sur les lits naturels des oueds Zeroud et Merguellil. Les lâchers sont effectués
directement à l'aval des barrages ou à partir de la conduite de Sidi Salah qui permet de transférer un
débit de 1,0 à 1,5 m3/s du barrage de Sidi Saâd directement dans la zone d’alimentation des nappes
(Fig. 3.18). Ce débit s’infiltre après un parcours d'à peine 8 km dans la plaine, ce qui limite
l’utilisation de cette conduite à des campagnes de soutien à court terme (Nazoumou, 1996).
Les lâchers sont effectués durant des campagnes de recharge de durées limitées, en fonction des
ressources disponibles aux barrages. Une campagne est définie comme une série de lâchers d'eau du
barrage en continu ou par ondes successives, pendant plusieurs jours consécutifs (quelques jours à
deux mois). La durée de l'onde varie entre 30 minutes et 16 heures et le protocole de lâchure est
motivé par le souci de minimiser les pertes dues à l’évaporation dans la plaine et au ruissellement à
l'aval de la zone d’alimentation préférentielle des nappes.
Le suivi des ondes lâchées et de leur amortissement le long des lits a été assuré grâce à des
jaugeages de débits au niveau de trois (3) stations de contrôle sur le Zeroud et cinq (5) stations sur le
Merguellil (Fig. 3.18). Le réseau du Merguellil est complété par un site de mesures du débit des
émergences (EMG) et deux sites d'observations partielles (COS et BAH). Ces stations ont été
disposées le long des lits, à des distances comptées à partir des barrages, indiquées sur les Tableaux
3.5 et 3.6.
Tab. 3.5 - Sites d'observations des lâchers sur Tab. 3.6 - Sites d'observations des lâchers sur
l'oued Zeroud (Chaieb et al., 1995). l’oued Merguellil (Bouzaiane & al., 1993).
Distance du Distance du
N° Station N° Station
barrage (km) barrage (km)
1 Henchir Bouzid (HBZ) 15 1 Emergence (EMG) 0,5
2 Argoub Erremth (AER) 30 2 Aval barrage (AVB) 2
Pont de Zaâfrana 3 Pont intermédiaire (PINT) 7
3 40
(PZF) 4 Pont GP3 (PGP3) 12
Henchir Messaoudia
5 17
(HMS)
6 Henchir Jefna (HJF) 24
7 Conduite du Sahel (COS) 28
8 Bir Atallah (BAH) 30,
Le suivi de l'impact des lâchers sur le niveau piézométrique des nappes est assuré grâce à une
partie du réseau de surveillance habituelle, complétée par des puits dits de surveillance exceptionnelle
de recharge (Fig. 3.18).
Au total 7 campagnes de recharge artificielle ont été réalisées entre 1988 et 1997, dont une seule
dans le Merguellil, à partir du barrage El Haouareb. Ces campagnes ont fait l'objet de plus de 1000
jaugeages de débit et ont mobilisé près de 170 Mm3 d'eau, dont 150 Mm3 (88 %) à partir du seul
barrage de Sidi Saâd (Saâdaoui et al., 1989 ; Bouzaiane et al., 1993 ; Adjeli et Chadly, 1995 ; Chaieb
et al., 1995, D/GETH, 2000). Cependant, la régularité et le nombre des mesures effectuées varient
d'une campagne à l'autre, rendant ainsi difficile une analyse exhaustive des données, à l'exception de
celles de la campagne de 1995 sur l'oued Zeroud pour laquelle on dispose d'un suivi relativement
régulier (cf. § 5.1.7). Ces dernières serviront de référence pour le calage et la validation du modèle
proposé. Cette campagne a duré un mois, soit du 19 Juin au 19 Juillet 1995, période au cours de
laquelle 61 ondes de lâchers couvrant 406 heures ont été émises, pour un volume mobilisé de 15 Mm3.
3.5 Conclusions
Faute de mesures d'écoulements des oueds à l'entrée des barrages, l'estimation des apports et du
bilan en eau des retenues dépend des modèles de pertes obtenus à partir des mesures couramment
effectuées aux sites. Après ajustement du remplissage des barrages, l'apport moyen du ruissellement
des oueds Hajel et Hathob à la retenue de Sidi Saâd atteint 99 Mm3/an sur la période 1989-90 à 1997-
98. Cet apport serait de 85 Mm3/an si nous ne prenions pas en considération l’année hydrologique
1989-90 qui aurait fait écouler près de 330 Mm3. Les apports de l’oued Merguellil au barrage el
Haouareb ont d'abord été estimés à 22 Mm3/an (Kingumbi, 1999), alors que les observations
d'écoulements de l’oued à Sidi Boujdaria sur 8 années entre 1974-75 et 1984-85 fournissent un volume
de 30 Mm3/an. Par contre, sur la même période de fonctionnement du barrage, les apports calculés par
la régression hydrométrique semblent mieux corréler avec d'une part, le remplissage de la retenue, et
d'autre part, le régime d'écoulements observés à Sidi Boujdaria, en fournissant une moyenne de 35
Mm3/an.
La recharge a été essentiellement réalisée après les apports de janvier 1990. Au barrage de Sidi
Saâd, le volume spécialement mobilisé pour la recharge de la nappe de Kairouan par les lâchers est de
15 Mm3/an ce qui ne représente que 15 % des apports du barrage. Si nous tenons compte des
déversements et dévasements de la retenue, le volume mobilisé à l’aval du barrage s’élève à 32
Mm3/an soit près de 32 % des apports. Les lâchers sont effectués à partir de la vanne secteur avec un
débit moyen de 10 m3/s, et de la conduite de Sidi Salah qui permet d’acheminer ~1 m3/s en continu
directement à l’entrée de la plaine de Kairouan. Les lâchers effectués au barrage el Haouareb sont
estimés à 1,3 Mm3/an, essentiellement constitués par la campagne du 19 avril au 8 Mai 1993 (6 Mm3).
Leur rareté est cependant atténuée par l'infiltration des émergences et le déversement souterrain vers la
nappe de Kairouan.
Les pertes totales de la retenue de Sidi Saâd s'élèvent à 18 Mm3/an par évaporation directe sur la
retenue et 32 Mm3/an par les fuites et les erreurs de fermeture de bilan. Ces pertes représentent près de
50 % des apports au barrage. D'après Kingumbi (1999), les pertes au barrage el Haouareb sont
estimées entre 6 et 22 Mm3/an, avec une moyenne de 14 Mm3/an. Mais l'ajustement du remplissage de
la retenue après réévaluation des apports au barrage milite pour un volume de pertes de 26 Mm3/an.
Les pertes ainsi calculées sont en réalité la résultante des fuites proprement dites et des erreurs
d'estimation des apports et de mesures des paramètres du bilan. C'est pourquoi, elles ne peuvent que
revêtir un caractère qualitatif, tant les incertitudes sur les apports et les caractéristiques des retenues
peuvent être non négligeables. Une étude particulière des échanges entre la retenue de Sidi Saâd et la
nappe de Hajeb el Aïoun pourrait permettre de mieux préciser l'ampleur et le devenir des pertes
estimées.
Fig. 3.1 - Evolution de la cote du plan d’eau dans la retenue du barrage de Sidi Saâd......................................... 63
Fig. 3.2 - Eléments du bilan en eau de la retenue.................................................................................................. 64
Fig. 3.3 – Modèles de Pertes de la retenue du barrage de Sidi Saâd. .................................................................... 68
Fig. 3.4 –Volumes de pertes calculés de la retenue de Sidi Saâd, période 1985-86 à 1998-99............................. 69
Fig. 3.5 – Evolutions(observée et calculée) du plan d’eau et apports estimés à la retenue de Sidi Saâd. ............. 71
Fig. 3.6 – Irrigation à partir du barrage de Sidi Saâd (D/GETH, 2000). ............................................................... 73
Fig. 3.7 - Lâchers de recharge, dévasements et déversements du barrage de Sidi Saâd. ...................................... 74
Fig. 3.8 – Impact du barrage de Sidi Saâd sur le niveau piézométrique de la nappe d'Ain Beidha (D'après Baba
Sy, 1999). .................................................................................................................................................... 75
Fig. 3.9 – Volumes de pertes comparés de la retenue de Sidi Saâd. ..................................................................... 76
Fig. 3.10 – Cote du plan d'eau et validité des courbes caractéristiques du barrage el Haouareb (d'après Kingumbi,
1999)............................................................................................................................................................ 77
Fig. 3.11 – Modèles des émergences de la retenue du barrage el Haouareb. ........................................................ 79
Fig. 3.12 – Irrigation à partir du barrage el Haouareb........................................................................................... 79
Fig. 3.13 – lâchers de recharge et dévasements du barrage el Haouareb. ............................................................. 80
Fig. 3.14 – Modèles de pertes du barrage el Haouareb (d’après Kingumbi, 1999)............................................... 81
Fig. 3.15 – Apports observés à Haffouz et ceux estimés au barrage el Haouareb sur la période 1989-90 à 1997-
98................................................................................................................................................................. 83
Fig. 3.16 – Cotes observées et calculées du plan d'eau de la retenue du barrage d'el Haouareb. .......................... 84
Fig. 3.17 – Apports mensuels observés à Haffouz et ceux estimés au barrage el Haouareb sur la période 1989-90
à 1997-98..................................................................................................................................................... 85
Fig. 3.18 - Réseau d'observations piézométriques et hydrométriques de la recharge artificielle des nappes de
Kairouan. HBZ : Henchir Bouzid; AER : Argoub Erremth; PZF: Pont de Zaâfrana; EMG : Emergence;
AVB : Aval barrage; PINT : Pont intermédiaire; PGP3 : Pont GP3; HMS : Henchir Messaoudia; HJF :
Henchir Jefna; COS : Conduite du Sahel; BAH : Bir Atallah. .................................................................... 88
Tab. 3.1 - Eléments du bilan en eau du barrage de Sidi Saâd, période Janv. 1982 à Août 1999........................... 72
Tab. 3.2 – Eléments du bilan en eau du barrage el Haouareb (d’après Kingumbi, 1999). .................................... 78
Tab. 3.3 – Apports observés à Haffouz et ceux estimés au barrage el Haouareb sur la période 1989-90 à 1997-
98................................................................................................................................................................. 82
Tab. 3.4 – Bilan en eau du barrage el Haouareb, calculé d'après l'ajustement du remplissage de la retenue........ 86
Tab. 3.5 - Sites d'observations des lâchers sur l'oued Zeroud (Chaieb et al., 1995).............................................. 87
Tab. 3.6 - Sites d'observations des lâchers sur l’oued Merguellil (Bouzaiane & al., 1993). ................................. 87
L'essentiel des apports naturels à la nappe de Kairouan est assuré par l'infiltration des crues des
oueds lors de leur propagation dans le lit. La recharge artificielle par les lâchers des barrages observe
ce processus naturel de recharge, moyennant une modulation des débits permettant d'accroître
éventuellement les quantités infiltrées vers la nappe, en augmentant le temps de percolation en surface.
L'impact des barrages sur l'alimentation de la nappe peut donc être quantifié en évaluant les apports
des oueds. Cette évaluation implique une distinction entre le régime naturel d'apport et de
comportement du système hydrologique, et le régime modifié par les ouvrages. Elle nécessite
également la prise en compte de l'ensemble des écoulements de surface et souterrains qui concourent
dans le mécanisme de recharge.
Ce chapitre traite du développement des modèles de simulations des écoulements proposés.
Dans la première partie (§ 4.1), nous présenterons de la schématisation de la propagation et de
l'infiltration des crues et des lâchers à l'aide d'un modèle à réservoirs qui réalise le bilan hydrique afin
de quantifier le flux d'infiltration efficace. La zone non saturée assurant le transfert de cette infiltration
efficace à la nappe sera conceptualisée par une cascade de réservoirs linéaires en série (§ 4.2). Ensuite,
on abordera succinctement dans la section § 4.3 la prise en compte des écoulements dans la nappe par
résolution numérique de l'équation de diffusivité dans un domaine multicouche par la méthode des
différences finies. Nous verrons enfin dans quelle mesure ces modèles ont été intégrés dans un modèle
unique de simulation et d'estimation de la recharge à travers le lit des oueds (§ 4.4).
La propagation des ondes de crue en rivière est régie par les équations complètes de Saint-
Venant qui décrivent la conservation de masse et de quantité de mouvement. Dans les applications
pratiques, on adopte généralement les modèles hydrologiques de Muskingum et Muskingum-Cunge
(Cunge, 1969 ; Ponce et Yevjevich, 1978) ou des modèles hydrauliques simplifiés d'ondes
cinématique ou diffusante déduits des simplifications des équations de Saint-Venant.
L'utilisation des modèles simplifiés rencontre néanmoins des difficultés liées d'une part à la
définition des limites du domaine de leur application et d'autre part au choix de la méthode de
résolution et des pas de discrétisation spatiale et temporelle adéquats. Ponce et al. (1978), Daluz
(1983) et Lamberti et Pilati (1996) ont élaboré des critères définissant les conditions dans lesquelles
l'application des modèles simplifiés fournit une approximation acceptable des équations de Saint-
A. Le bilan hydrique
I i (t ) = Ai (t ) − E TR i (t ) − Rei (t ) − ∆S i (t ) (4.1)
Ce schéma conceptuel suppose une zone non saturée divisée en deux horizons comme indiqué
sur la Figure 4.1.a :
a) une zone d'échange ou zone d'évapotranspiration (le sol) caractérisée par une réserve en eau
très variable. Son épaisseur dépend du climat, type de sol et de couvert végétal. Elle varie
généralement entre 0,5 et 3,0 m (Boochs et al., 1983).
− si l’apport total Ai à la maille est supérieur à l’évapotranspiration potentielle, l’ETRi est égale à
l’évapotranspiration potentielle ETP et l’excédent constitue l'humidité de la zone d'échange
jusqu’à sa capacité au champ ou capacité de rétention Crmaxi au-delà de laquelle apparaît
l’écoulement total Ei. Cet écoulement total ou apport efficace englobe l'infiltration nette, le
ruissellement et le stockage dans la tranche superficielle de sol (zone d'échange).
− si par contre, Ai est inférieur à ETP, il y a un déficit Ai − ETP qui puisera dans la réserve du
sol. Cette réserve sera reconstituée dès qu’il y a un nouvel apport.
B. Le transfert
Les réservoirs de transfert ont pour rôle le transfert de l’apport efficace Ei sous forme de
quantité infiltrée Ii, variation du stockage superficiel Ssi et ruissellement à l’aval de la maille, Rei.
Cette répartition est réalisée par comparaison de l'apport efficace Ei au seuil ou capacité maximale
d’infiltration Cii, paramètre du réservoir, qui définit la quantité maximale pouvant s'infiltrer dans la
maille par unité de temps. Il caractérise la perméabilité de la maille, et le ruissellement potentiel Rpi
ne survient que lorsque l'apport Ei est supérieur à ce seuil :
⎧ I i = Ci i
⎨ Rp = si Ei ≥ Cii
⎩ i E i − Ci i
(4.2)
⎧ I i = Ei
⎨ Rp = 0 si Ei < Cii (4.3)
⎩ i
Le dernier réservoir de transfert est à tarissement exponentiel et prend en compte le transfert de
l'eau en surface ou propagation. Son fonctionnement est régi par l’équation de transfert superficiel
(Roche, 1971 ; Girard, 1982 ; Ledoux et al., 1984) et le ruissellement à l'aval est donné par l'équation :
Soit :
Les principaux termes du bilan et des mécanismes de transfert sont définis pour une maille i au
pas de temps j comme suit (Ezzeddine et Besbes, 1991 ; Nazoumou, 1996) :
Cii = K i (4.13)
Avec :
Ki : la vitesse moyenne d’infiltration dans la maille i [LT-1] ;
Tab. 4.1 - Largeur inondée du lit en fonction du débit de ruissellement (J. Ohling, 1979)
Débit (m3/s)
0 à 0,5 0,5 à 1 1à2 2à3 3 à 10 10 à 20 20 à 50 >50
Largeur (m) 10 20 30 40 50 75 100 200
Faute de connaissances précises sur la géométrie du lit de l’oued en cours de crue, une fonction
empirique donnant la largeur inondée peut être adoptée. Par ajustement des paramètres d’un modèle
global d’infiltration efficace sur 11 épisodes de crues identifiés entre Mai 1970 et Avril 1974 sur
l'oued Zeroud, Besbes (1978) avance la fonction suivante :
l = 13Q si Q ≺ 3 m3 / s
l = 3Q + 30 si 3 m 3 / s ≤ Q ≺ 10 m 3 / s (4.14)
l = Q + 50 si Q ≥ 10 m 3 / s
lmax = 500 m si Q ≥ 450 m 3 / s
Avec :
l : la largeur inondée du lit ;
Q : le débit de l’oued à l'entrée de la plaine (m3/s).
Afin de simuler l’épandage des crues dans la plaine voisine de Sidi Bouzid (branche Nord de
l'oued Zeroud, cf. Fig. 2.5) Ezzeddine et Besbes (1991) proposent une fonction empirique pouvant
s'écrire pour une maille i sous la forme suivante :
Où :
li,j est la largeur utile (inondée) du lit (m) ;
βi est une constante d'ajustement de la largeur inondée (m) ;
Qi,j : le débit d'écoulement à l'entrée de la maille i et à l'instant j (m3/s) ;
lmax i: la largeur maximale du lit de l'oued.
C. Structure du modèle
Pour simuler la propagation et l’infiltration des crues dans le lit de l’oued, nous avons adapté la
fonction "bief" du code MECRA (Djebbi et al., 1991) élaboré au Laboratoire de Modélisation en
Hydraulique et Environnement de l’ENIT. Ce code de calcul était à l’origine dédié à la simulation de
la propagation et épandage des crues en zone aride (Besbes et Bouzaiane, 1984 ; Ezzeddine et Besbes,
1991).
En plus des données relatives à l’ETP dans la zone, l’entrée du modèle est constituée par les
débits observés à une station hydrométrique située à l’entrée du domaine. L'algorithme de propagation
et de l'infiltration considère l'oued et ses éventuels affluents principaux comme une arborescence de
biefs se vidant les uns dans les autres d'amont vers l'aval (Figure 4.2). Les biefs sont constitués par
regroupement de plusieurs mailles ou biefs élémentaires. Chaque maille fonctionne comme une
fonction de production telle que décrite plus haut et est alimentée par le débit sortant de celle qui la
précède. Cette approche permet la discrétisation spatiale du lit de l’oued en mailles rivières dont la
longueur dépend des objectifs de précision recherchés et dont la largeur équivaut à la largeur inondée
du lit. Le débit peut être simulé en plusieurs points du lit, offrant ainsi une possibilité de comparaison
avec les mesures effectuées aux stations de contrôle hydrométrique. Lorsque l’ajustement du modèle
ne repose que sur la reconstitution des débits observés à la sortie du bief, ce dernier peut être considéré
comme homogène et les paramètres de transfert identiques pour toutes les mailles qui le constituent.
Fig. 4.2 - Principe de constitution des biefs sur le réseau hydrographique (adapté de Ledoux et al.
1984).
Le modèle ainsi défini pour un oued de la Tunisie centrale possède cinq paramètres pour chaque
bief, qui doivent être déterminés par calage :
− la réserve facilement utilisable RFU (mm) qui définit la capacité maximale de rétention du
réservoir sol Crmax (mm) ;
Selon les caractéristiques hydrodynamiques du milieu qui la constitue et son épaisseur au-
dessus de la nappe libre, la zone non saturée est susceptible de moduler dans le temps et dans son
amplitude l'infiltration efficace Ii déterminée par la fonction de production. La différence entre les
Les effets des processus physiques non linéaires et de grande variabilité spatiale qui régissent
l'écoulement dans la zone non saturée ne peuvent être pris en compte dans le calcul de transfert qu’à
l'échelle d'une parcelle de terrain, échelle à laquelle se réfèrent habituellement les mesures dans la
zone non saturée ( Vachaud et al., 1974 ; Morel-Seytoux et Billica, 1985).
A l'échelle régionale où il est difficile voire impossible de recueillir des informations sur la
répartition spatiale de la perméabilité, la zone non saturée peut être considérée comme une «boîte
noire» représentant un système linéaire dans lequel les mécanismes physiques ne sont pris en compte
que sous l'aspect de la liaison entre le débit d'infiltration et le débit de l'alimentation. Cette hypothèse
de la linéarité n’est qu’une approximation grossière imposée par la nécessité de moyenner les effets
des phénomènes de grande variabilité.
Une solution proposée par Besbes (1978) pour estimer la fonction de retard consiste en deux
convolutions en série : la première pour identifier la relation entre le débit d'alimentation et la variation
du niveau piézométrique calculée à l’aide d’un modèle mathématique maillé avec et sans apports à la
nappe, la seconde pour identifier la relation entre le débit d'infiltration et le débit d'alimentation, c'est à
dire la fonction retard.
A l'instar de nombre de travaux concernant la recherche de la fonction de transfert de
l'infiltration à l'échelle régionale (Besbes, 1978 ; Ledoux, 1980 ; Besbes et De Marsily, 1984 ;
Benhalima et al., 1998), nous avons conceptualisé la zone non saturée par une série de réservoirs
linéaires en cascade schématisés sur la Figure 4.3. Cette adaptation du modèle de Nash (1957, 1959)
suppose un découpage de la zone non saturée en tranches horizontales, homogènes d'égale épaisseur à
travers lesquelles s'effectue verticalement le transfert, chaque tranche étant représentée par un
réservoir (Besbes, 1978 ; Ledoux, 1980). Dans ces conditions, le nombre de réservoirs n ou paramètre
de forme est une fonction de l'épaisseur de la zone non saturée et le coefficient de tarissement du
réservoir τ ou constante du temps (uniforme le long d'une verticale) caractérise la vitesse de
percolation. Le transfert sous chaque maille rivière i est caractérisé par les paramètres ni et τi
correspondants.
Fig. 4.3 - Zone non saturée : transfert dans une série de réservoirs linéaires en cascade.
Le débit sortant du nième réservoir sous une maille i et qui constitue la recharge de la nappe
qri(t) résultant d’une infiltration brusque d’amplitude δIi appliquée au premier réservoir à un instant t'
s’exprime par la relation suivante :
δIi( t' )
n i −1
⎛ ⎞
qri( t ) = × e−(t − t') / τi × ⎜ t − t' ⎟ (4.16)
τi.Γ(ni) τ
⎝ i ⎠
Cette expression est analogue à celle de la loi de distribution gamma, forme particulière de la loi
de Pearson type 3 à deux paramètres n et τ.
Le modèle de transfert dans la zone de percolation possède ainsi deux paramètres, estimés à
partir de l’épaisseur de la zone non saturée et calage du modèle sur une série de mesures
piézométriques :
L’entrée du modèle sera l’infiltration efficace fournie par la fonction de production. En sortie
nous obtenons la série de recharge de la nappe. La zone saturée recevant cette recharge est le siège de
transferts de charges, généralement pris en compte par les modèles dits hydrogéologiques. Appliqués à
un système aquifère, ces modèles fournissent l’évolution du niveau piézométrique et les éléments du
bilan de la nappe.
Les écoulements dans la nappe, milieu poreux saturé, sont régis par l'équation aux dérivées
partielles dite de diffusivité abondamment présentée dans la littérature. Les modèles hydrogéologiques
couramment utilisés s’appuient sur l’intégration de cette équation sous ses différentes formes
appropriées aux types d’aquifères (phréatique ou captif).
( )
∂ T ∂h + ∂ ⎛ T ∂h ⎞ = S ∂h − q + q
∂x x ∂x ∂y ⎜⎝ y ∂y ⎟⎠ ∂t R L (4.17)
Avec :
qL = −Tv(hsource − h ) (4.18)
Où :
T : est la transmissivité (m2/s) ;
S : le coefficient d'emmagasinement (-) ;
h : la charge hydraulique (m) ;
hsource : la charge hydraulique de l’aquifère source de drainance (m) ;
qR : le terme source/puits (injection et/ou prélèvement), supposé indépendant de la variable d'état h.
Il intègre par conséquent le débit de recharge qr(t) de l'aquifère à travers sa surface libre, fourni
par la fonction de transfert dans la zone non saturée ;
qL : le débit de drainance à travers le semi-perméable haut et/ou bas par unité de surface de la
couche aquifère ;
Tv : la transmissivité verticale du semi-perméable (de passage, m2/s).
Pour simuler les écoulements dans l’aquifère, nous avons utilisé le code MULTIC (Besbes et
al., 1991) également mis au point au LMHE de l'Ecole Nationale d'Ingénieurs de Tunis. Il est inspiré à
l'origine des modèles développés par le Centre d'Informatique Géologique de l'Ecole des Mines de
Paris, et particulièrement les programmes SIMONE et NEWSAM (Ledoux, 1975 ; Levassor et Ledoux
1990). Le code MULTIC permet la simulation des transferts de charges en régime permanent et/ou
transitoire dans un aquifère multicouche. Il intègre l'équation (4.16) sur un domaine multicouche
quelconque découpé en mailles carrées régulières. Les dérivées spatiales sont approximées par
différences finies et l'approximation temporelle est réalisée à l'aide d'un schéma implicite pur. Le
système d'équations qui en découle est résolu numériquement par la méthode de Gauss-Seidel avec
surrelaxation par point.
Trois types de conditions aux limites sont intégrés au modèle : (a) charge hydraulique imposée
ou condition de Dirichlet, (b) flux imposé (condition de Neumann) et (c) flux dépendant de la charge
(Fourier).
La condition de potentiel imposé est réalisée en un point de la limite, si le potentiel peut être
spécifié, indépendamment de l'état du système considéré. En régime permanent, cette condition peut
fournir une estimation des flux d’échanges latéraux ou de l’alimentation aux piedmonts lorsque
aucune autre information n’est disponible.
Si la charge hydraulique de la nappe est supérieure à la cote de drain (cas 1), la nappe alimente
la rivière qui joue alors le rôle de drain, et le débit de drainance qdrain échangé entre l'aquifère et la
maille fictive, est donné par la loi de Darcy :
Où hdrain est la cote de drain (m) ; h le potentiel calculé de la maille et Cd est appelé coefficient
de drain et a la dimension d’une transmissivité (m2/s).
Si par contre la charge h de la nappe est inférieure à la cote de drain (cas 2 et 3) deux cas de
figure peuvent se présenter :
− Si la rivière contient de l’eau, le débit de fuite est limité par la perméabilité du fond du lit ;
− Si la rivière est à sec, tout se passe comme si celui-ci n’existait pas et le débit d’échange est
évidemment nul. C’est la limite imposée au drain en conditions semi-arides.
D’une manière générale, le débit échangé est égal au minimum des termes suivants :
Avec :
La condition de flux imposé est réalisée dans un élément de surface d'une limite si la valeur du
flux traversant cette surface peut être spécifié a priori. Cela suppose que le flux soit évalué
indépendamment de l'état du système aquifère considéré.
Pour intégrer les écoulements de surface au transfert de charge dans la nappe, l’infiltration
efficace Ii calculée à l’aide de la fonction de production et convoluée par la zone non saturée en flux
de recharge qr(t) est intégrée dans le terme source qR de l’équation de diffusivité (4.16).
L'intérêt des modèles couplés est d'autant plus grand que la connexion hydraulique entre la
nappe et la rivière est permanente et clairement établie. Les échanges nappe/rivière dans de telles
conditions dépendent essentiellement de l'état de la nappe. En zones arides où les rivières sont
généralement intermittentes (oueds) et sèches en dehors des périodes de crues, la connexion
hydraulique directe est rarement établie. Les échanges sont généralement à sens descendant (recharge)
et régis par les caractéristiques hydrodynamiques du lit de l’oued et de la zone non saturée sous-
jacente. Le flux de recharge ne parvient à la nappe qu'après un délai de transfert dont la durée varie de
quelques jours à quelques mois. Cette observation nous permet de concevoir un Modèle Intégré des
écoulements dans lequel nous ferons appel, en cascade, aux codes de simulation des écoulements de
surface, de transfert dans la zone non saturée et des écoulements dans la nappe sur toute la période de
calcul. Cette approche apparemment simple consiste à organiser le transfert de l’information d’un code
de calcul à l’autre au moyen des interfaces et à gérer l’importante masse des résultats qui en découlent.
Elle présente également l’avantage de permettre un ajustement préliminaire et séparé du modèle de
surface qui fournit ainsi une première approximation des paramètres de la fonction de production.
La Figure 4.5 présente le principe de fonctionnement du Modèle Intégré. Les étapes de calculs
et d’ajustement du modèle en régime transitoire peuvent être résumées comme suit :
(1) Initialiser le flux d'infiltration efficace et sa répartition spatio-temporelle sur les mailles rivières
calculée à l'aide du modèle de propagation et infiltration des crues. Les paramètres de la fonction
de production sont fixés sur la base de ceux obtenus lors du calage préliminaire séparé du modèle
de surface et constituent des grandeurs à ajuster.
(2) Calculer le transfert de l'infiltration efficace dans la zone non saturée afin de constituer le flux de
recharge (infiltration différée dans le temps). Le paramètre de forme n de chaque maille de
transfert est fixé en fonction de l'épaisseur de la zone non saturée. La constante du temps τ est
initialisée à une valeur unitaire.
(3) Intégrer le flux d’alimentation de la nappe calculé en (2) dans le terme source de l’équation de
transfert dans la nappe et simuler les écoulements dans la nappe afin de calculer l'évolution des
charges hydrauliques. Le coefficient d’emmagasinement de l'aquifère est initialisé à partir des
données disponibles et sera ajusté au fur et à mesure de la pertinence des résultats.
(4) Connaissant la distribution des charges hydrauliques dans la nappe calculées en (3), on évalue la
qualité de la reconstitution piézométrique par comparaison des niveaux calculés à ceux observés.
Si l’évolution piézométrique calculée est analogue aux mesures, le calage est alors acceptable et
l'historique de recharge calculé en (2) constituera la charge de la nappe sur la période considérée.
(5) Si par contre l'évolution piézométrique calculée est assez différente de la série observée, on ajuste
le coefficient d'emmagasinement de l'aquifère jusqu'à avoir la meilleure analogie piézométrique
possible.
(6) Si le calage de l'emmagasinement de la nappe en (5) ne conduit pas à des résultats satisfaisants,
on répète les points (2) à (5) jusqu'à avoir le meilleur ajustement des paramètres de transfert dans
la zone non saturée.
(7) Si la procédure énumérée au point (6) s'avère insuffisante, on remonte au point (1) pour réajuster
dans le sens adéquat les paramètres de la fonction de production puis, après actualisation des
conditions aux limites supérieures du modèle du modèle hydrogéologique (recharge), on réitère
les points (3) à (6) jusqu'à avoir une reconstitution acceptable du comportement du système
aquifère et ainsi de suite.
Légende Série
hydrométrique
Entrée
Sortie
Calage
BILAN ET TRANSFERT DE
SURFACE
Ai ETRi Ei
- Paramètres fonction de Rpi
production
- Evapotranspiration Crmaxi Cii
potentielle Ii Rei
Transfert Infiltration
Bilan
efficace
0,7 qr4
non saturé :
3
qr5
qr3 0,6
0,5
TRANSFERT NAPPE
Evolution
piézométrique
Obs. & cal.
Paramètres hydro-
dynamiques de l’aquifère :
T, S, qx, ...
4.5 Conclusions
Pour simuler le système hydrogéologique nappe/oued en conditions arides, nous avons élaboré
un Modèle Intégré des écoulements de surface et souterrains. La propagation et l’infiltration des crues
dans le lit des oueds sont conceptualisées à l’aide d’un modèle hydrologique distribué, basé sur le
principe de la fonction de production type sol des modèles à réservoirs. La fonction de production
permet de réaliser le bilan hydrique de la crue afin de quantifier l’infiltration efficace qui rejoint la
nappe après un transfert dans la zone non saturée. Nous avons conceptualisé la zone non saturée par
une cascade de réservoirs linéaires en série du type modèle de Nash (Besbes, 1978 ; Besbes et De
Marsily, 1984) à deux paramètres : le nombre de réservoirs n qui est fonction de l’épaisseur de la zone
non saturée et le paramètre de forme τ qui caractérise la vitesse de percolation de l’eau dans zone non
saturée.
L’infiltration convoluée en recharge par la zone non saturée est intégrée au transfert de charge
dans la nappe, régi par l’équation de diffusivité dans un domaine multicouche découpé en mailles
carrées régulières.
Après ajustement sur un historique connu du système hydrogéologique, le Modèle Intégré des
écoulements permettra de calculer d’une part l’évolution du niveau de la nappe et d’autre part, le flux
de recharge de la nappe consécutif aux crues des oueds.
Il n'est pas attendu dans cette première étape que le modèle de propagation et de l'infiltration des
crues puisse individuellement représenter la totalité du processus de recharge et fournir une estimation
conséquente des flux de recharge en régime transitoire. Tel est en revanche l'objectif recherché dans le
chapitre suivant (Chapitre 6), qui traitera de la mise en œuvre intégrée des modèles par la prise en
compte du transfert dans la zone non saturée.
Un certain nombre de résultats intéressants peuvent être obtenus à l'aide des modèles découplés
(paramètres de propagation des crues et les bilans d'infiltration et de la nappe en régime permanent).
Ils serviront de base à l'ajustement du Modèle Intégré, dans lequel le flux de recharge quantifié à l'aide
de la fonction de production doit corroborer la remontée piézométrique observée de la nappe pour être
admis comme tel.
Les régimes d'écoulements et les ordres de grandeurs des flux mis en jeu avant et après la
construction des barrages sont différents, c'est pourquoi nous en tiendrons compte tant dans la mise en
oeuvre que dans les ajustements des modèles.
Dans cette section, nous décrivons la mise en œuvre et le calage du modèle de propagation et de
l'infiltration sur les crues naturelles et les lâchers des oueds Zeroud et Merguellil. A terme, nous
Le calage séparé du modèle de propagation et d'infiltration des crues sur un tronçon d’oued
nécessite de disposer de stations hydrométriques à l’entrée et à la sortie du bief, avec un historique
commun de mesures. Seul le réseau du Zeroud remplit partiellement une telle condition dans la plaine.
En plus des critères qualitatifs (adéquation visuelle), les critères quantitatifs sont indispensables
pour juger de la pertinence des résultats de la modélisation (calage). L’erreur maximale acceptable
dépend de la précision des mesures et de l’amplitude des variations du paramètre à reconstituer
(Anderson et Woessner, 1992). Nous nous sommes appuyés sur trois les critères suivants :
− Le BIAIS relatif (BIAIS_R) ou erreur moyenne relative qui permet de déterminer si le modèle
tend à sur ou sous estimer le paramètre. Pour un débit Q, le biais est donné par l'expression :
1 t=N
N
∑t =1 (Qcal( t ) − Qobs( t ))
BIAIS _ R = 100 × (5.1)
Q
où Q est la valeur moyenne du débit Q et N le nombre de valeurs que l'on veut comparer.
La valeur optimale du BIAIS est 0. Une valeur positive (négative) indique une tendance à la
sur-(sous) estimation.
− Le critère de Nash (NS) permet de calculer la part de la variance expliquée grâce au modèle :
2
∑t =1 (Qcal(t) − Qobs(t))
t=N
NS = 1 −
∑ (Qobs(t) − Qobs))
t=N 2 (5.2)
t =1
La valeur optimale de NS est de 1 (estimation parfaite). Une valeur supérieure à 0,7 est
généralement considérée comme satisfaisante.
( )(
∑ Qobs(t) − Qobs Qcal(t) − Qcal
R = 1 × t =1
t=N
) (5.3)
N σ Qobs ⋅ σ Qcal
Avec ΦQ l'écart-type de Q.
Le calage est d'autant plus satisfaisant que le coefficient de corrélation R (ou mieux, R2) est
proche de 1.
Même lorsque nous n'y faisons pas explicitement référence, ces paramètres ont été déterminants
dans le choix des résultats finaux de chaque calage de modèle.
Les simulations ont été effectuées au pas de temps horaire, avec des valeurs de l’ETP moyennes
mensuelles de Kairouan calculées à l'aide de la formule de Riou (Bouzaiane & Lafforgue, 1986).
Les tests préliminaires de sensibilité du modèle ont permis de fixer l'ordre de grandeur des
paramètres indiqué sur le Tableau 5.1, en tenant compte des valeurs avancées dans la littérature pour la
région (Ohling, 1969 ; Besbes, 1975 ; Chaieb, 1988 ; Nazoumou, 1996).
L'oued Zeroud n'étant pas pérenne, la réserve initiale en eau du réservoir sol Si constitue la
principale condition initiale du modèle. En cas d'apport préalable (crue ou pluie) durant la période
précédant la recharge, il suffit de démarrer les simulations à partir de la date de ce dernier événement
en initialisant la réserve, par excès, à sa valeur maximale. Par suite, les simulations étant faites en
continu sur toute la période de calage ou de validation, la réserve est calculée à chaque pas de temps
par le modèle par application de l'équation du bilan, tenant compte de l'ETR. En l’absence d'apport au
bief durant une période suffisamment longue, la réserve peut être initialisée à une valeur nulle. En
effet, avec une ETP moyenne annuelle régionale de 1800 mm/an, une réserve même maximale de 200
mm est épuisée au bout d'une période sans apport de 30 jours en été (Juin à Août) et de 120 jours en
hiver (décembre à Février).
A ce stade, l'ajustement du modèle de propagation ne repose que sur les débits observés à la
station du Pont Zaâfrana et les volumes infiltrés estimés par déconvolution (Besbes, 1975) sur tout le
tronçon de l'oued. Nous conserverons donc les mêmes valeurs des paramètres sur tout le bief de l'oued
entre Henchir Bouzid et le Pont Zaâfrana.
Dans une première tentative de calage par essais et erreurs du modèle, l'utilisation de la fonction
empirique (éq. 4.15) a permis de reconstituer de façon satisfaisante les caractéristiques de la crue du 2-
5 Juillet 1969 mais sous estime en revanche les volumes infiltrés vers la nappe durant la période de
Mai 1970 à Avril 1974.
La fonction (éq. 4.14) proposée par Besbes (1978) a conduit à des valeurs très faibles de la
vitesse d'infiltration et par voie de conséquence, sous estimant également l'infiltration de la période
1970/1974.
Pour satisfaire les conditions que nous avons imposées à savoir un calage permettant une bonne
restitution des caractéristiques (l’hydrogramme et apport) de la crue du 2-5 Juillet 1969 au Pont de
Zaâfrana et validé sur les volumes infiltrés durant la période 1970/1974, nous avons été amenés à
adopter une loi de variation de la largeur inondée (en fonction du débit) combinant les deux fonctions
précédentes sous la forme suivante :
(
li , j = β i log Qi , j + 1 ) si Qi , j ≺ 50 m3 / s
li , j = Qi , j + 50 si Qi , j ≥ 50 m3 / s (5.4)
lmaxi = 500 m si Qi , j ≥ 450 m3 / s
Où βi est un coefficient d'ajustement de la largeur inondée de la maille i pour les crues faibles et
moyennes ; Qi,j : le débit d'écoulement entrant dans la maille i à l'instant j (m3/s) et Lmaxi la largeur
maximale du lit, indépendante du temps.
Les meilleurs résultats d’ajustement sur la crue du 2-5 juillet 1969 ont été obtenus pour les
valeurs des paramètres présentées dans le Tableau 5.2. La vitesse d’infiltration retenue est assez
proche de celle obtenue lors du calage d’un modèle global d’infiltration directe établie à 400 mm/j
(Besbes, 1978). Cependant, elle est nettement inférieure à la vitesse d’infiltration stabilisée des
lâchures qui atteint 1000 mm/j (Nazoumou, 1996 et 2000a) en raison des charges en sédiments des
crues qui influe négativement sur l’infiltration. En effet, l’eau de lâchers provient de la retenue du
barrage de Sidi Saâd, siège de dépôt de sédiment par décantation. Elle est par conséquent peu chargée
et s’infiltre plus facilement, tandis que dans les conditions naturelles l’infiltration des crues est
largement contrôlée par leur importante charge en matières en suspension.
La largeur maximale inondée lmax a été ajustée sur l'épisode de crues de décembre 1973 pour lequel le
débit moyen journalier maximum atteint le 13/12/1973 était de 756 m3/s. Ce paramètre permet ainsi de
valider le calage sur les crues extrêmes pour lesquelles la notion de largeur inondée est souvent
inadaptée en raison des nombreux débordements du lit de l'oued. La valeur de 400 m retenue à ce
stade est susceptible de modifications notamment lors de l'ajustement des crues de l'automne 1969.
La Figure 5.2 présente les hydrogrammes observés et calculés au Pont de Zaâfrana. Ceux-ci
présentent la même allure même si un léger écart persiste entre les pics ainsi qu'un déphase sensible au
niveau de la seconde crue. Le coefficient de Nash de la série reste acceptable à 0,93 et le BIAIS_R
faible (-0,39) ne préjuge aucune tendance perceptible.
Le bilan hydrique de la crue (Tableau 5.4, Modèle 1) indique que le volume infiltré vers la
nappe de Kairouan en amont du Pont est évalué à 0,5 Mm3 soit 28 % de l’apport total à Sidi Saâd. 20
% de cet apport à Sidi Saâd ont été perdus dans la structure d’el Bhira. Le ruissellement au-delà du
Pont est estimé ~1 Mm3 soit une erreur relative de 6 % sur le volume observé. La reprise totale par
l’ETR dans le lit est très faible (moins de 5 %).
Le Tableau 5.3 présente les volumes infiltrés calculés sur tout le tronçon de recharge de l'oued
et ceux estimés par Besbes (1975) à partir de la déconvolution des remontées piézométriques de la
nappe pour les épisodes de crues identifiés sur cette période.
Tab. 5.3 - Apport à Sidi Saâd et volume infiltré vers la nappe de la période 1970-1973.
Volume ruiss. à Sidi Saâd Apport à la nappe
Episode Qmax (Mm )
3
(Mm3)
N° journalier
3
(m /s) Source: Source:
Déconv. * Modèle
Besbes(1975) Monographie
1 mai-70 9,7 3,0 2,2 1,3 0,8
2 9-70 à 1-71 9,8 10,0 1,7 2,7 0,8
3 févr-71 57,6 16,0 14,5 4,7 4,4
4 mai-71 7,5 2,0 1,7 0,9 0,8
5 7 & 8-71 6,7 2,5 3,1 1,2 1,3
6 9 à 12-71 80,3 40,0 27,1 14,8 8,4
7 4 à 6-72 12,9 15,0 10,6 4,6 4,8
8 9 à 12-72 109,0 60,0 57,7 13,8 14,5
9 1 à 4-73 320,0 110,0 96,0 24,6 23,1
10 8 & 9-73 22,1 6,0 5,9 1,8 1,9
11 déc-73 756,0 150,0 148,3 25,8 25,8
Total 414,5 368,8 96,4 86,6
(*) - Moyenne des estimations Besbes (1975) ; Qmax : débit moyen journalier max.
La recharge calculée par notre modèle sur toute la période de 4 années entre 1970 et 1973 est de
87 Mm3 contre 96 Mm3 soit, un écart relatif de 10 %. Pris individuellement, les volumes calculés sont
systématiquement inférieurs à la moyenne des estimations de Besbes (1975) mais restent dans la
gamme des valeurs calculées au niveau des piézomètres utilisés lors de la déconvolution. Si l’apport
de ruissellement à Sidi Saâd n’a pas d’influence directe sur les volumes estimés par déconvolution, on
peut néanmoins noter deux sources de disparité évidentes entre les approches qui pourraient expliquer
l'écart entre les volumes totaux de recharge :
Les données hydrométriques couramment disponibles sont les débits moyens journaliers,
représentatifs de l’écoulement moyen et continu des crues. Le régime réel de l’écoulement est loin de
cette répartition moyenne, en particulier lors des crues faibles et moyennes. Pour de tels évènements
en effet, la durée de l’écoulement intermittent et souvent brutal peut se limiter à quelques heures et
non plus répartie de manière continue et monotone dans la journée.
L’utilisation des séries de débits moyens journaliers appliqués à l'échelle horaire comme entrée
du modèle d’écoulement de surface laisse donc présager a priori une surestimation de l’infiltration par
le fait qu’elle offre plus de temps de percolation à la crue. Pour évaluer l’influence de cette
discrétisation temporelle, nous avons testé la crue du 2-5 Juillet 1969 en simulant des débits horaires
moyens journaliers (Qmoy) et instantanés (Qinst) à Sidi Saâd présentés sur la Figure 5.3. A l’échelle
de toute la crue, les résultats montrent une augmentation de 23 % du taux d'infiltration due à
l’application des débits horaires moyens journaliers au modèle. Cet écart dépend de la forme de
l’hydrogramme de la crue (Fig. 5.4) et diminue lorsque l’apport journalier de la crue est appréciable.
L’approche des débits horaires moyens journaliers est acceptable pour les crues moyennes. Elle
surestime par contre l’infiltration dans le cas des évènements faibles.
Fig. 5.3 - Débit instantané et moyen journalier de la crue du 2-5/7/1969 à Sidi Saâd.
Entre deux stations définissant un bief de l’oued, la distribution des paramètres du modèle et en
particulier de la vitesse d’infiltration entre les mailles rivière repose sur la connaissance des
caractéristiques hydrodynamiques du lit et de la zone non saturée sous-jacente. Cependant, dans la
plupart des cas, ces informations sont rares et difficilement évaluables à une telle échelle. Lors de
l'ajustement du modèle de propagation sur la base des débits observés au Pont Zaâfrana, nous avons
conservé les mêmes valeurs des paramètres pour toutes les mailles du bief délimité par Henchir
Bouzid et le Pont Zaâfrana (cf. Fig. 3.18). En pratique, la capacité d’infiltration dans le lit des oueds
Zeroud et Merguellil est plus importante à l’amont. Elle diminue vers l’aval jusqu'à devenir
négligeable dans les zones d’épandage naturel des oueds (sebkhas), après un parcours dans la plaine de
40 km pour le Zeroud et 30 km pour le Merguellil.
Fig. 5.4 - Influence du pas de temps de discrétisation des débits d’entrée sur le
volume infiltré journalier.
K x = K o . e −λ ⋅ x (5.5)
Avec :
des paramètres sur tout le bief (350 mm/j). Les hydrogrammes calculés à l’aide des deux approches
sont comparables (Fig. 5.5) avec un coefficient de Nash NS = 0,916 pour le Modèle 2.
La Figure 5.6 compare les répartitions le long du parcours de l'oued Zeroud, des volumes
infiltrés de la crue dans la plaine à partir de Henchir Bouzid. Avec le Modèle 1, la répartition des
volumes infiltrés cumulés sur chaque km de tronçon est quasi-linéaire et aboutit à une infiltration non
négligeable même au-delà du tronçon préférentiel de recharge de la nappe (40 km). Par contre avec le
Modèle 2, on remarque que 70 % de l’infiltration s'opèrent sur les premiers 15 km à l’entrée de la
plaine (AER : Argoub Erremth, cf. Fig. 3.18) et 87 % en amont du Pont de Zaâfrana. L’infiltration
après un parcours de l'oued de 40 km dans la plaine ne représente plus que 8 % de son taux à l’entrée,
contre 61 % dans le Modèle 1.
Le Tableau 5.4 récapitule les composantes des bilans hydriques de la crue obtenus à l’aide des
deux approches. En pratique, la répartition de K par décroissance exponentielle le long de l’oued n’a
été appliquée que sur le tronçon de 40 km de parcours de l’oued à l'intérieur de la plaine. L’apport de
la crue à Henchir Bouzid est maintenu constant à 1,6 Mm3 soit une perte de 20 % dans la structure d’el
Bhira par rapport au volume total de la crue à Sidi Saâd. Les écarts relatifs entre les volumes estimés à
l’aide des deux modèles sont inférieurs à 2 %, à l’exception de l'écoulement au Pont de Zaâfrana qui a
été réduit de 12 %. Tout se passe en effet comme si l’infiltration de la crue vers la nappe était plus
favorisée à l’amont de la plaine, tout en conservant le même volume global de recharge de la nappe.
Ce schéma semble plus proche de réalité du terrain.
Fig. 5.6 - Répartition le long de l'oued Zeroud, du volume infiltré total de la crue du 2-
5/7/1969 dans la plaine de Kairouan (hors structure el Bhira).
Les deux approches de variation de la vitesse d’infiltration fournissent l'une comme l'autre un
ajustement satisfaisant de la crue naturelle sur le Zeroud. La validation par vérification des apports à la
nappe sur la période Mai 1970 à Avril 1974 confirme la pertinence de ce calage. Nous pouvons dès
lors exploiter les séries de débits moyens journaliers aux stations de Sidi Saâd et de Sidi Boujdaria
pour constituer un premier historique de l’infiltration efficace à la nappe. Nous vérifierons auparavant
sur la série du Zeroud que les deux modèles fournissent des volumes d'infiltration comparables avant
un choix définitif de l'un ou l'autre des schémas de variation de K.
recharge de la nappe par les crues. Cela facilitera en outre le calage du Modèle Intégré en fournissant
des estimations des paramètres de la fonction de production et du transfert de surface.
Afin d'évaluer l'infiltration efficace des crues naturelles sur l'oued Zeroud à l'aide du modèle de
propagation, nous avons successivement utilisé les deux schémas de variation de K (Modèles 1 & 2).
Les débits d'entrée du modèle de propagation sont constitués par les débits horaires moyens journaliers
issus des observations réalisées à Sidi Saâd entre 1949-50 et 1977-78 (Bouzaiane et Lafforgue, 1986).
Par ailleurs tous les paramètres du modèle ont été maintenus à leurs valeurs ajustées précédemment.
Les volumes infiltrés calculés et reportés sur la Figure 5.7 autour d'une droite d'équation y = x
montrent une bonne corrélation entre les deux résultats. Le coefficient de corrélation R~1 témoigne de
la bonne similitude des modèles de variation de K.
Ainsi, pour prendre en compte le schéma naturel d’infiltration de l’oued (plus importante à
l’amont), nous adopterons le Modèle 2 de décroissance exponentielle de K dans toutes les simulations
de propagation et d'infiltration des crues naturelles sur les oueds.
Ainsi, l’infiltration efficace moyenne des crues du Zeroud le long des 40 km de tronçon
favorable à la recharge des nappes de Kairouan, calculée sur la base des 27 années d’observations à la
station de Sidi Saâd entre 1949-50 et 1977-78 est évaluée à 20 Mm3/an. Ce volume représente 26 % du
module annuel des crues à Sidi Saâd évalué à 76 Mm3/an (cf. Tableau 2.2).
L’absence d’une station hydrométrique de contrôle sur l’oued Merguellil dans la plaine rend
difficile toute tentative d'ajustement séparé du modèle d’infiltration sur cet oued. La morphologie des
lits des oueds dans la plaine et la fréquence des épisodes de crues sont comparables pour les deux
oueds. En admettant que l’infiltration est surtout fonction de la surface inondée, de la durée de
l’écoulement et de la perméabilité de la zone non saturée que nous pouvons, en première
approximation, considérer comme analogues pour les deux oueds (la charge intervenant faiblement),
nous avons appliqué sur l'oued Merguellil les mêmes paramètres hydrodynamiques retenus suite au
calage de la crue naturelle sur le Zeroud. L'objectif visé est d'établir un historique d'infiltration efficace
des crues observées sur l'oued Merguellil entre 1974 et 1985. Pour ce faire, nous avons utilisé le même
schéma de décroissance exponentielle de K que sur l'oued Zeroud (K0 = 900 mm/j et λ = 0,055). Les
débits entrants du modèle de propagation sont issus des observations réalisées à Sidi Boujdaria entre
1974-75 et 1984-85 (Bouzaiane & Lafforgue, 1986).
Les résultats suggèrent que la contribution des crues naturelles de l'oued Merguellil à
l'infiltration vers les nappes (cf. Annexe A-10) s’élève à 9 Mm3/an, pour un volume total moyen
ruisselé des crues à Sidi Boujdaria estimé à 24 Mm3/an (cf. Tableau 2.4) soit 37 %.
Les simulations à l'aide du modèle de propagation de l'infiltration des crues, des chroniques de
débits moyens journaliers issus des observations des stations de Sidi Saâd et Sidi Boujdaria viennent
de nous fournir une première évaluation de l'infiltration efficace des crues en régime naturel. L’apport
total des crues des oueds Zeroud et Merguellil à la nappe de Kairouan se chiffre ainsi, en première
estimation, à 29 Mm3/an. La construction des barrages de Sidi Saâd et d'el Haouareb modifie t-elle le
régime d'écoulements des crues désormais "lâchées" à partir des barrages ? Quel est l'apport des
lâchers à la nappe depuis la mise en eau de ces barrages ? La réponse appropriée à ces questions passe
nécessairement par le calage du Modèle Intégré des écoulements de surface et souterrains sur la
période considérée. Néanmoins, un ajustement préliminaire du modèle de propagation sur les lâchers
peut fournir les premiers éléments de réponse.
A. Données et analyses
A l’instar des crues naturelles, les données nécessaires au calibrage du modèle de propagation et
d'infiltration sur les lâchers de barrages ne sont disponibles que sur le Zeroud où d’importantes
quantités d’eau ont été mobilisées pour la recharge. Nous nous sommes particulièrement intéressés aux
mesures de suivi réalisées durant la campagne de recharge du 19 Juin au 19 Juillet 1995. Au cours de
cette campagne, 61 ondes de crues couvrant 406 heures ont été émises, pour un volume total mobilisé
de 15 millions de m3. Les mesures de contrôle de débit ont été réalisées au niveau des sites de contrôle
de Henchir Bouzid (HBZ), Argoub Erremth (AER) et Pont de Zaâfrana (PZF) disposées le long du lit
de l'oued (Fig. 3.18). La Figure 5.8 présente les hydrogrammes mesurés du 19 au 28 Juin 1995 aux
trois stations. Sur deux ondes lâchées quotidiennement durant la campagne, seule l'onde diurne a été
suivie, avec toutefois des lacunes, particulièrement au niveau des stations AER et PZF. Les débits
relativement faibles correspondant à la phase de tarissement de l’hydrogramme de l'onde sont
difficilement mesurables même au micro-moulinet, ce qui a pour conséquence une mauvaise
estimation des apports d'ondes de crue, particulièrement à la station la plus en aval.
L'évolution des débits de pointe mesurés aux stations durant toute la campagne est illustrée sur
les Figures 5.8 et 5.9. Elle montre que pour un même débit moyen de lâcher au barrage, le débit de
pointe décroît progressivement durant les premiers jours de la campagne, avant d'atteindre une valeur
relativement constante autour de laquelle il va se stabiliser. Nous relions cette décroissance du débit à
une variation des propriétés d’infiltration dans le lit de l’oued et à travers la zone non saturée. Deux
hypothèses peuvent être avancées pour expliquer ce phénomène : la première est celle de l’existence
dans le lit d’une croûte formée de matériaux fins de conductivité hydraulique plus faible que celle du
profil du lit, déposée suite au dévasement de la retenue du barrage et qui sera détruite progressivement
par les premières ondes de crues. Etant donné qu’aucun écoulement n'a été observé sur le lit de l'oued
au cours des huit mois précédant la campagne considérée, cette hypothèse a été ici écartée.
La deuxième hypothèse est que la submersion quasi-instantanée du lit par les eaux des
premières ondes de crues n’a pas permis à l’air contenu dans les pores de s'échapper. Celui-ci se
trouve ainsi comprimé, avec pour conséquence une réduction de la capacité d’infiltration du lit qui se
traduit par un ruissellement plus brutal et plus important (Vachaud et al., 1973 ; Morel-Seytoux et
Billica, 1985 ; Weir et Kissling, 1992). A la faveur du temps d’arrêt de lâchers entre deux ondes
successives (diminution de charge à la surface), l’air s’échappe progressivement entraînant une
augmentation de la capacité d’infiltration de la zone non saturée jusqu’à sa valeur permanente à
saturation.
Fig. 5.8 - Hydrogrammes mesurés du 19 au 28 Juin 1995 aux stations de contrôle: (a) - Henchir
Bouzid (HBZ); (b) - Argoub Erremth (AER); (c) - Pont de Zaâfrana (PZF).
Nombre d'observations sur le terrain et d'études au laboratoire (Vachaud et al., 1973, 1974 ;
Grismer et al., 1994 ; Wang et al., 1998) ont montré que dans le cas d’une infiltration en charge
(ponded infiltration), la présence de l'air dans la zone non saturée a une influence négative sur la
conductivité hydraulique du milieu poreux, donc sur le flux d'infiltration. Lorsque l'eau s'infiltre à
travers la zone non saturée, l'air contenu dans les pores est déplacé et peut ainsi être comprimé en aval
du front d'humidité. Wang et al. (1998) observent que l'air occlus réduit la conductivité hydraulique du
milieu de 60 % et le flux moyen d'infiltration est de 3 à 10 fois inférieur par rapport aux conditions
d'un drainage libre de l'air. Lorsque la pression de l'air devient suffisamment grande ou à la faveur
d'une baisse de charge hydraulique, l'air comprimé s'échappe par la surface, entraînant une brusque
augmentation du flux d'infiltration (Vachaud et al., 1974 ; Weir et Kissling, 1992 ; Grismer et al., 1994
; Wang et al., 1998).
Bien que plusieurs tentatives de modélisation mathématique aient été menées afin de simuler les
effets complexes de l'air sur les propriétés de l'infiltration (Morel-Seytoux et Khandji, 1974 ; Morel-
Seytoux & Billica, 1985 ; Sander et al., 1988), l'application à une échelle régionale des approches
théoriques du processus est sérieusement handicapée par le manque de données et d'études de terrain.
Pour tenir compte de la variation de la vitesse moyenne d’infiltration en fonction du temps mise
en évidence par l'analyse de l'amortissement des débits de pointe et à défaut d'une relation de référence
bibliographique, une loi de variation linéaire de Ki en fonction du temps t a été adoptée sous la forme
suivante (Nazoumou, 1996 & 2000a) :
K x ,t = K x ,t =0 + ε . t si t < ts (5.6)
K x,t = Ksx si t ≥ ts
Où :
ε est la pente de la droite de variation de Kx,t (mm/j-2), la vitesse d’infiltration à l’instant t (mm/j)
sur la maille rivière située à la distance x (par rapport au centre de la maille) de l'entrée de la plaine
; t le temps (j) ; Ksx la vitesse d'infiltration stabilisée ou perméabilité à saturation du milieu poreux
sous la maille (mm/j) ; Kx,t=0 la vitesse d'infiltration initiale sur la maille (mm/j) et ts délai de
stabilisation de la vitesse Kx,t (j).
Le calage du paramètre K revient à déterminer la vitesse d'infiltration initiale Kx,t=0 (notée Kt0)
et la perméabilité à saturation Ksx ; ε et ts étant estimés par analyse de la courbe de décroissance des
débits de pointe (Fig. 5.9). Nous nous intéressons surtout aux valeurs moyennes de ces paramètres à
l’échelle d’un bief, sans rentrer dans les détails de leur distribution le long de l’oued.
Fig. 5.9 - Débits de pointe mesurés aux stations de contrôle de recharge artificielle du 19 juin au 19
juillet 1995.
Le modèle est d’abord ajusté séparément sur chaque bief de l’oued. Pour ce faire, les
hydrogrammes d’entrée sont constitués par les débits mesurés à la station amont du bief, tandis que
ceux observés à l'aval servent de valeurs de référence pour le calage. Les paramètres ainsi obtenus sont
par la suite réajustés, si nécessaire, lors de la vérification du calage sur tout le tronçon de l’oued. Pour
le Zeroud, aucun réajustement n’a été nécessaire.
L'ajustement du modèle a été réalisé sur un échantillon de 6 ondes de crues observées au niveau
des trois stations de contrôle, alors que 12 ondes ont été lâchées au barrage durant la même semaine du
19 au 24 Juin 1995. Au-delà de cette période, la qualité et l’irrégularité des mesures rendent difficile
toute tentative d’extension de la période de référence.
Les positions relatives des stations de contrôle hydrométrique de recharge (cf. Fig. 3.18) ont
permis de définir trois biefs principaux le long de l’oued (Nazoumou, 1996) : le bief 1 d’une longueur
de 15 km correspond à la plaine d’El Bhira, située entre le site du barrage de Sidi Saâd et la station de
Henchir Bouzid (HBZ). La structure d’El Bhira est indépendante du système aquifère de la plaine de
Kairouan. Elle renferme un aquifère à salinité élevée et n’est de ce fait pas concernée par la recharge.
Les volumes infiltré et évaporé dans cette zone seront donc considérés comme des pertes dans le bilan
de la recharge. Le bief 2 et le bief 3 de longueurs respectives 15 km et 10 km forment les 2/3 du
tronçon de l’oued favorable à l’alimentation des nappes et sont contrôlés à la sortie par respectivement
les stations de Argoub Erremth (AER) et Pont de Zaâfrana (PZF). Bien que la recharge soit encore
effective sur 15 km au-delà du Pont, nous présenterons dans cette partie le bilan du tronçon Henchir
Bouzid - Argoub Erremth dans lequel s’opère 80 % de l’infiltration. Le calage du modèle sur le bief 1
est indispensable puisqu’il permettra de déterminer les pertes dans la structure intermédiaire d’El
Bhira et donc la fonction de transfert entre le barrage et la plaine de Kairouan, conduisant aux volumes
effectivement parvenus à la zone de recharge de la nappe.
Les données du modèle sont constituées par les débits relevés aux stations (Chaieb et al., 1995).
En raison du nombre limité des mesures par onde de lâcher, nous avons utilisé deux nouveaux critères
d'appréciation du calage basés sur la comparaison des hydrogrammes sortants du bief (Fig. 5.10) :
− L'erreur sur le temps ou déphasage eT = ec/em qui représente le ratio du déphasage entre les
centres de gravité des hydrogrammes de sorties mesurés et calculés, par l'intervalle de temps
entre les centres de gravité des hydrogrammes d'entrée et de sortie mesurés du bief.
− L'erreur sur le volume eV, ratio de la différence entre les volumes correspondant aux
hydrogrammes de sortie mesurés et calculés, par le volume correspondant à l'hydrogramme
mesuré à la sortie du bief. Ce critère équivaut en fait au biais relatif BIAIS_R (éq. 5.1) entre les
volumes observés et calculés.
Les tests de sensibilité du modèle de propagation (Nazoumou, 1996) ont montré qu'en raison de
la faiblesse des débits lâchés (10,5 m3/s), la longueur des mailles devait être réduite de 500 m (adoptée
pour les crues naturelles) à 250 m pour la simulation des lâchers.
C. Résultats de l’ajustement
Les meilleurs résultats ont été obtenus pour les valeurs des paramètres regroupées dans le
Tableau 5.5. Ces valeurs confirment la relative hétérogénéité constatée dans la lithologie des
formations sous le lit de l'oued. En effet si la perméabilité au démarrage K0 reste la même dans la
plaine (bief 2 et bief 3), la perméabilité stabilisée Ks est plus importante sur le bief 2 (1000 mm/j) là où
les formations sont essentiellement perméables. Elle est en revanche de 800 mm/j sur le bief 3 situé
plus en aval et où les formations argileuses sont prédominantes. Peu d'informations sont disponibles
sur la lithologie du bief 1 correspondant au tronçon de la plaine d'El Bhira située en amont de celle de
Kairouan. Dans cette zone, une perméabilité K comprise entre Kx = 250 mm/j et Ksx = 400 mm/j a
permis d'aboutir à des résultats satisfaisants. La constante d'ajustement de la largeur inondée β est
retenue égale à 40 m dans toute la plaine, ce qui correspond à des largeurs inondées variant entre 42 m
en amont et 28 m à l'aval. Ce coefficient β est pratiquement le double de celui obtenu lors du calage
des crues naturelles (20 m) et indique un encaissement moyen du lit. En effet, la largeur inondée
variant faiblement dans la gamme des débits moyens, une augmentation du débit en régime naturel se
compense par une diminution de la constante β et vice-versa. La constante de tarissement α du
réservoir de transfert varie entre 0,55 j-1 pour le bief 3 où la pente du lit de l'oued est plus faible (0,26
%) et 0,7 j-1 à l'entrée de la plaine de Kairouan, là où la pente moyenne atteint 0,34 %.
Les hydrogrammes mesurés et calculés aux stations de contrôle pour les ondes du 19 et 24 Juin
1995 sont présentés sur la Figure 5.11. Les caractéristiques des hydrogrammes et les critères (eT, eV)
obtenus pour toutes les ondes de crue de la période de calage sont récapitulés sur les Tableaux 5.6, 5.7
et 5.8 D'une manière générale, les erreurs d'ajustement obtenues varient d'une onde à l'autre et selon la
position du bief par rapport à l'entrée de la plaine. Elles découlent d'un compromis entre les deux
critères de calage, avec toutefois une préférence pour eV lorsque cela s'avérait possible. En effet, les
faibles débits observés et le peu de mesures réalisées au Pont de Zaâfrana augmentent les incertitudes
sur les apports et la forme des hydrogrammes observés à cette station, d’où les difficultés d’ajustement
de certaines ondes de crues sur le bief 3.
Fig. 5.11 - Hydrogrammes mesurés et calculés des ondes du 19 et 24 Juin 1995 aux stations de
contrôle : (a) - Henchir Bouzid (HBZ) ; (b) - Argoub Erremth (AER) ; (c) - Pont de
Zaâfrana (PZF).
Tab. 5.6 - Caractéristiques des ondes de crue et valeurs des critères de calage sur le bief 1,
entre le barrage et la station HBZ.
Série observée à HBZ Série calculée à HBZ Critère d'erreur
Crue Date Qmax. Qmoy. Apport Qmax. Qmoy. Apport eT eV
(m3/s) (m3/s) (Mm3) (m3/s) (m3/s) (Mm3) (%) (%)
1 19/06/1995 8,45 3,445 0,236 8,665 3,163 0,216 15,04 8,47
2 20/06/1995 9,42 3,986 0,201 8,558 4,119 0,208 13,24 -3,48
3 21/06/1995 10,02 4,049 0,204 8,456 4,06 0,205 12,24 -0,49
4 22/06/1995 9,69 3,538 0,166 8,329 3,669 0,172 15,55 -3,61
5 23/06/1995 8,32 3,56 0,167 8,228 3,614 0,169 15,02 -1,20
6 24/06/1995 9,94 3,495 0,164 8,127 3,563 0,167 15,06 -1,83
Total - - - 1,138 - - 1,137 - -
Tab. 5.7 - Caractéristiques des ondes de crue et valeurs des critères de calage sur le bief 2,
entre les stations HBZ et AER.
Série observée à AER Série calculée à AER Critère d'erreur
Crue Date Qmax. Qmoy. Apport Qmax. Qmoy. Apport eT eV
(m3/s) (m3/s) (Mm3) (m3/s) (m3/s) (Mm3) (%) (%)
1 19/06/1995 6,10 1,45 0,105 4,65 1,44 0,104 -36,46 0,95
2 20/06/1995 5,57 1,30 0,07 4,75 1,74 0,094 -4,60 -34,3
3 21/06/1995 5,84 1,81 0,085 4,22 1,68 0,079 0,99 7,06
4 22/06/1995 4,75 1,12 0,048 2,83 1,06 0,046 -0,89 4,17
5 23/06/1995 2,73 0,67 0,027 2,43 0,96 0,038 18,31 -40,70
6 24/06/1995 3,60 0,79 0,031 1,96 0,69 0,027 16,69 12,90
Total - - - 0,366 - - 0,387 - -
Tab. 5.8 - Caractéristiques des ondes de crue et valeurs des critères de calage sur le bief 3,
entre les stations AER et PZF.
Série observée à PZF Série calculée à PZF Critère d'erreur
Crue Date
Qmax. Qmoy. Apport Qmax. Qmoy. Apport eT eV
3
(m /s) (m3/s) (Mm3) (m3/s) (m3/s) (Mm3) (%) (%)
1 19/06/1995 3,89 0,755 0,046 2,739 0,821 0,05 -52,20 -9,69
2 20/06/1995 3,37 0,822 0,035 1,9 0,738 0,032 -20,09 8,57
3 21/06/1995 2,92 0,768 0,033 2,242 0,843 0,036 -10,76 -9,09
4 22/06/1995 1,64 0,588 0,019 1,044 0,421 0,014 -3,60 26,32
5 23/06/1995 0,61 0,185 0,005 0,235 0,103 0,003 2,25 40,00
6 24/06/1995 0,37 0,106 0,003 0,321 0,13 0,004 9,98 -33,33
Total - - - 0,141 - - 0,139 - -
Avec: Qmoy : débit moyen ; Qmax : débit maximal ; eT : erreur sur le volume ; eV : erreur sur le temps.
Pour le bief 1 (Tableau 5.6), l'erreur sur eT est relativement stable, comprise entre 12 et 15 %
avec une moyenne de 14 % sur toute la période. Pour le bief 2 en revanche (Tableau 5.7), on note une
assez grande disparité de eT d'une onde à l'autre, entre -36 % pour l'événement du 19 Juin et 18 %
pour celui du 26 Juin. La moyenne sur toute la période reste néanmoins acceptable autour de -6 %. La
même tendance s'observe au niveau du bief 3 (Tableau 5.8), avec une nette amélioration pour les
dernières crues. La moyenne des erreurs sur ce bief s'établit à 12 %.
L'erreur sur le volume eV est dans l'ensemble moins importante que celle sur le temps eT. Pour
le bief 1 elle se situe entre -3 et 9, avec une moyenne de –0,36 %. Elle est par contre plus importante et
variable en aval. Quoique atteignant 40 % pour l'événement du 23 Juin elle reste comprise entre -9 et
12 % sur les biefs 2 et 3.
Lorsqu'on dispose de séries d'historiques de mesures suffisantes, le calage doit être validé en
vérifiant que le modèle simule correctement les séries de données de référence non utilisées lors du
calage. La qualité des mesures hydrométriques recueillies lors des autres campagnes de recharge ne
permet pas un choix crédible d'une autre série pouvant servir pour une validation conséquente du
calage. Même si le modèle peut être validé sur la période du 25 au 29 Juin 1995 sur le bief 1, le
manque de mesures à la station Argoub Erremth et les réserves soulevées plus haut sur les débits
observés au Pont de Zaâfrana handicapent sérieusement la validation du modèle dans la zone de
recharge de la nappe de Kairouan (Nazoumou, 1996).
On pourra cependant, et a posteriori, vérifier à l'aide d'un Modèle Intégré des écoulements de
surface et souterrains que les volumes infiltrés calculés sont bien à l'origine des remontées
piézométriques enregistrées suite aux lâchers. Pour l’heure et afin de conforter le calage, nous allons
vérifier que le modèle simule raisonnablement les conditions réelles de la recharge sur la même
période de calage, à savoir deux ondes lâchées quotidiennement du barrage dont une seule a fait l'objet
de mesures aux stations. En effet, le calage du modèle sur la période du 19 au 24 Juin 1995 à raison
d’une seule onde simulée par jour peut ne pas rendre compte des conditions réelles d’infiltration dans
le lit de l’oued et conduire en particulier à une sous-estimation des réserves en eau du sol entre deux
jours consécutifs. Celle-ci se traduirait par une sous-estimation du volume infiltré.
La Figure 5.12 illustre les hydrogrammes de sortie mesurés et calculés sur chaque bief en raison
de deux ondes de crue simulées par jour. Les hydrogrammes calculés présentent une allure conforme
aux mesures, même si quelques anomalies persistent notamment à l’exutoire du bief 3 où l'ordre de
grandeur des débits mesurés est le plus faible. L'erreur eV commise sur les volumes varie entre -3 %
sur le bief 1 à la station HBZ et 19 % sur le bief 3 à PZF.
Afin d’établir un premier bilan des lâchers effectués depuis la mise en eau du barrage de Sidi
Saâd, le modèle a été appliqué sur quatre campagnes de recharge à savoir celles de 1988, 1990, 1994,
et 1995. L’objectif étant de réaliser le bilan hydrique de la recharge pour quantifier les pertes dans la
structure d’El Bhira, l’évapotranspiration, la quantité infiltrée vers la nappe et le volume ruisselé à
l’aval de Pont de Zaâfrana. Les données disponibles sont les débits lâchés, les heures d’ouverture et de
fermeture des vannes et les volumes totaux mobilisés à partir du barrage de Sidi Saâd pour chaque
campagne. Pour chaque épisode de recharge, les simulations ont été effectuées en continu sur le toute
le période de lâchers.
Les résultats sont consignés sur les Tableaux 5.9 et 5.10. La répartition des apports au niveau
des stations de contrôle (Tableau 5.9) montre que le volume parvenu à la station Henchir Bouzid,
entrée de la plaine représente 71 à 83 % du volume lâché au barrage. L'ensemble des campagnes
montre qu’en moyenne 75 % du volume total lâché au barrage parvient jusqu’à la plaine de Kairouan,
soit des pertes de 25 % dans le bassin d'el Bhira. Seulement 24 % des lâchers du barrage soit 32 % du
volume parvenu à la plaine arrive à Argoub Erremth, après un parcours de 15 km. Le volume de
ruissellement au-delà du Pont de Zaâfrana représente 9 % du volume lâché soit 12 % de l'apport à
l'entrée de la plaine. Le bilan détaillé de la recharge (Tableau 5.10) montre que le volume infiltré vers
la nappe s'élève à près de 42 Mm3, soit 65 % des 65 Mm3 lâchés au barrage. Le reste étant réparti entre
l’évaporation dans la plaine (1 %), et le ruissellement à l’aval du Pont de Zaâfrana.
Tab. 5.9 - Volumes des lâchers au barrage et apports calculés aux stations de contrôle à l'aide du modèle.
Barrage (BGE) Henchir Bouzid (HBZ) Argoub Erremth (AER) Pont de Zaâfrana (PZF)
Campagne Débit lâché Durée VL VHBZ % Bge % HBZ VAER % Bge % HBZ VPZF % Bge % HBZ
(m3/s) (h) (hm3) (hm3) (%) (%) (hm3) (%) (%) (hm3) (%) (%)
1988 16,2 80,5 4,572 3,439 75,22 100 0,675 14,76 19,63 0,156 3,41 4,54
1990 18,3 366,4 24,136 20,09 83,23 100 9,707 40,22 48,32 4,992 20,68 24,85
1994 10,6 à 17,8 523,3 20,752 14,085 67,87 100 2,573 12,40 18,27 0,436 2,10 3,10
1995 10,3 à 10,5 406,5 15,253 10,847 71,11 100 2,323 15,23 21,42 0,492 3,23 4,54
Total - 1462 64,713 48,459 74,88 100 15,278 23,61 31,53 6,076 9,39 12,43
Avec:
VL - volume lâché au barrage; VP - volume "perdu" dans la plaine d'El Bhira; VE – volume évaporé; VI - volume infiltré dans la plaine de Kairouan ; ∆VR - variation des
réserves; VR - volume ruisselé en aval de la zone de recharge; VHBZ - volume d'apport à la station HBZ; VAER - volume d'apport à la station AER; VPZF- volume d'apport à
la station PZF; % Bge – pourcentage d'apport par rapport au volume total lâché au barrage; % HBZ– pourcentage d'apport par rapport au volume d'apport à la station
HBZ (entrée de la plaine de Kairouan).
Le premier modèle hydrogéologique de la plaine de Kairouan fut élaboré par Besbes (1975). Il
s'agissait d'un modèle bicouche représentant une nappe phréatique en relation hydraulique avec un
niveau profond a travers un semi-perméable. Chaque couche était schématisée par un maillage carré
irrégulier étendu sur toute la plaine. Le code de simulation utilisé était NEWSAM (Ledoux, 1975 ;
Levassor et Ledoux, 1990).
− le Modèle d'Ensemble calqué pour l'essentiel sur le modèle conceptuel de 1975 (Besbes, 1975)
avec des mailles carrées régulières de 4 x 4 km (Fig. 5.14), fournira un bilan global de la nappe;
− le Sous-Modèle axé sur la zone de recharge par les oueds (Fig. 5.15) avec des mailles carrées
de 1 x 1 km permettra la simulation plus "fine" du processus de remontée de la nappe lors de la
recharge par les lâchers dont les débits sont relativement faibles.
Pour représenter le système aquifère de la plaine de Kairouan nous avons adopté un modèle
bicouche, composé de deux couches horizontales superposées étendues sur toute la plaine. La couche
1 superficielle représente la nappe phréatique. Elle reçoit les flux de recharge par les oueds et les
piedmonts des reliefs de bordures. La couche 2 schématise le niveau aquifère plus profond tel que
nous l’avons décrit dans la partie hydrogéologique (cf. Chapitre 2). Ces deux couches communiquent
par l'intermédiaire d'un semi-perméable supposé également continu dans toute la plaine. Le tracé des
lits des oueds Zeroud et Merguellil sièges des transferts de surface vers la nappe est schématisé (Fig.
5.14) par deux rangées de mailles fictives (mailles rivières) de dimensions identiques aux mailles de la
couche superficielle auxquelles elles se superposent.
Cumulée sur les deux couches, la superficie du système aquifère de Kairouan équivaut à 2 x
3000 km2 de nappe à représenter dans le modèle qui doit en outre tenir compte de :
Une discrétisation avec des mailles de 1 x 1 km semble être le minimum indispensable dans ces
conditions. Le maillage carré régulier tel imposé par l'outil de simulation nécessitera alors près de
5000 mailles de calculs qui rendront le modèle peu maniable, avec un temps de calcul fort prohibitif.
Pour satisfaire l'objectif essentiel d'estimation de la recharge de la nappe tout en respectant les
contraintes pratiques ci-dessus énumérées, nous avons adopté un double maillage de la nappe. Il
consiste à concevoir un premier Modèle d'Ensemble (ME) de tout le système aquifère, avec des
mailles de 4 x 4 km (Fig. 5.13). De telles dimensions sont encore acceptables en régime d’écoulement
naturel où les volumes mis en jeu sont considérables. Le but est en fait de fournir d'une part les
paramètres d'ensemble de la nappe (transmissivité, emmagasinement, flux d'alimentation et à l'exutoire
du système) et d'autre part de calculer les potentiels à imposer aux limites artificielles d'un Sous-
Modèle (SM) avec des mailles réduites à 1 x 1 km (Fig. 5.14), axé sur la zone d'alimentation par les
oueds et dédié au calage de la recharge artificielle par les lâchers (cf. § 6.2.1). En effet, la
configuration plus fine du SM permettra éventuellement une meilleure précision des paramètres et du
comportement de la nappe suite au passage des lâchers, qui correspondraient à des crues faibles en
régime naturel. Dans le souci de minimiser l'influence des limites artificielles imposées au SM, nous
avons étendu ce dernier à un périmètre carré de 40 x 40 km autour des oueds. Le ME comporte ainsi
336 mailles carrées régulières représentant les deux niveaux aquifères tandis que le SM en compte
2324.
En régime permanent, nous avons imposé une condition de flux de 120 l/s sur le seuil de el
Haouareb. Ce débit représente le déversement moyen ou sous-écoulement des nappes amont de
Haffouz et de Ain Beidha vers les nappes de Kairouan (Besbes, 1975). Des potentiels ont été imposés
sur le reste des limites de la couche 1, ce qui permettra d'estimer le flux d'alimentation aux piedmonts
des djebels et les sorties aux exutoires naturels que sont les sebkhas. Les charges ont été estimées à
partir de la numérisation de la carte piézométrique (cf. Fig. 2.1) de l'état peu perturbé de Janvier 1969,
dressée dans le cadre du premier modèle bicouche de la nappe élaboré par Besbes (1975). Une
condition de drain à débit limite a été affichée pour schématiser le fonctionnement du Chott el
Mechertate (cf. Fig. 2.1).
Fig. 5.13 – Maillage du Modèle d'ensemble et conditions aux limites de la nappe phréatique (régime
permanent).
En profondeur, toute la limite Ouest est considérée comme latéralement étanche en raison de la
discontinuité géologique marquée par les djebels. Les échanges nappe / rivière sont représentés en
imposant aux mailles rivières le débit de recharge par les oueds, transféré à la nappe par la zone non
saturée.
En régime transitoire, les mêmes conditions aux limites (flux nul) ont été maintenues pour le
niveau aquifère inférieur. Pour la nappe phréatique, les potentiels imposés aux exutoires Nord et Est
ont été maintenus. Nous avons en revanche substitué les charges des zones d’alimentation de bordures
(Djebels) par les flux correspondants calculés en régime permanent.
La retenue du barrage el Haouareb met en charge la nappe sous-jacente d’Ain el Beidha avec
pour conséquence une variation du sous-écoulement vers l’aquifère de Kairouan en fonction du niveau
d’eau dans le lac. En simulant différentes cotes du plan de d’eau de la retenue à l’aide de modèles
hydrogéologiques de la nappe, Ibrahim (1997) puis Baba Sy (1999) ont estimé l’évolution du sous-
écoulement à travers de seuil d’el Haouareb. Les résultats qu’ils ont obtenus peuvent être approchés à
l’aide une fonction linéaire de débit (Fig. 5.15). Nous avons incorporé cette fonction au Modèle
Intégré des écoulements afin de tenir compte de l’évolution de ces échanges en régime transitoire.
L'infiltration des crues et des écoulements de base des oueds est assurément la principale source
d'apport aux nappes. Cet apport est simulé en imposant les flux moyens d'infiltration de crues calculés
à l'aide du modèle de propagation (cf. § 5.1.6) sur les mailles rivières. Ces flux sont ainsi évalués à 20
Mm3/an pour le Zeroud et 9 Mm3/an pour le Merguellil.
Nous avons en outre admis que la totalité de l'écoulement de base moyen observé de l'oued
Merguellil (5,6 Mm3/an, cf. § 2.1.2.B2) s'infiltre entièrement vers la nappe sur un tronçon de 8 km à
partir du seuil d'el Haouareb. Pour l'oued Zeroud par contre, en tenant compte des pertes dans la
structure d'el Bhira, nous avons estimé que 75 % de l'écoulement moyen de base observé à Sidi Saâd
(soit 13 Mm3/an, cf. § 2.1.2.A2) parviennent dans la plaine et s'infiltrent intégralement sur les huit (8)
premiers kilomètres de parcours de l'oued en aval de Henchir Bouzid.
Les essais de pompage réalisés dans les forages depuis la fin des années soixante montrent une
transmissivité horizontale T de la nappe profonde comprise entre 4,8 x 10-4 et 2,3 x 10-2 m2/s et un
coefficient d’emmagasinement allant de 1,5 x 10-4 à 1,0 x 10-3. Les rares estimations disponibles pour
la nappe phréatique montrent une transmissivité se situant entre 2,4 x 10-4 et 1,0 x 10-2 m2/s (Besbes,
1971b ; Besbes, 1975). Ces essais couvrent essentiellement la zone amont des oueds et dans une
moindre mesure la partie Nord de la nappe. De plus, la structure lenticulaire de l’aquifère et les
profondeurs de captages souvent partielles rendent difficile l’interprétation des essais en particulier
ceux de longue durée. Aussi, pour les besoins de calage nous avons démarré les calculs avec les
valeurs des paramètres souterrains obtenues après ajustement du premier modèle mathématique de la
nappe (Besbes, 1975). Ces valeurs ont été réajustées lors du calage, tout en restant dans les ordres de
grandeurs définis par les résultats des essais de pompage.
Les caractéristiques des points d’eau (coordonnées géographiques, niveau capté par les forages
…etc.) et les volumes de prélèvements par les puits et forages ont été obtenus à partir des inventaires
et enquêtes de la DGRE (DGRE, 1973 à 98 ; DGRE, 1980; 85; 90; 95 ; DGRE, 1986 ; DGRE, 1997).
La variabilité des apports et les fluctuations du niveau piézométrique de la nappe dans la zone
du lit des oueds rendent malaisée la définition d’un état permanent pour le système. En outre, le choix
d’un tel état est limité par la survenue des crues exceptionnelles de Septembre et Octobre 1969. Les
enquêtes réalisées dans les années 1970 ont permis d’établir une relative permanence des prélèvements
dans la nappe.
Nous avons retenu l'état peu perturbé de Janvier 1969 comme référence pour le calage en
régime permanent. A cet effet, nous disposons de la carte piézométrique de la nappe phréatique et des
mesures ponctuelles du niveau de l'aquifère profond.
Tout au long du calage, nous nous sommes efforcés de modifier le moins possible la distribution
de la transmissivité horizontale de 1975, sauf dans la partie NW de la nappe phréatique où le besoin du
calage en régime transitoire le rendait inévitable. Dans l’ensemble, les grands traits de la distribution
ont été maintenus (Fig. 5.16) et particulièrement en ce qui concerne la transmissivité verticale du
semi-perméable (Fig. 5.17). Les plus fortes valeurs sont maintenues au niveau des cours amonts des
oueds pour rendre compte des excellentes communications entre les deux nappes. Celle-ci diminue
vers l’aval où des valeurs 100 fois plus faibles ont été affichées pour reproduire les fortes pertes de
charges observées au Nord de Kairouan.
La Figure 5.18 présente la carte piézométrique de la nappe phréatique relevée en Janvier 1969 et
celle calculée à l'état permanent du ME. La dispersion des charges observées (aux piézomètres et
estimées aux centres des mailles par krigeage des isovaleurs de la carte piézométrique de janvier 1969,
cf. Fig. 2.1) et calculées correspondantes est présentée sur la Figure 5.20. La plupart des points de
cette Figure sont à l'intérieur de l'intervalle de confiance à 95 % de la régression linéaire entre les
charges observées et calculées. Le bilan hydrogéologique global du tout le système aquifère est
présenté sur le Tableau 5.11 et s'établit à 2072 l/s (65 Mm3/an) en entrée et en sortie. Ce bilan diffère
sensiblement de celui de 1975 estimé à 1550 l/s (Besbes, 1975) en raison essentiellement des apports
de l’oued Zeroud passés de 670 à 1042 l/s. En effet, le modèle bénéficie d’une série plus longue de
mesures sur l’oued tandis que son prédécesseur ne prenait en compte que les volumes injectés dans les
2/3 amonts de l’oued, c’est à dire jusqu’au Pont de Zaâfrana. Si l’infiltration dans le tronçon aval (~15
km) ne se manifeste pas de manière très perceptible sur la piézométrie, le volume infiltré dans cette
zone intervient néanmoins dans le bilan de la nappe.
L'alimentation moyenne de la nappe est assurée à 75 % (1,56 m3/s) par les apports des oueds
Zeroud et Merguellil. Près de la moitié des ces apports (45 %) rejoint l'aquifère 2, essentiellement dans
la zone amont des oueds.
5.3 Conclusions
Le calage du modèle de propagation et de l'infiltration des crues en régime naturel sur l’oued
Zeroud et sa validation par confrontation avec les estimations de la déconvolution des remontées
piézométriques de la nappe entre Mai 1970 et Juillet 1974, nous ont permis de déterminer les
paramètres du modèle, paramètres qui restent néanmoins à ajuster dans le cadre du Modèle Intégré des
écoulements. La simulation de l’historique des débits observés aux stations hydrométriques de Sidi
Saâd et Sidi Boujdaria nous a fourni une première estimation des apports à la nappe de Kairouan en
régime naturel. L’infiltration efficace moyenne des crues du Zeroud sur vingt-sept années
d’observations entre 1949 et 1977 est estimée à 20 Mm3/an, soit 26 % du module annuel des crues. La
recharge par les crues du Merguellil s’élève quant à elle, à 9 Mm3/an, soit 37 % du volume des crues.
En régime modifié par les barrages, le modèle de propagation et de l'infiltration nous a permis
de dresser un premier bilan de la recharge effectuée depuis la mise en eau du barrage de Sidi Saâd.
L'écoulement parvenu à l'entrée de la plaine de Kairouan représente 75 % du volume lâché au barrage,
soit des pertes de 25 % dans la plaine d'El Bhira. Le ruissellement au-delà du Pont de Zaâfrana
représente en moyenne 9 % du volume total et l'infiltration efficace vers la nappe s'élève à 65 %.
Le modèle hydrogéologique de la nappe de Kairouan, ajusté sur l'état de Janvier 1969, montre
que le bilan global du système aquifère s'établit à 65 Mm3/an (2072 l/s) en entrées et en sorties.
L'alimentation de la nappe est assurée à 75 % par les apports des oueds Zeroud et Merguellil. Près de
la moitié des ces apports (45 %) rejoint la nappe profonde, essentiellement dans la zone amont des
oueds.
(a) (b)
Fig. 5.16 - Transmissivité de la nappe après ajustement : (a) Nappe phréatique ; (b) Nappe profonde.
Fig. 5.18 - Carte piézométrique calculée et observée(ME) de la nappe phréatique (Janvier 1969).
Fig. 5.19 - Carte piézométrique calculée et observée de la nappe phréatique (Janvier 1969).
Fig. 5.1 - Hydrogrammes observés de la crue naturelle du 2-5 Juin 1969 à Sidi Saâd et Pont Zaâfrana. ........... 109
Fig. 5.2 - Hydrogrammes mesurés et calculés de la crue naturelle du 2-5 Juin 1969 au Pont de Zaâfrana (PZF).
................................................................................................................................................................... 111
Fig. 5.3 - Débit instantané et moyen journalier de la crue du 2-5/7/1969 à Sidi Saâd. ....................................... 113
Fig. 5.4 - Influence du pas de temps de discrétisation des débits d’entrée sur le volume infiltré journalier. ...... 114
Fig. 5.5 - Hydrogramme de la crue du 2-5/7/1969 au Pont de Zaâfrana en fonction de la distribution de la vitesse
d’infiltration le long du lit. ........................................................................................................................ 115
Fig. 5.6 - Répartition le long de l'oued Zeroud, du volume infiltré total de la crue du 2-5/7/1969 dans la plaine de
Kairouan (hors structure el Bhira). ............................................................................................................ 116
Fig. 5.7 - Volumes infiltrés vers la nappe par épisode de crue de l'oued Zeroud : comparaison des résultats des
deux schémas de variation de K. ............................................................................................................... 117
Fig. 5.8 - Hydrogrammes mesurés du 19 au 28 Juin 1995 aux stations de contrôle: (a) - Henchir Bouzid (HBZ);
(b) - Argoub Erremth (AER); (c) - Pont de Zaâfrana (PZF)...................................................................... 120
Fig. 5.9 - Débits de pointe mesurés aux stations de contrôle de recharge artificielle du 19 juin au 19 juillet 1995.
................................................................................................................................................................... 122
Fig. 5.10 - Comparaison des hydrogrammes de sortie calculé et mesuré............................................................ 123
Fig. 5.11 - Hydrogrammes mesurés et calculés des ondes du 19 et 24 Juin 1995 aux stations de contrôle : (a) -
Henchir Bouzid (HBZ) ; (b) - Argoub Erremth (AER) ; (c) - Pont de Zaâfrana (PZF)............................. 125
Fig. 5.12 - Vérification sur 2 ondes/jour : hydrogrammes mesurés et calculés du 19 au 24 Juin 1995 à : (a) -
Henchir Bouzid (HBZ) ; (b) - Argoub Erremth (AER) ; (c) - Pont de Zaâfrana (PZF)............................. 128
Fig. 5.13 – Maillage du Modèle d'ensemble et conditions aux limites de la nappe phréatique (régime permanent).
................................................................................................................................................................... 133
Fig. 5.14 – Maillage du Sous-Modèle de la nappe de Kairouan. ........................................................................ 134
Fig. 5.15 – Evolution du sous-écoulement du Merguellil en fonction de la cote de la retenue........................... 135
Fig. 5.16 - Transmissivité de la nappe après ajustement : (a) Nappe phréatique ; (b) Nappe profonde.............. 139
Fig. 5.17 - Transmissivité (spécifique) de passage après ajustement. ................................................................. 139
Fig. 5.18 - Carte piézométrique calculée et observée(ME) de la nappe phréatique (Janvier 1969). ................... 140
Fig. 5.19 - Carte piézométrique calculée et observée de la nappe phréatique (Janvier 1969)............................. 141
Fig. 5.20 - Dispersion des points de charge observée et calculée (Janvier 1969) de la nappe phréatique........... 142
Tab. 5.1 - Marges de variation des paramètres du modèle de propagation des crues.......................................... 109
Tab. 5.2 - Valeurs ajustées des paramètres du modèle de propagation et d'infiltration des crues naturelles sur le
Zeroud. ...................................................................................................................................................... 111
Tab. 5.3 - Apport à Sidi Saâd et volume infiltré vers la nappe de la période 1970-1973.................................... 112
Tab. 5.4 - Caractéristiques du bilan hydrique de la crue du 2-5/7/1969 sur le Zeroud. ...................................... 116
Tab. 5.5 - Valeurs ajustées des paramètres du modèle de propagation infiltration des lâchers sur le Zeroud. ... 124
Tab. 5.6 - Caractéristiques des ondes de crue et valeurs des critères de calage sur le bief 1, entre le barrage et la
station HBZ. .............................................................................................................................................. 126
Tab. 5.7 - Caractéristiques des ondes de crue et valeurs des critères de calage sur le bief 2, entre les stations HBZ
et AER. ...................................................................................................................................................... 126
Tab. 5.8 - Caractéristiques des ondes de crue et valeurs des critères de calage sur le bief 3, entre les stations AER
et PZF. ....................................................................................................................................................... 126
Tab. 5.9 - Volumes des lâchers au barrage et apports calculés aux stations de contrôle à l'aide du modèle....... 130
Tab. 5.10 - Bilan de la recharge calculé à l'aide du modèle. ............................................................................... 130
Tab. 5.11 - Bilan global du système aquifère en régime permanent ................................................................... 137
Nous avons adopté des périodes (phases) mensuelles pour les entrées et les sorties des transferts
souterrains (zones non saturée et saturée) parce qu’elles reflètent mieux les fluctuations saisonnières
d’apports des oueds et la fréquence des observations piézométriques. L'infiltration cumulée mensuelle
calculée par le modèle de propagation est ainsi injectée dans les transferts souterrains sous forme de
débit fictif continu mensuel correspondant. Suivant le même principe, les périodes mensuelles ont été
subdivisées en "décadaires" de 8 à 11 jours lors de la simulation de la recharge artificielle par les
lâchers à raison de 3 décades / mois. Cette configuration permet de mieux intégrer les observations
piézométriques hebdomadaires réalisées suites aux lâchers (Chaieb et al., 1995) et que nous avons
complétées par un dépouillement des piézomètres équipés de limnigraphes (liste cf. § 2.2.6.B).
Le pas de temps de calculs du code MULTIC durant la phase est initialement de un jour, suivi d’une
progression géométrique de raison racine carrée de 2. Le dernier pas est tronqué sur la durée de la
phase.
En raison de leur caractère exceptionnel tant du point de vue des apports des oueds que de la
remontée de la nappe après leur passage, nous avons choisi les crues de Septembre-Octobre 1969 pour
l'ajustement du Modèle Intégré des écoulements. Il s’agit de 4 crues importantes qui ont intéressé à la
fois les bassins du Zeroud et du Merguellil. Ces crues sont survenues, pour ce qui est du Zeroud, les
26-27 Septembre, les 6-7 Octobre, les 22-23 Octobre et les 27-28-29 Octobre. Le débit instantané
maximum observé le 27 Septembre à Sidi Saâd était estimé à 17000 m3/s, correspondant à un débit
moyen journalier de 9080 m3/s (Bouzaiane et Lafforgue, 1986). Les apports totaux respectifs des
oueds aux stations de Sidi Saâd et Haffouz suite à ces crues ont été estimés à 2600 et 173 Mm3
(Bouzaiane et Lafforgue, 1986) la remontée piézométrique maximale de nappe phréatique relevée
dans la zone amont du Zeroud était de 20 m.
Une fois la période de simulation définie, le calage du Modèle Intégré est conduit en 2 étapes
principales, visant à séparer au maximum les écoulements de surface et les transferts souterrains
comme dans la plupart des modèles couplés d’écoulements (Ledoux, 1984 ; Tajjar, 1993). En pratique,
les meilleurs résultats du modèle font suite à plusieurs allers et retours entre les codes à travers les jeux
de paramètres. Notre méthodologie consiste à démarrer les calculs à partir de la chronique
d'infiltration efficace calculée par le modèle de propagation (cf. § 5.1.6) avec les paramètres retenus
suite au calage des crues naturelles (cf. § 5.1.3). La carte de l’épaisseur de la zone non saturée référée
à l’état de Janvier 1969 (Fig. 6.1) nous a permis d’estimer le paramètre de forme n ou nombre de
réservoirs de transfert sous chaque maille rivière par découpage de la zone non saturée en tranches
homogènes de 10 m d’épaisseur (Besbes, 1975 ; Ledoux 1984). La constante de temps τ est d’abord
initialisée à 1,0 pour toutes mailles, puis réévaluée par essais et erreurs jusqu’à obtention d’un
déphasage satisfaisant entre les hydrogrammes de remontées piézométriques observées et calculées.
C. Les résultats
Pour aboutir à une restitution acceptable de la remontée piézométrique observée dans la zone
d'influence de l'oued Zeroud (cf. Fig. 6.4 & 6.5, situation des piézomètres cf. Fig. 6.3), seule la largeur
maximale inondée du lit lmax a été réajustée parmi les paramètres du modèle de propagation estimés
lors du calage préliminaire (cf. § 5.1.3). Le calage du Modèle Intégré des écoulements s’est réduit
d'une part à l'ajustement des paramètres n et ϑ de transfert dans la zone non saturée sous les mailles
rivières et d'autre part de la largeur maximale inondée lmax pour laquelle nous avons finalement retenu
une valeur de 800 mètres pour l'oued Zeroud.
Au niveau de l'oued Merguellil en revanche, nous étions amenés à affecter une vitesse
d'infiltration maximale K0 de 1200 mm/j, tout en gardant une largeur maximale inondée identique à
celle du Zeroud.
La répartition des coefficients d'emmagasinement retenus au terme du calage du Modèle Intégré
est présentée sur la Figure 6.2. La seule modification apportée par rapport au modèle de 1975 (Besbes,
1975) concerne la zone du Merguellil, notamment dans la couche profonde où nous avons été amenés
à multiplier par dix la valeur de l'emmagasinement afin de restituer les remontées piézométriques
observées.
Afin de comparer les niveaux piézométriques observés et calculés, nous avons introduit trois
critères supplémentaires à savoir :
− ems : l'écart moyen sur toute la série, exprimé par : ems = (hcal – hobs) , (m) ;
− emm : l'écart moyen calculé sur la phase de montée du niveau piézométrique (m) ;
− emd : l'écart moyen calculé sur la phase de décrue du niveau piézométrique (m) ;
− ea : l'écart relatif (Biais) sur l'amplitude de la remontée, estimé par : ea = (Acal - Aobs) / Aobs , (%)
;
Avec :
hcal la charge piézométrique calculée, hobs est la charge piézométrique observée, Aobs l'amplitude de
la remontée observée et Acal l'amplitude de la remontée calculée.
Les Figures 6.4 et 6.5 montrent les évolutions piézométriques observées et calculées1 entre l'état
initial de Janvier 1969 et Avril 1971, au niveau de certains piézomètres du réseau principal de
1
Dans toutes les représentations de l'évolution piézométrique de la nappe, nous avons corrigé, à l'origine, les courbes
calculées en déduisant l'écart de calage en régime permanent.
surveillance de la nappe représenté sur la Figure 6.3. Les critères d'ajustement correspondants sont
présentés dans le Tableau 6.1. La restitution du retard rm et de l'amplitude de la remontée de la nappe
phréatique (Fig. 6.4) est satisfaisante. La légère surestimation de l'amplitude de remontée observée au
piézomètre Z7 s’explique par sa position à la limite de la maille du ME. L'analyse des écarts
piézométriques moyens (emm et emd) montre que la restitution du tarissement de la nappe semble plus
contrastée que celle de la montée. Nous notons en effet une tendance presque systématique des
niveaux calculés à dépasser les mesures notamment à partir de 1971.
La même remarque se dégage sur les piézomètres de la nappe profonde (Fig. 6.5), à savoir la
bonne reconstitution de la période de remontée de la nappe et une légère dégradation de la qualité de
l'ajustement lors de la phase de tarissement. Cette dégradation semble néanmoins peu apparente dans
la zone Abida (situation, cf. Fig. 2.24 & 6.3), connue pour sa forte densité de puits de prélèvements
dans la nappe phréatique et profonde par approfondissement. L’amplitude de la remontée du
piézomètre N est difficile à reproduire du fait entre autre de sa position d’encrage au pied du Draa
Affane. Les tentatives d’amélioration du calage basées sur l’ajustement du coefficient
d’emmagasinement se sont avérées peu prometteuses.
Puits ems (m) emm (m) emd (m) ea (%) rm (mois) R (-)
M21 0,8 0,2 1,1 4,3 0 0,98
M5 -0,2 -0,2 -0,3 -10,4 0 0,97
M2 0,7 0,4 0,8 19,9 0 0,93
Z3 0,3 0,1 0,3 1,4 0 0,99
Z7 1,7 0,7 2,1 11,1 -1 0,99
Z14 1,4 0,3 1,7 -22,6 -1 0,75
A 0,3 0,1 0,5 27,6 0 0,96
E 0,3 0,1 0,4 19,8 - 0,79
P1 0,2 - - 34,7 - 0,74
N -0,1 -0,3 0,0 -15,3 0 0,97
M 0,7 - 0,9 16,3 0 0,99
J 0,4 0,0 0,6 35,1 0 0,87
ems : l'écart moyen sur toute la série ; emm : l'écart moyen calculé sur la phase de montée
du niveau piézométrique ; emd : l'écart moyen calculé sur la phase de décrue (m) ; ea :
l'écart relatif (Biais) sur l'amplitude de la remontée ; rm : le retard de remontée et R : le
coefficient de corrélation.
Intégré) et corroborée par les écoulements souterrains2 dans la dynamique du Modèle Intégré est
évaluée à 132 Mm3 pour le Zeroud et 60 Mm3 pour le Merguellil. Ces valeurs sont proches de celles
estimées par le krigeage des remontées piézométriques d'une part et par l'approche de déconvolution
d'autre part (Besbes, 1975). La seule différence notoire concerne l'apport du Zeroud, où l'écart relatif
atteint 10 % par rapport aux 120 Mm3 calculés par la méthode de déconvolution des remontées
piézométriques.
Fig. 6.3 – Secteurs Abida & Kairouan N-W et réseau de surveillance piézométrique de la nappe de
Kairouan.
2
Restitution du retard et de l'amplitude des remontées de niveaux dans la nappe.
Si l'exploitation des forages profonds de la nappe de Kairouan est connue avec une précision
acceptable, les prélèvements des puits de surface et leur variation spatio-temporelle restent encore très
incertains. Le débit de prélèvement que nous avons affiché sur chaque maille du modèle de la nappe
phréatique (hypothèse initiale, Test n° 0) a été calculé comme le produit du nombre de puits situés
dans la maille, par un débit fictif continu de prélèvement annuel par puits exploité. Ce débit unitaire
est lui-même quotient du volume global annuel de prélèvements estimé par les services de la D.G.R.E.
(DGRE, 1980; 85; 90; 95) par le nombre total de puits inventoriés lors des enquêtes de 1971 à 1985.
Cette répartition peut être représentative d'un état global moyen de la nappe puisque les enquêtes
étaient étalées sur plusieurs années. Pris individuellement cependant, les secteurs d’exploitation sont
les sièges de variations conséquentes de nombres de puits et des prélèvements, au gré des irrégularités
pluviométriques inter-annuelles parfois très marquées, mais surtout du fait de l'évolution des pratiques
de captage et des usages (cf. § 2.2.6.A).
Le constat d'un développement des puits révélé dès 1980 (Bahi et al., 1981) a été confirmé par
les inventaires de 1984 et 1989, qui chiffraient le nombre de puits dans la plaine à respectivement
2833 et 3776 puits (DGRE, 1980; 85; 90; 95). Malgré l'instauration de périmètres de sauvegarde à
partir de 1991, la prolifération des captages perdure comme en témoignent les chiffres et les
observations de terrain.
A partir des enquêtes réalisées en été 1998 dans la zone d'étude du projet MERGUSIE3,
Feuillette (2001) estime que l'effectif officiel des puits est sous-estimé de 30 % et que des secteurs
comme Abida sont pratiquement saturés du fait de l'irrigation qui totalise près de 80 % des besoins en
eau de la zone. Les prélèvements moyens par puits, calculés à partir des cultures irriguées déclarées et
de l'estimation de leur demande en eau, sont de 1,14 l/s en débit fictif continu (f.c), soit 36 000 m3/an
et varie entre 0,2 et 2,8 l/s f.c. Ces données concordent avec les débits obtenus lors des enquêtes
approfondies reposant sur les mesures de débits de pompage et la description des calendriers
d'irrigation des exploitants. L'extrapolation statistique de ces résultats a montré que les prélèvements
dans la zone Abida durant l'année 1998 s'élèvent à 15,8 Mm3 soit 57 % du volume total des
prélèvements estimés en 1995 (DGRE, 1980; 85; 90; 95) dans toute la nappe de Kairouan.
Une sous-estimation des débits de prélèvements affichés sur le modèle pourrait expliquer la
tendance à la surestimation des niveaux piézométriques que nous avons constatée lors des premières
simulations en régime transitoire entre janvier 1969 et 1989 (Fig. 6.6), notamment dans la zone de
Abida et Kairouan N-W indiquée sur la Figure 6.3. Ces zones connaissent en effet un accroissement de
leurs prélèvements à partir des années 80.
Pour juger de l’influence des prélèvements par puits sur les résultats de modèle, nous avons
réalisé des tests de sensibilité basés sur une réévaluation (Test n° 1), puis sur une "redistribution" (Test
n° 2) spatiale des flux d’exhaures de la nappe phréatique. Les différentes hypothèses formulées sont
résumées sur le Tableau 6.2, tandis que le Tableau 6.3 présente les écarts moyens entre les niveaux
piézométriques observés et calculés pour chaque test de sensibilité. Dans le Test n° 1, nous faisons
évoluer les prélèvements de la zone Abida et Kairouan N-W, tout en maintenant ceux du reste de la
nappe conformes à la répartition initiale (Test n° 0). Les résultats obtenus (Fig. 6.6 et Tableau 6.3) ont
3
Zone d'influence de l'oued Merguellil, en aval du barrage d'el Haouareb.
montré qu’une majoration de 45 % des prélèvements totaux de la nappe phréatique serait nécessaire
pour obtenir un écart de calage moyen satisfaisant sur les piézomètres dans la zone Abida et Kairouan
N-W ( 8668, M2, M5, P1, E). Ce qui porterait alors les prélèvements de 27,5 à 40 Mm3/an pour
l’ensemble de la nappe phréatique en 1995.
Dans le Test n° 2, nous maintenons les prélèvements de la nappe conformes aux estimations de
la D.G.R.E. (DGRE, 1980; 85; 90; 95) et procédons à une redistribution spatiale des puits : on retire
des puits au reste de la plaine pour les réaffecter à la zone Abida. Les résultats montrent qu’il faut
multiplier par huit le nombre de puits initial dans la zone (Tableau 6.2) pour aboutir à des résultats
appréciables. Cette deuxième approche nous semble plus raisonnable, étant donné la difficulté de
corroborer (faute de données) l’importante réévaluation du volume des prélèvements de la nappe
phréatique suggérée par les résultats du premier Test n° 1.
Ces résultats révèlent surtout que la répartition des prélèvements de la nappe phréatique basée
sur le répertoire des puits de surface résultant de l'inventaire de 1985 (DGRE, 1986) n'est pas exempte
d'erreurs. C’est pourquoi nous allons tenir compte de la deuxième répartition des prélèvements de la
nappe phréatique (Test n°2) dans toutes les simulations qui suivent.
Fig. 6.6 – Influence des prélèvements de la zone Abida sur l’évolution piézométrique de la nappe.
L’évolution du niveau de la nappe phréatique est présentée sur la Figure 6.7. Dans le bassin du
Merguellil (piézomètres M5 et M21) on constate une sous-estimation du niveau de la nappe à partir de
1971, imputable à la mauvaise restitution des apports des années 1971-74. En effet, les fluctuations
observées notamment sur le M21 ont été impossibles à reproduire à cause des faibles débits de
ruissellement avancés pour le Merguellil (Bouzaiane et Lafforgue, 1986) qui semble apporter bien
davantage d'après les remontées observées. La limnimétrie douteuse de la station de Haffouz avant
1974 peut avoir contribué à la sous-estimation des apports à Sidi Boujdaria où nous avons affiché
entre autre 34 Mm3 pour l’année 1972-73 (Bouzaiane et Lafforgue, 1986) alors que des estimations
antérieures (Besbes 1975) avançaient le chiffre de 54 Mm3.
Même si l'augmentation des prélèvements de la zone Abida suite aux tests de sensibilité (cf. §
6.1.2) pouvait avoir contribué à cet état de fait, son influence dans la zone aurait été négligeable eu
égard aux apports vraisemblablement importants de 1972-73, comme en témoigne la remontée de plus
de 5 m observée au piézomètre M21 entre Septembre 1972 et Mai 1973.
La reconstitution s’améliore en s’éloignant des zones d’influence du Merguellil, pour atteindre
des tendances appréciables dans le Zeroud (piézomètres Z3 et Z7).
Les piézomètres de la nappe profonde (Fig. 6.8) présentent également une bonne reconstitution.
Au N-W de Kairouan, le piézomètre E marque une rupture à partir de 1980 en surestimant le niveau ce
qui montre que l’ajustement des prélèvements est encore susceptible d’amélioration. Les piézomètres
M et Z3 semblent confirmer cette hypothèse en présentant une tendance analogue à partir de la mise
en eau du barrage de Sidi Saâd. En effet, exceptés quelques dévasements inférieurs à 1 Mm3/an, les
écoulements sur l'oued Zeroud sont négligeables entre 1982-83 et 1987-88. Une surévaluation des
niveaux de la nappe relève d'une méconnaissance des pompages qui toucherait bien au-delà du seul
secteur d'Abida.
D. Bilan de l’infiltration
Le Tableau 6.4 rassemble les volumes moyens, médians et les écarts-types d'écoulement et de la
recharge de la nappe de Kairouan par les oueds en régime naturel entre Janvier 1969 et Août 1989 (cf.
Annexe A-10, hors année exceptionnelle 1969-70). Le module total moyen d’apports de crues dans la
plaine est de 125 Mm3 dont 80 % proviennent de l'oued Zeroud. L’écart-type dénote la grande
variabilité des apports par rapport à la moyenne. Cette variabilité est plus prononcée pour le Zeroud
avec un écart-type de 50 Mm3. Elle intéresse essentiellement les apports de crues car les volumes de
base sont relativement stables, avec un écart-type moyen de 7 Mm3.
Tab. 6.4 – Ecoulements et recharge de la nappe de Kairouan par les crues des oueds
en régime naturel (Mm3/an), période 1969-1989 hormis 1969-70.
Volume (Mm3/an)
Rappelons que l'historique d'écoulements "naturels" des oueds, utilisé dans la simulation du
système entre Janvier 1969 et Août 1989 (Décembre 1982 pour le Zeroud) est composé d'observations
aux stations de Sidi Saâd et Sidi Boujdaria, complétées sur les années manquantes ou lacunaires à
l'aide des fonctions de régressions hydrométriques (cf. § 2.1.2). Néanmoins, à l'exception des
écoulements de base, les statistiques d'apports des oueds sur cette période sont proches de ceux des
séries observées (cf. § 2.1.2). Les régressions hydrométriques tendent à surévaluer les débits de base
en réduisant le ruissellement direct. Ainsi, l'apport moyen des crues du Zeroud à la station de Sidi
Saâd est passé de 76 Mm3/an sur la série observée entre 1949 et 1978, à 70 Mm3/an sur l'historique
allant de Janvier 1969 à Décembre 1981. Celui du Merguellil jusqu'en 1989 est réduit à 21 Mm3/an,
contre 24 Mm3/an estimés sur huit années d'observations à Sidi Boujdaria entre 1974 et 1985.
Hormis l'année exceptionnelle 1969-70, la recharge moyenne totale de la nappe par les crues des
oueds, calculée à l'aide du Modèle Intégré des écoulements et correspondante à l'évolution
piézométrique ci-dessus (Fig. 6.7 et 6.8) est de 26 Mm3/an. La contribution de l'oued Zeroud en
régime naturel entre Janvier 1969 et Décembre 1981 est évaluée 18 Mm3/an et celle du Merguellil
jusqu'en Août 1989 s'élève à 8 Mm3/an. Ces valeurs sont inférieures respectivement de 9 et 12 % par
rapport à celles calculées par le modèle de propagation sur la base de toute la chronique de débits
observés à Sidi Saâd entre 1949-50 et 1977-78 et à Sidi Boujdaria entre 1974-75 et 1984-85
(respectivement 20 et 9 Mm3/an, cf. § 5.1.6). L’écart-type de 11 Mm3 noté au niveau du Zeroud
montre que les irrégularités interannuelles sont moins importantes sur la recharge. En effet, la capacité
d’infiltration du lit étant relativement constante, la recharge dépend de la largeur du lit, elle-même
fonction du débit moyen de la crue.
Les résultats obtenus lors des simulations de la propagation et de l'infiltration des lâchers
décrites dans la section § 5.1.7 constituent des termes de comparaisons qui doivent être confirmés par
la prise en compte de la réaction de la nappe dans le cadre du Modèle Intégré des écoulements.
La simulation de la recharge artificielle par les lâchers s'effectue en deux phases principales
(Nazoumou, 2000b):
(1) Calcul des conditions initiales référées à l'état du système au démarrage de la campagne ;
(2) Simulation de la lâchure proprement dite.
La première étape implique le calcul de la transition entre l'état initial de Janvier 1969 et la date
de démarrage de la lâchure à simuler. Une partie importante de cette phase est déjà réalisée grâce à la
simulation du régime naturel du système entre Janvier 1969 et la mise en service des barrages. Le reste
de la transition est calculé par simulation du régime artificialisé avec les paramètres obtenus lors du
calage préliminaire de la fonction de production et qui fournit un état proche de celui du système à la
date de recharge.
Deux épisodes de recharge ont été retenus en raison de l'importance de leurs volumes mobilisés,
des remontées engendrées dans la nappe ainsi que de la qualité des observations recueillies :
− La recharge réalisée entre le 19/6/1995 et le 31/1/1997 sur le Zeroud. Elle intègre, outre les
déversements / dévasements, la campagne du 19/6/1995 au 19/7/1995 et une seconde tranche
de lâchers du 1/11/1995 au 11/2/1996. Le volume total mobilisé (Fig. 6.9) est de 66 Mm3 de
lâchers et près de 50 Mm3 de déversement/dévasement auxquels il faut ajouter 28 Mm3
directement transférés à l'entrée de la plaine par l’intermédiaire de la conduite d'amenée de Sidi
Salah (cf. § 3.4), à raison de ~1 m3/s en continu entre le 14/03/1996 et le 31/01/1997.
L'ajustement des paramètres souterrains a pour but de vérifier que l’infiltration efficace calculée
par le modèle de propagation permet de retrouver les remontées piézométriques observées suite à la
recharge, aux points de surveillance de la recharge artificielle (cf. Fig. 3.18 & 6.3). Les transmissivités
et les coefficients d'emmagasinement du SM ont, d'ores et déjà, été déterminés lors du calage du ME.
Le calage du modèle d’écoulements souterrains sur la recharge artificielle revient à ajuster les
paramètres de transfert dans la zone non saturée et ce par une utilisation séquentielle des trois modèles
développés, selon le schéma de principe de la Figure 4.5.
Fig. 6.9 – Volume mobilisé à partir du barrage de Sidi Saâd du 19/6/1995 au 31/1/1997, pour la
recharge de la nappe.
La Figure 6.10 présente les remontées piézométriques observées et celles calculées corrigées en
déduisant les écarts de calage en transitoire à l’origine (31/3/1993), suite à la recharge du 19 Avril
1993 sur le Merguellil. Pour aboutir à une remontée suffisante au niveau des piézomètres amont (M21,
M22 et P1grine : situation cf. Fig. 6.3), nous avons dû augmenter la vitesse d’infiltration stabilisée4
des 12 premiers km de 1000 à 1500 mm/j et ramener celle du reste du lit de 800 à 400 mm/j. Ceci
confirme la prédominance de l’infiltration dans les zones amont de l’oued. Bouzaiane et al. (1993)
estiment que 80 % du volume lâché s’infiltre sur le premier tronçon de 12 km entre le barrage et le
Pont GP3. Si la reconstitution est satisfaisante dans la zone amont et centrale (piézomètres M21, M22,
A et P1Grine), en aval la tendance à la surestimation déjà observée en régime naturel persiste. Le
niveau mesuré reste bien souvent inférieur à celui calculé, ce qui peut s'expliquer par une faiblesse des
prélèvements affichés par rapport à leur taux réel, malgré l'ajustement réalisé.
Pour ajuster l'épisode de 1995-1997 sur le Zeroud, outre les paramètres de transfert dans la zone
non saturée, nous avons également été amenés à réajuster la redistribution de la vitesse d’infiltration
stabilisée entre les stations de Henchir Bouzid et Argoub Erremth pour rendre compte de la grande
perméabilité de cette zone du lit. Selon Ohling (1969), la zone la plus favorable à l'infiltration dans le
lit du Zeroud s’étale sur 18 km dont 7 premiers sont particulièrement infiltrants.
4
Valeur obtenue lors du calage séparé du modèle d'infiltration (cf. § 5.1.6)
Fig. 6.10 - Remontées piézométriques calculée et observée de la nappe, suite à la recharge artificielle
sur le Merguellil.
Ainsi, nous avons augmenté la vitesse d’infiltration estimée lors du calage séparé des
écoulements de surface (§ 5.1.7), de 1000 à 1500 mm/j sur les 7 km à partir de l’entrée dans la plaine
et diminué celle des 8 km suivants de 1000 à 500 mm/j. Ainsi, le volume infiltré dans le bief est
maintenu à sa valeur correspondante au calage préliminaire de la propagation et ne remet pas
fondamentalement en cause les apports au bief en surface. Les résultats (Fig. 6.11) montrent une
correspondance acceptable entre les niveaux calculés et observés, notamment dans la zone amont du
Zeroud (puits 3600 et piézomètre Z21). La remontée due aux lâchers du 19/6/1995 au 19/7/1995 est
quasi négligeable devant celle occasionnée par l’épisode de lâchers du 1/11/1995 au 11/2/1996 ce qui
rend problématique l’ajustement de cette partie. Le modèle ne reproduit pas un tarissement
suffisamment marqué avant la seconde remontée de la nappe.
Si le retard de remontée est reconstitué dans la nappe profonde (piézomètre N), son amplitude tend à
être surévaluée ce qui fait que le niveau calculé reste supérieur à l’observé sur toute la phase de
tarissement. La même tendance se retrouve plus à aval au piézomètres Z16 et Z11.
La reconstitution n’a pas été possible sur le piézomètre K. En effet, bien que situé à 8 km du lit,
il réagit presque en même temps que le Z21 situé à proximité du lit, avec parfois des amplitudes
comparables.
Le Tableau 6.5 présente le bilan hydrique mensuel des lâchers et dévasements du Zeroud entre
le 19 Juin 1995 et le 31 Février 1996 après ajustement du modèle.
Tab. 6.5 - Bilan mensuel de la recharge du Zeroud par les lâchers du 19 Juin 1995 au 31 Février
1996.
Fig. 6.11 - Remontées piézométriques calculée et mesurée de la nappe, suite à la recharge artificielle
sur le Zeroud.
Sur 117 Mm3 mobilisés, seuls 92 Mm3 sont parvenus à l’entrée de la plaine, soit une perte totale
de 21 % dans la structure d’el Bhira. Cette perte est plus importante dans le cas des lâchers (Juin-
Juillet 1995, Novembre 1995 à Février 1996) où elle peut atteindre 31 %, en raison des faibles débits
et vitesses de propagation des ondes. Par contre sur les dévasements où les forts débits mobilisés
favorisent une propagation rapide de l’onde donc un temps de percolation réduit, ces pertes se
réduisent à 10 %.
Le volume ayant rejoint la nappe de Kairouan est estimé à 74 Mm3, soit 64 % du volume total
mobilisé. La contribution due aux lâchers du 19 Juin au 19 Juillet 1995 est évaluée à 10,5 Mm3. Cet
ordre de grandeur était déjà avancé lors du calage préliminaire de la fonction de production sur le
tronçon de l’oued compris entre Henchir Bouzid et Pont de Zaâfrana. La prise en compte des
écoulements souterrains a surtout permis le réajustement de la distribution des flux le long de l’oued.
Le bief de 8 km à l’entrée de la plaine s’est avéré fort infiltrant comme l'atteste la réaction des
piézomètres (Fig. 6.11) à défaut d'observations de débits en surface sur ce tronçon.
Sur le Merguellil, les volumes sont directement lâchés dans la plaine. Les seules pertes sont
celles dues à l’ETP et au ruissellement éventuel à l’aval de la zone d’alimentation. Après ajustement,
le bilan hydrique de la recharge du 19 Avril au 8 Mai 1995 montre que 97 % du volume lâché soit 4,8
Mm3 au barrage rejoignent la nappe phréatique. Les faibles débits lâchés (1 à 5 m3/s) se sont
entièrement infiltrés dans la plaine, alors que l’ETP est estimée à 3 %.
A partir des résultats de l’ajustement du modèle sur les lâchers, nous avons simulé toute la
période depuis la mise en service des barrages, afin de dresser un bilan de la recharge réalisée. La
période concernée pour le Zeroud couvre dix-huit années, de Janvier 1982 à Décembre 1998 et 9
années pour le Merguellil, allant de Septembre 1989 à Décembre 1998.
Sur 9 années de fonctionnement du barrage el Haouareb (Septembre 1989 à Août 1998), nous
estimons qu'à peine 13 Mm3 ont été mobilisés pour la recharge (cf. Annexe A-10), dont 40 % lors des
lâchers du 19 Avril au 8 Mai 1993, soit une moyenne de 1,4 Mm3/an (Fig. 6.12). Ces lâchers se
propagent directement dans la plaine de Kairouan. La recharge de la nappe est évaluée à 1,3 Mm3/an,
soit 16 % du taux d'infiltration des crues en régime naturel. Ce déficit apparent de recharge (84 %)
serait moins important si on tient compte de l’augmentation du sous-écoulement et des émergences,
dont les apports totaux à la nappe sont passés de 3,6 à 15 Mm3/an au total (Tableau 6.6). La Figure
6.13 schématise le bilan hydrique moyen de la recharge artificielle sur l'oued Merguellil.
L'évapotranspiration dans la plaine et les pertes à l'aval de la zone de recharge ne représentent chacune
que 3 % du volume mobilisé.
Fig. 6.12 – Volume mobilisé au barrage d'el Haouareb et recharge de la nappe de Kairouan, période
1989 à 1998.
Fig. 6.13 – Bilan moyen des écoulements de l'oued Merguellil (en Mm3/an) à l'aval du barrage el
Haouareb en régime modifié, période 1989 à 1998.
Sur l'oued Zeroud, la recharge la plus importante est celle réalisée après les crues de Janvier
1990 (Fig. 6.14, cf. Annexe A-10). Très peu de volumes ont été mobilisés durant les sept premières
années de fonctionnement du barrage de Sidi Saâd. La recharge moyenne par écoulement direct
(lâcher, dévasement et déversement) sur toute la période est évaluée à 12 Mm3/an, soit 56 % du
volume total mobilisé au barrage. Celle-ci ne couvre que 66 % des apports des crues naturelles de
l'oued à la nappe entre 1969 et 1982, soit un déficit de 34 %.
Fig. 6.14 – Volume mobilisé au barrage de Sidi Saâd et recharge de la nappe de Kairouan, période
1982 à 1998.
La Figure 6.15 schématise le bilan hydrique moyen des écoulements dans le système barrage de
Sidi Saâd/nappe de Kairouan. Les pertes dans la structure d'el Bhira représentent 14 % du volume mis
en jeu à partir du barrage. Ainsi, seuls 86 % de ce volume potentiel de recharge sont effectivement
parvenus à la plaine. L'évapotranspiration ne représente que 2 % de l'écoulement total et les pertes
hors de la zone d'alimentation utile atteignent quant à eux, 28 %.
Notons que ce bilan ne prend pas en compte l'écoulement de base provenant de la structure d'el
Bhira, qui s'infiltre à l'entrée de la plaine. Les lâchers directs par la conduite de Sidi Salah ne sont
également pas inclus. Nous en tiendrons compte dans le calcul du gain de recharge dû aux barrages
(cf. § 6.3).
Les Figures 6.16 et 6.17 présentent les évolutions piézométriques observées et calculées des
nappes phréatique et profonde sur la période allant de Janvier 1969 à Décembre 1998.
Fig. 6.15 – Bilan moyen des écoulements de l'oued Zeroud(en Mm3/an) à l'aval de Sidi Saâd, en régime modifié, période 1982 à 1998.
Le bilan de la recharge par les crues des oueds est illustré sur la Figure 6.18, sous la forme de
volumes cumulés. Le Tableau 6.6 résume tous les apports moyens des oueds à la nappe de Kairouan,
pour chacun des régimes d'écoulements.
Tab. 6.6 - Bilan moyen de la recharge par les oueds, période 1969-1998.
Recharge (Mm3/an)
Oued 5
Régime naturel Régime "artificialisé" 6 Gain (%)
Zeroud
crues 18,2 12,0 - 34,1
base 17,0 5,5 - 67,6
Conduite Sidi Salah - 1,5 +
Total Zeroud 35,2 19,0 - 45,9
Merguellil
crues 7,9 1,3 - 84,2
base 10,4 0 - 100
Emergences - 9,7 +
Sous-écoulement 3,8 5,2 + 37,6
Total Merguellil 22,1 16,1 - 27,0
Total oueds 57,2 35,1 - 38,7
En l'absence de sécheresse majeure sur une période assez longue, la recharge cumulée doit
augmenter de manière monotone, au gré des irrégularités interannuelles des apports des oueds. Nous
pouvons distinguer trois périodes de recharge (Nazoumou, 2001):
De Janvier 1969 à Décembre 1981, date de mise en service du barrage de Sidi Saâd : Cette
période correspond au régime naturel des deux oueds et se caractérise par une augmentation plus ou
moins régulière de la recharge cumulée. La moyenne des apports de crues à la nappe sur cette période
est de 26 Mm3/an pour les deux oueds. Cette valeur serait de 37 Mm3/an si l'on tient compte des
apports de l'année exceptionnelle 1969-70. Les autres apports et échanges (Tableau 6.6), constitués par
l'infiltration des débits de base des oueds et le sous-écoulement au niveau du seuil d'el Haouareb sont
estimés à 31 Mm3/an, soit une recharge totale par les oueds en régime naturel de 57 Mm3/an.
De Décembre 1981 à la mise en service du barrage d'el Haouareb, en Août 1989 : C'est le
régime semi-naturel de la nappe. La courbe de la recharge cumulée marque un changement de pente,
dû à l'absence d'apports de crues du Zeroud. C'est encore le régime naturel au niveau de l'oued
Merguellil, dont les apports de crues à la nappe sont évalués à 8 Mm3/an, soit 30 % du régime naturel.
Auxquels il faut ajouter l'infiltration du débit de base (10,4 Mm3/an) et celui provenant de la structure
5
De Janvier 1969 à Novembre 1981 (compris) pour le Zeroud et de Janvier 1969 à Août 1989 (compris) pour le Merguellil.
6
De Décembre 1981 à Décembre 1998 pour le Zeroud et de Septembre 1989 à Décembre 1998 pour le Merguellil.
d'el Bhira (5,5 Mm3/an, cf. §5.2.4) ainsi que le sous-écoulement naturel (3,8 Mm3/an). L'apport total à
la nappe durant cette période est estimé à 28 Mm3/an, soit 48 % de sa valeur en régime naturel. Ce
déficit se traduit par une baisse continue du niveau de la nappe (cf. Fig. 6.16 & 6.17).
D'août 1989 à Décembre 1998, lorsque le système est totalement contrôlé : les apports à la
nappe sont dépendants des règles de gestion des barrages, dont la priorité demeure la satisfaction des
périmètres irrigués. La recharge se fait par lâchers d'ondes de crues de 2 à 10,5 m3/s, dans le lit des
oueds. La persistance des années sèches depuis la construction des barrages limite fortement les
volumes mis en jeu, en particulier sur le Merguellil où l'apport à la nappe n'est plus que de 1,3
Mm3/an. Les crues de Janvier 1990 et Mars 1996 qui ont permis de mobiliser des volumes substantiels
à partir du barrage de Sidi Saâd, n'ont engendré que des remontées localisées, qui se sont dissipées sur
15 km à partir de l'entrée de la plaine. L'apport total des crues est de 13 Mm3/an, soit 45 % du régime
naturel. La mise en charge de la retenue du barrage d'el Haouareb s'est en revanche accompagnée
d'une augmentation du sous-écoulement, qui est passé de 4 à 5 Mm3/an. Même si l'écoulement de base
du Merguellil a "disparu", les émergences apparues sous l'évacuateur des crues apportent 10 Mm3/an.
La recharge totale de la nappe de Kairouan par les oueds, en régime modifié, s'évalue alors à 35
Mm3/an contre 57 Mm3/an en régime naturel. Le déficit total de recharge dû aux barrages s'estime
alors à 39 %. Il est plus important au niveau de l'oued Zeroud où il atteint 46 %, malgré les apports
moyens supplémentaires de 1,5 Mm3/an par la conduite de Sidi Salah.
Il s'avère donc intéressant, afin de limiter le risque majeur autrement inévitable de déséquilibre
de la nappe, d'adopter une gestion plus risquée des barrages en utilisant au mieux les ressources
mobilisées dans les retenues dont les pertes par évapotranspiration et les fuites s'avéreraient plus
importantes que prévues.
6.4 Conclusions
Les résultats des calages sur l'événement exceptionnel de l'automne 1969 et sur les lâchers ont
montré l'aptitude du Modèle Intégré des écoulements à représenter les processus de recharge de la
nappe de Kairouan. Cette propension, du reste recherchée, a justifié son application pour la simulation
du système en régime naturel, entre l'état de référence de Janvier 1969 et les mises en eau respectives
des barrages, ainsi qu'en régime modifié qui prévaut désormais dans la plaine.
Fig. 6.1 – Epaisseur de la zone non saturée au-dessus de la nappe phréatique. .................................................. 145
Fig. 6.2 – Coefficients d'emmagasinement dans les nappes phréatique et profonde........................................... 146
Fig. 6.3 – Secteurs Abida & Kairouan N-W et réseau de surveillance piézométrique de la nappe de Kairouan. 148
Fig. 6.4 - Piézométrie observée et calculée de la nappe phréatique, période 1969-1971. ................................... 149
Fig. 6.5 - Piézométrie observée et calculée de la nappe profonde, période 1969-1971....................................... 150
Fig. 6.6 – Influence des prélèvements de la zone Abida sur l’évolution piézométrique de la nappe. ................. 154
Fig. 6.7 - Piézométrie calculée et mesurée de la nappe phréatique, période 1969-1989. .................................... 156
Fig. 6.8 - Piézométrie calculée et mesurée de la nappe profonde, période 1969-1989 ....................................... 157
Fig. 6.9 – Volume mobilisé à partir du barrage de Sidi Saâd du 19/6/1995 au 31/1/1997, pour la recharge de la
nappe. ........................................................................................................................................................ 161
Fig. 6.10 - Remontées piézométriques calculée et observée de la nappe, suite à la recharge artificielle sur le
Merguellil. ................................................................................................................................................. 162
Fig. 6.11 - Remontées piézométriques calculée et mesurée de la nappe, suite à la recharge artificielle sur le
Zeroud. ...................................................................................................................................................... 164
Fig. 6.12 – Volume mobilisé au barrage d'el Haouareb et recharge de la nappe de Kairouan, période 1989 à 1998.
................................................................................................................................................................... 166
Fig. 6.13 – Bilan moyen des écoulements de l'oued Merguellil (en Mm3/an) à l'aval du barrage el Haouareb en
régime modifié, période 1989 à 1998. ....................................................................................................... 166
Fig. 6.14 – Volume mobilisé au barrage de Sidi Saâd et recharge de la nappe de Kairouan, période 1982 à 1998.
................................................................................................................................................................... 167
Fig. 6.15 – Bilan moyen des écoulements de l'oued Zeroud(en Mm3/an) à l'aval de Sidi Saâd, en régime modifié,
période 1982 à 1998. ................................................................................................................................. 168
Fig. 6.16 - Piézométrie calculée et mesurée de la nappe phréatique, période 1969-1998. .................................. 169
Fig. 6.17 - Piézométrie calculée et mesurée de la nappe profonde, période 1969-1998. .................................... 170
Fig. 6.18 - Apports des crues à la nappe, période 1969 à 1998.......................................................................... 172
Tab. 6.1 – Critères d'ajustement en régime transitoire sur les remontées piézométriques, période Janvier 1969 à
Août1971. .................................................................................................................................................. 147
Tab. 6.2 – Hypothèses sur les prélèvements de la nappe phréatique................................................................... 152
Tab. 6.3 – Influence des prélèvements des secteurs Abida et Kairouan N-W sur les écarts moyens entre les
niveaux piézométriques observés et calculés : période Janvier 1969 à Août 1989.................................... 153
Tab. 6.4 – Ecoulements et recharge de la nappe de Kairouan par les crues des oueds en régime naturel (Mm3/an),
période 1969-1989 hormis 1969-70. ......................................................................................................... 158
Tab. 6.5 - Bilan mensuel de la recharge du Zeroud par les lâchers du 19 Juin 1995 au 31 Février 1996. .......... 163
Tab. 6.6 - Bilan moyen de la recharge par les oueds, période 1969-1998........................................................... 171
Tout en assurant leur objectif de protection contre les crues, les barrages de Sidi Saâd et d'el
Haouareb doivent permettre l'irrigation des périmètres et la recharge de la nappe de Kairouan par les
lâchers dans le lit des oueds Zeroud et Merguellil. Sauf dans le cas d'une abondance totale de la
ressource sur une longue période, des difficultés de conciliation des exigences des deux utilisations
font que la recharge est souvent laissée au hasard du bilan en eau de la retenue, compromettant ainsi
son efficacité, laquelle dépend des règles et des débits de lâchures qui doivent être clairement définis.
En raison de la variabilité des apports de surface et des impératifs de la gestion de l'irrigation, les
lâchers peuvent être réalisés de manière à garantir en priorité une sécurité à l'irrigation sur une période
plus ou moins longue ou simplement interrompus en période sèche. A l'inverse, aux fins de maîtriser
d'une part les pertes par infiltration et par évaporation dans le lac, mais également de protection plus
efficace contre les crues imprévisibles d'autre part, les retenues doivent pouvoir être vidangées
entièrement, de manière à absorber les crues même les plus fortes. Les barrages se verraient alors
assigner une vocation purement régulatrice des écoulements pour maximiser la recharge et profiter des
avantages du stockage souterrain. L'irrigation pourrait être en grande partie, sinon entièrement assurée
par puits et les forages.
Sur l'oued Zeroud, nous disposons des débits moyens journaliers observés à la station de Sidi
Saâd entre Septembre 1949 et Août 1978. Les lacunes des années hydrologiques 1954-55 et 1955-56
ont été comblées chacune par l'année moyenne d'observation 1956-57, dont l'apport total évalué à 89
Mm3/an est plus proche du module annuel de la série observée (94 Mm3/an).
Pour constituer un historique de 50 années (1949-1999) d'apports à Sidi Saâd, nous avons
complété la chronique observée à Sidi Saâd de la façon suivante (cf. Annexe A-1):
− de Septembre 1978 (arrêt de la station de Sidi Saâd) à Août 1983 date de démantèlement de la
station de Ksar Kebrit, nous avons utilisé les débits estimés par régression hydrométrique entre
la station de Sidi Saâd d'une part et les stations de bled Lassoued et Ksar Kebrit d'autre part
(régression n°2, cf. § 2.1.2.A3) ;
− entre Septembre 1983 et août 1985, période pour laquelle nous ne disposons pas de données
journalières de la gestion du barrage pour estimer les apports par fermeture du bilan journalier,
nous avons considéré les débits journaliers calculés à l'aide de la régression hydrométrique
entre la station de Sidi Saâd d'une part et les stations de bled Lassoued et Ain Saboun d'autre
part (régression n°1).
− enfin de Septembre 1985 à Août 1999, nous avons conservé les débits estimés par fermeture du
bilan en eau journalier du barrage (cf. § 3.2.3) sur la période considérée.
Sur l'oued Merguellil, huit années d'observations à la station de Sidi Boujdaria (considérée
comme entrée du barrage d'el Haouareb) sont disponibles, entre Septembre 1974 et Août 1985. Dans
la section § 2.1.2, nous avons présenté la fonction de régression hydrométrique entre la station de
Haffouz et celle de Sidi Boujdaria, fonction que nous avons exploité pour compléter les huit années
d'observations et avoir ainsi un historique d'apports du Merguellil entre 1968-69 et 1998-99.
Afin de disposer également d'un historique de 50 années d'apports de l'oued Merguellil à Sidi
Boujdaria (cf. Annexe A-2), la période non observée comprise entre 1949-50 et 1973-74 a été
complétée par une série moyenne de 19 années, obtenue en identifiant sur la série hybride 1968-69 à
1998-99 (8 années d'observations étendues à 30 ans par régression hydrométrique), une moyenne
mobile de 19 ans conservant les mêmes caractéristiques (moyenne, médiane et variance) que la
chronique 1968-69 à 1998-99. La période 1976-77 à 1994-95 a été retenue à cet effet.
B. Pluie
Nous disposons des mesures de la pluie au barrage de Sidi Saâd entre Septembre 1985 et Août
1998. sur tout le reste de la période allant de Septembre 1949 à Août 1985, nous avons considéré une
pluie fictive continue, calculée à partir des moyennes mensuelles des mesures.
Au barrage d'el Haouareb, la série complète existante s'étale de Septembre 1989 à Août 1998.
Pour constituer un historique de 50 ans à partir de 1949, nous avons procédé de la même manière qu'à
Sidi Saâd, en estimant une pluie moyenne fictive continue à partir des moyennes mensuelles des
mesures.
Les caractéristiques de la série d'apports des oueds sur la période allant de Septembre 1949 à
Août 2051 sont résumées dans le Tableau 7.1.
Pour tenir compte des apports solides dans les retenues lors des crues, nous avons adopté les
hypothèses simplificatrices suivantes :
La concentration moyenne des sédiments en suspension lors des crues du Zeroud est estimée à
52 kg/m3 (SNC, 1974). En tenant compte du transport par charriage, la charge solide totale serait de 65
kg/m3, ce qui correspond à un taux volumique de 6 %.
Au barrage d'el Haouareb, Garreta et Our Ghemi (1999) ont estimé à 1,88 Mt/an, les sédiments
déposés dans la retenue pendant les 8 premières années de fonctionnement du barrage. Cela équivaut à
un apport solide de 82 g/l, soit un rapport volumique de 7,5 %, proche de celui estimé au barrage de
Sidi Saâd.
A. La demande d'irrigation
B. La recharge
Les règles des lâchers doivent garantir un régime d'infiltration proche des conditions naturelles
de recharge de la nappe. Les parcours des oueds Zeroud et Merguellil utiles pour la recharge sont
évalués respectivement à 40 et 30 km dans la plaine de Kairouan. Les débits efficaces de lâchers être
doivent assez grands pour ne pas s'infiltrer trop rapidement et couvrir la totalité du parcours, mais
également pas trop élevés, de manière à minimiser les pertes par ruissellement vers les sebkhas en
aval.
Les lâchers expérimentaux (Bouzaiane et al., 1993 ; Chaieb et al., 1995) et les simulations par le
modèle de propagation et d'infiltration (cf. § 5.1.7) montrent qu'un débit de 10,5 m3/s lâché à partir du
barrage de Sidi Saâd par onde de 6 à 8 heures assure les conditions adéquates de propagation dans le
lit de l'oued Zeroud. Sur le Merguellil par contre, un débit de 4 m3/s en continu au départ du barrage
d'el Haouareb suffit pour garantir une infiltration sur tout le trajet préférentiel de recharge.
Nous avons donc admis des débits de lâchers de 10,5 m3/s au barrage de Sidi Saâd, à raison de 2
ondes/jour de durée 6 heures chacune, soit un volume lâché de 0,45 Mm3/jour et 4 m3/s en continu à
partir de la retenue d'el Haouareb (0,35 Mm3/ jour).
Le bilan en eau de la retenue de Sidi Saâd a montré que 10 % du volume d'apports de l'oued
Zeroud sont évacués par vidange de fond (dévasement) afin de lutter contre l'envasement du réservoir.
Au barrage el Haouareb cependant, le dévasement ne représente que 0,5 % des apports du Merguellil.
Pour définir une règle de vidange, nous avons admis que respectivement 10 et 1 % des apports de
crues des oueds Zeroud et Merguellil sont retirés aux barrages après chaque évènement. Afin de tenir
compte des sédiments évacués lors des dévasements, nous admettons que :
− tous les sédiments transportés par charriage restent dans le réservoir, tandis que les matières en
suspension sont évacuées à 75 % de leur concentration lors des déversements ;
− le volume de sédiments évacués lors d’un dévasement représente 11,3 % du volume total d’eau
chargée évacuée, soit 125g/l (SCET, 1990).
Les déversements sont contrôlés par les capacités de stockage offertes par les barrages au
moment des crues. Cette capacité peut être augmentée par un rehaussement des pertuis des
évacuateurs de crues. Dans les calculs cependant, nous avons maintenu constantes les cotes de
déversement des évacuateurs de crues des deux retenues.
D. Evaporation
Les mesures d'évaporation disponibles sur le barrage de Sidi Saâd couvrent la période comprise
entre Septembre 1985 et Août 1998. De Septembre 1949 à Août 1985, nous avons affecté des valeurs
moyennes journalières d'évaporation au bac, calculées à partir des mesures.
Au site d'el Haouareb, une série complète d'évaporation existe de Septembre 1989 jusqu'à Août
1998 (Kingumbi, 1999). Pour parachever la série sur 50 ans à partir de Septembre 1949, nous avons
procédé de la même manière qu'à Sidi Saâd, en calculant des valeurs moyennes journalières à partir
des mesures.
Les coefficients d'évaporation au bac sont maintenus à leurs valeurs retenues lors des calculs de
bilans en eau des barrages (cf. § 3.2.1).
E. Les pertes
L'évolution des pertes dans le temps est difficile à quantifier. Elle dépend des apports liquides et
solides, ainsi que de la règle de gestion adoptée. Pour les besoins de simulations prévisionnelles, nous
avons extrapolé la fonction de pertes P2 (cf. § 3.2.2) pour la retenue de Sidi Saâd et celle de janvier
1996 à décembre 1998 pour la retenue d'el Haouareb (cf. § 3.3.1 et Kingumbi, 1999), sur toute la
période de simulation, jusqu'en Août 2051.
Dans les simulations de l'évolution du système aquifère de Kairouan, nous avons affiché dans le
modèle hydrogéologique les volumes de prélèvements de 1998 sur toute la période de simulation
prévisionnelle allant de 1998-99 à 2050-51 (respectivement 28,5 et 25,3 Mm3/an pour les nappes
phréatique et profonde). Nous verrons plus loin (§ 7.5) l'influence des prélèvements sur le
comportement du système suivant les règles de gestion des retenues.
Excepté le cas d'un scénario dans lequel les barrages serviront uniquement à la régulation des
écoulements des oueds, la recharge n'est envisageable que lorsque les réserves stockées dans la retenue
sont suffisantes pour satisfaire la demande potentielle en eau des périmètres. Pour ces besoins
d'irrigation, nous admettons soit les volumes de projets de faisabilité des barrages qui sont
respectivement de 20 et 10 Mm3/an pour Sidi Saâd et el Haouareb (SNC, 1974 ; SNC, 1982a & b), soit
les volumes moyens jusque là mobilisés. Ces derniers seront estimés sur les périodes respectives de
fonctionnement des barrages et s'élèvent à 7 Mm3/an pour Sidi Saâd et 1,3 Mm3/an pour el Haouareb.
A Sidi Saâd, nous avons plutôt pris en compte dans les calculs, un volume de 8 Mm3/an, moyenne des
années durant lesquelles il y a eu effectivement irrigation (à partir de 1985-86).
Les lâchures ne sont effectuées que lorsque le volume d'eau emmagasiné le jour "j" est suffisant
pour couvrir les besoins en irrigation pendant une année entière, à compter de "j" et en tenant compte
des pertes dans les retenues. La sécurité maximale à irrigation est garantie lorsque le stock d'eau
disponible peut couvrir outre le volume d'irrigation, les pertes par infiltration et par évaporation
correspondant à une année moyenne de fonctionnement de la retenue. Les pertes totales y compris
l'évaporation sont estimées à 50 Mm3/an pour le barrage de Sidi Saâd et 20 Mm3/an pour celui de el
Haouareb (en considérant les valeurs estimées par Kingumbi, 1999). Ainsi, dans le scénario
garantissant une sécurité maximale à l'irrigation, le volume total à sécuriser avant tout lâcher à Sidi
Saâd est de 70 Mm3, tandis qu'à la retenue d'el Haouareb il est de 30 Mm3.
Les lâchers sont réalisés avec les débits efficaces identifiés plus haut (§ 7.2.2), mais nous
pouvons néanmoins suggérer deux schémas de lâchures :
− les lâchers sont effectués toute l'année, quelle que soit la saison, afin de maximiser la recharge
de la nappe. Ce schéma permet également de vidanger les barrages afin de maintenir leurs
capacités à retenir les apports des fortes crues ;
− les lâchers ne sont réalisés que durant la période allant de Novembre à Mai (hivers et
printemps), de manière à minimiser les pertes par évaporation dans le lit des oueds.
Si les apports sont tels que la cote du plan d'eau est supérieure à celle du pertuis de l'évacuateur
des crues, celui-ci déverse l'excédant jusqu'à abaisser le niveau d'eau à la cote de sa crête. Le
dévasement est ordonné chaque fois qu'il y a un apport de crue dans la retenue.
Nous avons initialisé les calculs aux dates de mises en service respectives des barrages, c'est-à-
dire le 5/12/1981 pour Sidi Saâd et 23/08/1989 pour el Haouareb, avec des stocks nuls. Le remplissage
des retenues est calculé jusqu'au 31/08/2051, soit respectivement 70 et 63 années hydrologiques de
fonctionnement des barrages de Sidi Saâd et d'el Haouareb.
A partir des variantes d'irrigation et de lâchures décrites précédemment et résumées sur le
Tableau 7.3, nous avons défini 9 règles de gestion (Tableau 7.4) que nous avons simulées
simultanément sur les barrages de Sidi Saâd et d'el Haouareb. Pour tenir compte des besoins impératifs
de l'irrigation en période d'extrême sécheresse, nous admettons que celle-ci puisse être assurée par la
retenue de sidi Saâd même lorsque la cote du plan d'eau est au-dessous de la cote seuil de 257 m, c'est-
à-dire dans le bassin de décantation (cf. § 3.1).
Le scénario le plus optimiste d'un point de vue de la recharge est sans contexte celui dans lequel
les barrages joueraient uniquement un rôle régulateur et où aucune irrigation n'est assurée directement
à partir des retenues (Cas n°9). La recharge est alors effectuée en continue toute l'année, tant que le
stock d'eau dans la retenue le permet. L'irrigation sera assurée grâce aux pompages du volume stocké
dans la nappe de Kairouan. Le scénario le plus défavorable correspond à une sécurité maximale pour
une irrigation de projet et des lâchures limitées à la période allant de Novembre à Mai (Cas n°1).
Tab. 7.4 – Caractéristiques de l'irrigation et de la recharge des règles de gestion des barrages.
Tab. 7.5 - Irrigation et volumes mobilisables pour la recharge à partir du barrage de Sidi Saâd, sur la
période 1982-2051 (Mm3/an).
Apport Dévasement Ecoulement
Scénario Irrigation Lâchers Déversement (*) Evaporation Pertes
oued total
Cas n°9 92,6 0,0 47,7 9,2 7,0 63,9 13,3 15,6
Cas n°9 ' 131,1 0,0 43,1 49,9 10,8 103,8 12,9 14,1
Cas n°7 92,6 7,0 28,1 9,6 7,0 44,7 17,3 24,2
Cas n°4 92,6 7,1 25,5 10,1 7,0 42,6 17,9 25,8
Cas n°6 92,6 15,9 22,4 9,3 7,0 38,7 16,5 22,1
Cas n°2 92,6 16,2 20,1 9,5 7,0 36,6 17,0 23,4
Cas n°8 92,6 7,5 14,7 13,0 7,0 34,7 20,5 31,1
Cas n°3 92,6 7,6 13,1 13,9 7,0 34,1 20,6 31,6
Cas n°3 ' 131,1 7,1 12,4 49,2 10,7 72,3 20,2 30,6
Cas n°5 92,6 17,5 10,6 11,4 7,0 29,1 19,1 27,9
Cas n°1 92,6 17,6 9,5 11,8 7,0 28,4 19,2 28,4
Cas n°1' 131,1 16,0 9,4 49,9 10,8 70,1 18,7 26,5
(*) 10 % des apports de crues.
D'une manière générale, le schéma de lâchers réalisés tout au long de l'année permet d'accroître
le volume mobilisé de 10 % en moyenne par rapport à des lâchers saisonniers (Novembre à Mai) et
ceci quelles que soient les contraintes d'irrigation imposées.
L'écoulement total vers la plaine de Kairouan ou volume potentiel de recharge est constitué non
seulement par les lâchers proprement dits, mais également par les déversements et dévasements du
barrage. Dans les scénarios à contraintes de l'irrigation (Cas n°1 et 5), l'écoulement total moyen peut
atteindre le triple du volume des lâchers. L'occurrence d'une année exceptionnelle (Cas n°1') porte ce
rapport à plus de 7 en favorisant les déversements avec un débit important. L'essentiellement des
volumes déversés se retrouve aux exutoires, avec des risques d'inondation de la plaine contraires à
l'objectif du barrage.
Les règles de gestion sécurisant l'irrigation des périmètres avec volume proche de l'état actuel
(Cas n°3 et 8) ou même de projet (Cas n°1 et 5) engendrent des pertes (évaporation et autres pertes)
importantes dans la retenue avec notamment près de 52 Mm3/an pour le scénario n°3 (Tableau 7.5).
Fig. 7.2 – Irrigation et lâchers moyens au barrage de Sidi Saâd, période 1982-2051.
Les valeurs moyennes ne rendent pas compte des variabilités inter-annuelles de l'irrigation et
des lâchers qui peuvent parfois s'avérer importantes. Les Figures 7.3 présentent les répartitions
statistiques (valeurs associées à 25 et 75% et la médiane) des volumes annuels d'irrigation (Fig. 7.3.a),
de lâchers (Fig. 7.3.b) et totaux mobilisés pour la recharge (Fig. 7.3.c) à partir du barrage de Sidi Saâd
durant toute la période de simulation 1982-2051.
Même dans le cas du scénario le plus optimiste (Cas n°9), le volume lâché peut être inférieur au
volume seuil de projet estimé à 40 Mm3/an (SNC, 1974), particulièrement durant les années sèches et
moyennes (Fig. 7.4 ). En effet, sur 70 années de fonctionnement de la retenue ce volume est atteint
seulement au cours de 36 années. La valeur médiane des volumes lâchés annuellement est de 39
Mm3/an, alors que 75 % sont inférieurs à 69 Mm3/an (cf. Fig. 7.3.b, valeur associée à 75 %).
L'envasement occasionné par l'occurrence d'une année exceptionnelle (cas n°9') augmente l'apparition
des déversements (Tableau 7.5 et Fig. 7.2) qui réduisent les volumes mobilisables par les lâchers (cf.
Fig. 7.3.b, baisse de la valeur associée à 25 % du cas n°9 au n°9'). Néanmoins, la valeur médiane des
volumes totaux écoulés à l'aval de la retenue (écoulement total) dans les deux scénarios favorables à la
recharge est de 46 Mm3/an (Fig. 7.3.b).
Fig. 7.3 – Répartition des volumes annuels d'irrigation (a), de lâchers (b) et totaux mobilisés pour la
recharge (c) à partir du barrage de Sidi Saâd, période 1982-2051.
Dans le scénario n°1, huit années de fonctionnement de la retenue sont nécessaires avant que les
premiers lâchers n'interviennent (Fig. 7.4). Le volume seuil de lâchers de 40 Mm3/an n'est atteint que
pour 7 années même en cas d'un apport centenaire (Cas 1'). L'écoulement total porte cette occurrence à
respectivement 13 et 8 fois.
Fig. 7.4 – Irrigation et lâchers annuels à partir du barrage de Sidi Saâd, pour les scénarios n°1 & 9.
Ces résultats dépendent fortement du taux d'apports solides dans la retenue. Pour évaluer
l'influence de ce phénomène sur les résultats du barrage de Sidi Saâd, nous avons testé tous les
scénarios avec un taux transport de sédiments réduit de 50 % (32 g/l) par rapport aux 64 g/l considérés
dans les simulations précédentes. Les résultats (Fig. 7.5) montrent que le volume des lâchers augmente
en moyenne de 110 % sur l'ensemble de scénarios, notamment pour ceux sous contraintes des
périmètres. L'augmentation atteint 176 % pour le cas n°1, alors qu'elle n'est que de 40 % pour le
scénario n°9.
Avec un taux de transport de sédiments par l'oued de 64 g/l, seul le scénario n°9 garantit un
volume moyen de lâchers de 40 Mm3/an sur toute la période tandis dans quatre règles de gestion, cette
valeur est atteinte lorsque nous considérons un taux de 32 g/l.
Fig. 7.5 - Influence du taux de transport solide sur les lâchers du barrage Sidi Saâd.
Pour le barrage el Haouareb (Tableau 7.6), sur toute la période de 63 années de simulations
entre 1989-2051, les scénarios sous contraintes d'irrigation (Cas n°1, 3, 5 & 8) n'autorisent pas de
lâchers de recharge en dépit d'un apport moyen de 32,7 Mm3/an de l'oued Merguellil. Seuls les
scénarios n°9 et 9' permettent d'assurer un volume moyen de lâchers de plus de 7 Mm3/an sur la
chronique.
Tab. 7.6 – Irrigation et volumes moyens mobilisables pour la recharge à partir du barrage el
Haouareb, sur la période 1989-2051 (Mm3/an).
Cas n°9 ' 35,9 0,0 15,1 0,6 0,2 15,4 6,6 14,7
Cas n°9 32,7 0,0 13,4 0,0 0,2 13,6 6,1 13,7
Cas n°7 32,7 0,9 3,3 0,0 0,2 3,5 7,3 21,9
Cas n°4 32,7 0,9 3,0 0,0 0,2 3,2 7,4 22,2
Cas n°6 32,7 4,9 2,1 0,0 0,2 2,3 6,9 19,5
Cas n°2 32,7 5,0 1,8 0,0 0,2 2,0 6,9 19,7
Cas n°3 ' 35,9 1,0 1,5 0,7 0,2 1,7 8,7 25,6
Cas n°1' 35,9 5,5 1,3 0,7 0,2 1,6 7,7 22,0
Cas n°8 32,7 1,0 0,0 0,0 0,2 0,3 8,2 24,3
Cas n°3 32,7 1,0 0,0 0,0 0,2 0,3 8,2 24,3
Cas n°1 32,7 5,5 0,0 0,0 0,2 0,2 7,2 20,7
Cas n°5 32,7 5,5 0,0 0,0 0,2 0,2 7,2 20,7
(*) 1 % des apports de crues.
En raison des irrégularités inter-annuelles, l'irrigation moyenne n'atteint pas les 10 Mm3/an de
projet (Fig. 7.6). Malgré les contraintes de sécurité à l'irrigation, la meilleure situation est celle assurée
par le Cas n°5 pour lequel le volume annuel d'irrigation de projet a été garanti au cours de 16 années.
A moins d'un apport exceptionnel de crues centenaires (Cas n°1', 3' et 9'), les déversements sont
inexistants quel que soit le scénario de gestion des lâchers. L'écoulement total à l'aval du barrage se
réduit donc aux lâchers et aux dévasements, ainsi qu'aux émergences de l'évacuateur des crues qui
constituent une partie des pertes de la retenue.
Le schéma de lâchures effectuées tout au long de l'année permet (Cas n° 6, 7, 9, 9') de mobiliser
un volume supplémentaire de 15 % pour la recharge par rapport au schéma d'une recharge saisonnière,
entre Novembre et Mai (Cas n° 4, 2, 3' et 1').
Fig. 7.6 - Irrigation et lâchers moyens au barrage d'el Haouareb, période 1989-2051.
Le volume total mobilisé à partir du barrage d'el Haouareb parvient directement dans la plaine
de Kairouan et se propage dans le lit de l'oued Merguellil où une partie, qui reste à quantifier, s'infiltre
pour recharger la nappe. Dans le cas du barrage de Sidi Saâd par contre, le volume mobilisé rejoint la
nappe après un transit dans la plaine d'el Bhira, siège de pertes plus ou moins importantes.
A l'aide du modèle intégré des écoulements, nous avons simulé la propagation et l'infiltration
des volumes mobilisés dans le lit des oueds Zeroud et Merguellil et leur impact sur la nappe, afin
d'évaluer le gain de recharge. Le gain imputable aux barrages est estimé par rapport à un scénario dit
naturel, correspondant à un régime d'écoulement dans lequel nous supposons que les barrages
n'existent pas, les apports totaux des oueds restant les mêmes. La simulation du régime naturel
implique une séparation de ces apports entre les crues prises en compte par le modèle de propagation
et les étiages directement injectés dans le modèle de la nappe.
Nous démarrons les calculs à partir de l'état initial de janvier 1969. Jusqu'aux dates respectives
de mises en service des barrages, toutes les conditions d'écoulement sont maintenues identiques à
celles du régime naturel telles que décrites dans la section § 6.1.2. A partir de 1998, les prélèvements
sont maintenus à leur dernière estimation de cette année, sur tout le reste de la période (1998 – 2051).
Dans un souci de clarté dans la comparaison et l'interprétation des résultats, nous présentons ici
uniquement les résultats des scénarios extrêmes (Cas n°1 & 9) et du régime naturel.
Les bilans moyens comparatifs des écoulements et de la recharge sur la période allant des dates
respectives de mises en service des barrages à Août 1998 sont présentés sur les Figures 7.7 et 7.8.
Pour l'oued Zeroud (Fig. 7.7), l'apport à l'entrée de la plaine de Kairouan dans le cas de régime
"artificialisé" (Cas n°1 et 9) représente en moyenne 70 % du volume mobilisé au barrage de Sidi Saâd,
soit des pertes de 30 % dans le bassin d'el Bhira. Ces pertes sont moins importantes en régime naturel,
où elles ne représentent en effet que 12 % de l'apport de crue. Dans le cas du scénario n°9, la recharge
de la nappe de Kairouan est estimée à 53 Mm3/an contre 24 Mm3/an dans le cas n°1 et 18,6 Mm3/an
d'apport des crues en régime naturel. L'infiltration efficace moyenne du débit de base du Zeroud
(Tableau 7.7) est évaluée à 26 Mm3/an en régime naturel et 5,5 Mm3/an (175 l/s) en régime modifié.
Le gain de recharge induit par le barrage de Sidi Saâd serait donc compris entre -15 Mm3/an et +13
Mm3/an, soit un déficit de la recharge de -33 % dans le cas n°1 et +30 % pour le scénario n°9.
L'importance de l'apport de base réside dans la difficulté d'identification de celui-ci dans la série de
débits de l'oued calculés à partir du bilan en eau du barrage. La reprise par ETP dans le cas des
scénarios extrêmes varie entre 0,7 et 1,6 Mm3/an, ce qui correspond en moyenne à de 1,7 à 2 % du
volume soutiré au barrage. En régime naturel, elle peut atteindre 2 Mm3/an soit de 3 % de l'apport des
crues à Sidi Saâd, en raison la surface d'ETP plus importante liée aux forts débits. Plus de la moitié (58
%) de l'écoulement naturel des crues ruisselle au-delà de la zone d'alimentation utile de la nappe. Mais
la régulation des débits à l'aide des lâchers permet de ramener ces pertes à entre 0,7 (Cas n°9) et 14 %
(Cas n°1) du volume total mobilisé. Le scénario n°1 favorise les pertes par ruissellement, à cause de la
réduction de la capacité de stockage de la retenue par emmagasinement.
Tab. 7.7 – Apports moyens des débits de base, des émergences et du sous-
écoulement des oueds à la nappe, sur la période comprise
entre la mise en eau et 1998 (Mm3/an).
Apport de base Sous
Régime Emergences
Zeroud Merguellil écoulement
Fig. 7.7 – Bilan moyen comparatif des scénarios d'écoulements et de la recharge sur l'oued Zeroud, période 1982-1998 (Mm3/an).
Fig. 7.8 - Bilan moyen comparatif des scénarios d'écoulements et de la recharge sur l'oued Merguellil,
période 1989-1998 (Mm3/an).
Fig. 7.9 - Bilan moyen comparatif des scénarios d'écoulements et de la recharge sur l'oued Merguellil,
période 1989-2051 (Mm3/an).
Sur le Merguellil (Fig. 7.8), l'apport des lâchers est négligeable dans le cas n°1 et le scénario
optimiste permet une recharge de 15,6 Mm3/an. Sur la même période, l'infiltration des crues naturelles
est évaluée à 8,5 Mm3/an. Sachant que l'apport du débit de base du Merguellil à la nappe s'élève à 13,7
Mm3/an, le gain de recharge dû au barrage el Haouareb serait compris entre -99 % (Cas n°1) et -30 %
(Cas n°9). Mais ce déficit n'est qu'apparent car la mise en eau du barrage d'el Haouareb a engendré une
augmentation du sous-écoulement et l'apparition des émergences qui s'infiltrent vers la nappe (Tableau
7.7). Le sous-écoulement est passé de 3,8 en régime naturel à 4,4 Mm3/an pour le cas n°9 et 4,8
Mm3/an pour le cas n°1, tandis que les apports des émergences sont évalués respectivement à 5,1 et
7,6 Mm3/an. Le gain de recharge est compris entre -52 % (Cas n°1) et -4 % (Cas n°9), traduisant un
déficit global de recharge par le Merguellil, dû au barrage d'el Haouareb. Le ruissellement à l'aval de
la zone de recharge est négligeable en régime modifié, mais il atteint 11 Mm3/an en régime naturel,
soit 56 % du volume des crues à Sidi Boujdaria.
La recharge moyenne totale assurée par les barrages de Sidi Saâd et d'el Haouareb sur la période
allant de la mise en eau à août 1998 est estimée respectivement 42 et 83 Mm3/an avec les scénarios n°1
et n°9, contre 71 Mm3/an en régime naturel. Le gain total de recharge de la nappe est donc compris
entre -40 % dans le cas d'une gestion sécurisant au maximum les besoins en irrigation des périmètres
et +18 % dans le cas de barrages purement régulateurs des crues.
Calculés sur la période allant de la mise en eau à Août 2051, les bilans de la recharge par les
oueds Zeroud et Merguellil sont présentés sur les Figures 7.9 et 7.10. L'infiltration des débits de base
ainsi que les sous-écoulements correspondant, sont consignés sur le Tableau 7.8. D'une manière
générale, les volumes moyens mobilisés sur cette période sont en baisse par rapport aux valeurs
estimées pour les mêmes règles de gestion entre la mise en eau et Août 1998. Le gain total de recharge
induit par les barrages est de -43 % (-26 Mm3/an) pour le scénario privilégiant l'irrigation et 21 % (12
Mm3/an) pour le scénario optimiste vis-à-vis de la recharge.
Tab. 7.8 – Apports moyens des débits de base, des émergences et du sous-
écoulement des oueds à la nappe, sur la période comprise
entre la mise en eau et 2051 (Mm3/an).
Apport de base Sous
Régime Emergences
Zeroud Merguellil écoulement
Fig. 7.10 – Bilan moyen comparatif des scénarios d'écoulements et de la recharge sur l'oued Zeroud, période 1982-2051 (Mm3/an).
L'évolution des apports et des sorties cumulés de la nappe de Kairouan, entre l'état initial de
janvier 1969 et Août 2051, montre qu'au terme de la période de simulation, le scénario n°9 (Fig. 7.11)
garantit à la nappe 460 Mm3 d'apports supplémentaires par rapport au régime naturel. Dans le même
temps, les sorties supplémentaires de la nappe par les prélèvements et les sebkhas sont estimées à 74
Mm3. Le gain total de ressources emmagasinées dans la nappe serait de 386 Mm3 sur toute la période
comprise entre 1982 (mise en eau du barrage de Sidi Saâd) et 2051, soit 5,6 Mm3/an.
La variation calculée annuelle des réserves de la nappe de Kairouan (Fig. 7.12) montre que les
ressources supplémentaires emmagasinées dans le cas du scénario n°9 restent disponibles pendant
toute la période et peuvent ainsi être utilisées plusieurs années après leur apport, du fait de la faible
diffusivité de la nappe. En régime naturel, les réserves de l'aquifère fluctuent autour de leur valeur
initiale, en fonction de la variabilité des apports. Les ressources emmagasinées au terme de la période
de simulation sont négligeables, et traduisent la persistance d'un régime semi-permanent du système.
Dans le scénario pessimiste vis-à-vis de la recharge, nous notons un déstockage de la réserve de la
nappe, dû à la baisse des apports des oueds et aux prélèvements.
Les rabattements calculés dans la nappe entre les états de janvier 1969 et Août 2051 sont
représentés sur les Figures 7.17 à 7.22. Le scénario optimiste (Fig. 7.17 et 7.18) conduit à une
remontée de la nappe sauf dans les zones aval du Merguellil et Abida, où les niveaux aquifères
accusent une baisse moyenne de 2 à 3 m. En revanche dans la zone amont, la remontée moyenne est
de 10 m, aussi bien dans la nappe phréatique que dans l'aquifère plus profond. Dans la zone sous
influence du Zeroud, on note une remontée moyenne de 3 m en amont et 2 m à l'aval. Celle-ci est
légèrement moins importante dans le niveau inférieur, faiblement sollicité à cet endroit.
En l'absence des barrages, toute l'aire d'influence du Merguellil accuse une baisse de niveau par
rapport à l'état de janvier 1969 (Fig. 7.19 et 7.20). Le rabattement moyen est de 5 m en amont (un
maximum de 8 m au niveau du seuil d'el Haouareb) et 6 m à l'aval dans la zone d'Abida. Cette baisse
est surtout liée aux prélèvements importants de la nappe phréatique et aux pompages de la nappe
profonde dans la partie amont du Merguellil. Dans la région du Zeroud, le régime naturel fournit une
remontée moyenne de 4 m en amont (un maximum de 6 m), tandis qu'à l'aval, le niveau de la nappe est
très proche de l'état initial.
Le scénario sécurisant l'irrigation des périmètres aboutit à une baisse généralisée pouvant
atteindre 32 m dans la nappe phréatique et 30 m dans le niveau profond, à l'embouchure du Zeroud
(Fig. 7.21 et 7.22). Le rabattement est légèrement moins important dans le secteur sous influence du
Merguellil, où la baisse ne dépasse pas 18 m dans la nappe phréatique et dans la couche inférieure, au
niveau du seuil.
Fig. 7.13 – Evolution piézométrique de la nappe dans la zone amont du Zeroud, entre 1969 et 2051.
Fig. 7.14 - Evolution piézométrique de la nappe dans la zone aval du Zeroud, entre 1969 et 2051.
Fig. 7.15 – Evolution piézométrique de la nappe dans la zone amont du Merguellil, entre 1969
et 2051.
Fig. 7.16 – Evolution piézométrique de la nappe dans la zone aval du Merguellil, entre
1969 et 2051.
Fig. 7.17 - Rabattement 1969-2051 dans la nappe phréatique, cas du scénario optimiste (Cas n°9).
Fig. 7.18 - Rabattement 1969-2051 dans la nappe profonde, cas du scénario optimiste (Cas n°9).
Fig. 7.19 - Rabattement 1969-2051 dans la nappe phréatique, cas du régime naturel (sans barrages).
Fig. 7.20 - Rabattement 1969-2051 dans la nappe profonde, cas du régime naturel.
Fig. 7.21 - Rabattement 1969-2051 dans la nappe phréatique, cas du scénario le plus pessimiste
(Cas n°1).
Fig. 7.22 - Rabattement 1969-2051 dans la nappe profonde, cas du scénario pessimiste (Cas n°1).
Entre 1969 et 1998, les prélèvements de la nappe phréatique ont augmenté de 22 %, passant de
22 Mm3/an à 28,5 Mm3/an (DGRE, 1980; 85; 90; 95). Dans le même temps, le pompage de la nappe
profonde a plus que doublé, de 10 Mm3/an à 25,3 Mm3/an (DGRE, 1973 à 1998) soit un accroissement
de 153 %. Dans les simulations précédentes, nous avons imposé les prélèvements de 1998 sur tout le
reste de la période de simulation prévisionnelle (1998-2051). Afin d'évaluer l'influence de
l'accroissement des prélèvements sur le rabattement calculé dans la nappe, nous avons effectué une
simulation en maintenant les prélèvements des nappes phréatique et profonde à leurs taux de 1969 (un
total de 32 Mm3/an) sur la toute la période allant de 1969 à 2051. Les résultats obtenus en régime
naturel (Fig. 7.23 & 7.24) montrent une remontée de la nappe même dans le secteur amont du
Merguellil et la zone Abida, où les résultats précédents ont montré une baisse atteignant 7 m.
L'amplitude de la remontée calculée au niveau du seuil d'el Haouareb est de 12 m, contre une baisse de
8 m dans la simulation précédente. L'influence des prélèvements est donc plus perceptible dans le
secteur amont du Merguellil et Abida, où l'accroissement du pompage a au moins autant d'impact sur
le niveau de la nappe que la baisse de la recharge due au barrage. Elle est en revanche moins
prononcée dans le réseau du Zeroud, notamment dans sa partie amont, où les prélèvements de la nappe
phréatique sont moins importants en raison de la profondeur d'accès à la ressource.
7.6 Conclusions
Moyennant quelques hypothèses simplificatrices, nous avons abordé dans ce chapitre, l'étude de
l'impact, à long terme, d'une gestion dynamique des lâchers sur la nappe de Kairouan.
Malgré la variabilité interannuelle des apports des oueds, qui peut être importante, des lâchures
sans contraintes d'irrigation (scénario optimiste pour la recharge) peuvent permettre un gain total de
recharge supplémentaire à la nappe de 21 %. Le volume ainsi emmagasiné réside plusieurs années
dans la nappe, en raison de sa faible diffusivité, ce qui garantit son utilisation par le pompage, pour
l'irrigation des périmètres. Ce mode de lâchers permettrait également le maintien de la nappe à un
niveau au moins correspondant à celui du régime permanent moyen de janvier 1969, alors que, même
en absence des barrages, la nappe aurait accusé une baisse, due aux prélèvements dont elle fait l'objet.
L'influence des prélèvements sur le niveau de la nappe, est au moins aussi importante que la baisse des
apports due à la construction des barrages. Elle est plus prononcée dans la zone d'influence de l'oued
Merguellil, notamment en amont et dans le secteur d'Abida.
Fig. 7.23 - Influence des prélèvements : rabattements 1969-2051 dans la nappe phréatique en régime
naturel.
Fig. 7.24 – Influence des prélèvements : rabattements 1969-2051 dans la nappe profonde en régime
naturel.
Fig. 7.1 - Principe de constitution de la série d'apports et d'évaporation aux barrages........................................ 176
Fig. 7.2 – Irrigation et lâchers moyens au barrage de Sidi Saâd, période 1982-2051.......................................... 184
Fig. 7.3 – Répartition des volumes annuels d'irrigation (a), de lâchers (b) et totaux mobilisés pour la recharge (c)
à partir du barrage de Sidi Saâd, période 1982-2051................................................................................... 185
Fig. 7.4 – Irrigation et lâchers annuels à partir du barrage de Sidi Saâd, pour les scénarios n°1 & 9. ................ 186
Fig. 7.5 - Influence du taux de transport solide sur les lâchers du barrage Sidi Saâd.......................................... 187
Fig. 7.6 - Irrigation et lâchers moyens au barrage d'el Haouareb, période 1989-2051. ....................................... 188
Fig. 7.7 – Bilan moyen comparatif des scénarios d'écoulements et de la recharge sur l'oued Zeroud, période
1982-1998 (Mm3/an). .................................................................................................................................. 190
Fig. 7.8 - Bilan moyen comparatif des scénarios d'écoulements et de la recharge sur l'oued Merguellil, période
1989-1998 (Mm3/an). .................................................................................................................................. 191
Fig. 7.9 - Bilan moyen comparatif des scénarios d'écoulements et de la recharge sur l'oued Merguellil, période
1989-2051 (Mm3/an). .................................................................................................................................. 191
Fig. 7.10 – Bilan moyen comparatif des scénarios d'écoulements et de la recharge sur l'oued Zeroud, période
1982-2051 (Mm3/an). .................................................................................................................................. 193
Fig. 7.11 - Apports/sorties cumulés et variation de réserves calculée de la nappe de Kairouan, scénario n°9.... 194
Fig. 7.12 – Variation de réserves calculée de la nappe de Kairouan. .................................................................. 194
Fig. 7.13 – Evolution piézométrique de la nappe dans la zone amont du Zeroud, entre 1969 et 2051................ 197
Fig. 7.14 - Evolution piézométrique de la nappe dans la zone aval du Zeroud, entre 1969 et 2051.................... 198
Fig. 7.15 – Evolution piézométrique de la nappe dans la zone amont du Merguellil, entre 1969 et 2051. ......... 199
Fig. 7.16 – Evolution piézométrique de la nappe dans la zone aval du Merguellil, entre 1969 et 2051.............. 200
Fig. 7.17 - Rabattement 1969-2051 dans la nappe phréatique, cas du scénario optimiste (Cas n°9)................... 201
Fig. 7.18 - Rabattement 1969-2051 dans la nappe profonde, cas du scénario optimiste (Cas n°9)..................... 202
Fig. 7.19 - Rabattement 1969-2051 dans la nappe phréatique, cas du régime naturel (sans barrages)................ 203
Fig. 7.20 - Rabattement 1969-2051 dans la nappe profonde, cas du régime naturel. .......................................... 204
Fig. 7.21 - Rabattement 1969-2051 dans la nappe phréatique, cas du scénario le plus pessimiste (Cas n°1). .... 205
Fig. 7.22 - Rabattement 1969-2051 dans la nappe profonde, cas du scénario pessimiste (Cas n°1). .................. 206
Fig. 7.23 - Influence des prélèvements : rabattements 1969-2051 dans la nappe phréatique en régime naturel. 208
Fig. 7.24 – Influence des prélèvements : rabattements 1969-2051 dans la nappe profonde en régime naturel... 209
Tab. 7.1 - Caractéristiques d'apports de la série 1949-2051 à Sidi Saâd et Sidi Boujdaria. ................................ 176
Tab. 7.2 - Moyenne et indice de variation mensuelle de la demande en irrigation. ............................................ 178
Tab. 7.3 – Caractéristiques et variantes de base des règles de gestion des retenues............................................ 181
Tab. 7.4 – Caractéristiques de l'irrigation et de la recharge des règles de gestion des barrages. ......................... 182
Tab. 7.5 - Irrigation et volumes mobilisables pour la recharge à partir du barrage de Sidi Saâd, sur la période
1982-2051 (Mm3/an). .................................................................................................................................. 183
Tab. 7.6 – Irrigation et volumes moyens mobilisables pour la recharge à partir du barrage el Haouareb, sur la
période 1989-2051 (Mm3/an). ..................................................................................................................... 187
Tab. 7.7 – Apports moyens des débits de base, des émergences et du sous-écoulement des oueds à la nappe, sur
la période comprise entre la mise en eau et 1998 (Mm3/an)........................................................................ 189
Tab. 7.8 – Apports moyens des débits de base, des émergences et du sous-écoulement des oueds à la nappe, sur
la période comprise entre la mise en eau et 2051 (Mm3/an)........................................................................ 192
Ce travail de thèse constitue une contribution à l'étude d'impacts des aménagements sur les nappes
en zones semi-arides. De par la chronique de données disponibles et les aménagements réalisés dans la
région, le basin de la plaine de Kairouan constitue un bel exemple de développement des potentialités
de la gestion intégrée des ressources en eau souterraine et de surface. En s'intéressant au cas spécifique
de cette zone, ce travail apporte quatre contributions importantes.
Le premier apport de cette thèse est constitué par l'essai de bilans en eau des barrages de Sidi Saâd
et d'el Haouareb, depuis leur mise en fonction. En l'absence de mesures directes d'écoulements à
l'entrée des barrages, le défi majeur du bilan en eau de ces barrages réside dans la nécessité de
quantifier, conjointement, les apports des oueds et les pertes dans les retenues. La connaissance de ces
termes est d'autant plus importante qu'ils constituent les paramètres essentiels dans la gestion des
retenues et l'évaluation d'impacts, actuel et à long terme, des barrages sur la recharge de la nappe.
Si l'approche des "périodes sans apports" fournit des résultats aussi satisfaisants que les données
disponibles le permettent, elle reste cependant très subjective quant à la définition des critères
d'identification de ces périodes, et sujette aux erreurs dues aux incertitudes des mesures et de leurs
transcriptions (courbes caractéristiques des retenues). Les écarts entre les estimations des pertes
dépassent 18 % au barrage de Sidi Saâd, notamment en période de hautes eaux, et hypothèquent
directement les apports évalués. Les régressions hydrométriques donnent des résultats appréciables,
mais leur utilisation à l'échelle journalière sur une longue chronique est risquée, tant elle nécessite des
analyses statistiques complémentaires, en particulier l'évaluation des variances d'estimation, qui
peuvent fournir des indications sur leur variabilité.
L'importance des pertes estimées aux barrages nécessite une analyse plus approfondie des régimes
d'écoulements des oueds, mettant l'accent sur l'influence des changements climatiques et des
aménagements dans les bassins amonts des oueds Zeroud et Merguellil. Les études en cours dans la
zone du Merguellil apporteront sans doute des éléments d'appréciation, qui permettront d'étayer les
hypothèses déjà avancées.
ruissellement. Le parti que nous avons choisi dans ce travail a consisté en l'adoption d'un modèle
conceptuel de propagation et de l'infiltration des crues dans le lit des oueds, intégré aux écoulements
souterrains par l'intermédiaire d'un modèle global de transfert dans la zone non saturée.
D'une conception simple, le modèle de propagation et d'infiltration des crues repose sur un nombre
limité de paramètres, pouvant être encore davantage réduit grâce à la définition de zones homogènes.
Lorsque son ajustement repose sur la reconstitution des débits observés à une station, on a tendance à
conserver les mêmes paramètres à l'intérieur d'un même bief de l'oued, occultant ainsi les
hétérogénéités, parfois bien marquées, dans le comportement de la zone non saturée. Le Modèle
Intégré permet de mieux préciser les zones les plus favorables à l'infiltration.
L'une des principales sources d'incertitude des modèles d'estimation de la recharge réside dans la
définition de la reprise par l'ETP, en particulier dans les aquifères peu profonds. Le concept de
l'infiltration efficace, celle qui rejoint intégralement la nappe après un transfert dans la zone non
saturée, permet de contourner cet problème, du moins dans les zones d'alimentation utile par les oueds,
où la profondeur de la nappe est relativement importante.
L'approche globale du transfert dans la zone non saturée, processus autrement complexe à l'échelle
d'un aquifère, est motivée par l'absence, en milieu aride, de connexion hydraulique permanente, établie
entre les oueds (à écoulements intermittents) et la nappe. L'infiltration efficace ne parvient à la nappe
qu'après un délai de transfert, fonction des caractéristiques de la zone non saturée sous le lit des oueds,
représentée ici par son épaisseur et la vitesse de percolation du flux de recharge.
Le Modèle Intégré des écoulements permet de corroborer les flux d'infiltration efficace calculés à
l'aide du modèle de propagation, par reconstitution des remontées piézométriques correspondantes de
la nappe. Il permet de ce fait d'améliorer les résultats des modèles, notamment par une prise en compte
de la variabilité des apports à la nappe, à travers une longue série de débits observés des oueds.
L'intégration des modèles est relativement simple. Elle présente cependant l'inconvénient de générer
une masse non négligeable de résultats intermédiaires, dont la gestion peut s'avérer délicate lors des
simulations sur un historique important.
La troisième contribution de cette thèse découle de l'application des outils de simulation mis au
point pour l'évaluation de l'impact des barrages de Sidi Saâd et d'el Haouareb sur les écoulements et
les mécanismes de recharge de la nappe de Kairouan. Cet objectif pratique de la recherche a été abordé
en deux étapes dans ce mémoire.
− La première étape de simulation séparée des modèles a conduit à des résultats intéressants, qui
présentent surtout le mérite de faciliter la mise en œuvre du Modèle Intégré. Les critères
statistiques d'efficience des calages montrent que le modèle de propagation s'adapte aussi bien au
régime d'écoulement naturel des oueds qu'à celui modifié par la construction des barrages. Ces
régimes diffèrent, à ce stade, par les ordres de grandeur des variables qu'ils mettent en jeu
(volume, débit et remontée de la nappe). Les résultats montrent une bonne représentation de la
Conclusion générale 209
propagation des crues naturelles et des lâchers sur l'oued Zeroud et soulignent l'importance des
pertes dans la structure d'el Bhira, qui peuvent atteindre 31 % dans le cas des lâchers à 10,5 m3/s.
En importance relative, ces pertes diminuent avec l'augmentation du débit d'écoulement dans
l'oued, d'où leur importance réduite en régime naturel.
− La deuxième étape, celle de l'application du Modèle Intégré, a visé d'une part, la simulation du
comportement hydrodynamique du système, en relation avec les apports des oueds, et d'autre part,
l'estimation par cette approche hydrodynamique de la recharge correspondante. Les résultats ont
montré l'aptitude du modèle à représenter d'une part, le processus de recharge naturelle et
artificielle de la nappe de Kairouan et d'autre part, la chronique de niveaux piézométriques de la
nappe entre 1969 et 1998. Les bilans hydriques correspondant aux évolutions piézométriques
restituées de la nappe, tenant compte des perturbations engendrées par les barrages en terme
d'échanges latéraux avec la nappe d'Ain Beidha, montrent que le déficit global de recharge de la
nappe de Kairouan, lié à la modification de son régime d'alimentation par barrages, est de 39 %.
Malgré les faibles volumes mobilisés pour la recharge depuis la mise en eau du barrage d'el
Haouareb, le déficit d'apport de cet oued (27 %) semble être moins important que celui du Zeroud
(46 %). La réduction d'écoulement direct dans le lit de l'oued due au barrage est pondérée d'une
part, par l'augmentation des apports souterrains provenant du système amont constitué par la
retenue et la nappe d'Ain Beidha, et d'autre part, par les émergences, qui s'infiltrent et rechargent la
nappe. Cependant, l'essentiel de cet apport est concentré à l'entrée de la plaine, où les échanges
entre les niveaux aquifères phréatique et profond sont prépondérants. A l'aval, l'absence d'apport
de l'oued Merguellil, associé aux forts prélèvements de la nappe phréatique contribuent à la
persistance de la baisse du niveau de la nappe.
L'un des points faibles du modèle pourrait être l'estimation des prélèvements par les puits de
surface, dont la dynamique spatio-temporelle reste encore mal connue. Malgré des enquêtes
exhaustives, les prélèvements restent entachés d'une grande erreur. L'incertitude concerne la donnée
brute elle-même issue de l'enquête, qui ne fournit qu'une image instantanée des débits et des points
d'eau de la nappe, mais également la variation du débit au cours de l'année et entre deux enquêtes
consécutives. Si la connaissance des prélèvements instantanés reste à améliorer, sa variabilité à long
terme l'est doublement. Malgré les ajustements opérés sur le modèle, il semble en effet difficilement
contestable que les résultats soient encore susceptibles d'améliorations. Les enquêtes en cours dans le
sens d'une précision des usages de la ressource, pourraient fournir des éléments de réponse à cette
grande inconnue. Mais quels que soient les résultats de ces inventaires, "L'historiographie des
prélèvements par les puits de surface restera encore une science à développer" (Besbes, 1978).
Cette première évaluation de l'impact des barrages se veut avant tout indicative, au regard des
termes encore à préciser et des hypothèses simplificatrices. Malgré les reconstitutions piézométriques
Conclusion générale 210
satisfaisantes, nous ne pouvons, pour l'heure, apporter aucune preuve des flux infiltrés. Les résultats
estimés à l'aide de cette approche purement hydrodynamique justifieraient l'utilisation d'autres
méthodes directes d'évaluation du flux de percolation à travers la zone non saturée, tel le traçage
isotopique de l'eau. Mais la mise en œuvre de telles expérimentations seraient-elle réalisable dans les
conditions de la plaine de Kairouan?
Le quatrième apport de cette thèse ouvre la voie à l'étude de l'impact, à long terme, des barrages sur
la nappe. Cette analyse a été abordée ici, uniquement dans la perspective d'une gestion active des
lâchers. Les résultats des simulations des scénarii de règles de gestion possibles du système
barrages/nappe, portant sur un horizon de 50 ans, montrent qu'en dépit de la variabilité des apports des
oueds, des lâchures sans contraintes d'irrigation peuvent permettre un gain de recharge supplémentaire
de 21 % à la nappe. Cette alternative de gestion des lâchers assure le maintien de la nappe à un niveau
au moins identique à celui de 1969, et le volume stocké peut ainsi être utilisé pour couvrir les besoins
de périmètres irrigués.
Le Modèle Intégré des écoulements permet d'analyser avec une acuité acceptable, l'impact des
aménagements sur les nappes et peut, de ce fait, être utilisé pour l'étude d'autres systèmes
hydrogéologiques dans des conditions similaires. Nous pensons, en particulier, aux nappes de Sidi
Bouzid et Gafsa Nord, où la configuration nappe/oued décrite dans la plaine de Kairouan se retrouve
avec une certaine analogie et où des aménagements comparables sont déjà en place ou projetés.
Références bibliographiques 210
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ANNEXES
Annexe A-1 – Volumes annuels écoulés observés et calculés aux stations du bassin versant de
l'oued Zeroud. ................................................................................................................ II
Annexe A-2 – Volumes annuels écoulés observés et calculés aux stations du bassin versant de
l'oued Merguellil. ........................................................................................................... III
Annexe A-3 – Volumes des crues identifiées simultanément aux stations de Bled Lassoued, Ain
Saboun et Sidi Saâd sur l'oued Zeroud. ....................................................................... IV
Annexe A-4 – Volumes des crues identifiées simultanément aux stations de Bled Lassoued, Ksar
Kebrit et Sidi Saâd sur l'oued Zeroud. ........................................................................... V
Annexe A-5 – Volumes des crues identifiées simultanément aux stations de Haffouz et Sidi Boujdaria
sur l'oued Merguellil. .................................................................................................... VII
Annexe A-6 – Volumes annuels écoulés observés et reconstitués aux exutoires des bassins versants
des oueds Zeroud et Merguellil : Période 1949-50/1997-98. ........................................ X
Annexe A-7 - Caractéristiques des périodes sans apports : Septembre 1985 à décembre 1989. ....... XI
Annexe A-8 - Caractéristiques des périodes sans apports : Janvier 1990 à Août 1995...................... XII
Annexe A-9 - Caractéristiques des périodes sans apports : Septembre 1995 à Août 1999............... XIII
Annexe A-10 – Volumes annuels de ruissellement et d'infiltration en régime naturel et artificialisé des
oueds Zeroud et Merguellil (Mm3/an). ........................................................................XIV
Annexes II
Annexe A-1 – Volumes annuels écoulés observés et calculés aux stations du bassin versant de
l'oued Zeroud.
Volumes annuels écoulés (Mm3/an)
Bled Ain Ksar
Sidi Saâd
Année Lassoued Saboun Kebrit
bilan de Chronique
Obs. Obs. Obs. Obs. Régr. n°1 Régr. n°2 Régr. n°3 Régr. n°4 Régr. n°5
barrage retenue
1949-50 - - - 26,3 - - - - - - 26,3
1950-51 - - - 38,8 - - - - - - 38,8
1951-52 - - - 62,9 - - - - - - 62,9
1952-53 - - - 72,7 - - - - - - 72,7
1953-54 - - - 143,7 - - - - - - 143,7
1954-55 - - - - - - - - - - 89,1
1955-56 - - - - - - - - - - 89,1
1956-57 - - - 89,1 - - - - - - 89,1
1957-58 - - - 174,7 - - - - - - 174,7
1958-59 - - - 133,0 - - - - - - 133,0
1959-60 - - - 60,9 - - - - - - 60,9
1960-61 - - - 32,0 - - - - - - 32,0
1961-62 - - - 66,0 - - - - - - 66,0
1962-63 - - - 74,5 - - - - - - 74,5
1963-64 - - - 111,5 - - - - - - 111,5
1964-65 - - - 229,8 - - - - - - 229,8
1965-66 - 3,76 - 32,6 - - - - - - 32,6
1966-67 - 3,48 - 49,8 - - - - - - 49,8
1967-68 - 18,08 - 127,8 - - - - - - 127,8
1968-69 - 1,06 - 67,9 - - - - - - 67,9
1969-70 - 54,90 - 2699,8 - - - - - - 2699,8
1970-71 - 4,63 - 50,6 - - - - - - 50,6
1971-72 - 37,66 - 68,5 - - - - - - 68,5
1972-73 - 71,56 - 192,8 - - - - - - 192,8
1973-74 - 5,80 - 184,5 - - - - - - 184,5
1974-75 12,61 5,59 45,18 84,2 70,3 77,3 83,2 59,7 64,3 - 84,2
1975-76 37,37 17,56 100,25 142,8 138,3 150,8 159,5 147,9 149,8 - 142,8
1976-77 15,14 8,66 50,29 72,6 85,9 73,6 77,1 84,7 73,8 - 72,6
1977-78 7,56 1,18 35,06 49,5 61,5 49,5 53,9 44,7 50,0 - 49,5
1978-79 8,37 4,55 36,26 - 61,8 51,5 55,4 59,6 52,1 - 51,5
1979-80 24,87 4,78 63,21 - 87,0 96,9 103,5 80,2 96,6 - 96,9
1980-81 5,04 5,66 38,96 - 66,2 51,9 57,0 60,3 52,5 - 51,9
1981-82 30,16 9,26 50,83 - 106,2 86,8 95,8 105,0 86,5 - 86,8
1982-83 11,46 10,46 58,02 - 102,0 79,6 86,5 87,8 79,9 - 79,6
1983-84 7,60 0,93 - - 57,6 - - 43,7 - - 57,6
1984-85 6,37 9,22 - - 75,4 - - 76,6 - - 75,4
1985-86 12,34 6,76 - - 81,7 - - 73,5 - 56,1 56,1
1986-87 12,51 3,62 - - 69,5 - - 60,7 - 46,4 46,4
1987-88 13,18 5,68 - - 77,0 - - 70,0 - 50,3 50,3
1988-89 18,26 5,96 - - 100,3 - - 77,2 - 75,9 75,9
1989-90 212,23 21,39 - - 1238,5 - - 371,4 - 327,0 327,0
1990-91 34,61 19,87 - - 215,3 - - 154,2 - 150,6 150,6
1991-92 10,03 5,19 - - 79,4 - - 64,2 - 99,9 99,9
1992-93 25,94 9,28 - - 105,3 - - 100,1 - 115,5 115,5
1993-94 1,93 1,27 - - 44,3 - - 38,4 - 65,5 65,5
1994-95 39,42 36,59 - - 267,5 - - 229,2 - 128,0 128,0
1995-96 3,79 52,85 - - 222,9 - - 254,2 - 154,1 154,1
1996-97 22,96 33,86 - - 133,9 - - 198,3 - 46,1 46,1
1997-98 16,30 87,57 - - 325,8 - - 412,9 - 98,1 98,1
NB. 12,61 : Volume observé ; 70,3 : Volume calculé par régression ; 56,1 : Volume calculé par fermeture de bilan.
Annexes III
Annexe A-2 – Volumes annuels écoulés observés et calculés aux stations du bassin versant de
l'oued Merguellil.
Volumes annuels écoulés (Mm3/an)
Haffouz Sidi Boujdaria
Année
Bilan de barrage Chronique
Obs. Obs. Régr. n°6 Régr. n°7 Régr. n°8
(Kingumbi,1999) retenue
1949-50 - - - - - - 23,3
1950-51 - - - - - - 16,7
1951-52 - - - - - - 32,5
1952-53 - - - - - - 22,5
1953-54 - - - - - - 32,0
1954-55 - - - - - - 40,0
1955-56 - - - - - - 31,4
1956-57 - - - - - - 8,2
1957-58 - - - - - - 39,3
1958-59 - - - - - - 69,0
1959-60 - - - - - - 36,0
1960-61 - - - - - - 44,1
1961-62 - - - - - - 34,3
1962-63 - - - - - - 68,5
1963-64 - - - - - - 46,3
1964-65 - - - - - - 25,2
1965-66 - - - - - - 24,5
1966-67 - - - - - - 15,0
1967-68 - - - - - - 37,6
1968-69 7,9 - 19,3 22,2 19,0 - 19,3
1969-70 187,4 - 232,2 264,2 244,4 - 232,2
1970-71 11,3 - 23,3 31,9 23,3 - 23,3
1971-72 13,4 - 25,8 33,6 25,9 - 25,8
1972-73 34,4 - 50,8 57,3 52,3 - 50,8
1973-74 11,3 - 23,3 22,8 23,2 - 23,3
1974-75 6,8 18,4 18,0 16,3 17,7 - 22,8
1975-76 42,4 57,5 60,3 68,9 62,4 - 57,5
1976-77 9,8 23,3 21,5 26,0 21,4 - 23,3
1977-78 7,9 16,7 19,4 25,2 19,1 - 16,7
1978-79 19,0 - 32,5 36,5 32,9 - 32,5
1979-80 18,0 22,5 31,3 34,6 31,7 - 22,5
1980-81 7,2 32,0 18,5 22,5 18,2 - 32,0
1981-82 19,2 40,0 32,7 39,2 33,2 - 40,0
1982-83 16,5 - 31,4 43,0 31,8 - 31,4
1983-84 4,1 8,2 14,8 20,4 14,3 - 8,2
1984-85 28,2 39,3 43,4 57,9 44,5 - 39,3
1985-86 49,8 - 69,0 95,0 71,6 - 69,0
1986-87 22,0 - 36,0 47,6 36,7 - 36,0
1987-88 28,8 - 44,1 56,4 45,2 - 44,1
1988-89 20,5 - 34,3 49,7 34,9 - 34,3
1989-90 49,3 - 68,5 85,9 71,1 39,4 68,5
1990-91 30,6 - 46,3 58,6 47,5 29,1 46,3
1991-92 12,9 - 25,2 38,7 25,3 20,5 25,2
1992-93 12,3 - 24,5 34,1 24,6 21,9 24,5
1993-94 4,3 - 15,0 15,9 14,5 6,7 15,0
1994-95 23,3 - 37,6 50,9 38,4 22,1 37,6
1995-96 25,2 - 39,8 66,9 40,7 32,5 39,8
1996-97 7,8 - 19,2 21,9 18,9 4,6 19,2
1997-98 25,1 - 39,7 52,0 40,6 18,5 39,7
Annexes IV
Annexe A-3 – Volumes des crues identifiées simultanément aux stations de Bled Lassoued, Ain
Saboun et Sidi Saâd sur l'oued Zeroud.
Annexe A-4 – Volumes des crues identifiées simultanément aux stations de Bled Lassoued, Ksar
Kebrit et Sidi Saâd sur l'oued Zeroud.
Annexe A-4 (fin) – Volumes des crues identifiées simultanément aux stations de Bled Lassoued, Ksar
Kebrit et Sidi Saâd sur l'oued Zeroud.
Lassoued Kebrit Saâd
N° Volume Volume Volume
Début Fin 3 Début Fin 3 Début Fin 3
(Mm ) (Mm ) (Mm )
44 27/10/76 27/10/76 0 27/10/76 27/10/76 0,43 27/10/76 27/10/76 0,47
45 17/11/76 20/11/76 0 17/11/76 19/11/76 14,29 17/11/76 20/11/76 22,72
46 28/03/77 28/03/77 0,15 29/03/77 30/03/77 3,18 28/03/77 30/03/77 5,94
47 3/06/77 3/06/77 0 3/06/77 3/06/77 2,74 3/06/77 3/06/77 2,32
48 6/09/77 6/09/77 0 5/09/77 6/09/77 0 5/09/77 6/09/77 1,23
49 26/09/77 26/09/77 0 26/09/77 26/09/77 0,75 26/09/77 26/09/77 0,73
50 9/10/77 9/10/77 0 9/10/77 9/10/77 1 9/10/77 9/10/77 1
51 17/10/77 17/10/77 0,05 16/10/77 19/10/77 5,72 16/10/77 19/10/77 5,43
52 25/11/77 26/11/77 0 25/11/77 25/11/77 1,94 25/11/77 26/11/77 2,18
53 13/02/78 13/02/78 0 14/02/78 14/02/78 0,53 13/02/78 14/02/78 1,15
54 2/05/78 2/05/78 0 2/05/78 2/05/78 0,2 2/05/78 2/05/78 0,04
55 30/05/78 30/05/78 0 29/05/78 30/05/78 0,34 30/05/78 30/05/78 0,11
56 1/06/78 2/06/78 1,34 1/06/78 2/06/78 6,72 1/06/78 2/06/78 7,66
57 17/08/78 20/08/78 2,02 18/08/78 18/08/78 2,61 17/08/78 19/08/78 7,9
58 23/08/78 24/08/78 1,03 25/08/78 26/08/78 2,97 23/08/78 27/08/78 3,61
Annexes VII
Annexe A-5 – Volumes des crues identifiées simultanément aux stations de Haffouz et Sidi Boujdaria
sur l'oued Merguellil.
Haffouz Boujdaria
N° Volume Volume
Début Fin Début Fin
(Mm3) (Mm )
3
Annexe A-5 (suite) – Volumes des crues identifiées simultanément aux stations de
Haffouz et Sidi Boujdaria sur l'oued Merguellil.
Haffouz Boujdaria
N° Volume Volume
Début Fin 3 Début Fin
(Mm ) (Mm3)
44 31/08/79 31/08/79 0,12 31/08/79 1/09/79 0,31
45 4/09/79 7/09/79 5,35 4/09/79 7/09/79 2,98
46 12/09/79 12/09/79 0,17 12/09/79 12/09/79 0,03
47 27/09/79 27/09/79 0,16 27/09/79 27/09/79 0,16
48 25/10/79 25/10/79 0,65 25/10/79 25/10/79 2,04
49 4/11/79 5/11/79 2,63 4/11/79 5/11/79 3,86
50 5/03/80 6/03/80 5,84 5/03/80 6/03/80 7,84
51 14/03/80 14/03/80 0,02 14/03/80 14/03/80 0,06
52 18/04/80 18/04/80 0,97 18/04/80 19/04/80 0,75
53 9/06/80 9/06/80 0,07 9/06/80 9/06/80 0,29
54 4/09/80 5/09/80 0,23 6/09/80 6/09/80 3,43
55 23/09/80 23/09/80 0,12 23/09/80 23/09/80 1,89
56 30/09/80 1/10/80 0,74 30/09/80 1/10/80 9,4
57 7/10/80 7/10/80 0,2 7/10/80 7/10/80 1,67
58 31/12/80 1/01/81 2,69 31/12/80 1/01/81 8,97
59 8/01/81 8/01/81 0,29 8/01/81 8/01/81 0,16
60 20/05/81 20/05/81 0 20/05/81 20/05/81 0,13
61 10/08/81 10/08/81 0,18 10/08/81 10/08/81 0,09
62 31/08/81 1/09/81 1,29 31/08/81 1/09/81 2,82
63 3/09/81 4/09/81 0,37 3/09/81 4/09/81 2,07
64 25/09/81 26/09/81 1,08 25/09/81 26/09/81 9,45
65 25/10/81 25/10/81 0,63 25/10/81 26/10/81 3,02
66 15/01/82 15/01/82 0,11 15/01/82 16/01/82 0,42
67 19/01/82 19/01/82 1,88 19/01/82 19/01/82 3,71
68 17/02/82 17/02/82 0 17/02/82 17/02/82 0,11
69 1/04/82 2/04/82 0,75 1/04/82 2/04/82 2,22
70 14/04/82 14/04/82 1,11 14/04/82 15/04/82 2,04
71 18/04/82 20/04/82 10,67 18/04/82 20/04/82 12,2
72 21/05/82 22/05/82 0,74 22/05/82 22/05/82 0,15
73 20/06/82 20/06/82 0,09 20/06/82 20/06/82 0,08
74 1/09/82 1/09/82 0 1/09/82 1/09/82 0,03
75 10/09/82 10/09/82 0,03 10/09/82 10/09/82 0,04
76 13/09/82 14/09/82 1,09 13/09/82 15/09/82 1,44
77 21/10/82 22/10/82 0,63 21/10/82 22/10/82 0,74
78 29/10/82 30/10/82 2,49 29/10/82 30/10/82 2,95
79 3/11/82 3/11/82 0,72 3/11/82 3/11/82 0,86
80 10/11/82 12/11/82 4,82 10/11/82 12/11/82 5,71
81 23/11/82 23/11/82 1,88 23/11/82 23/11/82 2,23
82 28/11/82 28/11/82 0,03 28/11/82 28/11/82 0,04
83 5/12/82 5/12/82 0 5/12/82 5/12/82 1,45
84 10/12/82 10/12/82 0,18 10/12/82 10/12/82 0,11
85 10/01/83 11/01/83 1,35 10/01/83 10/01/83 0,35
86 25/03/83 25/03/83 0,46 25/03/83 25/03/83 0,49
Annexes IX
Annexe A-5 (fin) – Volumes des crues identifiées simultanément aux stations de
Haffouz et Sidi Boujdaria sur l'oued Merguellil.
Haffouz Boujdaria
N° Volume Volume
Début Fin Début Fin
(Mm3) 3
(Mm )
87 20/06/83 20/06/83 0,04 20/06/83 20/06/83 0,09
88 22/06/83 22/06/83 0 22/06/83 22/06/83 0,03
89 2/10/83 4/10/83 0,53 2/10/83 4/10/83 0,56
90 7/10/83 7/10/83 0,11 7/10/83 7/10/83 0,68
91 11/10/83 11/10/83 0 11/10/83 11/10/83 0,06
92 11/11/83 11/11/83 0,07 11/11/83 11/11/83 0,1
93 29/12/83 29/12/83 0,26 29/12/83 29/12/83 0,13
94 11/03/84 11/03/84 0 11/03/84 11/03/84 0,03
95 16/03/84 16/03/84 0,23 16/03/84 16/03/84 0,1
96 1/05/84 2/05/84 0,18 2/05/84 2/05/84 0,11
97 6/08/84 7/08/84 0,28 6/08/84 7/08/84 1,42
98 17/08/84 17/08/84 0,38 18/08/84 18/08/84 2,3
99 17/09/84 17/09/84 0,23 17/09/84 17/09/84 2,13
100 30/09/84 1/10/84 0,47 30/09/84 1/10/84 2,09
101 22/10/84 23/10/84 8,89 22/10/84 24/10/84 9,72
102 30/10/84 3/11/84 0,62 31/10/84 31/10/84 0,81
30/12/84 31/12/84 1,11 30/12/84 31/12/84 0,95
8/01/85 8/01/85 0,24 8/01/85 8/01/85 0,18
11/03/85 12/03/85 0,3 11/03/85 11/03/85 0,04
14/03/85 15/03/85 0,18 15/04/85 15/04/85 0,04
29/04/85 30/04/85 0,41 29/04/85 29/04/85 0,04
4/05/85 6/05/85 8,39 4/05/85 6/05/85 9,07
Annexes X
Annexe A-6 – Volumes annuels écoulés observés et reconstitués aux exutoires des bassins
versants des oueds Zeroud et Merguellil : Période 1949-50/1997-98.
Oued Zeroud Oued Merguellil
Année Volume de Volume de Volume de Volume de
Volume total Volume total
base ruissellement base ruissellement
1949-50 26,3 11,6 14,7 23,3 11,6 11,7
1950-51 38,8 9,7 29,1 16,7 7,0 9,7
1951-52 62,9 12,6 50,3 32,5 12,6 19,9
1952-53 72,7 10,5 62,2 22,5 4,3 18,3
1953-54 143,7 14,6 129,1 32,0 3,9 28,1
1954-55 89,1 12,0 77,1 40,0 4,0 36,0
1955-56 89,1 12,0 77,1 31,4 13,6 17,9
1956-57 89,1 12,0 77,1 8,2 3,4 4,8
1957-58 174,7 18,4 156,3 39,3 4,4 34,9
1958-59 133,0 20,0 112,9 69,0 12,8 56,2
1959-60 60,9 17,4 43,5 36,0 11,8 24,1
1960-61 32,0 12,3 19,7 44,1 12,8 31,3
1961-62 66,0 13,0 53,0 34,3 11,9 22,4
1962-63 74,5 15,2 59,3 68,5 14,5 54,0
1963-64 111,5 16,3 95,2 46,3 17,2 29,0
1964-65 229,8 22,3 207,4 25,2 13,5 11,7
1965-66 32,6 14,3 18,3 24,5 16,0 8,6
1966-67 49,8 13,6 36,3 15,0 11,5 3,6
1967-68 127,8 15,4 112,4 37,6 12,1 25,5
1968-69 67,9 14,0 53,9 19,3 11,5 7,8
1969-70 2699,8 57,4 2642,4 232,2 31,6 200,7
1970-71 50,6 30,4 20,2 23,3 15,6 7,7
1971-72 68,5 32,1 36,4 25,8 17,2 8,6
1972-73 192,8 37,5 155,3 50,8 19,3 31,4
1973-74 184,5 26,9 157,6 23,3 14,8 8,5
1974-75 84,2 20,1 64,1 22,8 8,6 14,2
1975-76 142,8 20,8 122,0 57,5 8,5 49,0
1976-77 72,6 23,6 49,0 23,3 11,6 11,7
1977-78 49,5 17,8 31,6 16,7 7,0 9,7
1978-79 51,5 18,8 32,7 32,5 12,6 19,9
1979-80 96,9 19,7 77,3 22,5 4,3 18,3
1980-81 51,9 16,2 35,7 32,0 3,9 28,1
1981-82 86,8 16,0 70,8 40,0 4,0 36,0
1982-83 79,6 18,3 61,3 31,4 13,6 17,9
1983-84 57,6 39,2 18,3 8,2 3,4 4,8
1984-85 75,4 39,8 35,6 39,3 4,4 34,9
1985-86 56,1 22,0 34,1 69,0 12,8 56,2
1986-87 46,4 28,6 17,8 36,0 11,8 24,1
1987-88 50,3 28,2 22,1 44,1 12,8 31,3
1988-89 75,9 31,3 44,6 34,3 11,9 22,4
1989-90 327,0 32,7 294,3 68,5 14,5 54,0
1990-91 150,6 47,2 103,4 46,3 17,2 29,0
1991-92 99,9 44,1 55,8 25,2 13,5 11,7
1992-93 115,5 62,1 53,4 24,5 16,0 8,6
1993-94 65,5 46,8 18,8 15,0 11,5 3,6
1994-95 128,0 29,7 98,4 37,6 12,1 25,5
1995-96 154,1 32,3 121,9 39,8 15,8 24,0
1996-97 46,1 27,3 18,8 19,2 14,1 5,1
1997-98 98,1 26,8 71,3 39,7 17,0 22,6
Annexes XI
Annexe A-7 - Caractéristiques des périodes sans apports : Septembre 1985 à décembre 1989.
Annexe A-8 - Caractéristiques des périodes sans apports : Janvier 1990 à Août 1995.
Annexe A-9 - Caractéristiques des périodes sans apports : Septembre 1995 à Août 1999.