Sinama
Sinama
Sinama
UNIVERSITE DE LA REUNION
ECOLE DOCTORALE STS
THESE
Pour obtenir
LE GRADE DE DOCTEUR
FRANTZ SINAMA
Soutenue publiquement le 07 décembre 2011 Composition
du jury :
À Radia
département Génie Civil de l’IUT de Terre Sainte. Je tiens tout d'abord à remercier Monsieur le
Professeur Philippe LAURET ainsi que tous les autres membres de l’équipe pour m'avoir accueilli au
sein du laboratoire. Merci à Carole et Jean Bernard, pour leur aide et leur patience concernant les «
dossiers de missions ».
J’ai pu bénéficier du soutien financier de la Région Réunion au travers du Fonds Social Européen. Je
tiens donc à adresser mes remerciements aux membres de cet organisme et aux services associés, le
PRERURE et l’ARER.
J'exprime toute ma gratitude au Docteur Franck LUCAS, Maître de conférences et Habilité à Diriger
des Recherches à l'Université de la Réunion pour la confiance qu'il m'a témoignée en me donnant ce
sujet de thèse. Ses conseils et sa disponibilité ont été pour moi un soutien précieux durant ses trois
dernières années. Un grand merci à lui pour m’avoir fait découvrir le monde de la recherche depuis
mon projet de fin d’études de DUT en passant par mes stages de Master.
Je tiens également à remercier le Professeur François GARDE, de l'Université de La Réunion, qui m’a
encadré lors de ma première année de thèse, avant que Franck reprenne officiellement le flambeau.
Je suis sensible à l'honneur que m'ont fait Monsieur le Professeur Sylvain MAURAN du laboratoire
laboratoire LaTep de l’Université de Pau et Pays de l’Adour pour avoir accepté d'examiner ce travail,
I
Je voudrais également remercier ceux qui ont contribué à ce travail au travers des nombreux échanges
que j’ai pu avoir avec eux. Je pense à Aurélie, Boris, Blaise, Olivier, Marie, Eric, Graziella, Shaan,
Matthieu Martins, pour son aide précieuse sur la modélisation et l’analyse exergétique lors de son
post-doc au sein du laboratoire. Merci Matthieu, j’espère pouvoir travailler avec toi dans un avenir
Je pense à Michel BERNIER, son collègue Mickeal KUMMERT et tous les étudiants de Michel en
thèse (8 doctorants !), lors de mon séjour à l’école Polytechnique de Montréal ; à Driss STITOU et ses
collègues du laboratoire PROMES lors de mon bref passage à Perpignan ; à Thierry BOUCHET, Brice
HERMANT, Christophe ROYNE, Aurélien BOUHIER, Jean Francois LE BERT et toute l’équipe de la
BU propulsion de DCNS pour m’avoir accueilli à Nantes sur l’étude et les premiers essais du PAT.
Comment ne pas remercier les stagiaires que j'ai pu suivre et encadrer, et qui ont pu m’aider pour mon
travail de thèse. Merci donc à François ROIGNANT et Hélène OLLIVIER, j’espère vous avoir donné
goût à la recherche.
Je tiens à exprimer ma reconnaissance à Luis VEGA, Gérard NIHOUS, Jan WAR, Patrick
TAKAHASHI et Yasuyuki IGEKAMI, experts dans cette thématique, pour les différents échanges que
Département Génie Civil de l'IUT de Saint Pierre, où j'ai pu effectuer mes premiers pas dans
l'enseignement. En tant qu’ancien étudiant de DUT au département, j’ai pu en comprendre toutes les
subtilités en passant de l’autre côté de la barrière. J'exprime donc ici ma profonde gratitude aux
François, Hubert, Karine, Nadine, Justie, Flavie, Isabelle, Jean-François, Gilles, Régis.
l’IUT avec qui j’ai pu travailler et échanger. Merci donc à Sophie, Thierry, Cécile, Richard, Sébastien,
Je pense aussi aux collègues du bâtiment à énergie positive de l'IUT et en particulier à Alain, Patricia et
II
Comment ne pas rendre hommage à mes Parents, qui m’ont soutenu depuis toutes ces années. Je
remercie également toute ma famille qui a su me donner du courage dans les moments difficiles et
Enfin, je pense à toi, Radia. Merci pour ta patience, tes sacrifices et la compréhension dont tu as fait
preuve pendant ces trois années. Ton soutien a été d’un grand secours pour moi, ma « little ».
Résumé
L’Energie Thermique des Mers (ETM) offre une alternative intéressante pour la réduction de
l’utilisation des énergies fossiles, dans l’objectif d’une autonomie énergétique. En utilisant le gradient
de température présent entre l’eau de surface (entre 23 et 28 °C) et l’eau en profondeur (environ 5°C à
1000 m), il est possible de produire de l’électricité grâce à un cycle thermodynamique. Les
expérimentations sont peu nombreuses à l’heure actuelle, en raison d’un coût relativement élevé. Une
approche fondamentale est donc développée avec la création de modèles numériques en régime
permanent et dynamique.
III
Le modèle en régime statique a été développé à partir d’une description mathématique simplifiée des
composants du cycle. Ce modèle permet une évaluation globale des performances du système, incluant
le prélèvement et le rejet de l’eau de mer ainsi que le cycle thermodynamique, dans le but de proposer
effectué en tenant compte du design des échangeurs, des pertes de charge (pour déterminer la
puissance des auxiliaires) et du gradient de température. Ces éléments permettent de modéliser le cycle
a été établi en appliquant la méthode des systèmes équivalents de Gibbs. Cet outil permet de décrire
Les résultats de simulations des différents modèles sont confrontés à la littérature et à des données
expérimentales, afin d’avoir des éléments de validation. Par rapport à la littérature, les modèles
permanent et dynamique ont un écart maximal de 0,1°C sur les températures et de 5 % sur les
puissances électriques. Par rapport aux données expérimentales obtenues sur un pilote à terre, les écarts
maximaux sont de 0,1 °C sur les températures et de 0,1 bar sur les pressions. Ces écarts restent faibles
et proviennent de la précision des capteurs de mesures ou des propriétés thermodynamiques des fluides
utilisés. Le modèle en régime dynamique est comparé à une séquence de mesures et révèle une
adéquation sur les températures. Ces confrontations permettent donc de montrer la bonne cohérence des
modèles en régime permanent et dynamique. L’un des intérêts du modèle en régime dynamique est la
Une optimisation du fonctionnement du cycle est réalisée à partir de cette analyse. Des pistes
terre et d’une centrale ETM de 10 MW. La puissance nette de sortie dépend principalement de la
température d’eau chaude. Celle-ci variant de 23 à 28°C à La Réunion, le design des échangeurs ou la
régulation des débits sont donc des paramètres très influents sur le cycle, car ils impactent directement
la puissance délivrée par la turbine ou la puissance consommée par les auxiliaires. Un compromis est
proposé entre la régulation et le design afin d’augmenter à la fois la puissance nette, le coefficient de
performance « BWR» (rapport entre la puissance nette et la puissance électrique délivrée par la
L’optimisation est réalisée grâce au couplage du modèle dynamique avec l’outil Genopt. La méthode
IV
utilisée permet d’optimiser des paramètres d’entrées comme le débit, afin de maximiser la puissance
L’approche fondamentale propose donc d’étudier le fonctionnement global d’une installation ETM. Les
conditions d’opération du procédé variant au cours de l’année, il est nécessaire d’optimiser les
paramètres du cycle afin d’avoir une performance la plus élevée possible. La démarche d’optimisation
est appliquée à une installation pilote à terre. Elle pourra, par la suite, être extrêmement utile pour le
développement de la technologie ETM à une échelle plus démonstrative en proposant une optimisation
d’une installation réelle. Les outils numériques développés permettront, par ailleurs, d’élaborer des
Mots clés : Energie Thermique des Mers, Production d’électricité, Energie Renouvelable, Modélisation,
Analyse exergétique.
Abstract
Ocean Thermal Energy Conversion (OTEC) offers an interesting alternative for reducing the use of
fossil fuels for energy generation, with the goal of increasing energy independence. Using the
temperature gradient present between the surface water (23°C to 28°C) and deep water (approximately
5°C at 1000m), it is possible to produce electricity through a thermodynamic cycle. At present, the
experiments are limited due to a relatively high cost. A fundamental approach is developed with the
The model in steady state has been developed from a simplified mathematical description of the
components of the cycle. This model allows for an overall assessment of system performance including
the withdrawal and discharge of the sea water, as well as the thermodynamic cycle in order to create a
design tool. From the electrical output power required, the design is made taking into account the heat
exchangers design, the pressure losses (to determine the power of the auxiliary), and the temperature
gradient. These elements are used to model the cycle and to estimate the recoverable net power. From
the static model, a dynamic model was established using the method of the equivalent Gibbs systems.
This tool is used to describe the start-up and shutdown, to study the modulation of the electrical power
V
The simulation results of the different models are confronted with the literature and experimental data
in order to have points of validation. Compared to the literature, the permanent and dynamic models
have a maximum deviation of 0.1°C on temperatures and 5% on electrical power calculated in the
simulations. Compared to experimental data obtained on a pilot study installed in the laboratory, the
maximum deviations are 0.1°C on temperature and 0.1 bar on pressure in the simulations. These
differences are small and come from the sensor measurements accuracy or the thermodynamic
properties of fluids. The model under dynamic conditions is compared to a measurement sequence and
reveals a consistency of temperatures. These confrontations can therefore show a good consistency of
the model in steady and dynamic states. One of the advantages of the model under dynamic conditions
is the ability to perform an analysis of the "first and second principle" of the system.
Optimization of the operation is carried out from this analysis. Possible improvements are proposed. An
optimization of the cycle operation is carried out from this analysis. Some possible improvements are
proposed to increase the performance of the onshore experimental bench and a 10MW OTEC power
plant. The net power output depends mainly on the temperature of hot water. This varies from 23°C to
28°C around Reunion Island. The heat exchangers design or the flow regulation are influential
parameters on the cycle because they directly affect the power delivered by the turbine or the power
consumed by the auxiliary systems. A compromise is suggested between the regulation and the design
to increase both the net power, the coefficient of performance "BWR" (ratio of net power and the
power delivered by the turbine) and the exergy efficiency, by reducing the exergy destruction in these
elements. The optimization is done by coupling the dynamic model with the tool Genopt. The utilized
method permits to optimize the input parameters, such as the flow rate, in order to maximize the net
The fundamental approach therefore proposes to review the overall operation of an OTEC power plant.
The operating conditions of the process vary during the year and it is necessary to optimize the cycle
parameters in order to have the highest possible performance. Thereafter, it will be extremely useful for
the development of the OTEC technology for a more conclusive scale by proposing an optimization of
a real installation. The optimization approach is applied to a pilot plant on the ground. The numerical
tools developed will permit in addition to develop strategies to control of the power plants.
Keywords: Ocean Thermal Energy Conversion, Electricity Production, Renewable Energy, Modelling,
VI
Tables des matières
I.1
INTRODUCTION ................................................................................................................................................
6 I.2 PRINCIPE DE FONCTIONNEMENT DU CYCLE
ETM ....................................................................................... 10
I.4 CONCLUSIONS
GENERALES ............................................................................................................................. 29
II.1
INTRODUCTION .............................................................................................................................................. 32
VII
II.3 MODELISATION EN REGIME DYNAMIQUE : SYSTEME EQUIVALENT DE GIBBS ............................................
44
II.4
CONCLUSION .................................................................................................................................................. 58
III.1
INTRODUCTION ......................................................................................................................................... 60
III.2 COMPARAISON
INTERMODELE .................................................................................................................. 62
III.3.3 Confrontation des modèles avec les données expérimentales en régime permanent ....................
76
dynamique 80
VIII
III.4 DIMENSIONNEMENT ET SIMULATION D’UNE CENTRALE DE 10 MW ..................................................... 83
IV.1
INTRODUCTION ......................................................................................................................................... 90
IV.2 DEMARCHE POUR L’ANALYSE EXERGETIQUE DU
PROCEDE ..................................................................... 91
IX
IV.4.4 Optimisation de l’efficacité des
échangeurs ................................................................................. 117 IV.4.5 Étude de sensibilité sur
la température d’eau chaude ................................................................. 123
X
Nomenclature
C Condenseur -
dt Pas de temps s
e Epaisseur m
g0 Accélération de la pesanteur m s⋅ −2
h Enthalpie J kg⋅ −1
m Débit massique kg s⋅ −1
m Masse kg
p Pression Pa
q Flux thermique W
S Entropie J K⋅ −1
Su Surface ou Section m2
V ou v Volume m3
v Vitesse m s⋅ −1
Travail W
W
xg Titre de vapeur -
X Charge Hydraulique Pa
z Hauteur ou altitude m
Efficacité -
ε
ψ Exergie W
Exergie détruite W
∆ψ
Rendement -
η
ϑ Facteur de Carnot -
Indices et exposants
XII
0 Référence Carnot
XIII
c Fluide caloporteur ou chaud
C Condenseur
E Evaporateur
e Entrée
élect Electrique
ex Exergétique
ext Extérieur
f Froid
FT Fluide de travail
g Vapeur
i Intermédiaire
irr Irréversible
is Isentropique
isol Isolant
l Liquide
méca Mécanique
p Paroi
P Pompe
PC Perte de charge
s Sortie
Thermique w Enveloppe
XIV
XV
Liste des figures
XVI
Figure II-7 : Interface graphique de
Delphi ................................................................................................................... 57
Figure III-1 : Procédure simplifiée de
validation .......................................................................................................... 61
Figure III-2: Vue d’artiste de l’implantation de l’expérimentation à l’IUT, Source :
DCNS ....................................... 68
Figure III-3 : Schéma de principe du banc
d’essai ......................................................................................................... 70
Figure III-4 : Évolution des températures d’eau chaude expérimentales (entrées et
sorties) ....................................... 74
Figure III-5 : Évolution des températures d’eau froide expérimentales (entrées et
sorties) ......................................... 74
Figure III-6 : Évolution des débits expérimentaux des
pompes .................................................................................... 75
Figure III-7 : Évolution des pressions aux bornes de la
turbine .................................................................................... 75
Figure III-8 : Évolution des températures d’entrées à la
minute .................................................................................. 80
Figure III-9 : Évolution des débits à la
minute .............................................................................................................. 80
Figure III-10 : Comparaison des températures d’eau
chaude ....................................................................................... 81
Figure III-11 : Comparaison des températures d’eau
froide ......................................................................................... 81
Figure III-12 : Comparaison des températures
d’évaporation ...................................................................................... 82
Figure III-13 : Comparaison des températures de
condensation .................................................................................. 82
Figure III-14 : Comparaison de la différence de pression aux bornes de la
turbine. .................................................... 83
Figure III-15 : Démarche de
dimensionnement ............................................................................................................ 85
Figure IV-1 : Représentations fonctionnelle et schématique du cycle de
Rankine ....................................................... 92
Figure IV-2 : Représentations fonctionnelle et schématique du cycle
ETM ................................................................. 93
Figure IV-3 : Destruction d’exergie et rendement exergétique du cycle PAT .............................................................
104 Figure IV-4 : Destruction d’exergie et rendement exergétique du cycle 10
MW ........................................................ 104 Figure IV-5 : Destruction d’exergie et rendement exergétique du
cycle 10 MW ........................................................ 106
Figure IV-6 : Schématique de présentation du couplage Genopt-
Delphi ................................................................... 108
Figure IV-7 : Courbes caractéristique débit des pompes-hauteur manométriques eau froide et eau chaude ...........
110
Figure IV-8 : Cas n°1 - Évolution de l’exergie détruite et du rendement
exergétique ................................................ 112
Figure IV-9 : Cas n°2 - Évolution de l’exergie détruite et du rendement
exergétique ................................................ 112
Figure IV-10 : Cas n°3 – Évolution de l’exergie détruite et du rendement exergétique .............................................
113
Figure IV-11 : Cas n°1 - Évolution de la consommation électrique du cycle
ETM .................................................... 113
Figure IV-12 : Cas n°2 - Évolution de la consommation électrique du cycle
ETM .................................................... 113
XVII
Figure IV-13 : Cas n°3 – Évolution de la consommation électrique du cycle ETM ...................................................
114
Figure IV-14 : Cas n°3 – Comparaison entre le BWR et le rendement exergétique ...................................................
115
Figure IV-15 : Évolution des températures au sein d’un évaporateur ou condenseur ...............................................
118
Figure IV-16 : Optimisation de
l’efficacité .................................................................................................................. 120
Figure IV-17 : Cas n°1 - Évolution la surface d’échange de l’évaporateur en fonction de
l’efficacité ........................ 121
Figure IV-18 : Cas n°2 - Évolution la surface d’échange du condenseur en fonction de
l’efficacité .......................... 121
Figure IV-19 : Cas n°1 - Évolution de l’exergie détruite et du rendement
exergétique .............................................. 121
Figure IV-20 : Cas n°2 - Évolution de l’exergie détruite et du rendement
exergétique .............................................. 121
Figure IV-21 : Évolution du BWR ...............................................................................................................................
122
Figure IV-22 : Évolution de la destruction d’exergie et du rendement exergétique en fonction de la température
d’eau
chaude ................................................................................................................................................................ 124
Figure IV-23 : Évolution de la puissance nette et du
BWR ......................................................................................... 125
Figure IV-24 : Évolution de la puissance nette, du back work ratio du rendement exergétique du cycle optimisé ..
126
XVIII
Liste des tableaux
Tableau III-3 : Conditions de simulations pour le modèle Delphiper100kw basé provenant du modèle
ETMref ......... 66
XIX
XX
XXI
Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation
et optimisation du procédé
INTRODUCTION GENERALE
Introduction générale
Introduction Générale
Page|1
Le Groupe d’experts Intergouvernementaux sur l’Evolution du Climat (GIEC) annonce dans son
dernier rapport
de 2007 (GIEC, 2007) que «l’essentiel de l’élévation de la température moyenne du globe observée
depuis le milieu du XXe siècle est très probablement attribuable à la hausse des concentrations de gaz
à effet de serre (GES) anthropiques (liées à l’activité humaine)». Entre 1970 et 2004, une hausse de 70
% des émissions de GES a été constatée, principalement due à la production d’énergie et aux
transports. De plus, le prix des énergies fossiles (surtout les produits pétroliers et le gaz naturel) a plus
que doublé entre les années 1996 et 2010. Toutes ces conditions ont mené à la mise en œuvre de
Plus particulièrement pour La Réunion, une politique en faveur des énergies renouvelables a été mise
en place. L’objectif affiché est d’atteindre une autonomie électrique pour l’île à un horizon variant de
2025 à 2030 (Praene, et al., 2011). Il est donc nécessaire d’apporter des solutions pour développer de
nouveaux moyens de production dits « propres ». Pour remplacer les moyens de production utilisant
les énergies fossiles, un mix énergétique doit être mis en place en combinant plusieurs solutions. Une
seule énergie renouvelable ne sera pas suffisante compte tenu du foncier mobilisable, des
disponibilités des ressources,… L’un des inconvénients de la plupart des énergies renouvelables est
leur intermittence ; elles sont considérées comme « fatale » et leur utilisation est limitée à 30 % de la
puissance appelée sur le réseau électrique réunionnais (défini par l’arrêté du 23 avril 2008 relatif aux
de distribution d’électricité). L’Energie Thermique des Mers (ETM) offre une solution de production
d’électricité continue renouvelable. Il serait possible, en utilisant la différence de température entre les
couches profondes de l’océan et l’eau de surface, de faire fonctionner une machine thermique
permettant la production d’électricité. Cette technologie peut être considérée comme moyen de
et optimisation du procédé
Page|2
Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation
Cette thèse a pour objectif d’étudier les potentialités de la production d’énergie basée sur
l’utilisation de l’eau de mer profonde en proposant un état de l’art, une étude numérique sur le procédé
Un état de l’art de la technologie ETM a été mené dans le premier chapitre de ce manuscrit, en vue de
déterminer les avantages et leurs contraintes liées à l’utilisation de ce type de système. Les principes
généraux de cette technologie seront présentés dans une première partie. L’avancement des projets et
travaux de recherches nationaux et internationaux sera présenté dans un deuxième temps. Plusieurs
éléments essentiels pour la modélisation et le dimensionnement ont été extraits, et des pistes ont pu
Le deuxième chapitre de la thèse présente les équations mises en œuvre pour la modélisation du cycle
régime permanent compilé sous l’environnement EES permet d’avoir rapidement des résultats de
simulations et servira d’outil d’aide au dimensionnement pour les futures installations. Le modèle en
régime dynamique est basé sur le dimensionnement effectué en régime statique et utilise la méthode
des systèmes équivalents de Gibbs pour évaluer les régimes transitoires du procédé. Cette
modélisation plus fine constitue une base d’un outil d’optimisation du dimensionnement.
Afin d’évaluer le comportement des modèles, des éléments de validations sont présentés dans le
troisième chapitre. Une étape de vérification est d’abord réalisée en effectuant une comparaison avec
un modèle de centrale extraite de la bibliographie et présentée par Yamada (Yamada, et al., 2009). Une
validation expérimentale est menée dans un deuxième temps afin d’étudier la sensibilité des modèles
en régime stationnaire et transitoire. Cette validation s’appuie sur des résultats obtenus à partir d’un
pilote expérimental installé à terre et mis en service en 2011. Un dimensionnement d’une centrale de
Introduction Générale
Dans le dernier chapitre de ce manuscrit, des études de sensibilités seront effectuées dans le but
d’optimiser les performances du cycle. L’optimisation sera faite en utilisant le modèle en régime
Page|3
dynamique développé avec les systèmes équivalents de Gibbs et en faisant une analyse exergétique du
processus. De
plus, ce modèle sera couplé à l’outil Genopt, permettant de déterminer les paramètres optimaux du
thèse en mettant en évidence la réalisation d’outils d’aide à la décision. Ces outils sont essentiels pour
l’estimation et l’amélioration des performances des installations. Les perspectives envisagées à la suite
de ce travail seront exposées à travers de nouveaux programmes de recherche basés sur l’exploitation
Page|4
Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
CHAPITRE I
Page|5
Chapitre I : Etat de l’art sur l’Energie Thermique des Mers
par la nature à l’échelle de l’homme. Elles ont pour origine, par ordre d’importance quantitative, le
rayonnement solaire, la chaleur du noyau terrestre qui migre vers la surface terrestre et les interactions
L’humanité consomme annuellement en ce début de troisième millénaire, environ 144.10 03 TWh, selon
La production d’électricité mondiale représente quant à elle 20 055 TWh pour l’année 2009, comme
illustré sur la Figure I-1. La production d’électricité a triplé en 35 ans et l’utilisation des énergies
fossiles et nucléaires reste majoritaire, avec 67,8 % de la production d’origine fossile (Figure I-1).
nécessaire de trouver des alternatives pour la production d’électricité. Les énergies renouvelables
Les énergies renouvelables sont une des solutions pour réduire l’utilisation de ces énergies fossiles, à
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
L’énergie solaire reçue sur Terre au sol par rayonnement est de l’ordre de 1100 à 2300 kWh/an/m².
Une grande partie de cette énergie est reçue par le plus grand capteur au monde, l’océan, et est
exploitée sous la forme d’énergie thermique. Elle représente environ 80.10 12 kWh, essentiellement
L’énergie hydraulique récupérable atteint 40.1012 kWh et la valeur techniquement exploitable vaut,
selon les estimations, entre 15 et 20.10 12 kWh. Elle provient de l’évaporation de l’eau (principalement
des océans) et conduit à des précipitations canalisées ensuite par les rivières et les fleuves dont découle
L’énergie éolienne est également utilisée depuis longtemps par de nombreux systèmes comme la
propulsion à voile ou les moulins à vent. Elle représente une ressource énorme, 32.10 15 kWh, dont la
part terrestre exploitable est estimée à 50.10 12 kWh/an. La plus grande partie se trouve « off-shore »,
attribuable aux vents soufflant beaucoup plus fort au large et surtout, plus régulièrement.
L’énergie de la houle disponible est évaluée de 140 à 700.10 09 kWh/an d’après le World Energy
Council (WEC) (OECD, 2010). La puissance moyenne par mètre de front de vague atteint des valeurs
représente une énergie d’environ 800 à 900.10 12 kWh. La part exploitable atteint 60.10 12 kWh. Il est
difficile de connaître la quantité de biomasse réellement utilisée, car elle échappe en majeure partie
aux circuits commerciaux. Il est couramment admis que la part de la biomasse « non commerciale »
est de l’ordre de grandeur d’environ 20.1012 kWh/an. Il est à noter que les besoins énergétiques
alimentaires des 6 milliards d’humains sont d’environ 116.1011 TWh par an.
• La géothermie :
Page|7
Chapitre I : Etat de l’art sur l’Energie Thermique des Mers
Le noyau terrestre en fusion dégage une énergie annuelle d’environ 300.10 12 kWh (flux géothermique
variant de 0,05 à 1 W/m2, ce qui est très faible par rapport au rayonnement solaire : 100 fois plus
important). Les réserves exploitables avec les technologies actuelles sont d’environ 40 10 9 kWh à
haute température (150 à 350 °C, utilisés pour la production d’électricité) et 300.10 9 kWh à basse
Les marées résultent des interactions Terre-Lune-Soleil. L’énergie annuelle dissipée dans les courants
de marée représente environ 25 10 12 kWh. La partie exploitable est assez difficile à déterminer. Dans
les zones à forte marée présentant un étranglement, elle est estimée entre 270 et 500.10 9 kWh. En
"propre" est en plein essor. La situation réunionnaise en est un exemple. Avec un réseau électrique
insulaire (non interconnecté avec le continent), une démographie croissante (environ 810 000 à l’heure
actuelle, 1 million d’habitants d’ici 2025, (INSEE Réunion, 2011)) et une amélioration du niveau de
vie, la demande en électricité est de plus en plus importante. Ceci pose donc de réels problèmes quant
à la gestion du réseau électrique à La Réunion avec de nombreux délestages afin de maintenir celui-ci
en service. Pourtant, la situation géographique offre à la Réunion une multitude de possibilités dans
l’utilisation d’énergies propres. Alors que dans les années 1980, la totalité de l’énergie produite était
d’origine renouvelable (hydraulique), l’île est devenue peu à peu dépendante des énergies fossiles. En
2009, la production d’électricité est assurée par des combustibles fossiles (charbon et fioul), la bagasse
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
Réunion (OER, 2010). Elle reste donc minoritaire et il est important de trouver des solutions afin de
diminuer la part des énergies fossiles dans le paysage énergétique de l’île. L’utilisation des énergies
renouvelables permet de limiter l’utilisation des ressources fossiles, mais celles-ci ont le principal
désavantage, pour la plupart, d’être intermittente, posant un réel problème pour la prédiction de la
puissance produite. L’ETM offre une alternative intéressante par rapport aux énergies renouvelables
classiques. L’un des avantages est la disponibilité en continu de la ressource et permet donc au
L’ETM ou Energie Thermique des Mers, bien que mal connue, est une énergie marine « proposée »
depuis la fin du 19ème siècle. En utilisant la différence de température entre l’eau de mer en surface et
l’eau de profondeur, il est possible de faire fonctionner une machine thermique produisant de
l’électricité. Le principe de fonctionnement du cycle sera présenté dans une première partie en
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Chapitre I : Etat de l’art sur l’Energie Thermique des Mers
détaillant les différents procédés pouvant être utilisés. Une étude de la ressource sera également
présentée pour l’île de la Réunion. Un état de l’art de la technologie ETM sera détaillé dans une
seconde partie, en présentant les différents travaux et projets menés d'un point de vue national et
international.
thermodynamique. En effet, il est possible de faire fonctionner une machine thermique pour produire
un travail, en utilisant la différence de température entre l’eau de surface (source chaude) et l’eau
profonde (source froide) prélevée à 1000 m de profondeur. L'objectif final étant la production
d’électricité, il existe différents types de procédés : le cycle fermé et le cycle ouvert. De plus, ces
Chaude
Evaporateur
Alternateur
Pompe de
Turbine
travail
Condenseur
Pompe
Eau froide
Eau Froide
P a g e | 10
Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
L’eau chaude de surface est pompée dans un évaporateur où le fluide de travail qui reçoit la chaleur se
vaporise. La vapeur ainsi produite se détend dans une turbine puis se condense à basse pression dans le
condenseur où la chaleur est transférée à la source froide. Le fluide qui vient d’être condensé est
P a g e | 11
Chapitre I : Etat de l’art sur l’Energie Thermique des Mers
I-3). Ce fonctionnement correspond au cycle de Rankine. Pour l’ETM, le fluide de travail, le plus
I.2.1.2Cycle ouvert
Dans le cycle ouvert, le fluide de travail est l’eau de mer. L’eau de mer chaude est introduite dans la
chambre sous vide d’un évaporateur dit « flash ». Elle va alors entrer en ébullition et produire de la
vapeur, si la pression de la chambre est inférieure à la pression de vapeur saturante de l’eau. Cette
vapeur est ensuite condensée dans le condenseur en contact de l’eau froide profonde. Les eaux
rejetées, que l’on appellera « effluents », sont évacuées suffisamment en profondeur pour éviter le
mélange avec l’eau prélevée en surface pour la source chaude (Figure I-4).
Figure I-4 : Schéma de principe d’une centrale à cycle ouvert (Levrat, 2004).
Ces « effluents » peuvent être valorisés comme eau douce, car étant séparés du sel lors de la phase de
vaporisation.
cycle est très répandue dans le monde industriel, pour la production d’électricité à l’aide de turbines à
vapeur. Il est présent dans les centrales à biomasse, à charbon ou nucléaires. Il est important de noter
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
cycle est très faible, environ 3 % (Takahashi, et al., 1996). Le rendement de Carnot, déterminé à partir
des températures des sources (Eq 1.1) est la valeur maximale théorique de rendement que pourrait
atteindre notre cycle. Avec des températures de 4 °C pour la source froide et de 28 °C pour la source
chaude (températures d’eau froide et d’eau chaude maximales qui peuvent être atteintes), le rendement
de Carnot est égal à 7,8 %. L’étude de nouveaux cycles applicable à l’ETM a pour objectif
Le cycle de Kalina, développé par l’ingénieur Russe, Alexander Kalina, est un cycle dérivé du cycle de
Rankine qui n’utilise pas de l’ammoniac pur, mais un mélange de deux ou plusieurs fluides.
Généralement, le mélange utilisé est un mélange eau/ammoniac. Le cycle de Kalina pour l’ETM est
représenté sur la Figure I-5. La solution passe à travers un évaporateur et une partie de la solution est
transformée en vapeur. Dans le séparateur, l'ammoniac liquide et la vapeur d'eau sont ensuite séparés
de la solution. La solution, riche en vapeur d’eau se détend dans la turbine. Pendant ce temps, le
Celle-ci est mélangée à nouveau dans un « mélangeur » avec la solution sortant de la turbine, puis
renvoyée eau condenseur. Après avoir été condensée par l'eau de mer froide, elle est pompée à travers
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Chapitre I : Etat de l’art sur l’Energie Thermique des Mers
Le cycle Uehara a été mis au point par le Professeur du même nom, Dr Haruo Uehara. Il a été conçu
afin d’optimiser le cycle de production d’électricité en utilisant l’énergie thermique des mers. Il
présente ce nouveau cycle comme une amélioration du cycle de Kalina. Sa principale particularité est
étagée avec prélèvement (Gicquel, 2009). Tout comme pour le cycle de Kalina, l'intérêt du cycle
constante par des évolutions avec glissement de température. Ceci permet donc de réduire les
irréversibilités du système.
Dans ce cycle (Figure I-6), un mélange riche en ammoniac est chauffé dans un économiseur (4-5a) et
un vaporiseur (5a-5), dont il en ressort à l'état diphasique. Les phases vapeur (6) et liquide (7) sont
alors séparées, la première étant détendue jusqu'à une pression intermédiaire dans une turbine (6-11).
Une partie de ce flux détendu est recirculée à moyenne pression, puis refroidie (11-12) par échange
avec la solution de base (13-14), auquel elle est mélangée pour former le fluide de travail ensuite remis
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
en pression (15-3). Le flux principal sortant de la turbine à haute pression (HP) est détendu jusqu'à la
basse pression dans une deuxième turbine à basse pression (BP) (11-10). Il est ensuite dirigé vers un
absorbeur, où il est mélangé avec la fraction liquide (7) sortant du séparateur. Cette dernière est
préalablement refroidie (7-8) dans le régénérateur par échange avec le fluide de travail sortant de la
pompe de solution riche (3-4), puis détendue à la basse pression (8-9). En sortie d'absorbeur, le
mélange obtenu est condensé avant d'être comprimé à la pression intermédiaire (2-13).
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Chapitre I : Etat de l’art sur l’Energie Thermique des Mers
I.2.3.1Eau chaude
Figure I-7 : Cartographie mondiale de la différence de température moyenne entre 1000 m de profondeur et la
surface en février1 (Vega, 2010).
Sur d’immenses régions de l’océan, la différence des températures entre l’eau de surface et l’eau
phénomène naturel peut-être utilisé par l’ETM. La ressource est largement accessible, stable et
Une valeur du Potentiel Techniquement Exploitable (PTE) mondial de la ressource ETM est celle
donnée par W.Avery (Avery, et al., 1994). D’après Avery, en zone tropicale, 0,19 MW de l’énergie
solaire captée par 1 km² de surface océanique peuvent être extraits par l’exploitation de centrales
ETM. Cette zone s’étale sur 60 millions de kilomètres carrés. Elle représente un PTE de 12 TW
La température d’eau chaude à la Réunion évolue de 28 °C en été à 23,4 °C en hiver. En effet, sur le
site du Port, des campagnes de mesures de températures ont été menées sur une dizaine d’années par le
laboratoire ECOMAR (Conand, et al., 2008). Ces températures sont représentées sur la Figure I-8.
1 Moyenne mensuelle ΔT, correspondant à la différence de température entre la surface et 1000 mètres de profondeur est
>22 °C dans la zone rouge, comprise entre 20 °C et 22 °C dans la zone orangée, 18 °C et 20 °C dans la zone jaune et <18
optimisation du procédé
La température de la ressource en eau froide varie entre 4,4 et 5,1 °C en fonction de la latitude.
Concernant l’île de la Réunion, l’ARER, dans le cadre d’une note d’opportunités pour la ville du Port
(Hoarau, 2008), donne des éléments sur la ressource en eau froide disponible. Les relevés effectués au
Port montrent que l’eau prélevée à 1000 m de profondeur est à une température de 5 °C. De plus, cette
étude donne une idée de la ressource vis-à-vis de la topographie marine de l’île, qui est représentée sur
la Figure I-9. Les données bathymétriques sont celles du SHOM et de l’IFREMER pour La Réunion et
de la MAKAI pour Hawaii. Le site de Sainte Rose est le meilleur site en termes de tombants à la
Réunion. La profondeur de 1000 m est atteinte à 2 km des côtes. Ce site a des tombants similaires voir
supérieurs (selon le profil) à celui d’Hawaii, à Big Island, considéré comme l’un des meilleurs sites au
monde.
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Chapitre I : Etat de l’art sur l’Energie Thermique des Mers
1000 m
Figure I-9 : Etude des profils bathymétriques de différents sites à la Réunion (Hoarau, 2008).
D’autres sites peuvent être exploités à La Réunion comme à Bois Rouge ou au Port. Malgré des
raccordement d’une installation ETM est ainsi plus aisé sur le réseau électrique existant. De plus, il
sera aussi possible de coupler la centrale ETM avec des rejets de chaleur industriels présents afin
d’augmenter la production d’électricité. Un exemple de couplage est étudié dans les travaux de Kim
(Kim, et al., 2009), qui utilise les rejets d’une centrale nucléaire avec un cycle ETM.
I.3.1 Historique
L’origine des ETM remonte en 1880, avec les propositions du physicien français Jacques Arsène
d’Arsonval pour extraire l’énergie de la mer (Hoarau, 2008 ; Moore, et al., 2008). Déjà, à l’époque des
années 1920, la perspective de l’épuisement des réserves de charbon suscitait la recherche de nouvelles
ressources d’énergie primaire. Ceci a poussé Georges Claude, reconnu comme le pionnier de l’ETM, à
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
s’intéresser aux idées de Jacques Arsène d’Arsonval et à commencer les premiers travaux de
développement de ce secteur.
Avec son ancien camarade d’étude Paul Boucherot, Georges Claude voulait produire de l’électricité
dans un turboalternateur dont le condenseur est refroidi par de l’eau froide pompée en profondeur et
utiliser une enceinte à basse pression pour bouillir l’eau pompée à la surface de l’océan. Le 15
novembre 1926, Georges Claude présenta leur invention (Takahashi, 2000) et pour contredire ses
détracteurs qui prétendaient que la machine consommait plus d’énergie qu’elle n’en produisait
(Gauthier, 2003), il fît construire une turbine couplée à une dynamo, d’une puissance nette de 50 kW.
Georges Claude ne s’arrêta pas là, il décida en 1929 de construire une installation grandeur nature et
choisit d’en faire la démonstration dans la baie de Matanzas, à Cuba (Figure I-10).
Figure I-10 - Expérience de mise à l’eau du tube de 2 km de longueur, cuba 1930 (Gauthier, 2003).
Après deux échecs, la première micro-usine ETM d’une puissance de 22 kW électrique vit le jour le 20
Octobre 1930 (Moore, et al., 2008). Dans la même année, il décida de construire à nouveau une usine
ETM flottante « La Tunisie » de 3,5 MW où il voulait produire de la glace industrielle à Rio de Janeiro
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Chapitre I : Etat de l’art sur l’Energie Thermique des Mers
Figure I-11 : Usine ETM flottante " La Tunisie » de production de glace réalisée par G. Claude, Brésil 1935
(Hoarau, 2008).
Il était persuadé que le succès commercial allait promouvoir le développement des ETM. Georges
Claude voulait montrer la faisabilité économique d’une centrale ETM, mais la crise économique de
1932 et les échecs successifs lors des opérations de pose des conduites mirent fin à ce projet. L’usine
fut abandonnée en 1935. En 1940, Georges Claude relança de nouveau le challenge et mît en œuvre ce
qui fût appelé le « Projet Abidjan ». L’objectif de ce projet était de produire 15 MW brut en utilisant
une turbine de 14,25 mètres avec 4 MW pour le pompage de l’eau et 1 MW pour le dégazage (Figure
I-12).
Figure I-12 : Installation ETM en cycle ouvert développé pour le Projet Abidjan (Takahashi, 2000).
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
En 1956, les scientifiques français commencent à construire une centrale de 3 MW en Côte d'Ivoire.
Mais le projet est abandonné à suite de la chute du prix du pétrole, l’installation ne devenant pas assez
France. Dans ce paragraphe, une présentation succincte des différents projets, expérimentations et
Les premières publications américaines traitant de l'exploitation de l'ETM en référence aux travaux de
Georges Claude datent de 1965. Le début des années soixante est marqué par l’introduction du cycle
fermé, développé par James Hilbert Anderson qui a cerné les principaux problèmes techniques
Il propose comme solution l’utilisation des fluides organiques tels que le propane (en 1963) afin
d’améliorer les performances des installations ETM. La crise pétrolière de 1973 a relancé de nouveau
les centrales ETM, particulièrement celles à cycle fermé. Aux Etats Unis, ce nouvel essor fût conclu
par la construction du NELHA (Natural Energy Laboratory of Hawaii). En 1975, commencent les
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Chapitre I : Etat de l’art sur l’Energie Thermique des Mers
premiers travaux à terre sur les échangeurs thermiques. En 1979, à Hawaii, c’est la réalisation et les
essais en mer de la première centrale flottante ETM à cycle fermé « Mini-OTEC » (Figure I-13).
Cette dernière utilisait l’ammoniac comme fluide de travail et produisait une puissance de 55 kW avec
40 kW pour le pompage de l’eau. La puissance nette était de l’ordre 15 kW. En 1979, les américains
réalisent le premier laboratoire flottant « OTEC-1 » pour la mise au point d’échangeurs eau de mer -
ammoniac. Ce dernier était monté sur un ancien ravitailleur de l’US Navy rebaptisé Ocean Energy
Converter. L’eau froide était pompée à une profondeur de 700 mètres. Le laboratoire à cycle fermé
En 1986, la baisse des prix du pétrole sur le marché mondial et le désengagement pour le
développement de l’ETM a poussé les chercheurs de cette époque à changer leur façon de voir les
conséquence est la naissance de l’idée ingénieuse de profiter des effluents rejetés par les ETM et qui
sont peu pollués et très riches en nutriment. Les Américains et les Japonais se démarquent dans cette
nouvelle discipline et c’est au NELHA d’Hawaii que cette politique se concrétise sous le nom de
Le NELHA utilise les travaux du PICHTR (Pacific International Center for High Technology
Research) pour la réalisation et les essais de la plus puissante mini-usine ETM à cycle ouvert à terre,
de 210 kW, en coopération avec le Japon (Figure I-14). La température de surface était estimée à 26 °C
et à 6 °C pour les eaux profondes avec une puissance maximale de l’ordre de 255 kW durant la période
estivale (Levrat, 2004). Cette installation expérimentale a permis de recueillir les informations
techniques qui serviront de base de données pour les futures installations ETM. Cette installation a été
étudiée par Luis Vega, qui en a assuré le fonctionnement. L’usine fut démantelée en janvier 1999
(Daniel, 1999).
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
Figure I-14 : La plus puissante centrale expérimentale à cycle ouvert de 210 kW.
En 2007, la société Lockheed Martin (LM), active dans le développement de l'ETM depuis environ 35
ans (Exemple : « Mini OTEC » en 1977), reconstitue une équipe d'ingénieurs et investit des millions
de dollars dans un nouveau projet ETM. Le but de cette équipe est de concevoir une centrale pilote de
100 MW économiquement compétitive pour des marchés comme Hawaii. Les études sur la centrale
pilote permettront d'identifier les risques technologiques liés aux points critiques de fonctionnement de
chaque composant. Elles fourniront également des données environnementales essentielles pour mener
Le NAVFAC (Naval Facilities Engineering Command) a attribué, en septembre 2009, 8,1 millions
d’USD (US Dollar) à LM pour cette étude, somme à laquelle est venue s'ajouter récemment une bourse
fédérale de 2 millions d’USD. La centrale pilote de LM coûtera plusieurs centaines de millions d’USD
ce qui s'avère être un investissement insuffisant. Il faudra donc d'autres subventions fédérales afin de
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Chapitre I : Etat de l’art sur l’Energie Thermique des Mers
lancer cette nouvelle industrie d'énergie marine, d'où la nécessité d'une réelle volonté politique. Les
par le gouvernement américain. Selon les estimations d’un spécialiste américain, le Dr Robert Cohen,
Figure I-15 : Banc d’essai sur le site du Nelha à Hawaii, Source : Nelha
raison des procédures mises en place par la NOAA (National Oceanic and Atmospheric
Administration). Celle-ci souhaite une étude d'impact suivie sur cinq ans avant l’installation de la
centrale pilote. La plupart des incertitudes environnementales qui subsistent pourront ainsi être
complètement levées. À ces cinq années, s'ajoutent encore cinq autres années nécessaires à la
construction et l’exploitation de l'usine pilote elle-même. C'est donc un pari sur 10 ans qui ne manque
pas d'inquiéter les investisseurs, surtout dans le contexte économique actuel (Rousseau, 2010b).
Dans le cadre de ce projet de centrale de 10 MW, une expérimentation a été mise en place depuis la fin
de l’année 2010 (Figure I-15). L’objectif principal de cette tour est de tester différents échangeurs en
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
aluminium. Ce projet est dirigé par Makai Ocean Engineering Inc (MEO), en collaboration avec
Lockheed Martin. La tour fonctionne suivant un cycle fermé avec de l'ammoniac comme fluide de
travail et une puissance brute évaluée à 100 KW (Yonan, 2011). Cependant, la tour ne contient
actuellement pas de turbo-alternateur. Des tests sont également réalisés sur la corrosion de différents
Les Japonais s’intéressent également aux ETM. Après la prise de conscience de leur dépendance
énergétique et la vulnérabilité de leur économie, ils proposent en 1974 le «Sunshine Project» incluant
l’ETM. Ce dernier est un programme de développement d’énergies nouvelles qui avait pour but de
En 1975, "the Institute for Comprehensive Electronic Technology" met en place son premier modèle
expérimental et arrive à générer 100 Watts d’électricité. Ce système était basé sur un cycle fermé qui
utilisait le fluor. Après les expériences acquises du premier modèle, le même institut décide de
construire un second modèle en 1977, (Figure I-16) afin de pousser plus en avant les études liées à
l’ETM.
Figure I-16 : L’installation expérimentale à cycle fermé à l’Institute for Comprehensive Electronic Technology.
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Chapitre I : Etat de l’art sur l’Energie Thermique des Mers
L’université de Saga se lance dans la course et construit des installations expérimentales. C’est dans
cette perspective que les Japonais réalisent plusieurs prototypes d’ETM à cycle fermé plus puissant, à
savoir :
• En 1979, une « Mini OTEC» qui utilisait le fréon comme fluide de travail est implantée à
• En 1980, l’usine expérimentale onshore de Nauru (Figure I-17) utilisait le fréon comme
fluide de travail. Elle produisait une puissance de 31 kW net d’énergie électrique pendant
une période de plusieurs mois d’essais. Elle a fonctionné jusqu’en 1982. Cette puissance
était le record de cette époque et l’énergie produite était transférée vers un réseau électrique
Le Japon coopère également avec l’Inde, via le National Institut of Ocean Technology
(NIOT) et mettent à l’eau en 2001, une usine flottante ETM nommée « Sagar Shakthi » de 1 MW
électrique (Hoarau, 2008), illustrée sur la Figure I-18. Suite à des soucis lors de la pose du tuyau d’eau
En 2003, l’Université de Saga termine la construction de son centre d’essais sur l’ETM, le « Institute
of Ocean Energy, Saga University » (IOES). Ce centre, d’une surface de 4500 m², permet de tester à la
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
fois les cycles ETM de Rankine, Kalina et Uehara. Il teste également différents types d’échangeurs à
Figure I-18 : L’usine ETM Sagar Shakti née de la coopération Indo-Japonaise (Gauthier, 2003).
Malgré la découverte de l’ETM par d’Arsonval, la France a abandonné l’ETM au profit d’autres
énergies comme le nucléaire. Elle fait un bref retour dans les années 1980 avec un consortium
(Marchand, 1985). Leur programme prévoyait la construction d’une centrale pilote de 5 MW avant
1989 (Figure I-19). Malheureusement, la chute des prix du pétrole en 1986 a mis fin à ce programme
(Gauthier, 1984).
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Chapitre I : Etat de l’art sur l’Energie Thermique des Mers
Martinique et Tahiti. En 2009, une étude à été lancée pour l’installation d’une centrale, positionnée sur
un fond de 1300 m entre 5 et 10 km des côtes tahitiennes. Elle sera flottante, semi-immergée, d'un
diamètre de 50 m et pourrait fournir une puissance entre 5 et 10 MW. Cette centrale pourrait être
(Rousseau, 2010a). Le projet est porté par L'État, la Polynésie Française, l'entreprise Pacific OTEC et
DCNS. L'objectif plus global pour Tahiti à l'horizon 2020 est de mettre en place un mix énergétique,
dont fait partie le projet ETM, pour ainsi obtenir 45 % d'énergies renouvelables (contre 24,7 % en
2008).
En Martinique, une étude de faisabilité a été lancée en 2010 entre la Région Martinique et DCNS pour
Ces deux études rejoignent celle de la Réunion, qui depuis 2008 travaille en collaboration avec la
MW au large de la ville du Port. Ce projet, prévu pour 2014, sera présenté dans le troisième chapitre de
ce manuscrit.
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
Plusieurs travaux ont été menés récemment sur la modélisation du cycle de Rankine appliquée à
l’ETM. Les travaux réalisés par Nihous (Nihous, 2005 ; Nihous, 2007) portent sur l’évaluation du
potentiel de la ressource en couplant un modèle simplifié du cycle avec des modèles de circulation de
la thermocline. Ces études permettent d’évaluer la dispersion des rejets des centrales, nécessaire pour
les études d’impact. Un travail sur l’optimisation du cycle a été fait par Yamada (Yamada, et al., 2009)
qui présente le dimensionnement et la modélisation en régime permanent, d’une centrale ETM de 100
kW. Il la compare ensuite avec une centrale de même puissance couplée avec des panneaux solaires,
afin d’augmenter les performances globales du cycle. Ce travail sera utilisé dans le troisième chapitre
modélisation de la centrale ETM seule. Un travail sur un cycle organique de Rankine appliqué à
l’ETM a été mené par Wang (Wang, et al., 2010). Cette étude présente une sélection de fluides
organiques, autres que l’ammoniac, qui seraient compatibles avec le gradient de température
disponible en mer. D’autres travaux ont été effectués par Nakamura (Nakamura, et al., 1988),
(Nakamura, et al., 1991) sur le cycle de Rankine, mais n’ont pu être évalués, car ces publications
Concernant le cycle de Kalina appliqué à l’ETM, une étude paramétrique sur ce cycle a été menée en
1993 par Uehara et Ikegami (Uehara, et al., 1993). Ils ont montré que le rendement du cycle était de 5
% en utilisant de l’eau chaude à 28 °C et de l’eau froide à 4 °C. Le gain par rapport au cycle de
également été mené par le Japonais Bai (Bai, et al., 2002). Les résultats de ces simulations ont été
comparés avec des données expérimentales du centre d’essais d’Imari (présenté au paragraphe
I.3.2.2 ). Ces données ont également été utilisées par Goto (Goto, et al., 2011) pour comparer les
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Chapitre I : Etat de l’art sur l’Energie Thermique des Mers
tarissement annoncé des gisements pétroliers nous forcent à réfléchir à une gestion durable de nos
Le potentiel de l’Energie Thermique des Mers est considérable. Elle constitue pour l’avenir, une source
durable.
Le procédé est connu depuis de nombreuses années et des projets liés à l’ETM sont en plein
développement. À cause d’un coût élevé de la technologie, les expérimentations et les premières
centrales pilotes en mer sont peu nombreuses, mais sont très attendues par les équipes d'ingénieurs et
énergétique de l’île (insularité, dépendance visà-vis des énergies fossiles) et sa position géographique
concourent à l’utilisation des énergies renouvelables. Dans ce contexte, l’ETM occupera une place
importante dans le mix énergétique prévu par la Région en 2030. Le projet ETM réunionnais est le
fruit d’une collaboration entre la DCNS, la Région Réunion et l’Université de La Réunion. L’objectif
est la construction d’une centrale de 10 MW au large de l'île. Dans le but de supprimer des incertitudes
concernant ces différentes thématiques comme le dimensionnement, la pose des conduites, l’impact
environnemental,…, un plan de levée de risques a été mis en place. L’une des dispositions de ce plan
est l’installation d’un prototype à terre sur le site de l’IUT de Saint-Pierre en 2012. Ce prototype sera
une échelle réduite du démonstrateur et permettra de vérifier les hypothèses retenues afin de corriger le
obtenues lors des tests d’épreuve réalisés à Nantes et permettront la confrontation avec l’approche
En effet, en préparation de l’installation de ce banc d’essai, un travail sur les modèles en régime
permanent et en régime dynamique a été effectué. Le modèle en régime permanent offre une
évaluation globale des performances du système, incluant le prélèvement et le rejet de l’eau de mer
ainsi que le cycle thermodynamique, dans le but de proposer un outil de dimensionnement à partir de
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
la modélisation statique. Un modèle dynamique sera établi en appliquant la méthode des systèmes
équivalents de Gibbs. Cet outil permet de décrire les phases de démarrage et d’arrêt, d’étudier la
Ces études constituent un premier pas vers la conception des centrales commerciales de grosses
puissances et permettront de lever les nombreuses incertitudes à la fois sur les technologies employées
(échangeurs, fluide de travail, régulation,…), sur l’installation en mer (pose des tuyaux, ancrage du
CHAPITRE II
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Chapitre I : Etat de l’art sur l’Energie Thermique des Mers
P a g e | 32
Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
II.1
Introduction
Depuis de nombreuses années, grâce aux progrès de l’informatique, la modélisation numérique a pris
présente des simplifications, ces outils permettent d’obtenir rapidement des résultats se rapprochant de
la réalité. Les expérimentations ou les centrales pilotes sont relativement couteuses à mettre en place,
comme illustrées dans le chapitre 1. Il est également nécessaire de déterminer les paramètres de
fonctionnement du cycle afin de s’assurer de la production du cycle. Le cycle devra être dimensionné
afin d’avoir une puissance nette positive. Ces modèles permettent donc de prédire le comportement
des différents composants de l’installation et donc d’étudier virtuellement les phénomènes physiques
mis en jeu. Cela permet de faciliter le dimensionnement ou d’améliorer les performances du procédé.
Une installation ETM classique est donc composée de différents éléments, dont les principaux sont :
Son fonctionnement est basé sur un cycle de Rankine fermé avec de l’ammoniac comme fluide de
travail, comme illustré sur les Figure II-1 et Figure II-2. L’eau chaude de surface (10) est pompée dans
un évaporateur (7) où le fluide de travail (3) qui reçoit la chaleur se vaporise (4). La vapeur ainsi
produite se détend dans une turbine (1) puis se condense à basse pression dans le condenseur (2) où la
Le fluide qui vient d’être condensé est réintroduit dans l’évaporateur pour un nouveau cycle.
Il faut aussi noter que dans notre cas, il n’y a pas de surchauffe ou de sousrefroidissement du fluide de
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Chapitre II : Modélisation du cycle fermé de Rankine appliqué à l’Energie Thermique des Mers
Source chaude 10
Pompe Eau
8 7
Chaude
Evaporateur
3 Alternateur
4
Pompe de
Turbine
travail
2 1
Condenseur
5 6
Pompe Eau
Source froide
Froide
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
permanent. La modélisation sous Delphi a été retenue par l’incapacité de EES à pouvoir modéliser le
permanent
II.2.1 Echangeurs
Pour modéliser et dimensionner un échangeur, il est possible d'utiliser des relations impliquant les
nombres de Nusselt ou Prandtl, mais elles supposent que soient connues les températures d’entrée et
de sortie des fluides, ce qui est rarement le cas. La méthode du NUT (Nombre d’Unités de Transfert)
est une méthode plus générale et plus simple à utiliser. Développée par Kays et London (Incropera, et
al., 2006), cette méthode nécessite de connaître uniquement les températures d'entrée des fluides et
non celles de sortie. Le dimensionnement des échangeurs se base donc sur une approche globale.
Celle-ci permet de modéliser les échangeurs quelque soit leur type et sans entrer dans les détails de ses
caractéristiques technologiques. Cette description sera utilisée à la fois pour le régime permanent et
pour le régime dynamique. Le système est donc équipé de deux échangeurs, un évaporateur, noté E et
un condenseur, noté C. Ces équipements sont modélisés sur la même base et seules leurs propriétés
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Chapitre II : Modélisation du cycle fermé de Rankine appliqué à l’Energie Thermique des Mers
=0 (II.1)
Les débits massiques d’entrée et sortie sont égaux en régime stationnaire m leE =m gsE d’où
La puissance thermique transmise entre l’échangeur et le fluide caloporteur est fonction des
E
températures d’entrée TceE et sortie TcsE du fluide caloporteur ainsi que de son débit massique m c
L’échangeur est isolé thermiquement par un isolant d’épaisseur eisol de conductivité thermique λisol. Le
flux de perte thermique qext est de la forme :
La paroi est considérée à la même température T que celle du système (température uniforme).
Cependant, la température de l’isolant Tisol est différente par rapport à celle du système (T≠Tisol).
Avec, Risol la résistance thermique de l’isolant, fonction de la surface Sisolp d’isolation sur la paroi :
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
Risol =
eisol⋅Sisolp (II.5) λisol
de conductance de transfert hext et de la surface d’échange de l’isolant avec l’extérieur Suextisol . Cette
Le fluide entre dans l’évaporateur à l’état liquide saturé ou sous-refroidi à la température TleE . Ce
massiques d’entrée, d’évaporation et de sortie sont égaux. En effet, l’évaporateur fonctionne avec un
niveau de liquide constant. Avec l’équation (II.2), les débits massiques d’entrée, d’évaporation et de
Le dimensionnement d’un échangeur consiste à déterminer la surface d’échange. Cet évaporateur peut
se décomposer schématiquement en deux parties (Figure II-3). La première est composée d’un
Il est appelé ECS (Evaporateur Chaleur Sensible). La deuxième partie est donc l’évaporateur
proprement dit, servant à évaporer le fluide. Il est appelé ECL (Evaporateur Chaleur Latente).
P a g e | 37
Chapitre II : Modélisation du cycle fermé de Rankine appliqué à l’Energie Thermique des Mers
N.B : Le condenseur est modélisé comme un seul échangeur. Le fluide entre dans le condenseur à
E
m Egs E T
m TE T ceE
gs TceE
E
m
m cceE
E CL
E_CL
E
TTciciE
E CSE_CS TE
TcscsE
EE
m
m
lele TEleE
Tle
Cas n°1 : La surface d’échange est inconnue, dans le cas d’un dimensionnement.
Cas n°2 : Les températures de sorties sont inconnues, dans le cas de simulations.
La même méthode sera appliquée pour déterminer la surface d’échange nécessaire ou les températures
Cas n°1 :
a) L’échangeur ECL
Les températures de fonctionnement TE et de sortie TceE en régime nominal peuvent être estimées
Le fluide de travail entre dans l’échangeur à l’état liquide et se réchauffe dans celui-ci jusqu’à la
température d’évaporation.
P a g e | 38
Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
relation :
E E qcE CS
(II.12)
Tcs = Tci − cp mc ⋅ cE
Dans le cas d’un évaporateur ou condenseur, la température de changement de phase est constante. Le
débit du fluide moteur à l’intérieur de l’échangeur est constant et à un débit de capacité infini. Le débit
de capacité minimal dans l’évaporateur est donc celui du fluide caloporteur. Le rapport des débits de
RE = (m cp ⋅ )c = 0
CL (II.13)
(m cp ⋅ )f
Dans le cas d’un évaporateur, l’efficacité en fonction du NUT se note alors de la forme :
εE = 1 − exp(−NUT E )
CL CL (II.14)
D’où,
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Chapitre II : Modélisation du cycle fermé de Rankine appliqué à l’Energie Thermique des Mers
−
NUT E = − ln(1 − εE ) = − ln 1 − TTceceE − TTciE
CL CL (II.15)
E E
Le Nombre d’Unité de Transfert permet alors de trouver la surface d’échange nécessaire afin
⋅
NUT E = K E CL CL SuE CL (II.16)
(m cp ⋅ )min
Le fluide moteur a le plus petit débit de capacité dans l’échangeur par rapport à celui du fluide
RE = (m
CS cp ⋅ )f (II-18)
(m cp ⋅)c
L’efficacité thermique de l’échangeur est donnée par la valeur la plus élevée des efficacités thermiques
partielles, donc par rapport au fluide qui à l’ écart de température le plus élevé et donc celui qui
E T E −T E
ε = T E −TleleE
CS (II-19) ci
Le Nombre d’Unité de Transfert se calcule en fonction de l’efficacité ainsi que des rapports des débits
de capacités.
1 ε
NUTECS = 1− RECS ⋅ln1−1 −ECSεE⋅CSRECS (II-20)
P a g e | 40
Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
NUT E
⋅
E CS ⋅(m cp )f (II-21)
Su = CS KE CS
Cas n°2 :
εE =TTceceEE −−TTciE
CL (II.22)
E
Connaissant la surface d’échange et le coefficient global d’échange, il est possible de calculer le NUT
(II.16) et donc l’efficacité. De plus, la température de fonctionnement TE étant imposée, il est possible
II.2.2 Turbo-alternateur
Composant essentiel pour la production d’électricité, le turbo-alternateur est un assemblage mécanique
d’une turbine à un alternateur. La détente dans la turbine est considérée comme adiabatique et
Le rendement isentropique de la turbine est défini de la manière suivante (MORAN, et al., 2008):
Le travail mécanique fourni par la turbine en tenant compte du débit du fluide moteur et du rendement
P a g e | 41
Chapitre II : Modélisation du cycle fermé de Rankine appliqué à l’Energie Thermique des Mers
Enfin, la puissance électrique fournie par l’alternateur en tenant compte du travail mécanique fourni
de mer nécessite une dépense d’énergie importante en raison de pertes de charge. Elles doivent être
Avec la charge hydraulique définie par (avec i le point considéré dans le circuit):
Xi Pi v
g zi (II.28)
= +
Z1→2 J1→2 Y1→2 (II.29)
∑
Y1→2 = i n=1 i ⋅
ξ ρ⋅ v22 (II.31)
Nous pouvons ainsi définir les pertes de charge en chaque point du réseau et ainsi en déduire la
puissance électrique consommée par la pompe, en fonction du travail à fournir pour combattre les
P a g e | 42
Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
pertes de charge. Ces calculs seront nécessaires pour la détermination des courbes caractéristiques :
II.2.4 Pompes
Les pompes permettent de la mise en mouvement d’un fluide dans une conduite. À partir du calcul des
W irrP = WPrevP = hs,revP −he (II.34)
ηméca ηméca
ηméca
Enfin, la puissance électrique consommée par la pompe découle du travail mécanique fourni et du
rendement électrique :
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Chapitre II : Modélisation du cycle fermé de Rankine appliqué à l’Energie Thermique des Mers
(EES) 2 (Klein, 2009) est un environnement de simulation qui a été développé par le professeur Sandy
Klein de l’Université du Wisconsin à Madison. Cet outil permet de résoudre des systèmes d’équations
qui apparaissent dans la plupart des domaines scientifiques. EES est couramment utilisé pour résoudre
des problèmes de thermodynamique (Bernier, 2003 ; Forristall, 2003 ; Lakew, et al., 2011).
EES est un logiciel de type « solveur d’équations » permettant la simulation de procédés en régime
fonctions mathématiques et thermodynamiques sont incorporées dans le logiciel. Par exemple, des
tables “ vapeur ” sont implémentées de telle sorte que n’importe quelles propriétés thermodynamiques
peuvent être obtenues à partir des fonctions incorporées (enthalpie, masse volumique, …). En effet, il
existe deux différences majeures entre EES et un solveur « classique » d’équations. Tout d’abord, EES
identifie automatiquement et groupe les équations qui doivent être simultanément résolues. Cette
caractéristique simplifie le procédé pour l’utilisateur et assure que le logiciel opérera toujours en
veillant bien à respecter que le nombre de variables et le nombre d’équations soient identiques. Les
différentes équations présentées dans cette partie seront donc implémentées dans le modèle sous EES.
2 Prononcé « ease »
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
P a g e | 45
Chapitre II : Modélisation du cycle fermé de Rankine appliqué à l’Energie Thermique des Mers
Une interface graphique (Figure II-4) peut être créée sous l’environnement et permet de visualiser
directement des résultats des calculs et permet la modification des paramètres sans avoir à aller dans le
code.
II.3.1 Principe
Le principe des systèmes équivalents de Gibbs est une méthode permettant de déterminer les
différentes grandeurs intensives et extensives d'un système en régime transitoire. C'est une méthode
P a g e | 46
Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
qui consiste à assimiler un système réel en un objet thermodynamique dont il est possible de calculer
les variations d’énergie interne et d’entropie au cours du temps. C'est un outil de calcul basé sur la
thermodynamique des processus irréversibles. Ce concept a été développé par Ilya Prigogine
(Prigogine, 1968) et peut être directement utilisé aux composants d'une installation thermodynamique.
Des travaux ont été menés par Pierre Neveu (Neveu, et al., 2002) sur une pompe à chaleur ou par
Matthieu Martins (Martins, et al., 2011) en appliquant la méthode sur un nouveau procédé de
rafraîchissement solaire. Les équations présentées dans ce chapitre découlent de ces différents travaux
Un système équivalent de Gibbs est donc défini pour chaque composant réel impliqué dans le système
par des variables intensives (x, T et p) et des variables extensives (mj , U et S). Dans ce système ainsi
défini, la masse m, l'énergie interne U, et l’entropie S sont liées par l'équation de Gibbs. La production
d’entropie peut se traduire facilement grâce aux différents flux et aux forces associées.
La modélisation du système équivalent est plus simple que le système réel, qui comporte des gradients
uniforme de telle manière que les deux conditions suivantes soient vérifiées :
• Pour un point de fonctionnement donné (en général, le point dimensionnement dans les conditions
Dans ces conditions, le système équivalent est décrit par l’équation de Gibbs :
dU
=
TdS
−
pdV + ∑µidn i (II.37)
i
En pratique, deux systèmes d’équations sont établis. Le premier est composé des trois valeurs
∂
la température T du système dite « équivalente » (au sens de T = H et n’est donc pas ∂S mesurable),
et P la pression. L’autre système d’équations caractérise les trois valeurs extensives, à savoir, la
P a g e | 47
Chapitre II : Modélisation du cycle fermé de Rankine appliqué à l’Energie Thermique des Mers
quantité de matière mj définie pour chaque espèce j présente dans le système, l’entropie U et l’énergie
interne S.
L’intégration numérique des valeurs extensives permet de caractériser la dynamique de ces systèmes
équivalents du fait de leur variation estimée à partir des flux de chaleurs et de masse échangés par le
q w m j hj qext (II.38)
Le système de Gibbs étant considéré à température et pression uniformes, seuls les échangeurs seront
L’évaporateur échange avec l’extérieur de la matière et de la chaleur. Il est composé de deux ports
matériels. L’un est une entrée du fluide de travail à l’état liquide à la température TleE , avec un débit
m leE et l’autre une sortie de ce fluide à l’état vapeur, avec un débit m gsE .
Le système échange de la chaleur avec un fluide caloporteur circulant avec un débit m cE et avec des
températures d’entrée sorties TceE et TcsE respectivement. Il échange également de la chaleur avec
P a g e | 48
Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
T gsE m E
gs
E E E
( mUS
g, g , g ) TceE
Text m
c
q cE
E
q ext TpE , E
TcsE
E E E
( mUS
l , l , l )
TleE m E
le
Tout comme l’évaporateur, ce système échange avec l’extérieur de la matière et de la chaleur. Il est
composé de deux ports matériels : l’un est une entrée du fluide de travail à l’état bi-phasique
liquide/vapeur avec un titre de vapeur xCge , à la température TgeC et avec un débit m Cge , l’autre, une
sortie de ce fluide à l’état liquide saturé avec un débit m lsC . Le système échange de la chaleur avec
un fluide caloporteur circulant avec un débit m cC et avec des températures d’entrée sorties TceC et TcsC
P a g e | 49
Chapitre II : Modélisation du cycle fermé de Rankine appliqué à l’Energie Thermique des Mers
T geC m C
ge
C C C
( mUS
g, g , g ) TcsC
Text
q cC
C
q ext TpC , C
TceC
C
( mUS C C m
c
l , l , l )
TlsC m C
ls
∑m u ⋅
(II.39)
U= i i= mw ⋅ uw + ml ⋅ ul + mg ⋅ ug
i
S= ∑m ⋅ s = mi i w⋅ s w + ml ⋅ s l + mg ⋅ s g (II.40)
i
L’évolution en dynamique valable pour l’évaporateur et le condenseur est décrite par le système
différentiel suivant :
dmdt l = m ge ⋅(1 − x )ge+ m le − m ls − m x
dU dt
dmdt g ==qmext e +⋅ xqgec +−mmlegs⋅+h(T )lm xle− m ls ⋅ h(T)l+ m ge ⋅ h(T ,x )ge ge − m
gs ⋅ h (T,p)g (II.41)
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
Avec :
~
T c : Température entropique moyenne du fluide caloporteur (K)
~
La température entropique moyenne du fluide caloporteur T c représente la température moyenne à
laquelle la quantité de chaleur fournie par le fluide caloporteur est échangée avec le système à la
température équivalente T.
~
entropique moyenne du fluide caloporteur T c peut s’exprimer sous sa forme simplifiée :
~ −
T c= Tcs Tce
La température et la pression d’un système équivalent sont supposées uniformes, l’équation de Gibbs
P a g e | 51
Chapitre II : Modélisation du cycle fermé de Rankine appliqué à l’Energie Thermique des Mers
µ
Avec le potentiel chimique (J.kg-1).
La production d’entropie de notre système peut s’écrire en utilisant le système d’équation (II.41) et
σi = qext ⋅ T1 − T1ext + qc ⋅ T1 − T~1c + m x ⋅ TA + ∆j (II.44)
Où :
qext ⋅ T1 − T1ext + qc ⋅ T1 − T~1c représente la production d’entropie
liée aux transferts
thermiques.
τ = (1 − X )g n si A >0 (évaporation)
τ = X gn si A < 0 (condensation) (II.45)
Dans le cas d’une cinétique du premier ordre (À dépend que du temps), n est fixé à 1. Le
fonctionnement transitoire, le facteur cinétique peut avoir une influence notable sur cet équipement.
P a g e | 52
Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
Dans le système d’équations (II.45), quand l’affinité du changement de phase est positive, le liquide
s’évapore et le terme (1 − X )g qui représente la fraction de liquide présent dans l’évaporateur diminue.
Le terme Xg permet de rendre compte des flux thermiques au cours du changement de phase ; c’est-à-
dire que le débit massique (positif pour l’évaporation et négatif pour la condensation), sera d’autant
plus grand en valeur absolue que la quantité de liquide présent dans l’échangeur sera grande. En
condensation, quand l’affinité de changement de phase est négative, le gaz se condense. Plus la
fraction de gaz présent dans l’équipement est grande, plus l’interface d’échange thermique est grande
Les puissances thermiques mises en jeu dans le système sont évaluées d’après le formalisme de la
Thermodynamique des Processus Irréversibles (TPI) (Prigogine, 1968) faisant intervenir les
négligeant les couplages thermodynamiques (système en régime stationnaire proche du point nominal
=
qext Lext ⋅ 1 − T1ext
m x = Lx ⋅ TA ⋅τ
Ces coefficients L sont directement liés aux coefficients de transfert. Par exemple, la puissance
thermique échangée avec le milieu extérieur qext est généralement déterminée par sa forme linéaire
classique :
Avec
Ainsi, avec la première équation du système (II.47) et l’équation (II.48), il est possible de dire que ces
Ces coefficients sont considérés comme constants et sont déterminés au point nominal de
fonctionnement, c’est-à-dire quand le système est en régime stationnaire et que le système de Gibbs est
strictement équivalent au système réel. Ils sont donc valides pour le point considéré. Cependant, si les
conditions de fonctionnement du système réel du composant étudié s’écartent peu des conditions
Lext = 1 q−ext 1
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
T Text
(
Lc = m cp c ⋅c ⋅ Tce −Tcs ) (II.50)
1 − ~1
T Tc
Lx = m
x⋅
L’autre intérêt d’utiliser ces coefficients est de s’assurer que la production d’entropie est positive, ce
qui reste cohérent avec le second principe. Considérons toujours l’exemple de la puissance thermique
échangée avec le milieu extérieur. En utilisant les équations (II.44) et (II.47), il est possible de montrer
que la production d’entropie est toujours positive et peut s’exprimer sous la forme :
Ceci permet donc une analyse du type « 2 nd principe » de différents procédés, sur une même base et
permet aussi d’avoir une comparaison rapide et fiable. Grâce à la linéarisation des équations autour du
propriétés extensives.
L’énergie interne du système réel à une température Tsyst, fixée arbitrairement, est égale à :
P a g e | 55
Chapitre II : Modélisation du cycle fermé de Rankine appliqué à l’Energie Thermique des Mers
Ainsi, connaissant l’énergie interne U du système équivalent, il est possible de déduire sa température
T. La relation peut s’exprimer sous la forme :
∑m cv (T ⋅ ⋅
(II.53)
Usyst −U = i i syst −T)
i
∑
i
Les volumes de gaz Vg ainsi que de liquide Vl varient au cours du temps tandis que le volume V du
Ainsi :
Vg =V − v (T) ml ⋅ l (II.57)
Vg (II.58)
v (T,p)g = mg
La pression est ensuite calculée avec le volume spécifique ainsi que la température p(T,vg).
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
Cependant dans le cas du flux thermique provenant du fluide caloporteur qc , il y a lieu de déterminer
La température du fluide caloporteur en entrée Tce étant connue, la température de sortie du fluide
caloporteur Tcs est déterminée par la méthode d’analyse numérique de Newton Raphson qui vérifie
l’équation (II.59).
fonction des différences de pression entre l’échangeur et le système équivalent connecté à ce port. Ce
débit massique tient compte des pertes de charge engendrées par la vanne et la tuyauterie. Des
relations permettent de calculer les débits volumiques de fluide en fonction du coefficient de perte de
charge Kv ainsi que de la nature du fluide. Le coefficient de débit Kv est un débit volumétrique
expérimental, réalisé avec de l’eau, au travers d’une vanne qui engendre une perte de charge de 1 bar :
Soit pls la pression de liquide en sortie du port matériel du fluide de travail, le débit volumique
−
qvl = Kv ⋅ ( p p )ls ⋅ ρeau (II.60)
ρl
Avec
P a g e | 57
Chapitre II : Modélisation du cycle fermé de Rankine appliqué à l’Energie Thermique des Mers
m l = Kv ⋅ (p p− ls ) ⋅ ρeau ⋅ ρl (II.61) ρl
Lvl = m l
(p p− ls ) ⋅ ρeau ⋅ ρl (II.62)
ρl
Soit pgs la pression de gaz en sortie du port matériel, le débit volumique s’exprime différemment selon
l’importance de la différence de pression pour tenir compte de la compressibilité du gaz. De plus, ces
Avec ρNg la densité du gaz se trouvant dans les conditions normales de température et de pression
Dans ces conditions de pression, le débit massique de gaz en sortie de l’échangeur se note donc :
1
m g = 257 ⋅ Kv ⋅ p ⋅ ρNg ⋅T ⋅ ρNg (II.64)
Lvg = g1 (II.65)
257 ⋅ p ⋅ ⋅ ρNg
ρNg ⋅T
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
Pourpgs ≥ 2p
, le débit volumique à travers la vanne en (Nm3/s) s’exprime :
(
qvNg = 514 ⋅ Kv ⋅ pρ− p ) pgs⋅T⋅ (II.66)
Ng
Dans ces conditions de pression, le débit massique de gaz en sortie de l’échangeur se note donc :
m
Lvg = g
ρNg ⋅
Corporation, 2011) en tenant compte des différentes équations développées en régime permanent et
dynamique, afin d’avoir l’approche la plus globale possible. Delphi ® est un logiciel de programmation
qui implémente une version « orientée objet » du langage Pascal. Le terme « orientée objet »
caractérise les composants et les sous-systèmes programmés qui peuvent ensuite être connectés pour
créer le modèle dans sa totalité. Souvent, les mêmes codes de sous-systèmes peuvent être employés
dans différents modèles, diminuant ainsi le temps de calcul. Le logiciel permet également d’avoir une
interface graphique (Figure II-7) qui permet la visualisation des différentes variables ainsi que
l’évolution des performances du procédé. Les calculs sont effectués et ensuite affichés sur l’interface.
Après la compilation du programme, le rendu final correspond à un fichier exécutable qui permet de
l’évaporateur et du condenseur sont celles de l’eau de mer (UNESCO, 1983 ; Copin-Montégut, 2002).
P a g e | 59
Chapitre II : Modélisation du cycle fermé de Rankine appliqué à l’Energie Thermique des Mers
La masse volumique ainsi que la capacité thermique massique sont fonctions de la température, de la
II.4 Conclusion
Le cycle ETM a été modélisé à la fois en régime permanent et en régime dynamique. Le modèle en
régime statique a été développé à partir d’une description mathématique simplifiée des composants du
cycle. Ce modèle permet une évaluation globale des performances du système, incluant le prélèvement
et le rejet de l’eau de mer ainsi que le cycle thermodynamique. Ceci, dans le but de proposer un outil
tenant compte du design des échangeurs, des pertes de charge (pour déterminer la puissance des
la puissance nette récupérable. Le modèle a été développé sous l’environnement EES, qui permet la
résolution rapide de systèmes d’équations et de modéliser les procédés thermodynamiques grâce aux
P a g e | 60
Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
Grâce au dimensionnement réalisé en statique, le modèle en régime dynamique a été conçu à partir des
systèmes équivalents de Gibbs. Chaque composant du procédé est assimilé à un système équivalent
le système équivalent et le système réel ont les mêmes propriétés extensives (m, U, S) et les deux
permet d’avoir des algorithmes simples et robustes pour une meilleure stabilité numérique, en
permettant d’exprimer simplement la production d’entropie du système pour une analyse du type «
second principe » fiable. Le modèle a été développé sur la plateforme de programmation Delphi ® en
langage Pascal, qui permet de visualiser la dynamique du procédé sur une interface graphique. Le
modèle va permettre d’affiner le dimensionnement réalisé en statique par une optimisation du procédé
CHAPITRE III
P a g e | 61
Chapitre II : Modélisation du cycle fermé de Rankine appliqué à l’Energie Thermique des Mers
P a g e | 62
Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
III.1
Introduction
Le développement d’outils numériques lié à la simulation de phénomènes physique n’est satisfaisant
que lorsque leur fiabilité est démontrée pour s’assurer de la qualité des résultats obtenus. La validation
de ces outils est donc aussi importante que leur développement. Des procédures de validation ont été
mises en place pour le développement de modèle en thermique de l’habitat (Lucas, 2001). Pour tester
le comportement des modèles, une procédure peut être utilisée et se décompose en six étapes
logiciel
Cette procédure est longue à mettre en œuvre et nécessite que la modélisation soit aboutie. Cependant,
en reprenant certaines étapes de cette procédure, il est possible d’effectuer des tests permettant de
s’assurer de la validité des modèles. Une adaptation de cette procédure est possible pour l’étude de la
proposée comporte deux types de phases. La première concerne la vérification du code et du logiciel et
consiste surtout à s'assurer que les modèles sont correctement implémentés. La seconde s'attache à
vérifier que les résultats de simulation sont suffisamment proches des résultats de mesures afin de
s'assurer que le modèle représente bien la réalité et que les hypothèses de modélisation sont
acceptables.
Il est nécessaire d’avoir un certain nombre d’éléments pour avoir une validation la plus complète
possible de la modélisation. Cependant, comme présenté dans le premier chapitre, des modèles de cycle de
Rankine appliquées à l’ETM, sont peu nombreux et peu détaillées (paragraphe I.3.2). Les expérimentations
elles aussi sont peu nombreuses et ont un coût élevé. Malgré la prise de contact et les entrevues obtenues
P a g e | 63
Chapitre III : Résultats et éléments de validations
avec War du Nelha ou Ikegami de IOES, il a été impossible de récupérer des séquences expérimentales. Il
À partir des modèles présentés dans les paragraphes II.2 et II.3 dans le chapitre précédent, des études
comparatives sont donc menées afin d’effectuer les étapes possibles de la procédure de vérification.
100 kW 100 kw
EES per Deplhi per
15 kW 15 kw
EES per Deplhi per
15 kw
Deplhi dyn
La première partie de ce chapitre concerne l’étape de vérification des deux modèles développés sous
l’environnement EES et Delphi. Cette vérification est menée avec un modèle de centrale de 100 kW,
présenté dans les travaux de Yamada (Yamada, et al., 2009). Grâce à cette comparaison des résultats
des différents modèles, il sera possible de vérifier la théorie, le bon fonctionnement numérique et de
comparer Delphi et EES. La deuxième partie présente la validation expérimentale des modèles en
Prototype A Terre (noté PAT). La validation en régime permanent permettra de vérifier les hypothèses
permettront de valider la méthode des systèmes équivalents de Gibbs. La Figure III-1 présente
démarche utilisée pour le processus de validation en nommant les différents modèles utilisés. À partir
des comparaisons effectuées, les outils seront utilisés afin de réaliser un dimensionnement d’une
P a g e | 64
Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
centrale qui sera présenté dans la dernière partie de ce chapitre. D’une puissance de 10 MW et
représentant la future installation pilote, elle sera installée en 2014 dans un département d'outre-mer.
avec l’utilisation de capteurs solaires thermique. Notre comparaison sera faite uniquement sur la partie
ETM « classique » sans l’utilisation des capteurs solaires et ce modèle sera appelé « ETM ref ».
La modélisation effectuée par Yamada concerne donc une centrale développant une puissance brute de
100 kW, avec l’utilisation d’échangeurs à plaques. Le cycle thermodynamique est un cycle de Rankine
considéré comme idéal. Les pertes de charge et les pertes thermiques sont négligées pour le cycle
P a g e | 65
Chapitre III : Résultats et éléments de validations
thermodynamique. L’encrassement des échangeurs n’est pas pris en compte dans la modélisation. Les
paramètres de simulations définis dans l’article sont illustrés dans le Tableau III-1.
À partir des équations et des modèles présentés dans le paragraphe II.2 du deuxième chapitre, une
confrontation sera faite en appliquant les paramètres utilisés par Yamada. Afin de caractériser la
performance globale du cycle, il est nécessaire d’introduire la notion de puissance nette. Elle est
définie par :
Elle correspond à la puissance produite par la turbine, en déduisant la consommation des différentes
pompes. Ce paramètre permet de donner une première approche sur la performance du cycle.
III.2.1.1 Hypothèses
Afin de comparer la modélisation sous EES, certaines données doivent être utilisées comme « entrées
» de ce modèle. Ce sont les températures d’eau de mer à l’entrée du système, les débits, les rendements
des pompes et du turbo-alternateur, les caractéristiques des échangeurs et des conduites (Tableau III-
1). Les propriétés de l’eau de mer sont calculées à partir d’une salinité S égale à 35 g/kg et à la
température considérée (conditions de l’eau à l’entrée des pompes). Ces propriétés proviennent d’une
librairie fournie avec EES (Sharqawy, et al., 2010). Les propriétés thermodynamiques de l’ammoniac
sont déterminées à partir des corrélations intégrées dans EES (Klein, 2011).
Les variables de sorties obtenues lors des simulations et celles obtenues par Yamada sont données dans
le Tableau III-2. Avant de commenter les résultats obtenus, il est nécessaire d’introduire la notion
d’écart. L’écart sur les températures est un écart absolu calculé par la différence entre le modèle
ETMref et le modèleEESper100kw . Pour les puissances, un écart est calculé entre le modèle ETM ref et le
P a g e | 66
Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
7,1 7,5 %
Puissance pompe eau chaude (kW) WP,Eelec 7,63
Les écarts sont relevés sur les puissances. Concernant la puissance délivrée par la turbine et la
puissance consommée par la pompe ammoniaque, les erreurs relatives sont faibles, avec une valeur
maximale de 3,2 %. Ces erreurs sont dues au calcul des propriétés thermodynamiques utilisées pour le
fluide de travail qui sont différentes. Pour son modèle, Yamada utilise la base de données de propriétés
thermodynamique PROPATH (Propath group, 2001). Cette base contient plusieurs références pour les
équations d’état de l’ammoniac et est présentée en Annexe 1. Celle utilisée par défaut avec PROPATH
est différente de celle utilisée par EES. Ces dissimilitudes peuvent expliquer les écarts obtenus.
Concernant les erreurs relatives calculées sur les puissances de pompage de l’eau de mer, la valeur
maximale est de 7,5 %. Elle peut être due à plusieurs paramètres. Le premier de ces paramètres est
l’eau de mer. En effet, les propriétés thermodynamiques de l’eau de mer sont déterminées à partir de
corrélations qui nécessitent des paramètres d’entrée ; à savoir la température et la salinité. Cette
dernière n’étant pas mentionnée par Yamada, l’écart peut venir de cette hypothèse. Le deuxième
paramètre est l’estimation des pertes de charge et des hypothèses prises dans leur travail qui n’est pas
énoncée. Dans nos équations présentées dans le chapitre 2, certaines hypothèses sont faites sur le
matériau des conduites et sur le calcul des coefficients de pertes de charge. Ceci influe sur le calcul des
puissances des pompes. Cependant, cette comparaison permet d’avoir une première validation
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Chapitre III : Résultats et éléments de validations
concernant les équations utilisées pour la modélisation sous EES. En effet, malgré les écarts obtenus
sur les températures et les puissances des pompes, l’erreur sur la puissance nette n’est que de 4,4 %
III.2.2.1 Hypothèses
La description de la modélisation sous Delphi a été proposée dans le chapitre précédent. Pour réaliser
la simulation, certains paramètres doivent être déterminés. En effet, pour la modélisation avec les
systèmes de Gibbs, les coefficients phénoménologiques doivent être calculés au point nominal de
fonctionnement. Ils sont déterminés à partir des conditions et du design des échangeurs. Ces derniers
sont donnés dans les Tableau III-1 et Tableau III-3. Les pertes de charge des pompes en régime
nominal sont déduites directement des puissances consommées. Les propriétés de l’eau de mer sont
(conditions de l’eau à l’entrée des pompes. Les propriétés thermodynamiques de l’ammoniac sont
déterminées à partir d’une « Dynamic Link Library » ou DLL de RefEqns (Skovrup, 2001) et ont été
Les résultats de simulations obtenus en utilisant les deux modèles numériques sous Delphi et ETM ref,
sont présentés dans le Tableau III-4.
Paramètres Notations Delphiper100kw ETMRef Ecart
Température d’eau chaude (°C) TcsE 22,6 22,6 0 °C
Température d’eau froide (°C) TcsC 7,4 7,4 0 °C
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
Les résultats sont quasi identiques dans les deux cas. Seule la puissance délivrée par la turbine est plus
élevée pour le modèle sous Delphi. Ceci peut être expliqué de la même manière que pour la
modélisation sous EES et de par la différence dans l’utilisation des bases de propriétés
thermodynamiques. Il est normal de retrouver la même puissance consommée par les pompes ou les
mêmes températures. Le calcul étant fait pour un point particulier de fonctionnement, le régime
permanent. La puissance nette est donc légèrement supérieure pour le modèle Delphiper100kw . Les
erreurs sont faibles (3 % environ) et le fait de trouver les mêmes valeurs est une bonne indication sur
la validité du modèle. Une première validation peut donc être considérée pour la modélisation avec les
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Chapitre III : Résultats et éléments de validations
(Takahashi, et al., 1996). À l'horizon, 2025-2030, il est prévu qu’une puissance de 100 MW d'ETM
soit installée autour de l’île pour assurer environ 25 % de l'énergie de base. L'ETM occupera alors une
place non négligeable dans le mix énergétique mis en place par l'ARER (Hoarau, 2008 ; Préfecture de
La Réunion, 2011). Depuis 2008, des études ont été menées (Hoarau, 2008 ; Hoarau, et al., 2009 ;
Sinama, et al., 2010) et ont abouti à un projet d’installation d’une centrale pilote de 10 MW afin de
tester cette technologie dans des conditions réelles. Pour faire un bref historique, une entreprise
française, DCNS, a été mandatée par la Région Réunion afin d’effectuer une étude de faisabilité sur
l’implantation d’un démonstrateur ETM à la Réunion. Le laboratoire PIMENT a été contacté dans le
but de travailler en collaboration avec DCNS dans le cadre de cette étude. La finalité est d’évaluer la
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
Dans le cadre de l’étude du démonstrateur, un plan de levée de risques est mené. Le PAT ETM (Figure
III-2) en fait partie. Il s’agit de l’installation d’un banc d’essai à échelle réduite onshore sur le site de
installation expérimentale permettra d’avoir des éléments de validation sur les choix retenus pour le
recherches et pédagogiques pour l’IUT. Le coût total pour les études, l’installation et les essais de ce
banc est de 6 M€, dont 4,5 M€ financés par l’État français grâce au plan de relance (Etat Français , et
al., 2009).
Le dimensionnement du banc d’essai a été soumis à plusieurs contraintes techniques. L’installation sur
disponible n’étant que de 200 kW sur le poste de transformation, le design et la mise à échelle de
Les principaux critères du cahier des charges qui ont permis le dimensionnement sont donnés ci-
dessous :
• Le cycle ETM fonctionne avec de l’ammoniac et aura une puissance théorique brute de 15 kWe, ce qui
correspond à une échelle 1/250 environ d’un module de la centrale de 10 MW. Celle-ci sera composée de 4
modules de 4 MW.
• La simulation des conditions de températures provenant des sources chaude et froide est reproduite grâce à une
pompe à chaleur. La pompe à chaleur permettra ainsi de faire varier la température d’eau chaude, pour
• Une prise en compte de la spécificité du site universitaire est nécessaire pour la mise en conformité du système
Cette installation (Figure III-3) est composée de trois boucles. La première est la boucle ammoniaque,
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Chapitre III : Résultats et éléments de validations
respectivement les boucles d’eau froide et d’eau chaude. Elles sont alimentées par la Pompe A Chaleur
(PAC). En effet, les conditions de températures en eau chaude et froide sont reproduites à l’aide de la
Un condenseur évaporatif, couplé à la production d’eau chaude sera également implanté afin
d’évacuer l’excédent de chaleur produit par cette pompe à chaleur vers l’air extérieur. Une première
phase d’essai d’un an est prévue à partir de janvier 2012 sur le site de l’IUT. Avant l’installation à la
Réunion, une phase de test a été réalisée à Nantes en aout 2011, sur le site de DCNS afin de prendre en
main et former le personnel qui sera amené à travailler sur le banc. C’est lors de cette phase de tests
qu’une séquence de mesure à pu être extraite permettant d’effectuer une première comparaison entre
La boucle ammoniaque représente le cycle ETM et est composée de ces principaux éléments :
• Pseudo turbine
• Échangeurs
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
• Pompe de recirculation
1) Pseudo-turbine
Le banc d’essai n’ayant pas vocation à produire de l’électricité (pour des raisons de coût de la turbine),
une vanne de détente et une vanne de désurchauffe simulera la production de la turbine du système
2) Échangeurs
Les échangeurs de chaleur sont l’un des maillons essentiels de ce type d’installation. Ils permettent de
transférer l’énergie d’un fluide vers un autre fluide (eau et ammoniac dans notre cas).
Évaporateur
Dans le cadre du programme d’essais d’un an, trois technologies d’évaporateurs seront testées :
• Évaporateur multitubulaire noyé : l’eau de surface circule à l’intérieur des tubes en titane dans notre cas et
l’ammoniac entoure les tubes. L’ammoniac arrive en point bas de l’échangeur et est évaporé au contact des
• Évaporateur multitubulaire arrosé : l’eau de surface circule aussi à l’intérieur des tubes, mais l’ammoniac est
pulvérisé sur les tubes par une rampe de buses pour permettre l’évaporation
• Évaporateur à plaques : Dans ce cas, l’ammoniac et l’eau circulent au travers des plaques d’aluminium brasées
qui sont fixées les unes aux autres par une couche intermédiaire (elle aussi en aluminium)
Dans le cycle ETM, l’évaporateur est soumis à plus de contraintes que le condenseur, surtout sur la
partie eau. En effet, le biofouling (ou encrassement) est plus important sur l’eau chaude à cause de la
la quantité d’ammoniac varie entre75 kg avec un évaporateur à plaques et 300 kg avec un évaporateur
arrosé (à puissance et coût équivalents). Il est donc important de pouvoir vérifier les performances du
cycle en fonction de ces technologies pour diminuer l’emport d’ammoniac ou la taille des échangeurs
Condenseur
Pour la première phase d’essai, un seul type de condenseur sera testé. Il s’agit d’un condenseur
tubulaire noyé. Le choix de tester uniquement un seul condenseur a été fait pour une question de coût.
En fonction des résultats obtenus sur les évaporateurs, un test de condenseur à plaques pourrait être
envisagé.
Le prototype est installé sur terre. Il a fallu trouver le moyen de reproduire les conditions d’eau de mer
sans avoir à installer des conduites d’eau de mer froide et chaude. La solution retenue est donc une
pompe à chaleur qui permet de simuler à la fois l’eau froide et l’eau chaude. La PAC est composée de:
différents niveaux de charge grâce à un variateur de fréquence et permettent donc d’ajuster la puissance de la
qui permet d’évacuer vers l’air extérieur l’excédent de chaleur produite. Il permet également, comme la
Les premiers résultats expérimentaux ont été obtenus lors de tests du prototype chez le constructeur à
Nantes. Une première séquence de données en « conditions nominales » a pu être extraite après
plusieurs semaines de mise en service. La séquence fut difficile à obtenir à cause de la régulation de la
pompe à chaleur. Comme présentée dans le paragraphe précédent, la pompe à chaleur est composée de
• Trois compresseurs fonctionnant avec les paliers suivants : 33, 66 et 99% de charge
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
Ces deux types de fonctionnement ne permettaient pas de maintenir les conditions demandées par le
cycle ETM sur les températures d’eau chaude et d’eau froide. Néanmoins, après plusieurs tentatives,
quelques résultats ont pu être obtenus et permettent d’être confiant pour la suite du projet. Avec le
constructeur de la PAC, une modification de la régulation de la pompe à chaleur a été effectuée pour
• Trois compresseurs fonctionnant avec les paliers suivants : 25, 50 et 75 et 100% de charge
Cette nouvelle régulation a permis de stabiliser le fonctionnement de la PAC par rapport à la demande
du cycle ETM et d’obtenir une séquence expérimentale exploitable. Cette séquence ne tient pas
Pour la validation expérimentale en régime permanent, il est nécessaire d’isoler sur la séquence
expérimentale, une plage de données la plus « stable » possible afin de déterminer les conditions de
fonctionnement en régime permanent. Sur la Figure III-4 est illustrée l’évolution des températures
d’eau chaude à l’entrée et à la sortie de l’évaporateur. Par rapport à la position des différents éléments
dans l’installation, trois mesures de températures ont été faites en amont et en aval de cet échangeur.
Ceci permet de conforter la mesure effectuée sur l’eau entre la sortie condenseur de la PAC et l’entrée
de l’évaporateur du cycle ETM mais aussi de prendre en compte l’inertie du réseau pour la régulation
(température uniforme). Sur les mesures effectuées à l’entrée, une des valeurs (Température d’entrée
3) s’écarte de 0,1 °C des deux autres. Cet écart peut être dû à la position de la sonde dans le circuit.
Pour le calcul de la séquence en régime permanent, seules les deux premières mesures seront prises en
compte. Pour les températures en sortie, les 3 mesures donnent le même résultat et ont les mêmes
variations que les températures d’entrées. Les trois valeurs seront donc prises en compte dans le calcul
de la séquence voulue. L’évolution des températures d’eau froide en entrée et sortie du condenseur
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Chapitre III : Résultats et éléments de validations
sont représentées sur la Figure III-5, Les mesures donnant la même température et ayant les mêmes
Figure III-4 : Évolution des températures d’eau chaude Figure III-5 : Évolution des températures d’eau froide expérimentales
La séquence choisie pour le régime permanent va donc dépendre des températures, mais également des
débits représentés sur la Figure III-6. Les débits d’eau chaude et froide varient peu pendant la
séquence étudiée. Concernant le débit d’ammoniac, il varie de 0,35 à 0,42. Ces variations sont dues à
minimal est nécessaire dans chaque échangeur. L’automate va réguler le débit d’ammoniac afin de
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
du condenseur. Ces deux valeurs correspondent aux pressions aux bornes de la turbine et permettront
de déterminer la puissance « théorique » que pourrait délivrer la turbine. Ces valeurs restent quasi
Avant de comparer les modèles aux mesures, il est indispensable de déterminer l’incertitude de la
mesure.
Toutes les sondes de température qui ont été installées sont de type PT100 de classe A.
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Chapitre III : Résultats et éléments de validations
Les débitmètres installés pour mesurer les débits d'eau sur chaque boucle hydraulique et sur le circuit
Les capteurs de pression ont une pression de ±0,2% sur la mesure effectuée.
Il est à noter que dans notre cas, l’incertitude de la chaine d’acquisition n’a pu être déterminée et ne sera
III.3.3 Confrontation des modèles avec les données expérimentales en régime permanent
La première comparaison avec le travail de Yamada a permis de vérifier les équations mises en jeu. Il
est nécessaire de confronter la modélisation avec des données expérimentales en régime permanent
Pour vérifier le comportement de nos modèles vis-à-vis des données expérimentales, une moyenne de
chaque paramètre sera faite sur une partie de la séquence expérimentale présentée précédemment. Le but
est d’avoir la séquence la plus « stable » possible afin de s’assurer du régime permanent. Elle a donc été
choisie par rapport aux variations présentées dans la partie précédente. Elle correspond aux abscisses t=
4000 s à t=5500s. Les valeurs comprises entre ces deux abscisses correspondent à la séquence la plus
stable et permettent donc d’obtenir des conditions en régime stationnaire. Les valeurs moyennes
d’entrées calculées ainsi que les caractéristiques des échangeurs sont données dans le Tableau III-6.
Le cycle de Rankine est considéré comme idéal et les pertes thermiques sont négligées dans tout le
cycle pour les calculs. L’encrassement des échangeurs n’est pas pris en compte dans les calculs. Le
fluide caloporteur dans les boucles eau chaude et froide est de l’eau douce et les propriétés sont basées
sur les corrélations de EES ou de Refeqns pour Delphi. Ces hypothèses seront intégrées dans les deux
modèles et les résultats de simulations sont comparés aux données expérimentales.
Paramètres Notations Valeurs
T
Rendement Turbine 0,87
ηis
T
Rendement Alternateur 0,95
ηelec
Rendement mécanique pompe ηméca,p 0,82
Rendement électrique pompe ηélec,p 0,92
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
La démarche de comparaison est la même que réalisée précédemment (paragraphe III.2). Les résultats
de simulations et les valeurs expérimentales correspondantes sont donnés dans le Tableau III-7.
Les écarts sur les températures relevés entre le PAT et le modèle EESper15kw sont faibles et restent dans
la plage d’incertitude de mesure du capteur qui est de 0,17°C. Ils sont donc acceptables pour les
températures. Les écarts relevés sur les pressions sont faibles, mais supérieurs à l’incertitude sur la
mesure de la pression. Ils peuvent s’expliquer de la même manière que précédemment (III.2.1). En
effet, le calcul des propriétés thermodynamiques des fluides est basé sur des propriétés
thermodynamiques et influe donc légèrement sur le résultat final. De plus, l’incertitude de la chaîne
d’acquisition n’est pas prise en compte. Les puissances ne sont pas comparées, mais il est à noter que
la puissance de la turbine calculée à partir des données est conforme à celle attendue, à savoir 14,8 kW
calculée pour 15 kW en théorie. Le modèle peut donc être considéré comme valide.
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Chapitre III : Résultats et éléments de validations
La comparaison du modèle sous Delphi est effectuée de manière identique à la partie précédente. Les
coefficients phénoménologiques sont calculés à partir des données expérimentales au point nominal de
Coefficient phénoménologique
du transfert thermique (K.W)
Lcalo 9,6119.1009 10,3057.1009
Coefficient phénoménologique
du débit (m3/s) Lv 13,288.1004 2,914.1004
Les résultats de simulation et ceux du PAT sont présentés dans le Tableau III-9. Comme pour le
modèleEESper15kw , les écarts relevés sur les températures et les pressions sont faibles.
Concernant les températures, les écarts restent dans la plage d’incertitude de mesures des capteurs et
sont considérés comme acceptables. Pour les pressions, les écarts sont légèrement supérieurs à
l'incertitude de mesure du capteur. Ils s’expliquent de la même manière que le modèle EESper15kw .
Cependant, les écarts relevés sont plus faibles que pour le modèle EESper15kw .
De plus, la puissance de la turbine reste conforme à la donnée théorique (15kW) avec une valeur de
14,48 kW.
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
dynamique
Le modèle est basé sur les systèmes équivalents de Gibbs et tient compte des régimes transitoires. Les
modèles réalisés sous Delphi ( Delphiper100kw et Delphiper15kw ) étant considérés comme valides en régime
permanent, une comparaison est faite avec les données expérimentales en régime dynamique.
Les données d’entrées expérimentales ont été moyennées à la minute pour être intégrées dans le
modèle et sont présentées sur les figures suivantes. Les évolutions des températures d’entrées et les
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Chapitre III : Résultats et éléments de validations
Figure III-8 : Évolution des températures d’entrées à la Figure III-9 : Évolution des débits à la minute minute
Les amplitudes des variables sont atténuées, que ce soit pour les températures et les débits, mais la
dynamique observée sur les données expérimentales est quand même bien présent. Ces températures et
débits peuvent être utilisés pour nos simulations en régime dynamique sous l’environnement Delphi,
dans le modèleDelphidyn15kw .
Le modèle est paramétré au point nominal de fonctionnement déterminé dans la partie III.3.5. Les
coefficients phénoménologiques sont donc fixés et le modèle Delphidyn15kw évolué en régime transitoire
autour de ce point de fonctionnement. La simulation a été initialisé sur les premières minutes être dans
les mêmes conditions de départ. Les comparaisons réalisées sur les températures de sorties d’eau
chaude et froide sont représentées respectivement sur les Figure III-10 et Figure III-11. Les
températures simulées ont la même allure que les températures mesurées. La température d’eau chaude
simulée est légèrement plus élevée que celle mesurée avec un résidu maximal calculé de 0,02°C. La
température d’eau froide simulée est quant à elle plus faible que la valeur mesurée avec un résidu
maximal d’environ 0,05°C. Ces valeurs restent dans la plage d’incertitude de mesure des capteurs. Sur
ces variables, le modèle donne les mêmes valeurs que l’expérimentation pour les températures de
sorties d’eau.
Figure III-10 : Comparaison des températures d’eau Figure III-11 : Comparaison des températures d’eau
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
chaude froide
Les températures d’évaporation et de condensation sont représentées sur les Figure III-12 et Figure III-
13. Ces températures de changement de phase sont difficilement mesurables et ont donc été
comparées à la température équivalente de l’échangeur calculée dans le modèle. Deux mesures sont
effectuées en sortie d’évaporateur. Une moyenne de ces deux températures est également représentée
sur la Figure III-10. En effet, les deux mesures effectuées ayant un écart important (d’environ 0,6°C),
c’est la moyenne de ces deux températures qui sera comparée à la sortie du modèle. Le modèle suit
correctement la valeur moyennée. Cependant, une déviation est constatée sur la fin de la séquence, du
fait de l’augmentation d’une température (Figure III-12) et influe donc sur la moyenne. La température
de condensation simulée suit correctement la valeur mesurée avec un écart maximal de 0,15°C, et une
température calculée plus faible que la température mesurée. Les écarts obtenus sur ces deux
paramètres peuvent s’expliquer par la précision de nos calculs sur l’évaluation des propriétés
pression mesurée et calculée aux bornes de la turbine. En effet, cette différence dépend principalement
des pressions d’évaporation et de condensation du cycle qui dépendent directement des températures
Figure III-12 : Comparaison des températures Figure III-13 : Comparaison des températures de
d’évaporation condensation
Les différences de pressions aux bornes de la turbine, calculées et mesurées, sont représentées sur la
Figure III-14. L’écart entre ces deux valeurs est de 0,1 bar, nos calculs étant supérieurs aux valeurs
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Chapitre III : Résultats et éléments de validations
mesurées. La température d’évaporation calculée par le modèle étant plus élevée et la température de
condensation plus faible que les valeurs mesurées, il est normal d’avoir un écart entre les pressions
calculées et mesurées. Cet écart influe sur la puissance de la turbine. Notre modèle surestime
légèrement cette puissance et il faudra en tenir compte dans le dernier chapitre pour l’optimisation.
III.4.1 Objectifs
Les modèles étant validés à la fois en régime permanent et dynamique, il est intéressant de les utiliser
comme outils de dimensionnement. Grâce à la validation des modèles, ces outils vont permettre de
prédire le fonctionnement d’une centrale à partir d’un dimensionnement préétabli. Deux types d’outils
Un dimensionnement d’une centrale de 10 MW est présenté dans cette partie avec l’utilisation du
modèle sous EES pour aider au dimensionnement. La puissance de 10 MW n’est pas choisie
arbitrairement. De nombreux experts comme Takahashi (Takahashi, et al., 1996) ou Vega (Vega, 2010)
s’accordent à dire que pour démontrer la faisabilité de la technologie, il est nécessaire de mettre en
place des centrales de grandes puissances avec un minimum de 10 MW. Des industriels comme DCNS
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
démonstrateur qui ouvrirait la voie de la filière ETM. Le PAT fait partie de ces études préliminaires.
Étant une échelle réduite de la centrale de 10 MW, le fait de s’appuyer sur la description du PAT
permet de lever des doutes certaines hypothèses. Une hypothèse faite en numérique et vérifier par
l’expérimentation permet de s’assurer sur les résultats obtenus avec la centrale de 10 MW.
• Le design des échangeurs (efficacité et coefficient global d’échange) est le même que ceux utilisés sur le PAT.
• Les pertes de charge, nécessaires pour le calcul des pompes, sont calculées grâce aux équations intégrées dans le
modèle EES.
• Les rendements des pompes et de la turbine sont les mêmes que ceux utilisés sur le PAT
Dans un premier temps, il faut déterminer les débits des différentes pompes. Le débit de la pompe
ammoniac est calculé à partir de la puissance souhaitée en sortie d’alternateur. Pour notre
dimensionnement, une puissance en sortie d’alternateur de 16 MW est requise afin d’assurer une
puissance nette de 10 MW (Vega, et al., 2010), et permettant de maintenir le BWR à une valeur
puissance en sortie de turbine, il est possible de calculer le débit des pompes. Il faut, pour cela, fixer
forme :
déterminer les puissances échangées au niveau des échangeurs et donc de déterminer les débits des
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Chapitre III : Résultats et éléments de validations
À partir de ces débits, le dimensionnement des conduites est effectué. Le réseau d’eau froide et d’eau
chaude est dimensionné en fonction de la vitesse du fluide. Le liquide est considéré comme
incompressible. Le débit volumique est défini comme la quantité de liquide occupant un volume
cylindrique de base S et circulant à une vitesse v, correspondant à la longueur du trajet effectué
pendant l'unité de temps, par une particule de fluide traversant une conduite de section S. La vitesse
dépend donc du diamètre de notre conduite et influe directement sur les pertes de charge. Une vitesse
d’ 1m/s a été retenue pour notre dimensionnement (Avery, et al., 1994), permettant de diminuer les
• Choix du type
Echangeurs d'échangeur et de ses
performances
• Détermination des
débits requis pour
Pompes
atteintre la puissance
électrique souhaitée
• Dimensionement des
conduites afin de
Conduites trouver un compromis
entre diamètre et
pertes de charges
La Figure III-15 résume les étapes principales à suivre pour dimensionner une centrale de
10 MW
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
Rendement Turbine T
0,87
Rendement Alternateur 0,95
ηis T
Rendement pompe eau chaude 0,82
Rendement pompe eau froide ηelec E 0,92
Rendement pompe ammoniac ηp 2500
Coefficient d’échange global de l’évaporateur (W/m².K) C 50000 3600
Entrées
SuE
KC
Température d’eau entrée évaporateur (°C) Température TceE 28 5
d’eau entrée condenseur (°C) TceC
Température d’évaporation (°C) TE 22,3
Température de condensation (°C) TC 10,9
Longueur équivalente tuyau d’eau chaude (m) LE 50
Diamètre tuyau d’eau chaude (m) DE 7
Longueur équivalente tuyau d’eau froide (m) LC 1000
Diamètre tuyau d’eau froide (m) DC 6,5
Débit d’eau chaude (kg/s) m cE 51020
Débit d’eau froide (kg/s)
m cC 35849
Débit d’ammoniac (kg/s) 438
Température d’eau sortie évaporateur (°C) m FT 25,3
Température d’eau sortie condenseur (°C) TcsE 8,7
Sorties
TcsC
Puissance brute (kW) WTelec 15995
Puissance pompe eau chaude (kW) WP,Eelec 1912
Puissance pompe eau froide (kW) WP,Celec 3723
Puissance pompe ammoniac (kW) WP,elecFT 262
Puissance nette (kW) Wnet 10097
Tableau III-10 : Dimensionnement et Résultats
dimensionnement des réseaux amène à des diamètres de 6,5 m pour la conduite d’eau froide et de 7 m
sur la conduite d’eau chaude. Dans ce cas, en faisant le diamètre de la conduite d’eau froide d’1m
fait de l’augmentation de la vitesse du fluide. C’est pour cela que la vitesse de 1 m/s, retenue pour le
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Chapitre III : Résultats et éléments de validations
est de 10,2 MW et correspond à la puissance attendue. Il faut donc que la turbine produise 16 MW
d’électricité pour avoir une puissance nette de 10 MW. Le pompage de l’eau de mer influe sur la
production nette d’électricité injectée sur le réseau. Il faudra veiller à toujours minimiser l’impact des
III.5 Conclusion
La procédure de validation menée dans ce chapitre a permis de donner quelques éléments de validation
La comparaison avec les travaux de Yamada permet d’avoir de premiers éléments de validation de nos
modèles. En effet, les modèles sous EES et DELPHI donnent des résultats similaires à la modélisation
faite par Yamada et permettent de conforter les équations utilisées et la démarche suivie pour nos deux
modèles. La confrontation avec les données expérimentales conforte notre modélisation en régime
permanent et offre la possibilité d’avoir un outil d’aide au dimensionnement pour de futures centrales.
L’un des avantages de l’utilisation des systèmes de Gibbs sous le modèle Delphi est l’étude en régime
transitoire d’un procédé. Les données expérimentales ont permis de valider une partie de la dynamique
de ce modèle. Le modèle suit correctement les mesures malgré une modélisation simplifiée du
procédé. Il faudra par la suite, avec le prototype expérimental à terre, valider le modèle avec les phases
Grâce à ces modèles, un dimensionnement a pu être réalisé sur une centrale de 10MW et a montré les
maximale amène à se poser des questions : comment fonctionnera cette même centrale avec un
gradient de température plus faible ? Quels sont les paramètres à modifier pour conserver une
performance du cycle acceptable ? Est-il possible d’améliorer les performances pour un même
gradient de température ? Des éléments de réponses peuvent être apportés grâce à une analyse
thermodynamique du système et à son optimisation. Ces éléments seront présentés dans le dernier
chapitre de ce manuscrit.
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
CHAPITRE IV
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Chapitre IV : Analyse exergétique et optimisation du procédé
IV.1 Introduction
L’optimisation d’un système peut être abordée selon deux visions. Tout système, innovant, sans impact
pour l’environnement ou simple à utiliser, doit faire face à une contrainte majeure : le coût. Il est
difficile de réaliser un système si les coûts d’investissements et de fonctionnements sont très élevés. Il
est donc nécessaire de connaître les différents paramètres (coût des équipements, de l’énergie, de la
d’optimisation du procédé de cette première approche, ici, englobe une notion économique où
technologie sont ainsi soumis aux aléas et aux fluctuations économiques (Tondeur, 2006).
Une deuxième vision peut être abordée. Elle se base sur une analyse fournissant des résultats
qualitatifs et quantitatifs sur le procédé étudié. Cette méthode permet d’éviter des erreurs de
conception et de sélectionner la ou les solutions les plus prometteuses. Cette démarche est opposée à la
première approche, mais peut être complémentaire. Elle permet de faire un premier tri dans les options
de départ et par la suite de réaliser l’analyse financière, uniquement sur les solutions retenues.
L’analyse exergétique (ou thermodynamique) décrite dans ce chapitre correspond à une des démarches
possibles de cette deuxième approche. Le premier, le second principe sont utilisés simultanément dans
(ou l’exergie détruite) du système réel. L’analyse sera donc menée à la fois sur les composants et sur le
cycle dans sa globalité, permettant ainsi d’identifier les composants les plus sensibles de l’installation.
Cette analyse se base sur les travaux de Bejan (Bejan, 1998), Neveu (Neveu, 2002), Pons (Pons, 2004)
et Benelmir (Benelmir, et al., 2002). À partir de l’analyse exergétique des cycles thermodynamiques,
ce chapitre présente des études de sensibilités sur différents paramètres afin d’améliorer les
optimisation du procédé
Tout système réel fonctionne en respectant le premier principe qui régit le bilan d’énergie et le second
principe régissant le bilan entropique. Ce dernier permet d’énoncer que toutes les formes d’énergies ne
sont pas équivalentes. Il est donc impossible de convertir une forme d’énergie intégralement en une
autre. Le second principe permet de déterminer les limites de la conversion de l’énergie, à travers
Par définition, l’énergie est constituée d’une partie noble, mécanisable et convertible, appelée exergie.
L’autre est la partie non convertible et est appelée anergie. La somme des deux donnant l’énergie. Pour
une analyse thermodynamique, il est courant d’émettre des équivalences entre entropie et exergie. Si
un processus thermodynamique réversible est considéré comme idéal, la production d’entropie est
nulle, puisqu'elle n'engendre aucune perte d'exergie. La « richesse » d'une forme d'énergie peut donc
être évaluée en fonction de son exergie : plus celle-ci est importante, plus l'énergie considérée est
mécanisable. Par définition, toute forme d'énergie mécanique (cinétique, potentielle, électrique ou du
travail mécanique) est de l'exergie pure puisqu’elle est totalement convertible en une autre, à la
différence de la chaleur et de l'énergie interne qui contiennent à la fois une partie d'exergie et une
d'anergie. Il faut noter que l’anergie correspond à l’exergie détruite ou à la production d’entropie. Un
système qui fournit du travail produit un transfert d'exergie équivalant à la puissance mécanique
développée. Le transfert de masse correspond à un transfert d'exergie. Ainsi, lors d'un transfert
d'énergie mécanique ou de masse, le flux d'exergie mis en jeu et correspond au flux d'énergie
mécanique utilisable.
Le premier et le second principe peuvent donc être exprimés en fonction de l’exergie et de l’anergie, à
savoir :
L’anergie ne peut être transformée en exergie ; l’exergie quant à elle, peut être transformée en anergie
P a g e | 91
Chapitre IV : Analyse exergétique et optimisation du procédé
Le second principe introduit donc la notion des limites de fonctionnement du système entre l’énergie
Pour pouvoir mener notre analyse, il est nécessaire d’introduire des critères d’évaluation permettant de
caractériser les performances globales du cycle de Rankine et du cycle ETM. Les critères retenus sont
le rendement thermiqueηth , le « Back Work Ratio » noté BWR, le nombre de destruction d’exergie Nex
dans chaque élément du cycle et le rendement exergétique ηex . Ils seront définis dans la suite de ce
chapitre.
thermodynamique. Elle sera effectuée à la fois sur le cycle thermodynamique seul (appelé cycle de
Rankine) et sur le cycle global (appelé cycle ETM), dont une présentation schématique et fonctionnelle
P a g e | 92
Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
Ces schémas permettent de représenter les frontières de chaque système. La différence entre les deux
cycles est la prise en compte du pompage de l’eau de mer chaude et froide pour le cycle ETM.
L’analyse exergétique des deux cycles est réalisée à l’aide du modèle utilisant les systèmes équivalent
de Gibbs et présenté dans le chapitre 2. Les équations décrivant le premier et le second principe sont
intégrés au modèle Delphi et sont déterminés à chaque pas de temps. Cependant, l’analyse sera
P a g e | 93
Chapitre IV : Analyse exergétique et optimisation du procédé
Wnet (le travail net dans notre cas) et la quantité d’énergie reçue de la source chaude qc et s’écrit :
(IV.2)
Un cycle de Carnot est défini comme un cycle thermique réversible à deux sources isothermes, l’une
qui reçoit de la chaleur d’une source chaude et l’autre qui en cède une partie à une source froide. La
P a g e | 94
Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
l’environnement, qui est appelé « source froide », car elle a la capacité d’absorber de la chaleur. Dans
notre cas, T0 sera respectivement considérée comme égale à la température entropique moyenne du
rapport entre la puissance nette et la puissance délivrée par la turbine (puissance « brute ») et s’écrit :
BWR = WbrutW−brutWcons = ∑
1−W élect _TWcons = 1− ∑N Wcons (IV.6)
L’équation 1.6 introduit leNW qui correspond à la part consommée par chaque pompe.
cons
Un BWR élevé indiquera une performance remarquable du cycle. Il sera défini uniquement pour le
cycle ETM.
fonctionnent, dans la plupart des cas, avec un écoulement établi en régime permanent. Les variations
négligées. Chaque composant est considéré comme un système ouvert et prend en compte le transfert
d’exergie par l’écoulement qui traverse ce volume. La formule générale traduisant le bilan exergétique
appliqué en régime permanent à un volume de contrôle est donnée par l’équation suivante (Çengel, et
al., 2008):
P a g e | 95
Chapitre IV : Analyse exergétique et optimisation du procédé
(1 − TT0 ) ⋅q W − + ∑ ∑ m ⋅ψ −
e s m ⋅ψ ∆ψ− d= 0
(IV.7)
température T et est positif quand elle entre dans le système. Le terme W est le travail mécanique.
entrant et sortant du volume de contrôle. Le dernier terme ∆ψd correspond à l’exergie détruite par le
système en raison des irréversibilités. Cela revient à dire que l’exergie qui entre dans le système ouvert
sous forme de chaleur, de travail et d’écoulement est égale à l’exergie sortante ajoutée de l’exergie
détruite.
ψ = (h h ) T (s s− 0 − 0 ⋅− 0 ) + v22 + gz (IV.8)
potentielle. En posant l’hypothèse que les énergies cinétique et potentielle sont négligeables, notre
À partir des équations (IV.7) et (IV.9), la variation d’exergie entre l’entrée et la sortie de ce volume de
P a g e | 96
Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
À partir des différentes équations définies dans ce paragraphe, il est maintenant possible de déterminer
(chapitre 2), il est possible de déterminer l’exergie détruite par les échangeurs. Elle se décompose en
quatre parties : exergie détruite par les pertes de charge, par le fluide caloporteur, par la transformation
PC (IV.11) ∆ψ ψ ψd = e− s
PC T0 ⋅ v dpT⋅ (IV.15).
=
∆ψd
En utilisant la relation (41 chapitre 2), l’exergie détruite par le fluide caloporteur s’exprime par :
De la même manière que pour le fluide caloporteur, il est possible d’écrire les relations suivantes pour
exprimer l’exergie détruite par la transformation physico-chimique ∆ψdx :
De la même manière que pour le fluide caloporteur, il est possible d’écrire les relations suivantes pour
exprimer l’exergie détruite par le transport de matière entre l’entrée et la sortie ∆ψd∆j :
∆
j T0 ⋅σi = T0 ⋅∆j (IV.21)
∆ψd =
P a g e | 98
Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
La pompe est assimilée à un système ouvert en régime stationnaire. Le premier et le second principe
permettent d’écrire :
(IV.23)
q m (s c ⋅e − s )s+σip = 0
T +
La compression est considérée adiabatique et irréversible, d’où
W = m (h ⋅ − h ) (IV.24)
pp m (s cc ⋅ss − s )ee
σi =
En utilisant le système d’équations (IV.23), il est possible d’exprimer l’exergie détruite par la pompe en
posant :
(IV.25)
qp +W p+ m c ⋅(he − h )s−T0 ⋅ Tp + m c ⋅(se − s )s+σip = 0
Pcalo W P + m c ⋅ (ψ ψe − s ) (IV.29) ∆ψd =
P a g e | 99
Chapitre IV : Analyse exergétique et optimisation du procédé
La compression est considérée comme adiabatique et irréversible, d’après le système (II.24), donc
T
À partir des relations (II.34) et (II.35), caractérisant la compression adiabatique irréversible de la
−
v (p⋅ s p )e + v (p⋅ s − p )e
dS = ηméca
(IV.33)
T
dS = T
(IV.34)
À partir des relations (IV.29), (IV.30) et (IV.34), l’exergie détruite ∆ψdp s’écrit :
∆ψdPcalo = T0 ⋅ T ηméca
(IV.35)
La compression est considérée comme adiabatique et irréversible, d’après le système (relation pompe
chapitre 2), l’exergie détruite ∆ψdp par la pompe peut s’écrire :
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
T0 ⋅m
P,FT
FT ⋅(ss − s )e (IV.36)
∆ψd =
Comme cela a été démontré pour les pompes du fluide caloporteur, L’exergie détruite peut aussi
1p 1
⋅ ⋅ − ⋅
η +
P,FT T0 v (pl s p )Te is (IV.37)
∆ψ
d =
La turbine est considérée comme adiabatique, l’exergie détruite par la turbine ∆ψdT s’écrit :
Le rendementηex , basé sur le second principe, évalue le rapport entre l’exergie utile, récupérée par le
procédé, et l’exergie consommée ou fournie au système. Il peut donc s’écrire sous la forme :
ψutile (IV.39)
ηex =
ψfournie
Le rendement exergétique est aussi défini comme la mesure relative de la performance du cycle par
rapport au cycle réversible fonctionnant dans les mêmes conditions. Il s’exprime sous la forme :
En régime permanent, les températures des sources étant considérées comme constantes, le rendement
qx ⋅ϑx
ηex = qc ⋅ϑc (IV.41)
P a g e | 102
Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
Avec
= −T = −T 0
ϑc 1 T~0c et ϑx 1 T étant le facteur de Carnot.
Le rendement exergétique peut aussi s’exprimer en nombre de destruction d’exergie et est défini par :
ηex
=
1− ∑Nex (IV.42)
À partir de ces différentes relations, il est possible de déterminer le rendement exergétique ηex avec trois
Ran
=
Ran ηth (IV.44) ηex Ran
ηCar
Avec
P a g e | 103
Chapitre IV : Analyse exergétique et optimisation du procédé
= ∆ψ
NexC qc E ⋅ϑdcE , l’exergie détruite par le condenseur
∆ψ
NexT = qc E ⋅ϑdcE , l’exergie détruite par la turbine
P,FT
∆ψ
NexP,FT = qcE d⋅ϑcE , l’exergie détruite par la pompe du fluide de travail
ETM
ETM (IV.47)
ηex = thETM
ηCar
ETM ∑
exψàutilepayer = T −WqP,eleccEFT⋅ϑ−cE WPcaloelec Avec ϑcE = 1 −
TTceceCE W elec (IV.48)
ηex =
q cE ⋅ cE − ∑ 1∑
Ψ ∆ψ ϑ ∆ψ ∆ψ (IV.49)
ETM fournie − d d d 1 N
= = qcE ⋅ϑcE = − qcE
= − ∑ ex
ηex
⋅ϑcE Ψfournie
Avec
∆ψ
NexE = q cE ⋅ϑ cE ,
d
l’exergie détruite par
l’évaporateur
∆ψ
NexC = q cE ⋅ϑ cE , l’exergie détruite par le
d
condenseur
∆ψ d
NexT = qc E ⋅ϑ cE , l’exergie détruite par la turbine
P,FT
∆ψ
NexP,FT = d
E E , l’exergie détruite par la pompe du fluide de travail
η
P a g e | 104
Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
qc ⋅ϑc
Pcalo,E
∆ψ
NexPcalo,E = qcEd⋅ϑcE , l’exergie détruite par la pompe d’eau de mer chaude
∆ψ
NexPcalo,C =
Pcalo,C qcEd⋅ϑcE , l’exergie détruite par la
pompe d’eau de mer froide
Une comparaison sera donc faite entre le cycle du PAT (noté PAT), de la centrale de 10 MW (noté 10
MW) et du cycle de Yamada (noté ETM ref), utilisé pour la validation. Le rendement exergétique pour
le cycle ETMref est calculé à partir du rendement énergétique donné par l’auteur et du rendement de
Carnot, en émettant l’hypothèse que la température entropique moyenne de l’échangeur est égale à la
température de changement de phase. Les résultats de cette comparaison sont présentés dans le
Tableau IV-1. Dans un premier temps, il est possible de dire que le PAT et le 10 MW ont quasiment le
même rendement exergétique avec un écart entre les deux valeurs de 2 %. Les deux cycles sont
cependant loin du cycle ETMref, qui atteint lui une valeur d’environ 71 %. L’écart s’explique
simplement : le cycle ETMref a été optimisé par son auteur et il est donc normal d’avoir une valeur
P a g e | 105
Chapitre IV : Analyse exergétique et optimisation du procédé
Il est donc nécessaire d’optimiser nos cycles (PAT et 10 MW) afin d’augmenter les rendements
exergétiques et énergétiques. Il est nécessaire d’analyser le cycle ETM afin de voir quels sont les
composants qui détruisent le plus d’exergie. Les Figure IV-3 et Figure IV-4 illustrent la répartition de
P a g e | 106
Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
Légende
A B C D E F G H I J
Ran
NexPC Nexc,E Nexx,E Nex∆j, NexT Nexc,C Nexx,C Nex∆j, NexP,FT
E C ηex
La destruction d’exergie des composants est similaire pour les deux cycles. Le dimensionnement du 10
MW étant basé sur le PAT, il est normal de retrouver le même comportement. Les composants
détruisant le plus d’exergie sont les échangeurs, principalement dus à la destruction d’exergie du fluide
circuit d’ammoniac et la pompe de travail impactent peu les performances du cycle, pour une valeur
globale de l’ordre de 6 % pour les deux cycles. La destruction d’exergie de la turbine est de l’ordre de
10 %, mais une piste peut être proposée afin d’améliorer son fonctionnement et donc de diminuer
ETM
1,8 2,3
η
th (%)
ETM
7,6 7,1
ηCar (%)
ETM
24,1 32,4
η
ex (%)
P a g e | 107
Chapitre IV : Analyse exergétique et optimisation du procédé
Nos rendements exergétique, énergétique et le BWR sont plus faibles indiquant donc qu’une
optimisation des performances est possible en ajustant les débits des pompes d’eau de mer.
La Figure IV-5 illustre la répartition de la destruction d’exergie dans chaque composant pour le cycle
10 MW. Comme pour le cycle de Rankine, les échangeurs détruisent le plus d’exergie dans le cycle.
Les exergies détruites par les pompes d’eau de mer chaude et froide sont respectivement de l’ordre de
9 % et 5 %. Ces destructions sont principalement causées par les pertes de charge. Il est normal
d’avoir une exergie détruite plus importante sur la pompe d’eau de mer froide. Celle-ci devant pomper
l’eau de mer froide à 1000 m de profondeur. Les autres paramètres ont les mêmes ordres de grandeur
Légende
A B C D E F G H I J K L
ETM
NexPC Nexc,E Nexx,E Nex∆j,E NexT Nexc,C Nexx,C Nex∆j,C NexP,FT NexPcalo,E NexPcalo,C
ηex
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
IV.3.3
Synthèse des analyses
La comparaison avec le travail de Yamada montre que les performances de nos cycles ne sont pas
optimales. Avec un gradient de température plus faible, Yamada arrive à des performances plus
élevées. Les deux tiers de l’exergie détruite par le cycle ETM proviennent des couples
évaporateurs/pompe eau chaude et condenseur/pompe eau froide, en raison des pertes de charge. Ceci
est confirmé par le BWR plus faible que celui de Yamada. Il faut donc diminuer la consommation des
Il est alors nécessaire d’optimiser le fonctionnement et/ou le dimensionnement de ces composants afin
l’installation d’une future centrale pilote, il est intéressant de proposer des pistes permettant
l’amélioration des performances du cycle ETM. Afin d’optimiser ce cycle, des études de sensibilité
sont réalisées à partir des conclusions obtenues par les analyses précédentes. Les échangeurs et les
débits des pompes sont les éléments principaux à optimiser pour augmenter le rendement exergétique,
IV.4.1.1 Principe
L’outil Genopt est un outil d’optimisation développé par l’université de Berkeley (Wetter, 2001). Basé
sur l’utilisation d’algorithmes génétiques, il permet la minimisation d’une fonction qui est calculée par
un environnement de simulation externe à GenOpt. Il peut donc être utilisé avec n’importe quel
environnement de simulation qui permet la lecture et l’écriture de fichiers texte. Il a été couplé au
modèle implémenté sous Delphi. L’organisation de ce couplage est présentée sur la Figure IV-6.
P a g e | 109
Chapitre IV : Analyse exergétique et optimisation du procédé
Les différents éléments nécessaires pour le fonctionnement du couplage Genopt-Delphi sont les suivants :
Fichier d’entrée : Ce fichier est lu par Delphi et contient toutes les données d’entrées nécessaires à la simulation.
Fichier de sortie : Ce fichier contient la valeur de la fonction de minimisation écrite par Delphi et est lu par Genopt.
Fichier de commande : Ce fichier contient les paramètres qui vont varier durant la simulation, en donnant la valeur
initiale, la valeur minimale et la valeur maximale. Il contient également les paramètres nécessaires pour l’algorithme de
résolution choisi.
Fichier Template : Le fichier est une réplique du fichier d’entrée. Par rapport aux résultats de la fonction de
minimisation, Genopt va ajuster les paramètres d’entrées données dans le fichier de commande et va les intégrer dans
Fichier de configuration : Ce fichier permet à Genopt de lancer l’exécutable de Delphi en fonction du système
Fichier initialisation : Ce fichier va permettre à Genopt de localiser les différents fichiers utilisés. C’est ce fichier qui
Sorties et visualisation : Pour chaque simulation lancée, Genopt écrit les paramètres utilisés et le résultat de la fonction
de minimisation dans un fichier de sorties. La visualisation des données est possible via l’interface Java où sont tracés
P a g e | 110
Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
IV.4.1.2
Fonction de minimisation
L’objectif pour le cycle ETM est de produire le maximum d’électricité en minimisant la consommation des
Cette fonction que l’on nommera Opt peut donc s’écrire sous la forme :
(
Opt = f W elecT ,Welec,Tmax ,Wnet ,BWR ) (IV.50)
La puissance maximale de la turbine doit être prise en compte pour éviter la divergence du modèle qui
Genopt minimise une fonction pour déterminer les paramètres optimaux. Or, dans notre cas, nous
voulons maximiser la puissance nette et donc le BWR. De plus, afin que chaque terme ait le même «
poids » dans l’équation, il faudra les pondérer et en tenir compte pour le calcul de la fonction.
Avec
Wnet
de sensibilité.
P a g e | 111
Chapitre IV : Analyse exergétique et optimisation du procédé
caractéristiques des pompes-hauteur manométrique sont utilisées. Elles ont été déterminées avec les
équations intégrées dans le modèle EES (paragraphe II.2.3) à partir du dimensionnement réalisé dans
le chapitre précédent. Ces équations ont permis de calculer la hauteur manométrique de la pompe en
fonction du débit et les courbes sont représentées sur la Figure I-8. À partir de ces courbes, une
intégrée dans le modèle Delphi, qui pour chaque simulation va déterminer les coefficients
Figure IV-7 : Courbes caractéristique débit des pompes-hauteur manométriques eau froide et eau chaude
D’après la Figure I-8, il est possible de dire que la pompe d’eau de mer froide a une hauteur
manométrique plus élevée que la pompe d’eau de mer chaude pour un débit équivalent. Le pompage
d’eau de mer froide nécessite donc une puissance plus importante et il faudra veiller à optimiser le
P a g e | 112
Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
Cas n°1 :
Cas n°1 : Variation du pincement du condenseur o Le pincement du condenseur varie de 1 à 8 °C, le pincement
Cas n°3 : Variation du pincement des deux échangeurs o Le pincement de l’évaporateur et du condenseur varie
de 1 à 8 °C
Dans les 3 cas, le débit de la pompe ammoniac est déterminé afin d’avoir la puissance de la turbine
maximale (16MW). Les débits des pompes eau de mer sont déterminés par la puissance nécessaire à
La destruction d’exergie et le rendement exergétique pour les trois cas sont représentés sur les Figure
III-8, Figure III-9 et Figure IV-10. La légende utilisée pour ces figures est la même que celle utilisée
Dans le cas n°1 (Figure III-8), le pincement de l’évaporateur doit être au minimum de 2 °C en raison
de l’exergie détruite par la pompe eau chaude qui est importante et qui dégrade les performances du
cycle pour donner un rendement nul. Un pincement faible permet d’obtenir une exergie détruite par le
fluide caloporteur plus faible dans l’évaporateur. L’exergie détruite par la turbine diminue avec
différence de pression diminue, entrainant une destruction d’exergie moins importante dans la turbine.
charge et la pompe ammoniaque sont faibles et varient peu avec l’augmentation du pincement.
Cependant, il faut noter que plus le pincement est faible, plus ces valeurs sont grandes. Dans ce cas, un
P a g e | 113
Chapitre IV : Analyse exergétique et optimisation du procédé
Figure IV-8 : Cas n°1 - Évolution de l’exergie détruite et Figure IV-9 : Cas n°2 - Évolution de l’exergie détruite et
Dans le cas n°2 (Figure III-9), le pincement minimal du condenseur est de 3 °C afin d’assurer un
rendement exergétique positif. L’exergie détruite par la pompe d’eau froide augmente, lors que le
pincement diminue. L’exergie détruite par le fluide caloporteur dans le condenseur augmente lorsque
le pincement est grand. Les autres paramètres varient de la même manière que dans le cas n°1. Dans ce
cas, la valeur optimale du rendement exergétique (30 %) est atteinte pour un pincement compris entre
4 et 5 °C. Le troisième cas (Figure IV-10) permet de visualiser le fonctionnement du cycle en faisant
varier les paramètres des deux composants simultanément. L’exergie détruite par les pompes est
identique et augmente lorsque le pincement diminue. L’exergie détruite par le fluide caloporteur au
niveau des échangeurs diminue lorsque le pincement est faible. Comme pour les deux autres cas, il y a
opposition entre l’exergie détruite par les pompes et par le fluide caloporteur.
P a g e | 114
Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
Le pincement pour les deux échangeurs doit être de 4 °C afin d’avoir un rendement exergétique (28 %)
le plus élevé possible. C’est valeur est un compromis entre les pincements déterminés pour
L’objectif de l’installation étant de produire de l’électricité, une analyse « électrique » est menée afin
d’évaluer les consommations des pompes et la puissance nette pour les différents cas à partir de la
relation (IV.6).
Figure IV-11 : Cas n°1 - Évolution de la consommation Figure IV-12 : Cas n°2 - Évolution de la consommation
La Figure IV-11 illustre le bilan électrique pour le cas n°1. La part de la pompe eau chaude diminue
avec l’augmentation du pincement. En effet, plus le pincement augmente, plus le débit d’eau chaude
va diminuer pour avoir la même température en sortie. La part de la pompe d’eau froide augmente
dans le bilan bien que le débit reste constant. Dans ce cas, la puissance nette est maximale pour un
pincement compris entre 3 et 4 °C. Pour le cas n°2 (Figure IV-12), la part de la pompe d’eau froide
diminue avec l’augmentation du pincement et une puissance nette maximale est atteinte pour une
P a g e | 115
Chapitre IV : Analyse exergétique et optimisation du procédé
Dans le cas n°3, la consommation des pompes d’eau de mer est influencée par la variation du
pincement des deux échangeurs illustrés sur la Figure IV-13. La puissance nette est maximale, pour
une valeur de pincement des échangeurs comprise entre 5 et 6 °C. Les pertes de charge étant plus
importantes sur la pompe d'eau froide que sur la pompe d'eau chaude, il est normal que la part de cette
pompe soit plus importante dans le bilan. Dans les trois cas, il est à noter que la part de la pompe du
fluide de travail est faible par rapport aux deux autres pompes.
Les analyses exergétique et électrique montrent que le cycle peut être optimisé de deux manières :
La Figure IV-14, représentant le troisième cas, illustre ces propos. Dans les deux cas, plus le
pincement sera faible, plus les performances du cycle se dégradent. Cependant, un trop grand
maximal (23,5%) alors qu’un pincement de 6 °C permet d’obtenir un BWR maximal (62%). L’objectif
étant de produire le plus d’électricité, c’est la puissance nette et le BWR qui devront être optimisés.
P a g e | 116
Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
Une comparaison entre le cycle de départ (noté 10 MW) et le cycle avec un pincement de 6°C (noté 10
MWpin) est présentée dans le Tableau IV-3. Le pincement fixé pour les échangeurs et le condenseur ne
permet pas d’avoir une meilleure performance globale du cycle. Le rendement thermique le même
alors que le rendement exergétique est plus faible dans le cycle 10 MW pin. De plus comme illustré sur
la figure précédénte, le BWR reste plus faible.
Paramètres 10 MW 10 MWpin
~ 10,9 11
T cC (°C)
ETM
1,8 1,8
η
th (%)
ETM
7,6 7,6
ηCar (%)
ETM
24,1 23,3
η
ex (%)
P a g e | 117
Chapitre IV : Analyse exergétique et optimisation du procédé
travail est réalisé grâce au couplage entre Genopt et Delphi. Les paramètres optimisés par Genopt
seront donc les températures de fonctionnement des échangeurs et le débit d’ammoniac. Les autres
Les résultats de l’optimisation sont comparés au cycle de départ et présentés dans le Tableau IV-4. Les
puissances des pompes d'eau chaude WelecPcalo,E et ammoniaque WelecP,FT sont légèrement supérieures,
mais la puissance de la pompe d'eau froide WelecPcalo,C est plus faible ce qui permet d’avoir une
condensation est plus faible dans le cycle optimisé, mais est compensé par une augmentation du débit
d’ammoniac. Les rendements énergétique et exergétique sont quasi-identiques dans les deux cas.
Paramètres 10 MW 10 MWopt
~ 22,3 22,4
T cE (°C)
~ 10,9 11,4
T cC (°C)
262 265
W elecP,FT (kW)
3723 3458
W elecPcalo,C
(kW)
1912 2036
W elecPcalo,E
(kW)
Wnet (kW) 10098 10243
ETM
1,8 1,8
ηth (%)
ETM
7,6 7,6
ηCar (%)
ETM
24,1 23,9
ηex (%)
BWR(%) 63,1 64,0
Tableau IV-4 : Comparaison entre le cycle de base et le cycle optimisé
P a g e | 118
Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
L’optimisation simultanée du pincement des deux échangeurs permet d’avoir une puissance nette et un
L’optimisation sur le pincement permet d’améliorer légèrement la performance globale du cycle, avec
une puissance nette en augmentation d’1,43%. D’autres pistes sont donc à explorer pour améliorer les
performances, notamment sur l’efficacité des échangeurs. Cette étude est réalisée dans le paragraphe
suivant.
d’optimiser le fonctionnement du cycle en déterminant les pincements optimaux. Dans notre cas, nos
échangeurs ont une efficacité de 0,44 pour l’évaporateur et de 0,62 pour le condenseur.
l’augmentation de l’efficacité, pour des caractéristiques d’échangeurs identiques, entraîne une surface
d’échange plus grande, et a un coût plus élevé. Un critère d’optimisation peut-être mis en place afin de
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Chapitre IV : Analyse exergétique et optimisation du procédé
L’efficacité peut être exprimée en fonction des températures (Figure IV-15) par :
=
ε = Tce −T E ∆
ε=f NUT = (m.cp KS)min (IV.55)
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
Il faut donc trouver le NUT optimal afin de satisfaire les paramètres définis auparavant.
À partir des équations (IV.55) et (IV.56), il est possible d’exprimer le NUT comme :
∆
NUT = ∆ TTlog1 (IV.57)
En posant :
NUT (IV.59)
γ= 2 ε
ε = 1 − exp(−NUT) (IV.60)
En utilisant de cette dernière relation, il est possible d’écrire le rapport γ en fonction de l’efficacité :
γ=− (IV.62)
Il faut donc déterminer la valeur γminimale pour déterminer la valeur optimale pour nos échangeurs.
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Chapitre IV : Analyse exergétique et optimisation du procédé
La courbe γ ε= f( ) est représentée sur la Figure IV-16. Le minimum de cette fonction permet
Afin d’illustrer la démonstration faite dans le paragraphe précédent, une étude est proposée sur les
échangeurs. L’efficacité des deux échangeurs va être augmentée depuis sa valeur initiale jusqu’à une
valeur maximale de 0,99. Le débit d’ammoniac et les températures de fonctionnement des échangeurs
sont les mêmes que le cycle de base. Les autres paramètres sont recalculés en fonction de l’efficacité
en maintenant une puissance de turbine la plus proche de la puissance maximale. Le coefficient global
d’échange K étant considéré comme constant pour les mêmes températures d’entrées, il est possible
d’évaluer l’augmentation de la surface d’échange avec la variation de l’efficacité. Ces variations pour
l’évaporateur (cas n°1) et le condenseur (cas n°2) sont représentées respectivement sur les Figure IV-
17 et Figure IV-18. Pour obtenir la valeur de l’efficacité optimale, il faut augmenter la taille de
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
Figure IV-17 : Cas n°1 - Évolution la surface d’échange Figure IV-18 : Cas n°2 - Évolution la surface d’échange de l’évaporateur en
La destruction d’exergie et le rendement exergétique pour les cas n°1 et n°2 sont représentés
respectivement sur les Figure IV-19 et Figure IV-20. Pour les deux cas, plus la surface d’échange va
augmenter, plus les destructions d’exergie par les pompes d’eau de mer, chaude pour le cas n°1 et
froide pour le cas n°2, vont diminuer. Le débit d’eau est influencé par la surface d’échange ; plus celle-
ci est grande, plus le débit est faible. La part d’exergie détruite par les autres composants n’est pas
Figure IV-19 : Cas n°1 - Évolution de l’exergie détruite Figure IV-20 : Cas n°2 - Évolution de l’exergie détruite
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Chapitre IV : Analyse exergétique et optimisation du procédé
surface d’échange pour l’évaporateur seul, le condenseur seul et les deux échangeurs réunis. Dans le
Pour le condenseur, l’augmentation du BWR atteint 22,4 %. En combinant les deux échangeurs, le
BWR peut être amélioré à une valeur de 34 %. Cependant, ces valeurs maximales sont atteintes pour
une surface d’échange très importante, ce qui n’est pas économiquement viable.
compromis entre la performance globale et le coût de l’installation. Une comparaison entre le cycle de
base (10MW) et le cycle en tenant compte de la valeur optimisée de l’efficacité (noté 10 MW g) pour
les deux échangeurs est présentée dans le Tableau IV-5. La performance globale du cycle 10 MW g est
meilleure que le cycle de base. Les puissances des pompes sont diminuées et permettent donc
d’augmenter la puissance nette du cycle de 18%. Le rendement exergétique est lui aussi optimisé,
l’exergie détruite par les pompes d’eau de mer étant moins importantes.
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
Paramètres 10 MW 10 MWg
WelecP,FT (kW) 262 262
ETM
1,8 2,2
η
th (%)
ETM
7,6 7,6
ηCar (%)
ETM
24,1 28,8
η
ex (%)
BWR (%) 63,1 74,4
température d’eau chaude variant de 23 °C en hiver austral à 28 °C en été austral, il parait important de
s’assurer des performances de notre centrale sur un fonctionnement annuel. Le débit et les
températures de fonctionnement sont déterminés pour chaque température d’eau chaude à l’aide de
Genopt. Comme présentés dans l’étude sur le pincement, les paramètres sont déterminés afin de
s’assurer d’une performance optimale pour la température d’eau chaude désirée. La Figure IV-22
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Chapitre IV : Analyse exergétique et optimisation du procédé
Figure IV-22 : Évolution de la destruction d’exergie et du rendement exergétique en fonction de la température d’eau
chaude
La part d’exergie détruite par l’évaporateur diminue avec la température d’eau chaude. La température
d’eau chaude se rapprochant de la température de référence, il est normal que l’exergie détruite dans
l’évaporateur diminue. La part d’exergie détruite par le condenseur reste constante avec la diminution
de la température d’eau chaude. La température de condensation a été optimisée pour éviter de détruire
de l’exergie dans le condenseur et par la pompe d’eau froide. La part de celle-ci augmente peu ; le
pincement du condenseur a été maintenu constant afin que la pompe d’eau froide ait le moins d’impact
possible. La pompe d’eau chaude détruit plus d’exergie quand la température d’eau chaude diminue.
Le pincement de l’échangeur diminuant, le débit d’eau chaude augmente, élevant ainsi la destruction
d’exergie de la pompe.
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
La Figure IV-23 présente l’évolution de la puissance nette et du BWR. La puissance nette passe de 10
turbine a été diminuée. Il n’est pas nécessaire de faire fonctionner la turbine à pleine puissance tout en
sachant que la puissance nette sera faible. Avec ce design, la question de faire fonctionner la centrale
en hiver austral se pose. La demande en électricité étant plus faible en hiver, cette période pourrait être
utilisée pour des maintenances sur la centrale. La température étant considérée comme variant entre 23
et 28 °C, la puissance moyenne nette est de 7 MW. Le dimensionnement de la centrale ne peut donc
place de critères d’optimisations. L’outil Genopt permet d’améliorer les performances du cycle à partir
de n’importe quel paramètre. La méthode devra être validée grâce à l’expérimentation. L’optimisation
du pincement des échangeurs permet d’améliorer les performances du cycle sans changer son design.
Cependant, la diminution de la température d’eau chaude influe sur la puissance nette et l’optimisation
du pincement n’est pas suffisante. Il faut également modifier le design des échangeurs en augmentant
son efficacité. La valeur optimale déterminée dans le paragraphe IV.4.4.1 permet d’améliorer les
performances du cycle. Une simulation est réalisée en tenant compte de la valeur optimisée de
l’efficacité pour les deux échangeurs et en optimisant les températures de fonctionnement et le débit
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Chapitre IV : Analyse exergétique et optimisation du procédé
Le Tableau IV-6 présente la comparaison entre le cycle de base, le cycle optimisé et le travail de
Yamada. Le cycle optimisé permet d’obtenir une performance plus élevée que ce soit pour le
optimisé se rapprochent du cycle de Yamada. Le BWR est plus élevé, mais les rendements
Figure IV-24 : Évolution de la puissance nette, du back work ratio du rendement exergétique du cycle optimisé
la variation de la température d’eau chaude. La puissance nette et le BWR sont améliorés par rapport à
l’étude faite au paragraphe IV.4.5. De plus, la diminution est moins prononcée que dans l’étude
précédente. La puissance moyenne sur l’année est de 10 MW. L’optimisation permet donc de s’assurer
d’obtenir une puissance moyenne conforme aux exigences en terme de production, de revente
d’électricité et de retour sur investissement. Comme pour l’étude précédente, la valeur de la puissance
moyenne correspond à la température moyenne sur l’année. Le dimensionnement devra donc être
Les échangeurs sont le point clé du dimensionnement du système « énergie ». Pour s’assurer d’obtenir
des performances correctes, il est nécessaire d’avoir une efficacité acceptable pour ces éléments. Il
faut donc augmenter les surfaces d’échanges pour un même coefficient d’échange global ou d’étudier
d’autres technologies d’échangeurs dans le but de minimiser la taille des échangeurs et donc de la
centrale. Il est à noter qu’il est possible d’améliorer les performances du cycle en utilisant une turbine
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
ou des pompes plus efficaces, mais avec un prix plus élevé. Il y a donc un juste milieu à déterminer et
peut être réalisé par une étude exergo-économique (Bonnet, 2005) ou technico-économique (Mansilla-
Pellen, 2006). L’objectif est simple : construire une centrale la plus performante possible pour un coût
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Chapitre IV : Analyse exergétique et optimisation du procédé
CONCLUSION GENERALE
Conclusion Générale
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
Conclusion Générale
température présent entre l’eau de surface et l’eau de profondeur à la Réunion pour la production
d’électricité.
Au niveau national et international, le procédé est connu depuis de nombreuses années et des projets
liés à l’ETM sont en plein développement. Du fait d’un coût élevé de la technologie, les
expérimentations et les premières centrales pilotes en mer sont peu nombreuses et n’ont pas permis à
ce jour de lever toutes les incertitudes sur l’intérêt de cette technologie. Le projet ETM Réunionnais
est le fruit d’une collaboration entre DCNS, Région Réunion et l’Université de La Réunion. L’objectif
de cette collaboration est de lever les incertitudes au travers d’un plan de levée de risques sur ce
Ce travail de thèse propose une réponse à la phase 1. Le travail sur la modélisation du cycle ETM en
régime permanent et dynamique est présenté dans ce manuscrit. Deux types de modèles ont été
régime permanent offre une évaluation globale des performances du système, incluant le prélèvement
et le rejet de l’eau de mer ainsi que le cycle thermodynamique, dans le but de proposer un outil de
méthode des systèmes équivalents de Gibbs. Cet outil permet de décrire les phases de démarrage et
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• Vérifier des hypothèses et les choix technologiques retenus au niveau des composants et du cycle.
Ceci permettant de proposer un dimensionnement d’une future centrale de 10 MW. Des premières
données expérimentales ont d’ores et déjà été obtenues lors des tests d’épreuve du pilote à terre et ont
permis une confrontation avec la modélisation. À partir d’une procédure de validation présentée dans
le troisième chapitre, des confrontations ont été menées afin d’étudier le comportement des modèles
par rapport à la littérature et aux données expérimentales extraites des premiers essais du PAT. La
fonctionnement numérique des modèles. La confrontation avec les données expérimentales a permis
Le dernier chapitre de ce travail a présenté une étude d’optimisation du cycle. À partir d’une analyse
certains paramètres. L’utilisation de l’outil Genopt a permis de déterminer les paramètres optimaux
L’énergie thermique des mers offre une alternative intéressante dans l’objectif de produire de
l’électricité en continu à partir d’une ressource renouvelable. Le principal frein à la technologie est son
coût lié à la centrale et à la pose de la conduite d’eau froide. Il est donc indispensable au travers de
investisseurs.
Les premiers essais prévus avec l’expérimentation s’inscrivent dans cette démarche. Ils vont permettre
Conclusion Générale
recherche va être mis en place afin d’exploiter ce banc à la suite de ces essais. Ce travail de thèse a
• La validation expérimentale des optimisations proposées dans le dernier chapitre en les intégrant à
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
• La validation expérimentale des phases de démarrage et d’arrêt pour compléter la validation du
modèle en
régime dynamique.
• Le test de nouveaux cycles comme celui de Kalina, Uehera. Considérés comme plus performants que
le cycle de Rankine, il sera intéressant d’étudier ces deux cycles afin de voir le rapport entre le surcout
• Le test de nouveaux fluides de travail plus performants, propres pour l’environnement et non toxiques
pour l’homme afin de remplacer l’ammoniac. La modélisation sera utilisée afin d'effectuer une
Les outils d’aide à la décision serviront dans l’optique du dimensionnement de la centrale pilote de 10
MW. Ils permettront de vérifier la puissance électrique délivrée par la centrale en fonction des
centrale en semi-base, pourront également être simulées grâce à l’outil d’aide à l’optimisation du
procédé. Le fonctionnement de la centrale à charge partielle pourra donc être modélisé en mettant en
place une régulation adaptée à la puissance souhaitée. Une étude exergo-économique permettra
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Références
RÉFÉRENCES
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Références
Annexes
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Etude de la production d’électricité à partir de l’Energie Thermique des Mers à l’île de La Réunion : Modélisation et
optimisation du procédé
Les propriétés thermodynamiques de l’ammoniac sont déterminées d’équations d’état. Ces expressions
• La phase liquide est considérée comme étant incompressible (volume spécifique constant).
Les propriétés thermodynamiques de l’ammoniac évaluées pour Propath, EES et Delphi sont données
dans le tableau A-1 pour le point critique et pour la température et la pression minimale.
Propath
Des écarts sont relevés entre les Propath, Delphi et EES permettent de donner une explication sur les
écarts calculés entre les modèles. Par exemple, la détermination des enthalpies dépend de la
température et de la pression du fluide. S’il y a un écart entre deux bases thermodynamiques, il est
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