Geo Diff 2022 1
Geo Diff 2022 1
Geo Diff 2022 1
Vincent GUEDJ
28 janvier 2022
2
Table des matières
1 Courbes de Rn 5
1.1 Paramétrisation par longueur d’arc . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2 Courbes planes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.3 Courbes gauches . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.4 Isométries euclidiennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
1.5 Propriétés globales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
1.6 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
2 Surfaces de R3 41
2.1 Espaces tangents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
2.2 Première forme fondamentale . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
2.3 Deuxième forme fondamentale, courbures . . . . . . . . . . . 59
2.4 Theorema Egregium de Gauss . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
2.5 Surfaces à courbure constante . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
2.6 Propriétés métriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
2.7 Théorème de Gauss-Bonnet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
2.8 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
3 Variétés 103
3.1 Plongements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
3.2 Sous-variétés de Rn . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
3.3 Formes différentielles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
3.4 Variétés abstraites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
3.5 Variétés complexes et groupes de Lie . . . . . . . . . . . . . . 143
3.6 Classifications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
3.7 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
Bibliographie 225
3
4 TABLE DES MATIÈRES
Introduction
1
2 TABLE DES MATIÈRES
Objectifs et prérequis
Ce livre est destiné aux étudiants de Licence (troisième année), de Mas-
ter (première année), ainsi qu’aux étudiants préparant l’agrégation externe
ou interne de mathématiques. Il couvre tout le programme de géométrie
différentielle de l’agrégation et contient une centaine d’exercices corrigés.
La géométrie différentielle utilise des techniques du calcul différentiel,
ainsi que du calcul intégral, de l’algèbre linéaire et de l’algèbre multilinéaire,
pour étudier des problèmes géométriques d’origines variées. Il présuppose
notamment une bonne familiarité avec :
• le calcul différentiel classique (niveau L3) ;
• l’algèbre multilinéaire (niveau L2).
L’objectif du livre est d’étudier quelques notions fondamentales à la base
de la géométrie moderne. On introduit certains invariants intrinsèques fon-
damentaux des courbes et des surfaces (longueur, distance intrinsèque, cour-
bure de Gauss). On y explore la notion de sous-variété différentielle de Rn
et on généralise le calcul différentiel dans ce cadre, en introduisant la notion
de forme différentielle et le calcul intégral associé. Ces outils permettent de
comparer les objets géométriques selon plusieurs échelles :
• infinitésimale, via l’algèbre (multi)linéaire ;
• locale, via le calcul différentiel ;
• globale, via l’interaction entre géométrie et topologie.
La mise en pratique du calcul différentiel et de l’algèbre multilinéaire de
Licence se fait notamment à travers :
• l’utilisation du théorème d’inversion locale pour dégager plusieurs dé-
finitions équivalentes des sous-variétés ;
• l’utilisation des formes quadratiques pour comparer la position rela-
tive d’une sous-variété avec son espace tangent ;
• le théorème de Stokes qui généralise l’intégration par parties.
Le livre aura rempli son principal objectif s’il permet aux étudiants in-
téressés par cette thématique de se familiariser avec les concepts de base
exposés ici, en leur donnant envie de poursuivre leur découverte avec des
ouvrages plus avancés.
Il existe en effet de nombreuses références qui traitent de ce sujet clas-
sique. Je me suis librement inspiré des livres indiqués dans la bibliographie,
notamment du livre historique [BerGos]. Pour compléter vos lectures, je vous
recommande tout particulièrement :
• [DoCarmo] pour approfondir l’étude des courbes et des surfaces ;
• [Lafontaine, Spivak] pour aller un peu plus loin sur les variétés ;
• [Warner] pour la cohomologie et la théorie de Hodge.
Le lecteur est encouragé à faire des dessins le plus souvent possible, et
à utiliser également l’un des nombreux sites qui recensent les propriétés re-
marquables des courbes et des surfaces, tel mathcurve.com.
TABLE DES MATIÈRES 3
Le menu
Le livre est divisé en trois chapitres distincts de longueurs inégales. Pour
le cours de Master 1 dont il était le support, le rythme du cours était de 2 à 3
séances de 2 heures pour le premier chapitre, 4 à 5 séances pour le deuxième
chapitre, et 4 à 5 séances pour le troisième et dernier chapitre.
Le premier chapitre développe l’étude des courbes de l’espace euclidien,
avec une attention particulière portée aux courbes planes et gauches. Ce
sujet est censé être pour partie connu des étudiants. On y aborde :
• la notion de longueur d’arc, de courbure et de torsion ;
• certaines propriétés des isométries euclidiennes ;
• la classification locale des courbes planes et gauches ;
• quelques propriétés globales des courbes planes.
La géométrie différentielle des surfaces contient un grand nombre des
idées et techniques clés du domaine. Il est donc naturel d’y consacrer du
temps, avant d’aborder les concepts plus abstraits qui se sont dégagés à la
suite de leur étude. Le chapitre 2 introduit notamment :
• les surfaces régulières plongées dans R3 ;
• les première et deuxième forme fondamentales ;
• les différentes notions de courbures ;
• le théorème remarquable de Gauss ;
• les géodésiques et la distance intrinsèque ;
• le théorème de Gauss-Bonnet.
Le troisième et dernier chapitre du livre étudie la notion de sous-variété
différentielle de l’espace euclidien, ainsi que le concept de variété différentielle
abstraite. Si le théorème de plongement de Whitney assure in fine que ces
deux notions coïncident, il est essentiel de développer l’étude des variétés
abstraites, de même qu’il est nécessaire de traiter la théorie générale des
R-espaces vectoriels de dimension finie, et pas uniquement celle des sous-
espaces vectoriels de Rn . Ce chapitre étudie notamment :
• les submersions, immersions, et plongements ;
• les formes différentielles et la différentielle extérieure ;
• les formes volumes et l’orientation des variétés,
• l’intégration des formes différentielles et la formule de Stokes ;
• l’abondance des difféomorphismes sur les variétés abstraites ;
• les variétés complexes et les groupes de Lie.
Il se termine par l’évocation des problèmes de classifications des variétés
différentielles compactes de petite dimension, un sujet de recherches actuelles
qui a connu des développements spectaculaires ces dernières années.
Chaque chapitre se termine par de nombreux exercices qui sont partie
intégrante du cours et qu’il est donc essentiel de faire. Des éléments succincts
de correction sont fournis en fin d’ouvrage ; ils sont là pour aider le lecteur,
mais ne constituent aucunement un modèle de corrigé.
4 TABLE DES MATIÈRES
Remerciements
La plupart des dessins ont été réalisés avec l’aide du logiciel gratuit
SAGE. Un grand merci à Christophe Besse d’avoir guidé mes premiers pas
dans son utilisation.
Mes collègues Yuxin Ge, Éveline Legendre et les étudiants du Master
ESR de Mathématiques de l’Université Paul Sabatier m’ont fait des retours
constructifs sur une version préliminaire de ce livre, je les en remercie.
Malgré tout le soin apporté à sa confection, le texte contient probable-
ment de nombreuses coquilles (typos, erreurs, imprécisions). N’hésitez pas à
me les signaler en m’écrivant : vincent.guedj@math.univ-toulouse.fr.
Bonne lecture !
Chapitre 1
Courbes de Rn
Introduction
Dans ce premier chapitre, nous nous intéressons à l’étude des courbes
plongées dans Rn . Nous étudions plus particulièrement les courbes planes
(n = 2) et les courbes gauches (n = 3).
Nous commençons par observer que toute courbe peut être localement pa-
ramétrée par longueur d’arc : toutes les courbes de Rn sont donc localement
isométriques, mais nous allons dégager des propriétés de rigidité globale.
Nous introduisons la courbure des courbes planes. Son importance est
illustrée par le « Théorème fondamental » (Théorème 1.2.12) qui affirme que
deux courbes planes qui ont même courbure sont images l’une de l’autre par
une isométrie globale de R2 . C’est un formidable résultat sur lequel il faut
nous arrêter un moment : une information de nature locale (la courbure)
suffit à classifier les courbes à équivalence globale près.
Pour les courbes gauches, les concepts fondamentaux sont ceux de cour-
bure et de torsion (la nouveauté par rapport aux courbes planes). Ils sont
introduits par l’intermédiaire d’un repère mobile, le repère de Frenet, qui est
bien adapté à l’étude des courbes gauches. L’importance de ces concepts est
mise en évidence par le Théorème 1.3.13 : deux courbes gauches ont même
courbure (non nulle) et même torsion si et seulement si elles sont images
l’une de l’autre par une isométrie globale de R3 .
Nous rappelons ensuite quelques propriétés des isométries de Rn , puis
nous mentionnons certaines propriétés globales des courbes fermées (nombre
d’enroulement, inégalité isopérimétrique).
Je vous incite à consulter le site mathcurve.com sur lequel vous trouverez
la représentation graphique de nombreuses courbes que nous rencontrerons
dans ce texte (et bien d’autres encore). Vous êtes vivement encouragés à
produire le plus de dessins possibles au fil de votre lecture.
5
6 CHAPITRE 1. COURBES DE RN
Abscisse curviligne
Soit ϕ : I 7→ Rn une courbe paramétrée régulière, de sorte que ϕ0 (t) 6= 0
pour tout t ∈ I. Soit L ∈ R+ ∪ {+∞} la longueur de la courbe géométrique
Γ = ϕ(I) (c’est-à-dire le supremum des longueurs des arcs fermés de Γ).
Alors l’application
Z t
h : t ∈ I 7→ ||ϕ0 (x)||dx ∈ [0, L]
t0
est lisse et strictement croissante, de dérivée
dh
= ||ϕ0 (t)|| =
6 0 pour tout t ∈ I.
dt
Sa bijection inverse est donc lisse également. La paramétrisation
ψ := ϕ ◦ h−1 : [0, L] → Rn
est une paramétrisation admissible de Γ qui s’appelle paramétrisation par
l’abscisse curviligne (ou par longueur d’arc). Observons que le vecteur ψ 0 (t)
est unitaire quel que soit t :
0
0 −1 1
||ψ (t)|| =
ϕ (h )(t) 0 −1
= 1.
||ϕ (h (t)||
On dira ainsi également que Γ est paramétrée à vitesse unité.
Cette propriété caractérise la paramétrisation par longueur d’arc :
1.1. PARAMÉTRISATION PAR LONGUEUR D’ARC 9
1.1.3 Exemples
Exemple 1.1.8. La paramétrisation
1.2.2 Courbure
Soit s ∈ I 7→ ϕ(s) ∈ R2 une courbe plane paramétrée par son abscisse
curviligne. Alors le vecteur vitesse trace une courbe s 7→ ϕ0 (s) sur le cercle
unité. Celle-ci possède un vecteur vitesse ϕ00 (s) appelé accélération. Au signe
près, la courbure est la norme de l’accélération :
Définition 1.2.4. La courbure de la courbe géométrique Γ = ϕ(I) paramé-
trée par sa longueur d’arc au point ϕ(s) est
où le signe ε(s) ∈ {−1, +1} est positif si (ϕ0 (t), ϕ00 (t)) est une base directe
de R2 , négatif sinon.
Notons que les vecteurs ϕ0 (t) et ϕ00 (t) sont orthogonaux (dérivez la rela-
tion ||ϕ0 (t)||2 = 1). Une expression utile qui exprime la courbure est donc
ψ 0 (s)
ϕ0 (t) = avec s = α(t).
||ψ 0 (s)||
Dérivons à nouveau cette expression. Il vient
ψ 00 (s)
ϕ00 (t) = + b(s)ψ 0 (s)
||ψ 0 (s)||2
pour une fonction b(s) que nous ne cherchons pas à calculer. On en déduit
1
κ(t) = det(ϕ0 (t), ϕ00 (t)) = det(ψ 0 (s), ψ 00 (s)).
||ψ 0 (s))||3
et ||ψ̃ 0 || = ||ψ 0 || puisque A est une rotation. Il s’ensuit que |κ̃| = |κ|.
Exemples 1.2.6.
1) La courbure d’un cercle de rayon R est constante. Elle vaut 1/R si le
cercle est parcouru dans le sens trigonométrique, −1/R sinon.
2) Au point (0, 0), la courbure de la parabole d’équation y = x2 , parcou-
rue dans le sens des x croissants, vaut 2.
3) L’ellipse ϕ : t ∈ R 7→ (a cos t, b sin t) ∈ R2 a pour courbure
ab
κ(t) = .
[a2 sin2 t + b2 cos2 t]3/2
Sous l’angle de la géométrie différentielle, les cercles et les droites ont
encore un statut particulier comme le montre le résultat qui suit.
Proposition 1.2.7. Les seules courbes dont la courbure est constante sont
les (portions de) droites et les cercles.
Démonstration. Nous montrons plus loin que la courbure caractérise les
courbes à isométrie globale près. Comme les cercles et les droites ont une
courbure constante (respectivement ±1/R ou 0), et comme leurs images par
une isométrie globale sont des cercles et des droites, le résultat découle du
Théorème 1.2.12.
Il est sans doute préférable ici d’adopter une démarche plus terre à terre.
Soit Γ ⊂ R2 une courbe géométrique de courbure constante. On peut para-
métrer Γ par sa longueur d’arc s 7→ ϕ(s). Si la courbure est nulle, il vient
ϕ” ≡ 0, il s’agit donc d’une (portion de) droite.
Supposons à présent que κ est une constante non nulle. Soit T (s) = ϕ0 (s)
le vecteur unitaire tangent et N (s) = T 0 (s)/κ le vecteur normal. Observons
que
N 0 (s) = −κT (s).
En effet, N est unitaire donc N 0 est orthogonal à N , donc proportionnel à
T . La constante de proportionnalité s’obtient en dérivant la relation d’ortho-
gonalité
d
0 = hT, N i = hT 0 , N i + hT, N 0 i,
ds
d’où hT, N 0 i = −κ.
Soit M (s) = ϕ(s) + κ1 N (s) le « centre de courbure » de Γ au point ϕ(s).
Le calcul précédent montre que M (s) = M0 est constant puisque
1 0
M 0 (s) = T (s) + N (s) = 0.
κ
Il s’ensuit que Γ est une portion du cercle de centre M0 et de rayon 1/|κ|.
En effet
1 1
kM0 − ϕ(s)k = kN (s)k =
|κ| |κ|
puisque N (s) est unitaire.
14 CHAPITRE 1. COURBES DE RN
x00 (t)
x(s) − α = (x(t) − α) + x0 (t)(s − t) + (s − t)2 + o((s − t)2 )
2
et on a un développement similaire pour y(s) − β.
Le cercle a un contact d’ordre au moins 3 avec Γ au point ϕ(t) si
y 0 (x02 + y 02 ) x0 (x02 + y 02 )
x−α= et y − β = − .
x0 y 00 − y 0 x00 x0 y 00 − y 0 x00
En reinjectant dans la première équation, on obtient finalement
(x02 + y 02 )3/2 1
R= 0 00 0 00
= .
|x y − y x | |κ(t)|
Nous avons ainsi démontré le résultat suivant :
Ces fonctions sont infiniment dérivables sur R avec toutes leurs dérivées
nulles en 0, elles ne sont donc pas développables en série entière en 0.
Nous laissons le lecteur vérifier que le graphe de f se situe au-dessus de
sa tangente en 0, tandis que le graphe de g traverse sa tangente en 0 (dans
les deux cas, cette tangente est l’axe des x).
16 CHAPITRE 1. COURBES DE RN
Points singuliers
Soit Γ une courbe géométrique donnée par une paramétrisation ϕ : I →
Rn . Nous considérons le cas d’un point singulier a = ϕ(t0 ), avec ϕ0 (t0 ) = 0.
Si les vecteurs dérivés ϕ(j) (t0 ) sont tous nuls, on ne peut rien dire de plus
sauf si ϕ est développable en série entière, auquel cas ϕ est une application
constante. Supposons donc que ϕ(p) (t0 ) est le premier vecteur non nul. Dans
ce cas, on appelle tangente à la courbe Γ en a la droite de vecteur directeur
ϕ(p) (t0 ) qui passe par le point a = ϕ(t0 ).
Si tous les ϕ(j) (t0 ) sont proportionnels à ϕ(p) (t0 ), soit ϕ est réelle-analytique
et alors Γ est la droite passant par ϕ(t0 ) et de vecteur directeur ϕ(p) (t0 ), soit
on ne peut rien dire de plus, comme on s’en rend compte en modifiant très
légèrement l’Exemple 1.2.9.
Supposons à présent qu’il existe j > p tel que les vecteurs ϕ(p) (t0 ) et
ϕ(j) (t0 ) sont linéairement indépendants. On note q le plus petit de ces entiers
j. Le comportement local de la courbe Γ dépend alors de la parité de p et q :
Définition 1.2.10.
Si p est impair et q pair : on parle de point de concavité, la courbe est du
côté de la tangente qui contient ϕ(q) (t0 ) ;
Si p est impair et q impair : on parle de point d’inflexion, la courbe
traverse sa tangente ;
Si p est pair et q impair : on parle de point de rebroussement de première
espèce, la courbe traverse sa tangente ;
Si p et q sont pairs : on parle de point de rebroussement de seconde espèce,
la courbe est d’un côté de sa tangente.
T 0 (s)
N (s) := le vecteur normal principal unitaire.
kT 0 (s)k
Remarques 1.3.2.
1) Par définition, la courbure d’une courbe gauche est toujours positive.
Lorsque cette courbe est plane (i.e. vit dans un plan affine de R3 ), elle coïn-
cide avec la valeur absolue de la courbure définie précédemment.
2) Le vecteur normal unitaire n’est défini que lorsque la courbure ne s’an-
nule pas. Celle-ci ne peut pas trop s’annuler, à moins que la courbe soit une
droite : une courbe gauche est une (portion de) droite si et seulement si sa
courbure est nulle. En effet, dans ce cas ϕ00 (s) ≡ 0, donc s 7→ ϕ(s) est affine.
Il s’ensuit que {T (s), N (s), B(s)} est une base orthonormée directe de R3
qui bouge avec s et va être particulièrement adaptée à l’étude des propriétés
géométriques de la courbe Γ. On l’appelle le repère de Frenet 3 .
On cherche à présent à calculer les dérivées de ces vecteurs dans le repère
de Frenet . Par définition T 0 (s) = κ(s)N (s). Pour exprimer N 0 (s), observons
que N 0 (s) est orthogonal à N (s) puisque N (s) est unitaire. Notons également
qu’en dérivant la relation d’orthogonalité entre T (s) et N (s), on obtient
Paramétrisation quelconque
Il est utile d’établir les expressions de la courbure et de la torsion lorsque
la courbe est donnée par une paramétrisation qui n’est pas nécessairement
la paramétrisation par longueur d’arc.
Proposition 1.3.7. Soit Γ une courbe géométrique régulière donnée par une
7 ϕ(t) ∈ R3 . La courbure de Γ au
paramétrisation quelconque ϕ : t ∈ I →
point ϕ(t) est donnée par
kϕ0 (t) ∧ ϕ00 (t)k = kϕ0 (t)k2 kT (t) ∧ T 0 (t)k = kϕ0 (t)k3 κ(t).
Proposition 1.3.8. Soit Γ une courbe géométrique donnée par une paramé-
trisation quelconque ϕ : t ∈ I 7→ ϕ(t) ∈ R3 . La torsion de Γ au point ϕ(t)
est donnée par
det(ϕ0 (t), ϕ00 (t), ϕ000 (t))
τ (t) = .
kϕ0 (t) ∧ ϕ00 (t)k2
Démonstration. Soit ψ(s) la paramétrisation de Γ par son abscisse curviligne,
ψ = ϕ ◦ α, avec α0 (s) = kψ 0 (t)k−1 , t = α(s). Nous allons montrer que la
torsion de Γ au point ψ(s) est donnée par
1
τ (s) = det(ψ 0 (s), ψ 00 (s), ψ 000 (s)). (1.1)
κ(s)2
kψ 0 (t)k6 det(ϕ0 (s), ϕ00 (s), ϕ000 (s)) det(ψ 0 (t), ψ 00 (t), ψ 000 (t))
τ (t) = τ (s) = = .
kψ 0 (t) ∧ ψ 00 (t)k2 kψ 0 (t) ∧ ψ 00 (t)k2
1.3. COURBES GAUCHES 21
y 0 (X − x) = x0 (Y − y) et z 0 (Y − y) = y 0 (Z − z).
Il s’agit de la droite
x0 (X − x) + y 0 (Y − y) + z 0 (Z − z) = 0.
Pour que ce sytème admette une solution non nulle, il faut que le déterminant
de la matrice associée soit égal à zéro. Réciproquement, si on choisit a, b, c, d
de sorte que
X −x Y −y Z −z
aX + bY + cZ + d = det x0 y0 z0 ,
x 00 y 00 z 00
puisque A est orthogonale. Donc Γ2 est également paramétrée par son abs-
cisse curviligne et T2 (s) = AT (s). En dérivant à nouveau, il vient
hu ∧ v, wi = det(u, v, w).
On en déduit que
B2 (s) = ±AB(s)
où le signe est donné par det A. En dérivant cette égalité, on obtient, puisque
N2 (s) = AN (s),
Comme les bases orthonormées {T1 (0), N1 (0), B1 (0)} et {T2 (0), N2 (0), B2 (0)}
sont toutes les deux directes, la matrice A est de déterminant 1.
Soit V = ϕ2 (0) − Aϕ1 (0) ∈ R3 et Ψ l’isométrie positive Ψ(X) = AX + V .
Posons Φ = Ψ ◦ ϕ1 . On va montrer que Φ ≡ ϕ2 , ce qui montrera que Γ2 est
l’image de Γ1 sous l’action de Ψ. On note T2 (s), N2 (s), B2 (s) le repère de
Frenet de Γ2 et T (s), N (s), B(s) celui de la courbe paramétrée par l’abscisse
curviligne Φ = Ψ ◦ ϕ1 . Les choix de A et de la translation V assurent que
kF (X) − F (Y )k2 = kX − Y k2 ,
en particulier ||F (X)||2 = ||X||2 puisque l’on s’est ramené au cas où F (0) =
0. Comme
et
kX − Y k2 = kXk2 + kY k2 − 2hX, Y i
on en déduit que
hF (X), F (Y )i = hX, Y i.
Soit (ej )1≤j≤n une base orthonormée. La relation précédente assure que
(F (ej ))1≤j≤n est également une base orthonormée. On peut donc décomposer
le vecteur F (X) dans cette base : il vient
n
X n
X
F (X) = hF (ej ), F (X)iF (ej ) = hej , XiF (ej ),
j=1 j=1
d’où t A = A−1 .
1.4. ISOMÉTRIES EUCLIDIENNES 27
Isométries de R2 .
— une isométrie plane est soit une translation, soit une rotation affine
(i.e. une rotation non nécessairement centrée à l’origine), soit une
réflexion, soit une symétrie glissée (composée d’une symétrie ortho-
gonale par rapport à une droite et d’une translation par un vecteur
de cette même droite) ;
— une symétrie (s ◦ s = Id) est soit une rotation d’angle 0 ou π, soit
une symétrie orthogonale par rapport à une droite (réflexion).
Isométries de R3 . Les isométries de R3 sont de six types :
— les translations ;
— les réflexions affines ;
— les symétries glissées orthogonales (composée d’une réflexion et d’une
translation par un vecteur du plan de la réflexion) ;
— les rotations (d’axe affine) ;
— les vissages (composées d’une rotation et d’une translation de l’axe) ;
— les antirotations (composées d’une rotation et d’une symétrie).
Nous renvoyons le lecteur au livre [Audin] pour plus de détails.
28 CHAPITRE 1. COURBES DE RN
Homotopies
Définition 1.5.7. Soit c1 et c2 : S 1 → S 1 deux applications régulières. On
appelle homotopie de c1 en c2 une application régulière
H : [0, 1] × S 1 → S 1
telle que H(0, ·) ≡ c1 (·) et H(1, ·) ≡ c2 (·). On dit que c1 et c2 sont homotopes.
Courbes planes
Définition 1.5.9. Soit f : S 1 → R2 une courbe fermée. Le nombre enroul(f )
d’enroulement de f est le degré de l’application τ : S 1 → S 1 , qui à t ∈ S 1
associe le vecteur unitaire tangent à la courbe au point f (t).
R 2π
car 2π −1 0 H(t, u)du est dans le disque ouvert de centre 0 et de rayon 1,
comme barycentre de points de S 1 .
Il s’ensuit que F est bien une homotopie entre f1 et f2 .
ϕ(∂∆) = Γ.
∂cint = ∂cext = c
Théorème 1.5.18. Soit c une courbe plane fermée simple régulière. Alors
Aire(c) Aire(D) 1
2
≤ 2
= ,
`(c) `(∂D) 4π
On en déduit
Z Z Z
2 2 2
2(π − Aire(c)) = (f 0 + g 0 − 2f g 0 ) = (f 0 − f 2 ) + (f − g 0 )2 .
S1 S1 S1
2π − 2Aire(c) ≥ 0.
1.6 Exercices
Courbes planes
Exercice 1. Soit ϕ : R → R2 une application lisse avec ϕ(0) = (0, 0), dont
l’image Γ est incluse dans la cubique cuspidale
C := (x, y) ∈ R2 / y 2 = x3 .
1 − t2
2t
ϕ : t ∈ R 7→ a ,b ∈ R2 .
1 + t2 1 + t2
Exercice 4.
1) Soit ϕ : t ∈]0, +∞[7→ (t2 , t3 ) ∈ R2 . Montrer que la longueur d’arc
comptée à partir du point (0, 0) est la fonction algébrique
1 8
`(t) = (4 + 9t2 )3/2 − .
27 27
Γ = {(x, y) ∈ R2 / y 2 = x3 + x2 }.
1
ψ(t) = ϕ(t) + N (t)
κ(t)
3tX − 2Y − t3 = 0.
Exercice 10. Soit Γ une courbe plane fermée simple. On suppose que sa
courbure vérifie
0≤κ≤C
pour une constante C > 0. Montrer que
2π
`(Γ) ≥ .
C
1.6. EXERCICES 37
Courbes gauches
Exercice 11. Soit Γ une courbe paramétrée par son abscisse curviligne ϕ :
I → R3 . Montrer que le plan osculateur à Γ en ϕ(s) est la limite lorsque
h, k → 0 du plan passant par les points ϕ(s), ϕ(s + h) et ϕ(s + k).
Exercice 14. Soit Γ ⊂ R3 une courbe gauche dont toutes les tangentes
passent par un même point. Montrer que Γ est une (portion de) droite.
Exercice 15. Une hélice généralisée est une courbe gauche dont la tangente
fait un angle constant avec une direction fixe. Montrer qu’une courbe gauche
est une hélice généralisée si et seulement si le quotient de sa courbure par sa
torsion est constant.
Exercice 19. Soit t ∈ [a, b] 7→ X(t) ∈ R3 une fonction vectorielle lisse telle
que kX(t)k = 1 pour tout t. On suppose que les vecteurs {X(t), X 0 (t), X 00 (t)}
forment une base de R3 pour tout t, on fixe c ∈ R∗ et on considère
Z t
ϕ : t ∈ [a, b] 7→ ϕ(t) = c X(s) ∧ X 0 (s)ds ∈ R3 .
a
R2 + (R0 )2 δ 2 ≡ constante.
On pourra supposer que la sphère est centrée à l’origine et dériver trois fois
l’identité ||ϕ(s)||2 ≡ constante.
2) On suppose réciproquement que R2 + (R0 )2 δ 2 ≡ constante. Montrer
que ϕ(s) + R(s)N (s) − R0 (s)δ(s)B(s) est constant, et en déduire que Γ est
tracée sur une sphère.
1.6. EXERCICES 39
10. Il s’agit du théorème des quatre sommets, prouvé pour la première fois en 1909.
Pour un historique et une preuve de la réciproque, nous renvoyons le lecteur à [DoCarmo,
pp 37-41] ainsi qu’à l’article « The converse to the four vertex theorem » de B.Dahlberg,
Proceedings of the American Mathematical Society, Vol.133, no7 (2005), 2131-2135.
40 CHAPITRE 1. COURBES DE RN
Chapitre 2
Surfaces de R3
Introduction
Dans ce deuxième chapitre, nous étudions les propriétés métriques des
surfaces de R3 . On peut définir celles-ci à l’aide d’une paramétrisation ou par
une équation implicite, comme dans le cas des courbes. Le cas modèle est
celui des surfaces définies comme le graphe d’une fonction de deux variables.
Nous passons en revue les différentes façons de définir une surface et
étudions la notion de plan tangent dans la section 2.1, puis la première
forme fondamentale dans la section 2.2. Cette dernière n’est rien d’autre que
la restriction du produit scalaire euclidien de l’espace ambiant R3 .
Nous définissons ensuite l’application de Gauss qui joue un rôle fonda-
mental. Nous calculons sa différentielle, obtenant ainsi une nouvelle forme
quadratique sur l’espace tangent, c’est la deuxième forme fondamentale. On
en déduit les différentes notions de courbure. La notion la plus importante est
la courbure de Gauss, la plus délicate à manipuler est la courbure moyenne.
Nous démontrons dans la section 2.4 le célèbre Theorema egregium de
Gauss. Il assure que la courbure de Gauss est entièrement déterminée par
la première forme fondamentale. En particulier, deux surfaces localement
isométriques ont même courbure de Gauss. Ce résultat n’a pas d’analogue
dans le cas des courbes : toutes les courbes sont localement isométriques,
bien qu’elles n’aient pas nécessairement la même courbure.
Nous étudions dans la section 2.5 la structure d’espace métrique des
surfaces. Nous introduisons la notion de géodésique dont l’existence locale
résulte du théorème de Cauchy-Lipschitz. Nous montrons que les géodésiques
minimisent localement la distance intrinsèque et que l’application exponen-
tielle est un difféomorphisme local.
Nous introduisons ensuite la caractéristique d’Euler, et énonçons le théo-
rème de Gauss-Bonnet qui relie un invariant topologique (la caractéristique
d’Euler) à la valeur moyenne d’un invariant différentiel (la courbure de
Gauss). C’est un résultat splendide que nous ne faisons qu’effleurer.
41
42 CHAPITRE 2. SURFACES DE R3
S 2 := {(x, y, z) ∈ R3 / x2 + y 2 + z 2 = 1}.
Nous voulons justifier que c’est une surface régulière. Par définition, il s’agit
de montrer que c’est une nappe géométrique régulière au voisinage de chacun
de ses points.
Soit p = (a, b, c) un tel point. Quitte à interchanger le rôle de a, b, c, on
peut supposer que c 6= 0. Posons U := {(x, y) ∈ R2 / x2 + y 2 < 1}. Si c > 0,
on considère
p
ϕ : (x, y) ∈ U 7→ (x, y, 1 − x2 − y 2 ) ∈ R3 .
C’est une paramétrisation lisse qui est le graphe d’une fonction lisse, elle
définit donc une paramétrisation régulière et on a p = ϕ(a, b) ∈ ϕ(U ).
Si c < 0, on considère à la place l’application
p
ψ : (x, y) ∈ U 7→ (x, y, − 1 − x2 − y 2 ) ∈ R3
Graphes de fonctions
De la même façon que les graphes de fonctions d’une variable réelle sont
les modèles locaux des courbes planes lisses, les graphes de fonctions de deux
variables réelles sont les modèles locaux des surfaces régulières de R3 .
Soit h : U → R une fonction lisse définie sur un ouvert U ⊂ R2 . Le
graphe de h est le lieu géométrique
S = {(x, y, z) ∈ R3 / z = xy},
Équations cartésiennes
De nombreuses surfaces sont définies par des équations algébriques, voire
comme surfaces de niveau d’une fonction de trois variables. Dans ce cas, il est
parfois peu commode d’utiliser des paramétrisations pour vérifier que l’on a
bien à faire à une surface régulière (cf. Exemple 2.1.4).
Nous donnons à présent un critère simple, conséquence du théorème des
fonctions implicites qui garantit que de tels ensembles sont bien des surfaces
régulières.
Dp f : R3 → R
S := {(x, y, z) ∈ R3 / f (x, y, z) = 0}
Nous résumons les différents points de vue équivalents pour définir une
surface géométrique régulière :
Jac(Φ)(x, y, z) = αx βy − αy βx 6= 0.
Quadriques
Ce sont les surfaces S = {(x, y, z) ∈ R3 / f (x, y, z) = 0} définies par
le lieu d’annulation d’un polynôme de degré deux. On peut les classifier en
réduisant la forme quadratique définie par la partie homogène de degré deux
du polynôme f , et montrer qu’une telle quadrique est, à conjugaison par une
isométrie globale de R3 près,
— soit vide :
f (x, y, z) = x2 + y 2 + z 2 + 1,
— soit un ellipsoïde :
x2 y2 z2
f (x, y, z) = 2
+ 2 + 2 − 1,
a b c
— soit un cône elliptique :
x2 y2 z2
f (x, y, z) = + − ,
a2 b2 c2
— soit un hyperboloïde à une nappe :
x2 y2 z2
f (x, y, z) = + − − 1,
a2 b2 c2
— soit un hyperboloïde à deux nappes (non connexe) :
x2 y2 z2
f (x, y, z) = + − + 1,
a2 b2 c2
— soit un paraboloïde hyperbolique :
x2 y2
f (x, y, z) = 2
− 2 − z,
a b
— soit un paraboloïde elliptique :
x2 y2
f (x, y, z) = + − z,
a2 b2
— soit un cylindre elliptique :
x2 y2
f (x, y, z) = + − 1,
a2 b2
— soit un cylindre hyperbolique :
x2 y2
f (x, y, z) = 2
− 2 − 1,
a b
— soit un cylindre parabolique :
x2
f (x, y, z) = − y,
a2
48 CHAPITRE 2. SURFACES DE R3
Surfaces de révolution
On considère une courbe plane C et on la fait tourner autour d’une droite
D du plan qui la contient. La droite D s’appelle l’axe de révolution.
Si la courbe C est une droite, la surface obtenue est un cylindre (droit)
si les droites C et D sont parallèles, un plan si elles sont perpendiculaires et
un cône sinon.
Si la courbe C est un cercle, la surface obtenue est une sphère si la droite
D est un diamètre de C, un tore de révolution si D et C ne se coupent pas.
On peut supposer que le plan de référence est le plan de coordonnées
xOz et que la courbe C est paramétrée par sa longueur d’arc
s ∈ I 7→ (f (s), 0, h(s)) ∈ R3 ,
Observons que
ϕs = (f 0 (s) cos θ, f 0 (s) sin θ, h0 (s)), ϕθ = (−f (s) sin θ, +f (s) cos θ, 0)
et
ϕs ∧ ϕθ = f (s) −h0 (s) cos θ, −h0 (s) sin θ, f 0 (s) ,
2.1. ESPACES TANGENTS 49
ϕ(u, v) = ([R + r cos u] cos v, [R + r cos u] sin v, r sin u), avec R > r.
Cette dernière condition assure que le cercle que l’on fait tourner autour de
l’axe (Oz) ne rencontre pas ce dernier. En voici une représentation :
Surfaces réglées
Ce sont les surfaces obtenues en faisant passer, par tout point d’une
courbe C, une droite qui dépend de façon lisse du paramètre. Si la courbe
C est paramétrée par t ∈ I 7→ α(t) ∈ R3 , la droite passant par α(t) peut
être définie par son vecteur directeur β(t) ∈ R3 . La surface admet ainsi la
paramétrisation
(t, s) ∈ I × R 7→ α(t) + sβ(t) ∈ R3 .
∂f ∂f ∂f
z = xhx + yhy ⇐⇒ x +y +z = 0.
∂x ∂y ∂z
La proposition 2.1.12 permet donc de conclure.
γ : t ∈ I 7→ ϕ(u(t), v(t)) ∈ S.
52 CHAPITRE 2. SURFACES DE R3
Application tangente
Soit S ⊂ R3 une surface régulière et f : S → Rn une application. On dit
que f est lisse si pour toute paramétrisation ϕ : U → S d’une partie de S,
l’application f ◦ ϕ : U → Rn est lisse.
Notons que si cette propriété est satisfaite pour une paramétrisation lo-
cale, près d’un point p ∈ S, alors elle l’est pour toute autre paramétrisation
au voisinage de ce point. Nous laissons le lecteur vérifier ce fait.
De même que les applications lisses définies sur les ouverts de R2 ad-
mettent une différentielle, l’application lisse f : S → Rn admet une différen-
tielle Dfp en tout point p ∈ S. C’est l’application linéaire
Dfp : Tp (S) → Rn
définie comme suit : si ϕ : U → R3 est une paramétrisation de S au voisinage
de p = ϕ(u0 , v0 ) = ϕ(m0 ), alors tout vecteur X ∈ Tp (S) est l’image par
Dϕm0 d’un unique vecteur Y ∈ R2 . On pose alors
Dfp (X) = D(f ◦ ϕ)m0 (Y ).
Nous laissons le lecteur vérifier que cette définition est cohérente, c’est-
à-dire que Dfp (X) ne dépend pas du choix de la paramétrisation ϕ.
La différentielle Dfp est l’application linéaire qui approche le mieux l’ap-
plication f , elle est donc appelée également application tangente à f au point
p. Un cas particulièrement simple mais très important est le suivant :
Exemple 2.1.16. Soit S ⊂ R3 une surface régulière et F : R3 → R une
fonction lisse. Alors la différentielle de la restriction f de F à S est la res-
triction de DF à l’espace tangent à S. Autrement dit, pour tout p ∈ S,
Dfp = D(F|S )p = (DFp )|Tp (S) .
2.1. ESPACES TANGENTS 53
où h est une fonction lisse telle que h(0, 0) = 0. Le plan tangent Tp (S) est
alors le plan engendré par les vecteurs
aX + bY + cZ = 0.
lorsque (x, y) tend vers (0, 0). Or, la différentielle de h est nulle en (0, 0) de
par notre choix de coordonnées, donc
2.2.1 Définition
Définition 2.2.1. Soit S ⊂ R3 une surface régulière. On note
Ip : Tp (S) → R
C = {(x, y, z) ∈ R3 / x2 + y 2 = 1}
admet la paramétrisation
E = G = 1 et F = 0.
Notez que le plan et le cylindre droit ont même première forme fonda-
mentale (dans ces paramétrisations). On dit qu’ils sont localement isomé-
triques (voir Définition 2.2.5). Les identités E = G et F = 0 traduisent
une propriété géométrique remarquable, comme nous l’indiquons plus loin
(paramétrisations conformes).
E = v 2 + a2 , F = 0 et G = 1.
hψs , ψs i = hDf · ϕs , Df · ϕs i.
Angles
L’angle θ sous lequel deux courbes α : I → S et γ : I → S s’intersectent
en t = t0 est l’angle entre les deux vecteurs tangents α0 (t0 ) et γ 0 (t0 ). Il est
déterminé par
hα0 (t0 ), γ 0 (t0 )i
cos θ = 0
|α (t0 )| |γ 0 (t0 )|
2.2. PREMIÈRE FORME FONDAMENTALE 57
2.2.3 Aires
La première forme fondamentale permet de définir et calculer l’aire des
domaines « raisonnables » d’une surface régulière S ⊂ R3 . C’est un problème
délicat que de préciser convenablement la notion « raisonnable » (il n’est pas
possible de définir l’aire de n’importe quel ensemble, de même que dans Rn ,
on ne peut pas mesurer tous les ensembles à l’aide de la mesure de Lebesgue).
On peut néanmoins mesurer les ensembles qui sont obtenus par le biais
de constructions géométriques relativement simples. Les domaines réguliers
appartiennent à cette catégorie : ce sont les ouverts connexes de S dont le
bord est l’image du cercle unité S 1 = {(x, y) ∈ R2 / x2 + y 2 = 1} par un
homéomorphisme (bijection continue ainsi que son inverse) qui est lisse et
dont la différentielle ne s’annule qu’en un nombre fini de points.
Définition 2.2.10. Soit Ω ⊂ S ⊂ R3 un domaine régulier d’une surface
régulière S. Supposons que Ω ⊂ ϕ(U ) est contenu dans l’image d’une para-
métrisation ϕ : U → S. L’aire de Ω est le nombre positif
Z Z
Aire(Ω) = kϕu ∧ ϕv kdudv.
ϕ−1 (Ω)
58 CHAPITRE 2. SURFACES DE R3
Exemple 2.3.2.
— lorsque la surface S est un plan, elle coïncide avec son plan tangent
en tout point, l’application de Gauss est donc constante ;
— lorsque la surface est un cylindre, le plan tangent est constant le long
de chaque droite du cylindre, l’application de Gauss envoie donc la
surface (cylindre) sur un équateur de la sphère unité ;
— lorsque S = S 2 est la sphère unité, l’application de Gauss est l’iden-
tité.
ϕu ∧ ϕv = (b sin v, −b cos v, u)
donc
1
n(ϕ(u, v)) = √ (b sin v, −b cos v, u).
u2 + b2
Soit S ⊂ R3 une surface régulière. On dit que S est orientable si on
peut choisir de façon continue une orientation de ses plans tangents : un
choix d’orientation de Tp (S) induit, par continuité, un choix d’orientation
1. Johann Carl Friedrich Gauss, mathématicien, astronome et physicien allemand
(1777-1855), considéré comme l’un des plus grands mathématiciens de tous les temps.
60 CHAPITRE 2. SURFACES DE R3
des plans tangents voisins. Lorsque l’on recouvre S par une collection de
paramétrisations, il faut que ces choix d’orientation soient compatibles.
Fixons ϕ : (u, v) ∈ U 7→ ϕ(u, v) ∈ S une paramétrisation de S au voisi-
nage d’un point p. On fixe ainsi une orientation de Tp (S) en décrétant que
la base (ϕu , ϕv ) est une base directe de Tp (S). Si p appartient à une seconde
paramétrisation ψ : (x, y) ∈ V 7→ ψ(x, y) ∈ S, on obtient le même choix
d’orientation si et seulement si le jacobien du changement de coordonnées
ϕ−1 ◦ ψ est positif.
Définition 2.3.4. Une surface est dite orientable s’il est possible de la cou-
vrir par une famille de paramétrisations (coordonnées locales) telles que le
jacobien des changements de paramétrisations est toujours positif.
Le choix d’une telle famille est appelé une orientation de S. Lorsqu’un
tel choix n’est pas possible, on dit que S est non-orientable.
ψx ∧ ψy Jac(ϕ−1 ◦ ψ)(x, y) ϕu ∧ ϕv
NV (p) = = −1
· = NU (p)
||ψx ∧ ψy || |Jac(ϕ ◦ ψ)(x, y)| ||ϕu ∧ ϕv ||
puisque le jacobien est supposé positif. Ainsi, N définit une application conti-
nue
N : S → R3
qui, à tout point p ∈ S, associe un vecteur unitaire normal à S en p.
Réciproquement, supposons qu’une telle application N existe. Soit (ϕ, U )
une famille de paramétrisations qui couvrent S. On peut supposer que chaque
2.3. DEUXIÈME FORME FONDAMENTALE, COURBURES 61
est une fonction continue sur l’ouvert connexe ϕ(U ). Comme ϕ(U ) est connexe,
on peut (quitte à intervertir les rôles de u et v) supposer que fU ≡ 1, c’est-
à-dire que N ≡ NU dans ϕ(U ). Il s’ensuit que les jacobiens des changements
de coordonnées sont tous positifs, donc S est orientable.
S := {(x, y, z) ∈ R3 | f (x, y, z) = a}
S 2 = {(x, y, z) ∈ R3 | f (x, y, z) = 0}
Démonstration. Le fait que S est une surface régulière résulte de ce que f est
une submersion (i.e. Dp f est surjective) au voisinage des points considérés.
Nous laissons le lecteur vérifier que le vecteur (fx , fy , fz ) est un vecteur
orthogonal à S. Il n’est jamais nul car f est une submersion. On peut donc
considérer
(fx , fy , fz )
N : p ∈ S 7→ ∈ S2.
||(fx , fy , fz )||
C’est un champ continu (et même différentiable) de vecteurs unitaires nor-
maux à S. Il résulte de la proposition précédente que S est orientable.
Exemple 2.3.9. Si une surface peut être couverte par deux paramétrisations
ϕ : U → S et ψ : V → S telles que
— S ⊂ ϕ(U ) ∪ ψ(V ),
— ϕ(U ) ∩ ψ(V ) est connexe,
— le jacobien du changement de cartes ϕ ◦ ψ −1 est positif,
alors S est orientable. Cela s’applique en particulier à la sphère.
où
(x, y) ∼ (x0 , y 0 ) ⇐⇒ ∃k ∈ Z, x0 = x + k & y 0 = (−1)k y.
Autrement dit, M est obtenue à partir d’une bande de papier (un rectangle)
en identifiant deux bords opposés du rectangle après avoir fait subir un demi-
tour à l’un d’entre eux. Découpez une telle bande de papier, collez de cette
façon deux bords opposés et vérifier que le bord de la surface ainsi obtenue
est bien un cercle. En voici une illustration :
Il est géométriquement clair que le ruban de Möbius n’est pas une surface
orientable : si vous suivez un vecteur normal unitaire le long du bord de M ,
il change d’orientation lorsque l’on parcourt une fois le bord de M .
Cela montre que le vecteur Dv n(p) est orthogonal à n(p). Il appartient donc
à l’espace tangent à S au point p.
L’application suivante est donc bien définie :
Fp : Tp S → Tp S
v 7→ −Dv n(p).
C’est clairement une application linéaire. Le fait remarquable est le suivant.
Proposition 2.3.12. L’application Fp est symétrique : pour tout u, v ∈ Tp S,
hFp (u), vi = hu, Fp (v)i.
Démonstration. Soit ϕ : (x, y) ∈ U 7→ ϕ(x, y) ∈ S ⊂ R3 une paramétrisation
de S. Comme Fp est linéaire et h·, ·i est bilinéaire, il suffit de vérifier la
symétrie pour u = ∂ϕ/∂x(p) et v = ∂ϕ/∂y(p) qui constituent une base de
l’espace tangent Tp S.
Posons donc u = ∂ϕ/∂x(p), v = ∂ϕ/∂y(p) et dérivons, par rapport à x,
l’égalité hn, vi = 0 qui signifie que v ∈ Tp S. Il vient
∂2ϕ
0 = hDu n, vi + hn, i.
∂x∂y
On en déduit, en observant que ∂ 2 ϕ/∂x∂y = ∂ 2 ϕ/∂y∂x, que
hFp (u), vi = −hDu n(p), vi = hn, ∂ 2 ϕ/∂x∂yi = hn, ∂ 2 ϕ/∂y∂xi = hu, Fp (v)i.
Nous laissons le lecteur vérifier que l’opérateur Fp est nul en tout point
p ∈ S si et seulement si la surface S est plane. Lorsque S est une sphère
centrée à l’origine, on vérifie aisément que Fp est une homothétie.
Définition 2.3.13. La deuxième forme fondamentale est la forme quadra-
tique définie sur sur Tp S par
IIp (u, v) = hFp (u), vi.
On peut exprimer IIp sous forme matricielle, via
hϕxx , ni hϕxy , ni
IIp =
hϕxy , ni hϕyy , ni
où l’on a noté ϕxy = ∂ 2 ϕ/∂x∂y. La formule provient des calculs effectués
dans la démonstration de la proposition précédente. Cela explique au passage
pourquoi on a inclus un signe moins dans la définition de Fp .
Exemple 2.3.14. Soit f une fonction sur R2 qui s’annule avec ses deux
dérivées partielles en (0, 0). Soit
S := {(x, y, f (x, y)) ∈ R3 / (x, y) ∈ R2 }
le graphe de f . C’est une surface dont le plan tangent en O = (0, 0, 0) est le
plan des coordonnées (xOy). La fonction f admet un développement limité
à l’ordre 2 en (0, 0) de la forme
f (x, y) = px2 + 2qxy + ry 2 + o(x2 + y 2 ).
La forme quadratique (px2 + 2qxy + ry 2 ) sur le plan tangent est précisément
la seconde forme fondamentale IIO de S au point O.
Pour une surface paramétrée, la deuxième forme fondamentale se calcule
dans une paramétrisation comme suit :
Proposition 2.3.15. Soit ϕ : (x, y) ∈ U 7→ ϕ(x, y) ∈ S ⊂ R3 une surface
paramétrée. La seconde forme fondamentale IIp de S au point p = ϕ(x, y)
est la forme quadratique sur le plan tangent Tp S = V ect(ϕx , ϕy ) donnée par
IIp (aϕx + bϕy ) = a2 P + 2abQ + b2 R
où
det(ϕxx , ϕx , ϕy ) det(ϕxy , ϕx , ϕy ) det(ϕyy , ϕx , ϕy )
P = , Q= et R = .
||ϕx ∧ ϕy || ||ϕx ∧ ϕy || ||ϕx ∧ ϕy ||
Démonstration. Rappelons que le vecteur normal unitaire est donné par
ϕx ∧ ϕy
N (p) = .
||ϕx ∧ ϕy ||
On dérive hN, ϕx i = 0 par rapport à v = ϕx pour obtenir
hϕx ∧ ϕy , ϕxx i det(ϕxx , ϕx , ϕy )
P = −hDϕx N, ϕx i = hN, ϕxx i = = .
||ϕx ∧ ϕy || ||ϕx ∧ ϕy ||
Les autres relations s’obtiennent de façon similaire.
2.3. DEUXIÈME FORME FONDAMENTALE, COURBURES 65
2.3.3 Courbures
Définition 2.3.16. Les valeurs propres de Fp s’appellent les courbures prin-
cipales de S en p. Les vecteurs propres correspondants s’appellent les direc-
tions principales.
On dit qu’une courbe tracée sur S est une ligne de courbure si ses vecteurs
tangents sont tous des directions principales.
Rappelons qu’une matrice symétrique réelle est toujours diagonalisable,
dans une base orthonormée. En particulier, les directions principales sont
orthogonales.
Proposition 2.3.17 (Formule d’Euler 4 ). Soit e1 et e2 des vecteurs uni-
taires dans les directions principales, et soit k1 , k2 les courbures principales
correspondantes. Soit vθ := cos θe1 + sin θe2 . Alors
IIp (vθ , vθ ) = k1 cos2 θ + k2 sin2 θ.
Démonstration. C’est un calcul immédiat. Puisque Fp ei = ki ei , il vient
IIp (vθ , vθ ) = hk1 cos θe1 + k2 sin θε2 , cos θe1 + sin θε2 i = k1 cos2 θ + k2 sin2 θ
puisque les directions principales sont orthogonales.
P R − Q2
Kp =
EG − F 2
et la courbure moyenne vaut
ER + GP − 2F Q
Hp = .
2(EG − F 2 )
det IIp P R − Q2
Kp = det Mp = = .
det Ip EG − F 2
d’où
ER + GP − 2F Q
Hp = .
2(EG − F 2 )
2.3. DEUXIÈME FORME FONDAMENTALE, COURBURES 67
ϕs = (f 0 (s) cos θ, f 0 (s) sin θ, h0 (s)) et ϕθ = (−f (s) sin θ, f (s) cos θ, 0).
E = 1, F = 0 et G = f 2 (s) = e2s .
On dérive à nouveau pour obtenir ϕss = (f 00 (s) cos θ, f 00 (s) sin θ, h00 (s)), donc
qui est le graphe de la fonction (x, y) 7→ xy. On calcule aisément les deux
premières formes fondamentales Ip , IIp en p = ϕ(x, y). Nous les exprimons
sous forme matricielle, dans la base {ϕx , ϕy } par
1 + y2
xy 1 0 1
Ip = et IIp = p .
xy 1 + x2 1 + x2 + y 2 1 0
Dans cette même base, l’opérateur Fp est
−xy 1 + x2
1
Fp = Ip−1 IIp = .
[1 + x + y 2 ]3/2
2 1 + y 2 −xy
68 CHAPITRE 2. SURFACES DE R3
ϕxx (0, 0) = (0, 0, r), ϕxy (0, 0) = (0, 0, r), ϕxx (0, 0) = (0, 0, r)
où r = hxx (0, 0), r = hxy (0, 0) et t = hyy (0, 0). La fonction h admet donc le
développement limité en (0, 0) :
Un vecteur tangent à S en p étant du type (x, y, 0) = xϕx (0, 0) + yϕy (0, 0),
la seconde forme fondamentale de S en p est précisément
avec les notations précédentes. Nous résumons cette discussion dans la pro-
position suivante :
2.3. DEUXIÈME FORME FONDAMENTALE, COURBURES 69
et
∂u N = a11 ϕu + a21 ϕv
∂v N = a12 ϕu + a22 ϕv ,
L1 = P, L2 = L02 = Q et L3 = R.
∂u Γ212 − ∂v Γ211 + Γ112 Γ211 − Γ111 Γ221 − Γ211 Γ222 + Γ212 Γ212 = −EK.
Γ111 Γ112 + Γ211 Γ122 + P a12 + ∂v Γ111 = Γ112 Γ111 + Γ212 Γ112 + Qa11 + ∂u Γ112 .
Les formules pour a11 et a12 vues dans la Proposition 2.4.1 conduisent alors
à
∂u Γ112 − ∂v Γ111 + Γ212 Γ112 − Γ211 Γ122 = KF.
L’équation de Gauss s’obtient de façon similaire, en déterminant le coefficient
de ϕv une fois qu’on a développé l’identité ∂v ϕuu = ∂u ϕuv .
Dans le détail, un cheminement un peu différent : on dérive deux fois les
coefficients de la première forme fondamentale pour obtenir
tandis que
1 1
Evv = hϕuv , ϕuv i + hϕvvu , ϕu i et Guu = hϕuv , ϕuv i + hϕuuv , ϕv i.
2 2
Il s’ensuit que hϕuu , ϕvv i − hϕuv , ϕuv i = Fuv − 21 Evv − 12 Guu .
Or hϕuu , ϕvv i = P R + A et hϕuv , ϕuv i = Q2 + A0 , où A, A0 sont des
expressions quadratiques en les symboles de Christoffel. Ainsi P R − Q2 , et
donc K, s’expriment en fonction de E, F, G et de leurs dérivées.
Notons qu’on peut toujours trouver une paramétrisation locale telle que
F ≡ Q ≡ 0 au voisinage d’un point qui n’est pas un ombilic :
Lemme 2.4.10. Si p n’est pas un point ombilic, alors il existe une paramé-
trisation régulière de S au voisinage de p telle que F ≡ Q ≡ 0. Dans ce cas,
la courbure de Gauss s’écrit
1 ∂u G ∂v E
K=− √ ∂u √ + ∂v √ .
2 EG EG EG
Nous laissons le lecteur démontrer ce fait.
u ∈ R3 7→ Au + b ∈ R3
Or ||ϕ0 (0)|| = 1 (vitesse unité) et ϕ00 (0) = κγ (p)N (p), où N (p) désigne le
vecteur normal à la courbe γ au point p. En notant θ l’angle entre les vecteurs
ϕ(0) et N (p), on en déduit
1
κγ (p) ≥ .
r
Puisque toutes les courbes tracées sur S et passant par p ont une courbure
au moins égale à 1/r en p, on en déduit que la courbure de S en p est au
moins égale à 1/r2 , en particulier elle est strictement positive.
Étape 2. Pour montrer que S est une sphère, il suffit de montrer que tous
ses points sont des ombilics (voir Exercice 52). Notons k1 ≥ k2 les valeurs
propres de l’opérateur Fp . Elles dépendent continûment de p et vérifient
K = k1 k2 =constante. Fixons p ∈ S tel que k1 est maximale (on utilise ici
76 CHAPITRE 2. SURFACES DE R3
∂v P = 12 (k1 + k2 ) ∂v E
∂u R = 12 (k1 + k2 ) ∂u G
d’où
1 ∂v E 1 ∂u G
∂v k 1 = (k2 − k1 ) et ∂u k2 = (k1 − k2 ) .
2 E 2 G
Observons que k1 est maximale en p, donc de dérivée nulle. Comme on a
supposé k1 (p) 6= k2 (p), on en déduit ∂v E(p) = 0. De même, ∂u G(p) = 0. En
dérivant la première égalité par rapport à v et en injectant ∂v E(p) = 0, il
vient
∂ 2 k1
2
∂vv E(p) = 2E(p) vv (p).
k1 − k2
2 k (p) ≥ 0, d’où ∂ 2 E(p) ≥ 0.
Or k1 est maximale en p donc ∂vv 1 vv
De la même façon, on obtient
2
∂vv G(p) ≥ 0.
Surfaces de révolution
On considère une courbe plane C et on la fait tourner autour d’une droite
D du plan qui la contient. On peut supposer que le plan de référence est le
plan de coordonnées xOz et que la courbe C est paramétrée à vitesse 1,
s ∈ I 7→ (f (s), 0, h(s)) ∈ R3 , avec f 0 (s)2 + h0 (s)2 ≡ 1. On peut également
supposer que l’axe de révolution est l’axe de coordonnée Oz, la surface de
révolution est alors paramétrée par
f 00 (s)
K(s, θ) = − ·
f (s)
Démonstration. Le vecteur normal est donné par
E = 1, F = 0, G = f 2 et P = (−f 00 h0 + h00 f 0 ), Q = 0, R = f h0 .
On en déduit que
h0 [h00 f 0 − f 00 h0 ] f 00
K= =− ,
f f
en rappelant que f 0 (s)2 + h0 (s)2 ≡ 1, donc h0 h00 = −f 0 f 00 .
qui est positive pour s/r ∈ [− π2 , π2 ] (côté pneu) et négative sinon (côté jante).
Courbure constante positive. Nous avons déjà observé que les sphères sont
des surfaces de révolution à courbure de Gauss constante positive. Supposons
que K est une constante positive. La fonction f vérifie donc f 00 + Kf ≡ 0,
d’où, après changement d’origine,
√ Z s q √
f (s) = a cos( Ks) et h(s) = ± 1 − a2 K sin2 ( Ku)du.
0
La fonction définissant h s’appelle une intégrale elliptique. On retrouve les
sphères lorsque a2 K = 1.
Courbure constante négative. Supposons à présent que la courbure de Gauss
K est une constante négative. Il vient
√ √ √ √
f (s) = a exp( −Ks) + b exp( −Ks) = c Ch( −Ks) + d Sh( −Ks)
où Ch et Sh désignent le cosinus et le sinus hyperboliques. La surface qui
correspond à Z sp
f (s) = es et h(s) = 1 − e2t dt
0
s’appelle la pseudosphère. En voici une représentation graphique :
2.5. SURFACES À COURBURE CONSTANTE 79
Surfaces réglées
Ce sont les surfaces obtenues en faisant passer par tout point d’une courbe
C, une droite qui dépend de façon lisse du paramètre. Si la courbe C est para-
métrée par t ∈ I 7→ α(t) ∈ R3 , la droite passant par ϕ(t) peut être définie par
son vecteur directeur β(t) ∈ R3 . La surface admet ainsi la paramétrisation
Tous les points d’une surface réglée sont donc hyperboliques ou paraboliques.
P Q − R2
K= .
EG − F 2
Comme EG − F 2 ≥ 0 est toujours positif (inégalité de Cauchy-Schwarz 8 ),
il s’agit donc de contrôler le signe du numérateur. Or, si ϕ = ϕ(s, t) =
α(t) + sβ(t) désigne la paramétrisation ci-dessus, il vient ϕss ≡ 0. En notant
n le vecteur normal à la surface, on obtient donc
P = hϕss , ni = 0.
L’étude des surfaces minimales est un sujet riche et classique qui a des
interactions fortes avec l’analyse complexe. Voici une connexion simple entre
ces deux domaines :
2.5. SURFACES À COURBURE CONSTANTE 81
Proposition 2.5.8. Soit ϕ : (u, v) ∈ U → (α(u, v), β(u, v), γ(u, v)) ∈ S ⊂
R3 une paramétrisation conforme. Alors S est minimale si et seulement si
chacune des fonctions coordonnées α, β, γ est harmonique.
ER + GP − 2F Q P +R
H= 2
= .
2(EG − F ) 2E
Il s’ensuit que
(∆α, ∆β, ∆γ) = ϕuu + ϕvv = EHN.
Comme E > 0, la courbure moyenne est identiquement nulle si et seulement
si les fonctions coordonnées sont harmoniques.
E = 1, F = 0, G = f 2 et P = (−f 00 h0 + h00 f 0 ), Q = 0, R = f h0 ,
ainsi donc
ER + GP − 2F Q f (h0 )2 − f 2 f 00
H= =
2(EG − F 2 ) 2h0 (EG − F 2 )
f
= 0
[1 − (f 0 )2 − f f 00 ].
2h (EG − F 2 )
πγ(t) γ 00 (t) = 0
où πγ(t) désigne la projection orthogonale sur le plan Tγ(t) (S), i.e. ssi le
vecteur accélération γ 00 (t) est orthogonal au plan tangent Tγ(t) (S).
Exemple 2.6.2.
1) Les (segments de) droites sont les géodésiques du plan. En effet, dans
ce cas πγ(t) est la projection orthogonale sur un plan fixe, l’équation se réduit
donc à γ 00 (t) ≡ 0, i.e. t 7→ γ(t) est affine.
2) Les grands cercles (intersection d’un plan passant par l’origine avec la
sphère) sont des géodésiques de la sphère.
3) Les hélices sont des géodésiques du cylindre droit : soit
et
γ 00 (t) ⊥ ϕθ (s(t), θ(t)) ⇐⇒ θ00 (t) ≡ 0.
4) Les géodésiques du tore se calculent à l’aide d’intégrales elliptiques,
vous en trouverez une représentation graphique à l’adresse suivante :
http ://www.mathcurve.com/courbes3d/lignes/geodesictore.shtml
Notez que la définition ne prétend pas qu’il existe une courbe de longueur
minimale ! Cette distance ne coïncide pas avec la distance dans R3 , sauf
lorsque S est un plan. Pour la sphère unité, vous montrerez en exercice que
||p − q||
dS 2 (p, q) = 2 arcsin .
2
Notons que dS définit bien une distance sur S :
i−1 i
γ(t) = γi (rt − (i − 1)) si ≤t
r r
est C 1 par morceaux et tel que γ(0) = p et γ(1) = q.
La relation de symétrie résulte de ce que la longueur d’un chemin γ reliant
p à q est le même que celle du chemin γ̃(t) := γ(1 − t) qui relie q à p.
86 CHAPITRE 2. SURFACES DE R3
∂γ
γs (t) = γ0 (t) + s (0, t) + o(s)
∂s
avec
∂γ ∂γ
(0, 0) = (0, 1) = 0
∂s ∂s
puisque les extrémités p, q sont fixes.
2.6. PROPRIÉTÉS MÉTRIQUES 87
On décompose
∂2γ
γs0 (t) = γ00 (t) + s (0, t) + o(s)
∂s∂t
pour obtenir
Z 1
∂ ∂γ
E(γs ) = E(γ0 ) + 2s hγ00 (t), (0, t)idt + o(s).
0 ∂t ∂s
∂γ ∂u0 ∂v0
hγ00 (t), (0, t)i = hu00 ϕu + v00 ϕv , ϕu + ϕv i
∂s ∂s ∂s
= u00 ∂s u0 E + [u00 ∂s v0 + v00 ∂s u0 ] F + v00 ∂s v0 G.
On en déduit
∂ 0 ∂γ
(0, t)i = u000 E + v000 F + u00 ∂t E + v00 ∂t F ∂s u0
hγ0 (t),
∂t ∂s
+ u000 F + v000 G + u00 ∂t F + v00 ∂t G ∂s v0
0 ∂ ∂γ
+ hγ0 (t), (0, t)i.
∂t ∂s
Z 1
E(γs ) = E(γ0 ) + 2s {A∂s u0 + B∂s v0 } dt + o(s).
0
et
u000 F + v000 G + u00 ∂t F + v00 ∂t G = 0.
Notez bien que cette propriété n’est pas nécessairement vraie globale-
ment, comme vous vous en rendrez compte dans les exercices : une géodésique
« longue » ne minimise pas nécessairement la distance entre ses extrémités
(pensez aux arcs de grands cercles sur la sphère).
Soit p ∈ S et fixons ε > 0 petit. Pour tout v ∈ Tp S de norme 1, il
existe une géodésique γ(t, v) de S issue de p et de vecteur initial v. Lorsque v
parcourt l’ensemble des vecteurs unitaires de Tp S, les géodésiques {γ(t, v) | −
ε < t < ε} remplissent la boule BdS (p, ε) de rayon ε. De plus, γ est l’unique
plus court chemin qui relie ses extrémités. Bien que dS ne soit pas équivalente
à la distance induite par la distance euclidienne, on en déduit cependant que
ces deux distances induisent la même topologie.
Il est naturel d’essayer d’étendre le domaine de définition des géodé-
siques. Lorsque celui-ci est maximal (i.e. si une géodésique est définie sur
R), on se trouve dans une situation très particulière. Nous mentionnons sans
démonstration l’important résultat de Hopf-Rinow 10 :
Dans ce cas, toutes les géodésiques sont définies sur la droite réelle R et
on peut montrer que deux points sont toujours reliés par une géodésique qui
minimise la longueur.
Il en va ainsi de l’application exponentielle de la sphère en un de ses
points. Lorsque l’on identifie celle-ci au globe terrestre en prenant comme
point le pôle nord, on obtient la projection de Postel des cartographes.
On intègre ici K contre la mesure d’aire dσS qui est définie, dans une
paramétrisation ϕ : U → S par
On note
• S le nombre de sommets du polyèdre (intersections γi ∩γj 6= ∅, i 6= j),
• A le nombre d’arêtes,
• et F = s le nombre de faces.
Euler et Descartes ont observé une formule remarquable reliant ces quantités :
Proposition 2.7.4. Pour tout polyèdre convexe de R3 , on a
S − A + F = 2.
Nous laissons le lecteur démontrer cette très jolie formule.
Exemple 2.7.5. Un polyèdre convexe est dit régulier si
— toutes ses faces sont des polygones réguliers convexes isométriques ;
— aucune des faces ne se coupe excepté sur les arêtes ;
— le même nombre de faces se rencontrent en chacun des sommets.
On note p le nombre de sommets sur chaque face et q le nombre de faces se
rencontrant en chaque sommet. En observant que
pF = 2A = qS
et en utilisant la formule d’Euler ci-dessus, on montre qu’il y a exactement
cinq polyèdres convexes réguliers (les solides de Platon) :
1. le tétraèdre vérifie S = 4, A = 6, F = 4 et p = q = 3 ;
2. le cube (hexaèdre) vérifie S = 8, A = 12, F = 6 et p = 4, q = 3 ;
3. l’octaèdre vérifie S = 6, A = 12, F = 8 et p = 3, q = 4 ;
4. le dodécaèdre (régulier) vérifie S = 20, A = 30, F = 12, p = 5, q = 3 ;
5. l’icosaèdre vérifie S = 12, A = 30, F = 20 et p = 3, q = 5.
En voici une représentation historique :
2.7. THÉORÈME DE GAUSS-BONNET 91
χ(C) := S − A + F.
Somme connexe
La somme connexe S1 ]S2 de deux surfaces est obtenue en enlevant un
disque à chacune des surfaces et en les recollant le long du bord des disques
enlevés.
Proposition 2.7.12. La caractéristique d’Euler de S1 ]S2 est
χ(S1 ]S2 ) = χ(S1 ) + χ(S2 ) − 2.
Nous laissons le lecteur démontrer ce fait.
Remarquez que la sphère S 2 est un élément neutre pour cette opération.
En effet, si on enlève un disque à la sphère S 2 , on obtient un disque qui va
simplement remplacer celui qu’on a enlevé à la deuxième surface.
La somme connexe d’une surface S et d’un tore, revient à attacher un
anneau à S. On appelle tore à g trous la somme connexe de g copies d’un
tore. Lorsque g = 3, on parle également de Bretzel :
94 CHAPITRE 2. SURFACES DE R3
2.8 Exercices
Premiers exemples
Exercice 30. On pose U = {(a, b) ∈ R2 / 0 < a < π, 0 < b < 2π} et
z(x2 + y 2 ) = xy
γ : t ∈ R 7→ ϕ(at, bt) ∈ T .
1) Montrer que Γ = γ(R) est fermée ssi b/a ou a/b est rationnel.
2) Montrer que Γ est dense dans T ssi b/a est irrationnel.
96 CHAPITRE 2. SURFACES DE R3
Espaces tangents
Exercice 34 (Parapluie de Whitney). On considère la surface paramétrée
par
ϕ : (u, v) ∈ R2 7→ (uv, v, u2 ) ∈ R3 .
est normal à la surface et n’admet pas de limite quand (u, v) tend vers (0, 0).
Exercice 37. Soit S ⊂ R3 une surface régulière. Montrer que si toutes les
droites normales à S sont concourantes, alors S est une portion de sphère.
Exercice 44.
1) Montrer que le ruban de Möbius n’est pas une surface orientable.
2) Montrer que si une surface S a un ouvert difféomorphe au ruban de
Möbius, alors S n’est pas orientable.
98 CHAPITRE 2. SURFACES DE R3
N ◦ α : I → S2
x2 y 2 z 2
E = (x, y, z) ∈ R3 | 2 + 2 + 2 = 1 .
a b c
d4
K(p) = .
a2 b2 c2
Exercice 51. Montrer qu’un tore de révolution n’a aucun ombilic (points en
lesquels les courbures principales coïncident).
Exercice 52. Soit ϕ : U ⊂ R2 → R3 une nappe régulière dont tous les points
sont des ombilics.
1) Montrer qu’il existe k ∈ R et v ∈ R3 tels que N = −kϕ + v.
2) Montrer que ϕ(U ) est un (morceau de) plan si k = 0, et que c’est une
(partie d’une) sphère centrée en v/k si k 6= 0.
Exercice 53.
1) Calculer la courbure de la surface de révolution S paramétrée par
u3 v3
2 2
ϕ : (u, v) ∈ R 7→ u − + uv , v − + vu , u − v ∈ R3
2 2 2
3 3
Exercice 60. On note ||p − q|| la distance euclidienne dans R3 . Montrer que
la distance intrinsèque de la sphère unité de R3 est donnée par
||p − q||
dS 2 (p, q) = 2 arcsin = arccoshp, qi,
2
où hp, qi désigne le produit scalaire euclidien.
Exercice 62.
1) Calculer les géodésiques d’un cylindre droit.
2) Vérifier que deux points d’une génératrice sont joints par une hélice
et que celle-ci est une géodésique qui ne minimise pas la distance.
Exercice 64. Soit S ⊂ R3 une surface régulière définie localement par une
paramétrisation ϕ : U → R3 . On note n son vecteur normal unitaire.
Soit γ : I → S une courbe paramétrée à vitesse unité, tracée sur S. Le
vecteur t = γ 0 est donc un vecteur unitaire tangent à γ et à S. On note
g = n ∧ t : c’est un vecteur tangent à S qui constitue avec t une base de
l’espace tangent à S en p = γ(s).
Les vecteurs (t, g, n) constituent une base directe de R3 , le repère corres-
pondant (avec origine le point p = γ(s)) s’appelle le repère de Darboux.
1) Montrer qu’il existe des coefficients γn (courbure normale), γg (cour-
bure géodésique) et τg (torsion géodésique) tels que
0
t 0 γg γn t
g 0 = −γg 0 −τg g .
n0 −γn τg 0 n
Variétés
103
104 CHAPITRE 3. VARIÉTÉS
3.1 Plongements
3.1.1 Rappels de calcul différentiel
On ne peut pas faire de géométrie différentielle sans une maîtrise mini-
male du calcul différentiel. Nous avons déjà fait appel dans les deux premiers
chapitres au théorème d’inversion locale et au théorème des fonctions impli-
cites, deux outils fondamentaux dont nous allons rappeler les énoncés précis.
Applications différentiables
Soit U ⊂ Rn un ouvert. Voici quelques propriétés de base que nous uti-
lisons dans ce texte :
• une fonction f : U → R est différentiable en a ∈ U s’il existe une
forme linéaire ` : Rn → R telle que f (a + h) = f (a) + `(h) + o(h);
∂f
• on note Da f := ` la différentielle de f au point a et ∂x i
: U → R les
Pn ∂f
dérivées partielles de f définies par Da f (h) = i=1 hi ∂xi (a) ;
• une fonction f : U → R est différentiable (dans U ) si elle est différen-
tiable en tout point a ∈ U ; elle est de classe C 1 si toutes ses dérivées
partielles sont continues ;
• par récurrence : une fonction f : U → R est de classe C k si elle est
différentiable, et si toutes ses dérivées partielles sont de classe C k−1 ;
• f : U → R est lisse (ou C ∞ ) si elle est de classe C k pour tout k ∈ N ;
• une application F : x ∈ U → (f1 (x), . . . , fp (x)) ∈ Rp est différen-
tiable (resp. C k , ou lisse) si et seulement si chacune de ses fonctions
coordonnées f1 , . . . , fp est différentiable (resp. C k , ou lisse).
Toutes les applications f que nous considérons dans ce texte sont lisses.
Difféomorphismes
Définition 3.1.1. Soit U ⊂ Rn et V ⊂ Rp des ouverts. Une application f :
U → V lisse est un difféomorphisme si elle est bijective, et si son application
inverse f −1 : V → U est également lisse.
On dit dans ce cas que les ouverts U et V sont difféomorphes. La défini-
tion nécessite que les différentielles Da f soient des isomorphismes.
Exemples 3.1.2.
1) Tout intervalle ouvert est difféomorphe à R : les intervalle bornés ]a, b[
sont difféomorphes entre eux via un difféomorphisme affine ; la fonction tan
réalise un difféomorphisme de ] − π2 , + π2 [ sur R.
2) L’application x ∈ R 7→ f (x) = x3 ∈ R est lisse et bijective, mais ce
n’est pas un difféomorphisme : sa différentielle en 0 est nulle (non inversible),
1
et son application inverse f −1 (x) = x 3 n’est pas différentiable en zéro.
x
3) L’application x ∈ B n 7→ 1−||x|| 2 ∈ R
n réalise un difféomorphisme de
n n
la boule unité B de R sur R . n
3.1. PLONGEMENTS 105
avec τ (x) = α(x, 0). Nous renvoyons le lecteur à [Rouvière] pour plus de
détails.
106 CHAPITRE 3. VARIÉTÉS
Submersions
Définition 3.1.8. Soit U ⊂ Rn un ouvert. Une application lisse f : U → Rp
est une submersion si sa différentielle est surjective en tout point.
Notez que cela nécessite n ≥ p.
Théorème 3.1.9 (Allure locale d’une submersion). Soit U ⊂ Rn un ouvert
tel que 0 ∈ U et f : U → Rp une submersion. Alors il existe U 0 ⊂ U un
voisinage de 0 ∈ Rn , W ⊂ Rn un voisinage ouvert de 0 et φ : W → U 0 un
difféomorphisme tel que φ(0) = 0 et pour tout x ∈ W
f ◦ φ(x1 , . . . , xn ) = (x1 , . . . , xp ).
3.1. PLONGEMENTS 107
Plongement
Définition 3.1.10. Soit U ⊂ Rn un ouvert. Une application lisse f : U →
Rp est un plongement si
• f est une immersion ;
• f induit un homéomorphisme de U sur f (U ).
Attention, il ne suffit pas que f soit injective pour que f induise un
homéomorphisme de U sur f (U ) : il faut également s’assurer que f −1 :
f (U ) → U est continue, ce qui n’est pas automatique. Vous vérifierez par
exemple que
f : t ∈] − 1, +∞[7→ (t2 − 1, t(t2 − 1)) ∈ R2
est une immersion injective qui n’est pas un plongement.
Un critère simple pour assurer la continuité de f −1 est de demander que
f : U → Rp soit propre (l’image réciproque d’un compact est un compact).
Attention, l’application
g : t ∈ R 7→ (t2 , t3 ) ∈ R2
est injective et propre, mais n’est pas un plongement car D0 g s’annule (vous
reconnaissez la cubique cuspidale rencontrée au chapitre 1).
108 CHAPITRE 3. VARIÉTÉS
HF = {x ∈ Rn , F (x) = 0}
2Soit (p,
Lemme 3.1.11. q) la signature de la forme quadratique définie par
∂ F
la Hessienne ∂xi ∂xj (0) . Si p + q = n, alors il existe un difféomorphisme
φ : U → V entre deux voisinages de l’origine tel que φ(0) = 0 et
p
X n
X
F ◦ φ(y) = yi2 − yi2
i=1 i=p+1
pour tout y ∈ U .
avec
1 1Z 1
∂2F
Z Z
∂fi
hij (x) = (sx)ds = (stx)tdsdt = hji (x).
0 ∂xj 0 0 ∂xj ∂xj
Pn 2
Ainsi, F (x) = i,j=1 xi xj hij (x) avec hij (0) = ∂x∂i ∂x
F
j
(0).
On peut effectuer un changement de base orthonormée pour se ramener
2F
à une matrice Hessienne ∂x∂i ∂x j
(0) diagonalisée, puis composer par des dila-
tations sur chaque coordonnée pour se ramener à des sommes et différences
de carrés. Dans la suite, on peut donc supposer que hij (0) = ±1.
Pour obtenir la forme annoncée dans tout un voisinage de l’origine, on
peut établir un théorème de réduction des formes quadratiques "en famille".
Nous allons procéder de façon directe en utilisant des factorisations succes-
sives. On commence par mettre sous forme canonique la partie quadratique
de F en x1 . Il vient
n
X X
F (x) = x21 h11 (x) + x1 xj h1j (x) + xi xj hij (x)
j=2 i,j≥2
2
n n
X h1j (x) X
xi xj h˜ij (x)
p
= ± x1 |h11 (x)| + xj p +
j=2
2 |h 11 (x)| i,j=2
est lisse sur R, identiquement nulle Rhors de l’intervalle [−1, 1]. On en déduit
t
f (s)ds
que la fonction lisse g : t ∈ R 7→ R −∞
+∞ ∈ [0, 1] est nulle pour t ≤ −1
−∞ f (s)ds
et identique à 1 pour t ≥ 1. La fonction lisse h : t ∈ R+ 7→ g(2 − t) ∈ [0, 1]
vérifie enfin h ≡ 1 sur [0, 1] et h ≡ 0 hors de [0, 3].
On peut à présent considérer des compositions h◦||x−a||2 pour construire
des fonctions lisses dans Rn à valeurs dans [0, 1], égales à 1 sur une boule de
rayon 1 autour du point a ∈ Rn et identique à zéro hors d’une autre boule
concentrique. En dilatant, en additionnant, et en renormalisant, on obtient
le résultat suivant :
Lemme 3.1.12. Étant donnés deux ouverts V ⊂ U ⊂ Rn avec V ⊂ U , on
peut construire une fonction lisse χ ∈ [0, 1] telle que
• χ ≡ 1 au voisinage de V ;
• χ ≡ 0 hors d’un compact de U .
Démonstration. On recouvre V par un nombre fini de petites boules ouvertes
Bi . Pour chaque Bi on considère une boule concentrique Bi0 telle que Bi ⊂ Bi0
et Bi0 ⊂ U , et une fonction χi lisse à support dans Bi0 telle que χi ≡ 1 sur Bi .
On observe alors que χ := 1−Πi (1−χi ) remplit les conditions souhaitées.
Doubles recouvrements
Soit {Ui } un recouvrement ouvert localement fini de Rn .
Définition 3.1.13. On appelle partition de l’unité subordonnée au recouvre-
ment {Ui } une collection de fonctions lisses χi ∈ C ∞ (M, R) telles que
• χi ≡ 0 hors d’un
P compact Ui ;
• 0 ≤ χi ≤ 1 et i χi ≡ 1.
Il existe de nombreuses partitions de l’unité. On peut trouver en effet un
second recouvrement ouvert localement fini {Vi } tel que Vi est relativement
compact dans Ui , i.e. Vi ⊂ Ui . Il résulte alors du Lemme 3.1.12 que l’on peut
trouver des fonctions lisses θi à valeurs dans [0, 1] telles que
• θi ≡ 1 au voisinage de Vi ;
• θi ≡ 0 horsPd’un compact de Ui .
La fonction θ = i θi est une fonction lisse bien définie, puisque la somme
est localement finie. Il s’ensuit que χi = θθi définit une partition de l’unité.
3.2. SOUS-VARIÉTÉS DE RN 111
3.2 Sous-variétés de Rn
Dans la suite, Vp (resp. Wp ) désigne un voisinage ouvert d’un point p
dans Rn et on note B n la boule unité de Rn .
3.2.1 Définition
Définition 3.2.1. Soit M un sous-ensemble de Rn . Une paramétrisation
régulière f : B d → M ⊂ Rn d’une partie de M est un plongement, i.e. une
immersion de la boule unité B d dans Rn qui induit un homéomorphisme sur
son image f (B d ) ⊂ M .
On dit que M est une sous-variété de Rn dimension d si, pour tout p ∈ M ,
il existe une paramétrisation régulière f : B d → M telle que p ∈ f (B d ).
Comme nous l’avons déjà réalisé dans le cas des courbes et des surfaces,
il y a plusieurs façons équivalentes de définir les sous-variétés de Rn .
Vp ∩ M = g −1 (g{p}).
f (V ∩ Rd × {0}) = Wp ∩ M.
Sym(n, R) := {A ∈ M(n, R) | t A = A}
2
est une sous-variété de dimension n(n+1)/2 de Rn ' M(n, R). Cela résulte
aisément du premier item de la Proposition 3.2.2 puisque Sym(n, R) admet
la paramétrisation linéaire qui associe aux n(n + 1)/2 coefficients
aij , 1 ≤ i ≤ n, i ≤ j ≤ n
la matrice (aij ), dont les coefficients pour j < i sont définis par aij = aji .
Plus généralement, tout sous-espace vectoriel de dimension d de Rn est
une sous-variété de dimension d.
γ(0) = p et γ 0 (0) = v.
Tp M = p + ker Dp g.
T M = {(p, v) ∈ Rn × Rn | p ∈ M et v ∈ Tpvect M }.
T M ∩ (Vp ∩ Rn ) = ϕ(B d × Rd )
où
d
!
X
d d
ϕ : (x, λ) ∈ B × R 7→ x, h(x), λi Ti (x) ∈ Rn × Rn .
i=1
X : M → TM
ω : M → T ∗M
sont les 1-formes différentielles que nous étudierons dans la section 3.3.
3.2. SOUS-VARIÉTÉS DE RN 115
f ◦ ϕ : U → Rm
est différentiable.
Dp f : v ∈ Tp M1 7→ Df (p) F (v) ∈ Tp M2
M1 = {(x, y, z, t) ∈ R4 , x2 + y 2 = z 2 + t2 = 1} ∼ S 1 × S 1
et
M2 = {(x, y, z, t) ∈ R4 , x2 + y 2 + z 2 + t2 = 1} = S 3 .
Ce sont deux sous-variétés différentielles de R4 , de dimension dim M1 = 2
et dim M2 = 3. Pour p = (1, 0, 1, 0) et q = √12 (1, 0, 1, 0), on calcule
L’application différentiable
1
f : (x, y, z, t) ∈ M1 7→ √ (x, y, z, t) ∈ M2
2
est la restriction à M1 de l’homothétie √1 Id qui envoie p sur q. La différen-
2
tielle de f en p = (1, 0, 0, 1) est donc
v
Dp f : v ∈ Tp M1 7→ √ ∈ Tq M2 .
2
Difféomorphismes
Définition 3.2.13. Soit M1 ⊂ Rn et M2 ⊂ Rm des sous-variétés et f :
M1 → M2 une application différentiable. On dit que f est un difféomorphisme
si f est bijective et admet un inverse différentiable.
Vous vérifierez en exercice que la quadrique
F := ψ ◦ f ◦ ϕ : U ⊂ Rd1 → Rd2 .
Dérivations
Cette notation provient de ce que X définit une dérivation :
avec
∂f
hi,y ∈ C ∞ (Ω, R) et hi,x = (x).
∂xi
2. Gottfried Wilhelm Leibniz, philosophe, scientifique, mathématicien, logicien, diplo-
mate, juriste, bibliothécaire et philologue allemand (1646-1716).
3.3. FORMES DIFFÉRENTIELLES 119
Remarque 3.3.4. Notez que la composée de deux dérivations n’est pas une
dérivation (donnez un exemple).
Crochet de Lie 3
Soit X et Y deux champs de vecteurs. Observez que LX (LY f ) et LY (LX f )
ne sont pas nécessairement égaux. Le crochet de Lie [X, Y ] mesure ce défaut
de commutativité. L’observation remarquable est que le crochet de Lie est
encore un champ de vecteurs (i.e. une dérivation) :
Lemme 3.3.5. L’application LX LY − LY LX est une dérivation. On note
[X, Y ] le champ de vecteurs correspondant.
Démonstration. L’application
f 7→ LX (LY f ) − LY (LX f )
et
d’où
(LX LY − LY LX )(f g) = f (LX (LY g) − LY (LX g)) + g(LX (LY f ) − LY (LX f )),
Pn ∂ Pn ∂
Si X = i=1 Xi ∂xi , Y = j=1 Yj ∂xj et f est une fonction lisse, il vient
n n
!
∂
X X ∂f X ∂ X ∂f
(LX LY − LY LX )(f ) = Xi Yj − Yj Xi
∂xi ∂xj ∂xj ∂xi
i j=1 j i=1
X ∂Yj ∂f ∂Xi ∂f
= Xi − Yj
∂xi ∂xj ∂xj ∂xi
i,j
X ∂Yi ∂Xi ∂f
= Xj − Yj .
∂xj ∂xj ∂xi
i,j
Exemples 3.3.6.
1) Si X et Y sont à coefficients constants, alors [X, Y ] = 0 (on dit que
les champs de vecteurs commutent).
2) Pour X = x2 ∂x∂ 1 et Y = ∂x∂ 2 , on obtient [X, Y ] = − ∂x∂ 1 .
∂ ∂
3) Pour X = ∂x1 et Y = ∂x2 + x1 ∂x∂ 3 , on obtient [X, Y ] = − ∂x∂ 3 .
Identité de Jacobi 4
Proposition 3.3.7. Soit X, Y, Z trois champs de vecteurs. Alors
Produit extérieur
Définition 3.3.12. On définit Λ : Λk (E) × Λ` (E) → Λk+` (E), le produit
extérieur de formes multilinéaires alternées par
X ε(σ)
α∧β(x1 , . . . , xk+` ) = α(xσ(1) , . . . , xσ(k) )β(xσ(k+1) , . . . , xσ(k+`) ).
k!`!
σ∈Σk ×Σ`
est non nulle en général (si n ≥ 4). Notez que la relation d’anticommutativité
assure que les formes de degré pair commutent entre elles.
Si f est un isomorphisme de E, la transposée de f agit sur les formes
linéaires par composition via f ∗ α(x1 , . . . , xk ) = α ◦ (f (x1 ), . . . , f (xk )). Si
α ∈ Λk E, on a également f ∗ α ∈ Λk E. Cette opération de « tiré en arrière »
(pull-back) commute avec le produit extérieur :
f ∗ (α ∧ β) = f ∗ α ∧ f ∗ β.
où les αi1 ...ik sont des fonctions lisses. Par convention, les formes différen-
tielles de degré 0 sont les fonctions lisses.
Soit à présent M une sous-variété différentielle de Rn .
Définition 3.3.14. Une forme différentielle α de degré k sur M est la don-
née, sur chaque espace tangent Tx M d’une k-forme linéaire alternée, qui
dépend de façon lisse de x.
On note Ωk (M ) l’espace des k-formes différentielles sur M . L’espace
Ω (M ) = C ∞ (M, R) est l’ensemble des fonctions lisses sur M .
0
où v1 , . . . , vk ∈ Tx N et Dx f (v1P
), . . . , Dx f (vk ) ∈ Tf (x) M . Lorsque f = (f1 , . . . , fm )
avec M ouvert de Rm et α = I αI dyi1 ∧ · · · ∧ dyik , on obtient
X
f ∗α = αI ◦ f dfi1 ∧ · · · ∧ dfik
I
Pn ∂fi
en notant dfi = j=1 ∂xj dxj la différentielle de la fonction coordonnée fi .
f ∗ (α ∧ β) = f ∗ α ∧ f ∗ β.
Pour comprendre ces concepts sur les variétés, il faut savoir effectuer des
changements de coordonnées.
Pn Cela revient à savoir composer une 1-forme
différentielle α = i=1 ai (y)dyi sur Ω par une application lisse Φ : Ω0 → Ω.
On obtient ainsi, pour x ∈ Ω0 et y = Φ(x) ∈ Ω,
n n
( n )
X X X ∂Φi
Φ∗ α(x) = ai ◦ Φ(x) dΦi = ai ◦ Φ(x) (x) dxj .
∂xj
i=1 j=1 i=1
3.3. FORMES DIFFÉRENTIELLES 125
n
X Z 1
f (x) := xi ai (tx)dt.
i=1 0
Observons que
Z 1 n Z 1
∂f X ∂ai
= aj (tx)dt + xi t (tx)dt
∂xj 0 0 ∂xj
i=1
Z 1 n Z 1
X ∂aj
= aj (tx)dt + xi t (tx)dt
0 0 ∂xi
i=1
Z 1 Z 1
d
= aj (tx)dt + t (aj (tx))dt = aj (x)
0 0 dt
Il est entendu ici que l’on intègre sur un intervalle compact, ou bien que
l’on prend la limite (au sens de l’intégrale de Lebesgue) des intégrales sur
une suite exhaustive de compacts.
Lorsque α = df est la différentielle d’une fonction lisse, on obtient
Z
df = f ◦ γ(b) − f ◦ γ(a)
γ
R
si γ : [a, b] → M , en particulier γ df = 0 si γ est fermé.
Notez par contre que le signe de l’intégrale change si l’on changeRle sens
de parcours de la courbe Γ = γ(I). On peut donc définir l’intégrale Γ α de
α le long d’une courbe géométrique compacte orientée Γ.
orientables. Il n’en est pas de même en dimension plus grande, comme nous
l’avons indiqué auR chapitre précédent, dans le cas des surfaces.
Pour définir Γ α, on utilise une partition de l’unité : on fixe un recou-
vrement de Γ par un nombre fini d’ouverts (Ui )1≤i≤s tels que Γ ∩ Ui est
paramétrée. On considère une Ps famille (χi ) de fonctions lisses à support com-
pact dans les Ui telles que i=1 χ ≡ 1 et on pose
Z s Z
X
α := χi α.
Γ i=1 Γ∩Ui
La 1-forme α est donc fermée mais pas exacte. Notez que R2 \ {(0, 0)}
n’est pas convexe.
Nous laissons le lecteur vérifier que cette définition ne dépend pas des
choix qui ont été faits. La formule de changement de variables s’exprime à
présent ainsi :
Théorème 3.3.34. Soit M et N deux variétés différentielles orientées de
dimension n. Soit f : M → N un difféomorphisme qui préserve l’orientation.
Soit α une n-forme différentielle sur N , alors
Z Z
f ∗α = α.
M N
Formule de Stokes
Soit I = [a, b] ⊂ R un intervalle compact. Le théorème d’intégration par
parties assure que
Z Z b Z
df = f 0 (t)dt = f (b) − f (a) = f
I a ∂I
dés que f est suffisamment régulière. Notez que l’on impose implicitement
un sens de parcours de l’intervalle I et un sens de parcours induit de son
bord ∂I = {b} − {a} (qui n’est pas connexe). On souhaite généraliser cette
formule aux sous-variétés de dimension arbitraire.
132 CHAPITRE 3. VARIÉTÉS
Exemple 3.4.6.
1) L’exemple modèle est bien entendu Rn muni de l’atlas à une carte
(R , ϕ) où ϕ : x ∈ Rn 7→ x ∈ Rn est l’identité. Tout ouvert de Rn est
n
Deux vecteurs directeurs d’une même droite sont équivalents pour la relation
d’équivalence « multiplication par un réel non nul ». On note
Ui = {[x] ∈ Pn (R) | xi 6= 0}
et
ϕi : [x] ∈ Ui 7→ (x0 /xi , . . . , xi−1 /xi , xi+1 /xi , . . . , xn /xi ) ∈ Rn .
Le lecteur vérifiera sans peine que les fonctions de transition ϕi ◦ ϕ−1
j sont
lisses (là où elles sont définies) : leurs fonctions coordonnées sont des frac-
tions rationnelles simples dont les dénominateurs ne s’annulent pas.
136 CHAPITRE 3. VARIÉTÉS
Applications différentiables
Soit M et N deux variétés différentielles de dimension m et n, et f :
M → N une application continue. Soit p ∈ M , et (U, ϕ) et (V, ψ) des cartes
de M, N au voisinage de p, f (p). L’application
ψ ◦ f ◦ ϕ−1 : ϕ(U ) ⊂ Rm → Rn
Plongements
Définition 3.4.16. Soit M et N deux variétés différentielles. Une applica-
tion différentiable f : M → N est un plongement si c’est une immersion et
un homéomorphisme sur son image.
Théorème 3.4.17. Toute variété différentielle abstraite compacte M de di-
mension d ∈ N se plonge dans Rn pour n assez grand.
Ce célèbre résultat de Whitney assure que toute variété abstraite peut
être réalisée comme une sous-variété de Rn : s’il existe un plongement f :
M → Rn , alors f (M ) est une sous-variété de Rn et la variété abstraite M
est difféomorphe à f (M ).
Démonstration. Soit {Ui , ϕi ), 1 ≤ i ≤ s} un atlas différentiel fini de M . On
peut trouver des ouverts Vi et des fonctions lisses χ ∈ C ∞ (M, R) telles que
• Vi ⊂ Ui et les ouverts Vi recouvrent encore M ;
• χi ≡ 1 sur Vi et χi ≡ 0 hors de Ui .
Une telle famille de fonctions est appelée P
partition de l’unité subordonnée au
recouvrement {Ui } si on impose de plus i χi ≡ 1 et 0 ≤ χi ≤ 1.
On peut prolonger les applications ϕi χi par 0 dans M \Ui et obtenir ainsi
des applications lisses à valeurs dans Rd . On vérifie alors que l’application
Φ : x ∈ M 7→ (χ1 , . . . , χs , ϕ1 χ1 , . . . , ϕs χs ) ∈ Rs(d+1)
est un plongement. En effet, Φ est lisse par construction et
• Φ une immersion car Dx Φ contient un bloc injectif Dx ϕi si x ∈ Vi ;
• Φ est injective : si Φ(x) = Φ(y) alors χi (x) = χi (y) pour tout i, donc
x, y appartiennent à un même Vi , et ϕi (x) = ϕi (y) =⇒ x = y.
On conclut en observant qu’une immersion injective définie sur une variété
compacte est automatiquement un homéomorphisme sur son image, donc un
plongement (voir Exercice 66).
On peut composer un plongement Φ : M → Rn avec une projection
orthogonale générique πH sur un hyperplan de Rn . Tant que n ≥ 2d + 1, un
lemme de Sard assure que la composée πH ◦ Φ est encore un plongement ; on
peut ainsi plonger M dans R2d+1 . On peut même la plonger dans R2d , mais
la preuve est plus difficile et requiert des techniques très différentes.
La borne sur la dimension est optimale, on verra des exemples de surfaces
compactes (bouteille de Klein, plan projectif réel) qui ne peuvent pas être
réalisées comme des surfaces compactes de R3 .
3.4. VARIÉTÉS ABSTRAITES 139
Difféomorphismes
Définition 3.4.18. Soit M et N deux variétés différentielles de dimension
m, n. Une application f : M → N lisse est un difféomorphisme si elle est
bijective et si f −1 : N → M est lisse.
Lorsque N = M , on note Diff(M ) l’ensemble des difféomorphismes de M ,
c’est un groupe pour la composition. Il existe beaucoup de difféomorphismes :
Théorème 3.4.19. Soit M une variété connexe de dimension d. Le groupe
Diff(M ) agit transitivement sur M .
Démonstration. On décompose la preuve en deux temps.
Étape 1. Pour toute boule B de Rd , on note Diff 0 (B) l’ensemble des difféo-
morphismes de Rd qui sont égaux à l’identité hors de la boule. On commence
par montrer que Diff 0 (B) agit transitivement sur la boule B(r0 ) de rayon
r0 > 0 pour une constante absolue r0 > 0.
Quitte à dilater et translater, on peut supposer que B est la boule unité.
Soit χ : R → R une fonction lisse à support compact, avec 0 ≤ χ ≤ 1,
χ = 1 sur l’intervalle [− 12 , + 21 ] et χ = 0 hors de l’intervalle [−1, 1] (fonction
plateau). La dérivée d’une telle fonction est uniformément bornée par une
constante M0 > 0. On pose r0 = (2M0 )−1 et on considère l’application lisse
φ : x ∈ Rd 7→ (x1 + r0 χ(x1 )χ(x22 + · · · + x2d ), x2 , . . . , xd ) ∈ Rd .
Observons que φ(0) = (r0 , 0, . . . , 0), φ est l’identité hors de B, et
• φ est bijective car x1 7→ x1 + λr0 χ(x1 ) est une fonction strictement
croissante pour tout λ ∈ [0, 1] de par notre choix de r0 ;
• Jac(φ) = 1 + r0 χ0 (x1 )χ(x22 + · · · + x2d ) > 0, donc l’application φ est
localement inversible.
Il résulte du théorème d’inversion locale que φ ∈ Diff 0 (B).
En précomposant φ−1 avec une rotation, on obtient la propriété de tran-
sitivité annoncée, puisque O(d, R) agit transitivement sur les sphères.
Étape 2. Soit a ∈ M et (U, ϕ) une carte de M telle que ϕ(a) = 0 ∈ Rd . On
fixe une boule B ⊂ ϕ(U ) et on considère φ ∈ Diff 0 (B). L’application
−1
ϕ ◦ φ ◦ ϕ dans ϕ−1 (B)
F =
Id dans M
est un élément de Diff 0 (ϕ−1 (B)) ⊂ Diff(M ). Il résulte de plus de l’Étape 1
que Diff 0 (ϕ−1 (B)) agit transitivement dans un petit voisinage du point a.
Un point b ∈ M étant fixé, on considère
Ω = {x ∈ M, ∃F ∈ Diff(M ) tel que F (b) = x}.
L’ensemble Ω est un ouvert non-vide d’après ce qui précède. Il est également
fermé : si xj ∈ Ω → a ∈ M , alors xj ∈ ϕ−1 (B) pour j assez grand, et la
construction montre que l’on peut envoyer xj sur a par un difféomorphisme,
donc b sur a par composition. On conclut par connexité que Ω = M .
140 CHAPITRE 3. VARIÉTÉS
π̃ : (p, ξ) ∈ T ∗ M 7→ p ∈ M
la projection canonique.
Nous laissons le lecteur vérifier que cette définition coïncide bien avec
celle utilisée dans le cadre des variétés plongées dans Rn . Si f : M → R est
une fonction lisse, alors pour tout p ∈ M , la différentielle
dp f : Tp M → R ' Tf (p) R
df : p ∈ M 7→ dp f ∈ Tp∗ M ⊂ T ∗ M
Variétés orientables
On définit l’orientabilité d’une variété abstraite de la même façon que
pour les sous-variétés différentielles de RN :
Définition 3.4.23. Soit M une variété différentielle. On dit que M est
orientable s’il existe une forme volume, i.e. une n-forme différentielle sur M
qui ne s’annule nulle part.
De façon équivalente, M est orientable si et seulement si on peut choisir
un atlas différentiel dont les changements de cartes ont un jacobien positif
(i.e. préservent l’orientation). C’est également équivalent au fait de pouvoir
choisir de façon continue une orientation des espaces tangents.
Exemple 3.4.24. Soit F : Rn → R une submersion propre et H = F −1 (0).
On sait que H est une hypersurface compacte de Rn telle que, pour tout
p ∈ H, Tp H = ψ + {v ∈ Rn , hv, ∇F i = 0}. Une telle hypersurface est
orientable. Soit en effet ω = dx1 ∧ · · · ∧ dxn la forme volume canonique de
Rn , on définit une (n − 1)-forme différentielle sur H en posant
α(p)(v1 , . . . , vn−1 ) = ω(v1 , . . . , vn−1 , ∇F ).
Si {v1 , . . . , vn−1 } est une base de Tp H, alors {v1 , . . . , vn−1 , ∇F } est une base
de Rn , donc ω(v1 , . . . , vn−1 , ∇F ) 6= 0, α est donc une forme volume.
Vous vérifierez qu’un produit de variétés différentielles admet une struc-
ture de variété différentielle et qu’un produit de variétés orientables est orien-
table. Comme le cercle unité S 1 est orientable, on en déduit que le tore
Rn /Zn ' (S 1 )n
est une variété compacte orientable de dimension n.
Proposition 3.4.25. Le plan projectif P2 (R) n’est pas orientable. Plus gé-
néralement, les espaces projectifs P2k (R) ne sont pas orientables.
Démonstration. Rappelons que Pn (R) est l’ensemble des droites passant par
l’origine dans Rn+1 \ {0}. Une telle droite intersecte la sphére unité S n en
deux points antipodaux, on a ainsi une application lisse surjective
π : S n → Pn (R) ∼ S n /{σ}
qui permet de considérer Pn (R) comme le quotient de S n par le groupe à
deux éléments engendré par l’involution antipodale σ.
Soit ω une forme volume sur Pn (R) que l’on suppose orientable. Alors
π ∗ ω est une forme volume sur S n , donc π ∗ ω = f ωS n où ωS n désigne une
forme volume sur S n et f est une fonction lisse de signe constant.
Notons que σ ∗ ω = ω car π ◦ σ = π, tandis que σ ∗ ωS n = (−1)n+1 ωS n . On
en déduit, pour n pair, que f ◦ σ = −f , ce qui contredit que f est de signe
constant. C’est donc que les espaces P2k (R) ne sont pas orientables.
142 CHAPITRE 3. VARIÉTÉS
(θ, ϕ) 7→ (−θ, ϕ + π)
La surface de Boy peut être vue comme une sphère dont on a recollé deux
à deux les points antipodaux. On peut également la construire en recollant
le bord d’un disque sur le bord d’un ruban de Möbius.
Ces surfaces peuvent être plongées dans R4 (comme promis par le théo-
rème de Whitney). Vous vérifierez par exemple que l’application
ϕi : Ui → Vi ⊂ Cn
à valeurs dans Cn .
Définition 3.5.1. On dit que l’atlas {(Ui , ϕi )} est holomorphe si les change-
ments de carte ϕi ◦ϕ−1
j sont des biholomorphismes, i.e. des difféomorphismes
holomorphes.
Une application f = (f1 , . . . , fn ) : U ⊂ Cn → Cn définie sur un ouvert U
de Cn est holomorphe si chacune de ses fonctions coordonnées fi : U → C
est une fonction holomorphe, i.e. vérifie les équations de Cauchy-Riemann
∂fi
= 0, 1 ≤ i, j ≤ n.
∂z j
Définition 3.5.2. Une variété complexe M de dimension complexe n =
dimC M est une variété topologique de dimension (réelle) 2n munie d’un
atlas holomorphe maximal.
Exemple 3.5.3. Les ouverts de Cn et les sous-variétés complexes de Cn
sont des exemples de variétés complexes.
Exemple 3.5.4. L’espace projectif complexe Pn (C), ensemble des droites
complexes de Cn+1 passant par l’origine, est une variété complexe compacte
de dimension complexe n :
{(w0 , w1 ) ∈ C2 , z0 w1 = z1 w0 }
φ0 : [z0 : z1 ] ∈ U0 7→ z = z1 /z0 ∈ C.
φ1 : [z0 : z1 ] ∈ U1 7→ z = z0 /z1 ∈ C
φ−1 1
1 : z ∈ C 7→ [z : 1] ∈ U1 ⊂ P (C),
il contient toutes les droites passant par l’origine sauf celle d’équation w1 = 0.
L’ouvert d’intersection U0 ∩ U1 a pour image C∗ par φ0 et φ1 . On a ainsi
défini un atlas {(U0 , φ0 ), (U1 , φ1 )} de P1 (C) dont les changements de cartes
1
φ0 ◦ φ−1 ∗
1 : z ∈ C 7→ ∈ C∗
z
et φ1 ◦ φ−1 1
0 (z) = 1/z sont des biholomorphismes. Ainsi P (C) est une surface
de Riemann. Observons enfin que l’application
z ∈ C ∼ U0 7→ φ−1 1
0 (z) = [1 : z] ∈ P (C) = U0 ∪ {[0 : 1]} ' C ∪ {∞}
Tores complexes
Soit V un espace vectoriel réel de dimension finie n.
Di = {(x, y) ∈ R2 | (x − ai )2 + (y − bi )2 ≤ ri2 }.
On considère
et
S = {(x, y, z) ∈ R3 | z 2 = f (x, y)}.
C’est une sous-variété compacte et connexe de R3 qui n’est pas simplement
connexe : elle a g trous.
On peut montrer que M admet une structure de surface de Riemann
compacte et que son revêtement universel est le disque unité ∆, ce qui per-
met de réaliser S comme un quotient du disque unité par un sous-groupe
d’automorphismes de Aut(∆).
(g1 , g2 ) ∈ G × G 7→ g1 · g2 ∈ G
et d’inversion
g ∈ G 7→ g −1 ∈ G
sont lisses.
Exemples 3.5.14.
1. Le groupe général linéaire GL(n, R) est l’ensemble des matrices réelles
2
inversibles de taille n. C’est un ouvert de M(n, R) ' Rn (image
réciproque de R∗ par l’application déterminant qui est lisse), donc une
variété réelle de dimension n2 . L’application (A, B) 7→ A · B est lisse
sur M(n, R) donc sur GL(n, R) également ; l’application A 7→ A−1
est lisse sur GL(n, R) puisque l’inverse s’exprime de façon lisse par
t ComA
A−1 =
det A
où ComA désigne la matrice des cofacteurs de A.
2. De façon analogue, le groupe GL(n, C) est un groupe de Lie qui est
2
une sous-variété réelle de R4n de dimension 4n2 ; c’est également une
variété complexe de dimension complexe n2 .
3. Le groupe orthogonal O(n, R) est le sous-groupe fermé de M(n, R)
défini par les conditions At A = Id. Vous vérifierez dans l’Exercice 75
que c’est une sous-variété réelle de M(n, R) de dimension n(n−1)2 .
4. Le groupe unitaire U (n, C) est le sous-groupe fermé de M(n, C) défini
par les conditions At A = Id. C’est une sous-variété réelle de dimen-
sion n2 (mais attention ce n’est pas une sous-variété complexe).
Dans la suite nous noterons K en lieu et place de R ou C, pour éviter
des répétitions inutiles.
Proposition 3.5.15. Un groupe de Lie est une variété orientable.
Démonstration. Soit G un groupe de Lie, on note e son élément neutre. On
choisit une n-forme linéaire η sur Te G non nulle. La translation à droite
de vecteur g, h ∈ G 7→ h + g ∈ G, est un difféomorphisme qui induit un
isomorphisme g ∗ : Tg G → Te G entre espaces tangents. La n-forme linéaire
g ∗ η est non nulle et fournit une orientation de Tg G.
Il s’ensuit que g 7→ g ∗ η est une n-forme différentielle sur G qui ne s’annule
nulle part et fournit donc une orientation de G. Notez que cette forme est
invariante par translation. C’est la généralisation du cas G = Rn muni de
η(x) = dx1 ∧ · · · ∧ dxn .
3.5. VARIÉTÉS COMPLEXES ET GROUPES DE LIE 149
si la comatrice de A n’est pas nulle. Il s’ensuit que det est une submersion au
voisinage de chaque matrice A de rang ≥ n − 1, en particulier au voisinage
de A = Id. La Proposition 3.2.2 assure donc que SL(n, R) = det−1 det({Id})
est une hypersurface.
Décomposition polaire
Un résultat classique d’algèbre linéaire stipule que toute matrice inver-
sible A ∈ GL(n, R) se décompose de façon unique comme produit A = O · S
d’une matrice orthogonale O ∈ O(n, R) et d’une matrice symétrique définie
positive S ∈ Sym+ (n, R) : c’est sa décomposition polaire. Nous montrons ici
que cette décomposition est également très régulière :
est un difféomorphisme.
Application exponentielle
Étant donnée A ∈ M(n, K), on pose
X Aj
exp A := .
j!
j≥0
X ||Aj || X ||A||j
≤ = exp ||A|| < +∞.
j! j!
j≥0 j≥0
3.6 Classifications
Nous évoquons sans démonstration quelques résultats qui vous donneront
une petite idée de recherches récentes en topologie et géométrie différentielle.
Surfaces
Rappelons qu’un tore à g trous peut être défini comme une somme
connexe de g copies d’un tore de révolution. Un tore à deux trous peut être
réalisé comme un épaississement de la lemniscate de Bernoulli. L’exercice 70
vous propose une construction d’un tore à g trous.
Les surfaces compactes non orientables sont difféomorphes à une somme
connexe de g copies de l’espace projectif P2 (R).
Il s’ensuit que toute surface compacte (connexe, sans bord) est donc
déterminée, à homéomorphisme (ou difféomorphisme) près, par deux infor-
mations : sa caractéristique d’Euler et son orientabilité.
Cet énoncé fut proposé par H. Poincaré en 1904 et a fait l’objet de travaux
considérables tout au long du XXe siècle, où il fut connu sous le nom de
conjecture de Poincaré.
On peut plus généralement se demander si toute variété compacte de
dimension n qui est homotopiquement équivalente à la sphère unité est ho-
méomorphe à la sphère unité . Cet énoncé a été démontré
— en dimension n ≥ 5 par S. Smale 13 (médaille Fields en 1966) ;
— en dimension n = 4 par M. Freedman 14 (médaille Fields en 1986).
Le cas n = 3 a resisté très longtemps et suscité plusieurs preuves incor-
rectes. La preuve de Perelman 15 est un tour de force et une surprise : alors
que le problème relève de la topologie, la démonstration utilise une ma-
chinerie analytico-géométrique spectaculaire : l’étude du flot de Ricci, une
approche initiée par R. Hamilton 16 .
La médaille Fields a été décernée à Perelman (qui l’a refusée) en 2006
pour ses travaux, qui démontrent également la conjecture de géométrisation
de Thurston 17 (médaille Fields en 1982), ce qui achève la classification des
variétés de dimension trois.
13. Stephen Smale, mathématicien américain (1930-).
14. Michael Hartley Freedman, mathématicien américain (1951-).
15. Grigori Iakovlevitch Perelman, mathématicien russe (1966-).
16. Richard S. Hamilton, mathématicien américain (1943-).
17. William Paul Thurston, mathématicien américain (1946-2012).
154 CHAPITRE 3. VARIÉTÉS
18. Oscar Zariski, mathématicien russe (1899-1986) très influent dans le domaine de la
géométrie algébrique.
19. Kunihiko Kodaira, mathématicien japonais (1915-1997), fondateur de l’école japo-
naise de géométrie algébrique.
20. Shigefumi Mori, mathématicien japonais (1951-).
21. Caucher Birkar, mathématicien iranien (1978-), a obtenu la médaille Fields en 2018
pour ses contributions sur ce sujet.
3.7. EXERCICES 155
3.7 Exercices
Plongements
Exercice 65. On considère l’application
Exercice 67.
1) Montrer que l’application
g : t ∈ R 7→ (t2 , t3 ) ∈ R2
Exercice 68.
1) Montrer que l’application déterminant
2
det : A ∈ Rn ' M(n, R) 7→ det A ∈ R
Sous-variétés de Rn
Exercice 69. Soit M ⊂ Rn une sous-variété de dimension d et g : Vp →
Rm−d une submersion définie dans un voisinage Vp de p ∈ M , telle que
Vp ∩ M = g −1 g{p}. Montrer que
Tp M = p + ker Dp g.
Di = {(x, y) ∈ R2 | (x − ai )2 + (y − bi )2 ≤ ri2 }.
On considère
1) Montrer que
Exercice 71.
1) Soit S 2 la sphère unité. Montrer que l’application
est un difféomorphisme.
2) Montrer que le paraboloïde P = {(x, y, z) ∈ R3 | z = x2 + y 2 } est
difféomorphe à un plan.
3) On considère dans Rn × Rp la quadrique
f : x ∈ S n 7→ xn+1 ∈ R.
Montrer que les points critiques de f sont précisément les pôles Nord et Sud.
3.7. EXERCICES 157
f : x ∈ M 7→ hx, vi ∈ R.
Formes différentielles
Exercice 78. Soit X, Y et Z trois champs de vecteurs. Montrer l’identité
de Jacobi :
[X, [Y, Z]] + [Y, [X, Z]] + [Z, [Y, X]] = 0.
f : p ∈ S 7→ ||p − q|| ∈ R
2k+1 π k
Vn = si n = 2k + 1.
1 · 3 · 5 · · · (2k + 1)
définit sur R2 une mesure de probabilité qui s’étend en une forme volume
lisse sur la sphère S 2 .
Variétés abstraites
Exercice 91. On considère M = R muni des deux atlas à une seule carte
(R, ϕ1 ) et (R, ϕ2 ) où
ϕ1 : x ∈ R 7→ x ∈ R et ϕ2 : x ∈ R 7→ x3 ∈ R.
Exercice 94.
1) Montrer que le produit de deux variétés différentiables est une variété
différentiable, de dimension la somme des dimensions.
2) Montrer que le tore Rn /Zn admet une structure différentiable qui en
fait une variété différentielle compacte, difféomorphe à (S 1 )n = S 1 ×· · ·×S 1 .
Exercice 97.
1) Montrer que P2 (R), l’ensemble des droites de R3 qui passent par l’ori-
gine, admet une structure de variété réelle compacte de dimension deux.
2) Montrer que l’application
Exercice 100. Soit D ⊂ C le disque unité. Montrer que le groupe des biho-
lomorphismes de D est
iθ z − a
Aut(D) = z 7→ e ; a ∈ D and θ ∈ [0, 2π] ' D × S 1 .
1 − az
4.1 Courbes
Courbes planes
Exercice 1. Soit ϕ : R → R2 une application lisse avec ϕ(0) = (0, 0), dont
l’image Γ est incluse dans la cubique cuspidale
C := (x, y) ∈ R2 / y 2 = x3 .
d+e·t
λ = λ(t) := − .
a + bt + ct2
163
164 CHAPITRE 4. CORRECTIONS DES EXERCICES
On obtient donc une paramétrisation ϕ(t) = (λ(t), tλ(t)) (d’une portion) de Γ par
des fractions rationnelles. Tel qu’on s’y est pris, il manque en général le point
d’intersection de Γ avec l’axe des ordonnées (pente infinie).
2) Dans le cas du cercle unité {x2 + (y − 1)2 = 1} centré en (0, 1) de sorte que
l’origine A = (0, 0) appartienne au cercle, on obtient
2t2
2t
ϕ(t) = , .
1 + t2 1 + t2
Le cercle unité S 1
centré à l’origine
s’obtient par translation ; on obtient la
2t t2 −1
paramétrisation ψ(t) = 1+t 2 , 1+t2 qui couvre S 1 privé du point (0, 1).
Réciproquement, on vérifie que tout point de cette ellipse (sauf le point (−a, 0) est
atteint par la paramétrisation, donc ϕ(R) = E \ (−a, 0).
Exercice 4.
1) Soit ϕ : t ∈]0, +∞[7→ (t2 , t3 ) ∈ R2 . Montrer que la longueur d’arc
comptée à partir du point (0, 0) est la fonction algébrique
1 8
`(t) = (4 + 9t2 )3/2 − .
27 27
2) Savez-vous calculer le périmètre d’une ellipse ? Et son aire ?
1) La longueur est la moyenne du vecteur vitesse, il vient
Z T Z T p
[4 + 9t2 ]3/2 − 8
`(T ) = ||ϕ0 (t)|| dt = t 4 + 9t2 dt = .
0 0 27
Il est très rare que la longueur d’une courbe soit une fonction algébrique du para-
mètre.
2) On peut paramétrer (après une translation) une ellipse par ϕ(t) = (a cos t, b sin t),
où a, b > 0. Son périmètre est donc
Z 2π p
`(E) = a2 sin2 t + b2 cos2 tdt.
0
Il s’agit d’une intégrale elliptique, elle ne s’exprime pas simplement à l’aide des
par E. C’est le
fonctions « classiques ». On peut par contre calculer l’aire entouréep
double de l’aire située sous le graphe de la fonction y = f (x) = b 1 − (x/a)2 . Il
vient donc Z +a p
Aire(E) = 2 b 1 − (x/a)2 dx = πab
−a
en utilisant le changement de variable x = a sin t.
4.1. COURBES 165
Γ = {(x, y) ∈ R2 / y 2 = x3 + x2 }.
x(−∞) = +∞ x(+∞) = +∞
& %
x(0) = −1
et
2/33/2 y(+∞) = +∞
% & %
y(−∞) = −∞ −2/33/2
Les dérivées s’annulent aux extrema, ce qui correspond à des tangentes horizontales
lorsque y 0 = 0 et verticales lorsque x0 = 0. Notez également que x(t) ≥ −1 pour
tout t, la courbe Γ va donc se situer à droite de la droite verticale (x = −1).
• Points doubles. On cherche à savoir si ϕ(s) = ϕ(t) pour deux valeurs dis-
tinctes s 6= t du paramètre. Ici, il vient x(s) = x(t) ⇒ t2 = s2 , donc soit s = t
(la solution évidente), soit s = −t. Dans ce dernier cas, la seconde identité y(s) =
y(t) = y(−t) implique t ∈ {0, ±1}. La seule paire solution non triviale est donc
{t, s} = {+1, −1}. Ainsi, l’origine (ϕ(1) = (0, 0) = ϕ(−1)) est un point double de
la courbe Γ : on doit voir sur le dessin que la courbe passe deux fois par l’origine.
• Symétries. Lorsque l’on change t en −t, x reste inchangé tandis que y(−t) =
−y(t). Cela signifie que Γ est invariante par la symétrie d’axe (Ox). C’est la seule
symétrie apparente.
• Courbure. La courbure κ se calcule par
x0 y 00 − x00 y 0 6t2 + 2
κ(t) = = .
[(x0 )2 + (y 0 )2 ]3/2 [4t2 + (3t2 − 1)2 ]3/2
Elle est strictement positive, la courbe est donc convexe (attention au sens de par-
cours).
• Branches infinies. On observe que kϕ(t)k → +∞ uniquement lorsque t →
−∞ et t → +∞. Dans ce cas, x(t) ' t2 et y(t) ' t3 , donc x(t)/y(t) → 0. La
166 CHAPITRE 4. CORRECTIONS DES EXERCICES
courbe Γ n’admet pas d’asymptote, on dit qu’elle admet une branche asymptotique
de direction l’axe (Oy). On a en réalité une information bien plus précise : la courbe
Γ est asymptotiquement proche de la courbe x = y 2/3 .
Il ne reste plus qu’à tracer la courbe ! Pour cela, il faut déterminer les valeurs
de quelques points particuliers de ϕ(t) en considérant notamment (mais pas unique-
ment) les valeurs
√ spéciales du paramètre. Vous pouvez ici considérer par exemple
t = ±1, 0, ±1/ 3, ±2, 5, etc.
ε2 00
x(s) = x(t) + εx0 (t) + x (t) + o(ε2 )
2
et on obtient une expression similaire pour y et F . On a posé ici s = t + ε. Notons
que le développement limité du terme F ([s − t]2 ) ne comporte pas de terme en ε3 ,
ε4 00
F ([s − t]2 ) = ε2 F 0 (0) + F (0) + o(ε4 )
2
et observons que F (0) = 0. En injectant dans l’équation (†) et en identifiant les
termes d’ordre 2,3 et 4, on obtient
En dérivant cette dernière égalité, on obtient de plus x00 x000 + y 00 y 000 = 0. Couplée à
l’égalité x0 x00 + y 0 y 00 = 0, on en déduit
x0 y 000 = y 0 x000 .
Finalement rappelons que la courbure est donnée en coordonnées cartésiennes
par
x0 y 00 − x00 y 0
κ= .
[(x0 )2 + (y 0 )2 ]3/2
Le dénominateur est constant d’après ce que l’on a observé. La dérivée du numéra-
teur est égale à x0 y 000 − x000 y 0 = 0, donc κ0 = 0, i.e. κ est constante.
1
ψ(t) = ϕ(t) + N (t)
κ(t)
x0 y 00 − x00 y 0 1
κ(t) = et N (t) = (−y 0 , x0 ).
[(x0 )2 + (y 0 )2 ]3/2 [(x0 )2 + (y 0 )2 ]1/2
(x0 )2 + (y 0 )2 0 (x0 )2 + (y 0 )2 0
X(t) = x − y et Y (t) = y + x.
x0 y 00 − x00 y 0 x0 y 00 − x00 y 0
Supposons ici que ϕ soit la paramétrisation par longueur d’arc. Alors le vecteur
tangent T (t) = ϕ0 (t) est unitaire, donc ϕ00 (t) = κ(t)N (t). Comme N (t) est unitaire,
le vecteur dérivé N 0 (t) est orthogonal à N (t), donc proportionnel à T (t). En dérivant
l’égalité hT (t), N (t)i = 0, on obtient que la constante de proportionnalité est −κ(t),
i.e. N 0 (t) = −κ(t)T (t). Ainsi
1 κ0 (t) κ0 (t)
ψ 0 (t) = ϕ0 (t) + N 0 (t) − N (t) = − N (t),
κ(t) κ(t)2 κ(t)2
27 2
(Y − 1/2a)3 = X .
16a
4.1. COURBES 169
3tX − 2Y − t3 = 0.
3t2 (4 + 9t2 )
ϕ(t) = (0, −t3 ) + (2, 3t).
4 + 81t2
4) Soit ϕ(t) = ψ(t) + κ−1 (t)N (t) la développée C de Γ (ensemble des centres
de courbure). On observe que ϕ0 (t) = −κ0 (t)κ−2 (t)N (t) puisque ψ 0 (t) = T (t) et
N 0 (t) = −κ(t)T (t). Les normales à Γ sont les droites ψ(t) + RN (t), la tangente à
C en ϕ(t) est
ϕ(t) + Rϕ0 (t) = ψ(t) + κ−1 (t)N (t) − Rκ0 (t)κ−2 (t)N (t) = ψ(t) + RN (t),
Exercice 10. Soit Γ une courbe plane fermée simple. On suppose que sa
courbure vérifie
0≤κ≤C
pour une constante C > 0. Montrer que
2π
`(Γ) ≥ .
C
`(Γ)2
πr2 = Aire(D(p, r)) ≤ Aire(Ω) ≤
4π
d’où
2π
`(Γ) ≥ 2πr ≥ .
C
Courbes gauches
Exercice 11. Soit Γ une courbe paramétrée par son abscisse curviligne ϕ :
I → R3 . Montrer que le plan osculateur à Γ en ϕ(s) est la limite lorsque
h, k → 0 du plan passant par les points ϕ(s), ϕ(s + h), ϕ(s + k).
Le plan passant par les points ϕ(s), ϕ(s+h), ϕ(s+k) a pour équation cartésienne
X − x(s) Y − y(s) Z − z(s)
det X − x(s + h) Y − y(s + h) Z − z(s + h) = 0.
X − x(s + k) Y − y(s + k) Z − z(s + k)
On calcule
0 t 1
ϕ (t) = √ , 1, √ .
1 + t2 1 + t2
√
Ce vecteur est de norme constante
√ égale à 2, il s’agit donc d’un multiple constant
du vecteur unitaire tangent 2T (t) à la courbe. On obtient de même
1
τ (t) = hB, N 0 i = − √ .
2[1 + t2 ]
Exercice 14. Soit Γ ⊂ R3 une courbe gauche dont toutes les tangentes
passent par un même point. Montrer que Γ est une (portion de) droite.
Soit ϕ : I → Γ ⊂ R3 une paramétrisation de Γ. La tangente à Γ en ϕ(t) est
Quitte à translater, on suppose que toutes ces tangentes passent par l’origine.
On en déduit que pour tout t ∈ I, il existe λ(t) ∈ R tel que
Exercice 15. Une hélice généralisée est une courbe gauche dont la tangente
fait un angle constant avec une direction fixe. Montrer qu’une courbe gauche
est une hélice généralisée si et seulement si le quotient de sa courbure par sa
torsion est constant.
Supposons que la courbe est paramétrée par sa longueur d’arc ϕ(s). Soit T (s) =
ϕ0 (s) le vecteur tangent unitaire. Supposons qu’il existe un vecteur fixe unitaire
V0 tel que hT (s), V0 i = cos θ est constant. En dérivant cette équation, on obtient
κ(s)hN (s), V0 i = 0. En dérivant à nouveau, il vient, d’après les formules de Frenet,
Comme V0 est orthogonal à N (s), il appartient au plan engendré par T (s) et B(s).
Puisqu’il est unitaire, on a hB(s), V0 i = ± sin θ, et l’équation précédente montre
donc que
κ(s)
= ± tan θ est constant.
τ (s)
Réciproquement, supposons que κ(s)/τ (s) = tan θ est constant et posons
On obtient en dérivant V 0 (s) = (κ(s) cos θ − τ (s) sin θ)N (s) = 0, donc V (s) = V0
est un vecteur unitaire constant et la tangente T (s) fait un angle constant avec V0
puisque hT (s), V0 i = cos θ.
avec a, b ∈ R.
Comme ϕ00 = κN avec κ constante, on obtient que θ0 ≡ d est constant. Soit
d = 0, alors κ ≡ 0 et Γ est un segment de droite, soit d 6= 0 et on intègre pour
obtenir (après translation en s)
a a b
ϕ(s) = √ cos(ds), √ sin(ds), √ s ,
d a2 + b2 d a2 + b2 a2 + b2
1
κ(s0 ) ≥ .
kϕ(s0 )k
Les trois dernières équations montrent que le centre du cercle (α, β, γ) appartient
au plan osculateur, puisque
x−α y−β z−γ
x0 y0 z 0 = 0.
(G)
x00 y 00 z 00
Les équations (B), (C) et (G) forment un système linéaire de trois équations en
les trois inconnues x − α, y − β, z − γ. Pour le résoudre, il est commode de poser
On obtient alors
x02 + y 02 + z 02
x − α = (Cy 0 − Bz 0 ) ,
A2 + B 2 + C 2
x02 + y 02 + z 02
y − β = (Az 0 − Cx0 ) ,
A2 + B 2 + C 2
et
x02 + y 02 + z 02
z − γ = (Bx0 − Ay 0 ) .
A2 + B 2 + C 2
Cela détermine les coordonnées du centre du cercle osculateur. On en déduit
facilement son rayon :
p (x02 + y 02 + z 02 )3/2
R= (x − α)2 + (y − β)2 + (z − γ)2 = √ .
A2 + B 2 + C 2
kϕ0 k2
(α, β, γ) = ϕ− ϕ0 ∧ (ϕ0 ∧ ϕ00 )
kϕ0 ∧ ϕ00 k2
kϕ0 k2
−hϕ0 , ϕ00 iϕ0 + kϕ0 k2 ϕ00
= ϕ+ 0
kϕ ∧ ϕ00 k2
= ϕ(t) + κ−1 (t)N (t).
4.1. COURBES 175
Exercice 19. Soit t ∈ [a, b] 7→ X(t) ∈ R3 une fonction vectorielle lisse telle
que kX(t)k = 1 pour tout t. On suppose que les vecteurs {X(t), X 0 (t), X 00 (t)}
forment une base de R3 pour tout t, et on considère
Z t
ϕ : t ∈ [a, b] 7→ ϕ(t) = c X(s) ∧ X 0 (s)ds ∈ R3
a
zéro) sont des exemples de fonctions lisses qui ne sont pas développables en séries
entières. Comme la première composante de ϕ0 (t) est 1, celui-ci ne s’annule jamais,
donc Γ = ϕ(R) est régulière .
2) On effectue les calculs pour t > 0, les autres valeurs s’en déduisent par symétrie
et prolongement. Il vient ϕ0 (t) = (1, 0, 2t−3 exp(−t−2 )) et ϕ00 (t) = (0, 0, 2t−6 (2 −
3t2 ) exp(−t−2 )), donc
x0 y 00 − x00 y 0
κψ (t) = 3/2
.
[(x0 )2 + (y 0 )2 ]
Or T (0) = (1, 0, 0) et N (0) = (0, 1, 0), donc x0 (0) = 0, y 0 (0) = 0, x00 (0) = 0 et
y 00 (0) = κ(0). On en déduit que κψ (0) = κ(0).
R2 + (R0 )2 δ 2 ≡ constante.
On pourra supposer que la sphère est centrée à l’origine et dériver trois fois
l’identité ||ϕ(s)||2 ≡ constante.
4.1. COURBES 177
Il n’y a pas de composante selon T (t) puisque ||ϕ(t)||2 = cst, donc hϕ, ϕ0 i ≡ 0. En
dérivant à nouveau cette relation d’orthogonalité, on obtient
hϕ, ϕ00 i + ||ϕ0 ||2 = 0 et hϕ, ϕ000 i + 3hϕ0 , ϕ00 i = hϕ, ϕ000 i = 0.
On vérifie que cette quantité s’annule lorsque R2 + (R0 )2 δ 2 ≡ cst, ce qui montre que
ψ ≡ O est constante. Il s’ensuit que
g : t ∈ R 7→ g(t) = f (t) + t ∈ R.
P (f ) ≥ | deg f − 1|.
ainsi
F ◦ G(2π) − F ◦ G(0)
deg f ◦ g = = deg g · deg f.
2π
On note f n = f ◦ · · · ◦ f (composée n fois). Il résulte de l’exercice précédent que
le nombre de points périodiques de f de période ≤ n (i.e. les solutions de f n (z) = z)
vérifie
]F ix(f n ) ≥ | deg(f n ) − 1| = |(deg f )n − 1| ≥ | deg f |n − 1.
ab
κ(t) = 2 .
(a2 sin t + b2 cos2 t)3/2
Ses points critiques correspondent aux quatre points t = kπ/2, k ∈ {0, 1, 2, 3}, qui
sont bien les quatre « sommets » de l’ellipse.
ii) La courbure d’une courbe fermée admet toujours un minimum et un maxi-
mum par compacité, il y a donc au moins deux points critiques pour la courbure.
Supposons à présent la courbe Γ simple et convexe. On note ϕ une paramétrisa-
tion à vitesse 1 de Γ et L sa longueur. Supposons par l’absurde qu’il n’y a que deux
ou trois sommets p1 , p2 , p3 . Quitte à changer le sens de parcours, on peut supposer
que κ0 est positive entre p1 et p2 , puis négative entre p2 et p3 , et entre p3 et p1 .
On choisit un repère orthonormé (e1 , e2 ) tel que (p1 p2 ) = Re1 et p3 (s’il existe) se
trouve dans le demi-plan supérieur. Il résulte de la convexité de Γ que hϕ, e2 i < 0
entre p1 et p2 , tandis que hϕ, e2 i > 0 entre p2 et p1 .
On rappelle à présent que ϕ0 = T est le vecteur unitaire tangent à Γ, et que le
vecteur normal unitaire N = iT est reliè à T par la relation T 0 = κN . On intègre
par parties pour obtenir
Z L Z L Z L Z L
0 0
κ (t)ϕ(t)dt = − κ(t)ϕ (t)dt = +i κ(t)N (t)dt = T 0 (t)dt = 0,
0 0 0 0
4.2 Surfaces
Premiers exemples
Exercice 30. On pose U = {(a, b) ∈ R2 / 0 < a < π, 0 < b < 2π} et
puis la translation (x, y, z) 7→ (x+ad/2, y +be/2, z +cf /2) élimine la partie linéaire.
Si κ > 0, l’ensemble est vide ; si κ = 0, la quadrique est réduite à un point ; si κ < 0,
on obtient un ellipsoïde.
182 CHAPITRE 4. CORRECTIONS DES EXERCICES
z(x2 + y 2 ) = xy
La décomposition ϕ(λ, t) = λ(1, t, 0) + (0, 0, t/(1 + t2 )) montre que C est une surface
réglée.
Espaces tangents
Exercice 34 (Parapluie de Whitney). On considère la surface paramétrée
par
ϕ : (u, v) ∈ R2 7→ (uv, v, u2 ) ∈ R3 .
1) Montrer que la demi-droite (x = y = 0, z > 0) est une ligne de points
doubles et que l’origine est un point singulier.
2) Montrer que pour v 6= 0, le vecteur
N (u, v) = (−2u/v, 2u2 /v, 1)
est normal à la surface et n’admet pas de limite quand (u, v) tend vers (0, 0).
√
1) La demi-droite (x = y = 0, z > 0) est une ligne de points doubles car ϕ(± z, 0) =
(0, 0, z). Calculons une base de vecteurs tangents,
∂ϕ ∂ϕ
= (v, 0, 2u) et = (u, 1, 0).
∂u ∂v
Ce sont des vecteurs linéairement indépendants, sauf lorsque u = v = 0 : l’origine
est un point singulier et c’est le seul point singulier de cette surface.
2) On vérifie aisément que N · ∂ϕ ∂ϕ
∂u = N · ∂v = 0. Lorsque u et v tendent vers zéro,
N (u, v) n’admet pas de limite : si par exemple u = λv, où λ est un paramètre fixé
et v → 0, on obtient
N (u, v) = N (λv, v) = (−2λ, 2λ2 v, 1) → (−2λ, 0, 1).
Les plans tangents n’ont donc pas de limite au point singulier.
184 CHAPITRE 4. CORRECTIONS DES EXERCICES
L’intersection S1 ∩ S2 est ainsi définie comme l’image, par l’une des paramé-
trisations, de la courbe définie de façon implicite par l’équation
Il suffit donc de vérifier que la différentielle de f en (0, 0) n’est pas nulle : l’ensemble
{(x, y) / f (x, y) = 0}
définira ainsi une courbe plane régulière et son image par la paramétrisation sera
une courbe gauche régulière traçée sur S1 et S2 . Or l’annulation de Df(0,0) se traduit
par
∂f1 ∂f2 ∂f1 ∂f2
(0, 0) = (0, 0) et (0, 0) = (0, 0),
∂x ∂x ∂y ∂y
4.2. SURFACES 185
Exercice 37. Soit S ⊂ R3 une surface régulière. Montrer que si toutes les
droites normales à S sont concourantes, alors S est une portion de sphère.
Quitte à composer par une rotation, on peut supposer que S est (localement)
le graphe d’une fonction S = {z = f (x, y)}. Quitte à translater, on peut supposer
que les normales se rencontrent à l’origine. La normale à S en p est la droite
p + R(fx , fy , −1). Elle passe par l’origine ssi il existe λ = λ(x, y) ∈ R tel que
p = λ(fx , fy , −1), ce qui conduit aux équations
∂f ∂f
x = y , x = −f fx et y = −f fy .
∂y ∂x
∂F ∂f ∂f
= −r sin θ (r cos θ, r sin θ) + r cos θ (r cos θ, r sin θ) = 0.
∂θ ∂x ∂y
p
Ainsi, f (x, y) ne dépend que de r = x2 + y 2 . De plus,
∂f 2 ∂f 2
= −2x et = −2y =⇒ f 2 (x, y) + (x2 + y 2 ) = cst,
∂x ∂y
est surjective. On vérifie ensuite que, pour x(u) ∈ [−1, 1] fixé, l’ensemble des valeurs
prises par N (ϕ(u, v)) lorsque v décrit [0, 2π] est le cercle {y 2 + z 2 = 1 − x(u)2 }. On
a donc N (S) = S 2 .
2) La paramétrisation ϕ(x, y) = (x, y, 0) montre que N (S) = (0, 0, 1) est réduite à
un point.
3) La paramétrisation ϕ(x, y) = (x, y, x2 + y 2 ) donne
(cos u Ch v, sin u Ch v, − Sh v)
N (ϕ(u, v)) = p .
1 + 2 Sh2 v
√
On obtient dans ce cas N (S) = {(x, y, z) ∈ S 2 , |z| < 1/ 2}.
5) La paramétrisation ϕ(θ, z) = (cos θ Ch z, sin θ Ch z, z) conduit à
(cos θ, sin θ, Sh v)
N (ϕ(u, v)) = ,
Ch z
E = 1, F = 0, G = f (s)2 .
2) On en déduit que
Z 2π Z L p Z L
Aire(S) = 2
EG − F ds dθ = 2π |f (s)|ds.
0 0 0
et en déduire que la surface tubulaire Sε = ϕ((0, `(Γ)) × (0, 2π)) est régulière
si ε > 0 est assez petit.
2) Calculer l’aire de la surface Sε .
1) On calcule
ϕs = T (s) + ε [cos θN 0 (s) + sin θB 0 (s)]
et
ϕθ = ε [− sin θN (s) + cos θB(s)] .
Les formules de Frénet donnent N 0 = κT + τ B et B 0 = −τ N. Par ailleurs,
T ∧ N = B ; T ∧ B = −B ∧ T = −N et N ∧ B = T, il vient donc
Ce vecteur n’est jamais nul si ε > 0 est assez petit, donc Sε est régulière.
2) L’aire de la surface Sε est donnée par
Z `(Γ) Z 2π
Aire(Sε ) = ||ϕs ∧ ϕθ ||ds ∧ dθ
0 0
Z `(Γ) Z 2π
= ε [1 − κ(s)ε cos θ] ds ∧ dθ
0 0
= 2πε`(Γ).
Le recouvrement de S2 par les ouverts Vi = f (Ui ) est tel que les changements
de cartes sont encore à jacobien positif : cela résulte de ce que
Φ−1
Vi ◦ ΦVj = (f ◦ ΦUi )
−1
◦ (f ◦ ΦUj ) = Φ−1
Ui ◦ ΦUj .
Exercice 44.
1) Montrer que le ruban de Möbius n’est pas une surface orientable.
2) Montrer que si une surface S a un ouvert difféomorphe au ruban de
Möbius, alors S n’est pas orientable.
1) Le ruban de Möbius M est la surface à bord connexe de R3 paramétrée par
Cette paramétrisation est 2π-périodique en v, avec de plus ϕ(t, π/2) = ϕ(−t, −π/2).
On calcule
ϕt = (cos v cos(2v), cos v sin(2v), sin v)
et
ϕv = (− sin v cos(2v)−2[1+t cos v] sin(2v), − sin v sin(2v)+2[1+t cos v] cos(2v), t cos v).
En particulier
ϕt (t, π/2) = (0, 0, 1), ϕv (t, π/2) = (1, −2, 0) et ϕt ∧ ϕv (t, π/2) = (2, 1, 0),
tandis que
et
ϕt ∧ ϕv (−t, −π/2) = (−2, 1, 0).
Il y a donc un changement discontinu de direction pour tout vecteur normal uni-
taire : si N : M → S 2 est une application normale unitaire continue, alors
ϕt ∧ ϕv
N =ε
||ϕt ∧ ϕv ||
N ◦ α : I → S2
ϕx ∧ ϕy 1 p 1
N (x, y) = = x, y, r2 − (x2 + y 2 ) = ϕ(x, y).
||ϕx ∧ ϕy || r r
Il s’ensuit que P = −h−∂x N, ϕx i = −E/r, Q = −F/r et R = −G/r, donc Fp est
une homothétie de rapport −1/r.
4.2. SURFACES 191
hxy hyy
et on calcule de même Q = √ , R= √ . Il s’ensuit que
1+h2x +h2y 1+h2x +h2y
N ∗ dσS 2 = KdσS .
d’où
Aire(Vε )
K(p) = lim .
ε→0 Aire(Uε )
194 CHAPITRE 4. CORRECTIONS DES EXERCICES
Exercice 51. Montrer qu’un tore de révolution n’a aucun ombilic (points en
lesquels les courbures principales coïncident).
Une paramétrisation d’un tore de révolution est donnée par
Il vient ϕu = (−r sin u cos v, −r sin u sin v, r cos u) et ϕv = (−[ρ + r cos u] sin v, [ρ +
r cos u] cos v, 0), donc ||ϕu ∧ ϕv || = r[ρ + r cos u] et
E = r2 , F = 0, et G = [ρ + r cos u]2 .
On obtient ϕuu = (−r cos u cos v, −r cos u sin v, −r sin u), donc
det(ϕuu , ϕu , ϕv )
det(ϕuu , ϕu , ϕv ) = r2 [ρ + r cos u] et P = = r.
||ϕu ∧ ϕv ||
Exercice 52. Soit ϕ : U ⊂ R2 → R3 une nappe régulière dont tous les points
sont des ombilics.
1) Montrer qu’il existe k ∈ R et v ∈ R3 tels que N = −kϕ + v.
2) Montrer que ϕ(U ) est un (morceau de) plan si k = 0, et que c’est une
(partie d’une) sphère centrée en v/k si k 6= 0.
1) Tous les points sont des ombilics signifie qu’il existe λ = λ(p) ∈ R tel que
Fp = λ(p)Id. Notons que p 7→ λ(p)2 = K(p) est une fonction lisse de p. Il en va de
même de p 7→ λ(p) si on se place au voisinage d’un point p tel que λ(p) 6= 0.
Lorsque λ(p) ≡ 0, le vecteur normal est constant et S est un morceau de plan.
On suppose donc dans la suite qu’il existe p tel que λ(p) 6= 0, et on travaille au
voisinage de ce point. Soit ϕ = ϕ(x, y) une paramétrisation locale de S. On en
déduit que
∂x N = λ(x, y)ϕx et ∂y N = λ(x, y)ϕy .
On dérive ces relations pour obtenir
2
∂xy N = λy ϕx + λϕxy = λx ϕy + λϕxy =⇒ λy ϕx = λx ϕy .
Exercice 53.
1) Calculer la courbure de la surface de révolution S paramétrée par
E = 1 + t−2 , F = 0 et G = t2 .
On calcule ensuite
ϕtt = (0, 0 − t−2 ), ϕtθ = (cos θ, − sin θ, 0) et ϕθθ = (−t sin θ, −t cos θ, 0),
1 t
P = √ , Q = 0, R = − √ .
t 1+t 2 1 + t2
P R − Q2 1
K= =− .
EG − F 2 (1 + t2 )2
E = +1, F = 0 et G = 1 + t2
ainsi que
1
P = 0, Q = − √ et R = 0,
1 + t2
d’où
1
K=− .
(1 + t2 )2
3) Ces deux surfaces ont même courbure de Gauss, mais elles n’ont pas les mêmes
premières formes fondamentales. Elles ne sont pas localement isométriques.
196 CHAPITRE 4. CORRECTIONS DES EXERCICES
donc
cos t Sh s cos t − sin t
2 = −Ch2 s.
det(ϕss , ϕs , ϕt ) = Ch s sin t Sh s sin t cos t
0 1 0
On calcule de même
et
ϕtt = −(Ch s cos t, Ch s sin t, 0) = −ϕss ,
donc Q = 0 et R = −E. Ainsi, H = (ER + GP − 2F Q)/(2EG − 2F 2 ) = 0.
donc
cos t Ch s cos t − sin t
det(ϕss , ϕs , ϕt ) = Sh2 s sin t Ch s sin t = +Sh2 s
cos t
0 0 1
On calcule de même
et
ϕtt = −(Sh s cos t, Sh s sin t, 0) = −ϕss ,
donc Q = 0 et R = −E. Ainsi, H = (ER + GP − 2F Q)/(2EG − 2F 2 ) = 0.
4.2. SURFACES 197
u3 v3
2 2
ϕ : (u, v) ∈ R 7→ u − + uv , v − + vu , u − v ∈ R3
2 2 2
3 3
E = G = (1 + u2 + v 2 )2 et F = 0,
ainsi que
ϕu ∧ ϕv = [1 + u2 + v 2 ](−2u, 2v, 1 − u2 − v 2 ).
Notons que ||ϕu ∧ ϕv || = [1 + u2 + v 2 ]2 .
2) Il vient ϕuu = (−2u, 2v, 2), donc det(ϕu u, ϕu , ϕv ) = 2[1 + u2 + v 2 ]2 (on peut
faire apparaître plusieurs zéros dans le déterminant via des opérations élémentaires
sur les lignes ou les colonnes, par exemple L2 7→ L2 − v · L3). Les calculs de
det(ϕuv , ϕu , ϕv ) et det(ϕvv , ϕu , ϕv ) sont similaires et aboutissent à
P = 2, Q = −2 et R = 0.
2 2
k1 = , k2 = − ,
(1 + u2 + v 2 )2 (1 + u2 + v 2 )2
Géodésiques
Exercice 57. Soit N le vecteur normal à une surface régulière S ⊂ R3 . Soit
γ : I → S une courbe tracée sur S à vitesse constante. Montrer que γ est
une géodésique si et seulement si
det(N, γ 0 , γ 00 ) ≡ 0.
i.e. γ(I) est un arc du grand cercle de S 2 obtenu en intersectant la sphère avec le
plan engendré par γ(0) et γ 0 (0).
Exercice 60. On note ||p − q|| la distance euclidienne dans R3 . Montrer que
la distance intrinsèque de la sphère unité de R3 est donnée par
||p − q||
dS 2 (p, q) = 2 arcsin = arccoshp, qi,
2
où hp, qi désigne le produit scalaire euclidien.
Nous savons que les géodésiques minimisent (localement) la distance. Il résulte de
l’exercice précédent que les géodésiques sont les arcs de grands cercles de S 2 . Quitte
à composer par une rotation, on peut supposer que p et q sont dans le plan (x0y)
avec p = (1, 0, 0) et q = (cos θ, sin θ, 0), de sorte que dS 2 (p, q) = θ. On observe enfin
que
2
θ
||p − q||2 = (1 − cos θ)2 + (sin θ)2 = 4 sin ,
2
d’où θ = 2 arcsin ||p−q||
2 . On obtient la seconde formule en observant que ||p − q||2 =
2 − 2hp, qi et en utilisant les relations trigonométriques sur les angles moitié.
i.e. F préserve le produit scalaire euclidien (la propriété est claire lorsque l’un des
deux vecteurs est nul). Nous avons expliqué au chapitre 1 que cela entraîne que F
est linéaire, associée à une matrice orthogonale de R3 .
Exercice 62.
1) Calculer les géodésiques d’un cylindre droit.
2) Vérifier que deux points d’une génératrice sont joints par une hélice
et que celle-ci est une géodésique qui ne minimise pas la distance.
1) On ne perd rien à supposer que l’axe du cylindre est (Oz) et que le rayon vaut
1. Une paramétrisation de ce cylindre C est ϕ(θ, z) = (cos θ, sin θ, z). Notons que
γ : t 7→ ϕ(s(t), θ(t))
On note γ(t) = ϕ(s(t), θ(t)) une courbe tracée sur S. Il peut être utile de travailler
dans la base orthonormée u = (cos θ, sin θ, 0), v = (− sin θ, cos θ, 0), w = (0, 0, 1).
Ainsi
ϕs = f 0 u + h0 w, ϕθ = f v et N = −h0 u + f 0 w
est un vecteur normal à la surface. On calcule
Exercice 64. Soit S ⊂ R3 une surface régulière définie localement par une
paramétrisation ϕ : U → R3 . On note n son vecteur normal unitaire.
Soit γ : I → S une courbe paramétrée à vitesse unité, tracée sur S. Le
vecteur t = γ 0 est donc un vecteur unitaire tangent à γ et à S. On note
g = n ∧ t : c’est un vecteur tangent à S qui constitue avec t une base de
l’espace tangent à S en p = γ(s).
Les vecteurs (t, g, n) constituent une base directe de R3 , le repère corres-
pondant (avec origine le point p = γ(s)) s’appelle le repère de Darboux.
1) Montrer qu’il existe des coefficients γn (courbure normale), γg (cour-
bure géodésique) et τg (torsion géodésique) tels que
0
t 0 γg γn t
g 0 = −γg 0 −τg g .
n0 −γn τg 0 n
2) Montrer que γ est une géodésique de S si et seulement si sa torsion
(en tant que courbe gauche) est égale à sa torsion géodésique.
1) Le vecteur t0 est orthogonal à t (puisque t est unitaire), il se décompose donc en
t0 = γg g + γn n
où γg et γn sont deux fonctions qu’on appelle respectivement courbure géodésique et
courbure normale. De même, g 0 = at + bn pour certaines fonctions a, b. En dérivant
la relation d’orthogonalité hg, ti = 0, il vient
0 = hg 0 , ti + hg, t0 i = a + γg ,
donc a ≡ −γg . On définit la torsion géodésique τg par τg := −b.
Enfin, n0 = αt+βg. On dérive les relations d’orthogonalité hn, ti = 0 et hn, gi =
0 pour obtenir
α = −γn et β = τg .
2) Par définition, la courbe γ est une géodésique si et seulement si γ 00 est partout
proportionnel à n. Or γ 00 = t0 = γg g + γn n, une condition nécessaire et suffisante
est donc que la courbure géodésique γg soit identiquement nulle. En tant que courbe
gauche, t0 = κN , où κ est la courbure de γ et N est le vecteur normal à γ dans
R3 . On en déduit que γ est une géodésique ssi n ≡ N et κ = γn . C’est également
équivalent à ce que B ≡ g et τ ≡ τg , où τ désigne la torsion de γ (en tant que
courbe gauche).
4.3. VARIÉTÉS 201
4.3 Variétés
Plongements
Exercice 65. On considère l’application
K = {yj , j ∈ N} ∪ {b}.
L’ensemble K est compact dans V , donc f −1 (K) est compact dans U car f est
propre. On peut donc extraire une sous-suite convergente de la suite (xj ) ∈ f −1 (K)N .
Quitte à renuméroter, on a donc xj → a ∈ U . Notons que a ∈ F car F est fermé.
Comme f est continue, on obtient alors f (a) = lim f (xj ) = lim yj = b, donc
b = f (a) ∈ f (F ).
Exercice 67.
1) Montrer que l’application
Exercice 68.
1) Montrer que l’application déterminant
2
det : A ∈ Rn ' M(n, R) 7→ det A ∈ R
est telle que
det(A + H) = det A + tr tComA · H + o(H)
Sous-variétés de Rn
Exercice 69. Soit M ⊂ Rn une sous-variété de dimension d et g : Vp →
Rm−d une submersion définie dans un voisinage Vp de p ∈ M , telle que
Vp ∩ M = g −1 g{p}. Montrer que
Tp M = p + ker Dp g.
de sorte que
∂gj
= Idn−d et ker Dp g = Vect(e1 , . . . ed ).
∂xi d+1≤i,j≤n
Di = {(x, y) ∈ R2 | (x − ai )2 + (y − bi )2 ≤ ri2 }.
On considère
1) Montrer que
comme f est continue donc bornée sur la boule compacte {||(x, y)|| ≤ C}.
Comme M est également un fermé de R3 , on en déduit que M est une surface
compacte plongée dans R3 .
Pour montrer que M est connexe, il suffit de savoir relier chaque point (x, y, z) ∈
M à un point (x0 , y 0 , 0) ∈ M par une courbe tracée sur M . Par symétrie, il suffit
de savoir traiter le cas où z > 0.
La partie M + = M ∩ p {z > 0} de M s’exprime près de M + comme le graphe de
la fonction lisse (x, y) 7→ f (x, y). Elle admet pour paramétrisation
p
(x, y) ∈ D \ ∪i Di 7→ ϕ(x, y) = (x, y, f (x, y)) ∈ M +
est une courbe tracée sur M qui joint γ(0) = (x, y, z) ∈ M + à γ(1) = (x0 , y 0 , 0) ∈
M ∩ (z = 0). Cela montre que M est connexe.
2) Lorsque g = 1 et (a1 , b1 ) = (0, 0), la surface M est un tore de révolution,
rencontré à de nombreuses reprises au chapitre 2. La surface n’est pas simplement
connexe car le chemin
ne peuvent pas non plus être déformés sur un point en restant sur M . Il y a g
« trous » dans M .
En voici une approximation graphique lorsque g = 9 :
4.3. VARIÉTÉS 205
Exercice 71.
1) Soit S 2 la sphère unité. Montrer que l’application
f : (x, y, z) ∈ S 2 7→ (−x, −y, −z) ∈ S 2
est un difféomorphisme.
2) Montrer que le paraboloïde P = {(x, y, z) ∈ R3 | z = x2 + y 2 } est
difféomorphe à un plan.
3) On considère dans Rn × Rp la quadrique
Q = {(x, y) ∈ Rn × Rp ; ||x||2 − ||y||2 = 1}.
Montrer que Q est difféomorphe à S n−1 × Rp .
1) L’application f est lisse (restriction d’une application lisse de R3 dans R3 ),
bijective, et d’inverse f −1 = f qui est lisse. C’est donc un difféomorphisme.
2) L’application ϕ : (x, y) ∈ R2 7→ (x, y, x2 + y 2 ) ∈ P est une application lisse,
bijective, dont l’application réciproque est la projection
ϕ−1 : (x, y, z) ∈ P 7→ (x, y) ∈ R2
sur les deux premières coordonnées. C’est une application lisse, donc ϕ est un dif-
féomorphisme.
3) Considérons
p
F : (u, y) ∈ S n−1 × Rp 7→ ( 1 + ||y||2 u, y) ∈ Q.
C’est une application lisse (restriction d’une application lisse de Rn × Rp dans
Rn ×Rp ) qui réalise une bijection de S n−1 ×Rp sur Q, comme on le vérifie aisément.
L’application réciproque
!
−1 x
F : (x, y) ∈ Q 7→ p , y ∈ S n−1 × Rp
1 + ||y||2
est également lisse (restriction d’une application lisse Rn × Rp dans Rn × Rp ). Ceci
montre que Q est difféomorphe à S n−1 × Rp .
206 CHAPITRE 4. CORRECTIONS DES EXERCICES
f : x ∈ S n 7→ xn+1 ∈ R.
Montrer que les points critiques de f sont précisément les pôles Nord et Sud.
On cherche à déterminer les points p ∈ S en lesquels Dp f est identiquement
nulle (une forme linéaire n’est pas surjective si et seulement si elle est nulle).
L’application f est la restriction à S n de F : x ∈ Rn+1 7→ xn+1 ∈ R. La
différentielle de f est donc la restriction à Tp S de la différentielle Dp F . Comme le
gradient de F en p est
∇p F = (0, . . . , 0, 1),
on obtient DFp |Tp S = 0 si et seulement si Tp S est orthogonal au vecteur (0, . . . , 0, 1),
ce qui se produit exactement aux pôles Nord et Sud.
où
λ1 ≥ · · · ≥ λk > 0 > λk+1 ≥ · · · ≥ λn ∈ R∗
Pk µ2i Pn µ2i
|λi |yi + √µi
p
où zi = et c = 1 + i=1 4|λi | − i=k+1 4|λi | .
2 |λi |
4.3. VARIÉTÉS 207
f : x ∈ M 7→ hx, vi ∈ R.
F : x ∈ Rn 7→ hx, vi ∈ R.
2
On identifie Rn et l’ensemble M(n, R) des matrices carrées de taille n, et on
note
Sym(n, R) = {S ∈ M(n, R), t S = S}
l’ensemble des matrices symétriques réelles de taille n : c’est une sous-variété li-
néaire de M(n, R) de dimension n(n + 1)/2. On note In l’identité. Considérons
O(n, R) = f −1 (In ).
est une application (linéaire) surjective puisque son noyau est constitué des matrices
antisymétriques, donc
La variété O(n, R) est fermée (image réciproque d’un fermé par une application
continue) et bornée car si A = [aij ] ∈ O(n, R), alors
n
X
tr(AtA) = a2ij = tr(In ) = n ;
i,j=1
elle est donc compacte. Elle n’est pas connexe car l’application continue
Or DIn f : H ∈ M(n, R) 7→ H +tH ∈ Sym(n, R), donc ker DId f est l’ensemble des
matrices antisymétriques.
4.3. VARIÉTÉS 209
d’où
exp(A + B) = exp A · exp B.
On en déduit que l’exponentielle d’une matrice A est une matrice inversible,
avec exp A · exp(−A) = exp(A − A) = exp 0 = Id donc (exp A)−1 = exp(−A).
On montre de façon similaire que exp(t A) =t exp A et que pour toute matrice
de changement de bases P ∈ GL(n, K), on a
P · exp A · P −1 = exp(P · A · P −1 ).
On peut donc trigonaliser A pour établir
det exp A = exp(trA).
Formes différentielles
Exercice 78. Soit X, Y et Z trois champs de vecteurs. Montrer l’identité
de Jacobi :
[X, [Y, Z]] + [Z, [X, Y ]] + [Y, [Z, X]] = 0.
3
∞
X ∂f
DX : f ∈ C (R , R) 7→3
Xi ∈ C ∞ (R3 , R).
i=1
∂xi
Réciproquement, nous avons montré précédemment que toute dérivation D est asso-
ciée à un champ de vecteurs. On observe que DX ◦DY −DY ◦DX est une dérivation,
et on note [X, Y ] le champ de vecteurs correspondant. Il vient alors
D[X,[Y,Z]] = DX DY DZ − DX DZ DY − DY DZ DX + DZ DY DX ,
D[Z,[X,Y ]] = DZ DX DY − DZ DY DX − DX DY DZ + DY DX DZ ,
D[Y,[Z,X]] = DY DZ DX − DY DX DZ − DZ DX DY + DX DZ DY .
n
X ∂P k
f 0 (λ) = xi (λx) = f (λ).
i=1
∂xi λ
Cette équation différentielle s’intègre en f (λ) = cλk avec c = f (1) = P (x), donc P
est homogène de degré k.
4.3. VARIÉTÉS 211
et
aF + bG = h∇f (p), ϕv ip = Dfp (ϕv ) = fv .
On inverse ce système linéaire de dimension 2 pour obtenir
fu G − fv F fv E − fu F
a= et b = .
EG − F 2 EG − F 2
avec égalité si et seulement si v et ∇f (p) sont colinéaires, i.e. lorsque v = ∇f /||∇f ||.
3) Lorsque ∇f 6= 0 au voisinage de C = {q ∈ S | f (q) = c}, l’application f est
une submersion au voisinage de C, donc C est une courbe régulière. Si γ : I → C
désigne une paramétrisation locale, on a f ◦ γ(t) = c, donc
df ◦ γ
0≡ = Dγ(t) f (γ 0 (t)) = h∇f (γ(t)), γ 0 (t)ip ,
dt
i.e. ∇f est normal à C en tout point de C.
f : p ∈ S 7→ ||p − q|| ∈ R
f : p ∈ S 7→ ||p − q|| ∈ R
où I = (i1 , . . . , in−1 ) avec i1 < · · · < in−1 . Notons que pour tout 1 ≤ i ≤ n,
hi ∧ α = ±aJ h1 ∧ · · · ∧ hn
∂g(x)
dα = dx1 ∧ dx2 ∧ · · · ∧ dxn = f (x)dx1 ∧ dx2 ∧ · · · ∧ dxn = ω.
∂x1
Variétés abstraites
Exercice 91. On considère M = R muni des deux atlas à une seule carte
(R, ϕ1 ) et (R, ϕ2 ) où
ϕ1 : x ∈ R 7→ x ∈ R et ϕ2 : x ∈ R 7→ x3 ∈ R.
ϕ2 ◦ ϕ−1 3
1 : x ∈ R 7→ x ∈ R
ϕ1 ◦ ϕ−1
2 : x ∈ R 7→ x
1/3
∈R
n’est pas différentiable en zéro. Les deux atlas ne sont donc pas compatibles.
2) Pour éviter toute confusion, on note M1 = (R, ϕ1 ) et M2 = (R, ϕ2 ). L’application
f : x ∈ M2 7→ x3 ∈ M1
ϕ1 ◦ f ◦ ϕ−1
2 (x) = ϕ1 ◦ f (x
1/3
) = ϕ1 (x) = x
et
ϕ2 ◦ f −1 ◦ ϕ−1
1 (x) = ϕ2 ◦ f
−1
(x) = ϕ2 (x1/3 ) = x.
Il s’ensuit que f et f −1 sont différentiables, donc M1 et M2 sont difféomorphes.
f : B ⊂ Rd → U ⊂ Rn
2) L’application F : x ∈ R 7→ 2x ∈ R vérifie
Elle envoie donc tout représentant de x sur un représentant de F (x), ce qui permet
de définir une unique application f : x ∈ M 7→ F (x) ∈ M telle que f ◦ π = π ◦ F .
Pour vérifier que f est lisse, il faut vérifier que les applications ϕi ◦ f ◦ ϕ−1
j sont
lisses pour chaque carte (ϕi , Ui ) de M . L’atlas considéré ici a deux cartes, il s’agit
donc de vérifier que les quatre applications ϕ ◦ f ◦ ϕ−1 , ψ ◦ f ◦ ϕ−1 , ϕ ◦ f ◦ ψ −1 et
ψ ◦ f ◦ ψ −1 sont lisses. C’est le cas car chacune de ces applications est affine : on
obtient
si x ∈]0, 12 [
2x
ϕ ◦ f ◦ ϕ−1 : x ∈]0, 1[7→
2x − 1 si x ∈] 21 , 1[
et
x ∈]0, 14 [
2x + 1 si
−1
ψ◦f ◦ϕ : x ∈]0, 1[7→ 2x si x ∈] 14 , 34 [
2x − 1 si x ∈] 34 , 1[
Exercice 94.
1) Montrer que le produit de deux variétés différentiables est une variété
différentiable, de dimension la somme des dimensions.
2) Montrer que le tore Rn /Zn admet une structure différentiable qui en
fait une variété différentielle compacte, difféomorphe à (S 1 )n = S 1 ×· · ·×S 1 .
1) Si {(ϕ, U )} est un atlas différentiable d’une variété M de dimension m et {p, V )}
un atlas différentiable d’une variété N de dimension n, alors les ouverts produit
U × V forment un recouvrement du produit M × N , et les applications
L’intersection U ∩V est égale à l’ouvert W = π(]0, 1/2[∪]1/2, 1[) = π(]1/2, 1[∪]1, 3/2[)
et les changements de cartes sont des difféomophismes (affines par morceaux). On
vérifie par exemple que
x si x ∈]1/2, 1[
ψ ◦ ϕ−1 : x ∈]0, 1/2[∪]1/2, 1[7→ ∈]1/2, 1[∪]1, 3/2[.
x + 1 si x ∈]0, 1/2[
f : [1 : x1 : · · · : xn ] ∈ U0 ' Rn 7→ P (1, x1 , . . . , xn ) ∈ R.
Exercice 97.
1) Montrer que P2 (R), l’ensemble des droites de R3 qui passent par l’ori-
gine, admet une structure de variété réelle compacte de dimension deux.
2) Montrer que l’application
Deux vecteurs directeurs d’une même droite sont équivalents pour la relation d’équi-
valence « multiplication par un réel non nul ». On note
deux vecteurs directeurs sont opposés ; ils montrent que l’on peut également identi-
fier P2 (R) et le quotient de S 2 par le groupe fini à deux éléments. Par conséquent,
P2 (R) est compacte.
On définit un atlas différentiel en recouvrant P2 (R) par les trois cartes (Ui , ϕi ),
Ui = {[x] ∈ P2 (R) | xi 6= 0}
où 0 ≤ i ≤ 2, et
ϕ0 : [x] ∈ U0 7→ (x1 /x0 , x2 /x0 ) ∈ R2 ,
On vérifie que les fonctions de transition ϕi ◦ ϕ−1 j sont lisses (là où elles sont
définies). Par symétrie, il suffit de traiter le cas de i = 1 et j = 0. On observe que
ϕ−1 2 −1
0 : (y1 , y2 ) ∈ R 7→ [1 : y1 : y2 ] ∈ U0 et ϕ0 (y1 , y2 ) = [1 : y1 : y2 ] = [1/y1 : 1 : y2 /y1 ]
si y1 6= 0, i.e. si ϕ−1
0 (y1 , y2 ) ∈ U0 ∩ U1 . Ainsi,
ϕ1 ◦ ϕ−1 ∗ ∗
0 : (y1 , y2 ) ∈ R × R 7→ (1/y1 , y2 /y1 ) ∈ R × R
z(1 − y 2 + z 2 ) 1 + z2 − y2 2y(1 − z 2 )
2 2 2 −1 −2yz
[1+y +z ] Df ◦ϕ0 (y, z) = .
y(1 + y 2 − z 2 ) 1 + y 2 − z 2 −2yz 2z(2 + y 2 )
On vérifie enfin que cette matrice est bien de rang 2 en tout point, ce qui assure
que f est une immersion lisse (sur l’ouvert U0 , les autres ouverts se traitent de
façon similaire).
Il reste à s’assurer que f est injective. Soit [x : y : z] et [a : b : c] deux points de
P2 (R) tels que f [x : y : z] = f [a : b : c]. On peut supposer, sans perte de généralité,
que x2 + y 2 + z 2 = a2 + b2 + c2 = 1. Il vient donc
On en déduit que soit (x, y, z) = (a, b, c), soit (x, y, z) = −(a, b, c). Dans les deux
cas, [x : y : z] = [a : b : c], donc f est injective.
4.3. VARIÉTÉS 221
az + b
f (z) = Φ ◦ ψ −1 (z) =
cz + d
est une homographie qui vérifie
• f (0) = 0 donc b = 0 ;
• f (∞) = ∞ donc c = 0 ;
• f (1) = 1 donc a/c = 1.
Il s’ensuit que f = Id, donc ψ = Φ.
3) On note τd (z) = z+d la translation de d ∈ C, j(z) = 1/z l’inversion, et δa (z) = az
la dilatation par a ∈ C.
Soit f (z) = (az + b)/(cz + d) une homographie. Si c = 0, alors f (z) = ad z + db =
a z + b0 = τb0 ◦ δa0 (z). Si c 6= 0, alors on décompose
0
a0 z + b0 0 b0 − a0 d0
f (z) = = a + = τa0 ◦ δb0 −a0 d0 ◦ j ◦ τd0 (z).
z + d0 z + d0
222 CHAPITRE 4. CORRECTIONS DES EXERCICES
λ|z|2 + µz + µz + δ = 0
a0 z + b0 0 b0 − a0 d0
f (z) = = a + = τa0 ◦ δb0 −a0 d0 ◦ j ◦ τd0 (z).
z + d0 z + d0
λ|z|2 + µz + µz + δ = 0
Exercice 100. Soit D ⊂ C le disque unité. Montrer que le groupe des biho-
lomorphismes de D est
iθ z − a
Aut(D) = z 7→ e ; a ∈ D and θ ∈ [0, 2π] ' D × S 1 .
1 − az
Soit a ∈ D. Considérons
z−a
ga (z) = .
1 − az
4.3. VARIÉTÉS 223
qui converge effectivement dès que p > 2. On obtient ainsi une fonction méromorphe
avec des pôles d’ordre p en chaque point du réseau.
2) La série étant invariante par changement de couples d’indices dans Z2 , le groupe
des périodes contient Λ. Elle induit donc une fonction méromorphe sur le quotient
X = C/Λ. Il reste enfin à réaliser que les fonctions méromorphes f : X → C sont
exactement les fonctions holomorphes de X vers la sphère de Riemann P1 .
224 CHAPITRE 4. CORRECTIONS DES EXERCICES
et
car
z si z = a + ib avec a ∈]1/2, 1[ et b ∈]1/2, 1[
z + 1 si z = a + ib avec a ∈]0, 1/2[ et b ∈]1/2, 1[
ψ ◦ ϕ−1 (z) =
z + i si z = a + ib avec a ∈]1/2, 1[ et b ∈]0, 1/2[
z+1+i si z = a + ib avec a ∈]0, 1/2[ et b ∈]0, 1/2[
est holomorphe sur chacune des quatre composantes connexes de l’ouvert Ω ∩ ϕ(U ∩
U 0 ). Il en va de même pour le second changement de carte (i.e. ϕ ◦ ψ −1 est holo-
morphe dans Ω0 ∩ ψ(U ∩ U 0 )), l’atlas considéré est donc un atlas holomorphe.
On vérifie enfin que les applications ψ ◦ f ◦ ψ −1 , ψ ◦ f ◦ ϕ−1 , ϕ ◦ f ◦ ψ −1 et
ϕ ◦ f ◦ ϕ−1 sont toutes holomorphes, ce qui assure que f : X → X est holomorphe.
2) La multiplication par a = k ∈ Z∗ convient toujours (et c’est la seule pour un
réseau générique). Lorsque Γ = Z[i], on peut également prendre a = i ; lorsque
Γ = Z[j], on peut également prendre a = j ou a = j 2 = j.
Bibliographie
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Géométrie.
L3-M1, EDP Sciences (2006).
[BerGos] M. Berger et B. Gostiaux.
Géométrie différentielle : variétés, courbes et surfaces.
P.U.F. (1987).
[DoCarmo] M. DoCarmo.
Differential Geometry of curves and surfaces.
Prentice Hall (1976).
[Lafontaine] J. Lafontaine.
Introduction aux variétés différentielles.
Grenoble Sciences (2010).
[Milnor] J. Milnor.
Morse theory.
University press, Princeton (1963).
[Rouvière] F. Rouvière
Petit guide de calcul différentiel.
Cassini (2014), 4ème édition.
[Sossinsky] A. Sossinsky
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Éditions du Seuil, Paris (1997).
[Spivak] M. Spivak
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Publish or Perish Inc (1979).
[Warner] F. Warner
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Index
226
INDEX 227