DPG CM Fiche
DPG CM Fiche
DPG CM Fiche
florian.chassinat@univorleans.fr
Conseiller de stage pour la L2
B. L’ancien droit
Dès le Moyen Âge, la répression revient à la puissance publique. La justice doit être rendue par la
communauté donc à partir de ce moment, la sanction est une réaction sociale. Elle est exécutée au
nom de l’État. Pour bien faire les choses, on recrute des fonctionnaires spéciaux : les bourreaux.
La victime prend une place tout à fait subsidiaire. Elle doit demander justice à l’État pour qu’on
l’entende et c’est donc à partir du Moyen Âge que les grands traits de notre droit pénal européen se
dessinent. Les règles applicables en matière répressive sont des règles très hétérogènes car il y a une
grande diversité des sources : édits royaux, coutumes locales qui peuvent être divergentes, droit ca-
nonique, droit ecclésiastique et droit parlementaire. Ceci étant, l’unité progressera par l’élaboration
de grands principes inspirés du droit romain et des règles coutumières.
La première tentative de codification est une tentative sur la procédure criminelle qui intervient
avec l’ordonnance de 1670. Muyard de Rouglans et Jousse, entre autres, vont essayer de rationaliser
la matière à travers les traités mais cela demeure insuffisant. Le châtiment corporel, la pratique hu-
miliante et la peine restrictive de liberté continuent d’être appliquées. Il n’y a pas de peine de pri-
son. Les cachots servent à maintenir essentiellement les personnes à disposition de la justice. Le roi
dispose de moyens arbitraires comme les lettres de cachets, il peut influer sur le déroulement du
procès et ce pouvoir du roi est essentiellement revendiqué sur un fondement religieux et sacré.
Ce qui caractérise cette époque est que le principe d’égalité devant la justice pénale est inexistant et
la répression dépend essentiellement de la condition des personnes. Cette dimension très monar-
chique de la répression criminelle a été très critiquée et de ces mécontentements sont nés les grands
principes du droit pénal.
Très rapidement, la France va entrer dans une période de cohabitation de 1986 à 1988 et le nouveau
ministre de la justice en 1986 prône un retour à la fermeté suite à l’attentat de 1985 dans le métro de
Paris. En 1988, de nouveaux changements politiques ont lieu. Le garde des Sceaux va conférer da-
vantage de pouvoirs aux magistrats car il veut que l’arsenal répressif soit plus malléable. L’idée est
d’endiguer la surpopulation carcérale. En 1988, la correctionnalisation ou la contraventionnalisation
est instaurée. Malgré tout, le Code pénal est vieux et est agité par un mouvement de balancier poli-
tique donc les législateurs successifs sont préoccupés par l’impératif de le modifier dans son en-
semble.
1993 = entrée en vigueur du nouveau Code pénal
A partir du 1er janvier 1994, toutes les dispositions du Code de 1810 vont être abrogées. Ce code
dispose d’une partie législative, d’une partie réglementaire et de deux circulaires qui les expliquent.
L’idée est de faire des articles plus simples, plus précis et avec une numérotation simple. Quant au
fond, il y a quelques nouveautés :
- la responsabilité pénale des personnes morales ne se confond pas nécessairement avec celle des
personnes physiques
- est sanctionné le risque à autrui
Le Code pénal demeure assez classique et conserve la structure tri-partîtes des infractions. Il
consacre un bon nombre de jurisprudence. Politiquement, c’est un texte de compromis obtenu par
une assemblée nationale à gauche et un Sénat à droite. Le Sénat a fait de l’abstention positive. De-
puis 1994, le texte a changé de manière frénétique et le droit pénal est sans cesse influencé par l’ac-
tualité. Les textes sur les infractions non-intentionnelles ont été largement modifiées. La loi a rompu
avec la séculaire identité entre la faute civile et la faute pénale.
La tentative de crime est toujours réprimée, celle de délit n’est réprimée que lorsque le texte le pré-
cise et la tentative de contravention n’est jamais réprimée.
Aussi, la légitime défense des biens n’est admissible que si l’acte de défense est accompli pour ac-
complir un crime ou un délit.
- incidence sur le régime des peines :
→ les peines d’amendes contraventionnelles peuvent se cumuler (exception au principe de non cu-
mul des peines)
→ l’aggravation de la peine en état de récidive est érigée en principe dans le cadre des
crimes et délits mais elle n’est envisageable que si un texte le prévoit pour les contraventions et le
délai de prescription de la peine varie selon la classification
2. La relativité de la classification
La classification n’a rien d’impératif et n’a rien d’absolu et on peut changer la catégorie d’une in-
fraction :
- criminalisation ou décriminalisation
- correctionnalisation ou contraventionnalisation
Le mécanisme de correctionnalisation est le mécanisme le plus souvent utilisé qui, en général, est
un mécanisme légal donc, les autorités vont classer l’incrimination dans la catégorie des délits.
La correctionnalisation peut être aussi judiciaire et donc les autorités (ministère public, juge d’ins-
truction) retiennent volontairement une classification en délit ou correctionnelle en déformant des
faits qui pourraient normalement être qualifiées de crimes. Par exemple, au moment de déférer, on
ne va pas prendre en compte une situation aggravante. On ne va pas prendre en compte que l’infrac-
tion a été commise avec préméditation ou en réunion. On ne prend pas en compte un élément
constitutif du crime. Cette pratique est à priori est contra legem car en principe, on doit retenir
quand on qualifie, la plus haute qualification pénale.
Cependant, la loi du 9 mars 2004 a légitimé la correctionnalisation judiciaire dans un cas spécifique
qui est l’art. 469 al. 4 du Code de procédure pénale.
article 469 al. 4 du Code de procédure pénale =
« Lorsqu’il est saisi par le renvoi ordonné par le juge d’instruction ou la chambre de l’instruction,
le tribunal correctionnel ne peut pas faire application d’office ou à la demande des parties, des dis-
positions de l’al. 1, si la victime était constituée partie civile et était assistée d’un avocat lorsque ce
renvoi a été ordonné [...] »
Donc, la partie civile qui a accepté la correctionnalisation au stade de l’instruction ne pourra plus
revenir sur cette décision par la suite devant le tribunal correctionnel.
« Le tribunal correctionnel saisi de poursuites exercées pour un délit non intentionnel conserve la
possibilité de renvoyer le ministère public à se pourvoir s’il résulte des débats que les faits sont de
nature à entraîner une peine criminelle parce qu’ils ont été commis de façon intentionnelle. »
B. L’exception au principe
La loi nouvelle, relative aux procédures d’exécution ou d’application des peines et qui rendent plus
sévères les peines prononcées, ne s’applique qu’aux condamnations prononcées après son entrée en
vigueur à l’art. 112 – 2.
Section 3. La qualification
Selon les auteurs, différents mots sont employés donc le champ lexical diffère. L’opération de qua-
lification soulève une difficulté qui est liée à la détermination de la loi pénale appliquée aux faits :
c’est la détermination de l’incrimination. Ainsi, des faits uniques peuvent se voir appliqués avec
plusieurs qualifications (ex = viol, atteinte à la pudeur). On peut alors émettre deux constats :
- le juge dispose d’une liberté quant aux choix de la qualification
- cette liberté le conduit à développer des jurisprudences pour trancher les conflits de qualification
I. L’infraction consommée
L’infraction pénale est consommée lorsque l’acte prohibé a été réalisé de manière irréversible. Elle
suppose, en principe, un comportement, un résultat et souvent, mais pas toujours, d’un lien de cau-
salité entre le comportement et le résultat.
A. La tentative suspendue
Concernant la tentative suspendue, il y a une difficulté juridique fondamentale.
A partir de quel moment l’agent est-il considéré comme suffisamment engagé dans la voie délic-
tueuse pour tomber sous le coup de la loi pénale ?
1. Le commencement d’exécution
Une infraction est souvent le fruit d’un processus criminel qui peut être décomposé en # stades et
c’est dans ces stades que l’on va identifier le commencement d’exécution :
-la résolution criminelle = idée de l’infraction et désir de la commettre
- les actes préparatoires = se concrétise par des éléments extérieurs qui n’ont pas à priori de rela-
tion directe avec la consommation de l’infraction
→ préparation de l’infraction
- le commencement d’exécution = passage à l’acte où l’agent met à exécution son projet criminel
→ la tentative devient punissable
Il faut approfondir la distinction entre les actes préparatoires et le commencement d’exécution pour
savoir à partir de quel moment le droit pénal peut permettre la répression pénale de l’agent. Plu-
sieurs thèses s’opposent :
>la thèse objective = définit le commencement d’exécution d’un point de vue
strictement matériel. Dans cette perspective, pour qu’il y ait incrimination sous l’angle
de la tentative, il faut que soit réalisé un acte faisant partie de l’infraction
(élément constitutif, circonstance aggravante)
>la thèse subjective = s’attache à l’état d’esprit de l’individu et non à ses actes extérieurs et on
va considérer qu’il y aura tentative à partir du moment où l’agent aura la volonté irrévocable de
commettre l’infraction.
Comment prouver qu’une résolution criminelle est irrévocable ?
Il faut une voie médiane entre la thèse objective et la thèse subjective.
Il y a une thèse mixte parce qu’elle va opérer une distinction entre des actes :
- équivoques - univoques
Les actes préparatoires sont des actes équivoques car ils sont susceptibles de plusieurs interpréta-
tions. Le commencement d’exécution ne pourra être qualifié qu’à partir du moment où l’acte sera
univoque et ne pourra s’expliquer que par l’intention de son auteur de commettre une infraction.
Cass., chamb. crim., 1er mai 1979 = la qualif° de commencement d’exécution est une question de
droit qui relève du pouvoir d’interprétation de la Cass
Dans l’affaire des magasins du Louvre, il y a connaissance du déroulé de l’infraction avec un
risque pour la vie des personnes s’y trouvant. La police peut intervenir en flagrant délit ou avant.
Elle le fait avant.
Dans cette hypothèse, la C.Cass va considérer que les actes tendant directement à la consommation
de l’infraction sont des actes univoques et qu’il convient de les réprimer. Elle va retenir des critères
qui concernent l’acte qui tend directement et immédiatement à la réalisation de l’infraction projetée.
Il y a une proximité dans l’espace entre l’acte de l’exécution et le résultat matériel probable. Il y a
donc une proximité dans le temps qui permet de déduire la volonté irrévocable de l’agent d’aller
jusqu’au bout, cad on considère que l’abandon du projet criminel est impossible. Donc on est face à
une infraction projetée pour laquelle l’auteur a pris la décision définitive de la réaliser. En d’autres
termes, l’intention coupable de l’auteur de l’infraction tentée se déduit du lien direct et immédiat
entre le commencement d’exécution et la consommation de l’infraction.
L’évolution de la JP peut parfois démontrer que le lien objectif entre l’acte et l’infraction projeté est
de moins en moins marqué. C’est le cas en matière d’escroquerie à l’assurance. Originellement, la
tentative d’escroquerie à l’assurance était très rarement retenue. Aujourd’hui, pour des faits simi-
laires, on considérera que dès lors que des expertises sont demandées, il y a tentative d’escroquerie.
La personne du délinquant peut être prise en compte dans la qualification. Si l’on se place à l’égard
d’un primo-délinquant, si la personne est récidiviste, les actes préparatoires seront qualifiés de com-
mencement d’exécution.
a. La nature du désistement
L’appréciation de ce caractère volontaire ou involontaire du désistement est fondamental. Il permet
de distinguer l’intention coupable de l’auteur de l’acte. Cette appréciation dépend des circonstances
au cours desquelles l’exécution de l’infraction est interrompue.
On va considérer qu’il y a désistement involontaire lorsque les évènements qui obligent l’auteur de
l’acte à renoncer à son entreprise sont totalement extérieurs à sa volonté. Ces évènements doivent
avoir pour conséquence directe l’interruption du méfait. En d’autres termes, si l’agent n’avait pas
été empêché, il serait allé jusqu’au bout de son acte et l’infraction aurait été consommée.
Au contraire, on va considérer qu’il y a désistement volontaire lorsque l’agent se désiste de son
propre chef, sans aucune influence extérieure. C’est comme si le délinquant prenait conscience de la
gravité de ses actes et se rétractait avant d’aller jusqu’au bout ; c’est une rétractation volontaire
donc la tentative n’est pas retenue et l’agent est exonéré de toute responsabilité.
b. Le moment du désistement
Le désistement de l’agent doit nécessairement intervenir avant l’exécution totale de l’infraction. S’il
intervient après, on l’envisagera sous l’angle du repentir. Le repentir peut être actif ou tardif.
Lorsqu’il y a repentir, l’infraction ne disparaît pas et a bien été réalisée et la qualification s’appli-
quera. En revanche, le repentir peut avoir une incidence dans la sanction dans la mesure où le juge
peut le prendre en considération. Dans la mesure où l’auteur tente de réparer les conséquences de
son acte, le juge peut travailler sur le quantum de la peine dans le cadre de l’individualisation de la
sanction. Parfois, un véritable repentir peut avoir une incidence sur l’action publique.
B. La tentative infructueuse
Il existe des hypothèses dans lesquelles le processus infractionnel a été mené à son terme mais l’in-
fraction pénale n’a pas été consommée parce qu’elle a échoué ou parce qu’elle était impossible à
réaliser parce que :
- l’infraction est ratée
- l’infraction ne peut pas être réalisée
1. L’infraction ratée
L’infraction ratée suppose deux éléments :
- des actes d’exécution = dans l’infraction manquée le processus est allé jusqu’à son terme mais le
résultat est infructueux → on est très proche de l’infraction consommée
- si l’infraction n’est pas réalisée, c’est en raison de circonstances qui sont indépendantes de la vo-
lonté de l’agent → c’est la responsabilité pénale par l’intermédiaire de la tentative
2. L’infraction impossible
La non réalisation d’infraction ne résulte pas d’un échec. L’infraction était impossible, soit que les
moyens n’étaient pas appropriés, soit que c’était impossible. Par exemple, le meurtre d’une per-
sonne déjà morte → pas un meurtre mais une tentative de meurtre. La jurisprudence considère que
la dangerosité de la personne justifie les poursuites.
Cass., chamb. crim., 4 janvier 1895 = condamnation de voleurs d’une poche vide → tentative de vol
I. La faute intentionnelle
Pas de crime, pas de délit sans intention de le commettre. Sauf texte contraire, il est nécessaire de
prouver une intention coupable et le ministère public doit approuver la preuve de l’intention. Il faut
d’abord travailler sur la notion d’intention et la distinguer des mobiles, tout en sachant que les mo-
biles sont indifférents.
A. L’intention coupable
L’intention est la manifestation de la volonté d’atteindre un certain but, but en droit pénal qui est
contraire à la paix sociale. La faute intentionnelle suppose que l’auteur de l’acte ait voulu le com-
mettre en vue d’atteindre certaines conséquences dommageables.
Le dol =faute pénale intentionnelle définit comme la volonté de commettre un acte que l’on sait in-
terdit donc il y a une intention de violer la loi pénale. Cette intention suppose toujours chez
l’agent la conscience du caractère répréhensible de ses actes : c’est un dol général. Celui-ci est
le plus petit dénominateur commun de tous les dols. Dans toutes les infractions intentionnelles, on
retrouve au minimum un dol général. C’est à la fois la connaissance de ce qui est interdit et la vo-
lonté de transgresser l’interdit malgré tout.
Toutefois, le législateur va exiger assez souvent que l’infraction soit constituée d’autre chose et la
qualification de cette autre condition va varier selon les auteurs. Pour certains auteurs, il faut que le
délinquant ait recherché un résultat déterminé.
Pour d’autres, au contraire, c’est une donnée psychologique supplémentaire qui s’ajoute au dol
général. Dans tous les cas, cette autre chose est un dol spécial.
Pour certaines infractions, on exige en outre un dol spécial. Dans le dol spécial, on va rechercher un
but à l’accomplissement de l’acte. C’est plus compliqué pour le ministère public de démontrer un
dol spécial car il doit apporter la preuve de cet élément supplémentaire.
On va rencontrer en doctrine d’autres catégories de dol :
- le dol indéterminé cad qd l’agent commet un acte délictueux afin d’atteindre un certain nombre de
conséquences G. En son action, on va pouvoir déboucher sur un résultat qui n’est pas souhaité. Par
exemple, coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Le code
estime que l’on peut punir l’agent en raison du résultat obtenu.
- le dol praeter intentionnel crée une situation qui n’est pas celle qui avait été prévue et qui porte at-
teinte à un intérêt distinct de celui que l’on voulait véritablement léser, l’infraction va au-delà de
l’intention initiale. Parfois, on peut considérer que l’infraction, qui à l’origine n’était pas souhaitée,
soit une infraction volontaire.
A. L’auteur de l’infraction
article 121 – 4 = « Est auteur de l'infraction la personne qui :
1° Commet les faits incriminés ;
2° Tente de commettre un crime ou, dans les cas prévus par la loi, un délit. »
L’auteur peut avoir agi seul ou en bande. De ce fait, on peut être amené à distinguer l’auteur et les
co-auteurs. Lorsque l’on envisage la RP du fait d’autrui, on envisage les personnes morales, ainsi
que les chefs d’entreprise.
1. L’auteur
En droit pénal, l’auteur principal d’une infraction est celui qui accomplit à titre personnel les actes
matériels constitutifs de l’infraction. L’auteur matériel de l’infraction est pénalement resp, même
s’il n’est pas l’instigateur du projet criminel.
L’instigateur n’est pas un auteur mais un complice car il ne réalise pas matériellement les faits.
2. Les co-auteurs
La co-action n’est pas définie par le Code pénal mais est la juxtaposition de plusieurs actions soli-
daires. On va considérer que le co-auteur s’identifie à un auteur car il participe en personne à la réa-
lisation de l’infraction ou certain de ses éléments constitutifs. Lorsque plusieurs personnes parti-
cipent à une même infraction, il y a co-action.
Chaque co-auteur est envisagé isolement donc sa RP est propre et elle est évaluée en considération
des actes qu’il a personnellement commis donc on ne va pas évaluer l’ensemble des actes commis
par l’ensemble des co-auteurs. On va prendre en considération les actes commis par l’un des co-au-
teurs et on doit le faire au titre du principe de resp personnelle. Cela signifie que la peine prononcée
par un co-auteur est totalement indépendante des peines retenues à l’ensemble des autres co-auteurs.
La resp du co-auteur est distincte de la responsabilité du complice. Le co-auteur exécute personnel-
lement et effectivement les ou l’un des éléments constitutifs de l’infraction ce qui n’est pas le cas du
complice car ce dernier apporte son aide à l’infraction. Donc, un même individu ne peut pas à la
fois être co-auteur et complice d’une infraction. La co-action sera considérée comme une action
concertée : les co-auteurs partagent des intérêts communs et n’ont pas une criminalité propre. L’élé-
ment moral est analogue donc on peut considérer que matérialité et intentionnalité sont partagées
par les co-auteurs.
Le complice, quant à lui, a son action dissociable. En effet, il n’est pas animé par le même objectif
car il aide, le soutient, voire encourage l’auteur principal.
La distinction entre la co-action et la complicité n’est pas nette car la jurisprudence a considérable-
ment brouillé la distinction entre les deux au point que l’on a beaucoup de mal à distinguer entre les
deux. Cette complexité nous provient de :
Cass., chamb. crim., 9 mai 1948 = Tout co-auteur aide nécessairement l’autre et peut, par la force
des choses, être considéré comme complice »
Cette théorie de la complicité co-respective qui fusionne la notion de co-auteur et de complice avait
sa pertinence dans l’ancien Code pénal parce que l’ancien Code pénal pouvait, en raison de sa for-
mulation, présenter un caractère soit extrêmement redoutable à l’égard de la personne poursuivie,
soit particulièrement bienveillant.
L’ancien Code pénal définissait un emprunt de pénalité qui signifie que le complice était réprimé
comme s’il était lui-même l’auteur de l’infraction, sans tenir compte de ce qu’il avait véritablement
fait.
article 121 – 6 = « Sera puni comme auteur le complice de l'infraction, au sens de
l'article 121-7 = « Est également complice la personne qui par don, promesse, menace,
ordre, abus d'autorité ou de pouvoir aura provoqué à une infraction ou
donné des instructions pour la commettre. »
Aujourd’hui, l’art. 121 – 6 s’applique et le complice est puni comme s’il était auteur de l’infraction
donc on a anéanti l’emprunt de pénalité. Cela rend bien moins intéressant l’assimilation. Dans cer-
tains cas, l’auteur et le complice seront placés sur un pied d’égalité.
En ce qui concerne la répression de la co-action, il semblerait que chaque co-auteur peut être tenu
personnellement responsable de l’infraction, cad qu’on recherchera les éléments constitutifs de l’in-
fraction sur chaque participant à l’acte. Ensuite, chacun des co-auteurs pourra bénéficier d’éléments
tendant à limiter ou à renforcer sa resp. Parfois, c’est le législateur contemporain qui confond les
deux mécanismes. Ainsi, la loi du 9 septembre 2002 met sur un même plan les mineurs auteurs ou
complices d’infractions commises par un majeur.
B. Le complice de l’infraction
article 121 – 6 = « Sera puni comme auteur le complice de l'infraction, au sens de
l'article 121-7. »
article 121 – 7 = « Est également complice la personne qui par don, promesse, menace,
ordre, abus d'autorité ou de pouvoir aura provoqué à une infraction ou
donné des instructions pour la commettre. »
Le complice est un agent qui n’a pas commis les éléments matériels et intellectuels de l’infraction
tels que définis par la loi ou le règlement. Le complice a participé à cette infraction sous certaines
conditions : il a contribué à la commission de celle-ci.
En d’autres termes, lorsque le participant à une action collective ne réalise pas lui-même les élé-
ments constitutifs de l’infraction mais qu’il s’y associe volontairement dans les termes prévus par la
loi et qu’il n’est pas puni comme participant autonome, il est complice. Il participe à l’infraction
mais ne réalise pas les éléments constitutifs de celle-ci.
On estime que le rôle du complice est un rôle secondaire ce qui est vrai la plupart du temps. Parfois,
le complice est le véritable cerveau de l’affaire et celui sans qui l’infraction ne serait pas puisque le
complice peut être l’inspirateur et l’instigateur de l’infraction.
b. L’acte de complicité
* la complicité par aide ou assistance
article 121 – 7 = « Est complice d'un crime ou d'un délit la personne qui sciemment, par aide ou as-
sistance, en a facilité la préparation ou la consommation.
Est également complice la personne qui par don, promesse, menace, ordre, abus d'autorité ou de
pouvoir aura provoqué à une infraction ou donné des instructions pour la commettre. »
L’élément matériel qui va concrétiser l’acte de complicité peut prendre deux formes # :
- l’aide
- l’assistance
Tout d’abord, pour qu’il y ait complicité par aide ou assistance, il faut que cette complicité soit pré-
liminaire à l’infraction donc elle doit précéder l’infraction principale ou elle doit être contemporaine
des faits.
On peut admettre une complicité postérieure qui résulte d’un accord antérieur, c’est-à-dire si avant
la commission de l’infraction, on s’entend sur une assistance qui interviendrait après la commission
de l’infraction. C’est la preuve de l’accord qui va faire preuve de la complicité. La loi incrimine de
manière autonome des attitudes de facilitation postérieures à l’infraction. C’est le cas du recel de
choses qui va permettre de profiter en connaissance de cause du produit d’un crime ou d’un délit se-
lon les art. 321 – 1 et s.
La complicité doit se traduire par un acte positif dans la préparation ou la réalisation de l’in-
fraction. Le plus souvent, l’acte de complicité va consister en la fourniture de moyens. Le fait d’en-
courager une infraction peut suffire pour être considéré comme un acte de complicité. En principe,
on ne peut pas assimiler à une complicité par aide ou assistance une abstention, c’est-à-dire
que le fait de s’abstenir face à la commission d’une infraction n’est pas de la complicité.
Le spectateur passif d’une infraction peut être pénalement responsable sur le fondement d’une in-
fraction autonome qui est une infraction de non assistance à personne en péril selon l’art. 223 – 6.
La complicité pourra néanmoins être retenue si l’abstention révèle une collusion punissable, c’est-à-
dire si le complice avait le pouvoir de s’opposer à l’infraction mais qui l’a volontairement laissé se
produire. Il existe plusieurs cas :
- l’abstention suite à un accord antérieur avec l’auteur
- la non exécution d’un devoir professionnel = face à une abstention qui peut consister en une collu-
sion (un infraction qui n’empêche pas une infraction lorsqu’il sait qu’elle va se commettre)
Lorsqu’il existe une présence inactive au sein d’un groupe d’agresseurs donc lorsqu’il y a une
agression et les personnes en connivence avec les auteurs regardent. Parfois, le législateur prévoit
de qualifier de manière autonome ces actes de présence. Ainsi, avec la loi du 5 mai 2007, le happy
slapping a été condamné et qui consiste en le fait d’enregistrer des images relatives à la commission
de violence, de viol ou d’agression sexuelle selon l’art. 232 – 33 – 3.
- le fait de complicité doit être accompli en connaissance de cause = chez le complice, on doit
identifier un élément intentionnel. Il faut parvenir à démontrer que le complice avait l’intention de
contribuer à une infraction ou plus exactement, à l’infraction principale punissable. Cela signifie
que le complice doit être conscient du fait que son geste participe à la réalisation du méfait par son
auteur principal
Par exemple, M. Papon est poursuivi pour complicité de crime contre l’humanité. Il refuse une loi
pénale de procédure qui a conduit la France à la condamnation. La Cour de cassation a rejeté le
pourvoi de M. Papon et la France a été poursuivie pour violation des droits de l’homme.
Il faut avoir connaissance du caractère illégal de l’acte auquel on apporte son concours. En principe,
le complice ne peut se voir imputer que les infractions qu’il a prévus ou qu’il a pu prévoir. Cela
nous conduit à un constat : on ne peut pas envisager la complicité d’infraction d’imprudence. En re-
vanche, l’acte de complicité en lui-même peut être licite mais ce n’est pas pour autant qu’il n’est
pas punissable. L’intention que l’on recherche chez le complice se distingue de l’intention crimi-
nelle qui est identifiée chez l’auteur principal. La complicité génère une intention criminelle spéci-
fique propre à la personne du complice. La faute du complice est une faute intentionnelle et c’est
l’intention de s’associer à un projet criminel.
* la complicité par instigation
La complicité par instigation est une forme de complicité fondamentalement différente car elle va
conduire à s’interroger sur le rôle de l’auteur moral de l’infraction. Il ne réalise pas matériellement
l’infraction mais la fait commettre ou la laisse commettre. C’est l’instigateur donc celui sans qui
l’infraction ne se réalise pas. Parfois, l’instigation est réprimée à titre autonome :
- le fait de faire pratiquer une recherche bio-médicale est de la complicité en instigation érigée en
infraction selon l’art. 223 – 8
- le fait de faire procéder à un traitement illicite de donnés informatiques est encore une instigation
érigée en infraction autonome selon l’art. 226 – 16
- le fait de faire pratiquer un démarchage à domicile est une instigation érigée en infraction auto-
nome L. 121 – 1 du Code de la consommation
Parfois, à titre autonome, le législateur sanctionne l’instigation.
En-dehors de ces cas, pour capturer l’instigateur, il faut en passer par la complicité. Pour qu’il y ait
complicité, il faut identifier une infraction principale punissable. Si l’instigation est privée d’effets,
il n’y a pas de complicité. Ainsi, pour les besoins de la répression, le juge va parfois qualifier l’ins-
tigateur d’auteur et on arrive à des solutions jurisprudentielles qui sont parfois extrêmement contes-
tables.
L’assimilation de l’instigateur à un complice résulte de l’art. 121 – 7 qui considère comme com-
plice la personne qui par don menace abus d’autorité ou de pouvoir aura provoqué une infraction ou
donné des instructions pour la commettre. Cette assimilation de l’instigation à la complicité suppose
que l’infraction principale soit tentée ou réalisée. L’instigation risque donc de ne pas être réprimée.
Parfois, pour les besoins de la répression, le juge peut s’affranchir des règles classiques du droit pé-
nal. Ainsi, il lui arrive de condamner un instigateur alors même que l’auteur principal a été relaxé
pour défaut d’intention. Le juge outrepasse donc les règles du droit pénal. Parfois, le juge considère
que celui qui a fait commettre l’infraction doit être assimilé à un auteur matériel en raison de son
emprise sur les faits et de son intention coupable. Le juge transforme alors parfois le complice en
co-auteur. Ce faisant, le juge fait primer l’intention coupable sur la participation matérielle. Cette
assimilation est trouvée dans le cadre d’infractions sollicitée par un supérieur hiérarchique. Dès que
l’instigateur exerce un pouvoir de direction sur l’auteur, on envisage la théorie de la co-action.
D’une manière générale, l’auteur moral est considéré comme le véritable organisateur de l’infrac-
tion et sera condamné en qualité d’auteur.
Aujourd’hui, le Code pénal peut ériger l’instigation non suivie des faits en infraction autonome.
C’est le cas dans la loi du 9 mars 2004 dans l’art. 221 – 5 – 1 dans lequel le législateur accepte de
réprimer l’assassinat et l’empoisonnement commandité alors même que le crime n’aurait été ni
tenté, ni commis.
2. La répression de la complicité
L’art. 121 – 6 a consacré une règle très sévère en matière de complicité. Il prévoit que sera puni
comme auteur le complice de l’infraction au sens de l’art. 121 – 7. Cette règle signifie que le com-
plice va emprunter l’incrimination pénale retenue à l’encontre de l’auteur principal et par consé-
quent, qu’il va se voir infliger la sanction correspondant à l’incrimination retenue. On parle alors
d’emprunt de criminalité. Lorsqu’on affirme que le complice doit être puni comme auteur de l’in-
fraction principale, cela ne signifie pas qu’il va endurer la même peine que l’auteur principal. La loi
se focalise sur l’acte accompli et pas sur les personnes qui l’accomplisse. En d’autres termes, s’il y
a emprunt de criminalité, il n’y a pas emprunt de pénalité. Donc, le complice pourra être traité plus
favorablement que l’auteur lorsque son rôle aura été secondaire ou au contraire plus sévèrement,
notamment lorsqu’il est instigateur. On se rend compte alors que la répression de la complicité doit
être adaptée aux différentes formes qu’elle peut revêtir.
Par exemple, si l’auteur principal de l’infraction est une personne morale, la personne morale peut
notamment se voir interdire l’accès aux marchés publics et dans ce cas, les dirigeants qui sont com-
plices de la personne morale pourront eux subir un emprisonnement.
La répression est adaptée à la forme de la complicité. Également, les circonstances aggravantes
réelles (cas d’une criminalité en bande organisée) seront applicables à la complicité. En revanche,
les circonstances aggravantes personnelles (récidive) liées à l’auteur principal sont écartées à
l’égard du complice. Il existe des circonstances mixtes qui pourraient s’étendre à la complicité sous
réserve que le complice en ait eu connaissance.
Cass., chamb. crim., 7 septembre 2015 = affaire de complicité de faux en écriture publique, circons-
tance aggravante liée à la personne de l’auteur principal car il est notaire mais le fait que l’infraction
soit commise par un notaire transforme en vérité le fond en écriture public en crime. Cette circons-
tance a été considérée comme mixte et est donc appliquée au complice. On est parti du raisonne-
ment selon lequel c’est une circonstance aggravante réelle parce qu’elle modifie la matérialité de
l’infraction pour la rendre plus grave. La qualité de notaire est une qualité objective du profession-
nel
Les causes d’atténuation de la responsabilité pénale ou d’irresponsabilité comme la minorité ou les
immunités ne profitent pas au(x) complice(s).
Originellement, il était question de les exclure de la responsabilité pénale parce qu’on les considé-
rait comme des démembrements de la souveraineté étatique. Raison pour laquelle le législateur a
opéré une distinction à l’art. 121 – 2 al. 2.
article 121 – 1 al. 2 = « Toutefois, les collectivités territoriales et leurs groupements ne sont respon-
sables pénalement que des infractions commises dans l'exercice d'activités susceptibles de faire l'ob-
jet de conventions de délégation de service public. »
Ainsi, lorsque la collectivité locale exerce des activités inérantes à la puissance publique, aucune
responsabilité pénale ne peut être envisagée. En revanche, lorsqu’elle exerce des activités qui
peuvent faire l’objet d’une délégation de service public, alors la responsabilité pénale peut être mise
en œuvre.
Cette distinction permet de protéger l’État de poursuites envers lui-même et de mettre sur un pied
d’égalité les hypothèses dans lesquelles il exerce des entités publiques et des entités privées qui
peuvent exercer des activités déléguées.
Il y a des domaines où il n’est pas toujours évident de distinguer les aspects délégables de ceux qui
ne le sont pas.
A. Le défaut de discernement
En 1810, on affirme un principe qui est le principe d’irresponsabilité pénale des déments car on ne
juge pas les fous. Ce principe conduit à affirmer sommairement qu’il n’y a ni crime, ni délit en cas
de démence. Le Code pénal de 1994, quant à lui, va être beaucoup plus nuancé dans son art. 122 – 1
et le législateur opère une distinction entre :
- l’abolition du discernement qui peut conduire à l’irresponsabilité (al. 1)
- l’altération des facultés mentales (al. 2)
Dans les deux cas, les troubles doivent exister au moment des faits.
article 122 – 1 = « N'est pas pénalement responsable la personne qui était atteinte, au moment des
faits, d'un trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli son discernement ou le contrôle de ses
actes.La personne qui était atteinte, au moment des faits, d'un trouble psychique ou neuropsychique
ayant altéré son discernement ou entravé le contrôle de ses actes demeure punissable. Toutefois, la
juridiction tient compte de cette circonstance lorsqu'elle détermine la peine et en fixe le régime. Si
est encourue une peine privative de liberté, celle-ci est réduite du tiers ou, en cas de crime puni de la
réclusion criminelle ou de la détention criminelle à perpétuité, est ramenée à trente ans. La jur° peut
toutefois, par une décision spécialement motivée en matière correctionnelle, décider de ne pas ap-
pliquer cette diminution de peine. Lorsque, après avis médical, la juridiction considère que la nature
du trouble le justifie, elle s'assure que la peine prononcée permette que le condamné fasse l'objet de
soins adaptés à son état. »
1. L’abolition du discernement
L’art. 122 – 1 al. 1 vise le trouble psychique ou neuro-psychique. C’est un trouble qui va abolir le
discernement au point que le sujet ne sera pas en état de conscience ou perdra le contrôle de ces
actes. La loi vise les hypothèses dans lesquelles la perte des facultés mentales est totale de sorte que
l’individu n’est pas en capacité de mesurer le caractère illégal de ces actes.
Donc, en cas d’abolition totale des facultés mentales, le délinquant est pénalement irresponsable.
Les infractions sont intentionnelles et pour pouvoir imputer une infraction et la culpabilité des indi-
vidus, il faut un état de conscience de la part du sujet lors du passage à l’acte. Le sujet doit com-
prend qu’il réalise tous les éléments constitutifs d’une infraction et que l’acte est illégal. Si tel n’est
pas le cas, les autorités compétentes doivent en tirer les conséquences.
Jusqu’en 2008, le sujet n’exécutait aucune sanction pénale, c’est-à-dire que les autorités prenaient
une décision propre à l’étape du procès à laquelle la démence était établie et prononçaient au stade
des poursuites un classement sans suite, soit au stade l’instruction une ordonnance de non-lieu, soit
au stade du jugement une relaxe ou un acquittement. Le sujet était ensuite placé dans un centre
adapté où il recevait des soins donc cette situation relevait du Code de la santé publique.
En 2008, un texte est proposé par la garde des Sceaux relatif à la rétention de sûreté et à la déclara-
tion d’irresponsabilité pénale pour cause de trouble mental. Ce texte établit une nouvelle procédure
de traitement des déments. L’objectif affiché du texte est de rendre plus cohérent et plus efficace le
traitement des personnes atteintes. Le traitement doit être pris en charge par l’autorité judiciaire.
Cette réforme a mis en place un lien entre la personne et les faits. La loi du 25 février 2008 est rela-
tive à la rétention de sûreté et à la déclaration d’irresponsabilité pénale pour cause de trouble men-
tal. Avant la réforme, si la personne est déclarée pénalement irresponsable, elle sort du giron répres-
sif et est prise en charge par le Code de la santé publique. Donc, elle passe sous l’autorité préfecto-
rale avec des mesures d’hospitalisation forcées. Ce n’est plus traité judiciairement.
Depuis 2008, si la démence est constatée au cours de l’instruction, et que le juge d’instruction pense
faire application de l’art. 122 – 1, en raison du trouble mental affectant le prévenu, il doit en infor-
mer le parquet et les parties. Deux cas de figure sont alors possibles :
- soit les parties (la personne poursuivie + le ministère public + la partie civile) admettent l’applica-
tion de l’art. 122 – 1, dans ce cas le juge va rendre une ordonnance d’irresponsabilité pénale pour
cause de trouble mental mais, on corrèle la personne aux faits, c’est-à-dire que dans cette ordon-
nance, le juge d’instruction doit préciser que l’accusé à bien commis les faits. Cette ordonnance va
mettre fin au contrôle judiciaire
- soit les parties n’admettent pas l’application de l’art. 122 – 1 donc il faut remettre en cause la déci-
sion du juge d’instruction
La décision publique est donc renvoyée à la chambre d’instruction. Tout d’abord, la chambre d’ins-
truction peut considérer que les charges sont insuffisantes contre le prévenu et donc décider qu’il
n’y a pas lieu de continuer les poursuites. Elle peut encore juger que les charges sont suffisantes et
estimer que l’art. 122 – 1 est inapplicable. Dans ce cas, l’individu est renvoyé devant une juridiction
de jugement.Enfin, il est possible que la chambre juge les charges suffisantes et estime que l’art.
122 – 1 est applicable. Dans ce cas, elle rend un arrêt de déclaration d’irresponsabilité pénale pour
cause de trouble mental. C’est une décision qui va mettre fin à toute mesure privative ou restrictive
de liberté. La chambre peut néanmoins prononcer des mesures de sûreté. La personne pénalement
responsable n’est pas forcément civilement responsable.
Si la démence est constatée au cours de l’audience, en présence d’un délit, c’est le tribunal correc-
tionnel qui est compétent. S’il estime que l’art. 122 – 1 est applicable, il rend un jugement de décla-
ration d’irresponsabilité pénale pour cause de trouble mental mais là on constatera que la personne a
perpétré les faits mais qu’elle était sous l’emprise d’un trouble mental au moment de ces agisse-
ments. Cette décision met fin à toute mesure privative ou restrictive de liberté mais le tribunal cor-
rectionnel qui peut statuer au civil va se prononcer sur la responsabilité du dément. En présence
d’un crime, la Cour d’assises réunie peut admettre la pertinence de statuer sur le fondement de l’art.
122 – 1. Ici, c’est au jury populaire de répondre aux questions suivantes :
- l’accusé a-t-il commis les faits qui lui sont reprochés ? Oui
- l’accusé peut-il bénéficier de l’application de l’art. 122 – 1 du Code pénal ? Si la réponse est éga-
lement positive, la Cour prononcera un arrêt de déclaration d’irresponsabilité pénale, arrêt dans le-
quel elle soulignera que la personne a bien perpétré les faits reprochés mais qu’elle était sous l’em-
prise d’un trouble mental. Cela met fin à toute mesure privative ou restrictive de liberté. Quelle que
soit la décision rendue, en cas de déclaration d’irresponsabilité pénale, on ne prendra pas de sanc-
tion pénale mais ce seront des mesures de sûreté qui seront prononcées par la juridiction judiciaire.
La personne, à ce stade, va sortir du judiciaire pour rentrer pleinement dans le domaine du médical
tout en sachant qu’il peut y avoir des mesures de sûreté.
2. L’altération du discernement
On bascule sur l’art. 122 – 1 al. 2 qui concerne le trouble psychique ou neuro-psychique de nature à
altérer le discernement. En vérité, on se trouve face à un discernement obscurci par la maladie men-
tale. Lorsque l’altération est établie, le prévenu demeure responsable mais le juge doit adapter le ré-
gime de la sanction pénale. Le plus souvent, le traitement adapté est dispensé à la personne dans le
milieu carcéral. Le traitement qui est réservé dans le cadre de l’art. 122 – 1 al. 2 peut être considéré
comme contestable car on va maintenir la responsabilité pénale des demi-fous. On les laisse dans le
circuit répressif. Le milieu carcéral en France est extrêmement problématique.
Pour un juriste, dire qu’il y a altération du discernement ou abolition est quelque chose de clair.
Pour un médecin, la frontière n’est pas aussi nette que cela. Finalement, la distinction entre aboli-
tion et altération sert surtout avec force l’opportunité de la répression. Entre deux mots, on choisira
le moins pire pour réprimer pénalement.
Concernant les intoxications volontaires (alcool ou stupéfiants), une personne qui est sous l’emprise
de la drogue peut-elle être considérée comme ayant un discernement aboli ? Il y a deux voies pos-
sibles :
- soit l’individu est en proie à des intoxications chroniques et dans ce cas, on peut l’assimiler à une
personne qui souffre d’une abolition de ses facultés mentales. Dans ce cas-là, on peut faire rebascu-
ler la personne dans l’irresponsabilité pénale à proprement parler, c’est-à-dire la faire tomber sous
le coup de l’art. 122 – 1 al. 1
- soit l’individu est sous l’emprise d’une intoxication aiguë ponctuelle et considérer que la personne
est victime d’une altération des facultés mentales. Dans ce cas, on va admettre que l’individu qui
s’est volontairement intoxiqué est dans une situation qui restreint sa vigilance
Actuellement, on va prendre en considération la volonté de l’intoxication et le législateur s’inscrit
dans une démarche répressive à l’égard d’une intoxication volontaire.
L’ivresse est sur la voie publique est une contravention. La conduite sous l’emprise d’alcool ou de
stupéfiant est un délit et en cas d’accident de la route, l’alcool et les stupéfiants constituent des cir-
constances aggravantes, voire des homicides volontaires. Depuis la loi du 5 mars 2007 relative à la
prévention de la délinquance, l’état d’ivresse ou l’emprise manifeste de produits stupéfiants est aus-
si une circonstance aggravante à l’égard d’autres infractions : violences volontaires, agressions et
infractions sexuelles.
Lorsque le trouble mental n’est que partiel, donc lorsque l’on est face à une altération du discerne-
ment, l’individu demeure pénalement responsable. Initialement, la loi avait prévu que les juges de-
vaient tenir compte de l’existence du trouble mental pour déterminer la peine. Les juges pouvaient
apprécier souverainement les conséquences du trouble mental et cela avait une incidence sur la du-
rée et le régime de la peine.
Également, l’altération du discernement pouvait influer sur les modalités de la peine. Par exemple,
le juge avait la possibilité de proposer une peine alternative ou encore, le juge pouvait fixer une
peine inférieure à la peine minimale, même lorsque la personne était en état de récidive. La loi avait
façonné à l’extrême un principe d’individualisation de la sanction. Ce système très souple a été re-
mis en question par la loi du 15 août 2014. Cette loi a institué un système de minoration systéma-
tique de la peine, celle-ci est désormais réduite d’un tiers. Lorsque la peine encourue est une peine
de perpétuité, on bascule sur une peine de 30 ans. La liberté du juge est réduite à néant.
Cass., chamb. crim., 15 septembre 2005 = la loi du 15 août 2014 est considérée comme moins
sévère et devient d’application immédiate
Sur le plan civil, l’existence d’un trouble psychique ou non psychique, même s’il est total, ne fait
pas disparaître la responsabilité civile puisque celui qui a causé un dommage à autrui, même sous
l’empire d’un trouble mental, n’en ai pas moins obligé à réparation. Donc il peut y avoir irresponsa-
bilité pénale et responsabilisé civile.
B. La minorité
Cass., chamb. crim., 13 décembre 1956, Laboube = une personne n’est coupable et donc punissable
que si elle a compris et voulu son geste → condition d’imputabilité donc toute infraction, même
non intentionnelle suppose que son auteur ait agi avec intelligence et volonté. L’attendu pose une
double condition, il faut :
- un discernement
- que l’auteur ait agi librement
Si cette double condition n’est pas regroupé, on est face à une cause de non imputabilité de l’infrac-
tion. L’arrêt Laboube concerne une infraction qui ait été commise par un enfant. On peut faire deux
observations : l’âge où les infractions sont commises est de plus en plus bas et les infractions com-
mises par des enfants sont de plus en plus nombreuses.
Le Code de 1810 avait fixé la minorité pénale à 16 ans. Le législateur considérait qu’en deçà de 16
ans, on pouvait douter du discernement de l’enfant, c’est-à-dire que tout mineur de moins de 16 ans
bénéficiait une présomption d’irresponsabilité pénale mais cette présomption jouait de manière
aléatoire :
- soit le juge estimait que le mineur était totalement dépourvu de discernement et dans ce cas la mi-
norité produisait les effets d’une cause d’irresponsabilité pénale
- soit le juge considérait que le mineur avait quand même un discernement suffisant mais il le sanc-
tionnait avec des peines moins fortes = excuse de minorité
En 1945, l’ordonnance du 2 février 1945 sur l’enfance délinquante entre en vigueur et à ce jour, elle
l’est toujours. Cette ordonnance reprend la règle de la présomption d’irresponsabilité mais l’amé-
nage en supprimant l’excuse de minorité entre 16 et 18 ans.
A partir de 1945, la minorité, en tant que cause d’irresponsabilité pénale, ne va plus reposer sur un
critère subjectif, c’est-à-dire que l’on ne va plus travailler sur le discernement effectif. Le juge va
devoir travailler sur un critère objectif : les tranches d’âge donc les délinquants juvéniles vont être
répartis sur des tranches d’âge :
- de 0 à 13 ans
De 0 à 13 ans, la présomption d’irresponsabilité pénale absolue donc le mineur ne peut faire l’objet
d’aucune condamnation pénale. Les textes ultérieurs à l’ordonnance de 1945 ont mis en place les
mesures éducatives. La règle pose une difficulté car pour commettre une infraction pénale, le mi-
neur ne doit pas simplement avoir conscience d’accomplir un acte matériel constitutif d’une infrac-
tion, il doit également mesurer la gravité de son acte. Or, la problématique dans l’ordonnance de
1945 est qu’elle refuse toute référence au discernement. L’arrêt Laboube va exiger du juge pénal
qu’il s’assure pour prononcer des mesures éducatives que le mineur a compris et voulu l’acte. Pour
se voir imposer une mesure éducative, il doit être en mesure de comprendre la mesure éducative
donc il faut s’assurer que le discernement est suffisant.
- de 13 à 16 ans
De 13 à 16 ans, la responsabilité pénale est atténuée.
- de 16 à 18 ans
De 16 à 18 ans, les sanctions encourues sont divisées par deux et on peut faire sauter l’excuse de
minorité.
La loi Perben I du 9 septembre 2002 portant programmation et orientation pour la justice vient ré-
former l’ordonnance de 1945 et remodèle le droit pénal du mineur. On touche à l’art. 122 – 8 du
Code pénal qui concerne la responsabilité des mineurs.
article 122 – 8 =
« Les mineurs capables de discernement sont pénalement responsables des crimes, délits ou contra-
ventions dont ils ont été reconnus coupables, dans des conditions fixées par une loi particulière qui
détermine les mesures de protection, d'assistance, de surveillance et d'éducation dont ils peuvent
faire l'objet. »
Cette loi détermine également les sanctions éducatives qui peuvent être prononcées à l'encontre des
mineurs de dix à dix-huit ans ainsi que les peines auxquelles peuvent être condamnés les mineurs de
treize à dix-huit ans, en tenant compte de l'atténuation de responsabilité dont ils bénéficient en rai-
son de leur âge.
Avant cette loi Perben I, le texte traduisait très clairement le caractère dérogatoire du droit des mi-
neurs. Le texte affichait un esprit préventif et non répressif. Avant elle, le délinquant juvénile s’ex-
posait essentiellement à des mesures de protection, d’assistance, de surveillance et d’éducation. Au
fond, si l’ensemble de ces mesures était inadapté, on avait recours aux sanctions pénales donc il y
avait une vraie subsidiarité de la sanction pénale. Si elle était présente, elle était réduite de moitié.
Dès lors qu’on constate le discernement, alors le mineur doit être reconnu pénalement responsable.
A partir de la loi Perben I, on a une vraie résurgence du critère du discernement et dès lors, il faut
qu’il y ait eu discernement.
La minorité, dans le dispositif Perben I, est une cause d’atténuation de la responsabilité, tout comme
dans l’ordonnance de 1945, l’action éducative doit primer. La minorité justifie des juridictions spé-
cialisées. En revanche, la loi rompt avec l’esprit de 1945 en se révélant beaucoup plus répressive. A
partir de 2002, les mesures éducatives sont réservées au moins de 10 ans dès lors qu’ils sont dotés
de discernement : rappels à la loi, liberté surveillée sous contrôle d’éducateur, placement en établis-
sement adapté...
En plus de ces mesures éducatives, les 10 à 13 ans peuvent désormais faire l’objet de sanctions édu-
catives (qui ressemblent aux sanctions pénales) : confiscation, interdiction de rencontrer certaines
personnes, interdiction de fréquenter certains lieux, mesures d’aide ou de réparation et obligation de
suivre des stages d’éducation civique. Si l’on ne peut considérer comme suffisantes ces sanctions
éducatives, à partir de 13 ans, on peut donner des sanctions pénales mais on ne s’appuiera que sur le
discernement alors que l’ordonnance de 1945 ne se référait pas à la notion de discernement.
Le mineur de 16 à 18 ans peut se voir appliquer des mesures éducatives, des sanctions éducatives et
des sanctions pénales sachant que l’atténuation de la sanction pénale est facultative donc sur déci-
sion spécialement motivée, le mineur peut être sanctionné comme le majeur. On constate pour cette
catégories d’enfants que les sanctions répressives sont en pratique beaucoup plus fréquentes que les
sanctions éducatives.
En mars 2007, une nouvelle réforme intervient parce que N. Sarkozy veut impérativement procéder
à une réforme à l’égard de l’enfance délinquante avant les élections présidentielles. Cette loi est re-
lative à la prévention de la délinquance qui va au fond conserver l’esprit de la loi Perben I tout en
renforçant la dimension répressive. Tout d’abord, dans la loi Sarkozy, on a des mesures préventives.
En effet, on assiste à la création de nouvelles mesures éducatives comme l’activité de jour qui
cherche l’insertion scolaire ou professionnelle du mineur, l’avertissement solennel qui est une force
de rappel à la loi. Afin de lutter contre la récidive, le magistrat spécialisé n’est plus en capacité de
prononcer des mesures éducatives peu coercitives. Il doit toujours, s’il y a récidive, orienter sa
réponse pénale vers plus de sévérité.
Sont également créées de nouvelles sanctions éducatives avec la loi Sarkozy pour répondre précisé-
ment à l’abaissement de l’âge de la délinquance comme le placement en internat ou dans des éta-
blissement spécialisés qui vont permettre d’avoir un travail psychologique, éducatif et social.
La loi de 2007 travaille aussi sur les mesures répressives. L’excuse atténuante de minorité retrouvée
sur les 16 à 18 ans est revue et corrigée. N. Sarkozy souhaitait que la majorité pénale soit abaissée à
16 ans mais il n’a pas réussi donc la loi de 2007 prévoit que l’excuse de minorité peut être écartée
sans motivation, sauf si les circonstances de l’espèce et la personnalité du mineur le justifie et il
n’aura jamais à le motiver si le mineur est en état de récidive.
La loi du 10 août 2007 prévoit quant à elle, l’application de peines plancher aux majeurs, comme
aux mineurs lorsqu’ils sont en état de récidive légal. L’état de récidive légal va s’apprécier au re-
gard des sanctions pénales qui ont été prononcées par le tribunal de l’enfant ou de la Cour d’assise
des mineurs. Le fait d’avoir prononcé des sanctions éducatives ne fait pas du mineur un récidiviste !
La loi revient également sur le jeu de la réduction de peine pour minorité. Effectivement, la diminu-
tion de peine de moitié peut être exclue dans deux séries d’hypothèses :
- en cas de récidive pour les violences à l’intégrité physique - en cas de récidive pour les violences à
l’intégrité psychique
Fin novembre 2008, est commandé un rapport sur la justice des mineurs remis par la commission
Varinard. Elle va faire des propositions de réforme de la justice des mineurs. Dès 2008, cette com-
mission propose de remplacer l’ordonnance de 1945 par un Code de la justice pénale des mineurs.
Ce qui est proposé est de garantir l’éducation des sanctions et d’abaisser la responsabilité pénale à
12 ans. De 12 à 14, les mineurs pourraient être dans des centres de détention pour mineurs et dès 14
ans, ils pourraient être condamnés à des peines d’emprisonnement. Pour les enfants de moins de 12
ans, la sanction pourrait aller jusqu’au placement dans un centre éducatif spécialisé. La commission
Varinard, en 2008, propose également des modifications pour les 16 à 18 ans et en particulier, un
tribunal correctionnel spécialisé.
Jusqu’en 2019, le Code ne verra pas le jour. On peut néanmoins identifier deux lois importantes :
- du 10 août 2011
La loi du 10 août 2011 est une loi sur la participation des citoyens pour le fonctionnement de la jus-
tice pénale et le jugement des mineurs et cette loi modifie sensiblement l’ordonnance de 1945. Si
l’on s’en tient aux dispositions de fond : la loi prévoit que les mineurs de 16 à 18 ans qui encourent
une peine d’emprisonnement de moins de 2 ans peuvent être placés sous assignation à résidence ou
sous surveillance électronique mais cette loi autorise également un cumul des peines et des sanc-
tions éducatives. Cette loi institue le tribunal correctionnel des mineurs pour juger les mineurs réci-
divistes de plus de 16 ans
- du 26 décembre 2011
La loi du 26 décembre 2011 instaure un service citoyen pour les mineurs délinquants et met en
place un contrat de service pour les mineurs délinquants. C’est un contrat dit de service citoyen qui
peut être proposé à des mineurs de plus de 16 ans et qui est effectué au sein d’établissements pu-
blics d’insertion de la défense. Le contrat est fixé par le magistrat et dure de 6 à 12 mois et peut être
prolongé.
La loi Taubira du 15 août 2014 supprime les peines planchers pour les mineurs et la loi justice du
XXIe siècle remet en question les tribunaux correctionnels pour les mineurs.
Fin 2018, l’actuel garde des Sceaux fait savoir qu’elle souhaite créer un code de la justice pénale
des mineurs et qu’elle souhaite le créer par la voie d’une ordonnance donc elle propose de rempla-
cer l’ordonnance par un code et de la faire par ordonnance. La partie législative de ce code a été
publiée par l’ordonnance du 11 septembre 2019. La garde des Sceaux s’était engagée à ce que l’or-
donnance n’entre pas tout de suite en vigueur et elle entrera en vigueur le 1er octobre 2020. Dans
l’idée, le délai devrait servir au Parlement pour débattre. Il s’appliquera à toutes les poursuites à
partir du 1er octobre 2020. Quand on codifie par la loi de l’ordonnance, c’est une codification à
droit constant donc elle n’est pas innovante. On retrouve pleins d’innovations :
- l’irresponsabilité pénale sous 13 ans
- disparition totale de l’instruction préparatoire en droit pénal des mineurs
L’ordonnance poursuit plusieurs objectifs :
- simplifier la procédure pénale applicable aux mineurs délinquants
- d’accélérer le jugement afin de statuer le plus rapidement possible sur leur culpabilité - renforcer
la prise en charge des mineurs avant même le prononcé de la peine
La partie législative du code va reprendre un certain nombre de grands principes qui sont issus de la
jurisprudence du Conseil constitutionnel et des conventions internationales (CIDE). Le premier
principe est celui de la primauté de l’éducatif sur le répressif donc avant de sanctionner, il faut es-
sayer de rechercher le relèvement éducatif et moral des mineurs. Le deuxième principe est celui de
la spécialisation de la justice des mineurs donc les mineurs ne doivent pas entrer dans le même cir-
cuit que les majeurs. Dans le code, la majorité pénale est fixée à 18 ans et cela ne change pas ! En-
dessous de cette majorité pénale, on a une atténuation de la responsabilité en fonction de l’âge du
mineur délinquant. Ensuite, une présomption est posée dans ce code et qui est une présomption à la
CIDE. En-dessous de 13 ans, on pose une présomption de discernement.
Les règles de procédure sont simplifiées. Le mineur doit être jugé dans les trois mois qui suivent la
commission des faits et lors de l’audience, on statue également sur l’indemnisation des victimes.
En ce qui concerne les mesures éducatives, les choses sont profondément modifiées car une mesure
éducative unique absorbe les sanctions éducatives et s’appelle la mise à l’épreuve éducative. Si le
mineur est déclaré coupable, il va être suivi par un éducateur sous le contrôle du juge pendant une
durée de 6 à 9 mois. C’est une mesure qui va fonctionner sur la base d’un travail éducatif, sachant
qu’il peut y avoir du placement, de l’insertion, de la prise en charge en matière de santé mais aussi
en matière de réparation de l’infraction.
On conserve la mesure de l’avertissement judiciaire en amont de la mise à l’épreuve éducative.
Le code maintient le cumul entre les mesures éducatives et les peines. Pour ce qui concerne les
peines, on a une exemption de peine en deçà de 13 ans et on a toujours une diminution de peine qui
est obligatoire pour les 13 à 16 ans et qui peut être écartée pour les 16 à 18 ans. Pour les mineurs, la
détention provisoire est limitée. Elle n’est réservée qu’aux faits les plus graves et ce qui est envisa-
gé en centres éducatifs fermés ou de sûreté.
Le juge de l’enfant peut prononcer un travail d’intérêt général, confisquer des objets qui ont été uti-
lisés ou obtenus à l’occasion d’une infraction et les parents sont systématiquement informés des dé-
cisions prises à l’encontre de leurs enfants. S’il y a carence parentale, on peut envisager la responsa-
bilité pénale des parents : amende ou stage de responsabilité pénale.
C. La contrainte
« article 122 – 2 = N'est pas pénalement responsable la personne qui a agi sous l'empire d'une force
ou d'une contrainte à laquelle elle n'a pu résister. »
Ce texte se situe dans la continuité du Code de 1810 qui limitait la responsabilité pénale aux seules
personnes physiques qui étaient dotées du libre arbitre. Si une personne est privée de son libre ar-
bitre, elle doit pouvoir bénéficier d’une cause d’irresponsabilité :
la contrainte. Dans le cas de la contrainte, pour une raison précise, on a inhibé la volonté.
La contrainte n’a pas de véritable déf° en DPG donc elle peut présenter plusieurs formes :
- la contrainte physique
- la contrainte morale
1. La contrainte physique
La contrainte physique est une force exercée directement sur le corps de la personne. Ce peut
être une force naturelle (animal) ou une force humaine.
La contrainte physique peut être interne. On considère qu’elle est interne lorsque l’évènement phy-
sique qui pousse le sujet ne lui est pas étranger. On va considérer alors que la contrainte est propre
au métabolisme (malaise au volant qui provoque un accident, une maladie qui ne permet plus de
s’occuper de ses enfants). Il existe également une contrainte physique externe qui est une force ex-
térieure qui s’exerce directement sur le corps de l’individu qui ne peut réagir comme il le souhaite-
rait.
On va identifier deux formes de contraintes :
D. L’erreur de droit
« article 122 – 3 = N’est pas pénalement responsable la personne qui justifie avoir cru par erreur sur
le droit qu’elle n’était pas en mesure d’éviter pouvoir légitimement accomplir l’acte. »
Cependant, nul n’est censé ignorer la loi donc on est face à une cause de non imputabilité donc
d’irresponsabilité pénale qui est une dérogation à ce principe fondamental. Ce principe est dégagé
des règles élémentaires de la vie en société. Il faut connaître la loi pour vivre en harmonie avec la
société.
En matière pénale, ces règles de vie commune sont définies par le législateurs donc facilement ac-
cessibles. Le droit pénal s’est développé hors et dans le code donc il n’est pas toujours très facile
d’accès. Cette erreur de droit nous est venue par la jurisprudence. La jurisprudence a voulu limiter
le jeu de la présomption irréfragable de connaissance de la loi. Elle a créé la notion d’erreur invin-
cible. En d’autres termes, elle a voulu protéger l’individu normalement raisonnable, diligent, pru-
dent, qui aurait violé la loi mais en toute bonne foi. Donc, la loi a pris en considération la solution
de l’agent qui connaît une erreur de droit mais qui a pu légitimement ignorer que son comportement
était illicite. Il avait l’intention de réaliser le fait incriminé, il l’a réalisé mais en croyant agir de
façon légitime donc conformément à la légalité.
En 1994, le législateur a voulu clarifier les choses. Il l’a fait à travers l’art. 122 – 3. Le législateur
admet l’erreur de droit sous réserve qu’elle remplisse un certain nombre de conditions qui sont po-
sées par le texte. Le juge ne peut pas relever d’office l’erreur de droit, c’est à l’auteur de l’erreur
qu’il appartient de la prouver. Donc, lorsqu’un individu commet une infraction, il peut chercher à
s’exonérer de sa responsabilisé en démontrant qu’il a commis une erreur de droit. L’erreur alléguée
doit être une erreur sur le droit donc va porter sur un texte législatif, sur un texte réglementaire
(pénal ou extra-pénal). Par exemple, si un trésor est trouvé sur le fond d’autrui, on peut se prévaloir
d’une partie de cette trouvaille mais si on prélève au-delà de ce qui est convenu par le Code civil, on
va voler autrui.
L’erreur de droit doit être également réelle donc une ambiguïté, une carence ou une contradiction
entre des textes ou des autorités compétentes est inopérante. Lorsqu’il existe une ambiguïté en
d’autres termes, il appartient à l’auteur de s’informer, d’obtenir des éclaircissements donc de ne pas
agir à l’aveugle.
L’erreur peut en outre porter sur deux éléments :
- une erreur sur l’incrimination : l’auteur a cru que son geste n’était pas interdit
- une erreur sur la justification : l’agent a cru qu’il était autorisé à agir
L’erreur de droit doit être invincible et insurmontable. L’auteur n’était pas en mesure de l’éviter. Ce
caractère invincible proviendra le plus souvent de l’obtention d’une fausse information ou du défaut
de publication d’un texte. Les hypothèses sont finalement assez rares mais en tout état de cause,
pour que l’erreur de droit soit admise, il faut qu’elle soit excusable. Cela nous conduit à dire que
l’erreur spontanée n’est pas exonératoire car soit l’agent aurait dû connaître le droit en raison de sa
fonction et de sa profession, soit il aurait dû se renseigner auprès d’une autorité compétente.
Par voie de conséquence, l’erreur pourra être admise dès lors que l’agent a accompli les démarches
nécessaires pour connaître la loi mais qu’il a été induit en erreur, qu’on lui a fourni un raisonnement
erroné, auquel il pouvait légitimement croire. Ces renseignements erronés permettent bien souvent à
l’erreur d’être justifiée.
Par exemple, le juge a admis une erreur commise sur la durée du travail parce qu’elle provenait
d’un accord collectif qui avait été négocié sous l’égide d’un médiateur nommé par le Gouverne-
ment. Donc, cette erreur est justifiée parce que l’agent a légitimement pu croire qu’il appliquait un
accord conforme aux exigences de la législation. De la même manière, un agent de police judiciaire
avait délivré une attestation à un conducteur de poids lourds qui conduisait avec un permis interna-
tional, malgré l’annulation de son permis français. La crédibilité de la personne qui fournit l’infor-
mation est absolument essentielle. Plus la personne est crédible, plus elle est compétente dans son
domaine, plus l’information qu’elle délivre est susceptible de justifier le comportement de l’agent.
Du coup, l’erreur s’apprécie toujours in concreto en considération de la situation de l’agent.
Ceci étant dit, la jurisprudence est parfois assez sévère. Ainsi, elle cherche à éviter que les agents se
réfugient derrière de faibles capacités, des efforts trop maigres pour obtenir une information. Par
voie de conséquence, la jurisprudence se teinte souvent d’objectivité et elle va comparer l’attitude
de l’auteur de l’infraction avec celle qu’aurait eu un homme raisonnable, placé dans une situation
analogue. Lorsqu’on observe la jurisprudence, on s’aperçoit que les erreurs qui sont invraisem-
blables ne peuvent pas justifier une non imputation.
Un homme se sépare de son épouse, des mesures provisoires sont prises durant la période la sépara-
tion et la maison est laissée à la disposition de l’épouse. L’époux veut récupérer ses affaires et
l’avocate conseille à l’époux de se rendre à la maison hors des horaires de présence de son épouse.
Donc, c’est une violation de domicile. L’erreur sur le droit ne sera pas entendue.
Une chaîne d’hypermarchés à procéder à des extensions de surface de vente sans autorisation. La
chaîne de supermarché, pour justifier l’infraction, s’appuie sur un avis du ministère qui indique que
la permission administrative n’est pas requise dans le cadre de cette chaîne de supermarchés. Le
juge n’a pas admis l’erreur de droit car la chaîne avait suffisamment de services juridiques pour
vérifier la réponse ministérielle.
légal.«
B. La légitime défense
article 122 – 5 = N’est pas pénalement responsable de la personne qui, devant une atteinte injusti-
fiée envers elle- même ou autrui, accomplit, dans le même temps, un acte commandé par la
nécessité de la légitime
défense d’elle-même ou d’autrui, sauf s’il y a disproportion entre les moyens de défense employés
et la gravité de l’atteinte.
N’est pas pénalement responsable la personne qui, pour interrompre l’exécution d’un crime ou
d’un délit contre un bien, accomplit un acte de défense, autre qu’un homicide volontaire, lorsque
cet acte est strictement nécessaire au but poursuivi dès lors que les moyens employés sont
proportionnés à la gravité de l’infraction. »
article 122 – 6 = « Est présumé avoir agi en état de légitime défense celui qui accomplit l'acte :
1° Pour repousser, de nuit, l'entrée par effraction, violence ou ruse dans un lieu habité ;
2° Pour se défendre contre les auteurs de vols ou de pillages exécutés avec violence. »
L’idée de proportionnalité est très présente dans ces deux articles. Celui qui commet une infraction
dans le seul but de se défendre contre un acte d’agression ne saurait être sanctionné comme un
délinquant ordinaire. En d’autres termes, il s’agit d’arbitrer entre deux intérêts contradictoires en
conflit.
L’acte d’agression et l’acte de défense doivent présenter un certain nombre de caractéristiques qui
pour un certain nombre se rejoignent.
1. L’acte d’agression
Pour que l’on puisse envisager un acte d’agression, il faut qu’il soit :
- actuel ou imminent = l’agression doit consister une atteinte injustifiée contre soi-même, autrui ou
un bien. Pour le bien, il n’est possible de riposter que si l’atteinte est constitutive d’un crime ou
d’un délit.
- l’agression doit être vraisemblable donc la victime doit se sentir menacée.
- l’agression doit être injuste donc illégale
– 6)
→ la victime ne peut pas utilement se défendre contre un acte qui est conforme à la loi
→ l’acte d’agression doit émaner d’une personne qui transgresse les règles sociales
( art. 433
légitime défense sur légitime défense ne vaut
2. L’acte de défense
La riposte doit être dirigée contre un acte d’agression qui est sur le point de se réaliser ou qui com-
mence à être exécuté. Elle ne peut pas intervenir sur un acte d’agression qui serait futur, ni
= la légitime défense ne peut pas jouer au profit de celui qui a été l’agresseur initial
intervenir trop longtemps après l’agression (vengeance).
L’acte de défense doit apparaître comme le seul moyen d’échapper à l’agression. La réaction de la
victime doit être le seul et l’unique moyen d’éviter l’infraction dont elle fait l’objet. La nécessité est
appréciée au cas par cas et est appréciée avec une extrême rigueur quand il s’agit d’une légitime dé-
fense de bien.
Il doit être proportionnel par rapport à la gravité de l’atteinte donc on prend en compte les circons-
tances concrètes et les qualités de l’agressé. L’appréciation de la proportion varie selon les intérêts
en cause.
« article 122 – 5 al. 1er = » N'est pas pénalement responsable la personne qui, devant une atteinte
injustifiée envers elle- même ou autrui, accomplit, dans le même temps, un acte commandé par la
nécessité de la légitime défense d'elle-même ou d'autrui, sauf s'il y a disproportion entre les moyens
de défense employés et la gravité de l'atteinte.
Selon l’art. 122 – 5 al. 1, on peut protéger la vie autant que l’intégrité corporelle. Dans ces
hypothèses, le juge conserve un large pouvoir d’appréciation et va vérifier si les moyens mis en
œuvre pour se protéger sont proportionnés à la gravité de l’atteinte. Le mal causé par la riposte
pourra être plus grave que le péril auquel était exposé la victime. Dans le cas d’un viol où la victime
tue son agresseur, on va évoluer les moyens mis en œuvre pour se défendre.
article 122 – 5 al. 2 = « N'est pas pénalement responsable la personne qui, pour interrompre l'exé-
cution d'un crime ou d'un délit contre un bien, accomplit un acte de défense, autre qu'un homicide
volontaire, lorsque cet acte est strictement nécessaire au but poursuivi dès lors que les moyens em-
ployés sont proportionnés à la gravité de l'infraction. »
C. L’état de nécessité
L’état de nécessité s’appuie sur l’art. 122 – 7.
article 122 – 7 = « N'est pas pénalement responsable la personne qui, face à un danger actuel ou
imminent qui menace elle-même, autrui ou un bien, accomplit un acte nécessaire à la sauvegarde de
la personne ou du bien, sauf s'il y a disproportion entre les moyens employés et la gravité de la me-
nace. »
Selon l’art. 122 – 5 al. 2, la légitime défense des biens doit être strictement nécessaire, ne doit pas
consister en un homicide volontaire et doit tendre à faire cesser le cours de l’exécution de l’infrac-
tion.
Concernant l’art. 122 – 6, c’est à celui qui s’en prévôt de prouver qu’il a agis en légitime défense
donc la charge de la preuve peut être inversée. Il s’agit de présomptions simples, c’est-à-dire que le
ministère public doit démontrer que la défense n’était pas juste.
On peut commettre un acte qui serait constitutif d’une infraction et cet acte sera justifié afin d’éviter
un péril. Par exemple, dans le cas où un sauveteur enfonce une porte pour sauver quelqu’un, un au-
tomobiliste qui franchit une ligne blanche pour éviter un piéton.
Le juge Magnaud retient l’état de nécessité comme circonstance atténuante pour une femme qui
vole du pain car elle n’a pas mangé depuis 2 jours en 1898. Le risque qu’elle encourt est de mourir
de faim.
Cass., chamb. crim., 25 juin 1958 :
= arrêt de principe qui reconnaît l’état de nécessité comme fait
justificatif → dans cette affaire, l’état de nécessité n’est pas retenue car la personne est à l’origine
de l’accident mais les éléments constitutifs sont reconnus
La consécration légale de la notion de nécessité n’intervient qu’en 1994 avec l’art.122– 7. On peut
envisager l’état de nécessité de manière subjective en disant qu’il peut être rapproché de la
contrainte.
Le danger qui est encouru dans l’état de nécessité est considéré de manière relativement extensive.
Il peut concerner:
-la personne elle-même, autrui ou un bien - peut
s’agir d’un danger physique, moral ou matériel = le danger encouru doit être actuel ou imminent,
réel et certain
Seule la proximité du danger peut justifier la réaction de l’agent. Donc l’agent va transgresser les
règles sociales pour éviter de subir un péril donc il doit être contraint de commettre une infraction
pour sauvegarder un intérêt supérieur qui s’apprécie de façon objective et doit apparaître comme év-
ident.
Encore une fois, la faute préalable de l’agent empêche l’état de nécessité. Là encore, le principe de
proportionnalité sera convoqué pour évaluer l’état de nécessité. La réaction doit être le seul et
l’unique moyen d’échapper au danger encouru. Le péril étant inévitable. On va comparer le préju-
dice et la gravité du danger pour voir si l’infraction commise peut être admise. Or, on s’aperçoit la
plupart du temps que l’état de nécessité est retenu lorsque l’intérêt sauvegardé est supérieur à
l’intérêt sacrifié. Si l’état de nécessité est reconnu, la victime de l’acte justifié pourra
être indemnisé au civil.