Cours de Residana 66
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Cours De Résidanat
Sujet: 69
Troubles anxieux
Diagnostic et Traitement
Objectifs :
1. Distinguer l’anxiété normale de l’anxiété pathologique sur des arguments
anamnestiques et cliniques.
2. Etablir le diagnostic positif d’un trouble panique et d’un trouble anxiété généralisée,
à partir des données de l’anamnèse et de l’examen psychiatrique.
3. Etablir le diagnostic positif d’une agoraphobie, d’une phobie spécifique et d’une
phobie sociale, à partir des données de l’anamnèse et de l’examen psychiatrique.
4. Etablir le diagnostic positif d’un trouble anxiété de séparation de l’enfant, à partir
des données anamnestiques et cliniques.
5. Différencier les troubles anxieux du trouble obsessionnel compulsif et de l’état de
stress post-traumatique, à partir des données anamnestiques et cliniques.
6. Etablir les diagnostics différentiels des troubles anxieux.
7. Planifier la conduite du traitement symptomatique et du traitement de fond des
différents troubles anxieux.
8. Décrire les propriétés pharmacodynamiques des anxiolytiques.
9. Décrire les règles de prescription des anxiolytiques.
10. Citer les méthodes psychothérapeutiques qui s’appliquent à la prise en charge des
différents troubles anxieux.
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plusieurs heures (en moyenne 20 à 30 minutes). Les symptômes atteignent une intensité
maximale en moins de 10 minutes. La résolution est progressive laissant le patient épuisé
avec une profonde asthénie.
La triade symptomatique : Sémiologie psychique, physique et comportementale.
L’attaque de panique regroupe au moins 4 signes de la triade suscitée.
- Sémiologie psychique : il s’agit soit d’une sensation de mort imminente, soit du sentiment
de devenir fou. Les patients décrivent alors une impression d’irréalité de l’ambiance et de
dépersonnalisation leur faisant parfois craindre de commettre des actes incontrôlés.
L’ensemble de ces phénomènes créent une angoisse intense, un état de panique.
- Sémiologie physique : elle domine souvent le tableau, conduisant le patient aux urgences
médicales ou chez le cardiologue. Les principales manifestations somatiques de l’anxiété
aiguë sont les suivantes :
*cardiaques : palpitations et tachycardie, gêne ou même douleur rétrosternale
*respiratoires : sensation d’étouffement, de dyspnée
*neurologiques : vertiges, paresthésies, céphalées
*neurovégétatives : hypersudation, bouffées de chaleur, frissons, tremblements
*plus rarement on peut observer des symptômes digestifs (nausées, douleurs abdominales,
diarrhées), des symptômes urinaires (pollakiurie, mictions impérieuses).
- Sémiologie comportementale : des troubles du comportement paroxystiques plus ou moins
graves peuvent être observés : sidération, fuite, attaques de colère, accès de violence hétéro ou
auto-agressive pouvant aller jusqu’à des comportements suicidaires impulsifs (précipitation
d’une fenêtre, sous une voiture...), prise de grandes quantités d’alcool ou de psychotropes.
Ces troubles ont pour caractéristiques d’être paroxystiques, répétitifs. En dehors des accès, les
patients sont capables de les critiquer. Ils les décrivent en termes de «besoin incoercible ».
Ces troubles du comportement représentent du fait de leur dangerosité éventuelle, la
principale complication des crises d’angoisse aiguës. Le risque majeur est le raptus anxieux.
1-3- Diagnostic positif d’un trouble panique
Les critères du DSM 5 d’un trouble panique :
A. Attaques de panique récurrentes et inattendues (au moins 2 crises).
B. Au moins une des attaques s’est accompagnée pendant un mois « ou plus » de l’un « ou
plus » des symptômes suivants :
(a) Crainte persistante d’avoir d’autres attaques de panique « peur d’avoir peur ».
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ou des symptômes de type panique (p. ex., peur d’avoir une attaque subite de vertige ou une
crise de diarrhée soudaine).
L’anxiété conduit typiquement à un évitement envahissant de nombreuses situations pouvant
inclure le fait d’être seul hors de son domicile ou d’être seul chez soi; d’être dans une foule;
de voyager en voiture, de prendre les transports en commun, de faire ses courses dans les
grandes surfaces, …... Certains sujets sont capables de s’exposer eux-mêmes aux situations
redoutées mais ils subissent ces expériences avec une crainte considérable.
L’évitement de situations peut altérer les capacités des sujets à voyager, à travailler ou à
assumer leurs responsabilités domestiques (p. ex., faire des courses dans une épicerie, amener
les enfants chez le médecin) avec la peur de quitter une " zone de sécurité ". Les conduites
contraphobiques (de réassurance) sont fréquentes : consistera à être accompagné d’une
personne de confiance susceptible de protéger la personne en cas de confrontation avec l’objet
phobogène.
1-3- Diagnostic positif
Critères diagnostiques du DSM 5 d’une agoraphobie :
A. Anxiété liée au fait de se retrouver dans des endroits ou des situations d’où il pourrait être
difficile « ou gênant » de s’échapper ou dans lesquelles on pourrait ne pas trouver de secours
en cas d’attaque de panique soit inattendue soit facilitée par des situations spécifiques ou bien
en cas de symptômes à type de panique.
B. Les situations sont soit évitées, soit subits avec une souffrance intense ou bien avec la
crainte d’avoir une attaque de panique ou des symptômes à type de panique ou bien
nécessitent la présence d’un accompagnant.
C. L’anxiété ou l’évitement phobique n’est pas mieux expliqué par un autre trouble mental.
2- Phobie spécifique
2-1- Définition
La caractéristique essentielle de la phobie spécifique est une peur marquée et persistante
d’objets ou de situations objectivement visibles et circonscrits.
L’exposition au stimulus phobogène provoque presque invariablement une réponse anxieuse
immédiate. Cette réponse peut prendre la forme d’une attaque de panique situationnellement
liée ou facilitée par les situations.
Le plus souvent, le stimulus phobogène est évité bien que parfois le sujet ait à l’endurer avec
une grande souffrance.
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Les compulsions, on les appelle souvent des rituels. Ces rituels peuvent être de :
- vérification (vérifier que la lumière est éteinte, que le gaz est fermé, que la serrure est
bouclée à double tour)
- rangement (l’arrangement d’objets de façon excessivement ordonnée comme les livres
d’une bibliothèque par taille strictement décroissante)
- ramassage (emballages usagés, vieux cotons...);
- lavage (ménage de la maison, douches répétées, lavage de mains), bien au-delà de
l’hygiène nécessaire.
- actes mentaux : l’arithmomanie (ou fait de compter sans cesse, ou d’additionner entre
elles des dates), les formules conjuratoires (faire une prière avant de passer sous une porte,
dire une phrase magique avant de monter dans sa voiture).
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2- Etat de stress post-traumatique (ou Trouble stress post traumatique selon le DSM 5)
L’état des stress post-traumatique est définie comme un trouble après un temps de latence
dont le sujet a été exposé à un événement traumatique dans lequel le sujet a vécu, a été
témoin, a été confronté à un ou des événements durant lesquels des individus ont pu mourir
ou être gravement blessés, ont été menacés de mort ou de grave blessure, ou bien durant
lesquels son intégrité physique ou celle d’autrui a pu être menacée. La réaction du sujet à
l’événement s’est traduite par une peur intense, un sentiment d’impuissance ou d’horreur.
La triade clinique de l’état de stress post-traumatique est : le syndrome de répétition
(reviviscence du traumatisme), les conduites d’évitement (de tout stimuli évoquant le
traumatisme) et l’hyperactivité neurovégétative (irritabilité, difficulté de concentration,
réaction de sursaut).
Les autres signes de l’état de stress post-traumatique sont : l’hypervigilance, les troubles du
sommeil, les troubles cognitifs, les troubles psychosomatiques et les autres manifestations
anxieuses.
2- Prise de substance
Une intoxication par une substance appartenant aux classes de substances suivantes: alcool ;
amphétamines et substances amphétaminiques; caféine; cannabis; cocaïne; hallucinogènes;
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*Eviter une prescription systématique, car le patient ne doit pas conserver en mémoire une
issue uniquement « médicalisée » de sa crise,
*Cela permet un meilleur contrôle du sujet de son anxiété, d’éviter la dépendance aux
structures de soins et d’épargner les risques d’automédication.
*Indiquée si la crise se prolonge malgré les mesures décrites ci-dessus, si les symptômes
sont très intenses ou s'il s'agit d'une crise dans le cadre d’une affection somatique ou d’une
urgence psychiatrique (mélancolie anxieuse).
Choix de la molécule : Les BZD +++ : Action sédative, anxiolytique et myorelaxante.
½ vie intermédiaire : Lorazépam (Temesta). Voie d’administration : orale et sub-linguale
préférables à la voie IM. La prescription doit rester strictement ponctuelle. Elle peut être
relayée par une prescription courte (< 1 semaine) si persistance de symptômes anxieux, avec
arrêt progressif.
Traitement du trouble panique (Traitement de fond (préventif)) :
Le traitement médicamenteux curatif de fond du trouble panique repose sur l’utilisation
d’antidépresseurs ayant pour cible l’axe sérotoninergique. Parmi ceux-ci les ISRS et les
IRSNA qui sont plus tolérés et sont le traitement de première intention. Les antidépresseurs
tricycliques comme la Clomipramine (Anafranil®) sont des traitements de 2ème intention vue
leurs effets secondaires. Les IMAO (inhibiteurs de monoamine oxydase) sont rarement
utilisés vue leurs effets secondaires. Il est recommandé de débuter à moitié dose des
antidépresseurs et augmenter après une semaine. Les anxiolytiques peuvent être prescrit en
début du traitement et arrêté ensuite progressivement. Les psychothérapies type TCC avec la
relaxation associée aux méthodes de désensibilisation et d’exposition sont efficaces.
b-Trouble anxiété généralisée
Mesures générales : Informer le patient sur sa maladie. Les mesures hygiéno-diététiques
comportant l'arrêt de l'alcool et du tabac, la diminution de la consommation de café, la
pratique régulière de l'exercice physique. Le plan de traitement est personnalisé : comporte
une psychothérapie structurée et un traitement médicamenteux.
Psychothérapies : Les thérapies cognitivo-comportementales +++ : Elles visent à clarifier les
circonstances de survenue des troubles, identifier les pensées irrationnelles afin de les évaluer
et de les modifier par la réorganisation des attitudes inadaptées. Elles associent la relaxation
musculaire appliquée, des expositions répétées à des situations évitées et une restructuration
cognitive des interprétations catastrophiques sur les soucis surévalués.
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Traitements médicamenteux :
Les benzodiazépines : Recommandés quelle que soit leur ½ vie. L'effet anxiolytique rapide
sur les signes somatiques d'anxiété.
La Buspirone (Buspar: 15 à 30 mg/j). Non commercialisée en Tunisie. Elle a un effet
anxiolytique surtout pour les signes psychiques d'anxiété. Le délai d'action peut atteindre 3
semaines. L’arrêt n'entraîne pas de syndrome de sevrage ou de dépendance.
Antidépresseurs : Venlafaxine : efficace dans le contrôle des signes psychiques d'anxiété,
Paroxétine
Médicaments efficaces dans le TAG et n'ayant pas l'AMM dans cette indication:
L'Hydroxyzine (antihistaminique Hl : Atarax), l'imipramine, ....
La combinaison du traitement médicamenteux aux TCC ou psychothérapie analytique
constitue une alternative très intéressante. La durée du traitement du TAG est de 6 mois au
moins. Quelles que soient les modalités thérapeutiques, une réévaluation est faite 1 à 2
semaines après la 1ère consultation puis toutes les 6 semaines.
c-Agoraphobie
Le traitement de première intention est la Paroxétine. Les anxiolytiques peuvent être prescrits
en cas d’exacerbation anxieuse aigue. Les psychothérapies d’orientation cognitive et
comportementale avec notamment des techniques de relaxation couplées aux méthodes
d’exposition et d’immersion dans les situations phobogènes peuvent être utilisées aussi.
d-Phobies spécifiques
Les phobies simples : ne réclament la plupart du temps pas de traitement.
Enfin, chez des patients souffrant des phobies invalidantes ou de phobies étendues multiples,
les ISRS et les IRSNA ont une efficacité intéressante.
e-Phobie sociale
Les antidépresseurs type ISRS (Paroxétine et Sertraline) ont montré leur efficacité dans le
traitement du fond des phobies sociales. Le propanolol est efficace sur les symptômes
somatiques de l’anxiété (il est utilisé 60 à 90 mn avant l’exposition). La TCC (centrée sur
l’affirmation de soi, l’exposition graduée et la restructuration cognitive) associée aux
antidépresseurs garantit une meilleure efficacité et évite les rechutes.
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3-Les bêta-bloquants (Propanolol : Avlocardyl®) : Ils sont utilisés quand l’anxiété est
d’intensité moyenne et que la composante somatique en est primordiale. En pratique, c’est
dans l’anxiété de performance (trac) que ces conditions d’utilisation sont le mieux réunies.
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CONCLUSION
Bien que les troubles anxieux soient des pathologies fréquentes, ils sont encore sous-
diagnostiqués. Ces troubles sont associés à une altération marquée du fonctionnement et à une
souffrance psychologique du patient. Les antidépresseurs associés aux traitements
psychologiques en l’occurrence la TCC constitue la base du traitement.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1- Antoine PELISSOLO. Troubles anxieux et névrotiques. EMC de Psychiatrie, 2012 S1634-
6939(12)48040-1.
2-Julien-Daniel GUELFI et Frédéric ROUILLON. Livre Manuel de psychiatrie. Edition
Masson, 2012.