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[1]

Tiens bon!

Sans bras, sans jambes, sans défense, Nick Vujicic avait tout de la cible
idéale pour les petites brutes de son école. Il sait ce que cela fait, d’être
harcelé ou mis de côté: l’estomac noué, les cauchemars, l’impression que
cela ne s’arrêtera jamais…
Nick a vécu le harcèlement sous bien des formes, du simple fait qu’il était
«différent». Mais il a appris qu’il n’avait pas à entrer dans le jeu des tyrans.
Et vous non plus. Tiens bon! vous propose des stratégies pour la mise en
place d’un «système de défense anti-harcèlement». Ainsi, vous pourrez
affronter les adversaires de toute sorte en développant votre force
intérieure.
Découvrez donc comment…
* transformer le harcèlement en chance (oui, vraiment!),
* créer votre zone de sécurité,
* établir des valeurs inébranlables,
* affronter le cyberharcèlement,
* développer des bases spirituelles fortes pour tenir bon,
* maîtriser vos émotions et vos réactions,
* aider ceux qui sont confrontés au même problème.
Etes-vous l’objet de toute l’attention d’un harceleur, alors que vous vous
en passeriez bien? Vous pouvez relever ce défi. Vous pouvez exercer plus de
contrôle sur vos émotions et votre existence que vous ne le pensez.
Demandez-le donc à Nick, l’homme sans bras ni jambes à la «vie
ridiculement bonne», comme il le dit lui-même!
[2]
Ce document est destiné à votre strict usage personnel. Merci de
respecter son copyright, de ne pas l’imprimer en plusieurs exemplaires et de
ne pas le copier ni le transférer à qui que ce soit.
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autorisation écrite de La Maison de la Bible (droits@bible.ch).
Pour toute citation de moins de 500 mots de ce document le nom de
l’auteur, le titre du document, le nom de l’éditeur et la date doivent être
mentionnés.
[3]
Nick Vujicic

Tiens bon!

Face au harcèlement et tout ce qui


va avec
[4]
Tiens bon! Face au harcèlement et tout ce qui va avec
Titre original en anglais: Stand strong
Published by WaterBrook Press
12265 Oracles Boulevard, Suite 200, Colorado Springs, Colorado 80921
Copyright © 2014 by Nicholas James Vujicic
Cover design by Kristopher K. Orr; cover photography by Mike Heath, Magnus Creative
Details in some anecdotes and stories have been changed to protect the identities of the persons
involved.
All rights reserved.
This translation published by arrangement with WaterBrook Press, an imprint of the Crown Publishing
Group, a division of Random House LLC
Copyright © et édition française: Ourania, 2015
Case postale 128
1032 Romanel-sur-Lausanne, Suisse
Tous droits réservés.
E-mail: info@ourania.ch
Internet: http://www.ourania.ch
Traduction: Odile Favre
Sauf indication contraire, les textes bibliques sont tirés de la version Segond 21 © 2007 Société
Biblique de Genève
http://www.universdelabible.net
ISBN édition imprimée 978-2-940335-95-4
ISBN format epub 978-2-88913-587-5
ISBN format pdf 978-2-88913-891-3
[7]
1. Pourquoi moi? Pourquoi vous?

Vous n’êtes pas seul(e). Le harcèlement est


un fléau mondial.
Je suis le rêve de tous les harceleurs, aucun doute là-dessus.
Sans bras. Sans jambes. Sans défense.
Né sans membres pour des raisons indéterminées, j’ai été béni dans
beaucoup d’autres domaines. Ma famille, qui m’aime et me soutient,
représente le plus grand cadeau. Elle m’a protégé et encouragé au cours des
premières années de ma vie. Mais, une fois que j’ai quitté cet abri
protecteur pour les couloirs et le terrain de jeux de l’école primaire, c’était
comme si l’on m’avait agrafé une cible sur la poitrine qui disait: «Hé, les
tyrans, je suis là!»
Je me suis retrouvé seul et terrifié, mais je n’étais pas seul. Et vous ne l’êtes
pas non plus.
Quand vous êtes confronté(e) à des harceleurs, la première chose à
comprendre, c’est que leurs attaques, sarcasmes et actes malveillants ne
sont pas liés à vous, à vos défauts ou à votre manière d’agir. Ils ont leurs
propres problèmes et s’en prennent à vous pour se donner de
[8]

l’importance, se sentir plus puissants, passer leur colère sur quelqu’un, ou


même parce qu’ils ne savent rien faire d’autre.
Je sais que c’est stupide, mais c’est la vérité.
Lorsque j’étais adolescent, je me suis torturé les méninges à essayer de
découvrir pourquoi on s’en prenait à moi. Il y avait un gars, en particulier,
qui me prenait vraiment la tête. J’étais obsédé par ses motivations.
Finalement, j’ai pris conscience qu’il n’agissait pas ainsi à cause de mes
problèmes mais à cause des siens.
Un harceleur exerce peut-être le même impact sur vous: il vous obsède,
transforme vos rêves en cauchemars; le stress qu’il provoque vous noue
l’estomac et vous ne comprenez pas pourquoi vous êtes son souffre-
douleur.
Ses motivations sont sans importance. Ce qui importe, c’est vous.
Votre sécurité et votre bonheur comptent pour moi et pour tous ceux qui
vous aiment et se soucient de vous. Ainsi, au lieu de nous concentrer sur la
raison qui pousse un harceleur à s’en prendre à vous, nous chercherons à
vous aider à vous sentir en sécurité et à retrouver la joie.
Ce plan vous convient-il? Je l’espère!
Avant que nous poursuivions, sachez qu’il n’existe pas de stratégie
infaillible unique pour aborder chaque cas particulier. Je vous déconseille en
tout cas de recourir à la violence! Ne laissez jamais un harceleur vous attirer
dans une bagarre. S’il vous attaque, défendez-vous, mais éloignez-vous le
[9]

plus vite possible de lui. Si vous pensez qu’il va vous agresser physiquement,
parlez-en à quelqu’un avant qu’il ne soit trop tard.

Une épidémie de harcèlement


Malheureusement, beaucoup de personnes sont confrontées au
harcèlement. C’est un phénomène aussi courant que le rhume ou le fait de
se cogner le pied. Je voyage dans le monde entier pour parler de ce
problème, et je constate qu’il préoccupe tous les jeunes. Dans chaque école,
chaque ville, chaque pays, des ados me disent qu’ils souffrent sur le plan
psychique, émotionnel, physique et spirituel en raison du harcèlement dont
ils sont victimes.
En Chine, un jeune m’a dit qu’il avait tenté de se suicider huit fois à cause
des persécutions subies à l’école. A Boise, dans l’Idaho, une jeune et
mignonne Coréenne est venue vers moi en pleurant après avoir entendu
mon message. Elle a dit: «On se moque tous les jours de mes origines
coréennes, parce que je suis la seule Asiatique de toute l’école.»
J’entends des histoires similaires au Chili, au Brésil, en Australie, en Russie,
en Serbie et dans le monde entier. Le harcèlement sévit partout et se
manifeste sous plusieurs formes. La plupart d’entre nous avons connu des
brutes au cours de notre enfance: ceux qui menacent de vous frapper, se
moquent de vous ou dressent vos amis contre vous. Les adultes peuvent
être victimes de harcèlement sexuel ou de discriminations fondées sur la
[10]

couleur de peau, la religion, l’identité sexuelle ou des incapacités. Les


attaques peuvent provenir d’un employeur, d’un entraîneur, d’un collègue,
d’un enseignant, d’un petit ami ou d’une petite amie, en bref, de toute
personne qui abuse de son pouvoir ou de sa position.
Il est triste de constater que des parents peuvent également jouer ce rôle.
Si le suicide constitue un problème majeur parmi les jeunes Asiatiques, c’est
en partie dû à la pression incroyable qu’on leur fait subir pour les motiver à
obtenir les meilleures notes afin d’être admis dans la meilleure école et de
décrocher le meilleur emploi et, ainsi, toucher le salaire le plus élevé. Il est
normal que des parents veuillent le meilleur pour leurs enfants, mais
lorsqu’ils lui témoignent de l’amour et l’encouragent uniquement s’il réussit
à leurs yeux, c’est une forme de harcèlement. Un jour, un couple a brûlé son
fils avec des cigarettes, parce qu’il jugeait ses notes insuffisantes. C’est bien
sûr un cas extrême, mais j’ai entendu des histoires similaires dans le monde
entier.
La forme la plus courante de harcèlement consiste à subir des moqueries
ou être tourné en ridicule parce que, d’une façon ou d’une autre, on est
«différent». J’en suis l’exemple typique: pendant de nombreuses années, j’ai
attiré les tyrans comme un aimant. J’ai entendu toutes sortes de
commentaires méchants à propos de ma condition physique. Des
plaisanteries cruelles. Même des menaces physiques.
Le harcèlement, ça fait mal.

Ma famille a déménagé à plusieurs reprises pendant ma scolarité, ce qui


[11]

ne m’a pas aidé. Nous sommes passés d’un côté à l’autre de l’Australie, avec
entre deux un séjour aux Etats-Unis. Dans chaque nouvelle école, non
seulement j’étais le seul enfant sans bras ni jambes, mais j’étais en général
aussi le seul dans un fauteuil roulant. Aux Etats-Unis, j’ai gagné le tiercé:
j’étais le seul enfant de l’école sans bras ni jambes, le seul en fauteuil
roulant et le seul avec un accent australien!
Différent? Moi?
C’est sûr, on me remarquait dans la foule. Le rôle du nouveau sans amis me
rendait plus vulnérable encore. Mais j’ai rapidement saisi que les harceleurs
trouvent un motif de s’en prendre à n’importe qui. Ils appelaient les enfants
intelligents «pauvres mecs», les grands, «girafes» et les petits, «avortons».
Si des êtres parfaits existaient, ils auraient trouvé le moyen de se moquer
d’eux comme étant trop parfaits.
Le harcèlement, ça fait mal. C’est une expérience traumatisante dont on ne
semble jamais voir le bout. Puisque j’ai été victime de ce phénomène tout
au long de mon adolescence et le subis encore de temps en temps, je veux
vous encourager: vous pouvez le surmonter et le dépasser.

Surmonter l’épreuve
Dieu vous a placé(e) sur cette terre parce qu’il vous aime et a un plan pour
vous. Avec son aide et les pistes proposées dans ce livre, vous pourrez
remettre vos harceleurs à leur place afin que leurs sarcasmes ne vous
[12]

dérangent plus. Mon expérience prouve que n’importe qui peut surmonter
le harcèlement et mener une vie tout simplement formidable. Je sais que
cette vie est à votre portée.
Pour commencer, j’aimerais vous inculquer une pensée. Il s’agit bien sûr
d’une manipulation mentale flagrante; si vous la refusez, poursuivez en
mettant une feuille d’aluminium autour de votre tête. (Vous aurez l’air un
peu idiot, mais si ça vous va, ça me va aussi.) La pensée que je veux vous
amener à envisager est celle-ci: subir le harcèlement est une expérience
horrible, mais cela peut aussi constituer une grande chance.
Je sais ce que vous pensez: Nick doit avoir été frappé sur la tête avec un
kangourou! Erreur! C’était un wallaby1. Blague à part, je crois que vous
pouvez transformer le harcèlement en bien dans votre vie. Au lieu de laisser
votre adversaire abuser de vous, vous pousser à devenir fou/folle, à
déprimer, à vous torturer les méninges, à passer des nuits blanches,
alimenter tous vos rêves, pourquoi ne pas inverser la vapeur?
Subir le harcèlement est une expérience horrible, mais cela peut aussi
constituer une grande chance.

Un harceleur veut vous maltraiter? Traitez-le comme un «motivateur


personnel». Mettez les gaz et laissez votre harceleur les prendre dans la
figure. Il y a des «anticorps anti-harceleurs» à développer. Cette nouvelle
force commence par l’intérieur, les pensées et les sentiments les plus
[13]

profonds (cœur et âme), et va jusqu’à la manière de voir le monde, de


prendre des décisions et d’entrer en action. Il s’agit de:
1. découvrir qui vous êtes pour qu’aucun harceleur ne puisse vous
amener à croire autre chose ni vous mettre mal à l’aise;
2. assumer la responsabilité de votre comportement et de votre bonheur
afin que les harceleurs n’exercent aucun pouvoir sur vous;
3. vous forger des valeurs fortes qu’aucun harceleur ne pourra ébranler;
4. créer en vous une zone de sécurité où vous pouvez puiser des forces et
trouver du réconfort;
5. construire des relations solides avec des amis aptes à prendre position
en votre faveur contre les harceleurs;
6. apprendre à écouter et à gérer la façon dont vous réagissez aux
émotions provoquées par le harcèlement;
7. développer des fondations spirituelles qui vous permettront de rester
paisible et fort(e) face au harcèlement;
8. saisir l’occasion d’apprendre de votre expérience difficile afin de
devenir plus fort(e), plus sage, plus confiant(e) et de pouvoir affronter les
défis et grandir dans votre foi;
9. mettre au point une stratégie de défense vous permettant de gérer les
harceleurs de toutes sortes;
[14]
10. développer une certaine empathie afin de discerner les besoins des
autres et, si possible, de les aider à surmonter le harcèlement.
Une fois que vous aurez acquis ces éléments, vous disposerez de votre
propre système de défense. Vous pourrez alors vous joindre à moi dans mon
combat contre cette épidémie. Ensemble et avec l’aide de Dieu, nous
pouvons participer à son éradication.
Trop souvent, les personnes qui subissent le harcèlement finissent par se
retrouver dans le camp des harceleurs. C’est un cercle vicieux. L’un de mes
objectifs consiste à le briser en vous aidant, pour qu’ensuite vous aidiez
d’autres personnes et vous associiez à tous ceux qui luttent contre ce fléau.
En 2012, j’ai abordé ce thème dans une école d’Hawaï. Environ une année
plus tard, le doyen m’a écrit que cela avait transformé l’établissement: après
la conférence, il n’avait plus constaté de cas de harcèlement parmi les
élèves!
En lisant ce livre, vous faites un premier pas vers la participation à cette
campagne anti-harcèlement. Lorsque vous aurez fini de le lire, passez le
témoin à d’autres. Parlez de ce que vous avez appris avec vos parents, amis,
enseignants, avec tous ceux qui pourraient en bénéficier.
Si vous êtes victime de harcèlement, ce livre vous montrera que le jeu des
persécuteurs consiste à vous mettre mal à l’aise pour pouvoir se sentir
supérieurs. Refusez d’entrer dans leur jeu. Croyez plutôt ceux qui vous
aiment: vous comptez pour eux et pour votre créateur. Vous êtes une
[15]

créature de Dieu, faite à son image. Vous êtes beau/belle, tout à fait et
parfaitement unique.
Cela ne veut pas dire que vous soyez sans défaut, mais c’est la beauté de la
chose: nous sommes tous parfaits et imparfaits en même temps. Dieu nous
a conçus ainsi, avec de la beauté dans les deux, pour une raison précise.
Après avoir lu ce livre, j’espère que vous pourrez dire avec assurance ce qui
suit:
* Les harceleurs ne peuvent ni me blesser ni me définir, parce que je sais
qui je suis et où je vais.
* Je ne laisse à personne le pouvoir de me plonger dans le mal-être.
J’assume la responsabilité de mon propre bonheur.
* Ma vie est guidée par des valeurs inébranlables.
* La force qui m’anime a des racines intérieures profondes, et aucun
harceleur ne peut m’ébranler.
* Je sais que ma famille et mes amis prendront ma défense, tout comme
je le ferais pour eux.
* J’ai conscience des émotions qui peuvent m’animer, notamment la
colère et la peur. Si elles se manifestent, je contrôle mes réactions afin de
conserver des pensées et une manière d’agir positives.
* Ma vie spirituelle est solide et me donne des forces. Je sais que j’ai été
créé(e) dans un but et que je suis aimé(e) inconditionnellement. Quand je
suis faible, mon créateur est fort.
* Je trouve un élément positif à retirer de chaque défi, y compris du
harcèlement.
* J’essaie d’aider les autres en toute occasion, en particulier ceux qui
subissent le harcèlement.
Ensemble, nous allons développer un système de défense contre le
[16]

harcèlement. Cela vous aidera à vous sentir plus fort(e) et mieux préparé(e)
à affronter les difficultés de la vie.
Je vous aime.

Les notes de Nick


◊ Le harcèlement est une épidémie mondiale. Si vous en êtes victime, vous n’êtes
pas seul(e) dans ce cas. Et de l’aide est disponible.
◊ Quand un harceleur s’en prend à vous, cela n’a rien à voir avec un problème ou
des défauts de votre côté; c’est lui qui a des problèmes. N’y voyez rien de personnel.
◊ Il n’existe pas de stratégie infaillible unique qui marche face à tous les
harceleurs. La meilleure option consiste à développer votre force intérieure et des
stratégies susceptibles d’être employées pour les différents scénarios.
◊ Si un harceleur s’attaque à vous, défendez-vous mais prenez vos distances le
plus vite possible. Si vous pensez qu’il va vous agresser physiquement, parlez-en à
quelqu’un avant qu’il ne soit trop tard.
1 Kangourou de petite taille.
2. Devenir le cauchemar d’un
[17]

harceleur

Découvrez qui vous êtes afin qu’aucun


harceleur ne puisse vous amener à croire
autre chose.
Le type était complètement ivre. Mon épouse et moi nagions dans la
piscine de l’hôtel où nous avions fait halte pour la nuit. Il n’arrêtait pas de
me fixer des yeux. Au début, il bredouillait et je ne l’entendais pas, mais je
devinais des paroles tout sauf aimables.
Mes craintes se sont confirmées au moment où je me suis assis sur le bord
de la piscine et qu’il s’est rapproché. Il a pointé son doigt en direction de
mon petit pied en prononçant des paroles grossières. Puis il m’a harcelé de
questions odieuses dans le but de me mettre mal à l’aise et de me dénigrer.
En réalité, il se ridiculisait par la même occasion. Il n’avait pas besoin de
mon aide pour cela. C’est pourquoi je suis resté calme et l’ai laissé épuiser
son flot d’insultes. Après quelques minutes, il est parti en trébuchant en
direction de l’hôtel. J’ai prié pour lui. Oui, j’ai prié pour qu’il se casse le nez
[18]

contre une porte vitrée! (Je plaisante… peut-être.)


J’essaie de ressembler à Jésus lorsque je suis confronté aux sarcasmes. On
s’est moqué de lui à cause de ses convictions, mais il est resté paisible et
fidèle à lui-même, sans jamais recourir à son pouvoir pour se défendre. Je
suis sûr qu’il aurait pu éliminer ses bourreaux en un éclair, s’il l’avait voulu.
Or, il les a traités de la même manière que tous les hommes: avec une
compassion fondée sur l’amour et la rédemption.
Je ne lui arrive pas à la cheville. Plus jeune, je me sentais le plus souvent
intimidé, fâché, voire déprimé, angoissé, tendu et malade, après une
rencontre avec un harceleur.
En tant qu’adulte, je suis mieux équipé, mais j’admets que cet ivrogne m’a
mis mal à l’aise, tout comme il a dérangé les autres clients avec ses coups de
gueule.
En revanche, m’a-t-il couvert de honte, inquiété ou déprimé? Pas du tout!
Je détiens désormais la meilleure défense possible contre les harceleurs. La
première étape dans la construction de ce système de défense consiste à
nous définir nous-mêmes. Ainsi, personne d’autre ne pourra nous dire qui
nous sommes.

La façon de nous percevoir


L’importance de savoir qui nous sommes, je l’ai apprise à travers la
souffrance. Durant l’enfance, j’ai laissé les railleries se coller à moi comme
des mouches. J’ai prétendu être malade afin de pouvoir rester à la maison.
[19]

Sur le chemin de l’école, je me cachais dans les buissons. J’étais très


vulnérable, et les harceleurs en profitaient. J’avais de nombreuses questions
sans réponse, notamment celle-ci: Si Dieu aime tous ses enfants, pourquoi
m’a-t-il créé avec tant d’imperfections?
La plupart des enfants de mon âge avaient pour sujet de préoccupation
leur nez trop grand ou leurs boutons d’acné. Moi, je gisais sur mon lit en
pensant sans cesse à ce qui me manquait: N’aurait-il pas pu me donner au
moins des bras ou au moins des jambes, ou au moins un bras ou une jambe?
Pourquoi m’a-t-il laissé dans cet état? Dans quel but? A quoi est-ce que ça
sert? A quoi est-ce que je peux servir? Comment vais-je m’en sortir dans un
monde conçu pour des gens avec des membres?
Les doutes tenaces que j’éprouvais au sujet de ma valeur et de mon avenir
étaient aggravés par les brutes qui m’insultaient, se moquaient de moi ou
m’évitaient tel un pestiféré. Le moral dans les chaussettes, j’ai eu des
pensées de suicide. A plusieurs reprises, j’ai envisagé de me jeter par la
fenêtre ou de tomber du plan de travail.
Finalement, vers l’âge de 10 ans, j’ai tenté de me noyer dans la baignoire.
J’ai mis la tête sous l’eau et retenu longtemps ma respiration, mais je n’ai
pas pu. J’ai vu mes parents, mon frère et ma sœur en train de pleurer à mon
enterrement. Je n’ai pas pu supporter l’idée de leur causer du chagrin, de les
blesser et de leur faire porter le poids de la culpabilité. Ce n’était pas leur
faute; comment pouvais-je envisager de les faire souffrir à ce point?
Ce jour-là, j’ai décidé que le suicide n’était pas une option. Les tendances
[20]

autodestructrices sont revenues à la charge, mais au fil du temps elles ont


faibli. Cependant, je sais par expérience que les harceleurs peuvent vous
pousser au désespoir. Je comprends ce sentiment.
Si vous vous sentez déprimé(e) et avez envie de vous faire du mal ou de
vous tuer, je vous encourage à ne pas laisser les autres vous voler votre joie
et votre soif de vivre. Pourquoi laisser ce pouvoir à quelqu’un? Ne permettez
à personne de vous priver de la vie merveilleuse que Dieu a en réserve pour
vous.

La perspective d’une vie meilleure


Si j’avais mis fin à mes jours, je serais passé à côté d’une existence pleine
de joie et d’amour que je n’imaginais même pas. Je n’aurais pas épousé la
femme de ma vie ni vécu la naissance de notre fils! Je n’aurais pas pu
rencontrer ni encourager de nombreuses personnes dans le monde.
Vous et moi ne connaissons pas d’avance les bonnes choses qui peuvent
nous arriver. Seul le Créateur sait ce qu’il a en réserve pour nous. Peut-être
êtes-vous au fond du trou en ce moment. Peut-être un harceleur vous rend-
il l’existence misérable. Quel horrible sentiment! Mais vous pouvez vous en
sortir. Des jours meilleurs vous attendent. Vous ne voulez pas les manquer,
n’est-ce pas?
[21]
Nous avons tous des défis à relever. Les vôtres peuvent être bien plus
grands que les miens. Je suis né sans membres, mais j’ai été béni de
nombreuses manières. Je crois que nous avons tous la force de surmonter
les défis, grâce à de la détermination et avec l’aide de Dieu. Si vous avez
l’impression de ne pas avoir la force de lutter, lui l’a.
Même s’il me manque des membres, je me suis accroché et j’ai pu
traverser de grosses tempêtes. J’ai été confronté aux sarcasmes toute mon
existence. En fait, je les subis aujourd’hui encore, alors que je suis marié et
père d’un enfant. J’ai appris à y faire face, notamment en contrôlant mes
réactions et en construisant des bases solides pour les repousser.
Vous pouvez apprendre à faire de même. En faisant part de mes propres
expériences, je cherche à vous donner un coup de main. (Le sens de
l’humour, ça aide aussi!) A une époque de mon adolescence, j’ai pensé que
je n’irais jamais à l’université et ne serais pas capable de gagner ma vie ni de
contribuer à rendre ce monde meilleur. Je pensais qu’aucune femme ne
m’accepterait comme mari et je n’aurais jamais imaginé assumer le rôle de
père et tenir mon enfant contre mon cœur.
J’avais tort, tort, tort et encore tort! Ceux qui m’insultaient se trompaient,
et moi aussi. Mon existence, celle-là même qui me paraissait autrefois si
sombre, a été absolument merveilleuse!
Je n’aurais jamais pu imaginer ce que Dieu réservait à un gars sans bras ni
jambes. Vous ne pouvez pas non plus imaginer son plan pour vous. Passons
en revue les trésors de la vie.

[22]
Transformer le négatif en positif
Se moque-t-on de votre taille: petite, grande, mince ou différente d’une
quelconque manière? Ce qui nous distingue des autres peut devenir notre
plus grand atout. C’est dur de connaître la critique et l’exclusion. Mais cette
expérience peut aussi nous rendre plus compatissants, empathiques,
compréhensifs et reconnaissants.
Vous connaissez probablement le dicton (ou même le chant de Kelly
Clarkson) qui dit: «Tout ce qui ne tue pas rend plus fort.» Quand ça va mal,
je pense: Oui, d’accord, mais je souffre quand même en ce moment! C’est
vrai aussi. Néanmoins, nous pouvons faire des sarcasmes une motivation à
devenir plus sages, plus forts, plus malins et plus confiants.
Ce qui ne tue pas rend plus fort.

Si quelqu’un vous a blessé(e), prenez soin de ceux qui sont blessés. Si vous
n’avez pas été traité(e) avec compassion, témoignez de la compassion aux
autres. Si personne n’a pris votre défense, prenez celle des autres. Mon
message est simple: si un homme sans bras ni jambes peut surmonter des
défis tels que celui du harcèlement, c’est à la portée de tout le monde. J’ai
donné une chance à mon être imparfait avec toutes ses pièces manquantes,
et regardez le résultat!
Ce qui nous arrive n’est pas une question de chance; c’est une question de
choix. Nous ne pouvons pas empêcher les tyrans ni les personnes indélicates
de dire et faire des choses blessantes, mais nous possédons le pouvoir
[23]

suprême: celui de choisir notre manière de réagir et de vivre.

Plus forts que nous ne le croyons


Les harceleurs cherchent des personnes qu’ils peuvent dominer avec les
mots ou les poings, en les isolant et en les manipulant face à face ou en
ligne. Ils sont en quête de points faibles, de sensibilités ou de manques
d’assurance à exploiter. Vous en avez certainement, n’est-ce pas? Qui n’en
aurait pas?
Tout le monde manque d’assurance ou est particulièrement sensible dans
un domaine ou un autre. Cela ne fait pas de nous des êtres faibles, cela fait
de nous des êtres humains. Des êtres vulnérables, mais pas des cas isolés. La
vulnérabilité peut nous rendre plus compatissants et plus attentionnés dans
nos rapports avec les autres. On peut être vulnérable tout en étant fort.
Les harceleurs s’attaquent notamment aux personnes qu’ils peuvent isoler:
le nouveau à l’école ou dans le quartier, un ado sur Internet à la maison. J’en
reparlerai plus tard, mais gardez à l’esprit qu’il n’est pas bon de vous isoler
des autres sur de longues périodes. J’en suis la preuve.
Lorsque vous n’avez personne à qui parler, des pensées négatives
s’insinuent dans votre esprit. De petites choses – qui normalement ne vous
tapaient pas sur les nerfs – vous mettent hors de vous. Cela plaît aux
[24]

harceleurs. Ils ressemblent à des ouragans: ils foncent et détruisent tout ce


qui n’est pas stable, pas bien enraciné et pas attaché à des supports solides.
Mais nous allons chercher à vous rendre résistant(e) au harcèlement en
construisant des fondations solides qui ne se fissureront pas.
Il ne s’agit pas de devenir quelqu’un de prétentieux ou trop sûr de soi. Il
s’agit d’acquérir suffisamment de stabilité et de force pour qu’aucun
harceleur ne parvienne à susciter en vous un sentiment de faiblesse,
d’inutilité ou d’indignité. Vous saurez exactement qui vous êtes et quelle
valeur vous offrez au monde.
Cela ne signifie pas que les harceleurs cesseront de vous prendre pour
cible: certains aiment les défis. Mais ils se heurteront à un mur. Votre
assurance les rendra fous et ils finiront par chercher une cible plus facile. Ou,
mieux encore, ils décideront que le harcèlement est un mauvais plan et
abandonneront!

Faire semblant pour être acceptés


Les adolescents se reconnaîtront facilement dans le thème de
l’acceptation. Psychologues et psychiatres conviennent en général qu’au
cours de l’adolescence, la plupart des jeunes commencent à forger leur
identité, à découvrir qui ils sont, à trouver leur place et à construire leur vie.
Quant à moi, je voulais surtout être accepté par tous. Je ne voulais en
[25]

aucun cas être perçu comme quelqu’un de faible ou peu sûr de lui. Alors
devinez ce que j’ai fait! J’ai fait semblant d’être quelqu’un d’autre. Ce n’est
pas une bonne idée, Nick!
J’ai essayé de m’intégrer en jouant au dur et en jurant comme ceux que je
cherchais à impressionner. C’était un comportement très étrange pour moi.
Je ne me rappelle pas avoir entendu un gros mot avant l’école secondaire. A
la maison, personne n’en prononçait.
Mes parents m’ont appris à aimer Dieu et à l’honorer en tout temps. Notre
vie s’est construite autour de la foi. Mon frère, ma sœur et moi étions très
protégés du monde extérieur. Nous n’avions pas le droit d’écouter la radio,
à moins que ce ne soit une chaîne chrétienne.
Dieu a dû être déçu de m’entendre jurer, mais il a certainement compris
que j’étais un peu perdu. Mes premières semaines au secondaire ont eu
l’effet d’une révélation: tout le monde jurait! Du moins, c’est l’impression
que j’ai eue. Il y avait tellement de gros mots qui circulaient que je me suis
demandé si je ne m’étais pas trompé sur le sens des termes. On aurait dit
une nouvelle langue.
J’ai sérieusement cru que jurer faisait partie du vocabulaire normal des
ados. Alors, pour paraître normal, cool et fort, j’ai abandonné le véritable
Nick et suis devenu le Nick grossier.
J’ai commencé à jurer parce que j’avais peur de ne pas m’intégrer. Il n’y a
rien de mal à vouloir nous intégrer et être acceptés, mais il y a un problème
lorsque nous renonçons à nos valeurs et croyances dans ce but.
[26]
Si vous êtes à l’aise avec vous-même, les autres pourront se sentir
à l’aise avec vous.

Je me rejetais moi-même dans l’espoir que personne d’autre ne me


rejetterait. C’est fou, non? Nous avons tous à faire certaines concessions
pour vivre avec les autres. Nous avons dans une certaine mesure à tenir
compte des désirs et besoins de ceux qui nous entourent. Cela fait partie de
l’existence en société: nous sommes membres d’une famille, d’une
communauté, d’une nation, du monde.
Ce qui ne va pas, c’est d’adopter, dans le seul but de nous intégrer, des
comportements que nous jugeons mauvais. Nous n’avons aucun besoin de
prétendre être quelqu’un d’autre. Nous avons déjà notre place sur cette
terre.
Je suggère plutôt ceci: faites en sorte d’être à l’aise avec vous-même; ainsi,
les autres pourront se sentir à l’aise avec vous. Menez une vie qui vous
procure une telle joie que cela leur donnera envie d’en faire partie.

Porter un masque
Pendant quelque temps, j’ai joué à un jeu stupide et essayé d’agir comme
les «gars cool». J’ignore pourquoi jurer était bien vu, mais j’en ai vite pris
l’habitude. C’était comme si nous avions notre propre langage, et cela nous
donnait l’impression d’être indépendants et adultes.
Je me sentais en même temps coupable, parce que chaque fois que je
[27]

disais un gros mot, je m’opposais aux normes fixées par mes parents. Or, je
n’avais aucune raison de les défier: ils m’aimaient et voulaient simplement
le meilleur pour moi. Je l’ai toujours su.
Peut-être étais-je inconsciemment en train de prendre mon indépendance.
Ces petites rébellions font partie de la croissance, bien qu’elles ne
représentent pas l’étape la plus appréciée de l’entourage adulte.
Durant l’enfance, on nous dit que faire et quand le faire. Au cours de
l’adolescence, nous affirmons notre indépendance avec plus ou moins de
force. C’est ce qu’on attend en général des ados. Le problème, c’est que
nous ne sommes pas encore indépendants. Puisque nous dépendons encore
d’eux pour la nourriture, les habits ou le logement, nos parents s’attendent
à ce que nous suivions leurs règles.
C’est une vieille bataille, mais elle peut se vivre comme un doux bras de fer
au lieu d’une guerre nucléaire, si nous gardons le sens de la mesure et
essayons de nous comprendre les uns les autres au lieu de nous emporter.
J’ai eu la chance d’avoir des parents qui ont toujours désiré le meilleur pour
moi, même quand nous n’étions pas d’accord. Ils étaient aussi très
protecteurs. Je ne peux pas le leur reprocher, mais je me sentais beaucoup
plus à l’aise en prenant des risques.
Quand j’ai commencé à dire des gros mots pour ressembler aux autres, je
ne me reconnaissais pas. La moitié du temps, je me demandais: Pourquoi
parles-tu comme ça? Quel est ton problème? Et l’autre moitié (c’était mon
mauvais côté), je me disais: Je me comporte comme tout le monde. Ce n’est
[28]

pas grave. Je joue un rôle pour m’intégrer.


Je justifiais mes actions négatives. Je me créais une fausse apparence, je
mettais un masque. J’ignorais la voix du bon Nick me soufflant que j’étais
tout sauf authentique. Je l’ignorais parce que je voulais juste arriver à la fin
de la journée sans avoir subi de moqueries ni avoir été obligé de me
considérer comme un «handicapé». Je voulais juste être normal.

De la poudre aux yeux


Plus vous prétendez être quelqu’un d’autre sur le long terme, plus il vous
sera difficile de redevenir vous-même. Lorsque j’ai arrêté d’être sincère
envers moi-même, cela a engendré toutes sortes de problèmes: avec mes
amis, mes résultats scolaires et ma perception de moi-même.
Plus vous prétendez être quelqu’un d’autre sur le long terme, plus il
vous sera difficile de redevenir vous-même.

Des questions difficiles me sont également venues à l’esprit. L’une d’elles


était: Comment puis-je être honnête avec moi-même alors que je mens à
tout le monde? Après quelque temps, j’en ai eu marre de porter un masque.
J’ai réfléchi et je me suis demandé: Jusqu’où suis-je prêt à aller? Combien de
temps puis-je tenir ce rôle? Que vont penser mes parents d’un tel
comportement? A qui est-ce que je veux vraiment plaire: à ceux qui
[29]

m’aiment ou à ceux qui veulent juste me contrôler pour satisfaire leurs


propres objectifs?
En jurant, je projetais une fausse image de moi. Dans mon cœur, je me
sentais chrétien, mais je ne me comportais pas comme tel. Or, les gens ne
me jugeaient pas à mon cœur mais à mes actes.

Jamais trop cool pour Christ


Durant un certain temps, mes actes n’ont pas été en adéquation avec ma
foi et mes convictions. En plus de jurer, j’ai tourné le dos à mes amis
croyants. Une dizaine de jeunes chrétiens de l’école mangeaient ensemble
tous les vendredis, et les autres se moquaient un peu d’eux. Certains les
traitaient de bigots ou de grenouilles de bénitier.
Je trouvais ces chrétiens très gentils, sincères dans leur foi, mais je ne
participais pas à leurs rencontres de prière. Lorsque l’un d’eux m’en a
demandé la raison, j’ai répondu que je préférais être avec mes autres amis.
Le malaise que j’ai ressenti en donnant cette réponse m’a poursuivi
longtemps et m’a poussé à réfléchir. J’ai pris conscience que je n’étais pas
en adéquation avec mes valeurs, mes croyances et mon véritable moi.
C’était en partie dû au fait que j’essayais de m’intégrer et n’étais pas prêt à
être perçu comme un chrétien. Je ne voulais pas être traité de bigot. J’avais
peur que les autres me collent une étiquette et ne veuillent plus de moi.
Vous pouvez vous permettre de ne pas être authentique un moment,
[30]

mais vous ne pouvez pas vraiment faire semblant longtemps. Tôt ou tard,
vivre dans le mensonge vous retombera dessus. Il y aura un prix à payer.
Dans mon cas, le jour du jugement est arrivé lorsque j’ai accidentellement
emmené le Nick grossier à la maison.
J’ai lâché par inadvertance un gros mot, alors que maman se trouvait dans
les parages.
– Qu’est-ce que tu viens de dire, Nick?
– Oups, je suis désolé. Je regrette. Je ne sais pas d’où c’est sorti!
Jurer ne me ressemblait pas, et je pense que ma mère n’a pas vraiment su
comment réagir. Elle était sous le choc. Je pense qu’elle m’a fait promettre
de ne jamais recommencer et, après quelques réprimandes
supplémentaires, elle a laissé couler. Pourtant, cette gaffe m’a permis de me
rendre compte une fois de plus que je ne vivais pas selon ma foi.

Un lapsus
Je me considérais comme un bon chrétien, puisque j’avais donné ma vie à
Jésus-Christ, mais la partie de mon cerveau chargée de réguler mes paroles
n’avait apparemment pas reçu l’information.
Plus j’essayais d’éliminer les jurons de mon vocabulaire, plus ils
surgissaient. A la maison, j’arrivais relativement bien à me contrôler, mais à
l’école, au milieu des ados qui lâchaient des c… et des p… à tout va, j’avais
de la peine à parler de façon acceptable pour la censure. Lentement, j’ai
[31]

fait le ménage. Mes amis Scott et Reese ont remarqué mon changement de
vocabulaire et m’ont questionné à ce sujet.
– Je ne veux plus jurer.
– Pourquoi? Qu’est-ce que ça a de mal?
– J’ai été élevé dans la foi chrétienne. Dire des grossièretés ne fait pas
partie d’une vie correcte; ça ne plaît pas à Dieu.
Scott et Reese étaient de bons amis. Même s’ils ne m’ont pas vraiment
compris, ils ont immédiatement essayé de m’aider à trouver des termes
moins vulgaires.
– J’ai une idée, a lancé Scott. Au lieu de dire c…, tu peux dire «cinglé»!
L’idée m’a d’abord paru stupide, mais la recherche a montré que crier des
gros mots permet de se défouler et apporte un certain soulagement
émotionnel et physique. Alors, aussi fou que cela paraisse, j’ai essayé
d’utiliser des substituts. Cela n’a pas fonctionné longtemps. Finalement, j’ai
décidé de me passer de toute grossièreté.
Cela s’est avéré plus difficile que je ne le pensais. C’était carrément devenu
un pli: les gros mots sortaient automatiquement de ma bouche. Cependant,
avec de la persévérance, j’ai appris à débrancher mon répondeur
automatique. Vers 16 ans, j’ai tenu onze mois et trois semaines sans jurer.
Oui, j’ai compté les jours! Je désirais tant briser le moule du méchant Nick!
Un jour toutefois, hors de moi, j’ai fait une rechute particulièrement
douloureuse.
J’ai juré avec le nom de Dieu, ce qui a choqué tous ceux qui étaient à
[32]

portée de voix, moi compris. Je ne me souviens plus des circonstances


exactes, mais je me suis senti mal, très mal. C’est alors que je m’en suis
remis à lui; je l’ai prié de m’aider à mettre fin à cette mauvaise habitude.
Si vous doutez du pardon de Dieu, lisez 1 Jean 1.9:«Si nous reconnaissons
nos péchés, il [Dieu] est fidèle et juste pour nous les pardonner et pour nous
purifier de tout mal.» Une fois que j’ai reconnu mes torts devant lui et lui ai
demandé pardon, le Seigneur a nettoyé et transformé mon vocabulaire. Je
lui en ai été très reconnaissant et j’ai fait de mon mieux pour rester éloigné
de ceux qui juraient.
J’ai compris que les gars soi-disant cool ne l’étaient pas tant que ça, et j’ai
repris contact avec mes amis chrétiens. Ils ont pardonné mes erreurs et
m’ont accueilli dans leur groupe. En leur compagnie, je ne me suis plus senti
comme un imposteur. J’étais à ma place. A partir de ce jour, je ne me suis
plus senti offensé lorsque quelqu’un se moquait de moi en me traitant de
bigot.
Comme un chant du groupe Doobie Brothers le dit, Jésus a été bon envers
moi. (J’espère juste que je l’ai été envers lui!)
Quelque chose d’étrange et de merveilleux s’est passé lorsque j’ai vraiment
trouvé ma place, un cadre où je me suis senti à l’aise et accepté:
soudainement, il m’a semblé que tout le monde voulait devenir mon ami!
Même la plupart des harceleurs ont battu en retraite. Une fois que je n’ai
plus essayé de cacher qui j’étais vraiment et que j’ai assumé le fait que
[33]

j’étais chrétien, les autres m’ont en général plus volontiers accepté; ils se
sont montrés plus aimables et même désireux de mieux me connaître. Je
suis reconnaissant pour les bons et vrais amis qui m’ont aimé et ne m’ont
pas abandonné. J’ai pu être moi-même grâce à eux, ils m’ont vu progresser
et nous sommes devenus bien plus proches. Cela m’a aidé à gérer les
sarcasmes.

Viser l’authenticité
J’ai pris conscience que l’une des plus grandes bénédictions dans la vie
consiste à pouvoir être honnête à propos de soi-même et avec soi-même.
Après avoir trouvé des jeunes qui m’aimaient comme j’étais (un gars aimant
la Bible, sans bras ni jambes), j’ai vu ma confiance monter en flèche, et cela
a agi comme un aimant pour attirer les autres.
Je m’étais trompé en pensant devoir me transformer moi-même de
manière à être cool. Comme tous les ados, j’étais dur envers moi-même, et
envers les autres. Nous avons tendance à ranger les gens dans de petites
boîtes, au lieu de les laisser nous montrer qui ils sont. Nous avons tous
plusieurs centres d’intérêts, traits de caractère et états d’âme. N’enfermez
personne dans une boîte, encore moins vous-même.
Une fois que j’ai décidé que plaire à Dieu était plus important qu’être
populaire, j’ai trouvé la paix. De plus, j’ai arrêté de juger tout le temps les
autres, je les ai acceptés tels qu’ils étaient. Vous sentir en sécurité, être à
l’aise avec votre identité, croire que vous avez de la valeur et connaître le
[34]

sens de votre vie: tout cela est important pour chaque aspect de l’existence.
Par ailleurs, cela diminue votre vulnérabilité face au harcèlement.
Comment construire une identité forte et stable, une perception correcte
de soi, et donner un sens à votre vie? Presque tous les jeunes traversent une
sorte de crise d’identité à un moment donné: chacun se demande quel est
son rôle dans le monde, où est sa place et ce qu’il peut faire. Si vous vous
trouvez dans ce cas, ne vous inquiétez pas: c’est une expérience humaine
universelle. Si vous ne vous êtes pas posé toutes ces questions, vous vous les
poserez tôt ou tard. Nous sommes tous différents et avançons à un rythme
différent.
Des réponses à l’intérieur de nous
Peut-être vous posez-vous les questions que nous nous posons tous
lorsque nous cherchons à trouver notre place dans ce monde. C’est une
bonne chose: cela montre que vous évoluez et que vous vous préparez aux
prochaines grandes étapes de l’existence. Mais où trouver les réponses?
Je crois qu’elles se trouvent quelque part à l’intérieur de vous. Ne paniquez
pas, si vous ne les trouvez pas tout de suite. Elles viendront au bon moment.
Ce qu’il faut savoir, c’est que vous ne devez pas compter sur quelqu’un
d’autre pour définir qui vous êtes et ce que vous valez. Dieu vous a
[35]

placé(e) là où vous êtes dans un but. Il vous a doté de caractéristiques


uniques qui incluent votre apparence physique, vos talents, votre
intelligence et d’autres éléments qui font de vous un être magnifique et
particulier.
Vous ne devez pas compter sur quelqu’un d’autre pour définir qui
vous êtes et ce que vous valez.

Nous avons évidemment tous nos points forts et nos points faibles. Il peut
même manquer des morceaux à certains! Je vous conseille de bâtir à partir
de vos points forts. De cette manière, lorsqu’une brute s’en prendra à vos
points faibles, cela ne vous fera rien!
Si vous connaissez votre propre valeur, aucun harceleur ne peut vous
l’enlever. Si vous savez dans votre cœur que Dieu vous aime et que vous
avez été créé(e) pour accomplir son plan, personne ne peut vous faire croire
autre chose.
Nous avons tous des moments de lassitude. Nous commettons tous des
erreurs. Nous subissons tous des échecs. Le sentiment d’insécurité peut
nous déstabiliser. Ado, j’avais parfois le nez couvert de gros boutons rouges.
Je me regardais: pas de bras, pas de jambes, mais des boutons! J’avais
l’impression qu’ils me bouchaient la vue, tellement ils étaient gros. Dans des
moments comme ceux-là, je me regardais dans le miroir et devais lutter
pour rester sain d’esprit. Une chose m’aidait alors: je m’efforçais de trouver
quelque chose de beau dans mon physique.
«J’ai de jolis yeux, me disais-je. Les gens me disent toujours que j’ai de
[36]
jolis yeux; je vais donc m’appuyer là-dessus.»
Pourquoi ne pas le faire spontanément? Si nous laissons les harceleurs
nous tirer en bas avec leur cruauté et leur méchanceté, pourquoi ne
pouvons-nous pas booster notre moral en étant sympas envers nous-
mêmes, en renforçant notre confiance en nous et en améliorant notre
humeur? (Ma crainte était que quelqu’un me dise, le lendemain, que j’avais
des poches sous les yeux, ruinant du même coup la seule bonne chose que
je pensais posséder!)
Les ados sont souvent très critiques envers eux-mêmes. Ils se comparent à
leurs camarades de classe et à leurs amis, et ils se demandent: «Pourquoi ne
suis-je pas aussi grand que lui ou aussi jolie qu’elle, ou plus populaire ou plus
athlétique ou plus intelligent(e)?» Si nous pouvons nous critiquer nous-
mêmes, pourquoi ne pouvons-nous pas également nous encourager?
A l’école secondaire, j’avais parfois l’impression d’encaisser coups, affronts
et insultes les uns après les autres. Je me traînais la tête basse, en ayant
vraiment pitié de ce pauvre, pauvre Nick. Puis, un camarade me surprenait
en disant: «Nick, tu as l’air en forme aujourd’hui!» ou: «Nick, tu as super
bien parlé en classe!»
Une seule parole gentille, un seul petit encouragement suffisait à
transformer mon attitude. Pendant des semaines, je m’accrochais à ces
paroles positives pour ne pas sombrer dans le cafard. C’est quand même fou
d’observer à quel point nous laissons un seul commentaire méchant ou
[37]

cruel nous plonger dans le désespoir ou la dépression. Pourquoi ne pas nous


concentrer plutôt sur les bonnes choses, les paroles aimables, les dons
reçus?
Voici donc ma suggestion pour une première étape simple et efficace qui
vous permettra de construire votre «système d’exploitation anti-
harcèlement 1.0»: comportez-vous en ami(e) avec vous-même. Sachez vous
pardonner vos erreurs, vos défauts, vos échecs. Faites preuve de gentillesse
envers vous-même. Concentrez-vous sur ce qui est bon.
Comportez-vous en ami(e) avec vous-même.

Qu’avez-vous à perdre? Il y a beaucoup à gagner en manifestant


acceptation et amour à l’égard de vous-même. Vous résisterez mieux aux
attaques, vous aurez plus de courage, vous serez moins facile à blesser, vous
serez caractérisé(e) par la joie et une attitude positive, vous serez plus
aimable. Je vous propose un exercice pour entrer dans ce processus: dressez
une liste de vos forces et de vos succès. Incluez-y:
* ce que vous faites bien,
* des éléments pour lesquels on vous a félicité(e),
* des choses que vous avez accomplies,
* des problèmes que vous avez personnellement résolus,
* des travaux de réparation que vous avez entrepris,
* des bonnes décisions que vous avez prises,
* des jolies choses que vous avez créées,
* des buts que vous avez atteints,
* des risques que vous avez accepté de courir,
[38]

* des gens ou même des animaux que vous avez aidés.

Etre le miracle
Voici un de mes leitmotivs: si aucun miracle ne s’accomplit pour toi,
deviens le miracle de quelqu’un d’autre. Lorsque je me sentais
complètement nul, je retrouvais le moral en prenant du recul vis-à-vis de
mes problèmes et en proposant mon aide à ceux qui passaient par des
difficultés. J’ai pris énormément de plaisir à essayer de faire plaisir à
d’autres. Cela me remplissait de force et m’aidait à surmonter les obstacles
qui se mettaient en travers de ma propre route.
Michael, un jeune Californien, a écrit son histoire sur mon site Life Without
Limbs. Il raconte combien il a été béni en devenant une bénédiction pour les
autres:
Je suis né prématurément avec des pieds bots et un poumon en mauvais
état qu’on a dû opérer rapidement. De plus, j’ai subi dix opérations à l’œil
droit, mais grâce à Dieu, je suis en vie aujourd’hui… J’essaie de faire de
mon mieux. Je me forme au Los Medanos College et j’espère devenir un
jour éducateur spécialisé pour les enfants en difficulté. C’est le métier qui
m’attire le plus. Autrefois, les gens se moquaient beaucoup de moi.
J’avais pris l’habitude de faire toutes sortes de choses stupides pour me
faire accepter et fuir ainsi mes problèmes. Par la suite, j’ai appris à
pardonner, à ne pas laisser les autres me décourager et à ne pas me
[39]

laisser contrôler par ce qui m’asservissait. J’ai étudié la Bible avec des
amis de l’église et j’ai beaucoup appris sur Dieu, la vie et moi-même. A
Pâques 2010, j’ai choisi une nouvelle vie avec Dieu et me suis fait
baptiser.
Si vous êtes le souffre-douleur d’un harceleur ou de quelqu’un qui vous
démolit (ou si vous avez de la peine à comprendre et à apprécier votre
propre valeur), essayez de vous engager comme bénévole dans une œuvre
d’entraide locale, un établissement pour personnes handicapées, un hôpital
pour vétérans ou un foyer pour sans-abri. Demandez à un professeur, un
responsable administratif, un pasteur ou autre de vous indiquer un cadre où
votre présence pourrait être utile. Je vous promets une expérience
enrichissante. Vous aurez certainement une meilleure opinion de vous-
même après coup, et cela augmentera votre force émotionnelle.
Si vous avez l’impression de ne pas en avoir fait suffisamment dans la vie,
fixez-vous des buts raisonnables et avancez un pas après l’autre, jusqu’à ce
que vous les ayez atteints. Puis célébrez vos exploits, offrez-vous une
récompense, considérez avec fierté ce que vous avez accompli! Ensuite, fixez
la barre un peu plus haut et mettez-vous en route vers ce nouvel objectif.
Une fois que vous avez pris de l’assurance et acquis des compétences,
n’hésitez pas à fixer la barre toujours plus haut. Pour ma part, c’est ce que
j’ai souvent fait. Parfois, je suis retombé brutalement. Vous ne réussirez pas
toujours, mais aussi longtemps que vous persévérez dans l’idée de
progresser, vous vous donnez des chances de réussir. L’objectif immédiat
[40]

est de vous rendre résistant(e) au harcèlement, mais votre capacité à gérer


des revers et à relever des défis de toutes sortes ira en s’améliorant, puisque
vous prendrez de l’assurance et grandirez dans l’acceptation de vous-même.

Les notes de Nick


◊ Une fois que vous savez qui vous êtes et avez pris de l’assurance, aucun
harceleur ne peut vous déstabiliser ni vous voler votre joie.
◊ Vous avez été créé(e) dans un but. Cela signifie que vous avez de la valeur et un
avenir avec un potentiel illimité à développer.
◊ Vous devenez plus fort(e) et plus résistant(e) au harcèlement si vous acceptez et
aimez ce que vous êtes, tout en vous efforçant d’être la meilleure personne possible.
[41]
3. Prendre notre vie en main

Assumez la responsabilité de votre vie afin


que les harceleurs n’aient aucune emprise
sur vous.
Au début de mon adolescence, je laissais tout pouvoir aux harceleurs. Je les
laissais me blesser et susciter en moi un sentiment de nullité. Je m’apitoyais
alors sur mon sort. Mon oncle John a compris ce qui se passait et a mis un
terme à mes séances d’apitoiement.
«Nick, personne ne peut changer qui tu es, m’a-t-il dit. Même si tu coupes
la langue de quelqu’un, lui arraches un œil ou lui bouches les oreilles pour
qu’il ne puisse plus goûter, voir ou entendre, cela ne change rien à ce qu’il
est au fond de lui-même. Personne ne peut porter atteinte à ton esprit ni à
ton âme.»
Merci, oncle John. Tu m’as rendu un précieux service!
Ce que mon oncle me suggérait, c’était d’assumer la responsabilité de mon
bonheur et de la façon dont je me percevais. Je ne pouvais pas empêcher
des harceleurs de s’en prendre à moi et, la plupart du temps, vous n’y
parviendrez pas non plus. Mais nous pouvons choisir de ne pas les laisser
[42]

nous démolir en prenant fermement position et en décidant que personne


ne déstabilisera notre être intérieur sans notre autorisation.
Face au harcèlement, gardez ces affirmations à l’esprit: Tu peux m’insulter,
mais tu ne peux pas porter atteinte à mon identité. Tu ne peux pas
m’amener à me sentir mal dans ma peau. Je sais qui je suis et je l’assume.

Trouver notre bonheur


Considérez votre existence comme un meuble à monter soi-même: c’est
vous qui êtes le créateur de votre propre bonheur et de la façon dont vous
vous percevez. Considérez-vous comme responsable d’être la meilleure
personne possible. Tirez le meilleur parti de vos talents. Appuyez-vous sur
vos points forts et travaillez vos points faibles. Restez humble tout en vous
aimant vous-même, en faisant le maximum pour développer vos
compétences et atteindre votre objectif. C’est une forme d’énergie positive
qui attire les amis et décourage les harceleurs.
Vous ne connaîtrez l’amour et la confiance en soi que si vous acceptez la
responsabilité de votre bonheur et de votre succès. Je l’ai appris dans mon
enfance, mais, à mesure que surgissaient des difficultés, j’ai dû faire l’effort
de me le rappeler. Peut-être est-ce aussi votre cas. Considérez-vous comme
votre propre entraîneur dans ce domaine. Souvenez-vous des victoires
passées et appuyez-vous sur elles pour tenir bon dans les épreuves
[43]

présentes. Montrez-vous reconnaissant(e) pour la possibilité que vous avez


de contrôler votre manière de réagir face aux imprévus. C’est comme un
superpouvoir qui vous permet d’apprendre de vos expériences, même
négatives, pour en tirer profit plus tard.
En tant qu’enfant, je ne manquais pas de détermination, si bien que mes
parents et ma famille élargie ont rapidement décidé que la meilleure chose
à faire était de «laisser Nick faire ses propres expériences». Ils ne m’ont pas
dorloté et, avec du recul, je leur en suis vraiment reconnaissant. Parfois, je
désirais ardemment être pourri gâté et traité comme un prince, mais ils
veillaient à ce que cela ne se produise pas. Ils n’ont pas déroulé le tapis
rouge devant moi parce que je n’avais pas de membres.
Aujourd’hui encore, mes parents me soutiennent et m’encouragent, mais
ils ne me laissent pas m’apitoyer ni me soustraire à mes responsabilités. A la
maison, ils m’attribuaient des corvées comme à mon frère et à ma sœur. Je
devais faire mon lit, nettoyer ma chambre et passer l’aspirateur! Lorsque je
me plaignais de la difficulté d’assumer ces tâches, comparé aux gens bien
portants, ils m’invitaient à chercher une solution. Pas parce qu’ils étaient
adeptes du qui aime bien châtie bien, mais parce qu’ils voulaient que je sois
capable de me débrouiller dans n’importe quelle situation.
Les membres de ma famille, cousins compris, me traitaient comme un
enfant normal. Ils m’embêtaient et plaisantaient à mes dépens, mais
toujours avec amour et affection. Je n’ai pas toujours compris pourquoi
[44]
mes parents s’attendaient à ce que je fasse tout par moi-même, mais
maintenant oui, et je leur en suis reconnaissant. Ils ont eu un fils auquel il
manquait des jambes, mais ils ont voulu que je vole de mes propres ailes.
Au fur et à mesure que j’avançais en âge, je me suis battu pour m’en sortir
seul. Je détestais l’idée de dépendre des autres et j’étais fier des solutions
que je trouvais. Mes parents m’y encourageaient et m’aidaient à imaginer
comment allumer la lumière, me brosser les dents, me peigner et accomplir
d’autres tâches sans avoir de bras.
Ces petites victoires sur mon handicap m’ont donné la force d’affronter de
plus grands défis par la suite, mais j’ai dû apprendre à les exploiter pour
consolider ma confiance. Il y a beaucoup de choses que l’on ne peut pas
contrôler lorsqu’on est jeune. La plupart des ados dépendent de leurs
parents: ce sont eux qui subviennent à tous leurs besoins et leur procurent
leur argent de poche. Le jour où ils deviennent financièrement
indépendants, bien des choses restent cependant indépendantes de leur
volonté.
Nous pouvons choisir d’assumer la responsabilité de notre propre
bonheur et de notre manière de réagir au harcèlement.

Même si vous ne pouvez pas contrôler tout ce qui vous arrive


(persécutions, tempêtes, maladies, difficultés familiales), la bonne nouvelle,
c’est que vous pouvez choisir de réagir de manière négative ou positive.
Partout où je donne des conférences – que ce soit en Californie, en
[45]

Amérique du Sud ou en Chine –, les jeunes me demandent comment je peux


être si joyeux avec un handicap physique aussi lourd. Je réponds: «C’est
parce que je choisis de me concentrer sur toutes les bonnes choses de la
vie.»
J’ai le choix. Vous avez le choix. Nous pouvons choisir de céder à
l’apitoiement et de nous considérer comme des victimes lorsque les
harceleurs s’en prennent à nous, ou alors nous pouvons choisir d’assumer la
responsabilité de notre propre bonheur et de notre manière de réagir face à
la situation. Même pour des ados – qui exercent un contrôle plus limité que
les adultes sur leur vie –, il est très important d’apprendre à contrôler
l’attitude adoptée, et notamment la réponse apportée aux défis de
l’existence.
Quand on pense harcèlement, on pense généralement moquerie,
bousculade ou ostracisme. Cependant, il en existe de nombreuses autres
formes: persécution religieuse, dictature, abus physique et sexuel, esclavage
sexuel… La maladie et le handicap peuvent aussi être perçus comme des
formes de tyrans, dans le sens où ils limitent la liberté et peuvent limiter
l’existence. Une certaine Melissa m’a envoyé un courriel très stimulant à ce
sujet:
Je viens d’une petite ville d’Angleterre. Je souffre de deux maladies très
rares: la dystonie2 et le syndrome douloureux régional complexe (SDRC).
Cela a commencé par une petite fracture de la cheville, et aujourd’hui je
[46]

suis en fauteuil roulant. Je ne peux pas marcher, et la probabilité qu’on


doive m’amputer la jambe gauche au-dessous du genou est de 90%. La
dystonie ne s’est jamais manifestée avant que je me fracture la cheville,
et le SDRC a commencé dès lors à m’affecter également. J’ai dû arrêter
l’école pour faire de la physiothérapie3. J’en ai suivi pendant 15 mois, à
raison de deux fois 30 minutes par jour à domicile. Finalement, nous
avons compris que la physio ne m’apportait rien. Je consulte
actuellement les meilleurs spécialistes en espérant qu’ils arriveront à
sauver ma hanche et ma jambe gauches.
Quoi qu’il en soit, lorsque j’ai pris conscience que je ne guérirais jamais,
j’ai décidé d’aider les autres. Je veux les encourager, suivant l’exemple de
Nick. Je sais qu’il croit en Dieu (moi pas, mais je suis ouverte d’esprit et je
respecte ses idées). Quant à moi, je crois en Nick et il m’encourage. J’ai
commencé à étudier par moi-même la psychologie, et d’autres domaines
suivront. J’ai créé mon propre site Internet où je parle de ma situation et
propose des conseils. J’anime également un blog. Beaucoup de personnes
me disent que je les encourage déjà, mais je veux faire plus: je veux
inspirer des gens comme Nick. Je tiens aussi un «journal» que je peux
relire, qui me pousse à réfléchir à mon existence ou que j’utilise pour
aider les autres. Je ne suis pas encore une source d’inspiration, mais je
compte bien le devenir. J’espère que ma mère sera fière de moi et que
quelqu’un me dira un jour: «Grâce à toi, je n’ai pas abandonné mes
rêves.»
N’est-ce pas formidable? J’aimerais corriger un seul élément dans cette
[47]

lettre: elle est déjà une source d’inspiration. Son histoire me donne envie
d’être encore meilleur, donc elle contribue déjà à transformer la vie des
autres!
Melissa a choisi d’assumer la responsabilité de son bonheur et de son
existence. Elle fait preuve d’une grande sagesse et d’une grande maturité.
J’aurais aimé avoir cette sagesse pendant ma scolarité. Quand un harceleur
m’insultait, je l’écoutais. S’il me traitait de monstre, je me voyais comme tel.
S’il affirmait qu’aucune fille ne voudrait jamais de moi, je le croyais.
J’étais faible et je n’assumais pas mes responsabilités. Je n’étais pas
conscient de l’importance de le faire et j’ai sombré dans le désespoir. J’ai
finalement tenté de me suicider parce que les autres m’avaient convaincu
qu’il n’y avait pas d’espoir. J’ai également laissé une petite brute me
provoquer en duel dans la cour de récréation.
Je me suis montré plus sage au deuxième cycle du secondaire, même si je
ne pouvais pas empêcher les tyrans et les gens cruels de heurter encore mes
sentiments et provoquer mon irritation. Cependant, j’ai appris à contrôler
mes réactions. Au lieu de m’emporter ou de fuir en pleurant, j’ai pris le
temps d’analyser la situation. J’ai essayé de comprendre l’arrière-plan du
harceleur, même si, parfois, il était impossible de discerner ses motivations:
certains sont profondément perturbés ou tout simplement méchants.
Ne laissez pas un harceleur vous «pousser» à faire n’importe quoi.
[48]

Assumez vos responsabilités. Réagissez de la manière la plus utile pour vous;


ne mordez pas à l’hameçon, quel qu’il soit.
A l’école primaire, je gobais tout: l’hameçon, la ligne et le plomb. Les
sarcasmes m’atteignaient et me déchiraient intérieurement. Ne commettez
pas cette erreur, car elle vous brisera aussi, et c’est précisément l’objectif
visé par les harceleurs.
J’ai failli me donner la mort après avoir cru les mensonges prétendant que
j’étais un monstre sans valeur ni avenir. Les mensonges peuvent vous tuer,
mais seulement si vous les laissez s’infiltrer jusqu’à votre cœur. Refusez-les.
Accueillez plutôt la vérité: Dieu vous a créé(e) parfait(e) et placé(e) sur cette
terre pour que vous le serviez et entriez dans son plan.
Dieu vous aime, et vous n’avez aucune idée de ce qu’il a en réserve pour
vous. Votre valeur n’est pas déterminée par un élément de votre aspect
physique, mais par ce qui habite votre cœur et votre âme.
Enfant, je n’avais pas l’impression d’avoir beaucoup de pouvoir. Pour moi,
c’étaient les adultes et les enseignants qui le détenaient, pas les enfants. Or,
Dieu tenait à ma disposition une puissance insoupçonnée. Elle était là, et je
n’en profitais tout simplement pas.
Les étapes exposées ci-après vous aideront à trouver la force de faire vos
propres choix.

[49]
Etape 1: prendre le volant
Si je vous invite à vous asseoir au volant, c’est bien sûr au sens figuré. Il
s’agit d’accepter la responsabilité qui est la vôtre de jouer un rôle
déterminant dans votre propre existence. Si vous voulez connaître le
bonheur et la réussite (peu importe la définition donnée de celle-ci), vous
devez exploiter la force qui est à votre disposition pour construire la vie que
vous souhaitez, quoi qu’il vous arrive. C’est un concept plutôt cool: c’est une
sorte de puissance secrète qui vous maintient sur la bonne route et vous
permet d’aller bien malgré les obstacles.
David est né au Portugal avec un spina bifida4. Lorsqu’il était plus jeune,
m’a-t-il écrit, il déprimait parce que les autres le traitaient méchamment,
comme s’il avait moins de valeur qu’eux. Pendant un temps, il a eu envie de
baisser les bras, mais ensuite il a décidé de prendre sa vie en main et de ne
plus laisser autrui décider de ce qu’il devait ressentir. Il a décidé de lutter
pour ses rêves et de rester positif malgré les difficultés, et cela a transformé
son existence.
En général, j’affiche un sourire, et je suis heureux de voir que des
personnes comme toi, Nick, sourient aussi. Je ne me plains pas de ma
condition. Je me suis beaucoup battu, je suis tombé bien bas, puis j’ai
remonté la pente. Je n’ai jamais abandonné. La mort a failli m’avoir par
deux fois, mais je suis toujours là. Tout ce que je veux, c’est que les gens
n’abandonnent jamais leur sourire. C’est pourquoi je fais de mon mieux
[50]
pour les aider. Je commets des erreurs, et je le regrette bien. Mais je me
battrai tous les jours pour avoir un meilleur comportement.
Rien ne vous garantit que les harceleurs ne s’en prendront plus à vous ou
que vous coulerez des jours paisibles, mais aussi longtemps que vous refusez
de laisser autrui exercer un contrôle sur vos sentiments, rêves et objectifs,
vous devriez bien aller.

Etape 2: choisir la destination et garder le cap


Une fois au volant, vous êtes responsable d’arriver à l’endroit souhaité.
Ainsi, si vous aspirez à une vie meilleure ou à la meilleure vie possible, vous
devez vous préparer à vous l’approprier en restant sur la bonne route et en
faisant de votre mieux pour ne pas vous perdre en chemin.
Vous devez être d’accord de faire des efforts pour obtenir ce que vous
voulez. Vous ne pouvez pas vous contenter de moins; veillez donc à fixer des
buts et des attentes réalistes, puis faites preuve de l’engagement nécessaire
pour les atteindre. Il y a un aspect cool à cette démarche: quand vous
prenez le volant avec une destination en tête et la détermination d’y
parvenir, le voyage est beaucoup plus agréable, et il est difficile pour les
[51]

autres – harceleurs compris – de vous faire quitter la route.

Etape 3: faire le plein


Faire le plein consiste à découvrir ce qui fait tourner votre moteur, ce qui
vous donne de l’énergie, vous anime et vous motive à avancer, même si la
route se gâte ou si vous avez envie de vous arrêter pour faire une sieste. La
plupart des voitures roulent à l’essence sans plomb ou au diesel. Certaines
fonctionnent à l’électricité ou grâce à un mélange d’électricité et d’essence.
Les hommes ont un choix plus vaste encore de sources d’énergie. Nous
sommes tous motivés, à un certain degré, par la nécessité de gagner de
l’argent. Le rêve de certains consiste à en gagner le plus possible. Je n’y vois
pas la plus grande force motrice qui soit, mais il est important que vous en
soyez conscient(e), si c’est ce qui alimente votre vie. Ma recommandation,
c’est que notre moteur soit la foi et que celle-ci nous amène à avoir un
impact dans le monde en utilisant nos talents et nos dons au service de Dieu
et de ses créatures.
Il y a des sources d’énergie meilleures que d’autres. Certaines peuvent
vous conduire directement dans un cul-de-sac; d’autres peuvent vous
combler et contribuer à rendre le monde meilleur pour tous. Si votre
motivation se résume à gagner de l’argent, je ne suis pas sûr que vous
[52]

trouverez le bonheur. Si, en revanche, ce qui vous stimule, c’est de mettre


vos dons au service des autres, vous aurez probablement toujours tout ce
dont vous avez besoin. Je le sais parce que je me suis souvent retrouvé avec
très peu d’argent. Mais, comme je sillonnais le monde pour encourager les
autres et les conduire à Dieu, j’avais l’impression d’avoir tout ce dont j’avais
besoin et tout ce que je voulais.

Etape 4: enclencher la première, et pied au plancher!


Ado, je passais beaucoup de temps avec mes amis à tenir des
conversations du genre:
– Qu’est-ce qu’on fait?
– J’sais pas. Et toi?
– Tu veux aller au ciné?
– J’sais pas. Et toi?
– J’en sais rien. Et toi?
Nous poursuivions ainsi pendant des heures et des heures, sans jamais
quitter notre siège, parce que nous n’arrivions pas à nous décider. Nous
étions incapables d’enclencher la première vitesse et nous passions, de ce
fait, des journées entières à ne rien faire, ne rien découvrir, ne rien
accomplir.
Ce n’est pas de cette manière que vous voulez mener toute votre
existence, n’est-ce pas? Alors, vous devez enclencher la première vitesse et
[53]

appuyer sur la pédale des gaz. Vous ne pouvez pas rester assis(e) en
attendant que quelqu’un décide pour vous. Vous devez prendre une
décision et, surtout, agir en conséquence.
Cela correspond au message publicitaire de la marque Nike: «Just do it!»
Une source un peu plus inspirante, la Bible, va dans le même sens en
affirmant qu’avoir la foi ne signifie rien si vous n’agissez pas en conformité
avec elle5. Effectivement, les actes parlent plus fort que les paroles. C’est
bien d’avoir des rêves, mais vous ne connaîtrez jamais l’existence que vous
voulez à moins de sortir du lit et de chercher à les réaliser.
En quoi tout cela nous aide-t-il à gérer des tyrans? Qu’est-ce qui est plus
facile à viser: un canard en train de dormir ou un lapin en train de courir? Si
les harceleurs cherchent une cible, la dernière qu’ils viseront sera celle qui
bouge, qui a le pied enfoncé sur la pédale et fonce vers une vie meilleure.

Etape 5: régler le rétroviseur et le GPS


Dès que j’ai commencé à me sentir mieux dans ma peau, les harceleurs ont
perdu de leur emprise sur moi. Je me suis mieux porté quand je suis resté
fidèle à mes convictions et ai ajusté ma conduite sur elles. J’ai arrêté de
jurer. Je n’ai plus prétendu être un dur. J’ai parlé ouvertement de ma foi.
[54]

En regardant dans le rétroviseur, j’ai vu un gars qui faisait de son mieux pour
être le meilleur Nick possible.
Dès que j’ai commencé à me sentir mieux dans ma peau, les
harceleurs ont perdu de leur emprise sur moi.

C’est ce que je vous souhaite également (hormis la partie propre à moi,


Nick, bien sûr). Je veux que vous puissiez regarder tous les jours dans le
rétroviseur et avoir sincèrement l’impression de faire de votre mieux pour
honorer les dons et bénédictions dont vous êtes l’objet. Ne visez pas la
perfection: les hauts et les bas font partie de la vie. Parfois, nous nous
égarons. Ce n’est pas grave, pour autant que nous prenions le temps de
regarder dans le rétroviseur et admettions qu’il y a mieux à faire la
prochaine fois. Faites preuve d’une certaine indulgence envers vous-même,
mais aussi d’honnêteté. Regardez dans le rétroviseur et demandez-vous si
vous avez pris de mauvaises habitudes ou si vous fréquentez des gens qui ne
mettent pas en valeur le meilleur de vous.
Il est également important de vérifier régulièrement votre GPS afin de vous
assurer que vous êtes sur le bon chemin pour devenir la personne que vous
voulez être et construire l’existence que vous souhaitez mener. Il est parfois
nécessaire de faire demi-tour. Vous pouvez vous perdre et devoir retrouver
votre chemin. De temps à autre, faites le point pour voir si vous êtes
toujours dans la bonne direction. La pire chose que vous puissiez faire, ce [55]

serait d’errer sans but ou de suivre quelqu’un dont les buts et les rêves sont
différents des vôtres.
Le rétroviseur ne ment pas, ni votre GPS personnel, d’ailleurs. Si vous
commencez à vous justifier, à agir de manière superficielle ou à développer
des tendances autodestructrices, sachez que c’est le moment de faire demi-
tour et de retourner sur la bonne route.
Dieu s’est intéressé à nous au point d’insuffler la vie en nous et de nous
placer sur cette terre. Nous avons à prendre soin de sa création et à honorer
ses précieux dons.

Les notes de Nick


◊ Vous ne connaîtrez l’amour et la confiance en soi que si vous acceptez la
responsabilité de votre bonheur et de votre réussite.
◊ Vous pouvez choisir de réagir de façon positive, même si vous êtes envahi(e) de
sentiments négatifs et êtes confronté(e) à une expérience telle que le harcèlement.
C’est comme un superpouvoir qui vous immunise contre les attaques!
2 Trouble moteur neurologique.
3 Ou kinésithérapie.
4 Malformation congénitale de la colonne vertébrale.
5 Voir Jacques 1.22; 2.20, par exemple. (NdE)
[57]
4. Choisir notre route

Fixez-vous un objectif fondé sur des valeurs


fortes qu’aucun harceleur ne peut ébranler.
Mes grands-parents ont beaucoup souffert dans leur patrie, la Yougoslavie.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, ils ont été persécutés par le régime
communiste en raison de leur foi. Des centaines de milliers de leurs
compatriotes serbes ont été assassinés, déportés ou emprisonnés. Mes
grands-parents et les autres chrétiens devaient se retrouver secrètement
pour célébrer leurs cultes, en restant constamment vigilants pour ne pas
être arrêtés ou tués.
Après des années de persécution, ils ont fui leur pays et émigré en
Australie, où mes parents ont grandi, se sont rencontrés et se sont mariés.
C’est dans ce pays que ma mère a donné naissance à trois enfants. On peut
dire que le harcèlement a fortement influencé l’histoire de ma famille et ma
propre existence.
Cela peut paraître étrange mais j’ai l’impression que, d’une certaine
manière, ce passé m’a rendu plus fort. Quand j’avais le moral dans les
chaussettes, je reprenais courage en me remémorant la vie de mes grands-
[58]

parents: ils ont continué à exercer leur foi et sont restés attachés à leurs
valeurs même sous les menaces de mort. S’ils avaient tenu bon, je le pouvais
aussi. Lorsqu’on se moquait de moi ou me rejetait du simple fait que j’étais
différent physiquement, cela m’aidait de penser que mes grands-parents
avaient connu bien pire en Yougoslavie. Ils ont survécu et joui d’une
meilleure vie par la suite, et cela me redonnait espoir.

Le fruit de l’Esprit
Mes grands-parents suivaient l’exemple de Jésus. Lui aussi a subi des
moqueries de la part de ceux qui le haïssaient en raison de ses
enseignements. Il a enseigné les valeurs chrétiennes fondamentales et les a
pleinement vécues. Il a ainsi eu la force d’affronter la mort et de payer pour
nos péchés, afin que nous puissions un jour bénéficier de la paix éternelle au
ciel.
De même, des valeurs fortes peuvent vous donner la force d’affronter le
harcèlement et les diverses difficultés de l’existence. Les valeurs auxquelles
je me réfère sont enseignées dans la Bible; certaines se retrouvent dans
d’autres sortes de croyances. Il s’agit de qualités, traits de caractère ou
attitudes qui rassemblent les êtres, créent des liens de compréhension
réciproque et de soutien mutuel et vont dans le sens de l’intérêt général,
pas seulement des intérêts particuliers, même si, à long terme, chacun en
tire personnellement profit.
Les valeurs chrétiennes s’opposent aux valeurs du monde (ou valeurs
[59]

terrestres) dont le but est le profit à court terme de l’individu: la recherche


de la richesse, du pouvoir, du plaisir, de la vengeance, de la célébrité, de la
position sociale. Cela n’empêche pas des chrétiens de réussir dans leurs
entreprises, de profiter de la vie et de devenir célèbres, mais il ne peut s’agir
pour eux d’un but en soi, même si ces bienfaits font partie d’une forme de
récompense.
Quelles sont les valeurs chrétiennes qui peuvent nous aider? Dans la Bible,
Galates 5.22 indique ceci: «Le fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la
patience, la bonté, la bienveillance, la foi, la douceur, la maîtrise de soi.»
Prenons le temps d’examiner chacun de ces bons fruits et voyons comment
ils s’appliquent à votre situation.

Le fruit de l’amour
La vie est trop courte pour que l’on suive un chemin autre que celui de
Dieu. Je crois que le ciel existe vraiment, et je veux y entrer comme un bon
et fidèle serviteur du Seigneur. Je veux aussi y emmener le plus grand
nombre de personnes possible. C’est dans ce but que je manifeste et
exprime l’amour de Dieu chaque fois que l’occasion se présente.
Il est facile de dire aux gens qu’ils sont aimés. Pourtant, je suis toujours
étonné du puissant impact d’une telle parole sur eux. Lors de conférences
dans les écoles, j’ai vu de grosses brutes s’effondrer en larmes et me
remercier, quand je leur ai dit que Dieu les aimait. Plus d’une fois, des ados
[60]

m’ont confié que personne d’autre ne leur avait jamais témoigné de


l’amour.
Comme c’est triste! Jésus a dit:
Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de
toute ta pensée. C’est le premier commandement et le plus grand. Et voici
le deuxième, qui lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-
même.6
Ce commandement se trouve au cœur de la règle d’or.
J’admets toutefois n’avoir pas toujours ressenti de l’amour pour les brutes
qui s’en prenaient à moi et m’insultaient, ni pour ceux qui me traitaient
comme une sorte de monstre inférieur et inutile. Il ne vous sera pas facile
non plus d’aimer vos harceleurs et, par la suite, de leur pardonner.
Qui a dit que ce devait être facile? De plus, Dieu lui-même ne vous
facilitera pas forcément la tâche. Les épreuves que vous subissez peuvent
être le moyen dont il se sert pour tester vos forces et votre foi. Cela ne vous
encourage pas beaucoup? Je le comprends, et lui aussi. Alors, tournons-nous
vers la leçon suprême d’amour et de pardon que Jésus nous donne sur la
croix lorsqu’il dit, les yeux levés vers le ciel: «Père, pardonne-leur, car ils ne
savent pas ce qu’ils font.»7
Si ces paroles vous stimulent, tant mieux! Vous pouvez aussi rétorquer que
Jésus était le Fils de Dieu, tandis que vous n’êtes qu’un simple quidam
tentant de survivre. Personne ne s’attend à ce que vous aimiez un
[61]

harceleur qui cherche à vous faire du mal physiquement, vous humilier ou


vous blesser. Tendre l’autre joue n’est pas toujours possible. Mais, une fois
hors de danger, pourquoi ne pas demander à Dieu de vous aider à l’aimer et
à lui pardonner?
Vous pouvez entrer dans ce processus non par égard pour le harceleur
mais pour vous-même. Demandez à Dieu de vous donner de la compassion
envers votre adversaire. Dieu lui-même a compassion de nous, alors qu’il
connaît toutes nos fautes; il choisit de nous aimer malgré tout. Peut-être
que votre harceleur a pour arrière-plan une famille dysfonctionnelle ou
violente, où il ne trouve ni amour ni soutien.
Je me demande parfois si j’aurais pu avoir un impact radical en manifestant
de l’amour à quelques-uns de mes harceleurs. Cela aurait en tout cas été
intéressant! En tant que victime, témoigner de l’amour à mes agresseurs
aurait certainement représenté un changement radical, et c’est exactement
ce que Jésus a fait.
Ceux qui vous harcèlent risquent de ne plus savoir comment réagir si vous
leur manifestez de la compassion, leur offrez votre pardon ou vous
approchez d’eux au lieu de les fuir. Je ne vous conseille toutefois pas de le
faire sans avoir un bon plan d’évacuation ou des amis dans les parages. Une
moto rapide pourrait faire l’affaire! Et laissez tourner le moteur!
Nous avons tous été créés pour être des instruments de l’amour de
Dieu.

Que vous manifestiez ou non de l’empathie à votre harceleur, vous


[62]

pouvez le considérer comme le fils ou la fille de quelqu’un qui a mal tourné.


Puisque nous avons tous été créés pour être des instruments de l’amour de
Dieu, je pense que faire savoir aux autres qu’ils sont estimés et appréciés
fait partie de son plan.
Mes adversaires auraient-ils modifié leur comportement en me voyant leur
offrir de l’amour au lieu de réagir par la peur et la panique? Peut-être, et
peut-être cela aurait-il empêché que d’autres ne soient terrorisés ou
poussés au suicide.

Le fruit de la joie
Il est malaisé de présenter des arguments contre la joie: qui ne désire pas
être joyeux? Mais comment vivre dans la joie si quelqu’un vous menace,
dresse vos amis contre vous, vous exclut des événements communautaires
ou vous harcèle sur les réseaux sociaux?
Il y a une clé à connaître pour ouvrir la porte de cette valeur: ne vous
attendez pas à ce que d’autres vous la procurent. Cela ne signifie pas que
vos amis, votre famille et vos proches ne vous procureront aucun bonheur.
Néanmoins, la joie véritable et durable est intérieure.
Ma foi, mon travail, mon engagement pour les autres, mon impact positif
dans la société et, bien sûr, ma famille et mes amis, tout cela me procure
beaucoup de joie. Vous pouvez vous abreuver à des sources similaires,
même si un harceleur rend votre vie quotidienne aussi passionnante
[63]

qu’une dissertation de cinquante pages.


Lorsque votre joie vient de l’intérieur, cela peut créer une sorte de bouclier
qui vous immunise contre les harceleurs. Croyez-moi, rien ne les perturbe
autant que quelqu’un qui parvient à sourire et à poursuivre sa route.
Si quelqu’un apporte de la joie à votre existence, c’est un grand cadeau.
N’oubliez pas, toutefois, que vous pouvez également connaître ce sentiment
en savourant les bénédictions qui marquent votre vie: les talents ou dons
que vous avez reçus, la beauté d’un coucher de soleil, l’étreinte de votre
mère ou de votre père ou encore l’accueil chaleureux de votre chiot lorsque
vous rentrez à la maison.
Faites le plein de joie et consommez-la au moment où les harceleurs
essaient de saboter votre journée. Ils peuvent déchirer votre dissertation,
mais ils ne pourront jamais voler votre joie.

Le fruit de la paix
Je suis sûr que la victime d’un harceleur acharné serait prête à donner un
bras et une jambe pour avoir la paix. (Non, ce n’est pas ce qui m’est arrivé!)
La paix est aussi une réalité qui peut et devrait être intérieure et qui dépend
de la foi.
Il est possible d’être paisible même face aux menaces. Quand j’ai
l’impression que le monde se ligue contre moi, je vais à mon «lieu de paix»,
qui repose sur ma foi et ma confiance en la bonté de Dieu. Là, je me
[64]

prélasse dans l’amour de Dieu, en me débarrassant de ma colère, ma


frustration et mes soucis.
Si vous éprouvez le besoin de connaître cette paix, sachez que Dieu est
prêt à vous la donner. Dans la Bible, Jésus dit à ses disciples qu’il leur laisse
sa paix en héritage (Jean 14.27). La paix véritable n’est pas quelque chose
que le monde peut procurer. Le Seigneur seul peut vous la donner. C’est un
cadeau que Jésus fait, qu’il dépose dans votre cœur.
Comment puiser dans cette foi? En le demandant à Dieu. Cherchez son
plan pour votre vie. Découvrez son amour pour vous en lisant la Bible. Il y
est écrit que l’écoute de la Parole produit la foi. Pour ma part, je l’étudie
régulièrement parce que j’ai toujours besoin d’être renouvelé dans la foi
pour relever les défis quotidiens.
En décembre 2010, pendant une période très difficile pour moi, je me
répétais sans cesse: «Je peux tout par celui qui me fortifie, Christ»
(Philippiens 4.13).
Tout ce que je ne peux pas faire, je crois que Dieu peut le faire en moi et à
travers moi. C’est vraiment le fondement de la foi qui m’a construit et
transformé de l’intérieur.

Le fruit de la patience
C’est l’histoire d’un homme qui demande plus de patience à Dieu et doit
attendre une heure durant que celui-ci réfléchisse à la question. Lorsqu’il
finit par s’en plaindre, Dieu lui rétorque: «Tu voulais la patience, je t’ai
[65]

donné l’occasion de t’entraîner.»


J’ai eu de nombreuses occasions d’exercer la patience, mais j’apprends
toujours. C’est une vertu et une valeur à la fois. Je dois avouer que j’ai mis
du temps à le reconnaître. Pendant mon adolescence et au début de ma vie
d’adulte, je gérais seul mon emploi du temps, et je faisais ce que je voulais
quand je voulais.
Mes premières leçons de patience, je les ai apprises lorsque j’ai engagé des
aides-soignants. Ils étaient censés m’aider, mais j’avais pris l’habitude de me
débrouiller tout seul, si bien qu’au début, je ne les supportais pas.
Quelqu’un m’accompagnait dans tous mes voyages; nous vivions jour et nuit
ensemble.
Comme cette expérience était nouvelle pour moi, je faisais de la résistance
et leur rendais la vie dure. Finalement, j’ai appris à être reconnaissant de
leur présence et de tous les services qu’ils me rendaient. La patience est une
vertu cruciale dans l’existence, et elle s’exprime de plusieurs manières. Il
n’est pas facile de maîtriser nos pensées, de contrôler nos émotions et de
savoir attendre. Mon propre apprentissage se poursuit, mais je récolte
assurément les fruits de la patience, tout en demandant à Dieu de m’en
donner encore plus.
Je n’ai pas perçu à quel point je manquais de cette vertu avant d’épouser
Kanae et de fonder ainsi un foyer avec elle. Lorsqu’un ami plus âgé, père de
plusieurs enfants, a appris que notre famille allait s’agrandir, il m’a donné un
conseil urgent: «Nick, dépêche-toi d’apprendre la patience.»
Les jeunes ont également besoin de patience. Pour affronter le
[66]

harcèlement, il faut faire preuve de patience tout en sachant prendre du


recul. Lorsqu’on m’agressait, j’avais une perspective à très court terme: je
pensais que les sarcasmes et attaques ne cesseraient jamais. Cela m’écrasait
et m’attristait au plus haut point. Chaque fois qu’une brute m’importunait,
je fuyais. Je me cachais si souvent dans les buissons que mes camarades de
classe ont dû penser que j’étais une nouvelle espèce de plante.
Pour affronter le harcèlement, il faut faire preuve de patience tout en
sachant prendre du recul.

A cette époque, la patience m’aurait aidé à développer une perspective à


long terme et aurait atténué mon stress. J’étais prisonnier de la pensée: Ce
tyran va me pourrir la vie pour le restant de mes jours. La patience m’aurait
rappelé: «Ça passera.»
L’exemple le plus célèbre de la Bible, dans ce domaine, est celui de Job. Il
avait beau être un homme riche et intègre à la fois, un véritable croyant,
pour une raison ou une autre, Dieu a voulu faire passer un test à sa foi. Ainsi,
il a permis au diable de détruire tous ses biens et de lui enlever même ses
enfants.
Job a accepté l’idée que Dieu avait un objectif en vue et une raison de
permettre qu’autant de malheurs lui arrivent. L’épreuve a toutefois été si
dure que, en dépit de sa patience, il a élevé la voix pour dire qu’il était un
homme comme les autres. Finalement, Dieu a récompensé sa patience et
[67]

sa foi en lui redonnant deux fois plus qu’avant.


Le fruit de la bonté
Comment la bonté peut-elle nous aider à gérer les harceleurs et les divers
défis associés à la jeunesse? C’est une question difficile, j’en conviens.
Lorsque quelqu’un se moque de vous, vous agresse physiquement, vous
exclut ou utilise les technologies modernes pour vous intimider, quel rôle
joue la bonté?
La Bible nous dit dans Luc 6.35: «Aimez vos ennemis, faites du bien et
prêtez sans rien espérer en retour. Votre récompense sera grande et vous
serez fils du Très-Haut, car il est bon pour les ingrats et pour les méchants.»
Et Proverbes 16.7 dit: «Quand l’Eternel approuve les voies d’un homme, il
dispose même ses ennemis à faire la paix avec lui.»
Aujourd’hui, l’homme de la «rue» traduirait peut-être ainsi ce passage:
«Tue-les avec bonté.» Ou peut-être pas! Sérieusement, j’ai essayé d’être
bon envers mes harceleurs. Parfois, cela a fonctionné, d’autres fois, cela a
semblé les rendre encore plus agressifs.
Certains tyrans réagissent à la bonté parce qu’au fond d’eux ils souffrent et
que personne ne leur a jamais manifesté la moindre compassion. C’est le cas
de tant de jeunes dans le monde! Ils ont un grand vide dans le cœur, parce
qu’ils vivent dans une famille violente, que leurs parents sont séparés ou
[68]

qu’ils ont été abandonnés et placés dans un foyer d’accueil après l’autre.
Cependant, certains sont capables de témoigner de la bonté et de la
compassion aux autres, même s’ils n’en ont jamais bénéficié eux-mêmes. A
Mumbai et dans d’autres villes pauvres, j’ai rencontré des ados réduits à
l’esclavage sexuel (ils ont été kidnappés et forcés à se prostituer) dont
l’attitude de bonté envers les autres et envers moi m’a touché.
Peut-être que votre bonté envers vos harceleurs ne les fera pas arrêter, du
moins pas tout de suite. Il n’y a aucune garantie en la matière. Certains
tyrans sont tout simplement des êtres cruels et animés par la colère.
Néanmoins, je pense que la bonté vaut toujours la peine d’être manifestée
et que c’est la meilleure façon de vivre en général. Même si personne n’a
été bon envers vous, je vous suggère de témoigner de la compassion aux
autres et de voir ce qui se passe.
Quelques paroles aimables peuvent avoir un immense impact. Un sourire,
un regard doux, un coup de fil ou une étreinte: tout cela peut transformer la
journée du bénéficiaire et même sauver sa vie.
Enfant, j’ai aidé mon père à semer des graines de tomates dans le jardin. Il
m’a dit de surveiller les pousses qui sortiraient de terre. Comme il m’a averti
que ce serait long, j’ai regardé pendant trois heures, sans voir aucun
changement. J’ai repris ma garde le lendemain.
Je croyais que les plantes pousseraient plus vite si je ne les quittais pas des
yeux. J’ai commencé à m’énerver. Je manquais cruellement de patience. Je
voulais des résultats instantanés. Mon père aurait mieux fait de m’offrir un
[69]

toutou!
Quand je pense à ce souvenir d’enfance, je ne peux m’empêcher de le lier à
l’expérience de la bonté. Nous pouvons nous énerver en l’absence de
résultats instantanés. Pourtant, une seule graine de bonté peut un jour
fleurir et se transformer en amitié ou même en amour.
Je crois qu’offrir de la bonté et de l’amour sans rien attendre en retour est
un acte héroïque. Il faut plus de courage pour donner sans rien attendre en
retour que pour donner en sachant que vous en récolterez le fruit. Dans le
premier cas, il s’agit d’un acte de foi; dans l’autre, d’une simple transaction.
Semez des graines d’amour. Si vous n’avez pas d’amis, approchez-vous de
quelqu’un et devenez son ami(e). Donnez de franches accolades. Souriez.
Vous ne savez jamais ce qu’il en résultera. Votre harceleur deviendra peut-
être votre ami!

Le fruit de la générosité
La Bible nous dit que ceux qui bénissent les autres grâce à leur générosité8
seront eux-mêmes bénis. Avoir un esprit généreux correspond à un don
magnifique. Envers un tyran, cela peut se révéler difficile, car nous n’avons
aucune envie de faire du bien à quelqu’un qui gâche notre vie. C’est
pourquoi je ne vous invite pas à un tel effort. Toutefois, si vous faites
[70]

preuve de générosité envers les autres, vous vous sentirez mieux dans votre
peau, et il sera ainsi plus difficile aux harceleurs de s’en prendre à vous.
La générosité nous pousse à aider les autres. Elle cadre avec ma
philosophie: quand vous êtes dans le besoin, la meilleure chose à faire est
de chercher à répondre aux besoins des autres. La Bible va dans ce sens:
«Celui qui accorde une faveur au pauvre prête à l’Eternel, qui lui rendra son
bienfait» (Proverbes 19.17).
Peut-être avez-vous tendance à dire que vous n’avez rien à donner, que
cette valeur ne vous concerne pas. Désolé, mais ce n’est pas vrai. La Bible
nous dit dans Romains 12.6: «Nous avons des dons différents, selon la grâce
qui nous a été accordée.»
Même si vous n’avez ni argent ni biens, vous possédez des talents et du
temps que vous pouvez mettre au service des autres. Vous pouvez, par
exemple, offrir des cours d’appui, jouer le rôle de grand frère ou de grande
sœur, ou encore seconder les personnes âgées.
En donnant, ne recherchez pas votre intérêt personnel. Cependant, cela ne
veut pas dire que vous ne recevrez pas de récompense. Dieu nous a conçus
de telle manière que la générosité manifestée envers autrui nous paraît
gratifiante.
A la fin de mon adolescence, à l’époque où je doutais de moi et remettais
en question ma valeur et ma place dans le monde, j’ai ressenti l’ardent désir
de me rendre en Afrique du Sud pour aider les nécessiteux. Un jeune Sud-
Africain qui avait assisté à l’une de mes conférences voulait organiser une
[71]

tournée dans les écoles, orphelinats et prisons de son pays.


Mes parents se faisaient naturellement du souci pour ma sécurité, et
encore plus pour mon bon sens, car je leur avais annoncé que je prévoyais
de retirer les 20’000 dollars que j’avais économisés pour une maison afin de
les donner à ceux que je rencontrerais. Malgré leurs inquiétudes, je suis
parti et j’ai acheté des couches-culottes, des machines à laver, des sèche-
linge et des fournitures médicales pour plusieurs orphelinats que j’ai visités.
J’étais triste de voir tant d’enfants sans famille, mais encouragé par la force
de leur moral, de leurs rires et de leur joie.
Je pensais avoir un impact sur leur vie, mais – comme cela arrive si souvent
lorsque vous exercez la générosité –, c’est plutôt eux qui en ont eu un sur la
mienne. Ce voyage a vraiment transformé mon existence. Cette expérience
m’a donné l’assurance et la motivation nécessaires pour accepter des
engagements et des missions comme orateur dans le monde.
Mon contact sud-africain et l’argent que j’avais économisé grâce à mes
conférences m’ont ouvert une porte unique. Je ne m’attends certes pas à ce
que chaque lecteur ou lectrice se lance dans un projet de pareille envergure.
Toutefois, vous pouvez pratiquer la générosité dans votre école ou
communauté, en réalisant un projet caritatif, en travaillant pour une œuvre
humanitaire locale ou en servant votre église.
Offrez votre amitié à quelqu’un qui se sent seul.

Un autre moyen de pratiquer la générosité consiste à prier pour les


[72]

personnes dans le besoin. Vous et moi n’avons pas la capacité d’accomplir


de miracles, mais la prière nous met en relation avec celui qui peut tout
faire. Les bras de Dieu sont plus longs que les nôtres… les miens en
particulier!
Je vous suggère un dernier acte de générosité: offrez votre amitié à
quelqu’un qui se sent seul. En parlant avec des ados du monde entier, je suis
frappé par le sentiment d’isolement qu’éprouvent de plus en plus de jeunes.
Ils communiquent souvent uniquement à travers Internet, par des courriels
ou des messages textes. L’absence d’une véritable camaraderie n’est pas
une bonne chose.
A un moment donné, je craignais de n’avoir pas d’ami, du fait de ma
différence. Un jour, je me suis dit: Si seulement j’avais un véritable ami, ma
vie serait complètement différente.
Vous pouvez devenir l’ami(e) d’une personne qui a des besoins. Peut-être
même allez-vous ainsi lui sauver la vie. Et vous pourriez être agréablement
surpris(e) des effets positifs, pour vous, de votre générosité.

Le fruit de la fidélité
En mai 2012, j’ai posté ce message sur ma page Facebook: «Il est
préférable d’être fidèle avec ce que vous avez que d’être préoccupé par des
pensées du style: ‘Si seulement… J’aurais pu… J’aurais dû… Si j’avais eu…’
Soyez reconnaissant(e), apprenez, grandissez et restez fidèle.»
[73]

Mon point de vue sur la fidélité9 doit avoir touché une corde sensible, car
j’ai reçu plus de 3000 mentions «j’aime», et plus de 570 lecteurs l’ont
partagé avec leurs amis. En quoi la fidélité est-elle si importante aux yeux de
tant de personnes, et en quoi est-elle importante pour vous face aux
harceleurs? Elle ne correspond pas directement à un moyen de défense,
mais, si vous y adhérez, elle compliquera la tâche de ceux qui tentent de
vous déstabiliser.
La fidélité revêt plusieurs significations. Pour les chrétiens, il s’agit de vivre
en accord avec les enseignements de Dieu et de faire confiance à sa bonté
infinie, à son amour et à sa grâce, quoi qu’il arrive. C’est aussi une vertu ou
un trait de caractère. Sa présence montre à ceux qui vous entourent que
vous êtes rempli(e) de l’Esprit de Dieu.
Les personnes de votre entourage (amis, équipiers, camarade d’études,
collègues de travail) vous considèrent-elles comme quelqu’un de fidèle? Si
tel n’est pas le cas, c’est le signe que vous n’êtes pas celui ou celle que vous
prétendez être. A un moment donné, vous avez rompu la confiance tissée
par la fidélité.
Je dépends tout particulièrement de la fidélité de mon entourage. Au
début de mon existence, mes parents ont manifesté la leur en s’occupant de
moi et en m’indiquant la route à suivre, même quand je m’y opposais.
Aujourd’hui, mes aides-soignants me la prouvent en se présentant chaque
[74]

matin, en assumant leurs tâches et en restant à mes côtés même lorsque je


suis de mauvaise humeur. Quand je dois me remettre en question dans ce
domaine et réévaluer mes priorités, je demande à Dieu de m’aider tout en le
remerciant pour sa fidélité.
Dans le monde en général, quelqu’un de fidèle est aussi loyal, fiable, digne
de confiance, constant. Jeunes et adultes prouvent leur fidélité en faisant ce
qu’ils disent vouloir faire, en tenant leurs promesses, en étant authentiques,
en joignant le geste à la parole.
Ne vous laissez pas égarer par les blessures et les difficultés. Gardez la foi.
Sachez que vous avez de la valeur. Sachez également que les blessures
s’estompent et que les difficultés cèdent la place à des jours meilleurs. Ado,
j’ai pour ainsi dire paniqué et j’ai perdu confiance en moi. Je me suis écarté
de certaines de mes valeurs et croyances les plus importantes.
Les blessures s’estompent et les difficultés cèdent la place à des
jours meilleurs.

Si vous avez commis la même erreur, ne soyez pas trop dur(e) avec vous-
même. Personne n’est parfait. Soyez reconnaissant(e) d’avoir encore
l’occasion de retourner sur le bon chemin et efforcez-vous par la suite de
retrouver un style de vie plus authentique et plus épanouissant. Avez-vous
blessé quelqu’un par vos actes et paroles? Si tel est le cas, demandez-lui
pardon, demandez pardon à Dieu, et priez-le de renouveler chaque jour
votre intelligence.

[75]
Le fruit de la douceur
La Bible mentionne plusieurs fois la douceur comme une valeur à laquelle
aspirer. Galates 6.1 semble même donner un conseil sur la manière
d’exercer la douceur face aux harceleurs: «Frères et sœurs, si un homme
vient à être surpris en faute, vous qui êtes spirituels, redressez-le dans un
esprit de douceur. Veille sur toi-même, de peur que toi aussi, tu ne sois
tenté.»
Une interprétation moderne pourrait être: «Mec, si une brute t’embête,
dis-lui de se calmer; et gaffe-toi de ne pas devenir comme lui.»
Un autre passage de l’Ecriture dit: «Que votre douceur soit connue de tous
les hommes.»10 Personne ne peut prédire la réaction d’un harceleur face à
une telle attitude. Ainsi, à quoi sert-elle contre le harcèlement? Eh bien,
même si en soi elle ne fait pas fuir d’éventuels agresseurs, la douceur vous
aidera à construire un bouclier protecteur composé d’amis auxquels ils
hésiteront à se frotter.
Etre doux ne veut pas dire être faible. Jésus est souvent décrit comme
doux, et il n’était certainement pas faible. Il a même chassé les vendeurs du
temple. C’était un geste courageux! Etre doux consiste à pratiquer
l’humilité, à renoncer au besoin d’avoir raison, à penser d’abord aux autres,
à savoir écouter, à se comporter en véritable ami(e), à protéger ceux qui
sont victimes d’abus, à consoler ceux qui souffrent.
Vous connaissez sans doute les expressions «doux comme un agneau» ou
[76]

«doux comme une colombe», ou encore les publicités qui vantent la


douceur produite par tel ou tel produit de lessive. Cependant, la véritable
douceur, cette valeur à laquelle nous devrions tous tendre, est beaucoup
plus profonde.
Les gens les plus forts et les plus admirables que je connaisse ont un esprit
si doux qu’ils n’ont pas à prouver leur force à l’extérieur; leur solidité
intérieure suffit. Ce sont mes héros. Ils possèdent un tel calme et une telle
tranquillité par rapport à eux-mêmes que rien n’ébranle leur personnalité ni
leur foi.
Dans ma jeunesse, je voulais sortir gagnant de toutes les disputes et,
surtout, avoir toujours raison (oui, je sais, c’était une très mauvaise
habitude). Si quelqu’un osait affirmer que j’avais tort, je m’efforçais de le
persuader du bien-fondé de mon argument. Un jour, une amie lassée par ce
comportement m’a dit: «Nick, je veux bien que tu aies raison, mais cela ne
signifie pas que tu doives me le rappeler chaque fois.»
Et pan! Elle m’a touché en plein cœur par sa douceur. Elle m’a dit et
montré à la fois que la véritable force résidait dans ma capacité à être doux
et bon, à me comporter en ami, et non pas dans le développement
d’argumentations ni le désir de me poser en autorité sur tout, au risque
d’être incohérent. Par égocentrisme et par orgueil, nous voulons être
entendus et respectés, mais malheureusement nous perdons ainsi de vue
toute la valeur de la douceur et de la force tranquille.
La prochaine fois qu’une brute se met en travers de votre route, ne
[77]

mordez pas à l’hameçon et ne réagissez pas à ses insultes avec des paroles
dures. Peut-être Dieu utilise-t-il ce harcèlement pour tester votre force
intérieure, votre capacité à faire preuve de la bonté et de la force qui
caractérisaient Jésus lui-même.

Le fruit de la maîtrise de soi


Un ami m’a demandé de parler à un jeune homme qui venait d’épouser
une fille de sa famille. A l’âge de 20 ans, Tim était marié depuis deux ans et
père de deux enfants, mais il assumait mal ses nouvelles responsabilités.
Dans sa tête, il était resté le jeune célibataire pouvant faire ce qu’il voulait
quand il voulait, alors que son épouse et ses enfants dépendaient de lui.
Lorsqu’il a confié à sa belle-famille qu’il rencontrait des difficultés au
travail, celle-ci a pris peur. En gros, il manquait de maturité et de maîtrise de
soi. Je l’ai encouragé à être un meilleur exemple pour ses enfants. «Tu veux
qu’ils soient fiers de toi et te considèrent comme un modèle, n’est-ce pas?
lui ai-je demandé. En tant que père, les besoins et le bien-être de nos
enfants passent avant les nôtres. Il s’agit de te maîtriser et de prendre
conscience que tu as davantage de responsabilités.»
Nous avons eu une discussion amicale et profonde. Il savait que j’essayais
juste de le sensibiliser à un problème. Il a pris mes propos très au sérieux et
son comportement a effectivement changé. Il est devenu un meilleur mari
et père. Il traverse encore des hauts et des bas et apprend à exercer
[78]

toujours plus la maîtrise de soi, mais il est vrai que la plupart d’entre nous
pourrions également profiter plus de ce fruit de l’Esprit.
La Bible dit: «Une ville démantelée, sans murailles, voilà ce qu’est l’homme
qui n’est pas maître de lui-même.»11 En classe, les enseignants nous
répétaient souvent: «On se calme! Un peu de maîtrise, s’il vous plaît!» Une
telle interpellation me surprenait toujours parce que, comme la plupart des
ados, je ne pensais pas maîtriser grand-chose. Je dépendais entièrement de
mes parents. Qu’est-ce que je contrôlais? Même mon chien ne m’écoutait
pas, la plupart du temps!
Les harceleurs ne se contrôlent en général pas. Ils sont trop faibles pour
contrôler leurs pires impulsions et émotions de manière productive. C’est
pourquoi il peut être très efficace de faire preuve de maîtrise de soi face à
eux.
Lorsque vous refusez de répondre aux sarcasmes ou de réagir violemment,
c’est le signe que vous avez un niveau de maturité et de maîtrise de soi plus
élevé que votre agresseur. S’il s’acharne contre vous, il peut être nécessaire
que vous vous défendiez, preniez la fuite ou appeliez à l’aide. Je ne vous
suggérerai jamais d’accepter que l’on vous batte. Toutefois, employer la
violence pour vous défendre devrait correspondre à votre dernier recours.
J’y reviendrai plus tard. Pour l’instant, j’aimerais vous encourager à adopter
tous les fruits de l’Esprit comme des valeurs et à les développer dans votre
[79]

approche quotidienne de l’existence.


Nous sommes nés dans ce monde en donnant des coups de pieds, en
pleurant et en criant pour que notre faim, notre soif et notre besoin de
consolation soient comblés. L’idéal serait de rester dans ce mode de
fonctionnement jusqu’à la fin de notre vie! Malheureusement, même les
parents les plus aimants tournent assez vite la page des langes.
Nous pouvons encore éprouver le besoin primitif d’être au centre de
l’univers. Cependant, dès l’adolescence, nous sommes censés maîtriser nos
désirs et nos envies pour notre bien et celui de tous. Sinon, nous ferons de
mauvais choix.
Il est possible de se contrôler et de s’amuser malgré tout. Il s’agit
simplement de faire les choses avec modération et savoir dire, à un moment
donné: «Ça suffit.» Si vous pensez être sur le point de perdre patience, de
céder à la tentation des drogues ou de l’attirance sexuelle, demandez à Dieu
de vous donner la force de tenir ferme et de résister.
Si vous fondez votre vie sur les valeurs et vertus fondamentales que sont
l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la générosité, la fidélité, la
douceur et la maîtrise de soi, vous en récolterez le fruit. Parmi les
bénédictions dont vous jouirez, j’en suis certain, figureront la confiance en
soi, le courage et la capacité à affronter le harcèlement, les mauvais
traitements ou les circonstances difficiles.

Les notes de Nick


[80]

◊ Des valeurs fortes peuvent vous donner la force d’affronter le harcèlement et de


relever d’autres défis dans la vie.
◊ Nous pouvons tous profiter des avantages d’une existence fondée sur des
valeurs comme l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la générosité, la fidélité,
la douceur et la maîtrise de soi.
6 Matthieu 22.37-39, citant Deutéronome 5.6 et Lévitique 19.18. (NdE)
7 Luc 23.34. (NdE)
8 Autre traduction possible du mot grec traduit par «bienveillance» en Galates 5.22. (NdE)
9 Autre traduction possible du mot grec traduit par «foi» en Galates 5.22. (NdE)
10 En Philippiens 4.5. (NdE)
11 En Proverbes 25.28. (NdE)
[81]
5. Créer une zone de sécurité

Affermissez votre paix et votre force


intérieures pour mieux résister au
harcèlement.
Après avoir accepté l’idée que vous avez de la valeur et une raison d’être,
assumé la responsabilité de votre propre bonheur et fondé votre existence
sur des valeurs fortes, vous pourrez créer une zone de sécurité où aucun
harceleur – ni aucune autre personne ni aucun événement – ne pourra vous
déstabiliser. Imaginez une chambre forte ou un refuge contre la tempête qui
ne se trouve ni à la maison ni dans le cadre où vous passez vos journées. Il
n’existe que dans votre esprit. Vous vous y réfugiez pour vous sentir en
sécurité chaque fois que vous vous sentez menacé(e) ou faites une mauvaise
expérience.
Cette zone de sécurité ne vous protégera pas physiquement des
harceleurs. Son but consiste à vous protéger d’un point de vue émotionnel,
afin que vous teniez bon dans les moments difficiles. Elle peut exister
uniquement dans votre conscience, mais son impact sur votre vie peut se
[82]

révéler très puissant. Elle ne vous quittera plus, où que vous soyez, durant le
reste de vos jours. Personnellement, j’ai appris à me réfugier dans ma zone
de sécurité mentale quand un harceleur ou une mauvaise expérience
ébranlait ma confiance ou remettait en question ma valeur et mon avenir.
Je m’isole et fais la démarche de me réfugier dans cet abri. Je me dis: «Je
suis un enfant de Dieu et il m’a créé dans un but. Il a un plan pour ma vie.
Personne ne peut me voler cela ni me rabaisser. Je suis aimé et j’ai de la
valeur.»
Cela fonctionne pour toi, Nick, mais certainement pas pour moi, pensez-
vous. C’est pour cette raison que j’aimerais vous parler de Jenny. Elle m’a
envoyé un courriel décrivant précisément sa zone de sécurité personnelle.
Elle ne lui donne pas ce nom-là, mais, comme vous le verrez, le processus y
ressemble fort.
Jenny a subi sarcasmes et agressions verbales à l’école, parce qu’elle est
différente des autres: elle est née avec le syndrome d’Apert. C’est
malheureux à dire, mais personne n’a tenu compte de sa beauté intérieure.
Comme je ne connaissais pas le syndrome d’Apert, je me suis renseigné. Il
paraît qu’un enfant sur 65’000 naît porteur de cette grave et terrible
maladie. Elle se manifeste par des malformations majeures du crâne, du
visage, des pieds et des mains. Enfant, je m’apitoyais souvent sur mes
handicaps visibles. Voir que cette jeune fille gère un handicap physique bien
plus lourd avec une telle grâce est une bonne leçon d’humilité pour moi. Elle
a cependant admis qu’il lui arrive aussi de passer par des temps de
[83]

découragement.
Je me bornerai à dire qu’il a fallu beaucoup de foi en Dieu, le soutien de
ma famille, surtout celui de mes parents et de mes sœurs, pour m’aider à
comprendre que j’allais bien en dépit de ce que le «monde» pensait.
J’AIME ton témoignage sur ce sujet. J’AIME surtout ce que tu as dit au
journaliste de l’émission 20/20 [à la télévision]: que «ce qui importe, ce
n’est pas ce que le monde pense de toi, mais ce que TOI, TU penses de
toi.» C’est ma devise depuis très LONGTEMPS.
Jenny a poursuivi des études secondaires et universitaires avec de bons
résultats; elle joue de la trompette et chante dans une chorale de son église.
La musique joue un rôle important dans sa zone de sécurité. Dans la mienne
aussi, d’ailleurs: j’écoute souvent de la musique, quand je suis tendu ou
triste. Je le fais depuis des années. La musique me calme, et elle exerce le
même effet sur Jenny.
Je ne sais pas si je serais la même sans musique. C’est là que je retrouve la
paix, mon âme.
L’un des grands avantages de votre zone de sécurité (qu’elle se trouve dans
votre esprit ou dans un espace précis), c’est que vous pouvez la remplir de
tout ce qui contribue à la paix de votre âme: votre musique préférée, des
images de vos bien-aimés, des prières, des messages encourageants, des
versets de la Bible ou même des images, mentales ou réelles, des personnes
qui vous stimulent (je serais heureux d’en faire partie, bien sûr!). C’est
[84]
«votre espace». Sentez-vous libre de le décorer à votre guise.
L’un des grands avantages de votre zone de sécurité, c’est que vous
pouvez la remplir de tout ce qui contribue à la paix de votre âme.

Je vous recommande d’intégrer un autre élément précieux dans votre zone


de sécurité: votre objectif ou votre mission dans l’existence. Si vous ne les
connaissez pas encore, pas de problème: mettez-y, à la place, des réflexions
sur ce que vous aimez le plus faire. Laissez-vous submerger par le sentiment
de bonheur et de complétude que cela vous procure.
Réfléchissez à ce que vous pourriez faire dans la vie, en lien avec votre
passion. Si vous aimez la musique, pourquoi ne pas devenir musicien(ne) ou
professeur(e) de musique ou travailler dans l’industrie de la musique? Si
vous êtes passionné(e) d’informatique, pourquoi ne pas créer des logiciels
ou des applications, développer des moteurs de recherche ou des systèmes
d’exploitation? Laissez votre imagination vous éloigner de ce qui vous
trouble pour vous orienter vers un avenir bien meilleur.
Une fois que vous aurez identifié vos passions (vous pouvez effectivement
en avoir plusieurs), vous parviendrez à trouver des personnes ayant les
mêmes centres d’intérêt et hobbies, soit en adhérant à un club, soit en vous
joignant à une équipe ou à un groupe. Vous en ressortirez gagnant(e) à
plusieurs niveaux. De plus, cela contribue à la mise en place de votre
[85]

système de défense anti-harceleurs et augmente l’espace de votre zone de


sécurité. D’après les psychologues, plus nous avons des interactions sociales
(plus nous sommes proches des membres de notre famille, plus nous avons
d’amis et de connaissances), moins un harceleur risque de nous isoler et de
nous prendre pour cibles.
Il est également vrai que, si l’on se passionne pour tel ou tel domaine, c’est
habituellement parce qu’on est doué pour cela ou, au moins, pour l’un de
ses secteurs. La confiance et l’estime de soi s’en retrouvent renforcées, et
elles apportent beaucoup au système de défense et à la zone de sécurité.

Découvrir notre propre zone de sécurité


C’est au niveau secondaire seulement que j’ai pris conscience que j’aimais
vraiment parler en public. A l’école primaire, j’étais terrifié à l’idée d’aller
devant pour présenter un exposé ou faire un discours. A cette époque,
j’étais très nerveux et complexé par rapport à mon handicap, sans parler de
mon accent australien. Au début de mon adolescence, mes parents m’ont
encouragé à me mettre un peu plus en avant pour que les autres élèves
apprennent à me connaître. J’ai commencé à prendre la parole en classe et à
faire part de mes sentiments à mes camarades.
A ma grande surprise, ils n’ont pas fui. Plusieurs ont manifesté un réel
[86]

intérêt, l’envie d’en savoir plus sur moi. Certains ont désiré devenir mes
amis et passer du temps avec moi. Quelques-uns m’ont ouvert leur cœur et
m’ont confié leur propre sentiment de malaise et leurs peurs.
Les personnes aussi différentes des «gens normaux» que Jenny et moi ont
tendance à développer une plus grande empathie à l’égard d’autrui. Mes
handicaps m’ont rendu plus compréhensif et plus attentionné. Je suis
toujours prêt à écouter, à encourager et à soutenir. J’ai découvert ces
qualités à partir du jour où mes parents m’ont poussé à sortir de ma coquille
et à donner mon avis.
Avec le temps, j’ai pris goût aux cours qui me donnaient l’occasion de
m’exprimer à haute voix. Lentement, j’ai pris conscience que j’avais un don
pour communiquer. Chaque fois que j’osais donner mon avis ou m’asseoir et
écouter celui qui me parlait de ses soucis, j’avais le sentiment d’être plus
engagé et d’exister. Il m’est difficile de décrire ce sentiment autrement
qu’en disant que c’était excitant. Non pas comme l’excitation ressentie lors
d’un tour en montagnes russes, mais quelque chose de similaire. C’était une
sorte de sensation qui me rendait accro. J’étais impatient de me retrouver
dans cette atmosphère. J’ai donc continué à parler en public.
Puis, un jour, le concierge de l’école, qui ne limitait pas ses activités à
l’entretien du bâtiment, m’a demandé si j’avais pensé à devenir orateur
professionnel. Cela m’a paru complètement stupide, de prime abord.
– De quoi pourrais-je bien parler? Qui viendra m’écouter?
[87]

– Aborde le même thème qu’avec tes camarades de classe. Ils aiment


entendre parler de la façon dont tu gères ton handicap, des efforts que tu
fais pour t’adapter et de ton sens de l’humour face aux difficultés.
Je me suis lié d’amitié avec ce chrétien très attentionné, et nous nous
entretenions presque tous les après-midis en attendant mon chauffeur. Il a
dû user de persévérance pour me convaincre de parler un soir à quelques-
uns de ses amis. Ils ont été très attentifs et m’ont beaucoup encouragé.
Après quoi, j’ai donné mon témoignage à tous les groupes qui me
sollicitaient. J’ai probablement aussi pris la parole sans y être invité.
(D’accord, je me suis parfois tenu au coin des rues avec ma seule personne
en guise d’auditoire.)
Assez rapidement, je me suis retrouvé face à un public de 300 personnes,
avec des invitations d’organisations et d’écoles d’autres régions.
Vous connaissez la suite de l’histoire. Ce que j’aimerais montrer, c’est que
j’ai découvert une passion autour de laquelle j’ai construit mon existence. Et
j’ai surtout trouvé un but (encourager et stimuler les autres) que j’ai pu
intégrer à ma zone de sécurité.
Depuis mes débuts comme orateur en classe, j’ai appris que l’une des
choses qui m’empêchaient de sombrer dans la tristesse et le découragement
lorsqu’on s’en prenait à moi ou qu’une tuile me tombait sur la tête, c’était
justement le fait de penser à ma dernière conférence ou à la prochaine. Les
gens me disaient qu’ils appréciaient mes messages, que mon histoire les
[88]

encourageait. Ils me remerciaient. En réalité, ils me donnaient beaucoup


plus que je ne leur avais donné. Ils confirmaient ma valeur sur cette terre.
J’ai conservé ces souvenirs et je les ai intégrés à ma zone de sécurité.

Le domaine du possible
En lisant le courriel de Jenny, j’ai pris conscience qu’elle avait suivi un
chemin semblable au mien et que sa propre carrière lui servait de réconfort
dans sa zone de sécurité.
Je suis assistante sociale et conseillère pour un important système de
santé médicale en… Géorgie. Je travaille pour un service de consultations
externes où je gère le cas des patients les plus pauvres parmi les pauvres
des régions rurales… Quelle JOIE, J’AIME mon travail!
La suite m’a convaincu qu’elle a également une zone de sécurité où elle va
se réfugier et puiser des forces dans les bonnes choses de la vie au lieu de se
concentrer sur les mauvaises. Elle l’appelle «le domaine». Voici comment
elle le décrit:
Je crois que l’on peut vivre dans le domaine où il est possible pour Dieu
de nous guérir un jour, toi ou moi, mais… s’il ne le fait pas, c’est ce qu’il
voulait pour moi et je l’accepte. Ce n’est pas du tout un problème! De
plus, je vis sur cette terre avec la maladie d’Apert pour une raison connue
de DIEU seul. C’était son intention à LUI, et c’est vraiment ce qui compte.
«Dieu peut nous guérir un jour, toi ou moi»: voilà la zone de sécurité de
[89]

Jenny. Il peut en effet utiliser toutes les situations pour les faire contribuer
au bien de ceux qui l’aiment et ont été appelés conformément à son plan12.
Sachez qu’il est avec vous et peut vous aider à regarder plus loin que les
épreuves.
Jenny se réfugie dans sa zone de sécurité en écoutant de la musique, et
elle s’appuie sur le sentiment que lui procure la satisfaction du travail
accompli. Elle écarte les aspects négatifs de sa vie pour se concentrer sur les
positifs et sur son avenir. Vous pouvez donner le nom que vous voulez à
votre zone de sécurité. Faites-en bon usage, car c’est un endroit précieux et
bienfaisant dans les difficultés.
Je vous propose ci-après un exercice pour vous aider à créer votre propre
zone de sécurité. Réfléchissez à ce que vous pourriez mentalement mettre
dans cette zone pour y trouver la consolation, l’encouragement, la sécurité
et la valeur. Ecrivez vos réponses à un endroit où vous avez facilement
accès. Vous pourrez ainsi vous y référer, le moment venu et retrouver ainsi
votre bonne humeur, l’espoir, la foi et l’estime de soi.
Nous sommes des créatures merveilleuses de Dieu. Personne ne peut
nous enlever cela.

Pour ma part, je relis souvent un passage de la Bible (Psaume 139.13-14)


qui dit:
C’est toi qui as formé mes reins, qui m’as tissé dans le ventre de ma
[90]

mère. Je te loue de ce que je suis une créature si merveilleuse. Tes


œuvres sont admirables, et je le reconnais bien.
Dans cette zone de sécurité, je retrouve également des souvenirs de mon
ministère au sein de Life Without Limbs. Je me rappelle que Dieu m’a
employé dans des écoles, des églises, des prisons, des orphelinats, des
hôpitaux, des stades, et lors d’entretiens en tête-à-tête avec des individus,
pour dire à chacun combien il est précieux à ses yeux. Nous sommes des
enfants de Dieu, des créatures merveilleuses. Personne ne peut nous
enlever cela. Dieu a un plan pour chacun de nous. Notre existence a un sens
et un but, parce que sa main conduit tout ce que nous faisons, si nous avons
foi en lui. Dieu a pris ma vie – que les autres pourraient mépriser en la
considérant comme inutile –, il m’a donné un objectif et a révélé ses plans
pour moi. Il m’a permis de toucher des cœurs et de les conduire à lui.
Dieu a aussi un plan pour votre existence. Et c’est votre zone de sécurité la
plus importante!

Exercice pour créer une zone de sécurité


1. Qu’est-ce que les gens aiment chez moi?
2. A quel propos mes parents, amis ou enseignants me félicitent-ils le plus souvent?
[91]
3. Qu’est-ce que j’aime faire par-dessus tout?
4. Qu’est-ce qui m’apaise et a la capacité de m’absorber corps et esprit, au point que
j’y perde toute notion du temps?
5. Comment construire ma vie autour de choses qui me permettront de m’épanouir
et me donneront envie d’apporter ma contribution ou d’avoir un impact?
6. Quel est le meilleur avenir possible que je puisse envisager pour moi-même?
7. Qui m’aime inconditionnellement?
8. Quels textes, musiques, films, livres, œuvres d’art, photographies, animaux
domestiques ou activités me font oublier mes soucis et difficultés et me procurent un
sentiment de paix?
9. Qu’est-ce que j’aime le plus faire, au point d’avoir envie de le faire pour le restant
de ma vie?
10. Comment puis-je gagner ma vie avec cela?
11. Quelle est la plus jolie chose que quelqu’un ait faite pour moi? Comment puis-je
agir de façon similaire envers autrui?
12. Quel ami ou membre de ma famille a besoin d’encouragement en ce moment?
Comment puis-je lui tendre la main?
13. Comment me sentirais-je à l’idée de faire partie de la zone de sécurité d’une
autre personne?
14. Comment ma foi en Dieu peut-elle m’aider en ce moment? Quelles prières me
sont le plus utiles quand je me sens stressé(e) ou effrayé(e)?
//

Les notes de Nick


[92]

◊ Vous pouvez créer une zone de sécurité intérieure, un espace mental et


émotionnel où vous pouvez vous calmer et reprendre des forces lorsque des
harceleurs s’en prennent à vous ou que des difficultés surgissent.
◊ Une vision à court terme peut amener à exagérer la gravité des problèmes. Dans
votre zone de sécurité, vous pouvez trouver la paix en orientant vos regards vers des
jours meilleurs et un avenir de possibilités infinies. Tout semble sombre aujourd’hui,
mais cela ne va pas durer indéfiniment.
12 Voir Romains 8.28. (NdE)
[93]
6. Construire un cercle d’amis

Tissez des relations solides pour résister au


harcèlement.
Au début de mon adolescence, je prenais les harceleurs pour des ennemis,
des gens qui voulaient me blesser par leurs paroles et leurs actes. Je n’ai
jamais pensé que l’un d’eux pourrait devenir un ami, jusqu’à ce que je
fréquente Zeke. J’étais dans une mauvaise passe. Seuls comptaient pour moi
l’avis et l’amitié de non-chrétiens au langage vulgaire qui fumaient des
joints. Ils n’étaient pas si terribles, dans le fond. Certains avaient un très bon
cœur. Plusieurs avaient une situation familiale compliquée et devaient
affronter des problèmes pour lesquels ils n’étaient pas équipés. Je ne
cherche donc pas à les dénigrer.
A cette époque, j’étais incapable de les aider, car j’avais moi-même besoin
d’aide. J’avais perdu mon chemin, perdu contact avec ma foi, et j’étais
devenu quelqu’un qui ne me ressemblait pas du tout.
Certains harceleurs sont plus subtils que d’autres: ils ne vous menacent pas
directement, mais vous manipulent pour que vous serviez leurs propres
[94]

intérêts. C’est le cas des gangs de rue. Ils identifient un jeune solitaire,
souvent issu d’une famille brisée avec peu de surveillance parentale, et ils se
proposent de combler son besoin émotionnel en lui offrant soutien et
protection. Une fois leur nouvelle recrue enrôlée, ils l’obligent à faire leur
sale boulot: vendre de la drogue, transporter des armes, tabasser des gens,
voler, etc.
Les soi-disant amis cherchent à vous dire qui vous êtes et ce que vous
devez faire. J’ai accepté leur emprise pendant un certain temps. Je les ai
laissés influencer mes actes et mes pensées. Je les ai écoutés au lieu
d’écouter ma voix intérieure qui me disait: C’est une erreur. Cela ne te
ressemble pas.
Le jour où Zeke, un camarade de classe plus âgé, m’a offert une cigarette,
j’ai pris conscience que je m’étais beaucoup éloigné du vrai moi. Fumer,
c’était la limite à ne pas franchir si je ne voulais pas ruiner ma santé. C’est
déjà assez dur de n’avoir pas de membres, alors si en plus je dois me passer
de bons poumons!
Etrange que quelqu’un puisse penser à m’offrir ce genre de chose! Il est
pourtant évident que je ne suis pas exactement bâti pour être un fumeur. A
moins qu’on n’ait inventé une cigarette que l’on n’a pas besoin de tenir dans
la main, mais je n’en ai pas entendu parler.
Lorsque Zeke m’a invité à fumer, j’ai pensé: Il n’a pas la moindre idée de la
personne que je suis. Un peu plus tard, je me suis rendu compte que je ne le
savais pas non plus; autrement, je ne l’aurais pas choisi comme ami.
[95]
Les autres vous répondent et vous traitent en fonction de votre
manière d’agir, non en fonction de votre manière de penser ou de ce
que vous ressentez.

Zeke n’était pas un mauvais gars, et je ne cherche pas à le dénigrer. Il était


juste le genre de personne à ne pas trop fréquenter. Puisque je me
présentais comme le gars dur et grossier, il avait pensé que j’aimerais aussi
fumer. Là, j’ai compris un élément important à propos des relations: les
autres vous répondent et vous traitent en fonction de votre manière d’agir,
non en fonction de votre manière de penser ou de ce que vous ressentez.
Je me prenais encore pour un chrétien droit, mais je ne me comportais pas
comme tel. Je l’ai bien compris lorsqu’il a sorti la cigarette et me l’a offerte
en disant: «Nick, ta vie doit être de la m… Ça me ferait drôlement ch… si
j’étais toi, et je fumerais pour décompresser.»
Je me demandais bien comment cela pouvait améliorer mon existence ou
apaiser mes colères. Peut-être suis-je une exception, mais je ne vois pas en
quoi remplir mes poumons de fumée va me détendre. Chaque fois qu’un
fumeur allumait une cigarette en ma présence, je me mettais à tousser.
Ensuite, mes habits puaient. Comment cela pouvait-il m’aider?
Mes parents m’avaient toujours dit que fumer était mauvais pour la santé
et que je devais prendre soin de mon corps, car il est le temple de Dieu. La
cigarette et les joints ne me tentaient donc pas du tout.
– Non merci, je n’en ai pas envie, ai-je répondu à Zeke.
– T’es sûr? Je peux la tenir pour toi, si tu veux.
[96]

Il pensait me faire plaisir. Son offre était en effet touchante, en dépit de


son caractère peu judicieux. Il cherchait le contact en essayant de montrer
qu’il compatissait et voulait m’aider.
– Non merci, je me sens bien ainsi.
J’imagine que Zeke ne m’aurait pas posé cette question, si je ne lui avais
pas donné l’impression d’être tenté par la fumée. Je portais un masque, et
mes prétendus amis ne m’incitaient pas à donner le meilleur de moi-même.
Consommer de l’alcool et des drogues plus dangereuses encore aurait été
la suite logique de l’histoire, si je n’avais pas repris mes esprits et ne m’étais
pas tourné vers un cercle d’amis dont les valeurs correspondaient beaucoup
plus à ce que j’étais vraiment (ou aurais dû être).
Certes, les harceleurs n’osaient pas s’en prendre à moi, tant que je
fréquentais cette bande. Mais, à la longue, je serais devenu encore plus
vulnérable au harcèlement et à la manipulation.

Des amis pour le meilleur et pour le pire


La plupart des gens se considèrent comme chanceux s’ils ont un ou deux
amis sur lesquels ils peuvent compter. Ainsi, ne mettez pas de pression, ni
sur les autres ni sur vous-même, pour créer un grand cercle d’intimes.
C’est une denrée rare, dans un monde où l’on déménage souvent. Si vous
[97]

avez un tas de potes, tant mieux, mais même un seul véritable ami est un
grand cadeau. Ce qui est important, c’est que vous vous comportiez en
ami(e) avec vous-même, et cela commence par une attitude de prudence
dans le domaine des fréquentations.
Les amis peuvent avoir la meilleure ou la pire des influences dans votre
existence. Ils peuvent vous protéger du harcèlement ou, au contraire, mal
vous traiter eux-mêmes. C’est pourquoi il est important de bien les choisir.
Voici le principe que j’applique personnellement: les personnes dont je
veux rester proche et auxquelles j’accorde ma confiance sont celles qui me
donnent envie d’être meilleur, plus intelligent, plus aimant, plus ouvert, plus
coopératif, plus fidèle, plus compréhensif, plus enthousiaste dans ma foi,
plus près du cœur de Dieu, plus reconnaissant, plus prompt à pardonner et
plus sensible aux occasions de servir le Créateur et mon entourage.
Ce genre d’amis vous immunise contre les harceleurs. Ceux-ci sont moins
enclins à s’en prendre à quelqu’un de bien entouré. Si une brute jaillit des
buissons pour gâcher votre journée, cela importera peu à long terme,
puisque vos amis assureront vos arrières.
Un harceleur ne peut voler que ce que vous le laissez prendre. Si vos amis
vous aident à vous sentir bien dans votre peau, vous soutiennent, vous
encouragent et vous stimulent à donner le meilleur de vous-même, cela,
personne ne peut vous le prendre.
[98]
Un harceleur ne peut voler que ce que vous le laissez prendre.

L’équipe apte à assurer vos arrières (votre équipe de soutien) se compose


d’amis de votre âge mais aussi d’autres personnes clés: parents,
enseignants, entraîneurs, responsables spirituels. Chacune d’elles devrait
avoir un impact positif et être digne de confiance, capable de vous
encourager et de vous inspirer. Elle devrait vous pousser à vouloir être le
meilleur vous-même et à faire de votre mieux.

Avez-vous de vrais amis?


Avez-vous déjà pris le temps de vous demander si vos amis et autres
proches exercent une influence bonne ou une mauvaise sur vous? Je vous
suggère le petit exercice suivant: dressez une liste des personnes les plus
importantes dans votre existence, les plus influentes et celles avec lesquelles
vous passez le plus de temps. Puis, pour chacune d’elles, posez-vous ces
questions:
* Notre relation est-elle caractérisée par le respect mutuel? Pourquoi?
* Nous faisons-nous confiance l’un à l’autre? Pourquoi?
* Cette personne m’encourage-t-elle et me soutient-elle?
* Notre relation me pousse-t-elle à donner le meilleur de moi-même?
* Si un harceleur s’en prend à moi, cette personne prendra-t-elle ma
[99]

défense?
* Que puis-je apprendre d’elle?
* Dois-je persévérer dans cette relation et me rapprocher encore plus de
cette personne ou devrais-je prendre mes distances?
* Vais-je rester proche de cette personne longtemps?
* Avons-nous les mêmes valeurs fondamentales?
* Sommes-nous égaux dans la relation ou l’un de nous dépend-il plus de
l’autre?
* Cette personne me pousse-t-elle à faire des choses négatives que je ne
ferais jamais autrement?
* Ai-je la liberté de parler de ma foi avec elle?
* Va-t-elle se réjouir de mes réussites ou en être jalouse?
Analysez ensuite vos réponses et demandez-vous si vous devriez vous
rapprocher des personnes qui ont une influence positive ou vous distancer
de celles dont l’impact est négatif. Il est important que nous soyons
conscients de la nature de chaque relation que nous entretenons. En effet,
parfois nous prenons des habitudes et nous accrochons à des fréquentations
qui ne nous apportent rien de bon et peuvent même être nuisibles.

Les sentiments et l’amitié sont-ils


réciproques?
Nous ne pouvons pas demander aux autres de faire pour nous ce que nous
ne ferions pas pour eux. En fait, je vous encourage même à donner à vos
[100]

amis plus que vous ne recevez d’eux. Permettez-moi de comparer l’amitié à


un réfrigérateur que l’on partage avec un colocataire: si je prends de la
salade et du jambon pour mon repas, en bon coloc, je les remplacerai plus
tard. Entourez-vous de personnes à l’influence positive et évitez de
fréquenter celles qui ne vous incitent pas à donner le meilleur de vous-
même ou vous enfoncent.
Lester m’a raconté ses expériences à ce sujet. Il s’est décrit comme «un
jeune rebelle ayant grandi dans une famille éclatée… Avec les années, cela
m’a détruit intérieurement. J’avais toujours peur et je n’étais jamais
heureux. Gamin, j’ai essuyé des sarcasmes parce que j’étais rondouillard. J’ai
toujours eu une très mauvaise estime de moi.»
Malheureusement, il a commencé à traîner avec un groupe de jeunes qui
l’ont enfoncé encore plus.
Je buvais de l’alcool parce que je pensais que personne ne m’aimait… Je
cherchais le bonheur au mauvais endroit: avec le sexe, les filles, l’alcool,
les fêtes, les rodéos sur route et la pornographie.
Ses amis l’entraînaient droit dans le mur. Heureusement qu’il a pu quitter
cette voie pour emprunter un nouveau chemin. Un changement qui a
certainement sauvé sa vie ici-bas et sa vie après la mort. Il a trouvé de
nouveaux amis, y compris le plus important de tous. Il a été invité à
participer à une rencontre de jeunesse chrétienne «où j’ai appris et ressenti
grâce au Saint-Esprit que Jésus-Christ m’aime et ne m’a jamais abandonné…
Cela a complètement transformé mon existence.»
Dieu m’a fait comprendre qu’il m’avait choisi pour que je le serve… à
[101]

100%. J’étudie et je lis donc la Bible chaque jour pour préparer les
messages que je donne aux jeunes. Mon frère et moi filmons un
documentaire sur la vie de l’adolescent au vingt et unième siècle. J’anime
aussi un groupe réunissant quinze jeunes. J’habite dans une région où il y
a beaucoup de familles éclatées. Plusieurs ados sont perdus, et je
consacre ma vie à les aider. Je connais le sens de mon existence: c’est
d’être un exemple pour la jeunesse.

Un but commun qui rassemble


Comme l’a découvert Lester, il y a une véritable puissance dans le fait
d’avoir un but. C’est comme une force magnétique attirant ceux qui ont une
même passion. Depuis que j’ai trouvé la raison d’être de ma vie en créant
Life Without Limbs et en voyageant dans le monde pour redonner espoir et
stimuler la foi, je suis régulièrement surpris de voir des gens me proposer
leur soutien et rejoindre ma mission.
L’un d’eux, Ignatius Ho, brillant comptable et homme d’affaires à Hong
Kong, se passionne pour tout, et surtout en matière de foi. Il aime
encourager les jeunes à trouver leur objectif. Père de deux adolescents, dont
l’un est autiste, il est très sensible aux personnes atteintes d’un handicap.
Lorsqu’il a visionné l’une de mes vidéos sur YouTube, il y a environ six ans,
il a senti que Dieu le touchait. Il m’a proposé son aide afin que je puisse
[102]

communiquer mon message dans sa Chine natale. Je ne le connaissais pas


du tout, mais sa sincérité, son altruisme et son énergie débordante ont
gagné ma confiance. C’est une force de la nature.
Si vous cherchiez l’expression la «foi en action» dans le dictionnaire, vous
devriez y trouver la photo de la boule d’énergie qu’est cet homme, parce
qu’il est convaincu qu’il existe une solution pour tout! A partir du moment
où il a décidé de planifier une tournée en Chine pour moi, plus rien ne l’a
arrêté. Il a hypothéqué sa maison, vendu sa voiture et réuni le soutien de
quelques églises afin de louer le stade pour la première soirée. Bien des gens
lui ont dit qu’il était fou et que peu de Chinois viendraient écouter un
étranger parler de sa foi chrétienne.
Ignatius m’a dit: «J’ai dû renoncer à toutes mes idées rationnelles et
compter totalement sur Dieu pour aplanir ma route. Je n’avais pas de plan
B.» Son dur labeur et ses sacrifices ont payé: cet événement s’est avéré être
l’une des journées les plus étonnantes de ma vie! Le stade était plein à
craquer, et des milliers de personnes ont donné leur vie à Christ.
Aujourd’hui, cet homme dirige notre bureau à Hong Kong et supervise
notre association en Chine et dans une partie de l’Asie. Lors de notre
première rencontre en 2008, il m’a exposé sa pensée à propos des jeunes
Asiatiques: ils avaient besoin d’entendre mon message de foi, d’espérance
et de détermination. «Dans notre culture, les gens se comparent toujours les
uns aux autres et gaspillent leurs forces en se focalisant sur ce qu’ils n’ont
[103]

pas, sur leurs limites», a-t-il expliqué.


D’après lui, la culture asiatique conduit les parents à mettre l’accent sur la
correction des fautes de leurs enfants, tout en ayant tendance à négliger
l’encouragement et les félicitations pour leurs réussites et leurs points forts.
En général, on leur indique également quelle carrière choisir en pensant
uniquement au salaire, au lieu de permettre à chacun de trouver sa voie en
tenant compte de ses rêves et passions. «L’argent passe en premier, et la
plupart des parents ne laissent pas le choix des études ni de la carrière à
leurs enfants. C’est pourquoi la génération montante n’est pas heureuse et
se sent perdue, sans but dans la vie.»
Ignatius, qui a consacré une grande partie de son existence à encourager
les jeunes à retrouver espoir et à poursuivre leurs rêves, est rapidement
devenu mon plus grand défenseur et soutien en Asie. Il a organisé des
tournées dans plus d’une douzaine de pays de ce continent. Comme vous
pouvez l’imaginer, la logistique de telles tournées est très complexe.
Pourtant, j’ai appris qu’avec sa volonté de fer, il peut relever n’importe quel
défi.
Les membres de votre propre cercle d’amis souhaitent vous voir grandir et
vous dépasser. Alors qu’il planifiait mes tournées, en amoureux de la
musique, Ignatius m’a encouragé à développer mon propre intérêt dans ce
domaine et m’a aidé à sortir un album de chants d’enfants.
Cet ami a créé deux organisations caritatives à Hong Kong. Son Music Angel
Program organise des tournées pour des musiciens célèbres dans les centres
pour enfants handicapés d’Asie. Il a aussi fondé le Metropolitan Youth
[104]

Orchestra de Hong Kong qui offre des possibilités d’apprendre et de se


produire à plus de 250 jeunes musiciens de 120 écoles. Les musiciens du
MYO, dont la devise est «excellence dans la musique avec une âme», se
produisent dans le monde entier, souvent pour des œuvres de bienfaisance,
en collaboration avec des chefs d’orchestre et des musiciens de renom.
Lorsque vous vous entourez d’une équipe de soutien, sachez qu’il peut y
avoir un effet boule de neige: un bon ami a tendance à en attirer d’autres.
C’est exactement ce qui m’est arrivé: la collaboration avec Ignatius m’a
permis de connaître monsieur Vu, un riche homme d’affaires dans l’industrie
de l’acier. Il est devenu un ami formidable et mon plus grand soutien au
Vietnam.
Un bon ami a tendance à en attirer d’autres.

Monsieur Vu a comme nous le désir d’encourager les jeunes à surmonter


les obstacles. Un point dont vous ferez l’expérience avec votre équipe de
soutien (et il se vérifie dans ma relation avec lui), c’est que vous n’êtes pas
obligés d’avoir exactement les mêmes centres d’intérêt, du moment que
vous avez une passion importante en commun.
Monsieur Vu n’est pas chrétien; c’est un fervent bouddhiste. Cependant, il
ne se focalise pas sur ce qui nous distingue en matière de foi. Comme tout
véritable ami, il se concentre sur ce que nous avons en commun. Il s’est
dépensé sans compter pour organiser mes tournées au Vietnam, et par la
[105]

suite au Cambodge, et le succès de ces conférences nous a tous les deux


surpris. Il a investi plus d’un million de dollars de ses fonds propres afin de
louer un stade pour une journée. Nous attendions quelques milliers de
personnes et en avons finalement accueilli plus de 35’000.

L’élargissement du cercle
Les deux hommes mentionnés sont aujourd’hui des membres importants
de mon équipe de soutien en Asie et dans le monde. Ils ont été séduits par
ma volonté d’améliorer les existences et de redonner espoir. Votre propre
cercle s’élargira probablement de la même manière, au fur et à mesure que
vous identifiez ce qui vous passionne et mettez tout en œuvre pour
atteindre votre objectif. En attendant, si vous n’arrivez pas à vous faire des
amis, je le répète, cherchez des groupes, clubs, organisations qui rejoignent
vos centres d’intérêt et passions.
L’une des meilleures choses que nous puissions faire pour nous-mêmes et
pour notre système anti-harceleurs consiste à être aussi forts et sains que
possible. Cela fonctionne à plusieurs niveaux: si vous devenez costaud et
entretenez votre forme au sein d’une équipe sportive, vous pouvez vous lier
d’amitié avec vos coéquipiers qui assureront vos arrières; la force physique
donne par ailleurs de l’assurance. Les harceleurs ne s’en prennent en
général pas à ceux qui en imposent et respirent la confiance.
Prendre des cours d’autodéfense vous permet de garder la forme, de
[106]

construire des amitiés et de renforcer votre système de défense. Pas besoin


d’être grand ni fort pour pratiquer les arts martiaux. Le but de la formation
consiste souvent à aider les plus petits à se protéger des attaques des plus
grands.
Si vous êtes physiquement apte, je vous recommande de suivre de tels
cours pour apprendre à vous défendre sans provoquer de graves blessures à
votre adversaire. Je n’aime pas la violence physique, mais vous devez vous
protéger. Un entraînement de base vous donnera plus d’assurance face à un
éventuel agresseur.
De plus, les arts martiaux développent la confiance en soi et vous
apprennent à rester calme face aux menaces. De nombreux harceleurs
abandonnent la partie, s’ils voient que leur proie ne se laisse pas facilement
impressionner, notamment si leur victime désignée arrive aisément à se
libérer d’une mauvaise prise.
Choisissez un cours dont l’entraînement vise l’autodéfense plutôt que la
préparation à des combats et compétitions. Plusieurs instructeurs suggèrent
le jiu-jitsu aux ados confrontés au harcèlement, parce que la plupart des
méthodes enseignées permettent de se libérer des attaquants qui
essaieraient de vous empoigner, de vous faire mordre la poussière, de vous
étrangler, de vous emmener contre votre gré ou de vous serrer de toutes
leurs forces.
Si je pouvais, je choisirais personnellement l’aïkido, qui utilise des éléments
du jiu-jitsu mais se concentre plus sur l’autodéfense, avec des méthodes qui
ne blessent pas sérieusement l’agresseur. Vous apprenez à vous servir de
[107]

sa force et de son élan pour repousser l’attaque et éviter toute blessure. Pas
besoin d’être super fort ni grand pour le pratiquer.
L’entraînement développe la maîtrise de soi, les capacités à évaluer les
risques, la coordination et la flexibilité. Un avantage supplémentaire, c’est
que les autres élèves deviendront des amis prêts à prendre votre défense et
à vous soutenir, ce qui représente un moyen de dissuasion important. Nous
ne devrions accepter de nous battre que si nous sommes attaqués et
n’avons pas d’autre choix. Je ne dis pas cela parce que j’ai le cœur tendre.
J’ai connu des personnes qui, au risque de se faire tuer, provoquaient des
bagarres pour des sujets mineurs dans le seul but que l’autre sorte un
couteau ou un pistolet en vue de riposter.
Sortir de la coquille
Il peut s’avérer difficile de vous faire des amis, si vous êtes le dernier arrivé
ou si vous souffrez d’un handicap évident. Quant à moi, j’ai fait une chose
vraiment stupide lorsque nous avons déménagé aux Etats-Unis: je me suis
efforcé d’étouffer mon accent australien pour avoir l’air américain. Après
quelques mois, j’ai découvert que les filles américaines aimaient l’accent
australien. Il ne m’a pas fallu longtemps pour le retrouver!
J’ai commis l’erreur de changer d’accent, tout comme j’avais essayé de
masquer ma foi pour me fondre dans la masse. Ce genre d’efforts se
[108]

révèle souvent inutile. Vous ne pouvez pas cacher qui vous êtes. Vous ne
pouvez pas nier ce que vous croyez vraiment. Je vous conseille donc d’être
vous-même et de chercher des personnes capables de vous accepter tel(le)
que vous êtes. Chacun de nous se sent seul à certains moments. Dans ce
monde, il n’existe personne qui ne se soit jamais senti différent ou exclu à
un moment ou à un autre. Mais nous pouvons réagir. Le premier pas
consiste à arrêter d’attendre que le monde vienne à nous et à aller nous-
mêmes à sa rencontre.
Dans ce monde, il n’existe personne qui ne se soit jamais senti
différent ou exclu à un moment ou à un autre.

Voici le témoignage d’un ado qui a écrit à Life Without Limbs pour raconter
comment il est sorti de sa coquille.
Paraplégique depuis l’âge de 3 ans, j’ai lutté avec l’acceptation de soi,
l’acceptation des autres et [la tristesse] de vivre une situation que je ne
peux pas changer. Avec la foi que Dieu m’a donnée, je suis sorti de ma
coquille. Aujourd’hui, j’accepte positivement qui je suis et [je me réjouis]
d’utiliser mes expériences pour servir les plans de Dieu pour ma vie. Avec
du recul, je m’estime heureux du soutien de ma famille qui a lutté pour…
mes droits, de mes amis qui ont vu au-delà de mes handicaps et sont
devenus très proches.
Son histoire m’a touché, car j’ai vécu presque la même chose. Mes parents
m’ont toujours encouragé en disant: «Tu es un enfant sympa, Nick. Les
[109]

gens t’aimeront, mais tu ne peux pas toujours attendre à ce qu’ils viennent


les premiers vers toi. Parfois, c’est à toi de faire le premier pas. Prends la
parole en classe. Parle à tes camarades. Donne-leur envie de te connaître!»
Je détestais devoir l’admettre, mais ils avaient raison. Lorsque je plaisantais
en classe, souriais ou parlais aux enfants dans le couloir, ils oubliaient que je
me trouvais en fauteuil roulant et qu’il me manquait des membres. Ils
m’acceptaient bien plus que je ne l’avais imaginé possible.
Si vous êtes nouveau en classe, dans le quartier ou au travail, faites-moi
une faveur: n’essayez pas de vous cacher dans les buissons comme je l’ai
fait! Cela ne sert à rien. De plus, vous risquez d’être piqué par des
moustiques! Vous êtes-vous déjà fait bouffer par ces petites bêtes? Mettez-
vous à ma place… je ne pouvais même pas me gratter! C’était une torture.
Au lieu de vous isoler, efforcez-vous de nouer de nouvelles amitiés. Restez
tout de même raisonnable. Ne faites pas comme un gars de mon école: il
offrait une pièce de 20 centimes à tous ceux qui acceptaient de devenir ses
amis. (J’ai gagné 50 centimes!) Cherchez des clubs ou organisations où vous
rencontrerez des personnes ayant les mêmes centres d’intérêt que vous.
Donnez de votre temps à des œuvres caritatives, des petits groupes au sein
d’églises, des activités locales ou des causes que vous défendez. Vous n’avez
pas à impressionner les autres. Soyez juste vous-même et laissez-les
découvrir à quel point vous êtes sympa.
Il faut du courage et de la patience pour aller à la rencontre des autres.
[110]

Croyez-moi, j’en ai fait l’expérience. Cependant, plus vous avez d’amis,


moins vous serez vulnérable. La solitude nous touche tous, mais ce n’est pas
la fin. Vous pouvez lui donner un coup de pied. Soyez ouvert(e) à la
possibilité qu’il y ait sur cette planète des êtres humains heureux de vous
avoir pour ami(e). Vous êtes peut-être plus sympa que vous ne le pensez!
La solitude nous touche tous, mais ce n’est pas la fin.

Anna, qui vit dans les îles Britanniques, a envoyé son histoire à Life Without
Limbs. Son état d’esprit extraordinaire m’a enrichi. Quel courage et quelle
détermination! Au lieu de s’apitoyer sur son sort et de se poser en victime,
elle s’est levée, a noué des amitiés et a trouvé du soutien:
J’ai une hypotonie (diminution de la tonicité musculaire), ce qui signifie
en gros que mes muscles sont faibles et que je ne suis pas capable de
faire comme tout le monde… Mes camarades, mais aussi les enseignants,
me méprisaient à cause de cela; ils ne voulaient pas admettre que je
souffrais d’un handicap et me mettaient continuellement la pression pour
que je fasse plus d’efforts, alors que je faisais de mon mieux. Par la suite,
j’ai changé d’école parce que je n’en pouvais plus et que je n’avais pas
d’amis…
Dans la nouvelle école, il y avait une salle réservée aux élèves se sentant
trop mal à l’aise pour sortir avec les autres et à ceux qui avaient besoin
d’aide en lecture, écriture, etc. En une semaine, je m’y suis fait
[111]

plusieurs amis, et tous m’appréciaient. C’était merveilleux! Ils étaient si


compréhensifs! Je n’avais aucun souci à me faire.
Un jour, l’une de mes nouvelles amies m’a parlé de son groupe de jeunes
à l’église et m’a proposé de l’accompagner, disant que cela m’aiderait à
gagner en assurance, etc. J’étais un peu nerveuse au début, mais je ne l’ai
jamais regretté. Les premières semaines, je me tenais dans un coin, toute
timide, puis je me suis détendue. Au début de la soirée, il y avait un débat
de dix minutes sur le christianisme. Comme je viens d’une famille non
chrétienne, je n’y connaissais pas grand-chose; je croyais toutefois
vaguement en l’existence de Dieu. J’ai toujours pensé qu’avant de me
décider, je devais en savoir plus. Ainsi, en discutant avec les jeunes et en
bricolant avec eux pendant les vacances, j’ai commencé à croire qu’il y
avait peut-être quelqu’un là-haut. J’en ai parlé à un garçon du club qui
m’a donné un petit livre sur la prière en me demandant de lui dire ce que
j’en pensais après l’avoir lu.
Ce soir-là, j’ai fermé la porte de ma chambre et j’ai prié pour la première
fois. C’était formidable. J’avais l’impression que Dieu était avec moi.
Depuis lors, je prie, lis la Bible, participe aux études bibliques, etc. Un
jour, j’ai décidé de demander le baptême afin de montrer mon amour
pour Dieu et notre Seigneur Jésus-Christ. Mon père m’avait avertie qu’il
ne resterait pas pour toute la cérémonie, mais il est resté. Il a mangé avec
nous, a appris à connaître mes amis et a eu du plaisir. Il n’est pas venu à
d’autres cultes, mais je prie pour qu’un jour il devienne chrétien, ainsi
[112]

que le reste de ma famille.


En repensant aux vidéos de Nick, je ne peux que remercier Dieu et le
Seigneur Jésus pour sa grande bonté. Peu importe qui nous sommes, à
quoi nous ressemblons ou ce que les gens pensent de nous, nous sommes
des êtres spéciaux, uniques, et Dieu nous aime tels que nous sommes.
Lorsqu’elle a fait le choix de ne pas s’apitoyer sur elle-même et de ne plus
rester seule, Anna a découvert que le premier pas pour se faire des amis
consiste à en être un pour vous-même: accepter que vous avez de la valeur,
que vous êtes digne d’amour et de confiance. Sachez que Dieu vous aime et
ne vous laissera jamais seul(e). Avec cette certitude et l’acceptation de ce
que vous êtes, rendez-vous disponible pour les autres. Permettez-leur de
découvrir la personne merveilleuse prévue par Dieu lorsqu’il vous a créé(e).
Cela a été l’expérience d’Anna, et j’espère que ce sera la vôtre aussi.

Les notes de Nick


◊ Les relations fortes et solides représentent votre plus grande défense contre le
harcèlement et les difficultés. Les amitiés sincères sont inestimables. Les meilleurs
amis sont ceux qui veulent le meilleur pour vous et dont la proximité vous pousse
également à vouloir être la meilleure personne possible.
[113]
◊ Les jeunes aiment s’entourer de toute une bande de copains avec lesquels
sortir. Si vous pouvez compter sur de nombreux amis, tant mieux, mais un seul ami
digne de confiance et qui vous soutient est déjà un grand cadeau.
◊ La meilleure manière d’attirer les autres à vous et de nouer des amitiés avec
eux, c’est d’être un bon ami pour eux.
7. Vaincre le harcèlement de
[115]

l’intérieur

Contrôlez vos émotions pour affronter le


harcèlement.
Vous souvenez-vous de la dernière fois qu’un harceleur vous a rendu la vie
dure, qu’il s’agisse d’insultes, de menace physique, de propagation d’une
rumeur, de photos peu flatteuses mises en ligne ou de manipulation
d’autres personnes de manière à les dresser contre vous? Essayez de vous
replonger précisément dans cette situation.
Qu’avez-vous ressenti? Quelles sont les émotions qui se sont manifestées?
Est-ce la colère? le désespoir? la déprime? la frustration? toutes à la fois?
une autre encore?
Comment avez-vous réagi face aux actes ou paroles du harceleur? Votre
réaction a-t-elle amélioré ou aggravé la situation? Après, vous êtes-vous
senti(e) mieux ou moins bien? Le harceleur a-t-il arrêté de vous importuner?
Avec le recul, qu’auriez-vous aimé faire différemment?
Je vous invite à noter vos réponses par écrit. Une telle démarche aide bien
des personnes à résoudre des problèmes. Cela aide également à identifier
les émotions négatives et à réagir de façon réfléchie plutôt qu’émotive, ce
[116]

qui est toujours préférable.


Dans la Bible, Proverbes 16.32 affirme: «La lenteur à la colère vaut mieux
que l’héroïsme; mieux vaut être maître de soi que s’emparer de villes.»
Les émotions font partie de la vie. Elles ne se manifestent pas par hasard,
même si nous en avons parfois l’impression. Nous demander d’où elles
viennent et analyser pourquoi nous ressentons ce que nous ressentons
constituent deux éléments essentiels pour acquérir une meilleure
connaissance de nous-mêmes et contrôler nos actes.
Il est important de comprendre ce qui déclenche nos émotions pour
pouvoir mieux contrôler nos réactions et en retirer ainsi un bénéfice à long
terme. La gestion des émotions négatives apportera beaucoup à votre
système de protection anti-harcèlement et vous permettra de mener une
existence plus heureuse. Ceux qui laissent leurs émotions négatives
contrôler leurs actes ont tendance à perdre tout contrôle, à manquer de
confiance en eux et à être malheureux. A l’inverse, ceux qui agissent suivant
un processus réfléchi de contrôle et de gestion des émotions ont plus de
chances de connaître succès, assurance et joie.
J’attire votre attention sur le fait que je ne vous invite pas à contrôler vos
réactions négatives. Ce n’est pas vraiment possible: la partie du cerveau qui
crée les réactions émotionnelles comporte sa propre salle de contrôle, et
vous n’en avez pas la clé. Désolé! Cela dit, ce n’est pas une excuse pour
lancer une tarte à la figure de ceux qui se moqueraient de vous! Vous
[117]

restez responsable de vos actes.


Bien des personnes ne comprennent souvent pas la différence qu’il y a
entre contrôler de mauvais sentiments et contrôler des actes. La plupart des
réactions émotionnelles d’un petit enfant sont le résultat de mécanismes
profondément liés à son ADN. Au cours des siècles de développement
humain, il s’est avéré que ces mécanismes nous aidaient à survivre dans un
monde souvent hostile.
En vieillissant, nous gagnons en expérience, ce qui nous permet de poser
des jugements, et nos réactions émotionnelles deviennent ainsi plus
individualisées. Elles restent automatiques (nous ne pouvons pas les
contrôler), mais elles sont basées sur nos jugements de valeur et risquent de
ne pas être adaptées à la situation. Par exemple, vous avez peur d’une fille
en raison d’une rumeur qui circule à son sujet ou vous êtes attirée par un
inconnu parce qu’il ressemble à votre oncle préféré.
Les émotions sont utiles, car elles nous permettent de poser rapidement
des jugements de valeur quand il s’avère nécessaire de réagir promptement,
par exemple lorsqu’un alligator nage dans notre direction avec sa mâchoire
grand ouverte. Cependant, l’émotion négative peut être assimilée à un
harceleur quand elle nous pousse à adopter un comportement stupide,
susceptible de nous mettre en danger ou de nuire à nos relations. Nous
devons chercher à comprendre ce qui se cache derrière elle, avant de
décider de notre manière de réagir. Si nous prenons conscience que nos
sentiments reposent sur une information erronée (la fille n’est vraiment pas
une garce ou l’inconnu n’est pas notre oncle), alors nous avons besoin de
[118]

savoir comment adapter notre réaction en conséquence.


Quand un chien s’élance contre vous en grognant et en aboyant, vous avez
peur. Votre cœur bat la chamade. Votre respiration s’accélère. Peut-être
votre corps se crispe-t-il et votre visage rougit-il.
Toutes ces réactions physiques sont déclenchées par vos sentiments de
peur. Vous ne pouvez pas contrôler ces sentiments ni votre premier réflexe.
Cependant, si vous voyez que le chien est tenu en laisse, attaché à une
chaîne, ou n’est finalement qu’un caniche qui a l’aboiement d’un berger
allemand, vous arrivez tout de suite à vous calmer.
Vous le faites souvent tout naturellement: vous prenez une profonde
respiration, maîtrisez votre souffle et ralentissez votre rythme cardiaque.
Savoir rire de soi-même diminue également les tensions. Avec un peu
d’humour, vous vous exclamez: «Ouf! Ce pitbull m’a fait peur!»
Voyez-vous ce qui se passe dans ce cas? Lorsque vous vous rendez compte
que le chien ne représente pas une menace sérieuse et immédiate, vous
reconnaissez que vos émotions sont fausses et vous ajustez votre réaction.
C’est un processus naturel. Eh bien, vous pouvez faire la même chose
lorsque vous êtes confronté(e) à un harceleur (et ce, même si le harceleur
représente effectivement une menace). Vous avez cette capacité à
disposition, et il vaut la peine de l’utiliser.
Par la suite, je proposerai des réactions possibles. Pour l’instant, je veux
simplement parler de la prise de conscience de nos émotions et du
[119]

pouvoir que nous avons de choisir notre réaction physique à ces émotions.

L’espace entre le sentiment et l’action


Les émotions sont naturelles et vous ressentez ce que vous ressentez.
Toutefois, la qualité de votre existence dépend grandement de la manière
dont vous choisissez de réagir face à vos sentiments. Il y a un espace, un
intervalle, une possibilité entre le moment où vous ressentez quelque chose
et le moment où vous réagissez.
La qualité de votre existence dépend grandement de la manière dont
vous choisissez de réagir face à vos sentiments.

Cet espace est un cadeau. Je ne plaisante pas. Si l’on en croit les


psychologues, les personnes qui apprennent à employer sagement cet
intervalle réussissent en général mieux que celles qui l’ignorent ou l’utilisent
mal. Dans cet espace, vous pouvez exercer un contrôle, prendre de bonnes
décisions et vous mettre en position de choisir votre destinée.
Quand vous vous mettez en colère contre un harceleur ou contre vos
parents, essayez de ne pas vous déchaîner. Choisissez plutôt d’employer
l’intervalle existant entre vos sentiments et vos actes à vous poser des
questions du genre:
* Pourquoi suis-je en colère?
[120]

* Est-ce une bonne idée de me déchaîner? Cette réaction est-elle


bénéfique ou, au contraire, nuisible?
* Quelles sont mes autres options?
* Que puis-je dire pour améliorer la situation?
* Que puis-je dire de bénéfique à long terme?
Utiliser cet intervalle pour réfléchir à votre réaction et pour décider ce qui
est le mieux pour vous à long terme revient à pratiquer la connaissance de
soi et la maîtrise de soi. C’est ce qu’on appelle la «souplesse de réaction» et
c’est un signe de maturité émotionnelle.
C’est vraiment très simple à faire. Exercez-vous. Cela peut devenir une
habitude, une très bonne habitude. L’idée de base est que l’on réfléchit,
avant d’agir sur la base d’émotions négatives, pour découvrir la meilleure
réaction dans la situation donnée. Si un harceleur s’en prend à vous, la
meilleure réaction n’est probablement pas de vous mettre à crier ni
d’essayer de le frapper.
Facile à dire, n’est-ce pas?
Certes, le plus facile à faire, c’est de réagir émotionnellement, mais est-ce
le plus intelligent? Est-ce que cela ne va pas seulement provoquer plus de
difficultés encore, voire une douleur physique? La réaction la plus
intelligente ne consisterait-elle pas à parler calmement au harceleur pour
désamorcer la tension ou à vous éloigner de lui le plus vite possible?
Chaque situation étant unique, il n’existe pas de recette miracle.
Cependant, en adoptant la démarche mentale qui consiste à pénétrer
l’espace existant entre vos sentiments et votre réaction, vous pouvez mieux
évaluer la situation, contrôler votre émotion et déterminer les meilleures
[121]

options de façon plus logique.

Le harceleur intérieur
Nos émotions négatives peuvent jouer en nous le même rôle qu’un
harceleur. Elles tendent à provoquer une réaction qui n’est pas dans notre
intérêt. Ainsi, faire simplement ce que nos mauvais sentiments nous
suggèrent, c’est céder à une autre forme de harcèlement.
Cette pensée m’est venue à l’esprit après que j’ai lu un courriel de Dominic,
un jeune de 15 ans vivant en Asie du Sud-Est. En lisant son histoire, j’ai
compris qu’il avait d’abord laissé ses émotions négatives le pousser à
adopter des comportements contraires à ses intérêts. Il cédait à ce harceleur
interne, ce qui lui créait des problèmes. Par la suite, après avoir réfléchi à sa
réaction, il a fait quelque chose qui l’a beaucoup aidé.
Alors qu’il était à l’école secondaire, il est tombé amoureux d’une fille, et il
pensait qu’elle l’aimait aussi. Puis, il a compris qu’elle aimait un autre
garçon, un de ses amis. Déçu et en colère, il les a tous les deux exclus de sa
vie.
Il s’est senti plus mal encore le jour où la fille et son ami ont commencé à
sortir sérieusement ensemble. En les voyant se tenir tendrement par la
main, il sombrait dans la déprime et la colère. Comme ses camarades de
classe connaissaient son attirance pour elle, ils lui faisaient des remarques
qui ne l’aidaient pas. Dominic s’est senti vraiment nul:
Je n’avais aucun ami. Je pleurais tout le temps, mes notes scolaires ont
[122]

chuté et j’ai noyé ma douleur dans l’alcool. J’ai commencé à croire ce que
les autres disaient de moi, que j’étais un raté. La vie n’en valait pas la
peine, j’avais envie de mourir, de disparaître.
Dominic laissait ses sentiments l’inciter à des actes d’autodestruction. Un
jour, il a visionné l’une de mes vidéos sur YouTube et a pris conscience, pour
la première fois, qu’il y avait des manières plus positives de réagir. Il a
compris que j’avais surmonté les harceleurs émotionnels internes engendrés
par mon handicap et pris la décision de mener une vie plus positive. Il a
modifié sa façon de réagir, et son existence en a été transformée.
Après le bal de promo, la fille, son ami et lui se sont réconciliés en se
pardonnant mutuellement. Ils ont tiré un trait sur le passé et sont redevenus
amis.
Maintenant, je crois que Dieu a un plan pour chacun de nous et qu’il est
vraiment le chemin, la vérité et la vie.
Pour combattre vos harceleurs émotionnels, apprenez à utiliser ce
processus, étape par étape:
1. Mentalement, pénétrez dans l’intervalle entre vos sentiments et votre
réaction.
2. Pour vous calmer, respirez 5 fois en gonflant et dégonflant le ventre,
tout en vous concentrant sur quelque chose qui vous procure un sentiment
de paix et de sécurité.
3. Réfléchissez à l’émotion négative et à ce qui l’a déclenchée. Faites la
différence entre ce que vous ressentez et ce qui est vraiment arrivé.
[123]

Essayez d’évaluer la situation du point de vue de l’autre personne


impliquée ou d’une personne digne de confiance que vous respectez. Sur
quoi vous inviterait-elle à réfléchir? Que vous conseillerait-elle de faire?
4. Une fois que vous avez trouvé ce qui a déclenché l’émotion négative,
demandez-vous si un élément de votre passé l’a accentuée ou si l’émotion
était uniquement liée à ce cas.
5. Adoptez la réaction la plus positive possible: celle qui sera bénéfique à
long terme.
6. Après avoir identifié la meilleure attitude possible, imaginez-vous que
vos émotions négatives sortent de vous comme une chaleur ou une vapeur
s’échappant de votre corps pour se dissiper dans l’air.
7. Représentez-vous en train de réagir de façon positive et d’en récolter
les fruits.
Répétez ce processus chaque fois que des émotions négatives surgissent,
jusqu’à ce que cette réaction devienne automatique.
J’ai travaillé sur ce processus moi-même, surtout après mon mariage avec
Kanae et la naissance de notre fils. Je veux être un bon exemple pour lui.
Mon père et mon oncle Batta, deux hommes réfléchis, me servent de
modèles quand je recherche la meilleure façon de réagir. J’ai assisté à leurs
réunions d’affaires et je les ai vus contrôler leurs réactions dans des
situations chargées d’émotions. Ils analysent toujours les éléments ayant un
impact sur leur vie, avant d’agir. J’aimerais leur ressembler.
Maintenant que j’ai une famille à charge, je me sens plus mature, et c’est
[124]

un sentiment agréable. Je sais mieux qui je suis, qui je veux être et ce que je
veux faire de mon existence. Je me retiens de dire tout ce que je ressens ou
de passer ma colère sur les autres, et c’est très bien pour mon entourage.
Nous n’avons pas à laisser les circonstances négatives nous voler
notre paix ou notre joie.

De plus en plus, je me rends compte que nous n’avons pas à laisser les
circonstances négatives nous voler notre paix ou notre joie. Nous pouvons
décider d’occuper l’espace qui nous permet d’identifier nos émotions
négatives, d’examiner ce qui les provoque, de déterminer la bonne attitude
à adopter et de faire notre possible pour donner le meilleur de nous-mêmes.
J’ai beaucoup mûri émotionnellement ces dernières années. J’ai
l’impression d’être plus conscient des mécanismes et de l’origine de mes
sentiments et, je l’espère, plus sage dans ma façon de réagir.
Si vous ne vous libérez jamais de vos émotions négatives, elles
bouillonneront en vous et finiront par exploser. Ce n’est pas sain du tout.
Peut-être estimez-vous pouvoir encore gérer la situation, mais tôt ou tard,
vous devrez aborder de front le problème qu’elles posent. Vous pouvez
abandonner cette énergie négative dans les mains de Dieu, comme je le fais.
Au lieu de réagir émotionnellement, vous pouvez demander au Créateur de
vous aider à réagir de façon spirituelle. Priez pour ceux qui vous ont
blessé(e), sachant que Dieu est juste et que, si vous faites de votre mieux,
[125]

il est capable de faire le reste.

Les notes de Nick


◊ La peur et la colère sont des émotions naturelles que vous ne pouvez pas
contrôler, mais vous pouvez contrôler votre réaction face à ces émotions.
◊ L’intervalle existant entre ce que vous ressentez et la façon dont vous réagissez
est important. C’est là que repose le secret de la maîtrise de soi et de l’intelligence
émotionnelle. Deux cadeaux qui contribueront à vous faire connaître succès,
confiance et bonheur.
[127]
8. Dépasser le harcèlement

Posez un fondement spirituel afin de vivre en


paix et de tenir ferme.
Enfant, je ne comprenais pas pourquoi Dieu m’avait créé sans bras ni
jambes. On m’avait toujours dit qu’il ne commettait pas d’erreurs et qu’il
aimait tous ses enfants, mais je ne pouvais pas concilier son amour avec
mon handicap.
Pendant des années, j’ai prié pour avoir des bras et des jambes et cherché
à comprendre le plan du Créateur pour ma vie. Puis, un beau jour, j’ai trouvé
des réponses dans la Bible. Le texte de Jean 9.1-3 a littéralement transformé
mon existence:
Jésus vit, en passant, un homme aveugle de naissance. Ses disciples lui
posèrent cette question: «Maître, qui a péché, cet homme ou ses parents,
pour qu’il soit né aveugle?»
C’était une question qui me torturait depuis longtemps. Mes parents
avaient-ils mis Dieu en colère? Mon corps équivalait-il à une punition qu’il
[128]

leur infligeait? Le Créateur me punissait-il pour une raison quelconque?


La lecture du verset 3 m’a donné des frissons et m’a bouleversé. J’avais
l’impression d’être, moi aussi, un aveugle recouvrant la vue.
Jésus répondit: «Ce n’est pas que lui ou ses parents aient péché, mais
c’est afin que les œuvres de Dieu soient révélées en lui.»
A partir de ce moment-là, j’ai cru que Dieu m’avait créé dans un but. Je ne
comprenais pas encore quelle pouvait être ma raison d’être, mais j’ai eu la
conviction qu’il avait prévu, soit de m’accorder un miracle un jour, soit
d’accomplir des miracles à travers moi.
Ce texte biblique a transformé mon existence en transformant mon
attitude. Par conséquent, le jour où j’ai de nouveau rencontré des
problèmes avec des harceleurs, j’ai cherché des réponses dans la Bible. J’ai
trouvé deux passages en particulier qui m’ont ouvert des pistes quant aux
réactions possibles.
Dans un passage célèbre, Jésus nous invite à tendre l’autre joue en cas
d’agression13. Ce n’est pas exactement ainsi qu’il réagit en Jean 18.19-23,
lorsqu’un des gardes lui donne une gifle pour sanctionner des propos qu’il
assimile à une attitude de défi face au grand-prêtre. Il semble poursuivre sur
la voie de la confrontation: «Si j’ai mal parlé, explique-moi ce que j’ai dit de
mal; et si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu?»
Il ne tend pas l’autre joue, mais il ne répond pas par un coup de poing
[129]

non plus. Ce que j’en ai retiré, c’était que je pouvais me défendre contre le
harcèlement sans chercher à rendre coup pour coup.
Un jour, j’ai mis en pratique ce que j’avais appris. C’est une histoire que j’ai
racontée pour la première fois dans Irrésistible14. Il n’est pas très agréable
d’en parler, mais vous pouvez bien imaginer les angoisses que j’ai ressenties
sous la pression d’Andrew. Cet épisode illustre le rôle que la foi peut jouer
dans la gestion du harcèlement et de diverses difficultés, et c’est la raison
pour laquelle je le raconte à nouveau.
Au cas où vous ne connaîtriez pas encore les faits, je vous en propose un
résumé, tout en vous priant de m’excuser si les insultes d’Andrew vous
choquent quelque peu.
Même si cet élève ne m’a jamais agressé physiquement, je vivais dans la
peur constante de le croiser dans les couloirs de l’école, ce qui arrivait
malheureusement tous les jours.
Il était plus âgé que moi et ne se rendait absolument pas compte du mal
qu’il me faisait. C’est souvent le cas des harceleurs: ils se croient drôles et
taquins, alors que leurs victimes trouvent leurs paroles blessantes,
embarrassantes et intimidantes.
Pensez-y, le jour où vous «faites une blague» à quelqu’un qui n’apprécie de
toute évidence pas votre humour. En vous montrant insensible au caractère
offensant de vos propos, vous pouvez involontairement vous glisser dans [130]

le rôle du tyran. Tout le monde est vulnérable. Quand un gars s’amuse à


taquiner une fille à propos de ses cheveux bouclés, elle peut le trouver
blessant et méchant. Par conséquent, si vous taquinez des personnes et
qu’elles ne rient pas ou semblent froissées, arrêtez!
Andrew n’a pas arrêté. Il s’est obstiné. Pendant deux semaines, chaque fois
qu’il me croisait, il me criait les mêmes insultes: «Nick n’a pas de c…!»
Si vous taquinez des personnes et qu’elles ne rient pas ou semblent
froissées, arrêtez!

Ses sarcasmes étaient cruels, mesquins et blessants, même si ce qu’il disait


n’était pas vrai. Je savais que c’était faux, mais, bien sûr, personne d’autre
ne le savait. Je n’avais déjà pas de bras et pas de jambes. Pourquoi Andrew
devait-il en rajouter?
En plus de supporter sa cruauté, je voyais mes camarades ricaner en
l’entendant, ce qui avait le don de m’agacer. A l’époque, j’avais un bon
groupe d’amis. La plupart des élèves de l’école me connaissaient et je
m’entendais bien avec presque tout le monde. Pourtant, à ma grande
tristesse, personne n’a pris ma défense.
J’avais mal à l’estomac tous les matins, à l’idée d’aller à l’école et de
tomber sur ce garçon. J’essayais de l’éviter, mais nos horaires semblaient se
liguer contre moi.
Finalement, j’ai décidé d’agir, puisqu’il ne manifestait aucune volonté de
mettre un terme à son petit manège. Il répétait sa phrase comme un
perroquet. Ainsi, un jour, je me suis approché de lui à toute vitesse avec
mon fauteuil roulant.
Il m’a semblé discerner de la panique dans ses yeux, l’espace d’une
[131]

seconde. Peut-être pensait-il que mon fauteuil était équipé d’un lance-
missile? J’ai savouré cet instant! (Même si je ne recommande en aucun cas
la violence.)
– Pourquoi m’insultes-tu? ai-je demandé.
– Quoi?
– Pourquoi te moques-tu toujours de moi?
– Tu te sens insulté par mes paroles?
– Oui, je suis blessé chaque fois que tu les prononces.
– Ah bon? Je ne m’en étais pas rendu compte, mec. Je voulais juste
t’embêter. Je suis désolé.
J’ai scruté son visage pour m’assurer de sa sincérité. Franchement, je ne
sais pas ce que j’aurais fait s’il m’avait dit de dégager ou m’avait à nouveau
nargué. Mais ce que j’ai dit ensuite a paru le surprendre au plus haut point:
– Je te pardonne.
Je ne pense pas qu’Andrew s’attendait à cette réaction. Il a baissé la tête.
Etait-ce à cause de la honte ou du remords? J’ose l’espérer. Depuis, il ne m’a
plus jamais ennuyé.
Si vous avez déjà subi des sarcasmes, vous savez probablement ce que j’ai
ressenti: un immense soulagement. C’était comme si j’avais reçu de
nouveaux poumons; je pouvais de nouveau respirer facilement. Mon niveau
de stress a chuté de façon spectaculaire. Plus de peur, plus de souci avant
l’école.
J’ai remercié Dieu de m’avoir guidé et me suis senti beaucoup mieux.
J’étais David, Andrew était Goliath. Du moins, c’était l’impression que j’avais
eue face à mon ennemi juré. Je n’ai pas tendu l’autre joue, mais je l’ai
[132]

regardé droit dans les yeux et lui ai dit ce que j’avais sur le cœur.
Cette approche a fonctionné pour moi dans ce cas-là; je ne peux pas
garantir qu’elle fonctionnera pour vous. Je proposerai d’autres méthodes
dans un chapitre ultérieur. Pour le moment, j’aimerais souligner que vous
pouvez vous appuyer sur votre foi pour recevoir une direction et la force
d’affronter les défis de l’existence.

Une foi qui agit


Je crois au pouvoir de la foi et je vous encourage à vous en munir. Ma
campagne contre le harcèlement m’amène à voyager dans le monde entier.
Je visite souvent des pays où le gouvernement ou des factions sont hostiles
aux chrétiens et fermés à l’annonce de l’Evangile. Pourtant, des croyants
courageux se rencontrent en privé et étudient ensemble la Parole de Dieu,
conscients des risques qu’il y a à afficher ouvertement leur amour pour
Dieu.
Je suis reconnaissant envers les autorités de ces pays qui m’autorisent à
donner des conférences et à transmettre mon message d’espoir et
d’encouragement. Afin de voyager en sécurité, je mets en pratique le conseil
de l’apôtre Paul dans Ephésiens 6.11-12: «Revêtez-vous de toutes les armes
de Dieu afin de pouvoir tenir ferme contre les manœuvres du diable. En
effet, ce n’est pas contre l’homme que nous avons à lutter, mais contre les
puissances, contre les autorités, contre les souverains de ce monde de
[133]

ténèbres, contre les esprits du mal dans les lieux célestes.»


Comme nous le conseille la suite du passage, je revêts la cuirasse de la
justice, j’attache la ceinture de la vérité autour de ma taille, j’enfile le casque
du salut et je brandis l’épée de l’Esprit.
Je crois au pouvoir de la foi et je vous encourage à vous en munir.

Je suis reconnaissant des occasions que Dieu me donne de parler dans des
régions fermées à la foi chrétienne, d’y rayonner de l’amour de Jésus et de
montrer que grâce à lui, en dépit de mes limitations physiques, je peux vivre
dans la joie. J’espère encourager ainsi chacun: hommes, femmes et enfants.
Dieu est à l’œuvre à travers moi, et il peut également agir à travers vous.
Nous recevons chaque jour des courriels témoignant de sa puissance à
l’œuvre dans les vies, comme celui de cette jeune fille domiciliée en Afrique:
Après avoir entendu parler de Nick et l’avoir vu dans notre église… j’ai
réfléchi à toutes les excuses que j’ai invoquées durant toute mon
existence. A cause de mes petits yeux bridés, j’étais traitée de tous les
noms à l’école. J’étais mal dans ma peau et malheureuse. Aujourd’hui, je
mène une vie riche et heureuse en Jésus-Christ, sans plus chercher
d’excuses. Je prie que le message dont Nick est porteur parvienne aux
extrémités de la terre, qu’il transforme notre manière de penser et nous
permette de mener une existence épanouie. Je veux servir Dieu en
[134]

répandant sa bonté partout pour guérir les cœurs brisés et redonner le


sourire et l’espoir!
Des tels courriers me rappellent que j’ai une raison d’être sur cette terre,
tout comme vous. Plusieurs victimes de harcèlement m’ont écrit pour dire
que leur foi a été d’un grand secours. Des ados affrontant la maladie, le
handicap, des problèmes familiaux ou des dépendances ont également
témoigné du pouvoir de la foi dans leur vie.
Un jeune Scandinave de 16 ans, d’origine serbe comme moi, a écrit que la
prière l’avait aidé à surmonter la dépression et des pensées suicidaires:
«Chaque fois que je passe par un temps difficile, je pense… que Dieu m’aime
et a un plan pour moi. Ma foi est beaucoup plus forte qu’auparavant, grâce
à toi, et j’ai appris à la mettre en action.»

La tyrannie des attentes


Comme je l’ai déjà dit, certaines des formes les plus extrêmes de
harcèlement sont culturelles, voire de nature politique. En Asie, où le taux
de suicide et de dépression est particulièrement élevé, j’ai rencontré des
ados qui se sentent harcelés par les attentes des autres, notamment de
leurs parents et des autorités gouvernementales. Dans ce cas, je les
encourage souvent à chercher l’aide de Dieu. Plusieurs m’ont écrit que la foi
les avait sauvés.
Parmi eux figure Camellia. Elle a grandi en Chine, où seule une petite
[135]

partie de la population est chrétienne et où les occasions d’apprendre à


connaître Dieu sont rares. Sans avoir de relation avec des croyants, elle avait
appris que la Bible était le livre le plus vendu au monde, ce qui avait éveillé
sa curiosité: à quoi devait-elle sa popularité?
Elle a lu la Bible et a été émue par la puissance de Jésus et par son amour
pour tous les hommes. Toutefois, elle ne pouvait pas croire en l’existence de
Dieu. Elle a passé son adolescence à faire ce qu’on attendait d’elle: de
bonnes notes à l’école. A la fin de cette période, elle a ressenti un grand vide
dans sa vie. Elle a pris conscience qu’elle s’était toujours conformée aux
attentes des autres, qu’elle était entrée dans leur vision des choses sans se
demander ce qu’elle-même voulait vraiment.
Ses efforts scolaires avaient été récompensés et elle était bien partie pour
mener l’existence réussie que ses parents voulaient pour elle, mais elle se
sentait perdue et déprimée. Les attentes des autres avaient valeur de tyrans
pour elle. Elle a voulu choisir sa propre voie et examiner plus en détail ses
questions à propos de Dieu. Il n’est pas étonnant qu’elle se soit sentie
perdue.
«Pourquoi ne puis-je pas trouver ma voie moi-même? se demandait-elle
constamment. Pourquoi ne puis-je pas suivre mes propres orientations?
Qu’est-ce que je veux vraiment faire? Est-ce que je vais consacrer toute ma
vie à simplement viser la réussite telle que les autres la conçoivent?»
Camellia a sombré dans la dépression et a songé au suicide «parce que je
[136]

n’arrivais pas à trouver la raison pour laquelle j’étais dans ce monde».


Son université lui a alors offert l’occasion de poursuivre pendant une année
ses études en Nouvelle-Zélande. «J’ai accepté sans hésitation, parce que je
savais que c’était la dernière chance de changer ma vie», a-t-elle écrit à Life
Without Limbs.
L’accès à YouTube était autorisé en Nouvelle-Zélande, contrairement à ce
qui se passait en Chine. C’est là que Camellia a visionné l’une de mes vidéos,
qui l’a touchée et encouragée à se replonger dans la Bible. Grâce à un
événement organisé par mon ami Greg Laurie, elle a, de plus, rencontré des
chrétiens dont la vie de foi l’a impressionnée.
Elle a donné sa vie à Dieu peu après. Elle a commencé à fréquenter une
église baptiste et a rejoint un groupe de maison. Elle a décidé de rester en
Nouvelle-Zélande où elle construit une «existence d’un bonheur sans
précédent».
Sans Dieu, je n’aurais pas pu mener une vie aussi formidable. Je suis si
contente qu’il m’ait choisie pour faire partie de ses disciples!
Cette jeune femme a surmonté de nombreux obstacles pour prendre son
existence en main et poursuivre ses rêves. Elle l’a fait sur un parcours de foi.
Maintenant, elle transmet ce qu’elle a reçu de Dieu en montrant ce chemin
à d’autres. Elle fait partie de ceux qui me permettent d’espérer en un
monde meilleur, dans lequel il y ait plus d’amour et plus de confiance en
Dieu, et plus aucun harcèlement ni aucune forme d’oppression. J’espère
[137]

que son histoire touchante vous encourage.


Une fois de plus, je vous invite à vous munir de votre foi pour vous
défendre contre les harceleurs et oppresseurs de toutes sortes, à tous les
niveaux. Faites comme lorsque je voyage et suivez le conseil de l’apôtre
Paul: revêtez-vous de toutes les armes de Dieu15.

Les notes de Nick


◊ La foi est une réalité merveilleuse, mais uniquement si vous en faites usage. Si
vous croyez en Dieu, mettez cette foi en action dans votre propre existence et au
service des autres.
◊ La foi est un bouclier puissant contre les harceleurs et les diverses difficultés de
la vie. Elle fait partie de l’armure de Dieu que vous pouvez revêtir à tout moment, en
lui demandant la force et le soutien nécessaires.
13 Voir Matthieu 5.39. (NdE)
14 Paru en français en 2014 aux éditions Ourania. (NdE)
15 Voir Ephésiens 6.11. (NdE)
[139]
9. Du positif dans le harcèlement

Aussi destructeur que soit le harcèlement, il


peut aussi vous rendre plus sage et plus
fort(e).
J’aimerais lancer une idée qui vous paraîtra peut-être un peu folle. Nick a
un drôle de sens de l’humour, vous direz-vous. J’espère toutefois qu’elle
finira par avoir du sens pour vous. Si ce n’est pas le cas, je vous achèterai
une nouvelle voiture.
Je plaisante! Que diriez-vous d’un poney?
Voici l’idée que je soumets à votre réflexion: et s’il était possible de tirer
des enseignements utiles du harcèlement et d’en tirer profit pour grandir? Si
nous nous appuyions sur les manières d’agir blessantes de tyrans pour
devenir plus forts, plus sages et plus confiants?
Est-ce que je vous fais flipper? Aimeriez-vous me jeter un seau d’eau à la
figure pour me ramener sur terre?
Je n’insinue pas que l’on doive espérer être harcelé ni que les harceleurs
seraient en fait bienveillants et non malveillants. (Malveillant. Ce mot a l’air
si terrible.)
J’émets l’idée que nous pouvons renverser la vapeur et utiliser l’énergie
[140]

négative d’un harceleur pour créer quelque chose de positif. Mon


expérience personnelle, les récits de la Bible, les paroles de sagesse de
personnes que je respecte, quelques récentes études de psychologie et des
témoignages d’ados du monde entier m’amènent à cette déduction.
Ainsi, avant de jeter ce livre contre le mur et de déclarer que Nick V. a
perdu la raison, laissez-moi m’expliquer.

Grandir à travers la souffrance


J’étais la cible idéale: j’attirais les harceleurs comme un aimant. Je me
rappelle avoir subi une seule agression physique, à l’école primaire, mais j’ai
été confronté au sarcasme, à la plaisanterie de mauvais goût, à l’insulte, à la
moquerie, à la taquinerie un nombre incalculable de fois.
Qu’est-ce que je retire de ces années de souffrance?
Premièrement, j’ai survécu. Je suis toujours là. Deuxièmement, j’ai
aujourd’hui une existence merveilleuse et un métier passionnant, une
épouse belle et engagée dans la foi, un fils incroyable et une famille et des
amis super. Honnêtement, les harcèlements subis à l’école m’ont amené à
faire plus confiance à Dieu, à me montrer plus sûr de moi, plus ouvert, plus
mature et à mieux assumer mon propre bonheur.
Je reconnais qu’au début je ne m’en sortais pas bien. Mais avec le temps,
avec l’aide de ma famille, de mes amis et de mon Seigneur et Sauveur
[141]

Jésus, j’ai appris à utiliser le harcèlement au lieu de laisser les harceleurs


m’utiliser.
Plus je souffrais psychiquement et émotionnellement, plus je devenais fort.
J’ai bien sûr connu la gêne et l’intimidation à un moment ou à un autre,
comme tout le monde sur cette terre. Mais chaque fois, j’ai appris quelque
chose à propos de la vie, des autres et de moi-même. Constater qu’on peut
grandir à travers l’adversité, n’est-ce pas encourageant?
Ne trouvez-vous pas formidable qu’on puisse se relever après avoir
été mis à terre?

Il existe certainement des personnes qui traversent l’adolescence sans


jamais éprouver aucun sentiment d’insécurité, de honte, d’isolement ou de
gêne, sans jamais se sentir nulles, mais je n’en ai pas encore rencontré. Et
vous?
Ne trouvez-vous pas formidable qu’on puisse se relever après avoir été mis
à terre, remporter la victoire après l’échec, tirer une leçon des erreurs
commises, prendre conscience d’une faiblesse et la corriger?
Pensez à la plupart des grands héros de livres, films et chansons. N’ont-ils
pas été renversés par des harceleurs ou des circonstances difficiles avant de
se relever et de se montrer plus forts encore?
A l’école, j’ai été incité à me battre et j’ai eu beaucoup de chance de ne pas
être blessé. Face à Andrew, j’ai également eu de la chance, parce qu’il a bien
réagi. Quant à l’homme ivre à l’hôtel, il s’est mal comporté, mais il ne m’a
[142]

pas touché.
Je suis particulièrement vulnérable, et je suis heureux de n’avoir jamais
connu de blessure physique. J’espère que vous-même n’y serez pas
confronté(e). Quoi qu’il en soit, je vous encourage à voir dans chaque défi
qui se présente à vous l’occasion d’apprendre et de grandir.

La Bible
Que nous soyons confrontés à la cruauté de nos pairs ou aux difficultés de
la vie elle-même, nous connaissons tous l’épreuve au cours de notre
parcours. Nous pouvons cependant choisir de laisser les défis avoir raison de
nous ou de nous élever au-dessus d’eux et saisir l’occasion de devenir plus
forts sur le plan mental, émotionnel, physique et spirituel.
Mes frères et sœurs, considérez comme un sujet de joie complète les
diverses épreuves auxquelles vous pouvez être exposés, sachant que la
mise à l’épreuve de votre foi produit la persévérance. Mais il faut que la
persévérance accomplisse parfaitement sa tâche afin que vous soyez
parfaitement qualifiés, sans défaut, et qu’il ne vous manque rien.
Ce passage de la Bible (Jacques 1.2-4) me fait toujours penser à mes
parents: après s’être réjouis de ma naissance, ils ont dû gérer la terrible
nouvelle de mon handicap physique. Ils m’ont souvent parlé de ce moment
à l’hôpital, des craintes et soucis qui les ont alors remplis de chagrin au
[143]

lieu de joie, mais ce n’est qu’après la naissance de mon propre fils que j’ai
vraiment saisi l’ampleur de ce qu’ils ont traversé.
Pouvez-vous imaginer mon bonheur en leur présentant mon garçon Kiyoshi
et en lisant la joie dans leurs yeux? Cela m’a amené – et eux aussi, sans
doute – à réfléchir au long chemin que nous avions parcouru ensemble. Au
début, mes parents s’attendaient à ce que je vive quelques jours seulement,
mais lorsque j’ai prouvé être un petit gars résistant, leurs inquiétudes se
sont portées sur l’existence qui m’attendait, sans membres.
Avant que je ne sorte du berceau et ne me déplace en sautant et en
bondissant comme un ballon, ils ont demandé à Dieu de leur donner force,
sagesse et courage. Bien qu’infirmière, ma mère n’avait jamais rencontré de
parents ayant élevé un enfant comme moi. Leur réussite tient tout
simplement du miracle.
Ils ont beaucoup prié, et moi aussi. Après avoir quitté le cocon douillet de
la famille, j’ai compris que j’étais différent, bizarre, et j’ai découvert ce
qu’était le sentiment de rejet. C’est douloureux. Bien des fois, j’ai prié dans
mon lit en suppliant Dieu de me donner des bras et des jambes pendant la
nuit.
J’attends toujours mon miracle. En attendez-vous un aussi? Peut-être, à
cause d’un harceleur ou pour une autre raison, avez-vous perdu la joie de
vivre et vous demandez-vous si vous connaîtrez des jours meilleurs.
Aussi fort que soit notre sentiment de solitude, nous ne sommes pas seuls.
Des circonstances indépendantes de notre volonté et des individus peuvent
nous pourrir la vie, à l’adolescence comme à l’âge adulte. Nous avons
[144]

alors l’impression que cela ne s’arrêtera jamais. Aucune issue en vue.


Cependant, aussi longtemps que nous ne cédons pas à nos dispositions les
plus sombres, il y a de l’espoir.
Aussi fort que soit notre sentiment de solitude, nous ne sommes pas
seuls.

Parfois, je me sentais si nul, stupide et inférieur que je refusais d’aller à


l’école. D’autres fois, j’étais déprimé et fâché parce que je ne pouvais pas
me changer ni accuser quiconque de ma situation. Je me sentais trahi par
Dieu. Si Dieu m’aime, pourquoi m’a-t-il créé si différent? Pourquoi n’a-t-il pas
voulu que je puisse courir comme les autres, faire du vélo ou taper dans un
ballon? J’étais le plus étrange de tous les enfants de l’école. Je me
considérais comme un fardeau pour mes parents, mon frère et ma sœur,
mes enseignants et mes camarades.
J’ai traversé des périodes de désespoir, de dépression, de doute et de peur.
Des luttes rendues plus pénibles encore par mes harceleurs. Pourtant, j’ai
fini par comprendre que Dieu ne m’avait pas trahi. Il n’avait pas commis
d’erreur en me créant. Il avait créé un être dont les «limites» se révéleraient
être, en fait, des cadeaux déguisés, dont les difficultés deviendraient des
sources de motivation et de force. Dieu travaille de manière surprenante. La
Bible dit même qu’il choisit les choses folles du monde pour couvrir de
honte les sages16.
Aussi étrange que cela puisse paraître, mon handicap m’a rendu à la fois
[145]

inapte et apte: par mes épreuves et l’existence à laquelle elles m’ont mené,
j’ai été conduit jusqu’à vous! J’espère que dans votre esprit, c’est une bonne
chose. Dans le mien, en tout cas, ça l’est!
Les harceleurs n’avaient pas l’intention de me rendre plus fort, mais c’est
ce qu’ils ont contribué à faire; j’espère que ce sera le cas pour vous aussi.
Dieu m’a donné l’envie de faire part de mon histoire et de mes expériences
pour encourager ceux qui traversent des difficultés. Laissez-le transformer
votre propre situation de harcèlement en bénédiction.
Romains 8.28 dit: «Du reste, nous savons que tout contribue au bien de
ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés conformément à son plan.»
Le Créateur a en effet un but pour chacun de nous. S’il peut m’utiliser, il
peut vous utiliser aussi!
Ce verset me touche et me rappelle qu’on ne peut pas parler de chance ou
de malchance: même les mauvaises choses qui nous arrivent peuvent servir
à notre bien, pour autant que nous ne les laissions pas nous vaincre mais les
transformions en occasions de nous affermir et de grandir.
Je suis en paix car je sais que Dieu ne laissera rien m’arriver sans avoir une
bonne raison pour cela. J’ai donné ma vie à Christ à 15 ans après avoir lu
Jean 9, un passage dans lequel Jésus explique qu’il a permis qu’un homme
naisse aveugle «afin que les œuvres de Dieu soient révélées en lui».
Au début, je l’interprétais comme signifiant que Dieu allait me guérir
[146]

pour que je sois la preuve vivante de son extraordinaire puissance. Plus tard,
avec un peu plus de sagesse, j’ai compris que, si je prie pour quelque chose
et si c’est sa volonté, le miracle surviendra en son temps. Si le miracle ne fait
pas partie de sa volonté, alors je sais qu’il me réserve quelque chose de
meilleur. Je crois que le Seigneur nous utilise en tenant compte de notre
parcours personnel et des défis que nous avons eu à relever. Ainsi, notre
existence devient plus riche et notre esprit plus fort à chaque difficulté
surmontée!
Philippiens 4.13 dit: «Je peux tout par celui qui me fortifie, Christ.»
L’objectif de Dieu pour votre vie est plus grand que tout ce que vous pouvez
imaginer. Essayez à nouveau d’envisager qu’il puisse transformer vos
expériences de harcèlement en un cadeau pour la vie.

Des paroles de sagesse


L’idée que l’adversité peut nous rendre plus forts n’est pas nouvelle. J’ai
trouvé plusieurs citations de philosophes, leaders, héros, hommes et
femmes sages dans ce sens:
Vous ne développez pas le courage en étant heureux dans vos relations
de tous les jours. Vous le développez en survivant aux épreuves et à
l’adversité.
Epicure, philosophe grec, 341-270 av. J.-C.
Les épreuves que j’ai traversées, les difficultés et les obstacles m’ont
fortifié… Il se peut que vous n’en soyez pas conscient sur le moment,
[147]

mais un coup de poing dans les dents peut être la meilleure chose au
monde pour vous.
Walt Disney qui a fait faillite et a subi le vol de son premier personnage de dessins animés, avant
de créer Mickey Mouse, Disneyland et Disney World
La consolation et la prospérité n’ont jamais enrichi le monde autant que
l’adversité.
Billy Graham, l’un de mes héros et l’un des plus grands évangélistes de tous les temps
Là où il n’y a pas de lutte, il n’y a pas de force.
Oprah Winfrey, qui a subi harcèlement et abus en tant qu’enfant, avant de devenir une vedette
des médias et d’être millionnaire
La plupart des versets sur la louange dans la Parole de Dieu ont été
prononcés par des personnes qui avaient vécu de gros chagrins, subi
l’injustice, la trahison, des calomnies et se trouvaient dans de grosses
difficultés.
Joni Eareckson Tada, l’une de mes mentors, oratrice et auteure célèbre dans le monde entier
depuis sa tétraplégie, survenue pendant son adolescence
C’est dans les moments d’adversité que vous devez être le plus calme.
Prenez un peu de recul, tenez ferme, gardez les deux pieds sur terre et
persévérez.
LL Cool J, rappeur, acteur et entrepreneur, qui a été harcelé enfant et est devenu un harceleur à
son tour, avant de changer de vie
Je pourrais citer bien d’autres témoignages montrant que les difficultés
peuvent devenir une source de motivation et d’encouragement à
[148]

construire une vie meilleure, mais je pense que vous saisissez l’idée. Si vous
éprouvez encore des doutes à ce sujet, j’ai une preuve supplémentaire
qu’un harceleur désireux de faire de vous son paillasson peut vous servir de
tremplin.

La recherche scientifique
Il semble évident que ceux qui nous harcèlent sont nos ennemis.
Cependant, des psychologues ont mené des études suggérant qu’ils peuvent
involontairement être nos amis, à long terme. Si c’est trop difficile à avaler,
nous pourrions les appeler amennemis.
Beaucoup disent que leurs harceleurs les ont motivés à travailler plus
dur, à s’améliorer et à montrer leur valeur.

Voici une observation non scientifique qui semble logique: si la plupart des
gens sont confrontés à un certain degré de harcèlement au cours de leur vie,
ils arrivent à y survivre et à le dépasser. Beaucoup disent même que leurs
harceleurs les ont motivés à travailler plus dur, à s’améliorer et à montrer
leur valeur.
Maurissa Abecassis, psychologue dans une université du New Hampshire, a
confié au New York Times: «Les amitiés fournissent un cadre où les enfants
se développent, mais également, bien sûr, les relations négatives avec leurs
pairs… Nous devrions nous attendre à ce que les deux types de relations,
aussi différentes soient-elles, offrent des occasions de croissance.» Ayant
[149]

beaucoup souffert moi-même, je ne veux en aucun cas donner l’impression


de prendre le harcèlement à la légère ni vous faire croire qu’il serait
acceptable ou que ce serait une bonne chose. Le message que je cherche à
faire passer est le suivant: ce qu’un harceleur vous fait est, en définitive,
moins important que la façon dont vous choisissez de réagir. Les conclusions
de la recherche vont dans le même sens.
Lorsqu’une brute s’en prend à plusieurs enfants d’une école, elle peut les
pousser inconsciemment à se rapprocher les uns des autres, du fait de leur
peur commune. De tels liens vont améliorer leur estime de soi et leur
confiance en soi, à en croire une autre étude. Une série d’expériences
effectuées par des psychologues d’UCLA a révélé que les collégiennes qui
éprouvaient le même sentiment d’aversion envers une camarade de classe
obtenaient de meilleurs résultats en compétences sociales que leurs
camarades restées neutres.17 En d’autres termes, des camarades de classe
malveillants peuvent vous amener à vous lier d’amitié avec leurs autres
victimes et à développer des capacités personnelles, par la même occasion.
Un autre bénéfice potentiel du harcèlement subi à l’adolescence est qu’il
vous prépare à vivre avec des individus mesquins, trompeurs ou
malhonnêtes à l’âge adulte. Leur existence ne fait aucun doute, et il est
important de savoir les repérer pour les éviter ou réduire les contacts avec
eux au strict minimum.
Ayant grandi dans un cadre protégé, j’avais tendance à me fier à mon
[150]

instinct et à accorder systématiquement le bénéfice du doute à mon vis-à-


vis. J’estime toujours qu’une telle approche est saine. Néanmoins, à
l’adolescence, j’ai trop fait confiance à certains. Si quelqu’un profitait de
moi, me trompait ou n’assumait pas ses engagements, je me disais que je
m’étais mal exprimé ou que j’avais commis une erreur. J’ai fini par prendre
conscience que c’était une forme de harcèlement: ces gens-là abusaient de
ma nature confiante. Avec le temps, j’ai appris à discerner les personnes aux
motivations douteuses.
De nombreux harceleurs prétendent être vos amis, soit en personne, soit
sur Internet. Ils se montrent gentils et aimables pour vous amadouer, mais
plus tard, ils vous poignardent dans le dos, essaient de dresser les autres
contre vous ou vous excluent brutalement après avoir bien profité de vous.
D’après les psychologues, les jeunes confrontés à ce genre de harcèlement
apprennent beaucoup et deviennent plus attentifs. Ils risquent moins de
devenir les victimes d’individus mesquins, trompeurs et malhonnêtes en
tant qu’adultes, à un moment où les enjeux sont beaucoup plus grands du
point de vue social et financier.
Je précise une fois de plus que le harcèlement n’est pas une bonne chose.
Si nous pouvions l’éradiquer de la planète, le monde serait bien meilleur,
j’en suis certain. Mon objectif est de vous aider à tirer du positif d’une
expérience qui ne serait, autrement, que négative pour votre
développement et votre progression personnels. Plusieurs m’ont écrit pour
confirmer que c’est possible.

[151]
Utiliser le harcèlement pour nous
améliorer
Peter, 16 ans, a écrit qu’on l’insultait et se moquait de lui en classe dès le
premier cycle du secondaire. De plus, étant très timide, il n’arrivait pas à se
lier d’amitié avec des filles.
J’étais le gars intelligent, toujours premier de classe jusqu’au deuxième
cycle du secondaire, ce qui provoquait aussi la raillerie. On se moquait de
mon amour pour les études et de mes vastes connaissances. J’ai sombré
dans la dépression. Je croyais que la seule issue pour moi était de rester
seul à la maison et de ne plus sortir.
Il s’est laissé démoraliser par le harcèlement.
Je me disais que j’étais nul, que je ne serais jamais le «mec cool» que tout
le monde veut fréquenter, que personne ne m’aimait. Et à quoi sert-il de
vivre si les autres ne vous aiment pas?
Petit à petit, son cœur s’est endurci. Il a adopté la politique de la loi du
talion.
J’ai commencé à détester les autres. J’ai commencé à penser que j’avais
toujours raison et que les autres étaient de mauvaises personnes. Je les ai
ignorés et j’ai souhaité ne les avoir jamais connus.
Mais cela a engendré plus de souffrance encore:
Pendant les deux à trois années qui ont suivi, j’ai vécu renfermé sur moi-
même, solitaire, sans personne avec qui parler ni partager mon histoire.
[152]

Parfois, j’étais si déprimé que j’ai envisagé le suicide.


Mes lectures m’ont appris que de nombreux harceleurs ont eux-mêmes été
victimes de harcèlement, et tel a été le cas de Peter. Puisqu’il ne pouvait pas
vaincre les tyrans, il est parvenu à la conclusion qu’il pouvait rejoindre leurs
rangs:
J’ai commencé à les imiter en taquinant les autres, en me moquant d’eux
et en leur manquant de respect, en jurant, en arrêtant d’étudier, en
adoptant un mauvais comportement à l’école.
Lorsque j’étais victime de harcèlement, je croyais que personne ne
rencontrait de problèmes semblables aux miens. Peter se sentait seul, lui
aussi. Personne ne comprenait ce qu’il ressentait, pensait-il, jusqu’au jour où
il a rencontré une fille qui s’est confiée à lui: elle lui a parlé de sa dépression
et de son isolement. Ses confidences l’ont aidé à comprendre qu’il était
digne de confiance.
De nombreux harceleurs ont eux-mêmes été victimes de
harcèlement.

Ils se sont liés d’amitié. Au début, le manque d’assurance de Peter les a


fragilisés, mais elle a persévéré et lui a fait comprendre qu’elle s’intéressait à
lui.
J’ai vécu une véritable renaissance. A partir de ce jour, j’ai compris que si
j’étais capable de faire sourire cette fille à l’aide de quelques mots, je
pouvais tout faire dans la vie. J’ai donc commencé à être moi et à parler
de plus en plus à Dieu. En quelques mois, j’ai pris conscience que
[153]

L’AMOUR est la force motrice du monde.


Peter s’est rappelé quelque chose qu’il m’avait entendu dire dans une
vidéo:
Ne perdez jamais foi en Dieu… Le simple fait qu’on ne le voit pas ne
signifie pas qu’il n’est pas là.
Sa vie a complètement changé depuis qu’il a arrêté de chercher à
ressembler à ses harceleurs. Il utilise plutôt ce qu’il a appris de cette
expérience négative pour se construire une existence plus positive.
Je suis fier de ce que je suis, de ce que j’accomplis et du bien que je fais
dans ce monde. Je suis plus ouvert et beaucoup moins timide. Je peux
parler librement à n’importe qui. Je peux comprendre, pardonner et
aimer tout le monde.
Lorsqu’il a ouvert son cœur aux autres, ces derniers ont bien réagi. Des
tyrans sont même devenus ses amis.
Ceux qui me détestaient m’apprécient aujourd’hui, parce que j’ai changé
et que j’arrive à les aimer… Dieu m’a fait le cadeau d’amis formidables qui
m’acceptent comme je suis, sans se soucier de mon apparence ni de ce
que je peux ou ne peux pas faire. Je sais que je suis beau, unique, que ma
vie a un sens, et je n’abandonnerai jamais.
La première réaction de ce garçon face aux harcèlements a consisté à ne
voir que le négatif. Il a déprimé, avant de devenir un harceleur. Cela arrive
trop souvent. Il y a cependant un autre choix, un autre chemin à emprunter.
Grâce à une nouvelle amie, Peter l’a trouvé. Il a rompu avec l’image
[154]

négative de lui-même et a compris qu’il était une créature de Dieu et qu’il


était, par conséquent, digne d’amour. Cela peut paraître simple, mais les
résultats ont été spectaculaires! Des connaissances lui ont même demandé
conseil, tant il avait grandi à leurs yeux.
Vous aussi pouvez vivre une telle transformation. N’acceptez pas le rôle de
victime. Choisissez de changer le négatif en positif et d’accepter l’amour de
Dieu. Appuyez-vous sur lui pour construire une vie meilleure.
La conclusion de Peter?
Je refuse de laisser un harceleur me pourrir la vie. Je veux utiliser cette
expérience pour rendre ma vie meilleure qu’avant!

Les notes de Nick


◊ Croyez-le ou non, il y a des moyens de profiter de chaque expérience négative,
même celle du harcèlement. Efforcez-vous de voir ce que vous pouvez apprendre de
vos difficultés pour devenir plus fort(e).
◊ Lorsque vous êtes confronté au harcèlement ou à une expérience négative
quelconque, rappelez-vous Jacques 1.2-4: «Considérez comme un sujet de joie
complète les diverses épreuves auxquelles vous pouvez être exposés, sachant que la
mise à l’épreuve de votre foi produit la persévérance. Mais il faut que la persévérance
accomplisse parfaitement sa tâche afin que vous soyez parfaitement qualifiés, sans
défaut, et qu’il ne vous manque rien.»
16 Voir 1 Corinthiens 1.27. (NdE)
17 Article de Benedict Carey publié dans le New York Times en mai 2010 sous le titre «Can an Enemy Be a Child’s Friend?»
10. Développer une stratégie de
[155]

défense

Préparez-vous à gérer avec succès le


harcèlement.
Trois expériences douloureuses de harcèlement ont plus particulièrement
marqué ma vie. J’ai encore la nausée en repensant aux deux premières. Elles
ont engendré un grand stress, parce que l’intimidation s’est prolongée dans
le temps. La première, lorsque je me suis laissé entraîner dans une bagarre
dans la cour de récréation. A la surprise générale, mon coup de tête a fait
saigner le nez de mon agresseur et il a disparu de ma vie à tout jamais. Je
vous ai déjà parlé d’Andrew qui m’insultait chaque fois qu’il me croisait dans
les couloirs jusqu’à ce que je l’affronte directement et lui dise ce que je
ressentais.
Si le dernier incident m’a embarrassé, c’est notamment parce qu’il s’est
produit en présence de mon épouse. Dans ce cas-là, j’ai carrément ignoré
l’homme ivre qui se moquait de mon corps au bord de la piscine, et il a fini
par s’en aller.
J’ai chaque fois réagi différemment. Sur le moment, je n’avais pas de
[156]

stratégie. J’ai improvisé et, grâce à Dieu, je ne m’en suis pas trop mal sorti.
Chaque situation est unique et, comme je l’ai déjà dit, il n’existe pas de
recette miracle pour traiter individuellement tout harceleur. Je vous
conseille donc vivement de toujours éviter la bagarre physique, si vous le
pouvez.
Dans mon unique combat physique avec un tyran, c’est vraiment une
chance que je n’aie pas été blessé. Que se serait-il passé s’il avait été plus
violent ou avait tenu une arme? Nous avions beau être jeunes, les bagarres
peuvent facilement dégénérer à tout âge. Plusieurs en sont morts. Il suffit
d’un coup de poing… Alors, s’il vous plaît, faites tous vos efforts pour éviter
les confrontations physiques avec des petites brutes.
Je vous conseille de toujours éviter la bagarre, si vous le pouvez.

Si vous avez besoin de vous protéger, il y a des moyens de le faire. Après


avoir posé les bases pour faire face au harcèlement du point de vue mental,
émotionnel et spirituel, j’aimerais traiter de la confrontation avec une
personne désireuse de vous nuire physiquement ou émotionnellement.
Dans ce but, je vous propose de développer une stratégie qui vous aidera à
rester calme et à gérer la situation le mieux possible. Avant cela, je me
permets de vous soumettre à nouveau les principes du «système de défense
anti-harcèlement», dans la mesure où ils permettent de récapituler les
thèmes abordés jusqu’ici.

Système de défense anti-harcèlement


[157]

* Les harceleurs ne peuvent ni me blesser ni me définir, parce que je sais qui je suis
et où je vais.
* Je ne laisse à personne le pouvoir de me plonger dans le mal-être. J’assume la
responsabilité de mon propre bonheur.
* Ma vie est guidée par des valeurs inébranlables.
* La force qui m’anime a des racines intérieures profondes, et aucun harceleur ne
peut m’ébranler.
* Je sais que ma famille et mes amis prendront ma défense, tout comme je le ferais
pour eux.
* J’ai conscience des émotions qui peuvent m’animer, notamment la colère et la peur.
Si elles se manifestent, je contrôle mes réactions afin de conserver des pensées et
une manière d’agir positives.
* Ma vie spirituelle est solide et me donne des forces. Je sais que j’ai été créé(e) dans
un but et que je suis aimé(e) inconditionnellement. Quand je suis faible, mon
créateur est fort.
* Je trouve un élément positif à retirer de chaque défi, y compris du harcèlement.
* J’essaie d’aider les autres en toute occasion, en particulier ceux qui subissent le
harcèlement.

[158]
Les bases d’une défense anti-harcèlement
Quand on s’approprie vraiment les déclarations du système de défense
anti-harcèlement, on se sent plus confiant, fort, soutenu et équilibré, et on
est ainsi mieux équipé face aux harceleurs. Comment réagir le plus
sagement et le plus prudemment possible?
Lorsqu’une personne vous menace physiquement, la réaction appropriée
dépend de plusieurs facteurs: votre degré d’aisance dans les confrontations
physiques et verbales, votre formation ou absence de formation en
autodéfense, la présence ou non d’amis dans les environs, les possibilités de
demander de l’aide ou de vous mettre à l’abri rapidement, etc. Si l’on vous
menace dans une rue déserte, vous réagirez autrement que dans un couloir
au milieu d’alliés potentiels.
Pourtant, certaines règles de base s’appliquent à toute confrontation.
Etudions-les afin de pouvoir réagir avec sagesse et prudence.

Stratégies de défense anti-harcèlement

1. Evaluer la situation
Le harceleur vous menace-t-il physiquement ou essaie-t-il juste de vous
effrayer ou de vous blesser émotionnellement? Certes, il vaut mieux ne
[159]

pas surréagir, mais il vaut mieux réagir de façon exagérée que de façon
insuffisante. Si vous savez à l’avance que son but est de vous faire du mal
physiquement et que vous êtes encore élève, vous devriez en parler à un
adulte (parent, professeur, responsable spirituel, policier). Parlez-en même
s’il cherche uniquement à vous importuner. N’oubliez pas non plus d’entrer
dans votre zone de sécurité mentale et émotionnelle pour vous protéger de
ses paroles blessantes.

2. Appeler des amis à l’aide


Si vous pensez qu’une brute prévoit de vous agresser à un endroit
quelconque, demandez à des amis de vous accompagner pour assurer vos
arrières. Il n’y a aucune gloire à avancer seul. Essayez d’avoir toujours au
moins une autre personne avec vous. Ceux qui se soucient de vous veulent
être là pour vous. Si vous sortez seul(e), faites-leur savoir que vous vous
sentez menacé(e) et précisez-leur l’identité de votre harceleur.

3. Rester calme
Rester calme: plus facile à dire qu’à faire… Vous pouvez gagner en
assurance en relisant les différentes déclarations du «système de défense
anti-harcèlement». Vous pouvez imaginer les scénarios possibles afin de
[160]

vous préparer mentalement et émotionnellement, tout comme les sportifs


le font avant une course ou un match.
L’une des meilleures façons de conserver notre calme est de contrôler
notre respiration: inspirer et expirer profondément et lentement. Vous
pouvez également atténuer la portée des sarcasmes de votre adversaire en
imaginant que ses propos glissent sur vous comme l’eau sur les plumes d’un
canard. Ce ne sont que des mots, après tout: ils ont le pouvoir de vous
blesser uniquement si vous le leur permettez. Or, vous avez le pouvoir de
tout simplement les ignorer.
La meilleure attitude consiste probablement, dans un premier temps, à ne
rien entreprendre: ignorer ses propos et vous contenter de le regarder, mais
sans vous laisser aller à une confrontation pour savoir qui baissera les yeux
en premier. Montrez-lui que vous l’avez vu et poursuivez votre route. La
plupart des harceleurs cherchent à obtenir une réaction qui porte l’attention
sur eux et nourrit leur ego. Si vous refusez d’entrer dans ce jeu, l’autre peut
décider qu’il vaut mieux abandonner la partie.

4. S’appuyer sur la foi et la force divine


Il est toujours précieux d’avoir quelqu’un d’aussi puissant que le Seigneur
pour assurer nos arrières. Dieu prend soin de ses enfants et les soutient
[161]

dans leurs luttes. Nous pouvons compter sur son amour.


Il est précieux d’avoir quelqu’un d’aussi puissant que Dieu pour
assurer nos arrières.
5. Garder la tête haute
Les harceleurs sont moins enclins à s’en prendre à quelqu’un qui semble
sûr de lui. Vous pouvez donner cette impression (même si elle ne
correspond pas à la réalité) sans faire preuve de suffisance ni d’agressivité
en regardant votre adversaire et en gardant le torse bien droit et ouvert.
Face au sarcasme, ne manifestez si possible aucune émotion. Beaucoup
abandonnent la partie, s’ils ne parviennent pas à provoquer de réaction par
leur méchanceté.

6. Connaître le champ de bataille


Entraînez-vous à évaluer rapidement les lieux d’une confrontation: les amis
du harceleur sont-ils à proximité et y a-t-il quelque chose qui vous
permettrait de vous défendre? Face à votre adversaire, restez vigilant(e) et
prêtez attention à ses sautes d’humeur, au ton de sa voix et à son langage
corporel. S’il se montre plus agressif et s’avance vers vous, soyez prêt(e) à
[162]

fuir, à appeler à l’aide ou à vous défendre.


Dans quelle direction pourriez-vous fuir? Y a-t-il des personnes, connues ou
inconnues, qui pourraient voler à votre secours? Vers qui pourriez-vous aller
vous réfugier? Si vous avez un téléphone portable, présélectionnez le
numéro d’une personne à appeler en urgence.

7. Respecter le harceleur
Respecter le harceleur: un principe surprenant, n’est-ce pas? En fait,
puisque certains deviennent des tyrans pour camoufler leur propre manque
de confiance et leur mauvaise estime personnelle, les insulter ou les
rabaisser ne fera qu’aggraver la situation. Aussi difficile que soit cette
attitude, essayez de traiter l’autre avec respect, même si ce n’est pas
réciproque. Même si vous n’avez aucune prise sur l’humeur du harceleur,
vous pouvez éviter de jeter de l’huile sur le feu.
8. Rester hors d’atteinte
La Bible livre de sages conseils en Proverbes 4.14-16: «N’emprunte pas le
sentier des méchants et ne t’avance pas sur le chemin des hommes mauvais.
Evite-le, n’y passe pas! Détourne-toi de lui et passe plus loin! En effet, ils ne
dorment pas tant qu’ils n’ont pas fait le mal, le sommeil leur est enlevé
[163]

s’ils n’ont pas fait trébucher quelqu’un.»


Difficile de trouver mieux à dire que cette sagesse antique, n’est-ce pas?
Même si cela semble évident, je précise qu’il vaut mieux ne pas vous rendre
à un endroit où vous risquez de vous retrouver seul(e) face à votre
harceleur. Si ce dernier fréquente un terrain de sport ou un centre
commercial ou un autre site précis, n’y allez pas. Si vous ne pouvez pas
éviter de croiser son chemin, essayez de garder le plus de distance entre
vous, surtout quand personne ne peut assurer vos arrières.
Les spécialistes en autodéfense conseillent de rester à une distance de
deux ou trois pas d’un adversaire. Pour ma part, je vous conseille plutôt de
rester à deux ou trois kilomètres! Vous ne voulez pas lui faciliter la tâche,
n’est-ce pas? Au cas où il se rapprocherait de vous, vous pouvez marcher
plus rapidement ou lui demander poliment et fermement de ne pas
s’approcher plus. Dans votre fuite éventuelle, vérifiez qu’il ne vous suive
pas!

9. Ne pas laisser un harceleur vous isoler


Si le harceleur tente de vous pousser dans une voiture ou de vous
entraîner loin des autres, tâchez de faire autant de bruit que possible en
résistant physiquement. Criez: «ARRÊTE! LÂCHE-MOI!» assez fort pour
attirer l’attention de passants.
S’il ne lâche pas prise, vous pouvez vous laisser tomber par terre, saisir
[164]

un bâton, vous accrocher à une barrière et appeler au secours. Si nécessaire,


défendez-vous en frappant, mordant, griffant ou en l’aspergeant de votre
spray au poivre (que vous aurez appris à utiliser au préalable).
Une stratégie personnelle
Ah! si seulement il existait un plan parfait pour gérer tous les harceleurs!
Peut-être qu’un jour nous posséderons un sabre laser pour les repousser. En
attendant, c’est à vous, avec l’aide de votre entourage, de trouver les
réactions et les moyens adaptés à votre situation. Les uns deviennent
agressifs et font monter leurs attaques d’un cran si vous les défiez ou
essayez de les raisonner, les autres cèdent et vous laissent tranquille, ou
cherchent à vous prendre par surprise une autre fois. Vous devez apprendre
à lire en eux, même si certains sont tout bonnement imprévisibles.
Pour être prêt(e) à tout, imaginez à l’avance les scénarios possibles. Je sais
que je l’ai déjà dit, mais pensez à informer une personne de confiance que
quelqu’un vous harcèle, précisez-lui le nom du harceleur, la nature du
harcèlement et l’endroit où il sévit. Il vaut mieux que quelqu’un soit au
courant, au cas où la situation prendrait une tournure dramatique. En
résumé: espérez le meilleur, mais préparez-vous au pire.
Les questions ci-après vous aideront à envisager la meilleure réaction
possible en cas de harcèlement et à développer une stratégie de défense.
[165]

Y réfléchir à l’avance vous permettra d’être plus calme et confiant(e), le


moment venu. Je vous suggère de mettre vos réponses par écrit.
* Est-ce que je préfère tout simplement ignorer les sarcasmes du
harceleur ou lui tenir tête et réagir?
* Est-ce que je pense pouvoir convaincre le harceleur de me laisser
tranquille par mon sens de la persuasion ou de l’humour?
* Le harceleur est-il susceptible de devenir violent?
* Le harceleur a-t-il tendance à s’approcher de moi seul ou en bande?
* Est-ce que je connais quelqu’un qui pourrait persuader mon harceleur
de me laisser tranquille?
* Est-ce qu’il serait possible et souhaitable que quelqu’un contacte
l’entourage de mon harceleur pour lui demander de l’aide?
* Quelles sont les personnes (au moins 5) qui peuvent m’aider à gérer ce
problème de harcèlement? Quand puis-je les rencontrer pour leur
demander conseil et écouter leurs suggestions?
Les réactions possibles
Avant de vous retrouver face à votre ennemi juré, vous devriez réfléchir à
ce que vous allez lui répondre… ou non. De nouveau, cela dépend en grande
partie de votre tempérament. Si vous avez un esprit vif et courez
rapidement, peut-être vous sentez-vous à l’aise avec l’idée de plaisanter,
[166]

voire de l’humilier à votre tour en vous moquant de lui. Si c’est la tactique


que vous choisissez, mieux vaut pouvoir courir aussi vite que le vent ou du
moins plus vite que lui. (J’ai un fauteuil roulant rapide; je vous le prête
volontiers!)
Il est utile d’identifier à quel type de harceleur vous avez affaire avant de
prévoir une réaction.

Le harceleur non intentionnel ou non hostile


Face à un Nick Vujicic sans bras ni jambes, certaines personnes tiennent
des propos blessants parce qu’elles ne savent pas comment se comporter.
Elles ne cherchent pas à me faire de mal; elles disent juste la première chose
qui leur traverse l’esprit ou lancent une plaisanterie qu’elles croient fine
mais dont elles ne soupçonnent pas l’impact.
Rappelez-vous vos premières «amours» à l’école: pour attirer l’attention
de quelqu’un, n’avez-vous pas stupidement essayé de le pincer, de lui jeter
le ballon ou de le faire tomber dans la cour de récréation? Eh bien, c’est le
genre de chose qui m’arrive constamment. Quand j’étais plus jeune, ça me
faisait mal au cœur de voir que l’on pouvait se montrer aussi insensible,
mais j’ai mûri et je comprends que certains sont tout simplement maladroits
ou n’ont pas les compétences sociales élémentaires pour entrer en relation
avec une personne handicapée. Je reconnais toutefois que je plaisante
[167]

volontiers à mon propre sujet18, si bien que les autres essaient parfois de
proposer leur propre version de l’humour sans penser qu’elle pourrait être
mal prise.
Il peut en aller de même avec certains harceleurs: ils n’ont pas de
mauvaises intentions et ne cherchent pas à vous pourrir la vie, même si c’est
l’impression qu’ils donnent. Les gens se croient parfois drôles en vous
«taquinant», alors qu’ils vous touchent en plein cœur.
Plus étrange encore: quelqu’un peut vous taquiner ou manquer d’égards
envers vous dans le seul but d’attirer votre attention et de mieux vous
connaître. Si vous vous retrouvez dans ce cas de figure, essayez de lui
montrer que vous avez été blessé(e).
J’ai demandé à des harceleurs d’arrêter de dire des stupidités, et cela a
fonctionné une ou deux fois, mais je suis conscient que ceux qui ont un cœur
ou une conscience sont assez rares. Si votre tyran est aussi sournois qu’un
serpent, il sera capable de répondre: «Parce que tu crois que je me soucie
de ce que tu ressens? Quel(le) idiot(e) de première!»
J’espère que vous n’êtes pas confronté(e) à un sociopathe. Voici des
réponses susceptibles de faire réfléchir votre adversaire, s’il a un cœur:
* «Je pense que tu ne te rends pas compte à quel point tes commentaires
me blessent. J’aimerais bien que tu arrêtes de t’en prendre à moi.»
* «Tu sais, j’ai entendu dire que tu n’étais pas si mauvais(e) que ça, et
[168]

moi non plus. Ne pourrions-nous pas essayer de nous entendre? Je


n’apprécie pas ton attitude.»
* «Tu veux peut-être simplement plaisanter, mais je me sens harcelé(e).
Pourrais-tu me laisser un peu tranquille? C’est dur pour moi.»
* «Si j’ai fait quelque chose qui t’a offensé ou blessé, pourrions-nous en
parler? Je ne veux vraiment pas de mauvaise relation entre nous.»
* «J’ai parlé avec des amis de la manière dont tu me traites, et ils ne
comprennent pas pourquoi tu me prends pour cible. Pouvons-nous en
parler et trouver un moyen de régler ce problème?»
* «Je sais que tu te trouves drôle en disant cela, mais je suis légèrement
sensible sur ce sujet particulier, c’est pourquoi je te demande d’arrêter.»

Le harceleur hostile
Si votre harceleur prend exemple sur le tueur en série de Dexter ou
l’assassin des films de Halloween, vous n’aurez probablement pas beaucoup
de chances d’éveiller sa conscience. Le mieux sera de lui dire quelque chose
qui vous permette de vous éloigner aussi vite que possible. S’il vous suit,
voici certaines phrases non agressives que vous pouvez utiliser:
* «D’accord, je comprends. Mais j’ai rendez-vous. A plus tard.»
[169]

* «On m’attend, je dois y aller. A la prochaine.»


* «Désolé que tu te sentes comme ça. Maintenant, je dois aller trouver un
tel. Salut.»
* «Tu n’as pas l’air bien et je ne peux pas t’aider. Mes amis m’attendent
au coin de la rue. Nous pourrions en reparler plus tard.»
Il peut être utile, en particulier en cas de menace sérieuse, de laisser
entendre à votre harceleur que quelqu’un (et notamment un responsable,
ou un adulte si vous êtes jeune) vous attend. Entre les lignes, il comprendra
qu’on vous cherchera en cas de problème.

Le harceleur social
Si la forme préférée de torture de votre harceleur consiste à essayer de
vous exclure et de convaincre les autres de vous rejeter en répandant des
rumeurs ou des mensonges à votre sujet, il y a probablement peu de risques
qu’il devienne violent. Mais vous pouvez vous attendre à ce qu’il résiste, si
vous tentez de vous joindre à son cercle social. C’est triste, mais la mentalité
de groupe peut se révéler difficile à changer.
Pas besoin, pour autant, de vous frapper la tête contre ce mur. Je vous
encourage à entrer en contact avec les membres de ce groupe
individuellement et à gagner la confiance de l’un après l’autre. Une fois que
vous aurez appris à les connaître, vous vous rendrez peut-être compte que
[170]

les gens populaires ne sont pas toujours si sympas que ça. Vous pouvez tout
aussi bien chercher des amis ailleurs.
Ne faites pas comme moi qui ai renoncé à mes valeurs pour m’intégrer à
un groupe. Restez fidèle à vous-même et liez-vous d’amitié avec ceux qui
vous acceptent tel(le) que vous êtes. Cherchez ceux qui partagent vos
intérêts et avec lesquels vous avez des atomes crochus. Il est beaucoup plus
agréable de fréquenter des gens qui vous acceptent que d’essayer de vous
faire accepter par ceux qui sont constamment en train de vous juger.
Je n’oublierai jamais l’adolescente qui s’est levée lors de l’une de mes
premières conférences pour me demander si elle pouvait me serrer dans ses
bras. Tout en m’embrassant, elle a murmuré à mon oreille: «Merci.
Personne ne m’avait jamais dit que j’étais belle, jusqu’à aujourd’hui.» J’ai
failli verser! Quelle tristesse!
Il est beaucoup plus agréable de fréquenter des gens qui vous
acceptent.

Nous avons tous des doutes. Nous voulons tous être acceptés. Si vous
traversez des difficultés, sachez que la situation finira par s’améliorer. Je
crois que la période de l’adolescence est la plus dure, de ce point de vue-là.
Une fois adulte, vous découvrez que les clans formés à l’école secondaire ne
durent pas forcément, et vous nouez des amitiés plus solides avec d’autres.
Si beaucoup souffrent d’un sentiment de solitude et ont l’impression de
[171]

ne pas arriver à s’intégrer pendant l’adolescence, c’est parce que – cela


paraîtra un peu étrange – beaucoup luttent avec ce sentiment et ont
l’impression de ne pas arriver à s’intégrer pendant l’adolescence.
Le manque d’assurance est très répandu parmi les jeunes. Lorsque tous
ceux qui vous entourent cherchent à savoir qui ils sont et à être acceptés,
cela crée un environnement un peu fou où presque tout le monde lutte pour
sa survie sociale. En conséquence, très peu de personnes se sentent assez
sûres d’elles-mêmes pour pouvoir dire: «J’aime tout le monde et tout le
monde peut m’aimer. Et si vous ne m’aimez pas, tant pis pour vous!»
N’aimeriez-vous pas vous sentir ainsi? Eh bien, c’est possible! Et vous
pourriez être surpris(e) de ce qui arrive au moment où vous vous acceptez et
laissez les autres découvrir à quel point vous êtes formidable.
Jeannie, la fille d’un ami, a traversé une période très difficile après avoir
déménagé dans une ville beaucoup plus grande et changé d’école. Elle avait
quitté ses nombreux amis et ne connaissait personne dans ce nouveau
cadre.
Son père m’a dit qu’il avait eu le cœur brisé lorsqu’elle lui avait raconté,
après son premier jour d’école, qu’elle avait mangé toute seule et pleuré,
tant elle se sentait seule. Par la suite, elle a tenté de s’intégrer à un groupe
de filles qui semblaient beaucoup s’amuser, mais chaque fois que l’une
d’elles voulait l’inviter à un anniversaire ou à une soirée, une certaine
[172]

Laurie s’y opposait en disant qu’elle n’aimait pas Jeannie. Laurie était une
harceleuse. Elle était jolie et la considérait comme une concurrente, du fait
que les garçons commençaient à la remarquer. Elle n’appréciait pas non plus
qu’elle chante très bien et reçoive les félicitations du directeur de chœur à
sa place.
Jeannie a beaucoup pleuré en raison de l’attitude de Laurie et de son
groupe. Puis, elle a repris le dessus et a décidé que ses parents avaient
raison de lui conseiller d’entrer en contact avec d’autres jeunes pour qu’ils
se rendent compte qu’elle était quelqu’un de très sympathique. Elle a pris
ses distances par rapport au groupe de Laurie, tout en restant aimable et
agréable, et s’est détendue. «Laisse les autres s’approcher de toi», lui avait
dit sa mère.
Ce conseil a porté ses fruits, car elle a très vite eu son propre cercle d’amis.
Et devinez quoi? Jeannie et Laurie se sont retrouvées plus tard dans la
même université, dans la même association d’étudiants présidée par Jeannie
elle-même. Un jour, Laurie lui a confié qu’elle souhaitait devenir son amie et
espérait loger dans la même chambre qu’elle pour la suite de ses études.
Jeannie aurait pu en profiter pour prendre sa revanche, mais elle a
répondu: «Ce serait super.» Quelle victoire! Ce retournement de situation a
été possible parce qu’elle est restée elle-même, s’est tenue à ses valeurs et
s’est efforcée d’être aimable. Sa confiance en soi et son charme naturel ont
fait le reste. Elle a même convaincu Laurie, qui a reconnu ses torts.

[173]
Le cyberharceleur
L’une des histoires les plus tristes que j’aie entendue est celle d’une fille de
la ville de Washington qui s’est suicidée par suite du harcèlement subi sur
Internet. Le pire, c’est que même le jour de ses funérailles, des
commentaires méchants circulaient à son sujet sur Facebook. Quelle
insensibilité!
Malheureusement, il existe de nombreuses histoires similaires. Si vous ne
me croyez pas, faites des recherches sur la Toile, et vous découvrirez avec
horreur le nombre d’ados qui s’enlèvent la vie à cause du cyberharcèlement.
C’est effrayant! Cela prouve aux yeux de tous qu’il est aussi mauvais, voire
pire, que toutes les autres formes de harcèlement.
Les cyberharceleurs envoient des menaces par courriel, des textes et des
tweets. Ils diffament et discréditent leurs victimes sur les réseaux sociaux.
Certains publient même des photos gênantes de leur cible ou prétendent
être quelqu’un d’autre afin de la manipuler, de la faire chanter ou de la
piéger. Les méthodes et outils de harcèlement peuvent changer au gré des
évolutions technologiques et des nouvelles possibilités qu’elles offrent.
De nombreux cyberharceleurs font leur sale boulot sous le couvert de
l’anonymat. Si vous vous sentez menacé(e) et avez l’impression que
quelqu’un vous traque en ligne ou essaie de vous causer du tort sur les
réseaux sociaux, la première chose à faire, c’est d’enregistrer quelque part
tous les contenus (écrits, photos ou vidéos) qu’il publie. Ils vous serviront de
preuve.
Montrez ces messages à une personne de confiance et décidez ensemble
[174]

de ce qu’il convient de faire. Le bon côté de la situation, c’est que le


cyberharceleur laisse en général des traces qui peuvent être sauvegardées
et présentées aux autorités. Celles-ci se chargent ensuite de le retrouver et,
très souvent, de le poursuivre en justice ou, du moins, de mettre un terme à
ses activités.
Vous risquez de devenir une cible facile pour le cyberharcèlement, si l’on
vous surprend en train d’envoyer des sextos, des messages ou photos à
caractère sexuel envoyés par voie électronique (ce qui est une mauvaise
idée de toute façon). Personnellement, la raison pour laquelle des gens font
de telles choses me dépasse. Les sextos mènent droit au désastre et
salissent le corps que Dieu vous a donné. Dans 1 Corinthiens 6.19-20, Paul
affirme: «Votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous et que
vous avez reçu de Dieu. Vous ne vous appartenez pas à vous-mêmes, car
vous avez été rachetés à un grand prix. Rendez donc gloire à Dieu dans votre
corps.»
J’ai appris que des filles subissant des pressions de leur petit ami pour
qu’ils aient des relations sexuelles ensemble préfèrent lui envoyer des
photos à caractère sexuel, en espérant qu’il s’en contentera. J’aimerais leur
demander: pourquoi voulez-vous être avec un garçon qui s’intéresse à vous
uniquement en raison de votre physique ou pour avoir des rapports sexuels?
Vous vous sentiriez tellement mieux dans votre peau avec quelqu’un qui
vous aime en raison de ce que vous avez dans le cœur! Il y a tellement plus
que des rapports sexuels dans une relation! C’est pourquoi j’encourage
[175]

l’abstinence jusqu’au mariage, pour ceux qui s’aiment vraiment et se font


confiance.
Réfléchissez bien aux conséquences à long terme de vos actes, avant de
céder à la tentation. J’ai entendu dire que des ados ont envoyé des photos
de leur corps dénudé en pensant les transmettre uniquement à leur petit
ami ou petite amie, pour apprendre ensuite qu’elles étaient tombées entre
de mauvaises mains ou avaient été diffusées sur tous les réseaux sociaux.
Il est impossible de revenir en arrière ou de tout «effacer». Une image mise
sur la Toile y restera toujours, et n’importe qui pourra la visionner. Avant de
publier une photo (ou quoi que ce soit d’autre), demandez-vous si vous
aimeriez que vos parents, grands-parents, responsables ou professeurs (et
plus tard vos descendants) la voient! Quelle explication donner à votre
enfant s’il l’apprenait un jour? Dans quelle mesure serait-ce embarrassant?
Une image mise sur la Toile y restera toujours, et n’importe qui
pourra la visionner.

Les conséquences de ce genre de pratique peuvent être graves et durables:


perte d’un travail ou d’une position sociale, admission refusée à l’université,
réputation ternie.
De plus, dans plusieurs pays, les forces de l’ordre considèrent le sexto
comme une forme de pornographie juvénile. Ainsi, celui qui en envoie ou en
reçoit un peut être accusé de se livrer à une pratique illicite.

[176]
Se protéger sur Internet
Si vous avez l’impression que quelqu’un essaie de vous causer du tort sur
Internet ou sur les réseaux sociaux, de vous intimider ou d’obtenir des
informations à votre sujet, sauvegardez si possible les preuves et coupez
immédiatement la connexion. Je vous conseille de ne pas répondre aux
courriels, textes, tweets, blogs, chats, commentaires sur Facebook, ni à
quelque autre forme de communication, dans un tel cas. En revanche,
cherchez à sauvegarder ces attaques quelque part.
Surtout, n’acceptez jamais de rencontrer une personne que vous avez
connue sur la Toile. Si toutefois vous acceptez un rendez-vous, n’y allez en
aucun cas seul(e).
Face à ce grave problème, des bénévoles se sont engagés pour gérer des
sites permettant de découvrir l’identité des cyberharceleurs et, par
conséquent, de les dénoncer et de mettre un terme à leurs activités.
Plusieurs gouvernements ont édicté des lois anti-harcèlement, et certains y
ont inclus le cyberharcèlement. Vous pouvez donc bloquer des textes et des
courriels d’inconnus et les empêcher d’être publiés sur votre page Facebook.
Il vous faudra toutefois créer de nouveaux comptes sous un autre nom pour
éviter de nouvelles attaques.
De nombreux cyberharceleurs ignorent qu’ils exercent une pratique
illégale. Or, vous pouvez porter plainte en cas de menace. Le centre de
recherche sur le cyberharcèlement – géré par les Dr Sameer Hinduja, de
l’université Florida Atlantic, et Justin Patchin, de l’université du Wisconsin-
[177]

Eau Claire – livre sur son site cyberbullying.us les conseils énumérés ci-après,
afin de prévenir le cyberharcèlement.

Dix conseils aux ados contre le


cyberharcèlement
1. Informe-toi.
Pour éviter tout cyberharcèlement, tu dois savoir ce dont il s’agit précisément et de
quelle manière les harceleurs procèdent en général. Renseigne-toi et discute de ce
sujet avec tes amis.
2. Protège tes mots de passe.
Protège tes mots de passe et autres informations privées des yeux indiscrets. Ne les
transmets à personne, même pas à tes meilleurs amis. Un mot de passe doit rester
strictement privé et confidentiel. Si certains le connaissent déjà, change-le tout de
suite!
3. Garde tes photos.
Avant de publier une photo sexy sur ton profil, demande-toi si tu voudrais que tes
parents, tes grands-parents et le reste du monde la voient. Les harceleurs peuvent se
servir de cette photo comme d’une arme pour te pourrir la vie.
4. N’ouvre jamais des messages anonymes ou non sollicités.
N’ouvre jamais les messages (courriels, messages textes ou messages Facebook,
etc.) de personnes que tu ne connais pas ou de harceleurs connus. Supprime-les sans
les lire. Ils pourraient contenir des virus qui infecteraient automatiquement ton
système. De plus, ne clique pas sur des liens qui te sont envoyés par des inconnus.
Ceux-ci [178]pourraient contenir un virus visant à recueillir des informations sur ta vie
privée.
5. Déconnecte-toi des comptes en ligne.
N’enregistre pas ton mot de passe en ligne pour des raisons de commodité et
n’oublie pas de te déconnecter si tu laisses un moment ton ordinateur ou ton
téléphone portable sans surveillance. Ne donne à personne l’occasion d’usurper ton
identité. Si tu oublies de te déconnecter de Facebook à la bibliothèque, par exemple,
la personne qui utilisera l’ordinateur après toi peut accéder à ton compte et te causer
de sérieux problèmes.
6. Réfléchis avant de publier quoi que ce soit.
Ne publie rien qui puisse compromettre ta réputation. Les gens te jugeront d’après
ce qu’ils apprendront de toi en ligne. Des portes s’ouvriront ou se fermeront sur
cette base (travail, bourse d’études, internat).
7. Sensibilise ton entourage.
Lance un mouvement, crée un club, organise une campagne ou un événement pour
sensibiliser tes amis au cyberharcèlement. C’est tous ensemble que nous pourrons
diminuer son impact dans le monde.
8. Mets en place un dispositif de contrôle.
Limite l’accès de ton profil à tes fidèles amis. La plupart des sites de réseautage
social comme Facebook et Google+ t’offrent la possibilité de partager certaines
informations uniquement avec les personnes que tu connais, mais tu dois configurer
ces paramètres de confidentialité afin de t’assurer une protection maximale.
9. Recherche-toi sur Google.
Recherche régulièrement ton nom sur les systèmes de recherche (comme Google,
Bing, Yahoo). Si tu y trouves des informations personnelles ou photos qui pourraient
être [179]utilisées contre toi, tâche de les faire enlever le plus vite possible.
10. Ne te transforme pas en cyberharceleur.
Traite les autres comme tu voudrais être traité(e). En te montrant irrespectueux sur la
Toile, tu renforces l’idée qu’un tel comportement est acceptable.

Notre meilleure défense contre les harceleurs de toutes sortes et contre


tous ceux qui essaient de nous rabaisser consiste à prendre réellement
conscience que nous avons été créés par Dieu et qu’il nous aime. Nous
comptons à ses yeux. Il nous a créés dans un but, il a un plan pour nous. Il
veut nous fortifier et nous conduire. En d’autres termes, il veut notre bien,
comme tous ceux qui nous aiment.

Les notes de Nick


◊ Tous les entraîneurs ont une stratégie de jeu. Tous les généraux ont une
stratégie de combat. Tous ceux qui subissent du harcèlement devraient également
avoir une stratégie.
◊ Prendre le temps de vous préparer à la rencontre éventuelle avec votre
harceleur peut faire une grande différence. Si vous essayez d’imaginer à l’avance vos
réactions et vos moyens de lui échapper, et si vous renforcez votre cercle d’amis,
vous aurez plus d’assurance et moins de crainte lorsque vous vous retrouverez face à
lui.
[180]
◊ Vous devriez demander de l’aide et informer au moins une personne de
confiance, quand vous vous sentez menacé(e), piégé(e), manipulé(e), mis(e) à l’écart
ou sous pression par un harceleur. Il n’est pas sain de vouloir absolument gérer la
situation seul(e). Même si cette personne ne peut rien faire, il est important que
quelqu’un soit au courant du problème, au cas où cela tournerait mal.
18 Notamment avec le jeu de mots «armless but not harmless» («sans bras mais pas sans malice») en anglais. (NdE)
11. Prendre position contre le
[181]

harcèlement

Soyez un bon Samaritain et participez à


l’éradication du harcèlement.
L’évangéliste Luc raconte qu’un jour, un spécialiste de la loi a demandé à
Jésus: «Qui est mon prochain?» Jésus a répondu (Luc 10.29-36):
Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho. Il tomba entre les mains de
brigands qui le dépouillèrent, le rouèrent de coups et s’en allèrent en le
laissant à moitié mort. Un prêtre qui, par hasard, descendait par le même
chemin vit cet homme et passa à distance. De même aussi un Lévite
arriva à cet endroit; il le vit et passa à distance. Mais un Samaritain qui
voyageait arriva près de lui et fut rempli de compassion lorsqu’il le vit. Il
s’approcha et banda ses plaies en y versant de l’huile et du vin; puis il le
mit sur sa propre monture, le conduisit dans une auberge et prit soin de
lui. Le lendemain, à son départ, il sortit deux pièces d’argent, les donna à
l’aubergiste et dit: ‘Prends soin de lui, et ce que tu dépenseras en plus,
[182]

je te le rendrai à mon retour.’ Lequel de ces trois te semble avoir été le


prochain de celui qui était tombé au milieu des brigands?
Malgré la haine profonde qui séparait les Juifs et les Samaritains de
l’époque, un Samaritain a aidé un Juif. A la fin de l’histoire, Jésus encourage
le spécialiste de la loi à agir de la même manière. Dans ce livre, je vous ai
transmis des éléments pour vous défendre en cas de harcèlement.
Maintenant, j’ai envie de vous dire: «Agis de la même manière, toi aussi.»
Je vous encourage à témoigner de l’empathie aux autres, à l’image du bon
Samaritain, à les protéger des blessures émotionnelles et physiques
provoquées par des harceleurs. Je vous désigne «bon Samaritain» des temps
modernes. Votre mission consiste à faire votre possible pour éliminer le
harcèlement autour de vous. Vous vous sentez peut-être un peu seul(e)
pour entrer dans ce projet, mais au cours de mes voyages, j’ai constaté que
de nombreux adolescents ont acquis la conviction que le harcèlement est
inacceptable. Vous pouvez sensibiliser vos camarades d’études, votre
famille, vos voisins, vos concitoyens.
Les harceleurs essaient d’isoler leur proie afin de pouvoir mieux la
tourmenter; réunissons donc nos forces et prenons position ensemble
contre le harcèlement, serrons-nous les coudes pour que personne ne soit
seul!
Le harcèlement est un problème mondial qui a un impact négatif sur la
qualité de vie. Les harceleurs privent jeunes et moins jeunes de joie. Ils
terrorisent leur victime et transforment les écoles et les places de jeux ou
[183]

de travail en lieux hantés par la peur et la terreur. Face à de telles


souffrances, certains ont commis le suicide, d’autres ont sombré dans les
drogues, l’alcool ou l’automutilation.
Serrons-nous les coudes pour que personne ne soit seul!

D’après les spécialistes, le harcèlement engendre un cercle vicieux de


violence. Parmi ceux qui ont commis de grands massacres dans les écoles et
ailleurs, plusieurs avaient souffert de harcèlement au cours de leur existence
et extériorisaient ainsi leur rage intérieure. Nous pouvons briser ce cercle
vicieux en cherchant à identifier les harceleurs au milieu de nous et à entrer
en action pour que leur comportement change. Nous pouvons les aider à
trouver un autre chemin et à désamorcer cette rage en leur faisant
connaître l’amour de Dieu.
J’ai compris que je peux blesser et être blessé par des paroles, mais que je
peux aussi guérir et sauver avec des paroles. La Bible affirme que nous
sommes des créatures merveilleuses. Forts de cette vérité, nous pouvons
combattre le harcèlement en disant à celui que nous rencontrons que nous
sommes tous des créatures de Dieu, qu’il nous aime et veut notre bien.
Maintenant que vous êtes équipé(e) d’un système de défense, comment
pourriez-vous rejoindre notre campagne mondiale contre le harcèlement?
Voici quelques propositions pour les ados (sentez-vous libre de prendre
d’autres initiatives):
* Donne-toi comme mission de rester vigilant(e) quant à toute forme
[184]
de harcèlement et de faire ton possible pour y mettre un terme.
* S’il n’existe pas de programme anti-harcèlement dans ton école,
informe-toi sur la Toile sur la façon d’en créer un. Puis prends contact avec
le directeur de l’établissement et les représentants des étudiants pour en
mettre un sur pied. La plupart des sites expliquent comment lancer une
pétition et chercher des fonds pour financer le programme.
* Suggère un documentaire sur ce thème à ton école, ton église, ton
cercle d’amis ou ton club de sport.
* Lance un programme en ligne permettant à ceux qui sont témoins de
harcèlement ou en sont victimes d’en parler sous le couvert de l’anonymat
et d’obtenir de l’aide. Veille à ce qu’un suivi des cas soit mis en place pour
qu’on s’assure que les agressions cessent.
* Parle à tes amis et camarades de classe du harcèlement, de son impact
sur toi et de l’ampleur qu’il a prise dans le monde. Propose-leur de devenir
à leur tour des bons Samaritains, chaque fois que l’occasion se présente.
* Utilise ta page Facebook, ton compte Twitter et d’autres réseaux
sociaux pour faire savoir que le harcèlement est inacceptable et que les
victimes ou les témoins devraient oser en parler.
Des milliers de personnes dans le monde s’engagent pour mettre un terme
au harcèlement. De plus, Dieu est à l’œuvre. Je félicite par ailleurs les
gouvernements qui ont promulgué une législation permettant d’agir
[185]

également dans ce sens. Cela dit, nous ne pouvons pas nous contenter de
compter sur des fonctionnaires et des services gouvernementaux. Chacun
de nous devrait adhérer à cette cause, parce que le harcèlement nous
touche tous.
Les croyants, en particulier, devraient intensifier leurs efforts et prendre la
défense des victimes. Jésus nous a donné l’exemple parfait en prenant
position, et il nous enseigne à réagir. Il s’est laissé maltraiter sans protester.
Il ne s’est jamais abaissé au niveau de ses persécuteurs, mais il a traité
chacun avec amour et lui a offert la possibilité de connaître le salut.
Jésus a dit dans Matthieu 5.14-16:
Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne
peut pas être cachée, et on n’allume pas non plus une lampe pour la
mettre sous un seau, mais on la met sur son support et elle éclaire tous
ceux qui sont dans la maison. Que, de la même manière, votre lumière
brille devant les hommes afin qu’ils voient votre belle manière d’agir et
qu’ainsi ils célèbrent la gloire de votre Père céleste.
En tant que père, je veux être le meilleur des défenseurs pour mon fils. Je
refuse qu’il soit la cible de commentaires désobligeants, mais je ne peux pas
l’enfermer dans une bulle protectrice. Un jour, il ressentira la piqûre des
flèches cruelles de quelqu’un, mais je lui aurai appris à les neutraliser. C’est
là, au sein des familles, que nous pouvons le mieux nous entraîner pour nos
campagnes anti-harcèlement. Néanmoins, les bons Samaritains étendent [186]

leur protection bienveillante à toutes les victimes. Ils les aident à construire
leur propre système de défense anti-harcèlement.
Ensemble, levons-nous pour consoler le cœur brisé des enfants, des
adolescents et des adultes dans le monde, des personnes pour lesquelles
Jésus-Christ a donné sa vie. Luttons ensemble pour que ce monde soit un
lieu plus sûr, plus paisible, plus agréable et plus aimable pour les générations
à venir: nos enfants et nos petits-enfants!
Il est temps de nous mettre en route!
Pour vous faciliter la tâche, j’ai remis le «système de défense anti-
harcèlement» à la fin du livre. J’espère qu’il vous sera utile. Je vous aime!

Les notes de Nick


◊ Soyez un bon Samaritain et entrez en contact avec les victimes de harcèlement.
◊ Prenez position contre le harcèlement dans votre quartier, dans votre école,
dans votre cercle d’amis, pour que personne ne se retrouve confronté seul à un
harceleur.
◊ Brisez le cercle vicieux du harcèlement. Si vous en avez souffert, ne devenez
pas à votre tour un harceleur.
◊ Même si vous n’avez pas vécu le miracle que vous espériez, devenez un miracle
pour quelqu’un d’autre!

[187]
Système de défense anti-harcèlement
* Les harceleurs ne peuvent ni me blesser ni me définir, parce que je sais qui je suis
et où je vais.
* Je ne laisse à personne le pouvoir de me plonger dans le mal-être. J’assume la
responsabilité de mon propre bonheur.
* Ma vie est guidée par des valeurs inébranlables.
* La force qui m’anime a des racines intérieures profondes, et aucun harceleur ne
peut m’ébranler.
* Je sais que ma famille et mes amis prendront ma défense, tout comme je le ferais
pour eux.
* J’ai conscience des émotions qui peuvent m’animer, notamment la colère et la peur.
Si elles se manifestent, je contrôle mes réactions afin de conserver des pensées et
une manière d’agir positives.
* Ma vie spirituelle est solide et me donne des forces. Je sais que j’ai été créé(e) dans
un but et que je suis aimé(e) inconditionnellement. Quand je suis faible, mon
créateur est fort.
* Je trouve un élément positif à retirer de chaque défi, y compris du harcèlement.
* J’essaie d’aider les autres en toute occasion, en particulier ceux qui subissent le
harcèlement.
[189]
Remerciements

Une fois de plus, je remercie Dieu: le Père, le Fils et le Saint-Esprit.


Mon épouse Kanae est la meilleure chose qui me soit arrivée; elle me
réconforte et me soutient dans les difficultés. Merci pour ton amour, pour la
vie que tu partages avec moi et pour la bénédiction que tu représentes pour
notre famille. Mon épouse est un cadeau que mes parents m’ont préparé à
recevoir en m’élevant avec douceur et fermeté et en m’introduisant dans la
vie adulte. Ils m’ont aidé à devenir un homme de Dieu digne d’une telle
femme et ils m’ont donné une base solide pour que je puisse devenir un bon
mari et un bon père.
Une fois de plus, mon collaborateur et ami très cher, Wes Smith, m’a aidé à
transmettre mon message d’espérance au monde à travers ce livre, et je lui
suis très reconnaissant. D’autres membres importants de l’équipe d’édition,
dont Jan Miller et Nena Madonia de l’agence littéraire Dupree Miller &
Associates, sont devenus des amis précieux qui m’ont beaucoup soutenu.
Mes plus sincères remerciements vont également à mon éditeur
WaterBrook Multnomah, une branche de Random House, et à son équipe de
professionnels dont font partie Gary Jansen, Steve Cobb et Bruce Nygren.
Enfin, je remercie de tout cœur l’équipe de Life Without Limbs et
d’Attitude Is Altitude. Je vous remercie en particulier, mes lecteurs, ainsi que
vous tous qui m’avez envoyé votre histoire d’espoir et de foi. Nous aimons
[190]

recevoir vos nouvelles, lettres et courriels. Vos réactions et commentaires


ainsi que vos témoignages m’encouragent. Je vous aime. Que le Seigneur
vous bénisse!
[191]
A propos de l’auteur

Nick Vujicic est un orateur d’envergure internationale et figure sur la liste


des auteurs à succès du New York Times. Il est aussi à la tête de
l’organisation à but non lucratif Life Without Limbs. Il a pu être une source
d’inspiration pour des millions de personnes, tout autour du monde, en
invitant des auditoires de tout âge à surmonter les obstacles, à aller au bout
de leurs rêves et à ne jamais renoncer. Après avoir longtemps résidé en
Australie, il s’est installé en Californie du sud où il vit avec son épouse Kanae
et son fils Kiyoshi.

Livres traduits en français


La vie au-delà de toute limite
ISBN 978-2-940335-81-7
320 pages, photos noir-blanc
Irrésistible!
ISBN 978-2-940335-83-1
280 pages + 16 pages photos couleur

Sites utiles
Life Without Limbs: www.lifewithoutlimbs.org
Attitude Is Altitude: www.attitudeisaltitude.com
Page Facebook: www.facebook.com/nickvujicic
Table des matières

Titre
Avertissement
Auteur et titre
Copyright
1. Pourquoi moi? Pourquoi vous?
2. Devenir le cauchemar d’un harceleur
3. Prendre notre vie en main
4. Choisir notre route
5. Créer une zone de sécurité
6. Construire un cercle d’amis
7. Vaincre le harcèlement de l’intérieur
8. Dépasser le harcèlement
9. Du positif dans le harcèlement
10. Développer une stratégie de défense
11. Prendre position contre le harcèlement
Remerciements
A propos de l’auteur
Table des matières
1 Jean 1.9

[Retour au livre]
9
Si nous reconnaissons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous
les pardonner et pour nous purifier de tout mal.

[Retour au livre]
Jacques 1.22; 2.20

[Retour au livre]
22
Mettez en pratique la parole et ne vous contentez pas de l’écouter
en vous trompant vous-mêmes par de faux raisonnements.

20
Veux-tu reconnaître, homme sans intelligence, que la foi sans les
œuvres est morte?

[Retour au livre]
Galates 5.22

[Retour au livre]
22
Mais le fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience,
la bonté, la bienveillance, la foi, la douceur, la maîtrise de soi.

[Retour au livre]
Matthieu 22.37-39

[Retour au livre]
37
Jésus lui répondit: «Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton
38
cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée. C’est le premier
39
commandement et le plus grand. Et voici le deuxième, qui lui est
semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même.

[Retour au livre]
Deutéronome 5.6

[Retour au livre]
6
»‘*Je suis l’Eternel, ton Dieu, qui t’ai fait sortir d’Egypte, de la
maison d’esclavage.

[Retour au livre]
Lévitique 19.18

[Retour au livre]
18
Tu ne te vengeras pas et tu ne garderas pas de rancune contre les
membres de ton peuple. *Tu aimeras ton prochain comme toi-
même. Je suis l’Eternel.

[Retour au livre]
Luc 23.34

[Retour au livre]
34
[Jésus dit: «Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils
font.»] Ils se partagèrent ses vêtements en tirant au sort.

[Retour au livre]
Jean 14.27

[Retour au livre]
27
»Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous la
donne pas comme le monde donne. Que votre cœur ne se trouble
pas et ne se laisse pas effrayer.

[Retour au livre]
Philippiens 4.13

[Retour au livre]
13
Je peux tout par celui qui me fortifie, [Christ].

[Retour au livre]
Luc 6.35

[Retour au livre]
35
Mais aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer
en retour. Votre récompense sera grande et vous serez fils du Très-
Haut, car il est bon pour les ingrats et pour les méchants.

[Retour au livre]
Proverbes 16.7

[Retour au livre]
7
Quand l’Eternel approuve les voies d’un homme, il dispose même
ses ennemis à faire la paix avec lui.

[Retour au livre]
Galates 5.22

[Retour au livre]
22
Mais le fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience,
la bonté, la bienveillance, la foi, la douceur, la maîtrise de soi.

[Retour au livre]
Proverbes 19.17

[Retour au livre]
17
Celui qui accorde une faveur au pauvre prête à l’Eternel, qui lui
rendra son bienfait.

[Retour au livre]
Romains 12.6

[Retour au livre]
6
Nous avons des dons différents, selon la grâce qui nous a été
accordée. Si quelqu’un a le don de prophétie, qu’il l’exerce en
accord avec la foi;

[Retour au livre]
Galates 5.22

[Retour au livre]
22
Mais le fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience,
la bonté, la bienveillance, la foi, la douceur, la maîtrise de soi.

[Retour au livre]
Galates 6.1

[Retour au livre]

Chapitre 6
Mise en pratique de la vie nouvelle
1
Frères et sœurs, si un homme vient à être surpris en faute, vous qui
êtes spirituels, redressez-le dans un esprit de douceur. Veille sur
toi-même, de peur que toi aussi, tu ne sois tenté.

[Retour au livre]
Philippiens 4.5

[Retour au livre]
5
Que votre douceur soit connue de tous les hommes. Le Seigneur
est proche.

[Retour au livre]
Proverbes 25.28

[Retour au livre]
28
Une ville démantelée, sans murailles, voilà ce qu’est l’homme qui
n’est pas maître de lui-même.

[Retour au livre]
Romains 8.28

[Retour au livre]
28
Du reste, nous savons que tout contribue au bien de ceux qui
aiment Dieu, de ceux qui sont appelés conformément à son plan.

[Retour au livre]
Psaume 139.13-14

[Retour au livre]
13
C’est toi qui as formé mes reins, qui m’as tissé dans le ventre de
14
ma mère. Je te loue de ce que je suis une créature si merveilleuse.
Tes œuvres sont admirables, et je le reconnais bien.

[Retour au livre]
Proverbes 16.32

[Retour au livre]
32
La lenteur à la colère vaut mieux que l’héroïsme; mieux vaut être
maître de soi que s’emparer de villes.

[Retour au livre]
Jean 9.1-3

[Retour au livre]

Guérison d’un aveugle-né


1 2
Jésus vit, en passant, un homme aveugle de naissance. Ses
disciples lui posèrent cette question: «Maître, qui a péché, cet
3
homme ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle?» Jésus répondit:
«Ce n’est pas que lui ou ses parents aient péché, mais c’est afin que
les œuvres de Dieu soient révélées en lui.

[Retour au livre]
Matthieu 5.39

[Retour au livre]
39
Mais moi je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu’un
te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l’autre.

[Retour au livre]
Jean 18.19-23

[Retour au livre]
19
Le grand-prêtre interrogea Jésus sur ses disciples et sur son
20
enseignement. Jésus lui répondit: «J’ai parlé ouvertement à tout le
monde; j’ai toujours enseigné dans les synagogues et dans le
temple, où les Juifs se réunissent constamment, et je n’ai rien dit en
21
secret. Pourquoi m’interroges-tu? Interroge ceux qui m’ont
22
entendu sur ce que je leur ai dit; ils savent, eux, ce que j’ai dit.» A
ces mots, un des gardes qui se trouvait là donna une gifle à Jésus en
23
disant: «C’est ainsi que tu réponds au grand-prêtre?» Jésus lui dit:
«Si j’ai mal parlé, explique-moi ce que j’ai dit de mal; et si j’ai bien
parlé, pourquoi me frappes-tu?»

[Retour au livre]
Ephésiens 6.11-12

[Retour au livre]
11
Revêtez-vous de toutes les armes de Dieu afin de pouvoir tenir
12
ferme contre les manœuvres du diable. En effet, ce n’est pas
contre l’homme que nous avons à lutter, mais contre les puissances,
contre les autorités, contre les souverains de ce monde de ténèbres,
contre les esprits du mal dans les lieux célestes.

[Retour au livre]
Ephésiens 6.11

[Retour au livre]
11
Revêtez-vous de toutes les armes de Dieu afin de pouvoir tenir
ferme contre les manœuvres du diable.

[Retour au livre]
Jacques 1.2-4

[Retour au livre]
2
Mes frères et sœurs, considérez comme un sujet de joie complète
les diverses épreuves auxquelles vous pouvez être exposés,
3
sachant que la mise à l’épreuve de votre foi produit la
4
persévérance. Mais il faut que la persévérance accomplisse
parfaitement sa tâche afin que vous soyez parfaitement qualifiés,
sans défaut, et qu’il ne vous manque rien.

[Retour au livre]
1 Corinthiens 1.27

[Retour au livre]
27
Mais Dieu a choisi les choses folles du monde pour couvrir de
honte les sages, et Dieu a choisi les choses faibles du monde pour
couvrir de honte les fortes.

[Retour au livre]
Romains 8.28

[Retour au livre]
28
Du reste, nous savons que tout contribue au bien de ceux qui
aiment Dieu, de ceux qui sont appelés conformément à son plan.

[Retour au livre]
Jean 9

[Retour au livre]

Guérison d’un aveugle-né


1 2
Jésus vit, en passant, un homme aveugle de naissance. Ses
disciples lui posèrent cette question: «Maître, qui a péché, cet
3
homme ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle?» Jésus répondit:
«Ce n’est pas que lui ou ses parents aient péché, mais c’est afin que
4
les œuvres de Dieu soient révélées en lui. Il faut que je fasse, tant
qu’il fait jour, les œuvres de celui qui m’a envoyé; la nuit vient, où
5
personne ne peut travailler. Pendant que je suis dans le monde, je
6
suis la lumière du monde.» Après avoir dit cela, il cracha par terre
et fit de la boue avec sa salive. Puis il appliqua cette boue sur les
7
yeux [de l’aveugle] et lui dit: «Va te laver au bassin de Siloé»,
nom qui signifie «envoyé». Il y alla donc, se lava et revint voyant
8
clair. Ses voisins et ceux qui l’avaient vu mendier auparavant
disaient: «N’est-ce pas celui qui se tenait assis et qui mendiait?»
9
Les uns disaient: «C’est lui.» D’autres disaient: «Non, mais il lui
10
ressemble.» Mais lui affirmait: «C’est bien moi.» Ils lui dirent
11
donc: «Comment [donc] tes yeux ont-ils été ouverts?» Il répondit:
«L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, l’a appliquée sur
mes yeux et m’a dit: ‘Va au bassin de Siloé et lave-toi.’ J’y suis
12
donc allé, je me suis lavé et j’ai pu voir.» Ils lui dirent: «Où est
13
cet homme?» Il répondit: «Je ne sais pas.» Ils menèrent vers les
14
pharisiens l’homme qui avait été aveugle. Or c’était un jour de
sabbat que Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux.
15
A leur tour, les pharisiens lui demandèrent comment il avait pu
voir. Il leur dit: «Il a appliqué de la boue sur mes yeux, je me suis
16
16
lavé et je vois.» Là-dessus, quelques-uns des pharisiens disaient:
«Cet homme ne vient pas de Dieu, car il ne respecte pas le sabbat»,
mais d’autres disaient: «Comment un homme pécheur peut-il faire
17
de tels signes miraculeux?» Et il y eut division parmi eux. Ils
dirent encore à l’aveugle: «Toi, que dis-tu de lui, puisqu’il t’a
18
ouvert les yeux?» Il répondit: «C’est un prophète.» Les Juifs ne
voulurent pas croire qu’il avait été aveugle et qu’il voyait
19
désormais, avant d’avoir fait venir ses parents. Ils les
interrogèrent en disant: «Est-ce bien votre fils, que vous dites être
20
né aveugle? Comment donc se fait-il qu’il voie maintenant?» Ses
parents leur répondirent: «Nous savons que c’est bien notre fils et
21
qu’il est né aveugle, mais nous ne savons pas comment il se fait
qu’il voie maintenant, ni qui lui a ouvert les yeux. Interrogez-le lui-
22
même, il est assez grand pour parler de ce qui le concerne.» Ses
parents dirent cela parce qu’ils avaient peur des chefs juifs. En
effet, ceux-ci avaient déjà décidé d’exclure de la synagogue celui
23
qui reconnaîtrait Jésus comme le Messie. Voilà pourquoi ses
24
parents dirent: «Il est assez grand, interrogez-le lui-même.» Les
pharisiens appelèrent une seconde fois l’homme qui avait été
aveugle et lui dirent: «Rends gloire à Dieu! Nous savons que cet
25
homme est un pécheur.» Il répondit: «S’il est un pécheur, je n’en
sais rien. Je sais une chose: c’est que j’étais aveugle et maintenant
26
je vois.» Ils lui dirent [de nouveau]: «Que t’a-t-il fait? Comment
27
t’a-t-il ouvert les yeux?» Il leur répondit: «Je vous l’ai déjà dit et
vous n’avez pas écouté. Pourquoi voulez-vous l’entendre encore?
28
Voulez-vous aussi devenir ses disciples?» Ils l’insultèrent et
dirent: «C’est toi qui es son disciple. Nous, nous sommes disciples
29
de Moïse. Nous savons que Dieu a parlé à Moïse, mais celui-ci,
30
nous ne savons pas d’où il est.» Cet homme leur répondit: «Voilà
qui est étonnant: vous ne savez pas d’où il est, et pourtant il m’a
31
ouvert les yeux! Nous savons que Dieu n’exauce pas les pécheurs
mais qu’en revanche, si quelqu’un l’honore et fait sa volonté, il
32
l’exauce. Jamais encore on n’a entendu dire que quelqu’un ait
33
ouvert les yeux d’un aveugle-né. Si cet homme ne venait pas de
34
Dieu, il ne pourrait rien faire.» Ils lui répondirent: «Tu es né tout
entier dans le péché et tu nous enseignes!» Et ils le
35
chassèrent. Jésus apprit qu’ils l’avaient chassé. L’ayant rencontré,
36
il [lui] dit: «Crois-tu au Fils de Dieu?» Il répondit: «Et qui est-il,
37
Seigneur, afin que je croie en lui?» «Tu l’as vu, lui dit Jésus, et
38
celui qui te parle, c’est lui.» Alors il dit: «Je crois, Seigneur.» Et
39
il se prosterna devant lui. Puis Jésus dit: «Je suis venu dans ce
monde pour un jugement, pour que ceux qui ne voient pas voient et
40
pour que ceux qui voient deviennent aveugles.» Quelques
pharisiens qui étaient avec lui entendirent ces paroles et lui dirent:
41
«Nous aussi, sommes-nous aveugles?» Jésus leur répondit: «Si
vous étiez aveugles, vous n’auriez pas de péché. Mais en réalité,
vous dites: ‘Nous voyons.’ [Ainsi donc,] votre péché reste.

[Retour au livre]
Philippiens 4.13

[Retour au livre]
13
Je peux tout par celui qui me fortifie, [Christ].

[Retour au livre]
Jacques 1.2-4

[Retour au livre]
2
Mes frères et sœurs, considérez comme un sujet de joie complète
les diverses épreuves auxquelles vous pouvez être exposés,
3
sachant que la mise à l’épreuve de votre foi produit la
4
persévérance. Mais il faut que la persévérance accomplisse
parfaitement sa tâche afin que vous soyez parfaitement qualifiés,
sans défaut, et qu’il ne vous manque rien.

[Retour au livre]
Proverbes 4.14-16

[Retour au livre]
14
N’emprunte pas le sentier des méchants et ne t’avance pas sur le
15
chemin des hommes mauvais. Evite-le, n’y passe pas! Détourne-
16
toi de lui et passe plus loin! En effet, ils ne dorment pas tant
qu’ils n’ont pas fait le mal, le sommeil leur est enlevé s’ils n’ont
pas fait trébucher quelqu’un.

[Retour au livre]
1 Corinthiens 6.19-20

[Retour au livre]
19
Ne le savez-vous pas? Votre corps est le temple du Saint-Esprit
qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu. Vous ne vous
20
appartenez pas à vous-mêmes, car vous avez été rachetés à un
grand prix. Rendez donc gloire à Dieu dans votre corps [et dans
votre esprit qui appartiennent à Dieu].

[Retour au livre]
Luc 10.29-36

[Retour au livre]
29
Mais lui, voulant se justifier, dit à Jésus: «Et qui est mon
30
prochain?» Jésus reprit la parole et dit: «Un homme descendait de
Jérusalem à Jéricho. Il tomba entre les mains de brigands qui le
dépouillèrent, le rouèrent de coups et s’en allèrent en le laissant à
31
moitié mort. Un prêtre qui, par hasard, descendait par le même
32
chemin vit cet homme et passa à distance. De même aussi un
33
Lévite arriva à cet endroit; il le vit et passa à distance. Mais un
Samaritain qui voyageait arriva près de lui et fut rempli de
34
compassion lorsqu’il le vit. Il s’approcha et banda ses plaies en y
versant de l’huile et du vin; puis il le mit sur sa propre monture, le
35
conduisit dans une auberge et prit soin de lui. Le lendemain, [à
son départ,] il sortit deux pièces d’argent, les donna à l’aubergiste
et dit: ‘Prends soin de lui, et ce que tu dépenseras en plus, je te le
36
rendrai à mon retour.’ Lequel de ces trois te semble avoir été le
prochain de celui qui était tombé au milieu des brigands?»

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Matthieu 5.14-16

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Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une
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montagne ne peut pas être cachée, et on n’allume pas non plus
une lampe pour la mettre sous un seau, mais on la met sur son
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support et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. Que, de
la même manière, votre lumière brille devant les hommes afin
qu’ils voient votre belle manière d’agir et qu’ainsi ils célèbrent la
gloire de votre Père céleste.
Christ et la loi

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