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Thème 1: Évolution de la didactique des langues.

Tendances actuelles dans la didactique du FLE.


Les approches communicatives
I- INTRODUCTION
L’usage du sigle F.L.E. (Français comme
Langue étrangère) se généralise: le FLE devient en
1983 une filière de l’enseignement supérieur
français, et cesse de s’imposer comme une
discipline à part entière avec ses hypothèses
théoriques, ses présuppositions méthodologiques,
ses orientations pédagogiques, ses maîtres et ses
polémiques.
Aujourd’hui, le FLE, tout autant qu’un objet
d’enseignement ou une profession, est un enjeu à la
fois culturel, politique, économique et commercial,
lié au destin de la francophonie. Néanmoins ce qui
nous intéresse ici, c’est la dimension proprement
pédagogique du FLE, ou plus exactement les lignes
de force théoriques, ses options méthodologiques et
les matériels qu’elles suscitent, bref, la didactique du
FLE .

II - EVOLUTION DE LA DIDACTIQUE DES


LANGUES
H. Besse souligne que toute typologie des
méthodes de la langue se heurte à la difficulté que
nombre de notions qui les sous-entendent sont
ambiguës et souvent peu ou mal explicitées, et il
précise, dans son œuvre Méthodes et pratiques des
manuels de langue quatre critères qui peuvent
permettre de caractériser les différents options
méthodologiques:
1. Le recours ou non à la traduction à la langue
maternelle
2. Le choix d’un enseignement grammatical
(grammaire explicite) ou d’une composante Commented [HJ1]: Se dit d'une grammaire dont les règles
peuvent être formalisées.

grammaticale implicite. Commented [HJ2]: Qui, sans être énoncé formellement,


découle naturellement de quelque chose : Une condition
implicite.
3. L’utilisation de supports (dialogues, textes
fabriqués à des fins pédagogiques où des
documents bruts soient écrits ou oraux)
4. Le choix d’une progression linguistique
rigoureuse, ou d’un ordre de présentation “souple”,
essentiellement pragmatique, ajoutant le choix des
savoirs et des savoir-faire privilégiés par les activités
d’apprentissage, essentiellement grammaticaux,
lexicaux et phonétiques ou bien plus largement
sémiolinguistiques et socioculturels (concernant
l’organisation des discours et des textes, les usages
comportementaux, etc.,)
Pour arriver à la didactique actuelle du FLE, il
faut bien caractériser à grands traits les principales
tendances méthodologiques de l’enseignement des
langues étrangères .
2.1. Les méthodes traditionnelles
La première méthodologie d’enseignement des
langues modernes s’est calquée sur la méthodologie
d’enseignement des langues anciennes. Sa mise en
œuvre historique s’étale sur trois siècles et à travers
de formes très variées elle subit une évolution qui la
mène, dès la méthodologie d’enseignement scolaire
des langues anciennes jusqu’aux frontières de la
méthodologie directe.
On peut considérer que ces méthodes
traditionnelles, basées sur l’enseignement de règles
grammaticales, sur la traduction et la fréquentation
exclusive de l’écrit littéraire appartiennent à la
préhistoire de la didactique.
Les instruments sont connus: d’un côté, un livre
de grammaire où l’élève trouve des règles et des
explications qui renvoient, le plus souvent, à une
conception normative qu’à une description
cohérente du système de la langue; de l’autre, un
dictionnaire bilingue et / ou un ouvrage regroupant,
par centre d’intérêt des langues des listes de noms,
des verbes, des adjectifs accolés à leurs équivalents
dans la langue maternelle ... Les exercices de
thème, de version, de réponses écrites à des
questions écrites, d’application de règles trouvées
dans le livre de grammaire, sont trop familiers pour
qu’on ait à y insister .
De même, l’importance donné à l’écrit, le poids
des œuvres linguistiques ou des travaux de
stylistique comparée, le souci d’appuyer
l’apprentissage sur une pratique du discours,
manifestent les implications ou les présupposés
théoriques de cette forme d’enseignement, encore
que les tenants de la méthode traditionnelle n’aient
pas beaucoup mis l’accent sur les fondements de
leurs choix didactiques.

2.1.1. La méthodologie directe


Dans une certaine mesure, la M.D se situe
dans le prolongement historique d’une évolution
interne de la M.T, car au cours du XIXème siècle
l’importance de l’enseignement “a priori” de la
grammaire décroit au profit de la pratique orale de la
langue; mais dans une certaine mesure aussi, la
méthodologie directe se situe en rupture radicale
avec la méthodologie traditionnelle, car le “principe
direct” ne se réfère pas seulement à un
enseignement des mots étrangers sans passer par
l’intermédiaire de leurs équivalents en langue
materne, mais à celui de la langue orale sans passer
par l’intermédiaire de la règle explicitée.
Pendant une dizaine d’années, cette
méthodologie est parvenue à se constituer en un
ensemble à la fois très complet et très cohérent sur
lequel les méthodologies suivantes jusqu’à nos jours,
ne pourront qu’opérer des choix, des modifications
et des variations limitées. Dans cette méthodologie
on se propose de placer l’élève dans un bain de
langage et de reproduire dans la classe les
conditions d’acquisition aussi naturelles que
possibles, l’enfant apprend sa langue maternelle à
force d’y être exposé, de même, les conditions à la
maîtrise d’une langue étrangère n’atteindra son but
que si l’enseignement lui donne l’occasion d’une
politique constante. En montrant un objet ou en
accomplissant une action quelconque, le professeur
propose simultanément un énoncé dans la langue
étrangère. On comprend en devinant, on apprend
en imitant, on retient en répétant.
Le texte est le support idéal pour réaliser cette
intégration didactique car il permet d’organiser
autour de lui l’ensemble des différentes activités
d’enseignement tout en respectant les principales
méthodes de la méthodologie directe:
l’enseignement phonétique par les lectures du texte,
l’enseignement lexical en fabriquant ou en
choisissant des textes en fonction du vocabulaire
thématique de chaque leçon, l’enseignement de la
compréhension orale, grâce à l’approche audio-
orale des textes et de la compréhension écrite, par
le commentaire dialogué; l’enseignement de la
production orale par ce même commentaire
dialogué, et de la production écrite, depuis les
questions par écrit sur les textes jusqu’à la
composition d’imitation; et pour finir, l’enseignement
de la culture et de la civilisation, par le choix
d’extraits ou d’œuvres littéraires ou encore d’autres
documents non littéraires de civilisation.

2.1.2. La méthodologie active


C’est bien entendu l’échec relatif de la MD en
milieu scolaire, et cet échec a provoqué après la
Première Guerre mondiale le besoin d’une
méthodologie nouvelle. La M.A viendra suppléer ce
nouveau besoin de méthode logique.
La caractéristique la plus apparente de la M.A
est son éclectisme technique, qui ne modifie pas le Commented [HJ3]: Attitude de quelqu'un qui s'intéresse à
tous les domaines, ou, dans un domaine, à tous les sujets.
noyau dur de la M.D mais introduit dans chacune de
ses trois composantes un certain nombre de
variations: la M.A s’est voulu d’abord une
méthodologie active, et c’est donc à cet aspect que
doit principalement porter son évaluation. Non pas
sur les déclarations de ses méthodologues, mais sur
l’impact réel de la méthode active dans les salles de
classe. Plus que tout autre, la classe de langue
vivante doit être vivante. L’esprit de l’élève, de tous
les élèves, doit être constamment et en même
temps tenu en état d’alerte, qu’il s’agisse de la
récitation de la leçon ou de l’acquisition de notions
nouvelles. Les méthodologues actifs vont s’ingénier
à multiplier les propositions des procédés et
techniques visant à maintenir et développer cette
activité de l’élève. Ces méthodologies font justement
remarquer les limites de la méthode active dans la
méthodologie directe, en particulier le schéma trop
rigide et directif: questions du professeur / réponses
des élèves... C’est l’élève qui doit poser les
questions chaque fois qu’il n’aura pas compris,
chaque fois qu’il désirera des renseignements
complémentaires, chaque fois qu’il sera désigné
pour diriger la classe à l’occasion d’une leçon ou
d’un exercice. Ainsi, maintenus en haleine par le jeu
des questions et des réponses, les élèves
s’habituent à réfléchir en commun et ils apprennent
à interroger dans la classe étrangère, pratique qui a
été longtemps négligée.
Les textes recommandés sont plus orientés vers
le récit et le dialogue, on exploite le besoin d’activité
individuelle et collective, et on essaye de créer une
atmosphère agréable et favorable, toujours
nécessaire pour le bon rendement de la classe.

2.1.3. La méthodologie audiovisuelle


La méthodologie audiovisuelle est définie
comme la méthodologie dominante en France dans
les années 60 et 70, et dont la cohérence est
construite autour de l’utilisation de l’image et du son.
Le support sonore est constitué dans le cours
audiovisuel par des enregistrements magnétiques et
le support visuel par des vues fixes (diapositives ou
fils fixes), si bien la voix du professeur peut aussi
suppléer les enregistrements.

2.2. La linguistique appliquée et les méthodes


audio-orales (MAO)
Méthodes dont on peut situer l’âge d’or au cours
des années 50, elles avaient déjà été expérimentées
aux Etats-Unis par l’armée pendant la seconde
guerre mondiale. Elles représentent un pas
important dans l’évolution de l’enseignement du
FLE. En effet, elle s’appuie d’une part sur une
théorie linguistique (le distributionnalisme), et d’autre
part sur une théorie psychologique de
l’apprentissage par conditionnement (le
béhaviorisme).
On assiste en France à partir du début des
années 60 à une véritable prise de contrôle de la
didactique du FLE par la linguistique, supposée par
beaucoup capable de fonder à elle seule une
méthodologie véritablement scientifique.
L’influence de la MAO n’est pas séparable de
celle de la linguistique appliquée, cette méthode
sera une des méthodes audiovisuelles.
Dans la MAO, la priorité y est donnée à l’oral et
la langue étrangère est présentée à travers d´une
mise en dialogue de structures, d’énoncés modèles,
sur la base d’une progression grammaticale guidée
par la préoccupation contrastée (confrontation de la
langue et de la langue étrangère).
L’exercice structural et le laboratoire de langue
sont les instruments auxiliaires privilégiés de
l’acquisition et de la fixation d’automatisme
linguistiques.
Selon cette méthode:
1. L’apprentissage passe par plusieurs
étapes, au début, les élèves doivent surtout travailler
la compréhension et l’audition, puis l’expression
orale, et au dernier moment la lecture et la
rédaction.
2. Il ne fait pas référence à l’écrit dans les
premières étapes.
3. L’enseignement de la prononciation exige
une exposition intense aux sons nouveaux à
percevoir (ceux-ci sont opposés aux sons voisins de
la langue étrangère ou de la langue maternelle).
4. Les phrases modèles servent à introduire
et à pratiquer la langue parlée. Elles sont d’abord
insérées dans un dialogue ou bien présentées hors
dialogue.
5. Pratiquées, ces phrases modèles
deviennent des habitudes quasi réflexes. On limite
ainsi la quantité de vocabulaire introduit, jusqu’au
moment où un nombre suffisant de structures est
acquis par l’élève .
6. On évite la traduction.
Cette méthode a été très vite mise en cause, du
point de vue pratique par la lassitude; et du point de
vue théorique, surtout par la critique radicale du
béhaviorisme skinnérien.

III - TENDANCES ACTUELLES DANS LA


DIDACTIQUE DU FLE. LES APPROCHES
COMMUNICATIVES
La méthodologie SGAV et ce qu’on peut appeler
d’une façon générique l’approche communicative,
sont les options en usage et en débat aujourd’hui,
qui coexistent sur le marché pédagogique, et qui
s’affrontent ou s’interpénètrent.

3.1. La méthode structuro-globale audio-visuelle


(SGAV)
En France, la méthodologie structuro-globale
audiovisuelle, (SGAV), a sensiblement évoluée
depuis son apparition dans les années 50, et a
produit plusieurs générations d’outils pédagogiques.
Elle est le fruit de recherches menées en commun
dès 1954 par deux équipes animées par le
professeur Guberina à l’Institut de phonétique de
l’Université du Zagreb et par Paul Rivenc au Centre
de Recherches et d’études pour la diffusion du
français (CREDIF) de l’Ecole Normale Supérieure de
Saint-Cloud. Un troisième groupe, dirigé par
Raymond Renard, dans le cadre du Centre
Universitaire de Mons, en Belgique, est venu se
joindre aux deux premiers, à partir de 1960.
La méthodologie structuro-globale audiovisuelle
se fonde sur deux courants théoriques: la
linguistique structurale et la psychologie
béhavioriste.
Les méthodes audiovisuelles donnent très
largement la priorité à l’oral, comme objectif
d’apprentissage et comme support d’acquisition en
retardant l’apprentissage de l’écrit, qui est conçu
comme un prolongement de l’oral.
L’association entre le son et l’image permet de
présenter des dialogues dans des situations, de
donner des informations situationnelles et de faire
accéder l’élève au sens des énoncés d’une manière
naturelle. Les caractéristiques de la langue parlée,
en particulier, les phénomènes intonatifs, sont
présentés dans les dialogues. La présence des
enregistrements garantit à l’enseignant un modèle
qu’il peut reproduire autant que nécessaire.
Les contenus des méthodes audiovisuelles sont
sélectionnés à partir de l’enquête réalisé par
Gougenheim Elaboration du français fondamental
qui détermine les structures et le lexique
fondamentaux selon le critère de la fréquence
d’emploi. Le français fondamental est le résultat
d’une enquête qui porte sur la langue parlée,
recueillie en situation, au magnétophone, puis sur
l’établissement des listes de vocabulaire ... fondée
sur des critères statistiques et constitution d’une
grammaire pédagogique reposant elle aussi sur une
analyse statistique de la langue parlée. Ces
contenus sont répartis dans des méthodes
audiovisuelles selon un critère de difficulté: la
progression s’organise en allant du plus simple au
plus complexe. Les difficultés sont réparties au fil
des leçons et chaque leçon est centrée sur un
nombre limité de structures.
L’organisation des leçons a un caractère
systématique: les différentes phases se succèdent
selon le même ordre: la présentation du dialogue
enregistré et des images fixes, l’explication du
dialogue par séquences, la mémorisation,
l’exploitation qui se fait soit à partir des images, soit
à partir des exercices structuraux, et pour finir, la
transposition, phase qui permet à l’élève d’utiliser les
éléments linguistiques acquis dans les phases
précédentes.
C’est par leur caractère systématique que les
méthodes audiovisuelles présentent une garantie de
succès pour l’acquisition d’une L.E.
Le fait que la langue soit présentée à l’élève en
situation lui permet de l’apprendre comme outil de
communication, mais les choix opérés dans ce type
de méthode laissent assez peu de place à l’initiative
de l’élève car on lui demande, surtout, d’acquérir les
comportements adéquats à chaque type d’exercice.
Un des postulats de départ implique que ce qui
est enseigné est appris par l’élève et qu’il peut
produire sans erreur les énoncés compris. La prise
en compte de l’erreur dans l’apprentissage sera
reconsidérée après un temps assez long de
pratiques de méthodes audiovisuelles. La
progression consiste à proposer à l’élève une
difficulté après l’autre en automatisant la langue. Elle
pose des problèmes lorsque l’élève se trouve dans
une situation réelle qui lui impose de mobiliser
plusieurs savoir-faire en même temps et d’effectuer
lui-même la relation entre tous les éléments appris,
pour accomplir une tâche réelle dans la langue
étrangère.
L’exposition à la langue étrangère, telle qu’elle
est prévue dans les méthodes audiovisuelles, doit
permettre à l’élève de produire des énoncés
corrects mais également de se construire seul un
système qui n’est pas explicite.
C’est l’organisation même du contenu à
enseigner, la rigueur de la progression et les
activités destinées à fixer des structures qui dont
appréhender à l’élève le fonctionnement de la
langue étrangère. Par conséquent, certaines
habitudes de l’élève dans sa langue maternelle, par
exemple l’utilisation de règles grammaticales, ne
sont pas réinvesties dans les méthodes
audiovisuelles.

3.2. L’évolution des méthodes audiovisuelles:


SGAV
Le passage entre méthodes audiovisuelles et
approche communicative est marquée par une
étape intermédiaire à partir des années 70. Cette
étape se caractérise par une réflexion sur la pratique
des méthodes audiovisuelles et par l’apparition de
méthodologies ou des méthodes, présentant des
caractéristiques différentes des premières méthodes
audiovisuelles .
Les méthodes de cette deuxième génération,
telle que De Vive Voix évoluent vers une grande
souplesse d’utilisation, proposant des dialogues plus
proches de la réalité et donnant plus d’initiative à
l’élève. On conseille à l’enseignant d’utiliser d’abord
les images seules et de travailler dans un premier
temps sur les productions des élèves.
Enfin, une méthode comme C’est le printemps
reflète bien l’évolution des années 70. Tout en
conservant des éléments de la méthodologie
audiovisuelle (priorité à l’oral, utilisation des images
fixes, dialogues comme point de départ de la leçon,
exercices systématiques) elle ajoute l’organisation
des unités en fonction des objectifs de
communication, la diversification des personnages
et des situations, ainsi comme le développement des
sujets plus proches des préoccupations des adultes.
On commence à introduire des documents semi-
authentiques, plusieurs variétés du français parlé,
ainsi comme on propose des procédures
pédagogiques plus diverses.
3.3. Les approches communicatives
D’origine anglo-saxonne, semble s’imposer en
France au milieu des années 70.
Il est incontestable que l’approche communicative
s’inscrit dans un mouvement de réaction par rapport
aux méthodes précédentes, audio-orales et
audiovisuelles, même si elles ont constitué une
avancée non négligeable par rapport aux méthodes
traditionnelles et ont permis à certains publics
d’apprendre efficacement une langue étrangère.
Les approches communicatives se développent
donc à partir de plusieurs facteurs:
- une critique, tant à niveau des principes
théoriques que de la mise en œuvre, des méthodes
audio-orales (MAO) et des méthodes audiovisuelles
(MAV)
- l’utilisation d’outils nouveaux permettant de
définir les besoins des étudiants et les contenus
d’enseignements.
- une évolution méthodologique qui intègre des
principes différents quant aux progressions,
documents et techniques de classe. Il ne s’agit plus
seulement d’apprendre en situation le système de la
langue, mais d’apprendre à communiquer en se
référant tout autant au code linguistique qu’aux
règles sociales et culturelles qui dans un milieu
donné régissent l’échange langagier.
L’approche communicative recentre l’enseignement
de la LE sur la communication; il s’agit pour l’élève
d’apprendre à communiquer dans la LE et donc
d’acquérir une compétence de communication.
Shopie Morrand dans son œuvre Enseigner à
communiquer dans une langue étrangère signale
qu’un programme de langue communicatif a pour
objectif l’enseignement d’une composante de
communication et propose donc des inventaires
définis non plus en termes de structures mais en
termes de fonctions de communication. Ainsi, un
certain nombre de “programmes de langue” ont
essayé, ces dix dernières années, de prendre en
compte la dimension communicative du langage;
notamment, dans les pays anglo-saxons, à partir
des données de la sociolinguistique, de la
sémantique et de la pragmatique (Austin).
Il est vrai que cette nouvelle option considérée par
certains comme un renouveau, comme Gallisson
par exemple; par d’autres (Cortès) comme la suite
normale d’un projet sans cesse reconduit visant à
optimiser l’enseignement et l’apprentissage du
français en l’adaptant régulièrement aux conditions
scientifiques et socioculturelles du temps de sa
diffusion, ne présente pas un corps de doctrine à
proprement parler, mais un ensemble d’hypothèses
et des consignes, qui d’une manière générale, visent
à atteindre l’objectif que s’était en principe fixé la
didactique moderne dès ses débuts mais qu’elle ne
s’était pas donné les moyens de réaliser: apprendre
non pas simplement à produire des phrases dans
une langue étrangère, mais à communiquer dans
cette même langue.
Dans cette optique, l’enseignement d’un savoir
linguistique “ouvert” ne suffit plus: on doit viser
l’apprentissage de maîtrises, de savoir-faire
langagiers, permettant de réaliser des projets, des
objectifs de communication en connaissance de
cause: en sachant s’adapter aux circonstances
concrètes de l’échange de paroles et s’appuyer sur
les usages en vigueur dans la communauté dont on
apprend la langue.

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