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Notes Les Contrats

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Table des matières

2. LES OBLIGATIONS CONTRACTUELLES ................................................................................ 3


2.1 LA NOTION D’OBLIGATION ................................................................................................. 4
2.1.1 Définition ............................................................................................................................... 4
2.1.2 Sources des obligations......................................................................................................... 4
2.1.3 Acte juridique/ Fait juridique ............................................................................................. 4
2.2 LA FORMATION DU CONTRAT ........................................................................................... 6
2.2.1 Principes ................................................................................................................................ 6
2.2.2 Eléments constitutifs du contrat.......................................................................................... 7
2.2.3 Conditions de validité des contrats ..................................................................................... 7
2.3 CLASSIFICATION DES CONTRATS ................................................................................... 13
2.3.1 Contrats nommés / contrats innommés ............................................................................ 13
2.3.2 Contrat formel / contrat solennel / contrat réel ............................................................... 13
2.3.3 Contrat unilatéral / contrat synallagmatique/ contrat synallagmatique imparfait ...... 13
2.3.4 Contrat à titre onéreux / contrat à titre gratuit ............................................................... 14
2.3.5 Contrat à titre commutatif / contrat à titre aléatoire ...................................................... 14
2.3.6 Contrat principal / contrat accessoire .............................................................................. 14
2.3.7 Contrat de gré à gré / contrat d’adhésion ........................................................................ 14
2.3.8 Contrat à exécution instantanée / contrat à exécution successive .................................. 15
2.3.9 Contrat in tuitu personae/ in tuitu firmae ........................................................................ 15
2.3.10 Le contrat-cadre ............................................................................................................... 15
2.3.11 Le contrat multipartite..................................................................................................... 15
2.3.12 Le contrat avec un consommateur .................................................................................. 15
2.4 LES EFFETS DU CONTRAT .................................................................................................. 16
2.4.1 Le principe de la convention-loi ........................................................................................ 16
2.4.2 Le principe de l’exécution de bonne foi ............................................................................ 16
2.4.3 Le principe de la relativité des contrats............................................................................ 17
2.4.4 Le principe de l’opposabilité du contrat aux tiers ........................................................... 18
2.5 L’EXÉCUTION DES OBLIGATIONS ............................................................................. 20
2.5.1 Les différentes obligations .......................................................................................... 20
2.5.2 L’inexécution des obligations ......................................................................................... 21
2.6 GARANTIES DES OBLIGATIONS ....................................................................................... 26
2.6.1 Les sûretés réelles ............................................................................................................... 26
2.6.2 Les sûretés personnelles ..................................................................................................... 30
2.7 L’EXTINCTION DES CONTRATS ....................................................................................... 34
2.7.1 Le paiement ........................................................................................................................ 34
2.7.2 Le paiement avec subrogation ........................................................................................... 35
2.7.3 La confusion (articles 5.268 à 5.270 CC) .......................................................................... 37
2.7.4 La compensation (articles 5.254 et s CC) ......................................................................... 37
2.7.5 La remise de dettes et la renonciation unilatérale (art. 5.250 à 5.253 C.civ.) ............... 38
2.7.6 Le terme extinctif................................................................................................................ 38
2.7.7 La prescription libératoire................................................................................................ 39
2. LES OBLIGATIONS CONTRACTUELLES
2.1 LA NOTION D’OBLIGATION

2.1.1 Définition

L’article 5.1 C. Civ.: « L'obligation est un lien de droit en vertu duquel un créancier peut
exiger, si nécessaire en justice, d'un débiteur l'exécution d'une prestation. »
L’obligation est donc le lien de droit entre au moins deux personnes. En fonction de la
personne dans le chef de laquelle on se place (créancier ou débiteur), l’obligation a un aspect
actif ou passif.

Le terme « obligation » est souvent utilisé comme synonyme de dette.

L’objet de l’obligation peut être une obligation :


• de faire
• de ne pas faire
• de donner
L’obligation civile a un caractère contraignant. On peut recourir à la justice pour faire
respecter nos droits.

2.1.2 Sources des obligations

• un acte juridique ( contrat ou acte juridique unilatéral)

• Le quasi-contrat (art. 5.127al2 C.civ.)

• La responsabilité extracontractuelle

• La loi (normes internes, normes internationales à effet direct, coutume, principes


généraux du droit)

2.1.3 Acte juridique/ Fait juridique

a) L’acte juridique est une manifestation de volonté émise avec la volonté de produire les
effets de droit que la loi lui attache.

• L’acte juridique unilatéral est la manifestation de volonté par laquelle une personne a
l'intention de faire naître des effets de droit.
L'auteur de cet acte peut notamment s'engager par sa seule volonté en faveur
d'autrui. (art. 5.125 C. Civ.)

Le régime juridique des actes juridiques unilatéraux est fixé à l’article 5.126 C.civ.

• Le contrat, ou convention, est un accord de volontés entre deux ou plusieurs personnes


avec l'intention de faire naître des effets de droit. » (art.5.4 C.civ.)

b) Les faits juridiques sont des actes indépendants de notre volonté ou des actes accomplis
sans vouloir les effets de droit qui y sont attachés.
2.2 LA FORMATION DU CONTRAT

2.2.1 Principes

a) Le principe de la liberté contractuelle (art. 5.14 C.civ.)

Chaque personne est libre de :

- contracter ou de ne pas contracter


- choisir la personne avec laquelle elle va contracter
- déterminer le contenu du contrat

On ne peut toutefois pas déroger aux règles impératives et d’ordre public.

Il existe des exceptions au principe de la liberté contractuelle, exceptions édictées par le


législateur :

b) Le principe du consensualisme (art.5.28 C.civ.)

Pour autant que les parties aient l’intention juridique, le contrat se forme par le simple échange
des consentements (rencontre des volontés).

Les parties peuvent toutefois décider de déroger à ce principe.

Le législateur prévoit également des exceptions à ce principe (art.5.29 C.civ.)


2.2.2 Eléments constitutifs du contrat

a) L’intention juridique

L’intention juridique consiste en la volonté des parties de produire des effets de droit.

b) Un accord entre au moins deux personnes

Le contrat est un accord de volontés entre au moins deux personnes destiné à produire des effets
de droit.

L’article 5.18 du Code civil prévoit que le contrat est formé par l’acceptation d’une offre.

L’offre est une proposition de conclure un contrat qui contient tous les éléments essentiels et
substantiels du contrat visé et qui implique la volonté de l’offrant d’être lié par le contrat en cas
d’acceptation (art 5.19 al.1)

Elle doit donc être ferme, précise et extériorisée.

Elle est régie par le principe du consensualisme.

L’offre réceptice peut être retirée tant qu’elle n’est pas parvenue au destinataire (art.5.19 al2
C.civ .)

L’offre au public ne peut être ni retirée ni modifiée dès qu’elle est extériorisée et ce, pendant le
délai fixé dans l’offre ou dans un délai raisonnable (art.5.19 al.2 C.civ.)

L’acceptation est toute déclaration ou autre comportement du destinataire de l’offre qui exprime
l’accord sur celle-ci, sans ajouts, limitations ou autres modifications concernant des éléments
essentiels ou substantiels (art.5.20 al.1 C.civ.). C’est l’agrément sans réserve de l’offre.

L’acceptation est régie par le principe du consensualisme.

Elle peut être retirée tant qu’elle n’est pas parvenue à l’offrant (art.5.20 al. 4)

Une fois que l’acceptation est parvenue à l’offrant, le destinataire est lié par son acception. Il
existe cependant des exceptions (ex : ventes à distance).

Le contrat est formé au moment et au lieu où l’acceptation parvient à l’offrant. (art.5. 21 C.civ.)

2.2.3 Conditions de validité des contrats

L’article 5.27 du Code civil dispose que :


« Pour la validité d'un contrat, les conditions suivantes doivent être remplies:
1° le consentement libre et éclairé de chaque partie;
2° la capacité de chaque partie de contracter;
3° un objet déterminable et licite;
4° une cause licite.
Les conditions de validité sont appréciées au moment de la conclusion du contrat. »

a) Le consentement

Les vices de consentement1

1°. L’erreur 2

Conditions :
- L’erreur est une représentation erronée d’un élément

- L’erreur doit avoir un caractère déterminant

- L’erreur doit être entrée dans le champ contractuel

- L’erreur doit être excusable

Remarque : l’erreur-obstacle (art.5.31 al2 C.civ.)

2°. Le dol3

Conditions :

1
C. civ., art. 5.33
2
C. civ., art. 5.34
3
C. civ., art. 5.35
- une partie induit sciemment (intentionnellement) en erreur l’autre partie
Il faut des manœuvres ou une rétention d’informations dont le cocontractant dispose et qu’il
doit communiquer sur base de l’art.5.16 C.civ.

- des manoeuvres qui sont déterminantes au consentement

- des manœuvres qui émanent du cocontractant, d’un complice ou une personne dont le
cocontractant doit répondre (art.5.33 al.3)

Distinction dol principal/dol incident.

3°. La violence4

Conditions :
- Menace d’un mal grave (atteinte considérable à l’intégrité physique ou morale ou aux
biens de la partie ou de ses proches)

- La menace doit être illégitime

- La menace doit être déterminante au consentement

- Menace émise par le cocontractant, un complice ou une personne dont le cocontractant


doit répondre (art.5.33 al.3)

4°. La lésion5

La lésion consiste en une disproportion entre les prestations réciproques des parties au moment
de la formation du contrat.

La lésion ne concerne que les contrats commutatifs.

En principe, la lésion ne vicie pas les contrats.

Cependant, dans certaines hypothèses, la lésion permet de remettre en cause le contrat.


4
C. civ., art. 5.36
5
C.civ., art. 5.38
Exemples :
• Article 1674 du Code civil.
• Article 5.43 du Code civil

5°. L’abus de circonstances 6

Conditions :

- Un déséquilibre manifeste entre les prestations réciproques des parties


- Ce déséquilibre est dû à l’abus par une partie de circonstances liées à la position de
faiblesse de l’autre partie
- L’abus émane du cocontractant, un complice ou une personne dont le cocontractant doit
répondre (art.5.33 al.3)

Sanctions :
- Adaptation des obligations de la partie faible
- Si l’abus est déterminant, nullité relative

6°. Sanctions des vices de consentement

Le contrat entaché d’un vice de consentement est frappé de nullité relative.7


Seule la partie victime de l’erreur, du dol, de la violence ou de l’abus de circonstances peut
invoquer la nullité.
En cas d’abus de circonstances et de dol incident, il existe une autre sanction que la nullité.
En cas d’abus de circonstances, la partie protégée peut demander l’adaptation de sa prestation.
En cas de dol incident, la partie victime peut demander l’octroi de dommage et intérêts.

b) La capacité

Pour pouvoir conclure un contrat, il faut avoir la personnalité juridique ainsi que la capacité à
conclure des actes juridiques.

En droit, on distingue la capacité de jouissance et la capacité d’exercice.

La capacité de jouissance est l’aptitude à être titulaire de droits et d’obligation (et notamment
l’aptitude à conclure un contrat).

La capacité d’exercice est l’aptitude à faire valoir personnellement ces droits et obligations
(c’est aussi l’aptitude à conclure personnellement un contrat).8

6
C.civ. art. 5.37
7
C.civ. art.5.33 alinéa 2
8
WERY P., Droit des Obligations, vol.1, Théorie générale du contrat, Larcier, 2010, p.243
La notion de capacité contractuelle ne se confond pas avec la capacité d’exercice. Cependant,
la capacité contractuelle suppose la capacité d’exercice.9

L’article 5.40 du Code civil prévoit que : « toute personne peut contracter , si elle n’en est pas
déclarée incapable par la loi ».
En vertu de l’article 5.41 du Code civil, les mineurs, les personnes protégées par l’article 492/1
de l’ancien Code civil dans les limites de la décision prise par le juge compétent, les personnes
à qui la loi interdit de conclure certains contrats »

Lorsqu’une personne incapable conclut un contrat, l’acte est entaché de nullité relative.10

Les personnes morales dotées de la personnalité juridique peuvent conclure des contrats

c) L’objet11

Le contrat a pour objet les obligations ou les autres effets de droit voulus par les parties.12
L’objet de l’obligation peut consister en une prestation de faire quelque chose, de ne pas faire
quelque chose, de donner quelque chose ou de garantir quelque chose.13

La prestation doit :
- exister mais peut porter sur une chose future²²,

- être possible,

- déterminée ou déterminable

- licite.14

L’objet de la prestation doit être dans le commerce.15

d) La cause

La cause consiste dans les mobiles qui ont amené chaque partie à contracter et qui sont entrés
dans le champ contractuel.16

La cause doit être licite.17

9
MASSAGER N., Les bases du droit civil, Tomes III, Anthemis, 2013, p.109
10
C.civ. art. 5.42
11
C. civ., art 5.46 à 5.63
12
C.civ. art. 5.46 alinéa 1
13
C.civ. art.5.46 alinéa 2
14
C.civ. art 5.47, 5.49, 5.50 et 5.51
15
C.civ. art. 5.48
16
C.civ. art.5.53
17
C.civ. art. 5.56
e) Les sanctions

Sous réserve de l’article 5.57 alinéa 2 du Code civil, lorsque les conditions de validité ne sont
pas remplies, le contrat est nul. Il s’agit d’une nullité relative ou absolue.18

L’annulation résulte d’une décision de justice, d’un accord des parties ou d’une notification
écrite par une partie à l’autre partie.19

Elle a un effet rétroactif.20

L’action en nullité se prescrit par 5 ans.21

18
C.civ. art.5.57
19
C.civ. art. 5.59
20
C.civ. art. 5.62
21
C.civ. art.5.60
2.3 CLASSIFICATION DES CONTRATS

2.3.1 Contrats nommés / contrats innommés


On appelle contrats nommés les contrats qui font l’objet d’une règlementation spécifique par
le Code civil, le Code des sociétés, des lois particulières.
Lorsqu’un contrat ne fait pas l’objet d’une réglementation spécifique, on parle de contrat
innommé. Les contrats innommés sont régis par le droit commun des contrats et des
obligations. Ils sont réalisés par les parties en vertu du principe de l’autonomie des volontés

2.3.2 Contrat formel / contrat solennel / contrat réel

• Contrat consensuel : le contrat est formé par la simple rencontre des volontés, lesquelles
peuvent se manifester sous quelque forme que ce soit.22

• Contrat formel: la formation du contrat est soumise à des conditions de forme définies
par la loi23

• Contrat réel : la formation du contrat est soumise à la remise d’une chose.24

2.3.3 Contrat unilatéral / contrat synallagmatique/ contrat synallagmatique


imparfait

• Le contrat est unilatéral lorsqu’une partie est obligée envers une autre, sans que de la
part de cette dernière il y ait d’obligation25

Remarque : il faut distinguer le contrat unilatéral de l’acte juridique unilatéral.

• Le contrat est synallagmatique lorsque les parties sont obligées réciproquement les unes
envers les autres 26

• Le contrat synallagmatique imparfait

22
C.civ. art. 5.5 alinéa1
23
C.civ. art. 5.5 alinéa2
24
C.civ. art. 5.5 alinéa 3
25
C.civ. art. 5.6 alinéa 2
26
C.civ. art.5.6 alinéa 1
2.3.4 Contrat à titre onéreux / contrat à titre gratuit

Le contrat est à titre gratuit lorsqu’une partie qui procure un avantage à l’autre ne reçoit en
échange aucun avantage .27

Le contrat est à titre onéreux lorsqu’il procure un avantage à chaque partie.28

2.3.5 Contrat à titre commutatif / contrat à titre aléatoire

Le contrat est commutatif lorsque les prestations réciproques sont regardées comme
équivalentes lors de sa formation.29

Le contrat est aléatoire lorsque l'équivalence des prestations réciproques auxquelles les parties
sont obligées est incertaine parce que l'existence ou l'étendue de l'une des prestations dépend
d'un événement incertain. Il suppose l'existence d'une chance de gain ou d'un risque de perte.30

2.3.6 Contrat principal / contrat accessoire

• Le contrat principal a une vie propre, autonome

• Le contrat accessoire est un contrat dont l’existence et la survie est tributaire d’un
autre contrat qui lui donne sa raison d’être (H de Page, Traité TII, 1964, p 429).

2.3.7 Contrat de gré à gré / contrat d’adhésion

• Contrat de gré à gré : les parties au contrat ont déterminés librement son contenu.

• Contrat d’adhésion : une partie détermine les conditions du contrat et l’autre soit
adhère au contrat sans pouvoir le modifier soit refuse de contracter31.

27
C.civ. art. 5.7 al2
28
C.civ. art.5.7 al1
29
C.civ. art.5.8 al1
30
C.civ. art. 5.8 al2
31
C.civ. art.5.10
2.3.8 Contrat à exécution instantanée / contrat à exécution successive

• Le contrat à exécution instantanée est un contrat qui s’exécute en une seule fois.

• Le contrat à exécution successive donne naissance à une ou plusieurs obligations


qui consistent en des prestations continues.

2.3.9 Contrat in tuitu personae/ in tuitu firmae

La personne du contractant revêt une importance déterminante aux yeux de l’autre partie.

2.3.10 Le contrat-cadre

Le contrat-cadre est un contrat par lequel les parties conviennent des principes généraux dans
le cadre desquels elles concluront des contrats d'application ultérieurs.32

2.3.11 Le contrat multipartite

Le contrat multipartite est un contrat conclu par plus de deux parties.33

2.3.12 Le contrat avec un consommateur

Le contrat avec un consommateur est un contrat conclu entre une entreprise au sens du Code de
droit économique et un consommateur au sens de ce Code.34

32
C.civ. art.5.9
33
C.civ. art.5.12
34
C.civ. art. 5.11
2.4 LES EFFETS DU CONTRAT

2.4.1 Le principe de la convention-loi35

Ce principe a pour conséquence qu’une partie ne peut pas :


- revenir unilatéralement sur son accord ;

- mettre fin unilatéralement au contrat ;

- modifier unilatéralement le contrat.

Les parties peuvent cependant décider de commun accord de prévoir dans le contrat une clause
de résiliation unilatérale, un droit de rétractation, une clause par laquelle l’une ou l’autre des
parties peut modifier unilatéralement le contrat. Elles peuvent également décider de commun
accord de révoquer le contrat.

Le législateur peut déroger au principe de la convention-loi (ex : droit de rétractation en faveur


du consommateur dans le cadre des ventes à distance).

Le principe de la convention-loi s’impose également au juge. Il existe cependant des exceptions


(ex : article 5.201 C. civ.)

2.4.2 Le principe de l’exécution de bonne foi36

La bonne foi a :

- une fonction complétive37

- une fonction modératrice : interdiction de l’abus de droit

35
C. civ., art. 5.69 et 5.70
3636
C. civ., art. 5.73
37
C.civ. art.5.71 al1
2.4.3 Le principe de la relativité des contrats38

Le contrat ne fait naître des droits et des obligations qu’entre les parties contractantes. Un tiers
ne peut être tenu par un contrat auquel il n’est pas partie.

a. Quelles sont les parties contractantes ?

• Les parties présentes à la conclusion du contrat et qui y ont consenti en leur nom et pour
leur compte.

• La représentation càd l’accomplissement d’un acte juridique par une personne au nom
et pour le compte d’autrui.39

La représentation trouve sa source dans un acte juridique, une décision de justice ou la loi.
La représentation peut être parfaite ou imparfaite.
Elle est parfaite ou immédiate lorsque le représentant accomplit l’acte au nom et pour le compte
de la personne représentée.
Elle est imparfaite ou médiate lorsque le représentant accomplit l’acte en son nom mais pour le
compte de la personne représentée.

• Les ayants cause universels et à titre universel (pas les ayants cause à titre particulier
sauf exceptions) pour autant que les parties n’en aient pas décidé autrement ou que le
contrat n’ait pas été conclu en fonction des aptitudes ou qualité des parties
contractantes.40

Exceptions au principe de la relativité des contrats

• La stipulation pour autrui.41

Une partie à un contrat (le stipulant) fait promettre à son cocontractant (le promettant)
d’exécuter une obligation au profit d’un tiers. Ce tiers va donc devenir titulaire d’un droit en
vertu d’un acte juridique auquel il n’est pas partie.

Conditions :

- la volonté de faire naître ou de transférer un droit direct et immédiat au profit d’un tiers

38
C. civ., art. 5.103 al1
39
C.civ. art.1.8
40
C.civ. art. 5.104
41
C.civ. art.5.107
- le tiers doit être déterminé ou déterminable

• Les actions directes 42

Sont prévues par la loi (ex : article 1798 C. civ.)

L’action directe permet au créancier, afin de se payer sa créance contre son débiteur, d’exercer
à son profit exclusif un droit de son débiteur contre le débiteur de celui-ci.

L’action directe constitue une garantie pour son titulaire dans la mesure où la créance du
débiteur sert à payer exclusivement un de ses créanciers, lequel échappe à la loi du concours :

2.4.4 Le principe de l’opposabilité du contrat aux tiers43

a. Principe

Un contrat a des effets vis-à-vis des tiers : le contrat est un fait dont les tiers ne peuvent ignorer
l’existence.

• Un tiers doit tenir compte de la situation née d’un contrat et en subir les conséquences.

• Un tiers peut décider de se prévaloir de la situation née du contrat et de ses


conséquences.

b. Exceptions

• Mesures de publicité

42
C.civ. art.5.110
43
C.civ. art.5.103 al2
Pour être opposable aux tiers, certains actes doivent faire l’objet d’une mesure de publicité.

Exemples :

• L’action paulienne44

L’action paulienne permet à un créancier d’obtenir qu’un acte fait en fraude de ses droits par
son débiteur lui soit déclaré inopposable. Par conséquent, si le juge fait droit à l’action
paulienne, le créancier qui a intenté cette action pourra se comporter comme si l’acte litigieux
n’existait pas.

Conditions :
• La créance doit être née avant l’acte juridique attaqué
• Il faut que l’acte attaqué cause un préjudice au créancier
• Il faut une fraude dans le chef du débiteur
• Si l’acte attaqué est un acte à titre onéreux, le créancier doit prouver que le cocontractant
savait ou devait savoir que l’acte litigieux porterait préjudice au créancier

• La simulation.45
Les parties contractantes créent consciemment l’apparence qu’un certain contrat a été conclu
entre-elles (acte ostensible) alors qu’elles conviennent simultanément en secret d’un autre
contrat (contre-lettre).
Entre les parties, c’est la contre-lettre qui vaut.
Seul l’acte apparent est opposable aux tiers sauf si ceux-ci souhaitent invoquer la contre-lettre.
Dans ce cas, ils doivent intenter une action en déclaration de simulation.

44
C. civ., art. 5.243
45
C. civ., art. 5.39
2.5 L’EXÉCUTION DES OBLIGATIONS

2.5.1 Les différentes obligations

2.5.1.2 Obligation de moyens / obligation de résultat46

• L’obligation de moyens consiste en l’obligation pour le débiteur de tout mettre en


œuvre pour atteindre le résultat demandé.

• L’obligation de résultat consiste en l’obligation pour le débiteur d’atteindre le


résultat demandé, qu’il garantit.

• Incidences en cas d’inexécution de ces obligations au niveau de la preuve.

2.5.1.3 Obligation de faire / obligation de ne pas faire / obligation de donner

• L’obligation de faire suppose dans le chef du débiteur de l’obligation une prestation


positive.

• L’obligation de ne pas faire suppose dans le chef du débiteur de l’obligation une


abstention.

• L’obligation de donner suppose que le débiteur de l’obligation s’engage à transférer


ou à céder à autrui la propriété d’un bien, d’un droit réel ou d’un droit de créance.

2.5.1.4 Le transfert de propriété

Le transfert de propriété d’une chose s’opère en principe par et au moment de la conclusion


du contrat. 47

Exceptions à ce principe :

✓ choses futures48

✓ choses de genre49

46
C.civ. art.5.72
47
C.civ. art. 5.79 et 3.14§2al2
48
C.civ. art. 3.14§2al3
49
C.civ. art.3.14§2al4
✓ le législateur décide de déroger à ce principe (ex : art 1526 bis C. jud.)

✓ Il s’agit d’une règle supplétive. Les parties peuvent donc prévoir une clause de réserve
de propriété.

Le transfert de propriété a une incidence :


* sur le droit de gage général des créanciers (article 3.36 C.civ.)

* sur le transfert des risques

2.5.1.5 Le transfert des risques50

Le propriétaire de la chose supporte les risques de sa perte sauf :

- si le législateur ou les parties en ont décidé autrement.

- article 5.227 C.civ.

2.5.2 L’inexécution des obligations

2.5.2.1 Inexécution imputable / inexécution non imputable51

L’inexécution est imputable au débiteur lorsque :


- le débiteur a commis une faute
- la loi le prévoit
- un acte juridique le prévoit

2.5.2.2 La Mise en demeure

La mise en demeure est l'acte juridique unilatéral par lequel le créancier notifie au débiteur, de
manière claire et non équivoque, sa volonté d'exiger l'exécution de son obligation. 52
La mise en demeure est un acte juridique unilatéral réceptice.

50
C.civ. art.5.80
51
C.civ. art.5.82 et 5.225
52
C.civ. art.5.231
Elle n’est pas soumise à des exigences de forme.

Elle peut être adressée au débiteur avant l’échéance du terme si elle est suffisamment proche
de l’échéance mais elle ne produit ses effets qu’à l’échéance du terme.53

Il existe des exceptions à l’exigence de mise en demeure 54

• lorsque l'obligation de ne pas faire a été violée

• lorsque l'exécution de l'obligation est devenue impossible

• lorsque l'exécution de l'obligation ne présente plus d'intérêt pour le créancier

• lorsque le débiteur fait savoir qu'il n'exécutera pas son obligation

• lorsque la loi ou le contrat porte que le débiteur sera en demeure par la seule échéance
du terme

• (en matière de responsabilité extra-contractuelle)

2.5.2.2 Sanctions en cas d’inexécution des obligations55

a) Exécution en nature

Le créancier a droit à l’exécution en nature de l’obligation, ce qui signifie que le créancier esr
en droit d’obtenir du débiteur qu’il exécute ce qu’il a promis (réparer un toit, livrer un
véhicule…).56

L’exécution en nature est la règle. On n’y déroge que dans certaines hypothèses (notamment
lorsque l’exécution en nature n’est plus possible ou qu’elle n’est plus satisfactoire pour le
créancier).

Le débiteur doit donc exécuter ce qu’il a promis. S’il ne s’exécute pas, le créancier devra
recourir à l’exécution forcée en nature.

Dans la mesure où le créancier a le droit d’obtenir l’exécution en nature, il faut non seulement
que le créancier ait la possibilité d’obtenir un jugement qui condamne le débiteur mais
également que l’on puisse contraindre le débiteur à exécuter ce jugement.

Si l’obligation non exécutée consiste en une somme d’argent, le créancier peut avoir recours à
une saisie.

53
C.civ. art.5.232
54
C.civ. art.5.233
55
C.civ. art.5.83
56
C.civ. art.5.82
Cependant, lorsque l’obligation du débiteur consiste en une prestation ou une abstention
(réparer une clôture, réparer une chaudière, peindre un portrai….), on ne peut contraindre
physiquement le débiteur à s’exécuter. Il existe différents moyens de pallier à ce problème dont
l’astreinte.

On peut également recourir au remplacement57, le juge peut aussi prononcer « un jugement


tenant lieu d’acte ».58

Le remplacement peut avoir lieu suite à une décision de justice, une clause dans le contrat ou
par voie de notification.

b) la réparation du dommage

Lorsque l’inexécution d’une obligation contractuelle est imputable au débiteur et que cette
inexécution cause un dommage au créancier, celui-ci peut réclamer au débiteur la réparation du
dommage soit sous forme pécuniaire (dommage et intérêts) soit en nature.

Conditions :

• Une faute
Au niveau de la preuve de la faute, il faut distinguer selon que le débiteur est tenu d’une
obligation de moyens ou d’une obligation de résultat. Si le débiteur est tenu d’une
obligation de résultat, il ne peut s’exonérer de sa faute qu’en prouvant un cas de force
majeure.
Il y a force majeure lorsqu’il existe un événement imprévisible et indépendant de la
volonté du débiteur qui empêche temporairement ou définitivement l’exécution de
l’obligation.59

• un dommage
Seul le dommage prévisible peut être réparé.
Le créancier a droit à la réparation intégrale du dommage.
Le dommage peut être réparé sous forme pécuniaire ou en nature.60

• un lien de causalité entre la faute et le dommage : le dommage doit être causé par la
faute du débiteur. Si le dommage trouve sa source dans plusieurs causes, il suffit que
l’une des causes soit la faute du débiteur pour que la responsabilité de celui-ci soit
engagée (théorie de l’équivalence des conditions).

57
C.civ. art. 5.85
58
C.civ. art.5.236
59
C.civ. art.5.226
60
C.civ. art.5.86 et 5.87
c) La clause indemnitaire61

Les parties conviennent à l’avance d’un montant forfaitaire ou d’une prestation déterminée si
le débiteur n’exécute pas ses obligations (dans le cas où l’inexécution est imputable).

Le juge peut réduire cette clause si elle est manifestement déraisonnable.

d) La réduction de prix62

Cette sanction permet de rééquilibrer les prestations des parties.63

Elle s’applique aux contrats synallagmatiques64

Lorsque l’inexécution imputable au débiteur n’est pas suffisamment grave pour justifier la
résolution du contrat, le créancier peut demander la réduction de prix en justice ou y recourir
par voie de notification écrite dans laquelle le créancier indique la cause de la réduction.65
L’article 5.97 al 3 prévoit que la réduction doit être proportionnelle à la différence, au
moment de la conclusion du contrat, entre la valeur de la prestation reçue et la valeur de la
prestation convenue.

e) L’exception d’inexécution66

L’exception d’inexécution permet à la partie créancière de l’obligation inexécutée de suspendre


l’exécution de son obligation tant que son débiteur n’exécute pas la sienne. Il faut respecter un
principe de proportionnalité.
Il s’agit d’une mesure temporaire qui peut faire l’objet d’un contrôle a posteriori par le juge.

Conditions pour pouvoir invoquer l’exception d’inexécution 67:


• Il faut une inexécution imputable au débiteur
• Il faut se trouver dans un rapport synallagmatique
• Si la bonne foi l’impose, le créancier doit informer le débiteur par une notification écrite
dans lequel il indique la cause de la suspension.

61
C. civ., art. 5.88
62
C.civ. art.5.97
63
Proposition de loi portant le livre 5 « Les obligations » du Code civil, Doc. parl., CH.repr., sess ord. 2020-
2021, n°55-1806/001 p.125
64
B. Kohl et P. Wéry (dir.), Le nouveau droit des obligations, CUP, vol. 216, Liège, Anthemis, 2022, p.159
65
C.civ. art.5.97 al1 et 2
66
C.civ. art.5.239
67
B. Kohl et P. Wéry (dir.), Le nouveau droit des obligations, CUP, vol. 216, Liège, Anthemis, 2022, p.135-136
f) La résolution68

La résolution est une sanction propre aux contrats synallagmatiques. Elle met fin au contrat
lorsqu’une des parties n’exécute pas ses obligations. La résolution résulte d’une décision de
justice, de l’application d’une clause résolutoire ou d’une notification du créancier.

L’article 5.90 alinéa 1 prévoit que le contrat est résolu lorsque l’inexécution est suffisamment
grave ou lorsque les parties sont convenues qu’elle justifie la résolution.

La résolution par voie de notification doit avoir lieu par une notification écrite dans laquelle le
créancier indique les manquements reprochés. Elle a lieu aux risques et périls du créancier.69

La résolution par application d’une clause résolutoire est mise en œuvre par une notification
écrite qui indique les manquements reprochés.70

Lorsque la résolution est demandée en justice, le juge peut accorder au débiteur un délai pour
s’exécuter.71

La résolution a un effet rétroactif. Cependant, dans les contrats à exécution successive, la


résolution n’opère que pour l’avenir.

Elle peut être totale ou partielle.72

Résolution anticipée : « Le contrat peut aussi être résolu, dans des circonstances
exceptionnelles, lorsqu'il est manifeste que le débiteur, après avoir été mis en demeure de
donner, dans un délai raisonnable, des assurances suffisantes de la bonne exécution de ses
obligations, ne s'exécutera pas à l'échéance et que les conséquences de cette inexécution sont
suffisamment graves pour le créancier. »73

g) La clause exonératoire de responsabilité74

68
C.civ. art.5.90 à 5.96
69
C.civ. art.5.93
70
C.civ. art.5.92
71
C.civ. art. 5.91 al1, 2°
72
C.civ. art.5.96
73
C.civ. art.5.90 al 2
74
C.civ. art.5.89
2.6 GARANTIES DES OBLIGATIONS

Article 3.36 C.civ

Tous les biens d’un débiteur (sous réserve des biens insaisissables) garantissent le paiement de
ses dettes.

En cas d’insolvabilité du débiteur, les créanciers sont mis sur un pied d’égalité.

Lorsque le débiteur est insolvable et que plusieurs créanciers font valoir leurs créances sur le
patrimoine du débiteur au même moment, il y a une situation de concours.

En cas de concours, en application du principe d’égalité des créanciers, le créancier dont la


créance n’est pas garantie pas une sûreté réelle (appelé créancier chirographaire) devra se
répartir l’actif du débiteur avec les autres créanciers chirographaires selon la répartition au
« marc le franc ».(loi de réduction proportionnelle)

2.6.1 Les sûretés réelles

Le privilège, l’hypothèque et le gage sont des sûretés réelles. Une sûreté réelle confère à un
créancier un droit de préférence sur un ou un plusieurs biens en garantie du paiement d’une
créance.

Dès lors, le créancier dont la créance est garantie par une hypothèque, un privilège ou un gage
pourra se faire payer sur le ou les biens sur lesquels portent l’hypothèque, le privilège ou le
gage par priorité aux autres créanciers.

L’hypothèque est un droit réel sur les immeubles affectés à l’acquittement d’une obligation de
somme (art 41 al1 Loi hypothécaire).

Le privilège est un droit que la qualité de la créance donne à un créancier d’être préféré aux
autres créanciers, même hypothécaires. (art 12 Loi hypothécaire)
1. Les privilèges

Le privilège est un droit que la qualité de la créance donne à un créancier d’être préféré aux
autres créanciers, même hypothécaires. (art 12 Loi hypothécaire)

Le privilège est d’origine légale. Il peut porter sur des meubles, des immeubles ou sur des
meubles et immeubles.

C’est le législateur qui détermine la créance garantie (créance pour laquelle le créancier
bénéficie d’un droit de préférence) ainsi que l’assiette du privilège.

L’assiette du privilège détermine les biens sur lesquels porte le privilège. On distingue :

- Les privilèges généraux :

- Les privilèges spéciaux :

- Les privilèges mobiliers :


- Les privilèges immobiliers :

Ordre des créanciers privilégiés entre-eux :

2 L’hypothèque

L’hypothèque confère un droit réel accessoire sur les immeubles affectés à l’acquittement d’une
obligation (art 41 al1 Loi hypothécaire).

Elle est d’origine légale, conventionnelle ou testamentaire.


Lorsque l’hypothèque est d’origine conventionnelle, il s’agit d’un contrat formel et accessoire.

Pour être opposable aux tiers, l’hypothèque doit faire l’objet d’une inscription sur les registres
de la publicité hypothécaire. Lorsque plusieurs créanciers ont une hypothèque sur un même
immeuble, c’est le créancier qui a inscrit l’hypothèque le premier qui l’emporte.

Le créancier hypothécaire dispose d’un droit de suite :

Causes d’extinction de l’hypothèque :

3 Le gage75

Le gage confère au créancier gagiste le droit d’être payé sur les biens qui en font l’objet par
préférence aux autres créanciers.

Il est d’origine conventionnelle et porte sur des biens meubles.

Le contrat de gage est un contrat accessoire.

Il existe des gages avec dépossession et des gages sans dépossession :

75
Caeymaex, J., Cavenaile, T.,Manuel des sûretés mobilières, Bruxelles, Éditions Larcier, 2020, n° 15 à 183
2.6.2 Les sûretés personnelles

On parle de sûreté personnelle lorsqu’une personne, autre que le débiteur, s'engage à payer la
dette de celui-ci. Cependant, dans la mesure où cette personne n’est pas appelée juridiquement
à supporter le poids économique de la dette, elle pourra réclamer au débiteur le remboursement
de ce qu’elle a payé.

1 Le cautionnement (civil)76

a. Définition

« Le cautionnement est un contrat consensuel par lequel une partie, appelée la caution, s’engage
envers un créancier à exécuter l’obligation de son débiteur à la place de ce dernier, si le débiteur
n’exécute pas lui-même sa propre obligation. »77

b. Le cautionnement = un contrat

✓ Il doit être exprès. (article 2015 anc. C. civ.).

✓ Il s’agit d’un contrat consensuel

✓ Il s’agit d’un contrat unilatéral (ou pour certains, synallagmatique imparfait)

✓ Il s’agit d’un contrat accessoire : si le contrat principal n’est pas valable, le contrat de
cautionnement ne sera en principe pas valable. Quand le contrat principal prend fin, le
contrat de cautionnement prend fin également.

76
Anc. C. civ., art. 2011 et s.
77
MASSAGER N., Les bases du droit civil, Tomes III, Anthemis, 2013, p.53
✓ L’engagement de la caution ne peut être supérieur à celui du débiteur mais il peut y être
inférieur.

c. Les effets du contrat de cautionnement

Le créancier s’adresse à la caution dès que le débiteur est en défaut de paiement.

Toutefois, il existe en faveur de la caution deux bénéfices : le bénéfice de discussion et le


bénéfice de division.

✓ Le bénéfice de discussion (articles 2021 et s anc. C.civ.)

La caution va obliger le créancier à exécuter d’abord sa créance contre le débiteur. Il s’agit


cependant d’un principe supplétif.

✓ Le bénéfice de division (articles 2025 et s anc. C.civ.)

Quand plusieurs cautions garantissent un même débiteur, la caution à qui s’adresse le créancier
peut obliger ce dernier à diviser son recours entre les différentes cautions. Il s’agit cependant
également d’un principe supplétif.
Remarque : le cautionnement solidaire

d. Opposabilité des exceptions

e. Le cautionnement ne prend pas fin au décès de la caution

f. Recours de la caution

✓ Recours subrogatoire :

✓ Recours personnel :
2.La solidarité passive78

La solidarité entre les débiteurs n’existe que si elle est prévue par une loi ou par un contrat.

Au niveau de l’obligation à la dette, lorsque des débiteurs sont tenus solidairement envers un
créancier, chaque débiteur peut être amené à payer au créancier l’intégralité de la dette.

Au niveau de la contribution à la dette, le débiteur qui a payé la totalité de la dette a un recours


contre les autres codébiteurs afin d’obtenir le remboursement de la part de la
dette qui leur incombe.

Base légale du recours contributoire :

La solidarité est un mécanisme de garantie : elle permet au créancier de choisir le codébiteur


auquel il va réclamer le paiement de la dette. Si un des codébiteurs est insolvable, ce n’est pas
le créancier qui supportera cette insolvabilité mais les autres codébiteurs solidaires.

4 L’indivisibilité79

L’indivisibilité est soit naturelle soit conventionnelle.


Elle a pour conséquence que les débiteurs d’une obligation indivisible sont tenus chacun pour
le tout envers le créancier.
Ses effets sont comparables à ceux de la solidarité. Il existe cependant des différences. Une de
ces différences est que, contrairement à la solidarité, l’indivisibilité se transmet aux héritiers.

78
C. civ., art. 5.160 à 5.165
79
C. civ., art. 5.166 à 5.169
2.7 L’EXTINCTION DES CONTRATS

2.7.1 Le paiement 8081

Payer = exécuter l’obligation quel qu’en soit l’objet (obligation de réparer un toit, une
obligation de non-concurrence,….)

• Qui peut acquitter la dette ?

Article 5.196 C.Civ.


- Le débiteur, un représentant du débiteur (qui agit au nom et pour le compte du débiteur) ou
un agent d’exécution (qui par exemple exécute l’obligation dans le cadre d’un contrat de travail)

- Un tiers intéressé ou non.


Un tiers intéressé : il s’agit par exemple d’une caution, d’une personne qui s’est engagée comme
sûreté personnelle
Un tiers non intéressé càd un tiers qui n’est pas intéressé au paiement de la dette

L’article 5.196 prévoit cependant que le créancier peut refuser le paiement par un tiers s’il fait
valoir un motif légitime résultant de l’intérêt à ce que l’obligation soit, eu égard à sa nature, ou
à sa portée, exécutée par le débiteur lui-même ou à ce qu’elle ne le soit pas par un tiers
déterminé.
Exemple : les contrats in tuitu personae

• A qui la dette doit-elle être payée ?

Article 5.198 C.civ.


- Au créancier ou à son représentant

Mais, dans certains cas, le paiement ne peut être effectué entre les mains du créancier (article
5.199 C.Civ.)
Exemple : La saisie-arrêt.
La saisie-arrêt est l’acte par lequel un créancier (créancier saisissant) fait défense au débiteur
(tiers saisi) de son débiteur (débiteur saisi) de se déssaisir de ce qu’il doit en d’autres mains que
les siennes et donc de payer son créancier.
Par exemple, le créancier qui désire obtenir le paiement des sommes qui lui sont dues par son
débiteur a la possibilité de s’adresser directement à l’employeur de ce dernier afin d’obtenir le
recouvrement de sa créance.

• Que doit-on payer ?

Article 5.200

80
P. WERY, Droit des Obligations, vol.2, Les sources des obligations extracontractuelles, Le régime
général des obligations, Larcier, 2016, p. 574 à 612
8181
C.civ., art. 5.195 et s.
Le débiteur doit exécuter l’objet de l’obligation tel qu’il a été prévu.
Le paiement est indivisible. Il existe cependant des exceptions à ce principe (délais de grâce
octroyés par le juge, lorsque la caution invoque le bénéfice de division,…)

• Où doit-on payer ?

Article 5.203 C.Civ.


Les dettes sont en principe quérables. Il s’agit cependant d’une règle supplétive. Lorsque la
convention prévoit que le paiement doit être effectué au domicile du créancier, on dit que la
dette est portable.
Le tribunal de 1ère instance de Bruxelles a précisé que la délivrance d’un véhicule doit avoir
lieu dans les établissements du vendeur.82

• Qui doit supporter les frais du paiement ?

Article 5.204 C.Civ.


Les frais de paiement sont à charge du débiteur. Il s’agit cependant d’une règle supplétive.

• Quand la dette doit-elle être payée ?

Art.5.203 C.civ.
Quand elle est exigible (sauf octroi de délais de grâce par le juge)

2.7.2 Le paiement avec subrogation83

2.7.2.1 Subrogation réelle / subrogation personnelle

• La subrogation réelle consiste dans le remplacement d’une chose par une autre qui
va suivre le même régime juridique que la chose qu’elle remplace.
Exemple :

• La subrogation personnelle consiste en la substitution d’une personne à une


autre dans un rapport juridique donné.
Exemple :

82
C. Marr, « Le paiement : modalités, instruments et imputation », Chronique de jurisprudence sur les causes
d’extinction des obligations (2000-2013), P. Wéry (dir.), Bruxelles, Larcier, p 79
83
P. WERY, Droit des Obligations, vol.2, Les sources des obligations extracontractuelles, Le régime général des
obligations, Larcier, 2016, pages 634 à 657
2.7.2.2 Le paiement avec subrogation

• Définition

Une personne autre que le débiteur paie le créancier et la créance renaît dans le chef de celui
qui a payé.

Exemple :

Le paiement peut être total ou partiel

La subrogation peut être légale ou conventionnelle (article 5.217 C.Civ.)

• Subrogation légale : la personne est subrogée par l’effet de la loi (article 5.220 CC)
• Subrogation conventionnelle : elle est consentie par le créancier ou par le débiteur.
- Subrogation consentie par le créancier (article 5.218 C.civ.)
Cette subrogation doit être expresse et concomittante au paiement du tiers.

Exemple :

- Subrogation consentie par le débiteur (article 5.219 C.Civ.)


La validité de cette subrogation est soumise au respect d’un formalisme et s’opère

• Conditions du paiement subrogatoire :

- une dette à payer


- un paiement effectif
- un paiement valable
- un paiement par un tiers de la dette d’autrui

• Effets de la subrogation :

✓ La dette vis-à-vis du créancier originaire est éteinte à concurrence du montant payé par
le tiers.
✓ Le tiers est subrogé au créancier à concurrence de ce qu’il a payé.

✓ Le tiers peut être amené à supporter une partie de la dette. Il n’est donc pas
nécessairement subrogé pour le tout.

✓ La créance est transférée au tiers subrogé avec ses avantages (exemple : sûretés réelles)
et ses inconvénients (exemple : le débiteur peut invoquer vis-à-vis du tiers subrogé les
exceptions qu’il pouvait invoquer vis-à-vis du créancier subrogeant).
2.7.3 La confusion (articles 5.268 à 5.270 CC)

= la réunion sur une même tête de deux qualités incompatibles.


Il y a confusion lorsqu’une même personne se retrouve à la fois créancière et débitrice d’une
même créance. L’obligation doit figurer activement et passivement dans le même patrimoine.
La confusion constitue un obstacle à l’exigibilité de l’obligation.
Elle suspend de plein droit l’exigibilité de l’obligation.
Lorsque l’obstacle est définitif, la confusion éteint de plein droit l’obligation.
Exemples :

2.7.4 La compensation (articles 5.254 et s CC)

• Définition

= lorsque deux personnes sont, en la même qualité, respectivement créancière et débitrice l’une
de l’autre, leurs dettes respectives s’éteignent à concurrence de la plus faible.

Exemple :

La compensation joue un rôle de garantie.

Exemple :

La compensation légale s’opère de plein droit dès que les conditions sont réunies.

• Conditions

1. deux dettes réciproques entre personnes agissant en la même qualité

2. les créances doivent avoir pour objet de l’argent ou des objets fongibles
(interchangeables),

3. les créances doivent être liquides càd que l’existence de la dette doit être certaine et le
montant fixé.

4. les créances doivent être exigibles.

La compensation ne porte que sur des créances saisissables.


• Compensation conventionnelle (art.5.263 C.civ.)
Lorsque les conditions de la compensation légale ne sont pas remplies (par exemple, une
dette n’est pas exigible), les parties peuvent prévoir une compensation par contrat.

• Compensation judiciaire (art.5.264 C.civ.)


La compensation judiciaire est prononcée par le juge quand les conditions de la
compensation légale ne sont pas réunies.

2.7.5 La remise de dettes et la renonciation unilatérale (art. 5.250 à 5.253 C.civ.)

• La remise de dette est : « le contrat par lequel le créancier libère le débiteur de son
obligation »
Effet : extinction de la dette et de ses accessoires.

• La renonciation unilatérale : « le créancier peut, par sa seule volonté, renoncer à son


droit de créance. »

2.7.6 Le terme extinctif

• Le terme84

« L'obligation est à terme lorsque son exigibilité ou son extinction est différée jusqu'à la survenance
d'un événement futur et certain, encore que la date en soit incertaine. Le terme est suspensif lorsque
son échéance rend l'obligation exigible. Le terme est extinctif lorsque son échéance entraîne l'extinction
de l'obligation. » (art.5.149 C.civ.)
Bien que certain au niveau de sa réalisation, le terme peut être incertain quant à sa date.85
Exemple :

Exemple de terme extinctif :

Lorsque le terme extinctif se réalise, l’obligation s’éteint. Le terme produit ses effets pour
l’avenir.86

Exemple de terme suspensif :

84
C.civ. art.5.149 ets.
86
C.civ. art.5.151
• La condition87

« L'obligation est conditionnelle lorsque son exigibilité ou son extinction dépend d'un événement futur
et incertain. La condition est suspensive lorsque sa réalisation rend l'obligation exigible. La condition
est résolutoire lorsque sa réalisation entraîne l'extinction de l'obligation. » (art.5.139 C.civ.)

Art. 5.147 C.civ. :

Exemple de condition suspensive :

Exemple de condition résolutoire

2.7.7 La prescription libératoire

• Selon l’article 2219 du Code civil, la prescription est un moyen d’acquérir (prescription
acquisitive) ou de se libérer (prescription libératoire) par un certain laps de temps, et sous
les conditions déterminées par la loi.
La prescription libératoire libère le débiteur de son obligation lorsque le créancier est resté sans
agir pendant un certain délai.
Elle concerne tous les droits patrimoniaux à l’exception du droit de propriété.

• Délais de prescription

Les actions personnelles se prescrivent par 10 ans (art. 2262 bis§1alinéa 1 C.Civ.).

Cependant, il existe d’autres délais de prescription. Ainsi, le délai de prescription pour récupérer
la créance de loyer est de cinq ans (article 2277 C.Civ.).

• Point de départ du délai de prescription

Le délai de prescription ne commence à courir que lorsque la créance est exigible. Si la créance
est affectée d’un terme suspensif, la prescription ne court pas tant que le terme n’est pas échu.
Lorsque la créance est affectée d’une condition suspensive, la prescription ne court pas tant que
la condition ne s’est pas réalisée (art. 2253 C.Civ.)

• Interruption de la prescription

Le délai de prescription peut être interrompu.

87
C.civ. art.5.139 et s.
Lorsque la prescription est interrompue, un nouveau délai, en principe de même durée (mais ce
n’est pas toujours le cas), prend cours.

Causes d’interruption de la prescription : une citation en justice (entendue dans le sens de toute
demande qui tend à faire reconnaître en justice un droit de créance)88, un commandement, une
saisie ou la reconnaissance faite par le débiteur (art. 2244 et 2248 C.Civ.)

• Suspension de la prescription

Lorsque la prescription est suspendue, le délai de prescription recommence à courir lorsque la


cause de suspension a disparu (le délai de prescription reprend là où il s’était arrêté).

La prescription est notamment suspendue au profit des mineurs (art. 2252 C.Civ.) et au profit
des époux dans leurs rapports entre-eux (art. 2253 C.Civ.)

• La prescription n’opère pas de plein droit, elle doit être invoquée.


Une fois invoquée, la prescription rend inefficace l’action du créancier.

Exemple :

• On ne peut pas renoncer anticipativement au bénéfice de la prescription.


Cependant, on peut renoncer à une prescription acquise (art. 2220 C.Civ)

88
De Page, Traité de droit civil belge, t. VI, La prescription. Principes généraux et prescription libératoire,
2014 p.114 cité par P. WERY, Droit des Obligations, vol.2, Les sources des obligations extracontractuelles, Le
régime général des obligations, Larcier, 2016, p.813

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