Notes Les Contrats
Notes Les Contrats
Notes Les Contrats
2.1.1 Définition
L’article 5.1 C. Civ.: « L'obligation est un lien de droit en vertu duquel un créancier peut
exiger, si nécessaire en justice, d'un débiteur l'exécution d'une prestation. »
L’obligation est donc le lien de droit entre au moins deux personnes. En fonction de la
personne dans le chef de laquelle on se place (créancier ou débiteur), l’obligation a un aspect
actif ou passif.
• La responsabilité extracontractuelle
a) L’acte juridique est une manifestation de volonté émise avec la volonté de produire les
effets de droit que la loi lui attache.
• L’acte juridique unilatéral est la manifestation de volonté par laquelle une personne a
l'intention de faire naître des effets de droit.
L'auteur de cet acte peut notamment s'engager par sa seule volonté en faveur
d'autrui. (art. 5.125 C. Civ.)
Le régime juridique des actes juridiques unilatéraux est fixé à l’article 5.126 C.civ.
b) Les faits juridiques sont des actes indépendants de notre volonté ou des actes accomplis
sans vouloir les effets de droit qui y sont attachés.
2.2 LA FORMATION DU CONTRAT
2.2.1 Principes
Pour autant que les parties aient l’intention juridique, le contrat se forme par le simple échange
des consentements (rencontre des volontés).
a) L’intention juridique
L’intention juridique consiste en la volonté des parties de produire des effets de droit.
Le contrat est un accord de volontés entre au moins deux personnes destiné à produire des effets
de droit.
L’article 5.18 du Code civil prévoit que le contrat est formé par l’acceptation d’une offre.
L’offre est une proposition de conclure un contrat qui contient tous les éléments essentiels et
substantiels du contrat visé et qui implique la volonté de l’offrant d’être lié par le contrat en cas
d’acceptation (art 5.19 al.1)
L’offre réceptice peut être retirée tant qu’elle n’est pas parvenue au destinataire (art.5.19 al2
C.civ .)
L’offre au public ne peut être ni retirée ni modifiée dès qu’elle est extériorisée et ce, pendant le
délai fixé dans l’offre ou dans un délai raisonnable (art.5.19 al.2 C.civ.)
L’acceptation est toute déclaration ou autre comportement du destinataire de l’offre qui exprime
l’accord sur celle-ci, sans ajouts, limitations ou autres modifications concernant des éléments
essentiels ou substantiels (art.5.20 al.1 C.civ.). C’est l’agrément sans réserve de l’offre.
Elle peut être retirée tant qu’elle n’est pas parvenue à l’offrant (art.5.20 al. 4)
Une fois que l’acceptation est parvenue à l’offrant, le destinataire est lié par son acception. Il
existe cependant des exceptions (ex : ventes à distance).
Le contrat est formé au moment et au lieu où l’acceptation parvient à l’offrant. (art.5. 21 C.civ.)
a) Le consentement
1°. L’erreur 2
Conditions :
- L’erreur est une représentation erronée d’un élément
2°. Le dol3
Conditions :
1
C. civ., art. 5.33
2
C. civ., art. 5.34
3
C. civ., art. 5.35
- une partie induit sciemment (intentionnellement) en erreur l’autre partie
Il faut des manœuvres ou une rétention d’informations dont le cocontractant dispose et qu’il
doit communiquer sur base de l’art.5.16 C.civ.
- des manœuvres qui émanent du cocontractant, d’un complice ou une personne dont le
cocontractant doit répondre (art.5.33 al.3)
3°. La violence4
Conditions :
- Menace d’un mal grave (atteinte considérable à l’intégrité physique ou morale ou aux
biens de la partie ou de ses proches)
4°. La lésion5
La lésion consiste en une disproportion entre les prestations réciproques des parties au moment
de la formation du contrat.
Conditions :
Sanctions :
- Adaptation des obligations de la partie faible
- Si l’abus est déterminant, nullité relative
b) La capacité
Pour pouvoir conclure un contrat, il faut avoir la personnalité juridique ainsi que la capacité à
conclure des actes juridiques.
La capacité de jouissance est l’aptitude à être titulaire de droits et d’obligation (et notamment
l’aptitude à conclure un contrat).
La capacité d’exercice est l’aptitude à faire valoir personnellement ces droits et obligations
(c’est aussi l’aptitude à conclure personnellement un contrat).8
6
C.civ. art. 5.37
7
C.civ. art.5.33 alinéa 2
8
WERY P., Droit des Obligations, vol.1, Théorie générale du contrat, Larcier, 2010, p.243
La notion de capacité contractuelle ne se confond pas avec la capacité d’exercice. Cependant,
la capacité contractuelle suppose la capacité d’exercice.9
L’article 5.40 du Code civil prévoit que : « toute personne peut contracter , si elle n’en est pas
déclarée incapable par la loi ».
En vertu de l’article 5.41 du Code civil, les mineurs, les personnes protégées par l’article 492/1
de l’ancien Code civil dans les limites de la décision prise par le juge compétent, les personnes
à qui la loi interdit de conclure certains contrats »
Lorsqu’une personne incapable conclut un contrat, l’acte est entaché de nullité relative.10
Les personnes morales dotées de la personnalité juridique peuvent conclure des contrats
c) L’objet11
Le contrat a pour objet les obligations ou les autres effets de droit voulus par les parties.12
L’objet de l’obligation peut consister en une prestation de faire quelque chose, de ne pas faire
quelque chose, de donner quelque chose ou de garantir quelque chose.13
La prestation doit :
- exister mais peut porter sur une chose future²²,
- être possible,
- déterminée ou déterminable
- licite.14
d) La cause
La cause consiste dans les mobiles qui ont amené chaque partie à contracter et qui sont entrés
dans le champ contractuel.16
9
MASSAGER N., Les bases du droit civil, Tomes III, Anthemis, 2013, p.109
10
C.civ. art. 5.42
11
C. civ., art 5.46 à 5.63
12
C.civ. art. 5.46 alinéa 1
13
C.civ. art.5.46 alinéa 2
14
C.civ. art 5.47, 5.49, 5.50 et 5.51
15
C.civ. art. 5.48
16
C.civ. art.5.53
17
C.civ. art. 5.56
e) Les sanctions
Sous réserve de l’article 5.57 alinéa 2 du Code civil, lorsque les conditions de validité ne sont
pas remplies, le contrat est nul. Il s’agit d’une nullité relative ou absolue.18
L’annulation résulte d’une décision de justice, d’un accord des parties ou d’une notification
écrite par une partie à l’autre partie.19
18
C.civ. art.5.57
19
C.civ. art. 5.59
20
C.civ. art. 5.62
21
C.civ. art.5.60
2.3 CLASSIFICATION DES CONTRATS
• Contrat consensuel : le contrat est formé par la simple rencontre des volontés, lesquelles
peuvent se manifester sous quelque forme que ce soit.22
• Contrat formel: la formation du contrat est soumise à des conditions de forme définies
par la loi23
• Le contrat est unilatéral lorsqu’une partie est obligée envers une autre, sans que de la
part de cette dernière il y ait d’obligation25
• Le contrat est synallagmatique lorsque les parties sont obligées réciproquement les unes
envers les autres 26
22
C.civ. art. 5.5 alinéa1
23
C.civ. art. 5.5 alinéa2
24
C.civ. art. 5.5 alinéa 3
25
C.civ. art. 5.6 alinéa 2
26
C.civ. art.5.6 alinéa 1
2.3.4 Contrat à titre onéreux / contrat à titre gratuit
Le contrat est à titre gratuit lorsqu’une partie qui procure un avantage à l’autre ne reçoit en
échange aucun avantage .27
Le contrat est commutatif lorsque les prestations réciproques sont regardées comme
équivalentes lors de sa formation.29
Le contrat est aléatoire lorsque l'équivalence des prestations réciproques auxquelles les parties
sont obligées est incertaine parce que l'existence ou l'étendue de l'une des prestations dépend
d'un événement incertain. Il suppose l'existence d'une chance de gain ou d'un risque de perte.30
• Le contrat accessoire est un contrat dont l’existence et la survie est tributaire d’un
autre contrat qui lui donne sa raison d’être (H de Page, Traité TII, 1964, p 429).
• Contrat de gré à gré : les parties au contrat ont déterminés librement son contenu.
• Contrat d’adhésion : une partie détermine les conditions du contrat et l’autre soit
adhère au contrat sans pouvoir le modifier soit refuse de contracter31.
27
C.civ. art. 5.7 al2
28
C.civ. art.5.7 al1
29
C.civ. art.5.8 al1
30
C.civ. art. 5.8 al2
31
C.civ. art.5.10
2.3.8 Contrat à exécution instantanée / contrat à exécution successive
• Le contrat à exécution instantanée est un contrat qui s’exécute en une seule fois.
La personne du contractant revêt une importance déterminante aux yeux de l’autre partie.
2.3.10 Le contrat-cadre
Le contrat-cadre est un contrat par lequel les parties conviennent des principes généraux dans
le cadre desquels elles concluront des contrats d'application ultérieurs.32
Le contrat avec un consommateur est un contrat conclu entre une entreprise au sens du Code de
droit économique et un consommateur au sens de ce Code.34
32
C.civ. art.5.9
33
C.civ. art.5.12
34
C.civ. art. 5.11
2.4 LES EFFETS DU CONTRAT
Les parties peuvent cependant décider de commun accord de prévoir dans le contrat une clause
de résiliation unilatérale, un droit de rétractation, une clause par laquelle l’une ou l’autre des
parties peut modifier unilatéralement le contrat. Elles peuvent également décider de commun
accord de révoquer le contrat.
La bonne foi a :
35
C. civ., art. 5.69 et 5.70
3636
C. civ., art. 5.73
37
C.civ. art.5.71 al1
2.4.3 Le principe de la relativité des contrats38
Le contrat ne fait naître des droits et des obligations qu’entre les parties contractantes. Un tiers
ne peut être tenu par un contrat auquel il n’est pas partie.
• Les parties présentes à la conclusion du contrat et qui y ont consenti en leur nom et pour
leur compte.
• La représentation càd l’accomplissement d’un acte juridique par une personne au nom
et pour le compte d’autrui.39
La représentation trouve sa source dans un acte juridique, une décision de justice ou la loi.
La représentation peut être parfaite ou imparfaite.
Elle est parfaite ou immédiate lorsque le représentant accomplit l’acte au nom et pour le compte
de la personne représentée.
Elle est imparfaite ou médiate lorsque le représentant accomplit l’acte en son nom mais pour le
compte de la personne représentée.
• Les ayants cause universels et à titre universel (pas les ayants cause à titre particulier
sauf exceptions) pour autant que les parties n’en aient pas décidé autrement ou que le
contrat n’ait pas été conclu en fonction des aptitudes ou qualité des parties
contractantes.40
Une partie à un contrat (le stipulant) fait promettre à son cocontractant (le promettant)
d’exécuter une obligation au profit d’un tiers. Ce tiers va donc devenir titulaire d’un droit en
vertu d’un acte juridique auquel il n’est pas partie.
Conditions :
- la volonté de faire naître ou de transférer un droit direct et immédiat au profit d’un tiers
38
C. civ., art. 5.103 al1
39
C.civ. art.1.8
40
C.civ. art. 5.104
41
C.civ. art.5.107
- le tiers doit être déterminé ou déterminable
L’action directe permet au créancier, afin de se payer sa créance contre son débiteur, d’exercer
à son profit exclusif un droit de son débiteur contre le débiteur de celui-ci.
L’action directe constitue une garantie pour son titulaire dans la mesure où la créance du
débiteur sert à payer exclusivement un de ses créanciers, lequel échappe à la loi du concours :
a. Principe
Un contrat a des effets vis-à-vis des tiers : le contrat est un fait dont les tiers ne peuvent ignorer
l’existence.
• Un tiers doit tenir compte de la situation née d’un contrat et en subir les conséquences.
b. Exceptions
• Mesures de publicité
42
C.civ. art.5.110
43
C.civ. art.5.103 al2
Pour être opposable aux tiers, certains actes doivent faire l’objet d’une mesure de publicité.
Exemples :
• L’action paulienne44
L’action paulienne permet à un créancier d’obtenir qu’un acte fait en fraude de ses droits par
son débiteur lui soit déclaré inopposable. Par conséquent, si le juge fait droit à l’action
paulienne, le créancier qui a intenté cette action pourra se comporter comme si l’acte litigieux
n’existait pas.
Conditions :
• La créance doit être née avant l’acte juridique attaqué
• Il faut que l’acte attaqué cause un préjudice au créancier
• Il faut une fraude dans le chef du débiteur
• Si l’acte attaqué est un acte à titre onéreux, le créancier doit prouver que le cocontractant
savait ou devait savoir que l’acte litigieux porterait préjudice au créancier
• La simulation.45
Les parties contractantes créent consciemment l’apparence qu’un certain contrat a été conclu
entre-elles (acte ostensible) alors qu’elles conviennent simultanément en secret d’un autre
contrat (contre-lettre).
Entre les parties, c’est la contre-lettre qui vaut.
Seul l’acte apparent est opposable aux tiers sauf si ceux-ci souhaitent invoquer la contre-lettre.
Dans ce cas, ils doivent intenter une action en déclaration de simulation.
44
C. civ., art. 5.243
45
C. civ., art. 5.39
2.5 L’EXÉCUTION DES OBLIGATIONS
Exceptions à ce principe :
✓ choses futures48
✓ choses de genre49
46
C.civ. art.5.72
47
C.civ. art. 5.79 et 3.14§2al2
48
C.civ. art. 3.14§2al3
49
C.civ. art.3.14§2al4
✓ le législateur décide de déroger à ce principe (ex : art 1526 bis C. jud.)
✓ Il s’agit d’une règle supplétive. Les parties peuvent donc prévoir une clause de réserve
de propriété.
La mise en demeure est l'acte juridique unilatéral par lequel le créancier notifie au débiteur, de
manière claire et non équivoque, sa volonté d'exiger l'exécution de son obligation. 52
La mise en demeure est un acte juridique unilatéral réceptice.
50
C.civ. art.5.80
51
C.civ. art.5.82 et 5.225
52
C.civ. art.5.231
Elle n’est pas soumise à des exigences de forme.
Elle peut être adressée au débiteur avant l’échéance du terme si elle est suffisamment proche
de l’échéance mais elle ne produit ses effets qu’à l’échéance du terme.53
• lorsque la loi ou le contrat porte que le débiteur sera en demeure par la seule échéance
du terme
a) Exécution en nature
Le créancier a droit à l’exécution en nature de l’obligation, ce qui signifie que le créancier esr
en droit d’obtenir du débiteur qu’il exécute ce qu’il a promis (réparer un toit, livrer un
véhicule…).56
L’exécution en nature est la règle. On n’y déroge que dans certaines hypothèses (notamment
lorsque l’exécution en nature n’est plus possible ou qu’elle n’est plus satisfactoire pour le
créancier).
Le débiteur doit donc exécuter ce qu’il a promis. S’il ne s’exécute pas, le créancier devra
recourir à l’exécution forcée en nature.
Dans la mesure où le créancier a le droit d’obtenir l’exécution en nature, il faut non seulement
que le créancier ait la possibilité d’obtenir un jugement qui condamne le débiteur mais
également que l’on puisse contraindre le débiteur à exécuter ce jugement.
Si l’obligation non exécutée consiste en une somme d’argent, le créancier peut avoir recours à
une saisie.
53
C.civ. art.5.232
54
C.civ. art.5.233
55
C.civ. art.5.83
56
C.civ. art.5.82
Cependant, lorsque l’obligation du débiteur consiste en une prestation ou une abstention
(réparer une clôture, réparer une chaudière, peindre un portrai….), on ne peut contraindre
physiquement le débiteur à s’exécuter. Il existe différents moyens de pallier à ce problème dont
l’astreinte.
Le remplacement peut avoir lieu suite à une décision de justice, une clause dans le contrat ou
par voie de notification.
b) la réparation du dommage
Lorsque l’inexécution d’une obligation contractuelle est imputable au débiteur et que cette
inexécution cause un dommage au créancier, celui-ci peut réclamer au débiteur la réparation du
dommage soit sous forme pécuniaire (dommage et intérêts) soit en nature.
Conditions :
• Une faute
Au niveau de la preuve de la faute, il faut distinguer selon que le débiteur est tenu d’une
obligation de moyens ou d’une obligation de résultat. Si le débiteur est tenu d’une
obligation de résultat, il ne peut s’exonérer de sa faute qu’en prouvant un cas de force
majeure.
Il y a force majeure lorsqu’il existe un événement imprévisible et indépendant de la
volonté du débiteur qui empêche temporairement ou définitivement l’exécution de
l’obligation.59
• un dommage
Seul le dommage prévisible peut être réparé.
Le créancier a droit à la réparation intégrale du dommage.
Le dommage peut être réparé sous forme pécuniaire ou en nature.60
• un lien de causalité entre la faute et le dommage : le dommage doit être causé par la
faute du débiteur. Si le dommage trouve sa source dans plusieurs causes, il suffit que
l’une des causes soit la faute du débiteur pour que la responsabilité de celui-ci soit
engagée (théorie de l’équivalence des conditions).
57
C.civ. art. 5.85
58
C.civ. art.5.236
59
C.civ. art.5.226
60
C.civ. art.5.86 et 5.87
c) La clause indemnitaire61
Les parties conviennent à l’avance d’un montant forfaitaire ou d’une prestation déterminée si
le débiteur n’exécute pas ses obligations (dans le cas où l’inexécution est imputable).
d) La réduction de prix62
Lorsque l’inexécution imputable au débiteur n’est pas suffisamment grave pour justifier la
résolution du contrat, le créancier peut demander la réduction de prix en justice ou y recourir
par voie de notification écrite dans laquelle le créancier indique la cause de la réduction.65
L’article 5.97 al 3 prévoit que la réduction doit être proportionnelle à la différence, au
moment de la conclusion du contrat, entre la valeur de la prestation reçue et la valeur de la
prestation convenue.
e) L’exception d’inexécution66
61
C. civ., art. 5.88
62
C.civ. art.5.97
63
Proposition de loi portant le livre 5 « Les obligations » du Code civil, Doc. parl., CH.repr., sess ord. 2020-
2021, n°55-1806/001 p.125
64
B. Kohl et P. Wéry (dir.), Le nouveau droit des obligations, CUP, vol. 216, Liège, Anthemis, 2022, p.159
65
C.civ. art.5.97 al1 et 2
66
C.civ. art.5.239
67
B. Kohl et P. Wéry (dir.), Le nouveau droit des obligations, CUP, vol. 216, Liège, Anthemis, 2022, p.135-136
f) La résolution68
La résolution est une sanction propre aux contrats synallagmatiques. Elle met fin au contrat
lorsqu’une des parties n’exécute pas ses obligations. La résolution résulte d’une décision de
justice, de l’application d’une clause résolutoire ou d’une notification du créancier.
L’article 5.90 alinéa 1 prévoit que le contrat est résolu lorsque l’inexécution est suffisamment
grave ou lorsque les parties sont convenues qu’elle justifie la résolution.
La résolution par voie de notification doit avoir lieu par une notification écrite dans laquelle le
créancier indique les manquements reprochés. Elle a lieu aux risques et périls du créancier.69
La résolution par application d’une clause résolutoire est mise en œuvre par une notification
écrite qui indique les manquements reprochés.70
Lorsque la résolution est demandée en justice, le juge peut accorder au débiteur un délai pour
s’exécuter.71
Résolution anticipée : « Le contrat peut aussi être résolu, dans des circonstances
exceptionnelles, lorsqu'il est manifeste que le débiteur, après avoir été mis en demeure de
donner, dans un délai raisonnable, des assurances suffisantes de la bonne exécution de ses
obligations, ne s'exécutera pas à l'échéance et que les conséquences de cette inexécution sont
suffisamment graves pour le créancier. »73
68
C.civ. art.5.90 à 5.96
69
C.civ. art.5.93
70
C.civ. art.5.92
71
C.civ. art. 5.91 al1, 2°
72
C.civ. art.5.96
73
C.civ. art.5.90 al 2
74
C.civ. art.5.89
2.6 GARANTIES DES OBLIGATIONS
Tous les biens d’un débiteur (sous réserve des biens insaisissables) garantissent le paiement de
ses dettes.
En cas d’insolvabilité du débiteur, les créanciers sont mis sur un pied d’égalité.
Lorsque le débiteur est insolvable et que plusieurs créanciers font valoir leurs créances sur le
patrimoine du débiteur au même moment, il y a une situation de concours.
Le privilège, l’hypothèque et le gage sont des sûretés réelles. Une sûreté réelle confère à un
créancier un droit de préférence sur un ou un plusieurs biens en garantie du paiement d’une
créance.
Dès lors, le créancier dont la créance est garantie par une hypothèque, un privilège ou un gage
pourra se faire payer sur le ou les biens sur lesquels portent l’hypothèque, le privilège ou le
gage par priorité aux autres créanciers.
L’hypothèque est un droit réel sur les immeubles affectés à l’acquittement d’une obligation de
somme (art 41 al1 Loi hypothécaire).
Le privilège est un droit que la qualité de la créance donne à un créancier d’être préféré aux
autres créanciers, même hypothécaires. (art 12 Loi hypothécaire)
1. Les privilèges
Le privilège est un droit que la qualité de la créance donne à un créancier d’être préféré aux
autres créanciers, même hypothécaires. (art 12 Loi hypothécaire)
Le privilège est d’origine légale. Il peut porter sur des meubles, des immeubles ou sur des
meubles et immeubles.
C’est le législateur qui détermine la créance garantie (créance pour laquelle le créancier
bénéficie d’un droit de préférence) ainsi que l’assiette du privilège.
L’assiette du privilège détermine les biens sur lesquels porte le privilège. On distingue :
2 L’hypothèque
L’hypothèque confère un droit réel accessoire sur les immeubles affectés à l’acquittement d’une
obligation (art 41 al1 Loi hypothécaire).
Pour être opposable aux tiers, l’hypothèque doit faire l’objet d’une inscription sur les registres
de la publicité hypothécaire. Lorsque plusieurs créanciers ont une hypothèque sur un même
immeuble, c’est le créancier qui a inscrit l’hypothèque le premier qui l’emporte.
3 Le gage75
Le gage confère au créancier gagiste le droit d’être payé sur les biens qui en font l’objet par
préférence aux autres créanciers.
75
Caeymaex, J., Cavenaile, T.,Manuel des sûretés mobilières, Bruxelles, Éditions Larcier, 2020, n° 15 à 183
2.6.2 Les sûretés personnelles
On parle de sûreté personnelle lorsqu’une personne, autre que le débiteur, s'engage à payer la
dette de celui-ci. Cependant, dans la mesure où cette personne n’est pas appelée juridiquement
à supporter le poids économique de la dette, elle pourra réclamer au débiteur le remboursement
de ce qu’elle a payé.
1 Le cautionnement (civil)76
a. Définition
« Le cautionnement est un contrat consensuel par lequel une partie, appelée la caution, s’engage
envers un créancier à exécuter l’obligation de son débiteur à la place de ce dernier, si le débiteur
n’exécute pas lui-même sa propre obligation. »77
b. Le cautionnement = un contrat
✓ Il s’agit d’un contrat accessoire : si le contrat principal n’est pas valable, le contrat de
cautionnement ne sera en principe pas valable. Quand le contrat principal prend fin, le
contrat de cautionnement prend fin également.
76
Anc. C. civ., art. 2011 et s.
77
MASSAGER N., Les bases du droit civil, Tomes III, Anthemis, 2013, p.53
✓ L’engagement de la caution ne peut être supérieur à celui du débiteur mais il peut y être
inférieur.
Quand plusieurs cautions garantissent un même débiteur, la caution à qui s’adresse le créancier
peut obliger ce dernier à diviser son recours entre les différentes cautions. Il s’agit cependant
également d’un principe supplétif.
Remarque : le cautionnement solidaire
f. Recours de la caution
✓ Recours subrogatoire :
✓ Recours personnel :
2.La solidarité passive78
La solidarité entre les débiteurs n’existe que si elle est prévue par une loi ou par un contrat.
Au niveau de l’obligation à la dette, lorsque des débiteurs sont tenus solidairement envers un
créancier, chaque débiteur peut être amené à payer au créancier l’intégralité de la dette.
4 L’indivisibilité79
78
C. civ., art. 5.160 à 5.165
79
C. civ., art. 5.166 à 5.169
2.7 L’EXTINCTION DES CONTRATS
Payer = exécuter l’obligation quel qu’en soit l’objet (obligation de réparer un toit, une
obligation de non-concurrence,….)
L’article 5.196 prévoit cependant que le créancier peut refuser le paiement par un tiers s’il fait
valoir un motif légitime résultant de l’intérêt à ce que l’obligation soit, eu égard à sa nature, ou
à sa portée, exécutée par le débiteur lui-même ou à ce qu’elle ne le soit pas par un tiers
déterminé.
Exemple : les contrats in tuitu personae
Mais, dans certains cas, le paiement ne peut être effectué entre les mains du créancier (article
5.199 C.Civ.)
Exemple : La saisie-arrêt.
La saisie-arrêt est l’acte par lequel un créancier (créancier saisissant) fait défense au débiteur
(tiers saisi) de son débiteur (débiteur saisi) de se déssaisir de ce qu’il doit en d’autres mains que
les siennes et donc de payer son créancier.
Par exemple, le créancier qui désire obtenir le paiement des sommes qui lui sont dues par son
débiteur a la possibilité de s’adresser directement à l’employeur de ce dernier afin d’obtenir le
recouvrement de sa créance.
Article 5.200
80
P. WERY, Droit des Obligations, vol.2, Les sources des obligations extracontractuelles, Le régime
général des obligations, Larcier, 2016, p. 574 à 612
8181
C.civ., art. 5.195 et s.
Le débiteur doit exécuter l’objet de l’obligation tel qu’il a été prévu.
Le paiement est indivisible. Il existe cependant des exceptions à ce principe (délais de grâce
octroyés par le juge, lorsque la caution invoque le bénéfice de division,…)
• Où doit-on payer ?
Art.5.203 C.civ.
Quand elle est exigible (sauf octroi de délais de grâce par le juge)
• La subrogation réelle consiste dans le remplacement d’une chose par une autre qui
va suivre le même régime juridique que la chose qu’elle remplace.
Exemple :
82
C. Marr, « Le paiement : modalités, instruments et imputation », Chronique de jurisprudence sur les causes
d’extinction des obligations (2000-2013), P. Wéry (dir.), Bruxelles, Larcier, p 79
83
P. WERY, Droit des Obligations, vol.2, Les sources des obligations extracontractuelles, Le régime général des
obligations, Larcier, 2016, pages 634 à 657
2.7.2.2 Le paiement avec subrogation
• Définition
Une personne autre que le débiteur paie le créancier et la créance renaît dans le chef de celui
qui a payé.
Exemple :
• Subrogation légale : la personne est subrogée par l’effet de la loi (article 5.220 CC)
• Subrogation conventionnelle : elle est consentie par le créancier ou par le débiteur.
- Subrogation consentie par le créancier (article 5.218 C.civ.)
Cette subrogation doit être expresse et concomittante au paiement du tiers.
Exemple :
• Effets de la subrogation :
✓ La dette vis-à-vis du créancier originaire est éteinte à concurrence du montant payé par
le tiers.
✓ Le tiers est subrogé au créancier à concurrence de ce qu’il a payé.
✓ Le tiers peut être amené à supporter une partie de la dette. Il n’est donc pas
nécessairement subrogé pour le tout.
✓ La créance est transférée au tiers subrogé avec ses avantages (exemple : sûretés réelles)
et ses inconvénients (exemple : le débiteur peut invoquer vis-à-vis du tiers subrogé les
exceptions qu’il pouvait invoquer vis-à-vis du créancier subrogeant).
2.7.3 La confusion (articles 5.268 à 5.270 CC)
• Définition
= lorsque deux personnes sont, en la même qualité, respectivement créancière et débitrice l’une
de l’autre, leurs dettes respectives s’éteignent à concurrence de la plus faible.
Exemple :
Exemple :
La compensation légale s’opère de plein droit dès que les conditions sont réunies.
• Conditions
2. les créances doivent avoir pour objet de l’argent ou des objets fongibles
(interchangeables),
3. les créances doivent être liquides càd que l’existence de la dette doit être certaine et le
montant fixé.
• La remise de dette est : « le contrat par lequel le créancier libère le débiteur de son
obligation »
Effet : extinction de la dette et de ses accessoires.
• Le terme84
« L'obligation est à terme lorsque son exigibilité ou son extinction est différée jusqu'à la survenance
d'un événement futur et certain, encore que la date en soit incertaine. Le terme est suspensif lorsque
son échéance rend l'obligation exigible. Le terme est extinctif lorsque son échéance entraîne l'extinction
de l'obligation. » (art.5.149 C.civ.)
Bien que certain au niveau de sa réalisation, le terme peut être incertain quant à sa date.85
Exemple :
Lorsque le terme extinctif se réalise, l’obligation s’éteint. Le terme produit ses effets pour
l’avenir.86
84
C.civ. art.5.149 ets.
86
C.civ. art.5.151
• La condition87
« L'obligation est conditionnelle lorsque son exigibilité ou son extinction dépend d'un événement futur
et incertain. La condition est suspensive lorsque sa réalisation rend l'obligation exigible. La condition
est résolutoire lorsque sa réalisation entraîne l'extinction de l'obligation. » (art.5.139 C.civ.)
• Selon l’article 2219 du Code civil, la prescription est un moyen d’acquérir (prescription
acquisitive) ou de se libérer (prescription libératoire) par un certain laps de temps, et sous
les conditions déterminées par la loi.
La prescription libératoire libère le débiteur de son obligation lorsque le créancier est resté sans
agir pendant un certain délai.
Elle concerne tous les droits patrimoniaux à l’exception du droit de propriété.
• Délais de prescription
Les actions personnelles se prescrivent par 10 ans (art. 2262 bis§1alinéa 1 C.Civ.).
Cependant, il existe d’autres délais de prescription. Ainsi, le délai de prescription pour récupérer
la créance de loyer est de cinq ans (article 2277 C.Civ.).
Le délai de prescription ne commence à courir que lorsque la créance est exigible. Si la créance
est affectée d’un terme suspensif, la prescription ne court pas tant que le terme n’est pas échu.
Lorsque la créance est affectée d’une condition suspensive, la prescription ne court pas tant que
la condition ne s’est pas réalisée (art. 2253 C.Civ.)
• Interruption de la prescription
87
C.civ. art.5.139 et s.
Lorsque la prescription est interrompue, un nouveau délai, en principe de même durée (mais ce
n’est pas toujours le cas), prend cours.
Causes d’interruption de la prescription : une citation en justice (entendue dans le sens de toute
demande qui tend à faire reconnaître en justice un droit de créance)88, un commandement, une
saisie ou la reconnaissance faite par le débiteur (art. 2244 et 2248 C.Civ.)
• Suspension de la prescription
La prescription est notamment suspendue au profit des mineurs (art. 2252 C.Civ.) et au profit
des époux dans leurs rapports entre-eux (art. 2253 C.Civ.)
Exemple :
88
De Page, Traité de droit civil belge, t. VI, La prescription. Principes généraux et prescription libératoire,
2014 p.114 cité par P. WERY, Droit des Obligations, vol.2, Les sources des obligations extracontractuelles, Le
régime général des obligations, Larcier, 2016, p.813