Ecole Des Hautes Etudes en Sciences Sociales (E.H.E.S.S) - Paris
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Ecole Des Hautes Etudes en Sciences Sociales (E.H.E.S.S) - Paris
S)
-PARIS-
0.R.8.T.O.M. UR: M8A
Formation Doctorale
- Socio-économie du développement -
Doctorat nouveau régime
par
Jury :
Juin 1990
REM E R CIE MEN T S
Paris
Aux
Familles AKINDES et SEZAN ...
A
mon Epouse et à mon Fils ...
SOM MAI R E
INTRODUCTION 10
40 ) Plan de l'étude 37
en Côte-d'Ivoire 41
des lieux 42
CONCLUSION PARTIELLE 70
tian extérieure 71
ments vendus 84
production 102
communautaire 109
6
Section 1 - Caractéristiques socio-démographiques des micro-
négociants 11 a
Section 2 - Analyse des caractéristiques de la main-d'oeuvre
de l'informel alimentaire 119
négociants 124
micro-négociants 136
du capi tal 1 37
la consommation 1 72
7
Chapitre VI - Demande alimentaire informelle et stratégie des
prix à la consommation 188
Section 1 Espace alimentaire et rapports offreurs-
consommateurs 1 89
8
INTRODUCTION GENERALE
9
La question alimentaire fait depuis quelques années
10
1°) De la problématique générale du secteur informel à sa
projection dans les filières agro-alimentaires.
11
travaux de terrains et autres investigations qui se succèderont
après ce fameux rapport sur le Kenya mettront évidemment l'accent
sur l'importance du secteur informel en termes d'emploi.
Sur la dénomination de cette frange d'économie urbaine
des pays en voie de développement, plusieurs concepts s'affron-
12
débat, le principe de l'adoption du concept semble être acquis
dans le dernier. Comme le fait remarquer Cl. De Miras (1), sous
des titres aussi divers que "Relations industrielles et indus-
trialisation" (G. C~aire), "La transnationalisation, la crise du
développement et la fin du Tiers-Monde" (5. Latouche) "La déséta-
tisation en Afrique sub-saharienne" (P. Jacquemot) et "En
Algérie, une "nouvelle" valeur, l'auto-emploi" ? (C. Bernard), la
référence à l'informel est constante, que ce soit pour:
- expliquer sa place dans les relations industrielles
(syndicalisation, fragmentation du maché du travail, participa-
tion ... ) (G. Caire), en précisant que la distinction entre formel
et informel est "terminologiquement malheureuse sans doute" (p.
238) ;
- affirmer que, à propos de la transnationalisation du
réseau de la croissance, "une des formes de réaction les plus
flagrantes est l'économie informelle comprise ici comme auto-
organisation pour la réalisation d'objectifs de survie ( .... )"
(5. Latouche; p. 268);
- montrer comment le recul de l'intervention de l'Etat
dans les nations subsahariennes se traduira en ville par
"l'informalisation de nombreuses activités économiques" qui
"prendra une ampleur grandissante avec la perte des emplois liés
13
- envisager comment la petite production marchande,
dont la libéralisation croissante restait en principe contrôlée
par l'Etat algérien, risque d'osciller "entre la réglementation
et la clandestinéité" (p. 317). L'auteur rappelle, au passage,
qu'en général, "ces activités ont été intégrées dans un champ
d'investigation vaste (parfois aux contours flous), le "secteur"
non structuré, dont la petite production marchande est le coeur"
14
. La théorie structuraliste récupérera la faiblesse des
"classiques" qui réside essentiellement dans la non prise en
compte des interrelations entre les secteurs (formel et informel)
que l'analyse semblait dissocier. C'est plutôt le rôle joué par
le secteur informel périphérique par rapport au capitalisme qui
commandera l'élaboration de sa définition. Le secteur informel
est alors défini comme un produit du sous-développement. Il est
une réserve de main-d'oeuvre dans laquelle le secteur moderne
puise la force de travail nécessaire à sa reproduction. L'excé-
dent de main-d'oeuvre non utilisée permet alors d'exercer une
pression à la baisse sur le niveau des salaires .
. Les keynésiens et les monétaristes, quant à eux, ne
semblent pas avoir élaboré d'analyse particulière du phénomène.
Tout ce que l'on peut dire en la matière est que le secteur
informel est identifié par le planificateur comme "les sables
dans lesquels se perdent les effets du multiplicateur: en cela
il n'émousse pas l'efficacité des mesures interventionnistes,
mais il est la cause d'une mauvaise appréciation du niveau requis
des interventions de l'Etat" (1).
Le problème des définitions proposées par les trois
écoles de pensée est qu'elles ne font pas la distinction entre
15
Aussi les différences d'approche du phénomène en Afrique et en
Amérique Latine où le phénomène a été plus largement étudié n'a
pas aidé à l'articulation de l'empirique au théorique. Si en
Amérique Latine l'accent est mis sur le ménage, en Afrique
l'unité de production semble être privilégiée.
Mais au fur et à mesure que les travaux de terrain se
poursuivent les tentatives de définition se bâtissent autour des
critères tels que le non enregistrement administratif et le non
enregistrement statistique.
Les définitions les moins contestées sont celles selon
lesquelles le secteur informel urbain est "constitué par l'en-
semble des activités non agricoles à ne pas être enregistrées
régulièrement et distinctement par les enquêtes statistiques
classiques" (1).
L'artisanat alimentaire d'une façon générale étant
partie intégrante de ce secteur, il est susceptible de se voir
appliquer ces schémas d'analyses théoriques. Il occupe également
une position particulière par rapport au système alimentaire dans
son ensemble, car il est un maillon de la filière agro-
alimentaire.
16
africains au sein duquel il distingue quatre principales filières
selon leur mode d'organisation, de régulation et leur dimension
spatiale
prix ... [avec] ... le produit alimentaire ... [comme] ... mar-
17
transformateurs, transporteurs, distributeurs qui travaillent à
l'acheminement des produits vivriers vers les espaces urbains.
Cette filière artisanale est aussi très diversifiée et
regroupe
la production vivrière paysanne
- les activités de petite transformation
- la fourniture de services liée aux activités de
fabrication et de vente
les activités de micro-commerce dont la petite
restauration.
Cette dernière forme d'artisanat, projection même du
secteur informel dans la filière agro-alimentaire, est partagée
entre la production, la transformation et la distribution, ce qui
justifie la distinction faite par le groupe Altersial entre
artisanat de première transformation (décorticage, petite trans-
formation (exemple de l'attiéké), monture) et celui de seconde
transformation à laquelle appartient le secteur informel alimen-
taire ou la petite restauration, qui, quel que soit le pays, se
développe "sans la moindre mesure incitative d'aucun organisme
18
leurs les travaux de l'IFPRI (Institut International de Recherche
sur les Politiques Alimentaires) sur lesquels nous reviendrons,
montre à Ouagadougou l'importance des gargottes dans la substi-
19
vecteur essentiel de la modification des habitudes alimentaires.
ivoirienne" (1).
1981-85).
20
Nous parlons de secteur informel alimentaire - ou res-
tauration populaire selon le sens commun - par opposition aux
restaurants officiels intégrant aussi bien les cantines d'éta-
nant du fait qu'il peut être abordé sous deux angles différents
(l'offre alimentaire ou la consommation alimentaire), voudrait
que nous explicitons l'orientation de notre développement.
21
Nous précisons d'ores et déjà que notre intérêt se
porte ici sur la structure de l'offre alimentaire informelle et
les stratégies socio-économiques qui la sous-tendent. Néanmoins,
certains éléments concernant la consommation alimentaire pour-
raient intégrer cette analyse de l'offre.
Traitant d'un sous-système alimentaire qui est, elle-
même, une catégorie du secteur informel, nous nous situons dans
le prolongement de recherches qui ont été conduites en Côte-
d'Ivoire, tant sur la consommation alimentaire que sur le secteur
informel. Mais, au lieu de partir des définitions convention-
nelles, sources de polémiques et de vaines querelles sémantiques,
22
2°) Problématique et objectifs de l'étude
tiques économiques
23
l'IFPRI (1) à Ouagadougou montrent assez bien comment la fai-
blesse des études en la matière pourrait présenter d'importantes
24
non-mimétisme est que l'essentiel dans ce type d'alimentation est
constitué de produits transformés issus de filières artisanales
utilisant une technologie traditionnelle.
Nous montrerons dans notre développement que si les
tion des produits importés tels que le riz et la viande par son
biais met en évidence sa sensibilité au facteur prix relevant des
25
ginalistes que dans le champ de l'analyse sociologique avec d'un
son plaisir; - les choix sont avant tout des choix individuels.
26
d'analyse d'une science au champ parfaitement autonomisé du reste
de la réalité apparaît de moins en moins réaliste face à ces
complexités. Le "monoéconomisme" que dénonçaient G. Myrdal, F.
Perroux, Kalecki et avec eux Hirschmann et I. Sachs semble ici ne
plus faire récette et appelle une
~ .
necessa~re "symbiose
disciplinaire".
R. Mahieu aura donc raison, de tenter une théorisation
des principes économiques propres aux sociétés africaines en
s'appuyant sur le modèle des économies subsahariennes et en
intégrant les acquis anthropologiques. Dans la perspective des
théories du déséquilibre qui selon lui, "permet de styliser
l'instabilité entre les transferts étatiques et les transferts
communautaires", il fera remarquer que "Le calcul économique en
Afrique repose sur un ordre lexicographique entre le calcul
communautaire sur les droits et les obligations d'une part et le
calcul économique individuel de type utilitariste d'autre
part" (1). Il souligne également la relation déséquilibrée qui
existe entre les droits et les obligations quand il note: "Pra-
tiquement droits et obligations sont de nature très différente.
Les obligations sont matérialisées par des flux effectifs. Les
droits restent potentiels comptabilisés dans la mémoire communau-
27
cette "aventure théorique"-de l'auteur qui présente un intérêt
28
Tout comme la disponibilité des denrées de base
importées, l'utilisation de ces facteurs de production que
de redistribution de revenus.
supportables (1).
29
de fait" (1) en perspectives de mesure de soutien avec la béné-
diction de la Banque Mondiale, du PNUD et du BIT ... et ce, dans
défavorisées.
En Côte-d'Ivoire, le secteur informel est aussi identi-
fié comme structure pouvant compenser les pertes d'emplois et de
revenus engendrées par l'ajustement déflationniste entamé depuis
30
A défaut d'études plus globales et systématiques comme
dans les pays latino-américains ou en Tunisie pouvant permettre
un discours globalisant, on pourrait néanmoins vérifier l'hypo-
thèse sur certaines activités parmi lesquelle l'informel alimen-
taire qui, comme nous le mentionnions, concentre le plus d'em-
plois en milieu urbain.
Initialement stratégie d'insertion à l'économie
après cette étape que nous avons procédé à une opération exhaus-
tive de recensement.
31
- Les restaurants en établissement
- Les restaurants sur tables mobiles
- Les espaces-restaurants
- Les restaurants spontanés
- Les restaurants ambulants.
Pour apprécier l'importance quantitative de ce secteur,
nous avons tenté un recensement. Ce comptage approximatif effec-
tué entre le 16 décembre 1986 et le 30 janvier 1987 nous a été
suggéré par la non-correspondance de notre conception théorique
et typologique du secteur informel alimentaire et l'esprit du
32
Un exposé plus détaillé de la méthodologie de l'enquête
anthropologique et du recensement précèdera l'analyse des
33
· Le questionnaire ....
Il a été conçu autour de cinq thèmes centraux à
savoir
Thème 1 - Renseignements d'ordre général sur les restaurateurs
éléments de démographie humaine, motivations des ac-
teurs, description de leur environnement familial. La
rubrique des "questions spécifiques" que comporte ce
thème concentre une série de questions valables pour
certaines catégories de restaurant et non pour d'autre.
La question 1.14 (cf.: annexe P ~t>t ) qui est une "ques-
tion-rappel", suggérera à l'enquêteur si les questions
qui suivent sont valables pour le type de restaurant
devant lequel il se trouve. Les mentions "A remplir
pour "lui servent d'indication. Il faudra donc
entendre par Sp, restaurant spontané, Er, espace-res-
taurant, par R et, restaurant en établissement, par tm,
restaurant sur table mobile et par amb, restaurant
ambulant. Toutes ces instructions sont contenues dans
un "Guide d'enquête" que détenait chaque enquêteur.
34
Tableau nO 1 Répartition de la population enquêtée par type de
1 Restaurants en établissement J
1 1 Restau- Espace Restau- 1 Restau-
------------1-------------------------------- rant suri restau- rant 1 rant am-!
1 Coornunes 1 Maquis Kiosques !Res.Sénég. table 1 rant spontané 1 bulant
1 d'Abidjan' 1 mobile 1
1 1 1 1
1 Abobo 1 4 2 1 2 4 4 2 1 3
1 Adjamé 4 3 1 3 8 4 3
1 Treichvi 11e l 8 3 3 3 4 6 3
1 Cocody 2 3 2 5 13 5 2
1 Port-Bouët 5 3 1 6 7 4 2
1 Attécoubé 4 4 4 3 5 3 l
1 Marcory 5 1 l 7 9 4 2
1 Koumassi 3 2 2 9 13 4 2
1 Yopougon 5 3 2 9 9 8 3
1 Plateau 1 2 0 4 6 3 1
1
85 53 78 43 22
rateur
négociant
35
F.2.3 - Fiche des instruments utilisés par les restaura-
teurs
F.3.1 - Fiche des mets offerts
F.4.6 - Fiche des prix et produits consommés dans la
famille des restaurateurs
F.S.1 - Fiche d'approvisionnement des restaurateurs.
heures.
Même choisis en fonction de la disponibilité à répon-
dre, les enquêtés n'ont pas manqué de nous poser certains
problèmes
enquêtée
36
vie) et le suivi des acteurs; ceci corrige que~que peu le carac-
tère partiel des biais de réponses recueillies grâce au question-
naire fermé.
Au terme de cette introduction générale, il nous semble
opportun de préciser la manière dont nous comptons présenter les
37
riennes et le paradoxe entre la croissance des importations
alimentaires et l'absence de mimétisme en alimentation exté-
rieure. Mais si cette métamorphose est un constat majeur, l'in-
terrogation des acteurs nous montre les conditions le plus sou-
vent difficiles dans lesquelles elle s'opère.
3 - Production alimentaire et participation communau-
taire. Il est certes difficile de faire une distinction entre
d'achat.
38
semblent rapporter uniquement aux règles de maximisation du
profit.
L'I.A. se révèlera plus que tout comme une économie de
subsistance.
S - Circuits et pratigues d'approvisionnement dans
l'informel alimentaire.
Tout comme dans le cas de la main-d'oeuvre, la
souplesse des structures d'approvisionnement qui est un autre
niveau d'intervention de structures communautaires pourrait en-
trer en ligne de compte dans l'explication des stratégies de
production à bas prix des artisans de l'I.A .. L'exercice de
l'activité favorise la création de réseaux d'approvisionnement
dans lesquels se meuvent les acteurs. Toutefois il faut signaler
en matière de ravitaillement la part croissante de certains
produits importés qui justifie l'articulation de l'I.A. aux rela-
tions extérieures contractées par les pouvoirs publics.
6 - Demande alimentaire informelle et stratégies des
prix à la consommation.
L'artisan du secteur informel alimentaire est avant
tout un agent économique adaptant son comportement aux situations
du marché, surtout aux comportements alimentaires des consomma-
teurs. Tout se joue ici dans les prix - des plats vendus - qui se
forment sous l'influence à degré variable de plusieurs facteurs à
savoir le coût des matières premières, la situation géo-
spatiale des points de vente, les motivations sociales des con-
sommateurs et les niveaux de consommation de la clientèle.
Les inputs communautaires et l'utilisation des denrées importées
39
sont déterminantes dans l'ajustement des coûts de production aux
revenus des consommateurs dans un contexte de forte concurrence.
7 - Analyse de la rentabilité des opérations commer-
ciales, du comportement d'épargne et de consommation dans le
secteur informel alimentaire.
Au-delà de la raison pratique motivant le comportement
commercial de chaque acteur, une analyse des résultats écono-
miques peut être faite sous l'angle des revenus. Ceci constitue
une passerelle nécessaire qui nous permettra de mesurer l'impact
de l'I.A. en tant qu'activité économique sur la vie sociale des
alimentaire.
L'importance de l'I.A. peut être appréciée tant au
niveau de l'économie nationale (emploi - revenu - droits fiscaux
perçus par les municipalités - poids dans l'importation alimen-
taire) que du système de sécurité alimentaire (marché des pro-
40
Chapitre l
EN COTE-D'IVOIRE
alimentation extérieure.
alimentaire.
41
Section I. DEPENDANCE ALIMENTAIRE ET URBANISATION ETAT DES
LIEUX
étroit;
main-d'oeuvre;
42
Ces thèses ont trouvé un écho favorable dans les diffé-
rentes résolutions adoptées par la Conférence des Nations-Unies
sur le Commerce et le Développement depuis sa formation en 1964,
riorité chez les uns, mimétisme ou rejet chez les autres. Ainsi
décisive" (1).
43
Par rapport aux carences des politiques agricoles et à
Pérou" (1).
44
Le procès de l'urbanisation (1) a été déterminant dans
cette critique de la dépendance du Sud parce qu'elle était consi-
dérée comme le principal vecteur de diffusion des modèles
importés. A. Touré a fait une critique du modèle d'occidentalisa-
tion dont elle est porteuse dans son ouvrage, "Civilisation
quotidienne en Côte-d'Ivoire". Suivant le même schéma un autre
auteur parlera d'''urbanisation mimétique". L'urbanisation a été
encore remis sur la sellette dans l'analyse que font Dalia Maimon
et Ademar Romeiro de l'expérience brésilienne de croissance et de
modernisation. Selon ces auteurs, "l'expansion de "la société de
45
conduisent à la formation d~un modèle de consommation alimentaire
tions
,
necessal.res
. à une approche des MCA des pays en voie de
développement ne permettent pas de dégager concrètement le type
46
alimentaire.
En Afrique sub-saharienne, cette relation entre urbani-
sation et dépendance alimentaire fera l'objet de vives contro-
verses. Plusieurs tendances s'affrontent quand il s'agit de déga-
ger les différentes responsabilités dans l'envolée des importa-
tions alimentaires généralement considérée comme indice de la
dépendance alimentaire.
47
volume des importations agro-alimentaires, a été partagée par
plusieurs institutions internationales telles que l'OCDE, la
Banque Mondiale et même la F.A.O. (1); celles-ci voient dans la
croissance des importations de céréales et la chute des produc-
tions agricoles locales, les effets de l'urbanisation et des
nouveaux comportements alimentaires qu'elle a engendrés. Cette
argumentation a pris force de loi au regard de ce que l'on ob-
serve actuellement dans le Sahel où le phénomène de dépendance
est particulièrement inquiétant vu le paradoxe alimentaire dans
lequel cette sous-région se trouve. Par exemple en 1989, le Sahel
par sa production disponible localement pour l'alimentation,
pourrait s'autosuffire. Pourtant il aurait importé 1.115.000
tonnes de riz et de blé parce que dans leur modèle de consomma-
tion, les sahéliens ont privilégié ces deux types de céréale
qu'ils ne produisent pas encore en quantité suffisante (2).
Ce lien qui semble de plus en plus établi entre urbani-
sation et dépendance alimentaire a été remis en question à partir
des études économiques et statistiques du Centre d'Etude et de
Recherche en Economie du Développement (CERED) qui montreront
que la réalité est plus nuancée.
Cette relativité vient du fait que, face aux deux
variables (population et importation alimentaire) on note une
(1) Cf. FAO, La situation mondiale de l'alimentation et de l'a-
griculture, 1978, Rome 1979.
Bird, Le développement accéléré en Afrique au sud du Sahara,
Washington 1981.
OCDE, Etude des tendances de l'offre et de la demande mondia-
le des principaux produits agricoles, Paris 1976.
(2) C.E. Seye: Sahel: la nécessaire mais difficile promotion
des céréales locales in Le courrier nO 114, mars-avril 1989,
p. 71.
48
répartition des pays de l'Afrique subsaharienne en plusieurs
groupes à l'intérieur desquels les corrélations entre les impor-
tations agro-alimentaires et le volume de la population urbaine
ne sont pas toujours établies. Ainsi, pour la plupart des Etats
composant cet espace géographique, les relations entre les deux
phénomènes sont moins évidentes. Le croisement des taux annuels
moyens de croissance du volume des importations totales et de
croissance de la population urbaine entre 1970 et 1980 aurait
montré d'après les travaux du CERED que "pour les 34 pays
d'Afrique sub-saharienne de plus d'un demi-million de citadins,
la corrélation est quasi nulle (R = 0,0467) du fait de l'extrême
diversité des situations. La liaison n'est vérifiée, selon les
auteurs, que pour un nombre limité de pays parmi lesquels le
Nigéria, le Sénégal et la Côte-d'Ivoire qui nous intéresse ici.
Selon ces études, c'est le niveau du revenu national qui semble
jouer un rôle déterminant. Les résultats macro-économiques res-
sortant des analyses économétriques "viennent largement infirmer
49
Tout comme la richesse et toujours dans le même con-
texte subsaharien, la pauvreté peut également être considérée
comme facteur de dépendance alimentaire. Les politiques alimen-
taires des pays sahéliens, du Tchad et des pays de la Corne de
l'Afrique sont à ce propos très éloquents. Il faut aussi faire
remarquer la part des erreurs, d'accidents ou des catastrophes
dans cette envolée des importations alimentaires.
D'autres études notamment le rapport Courade (1), sans nier
l'influence de la richesse nationale, semble de plus en plus
mettre l'accent sur la volonté politique de tirer profit des
50
sance de la demande urbaine de produits adaptés au mode de vie
citadine. Cette demande d'importation a certes été exarcerbée par
les pouvoirs publics dont les mains sont de plus plus visibles
dans le choix de la dépendance alimentaire. La Côte-d'Ivoire fait
partie des pays qui ont accepté le principe de l'ajustement tout
importations alimentaires
51
6.700.000 habitants. Les estimations relatives à la population en
1985-86 varient entre 9,4 et 10,8 millions. D'après les estima-
tions actuelles de la Banque Mondiale, la population s'élèverait
à 11.430.000 habitants en 1988 (1). Entre 1960 et 1980, la Côte-
d'Ivoire aurait avancé, du point de vue du nombre d'habitants, du
18e au 12e rang parmi les 47 pays de l'Afrique au Sud du Sahara.
Les estimations de la croissance démographique au cours de la
dernière décennie varient également, allant de 3,4 à 4,4 % par
an.
Les taux de croissance démographique enregistrés dans
le passé permettent de tirer d'importantes conclusions concernant
l'augmentation future de la population. S'il a fallu 35 ans pour
52
respectivement que de 4,9 %, 2,8 % et 1,3 %.
L'urbanisation en Côte-d'Ivoire est surtout un phéno-
mène affectant les zones forestières du sud où la population est
concentrée dans les grandes villes. Avec 45 %, la Côte-d'Ivoire
enregistre le plus fort taux d'urbanisation de l'Afrique de
l'Ouest. En 1975 sur 2,2 millions de citadins, 1,7 million soit
80 % vivaient dans des centres urbains de la forêt, y compris
Abidjan et 36 % dans des villes autres qu'Abidjan mais également
dans la forêt. Les tendances depuis 1975 en ce qui concerne les
caractéristiques de l'urbanisation ne pourront être connues avec
précision qu'après le dépouillement du recensement de 1988. Tou-
tefois Abidjan est de loin non seulement la ville la plus impor-
tante (elle est plus de cinq fois plus peuplée que Bouaké qui
vient au deuxième rang) mais aussi celle qui se développe le plus
53
l'évolution des importations de produits alimentaires (produits
d'origine animale dont produits laitiers, produits d'origine
végétale dont céréales et produits des industries alimentaires
dont sucres et sucreries) dans les statistiques du commerce
extérieur à partir des déclarations en douanes des marchandises.
54
L'analyse des données du tableau permet de dégager
décennie 70.
55
sa courbe ascendante l'année suivante. En 1987, en tonnage
(1.106.067) comme en valeur (136.303 milliards de F.CFA), l'im-
56
•
A l'appui de la thèse de la dépendance et pour la suite
de notre développement, la lecture des statistiques d'importation
de blé dans la balance commerciale ne nous intéresse donc pas.
Outre la problématique de l'importation du riz, notre
intérêt se portera également sur l'approvisionnement en protéïne
57
tensions observées sur le marché mondial. En effet le prix mon-
dial du riz, multiplié par 4 entre 1971 et 1974, incita les
tonnes) .
Cette autosuffisance apparente, qui fut alors présentée
comme l'un des résultats positifs de la politique menée par la
SODERIZ, peut (et doit) cependant être interprêtée de
. ..
manl.ere
plus nuancée. Il n'ya eu autosuffisance que parce que les consom-
mateurs se sont détournés massivement du riz, dont le prix de
58
Tableau nO 3 LI influence des prix sur les importations et la
consommation de riz
(2) Le niveau du prélèvement effectué par l'Etat figure entre parenthèses. Il est obtenu par la
différence entre prix de gros et prix à l'importation.
Source: Recomposition de J. Roch à partir des données des statistiques douanières, du Ministère du
Quelques corrections et les données de 1987 tirées des rapports de la 8anque Mondiale ont
59
leur niveau d'avant la "crise" (35 à 37 % de la consommation en
1977 et 1978) démontrant ainsi le caractère conjoncturel, sinon
artificiel, du pseudo-équilibre des années 1975 et 1976. A partir
de 1979, les importations croissent brutalement passant de
197.566 tonnes à 382.625 tonnes en 1983. soit une progression de
193 % en 4 ans. Approchant les 400.000 tonnes en 1983 et plafon-
nant à 478.000 tonnes en 1987, les importations de riz qui repré-
sentaient en valeurs 3,7 % des importations totales en 1980 sont
passées à 4,7 % en 1987. Des 37,5 % qu'elles représentaient dans
les importations alimentaires en 1980 elles sont passées à 43,2 %
en 1987, ce qui semble traduire un accroissement des consomma-
tions individuelles aussi bien en milieu urbain qu'en milieu
rural. Les recentes évolutions montrent également l'influence des
prix bas pratiqués sur le plan mondial sur les importations et la
60
sive dépendance vis à vis de l'extérieur pour l'approvisionnement
en viande alors que dans la balance commerciale ivoirienne, la
61
Tableau nO 4 Evolution de la disponibilité nationale en viande
bovine
Source .. C. Sapor, p . 5.
62
- baisse - à partir de 1984 - de la part de production
locale du fait de la croissance des viandes extra-africaines dans
la structure de l'approvisionnement
- effondrement des importations en vif
- augmentation brutale à partir de 1985 des importa-
tions de viande extra-africaines du fait d'un excédent de viande
au niveau des pays de la CEE accompagnée de facteurs d'incitation
suffisamment puissant pour aguicher l'intérêt de la grande masse
des consommateurs africains pour la viande congéleé (1).
Mais les récents travaux (3) sur le rôle des importations dans
63
plus visible. Maintenant, il faudra pouvoir évaluer la part de
responsabilité de la demande urbaine et celle de la volonté des
puissances publiques consistant à tirer profit des surplus enre-
gistrés ces dernières années sur les marchés mondiaux dans cette
envolée des importations.
plusieurs auteurs, grâce aux résultats des EBC 79, ont montré ses
64
ivoirien (1).
Cette hypothèse de l'urbanisation comme facteur de
modification des modèles alimentaires a connu un large développe-
ment dans les travaux de D. Requier-Desjardins (2) qui, aussi
bien à travers la comparaison des modèles ruraux et des modèles
urbains de consommation qu'à travers une analyse des "styles
alimentaires" urbains incluant l'alimentation extérieure, en a
65
maintien des formes de sociabilité alimentaire
héritées des zones rurales.
66
mécanique entre urbanisation et extraversion des modèles alimen-
tàires en ville, doive être quelque peu révisée" (1). Des ar-
guments puisés de l'analyse des 'modèles de consommation intra-
domestiques comme extra-domestiques pour soutenir ses propos ne
manquent pas. Pour l'auteur la part de l'alimentation extérieure
dans cette résistance au mimétisme tient au fait que l'essentiel,
dans ce type d'alimentation, est constituée par des produits
transformés issus des filières artisanales utilisant une techno-
logie "traditionnelle". Cette thèse développée par l'auteur
depuis déjà quelques années a eu un écho favorable dans bien
d'autres travaux sur l'alimentation, notamment ceux d'Alice
Odounfa (2) et d'Alain Dubresson (3). Mais force est de remarquer
que si l'alimentation extérieure, à l'analyse des modèles de
consommation qu'elle véhicule, n'est pas effectivement un vecteur
du mimétisme alimentaire, l'argumentation de Requier Desjardins,
reprise par les auteurs précités à l'appui de cette thèse, pré-
sente quelques faiblesses liées à notre avis
..
a deux raisons
majeures
- La première semble provenir du fait que, pour sa
démonstration, l'auteur reste trop attaché aux données de l'EBC79
dont beaucoup d'éléments ne correspondent pratiquement plus au-
jourd'hui aux réalités de la consommation alimentaire urbaine et
67
rurale de plus en plus influencées par les stratégies d'ajuste-
ment entre offre et demande alimentaire en période de crise
de l'originalité de ce secteur.
68
les complexes ethniques et culturels. Autrement dit, la forte
coexistence des ethnies et des nationalités à Abidjan devrait
s'accompagner de coexistence de différents modèles de consomma-
tion alimentaire. A l'instar de la consommation en ménage et
comme l'a montré l'EBC 79, on devrait retrouver en alimentation
extérieure les prégnances des acquis d'ordre socio-culturel
69
alimentaire n'a pas favorisé l'attachement des consommateurs à
des habitudes alimentaires propres à leur ethnie d'origine. La
culture gastronomique et culinaire akan semble peser de tout son
poids dans la formation du modèle alimentaire dominant. La stan-
70
mentaires traditionnelles, pourrait peser dans la croissance de
la dépendance ivoirienne en "matière d'alimentation par la place
de plus en plus grande qu'il accorde aux denrées de base impor-
tées tels que le riz et la viande dont les poids respectifs ne
CONCLUSION PARTIELLE
71
Chapitre II
1934.
d'échelle.
tion extérieure
cours (1970-1990).
(1) Cf. Ph. Haeringer Abidjan, pour y croire. Ed. ORSTOM, Paris
1984.
73
L'espace initial est celui du Plateau concentrant tout
le dispositif administratif, commercial, résidentiel européens et
des "deux villes noires" (1) Adjamé et Treichville, la première
74
En 20 années, l'espace urbain aurait été multiplié par
à 800.000 habitants.
La "troisième extension", amorcée 5 ans plus tôt dans
par la conjugaison
périmètres.
périmètres
75
Cette population évaluée à 1.800.000 habitants en 1984
s'élève aujourd'hui aux environs de 3.000.000 d'habitants avec un
taux de croissance de 10-11 % par an.
A cette expansion démographique et spatiale correspond
une croissance des besoins socio-économiques, notamment
alimentaires.
comme subalternes.
L'afflux de nouveaux migrants attirés par la demande
76
pris hors domicile à Abidjan.
Plus qu'aux caractéristiques du . régime alimentaire
extra-domestique, nous nous sommes intéressé au mode d'apparition
et d'évolution de cette pratique commerciale née des besoins
croissants de l'alimentation de masse.
Si la période d'apparition de l'informel alimentaire
est à peu près certaine, les opinions de nos informateurs diver-
geaient quant à la paternité de l'activité. Trois hypothèses ont
commandé l'analyse de l'antériorité ethnique ou nationale de
l'informel alimentaire:
- la première attribue aux femmes baoulé et
appoloniennes, l'antériorité dans ce secteur;
- la seconde hypothèse, plus vraisemblable, tend à
préciser que l'activité était l'apanage des immigrés sénégalais;
- la troisième hypothèse pose le problème de
l'antériorité sous forme de concurrence entre femmes baoulé et
femmes dahoméennes (originaires de l'actuel Bénin).
Les travaux sur les migrations urbaines observent ef-
fectivement un déplacement par vagues des femmes baoulé vers
Abidjan depuis que la ville est devenue un pôle important d'at-
traction économique. D'ailleurs les recensements de 1955, dénom-
brant chez les Baoulé 6.636 femmes pour 4.690 hommes présents à
Abidjan, l'attestent.
La raison majeure de ces mouvements vers Abidjan était
que ce dernier constituait pour elles, "Un refuge contre les
contraintes traditionnelles (en particulier dans le cas des fian-
çailles prépubertaires); de ce milieu "neutre", elles espèrent
77
ainsi obtenir leur indépendance économique en faisant le commerce
de vivriers, de services domestiques (cuisine) et sexuels auprès
de cette population constituée en grande partie de céliba-
taires" (1). Certains auteurs (Mona et Pierre Etienne, 1967)
situent cette migration autour de 1950 alors que l'informel
alimentaire est apparu cinq décennies avant. Aussi, J.P.
Chauveau, dans son analyse historique de l'effectif de population
et de la domination ethnique, insiste sur la précocité de l'exode
78
des plats comme le riz-gras sénégalais, le yassa, le tiep-djen,
l'akassa-sauce légume et l'ablo-sauce graine. Parmi ces plats les
plus populaires, les 3 premiers relevaient de la logique culi-
naire sénégalaise tandis que les 2 derniers étaient des
spécialités togolo-dahoméennes. Les plats ivoiriens n'étaient
presque pas représentés, ce qui confirmerait l'absence des femmes
Baoulé dans la restauration à ces premières heures de la gesta-
tion d'Abidjan. La prégnance de· ces spécialités togolo-
dahoméennes et sénégalaises nous a relancé sur la piste
dahoméenne que nous suggérait A.M ... , une de nos informatrices,
ancienne restauratrice.
A Treichville et plus précisément dans le quartier
Appolo, nous avons rencontré deux autres anciennes restauratrices
des années 25 dont les témoignages ont éclairci ce problème
d'origine de l'alimentation informelle à Abidjan. De l'aveu de
ces dernières, les toutes premières structures informelles d'ali-
mentation extra-domestique étaient le fait de femmes dahoméennes
et togolaises qui servaient des plats de riz ou pâtes de maïs
sauce autour des administrations et des factoreries comme celles
de la CFCI (Compagnie Française de Côte-d'Ivoire) et de la CFAO
(Compagnie Française de l'Afrique de l'Ouest) en 1904-1905. Con-
traints par la distance qui séparait leur domicile de leur lieu
de travail, ces fonctionnaires, de surcroit célibataires pour la
plupart, s'alimentaient auprès des gargotières.
Restées pendant longtemps seules dans la pratique de
cette activité, les femmes dahoméennes et togolaises seront re-
jointes par des restaurateurs sénégalais autour des années 30.
79
Ceux-ci, propriétaires des "restaurants-bars", avaient une longue
pratique du métier dans leur pays d'origine. Les structures
sénégalaises d'offre alimentaire installées surtout dans les deux
cités africaines (Adjamé, Treichville) donnaient aux autochtones
l'occasion de s'essayer au snobisme et d'imiter les manières de
table du "maître blanc", symbole du modèle dominant. Toutefois
cette forme de restauration gardait une importance marginale par
merce d'aliments.
Les influences nationales n'ont pas manqué d'imprimer
leur marque culturelle à la gastronomie abidjanaise d'avant 1950.
légumes
du yassa : riz blanc accompagné de sauce préparée
..
a
l'oignon et au citron
80
déjeuner typique dans les familles sénégalaises de classe moyenne
- du moni : bouillie de mil
des brochettes: viande grillée avec des oignons,
servie en sandwich dans du pain
- du couscous aliment à base de mil consommé avec de
la sauce (tière) ou consommé avec du lait caillé (trachri)
- du acara beignets de niébé (haricots) servis avec
de la sauce pimentée
- des beignets boulettes de pâtes de farine de blé
frites et saupoudrées de sucre
- des pâtes alimentaires le macaroni et les
spaghetti pour ne citer que quelques-uns des repas servis.
Les femmes dahoméennes et togolaises, quant à elles,
servaient
du riz-sauce (tomate, légume, graine arachide)
- du "akassa" pâte acide de maïs accompagnant la
sauce au poisson ou à la viande
- du "ablo" : pâte de maïs légèrement salée et sucrée
- du "owo" pâte de maïs consommée avec de la sauce à la
viande ou au poisson.
Pour confectionner ces menus étrangers, on utilisait
principalement les produits vivriers énumérés dans le tableau
suivant.
81
Tableau nO 6 Principaux produits vivriers utilisés dans la
restauration populaire avant 1950
82
Si dans la première décennie de l'indépendance, l'ivoi-
risation a été particulière~ent négligée du haut et ne consti-
tuait ni un objectif économique ni un enjeu politique, elle se
manifestera plutôt par le bas et cela, même avant l'indépendance.
bas.
akan.
- -
La reconversion de leur "infortune" en stratégie économique de
- le manioc
l'igname
- la banane plantain
83
le poisson
- les légumes.
suivants.
84
lique. La revalorisation des habitudes traditionnelles de consom-
mation qui en résulte est à mettre à l'actif des femmes ivoi-
riennes qui ont ainsi spontanément renoué nécessité alimentaire
et exigence de la culture urbaine en tenant compte d'un certain
nombre de comportements d'où la hiérarchie des lieux de
consommation.
VENDUS
85
plupart des Sénégalais et Guinéens. Mais, dans l'état actuel des
choses, ce type de restauration, relégué au second plan, semble
faire place aux "maquis". Par "maquis", il faut entendre un lieu
de restauration - autrefois à édifice sommaire et aujourd'hui de
plus en plus modernisé - conçu pour répondre aux besoins d'une
clientèle ponctuelle.
Nos investigations corroborent celle d'Abdou Touré qui
86
Aux maquis et aux restaurants-bars, se joignent les
kiosques qui, à la différence des deux premiers, se sont spécia-
lisés dans l'offre des plats consommables à la sauvette: café au
lait, tartines, omelettes, pâtes alimentaires. Contrairement aux
maquis, ce mode de consommation donne une plus grande prépondé-
rance aux produits alimentaires industriels. On pourrait même
avancer que les kiosques sont, de toutes les structures du sys-
tème informel alimentaire, le principal vecteur de consommation
des produits de l'industrie agro-alimentaire comme le lait con-
centré, le café, le cacao en boîte, le pain et les pâtes alimen-
taires. Ce type d'offre alimentaire fait des kiosques les parte-
naires privilégiés de l'industrie agro-alimentaire locale (1).
La fréquence d'apparition de ces différentes catégories
de restaurant est variable d'un quartier à un autre. Le tableau
·nO·S nous en donne une vue générale.
Ce tableau met en exergue la prépondérance numérique
87
vent leur survie qu'à l'introduction de quelques plats ivoiriens
ustensiles de préparation.
88
sauces (arachides, djoungblé, gombo, aubergine, tomate) accompa-
gnées de riz, attiéké, placali, foufou (pâte de manioc, d'igname
ou de banane plantain).
1 ISEXEIRESTAU-IRESTAU-IRESTAU-IRESTAU-l TOTAL 1
1 Communes 1 1 MATIN 1 MIDI 1 SOIR 1 JOUR 1 1
1 1 1 1 1 1 1 1
1 PORT-BOUET 1 H 28 3 1 25 1 0 1 56 1
1 1 F 1 719 1 401 1 204 1 7 1 1.331 1
1-------------1----1-------1-------1-------1-------1--------1
1 KOUMASS I L H 1 16 1 4 1 17 1 0 1 37 1
1 1 F 1 602 1 503 1 191 1 4 1 1.300 1
1-------------1----1-------1-------1-------1-------1--------1
1 MARCORY 1 H 1 37 1 0 1 35 1 0 1 72 1
1 1 F 1 432 1 342 1 212 1 8 ! 994 1
1-------------1----1-------1-------1-------1-------1--------1
1 TREICHVILLE 1 H 1 56 1 12 1 58 1 0 1 126 1
1 1 F 1 849 1 498 1 177 1 12 1 1 .536 1
1-------------1----1-------1-------1-------1-------1--------1
1 PLATEAU 1 H 1 4 1 0 1 8 1 1 1 13 1
1 1 F 1 230 281 1 21! 4 1 536 1
1-------------1----1-------1-------1-------1-------1--------1
! COCODY 1 H 1 12 1 0 1 14 1 0 1 26 1
1 1 F 1 182! 278 183 1 1 1 644 1
1-------------1----1-------1------- -------1-------1--------1
1 ADJAME 1 H 1 27 1 7 12 1 0 1 46 1
1 1 F 1 704 1 432 191 1 2 1 1.329 1
1-------------1----1-------1------- -------1-------1--------1
1 YOPOUGON 1 H 1 21 1 3 19 1 1 1 44 1
1 1 F 1 705 1 378 199 1 4 1 1.286 1
1-------------1----1-------1------- -------1-------1--------1
1 ABOBO 1 H 1 32 1 8 35 1 0 1 75 1
1 1 F 1 761 1 672 212! 3 1 1.648 1
1-------------1----1-------1------- -------1-------1--------1
1 ATTIECOUBE 1 H 1 24 1 7 25 1 0 1 56 1
1 1 F 1 512 1 3511 1631 5 1 1.0311
1------------------1-------1-------1-------1-------1--------1
1 TOTAL 1 5. 953 1 4 . 180 1 2. 001 1 52 1 1 2 . 1 86 1
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _-:--_1
89
Les activités des restaurants sur tables mobiles va-
rient en fonction des différents moments de la journée, quel que
soit le quartier. La matinée et la mi-journée semblent être les
moments d'intense activité. A ces moments de la journée, res-
pectivement 48,8 % et 34,3 % des unités de vente offrent leurs
services; ceci est quantitativement significatif par rapport à la
proportion des unités de vente qui ne fonctionnent que le soir
(16,4 %). Les offres alimentaires sur tables mobiles, tout au
long de la journée sont quasi inexistantess (0,4 %). L'élément
nouveau dans ce type de restauration y est introduit par les
"boat-people" (réfugiés viet-namiens) qui, depuis les années
1970, demandent de plus en plus asile en Côte-d'Ivoire. Avec eux,
apparaît un mode de restauration rapide dont le menu est fait
essentiellement de nems, beignets aux crevettes, de mets
asiatiques consommables à la sauvette. La commune du Plateau,
compte tenu de l'affÎuence qu'elle connaît aux heures ouvrables,
reste le lieu privilégié de telles pratiques commerciales.
2.3. Les espaces-restaurants. Il s'agit de superficies amé-
nagées ou occupées spontanément par des micro-négociants dans un
but de répondre à un besoin alimentaire massif. Ils se présentent
sous forme de cantine improvisée aux abords des écoles, des
services administratifs, des hôpitaux ... bref, des services
publics. Ils sont constitués d'un ensemble de vendeurs sur tables
mobiles. Parfois même à des heures de pointe, les vendeurs ambu-
lants s'y arrêtent pour proposer aussi leurs produits, ce qui
fait la grande hétérogénéité des plats servis sur les espaces-
restaurants.
90
Leur répartition spatiale se présente C9mme suit
91
Il faut préciser que chaque espace-restaurant concentre
en moyenne 15 unités de vente tenues à 90 % par les femmes.
mobiles.
chville (9 %), Marcory (4 %), Koumassi (12 %), Port-Bouët (13 %),
Plateau (4 %), Adjamé (11 %), Yopougon (14 %), Cocody (10 %),
des femmes.
2.5. Les restaurants ambulants Il s'agit d'un commerce
92
portée sur la tête - dont le poids est amorti par un coussinet.
Leur répartition par quartier serait une opération trop
hasardeuse qui n'offrirait d'ailleurs aucune fiabilité puisque
les vendeurs, du fait de leur grande mobilité, passent très
facilement d'un quartier à un autre. Néanmoins, à part ceux qui
nous ont complètement échappé au cours de nos travaux de
comptage, nous avons dénombré sur les 10 quartiers, 5.213 unités
de vente ambulantes confiées dans 72,50 % des cas à des
fillettes.
93
une cuisine ivoirienne classique montre que si les consommateurs
,
aiment diversifier leur alimentation, ils le font d'abord a
l'intérieur des modèles ivoiriens et restent attachés à leur
propre modèle alimentaire.
abidjanaise
socio-économique.
94
avec les assaisonnements devant servir à faire la sauce qui
l'accompagne), le placali (plat obtenu en faisant cuire la pâte
dans de l'eau tout en la malaxant de plus en plus fort à l'aide
...
d'une spatule en bois), l'attiéké (plat obtenu a partir des
95
Tableau nO 11 Typologie des systèmes alimentaires
96
produits (1).
97
pain de blé 47 %
sucre raffiné 12 %
lait en boîte 26 %
lait frais 2 %
beurre margarine 4 %
café en grain ou moulu 1 %
café soluble 7 %
chocolat 1 %
café et le sucre.
98
de restauration sénégalaise (11 % seulement des restaurants en
mange, et où on le mange.
100
sont plutôt une confrontation culinaire i~tégrant aussi bien des
101
local -, le rapport quantité consommable/prix qu'offre le riz est
quelques mesures.
102
Section 3 QUELQUES CONTRAINTES ET OBSTACLES A LA CREATION DES
UNITES DE PRODUCTION
rière à l'entrée.
103
ment évoqué le problème que leur posait la constitution des fonds
nos propos.
paye pas maison. J'étais chez un frère. Mais depuis que je suis
104
22.000 F et puis après j'ai commencé par vendre du riz, foutou et
sauce dehors ... En tout cas, pour trouver l'argent de
commencement là, c'est dur ... ".
ficultés
.
a rassembler le capital de départ aussi faible qu'il
puisse paraître.
Mais une fois les capitaux de départ rassemblés, il
faut affronter la dure épreuve de l'occupation de l'espace géré
par les municipalités.
question de l'intégration
105
restent un frein sérieux à la première installat~on de certaines
structures de l'artisanat alimentaire (59,8 % de cas).
La réaction ambivalente des municipalités face au
secteur informel en général et à l'artisanat alimentaire en
particulier passe par deux phases
la phase de répression et
- la phase de tolérance.
Conformément à l'arrêté nO 942 inter.acer du 13 mai
1961 réglementant l'exercice des professions ambulantes sur la
voie publique, les municipalités font intervenir régulièrement
leurs agents pour décourager timidement toute pratique commer-
ciale illicite aux abords des rues. Plus que les autres
structures de restauration, les restaurants sur tables mobiles,
les espaces-restaurants et les restaurants spontanés ont été
beaucoup plus exposés à cette répression dès les premiers jours
de leur installation.
Les assauts répétés des agents, quelques mois après, se
muent en tolérance. Cette seconde phase commence par la percep-
tion de taxes municipales qui, en fait sont illégitimes au regard
des lois en vigueur.
En effet selon l'article 2 de l'arrêté nO 942 inter
précité, "L'autorisation de vendre sur la voie publique donne
lieu à la perception d'un droit fixe au profit du budget
municipal. Toute personne désirant obtenir l'autorisation prévue
profession projetée;
106
b) justifier de son identité et .d'un domicile fixe;
c) justifier du paiement de l'impôt de l'exercice en
cours".
107
distance qui sépare le domicile de l'acteur de son lieu de
travail. Les cas de conflits qui nous ont été rapportés ou
auxquels nous avons assisté, faisaient suite à une intrusion sans
aval dans des groupes de vendeurs anciennement constitués. Ce
fait sociologique semble caractériser bon nombre d'activités
informelles. G. Salem constatait le même phénomène lorsqu'il
étudiait les réseaux commerciaux des artisans colporteurs (1).
CONCLUSION PARTIELLE
108
culturel, de la fonction nutritive à la fonction symbolique. La
seconde est celle qui unit l'individuel au collectif, le psycho-
logique au social.
109
Chapitre III
111
Tableau nO 12 Répartition des actifs par sexe
d'emplois (1).
relativement jeune
(1) Ph. Antoine, A. Traoré - Pour une lisibilité du rôle des fem-
mes au travers des données statistiques in : Femmes et poli-
tigues alimentaires. Actes du séminaire OR5TOM-CIE, Paris
1985; pp. 195-242.
112
de + de 40 ans dans notre échantillon s'explique, pour les
premiers, par la difficulté à rassembler le capital d'investisse-
ment et, pour les seconds, par l'effort qu'exige l'activité,
effort auquel l'avancement de l'âge ne permet plus de répondre.
113
Tableau nO 14 Répartition des actifs par nationalité et sui-
vant le sexe
,
Comme nous le precisions, sans être des concurrents, les hommes
(19,577 %) partagent ce secteur avec les femmes (80,42 %) qui le
dominent. La forte répugnance des hommes ivoiriens (3,20 %) vis à
vis de cette activité considérée généralement comme métier fémi-
nin et le rôle marginal des hommes étrangers (16,37 %) font une
grande place aux femmes qui deviennent les principales nourri-
cières de la ville. Le fait le plus significatif est la forte
présence des femmes ivoiriennes qui représentent plus de la
moitié de la population des actifs (53,38 %). Et comme le consta-
114
20-30 ans. La grande majorité des actifs (75,08 %) est analpha-
Situation matrimoniale
rapport aux autres catégories à savoir celle des veufs (6,04 %),
(48,75 %).
115
de leurs enfants, nous voyons donc ce que pourrait constituer,
pour ces ménages, le revenu tiré de l'artisanat alimentaire. Il
faut reconnaître avec J. Bissiliat et M. Fiéloux (1) que cette
situation prend de plus en plus d'importance. La précarité du
lien conjugal dans les grandes et même les petites villes,
confirmée par la fréquence des divorces, la polygamie avec
l'abandon plus ou moins net de la première épouse et de ses
enfants, les réactions de rejet des femmes devant l'absentéisme
du mari, les effets de la crise économique, sont autant de fac-
teurs qui concourent à augmenter le nombre de familles dont le
chef est une femme; à Naïrobi par exemple, 60 % des femmes vivent
cette situation.
116
relations de cause à effets entre les mesures agro-alimentaires
contenues dans les programmes d'ajustement structurel et les mou-
vements de population.
1 Ivoiriens 1 Non-Ivoiriens 1
1---------------1---------------1
1Hommes IFemmes IHommes IFemmes 1
---=:--: ~--_:__-----1-_---='- 1 1 1 1
1 Raisons économiques 1 5 1 301 401 61
1 .Chercher du travail 1 5 1 4 1 23 1 1
1 .Faire du commerce 1 1 17 1 1 1 1
1 .Chercher l'argent 1 1 7 1 17 1 4 1
1 . Apprentissage 1 1 2 1 1 1 1
1 1 1 1 1 1
1 Raisons non économiques 1 101 ! 1 641
1 .Suivi du mari 23 1 1 19 1
1 .Suivi d'un parent 53 1 1 43 1
1 .Fuir les contraintes 1 ! 1
l , d u village 14 1 1
1 .Visite à la famille 11 2 1
1 1
-------------- 5 131 40 70 1
1
136 110
117
Parmi celles-ci, on citera par ordre d'importance le suivi d'un
parent (96/201 cas), le suivi du mari (42/201 cas), la fuite des
mariages précoces (14/201 cas), et enfin la visite à la famille
( 13 / 201 cas).
alimentaire.
Le fort taux de migration ainsi constaté semble-t-il
traduire une réaction à la dégradation du revenu agricole par
tête qui, à la fin de la période 1978-1983, a baissé de
5,36 % (1). On pourrait émettre l'hypothèse que la crise écono-
mique a de plus en plus attiré une partie de la population active
informelle.
Le processus de migration s'effectue selon différentes
modalités. Nous avons essayé de l'analyser à partir de la typo-
logie des migrations que proposait M. Peil (2). Quatre des six
(1) SEDES, Evolution et répartition des revenus en Côte-d'Ivoire
. .. op. ci t. .. p. 3 1 .
(2) M. Peil, The ghanaian factory worker : industrial man in
Africa. African studies series 5. Cambridge university press
1972.
118
types de migration - par rapport au lieu de l'enquête - distin-
gués par M. Peil, s'observent ici
intermédiaire;
pré-établi.
119
Si pour les uns (42,13 %) l'activité de restauration
est une solution définitive au problème d'emploi, pour d'autres
(17,61 %) elle reste une activité transitoire. Cette dernière
conception est surtout prédominante chez les exploitants de
kiosques, les vendeurs sur tables mobiles et les ambulants.
Une étude de l'artisanat alimentaire ne peut se faire
sans l'analyse de la main-d'oeuvre qui constitue sa principale
force. Notre intérêt se portera à ce niveau sur les caractéristi-
ques majeures de cette main-d'oeuvre.
120
1°) Sexe
mentaire reste un monopole des femmes. Tout comme chez les ac-
d'âge
Fréquence 1 Pourcentage
1 1
1 - 10 ans 1 307 1 33,3
1 11 - 15 ans 1 179 1 19,2
1 16 - 20 ans 174 1 18,7
1 21 - 25 ans 108 ! 11 ,6
1 26)- 30 ans 91 9,8 1
1 31 - 35 ans 69 7,4 1
1 1
928 100,0 !
Fréquence Pourcentage
1
Salariés 17 2,9 1
1
Aides familiaux 911 98,1 1
1
Apprentis 0 0,0 1
!
928 100,0
121
Ce tableau nous montre la prépondérance des aides familiaux dans
le fonctionnement des unités .de production de l'I. A. Ils consti-
tuent incontestablement la forte majorité de la main-d'oeuvre de
cette branche d'activité. Les apprentis y sont inexistants con-
trairement aux autres activités du secteur informel. Le salariat
croissante.
122
à s'adapter. Tchayanov le faisait bien remarquer quand il notait
économiques
composite.
123
Tableau nO 18 structure de la main-d'oeuvre familiale dans
l'informel alimentaire
Fréquence 1 Pourcentage 1
! 1
1 1 1
1 Aides-parents 425 1 46,8 1
1 Enfants des tenanciers 103 1 11,3 1
1 Enfants confiés 169 1 18,5 1
1 Enfants négociés 89 1 9,7 1
1 Enfants apparentés 125 1 13,7 1
1 1 1 1
1 911 1 100,0 1
1 1
déterminée;
124
· les enfants apparentés (13,7 %). Ce sont les enfants qui,
sans être les descendants directs du tenancier, appartiennent à
son réseau familial, généralement très large en Afrique.
Il faut préciser que cette main-d'oeuvre familiale
n'est pas rémunérée. Mais ceci n'autorise non plus une analyse en
terme de gratuité et d'exploitation comme l'ont fait certains
spécialistes du secteur informel. La rémunération n'est pas ici
en espèces mais en nature. Ce sont plutôt des échanges de ser-
vices contre prestations sociales, puisqu'il ressortait de nos
enquêtes que près de 92 % des personnes employées appartiennent
au ménage des tenanciers qui les ont à charge. Mieux, une compta-
bilité des profits matériels et symboliques (1), pourrait
permettre de dépasser les explications par les "généralités eth-
nologisantes" ne se limitant qu'à l'évocation du réseau de
parenté des entrepreneurs. Mais là n'est pas l'objet de notre
analyse. A court terme, l'intérêt de l'utilisation de ce type de
capital humain en matière d'analyse micro-économique est la mini-
misation du coût de production qui, conjuguée à d'autres
facteurs, notamment l'effet concurrence, autorise le bas prix à
la cpnsommation des plats dans le secteur informel alimentaire.
Nous voyons là une première échelle de capitalisation des rap-
ports sociaux qui se poursuivra aussi bien au niveau de la forma-
tion du capital d'investissement initial, que de la constitution
de la clientèle.
Si le réseau familial semble bien être un élément
déterminant du dynamisme de 1'1. A., il ne manque cependant pas
de peser sur la gestion du fait des nombreuses sollicitations
(1) cf. P. Bourdieu. Le sens pratigue. Ed. du Minuit, Paris 1984.
125
dont font l'objet les tenanciers. Nous pouvons en juger par la
taille des· ménages et le poids qu'elle pourrait représenter dans
126
/
De toutes ces demandes de renseignements, les questions
sur le revenu étaient soit ignorées soit objet de refus de
personnes. Elle est plus importante chez les Ivoiriens (6,2) que
127
Il apparaît que tous les tenanciers ne tiennent pas le
mouvements suivants
128
.-
et non capitlistes.
1" auteur ne recusait que les e~~ets. L"analyse des acti~s -par
le sexe
1 1 2 1 3 1 4 1 1
actif 1 actifs 1 actifs 1 actifs 1 1
1 1 1 1 1
50,4 % 1 15,04 %1 19,02 %1 15,48 %1 1
Fenmesl 114 1 34 1 43 1 35 1 226 1
180,28 % 1 72,35 % 1 78,18 % 1 94,59 % 1 1
1 1 1 1 1 1
1 50,90 %1 23,63 %1 21,81 %1 3,63 %1 1
1 Honmesl 28 1 13 1 12 1 2 1 55 1
119,72 % 1 27,65 % 1 21,82 % 1 5,41 % 1 1
1 1 1 1 1 1
1 50,53 %1 16,72 %1 19,57 %1 19,16 %1 100%1
1 142 1 47 1 55 1 37 . 1281 1
1 1
129
- ménage à un seul homme actif (HA)
- ménage a
.. plusieurs femmes et à· plusieurs hommes
de combinaison d'actifs.
1 1 1 1 1 1 1 1 1
lHA 1 xHA 1 FA 1 xFA IFA + HA xFA - xHAlxHA + FAlxFA + HAl
1 1
1 Honme
1
- -11- -
1 28
--
9 1
- -1
- 1 - 1 8 2 4 4
1
1 55 1
1 1 1 1 1 1 1
1 Fenme 1 -1 - 1 1141 301 23 7 25 27 1 226 1
1 1_ _ 1_ _ 1_ _1 _ -1 1 1
1 TOTAL 1 28 1 9 1 114 1 301 31 9 29 31 1 1
1
! Taille du 1
1
- -11- -11- -11- - 11 1
1
1
1
1 ménage par 1 45 1 20 1 641 1 113 1 94 112 213 200 Il.435 1
1 type 1 1 1 1 1 1 1
!
130
sont composés du seul opérateur de l'I. A. La quasi-totalité des
apparaît dans une très faible proportion (3,20 %) par rapport aux
131
et 13,27 % par rapport à la population des femmes). Il se compose
de soeurs, .de cousines, d'amies et parfois même de femmes de deux
d'actifs
.,
mar1es. Il concurrence la population des ménages à
plusieurs femmes actives puisqu'il représente 11,03 % de la
active
132
les actifs opérant dans l'artisanat alimentaire sont surtout les
femmes (25/29 ménages).
sont surtout les femmes (27/31). Le seul homme présent dans ces
revenu d'appoint.
informel d'aliments.
le budget du ménage.
133
Comme l'ont précisé la plupart des auteurs spécialisés,
chose
.
a1see.
,
Dans notre cas, les principales causes de cette
de données statistiques.
134
pricises, nous nous rendons compte de l'~mportance de la taille
.~
des menages qui est de 1,6 personne dans les minages à un seul
,
homme actif et de 5,6 personnes dans les minages a une seule
,
femme active soit 641 personnes à charge pour 114 minages a
direction fiminine. C'est à niveau que l'on constate l'ambiva-
lance du rôle du riseau familial dont l'accroissement des charges
sociales ne manque pas d'avoir une ripercussion nigative sur les
risultats iconomiques de la micro-entreprise. Mais cette façon
elle pas quelque peu par rapport aux diverses motivations socio-
iconomiques des acteurs? Nous reviendrons sur cet aspect, dans
le chapitre suivant.
Par ailleurs sur les 139 minages à plus d'un actif, 67
seulement se composent d'un actif du secteur moderne, ce qui
ramène à 23,8 % la proportion des minages drainant des revenus
aussi bien du secteur informel que du secteur moderne. Si l'hypo-
ajustement de revenu.
CONCLUSION PARTIELLE
135
- l'imbrication de l'unité de production et de l'unité
domestique et l'apparente contradiction de cette symbiose avec
les intérêts économiques immédiats de l'entrepreneur. - Ce
deuxième point mérite d'être nuancé au regard des motivations
socio-économiques des acteurs, lesquelles peuvent aider à une
meilleure compréhension des résultats économiques - et enfin
- L'infirmation de l'hypothèse de De Miras qui conçoit
les activités informelles comme secondaires et les revenus
qu'elles génèrent comme connexes.
Si le deuxième paramètre du mouvement d'ajustement de
De Miras n'intègre que faiblement les revenus tirés de l'informel
alimentaire qui sont plus un revenu entier qu'un revenu d'appoint
à ceux tirés du secteur moderne, le premier paramètre est très
plausible dans l'analyse du dynamisme de l'I.A. qui contribue
tout au moins en milieu urbain à abaisser fortement le coût
d'entretien de la puissance du travail.
Cette contribution à l'abaissement du coût d'entretien passe par
une reconversion en capital économique de l'input communautaire
que nous avons déjà commencé par analyser avec la main-d'oeuvre
et qui se poursuivra à travers l'analyse des stratégies de finan-
cement, d'approvisionnement, de constitution d'une clientèle et
du profit qu'il tire de la disponibilité et des bas prix des
denrées alimentaires.
136
Chapitre IV
histoires de vie des acteurs nous ont permis de cerner les rai-
comme suit
tution" 41,7 %
salariaux 27,3 %
138
1°) Le manque de formation
L'enquête à passages répétés réalisée en 1978 par la
Direction de la statistique sur un échantillon représentatif de
la population, donnait, pour ce qui concerne les niveaux de
formation, les résultats suivants
139
que chez les hommes, quelle que soit la strate considérée.
Comme le remarque R. Anderson, à tous les niveaux du système
scolaire, les femmes sont non seulement moins bien représentées
dans l'ensemble mais l'écart entre elles et les hommes va souvent
du simple au double. Ces différences dans le niveau d'éducation
formelle influencent les chances d'accès à un emploi
rémunéré (1).
L'inégalité sexuelle devant la formation et l'emploi semble ex-
pliquer la concentration des femmes dans certaines activités
telles que le commerce, la restauration et les services domes-
tiques. Nos enquêtes nous ont révélé que, dans le cas de l'infor-
mel alimentaire, elle intervient à 72 % comme motif ultime de la
140
bilité du couple suite à un mariage consensuel (concubinage), à
une u~ion temporaire ou à une vie de polygame mal supportée. Mais
il faut noter la prééminence de la polygamie comme la toute
première cause de la croissance des ménages à direction féminine.
Devant la démission de l'époux ou du concubin à subvenir aux
besoins de plusieurs femmes et de leur progéniture, la décision
d'entreprendre une activité économique pourvoyeuse de revenu de
commerce à côté, mes enfants et moi allons mourir de faim ... ".
Les conditions matrimoniales difficiles telles que les
décrit Adjoua sont l'un des motifs les plus importants dans la
décision d'investir. 41,7 % de nos enquêtés l'ont exprimé lors de
141
D'après les données de la centrale d~s bilans, qui
regroupent la plupart des entreprises du secteur moderne, y
compris les entreprises publiques (mais hors administration),
l'emploi dans le secteur moderne a baissé de plus de 30 %, de
243.000 en 1979 à 165.000 en 1984 (1).
Sally, 28 ans dioula "J'étais secrétaire dans une auto-
école de la place. J'y ai travaillé pendant 4 ans. Quand les
affaires ont commencé par tourner mal, on m'a licenciée en 1985.
On m'a payé mes droits. Pour ne pas avoir à chercher encore trop
longtemps et compte tenu du fait que mes droits pouvaient me
permettre de monter une affaire de maquis, j'ai ouvert ce restau-
rant. Mes amies me llont vivement conseillé. Avec ça je me
débrouille pour le moment ... ".
Ouédraogo C., 37 ans bourkinabè "J'ai travaillé 10 ans
comme boy du directeur de la SIEM. A un moment il y avait com-
pression dans l'entreprise. Comme mon patron retournait en
France, on m'a compressé aussi. Avec l'argent qu'on m'a donné,
j'ai commencé cette affaire de kiosque depuis 3 ans. Ca marche un
peu ... Il •
142
ties du secteur informel encore capables de générer des revenus.
Dans le contexte ivoirien, la restauration, en pleine expansion,
reste l'une des rares activités indexées. Ceux qui perdent donc
leur emploi dans le secteur moderne se créent ici une autre
source de revenu, étant donné que le marché du travail n'y est
nullement réglementé. C'est ainsi que l'investissement dans la
restauration est, pour bon nombre de licenciés, une alternative à
la situation sans lendemain dans laquelle ils se retrouvaient.
Cette raison intervient pour 33,02 % dans l'initiative
d'investissement.
143
régression est de 14 %. De 1980 à 1985, le pouvoir d'achat du
dans la fonction publique ont été bloqués depuis 1980 soit une
des entreprises publiques dont les salaires ont été alignés sur
de plus de moitié.
sement dans le secteur informel est l'une des stratégies les plus
gorie d'investisseur.
144
L'investissement dans l'informel alimentaire en tant
qu'activité secondaire intervient pour 27,3 % dans les motiva-
tions des acteurs.
145
l'alloco et du poisson ..
I.cI. • •• "•
Baoulo, Bété, 30 ans, restauratrice sur table mobile " ... C'est
ma tante qui est venue me chercher au village. Je gardais ses
enfants quand elle allait au travail. Elle ne me payait rien.
Mais quand je lui demande un peu d'argent elle me demande si je
ne suis pas déjà contente d'être à Abidjan quand mes amies sont
au village. Je ne pouvais plus supporter cette situation. J'ai
demandé 15.000 F à deux autres oncles qui me l'ont donné. Avec
ça j'ai commencé ce petit commerce pour prouver à ma tante que
bientôt, sans elle, je pourrai vivre à Abidjan".
La situation qu'a vécu Baoulo n'est pas identique à
celle de Geneviève. Mais les motivations de l'une et de l'autre
se rejoignent. L'investissement dans l'informel alimentaire était
pour les deux femmes un défi à un parent. Bien qu'en proportion
très faible cette raison apparaît dans 4,9 % de cas chez les
acteurs interrogés.
Il ressort de l'analyse des motivations à l'investisse-
ment dans l'informel alimentaire que la crise des structures
économiques formelles transmet ses effets à l'informel alimen-
taire étant donné l'ouverture de ce marché qui continue à ac-
cueillir de nouveaux candidats pour qui cette activité économique
est une alternative à la compression du personnel ou un moyen
d'ajuster les revenus au coût de vie en croissance. Ces données
illustrent la mutation de la nature même de cette activité qui,
initialement stratégie d'intégration au milieu urbain, devient
progressivement lieu de recherche de revenu complémentaire. Mais
si les forces de résistance et d'adaptation s'avèrent assez
146
larges, il faudra souligner son incapacité à absorber continuel-
lemen~ la main-d'oeuvre que lui transmet, entre autres, le sec-
147
tal de démarrage les stratégies sont diverses. Mais il faut noter
148
vent, celles financées par les associations, grâce à l'épargne
personnelle et avec les droits de licenciement perçus.
Les financements par des "amis", beaucoup plus rares
(0,92 %), viennent compléter les sources des UPV: généralement
des maquis, les plus capitalistiques au départ. Ce type de finan-
cement concerne quelques maquis-restaurants, concentrés pour la
plupart en Zone 3 (Marcory); les capitaux initialement investis y
sont le plus souvent la récompense des liaisons plus ou moins
durables entretenues par les tenancières avec des expatriés,
pour la plupart français. Ces maquis-restaurants sont justement
ceux qui drainent le plus la clientèle européenne.
D'une manière générale, les stratégies de constitution
de capital initial sont aussi diversifiées que le niveau même de
capitalisation des UPV. Bien que l'entraide familiale, par son
apport en capital, ne crée pas les UPV les plus capitalisées,
elle est à l'origine de l'expression de l'artisanat alimentaire.
149
Section 2 EVALUATION ET REPARTITION DU CAPITAL INITIAL
taurant (F.CFA)
important.
150
Une autre différence dans le niveau de capitalisation
est observable entre maquis, kiosques et restaurant-bars. Les
deux premières structures requièrent un investissement plus
élevé, respectivement en moyenne 358.536 F.CFA et 396.153 F.CFA.
Par rapport aux maquis et aux kiosques, le capital injecté dans
l'ouverture d'un restaurant-bar est plus faible, avec une moyenne
de 227.777 F.CFA.
Si la différence entre les maquis et les kiosques peut
être expliquée par un fort coefficient de dispersion des inves-
tissements au niveau des maquis, celle, entre les maquis, les
kiosques et les restaurants renvoie à l'ancienneté de ces der-
niers et à la date d'achat de leur matériel. Les restaurants-bars
étant d'installation plus ancienne, la faiblesse du niveau de
151
ment, un nivellement de financement s'observe au niveau des
de 10.000 F.CFA.
production.
152
français et gérés par d'anciennes prostituées qui en étaient les
propriétaires. Les unités dont l'investissement initial se situe
153
sortir que près de 65 % des UPV, toutes structures confondues,
partageaient leur capital technique avec le ménage des exploi-
tants. Ceci n'a pas manqué de nous poser un problème d'ordre
méthodologique. Fallait-il au moment de l'évaluation du capital,
séparer artificiellement équipement domestique et capital tech-
nique fixe de l'UPV ou considérer tout l'équipement comme patri-
moine de l'entreprise? Nous avons opté pour la solution de la
comptabilité des biens d'équipement domestiques comme patrimoine
de l'UPV à partir du moment où ils y sont utilisés. Noùs gardons,
• Le matériel technique
rie de restaurant.
154
En effet, l'équipement est variable d'une structure à
une autre. Si, au niveau des restaurants de rue (restaurants sur
. Le local de production
155
tout ou partie d'une maison, les kiosques occupent l'espace
restaurant
1 Restau 1 1 1
MATERIAUX DE PRODUCTION-VENTE Maquis Resto- 1Kiosques 1 sur tab1el Restau 1 Espace 1Restau 1
bars 1 mobile 1 spontané1 restau lambu1antl
1 1 1 1
1Instruments de cuisson 1 1
Four artisanal 17/41 11/18 1 53/53 43/43 1 73/78 18/22
Rechaud ou four à gaz/é1ectrique/ 1 1
à pétrole 24/41 7/18 1 23/26
Marmites (a1uminum et/ou poterie 26/41 13/18 1 26/53 21/43 1 14/78
Colporte + grillage 32/41 23/43 1 61/78
Poêle 26/26 1
1
1Instruments de services 1
Bassine d'étalage 1 41/41 18/18 37/53 19/43 1 66/78 22/22
Bols 1 14/41 16/18 23/43 1 61/78
Verres 1 29/41 16/18 26/26 1
Serviettes de table 1 27/41 11/18 26/26 1
Tasses à café 1 26/26 14/53 16/43 1 16/78
Plateaux de service 1 18/41 1
Plats de service 1 41/41 18/18 26/26 53/53 21/43 1 42/78
Fourchettes (couteaUX/CUi 11ères) 1 41/41 18/18 26/26 53/53 36/43 1 63/78
Tables - bancs 1 15/41 7/18 53/53 39/43 1 78/78
Tables - chaises 1 26/61 11/18 26/26 1
Radio-cassette 1 21/41 13/18 22/26 1
Chaine Hifi et/ou poste téléviseur! 7/41
Réfrigérateur ou congélateur 1 29/41 16/18 26/26
restauration,
156
- une baraque construite avec des' matériaux de
récupération,
évalué à
157
· Le capital circulant
158
sur des problèmes méthodologiques similaires quand ils notaient :
"L'efficacité économique d'un choix peut être appréciée de diffé-
159
pensons comme C. Maldonado (1) qu'il faut au contraire adopter
des . méthodes qualitatives aptes à révéler les mécanismes diffé-
renciateurs des catégories sociales et rechercher de proche en
proche, derrière les phénomènes et les situations observables,
les éléments des diverses logiques. Dans cette optique, notre
intérêt pour l'analyse de la rationalité des acteurs de
l'artisanat alimentaire tient à deux raisons essentielles.
1. L'I.A. est l'une des branches du secteur informel où
classique.
2. L'analyse de la rationalité des acteurs, dans son
acceptation la plus large, nous conduit à échapper à la concep-
160
qui finit généralement par réduire les études sur l'informel à sa
pratiques économiques.
(cf. pp. ""'f)~_ Alf.l ) dans laquelle se trouve chaque acteur explique
Au cours des récits de vie, nous avons insisté sur les objectifs
161
affectation. Il nous est donc apparu que les rationalités de
comportement ne se définissent pas seulement par rapport aux
seules variables ressortant directement à l'économique - ainsi
que le voudraient les théoriciens orthodoxes - mais aussi par
rapport à d'autres facteurs (social et symbolique).
162
* Investissement économique et ambitions non~économiques
163
Dans la même catégorie, ce que ~ertains spécialistes du
l'exacerbation de la concurrence
est une logique économique réalisée par très peu d'acteurs. Sur
les 281 personnes interrogées, 41 soit 14,59 % semblaient
présenter les comportements sous-jacents à cette logique d'entre-
preneur moderne: tenue d'un cahier comptable, réinvestissement
164
de capitaux après ouverture de l'UPV en vue d'accroitre la capa-
l'informel alimentaire.
CONCLUSION PARTIELLE
165
L'autofinancement reste la règle même si, de plus en
plus·, les tenanciers opérant à une échelle de production plus
166
Chapitre V
AI Produits bruts
168
urbain - et leurs clients parmi lesquels on compte aussi les
tenanciers de maquis. Ces grossistes s'installent à proximité des
marchés de gros (à l'exception de Port-Bouët et Cocody, toutes
les communes d'Abidjan ont leur marché de gros. Leur installation
n'est conditionnée que par le paiement régulier d'une taxe com-
munale et l'inscription au registre du commerce. Du grossiste
urbain au consommateur urbain il n'y a qu'un intermédiaire le
détaillant. Mais l'approvisionnement de l'informel alimentaire
auprès de ce dernier ne présente guère d'intérêt pour les restau-
rateurs puisqu'entre le grossiste et les détaillants les rapports
de prix peuvent aller de 1· à 4. Non seulement l'approvisionnement
direct auprès des grossistes garantit la fraîcheur des produits,
mais il atténue l'effet d'élasticité des prix - sur lequel nous
reviendrons - sur le marché de l'informel alimentaire par la
marge intéressante qu'il offre par rapport au ravitaillement
auprès des détaillants.
Pour les denrées périssables comme le n'drowa, la
tomate, le piment, une préférence est accordée par les restaura-
teurs au marché du soir. Il est en effet connu que sur les
marchés, les prix varient selon les heures avec une tendance à la
baisse en fin de journée, surtout pour les produits précités. La
plupart des restaurateurs savent transformer en avantage
commercial cette crainte de perdre des produits faute de moyens
de conservation, en le rachetant à bas prix.
Pour ce qui est des produits animaux, la viande de
boeuf et le poisson semblent les plus commercialisés et les plus
consommés en alimentation extérieure devant les ovins, les
169
volailles et le porc. Cette prépondéra~ce de la,demande de de
viande de boeuf relève du progrès de la congélation et de l'équi-
pement de la Côte-d'Ivoire en chaîne de froid, ce qui a favorisé
l'achat à des prix.de "braderie" le surplus des marchés exté-
rieurs (Argentine et surtout aujourd'hui, viandes d'intervention
de la CEE). Aussi, avantage est tiré des pays sahéliens fronta-
liers, pour la viande sur pied, qui assurent aussi la
disponibilité de cette protéine sur le marché ivoirien où la
production locale ne représente que 40 % de la consommation.
A côté de la viande de boeuf, le poisson constitue
l'une des protéines animales les plus consommées en alimentation
extérieure. Il se présente sous différentes formes : fumé, frais
(moins cher au kilogramme par rapport au poisson fumé), sec.
Importé sous forme congelée, son prix à la consommation est moins
onéreux que le poisson de lagune qui reste dans l'informel ali-
mentaire une denrée de "luxe" au même titre que le gibier dont
l'interdiction de la chasse explique la rareté, et par suite son
prix élevé à la consommation.
Les places du marché, les alentours des chambres
froides et le débarcadaire constituent les principaux lieux de
170
Tableau nO 24 Quantité de protéine animale par UPV
Unité : kg
BI Produits élaborés
171
Ces préférences sont essentiellement liées aux avantages que
peuvent tirer les micro-négociants en achetant les produtis les
moins chers de la gamme. C'est ainsi que le lait concentré sucré
BB (465 g) (produit hollandais) qui coûte 350 F.CFA au détail est
plus servi par les restaurateurs sur table mobile que le lait
172
partie non négligeable de ~a production est consommée par deux
des structures (restaurants sur table mobile et kiosques) de
l'artisanat alimentaire.
AI L'approvisionnement en attiéké
173
marchés secondaires (1). A lui seul, le secteur artisanal four-
nissait chaque jour 70 tonnes d'attiéké frais à Abidjan.
Nous avons évalué à 7 kg/j/UPV, la quantité moyenne
d'attiéké vendue par les maquis du midi et les UPV des espace-
restaurants servant des plats à base d'attiéké.
Mais comme nous le précisions, en alimentation domes-
174
Une distinction reste à faire entre les types de riz
est inférieur
..
a 4 % et pour lequel la Caisse de Péréquation
175
grains médium longs et restant séparés ap~ès cuisson, le basmati
au grain petit et savonneux cultivé et exporté par la Birmanie,
l'Inde et le Pakistan, le riz américain Uncle's Ben.
- le riz importé pour "consommation de masse" dont le
taux de brisure se situe entre 4 et 35 % et dont le prix à la
consommation est le même que celui du riz traité dans les
des avantages aussi bien pour les consommateurs que pour les
176
passant de 208,6 F.CFA le kilo en 1970 à 160 F.CFA en 1986, alors
kilo à 174 F.CFA. Le riz qui était presque deux fois plus cher
177
taire à bon marché, - la rénonciation de principe aux politiques
d'autosuffisance alimentaire, - l'abandon des politiques de
substitution aux importations. Contrairement au refus d'objec-
tiver les spécificités des différents pays conduisant à une
"approche universalisante" et comparée aux politiques macro-
économiques habituellement adoptées, l'agro-alimentaire, dans le
contexte ivoirien, semble avoir fait l'objet d'une stratégie plus
178
maux, la viande, le lait et le poisson (1).
179
le renversement des tendances de consommation.
plus en déta i 1
du produit.
( 1) Cf. J. Ro ch. • •• 0 p. c i t. p. 17 •
180
- Il subventionne les rizeries quel que soit leur coût
de production, dans les bornes définies qui sont le prix d'achat
garanti au producteur et le prix de vente aux grossistes
également fixé par l'Etat.
Il est le seul importateur de riz et calcule chaque
année les besoins d'importation à partir des prévisions de
consommation et de niveau de la production (1).
A travers un prix suffisamment bas à l'importation,
l'Etat, grâce au contrôle des variables à tous les niveaux (prix-
quantité), se procure les ressources financières dont il a
(1) Le système fonctionnait bien jus-qu'à la baisse inexpl iquée
des recettes de la Caisse de Péréquation en 1987. En effet,
1a Ca i s s eau rai t dû dis po s e r en 1987 de 32 mil 1 i a rd s de
F'. CFA, a 1 0 r s qu' e Ile a sig na 1 é un r ev e nu de 9, 8 mil 1 i a rd s .de
francs CFA. La différence entre le revenu qu'el le aurait dû
percevoi r et ses dépenses était donc d'environ 20 mi 1 1 iards
de F.CFA en 1987. Confronté à une absence de justification de
cette faiblesse des recettes, la Banque Mondiale fortement
impliquée dans la politique de redressement de l'économie
ivoirienne moribonde, quai ifia~ d'inefficace la gestion de
la Caisse et proposait une réforme de fond en comble du
système d'importation de riz et de blé. Selon les recommanda-
tions de la BIRD, la Caisse devrait instituer un système
donnant à l'entrepreneur le plus offrant le droit d'importer
du riz pour le revendre au prix fixé. Pourrait alors soumet-
tre une offre, tout commerçant qui serait en mesure de démon-
trer sa capacité financière et technique d'importer des cé-
réales de la qualité et dans les quantités spécifiées. Les
bes 0 i n s d ' i mp 0 r t a t ion se rai en t ré par t i sen lot s , et pou r
chaque lot, les commerçants quai if iés soumettraient des of-
fres indiquant uniquement combien ils paieraient au Gouverne-
ment le droit d'importer les céréales pour les revendre au
prix fixé par lui. Le gouvernement tirerait alors ses recet-
tes des paiements versés par les commerçants. Au cas où le
prix fixé par le gouvernement serait inférieur au prix d'é-
quivalence à l'importation, la même procédure pourrait être
appl iquée; la seule différence serait que les offres indique-
raient le paiement que devraient verser le Gouvernement au
lieu du droit qui devrait lui être versé. Il s'agit donc pour
la Banque Mondiale d'éliminer par le nouveau dispositif le
monopde bureaucratique de la Caisse de Péréquation tout en
conservant les avantages fiscaux 1 iés à l' importat ion al imen-
taire par le privatisation des transactions cf. Banque
Mondiale, Côte-d'Ivoire: La mobil isation des ressources in-
ternes en vue d'une croissance stable vol. Il op. cit. p. 96.
181
besoin. Cette politique favorable au riz SOI est traduite, à partir
182
rurale, par sa stratégie d'auto-consommation, dépend moins du
marché pour son approvisionnement. La chute du pouvoir d'achat
pourrait engendrer des risques alimentaires si la politique de
vérité des prix était systématiquement appliquée. Le deuxième
moteur de la stratégie alimentaire ivoirienne pro-urbaine est
beaucoup plus d'essence politique.
- Les agitations sociales par crainte d'insécurité
alimentaire que l'histoire a enregistrées ces dernières années
sont le plus souvent parties des villes. Ayant toujours· dit
préférer "l'injustice au désordre", le Chef de l'Etat ivoirien ne
voudrait pas voir se reproduire en Côte-d'Ivoire la situation
observée par exemple en Tunisie ou au Ghana. Raison pour laquelle
un soutien de pouvoir d'achat des "nouveaux pauvres" ainsi que
des victimes de la "pauvreté structurelle" devient un instrument
irremplaçable de la politique paix sociale.
Toute analyse des avantages comparatifs en matière
d'importation de riz, de viande et à la limite du poisson en
Côte-d'Ivoire doit tenir compte, entre autres, de ce fil con-
ducteur du souci quasi permanent de disponibilité alimentaire et
de maintien du prix à la consommation à un niveau le plus bas
possible.
Les disponibilités en produits alimentaires et leur
faible coût ne sont pas les seules garanties d'une offre alimen-
taire à coût modéré. La faiblesse de l'investissement initial et
les fluctuations du revenu des acteurs ont favorisé un ensemble
de pratiques liées à l'approvisionnement des produits entrant
dans la confection des plats. Les liens de solidarité tribale
renaissent ici à travers des institutions économiques comme le
183
crédit et les coopératives d'approvisionnement.
CIRCUITS "INFORMELS"
AI Le crédit
produits vendus.
184
mois de relations régulières avec le même fournisseur.
Toutes structures confondues,' l'achat à crédit est plus fréquent
pour les produits végétaux. Le tableau suivant nous en donne la
mesure.
de produit
185
surtout en ce qui concerne les produits végétaux. Tous les atouts
sociaux sont ici reconvertis en capital commercial pour supporter
la forte concurrence qui, nous le verrons, ne manque d'avoir une
du self-reliance
186
comme nous ... ".
Effectivement comme l'explique Damayé, le principe même
de la coopérative d'approvisionnement se fonde sur des liens
ethniques. Les six autres coopératives rencontrées toujours dans
le secteur de Treichville, ont toutes moins de 18 mois d'âge et
sont organisées sur les mêmes bases ethniques.-
Comment fonctionnent donc ces coopératives? D'avance,
chaque chef d'UPV détermine ses besoins, généralement hebdoma-
daires, en protéine animale (viande de boeuf, viande de brousse,
poisson, volailles), en produits agro-industriels (huile alimen-
taire, boites de conserve etc .. ) et en denrées périssables
(aubergine, graine, tomate~ piment, attiéké, etc ... ). Pour chaque
les produits demandés à des prix fixés d'avance. Pour les denrées
périssables, nous avons relevé quelques cas de "monopole" consis-
tant à exiger des fournisseurs la totalité de leurs produits.
Parmi ces fournisseurs, figurent nombre d'agriculteurs péri-
urbains.
Cette stratégie d'approvisionnement, que nous mettons
187
CONCLUSION PARTIELLE
188
La dynamique de l'informel alimentaire et sa capacité
de production à moindre coût s'appuie fortement sur la surproduc-
189
Chapitre VI
- fonction distractive.
restauration.
191
consommateurs interrogés déclarent s'alimenter à l'extérieur pour
cette raison, au moins une fois, voire 2 à 3 fois par semaine et,
192
plus souvent lieu à midi, où la préférence est accordée aux
maquis ou aux restaurants-bars. Mais la restauration extérieure à
fonction utilitaire ne se limite pas qu'aux maquis et restau-
rants. Habitant très loin du lieu de travail et partant très tôt
2 - La restauration de détente
193
Dans l'informel alimentaire, il n'est pas possible de
dégager des indicateurs pour construire une hiérarchie sociale
des consommations à cause de la standardisation du menu; c'est
plutôt dans les pratiques alimentaires et dans le rapport à la
nourriture que les marques de distinction et d'appartenance
sociale s'édifient, mettant ainsi en exergue les différences
d'origine socio-professionnelle (cadre/ouvriers etc ... ) des
consommateurs.
Si l'informel alimentaire est en général connoté comme
structure de restauration des "économiquement faibles", il faut
néanmoins préciser que tout l'informel alimentaire n'est pas
populaire. Les lieux communs sur le nivellement social des con-
sommations alimentaires ne résistent pas à l'analyse des données.
L'espace social alimentaire, au fil du temps, est devenu un
ensemble organisé, un système de positions sociales dans lequel
se manifestent des pratiques de différences.
Les pratiques alimentaires, dans cet espace social,
semblent autoriser une hiérarchie des consommations ou une ana-
lyse bipolaire :
- d'un côté la nourriture revendiquée dans sa vérité de
substance nutritive avec tout ce qu'elle implique de calories
incorporées et
- de l'autre, la priorité aux formes.
Le rapport à la nourriture dans l'informel alimentaire
a progressivement évolué et peut se comprendre par rapport aux
deux pôles précités correspondant à deux types qualitativement
opposés de comportement alimentaire - la consomamtion vulgaire
194
et - la consommation distinguée.
Le champ de la consommation vulgaire est par excellence
195
La rencontre du souci de constitution d'une clientèle
plus. solvable chez les restaurateurs et d'un besoin de distancia-
tion chez certains consommateurs ont progressivement favorisé au
sein de l'informel alimentaire un autre type de sous-espace
196
alimentaire offre les contre-arguments d'une imitation maladroite
ou attardée du goût alimentaire dominant. Originellement, il sort
des entrailles du mode alimentaire populaire né des contraintes
liées aux limitations du revenu. Ce courant alimentaire est
tellement fort dans le contexte abidjanais qu'il a infléchi
l'''intolérance esthétique" de la classe dominante qui a fini par
tian.
Cette conformité aux aspirations alimentaires vient du
fait que les pratiques alimentaires informelles ainsi "récupé-
Cette
,
economl.e
. des pratiques alimentaires pourrait
197
consommateurs-restaurateurs. Il semblerait même que l'informel
alimentaire en lui-même ne saurait exister sans elle. 72,5 % des
micro-négociants ont exprimé, au cours de nos enquêtes, la néces-
mois en cours.
Dans l'I.A. environ 35 % des plats sont vendus à cré-
198
bénéfice d'un crédit, soit en l'intéressant aux difficultés de
gestion de l'entreprise liées à ce "temps de crise économique
généralisée", soit en poussant les rapports de sociabilité le
plus loin possible dans l'intimité des clients visite à domi-
cile, participation aux événements heureux et malheureux de la
vie du client.
199
industrielle de Dakar (1). Elles vont des carnets de note (dans
lequel chaque consommateur mentionne son nom, la date et le
nombre de plats consommés), jusqu'à la "confiance aveugle" en
passant par la "comptabilité sur mur (tirait - sur les murs de la
gargotte - correspondant à chaque repas quotidien non payé
comptant) .
La personnalisation des rapports commerciaux entre
consommateurs et vendeurs - par le biais du crédit - présente des
intérêts certains pour les deux parties. Au-delà de la
possibilité de se nourrir quotidiennement sans être obligé de
débourser à chaque repas, les premiers réussissent quelquefois à
obtenir un dépassement de la mesure normale, comme une sorte de
prime à la fidélité. Les seconds tirent avantage de la stabilisa-
tion de quelques clients qui, dans le contexte de concurrence
intense caractérisant l'artisanat alimentaire, constitue un avan-
tage non négligeable. Tout comme la pratique du crédit, la modi-
cité des prix des repas constitue un atout de l'artisanat alimen-
taire. Mais avant d'aborder les facteurs conditionnant la forma-
tion de ces prix, nous nous intéresserons à la nature des plats
offerts.
200
Section 2 NATURE, MESURE ET PRIX DES PLATS CONSOMMES
Source EBC 79 nO 1 .
201
Si nous nous référons aux résultats ci-dessus, et plus
particulièrement à ce qu'ils nous donnent comme éléments sur
constate que les plats les plus consommés à Abidjan sont, par
ordre d'importance décroissante: les plats de riz (21,24 %), le
"café complet" (18,55 %), les sauces (13,97 %), les plats de
banane plantain (9,88 %), l'attiéké (8,69 %) et'enfin les gril-
plats servis.
riz relève du fait que son mode de préparation n'exige pas une
202
gnement, elle est présentée dans les restaurants du midi sous
forme de foufou et de foutou. Les restaurants ambulants et sur
table mobile la servent cuite à l'eau ou braisée. C'est sous
forme d'alloko (plat de banane plantain découpée en petits mor-
ceaux et frite à l'huile, parfois accompagné de poisson, de
brochettes ou d'oeufs et assaisonné avec du piment) que la banane
,
plantain est la plus consommee. Elle constitue le goûter
principal de la population abidjanaise.
La banane plantain, selon l'EBC 79, fait partie des produits qui,
à l'examen des chiffres de consommation par tête, sont le plus
consommé tant en milieu urbain qu'en milieu rural. Etant un
produit très intégré dans les habitudes alimentaires en Côte-
d'Ivoire, sa consommation garde toute sa force en milieu urbain,
aussi bien en alimentation domestique qu'extérieure.
203
de base des populations du nord-ouest n'intervient que dans' la
préparation d'un seul plat, la bouillie de mil, servie essentiel-
grent dans leur menu. Mais il faut préciser que leur consommation
de consommation de ce dernier.
204
frite. Les maquis du midi la présentent en fout~u ou en ragoût.
Elle est moins consommée que le foutou de banane, l'attiéké et le
riz et ne représente dans les maquis du midi que 9,25 % des plats
consommés.
. Les sauces
Une grande variété de sauces accompagnent les plats
tels que le riz, les foutous, les foufous. Les plus consommées en
alimentation extérieure sont au nombre de cinq sauce arachide,
pour une sauce dont les légumes dominantes sont des aubergines,
"sauce graine" pour une sauce à base d'huile de palme. Dans ces
sauces, on note une prédominance de viande d'élevage et de pois-
son de mer.
205
L'importance de la viande de boeuf est ici notoire.
. .
Bien qu'étant un produit de luxe, sa sur-consommation s'explique
par le fait qu'elle est meilleur marché que les ovins, caprins ou
volailles qui demeurent des aliments réservés aux jours de fête
ou aux "extra" en restauration extérieure.
La production nationale de viande de boeuf ayant peu
augmentée depuis 1979 comme l'indique l'EBC, la croissance des
importations reflète donc celle de la consommation, notamment
extérieure. La même remarque peut s'appliquer à la consommation
• Autres plats
Entre autres spécialités de l'artisanat alimentaire, on
pourrait citer le "petit pois" (plat à base de conserves des
légumes de petits pois, caractérisé par une forte proportion de
206
on doit signaler une forte émulation entre l'industrie agro-
alimentaire locale s'orientant de plus en plus vers le marché
intérieur et le secteur artisanal, très dynamique. La régulation
est ici faite par les consommateurs qui exigent du premier la
"conformité du goût" et la similitude avec les produits auxquels
l'a habitué le second. A titre d'exemple on peut citer, entre
autres, la sauce graine de Blohorn-Unilever, et l'attiéké
"industriel" dont les procédés de fabrication industrielle
n'ont pas encore donné de résultats concluants au plan
économique (1).
Quant à l'offre de l'informel alimentaire, la stratégie
des prix semble présenter quelques uniformités malgré la
diversité des situations .
207
Tableau nO 30 Prix moyens des plats consommés dans les maquis,
kiosques et restaurants-bars
Maquis
· kédjénou 1.900 F
Kiosques
Restaurants-bars
,
· T 1ep 'd'J en . 350 F
• Couscous-viande/poisson 400 F
• plats ivoiriens (sauces + accompagnement) 300 F
208
Ces prix sont soumis aux lois d'un marché concurrentiel
sur lequel la grande majorité des micro-négociants n'exerce
aucune influence.
Même les fluctuations du prix des denrées alimentaires,
qui devraient normalement se répercuter sur le coût de produc-
tion, influencent difficilement les prix des repas. Une enquête
réalisée par le CIRES sur les prix des vivriers.à Abidjan nous
hausse dans les autres maquis en 1984. Une autre étude sur les
prix de détail de six produits vivriers sur trois marchés relève
aussi en 1985 ces fortes fluctuations quotidiennes et saison-
ni ères (1). Malgré cela, pour diverses raisons, les prix de
consommation des plats sont fortement maintenus par les
mécanismes du marché informel alimentaire. C'est surtout la forte
densité des points de vente qui contraint les offreurs à réduire
le prix de vente au minimum, à la "limite du tenable" en dessous
209
d'approvisionnement et surtout au recrutement d'une main-d'oeuvre
lourd sur ces revenus déjà stagnant (1). Cette évolution est plus
210
type européen. Selon le rapport de la Banque Centrale des Etats
de l'Afrique de l'Ouest entre 1986 et 1988, elle se présente
comme suit
211
production-vente à une autre, voire d'un client à un autre au
que connaissent les prix des matières premières, les prix restent
tive
.
a l'élévation du coût des matières preml.eres par un ajuste-
...
ment de la qualité des denrées et/ou un changement des unités de
( 1 ) B. Lootvoët, op. cit ... p. 251.
212
mesure pour un même prix ce qui compense légèrement le manque à
gagner. Pour le même prix, on peut être amené à constater une
la consommation.
Si, dans la plupart des cas, le marché concurrrentiel
fait la loi des prix, quelques marges de liberté sont exploitées
par certains acteurs. Les variations des prix pour un même pro-
• Le niveau d'investissement
213
dans l'informel alimentaire restent très variables. Les straté-
gies de prix des plats semblent dépendre du niveau capitalistique
des UPV. Ceci explique les différences de prix entre deux UPV
pour un même repas. Pour un investissement supérieur à 500.000
F.CFA, les prix sont supérieurs à près de 45 % des prix générale-
ment pratiqués. Par exemple un plat de riz-sauce arachide
poisson, qui coûte généralement 350 F monte jusqu'à 500 F.CFA
d'agouti •
214
. -..
Cocody, Riviera n'offrent pas leurs repas au même prix que ceux
des quartiers populaires comme Koumassi, Marcory ou Treichville.
Cette différence peut s'expliquer d'une part, par les différences
de pouvoir d'achat selon les quartiers et, d'autre part, par
l'incorporation des frais de transport dans le coût de production
(par exemple, 94,2 % des restaurateurs du Plateau proviennent des
CONCLUSION PARTIELLE
tiqués dans la plupart des UPV, ne constitue pas à long terme une
215
Chapitre VII
fortement interrogées.
. '.
Section l - APPRECIATION DU REVENU NET PAR CATEGORIE DE RESTAURANT
délicatesse.
217
niveaux d'évaluation du revenu brut. Ces trois niveaux correspon
daient, dans notre grille d'analyse, au revenu brut maximum (Rb
max), au revenu brut moyen (Rb moy) et au revenu brut minimum (Rb
min). Puisque la fourniture des renseignements sur les revenus
exige un effort de mémoire de la part des personnes interrogées,
nous les laissions déterminer la périodicité (jour, semaine,
mois) qui semblait le mieux leur convenir pour évaluer leur
production et leur revenu. Sur ce point, le questionnaire était
donc satisfaisant. Dans 51,2 % des cas, c'est la semaine qui
était choisie comme période de référence. Dans les deux autres
cas (jour, mois) nous demandions à nos enquêteurs de ramener les
calculs sur une base hedomadaire, le revenu mensuel étant obtenu
par un si~ple calcul
Rb mens = 4 (Rb max + Rb min + Rb moy).
3
218
c'est après l'obtention du chiffre d'affaires de l'UPV
que nous avons procédé au calcul du revenu net ou· résultat net
d'exploitation, à savoir le chiffre d'affaires moins le coût des
matières premières et les charges d'exploitation.
Le chapitre sur les charges des UPV intègre essentiel-
lement la fiscalité, le salariat et les frais connexes
d'exploitation.
1 - La fiscalité
Elle est constituée par les taxes de place et les
petites patentes recouvrées par les services municipaux. Aucun
des chefs d'UPV n'y échappe même si parfois des arrangements avec
les agents percepteurs sont possibles au grand dam des budgets
municipaux.
2 - Les salaires
Dans l'analyse des caractéristiques de la main-d'oeuvre
nous avons observé la marginalité du salariat (2,9 %) par rapport
219
à l'emploi des aides familiaux dont le poids dans le secteur
informel alimentaire est important.
Quelques 5 UPV (3 maquis et 2 restaurants-bars) em-
ploient les 17 salariés que nous avons recensés. Ces rares cas de
salariat sont le fait des unités économiques les plus
capitalisées et ayant le niveau de production plus élevé. Ces
recrutements de salariés, fondés surtout sur des raisons utili-
taires (- accroissement de la taille de l'entreprise - exigence
d'une clientèle croissante), absorbent environ 12 % du revenu
brut des UPV concernés.
220
table mobile et des restaurants spontanés. Les restaurants ambu-
BI Résultats d'exploitation
catégorie de restaurants
221
Notons que, sur la population des 281 chefs d'UPV
l'UPV.
d'affaires
Espace
restaurant 10.000 <NI ~ 99.999 50.000 < CA ~ 499.999
Restaurant
spontané 10.000 <NI ~ 99.999 50.000 < CA ~ 299.999
Restaurant
ambulant 10.000 <NI ~ 19.999 50.000 < CA ~ 99.999!
!
investi s'accroit. On comprend alors que les UPV les plus capita-
222
concentrent plus de richesse que les autres catégories de restau-
d'affaires.
mensuel
1 1.000 F.CFA
-
o ! 10 ! 30 ! 50 70 ! 90 110 130 150 !170 200!
. Rn ! <!
1 ~ ! ~ ! ~ ~ ! ~ ~ ~ ~ ! ~ et!
! R! R ! R ! R R !R R R R ! R +!
<! < ! < ! < < ! < < < < ! <
C.A. 10 ! 30 ! 50 ! 70 90 !110 130 150 170 !200
! ! ! ! !
50000-99999 9 36! 15 5! - -,- -! -! -
!
100000-199999 46 17 6'- -! -
200000-299999 11 22 17 12 9 ! -
300000-499999 12 13 5 4
500000-600000 -! - -! 2 2
-------- -- -- --'--'-_!- - ' - - -- -'---
9 ! 82 ! 32 ! 22 ! 34 ! 32 ! 24 ! 16 ! 12! 2! 1
mensuel.
223
Le revenu mensuel moyen dans chaque classe de chiffre
d'affaires est de :
1 1.000 F.CFA
224
mens < 150.000 F.CFA). Quelques cas de dépassement-de ces limites
F.CFA.
est, dans la majorité des cas, une activité de survie qui, loin
D'ACTEURS
225
derniers sur leur propre avenir. Pour ce faire, l'analyse de la
méthodologiques s'imposent.
AI Préliminaires méthodologiques
cette sous-population.
évaluation.
ments de consommation.
226
Constituée de 142 chefs d'UPV, cette sous-population se
x 1.000 F.CFA
d'un aspect qu'il faille examiner de près car les fortes diffé-
consommation.
227
Tableau n . 37 Croisement taille des ménages/revenu net dans les
x 1.000 F.CFA
~ ~ ~ ~ ~ ! ~ ~ ~ ~ ! et
R R R R R ! R ! R ! R R ! +
< < < < < ! < ! < ! < <
30 50 70 90 110 130 !150 !170 200
----
1 membre 7 8 1 3 - ! 19
----!
2 - 3 20 6 7 5 5 ! 1 1 45
- - !- -
4 - 6 3 12 15 13 8 ! 7 5 1 1 65
- - !- -
7 - 10 4 1 ! 5 ! 2 1 - 13
------ - -!-13- !- - ----
TOTAL 7 31 19 ! 25 ! 22 14 ! ! 8 2 ! 1
capitale.
enquêtes socio-économiques.
228
1·) Structure des dépenses des ménages
F.CFA
- Transfert d'argent
(épargne - don) 10.120 11,8
- Habillement 5.402 6,3
cités.
229
Le poste de l'alimentation se distingue nettement des autres avec
santé 4,4 %, loisirs 2,2 %. Notons que l'épargne qui n'est pas
poste.
230
précédents repas, pris hors domicile, viennent considérablement
des commensaux, sauf dans le cas du riz dont le prix moins oné-
par tête.
231
Tableau n° 39 Dépenses d'alimentation selon les grands groupes
de produits
en protéine animale.
232
Les consommations extérieures, boissons comprises, et les com-
structures de l'habitat
------------------
! Organisation! Opérations ! Habitat Habitat Habitat ! Habitat
! spatiale de ! groupées ! tradition-! évolutif Centre ! spontané
! l' habitat ! ! nel ! urbain ! illégal
!--------------! !
! Hiérarchie! - - - - ----
éconollique ! Nb ! l ! Nb ! l Nb ! l Nb ! l ! Nb ! X
! ! ! ! ! ! ! !
Econollique ! 17 11,9 9 ! 6,3 0,7 - ! - 27
! !
Très économique 9 6,3 9 6,3 42 !29,5 - ! - - ! - 60
! !
SOllmaire 3,5 27 !l9,0 - !- 23 !l6,1 55
- - - -- -- - - - -- - - - - - !- - --- --- ---- !----
! 26! 18,2! 14! 9,8 78 !54,8 ! 1 ! O,7! 23 !16,1!
- - - -!
233
En considérant la ·structure de l'habitat sous l'angle
matériau de récupération.
234
- Habitat évolutif, 54,8 %. Il constitue la plus
dépenses de logement.
235
1 • --
. ...
Tableau n° 41 Structure des dépenses d'habitation
revenu.
sanat alimentaire.
236
Les dépenses en éducation viennent en troisième posi-
relève de sa mère.
237
Tableau n· 42 Structure des dépenses d'éducation
!Frais de scolarité et
let d'apprentissage 6.185 48,3 7,3
!
!Déplacements liés à
!l'éducation 3.209 25,1 3,7
!
!Fournitures,outillage 1.928 15,2 2,2
!
!Habillement 1.458 11,4 1,7
!
12.780 100,0
ne soit pas une dépense en tant que telle. Notons que l'épargne
238
représente environ 25 % du budget affecté à rubrique transfert de
revenu.
239
la stratégie de survie passe, aussi et surtout, par une capitali-
240
Tableau n· 43 Structure des dépenses d'habillement (1)
!
!Tissus d'habillement (pagnes) 2.010 37,2
! !
!Frais de couture 1. 215 22,4
1
5.402
Dépense % de la % du budget
mensuelle dépense familial
par ménage de santé
(en F.CFA)
241
Notons que 4,4 % seulement du revenu des ménages sont
rances. Mais cette part limitée dans le budget reflète assez bien
242
guère étonnant au vu de la difficulté à couvrir les consommations
243
potentiel d'emprise sur l'avenir qui, lui-même, dépend de
nis par les chefs d'UPV les moins aisés sont non moins importants
faires qui génèrent les revenus les plus élevés sont constitués
244
L'effort d'épargne est plus important chez les chefs
épargner chez les acteurs parmi les moins aisés, peut s'expliquer
contrainte à l'épargne.
245
s'adressent la majorité des épargnants du secteur informel
- les tontines.
(10 sur 34), les sommes versées variant de 500 F à 2.000 F.CFA.
246
3 - Les tontines
une mise à une date fixe. Le total des mises est inclus dans un
situe dans une fourchette plus large (entre 200 F.CFA et 10.000
F.CFA).
à son drainage.
247
Les destinations de cette épargne varient en fonction
biens de consommation.
CONCLUSION PARTIELLE
248
croissance du volume de l'emploi dénotant une saturation de
peut être sûr du fait que les revenus des acteurs subissent ainsi
249
faut donc évaluer à leur juste valeur, les limites de l'effica-
250
Chap i t re VIII
252
format"ion du budget de consommation des ménages concernés. Si
50,4 % des ménages â une seule femme active et 50,9 % des ménages
les ménages à une seule femme active, soit 614 person~es à charge
travail.
me nt· que f' i n for me 1 a 1 i me n t air e est es sen t i e 1 1eme n t une act i vit é
s écu rit é pou r i ' écon om i e , compte tenu de sa place dans la redis-
253
BI Du point de vue de l'insertion des femmes dans le tissu écono-
mique urbain
(1) Ph. Antoine, A. Traoré, Pour une 1 isibi 1 ité du rôle des
femmes au travers des données statistiques op. cit., p. 195.
254
présentes dans ce secteur contre seulement 19,58 % d'hommes.
L'étude réal isée à Ziguinchor par Ji Il Posner" (1) fait
ressortir les mêmes rapports de sexe à travers la très large
domination des femmes (plus de 75 % des vendeurs sont des femmes)
dans cette partie du secteur non structuré (vente de nourriture
préparée).
L'investissement dans l' I.A. qui ne nécessite aucune
formation particul ière, n'est qu'un prolongement extérieur des
activités domestiques, reconverties en activité économique.
Comme 1e no t ait Ph. Hu go n dan s son a na 1 ys e des fil i ère s
artisanales à régulation marchande, même si, dans l'ensemble, ces
act i v i tés à fa i b 1e product i v i té sont peu rémunérat ri ces, elles
procurent aux femmes un revenu indépendant ou un complément de
r ev e nu f am i 1 ia 1 (2).
255
connaissent" un niveau de consommation de plus en plus important
en al imentat ion extér ieure. Il a été évalué par exemple à plus de
50 %, la consommat ion en al imentation extérieure, de la produc-
tion nationale d'attiéké. Ce changement des habitudes de consom-
mation al imentaire extra-domestique constitue sans doute un fac-
teur de croissance de la production vivrière locale.
Aussi, l'I.A. par lebiaisdesstructurescomme les
kiosques et les restaurants sur tables mobiles ("Abokki") reste
un par te nair e p r i vil é g ié d e i ' i ndus tri e a g r 0 - a 1 ime nta ire. La
consommat i on de 4 pr i ne i paux produ i ts i ndust rie 1s à savo i r i e
pain, le sucre, le lait en boîte et le café incorporé au petit
déjeuner ("café complet") emprunté au modèle européen l'atteste.
256
moins assurer à tous les groupes sociaux un accès sûr à une
al imentation suffisante. C'est à ce niveau que l'I.A. intervient
en tant qu'entité autonome et complémentaire du système al imen-
taire. La disponibi 1ité al imentaire n'entraînant pas automatique-
ment un accès à l'alimentation, l'informel alimentaire apparaît
comme facteur d'adaptation du goût, aux revenus et aux con-
t rai nt es a 1 i me n ta ire s pro pre s à 1a ville. A dé f au t des t ru ct ure s
al imentaires extérieures formelles en nombre suffisant, il est
, ' é 1éme nt dus 0 us - s y s t ème a 1 i me nt air e qui fa cil i te au n ive a u
extra-domestique l'accès à l'al imentation tout en tenant compte
de l'aspect socio-culturel et économique des habitudes al imen-
taires. En 1986, aucune des 85 petites et moyennes entreprises
(PME) affi 1iées à l'Union Patronale de Côte-d'Ivoire (UPACI), ne
disposait de cantine. Sur les quelques 15 cantines d'Abidjan, à
257
n'aura eu en tout et pour tout qu'une année oe vie, malgré la
s i tua t ion" (1). Le s con sul ta t ion s qui ses 0 n t suc c é d é e s à pro po s
258
repas bon marché dont elle a besoin ?" (1). Une enquête partielle
auprès des travailleurs de trois unités industrielles et de deux
se r vic e s pub 1 i cs mo nt r e que, plu s de 70 % des pers 0 n ne sen q uê t é e s
prennent au moins un de leurs trois repas quotidiens à
l'extérieur.
A en juger par la diversité de ses structures, la
fréquence de points de vente dans toutes les communes et le taux
de fréquentation, on peut affirmer sans risque de se tromper
qu'i 1 est un vecteur irremplaçable de consonmation tout au moins
dans le contexte abidjanais où la croissance démographique et
spatiale, conjuguées à l'insuffisance des moyens de transport,
ordonnent un nouveau rythme de vie.
Bien qu'i 1 ait prol iféré indépendanment de toute action
des pouvoirs publ ics ou des organisations internationales, son
dynamisme est 1 ié à la pol itique al imentaire ivoirienne, tout au
moins pour le ravitai Ilement en riz et en viande de boeuf, pro-
duits les plus consonmés en al imentation extérieure. A ce titre,
c email Ion dus ys t ème a 1 i me n ta ire ne de v rai t plu s r est e r
longtemps en dehors des préoccupations des pouvoirs publ ics, car
toutes variations cycl iques auxquelles peuvent être soumis les
prix de ces produits influenceront considérablement non seulement
les comptes extérieurs et budgétaires du pays mais mettra aussi
en pé ri 1 la sécurité al imentaire de la population - surtout à
ris que sai ime n ta ire s - u r bai nec roi s san te.
( 1) CI. Vi da l, L' art i san a t f ém i n i net 1are s tau rat ion pop u 1air e à
Abidjan, op. ciL •• pp. 554-555.
259
....
Un autre aspect de l'importance de l'I.A. dans le
der i z, 1e t 0 h de ma n i 0 c
1e t 0 h de mil.
gombo, gombo sec et dans une moindre mesure les plats à base de
Il s'agit de
260
1 - des plats pauvres en calories
Ce sont la pâte de manioc, la sauce aubergine, le plantain à
l'eau, la banane brai sée, le tho de mais, la boui Il ie de mi l, la
boui 1 1 ie de riz et le toh de manioc.
2 - des plats riches en calories et faibles en glucides
Ce sont toutes les sauces, sauf la sauce aubergine qui est
particul ièrement faible en calories.
Certaines associations de plats sol ides (plat de riz
cuit à l'eau, les foutou d'igname, de banane et de manioc, les
toh de maïs, de maniocetdemil) et de sauces offertes en
al imentation extérieure comportent une valeur nutritionnelle non
négl igeable. Nous pouvons citer:
a) les associations les plus riches en calories
Ce sont les associations de foutou - sauce graine, foutou
igname - sauce gombo, riz-sauce arachide ou riz-sauce graine,
riz-sauce gombo sec, toh de mi 1 -sauce gombo sec;
b) Les associations les plus riches en protéines
Ce sont les associations de riz-sauce, de toh de maTs-sauce gombo
sec et toh de mi I-sauce gombo sec;
c) Les associations les plus riches en glucides et en
calcium
Ce sont tous les foutous-sauces
d) Les associations riches en fer.
Ce sont le riz-sauce gombo sec, les toh-sauce gombo sec.
A titre d'illustration, considérons l'alimentation
quotidienne-type des personnes vivant seules et prenant générale-
ment leurs trois repas à l'extérieur. De toutes les combinaisons
261
possibles, la plus fréquente chez cette catégorie de consonmateur
est la suivante:
- "caf é c omp 1et", 1e ma tin
- un plat de riz cuit à l'eau accompagné de sauce
arachide (*), le midi
- un plat d'alloco au poisson, le soi r.
En faisant éclater ces plats selon la table de
composition nutritionnel le des produits élaborée conjointement
par la F.A.O. et l'Equipe de conception de l'ESC 79, nous avons
les teneurs suivants en valeur nutritionnelle.
Unités : grammes
! Prix ! Poids! Calo-!Lipides! Glu- !Pro- !Cal- Fer
! moyen! des ! ries cides !tides!ciums
! ! plats! ! !
! ! ! ! !
Café complet !) ! ! ! !
!)150 F! 125 ! 315 8,3 56,1 ! 11,8 ! 11 ,6 1,3
pain sandwich !) ! 100 ! 336 14,1 47,9 ! ! 2 1,1
! ! ! ! !
Sauce arachide ! ) ! 150 ! 305 25,9 11,1 ! 29,7! 52,8 3,4
+ !)300 F! ! ! !
riz cuit à l'eau!) ! 175 ! 646 2,8 138,07! 12,4! 0,5 2,2
! ! ! ! !
Alloco !) ! 125 ! 211 10,5 30,5 ! 2,5! 2,8 1,7
+ !)125 F! ! ! !
poisson frit !) ! 100 ! 351 33,8 1 ! 11,4 ! 44,02! 0,6
262
On constate alors qu'avec 575 F.CFA, le consommateur
que plaider pour une pol itique de soutien aux initiat ives volon-
Sec t ion 3 - COND 1T 1Q\JS MA.CRO- ECONOv1I GUES DE SURV 1E DE L' 1NFORMEL
ALIMENTAIRE
263
La survie de ce secteur reste donc très 1 iée à l'évolu-
tion de ces deux marchés (national et international) dont nous
examinerons la tendance par rapport aux principales denrées
consommées en al imentation extérieure.
264
culture qui permettent une réponse rapide aux sollicitations de
la demande (demande abidjanaise et notarrment de la fi 1 ière
attiéké).
- L' i gname e t 1a ban a ne pla n t a i n pré sen t en t une s i tua-
tion presque similaire dans les zones de forêt où elles sont
produites. L'excédent de la production est en baisse sensible,
ce 1u i de l' igname accusant une régress i on de 83 % ent re 1982 et
1983. Des incertitudes pèsent sur la production, surtout dans les
viei Iles régions de plantat ion, car l'igname et la banane sont
plantées en avant-culture du café et du cacao: or les tensions
foncières réduisent actuellement l'ouverture de nouvelles
plantations.
La culture bananière s'est délocal isée dans l'Ouest,
région de plantation plus récente, avec pour conséquence une
augmentation des coûts de corrmercial isation, car la distance
en t r e l es ce nt re's de con somma t ion (Ab id jan et sa ré g ion et 1e
Sud-Est) est agrandie.
La culture d'igname a corrmencé à se développer en Forêt
Ouest avec notamment l'installation des migrants Baoulé, mais il
ne semble pas que la production d'igname pour la vente se soit
réellement mise en place dans cette région. Par contre, dans la
zone Nord-Est, en savane, la renorrmée de la variété d'igname,
l'inexistence des productions d'exportation et l'existence d'un
marché incitateur ont permis aux producteurs de faire de l'igname
une rée Ile cu 1ture de rente.
Il semble donc, comme le note le Rapport Courade, qu'un
soutien des productions d'igname et de banane destinées à la
consorrmation de la population urbaine devra se traduire par un
265
passage à une mono-cu 1ture stab il i sée.
En matière d'approvisionnement du vivrier, même si les
tensions qui apparaissent depuis une dizaine d'année engendre une
certaine réduction des excédents, une situation de pénurie est
peu imaginable. La restauration extérieure ne risque donc pas de
subir le coup d'une rupture de disponibi 1ité. La seule inquiétude
se situe cependant au niveau du prix des produits sur le marché.
Généralement cultivés dans une perspective d'autocon-
sommation dans le cadre des systèmes d'économie de plantation,
seuls les excédents sont commercial isés. Et c'est surtout le coût
de commercial isation qui réf lète le pr ix sur le marché. Il faudra
alors veiller à l'harmonisation et au maintien des circuits
traditionnels de distribution afin de 1imiter les trop grandes
variations de prix et les goulots d'étranglements constatés dans
l'approvisionnement.
266
le taux de couverture n'a gagné Qu'un seul point par rapport à
1984. Les besoins de viande bovine en 1985 n'étaient assurés Qu'à
26 % (soit un gain de trois points par rapport à 1984) mais
restaient en dessous du taux de couverture de 1983.
La production hal ieutiQue, Quant à el le, a passé pour
la première fois - toujours selon le même Rapport - la barre de
100.000 tonnes en 1985 (90.227 T en 1983, 83.691 T en 1984,
102.204 T en 1985), ce Qui a permis d'assurer 58,7 % de la
consommation nationale.
La couverture des besoins en riz n'est assurée Qu'à
40 % par la production nationale.
L'autosuffisance pour ces trois denrées étant loin d'être at-
teinte, l'importatiion comblait le déficit. Pour Que l'Etat pour-
sui ve sa ré guI a t ion par 1 es p r i x don t bé né fic i en t é gal eme n t 1 es
267
Pour le riz, un plafonnement de la product ion mondiale
tonnes (base riz usiné) et une hausse des prix à partir d'août
celle du Bangladesh sera plus que compensée par une forte poussée
268
tendance déjà sensible l'année précédente. La situation du marché
s'est caractérisée par une diminution globale de l'offre de
viande de boeuf et de veaux, face à une demande qui s'est pour-
tant maintenue voire raffermie. Cette perturbation pourrait s'ex-
pl iquer par la hausse des pr ix des fourrages et al iments pour
animaux qui ont grevé les coûts de production. Un peu partout
dan s i e mo nde, 1 1 heu r e est à 1arecon s t i tut ion des che pte 1s e t
donc à la production de viande baisse des abattages des vaches
(-0,6 %) et maintien de génisses sur les exploitations (+ 10 %).
Pou ria p rem i ère foi s, en 1989, 0 n s' a t t end à une réd uc t ion dei a
production de viande bovine dans tous les pays de l'OCDE.
Si quelques "zones de turbulence" s'observent pour la
production de riz et de viande bovine, le volume des captures
mondiales de poisson d'espèces courantes (séché, salé, surgelé)
reste satisfaisant et se révèle d'ai lieurs de plus en plus dyna-
mique et ce, pour plusieurs raisons:
- l'intérêt de ces produits pour résoudre les problèmes
nutrionnels dans des régions sous-alimentées;
- les considérations diététiques favorisent la consom-
mation de protéines à teneur modérée en matières grasses;
- le développement de nouveaux types de demande concer-
nant les crustacés et d'autres produits de diffusion plus
récente.
Sollicités donc de façon pressante par ces différents
types de demande, les échanges internationaux se portent bien et
représentent plus du tiers des captures mondiales, soit un total
de 35 mi Ilions de tonnes. Aucune perspective négative n'est
269
envisagée quant à la capacité d'approvisionnement du marché in-
ternational. La Côte-d'Ivoi re qui n'assure actuellement qu'en-
viron 35 % de sa consommation en poisson pourra toujours tirer
profit de cette abondance pour le bonheur surtout des consomma-
te urs ur bai nset de sac t eu r s dus e ct e uri n for me 1 a 1ime nta ire.
CONCLUSION PARTIELLE
270
légumes mal aseptisés (amibes, ascaris);
- Maladies causées par les champignons, par la
soui liure des ustensi les servant à la préparation;
- Ma 1ad i es cau sée spa ria sou i 11ure par d' au t r e s ve c -
teurs de bactéries pathogènes (mouches, cafards).
Compte tenu de son importance dans le dispositif al j-
271
,.
CONCLUSION GENERALE
Notre étude sur le secteur informel al imentai re s'est
et dynamique de l'I.A.
l ' 1 • A.
me n t dei' 1 •A •
273
L'émergence et l'évolution de l'informel al imentai re
restent étroitement 1 iées à la croissance urbaine. Comme toutes
les capitales africaines, Abidjan a connu depuis sa "création"
une évolution qui s'est traduite par son extension géographique
et sa croissance démographique. A cet accroissement démographique
et spatial, correspond une croissance des besoins socio-
économiques. Celle de l'al imentaiton sera encore plus remarquable
car l'élargi ssement de l'espace vécu, conjugué au rythme de vie
urbain et à la faiblesse des moyens de transport, enlèvent aux
t r a va i Ile urs 1a po s s i b i 1i.t é de pre nd rel es r e pas à dom ici 1e •
L'alimentation hors domicile devient ·une nécessité que satisfera
l'I.A. initialement pris en charge par les individus de certaines
catégories sociales contraints - dans leur stratégie de survie -
à l' auto-emp loi par 1es modè 1es de déve 1oppement en vi gueu r dans
les pays africains.
L'analyse historique du phénomène, à partir des travaux
sur les migrations vers Abidjan et sur l'ordre d'apparition chro-
nologique des spécial ités cul inai res nous a révélé l'important
phénomène du renver sement des hab i tudes alimenta ires condu i t par
1es femme s i v 0 i rie nne s .
L'évolution de cette activité a connu quelques influences
nationales qui n'ont pas manqué d'affecter les modèles al imen-
taires.
L'al imentation extra-domestique était au départ une
activité d'immigrés. Il ressort de nos enquêtes que les premiers
restaurateurs informels ayant essaimé Abidjan jusqu'aux années 30
éta i ent des Sénéga 1ais et des Ddahoméennes (or i g i na ires de l' ac-
tue 1 Bé n in) •
274
Ce sin f 1ue ne e s na t ion ale sn' 0 n t pas ma nq ué d' imp rime r
leur marque culturelle au modèle al imentai re en vi gueu r à
Abidjan.
Cette situation d'antan, caractérisée par le monopole
des allochtones, évoluera jusqu'en 1950; à la faveur du rapa-
triement des Dahoméens en 1958, les Ivoiriennes récupéreront
presque totalement le secteur, faisant des restaurateurs
sénégalais les survivants du système al imentaire extra-domestique
d'avant l'Indépendance. A cette récupération du secteur par les
femmes autochtones, correspond un renversement des habitudes
a 1 i me n ta ire s i n d u i t par 1are val 0 ris a t ion du mo dè 1e a 1ime nt air e
a kan qui ma r que jusqu'à ce j 0 url ' a ,1 ime n ta t ion ex t é rie ure.
Dans les structures de "informel al imentaire, nous
avons distingué cinq types de restaurant qui se complètent et se
font concurrence.
Le recensement des plats et produits offerts à la
c 1 i en t è 1e , qua n t à 1u j , me t en rel i e fI' é ven t ail des po s s i b i 1 i tés
de consommation; il montre également la place faite aux produits
vivriers locaux comme le manioc, la banane plantain, les légumes,
les viandes de brousse et d'élevage dans la préparation des mets
Jes plus consommés et le rôle dominant des structures tel les que
les maquis et les espaces-restaurants dans le maintien des
habitudes locales de consommation.
L'analyse nous a révélé que les modèles al imentaires
observés dans le secteur informel, contrairement aux thèses de
mi.métisme, sont plutôt une confrontation culinaire intégrant
aussi bien des modèles occidentaux réinterprétés ("café complet",
275
pâtes alimentaires •••• ), des modèles sous-régionaux (riz gras,
akassa, sauce légume ..• ) que des modèles traditionnels autoch-
tones (sauce aubergine, djoungbé, alloko, kédjénou etc ••. ) avec
une large prédominance de ces derniers.
Néanmoins, ce retour aux modèles autochtones qu'a en-
traîné l'ivoirisation de l'informel alimentaire ne doit pas
pour autant entretenir l'illusio"n d'une couverture des besoins
extra-domestiques par la production nationale. Si l'I.A. est un
vecteur de maintien des habitudes al imentaires autochtones, il
n'est pas forcément créateur d'indépendance al imentaire puisque
le contenu en importation des menus semble en constante
croissance.
Ce maintien des habitudes autochtones dans l'al imentation hors
domici le semble s'appuyer sur des apports extérieurs. La crois-
sance de la consommation du riz importé - que les consommateurs
urbains préfèrent de plus en plus au riz local et aux produits
comme l' a t t i é ké (p 0 urs 0 n r a pp 0 r t qua n t i té / qua 1i t é / p r i x) - con -
juguée à celle du poisson de la viande dont la Côte-d'Ivoi re
n'assure que 40 % de la consommation, en est une preuve. La
plupart des maquis et des UPV des espaces-restaurants enquêtés
qui préparent du riz se ravitaillent essentiellement par l'im-
portation. De même la viande bovine est, de loin, la protéine
animale la plus consommée. Nous pensons que cette croissance des
consommations de riz et de viande importés - conséquence d'une
articulation entre préférence des consommateurs et intérêts éco-
nom ique s des art i san s , rel è ve d' une i nf 1uen c e dei a pol i t i que
al imentaire conjoncturel le nationale sur les habitudes de consom-
ma t ion. Le" dis po s i tif" mis en pla cep a rie s pou v0 i r s pub 1i cs
276
pour tirer profit de la surproduction sur le marché international
expl ique assez bien cette infi Itration de produits importés dans
les habitudes locales de consommation. Si la conjoncture reste
inchangée sur le marché international, cette pol itique al imen-
taire pratiquée par les pouvoirs publics présente à coup sûr des
a van t age s au s s i b ien pou ria pop u 1a t ion que pou rie go uver neme nt.
Il faut néanmoins craindre tout retournement de situation qui,
compte tenu de la tendance à la sur-consommation du riz importé
par exemple au détriment du riz local, de l 'attiéké et de la
banane plantain, risque de présenter des inconvénients pour les
consommateurs du point de vue de la sécurité al imentaire.
Un des axes de notre réflexion était l'expl ication des
facteurs du développement de l'I.A.
Les résultats de nos enquêtes ont montré qu'au delà des
questions de concordance entre l'offre et les habitudes al imen-
ta ire s 10 cal es, 1a rai son ma jeu r e qui fa i t pré f é r e r 1 1 1.A. a ux
autres modes de restauration (cantines, al imentation à domi-
ci le ..• ) est la possibi 1ité de consommation à coût modéré et,
parfois, à paiement différé.
Les bas prix à la consommation dans l'I.A. sont les
effets d'un mécanisme de marché. C'est surtout la forte densité
des points de vente qui contraint les offreurs à réduire le prix
de vente au minimum, à la 1imite du tenable en dessous de
laquelle, sauf rares exceptions, ils ne pourront plus descendre.
Ce niveau attractif des prix peut s'expliquer par
quatre facteurs principaux à savoir: - l'acceptation d'un maigre
revenu - la reconversion des rapports communautaires en capital
277
économique - et - l'appui sur les importations à bas prix en ce
rad i 0 - cas set tee t mo b y , e t tep 0 url es homme s ), sig ne s d' une mi g r a -
que 87,54 % des acteurs de l' I.A. sont des migrants. Dans cette
ques acteurs (14,59 %), fait place à une logique générale d'ac-
comportement commercial.
(1) Les pagnes wax sont des tissus imprimés d'origine hollandaise
et anglaise.
278
2 - La participation communautaire à l'effort productif des UPV
279
visionner et faire son commerce d'al iments sans disponibi 1 ité
financière immédiate. Ces atouts sociaux sont reconvertis par les
acteurs en capital commercial en vue de supporter les effets de
la forte concurrence dont l'impact sur le maintien des prix des
repas est considérable.
280
miques que connaissent la plupart des pays de l 'Afr iClue sub-
saharienne.
Notre étude, conduite sur quatre années, a été l'oc-
casion d'articuler l'approche théorique et les recherches
empiriques sur les petites unités de production et de vente
d'al iments. Nous rangeons cette modeste contribution dans les
réflexions encore lacunaires et contradictoires sur le secteur
i nfor me 1 et dan sie s r e che r che s sur 1e s ys t ème des écu rit é a 1i -
me n t air e des ville s a f r i ca i ne s .
La démarche scientifique dont se réclame ce travai 1 est
encore trop jeune pour permettre une vue synoptique de tous les
éléments du thème. Que l'on puisse souffrir cette faiblesse 1iée
à notre fraîche intégration dans le champ de la recherche
scientifique.
Qu'i 1 nous soit permis, ici, de pasticher Ovide: "Tu
dois être indulgent, cher lecteur", si le contenu de cette
réflexion ne répond pas entièrement à ton attente, car nous
sommes sûr de ne pouvoir te satisfaire entièrement eu égard au
fait que notre observation peut être déficiente par endroits et
notre analyse superficielle et/ou tardive sur tel ou tel point.
Nous espérons néanmoins que cette contribution répondra
à certaines curiosités et que la lecture critique de ce travai 1
no us con du ira à l' amé 1 i 0 rat ion den 0 s mé t ho des d'a ppro che des
phénomènes.
281
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TRAORE (S.) Evolut ion des prix des vivriers à Abidjan. Rapport
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300
LISTE DES TABLEAUX
Page
302
Page
23. Fréquence de disponibi 1 ité des différents matériaux de
production-vente/catégorie de restaurant .•.•..•.••..••• 156
30. Prix moyens des plats consommés dans les maquis, kiosques
et restaurants-bars................................... 208
37. Croisement tai 1Je des ménages/revenu net dans les ménages
à un seul actif 228
303
Page
43. Structure des dépenses d'habi 1lement ...•....•..•.••.•• 241
304
l
t
QUESTIONNAIRE
Date /_/_/_/_/_/_/
Thème 1 Renseignement d'ordre général sur les restaurateurs
1 Ne rien
1 écrire ici
1.1. Sexe Mascul in / _/1 Féminin /_/2 1 /_/
!
1.2. Age /_/_/ ans 1 /_/_/
1
1.3. Nationalité ou ethnie .•.•.•.••.•.•.. /_/_/ 1 /_/_/
1
1.4. Avez-vous été à l'école? oui /_/1 non /_/2 NSP/_/3 1 /_/
1
1.5. Si oui, jusqu'en quelle classe? 1 /_/
Primaire /_/1 Secondaire 1er niveau /_/2 Secondaire 2e 1
niveau /_/3 ! /_/
1.6. Si non, pourquoi? /_/
Refus des parents / /1 refus refus personnel /_/2 /_/
manque de moyens financiers / /
manque de structures d'éducation dans mon village /_/4
Autre / _/5: Préciser ••••.•••....•.....•.•••••••.•....
306
1 Ne rien
1 écrire ici
Questions spécifiques 1
1
1 • 14. Type d'établissement : •••••••••.•.•..••..•..•...... /_/ 1 /_/
1
1.1S. CA remplir pour les sp, E.R., R.et, tm). Est-ce qu'il 1
est difficile d'avoir une place ici 1 1
OUi 1_/1 Non /_/2 NSP /_/3 1
1
1.16. CA remplir pour les amb ••• ,). Comment choisissez-vous 1
vos itinéraires 1 1 /_/
.en fonction de la situation géographique de la clientèle
habituelle / /1 .au hasard / /2 .en fonction des 1
lieux publics /_/3 •autre I_ï 4 1
Préciser 1
1
1.17. CA remplir pour les Sp., E.R., R. ét., tm). Est-ce qu'il 1
Y a des démarches particulières à faire pour avoir une 1
place ici 1 1
OUi /_/1 Non 1_/2 NSP /_/3 1 /_/
Si oui, lesquelles ? . 1
1
1
1.18. CA remplir pour les Sp., E.R., R. ét., tm). Pour occuper 1
ce lieu de vente les premiers jours, avez-vous rencontré 1
des problèmes 1 1 /_/
'OUi / /1 Non 1 /2 NSP /_/3 1
Si oui les(iuels .••.•:-••..••.••••......•..•.•.•......•.1
1
1.19. CA remplir pour les Sp., E.R., R. ét., tm). Vous est-il 1
déjà arrivé une fois de changer de place pour une autre 11 /_/
Oui /_/1 Non /_/2 NSP /_/3 1
1
1.20. Si oui, pourquoi 1 1 /_/
Problèmes avec les V01S1ns / /1 .fin de chantier / /2 1
.Ne vendait pas bien / /3 .L'endroit ne portait pas 1
chance /_/4 .Autre l~/s Préciser 1
1
1.21. CA remplir pour les Sp.,). A la fin de chantier, que 1
ferez-vous 1 1 /_/
.Changer de chantier 1_/1 .Retourner au village / /2 1
.Changer d'activité / /3 .M'établir sur un lieu dë ventel
fixe /_/4 .NSP /_/S- .Autre /_/6 Préciser .•.......•• 1
1
1.22. CA remplir pour toutes les catégories). Généralement à 1
peu près à quelle heure quittez-vous la maison pour allerl
vendre et à quelle heure y retournez-vous 1 Heure départ 1
de la maison /_/_/ h 1 /_/_/
1
1.23. CA remplir pour toutes les catégories). Généralement à 1
peu près à quelle heure quittez-vous la maison pour allerl
vendre et à quelle heure y retournez-vous 1 Heure de 1
retour à la maison /_1_/ h 1 /_/_/
1
307
i
1
1 Ne rien
1 écrire ici
1 .24. (A remplir pour les Sp., E.R., R. ét •• , tm). Pourquoi
1
avez-vous préféré ce lieu de vente et non un autre ? 1 /_/ 1
.C'est près de ma maison / /1 .Par hasard / /2 1
.On vend beaucoup ici / /3- .A cause de la facilité 1
d'intégration / /4 .S~ conseil d'une tierce 1
personne / _/5 :-Autre / _/6 1
. Préciser . 1
1
1.25. (A remplir pour toutes les catégories). Est-ce qu'il y a 1
des gens qui travaillent avec vous ? Oui / /1 Non / /2 1
NSP /_/3 - - 1 /_/
1
1.26. (Voir fiche 1.26). 1
1
1.27. (A remplir pour les Sp., E.R., R. ét., tm). Est-ce que 1
vous avez loué cette place? Oui /_/1 Non /_/2 NSP /_/31 /_/
1
1.28. Si oui montant de la location (à évaluer en mois) 1
/_/_/_/_/_/_/_/ 1/_/_/_/_/_/_/_/
1
1
Fin des questions spécifiques 1
1
1 .29. Vivez-vous seul(e) chez vous? Oui /_/1 Non /_/2 1
NSP /"-/3 1 /_/
(Si non, remplir la fiche de renseignements familiaux) 1
Fiche 1.30 1
1
Thème 2 : De l'esprit d'entreprise: création et gestion de production
308
1 Ne rien
1 écrire ici
2.6. Combien gagnez-vous quand vous vendez ? 1/_/_/_/_/_/_/_/
beaucoup un peu pas du tout 1
jour .. ....... ......... . . 1
semaine . . . ...... ......... . . 1
mois .. ....... ......... . . 1
(Laisser l'enquêté choisir sa périodicité, évaluer les 1
recettes en ramenant la périodicité à la semaine). 1
Recette maximum /_/_/_/_/_/_/_/ 1
Recette moyenne /_/_/_/_/_/_/_/ 1
Recette minimum /_/_/_/_/_/_/_/ 1
Recette hebdomadaire approximée /_/_/_/_/_/_/_/ 1
1
2.7. Mettez-vous de l'argent de côté comme économie? 1 /_/
Oui / /1 Non / /2 NSP / /3 1
(Si non, passez à la question 2.10 et suite) 1
Si oui quels sont vos projets sur cette économie? ••••• 1
1
1
1
1
2.8. Combien à peu près, mettez-vous de côté? 1/_/_/_/_/_/_/_/
jour /_/_/_/_/_/_/_/ 1
semaine /_/_/_/_/_/_/_/ 1
mois / / / / / / / / 1
(Laisser l'enquêté choisir sa-~riodicité et ramener 1
l'épargne sur une base mensuelle. Calcul à effectuer par 1
l'enquêteur de retour à la maison). 1
Epargne/mois /_/_/_/_/_/_/_/ 1
1
2.9. OÙ faites-vous garder cet argent? 1 /_/
.Banque / /1 .Tontine / /2 .Poste / / 1
.Thésaurisation / /4 .EÏÏvoi au village /_/5 .Chez un 1
parent ici à Abidjan /_/6 .Autre /_/7 1
. Préciser . 1
1
Qu'avez-vous déjà réalisé à partir de vos économies 1
antérieures ? 1 /_/_/
1
1
1
1
2.10. Payez-vous des taxes municipales? 1 /_/
Oui /_/1 Non /_/2 NSP /_/3 1
1
2.11. Par quelle périodicité? 1 /_/
.jour /_/1 .semaine /_/ .mois /_/3 .autre /_/4 1
• Préciser •••.......•........................••...•...• 1
1
2.12. Montant de la taxe /_/_/_/_/ 1 /_/_/_/_/
1
Thème 3 : Pratiques commerciales et climat social 1
1
3.1. (Voir fiche 3.1.) 1
309
Ne rien
écrire ici
1
3.8. Quels problèmes rencontrez-vous généralement avec les 1
clients ? 1
.plainte pour hygiène '_'1 .problème de mesure du plat' '2
.satisfaction gastronomique' '3 .paiement des crédits'-'4
'-'-'
.problème de places assises ':'5 .autre '_'6 -1
. Préciser 1
1
Thème 4 : Structure de consommation des ménages 1
Alimentation 1
1
4.1.
4.2.
Combien de fois mange-t-on par jour chez vous? ,_, fois 1
311
1
1 Ne rien 1
1 écrire ici
Nature des frais
Location
1
1
1
Electricité 1
Eau 1
Dépenses diverses 1
1
Total /_/_/_/_/_/_/ 1
1
4.20. Etes-vous tout(e) seul(e) à faire face aux dépenses de 1
logement? 1 /_/
OUi / /1 Non /_/2 NSP /_/3 1
(Si oui, passer à la question 4.23. Si non, répondre aux 1
questions 4.21 1
1
4.21. Dites-nous ceux qui y particiPent? 1 /_/
.conjoint(e) / /1 .les parents ou ami qui habitent la 1
maison /_/2 ~autre /_/3 : préciser •••.••..•.•••••••. 1
1 l-
4.22. A combien évaluez-vous leur participation mensuelle? •.• 1/_/_/_/_/_/_/ I
santé 1
1
4.23. Lorsque vous ou quelqu'un de votre famille est malade, 1
comment est-ce qu'il se soigne? 1 /_/_/
.hôpital / /1 .guérisseur / /2 .auto-médication / /3 1
.pharmaco~e /_/4 .autre /_/5-: Préciser •...•.••••. ~ •• 1
1
4.24. Connaissez-vous la nivaquine ? 1 /_/
Oui /_/1 Non /_/2 1
1
4.25. Si oui, à quoi sert-elle ? ••..••....•••..•...•.••.••.•• 1 /_/
connaît /_/1 ne connaît pas /_/2 1
1
4.26. A peu près combien dépensez-vous par mois, pour les frais 1
de santé? 1/_/_/_/_/_/_/
.maximum / / / / / / / .dépense moyenne /_/_/_/_/_/_/ 1
.minimum /:/:/:/:/:/:/ 1
1
4.27. Etes-vous tout(e) seul(e) à faire face aux dépenses de 1
santé ? 1 /_/
Oui / /1 Non / /2 NSP / /3 1
(Si oui, passer à la-question 4~30. Si non, répondre aux 1
questions 4.28 et 4.29 avant de passer aux questions 1
suivantes: 4.30 et suite). 1
1
4.28. Dites-nous ceux qui y participent? . 1 /_/
.conjoint(e) / /1 .les parents ou ami qui habitent la 1
maison /_/2 .autre /_/3 : Préciser .•......•.......... 1
1
4.29. A combien évaluez-vous leur participation mensuelle? 1
••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 1/ _/_/_/_/_/_/
312
Ne rien
écrire ici
4.30. Fiche de santé de l'environnement du restaurateur.
De toutes ces maladies, dites-nous celles dont souffrent fréquemment les
membre de votre famille vivant dans la même maison que vous.
Education 1
1
4.31. Avez-vous à votre charge des enfants de plus de 3 ans ? 1
OUi 1 11 Non 1 12 NSP 1 13 1
(Si non, passez à la ~estion - ) 1
1
4.32. Combien d'enfants du couple? 1_1_1 1 1_1_1
1
4.33. Combien d'enfants confiés ? 1_1_1 1 1_1_1
1
4.34. Combien vont effectivement à l'école de tous ces enfants 1
de plus de 3 ans 1_1_1 1 1_1_1
1
4.35. Combien vous coûte à peu près leur scolarité par an ? 1/_/_1_1_1_1_1_1
Déplacement •...•.•...........• 1
Frais de scolarité •••••••••••••...••. !
Habillement scolaire ....••.•........... 1
Fourniture scolaire .••..•...•.•......• 1
1
TOTAL 1_1_1_1_1_1_1_1 1
(Evaluer chaque chapitre avec les enquêtés en fonction dul
nombre d'enfants qui fréquentent. Calculer ensuite la 1
dépense totale en matière de scolarité. !
1
4.36. Combien apprennent effectivement un métier? 1_1_1 ! 1_1_1
!
4.37. Combien vous coûte à peu près leur apprentissage par an ?I/_I_I_I_I_I_I_I
Déplacement !
Frais d'apprentissage 1
Equipement !
313
Ne rien
écrire ici
Di vers .
(Evaluer chaque chapitre et calculer la dépense totale)
Loisirs
314
1 Ne rien
1 écrire ici
4.47. A quelle occasion? 1 1_1_1
.Pour des cérémonies 1 11 .Pour assurer des charges
familiales 1 12 .pour-les fêtes 1 13 .Pour les cotisa-
1
1
1
tions au vilÏage 1_1 .Autre 1_/5 1
· Préciser . 1
1
4.48. Qu'est-ce que vous recevez du village? 1 1_1
.des produits vivriers 1 11 .de l'argent 1_/2 1
.autre 1_1 - 1
· Préciser . 1
1
4.49. Est-ce que vous aidez (avec l'argent) d'autres personnes 1
ici à Abidjan ? 1_1
OUi 1_/1 Non 1_/2 NSP 1_/3
315
1 Ne rien
1 écrire ici
.Variation des prix / /1 .Problèmes de stockage / /2 1
.problèmes de transport / /3 .Forte demande du même 1
produit /_/4 .Autre /_/5 .Préciser ......•.....•.•.• 1
1
Faites-nous quelques propositions utiles à l'amélioration de 1
vos conditions de travail. 1
1
1
1
1 1
"':":"'"_ _-:--: 1 _ !
i
Observations 1 1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1 ,.
1
1
1
1
1
316
GLOSSAIRE DES PLATS ET PRODUITS CITES
317
-maïs, de mi l, de blé, de manioc, de banane plantain
ou de banane douce.
• Les brochettes Viande grillée avec de l'oignon, servie en
sandwich dans du pain ou pouvant être consommée au
bout de bâtonnet.
318
· Les sauces : Elles accompagnent 1es plats de rés i stance te 1s
que le riz, le foutou et le foufou. Elles sont carac-
térisées par les produits de base, généralement des
légumes, des noix ou des graines qui ont servi à leur
préparation et dont elles portent le nom. On dira
"sauce aubergine" pour une sauce dont les légumes
dominantes sont des aubergines et "sauce graine" pour
une sauce à dominance de jus de noix de palme.
· Le tiep-djen est un plat dont les trois principaux consti-
tuants sont le riz, le poisson frais et l'hui le
d'arachide avec une dizaine d'autres ingrédients
complémentaires. Fruit d'un métissage dont la pater-
nité remonte aux équipages qui, du XVIe au XIXe
siècle, fréquentaient la côte du Sénégal, et en par-
ticulier les ports de St Louis, Rufisque et Gorée où
on trouvait côte à côte africains, hollandais,
portugais et français, le tiep-djen doit sa diffusion
En Cô t e - d' 1v 0 ire a ux t r a vaille urs mi g r an t s
sénégalais.
• Le Wo, est une pâte de farine de maïs à consistance mol le,
consommable de préférence à chaud. Il est surtout
servi par les restauratrices béninoises. Il est géné-
ralement accompagné d'une sauce au poisson ou à la
viande.
• Le yassa. Plat d'origine sénégalaise fait essentiellement de
riz blanc avec comme accompagnement la sauce préparée
à l'oignon et au citron.
319
PLA N D E TAI L L E
1•
Page
4. Plan de l'étude 37
321
Page
Section 3 Informel al imentaire et résistance au
mimétisme: la nécessité de relativité 66
CONCLUSION PARTIELLE 71
322
Page
323
Page
T 1Q\J DU CAP 1T AL 1 38
324
Page
A - Le crédit................................... 184
B - Les associations de ravitai 1 lement ou l'amorce
d'un processus de self-rel iance 186
325
Page
Ch api t r e VII RENTAB 1LITE DES OPERAT 100\lS COv'MERC 1ALES 1 COvlPORTE-
MENT DE CONSOMMATIO\I ET D'EPARGNE DANS LE SECTEUR
1NFORtv1EL AL 1MENTAl RE ••........•............ 216
326
Page
Section Contribution du secteur informel al imentaire
à l'économie urbaine •••••••••••••••••••• 252
A - Du point de vue de l'emploi et du revenu ••• 252
B - Du po i nt de vue de l' i nser t i on des femmes dans
le tissu économique urbain. ••• •.•••••.••••• 254
327