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de Développement de l’Irrigation
et de Gestion de l’Eau Agricole
en Afrique
Original: anglais
2020
©Union Africaine, 2020
Table des Matières
Remerciements....................................................................................................... vi
Avant-Propos ......................................................................................................... vii
Acronymes...............................................................................................................x
1. Introduction ................................................................................................... 1
iii
2.1.9 Systèmes de gestion de l’Information et capacités des agences de développement13
2.1.10 Les multiples usages de l’eau .................................................................................. 14
2.1.11 Tenure foncière ....................................................................................................... 14
2.2 Leçons apprises ................................................................................................15
2.2.1 L’irrigation tire de la pauvreté et relève du bon sens au plan économique ............. 15
2.2.2 La GEA entraîne une productivité accrue de la terre et de l’eau .............................. 16
2.2.3 La petite irrigation a des retombées économiques plus grandes que celles de l’irrigation
à grande échelle..................................................................................................... 16
2.2.4 La petite irrigation a un plus grand potentiel de ressources pour une expansion viable
............................................................................................................................... 17
2.2.5 Il y a un grand risque d’échec des programmes d’irrigation à pompe exécutés par des
groupements.......................................................................................................... 17
2.2.6 Les méthodes de récolte et de conservation de l’eau renforcent la résilience de
l’agriculture pluviale ............................................................................................. 17
2.2.7 Les rendements peuvent être considérablement augmentés à travers l’intensification
............................................................................................................................... 18
2.2.8 Une approche fondée sur le bassin versant permet une planification stratégique.. 19
2.2.9 Planifier conformément aux moyens et à la volonté de payer ................................. 19
2.2.10 Les projets de gestion intégrée de l’eau agricole sont plus réussis. ....................... 20
iv
3.6 Questions transversales de développement et interventions clés nécessaires ...27
3.6.1 Inclusivité dans le développement de l’irrigation et la GEA...................................... 27
3.6.2 Implication du secteur privé...................................................................................... 28
3.6.3 Adaptation aux changements climatiques et résilience............................................ 28
3.6.4 Microcrédit et mécanismes de financements agricoles............................................ 29
3.6.5 Politiques et institutions et mécanismes de gouvernance........................................ 30
3.6.6 Améliorer la qualité de l’eau et du sol et résoudre d’autres problèmes
environnementaux ................................................................................................ 31
3.6.7 Recherche, suivi, évaluation et transfert des connaissances .................................... 32
3.7 Conclusions et recommandations .....................................................................33
4.Références .................................................................................................... 35
v
Remerciements
Le Cadre de DIGEA a bénéficié des contributions et des commentaires de qualité de nombreux experts
et parties prenantes. Nous voudrions exprimer notre profonde gratitude en particulier, au Consultant
M. Jonathan Denison. Notre reconnaissance va également aux experts de la FAO, de l’IFPRI, de l’IWMI
et de la Banque Mondiale (Water Global Practice) entre autres, pour leurs inestimables contributions.
Celles d’experts issus des organisations continentales et régionales, des CER et des Etats Membres qui
ont participé aux ateliers de revue sont aussi dûment reconnues. Nos remerciements vont aux experts
de l’irrigation et de la gestion de l’eau agricole qui ont donné de leur temps et de leurs ressources pour
la revue indépendante du projet de document et aux experts qui ont participé à l’exercice de revue
interne de l’UA-SAFGRAD.
vi
Avant-Propos
Il convient de noter que ce travail sur la question de l’irrigation et de la gestion de l’eau agricole vient à point nommé, au
moment où il y a un regain d’intérêt pour l’intensification de l’agriculture africaine. Le défi de nourrir des populations en pleine
croissance est énorme. Il en est de même pour les défis de trouver des solutions à la faible productivité des ressources
agricoles face à l’urbanisation galopante, à la variabilité climatique sans cesse grandissante, aux tendances à la mondialisation
et aux régimes alimentaires changeants ainsi que la nécessité de créer des opportunités d’emploi fiables pour ralentir la
migration externe. Le potentiel considérable du secteur agricole du continent à fournir des moyens d’existence durables et
améliorés, une industrialisation tirée par l’agriculture et un développement économique global ne peut être pleinement
exploité sans une intensification des intrants productifs. Le renforcement des capacités de résilience des moyens d’existence
agricoles est fondamental pour l’atteinte des objectifs de développement tels qu’énoncés dans l’Agenda 2063 de l’Union
Africaine et les ODD 2030 des Nations Unies. Il est donc tout à fait pertinent que l’Union Africaine à travers la Déclaration de
Malabo 2014 définisse le futur immédiat de la plupart des économies africaines autour de la croissance et de la transformation
agricoles.
Le Cadre de Développement de l’Irrigation et de Gestion de l’Eau Agricole (DIGEA) de l’Union Africaine a été conçu dans un
contexte de choc climatique croissant avec son corollaire d’impacts négatifs sur la production agricole et de réduction des
capacités des moyens de subsistance tributaires de l’agriculture pluviale sur le continent. Une série de Décisions et de
Déclarations des Chefs d’Etat et de Gouvernement Africains sur la nécessité d’adopter et de vulgariser les pratiques de la
gestion durable de l’eau agricole ainsi que l’utilisation à grande échelle de l’irrigation chez les petits exploitants et les
producteurs de cultures de rente, ont été les facteurs de motivation qui ont donné naissance au Cadre de DIGEA.
Il est indéniable que l’adoption de pratiques d’irrigation et de gestion de l’eau agricole permettra de résoudre le problème
d’accès à l’eau et d’intensification de l’utilisation des intrants dans le secteur agricole. En effet, les cultures ont besoin d’eau et
non de pluie. Afin de garantir un accès fiable à l’eau dont les agriculteurs ont besoin pour augmenter la production et atténuer
les effets de la sécheresse, le présent Cadre établit quatre grands axes (qui ne sont pas mutuellement exclusifs) de
développement de la gestion de l’eau agricole sur le continent. Ce Cadre traite des questions transversales du développement
social et technique dans la gestion durable de l’eau agricole. Il prend en compte les diverses conditions écologiques,
climatiques et socio-économiques à travers le continent. Ce Cadre traite également des défis de mise en œuvre et des
éléments de durabilité, sous l’angle des leçons tirées des efforts antérieurs de développement.
Je voudrais exprimer ma reconnaissance à l’Equipe de l’UA-SAFGRAD pour avoir pris l’initiative d’élaborer ce schéma directeur.
C’est un grand plaisir pour moi de recommander ce Cadre de DIGEA à tous les acteurs et les planificateurs de l’agriculture aux
niveaux national, régional et continental. Au moment où nous œuvrons à la croissance et à la transformation de l’agriculture
africaine pour une amélioration des conditions de vie et une prospérité partagée, l’on espère que ce Cadre sera une source
d’inspiration et de galvanisation de l’intérêt pour le développement de l’irrigation et la gestion de l’eau agricole à grande
échelle. Je lance un appel aux partenaires au développement en vue d’une mobilisation des appuis pour la mise en œuvre du
présent Cadre, dans le but de produire l’impact souhaité.
Un accès fiable à l’eau est essentiel pour augmenter la production vivrière et atténuer la sécheresse à
travers l’Afrique. Cela d’autant plus que les changements climatiques apportent une plus grande
incertitude et la demande alimentaire augmente avec la croissance démographique. L’Union Africaine
(UA) a activement répondu à ces défis, en mettant en place des programmes et des stratégies pour
soutenir les Etats Membres. Par exemple, elle a mis en place le Programme Détaillé de Développement
de l’Agriculture en Afrique (PDDAA) et la Déclaration de Malabo de 2014 sur la Croissance et la
Transformation Accélérées de l’Agriculture en Afrique pour une Prospérité Partagée et de meilleures
conditions de vie. Cela constitue le moteur du développement agricole à travers l’Afrique et soutient la
première aspiration de l’Agenda 2063 de l’UA d’“ une Afrique prospère basée sur la croissance inclusive
et le développement durable”.
Sur le terrain, l’Afrique connaît une croissance élargie et rapide de l’irrigation en particulier chez les
petits producteurs de cultures de rente. La superficie totale sous Gestion de l’eau agricole (GEA) en
Afrique, y compris l’irrigation et autres technologies de gestion de l’eau est officiellement estimée à
18,6 Mha1. Cependant, les nouvelles preuves révèlent clairement que cette superficie est sous-estimée.
Par exemple, le développement de l’irrigation porté par les agriculteurs (DIA) couvre une grande
superficie qui n’est pas officiellement enregistrée et prise en compte dans les bases de données
nationales. Bien que le potentiel inexploité d’extension de la GEA sur le continent reste considérable, il
est limité par les contraintes environnementales et économiques locales. Les zones potentielles
restantes correspondent aux projections d’extension de la superficie sous GEA nécessaire pour
satisfaire les besoins alimentaires d’ici 2050. Bien que ces objectifs semblent modestes, le financement
des investissements requis pour les atteindre est substantiel. Le Cadre de Développement de l’Irrigation
et de Gestion de l’Eau Agricole (DIGEA) en Afrique vise à appuyer les stratégies régionales et nationales
et la mise en œuvre de projets pour l’atteinte des objectifs continentaux, à travers la promotion
d’initiatives nationales de DIGEA. Les questions et opportunités clés sont identifiées dans le présent
cadre. Il fournit une base pour une discussion permanente sur les priorités en matière d’eau pour
l’agriculture permettant l’acquisition de connaissances plus factuelles.
Le présent cadre est structuré autour de quatre axes stratégiques de GEA ou pistes de développement
des ressources en eau pour l’agriculture comme suit : la GEA dans l’agriculture pluviale; l’irrigation par
l’agriculteur lui-même; le programme de modernisation; et l’utilisation non-conventionnelle de l’eau
pour l’irrigation. Les questions transversales portent sur des thèmes et des domaines opérationnels qui
viii
doivent être mis en exergue et soutenus afin de récolter les fruits de la GEA et promouvoir son
extension ainsi que sa durabilité. Le cadre fait appel à une large vision des opportunités tout en prenant
en compte les spécificités nationales et la nécessité d’exploiter les pistes parallèles en vue d’accélérer
l’adoption de méthodes de GEA du point de vue de la ressource et du climat. Le défi pour les décideurs
politiques nationaux est d’utiliser la réforme institutionnelle pour faciliter et permettre le processus qui
soutient le développement de l’irrigation par l’agriculteur, l’accès aux technologies, aux financements
et aux marchés agricoles et sécuriser la tenure foncière et hydraulique, en particulier pour les
partenariats entre le secteur privé et les communautés.
ix
Acronymes
x
1. Introduction
Le manque d’accès fiable aux ressources en eaux en quantités et en qualité suffisantes constitue
une contrainte majeure à la production agricole. Cet accès est une priorité dans les efforts
déployés pour éradiquer la pauvreté. Au plan mondial, les gouvernements et les producteurs sont
confrontés à de nouveaux défis liés à la qualité et à la quantité de l’eau à cause de la croissance
démographique rapide, l’urbanisation et la pollution, aux impacts des changements climatiques et
de la variabilité climatique sur les ressources en eau et la compétition intersectorielle croissante
pour l’eau. L’amélioration de la GEA pour relever ces défis et par la suite contribuer à
l’amélioration des moyens d’existence et impulse un développement économique, constitue une
priorité pour le continent africain et l’agenda mondial.
Les acteurs politiques à tous les niveaux manifestent un grand intérêt pour la promotion du
développement et des pratiques de l’irrigation (DIGEA) comme catalyseur du développement
économique et rural, étant donné en particulier, les incertitudes aggravées dues aux changements
climatiques. La GEA peut représenter une réponse rapide visant à réduire les conséquences de la
sécheresse accrue et plus sévère en doublant ou en triplant l’intensification de l’agriculture et en
augmentant la productivité des ressources en eau, des terres et des cultures. La productivité
agricole et les revenus des ménages verraient une augmentation grâce à la multiplication des
cycles de production et des périodes prolongées de production qui seraient facilités par l’adoption
des pratiques de DIGEA. Le deuxième Objectif de Développement Durable (ODD#2) est de mettre
fin à la faim, atteindre la sécurité alimentaire et une meilleure nutrition et promouvoir l’agriculture
durable. L’ODD#2 peut être réalisé en doublant la productivité agricole et les revenus des petits
producteurs de cultures vivrières. En outre, l’on peut garantir des systèmes de production vivrière
durable à travers la mise en œuvre de pratiques agricoles résiliantes qui augmentent la
productivité et la production. L’augmentation substantielle de l’efficience de l’utilisation de l’eau à
travers tous les secteurs et la mise en œuvre d’une gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) à
tous les niveaux sont des indicateurs clés de l’ODD#6 “garantir l’accès de tous à l’eau et à
l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau ” (ODD#6).
C’est dans ce sens que l’Union Africaine, à travers plusieurs décisions et de déclarations des Chefs
d’Etat et de Gouvernement, a toujours placé la gestion des ressources en eau (GRE) et l’irrigation
au premier plan de son agenda de développement. Il s’agit: a) du Programme Détaillé de
1
Développement de l’Agriculture Africaine (PDDAA) qui fait des systèmes fiables de gestion durable
des terres et de maîtrise de l’eau le premier pilier du développement du secteur agricole en
Afrique; b) de la Déclaration de Syrte 2004 {Ex/Assemblée/UA/Décl.1(II)} qui recommande le
renforcement des Centres d’Excellence et /ou des réseaux et leur création là où ils n’existent pas,
pour la gestion de l’eau. En outre, la Déclaration de Syrte soutient le Conseil des Ministres de l’Eau
Africains (AMCOW) dans son rôle de préparation des plans et des politiques relatives à la GRE; c)
du Sommet d’Abuja sur la sécurité alimentaire en Afrique, tenu au Nigeria en 2006 et qui a mis
l’accent sur la promotion des investissements publics dans les infrastructures liées à l’agriculture, y
compris celles hydrauliques et d’irrigation entre autres; d) Les engagements des Chefs d’Etat et de
Gouvernement à l’accélération de l’atteinte des objectifs d’accès à l’eau et à l’assainissement en
Afrique pendant leur 11ème session ordinaire tenue en 2008 à Sharm El-Sheikh, en Egypte
(Assemblée/UA/Decl.1 (XI)); e) la Déclaration subséquente de Syrte (2009) sur les investissements
dans l’agriculture pour une croissance économique et une sécurité alimentaire qui souligne
l’importance des financements pour la mise à échelle de l’adoption de la gestion durable des
terres et des ressources en eau pour l’agriculture {Assemblée/UA/Decl.2(XIII)}; f) la déclaration de
Malabo qui met encore l’accent sur les systèmes efficients et efficaces d’utilisation et de gestion
basés sur l’irrigation comme étant l’une des principales stratégies d’élimination de la faim en
Afrique d’ici 2025; et g) l’Agenda 2063 de l’Union Africaine et son Plan d’Action décennal pour aller
vers “l’Afrique que nous voulons ”, qui souligne l’irrigation comme étant la clé pour la réalisation
d’une agriculture moderne pour une production et productivité accrues et la création d’une valeur
ajoutée. Ces décisions et déclarations sont d’une importance capitale pour l’atteinte de
l’aspiration 1 de l’Agenda 2063 intitulée “Une Afrique prospère basée sur une croissance inclusive
et un développement durable”. En 2018, la Commission de l’Union Africaine en collaboration avec
l’Agence de Développement de l’Union Africaine - Nouveau Partenariat pour le Développement de
l’Afrique (AUDA-NEPAD), les Communautés Economiques Régionales (CER), les institutions
techniques et les acteurs non-étatiques du PDDAA, a publié le Rapport-Bilan Biennal inaugural
(RBB) sur la Mise en Œuvre de la Déclaration de Malabo 2014. Le RBB inaugural indique que le
taux de croissance de la taille des superficies irriguées a augmenté de l’an 2000 à 2017 de 407,7,
328,7, 42,6, 91,4, 160,4 et 199,4% en Afrique Centrale, Afrique de l’Est, Afrique du Nord, Afrique
Australe, Afrique de l’Ouest et dans toute l’Afrique respectivement.
2
1.2 Justification
3
Le cadre de DIGEA découle aussi bien de l’analyse ci-dessus que de l’environnement politique et
vise par conséquent à soutenir les équipes régionales et nationales pour une concentration
stratégique des efforts dans la poursuite des cibles au niveau élevé de l’UA et celles des pays en
matière de DIGEA. Il devrait stimuler le développement de l’irrigation et la gestion des ressources
en eau pour l’agriculture en fournissant un ensemble d’options de développement susceptibles
d’être exploitées. L’on espère que ce cadre servira de catalyseur pour de nouvelles idées de GEA et
fournira les détails des interventions et des plans de projets et interventions institutionnels
régionaux et nationaux. Le cadre offre une orientation et une vision continentales articulées sur le
développement de l’irrigation et la GEA, qui doivent susciter l’intérêt et aider les EM à mettre en
place des aménagements et récolter les avantages. Il offre également une base d’engagement des
CER et des EM à formuler et à opérationnaliser un cadre global de développement de l’irrigation et
de GEA aux niveaux régional et national.
Le cadre est structuré en trois chapitres. Le Chapitre Un porte sur l’introduction, la justification et
les défis clés ainsi que les opportunités de développement de la GEA en Afrique. Le Chapitre Deux
souligne les questions qui entourent le développement de l’irrigation et la GEA en Afrique. Le
Chapitre Trois identifie les pistes de développement, les interventions clés nécessaires pour leur
4
mise en œuvre réussie et les sept questions transversales. Ce Chapitre contient par ailleurs la
conclusion et les recommandations.
Il existe de nombreuses différentes pratiques de GEA et il convient donc de les catégoriser afin de
collecter et d’analyser les données pour comprendre leur état, types et échelle. Cette
catégorisation est assez complexe parce que, dans de nombreux cas, différentes techniques sont
combinées sur la même parcelle et de nombreuses variations de techniques sont également
appliquées. Les pratiques de GEA sont plus faciles à comprendre quand elles sont perçues dans un
cadre général2. D’un côté, nous avons les pratiques de gestion non-équipées qui augmentent la
disponibilité de l’eau autour de la racine de la plante, et de l’autre, les pratiques d’irrigation de
haute technologie totalement maîtrisée. Entre les deux, existent les pratiques d’irrigation de
décrue, de récolte des eaux, de l’eau de bas-fonds, d’irrigation supplémentaire, de pleine irrigation
et autres technologies connexes de drainage. Le champ d’application du cadre de DIGEA couvre
tout l’éventail des pratiques de gestion de l’eau agricole. La FAO1 divise l’éventail de la GEA en
deux principaux groups, à savoir les superficies équipées pour l’irrigation et les superficies ayant
d’autres formes de GEA (c’est-à-dire non-équipées) comme le montre la Figure 1.1.
(1) Périmètres équipées pour l’irrigation: cela comprend toutes les superficies qui sont
équipées pour une irrigation totalement maîtrisées et celles qui sont partiellement
équipées, généralement dans les bas-fonds.
Les technologies d’irrigation totalement ou partiellement maîtrisée y compris les
systèmes d’irrigation par aspersion tels que les systèmes de gicleur, de goutte-à-goutte,
microgicleur et les systèmes d’irrigation de surface tels que les bassins, les sillons et les
bandes de bordure.
L’irrigation équipée dans les bas-fonds et par épandage, telles que les terres humides
cultivées, les fonds de vallées aménagés et la récolte des eaux impliquant des structures
de maîtrise de l’eau et /ou de drainage. Cette catégorie comprend aussi l’agriculture de
décrue où des diguettes ou des structures retiennent l’eau de décrue.
(2) Autres formes de GEA: il s’agit des superficies non-équipées où l’agriculture repose sur la
gestion de l’eau du sol sous différentes formes. Cela est généralement entrepris dans les
terres humides, les fonds de vallées aménagés et les superficies exploitées pendant la
décrue, mais sans l’installation de structures de transport de l’eau. La récolte de l’eau (c’est-
à-dire les techniques sur-le-champ) et la gestion de l’eau du sol entrent également dans
cette catégorie.
5
(3) Superficie de GEA (3) = (1) + (2)
Figure 1.1 : Catégorisation de l’irrigation et des superficies sous gestion de l’eau agricole de la
FAO montrée sous forme de spectre (Source : FAO1, amendée par les auteurs pour
respecter le concept de spectre, après Molden (2007)2)
6
1.5 Terminologie – assurer une compréhension commune
La discussion sur l’eau agricole contient beaucoup de termes qui sont utilisés différemment par différentes
personnes, organisations, groupes économiques, régions et pays. . Il est par conséquent utile de clarifier les
termes et les concepts, et à cet effet, une liste est fournie dans l’Encadré 1.1.
Gestion de l’Eau Agricole (GEA): c’est un terme inclusif les programmes d’investissement et les liens commerciaux,
désignant les interventions des agriculteurs qui augmentent et la gouvernance des terres et de l’eau ”5. L’irrigation porté
la disponibilité de l’eau autour de la racine, en plus des eaux par l’agriculteur concerne essentiellement mais pas
de pluie naturellement infiltrées. La GEA comprend donc: seulement, les petits exploitants. Elle ne se limite pas à une
l’agriculture sur les bas aquifères (dambos, fadamas, zones technologie quelconque.
humides, etc.), le paillage, l’agriculture de conservation, la
construction de diguettes, l’agriculture de décrue, la récolte Aménagements à petite, moyenne et grande échelle : Le
des eaux, l’irrigation et le drainage. La GEA comprend la concept de grande ou petite échelle est utilisé comme
gestion aussi bien de l’eau bleue (prélèvements) que l’eau descripteur relatif des exploitations individuelles, des
verte (dans les plantes).2 aménagements ou des programmes. Il est important de
savoir que beaucoup d’interventions de petite échelle, telle
Eau bleue et verte : eau des fleuves, des barrages ou des que l’extension paysanne impliquant des centaines de
aquifères utilisée pour l’irrigation. L’eau bleue est milliers ou des millions de petits exploitants, constituent
transportée vers les champs à travers un système d’irrigation efficacement une empreinte massive de développement à
afin d’irriguer. L’eau retenue dans le sol après les grande échelle.
précipitations1.
Aménagements publics d’irrigation à grande échelle : Les
Irrigation : transport et application d’eau bleue à la zone de aménagements publics d’irrigation à grande échelle en
la racine de la plante à l’aide d’un système d’irrigation Afrique ont deux caractéristiques qui les définissent : ils sont
system. 1. construits avec des investissements gouvernementaux et les
Système d’Irrigation : Un aménagement comprend un infrastructures/bien appartiennent à l’Etat; et la Gestion, les
groupe d’agriculteurs d’irrigation partageant un système Opérations et la Maintenance (GOM) du système
hydraulique qui fournit de l’eau pour l’irrigation. Un d’approvisionnement en vrac et de distribution implique une
aménagement nécessite une gestion collective du système Agence d’Irrigation et de Drainage (AI&D), un service
d’irrigation partagé3. gouvernemental ou un opérateur privé. Les Associations des
Usagers de l’Eau sont souvent impliquées aux niveaux
Récolte de l’eau : collecte et concentration d’eau de pluie
secondaire ou tertiaire6.
et d’eau de ruissellement sur l’exploitation et dans le
réservoir d’eau du sol en utilisant des techniques de Agriculture Intelligente face au Climat (AIC) : elle intègre
creusage de marre et d’infiltration (ex : à travers des fosses, trois dimensions (économique, sociale et environnementale)
des diguettes, de l’humus ou une application standard de du développement durable en traitant conjointement des
compost, des tranchées et des rigoles), ou dans des défis de la sécurité alimentaire et ceux du climat. Elle est
structures de stockage (réservoirs d’eau sur le toit, bassins composée de quatre principaux piliers : durabilité,
familiaux (champêtres) (non-doublés ou doublés avec du adaptation et renforcement de la résilience, et là où cela est
plastique résistant aux UV) et de petits barrages en terre)4. possible, la réduction et /ou l’élimination des émissions des
Développement de l’Irrigation porté par l’Agriculteur gaz à effet de serre7.
(DIA) : c’est “un processus dans lequel les agriculteurs
jouent un rôle moteur dans l’amélioration de leur utilisation
de l’eau agricole en apportant des changements dans la
production de connaissances, l’utilisation des technologies,
7
2. Défis, opportunités et leçons apprises
- 8-
2.1.2 Une tendance à l’augmentation du stress hydrique à travers l’Afrique
L’Afrique est dotée de ressources en eau significatives
mais sous-utilisées et inégalement réparties à travers le
continent. Bien qu’une concurrence intersectorielle tirée
par l’urbanisation et la croissance industrielle, exerce une
pression et un stress grandissants et localisés sur les
sources d’eau, les problèmes de quantités et de qualité de
l’eau sont des éléments importants de stress dans la GEA.
La variabilité pluviométrique sur le continent est d’environ
deux fois celle des régions tempérées et les épisodes de
sécheresse sont plus fréquents que partout ailleurs dans
le monde. Les Africains font également face à une
pauvreté en matière d’eau, illustrée par le fait qu’ils
retirent seulement un quart de la ressource pour les
utilisations par l’homme comparativement au reste du
monde. Cela a un effet marqué sur la production et l’économie générale des moyens d’existence.
L’accès relativement faible à l’eau est accentué par les niveaux très différents d’investissement
dans les infrastructures de GEA à travers le continent. Plus de 80% de l’irrigation documentée sont
concentrés dans seulement 10 pays d’Afrique du Nord, de l’Ouest et d’Afrique Australe1. La réalité
du stress hydrique en augmentation signifie que la gouvernance de l’eau, la planification intégrée
et une meilleure productivité de l’utilisation de l’eau sont de grandes priorités pour l’avenir.
- 9-
l’entrepreneuriat présentent une opportunité pour l’agriculture orientée vers le marché et
explique la plus grande partie de l’expansion de l’irrigation au cours de ces deux dernières
décennies5, 10.
2.1.4 Ressources d’irrigation sous-utilisées
La base de données AQUASTAT de la FAO fournit des informations consolidées sur la GEA pour
toute l’Afrique. Cependant, les superficies réelles irriguées sont sous-estimées à cause du
développement non-enregistré par l’agriculteur dont la couverture est très peu documentée. En
Afrique de l’Ouest, de l’Est et Australe, ces irrigateurs couvrent d’importantes superficies
agrégées, dans certains cas, même plus importantes que les superficies équipées pour l’irrigation
et officiellement enregistrées 5. Les estimations des pays d’Afrique du Nord pourraient être plus
certaines à cause de l’expansion limitée de l’irrigation portée par l’agriculteur qui a été à la base
de la plus grande partie de la croissance dans le reste de l’Afrique. Les données d’AQUASTAT
montrent que la superficie totale cultivée en
Afrique est d’environ 271 millions d’hectares (ha).
Environ 18,6Mha représentent la superficie sous
GEA (irrigation et GEA non-équipée). Les superficies
non-équipées comprennent les zones humides et
les fonds de vallées. Les superficies équipées pour
l’irrigation comme pourcentages des superficies
totales cultivées et superficies sous GEA en Afrique
représentent environ 5,7% et 83,1%
respectivement. Il convient de noter qu’il existe de
grandes variations entre les régions et au sein des
mêmes régions de l’Afrique. L’Afrique du Nord
détient 47% de la superficie continentale équipée
pour l’irrigation, mais une très petite superficie non-
équipée2.
Le développement de l’irrigation est un catalyseur important de la croissance agricole. Bien que le
potentiel disponible soit presque totalement exploité dans le reste du monde, l’Afrique n’a pas
encore développé une grande partie de son potentiel. Les données sur l’eau gérée pour
l’agriculture et les zones équipées pour l’irrigation sont incertaines. Les incertitudes sont
nombreuses à cause de l’absence de documentation de l’extension de l’irrigation portée par les
agriculteurs. Cependant, les données disponibles indiquent que les superficies sous gestion
agricole de l’eau en Afrique ne représentent que 36% du potentiel estimatif de 42,5 Mha
irrigables2. Les ressources en eau et en terres disponibles constituent une opportunité importante
si l’on veut que la GEA étendue couvre les besoins alimentaires à l’avenir.
- 10-
2.1.5 Agriculture pluviale : s’attaquer à la faible productivité
La majorité des populations pauvres d’Afrique vit dans
les zones rurales et dépend de l’agriculture pour ses
moyens d’existence. La superficie cultivée en Afrique est
Les technologies GEA peuvent
estimée à 271 Mha dont 242 Mha sont en Afrique Sub- favoriser l’intensification de
Saharienne (ASS)2. De manière générale, l’ASS est la l’agriculture pluviale
région la moins productive du monde sur le plan agricole La plupart des céréales en Afrique
avec un manque à gagner de rendement de 76%, proviennent de l’agriculture
comparativement à une moyenne de 50% dans la plupart pluviale mais les rendements ne
des pays à faibles revenus, et seulement 11% en Asie9. représentent que 24% de ce qui est
Cependant, il existe une grande variabilité dans le réalisable au plan technique. La
rendement céréalier moyen à travers l’Afrique. gestion de la fertilité, la sélection
L’agriculture pluviale prédomine en Afrique même si les des semences et les technologies
données sur l’irrigation et les zones de GEA sont de l’eau pour l’agriculture, telles
obsolètes et incertaines. L’agriculture pluviale représente que la récolte des eaux sont des
58% de la production vivrière totale en Afrique et en ASS interventions clés intelligentes face
99% de la production des principales céréales telles que au climat pour l’atteinte de
le maïs, le mil et le sorgho11. L’importance de l’agriculture l’intensification et de la résilience
pluviale dans l’approvisionnement en denrées du système agricole.
alimentaires, combinée avec le grand manque à gagner
du rendement, signifie que l’irrigation et les technologies
de GEA, telles que la récolte de l’eau et l’agriculture de
conservation, ont joué un rôle central dans les efforts
d’intensification et de doublement de la productivité de l’agriculture.
- 12-
meilleur accès aux technologies. L’adoption des nouvelles technologies d’irrigation est limitée à
cause des coûts élevés d’investissement et de fonctionnement des technologies de pompes à
carburants fossiles et de la difficulté à organiser les appuis en matière de carburant, de pièces de
rechange et techniques. L’une des opportunités d’augmenter la rentabilité consiste à favoriser les
marchés des pompes et d’équipements d’irrigation et réduire le triple défi du coût initial élevé, du
risque élevé et des coûts élevés de service/maintenance liés aux pompes à essence et à diésel16.
Les pompes solaires pour la petite irrigation, liées aux innovations de financement numériques
sont déjà disponibles sur les marchés de l’Afrique de l’Est et de l’Ouest. Ces interventions et
d’autres interventions technologiques peuvent permettre de relever le triple défi auquel les petits
irrigateurs sont confrontés, et d’augmenter rapidement la rentabilité grâce aux économies
d’énergie. Une deuxième opportunité découle du caractère non-réglementé inhérent au sous-
secteur de l’irrigation mené par l’agriculteur. Les innovations technologiques et les interventions
d’appui à l’agriculture qui entraînent une augmentation de la productivité et de la rentabilité
peuvent être reliées aux activités de gestion des bassins. De cette façon, l’adoption des
technologies visant à réduire les prélèvements d’eau, motivées par une rentabilité agricole et des
bénéfices accrus pour les agriculteurs, peuvent soutenir une règlementation plus forte des bassins,
réduire le stress hydrique et améliorer la planification de la distribution des ressources en eau et le
respect de cette planification.
- 13-
2.1.10 Les multiples usages de l’eau
En réalité, nous utilisons l’eau qui est fournie par un système d’approvisionnement en eau ou
d’irrigation pour différents besoins. L’approche basée sur les systèmes à usages multiples (SUM)
reconnaît cela et vise à s’assurer que l’approvisionnement en eau à usages domestiques ou les
systèmes d’irrigation sont conçus et gérés en gardant à l’esprit ces multiples usages et multiples
usagers. Cette approche prend en compte un ensemble de divers usagers qui partagent
l’infrastructure et la ressource en eau, et utilisent souvent des systèmes qui n’étaient pas conçus à
ces départs17. La connaissance des SUM à différentes échelles est importante18 y compris : i) au
niveau ménage, les SUM comprennent la consommation domestique, l’arrosage des jardins et
l’abreuvage du petit bétail; ii) dans les aménagements d’irrigation, les SUM peuvent inclure
l’approvisionnement en eau domestique aux villages et aux quartiers urbains; la production
piscicole et avicole; l’abreuvage du bétail; la recharge de la nappe phréatique; la lessive et le bain;
la nage et la recréation; et les besoins et impacts environnementaux; et iii) à l’échelle du bassin
versant, les SUM couvrent l’usage multisectoriel dont les secteurs agricoles, hydroélectriques,
urbain-domestiques, industriels, minier et récréatif. Une vision SUM offre un tableau plus complet
des besoins en matière de gestion de l’eau et permet des solutions plus adaptées pour répondre
aux défis de la gestion de la ressource et de prestation de services19. La réponse à ces multiples
besoins en compétition dans un monde frappé par le stress hydrique offre l’occasion d’améliorer
les services et d’accroître l’équité entre les multiples usagers des systèmes et de réaliser de plus
grandes retombées des investissements dans la GEA.
- 14-
Il y a une raison à examiner la situation des irrigateurs indépendants qui utilisent souvent des
équipements faciles à transporter (tels que les pompes, les tuyaux flexibles, et les seaux et cordes)
différemment des irrigateurs de périmètres aménagés qui partagent des infrastructures
hydrauliques fixes. Les schémas présentent des problèmes particuliers causés par le manque de
mécanismes d’échange des terres qui implique une faible utilisation des terres parce que les
agriculteurs qui ne peuvent pas produire n’ont aucun moyen sécurisé de louer ou de vendre leurs
terres et ne peuvent pas être motivés à quitter ces terres et générer un revenu tiré de la location.
Il y a aussi la question de la fragmentation de la terre due aux pratiques d’héritage, où le manque
de mécanismes d’échange des terres qui entrave la consolidation des petites parcelles par les
agriculteurs qui ont réussi à entreprendre une production commerciale et bénéficier ainsi
d’économies d’échelle23. L’opportunité qui se présente est celle de développer des mécanismes
formalisés d’échange des terres qui peuvent être fondés sur des pratiques traditionnelles et
coutumières, et les lois nationales là où elles existent. Une sécurité foncière accrue peut
augmenter l’utilisation de la ressource que constituent les aménagements d’irrigation et motiver
les investissements privés.
- 15-
de valeurs d’intrants et de produits, la demande de main-d’œuvre salariée et l’industrie de
construction.
2.2.2 La GEA entraîne une productivité accrue de la terre et de l’eau
L’irrigation peut favoriser une augmentation de l’intensité des cultures de jusqu’à 300 pour cent
dans les zones où la pluviométrie seulement permet une seule production par an, où l’eau est
disponible et les températures favorables. Cela signifie une production équivalente ou supérieure
d’aliments sur un tiers de la terre, réduisant ainsi la pression sur les terres, et aussi la perte
éventuelle de biodiversité en limitant la nécessité de l’expansion de l’agriculture pluviale.
L’agriculture irriguée est également associée à une plus grande productivité de l’eau (culture par
goutte) grâce à une plus grande intensification avec des semences à plus haut rendement,
l’adoption connexe de bonnes pratiques agricoles et un plus grand ratio récoltable par rapport à la
matière végétale7,26.
2.2.3 La petite irrigation a des retombées économiques plus grandes que celles de l’irrigation à
grande échelle
Les retours probables sur l’investissement dans la petite irrigation à travers l’Afrique sont
beaucoup plus élevés que ceux des aménagements à grande échelle. Les TREI projetés pour les
aménagements à grande échelle en Afrique étaient d’environ 6 pour cent par rapport à un TREI
moyen de 28 pour cent pour la petite irrigation27. Cependant, bien que l’expansion de la petite
irrigation soit une priorité, les investissements dans les aménagements à grande échelle ont aussi
un rôle à jouer. Ces investissements dans les grandes infrastructures sont toujours planifiés autour
de la base de ressources naturelles, tels que les grands barrages existants, les réservoirs et les
grands fleuves, où il existe des terres irrigables. Les cibles de l’expansion de l’irrigation sont peu
susceptibles d’être atteints sans quelques aménagements publics à grande échelle10. L’approche la
plus réussie au développement de l’irrigation s’exécute à travers des programmes de grande
échelle qui constituent le moteur de nombreux systèmes de petite irrigation et de gestion de l’eau
agricole. Là où les grands aménagements publics dominent le paysage de l’irrigation, l’accent sera
nécessairement mis sur les améliorations techniques, en même temps que les réformes juridiques
dans la loi portant sur l’eau, et la modernisation des organisations des programmes de gestion de
l’eau. Ces interventions de modernisation doivent traiter de la transmission de l’eau, de
l’efficience de l’énergie e, ainsi que de la restructuration opérationnelle pour s’assurer que la
modernisation des institutions et des mécanismes de gouvernance va de pair avec les
améliorations technologiques.
- 16-
2.2.4 La petite irrigation a un plus grand potentiel de ressources pour une expansion viable
Une étude de la disponibilité des ressources foncières et hydrauliques montre que 23,5 Mha en
Afrique pourraient être aménagés avec des TREI plus que marginaux 27. Le rapport indique
également que le potentiel d’expansion (92%) se trouve hors d’Afrique du Nord. Ces résultats
montrent que le développement de la petite irrigation pourrait être très convenable pour 70-80
pourcent de la future zone d’expansion, et que les aménagements publics à grande échelle
pourraient couvrir les 20-30 pourcent restants.
2.2.5 Il y a un grand risque d’échec des programmes d’irrigation à pompe exécutés par des
groupements
Les expériences montrent que pour les groupements paysans utilisant des infrastructures
d’irrigation partagées, les systèmes de gravité ont beaucoup plus de chance de réussir que les
systèmes à pompe. Les défis du pompage comprennent les coûts de fonctionnement élevés, les
problèmes techniques lors de l’adoption, un manqué d’appui technique opérationnel, les faibles
organisations de gestion de l’eau pour MOM, et l’incapacité à honorer les coûts partagés de
l’énergie (disponibilité et application des règlements). Ce n’est pas le pompage en tant que tel qui
constitue le problème, mais plutôt la gestion du pompage collectif. L’irrigation à pompe
individuelle est connue pour avoir beaucoup de succès à travers l’Afrique et l’Inde16, alors que les
aménagements le sont moins. Les programmes de petits groupements sont vulnérables face aux
défis de la complexité technique et des coûts de fonctionnement élevés et nécessitent des
Organisations des Usagers de l’Eau (OUE) efficaces. L’expérience montre que les aménagements à
pompe pour les groupements de petits exploitants doivent être mis en œuvre essentiellement
pour la production de cultures à forte valeur ajoutée et soutenus par des initiatives de production
agricole, de commercialisation et de création d’OUE.
- 17-
plantes et l’achèvement du cycle de l’azote (pour limiter l’excès d’azote fixe et réduire les impacts
négatifs sur l’environnement) et sont associées à des co-avantages environnementaux tels que la
réduction des déchets et de la pollution4. Bien que les succès et les impacts positifs soient
répandus et convaincants, une mise en garde est nécessaire contre des attentes trop optimistes
selon lesquelles les techniques de RCE peuvent remédier la sécheresse, étant donné que l’absence
de pluie signifie aussi une absence de ruissellement. L’eau stockée dans le réservoir d’eau du sol
ne peut aller loin, en particulier dans les sols à texture légère et les endroits ayant un indice
d’aridité élevé. Ainsi, les systèmes hybrides ayant un stockage localisé, une utilisation combinée de
l’eau souterraine et de surface, et une irrigation supplémentaire sont importants dans certains
endroits. Les pratiques de RCE doivent donc être envisagées en tenant compte des conditions
particulières du site et des systèmes agricoles.
- 18-
2.2.8 Une approche fondée sur le bassin versant permet une planification stratégique
La planification et la coordination de multiples initiatives créent des défis de GIRE. La raréfaction
des ressources en eau et la compétition dans les diverses utilisations exigent des niveaux élevés de
réglementation dans les grandes échelles spatiales à travers les bassins versants. La planification
de l’intensification de l’utilisation de l’eau dans l’agriculture pluviale et pour les besoins
d’irrigation peut mieux se faire à travers une approche fondée sur le bassin versant ou sur le
paysage. Une telle approche est conforme à l’accent mis par le PDDAA sur l’amélioration de la
gestion des bassins versants et des bassins. Une approche fondée sur le bassin versant permet de
délimiter des frontières pratiques de sorte que des processus inclusifs, centrés sur l’agriculteur
puissent être organisés sur la base de frontières pratiques pour l’évaluation de la ressource en eau
et des initiatives institutionnelles visant à renforcer les droits des usagers et la règlementation.
Pour être pratiques et rentables, les mécanismes hybrides de gestion de l’eau, les dispositions du
droit coutumier et les permis et l’application de la règlementation différenciée peuvent être
utilisés pour permettre une utilisation plus équitable et plus sécurisée des ressources en eau.
Beaucoup de petits exploitants individuels utilisent leurs propres financements pour des
équipements d’irrigation, mais pour les aménagements à grande échelle, le remboursement des
investissements dans les infrastructures d’irrigation est moins courant. Là où la politique exige un
recouvrement total des coûts des investissements et du MOM, des modèles de recouvrement des
- 19-
coûts pourraient inclure un financement à long terme et à faible taux d’intérêt pour les petits
agriculteurs. Il convient d’explorer également les possibilités d’inclure des structures commerciales
de grande envergure comme ‘principaux locataires’, étant donné qu’elles ont une plus grande
capacité de payer. La rentabilité est un pilier important dans la planification de la durabilité des
systèmes d’irrigation. L’utilisation de l’eau de mer dessalée pour l’irrigation, bien qu’elle offre une
véritable source d’eau pour le développement de l’irrigation, doit intégrer une comparaison du
coût énergétique du dessalement et du transport de l’eau aux avantages sociaux et privés
attendus. Au fur et à mesure que les coûts de dessalement et du transport de l’eau de mer
prélevée vers les sites de production deviennent abordables par rapport à d’autres sources d’eau,
l’on espère que les pratiques de dessalement pour l’irrigation seront répandues en particulier dans
les pays côtiers.
2.2.10 Les projets de gestion intégrée de l’eau agricole sont plus réussis.
Les leçons tirées aux niveaux mondial et africain montrent que le succès des projets a été
étroitement lié à un accent accru sur les projets intégrés, qui prend en compte tous les facteurs
techniques, institutionnels et agricoles, y compris le financement et la commercialisation. Il
convient de trouver un équilibre entre le besoin de projets intégrés et les capacités et les aptitudes
de mise en œuvre étant donné que les projets complexes présentent plus de défis d’exécution. Les
facteurs de réussite comprennent les suivants :
Les projets qui investissent dans les composantes institutionnelles ‘plus douces’ comprenant
l’eau, la terre et le développement d’une entreprise agricole, de même que les
infrastructures, avaient réalisé de meilleurs résultats ;
Les taux élevés de retombées ont été fortement liés aux projets qui avaient un coût faible
d’investissement par hectare, une plus haute productivité agricole et un modèle
institutionnel adéquat ;
Les projets d’appui aux systèmes d’irrigation gérés par l’agriculteur ou conjointement gérés
avaient des coûts unitaires d’investissement plus faibles et avaient de meilleurs résultats
comparativement aux projets ayant des systèmes gérés uniquement par une agence
gouvernementale ;
Les programmes qui permettent une utilisation combinée des eaux de surface et des eaux
souterraines ont une meilleure performance à cause de leur plus grande fiabilité ;
Les programmes par gravité des petits agriculteurs sont les plus susceptibles de réussir ; par
contre les programmes à pompe des groupements ont plus de risques d’échec ;
- 20-
Les projets d’appui aux agriculteurs utilisant leurs propres systèmes indépendants ont plus
de chance de réussite ; et
Une approche fondée sur le développement de nombreux programmes à petite échelle dans
le cadre d’un grand programme d’investissement pourrait générer de meilleurs résultats par
rapport aux programmes à grande échelle.
Il a été également constaté que les retombées économiques des programmes de grande
envergure se sont améliorées au fil du temps, ce qui signifie que les échecs peuvent être dus à la
concentration techno-centrique observée au cours des décennies passées, plutôt qu’aux
programmes intégrés dans un passé récent29.
Les opportunités et les leçons tirées de la discussion au Chapitre 2 ont éclairé la formulation et la
description des pistes stratégiques au Chapitre 3.
- 21-
3. Pistes de développement et interventions
3.1 Introduction
À l'avenir, l’aménagement des ressources en eau pour l’agriculture devra répondre à des besoins
très variées qui impliquent plusieurs groupes cibles à travers des stratégies variées. Cela
nécessitera la modernisation des anciens systèmes et la construction de nouveaux systèmes
d'irrigation conventionnels à petite et grande échelle, formels et informels, ainsi que la
récupération de l’eau agricole pluviale. La planification et la mise en œuvre devront combiner des
approches conventionnelles basées sur les ressources, et des approches à caractère catalysant qui
favorisent la création de marchés dynamiques et de processus sociaux. Le concept de pistes de
développement est utilisé pour réaliser un programme d’aménagement de système d’irrigation et
de GEA. Ces pistes sont combinées pour faciliter la croissance et le développement du secteur
agricole conformément aux objectifs du PDDAA et de l'Agenda 2063. En résumé, l'Afrique du Nord
aura tendance à mettre davantage l'accent sur la modernisation des périmètres d'irrigation
existants, car la plupart des ressources sont déjà utilisées. Les autres régions d'Afrique ont un fort
potentiel en matière irrigation. C’est en ce sens que l'expansion et la modernisation sont très
importantes.
Les quatre pistes sont énumérées ci-dessous et sont présentées au fil des pages :
PISTE 1 : Maîtrise de l’eau améliorée et gestion des bassins versants dans l’agriculture pluviale
PISTE 2 : Développement de l’irrigation porté par l’agriculteur
PISTE 3 : Développement et modernisation des programmes d’irrigation
PISTE 4 : Utilisation non-conventionnelle de l’eau pour l’irrigation
- 22-
3.2 PISTE 1 : Gestion améliorée de la maîtrise de l’eau et des bassins versants dans
un environnement pluvial
- 23-
3.3 PISTE 2 : Développement de l’irrigation porté par les agriculteurs
- 24-
3.4 PISTE 3 : Modernisation/réhabilitation des systèmes d’irrigation
Systèmes d'irrigation réformés et modernisés. Les systèmes d'irrigation sont : les petites
Dans la plupart des pays, les systèmes d'irrigation à moyenne et exploitations individuelles, les moyennes et
grande échelle sont généralement plus anciens, avec grandes - entreprises agricoles à grande échelle.
d'importants systèmes de circuits d'approvisionnement et de Les périmètres privés et publics sont impliqués.
distribution. Ces périmètres ont besoin d’être L'agriculture en transition des origines du projet
modernisés/réhabilités et parfois élargis. social d'origine à l'agriculture orientée vers le
marché.
- 25-
3.5 PISTE 4 : Utilisation non-conventionnelle de l’eau pour l’irrigation
Justification : L’utilisation des eaux usées pour l’irrigation est une pratique
courante dans les zones rurales et périurbaines de la plupart des pays en
développement.32 Les pénuries d’eau sont des problèmes de plus en plus graves
en Afrique et l’urbanisation galopante offre une possibilité de réutilisation des
eaux usées en tant que ressource alternative importante. Au cours des
Interventions clés : des réformes politiques sont nécessaires pour donner la priorité à l’irrigation par les eaux usées et
permettre aux agriculteurs qui pratiquent l’irrigation d’avoir accès aux eaux usées. Sont également nécessaires :
- Des mesures réglementaires pour garantir la qualité de l'eau salubre liée aux différentes cultures, pratiques et
technologies pour garantir un environnement de travail sûr et des produits suffisamment sûrs ;
- Des formulations de réponses stratégiques qui donnent un équilibre entre les mécanismes de réglementation
essentiels et le maintien des avantages pour les pauvres qui dépendent des ressources en eaux usées. Le Cadre
de Stockholm33 est important car cela suggère que les pays doivent adapter les directives à leurs propres
circonstances sociales, techniques, économiques et environnementales ;
- Les campagnes de sensibilisation du public sur le traitement et l'utilisation des eaux usées pour l'irrigation;
- La recherche, le développement des connaissances et l’application de mesures visant à garantir l'utilisation à
moindre risque des eaux usées pour l'irrigation ; et
- Le partage d'informations, d'enseignements et de meilleures pratiques en matière de récupération et de
réutilisation des eaux usées entre les Etats membres.
- 26-
3.6 Questions transversales de développement et interventions clés nécessaires
Interventions clés :
a. Créer un climat politique favorable pour attirer les investissements et la
participation du secteur privé à l’agriculture irriguée, les opérations d’irrigation et
le traitement des produits agricoles y relatif;
b. Les gouvernements nationaux doivent améliorer les infrastructures rurales telles
que les pistes rurales, l’expansion de l’électrification rurale et les TIC pour
augmenter l’accès aux marchés, réduire les coûts de fonctionnement et de
transport et augmenter la rentabilité agricole;
c. Atténuer les risques liés au développement des partenariats de GEA en assurant
la clarté des contrats, l’impartialité et la répartition équitable des profits entre le
secteur privé et les groupements paysans locaux là où des partenariats
opérationnels ou agricoles ont été établis; et
d. Faciliter le développement et les mécanismes de coopératives entre les usagers
de l’eau agricole pour compenser les risques et améliorer la viabilité financière.
- 28-
Interventions clés :
a. Promouvoir les pratiques qui renforcent la résilience au climat à travers par
exemple :
La diversification des systèmes agricoles pour intégrer l’élevage des petits
ruminants ou du gros bétail dans la production et le cycle de gestion de la
fertilité;
L’introduction de la petite irrigation efficiente en eau et généralement à
faibles coûts;
Les pratiques de conservation du sol et de l’eau telles que les diguettes, le
paillage, le compost et la culture intercalaire;
b. Concentration accrue sur les aménagements irrigués en flancs de collines et
hautes terres, qui ne nécessitent qu’une irrigation supplémentaires
contrairement aux fonds de plaines qui ont une déficience sévère de pluviométrie
et une résilience comparativement limitée aux changements climatiques; et
c. L’intégration des approches de l’AIC7 et de développement des bassins versants
dans les plans régionaux et nationaux d’investissements dans l’agriculture.
Interventions clés:
a. Développer des systèmes appropriés d’appui financier et d’assurance à travers
des mécanismes efficaces d’appui institutionnel;
b. Intégrer un appui technique et financier au développement des chaînes des
valeurs agricoles;
- 29-
c. Développer et mettre en œuvre des mécanismes de financement qui peuvent
fournir des instruments tels que les fonds de contrepartie et de roulement; et
d. Appuyer les plateformes commerciales reliant les clients, les acheteurs et les
vendeurs dans des transactions business-à-consommateur (B2C), ou business-à-
business (B2B).
e. Renforcer les capacités institutionnelles des institutions de la microfinance.
f. Créer un environnement favorable aux financements innovants pour le
développement de l’irrigation et la GEA.
Interventions clés :
a. Aligner les politiques nationales, régionales et continentales;
b. Mettre en place des politiques, des lois et des règlementations favorables à une
coordination efficace de la GEA à tous les niveaux;
c. Instituer des dispositifs règlementaires hybrides des ressources en eau qui permettent
à de multiples petits préleveurs de sécuriser davantage leur accès 35; ces dispositifs
doivent promouvoir les règlementations de l’utilisation de l’eau qui encouragent une
forte adhésion et réduisent les coûts de transaction pour les petits agriculteurs, en
particulier quand les prélèvements sont en dessous de certains seuils;
- 30-
d. Autonomiser juridiquement les organisations de gestion de l’eau (organisations
d’irrigation et OUE), en particulier par rapport:aux droits d’utilisation des
infrastructures publiques d’irrigation; à l’adhésion obligatoire aux organisations
d’irrigation et /ou OUE; et au droit de collecter et de garder des frais de services d’
irrigation au niveau programme afin de permettre un MOM durable;
e. Promouvoir la bonne gouvernance dans le fonctionnement des structures
organisationnelles d’approvisionnement en eau pour l’irrigation et la prestation de
services agricoles;
f. Fournir un environnement favorable au développement institutionnel de la gestion des
terres et,
g. Promouvoir des options à moindre coût énergétique (énergies renouvelables) et des
relations commerciales appropriées pour l’agriculture irriguée.
Interventions clés :
a. Promouvoir l’application de mesures correctives à l’acidité des sols telles que
l’utilisation: de la chaux agricole; du compost de haute qualité; de la cendre de bois; et
de farines carnées.
b. Encourager la lixiviation de routine des sels à travers de lourdes applications
d’irrigation périodiques avec de l’eau douce entraînant une percolation profonde au-
delà la zone de la racine, avec des traitements basés sur les résultats de tests du sol.
c. Promouvoir des investissements dans des systèmes de drainage appropriés.
- 31-
d. Développer et mettre en oeuvre des règlementations en faveur de la qualité des sols et
de l’eau, y compris l’utilisation des engrais et des pesticides.
e. Promouvoir des technologies et des practices appropriées, et lutter contre la
dégradation des terres.
3.6.7 Recherche, suivi, évaluation et transfert des connaissances
La planification et la règlementation de nouvelles initiatives sur l’eau, que celles-ci soient centrées
sur l’intensification ou l’extension, nécessitent des données bien meilleures sur l’étendue et la
couverture réelles des activités agricoles existantes sous GEA. Il y a une grande incertitude
concernant les superficies réelles sous GEA, y compris celles équipées pour l’irrigation et les
structures de types de récolte de l’eau, et la GEA sans ouvrages. De même, en ce qui concerne les
systèmes financiers innovants pour l’agriculture, il y a des travaux préliminaires substantiels en
cours en Afrique. Cependant, le suivi des expériences, l’amendement des approches, et des
expérimentations continues sont nécessaires dans les pays africains en vue d’optimiser les services
relatifs aux différents besoins des paysans. Le transfert de connaissances à travers la transposition
rayonnante et ascendante est fondamentalement motivé et facilitée par une bonne structure de
gestion des connaissances.
Interventions clés :
a. Revoir et renforcer en cas de besoin, les systèmes existants de suivi et
évaluation à tous les niveaux, en appui à un rapportage global sur la GEA;
b. Encourager et soutenir la Recherche & Développement afin d’améliorer
continuellement la base de connaissances sur la GEA; et
c. Faciliter la mise en place de plateformes et/ou de fora de partage
d’informations pertinentes.
d. Encourager et soutenir la collecte, le traitement et la diffusion de données
désagrégées
e. Rendre compte des initiatives régionales en cours et développer des
interventions appropriées relatives à la connaissance des ressources en eau et
leur mobilisation pour le développement de l’irrigation et la GEA.
- 32-
3.7 Conclusions et recommandations
La souveraineté et l’égalité souveraine des EM sont dûment soulignées dans l’Acte Constitutif de l’Union
Africaine. Cela implique que tous les EM ont le droit de décider d’adopter leurs propres politiques et
agendas de développement sectoriel. Il existe une demande et une opportunité claires d’extension et
d’intensification de la GEA à travers le continent. L’agriculture pluviale soutenue par des interventions de
développement de l’eau agricole et l’agriculture irriguée sont tous les deux d’une grande importance dans la
GEA en Afrique. Il existe des similitudes dans les défis qui minent le développement de l’irrigation et de la
GEA en Afrique, même si les contextes sont très divers. Les options proposées dans ce cadre ne sont pas ni
exécutoires ni supposés être des plans cadres exclusifs pour le développement de l’irrigation et de la GEA
dans les EM. Le cadre reconnait les diversités significatives dans les conditions agro-écologiques, la situation
des aménagements sous GEA et les capacités d’initiation, de planification et de mise en œuvre des options à
travers le continent. Relever les défis de l’accès aux technologies et aux financements pour les petits
irrigateurs; du développement institutionnel en ce qui concerne la gestion des terres et de l’eau; et
l’implication du secteur privé constituent des priorités. Il est prévu que les équipes nationales développent
chacun de ces thèmes selon les opportunités.
Le cadre de DIGEA propose des investissements dans quatre pistes parallèles de développement en vue
d’atteindre les objectifs de la Déclaration de Malabo 2014. Sept thèmes transversaux doivent être pris en
compte dans chaque piste et ensemble, ils permettront d’éclairer les réformes politiques et la conception
des programmes de GEA. Le cadre appelle à une large vision des opportunités avec de multiples pistes
parallèles qui peuvent transformer les ressources agricoles et le potentiel des agriculteurs en une réalité
agricole prospère. Les questions et les opportunités fondamentales ont été identifiées et constituent une
base pour la poursuite de la discussion au niveau national, pour des plans mieux éclairés et l’acquisition de
connaissances plus factuelles. L’on espère que le cadre soutiendra les stratégies nationales et la mise en
œuvre des projets en vue de l’atteinte des objectifs de la Déclaration de Malabo 2014 à travers la promotion
et l’accélération des initiatives nationales de planification de la GEA.
L’irrigation et le développement de la GEA doivent constituer une grande priorité : L’irrigation doit être élevée au rang
des premières priorités dans l’allocation des ressources publiques car elle peut apporter une contribution majeure à la
réduction de la pauvreté étant donné l’augmentation de la production agricole qui proviendrait de l’intensification.
Motivation et augmentation de l’implication du secteur privé dans la gestion de l’eau et la production agricole : Le secteur
privé est un acteur essentiel ayant des opportunités claires de co-financement et /ou d’appui aux activités d’irrigation.
Ces opportunités comprennent les accords de collaboration tels que : les producteurs indépendants dans des joint-
ventures; les agents de gestion sur les exploitations communautaires irriguées; les opérateurs d’approvisionnement en
eau; les partenariats de fourniture de technologies et de connaissances agricoles; ou tout simplement des locataires
d’une portion de l’aménagement générant un revenu pour les propriétaires terriens. Les gouvernements peuvent
réduire les risques liés aux investissements pour le secteur privé, renforcer le climat des investissements à travers des
- 33-
interventions de réformes institutionnelles et prendre des mesures incitatives telles que les subventions intelligentes, les
exonérations fiscales ou les garanties financières.
Appui technologique et diffusion des technologies : les gouvernements doivent appuyer la définition des normes, la
formation technique et les réseaux de distribution des équipements d’irrigation, en particulier les petites pompes.
Les services et les applications technologiques financiers doivent être encouragés dans les politiques nationales et
autorisés par la loi. Ils peuvent apporter une contribution essentielle dans la garantie de l’accessibilité de l’irrigation et
des technologies agricoles à travers un accès plus facile et à moindres coûts aux micro-financements.
Interventions de tenure foncière : La location des terres dans les aménagements publics est limitée par l’absence
d’institutions locales de bail et d’échange. L’activité d’irrigation peut être encouragée en diminuant les risques liés à
l’investissement, par exemple en sécurisant des superficies pour des partenariats avec le secteur privé. Les interventions
localisées d’échange de terres impliquant la cartographie des champs et des registres fonciers locaux offrent une option
à court terme et peuvent aider à mieux sécuriser les locations de terres et à intensifier la production agricole.
Promotion et renforcement de la législation sur la gestion de l’eau et de la réforme institutionnelle : La législation sur l’eau
permettant une gestion participative des aménagements à travers les Organisations des Usagers de l’Eau (OUE), est
faible dans la plupart des pays africains. Des dispositions juridiques spécifiques sont nécessaires pour assurer une
adhésion obligatoire aux OUE sur les périmètres irrigués, une délimitation financière pour les frais de services de GFM
de l’irrigation au niveau de l’aménagement et des définitions claires des mandats techniques et financiers opérationnels.
Encouragement et facilitation de l’utilisation des pratiques de l’AIC : cela devra constituer une caractéristique essentielle
pour l’intensification et l’augmentation de la résilience, de la productivité et de la rentabilité de l’agriculture pluviale.
Ces programmes bénéficieront de l’utilisation de l’approche basée sur le paysage et le bassin versant, qui permettra de
donner la priorité aux types d’interventions de GEA qui conviennent le mieux aux pôles ciblés.
- 34-
4.Références
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options for a climate-smart approach to improving the performance of irrigated cropping systems.
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