Paca Save
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Paca Save
Réalisée par :
Dr BLALOGOE Parfait Coordonnateur
Dr AKOGNONGBE Arsène J. S. Chercheur Principal
DOSSA A. K. Benjamin Animateur Glazoué/Savè
Décembre, 2021
1
Sommaire
Sigles et abréviations……………………………………………………………………..........4
Résumé…………………………………………………………………………………………5
Introduction……………………………………………………………………………………10
2. Méthodologie ....................................................................................................................... 10
2.1. Préparation de la mission/implémentation des outils du CVCA ....................................... 10
2.2. Réalisation du diagnostic .................................................................................................. 11
2.2.1. Donnés collectées ........................................................................................................... 11
2.2.2. Echantillonnage .............................................................................................................. 12
3. Présentation du secteur d’étude…………………………………………………………….13
3.1. Présentation générale......................................................................................................... 13
3.2. Caractéristiques biophysiques de la commune.................................................................. 15
3.2.1. Relief et Climat .............................................................................................................. 15
3.2.2. Sols et végétation ........................................................................................................... 15
3.2.3. Réseau hydrographique .................................................................................................. 16
3.3. Caractérisques démographiques ........................................................................................ 16
3.3.1. Evolution de la population de la commune de Savè ...................................................... 16
3.3.2. Principales activités menées par les populations............................................................ 17
3.4. Barrières à la promotion du genre ..................................................................................... 19
3.5. Profil historique de la commune de Savè………………………………………………...24
4. Principaux moyens de subsistance et modes d’existence …………………………………27
4.1. Principaux risques et Matrice de vulnérabilité .................................................................. 28
4.2. Impacts des changements climatiques (hommes, femmes, jeunes et personnes
handicapées) ............................................................................................................................. 30
4.2.1. Impacts des changements climatiques............................................................................ 30
4.3. Forces et faiblesses des mesures actuelles d’adaptation ................................................... 34
4.4. Réponses (institutionnelles, techniques) mises en œuvre par les pouvoirs publics
(municipalité, Etat) ................................................................................................................... 37
5. Stratégies communautaires d’adaptation…………………………………………………..38
5.1. Inventaire des stratégies par acteur (hommes, femmes, jeunes, personnes handicapées et
jeunes) ...................................................................................................................................... 38
5.2. Options d’adaptation et de renforcement de la résilience des groupes vulnérables .......... 44
6. Options prioritaires pour les plans d’action communautaires d’adaptation axés sur la
résilience des femmes ………………………………………………………………………...44
7. Besoins en renforcement des capacités pour la mise en œuvre du PACA…………………45
Conclusion……………………………………………………………………………………56
2
Liste des tableaux
Tableau 1 : Liste des groupements de la Commune de Savè ................................................................ 13
Tableau 2 : Décisions prises au sein des foyers de la commune de Savè .............................................. 21
Tableau 3 : Journée Type des femmes et des hommes dans la Commune de Savè .............................. 23
Tableau 4 : Synthèse des activités et de la masse horaire en fonction de l’homme et de la femme dans
la commune de Savè .............................................................................................................................. 24
Tableau 5 : Ressources impactées par les différents risques dans la commune de Savè ....................... 28
Tableau 6 : Acteurs impactés par les différents risques dans la commune de Savè .............................. 29
Tableau 7 : Impacts des changements climatiques sur les communautés ............................................. 30
Tableau 8 : Forces et faiblesses des mesures actuelles d’adaptation ..................................................... 35
Tableau 9 : Stratégies d’adaptation par bénéficiaires ............................................................................ 39
Tableau 10 : Classement des options d’adaptation prioritaires ............................................................. 45
Tableau 11 : Plan d’actions annuel de mise en œuvre du PACA de Savè ............................................ 47
3
Sigles et abréviations
ATDA : Agence Territoriale de Développement Agricole
CAPES ONG : Centre d’Action pour la Protection de l’Environnement et la Santé
CERPADEC : Centre d’Etudes Régionales pour la Promotion de l’Agriculture Durable et
du Développement Commun
CES : Conservation des Eaux et des Sols
CREDEL ONG : Centre de Recherche d'Expertise et de Développement Local
CVCA : Climate Vulnerability and Capacity Analysis (CVCA)
DDAEP : Direction Départemental de l’Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche
DERICC : Développement d'une Résilience Inclusive face aux Changements et
Catastrophes
FADEC : Fonds d’Appui au Développement des Communes
FAO : Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture
IMF : Institution de Micro Finance
MAEP : Ministère de l'Agriculture de l'élevage et de la Pêche
MDAEP : Ministère du Développement, de l'Analyse Economique et de la
Prospective
PACA : Plan d’Actions Communautaire d’Adaptation
PADMAR : Projet d'Appui au Développement du Maraîchage
PDC : Plan de Développement Communal
Projet : Projet d’Appui aux Communes et Communautés pour l'Expansion des
ACCESS Services Sociaux
Projet WACA : Programme de Gestion du Littoral Ouest-Africain
PTF : Partenaires Techniques et Financiers
ZAE : Zone Agro-Ecologique
4
Résumé
Le Bénin comme la plupart des pays côtiers de l’Afrique de l’ouest bénéficie d’un potentiel
agricole important qui occupe un nombre élevé de citoyennes. Les activités de beaucoup d’autres
personnes sont liées au secteur de l’agriculture. Cependant, les paysans qui sont les premiers
concernés ont des difficultés à s’épanouir. Parmi les multiples causes de la baisse de leurs
revenus, il y a la baisse des rendements liée à la dégradation des terres de culture. La condition
d’exercice de l’activité agricole est par ailleurs influencée par les effets des changements
climatiques. En dehors des terres qui se dégradent, les autres composantes de l’environnement
subissent aussi une dégradation et des perturbations qui rendent difficiles les conditions
d’exercice des activités économiques et de vie des hommes.
Le département des Collines au Bénin et en l’occurrence la Commune de Savè dont les traits
caractéristiques font d’elle une région homogène qu’on peut qualifier d’un « territoire de
développement » n’échappe pas à cette situation. La gestion administrative au Bénin confère aux
organisations Non Gouvernementales (ONG) le statut de collectivité territoriale qui exerce un
certain nombre de compétences. Au nombre de ces compétences, figure la valorisation et la
gestion efficiente et efficace de certaines ressources naturelles et de l’environnement. Pour
l’exercice de leurs compétences, plusieurs organisations nationales et internationales ont décidé
de mener des actions pour faire face aux enjeux de la dégradation des terres agricoles et des
effets liés aux changements climatiques. Pour ce faire, le Centre de Recherche et d’Expertise
pour le Développement Local (CREDEL ONG) a conçu et vulgarisé à travers deux communes
du Département des Collines, la mise en œuvre du projet pour le renforcement du niveau de
résilience des femmes et des autres groupes vulnérables face aux changements climatiques et aux
catastrophes. Ce projet est monté en réponse à l’appel à proposition lancé par le CRDI.
L’obtention des différentes données sur le terrain pour le compte de ce projet a été possible grâce
à des séances d’apprentissages composés des neuf (9) outils de l’approche Analyse de la
Vulnérabilité et Capacité d’Adaptation (CVCA) qui se sont déroulées avec les groupements
mixtes. Le déroulement de l’outil sur les options d’adaptations a nécessité un recourt sur l’outil
chaîne d’impact qui a permis de ressortir chaque option en fonction des impacts directs des
risques climatiques majeurs dans la commune de Savè. Les résultats obtenus ont montré que le
changement climatique a un impact différent sur les hommes et les femmes, en grande partie du
fait de leurs pouvoirs relatifs, de leurs rôles et de leurs responsabilités différenciées selon le sexe
au niveau des ménages, des communautés et des sociétés. A l’issu donc du déroulement de
l’ensemble des outils du CVCA, plusieurs options d’adaptations ont été recensées pour anticiper
et renforcer le niveau de résilience des groupes vulnérables. Comme options d’adaptations
prioritaires, il faut :
mettre en place un système d’accès aux services climatiques et sur la prévision des
dates de début et de fin de saison des pluies ;
aménager des bas-fonds et des terres humides pour le développement et la
diversification des cultures de contre saison ;
restaurer des sols et gestion durable des terres ;
former et renforcer les capacités des femmes sur les bonnes pratiques agricoles et de
gestion durable des ressources en eau et sur les mesures agro écologiques de résilience
aux changements climatiques ;
faciliter de l’accès aux crédits agricoles adéquats ;
5
promouvoir et gérer durablement les ouvrages d’aménagement hydro-agricole et
d’approvisionnement en eau ;
réhabiliter les infrastructures hydrauliques ;
mettre à la disposition des femmes, des intrants agricoles adéquats et semences
améliorées à cycle court et à haut rendement de maïs, de niébé, de riz et du
maraichage.
6
Glossaire
Cette partie de glossaire présente quelques définitions opératoires qui permettront aux lecteurs
de mieux cerner les expressions ou les mots dont le sens prête souvent à confusion.
Adaptation : C’est un processus d’ajustement des systèmes écologique, social et économique
à un risque climatique constaté ou anticipé, à ses effets et ses impacts. Il désigne un
changement de procédures, de pratiques et de structures visant à limiter ou effacer les
dommages potentiels ou à tirer bénéfice des opportunités créées par les changements
climatiques. Il demande des ajustements afin de réduire la vulnérabilité au changement
climatique de certaines communautés, régions ou activités.
Adaptation aux changements climatiques : les stratégies, initiatives et mesures
individuelles ou collectives (entreprises, associations, etc.) visant, par des mesures adaptées, à
réduire la vulnérabilité des systèmes naturels et humains contre les effets réels ou attendus des
changements climatiques. L’adaptation aux changements climatiques consiste donc à réduire
la sensibilité du système et par conséquent à réduire sa vulnérabilité. Elle décrit
l’environnement sociétal du système, comme les ressources financières de la population, son
accès aux technologies et aux informations, l’accès aux institutions et groupements, les
connaissances locales, etc., qui tous lui permettent de s’adapter.
Capacité d’adaptation : la capacité d’un système, d’une communauté, d’un individu à
s’adapter aux effets et aux impacts des changements climatiques (y compris la variabilité
climatique). Elle dépend essentiellement des ressources économiques, sociale et humaine
d’une société.
Risque climatique : Probabilité et importance d’occurrence d’une perturbation ou d’un stress
dans une région en un temps donné. Exemples de risques climatiques au Bénin : inondations,
sécheresse, pluies tardives et violentes, forte chaleur, vents violents, élévation du niveau
marin.
Risque de catastrophe : la probabilité que surviennent, au cours d’une période donnée, de
graves perturbations du fonctionnement normal d’une population ou d’une société dues à
l’interaction de phénomènes physiques dangereux avec des conditions de vulnérabilité
sociale, qui provoquent sur le plan humain, matériel, économique ou environnemental de
vastes effets indésirables nécessitant la prise immédiate de mesures pour répondre aux besoins
essentiels et exigeants parfois une assistance extérieure pour le relèvement.
Aléa : Dans le contexte de la Réduction des Risques de Catastrophes, un aléa est défini
comme un phénomène dangereux, une substance, une activité humaine ou condition pouvant
7
causer la mort, des blessures ou d’autres effets sur la santé, des dommages aux biens, des
pertes de moyens de subsistance et de services, des perturbations socio-économiques, ou des
dommages écologiques.
Un aléa climatique est un événement susceptible de se produire et pouvant entraîner des
dommages sur les populations, les activités et les milieux. Il s'agit, soit d'extrêmes
climatiques, soit d'évolutions à plus ou moins long terme.
Unités d’exposition : ce sont les secteurs qui sont sous influences négatives des risques
climatiques (agriculture, élevage, ressources en eau, etc.).
Inondation : L’inondation est une submersion temporaire, par l’eau, de terres qui ne sont pas
submergées en temps normal. C’est un phénomène naturel qui constitue une menace
susceptible de provoquer des pertes en vie humaine, le déplacement de populations et des
arrêts ou des perturbations des activités économiques. Elle nuit à l’environnement et
compromet gravement le développement économique.
Sécheresse : Phénomène qui se produit lorsque les précipitations sont sensiblement
inférieures aux niveaux normaux enregistrés, et qui provoque des déséquilibres hydrologiques
importants néfastes pour les systèmes de production de ressources terrestres.
Indicateurs d’exposition : la variable sélectionnée pour mesurer les influences négatives des
risques climatiques (agriculture, élevage, ressources en eau, etc.).
Indicateurs d’impacts : la variable sélectionnée pour mesurer les conséquences des risques
climatiques (agriculture, élevage, ressources en eau, etc.).
Moyens d’existence : les aptitudes, les biens (y compris les ressources sociales et matérielles)
ainsi que les activités nécessaires (modes d’existence : petits exploitants, commerçants, etc.)
pour assurer le bien-être. Un moyen d’existence est durable lorsqu’il permet de faire face aux
contraintes et aux chocs, de s’en remettre, de maintenir ou d’améliorer ses capacités et ses
biens, que ce soit dans le présent ou dans l’avenir, tout en évitant de porter atteinte aux
ressources naturelles. Les moyens d’existence sont basés sur cinq formes de capital (humain,
nature, social, physique et financier).
Vulnérabilité : selon GIEC (2007), c’est le degré auquel une unité d’exposition est perturbée
ou compromise par suite des effets climatiques ; les facteurs socio-économiques et les
facteurs physiques étant importants dans la détermination de la vulnérabilité. Elle dépend non
seulement de la sensibilité de l’unité mais aussi de sa capacité à s’adapter aux nouvelles
conditions climatiques.
8
La vulnérabilité est aussi le « degré auquel un système est susceptible, ou se révèle incapable,
de faire face aux effets néfastes des changements climatiques, notamment à la variabilité du
climat et aux conditions climatiques extrêmes. La vulnérabilité est fonction de la nature, de la
magnitude et du taux de variation climatique auxquels un système se trouve exposé ; sa
sensibilité, et sa capacité d’adaptation » (Adger et al., 2004, Downing et al., 2004).
Résilience : la capacité d’un système ou d’une communauté ou société exposée à des aléas, de
résister, d’absorber, d’accueillir et de corriger les effets d’un aléa en temps opportun et de
manière efficace, notamment la préservation et la restauration de l’essentiel de ses structures
essentielles et de ses fonctions de base.
Changement climatique : tout changement du climat dû à sa variabilité naturelle ou résultant
de l’activité humaine. La Convention-Cadre des Nations-Unies sur les Changements
Climatiques définit les changements climatiques comme des « changements qui sont attribués
directement ou indirectement à une activité humaine altérant la composition de l’atmosphère
mondiale et qui viennent s’ajouter à la variabilité naturelle du climat observée au cours de
périodes comparables ».
9
Introduction
Au Bénin, l’agriculture occupe plus de 70 % de la population active. Elle contribue à la
création de richesse du pays pour 36 % environ. Elle participe aussi à 85 % environ à ce que
le pays gagne pour ses exportations. Au Bénin les communautés exploitent les terres surtout
en famille, c’est-à-dire des exploitations agricoles de type familial. Il y a aussi quelques
fermes modernes installées par des individus privés. Ces deux types de paysans ont des
problèmes pour produire en quantité.
Selon le Plan Stratégique de Relance du Secteur Agricole (2010) « les fermiers modernes tout
comme les exploitations familiales éprouvent de la peine à s’épanouir et pour causes de
multiples raisons : dégradation des terres, faible niveau d’aménagement qui ne respecte pas
souvent les normes environnementales de conservation, utilisation de pratiques et techniques
culturales non durables, non maîtrise de l’eau, faible capacité d’adaptation aux effets des
changements climatiques, non maîtrise des technologies de production des intrants
organiques, faible niveau d’encadrement et d’accompagnement des acteurs et jusqu’à un
passé récent l’absence d’une politique de financement adapté aux caractéristiques de l’activité
agricole ».
Le Département des Collines et en particulier, la commune de Savè est devenue depuis
quelques années, un territoire pourvoyeur de terres cultivables. Ce fait est soldé par la
migration agricole qui a crédité le nombre d’actifs agricoles dans le Département.
Actuellement la dégradation des terres dans le Département des Collines devient de plus en
plus perceptible et constitue une menace importante pour la production agricole et la survie
des populations.
Ainsi, au cours du processus d’élaboration des documents de planification locale, un accent
particulier a été mis sur les enjeux environnementaux, la gestion durable des ressources
naturelles et la restauration des terres agricoles dégradées. Le diagnostic posé dans les PDC
des communes des collines a permis d’entamer la localisation de quelques zones d’attention
particulière en raison du degré très avancé de la dégradation des terres agricoles et la menace
que subit le couvert végétal d’une part, et d’autre part d’envisager des interventions
pertinentes et concertées à l’échelle du territoire. A ces problématiques viennent encore
s’ajouter les changements climatiques dont les effets ne sont pas des moindres.
C’est dans ce cadre que le Centre de Recherche et d’Expertise pour le développement Local
(CREDEL ONG) a bénéficié auprès du CRDI un financement suite à un appel à projet pour le
renforcement du niveau de résilience des femmes et des autres groupes vulnérables face aux
risques climatiques dans les communes de Savè et de Savè. Le présent rapport fait le point
d’une description de la manifestation du changement climatique tel que ressenti par les
producteurs agricoles de Savè et les différentes options d’adaptations pour anticiper sur les
risques climatiques suite aux effets des différents risques climatiques identifiés.
2. Méthodologie
La réalisation du diagnostic en matière des risques liés aux changements et les options
d’adaptations convenables a suivi un processus participatif qui a connu l’implication effective
de plusieurs acteurs. Au regard de l’étendue des services et tâches proposés dans les TdR, la
progression méthodologique s’est articulée autour des phases essentielles suivantes :
Phase 1 : Préparation de la mission ;
Phase 2 : Réalisation de l’état des lieux.
11
2.2.2. Echantillonnage
L’échantillonnage a été fait par choix raisonné. Ainsi donc l’identification des groupements
bénéficiaires pour le compte du projet a été possible grâce à une mission de contact avec ces
groupements afin de prendre des informations sur leur fonctionnement, les activités menées et
les difficultés reconcentrées par ces groupements et liées à la production agricole. Le choix
définitif des groupements a été fait suivant des critères bien définis. Au total, neuf (09)
groupements ont été retenus dans la Commune de Savè dont un groupement composé
uniquement de personnes handicapées dans le but de recenser leurs difficultés face aux
risques climatiques. En ce qui concerne l’effectif des participants, environ 330 membres de
l’ensemble des groupements bénéficiaires ont pris part aux neuf (09) séances d’apprentissages
organisées à l’endroit de chaque groupement bénéficiaire dans la commune de Savè.
Savè Groupement 20 10
Handicapés
13
Figure 1 : Situation géographique de la Commune de Savè
Source : Fond topographique IGN, 1992
14
3.2. Caractéristiques biophysiques de la commune
Les caractéristiques biophysiques regroupent les données climatiques, hydrographiques,
pédologiques de même que les aspects végétaux (couvert végétal).
L’observation de la figure 2 permet de démarquer les deux saisons des pluies et les deux
saisons sèches :
une saison des pluies principale : d’avril à mi-juillet ;
une saison sèche mineure: fin juillet à août;
une saison des pluies mineure: août à octobre ;
une saison sèche principale: de novembre à mars.
Mais depuis peu de temps ce climat a laissé place à un climat tropical de type soudanien
marqué par une saison pluvieuse et une saison sèche. Les hauteurs moyennes des pluies sont
de 1 100 mm par an. Mais depuis quelques années, les précipitations de la grande saison des
pluies sont irrégulières. Par ailleurs, entre la grande saison et la petite saison de pluies, la
démarcation n’est plus nette. Ces deux saisons semblent se croiser. Cette quantité d’eau est
surtout favorable et permet le développement des différentes productions agricoles dans le
cadre d’étude.
3.3.2.1. Agriculture
Les principales cultures sont les céréales, les tubercules et les légumineuses. L’encadrement
technique des producteurs et productrices est assuré à la fois par le CeCPA, les organisations
paysannes (GV, UCPC, etc.), quelques ONG et les projets intervenant dans la commune. Les
moyens de production utilisés sont pour la plupart la houe, le coupe-coupe, bref, des moyens
rudimentaires. Au cours des deux dernières années, grâce au Programme de Promotion de la
Mécanisation Agricole (PPMA) initiée par le Gouvernement, le taux de mécanisation agricole
s’est amélioré et s’élève à 5%. L’agriculture est extensive, itinérante sur brûlis. Elle obéit au
rythme des saisons, avec par moments, des cultures de contre saison pratiquées dans les zones
humides (bassins des cours d’eau et bas-fonds).
Les problèmes que connaît l’agriculture dans la commune sont liés à l’appauvrissement
continu des sols, à la non maîtrise de l’eau de même que le désintéressement des jeunes à se
donner à l’agriculture, ce qui interpellent les ONG à travers la formation et la sensibilisation
des acteurs agricoles surtout sur les questions du temps.
3.3.2.2. Elevage
Le cheptel communal est composé de : bovins, d’ovins, de caprins, de porcins, de volaille,
etc. La commune abrite un marché de bétail qui doit être aménagé. Le problème principal
qui hypothèque le développement du secteur est la forte prévalence des épizooties surtout sur
les espèces à croissance rapide. L’inexistence de couloirs de passage et de zones délimitées de
pâturage, occasionne de fréquents conflits ouverts entre agriculteurs et éleveurs. Les autres
difficultés du secteur sont entre autres, l’accès difficile aux soins vétérinaires, l’insuffisance
de points d’eau et de pâturage pour le bétail et l’insuffisance d’encadrement technique pour
les éleveurs. Ce qui pourrait faire l’objet des modules de formation à l’endroit des populations
de la part des ONG.
Le petit élevage pratiqué dans les villages est souvent confié aux femmes qui s’occupent plus
de l’alimentation des animaux mais les bénéfices générés par cette activité sont gérés par
l’homme en sa qualité de chef de famille ; cause de déséquilibre au sien du foyer dans certains
cas.
3.3.2.3. Pêche
La pêche qui est pratiquée dans la commune est de nature continentale ; elle est pratiquée
principalement sur les fleuves Okpara et Ouémé et dans le barrage Ilakou. L’activité et la
santé des consommateurs sont menacées par l’utilisation de pesticides et engins prohibés. Des
cas de pollution par les déchets chimiques ont été signalés par le passé. Les problèmes
majeurs qui minent le secteur sont l’accès difficile à l’équipement moderne et la non maîtrise
de quelques techniques modernes de pêche qui existent. On retrouve plus d’hommes dans ce
secteur que de femmes ; les femmes se sont plutôt spécialisées dans le mareyage.
17
3.3.2.4. Transformation agro-alimentaire
La transformation agro-alimentaire est l’une des principales activités exercées dans la
commune en raison de la disponibilité de matières premières. Mais, la transformation des
produits agricoles est surtout pratiquée par les femmes qui travaillent individuellement ou en
groupements avec un équipement de base rudimentaire. La commune abrite également
quelques unités artisanales de transformation des produits agricoles. On peut citer l’extraction
et le conditionnement du jus de pomme de cajou, la transformation du manioc en gari et
autres produits dérivés. Il existe également des unités de transformation de soja et de
gingembre. Les problèmes majeurs qui se posent à ce secteur sont :
l’accès difficile aux crédits ;
le manque de débouchés pour les produits transformés ;
l’absence d’encadrement technique ;
l’archaïsme des moyens de production.
Dans la gestion des foyers à Savè, seulement 36 %, des décisions sont prises par les femmes
contre 48 % pour les hommes (figure 5).
Figure 5 : Proportion des décisions prises au foyer par l’homme et la femme dans la
Commune de Savè
L’analyse de la figure 5 révèle que les hommes sont les seuls à prendre majoritairement les
décisions importantes pour le foyer (48 %). Ensuite, 36 % des décisions sont prises de façon
conjointe et 16 % des décisions importantes dans le foyer sont prises par les femmes seules.
L’ensemble des décisions prises au sein du foyer sont présentées dans le tableau II.
20
Tableau II : Décisions prises au sein des foyers de la commune de Savè
Tableau III : Journée Type des femmes et des hommes dans la Commune de Savè
FEMMES
JOURNEE NORMALE JOURNEE AVEC CHOC
Heures Activités Heures Activités
6h – 6h40 Réveil + Prière + Toilette 5h – 5h30 Réveil + Prière + Toilette
6h40 – 8h Travaux domestiques 5h30 – 6h Travaux domestiques
8h – 13h Départ pour le champ et 6h – 12h Travaux champêtres
travaux champêtres
13h – 15h Repos + repas 12h – 13h Repas + Pause
15h – 17h Reprise travaux champêtres 13h – 18h30 Reprise travaux champêtres
17h – 17h30 Recherche bois de chauffe 18h30 – 19h Retour du champ
et retour maison
18h – 19h Corvée d’eau + Bain 19h – 19h30 Corvée d’eau
19h – 21h Cuisine 19h30 – 20h Bain + bain des enfants
21h – 21h30 Repas 20h – 21h30 Cuisine
21h30 – 23h Divertissement et coucher 21h30 – 22h Déjeuner
23h – 6h Sommeil + Occupation 22h – 5h Sommeil
conjugale
HOMMES
6h – 6h 15 Réveil + Toilette + 4h – 4h30 Réveil + prière + Vérification
Vérification de la famille de la famille + Alimentation
des animaux de l’élevage (les
confier aux femmes)
6h15 – 6h30 Alimentation des animaux 4h30 – 5h Vérification des pièges à
d’élevage animaux et à poissons +
Transport des produits vivriers
par pirogue sur le fleuve
6h 30– 13h Départ pour le champ + 5h – 15 h Travaux à la SUCCOBE
Vérification des pièges à (Sarclage coupe verte, coupe
animaux et poissons + noire) + Travaux champêtres
Travaux champêtres sur le plateau
13h – 15h Repos + Repas au champ 15h – 17h Repos + repas
15h – 17h Reprise travaux champêtres 17h – 19h Pièges à animaux et à poissons
(installation et vérification)
17h – 19h Vérification des pièges à 19h – 22h Repos pour ceux qui
animaux et poissons reviennent avec de nourriture
et léger repos
19h – 22h Bain + Repos + Distraction 22h – 4h Réflexion sur quoi faire et sur
avec les enfants + repas en quoi manger
famille + Ecoute des
informations (s’il y a lieu)
22h – 6h Sommeil pour certains
23h – 8h Travaux à la SUCCOBE
pour certains
Source : Travaux de terrain/DERICC/CREDEL ONG, 2021
23
Le tableau IV présente la synthèse des activités et de la charge de travail des hommes et des
femmes dans la Commune de Savè.
Tableau IV : Synthèse des activités et de la masse horaire en fonction de l’homme et de la
femme dans la commune de Savè
24
Ainsi, compte tenu du relief en place (présence des roches), de retard de pluies et de la
disponibilité de terres cultivables, les producteurs-trices n’arrivent plus à respecter les deux
saisons de culture sur l’année. Les cultures comme le maïs, le soja, le riz, le haricot, le sorgho,
le mil et le maraichage sont donc pratiquées dans la commune, mais souvent sur de petites
superficies.
Dans la Commune de Savè, la sécheresse est l’événement climatique majeur qui pèse sur les
activités des femmes comme des hommes. Au fil de l’évolution du temps, il a été observé que
la fréquence de la sécheresse, a entrainé la baisse des rendements des cultures et a également
entrainé la pénurie d’eau qui a fait souffrir les femmes dans un passé récent. Dans les années
1970, on observait deux saisons sèches et deux saisons pluvieuses dans la même année. Ce
qui amène à faire deux productions dans la même année.
Mais aujourd’hui, il est remarqué une seule saison dans la même année, d’où une seule
culture dans l’année. Pour pallier à ces difficultés, les producteurs et surtout les hommes, se
sont donnés à d’autres activités comme le trafic de l’essence, le commerce, la production du
charbon, manœuvre dans la Société Sucrière de Savè (SSS) et autres. Quant aux femmes, elles
se sont installées dans les bas-fonds pour faire le maraichage et la culture du riz. En dehors de
cela, d’autres femmes se sont également données au commerce. Les femmes également vont
dans la Société Sucrière de Savè pour avoir de revenu afin de subvenir à leurs besoins.
Dans le passé, les producteurs-trices n’avaient pas accès aux informations climatiques. Les
quelques canaux d’accès aux informations climatiques étaient les indicateurs locaux comme
les chants des oiseaux, des crapauds, la consultation de l’oracle et les sacrifices. L’oiseau le
plus reconnu et donnant d’information sur la tombée de la pluie et le plus cité dans la
commune est l’oiseau appelé dans la langue Mahi ‘’Houtoutou’’ (Pycnonotus jocosus). Le
chant de cet oiseau appelle automatiquement la pluie. Les chants d’une autre variété des petits
oiseaux dans le début de l’année prédisent une bonne saison des pluies, mais leur absence au
début de l’année prédit une saison sèche. Les pratiques et les techniques culturales ont changé
dans le temps.
Aussi, il a été constaté une dynamique de l’évolution de l’occupation du sol suite à
l’augmentation de l’effectif de la population et aussi des activités des hommes comme celles
des femmes. Il a été observé, une forte dégradation de l’environnement, les grandes forêts ont
disparu donnant place aux formations végétales comme les jachères, les savanes arbustives,
les savanes arborées et les sols nus. Tout cela serait lié aux changements climatiques.
Les différentes saisons ont été modifiées dans le temps ; on est passé de deux saisons de
cultures dans certains milieux à une seule saison de culture suite aux retards et à la rareté des
pluies. Les stratégies d’adaptions aux effets des changements climatiques ont également
évolués dans le temps.
Aujourd’hui il y a une forte utilisation des herbicides, des insecticides et engrais chimiques
dans les différents domaines liés à la production agricole et tout cela pour garantir un bon
rendement aux fins de campagne agricole dans la commune. Les communautés sont
conscientes du changement des manières de faire d’avant. Il a été constaté dans le temps le
changement de nombreux événements. Le passage de deux cultures par année, à une seule
culture, dû aux retards des pluies répétés chaque année. Plusieurs variétés de semences
reconnues comme les meilleures par les producteurs ont disparu dans le temps et ont laissé
place aux variétés de semences à cycle court.
Les techniques de labour et de culture ont été modifiées. Actuellement les producteurs font
des butes de petites lignes. Les produits agricoles se conservaient dans le passé avec les
feuilles de neem (Azadirachta indica), mais aujourd’hui, ces produits agricoles sont conservés
par les produits chimiques. La culture aujourd’hui nécessite obligatoirement l’usage des
intrants pour accélérer leur croissance. D’autres producteurs (45 %) utilisent beaucoup des
25
engrais biologiques, tels que les fientes des animaux, les déchets des graines de coton, les
feuilles mortes pour fertiliser le sol avant le labour et le semis.
Par ailleurs, les producteurs ont reconnu et affirmé qu’il y a eu de modifications dans le
calendrier agricole suite aux retards et aux poches de pluie. Il est observé un décalage des
périodes des différentes activités (défrichement, labour, semis, entretien et récolte) de la
production.
Par ailleurs, la commune de Savè a connu depuis sa création dans les années 1800 jusqu’à nos
jours des éléments marquants liés aux événements climatiques, socio-économiques et
sociocommunautaire. Comme événements marquants notés lors du déroulement de l’outil
CVCA, on note la sécheresse et le vent violent qui ont créé d’énormes dégâts au sein de la
population au fil du temps. Notons que la sécheresse a abondamment sévit dans ce milieu et a
créé des dégâts tels que la perte des cultures, les conflits entre populations, la famine et des
maladies. Les conflits qui ont eu lieu sont à la base de la dispute des points et des cours
d’eaux entre la population pendant les longues périodes de la sécheresse.
Aujourd’hui dans la commune de Savè, on constate un décalage de la saison ce qui a entrainé
une seule culture dans l’année au lieu de deux cultures suite aux retards des pluies. De 1990 à
2003, il y a eu une grande sécheresse dans la commune ce qui a causé la mort de presque tous
les animaux domestiques (bœufs, moutons, chèvres, les volailles) de même que les animaux
domestiques à cause du tarissement des cours d’eaux et de l’absence de la nourriture. La
population elle-même s’était nourrit de la viande des cadavres des animaux pendant une
bonne période. Notons que la sécheresse est l’événement climatique qui sévit le plus dans la
Commune de Savè.
En dehors de cet aléa climatique, il a été également noté que les vents violents sévissent dans
le milieu et ont pour dégâts l’enlèvement des toitures des maisons et la destruction des
cultures. Les inondations des champs constituent des risques climatiques ne datant pas au sein
de la commune. Elle date des années 2014 et a pour conséquence, la pourriture et le
noircissement des cultures. Elle envahit les champs et les bas-fonds et empêche la mise en
place correcte de la seconde saison de culture.
Par ailleurs, d’autres événements marquants liés aux événements socio-économiques ont été
notés dans le milieu, et sont les épidémies des maladies telles que la rougeole (qui a entrainé
la mort de nombreux enfants), le choléra (qui a entrainé la mort d’une forte population), le
vers de guinées (qui est dû à la consommation de l’eau des rivières non potables). Il a été noté
la peste des animaux qui entraine leur mort. Des infrastructures ont été également mises en
place pour régulariser la peine de la population suite à des difficultés auxquelles elle est
confrontée. Il s’agit comme infrastructure, de l’installation des pompes, la construction des
forages, des châteaux, des barrages et des retenus d’eaux pour faciliter l’accès à l’eau par la
population et la culture maraichère. Malgré d’énormes infrastructures installées, les
problèmes d’accès à l’eau persistent. Les routes ont été construites et aménagées afin de
faciliter l’accès d’une localité à l’autre et la libre circulation des biens et des personnes.
L’installation de quelques infrastructures hydrauliques ont permis de freiner le rythme
d’accélération et de fréquence de la propagation de certaines maladies liées à l’eau comme les
vers de guinées par exemple. Quant aux femmes, les difficultés auxquelles elles sont
confrontées dès lors persistent. Il s’agit entre autres de : non accès à l’eau, non disponibilité
des sites propices pour les activités liées à la femme (le maraichage surtout et la culture du
riz).
Les risques climatiques tels que la sécheresse et les vents violents ont été fréquents au fil du
temps. Ils surviennent à des moments donnés chaque année, mais d’autres part, aussi ils
surviennent à des fréquences de 2, 3 ou 4 voire 5 ans. Les dégâts de ces risques ont été très
énormes. Les populations ont mis en place des stratégies pour pouvoir surmonter ces
difficultés. Il s’agit de l’utilisation des semences à cycle court en cas de retard des pluies dans
26
le but de pouvoir produire et de bénéficier de la courte durée de la saison des pluies. Les
femmes quant à elles font les cultures de la tomate et de la tomate dans les bas-fonds humides.
Mais en cas de longue durée de sécheresse, elles sont confrontées à l’assèchement des bas-
fonds, ce qui les amène donc vers les petits commerces. Les hommes quant à eux se donnent à
la production du charbon, d’où la présence d’une forte dégradation de la forêt notée depuis 15
ans. En période d’inondation des champs, les populations essayent d’adopter le système de
drainage manuel qui consiste de creuser des lignes pour permettre à l’eau de circuler afin de
diminuer le niveau de l’eau dans les champs.
D’autres profitent de la présence de l’eau dans les champs pour changer de culture, ce qui a
amené à la culture du riz. Des variétés de cultures résistantes à la sécheresse ont été priorisées
par les producteurs. C’est le cas de l’abandon de la variété de sésame de petites graines au
profit de la variété des grosses graines. En cas de pauvreté d’une portion de terre, cette
dernière est laissée en jachère pour sa reconstitution en éléments minéraux pour sa
fertilisation.
Tableau V : Ressources impactées par les différents risques dans la commune de Savè
28
La sécheresse prolongée et les fortes pluies exercent des impacts importants sur les ressources
et les activités telles que les terres cultivables, les bas-fonds, les plantations d’anacarde, les
cours d’eaux, les agriculteurs et agricultrices, les éleveurs et la transformation des produits
agricoles. S’agissant de la production agricole dans la commune de Savè, il a été constaté que
les hommes sont les plus impactés par l’ensemble des risques climatiques cités. Car ce sont
les hommes qui ont le plus accès aux terres cultivables.
Les femmes ne sont également pas épargnées par les chocs liés aux risques climatiques dans
la production agricole. Mais force est de constater que plusieurs autres domaines d’activités
réservées aux femmes sont fortement impactés par les risques climatiques. Il s’agit des
activités liées à la transformation des produits agricoles à savoir : la transformation du manioc
en gari, la transformation du soja en fromage, l’étuvage du riz, la transformation de l’arachide
en galettes et en huiles, la vente des hypocotyles du rônier, le maraichage, l’élevage (des
ovins et des volailles et le commerce).
Le tableau VI présente les acteurs impactés par les différents risques dans la commune de
Savè.
Tableau VI : Acteurs impactés par les différents risques dans la commune de Savè
Transformatrices Arachide en
1 1 1 1 3 9 ex
galettes et en huile
Transformatrices du rônier 0 0 0 0 1 11 ex
Eleveurs 3 2 1 2 8 4
Commerçants 2 2 1 2 6 6 ex
Commerçantes 2 3 1 2 8 4 ex
Enfants 3 3 2 2 9 2 ex
Pondération 21 22 13 18
Source : Travaux de terrain/DERICC/CREDEL ONG, 2021
Ces différents secteurs d’activités exercées par les femmes constituent de fortes activités
génératrices de revenus, mais la plupart impactées par les risques climatiques. Les impacts qui
29
perturbent ces différentes activités sont très significatifs. Quant aux bas-fonds, fortement
impactés par la sécheresse et les fortes pluies, ils sont les plus exploités par les femmes. Elles
constituent ainsi la couche la plus sensible à ces deux risques dans la commune.
S’agissant des enfants, ils constituent aussi une couche qui subit les effets liés aux
manifestations des risques climatiques dans la commune de Savè. Le réchauffement du sol, la
forte fraicheur et chaleur, la pénurie d’eau et de même que la destruction des cultures,
constituent aussi des impacts directs qui ont des répercussions sur les enfants.
La destruction des cultures par exemple crée l’insécurité alimentaire ou la malnutrition et de
même la baisse du taux de scolarisation chez les enfants.
31
Figure 6 : Impacts de la forte chaleur sur les activités en fonction des couches vulnérables
La période de sécheresse prolongée, les activités des hommes comme celles des femmes sont
impactées. Par ailleurs, il a été constaté que les activités des femmes sont plus impactées que
celles des hommes, car les femmes sont confrontées à une augmentation de la charge de
travail surtout causée par la pénurie d’eau (figure 7).
Sécheresse prolongée
90 85
80 70
70 65
60
Proportion (%)
60 50 50
50 45
40
40 35 35
30
30
20
10 5
0
Figure 7 : Impacts de la sécheresse prolongée sur les activités en fonction des couches
vulnérables
La forte chaleur se manifeste plus dans les localités de Akon, Béssé et de Kaboua. Quant à la
sécheresse prolongée se manifeste notamment dans les localités de Gobé, Atchakpa, Alafia,
Diho, Akon, Béssé, Igbo-Yoko et d’Igbodja.
La particularité au niveau de la commune de Savè est liée au fait que les femmes sont
majoritairement de la religion musulmane et donc elles n’exercent presque pas les travaux
champêtres. Seules les activités de commerce des femmes musulmanes de la commune de
Savè sont touchées par la sécheresse prolongée. S’agissant des activités développées par les
32
hommes qui sont celles de la production agricole, elles sont impactées par la sécheresse
prolongée.
De même la perte des animaux domestiques constitue un impact direct issu de la sécheresse
prolongée qui impacte plus la femme que les hommes. En ce qui concerne l’inondation qui
constitue un impact direct de la forte pluie, elle impacte plus les femmes (figure 8).
Figure 8 : Impacts de l’inondation des champs sur les activités en fonction des couches
vulnérables
Les fortes pluies se manifestent précisément dans les localités de Alafia, Akon, Diho et
Igbodja. Les femmes ont plus accès aux zones plus humides (bas-fonds, les bordures des
cours d’eaux) pour le développement des activités liées à la production agricole (comme le
maraichage par exemple). En ce qui concerne les impacts directs issus des vents forts, ils
impactent plus les hommes que les femmes (figure 9).
Vent fort
60
50
Proportion (%)
40
30
20
10
0
Destruction des toitures des maisons Destruction des cultures dans les champs
Figure 9 : Impacts des vents forts sur les activités en fonction des couches vulnérables
Les vents forts se manifestent plus dans les localités de Béssé, Akparè, Gobé, Atchakpa,
Alafia et de Kaboua. Ces localités subissent plus les effets de ces risques climatiques.
33
4.3. Forces et faiblesses des mesures actuelles d’adaptation
Face aux différents impacts liés aux manifestations des risques climatiques ci-dessus
énumérés, la communauté développe plusieurs stratégies pour réduire les risques issus de
chacun des risques climatiques. Ceci permet à la communauté d’augmenter leur niveau de
résilience.
Ainsi, comme stratégies communautaires d’augmentation de la résilience climatique dans le
domaine de la production agricole, il faut noter l’adoption des semences à cycles court et
adaptables au changement climatique, les semis et récolte précoces, la culture dans les zones
plus humides pendant la saison sèche, l’association de certaines cultures, la rotation de
culture, l’utilisation des débris des récoltes, les fientes d’animaux et les graines de coton pour
la restauration du sol.
Le tableau VIII présente les forces et faiblesses des mesures d’adaptation dans la Commune
de Savè.
34
Tableau VIII : Forces et faiblesses des mesures actuelles d’adaptation
RISQUES
IMPACTS MESURES ACTUELLES FORCES FAIBLESSES
CLIMATIQUES
Pénurie d’eau Construction des forages, des citernes, Disponibilité de l’eau pour la Entretien continu de ces
des retenues d’eaux et des châteaux boisson ouvrages/infrastructures hydrauliques
Potabilité de l’eau
Réduction des maladies liées à
l’eau
Disponibilité de l’eau en tout temps
pour l’arrosage des cultures dans
les champs
Destruction des cultures (maïs, Adoption des cultures à cycle court Meilleur rendement Absence de séances de formation
arachide, sésame, haricot, riz) dans les bas-fonds, création des Disponibilité de l’eau en tout temps continue / renforcement de capacités
retenues d’eaux, surcreusement des pour l’arrosage des cultures dans continue
bas-fonds, aménagement des bas- les champs
SECHERESSE fonds, semence à cycle à court,
PROLONGEE amélioration des techniques culturales
Retard de semis
Perte des animaux d’élevage Construction des enclos pour sécuriser Disponibilité des lieux pour la Manque de moyen financier pour
domestiques les animaux avec des points d’eaux ou construction des enclos pour abriter construction des enclos en matériaux
un forage à côté les animaux précaires
Perte du couvert végétal Création des couloirs de transhumance Existence des couloirs et aires de Non application des textes qui
et des aires de pâturages, transhumances régissent le respect des couloirs de
sensibilisation des éleveurs et transhumance
producteurs
Réchauffement du sol Reboisement des zones dégradées Disponibilité des aires et zones Manque de sensibilisation des
pouvant abriter le reboisement populations sur la plantation et
reboisement des zones dégradées
Inondation des champs Système de drainage de l’eau, Disponibilité des zones propices à Manque de technique de gestion et de
Culture dans les zones non inondables la réalisation des retenues d’eaux maitrise de l’eau
FORTE PLUIE Dégradation des routes Aménagement des voies par Disponibilité d’une volonté Absence des matériels adéquats et de
l’approche IMO politique pour les travaux motivation
communautaires
35
Effondrement des maisons Construire les maisons en matériaux Acquisition de quelques matériels Manque de moyens financiers pour
définitifs gratuitement acquérir les matériaux définitifs
Forte fraicheur Sensibiliser les couples sur le planning Disponibilité de la médecine Manque de sensibilisation et de
familial traditionnelle formation sur le planning familial
Destruction des toitures des Plantation des arbres dans les Disponibilité de la volonté de Non accès aux plants à planter et de
maisons habitations et le long des voies, planter des arbres dans les maisons l’accompagnement des forestiers
construction des maisons et matériaux Disponibilité des lieux pouvant
définitifs abriter la plantation des arbres
VENTS VIOLENTS
Destruction des cultures dans les Planter ou laisser quelques pieds Possibilité et disponibilité des Destruction des plants par les feux de
champs d’arbres dans les champs pour freiner espaces pour la plantation des végétations et des bœufs
la vitesse du vent arbres en alignement dans les
champs
Pourriture des cultures (manioc, Planter ou laisser quelques pieds Récolte précoce des cultures Manque de technique de récolte
igname) d’arbres dans les champs pour freiner précoce et de conservation des
la vitesse du vent cultures
Maladies des enfants (apparition Entretenir les enfants pendant les Disponibilité de la médecine Inefficacité par moment de la
FORTE CHALEUR
des boutons sur le corps des périodes de forte chaleur traditionnelle médecine traditionnelle face à
enfants) certaines maladies
Obligation de dormir au dehors Planter des pieds d’arbres dans les Disponibilité des moustiquaires Insécurité grandissante
maisons afin de laisser circuler de l’air
Source : Travaux de terrain/DERICC/CREDEL ONG, 2021
36
L’analyse du tableau VIII révèle que la commune de Savè dispose de plusieurs ressources
pour la mise en œuvre des éventuelles options d’adaptations identifiées de commun accord
avec la communauté. Ces ressources constituent d’énormes potentialités pour la communauté.
Ainsi, il est à noter comme facteur de force :
disponibilité des zones propices à la réalisation des retenues d’eaux ;
la disponibilité des lieux pour la construction des enclos pour abriter les animaux ;
la disponibilité de l’eau en tout temps pour l’arrosage des cultures dans les champs ;
l’existence des couloirs et aires de transhumances ;
la disponibilité des aires et zones pouvant abriter le reboisement, etc.
Néanmoins, il existe également des faiblesses découlant de la mise en œuvre de chacune des
options d’adaptation à savoir :
l’entretien continu de ces ouvrages/infrastructures hydrauliques ;
l’absence de séances de formation continue / renforcement de capacités continue ;
le manque de moyen financier pour construction des enclos en matériaux précaires ;
la non application des textes qui régissent le respect des couloirs de transhumance ;
le manque de sensibilisation des populations sur la plantation et reboisement des zones
dégradées ;
le manque de technique de gestion et de maitrise de l’eau.
4.4. Réponses (institutionnelles, techniques) mises en œuvre par les pouvoirs publics
(municipalité, Etat)
La région des Collines et principalement la commune de Savè, vit déjà les effets du
changement climatique et la dégradation des terres à l’instar de certaines régions du pays. La
situation est perceptible jusqu’au niveau des producteurs-trices à la base. L’activité
économique dominante de la région est l’agriculture qui occupe la plus grande partie de la
population. C’est une agriculture dont l’objectif est d’augmenter le volume de production par
une augmentation de la superficie emblavée. Tout le monde fait le constat aujourd’hui que les
terres cultivées ne produisent plus comme avant. La situation se fait remarquer par les faibles
rendements des cultures. L’utilisation des engrais industriels ne parvient plus à corriger la
situation à cause du niveau très bas de la fertilité desdites terres. La préoccupation est devenue
donc partagée au niveau de tout le monde : les producteurs agricoles et leurs organisations, les
centres de recherche, les structures d’encadrement agricoles etc. Les effets néfastes du
changement climatique viennent encore aggraver les conséquences de la baisse de fertilité des
terres agricoles. Par rapport aux techniques agricoles pratiquées et à l’économie agricole de la
région, elles sont fortement dépendantes d’une pluviométrie instable et des risques
climatiques persistants (poche de sécheresse, mauvaise répartition des pluies, attaque de
parasites, vents violents). Les pratiques et habitudes agricoles de la région ne sont pas
durables du point de vue de la gestion des terres. Parmi ces pratiques, on peut citer les
cultures continues, qui se caractérisent par la réduction de la durée de la jachère et la pratique
d’assolement, le labour répétitif occasionnant le lessivage du sol, le recours fréquent au brûlis,
la surexploitation, le débroussaillage excessif des terres boisées et forêts et la surcharge
pastorale. Toutes ces actions font suite à des difficultés rencontrées par les communautés à la
base.
Au nombre ces énormes difficultés rencontrées par les producteurs et productrices, en
l’occurrence les couches les plus vulnérables que sont les femmes, il a été noté une presque
absence de l’accompagnement des institutions surtout sur le genre et changement climatique.
Quant à la mairie, les quelques actions menées tournent pour la plupart autour des
37
sensibilisations et de quelques réalisations pouvant soulager un peu les difficultés rencontrées
par les communautés en cas de risques.
En effet, il faut noter que plusieurs structures et organisations internes et externes
interviennent dans la commune de Savè. Ces structures ou organisations interviennent dans
plusieurs domaines d’activités à savoir : micro-finance, alimentation, santé, gestion des
ressources en eaux, agriculture, genre, changement climatique, chefferie traditionnelle,
éducation, action de développement, hygiène et assainissement, sécurité, infrastructure et
équipements. Les secteurs dans lesquels les institutions interviennent sont l’agriculture, la
microfinance, la construction des infrastructures (magasins, école, aménagement des bas-
fonds et des retenues d’eaux), le don des équipements (étuveuse, vanneuse, décortiqueuse,
etc.). D’autres structures interviennent également dans l’hygiène et l’assainissement. Il a été
constaté que l’intervention des structures en cas de choc climatique au sein de la commune est
très faible et orientée dans l’agriculture. Il faut rappeler que toutes ces institutions transitent
par la Mairie ou l’ATDA avant toute réalisation au sein de la Commune. La mairie en
collaboration avec l’ATDA et d’autres organisations de la place essayent de faciliter la mise
en œuvre de ces réalisations.
Le tableau IX présente les stratégies d’adaptation par bénéficiaires dans la Commune de Savè.
38
Tableau IX : Stratégies d’adaptation par bénéficiaires dans la Commune de Savè
Bénéficiaires
Options d’adaptation Actions à mettre en œuvre Personnes
Hommes Femmes Jeunes/Enfants
Handicapées
Mise en place d’un système d’accès
aux services climatiques X X X X
Mise en place des services d’accès de
sur la prévision des dates de début et X X X
Option 1 : Mise en place d’un système de fin de saison des pluies
d’accès aux services climatiques et sur la Appui à la réalisation d’un plan
prévision des dates de début et de fin de d’adaptation aux changements X X X
saison des pluies climatiques
Semi et récolte précoce des cultures
X X X
Promotion des cultures ou semences
qui s’adaptent au climat
X X X
Appui à la mise en valeur des bas-
fonds et des zones X X
Surcreusement des retenues d’eaux X X
Construction des digues et diguettes X X
Option 2 : Aménagement des bas-fonds et Mise à disposition des semences de
des terres humides pour le développement et cycle court et résistantes à la X X X
la diversification des cultures de contre saison sécheresse
Appui, renforcement et promotion de
la diversification agricole X X X
Adoption des cultures de contre saison X X
Système de drainage et d’irrigation
X X
39
Acquisition des équipements
modernes (motopompes et X X X
équipements y afférents)
Promotion des cultures améliorantes
(cajanus cajan, soja) dans l’assolement
X X X
Appui à la promotion de
l’agroforesterie
X X X
Association des cultures X X
Appui à l’amélioration de la fertilité
des sols à partir de l’utilisation des
Option 3 : Restauration des sols et gestion résidus agricoles et des déjections
X
durable des terres animales
Mise en jachère des portions de terres
non fertiles
X
Utilisation des débris des récoltes
pendant les cultures
X
Rotation des cultures X X
Appui au reboisement et à la
reforestation des zones dégradées
X X X
Renforcement des capacités des
producteurs sur les bonnes pratiques X
agricoles et d’aquaculture
Appuyer les producteurs semenciers
Option 4 : Formation et renforcement des pour rendre disponibles des semences
capacités des femmes sur les bonnes pratiques de variétés à cycle court et de haut
X X
agricoles et de gestion durable des ressources rendement de maïs, de niébé et de riz
en eau Formation sur les bonnes pratiques de
gestion durable des ressources en eau X X X
Appui au maraîchage par le
développement de l’irrigation goutte à X X
40
goutte
41
Construction des puits publics à
grands diamètres et des grandes et X X X
petites citernes
Renforcement du système hydraulique
de la SONEB
X X X X
Option 9 : Prise en charge sanitaire des Mise en place d’un fonds pour assurer
producteurs la santé des producteurs
X X X
Mise à disposition des groupements de
femmes des instants spécifiques
X
Appui et renforcement des
groupements à la production des X
intrants biologiques
Mise à disposition des groupements de
Option 10 : Mise à disposition des femmes, femmes X
des intrants agricoles adéquats et semences Des instants spécifiques
améliorées à cycle court et à haut rendement Promotion du leadership féminin
de maïs, de niébé et de riz, de pastèques X
Formation des femmes sur les
techniques modernes et innovantes de
transformation des produits agricoles
(étuvage du riz, transformation de
X
l’arachide en galette, du soja en
fromage, etc.)
Octroi des hommes des équipements
modernes (charrue, tracteurs, etc.)
X X
Option 11 : Acquisition des équipements de Mise à disposition et formation des
travail femmes sur l’utilisation des
équipements (décortiqueuses,
X X
vanneuses, broyeuses, batteuses, etc.)
Option 12 : Sensibilisation sur l’hygiène et Utilisation de la médecine
assainissement en milieu communautaire traditionnelle
X X X X
42
Entretien des fosses septiques et trous
non couverts
X X X X
Nettoyage des cours des maisons et
vider les boites de conserves
X
Délimitation des couloirs de
transhumance
X X
Option 13 : Mise en place d’un organe de Définition les aires de pâturages X X
gestion de la transhumance Sensibilisation des agriculteurs et
éleveurs sur le respect des couloirs de X X X
transhumance définis
Formation sur les techniques
innovantes de production agricole
X X X
Formation sur les techniques CES X X X X
Option 14 : Organisation des séances de
formation Appui technique et suivi régulier des
agents des ATDA
X X
Formation sur les outils de gestion des
comptes d’exploitations
X X X X
Source : Travaux de terrain/DERICC/CREDEL ONG, 2021
43
5.2. Options d’adaptation et de renforcement de la résilience des groupes vulnérables
D’énormes difficultés en lien avec les activités développées par la communauté ont été
recensées lors des séances d’apprentissages. Face à ces différentes difficultés, des options
d’adaptations ont été formulées pour anticiper les risques climatiques. Les options de gestion
de ces risques identifiés sont entre autres :
La mise en place d’un système d’accès aux services climatiques et sur la prévision des
dates de début et de fin de saison des pluies ;
L’aménagement des bas-fonds et des terres humides pour le développement et la
diversification des cultures de contre saison ;
La restauration des sols et gestion durable des terres ;
La formation et renforcement des capacités des femmes sur les bonnes pratiques
agricoles et de gestion durable des ressources en eau ; par ailleurs, il faudra former les
femmes sur les bonnes pratiques agro-écologiques résilientes aux changements
climatiques, il s’agira de les former sur la fabrication et l’utilisation des engrais
biologiques et les bio-pesticides ;
Le développement des infrastructures d’écoulement des produits vivriers ;
La facilitation de l’accès aux crédits agricoles adéquats ;
La promotion et gestion durable des ouvrages d’aménagement hydro-agricole et
d’approvisionnement en eau ;
La réhabilitation des infrastructures hydrauliques ;
La prise en charge sanitaire des producteurs ;
La mise à disposition des femmes, des intrants agricoles adéquats et semences
améliorées à cycle court et à haut rendement de maïs, de niébé et de riz ;
L’acquisition des équipements modernes de travail ;
La sensibilisation sur l’hygiène et assainissement en milieu communautaire ;
La mise en place d’un organe de gestion de la transhumance ;
L’organisation des séances de formation sur les technologies innovantes ;
La facilitation des femmes à avoir les actes de donation des terres et bas-fonds avant de
s’installer ;
La facilitation à l’accès des femmes aux matériels agricoles (tracteurs) ;
L’installation des retenues d’eaux pour les cultures maraichères au profit des femmes ;
L’appui à l’acquisition des équipements de transformation pour les femmes
transformatrices ;
La sensibilisation les populations sur l’utilité de plantation des arbres ;
L’aide aux femmes à trouver des projets pour la construction des enclos pour
l’élevage ;
La sollicitation de l’installation des vétérinaires dans la commune ;
La récupération des jeunes filles déscolarisées pour les former en métiers artisanaux ;
La sensibilisation des femmes sur l’importance de l’alphabétisation ;
La construction des latrines publiques ;
L’apport d’assistance aux personnes indigentes et vulnérables.
6. Options prioritaires pour les Plans d’Action Communautaires d’Adaptation axés sur
la résilience des femmes
Les options d’adaptation recueillies auprès des communautés rurales de Savè ont été
priorisées. Cette priorisation a tenu compte des besoins suite aux difficultés rencontrées par la
communauté afin d’être plus résilient aux Changements Climatiques. Au total, 14 options ont
été recensées à l’échelle de la Commune de Savè. Le tableau X présente le classement des
options d’adaptation prioritaires dans la Commune de Savè.
44
Tableau X : Classement des options d’adaptation prioritaires dans la Commune de Savè
46
Tableau XI : Plan d’actions annuel de mise en œuvre du PACA de la Commune de Savè
Acteurs de Chronogramme de
Résultats Coût (en
Activités Localisation mise en mise en œuvre Indicateurs
attendus FCFA)
œuvre T1 T2 T3 T4
OPTION 1 : MISE EN PLACE D’UN SYSTEME D’ALERTE RAPIDE DE PROXIMITE
Acquisition et analyse des Toute la 25.000.000 Météo Bénin X Disponibilité des données
données, préparation des avis ou commune ATDA, ME, analysées et diffusion des
des alertes, diffusion, DDAEP, alertes
intervention d’appui, etc. Maire, MISP,
PTF
Renforcement du système de Toute la 20.000.000 Météo Bénin Nombre de pairs éducateurs
diffusion des informations commune ATDA, ME, X X formés et équipés
météorologiques PTF,
DDAEP,
Un système
Maire
d’alerte
Renforcement des capacités des Toute la 80.500.000 Météo Bénin X X Nombre de séance de
rapide de
producteurs-trices de la commune ATDA, ME, renforcement de capacité
proximité est
Commune aux risques DDAEP, organisé à l’endroit des
mis en place
climatiques en matière de Maire, MISP, producteurs (trices) sur les
dans la
réaction rapide face aux risques PTF risques climatiques par saison
commune
annoncés agricole
Installation d’un radar Chef-lieu de 50.500.000 Météo Bénin X Installation d’un radar
météorologique de détection et la commune ATDA, ME, météorologique fonctionnel
de surveillance des phénomènes DDAEP, dans la Commune
météorologiques significatifs Maire, MISP,
PTF
Installation des stations Toute la 25.000.000 Météo Bénin, X Existence d’une station
automatiques climatologiques et commune ME, Maire, climatologique dans la
agro-météorologiques MISP, PTF Commune
OPTION 2 : AMENAGEMENT DES BAS-FONDS ET DES TERRES HUMIDES POUR LE DEVELOPPEMENT ET LA PROMOTION DES
CULTURES DE CONTRE SAISON
Former et renforcer les 80.000.000 Nombre de producteurs-trices
producteurs-trices sur la formées
technique de maitrise de l’eau
Réalisation des retenues d’eaux Toute la 800.000.000 Mairie, X Nombre de retenues d’eau
Des bas- commune ATDA, PTF, réalisées
fonds sont DDAEP, ME
disponibles Acquisition des motopompes et Toute la 300000000 Mairie, X Nombre de motopompe et
pour être des équipements de pompage commune ATDA, PTF, équipements acquis
aménagés DDAEP, ME
pour le
développeme Formation et renforcement des Toute la 100.000.000 Mairie, X Nombre de producteurs et
nt et la producteurs et les femmes sur commune ATDA, PTF, femmes formées et renforcés
promotion les techniques innovantes de DDAEP, ME
des cultures culture de contre saison
de contre Aménagement des bas-fonds Toute la 600.000.000Mairie, X Nombre de bas-fonds
saison pour le renforcement de la commune ATDA, PTF, aménagés
culture rizicole DDAEP, ME
Réalisation des diguettes et Toute la 250.000.000 Mairie, X Nombre de diguettes et
digues commune ATDA, PTF, digues réalisées
DDAEP, ME
OPTION 3 : PROMOTION DES TECHNIQUES APPROPRIEES DE PRODUCTION AGRICOLE ET D’ADAPTATION AUX
CHANGEMENTS CLIMATIQUES
Des Promotion des techniques Toute la 50.000.000 ONG, PTF, X X Nombre de techniques
techniques culturales améliorées et commune ATDA, culturales améliorées et
appropriées adaptées aux changements DDAEP adaptées aux Changements
de production climatiques climatiques promues
agricole Promotion des activités de Toute la 60.000.000 ONG, PTF, X Nombre de séances
adaptées aux contre-saison commune ATDA, organisées
changements DDAEP
climatiques Formation sur les techniques de Toute la 70.500.000 ONG, PTF, X X Nombre de séances de
sont promues conservation des eaux et des sols commune ATDA, formation organisées sur les
48
DDAEP méthodes de gestion de la
fertilité des sols
Sensibilisation des producteurs Toute la 60.500.000 ONG, PTF, X X X Nombre de séances de
sur les impacts négatifs des commune ATDA, sensibilisation organisées sur
changements climatiques sur les DDAEP les impacts des changements
ressources en eau et les activités climatiques sur les ressources
humaines en eau et les activités
humaines
OPTION 4 : ADOPTION DES VARIETES A CYCLE COURT
Vulgarisation des variétés Toute la 70.000.000 ONG, PTF, X Nombre de séances de
améliorées commune ATDA, vulgarisation des semences
DDAEP améliorées organisées
Formation des producteurs-trices Toute la 40.000.000 ONG, PTF, X Nombre de producteurs-trices
sur l’utilisation des variétés de commune ATDA, formées sur l’utilisation des
Les semences semence résistantes aux DDAEP semences résistantes aux
améliorées à changements climatiques changements climatiques par
cycle court saison agricole
sont adoptées Renforcement de la surveillance Toute la 30.000.000 ONG, PTF, X Nombre de formations
phytosanitaire des cultures commune ATDA, organisées sur la surveillance
DDAEP phytosanitaire
Formation des producteurs-trices Toute la 4.000.000 ONG, PTF, X Nombre de formation sur les
sur les itinéraires techniques commune ATDA, itinéraires techniques
adéquats des filières porteuses DDAEP organisé par saison agricole
OPTION 5 : FORMATION ET RENFORCEMENT DES CAPACITES DES HOMMES ET DES FEMMES SUR LES BONNES PRATIQUES
AGRICOLES ET DE GESTION DURABLE DES RESSOURCES EN EAU
Les femmes Renforcement des capacités des Toute la 50.000.000 ONG, PTF, X Nombre de producteurs-trices
disposent des producteurs-trices sur les bonnes commune ATDA, renforcées
potentialités à pratiques agricoles et DDAEP
renforcer en d’aquaculture
matière de Appuyer les producteurs Toute la 200.000.000 ONG, PTF, X Quantité de semences
production semenciers pour rendre commune ATDA, disponibles
49
agricole disponibles des semences de DDAEP
variétés à cycle court et de haut
rendement de maïs, de niébé et
de riz
Formation sur les bonnes Toute la 50000000 ONG, PTF, X Nombre de personnes
pratiques de gestion durable des commune ATDA, formées
ressources en eau DDAEP
Appui au maraîchage par le Toute la 200000000 ONG, PTF, X Nombre d’équipement
développement de l’irrigation commune ATDA, installés
goutte à goutte DDAEP
Rendre disponibles les intrants Toute la 300000000 ONG, PTF, X Quantité d’intrants
chimiques et organiques adaptés commune ATDA, disponibles
au profit des maraîchers et des DDAEP
autres producteurs
OPTION 6 : MISE A DISPOSITION DES FEMMES, DES INTRANTS AGRICOLES ADEQUATS ET SEMENCES AMELIOREES A CYCLE
COURT ET A HAUT RENDEMENT DE MAÏS, DE NIEBE ET DE RIZ, DE PASTEQUES
Mise à disposition des Toute la 200000000 ONG, PTF, X Quantité d’intrants
groupements de femmes des commune ATDA, disponibles
Les femmes instants spécifiques DDAEP
sont dotées
des intrants Appui et renforcement des Toute la 150000000 ONG, PTF, X X Nombre de personnes
adéquates et groupements à la production des commune ATDA, formées
semences intrants biologiques DDAEP
améliorés
pour accroitre Mise à disposition des Toute la 200000000 ONG, PTF, X Quantité d’intrants
la production groupements de femmes des commune ATDA, disponibles
instants spécifiques DDAEP
50
Promotion du leadership féminin Toute la 50000000 ONG, PTF, X Nombre de femmes promues
commune ATDA,
DDAEP
Formation des femmes sur les Toute la 35000000 ONG, PTF, X Nombre de femmes formées
techniques modernes et commune ATDA,
innovantes de transformation des DDAEP
produits agricoles (étuvage du
riz, transformation de l’arachide
en galette, du soja en fromage,
etc.)
OPTION 7 : RENFORCEMENT DES CAPACITES SUR LES TECHNIQUES DE RESTAURATION DES SOLS ET GESTION DURABLE
DES TERRES
Promotion des cultures Toute la 75000000 Mairie, ONG, X Nombre de cultures
améliorantes (cajanus cajan, commune PTF, ATDA, améliorants promues
soja) dans l’assolement DDAEP
Appui à la promotion de Toute la 120000000 Mairie, ONG, X Nombre de superficies
Les l’agroforesterie commune PTF, ATDA, reboisées
techniques DDAEP
actuelles
développées Formation sur l’association des Toute la 10000000 Mairie, ONG, X Nombre de personnes
à matière de cultures commune PTF, ATDA, formées
restauration DDAEP
des sols sont
inefficaces Appui à l’amélioration de la Toute la 80000000 Mairie, ONG, X Nombre de personnes
fertilité des sols à partir de commune PTF, ATDA, appuyées
l’utilisation des résidus agricoles DDAEP
et des déjections animales
Mise en jachère des portions de Toute la Mairie, ONG, X Nombre de personnes
terres non fertiles commune PTF, ATDA, formées
51
DDAEP
Utilisation des débris des Toute la Mairie, ONG, X Nombre de personnes
récoltes pendant les cultures commune PTF, ATDA, formées
DDAEP
Formation sur les techniques de Toute la Mairie, ONG, X Nombre de personnes
rotation des cultures commune PTF, ATDA, formées
DDAEP
OPTION 8 : DIVERSIFICATION DES SOURCES DE REVENUS
Des activités Diversification des activités, Toute la 10000000 Mairie, ONG, X X Nombre d’activités
génératrices recherche de créneaux porteurs commune PTF, ATDA, génératrices de revenus
de revenus et générateurs de revenus DDAEP promues
sont promues Dynamisation des groupements Toute la 30000000 Mairie, ONG, X Nombre de groupements
pour plus de de producteurs commune PTF, ATDA, dynamisés dans leurs activités
revenus chez Appuis en équipement des Toute la 20000 Mairie, ONG, X X Nombre de séances de
les femmes transformatrices, commune PTF, ATDA, renforcement de capacité
producteurs productrices et agro-alimentaire organisées
surtout des femmes productrices
de sel
OPTION 9 : MISE EN PLACE D’UN ORGANE DE GESTION DE LA TRANSHUMANCE
Délimitation des couloirs de Toute la 50000000 Mairie, ONG, X Nombre de couloirs de
transhumance commune PTF, ATDA, transhumance délimité
DDAEP
Le problème
de la Définition les aires de pâturages Toute la 100000000 Mairie, ONG, X Nombre d’airs de pâturages
transhumance commune PTF, ATDA, définis
a baissé DDAEP
Sensibilisation des agriculteurs- Toute la 5000000 Mairie, ONG, X Nombre de séances de
trices et éleveurs sur le respect commune PTF, ATDA, sensibilisation ténu
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des couloirs de transhumance DDAEP
définis
OPTION 10 : REHABILITATION DES INFRASTRUCTURES HYDRAULIQUES
Construction des puits publics à Toute la 350000000 Mairie, ONG, X Nombre de puits réalisés
grands diamètres et des grandes commune PTF, ATDA,
et petites citernes DDAEP,
55
Conclusion
Au terme de cette étude participatif à travers la mobilisation de plusieurs acteurs à divers
niveaux, il est à retenir que les effets du changement climatique sont effectivement vécus dans
la commune de Savè. Le phénomène n’est plus une vue de l’esprit ni abstrait. De même, la
dégradation des terres agricoles est une réalité. La combinaison de ces deux phénomènes
constitue une menace préoccupante sur l’économie de la commune, essentiellement basée sur
l’agriculture. Ainsi il a été souligné que les aléas climatiques dans leurs ensembles constituent
d’énormes dégâts sur les activités de la communauté. Quatre aléas climatiques majeurs
perturbent ces activités au sein de la commune de Savè. Il s’agit donc de la sécheresse
prolongée, des fortes pluies (qui entrainent le débordement des cours d’eaux et l’inondation
des champs), les vents forts et la forte chaleur. Ces aléas climatiques entrainent dans leur
globalité le retard des pluies qui provoque la baisse des rendements et la pénurie d’eau qui
agit sur principalement les activités des femmes (commerce et maraichage), la dégradation
des routes, la destruction et la pourriture des cultures, la mort des cheptels (élevage),
etc…Face donc à ces différentes difficultés, la communauté développe des stratégies qui la
soulage. Ceci révèle leur faible niveau de résilience face aux dégâts causés par les aléas
climatiques et suscite la proposition de nouvelles options d’adaptations qui leur permettront
d’anticiper sur les dégâts des aléas climatiques. On peut donc citer comme option
d’adaptation :
la mise en place d’un système d’accès aux services climatiques et sur la prévision des
dates de début et de fin de saison des pluies ;
la facilitation de l’accès aux crédits agricoles adéquats ;
l'aménagement des bas-fonds et des terres humides pour le développement et la
diversification des cultures de contre saison ;
La mise en place d’un organe de gestion de la transhumance ;
la formation et renforcement des capacités des femmes sur les bonnes pratiques
agricoles et de gestion durable des ressources en eau ;
etc.
Les expériences menées et capitalisées dans ce document l’ont été strictement dans le
contexte de la région des collines avec ses éléments de caractéristiques. La mise en œuvre des
résultats auxquels nous sommes parvenus par les autorités et les gouvernants à divers niveaux
permettra de renforcer le niveau de résilience des femmes en particulier et des autres groupes
vulnérables face aux changements climatiques et aux catastrophes.
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