AT 13 C R SADIK Atelier 13
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Résumé :
Suite aux divers scandales qui ont marqué le secteur financier, il a fallu responsabiliser
davantage les directions des entreprises et influencer leurs pratiques de gouvernance.
L’évolution de ces pratiques a contribué clairement au développement de la finance durable.
0
Sommaire
Sommaire .............................................................................................................................. 1
Introduction ........................................................................................................................... 2
1. .............................................................................................................................. C
larification des concepts ............................................................................................ 4
2. .............................................................................................................................. E
njeux de la bonne gouvernance et de la RSE .............................................................. 9
3. .............................................................................................................................. E
volution de la finance durable ................................................................................. 13
1. .............................................................................................................................. E
volution des pratiques de bonne gouvernance au Maroc ........................................ 22
2. .............................................................................................................................. E
ssor de la RSE et de la finance durable : Contexte marocain.................................... 25
3. .............................................................................................................................. P
erspectives d’évolution des pratiques de bonne gouvernance et de la finance
responsable au Maroc ............................................................................................. 29
Conclusion ........................................................................................................................... 34
Références ........................................................................................................................... 35
1
Introduction
Dans cette perspective, les entreprises se sont focalisées sur la conciliation de ces deux
approches c'est-à-dire la rentabilité et les préoccupations de préservation de l’avenir, ne serait-
ce que pour améliorer la création de valeur pour l’organisation.
2
généralement des dispositions en relation avec la gouvernance d’entreprises, dont le but est la
protection des actionnaires et le respect des diverses dispositions légales et réglementaires
organisant le marché financier.
Pour assurer une bonne gouvernance, le code marocain des bonnes pratiques de
gouvernance d’entreprise, rassemble les normes de gestion des relations entre les dirigeants de
l’entreprise, ses actionnaires et les autres parties prenantes. Il s’intéresse particulièrement à la
mise en place des systèmes de contrôle permettant de mieux gérer les risques potentiels et les
éventuels conflits d’intérêt.
3
Partie I : Enjeux de la gouvernance et de
la finance durable
Concept de gouvernance :
« Nous définissons la gouvernance comme étant l’ensemble des traditions et institutions par
lesquelles le pouvoir s’exerce dans un pays avec pour objectif le bien de tous ».
Cette interprétation est très intéressante dans la mesure où elle met en liaison le
pouvoir et la recherche du bien commun. Cette représentation de l’intérêt collectif se place au
centre de la notion de la gouvernance.
1
Shleifer et Vishny, 1997
4
En effet, la gouvernance d’entreprise ou Corporate Governance (en anglais), a vu le
jour durant les années 80 pour se déployer après dans la majorité des économies développées2.
La RSE représente un cadre pour l’engagement des entreprises ayant pour finalité de
mettre en priorité le développement durable dans leur stratégie, en rendant compatible leurs
visions économiques sociales et environnementales avec les objectifs du développement
durable.
La définition de ce concept fait appel à deux notions faisant partie d’une démarche qui
donne un aspect éthique à la finance, ces notions sont: le développement durable et
l’investissement socialement responsable.
2
Valin et al., 2006, p. 38
3
Selon le Rapport Brundtland en 1987
5
un développement qui intègre, les aspects économiques, sociaux, et environnementaux.
Cependant d'autres expressions expriment qu’il a pour but d’équilibrer ces aspects
économiques, sociaux, environnementaux, parfois même aspects institutionnels ou encore
culturels. Le schéma ci-dessous montre les différents aspects du développement durable :
L’ISR est défini selon Novethic comme l’ensemble des démarches d'intégration de
critères extra-financiers aux divers modes de gestion financière. Egalement, De Brito et
al. (2005) donnent presque la même définition en appelant l’ISR « Investissement multicritère
ou Investissement Durable » et en le présentant comme une pratique d’investissement qui
intègre des éléments non strictement financiers dans la décision d’allocation des actifs.
6
Une autre explication brève donnée par Schueth (2003) souligne que l’ISR est une démarche
d’intégration des valeurs personnelles et sociétales lors de la prise d’une décision
d’investissement et le qualifie « d’Investissement Ethique ».
Tandis que le forum européen de l’investissement durable (Eurosif 2008) présente ce
concept comme suit: «L’ISR est un terme générique qui couvre les investissements
éthiques, les investissements durables et tout autre investissement qui combine les
objectifs financiers des investisseurs avec une prise en compte des considérations
environnementales, sociales et de gouvernance».
En effet, selon les travaux de la commission ISR de Paris EUROPLACE4 l’ISR est
présenté comme étant « une pratique qui recouvre tout mode de gestion, processus
d’investissement ou utilisation de ses droits et de son pouvoir d’influence en tant que
détenteurs d’actifs qui tente d’intégrer les dimensions extra-financières dans les
évaluations des entreprises afin d’appréhender leur risque ou opportunités sociales,
environnementales et en matière de gouvernance. Il s’agit donc d’une technique qui ne
préjuge pas des préférences particulières de chaque investisseur, particulier ou
institutionnel y attache même si le rapprochement avec le concept de responsabilité
sociale de l’entreprise (RSE) peut être fait. L’ISR est à l’investisseur ce que la RSE est à
l’entreprise : une définition renouvelée de la prise en compte des externalités positives
ou négatives de ses objectifs économiques et financiers. »5
4
Commission ISR sous la présidence d’Antoine de Salins, membre du Directoire des Fonds de réserve pour les
retraites (FRR)
5
Observatoire sur la Responsabilité sociétal des Entreprises, Novembre 2009, page 9.
6
Cette expression est la traduction de « Socially responsible investment » en anglais, et qui est remplacée
graduellement par le vocable « Sustainable and Responsible investment » en vue d’intégrer la notion du
développement durable.
7
Il est à noter qu’il y a plusieurs manière d’investir en combinant finance et développement durable ; à savoir
les fonds de partage (une part du revenu est restituée à des associations humanitaires), les fonds solidaires
7
c. Définition de la finance durable :
La finance durable ou sustainable finance en anglais, est une notion souvent employée
dans des contextes différents. Néanmoins, on trouve des éléments essentiels dans toutes ses
définitions.
(fonds d’épargne affectés à sponsoriser des projets environnementaux ou sociaux) ainsi que les produits
bancaires à caractère éthique (C'est-à-dire les prêts pour agir contre la pauvreté, ou encore en vue
d’accompagner les projets en relation avec la préservation de l’environnement).
8
Définition fournie par l’organisation faîtière Swiss Sustainable Finance (SSF)
8
2. Enjeux de la bonne gouvernance et de la RSE
Il est important de souligner que la RSE joue un rôle déterminant dans la gouvernance
de l’entreprise. Ceci s’explique par la régulation de la relation de cette dernière avec ses
différents partenaires. Dans cette partie nous allons présenter la notion de la RSE, pour
ensuite mettre en lumière son impact sur la bonne gouvernance.
Il s’agit d’un outil qui permet d’améliorer l’effet négatif que les activités
commerciales ou industrielles peuvent avoir sur la société, en se référant aux principes du
9
Social Responsabilities of the Businessman de H. Bowen en 1953, et The Responsible Corporation par G
Goyder en 1961
10
La RSE est définie dans le Livre Vert de la commission européenne comme "l'intégration volontaire par les
entreprises de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations
avec les parties prenantes".
9
développement durable. Ceci a stimulé l’apparition de la notion de triple bottom line, qui se
base sur le fait que pour atteindre une performance optimale, il est indispensable d’intégrer les
dimensions économique, environnementale et sociale dans la politique à long terme de
l’entreprise.
En effet, adopter une stratégie RSE qui s’établi sur cette notion de triple résultat, ne
signifie pas uniquement être en conformité avec la législation, mais s’inscrit dans un cadre
plus large visant à investir surtout dans le capital humain, l’environnement est les relations
avec les parties prenantes. Evidemment, La conformité avec la loi est une obligation.
Toutefois, la RSE, relève d’une démarche volontaire et non contraignante, et constitue
l’ensemble d’apports supplémentaires des entreprises aux attentes sociales et
environnementales. Elle implique une politique de prévention socio-environnementale active
permettant d'optimiser les bénéfices de la firme et de développer ses activités, tout en
s’alignant sur les textes de règlementation.
10
Selon L’approche fonctionnaliste qui est surtout analytique, la gouvernance n’a pour
utilité que minimiser les coûts liés aux intérêts divergents des différents partis11.
En fait, la centralité attribuée aux dispositifs de résolution des conflits d’intérêt entre
ces différents partis se présente, du côté fonctionnaliste, par l’examen de dysfonctions dans le
mode de gouvernance.
Après L’abus et le manque de discipline des dirigeants qui ont conduit aux scandales
financiers dans le début des années 2000, la législation et les codes de conduite ont mis le
point sur la réduction des coûts associés aux conflits d’intérêt. Ceci en appuyant une
surveillance plus développée et une incitation plus adaptée des dirigeants. « La question de la
gouvernance s’inscrivait ainsi dès l’origine dans une perspective de « régulation » du
comportement des dirigeants, de définition des « règles du jeu managérial » ». 12
Quant à la théorie positive de l’agence, elle se base essentiellement sur une nouvelle
définition de la firme. Contrairement au courant néoclassique, « […] la firme est un faisceau
de relations d’agence, notion assimilable à celle de nœud de contrats [nexus of contracts] ».14
Allant de ce concept, Jensen et Meckling (1976) présentent la relation d’agence comme un
contrat alliant les mandants qui sont les principaux ou les actionnaires, et les mandataires qui
sont les agents ou les dirigeants. Plus précisément, cette relation d’agence a été découverte par
les actionnaires, qui donnent la gestion de l’entreprise à des personnes qualifiés, qui sont les
agents, dans le but que ces derniers opèrent pour leurs intérêts.
11
Ardalan, 2007, p. 518; Bonnafous-Boucher, 2005, p. 38.
12
Charreaux et Wirtz, 2006, p. 298.
3
Jensen et Meckling, 1976, tiré de Clarke, 2004, p.59.
14
Charreaux, s.d. Encyclopédie Universalis
11
Cette conception contractuelle de la firme prend sa source de la scission du contrôle et
de la propriété. « The separation of ownership from control produces a condition where the
interests of owner and of ultimate manager may, and often do, diverge […] ».15 La démarche
décisionnelle est séparée en deux grandes fonctions, qui sont le contrôle et la gestion, et qui
sont respectivement assurées par les actionnaires et les dirigeants. Les actionnaires ayant le
statut de fournisseurs de capital et de détenteurs de risque résiduel, ils possèdent des
responsabilités de contrôle dont la mission d’approuver les projets et de surveiller le
management.
Dans un cadre juridico-financier et selon les principes posés par la théorie de l’agence,
la gouvernance admet donc l’étude des moyens par lesquels les actionnaires pourvoient un
rendement sur leur investissement. Principalement, ces moyens consistent en l’établissement
des instruments de gouvernance internes et externes marquant les coûts liés aux différences
d’intérêts ou conflits d’agence entre les décideurs et les financeurs.
12
l’augmentation de la valeur de la société par actions dans le marché, les théories financières
de la firme dont la théorie d’agence, ne proposent pas le cadre conceptuel le plus adapté pour
encadrer et conduire la prise de décision des dirigeants. Cependant, la théorie des parties
prenantes est beaucoup plus en adéquation avec les principes de la gouvernance dans une
perspective durable.
La transition vers une économie durable et responsable se voit accélérer ces derniers
temps, à travers notamment la mise en œuvre des objectifs du développement durable.
L’évolution et l’essor de la finance durable se justifie donc avec la progression rapide de
l’intérêt attribué à la bonne gouvernance, à l’éthique, à la justice social, mais surtout à la
qualité environnementale et aux changements climatiques.
16
Fournie par jacques Fournier et Nicole Questiaux dans leur ouvrage « Le Traité du social », et aussi par
l’INSEE dans leur revue « Données sociales »
17
M.TH. Join-Lambert, A. Bolot-Gittler, Ch. Daniel, D. Lenoir, D. Méda, « Politiques sociales », Ed Presses de la
FNSP, 1997, p.27.
13
les hommes d’un même pays sont membres d’une même société, même s’ils ne se
connaissent pas.
Le tableau18 suivant présente d’une façon détaillée les principaux courants intellectuels qui
posent l’idée d’un nécessaire rattachement des individus à la société:
Le rôle de Garantir les Garantir les libertés Garantir les Protéger les
18
Olivier Nay, « Histoire des idées politiques », Ed Dalloz/A. Colin, 2004, p.557
14
l’Etat libertés individuelles libertés solidarités et les
individuelles individuelles valeurs
Protéger les droits
(Etat « veilleur communautaires
culturels Maintenir
de nuit »
l’égalité des
chances
(tempérer les
injustices par le
droit)
Au fil des années, le terme Gouvernance, employé tant au niveau économique que
politique, a connu des débats très important sur la scène internationale, pour aboutir à la
gouvernance d’aujourd’hui, qui s’intéresse aux interrogations liées aux mécanismes
nécessaires à la négociation des différents intérêts de la société.
En fait, La question sur la gouvernance d’entreprise s’est révélée en premier lieu aux
Etats-Unis, suite à pleins de scandales financiers et comptables qu’ont connu certaines
entreprises, à titre d’exemple Enron, Worldcom, ou Adelphis. C’est à cause de ces scandales
que sont apparues les défaillances d’un système de surveillance des directions générales, qui,
jusqu’à cette période était présumé le système le plus répandu au monde.
15
Durant la période Le capitalisme Ce type de capitalisme se basait sur l’apparition
qui relie les deux managérial d’un nouveau modèle de régulation et de
guerres mondiales gouvernance des entreprises. L’émergence de
ce modèle était le résultat, d’une transformation
des générations, et d’un développement
considérable des sociétés anonymes donnant
possibilité d’avoir des capitaux émanant
d’actionnaires qui n’étaient pas les dirigeants
de l’entreprise. De ce fait, les fondateurs des
entreprises ne devenaient plus tous leurs
dirigeants. La croissance des entreprises reposa
donc sur l’ouverture du capital, ce qui a mené à
une grande évolution de la bourse.
Des années 1970 Le capitalisme Cette époque du capitalisme a connu le
aux années 2000 actionnarial développement de plusieurs entreprises
novatrices reliant richesses et intelligence,
grâce à l’expansion de l’utilisation des
nouvelles technologies, entre autres les NTIC.
Durant cette période il y a eu l’apparition de
certaines normes de rentabilité comme la
rentabilité financière ou Return On Equity,
devant être d’au moins 15 %, chose qui a
marqué le retour au pouvoir des actionnaires, et
l’approbation de la notion du Corporate
Government.
Aujourd’hui Le capitalisme partenarial Après de vraies réussites, le capitalisme
actionnarial a connu certaines défaillances qui
ont stimulé l’apparition du capitalisme
partenarial. Ce type de capitalisme se fonde sur
le principe d’une gouvernance élargie, qui
prends en compte les différentes parties
prenantes de l’entreprise à savoir les
actionnaires, les salariés, les clients, la société
16
et l’environnement.
1972 Apparition du rapport « Nous n’avons qu’une Terre » écrit par René Dubos,
mettant en lumière l’importance de l’expression « penser global, agir local ». Ce
support a été utilisé comme base de la première Conférence des Nations unies sur
l’environnement connu également sous dénomination « Sommet de la Terre » qui
a eu lieu à Stockholm.
17
1979 Cette année a été marquée par la Conférence de Genève, et la première sortie du
Programme de recherche climatologique mondial.
1992 Connu sous le nom du Sommet de la Terre ou Sommet de Rio de Janeiro, il a été
l’occasion d’approuver la création de la Convention-cadre des Nations unies sur
les changements climatiques (CCNUCC).
1997 Signature du protocol de Kyoto engageant les pays industrialisés (38 pays) dans
des démarches de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 5.2% à
l’horizon 2012.
2005 Ratification du Protocole de Kyoto par 141 pays dont 25% sont des pays
industrialisés. Ces derniers sont engagés à travers cette signature à réduire leurs
émissions de gaz à effet de serre, tandis que les pays en voie de développement
n’ont que de simples responsabilités d’inventaires d’émissions. Il est à noter que
les pays qui diffusent plus du un tiers des gaz à effets de serre dans le monde, qui
sont les États-Unis et l’Australie n‘ont pas signé ce protocole.
2006 Pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, Nicholas Stern évalue cet effort
à 500-550 ppm, qui égalise 1% du Produit Intérieur Brut annuel global, et précise
que rester passif coûterait à l’humanité 20 fois plus.
18
nouveau rapport résumant que la plupart du développement repéré de la
température moyenne de la planète depuis la fin du XIXème siècle est très
probablement à l’origine de l’accroissement constaté des gaz à effet de serre émis
par l’Homme. Le taux de probabilité est supérieur à 90 %, contre 66 % en 2001.
2008 C’est à Bali, qu’une nouvelle phase de négociations internationales concernant les
changements climatiques est ouverte pour initier la COP15 à Copenhagen venant
en continuité au Protocole de Kyoto qui expire en 2012.
2014 Les risques sont estimés très élevés par le GIEC, qui s’est basé sur des éléments
scientifiques, pour déceler les effets de l’augmentation moyenne des températures
de +4°C menaçant la biodiversité et la sécurité alimentaire. Son rapport
d’évaluation a également porté sur l’adaptation et vulnérabilité par rapport aux
risques prévus de perdre jusqu’à 2% des revenus annuels mondiaux.
2015 Cette année a été marqué par l’accord de Paris durant la COP21 adopté par 195
pays ainsi que l’Union Européenne, et qui constitue un tournant dans la lutte
contre le réchauffement climatique. Ceci du fait qu’il incite tous les pays du
monde sans exception, à diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre et à
garder le degré du réchauffement climatique en dessous de 2°C d’ici 2100.
2016 Tenue pour la 2eme fois à Marrakech après la COP7, la COP22 avait pour
objectif de mettre le point sur les règles d’application de l’accord de paris conclu
durant la COP21. Elle a été l’occasion également pour mettre en place une feuille
de route pour les années à venir favorisant la promesse d’accélérer le rythme des
actions climatiques.
19
ont été tenus lors de l’accord de Paris.
20
b. Contexte actuel de la finance carbone
Sur la base de ce système de plafonnement, et sur la base d’un système d’échange des
droits d’émission des GES, le marché du carbone a vu le jour. En effet, depuis le 1er Janvier
2005, l’Union Européenne a instauré un système d’échange de quota, qui vise à limiter les
émissions de CO2 des secteurs industriels les plus polluants. Et depuis janviers 2012, les
entreprises québécoises, qui innovent dans les technologies propres, et qui parviennent à
réduire leurs émissions de GES en dessous du plafond fixé, peuvent vendre le crédit
excédentaire sous forme de crédit carbone, tandis que celles qui ne respectent pas leur quota
doivent acheter des droits d’émission sur le marché du carbone. Il en résulte donc, que réduire
son empreinte carbone est dorénavant rémunéré.
Cette approche repose sur le fait que l'effet de serre représente un phénomène qui
touche le monde en sa globalité, et qu'une quantité de carbone émise en un lieu peut être
compensée par la réduction d'une quantité similaire en un autre lieu.
21
ii. Les unités de mesure du marché du carbone
22
Partie II : Rôle de la bonne gouvernance en
l’évolution des pratiques de la finance
responsable et durable au Maroc
1. Evolution des pratiques de bonne gouvernance au Maroc
En 1999, les pays membres de l’OCDE19 ont approuvé six principes de bonne
gouvernance, considérés depuis lors comme référence mondiale. Les six principes se
présentent comme suit :
Cependant, en 2004, la même organisation, à savoir l’OCDE, vient préciser que lesdits
six principes, ne sont que des principes de base, qui ont un caractère évolutif, et qui sont
appelés à être revus en fonction des changements que connait le contexte général. Dès lors,
ont surgit de nouveaux principes, dont quelques-uns ont trait à la notion de durabilité,
notamment :
19
L’Organisation de Coopération et de Développement Economique
23
En outre, dans un essai de définir la bonne gouvernance, l’INERIS20, a affirmé qu’une
bonne gouvernance est une gouvernance qui ne viole pas les sept grands principes fixés dans
le cadre de l’ISO 26000, publiée en 2010, à savoir : Redevabilité, Transparence,
Comportement éthique, Reconnaissance des intérêts des parties prenantes, Respect du
principe de légalité, Prise en compte des normes internationales de comportement et Respect
des droits de l’homme.
Nous pouvons donc remarquer que l’intégration de la notion de durabilité dans les
modèles de gouvernance, n’était pas une initiative découlant des pratiques d’entreprises, mais
que c’est plutôt une incitation de la part des organismes officiels afin de pousser les
entreprises à prendre en considération le souci écologique. Toutefois, il faut préciser que la
majorité de ces principes ne sont pas entièrement respectés par les entreprises. D’un côté, il
n’y a aucune obligation légale à les appliquer, d’un autre côté, ils laissent une marge
d’interprétation.
Par ailleurs, plus de 60% des sociétés cotées ont affirmé qu’elles disposent d’une
charte de gouvernance, tandis que le contrôle de vraisemblance montre que ce n’est pas le cas.
Il ne s’agit pas de réels codes de gouvernance, mais seulement de conventions ou de simples
accords. Ce qui est très risqué pour les parties prenantes. En effet, Les scandales des
manipulations comptables qui ont faussé les résultats de sociétés aussi emblématiques
qu’Enron ou Worldcom ont inséré, dans beaucoup d’esprits, un doute profond et durablement
nocif concernant la fiabilité des chiffres annoncés par les grandes entreprises. De ce fait, bien
20
INERIS (Institut National de l'Environnement industriel et des risques) est un Établissement Public à
caractère Industriel et Commercial, placé sous la tutelle du ministère de l’Ecologie, du Développement Durable
et de l'Energie, du gouvernement français.
21
Confédération Générale des Entreprises du Maroc
24
qu’il soit nécessaire de laisser une marge d’initiative aux dirigeants de l’entreprise pour mener
à bien leurs projets, l’expérience obtenue à travers ces scandales financiers indique, qu’un
contrôle est indispensable pour s’assurer qu’ils agissent dans l’intérêt des actionnaires et des
investisseurs.
Il en découle donc, que la gouvernance d’entreprise, encadrée par la loi, qui prévoit
des sanctions, et des règles comptables, standards pour une meilleure transparence,
maintiendrait, théoriquement les intérêts des principales parties prenantes.
25
Continuant sur cette lancée, l'AMMC _ avec le soutien d’International Finance
Corporation _ a publié le 17 février 2017, un guide visant à favoriser l’émergence du marché
des Green bonds sur la place financière Marocaine., à travers la clarification des rôles et des
exigences associés à ce type d’instrument financier. Dans le cadre de la symétrie de
l’information, et dans l’appui de la bonne gouvernance, ledit guide s’adresse aussi bien aux
émetteurs qu’aux investisseurs. Le régulateur a introduit par une présentation des éléments
permettant de mieux cerner ce segment du marché de la dette, pour enchainer ensuite avec
une synthèse des principes à respecter pour l’émission. Cette synthèse est répartie en trois
parties que nous pouvons résumer dans le tableau ci-dessous :
La Responsabilité sociétale des entreprises est un atout supplémentaire qui se base sur
une démarche volontaire, visant la conciliation du besoin de création de valeur et des divers
objectifs du développement durable.
26
Au début, la notion de la RSE, a été importée au Maroc grâce aux stratégies d’éthique
des multinationales. En d’autres termes, les sociétés mères s’intéressant aux préoccupations
sociales et environnementales, ont exigé à leurs filiales qui s’implantent au Maroc d’adhérer
aux mêmes démarches de développement durable, en vue de marquer et d’améliorer l’effet
qu’a une société sur son environnement.
En effet, une autre manière d’introduction de la RSE, s’est présenté avec l’ambition
des entreprises marocaines d’ouverture et d’accès aux marchés étrangers et d’acquisition de
nouveaux clients mais aussi de nouveaux partenaires. Et ce, en se procurant une bonne image
à travers une gouvernance transparente, une réduction considérable de l’impact négatif des
activités de la société sur l’environnement, des achats responsables, et une prise en
considération de l'ensemble des relations de l'entreprise avec ses parties prenantes, etc.
Le sujet des pratiques RSE au Maroc est synonyme de normes, programmes et label
que les entreprises adoptent pour montrer leur implication sociale, à titre d’exemple le
programme du pacte mondial, Les lignes directrices ISO 26000 sur la responsabilité sociétales
des organisations et le label RSE de la CGEM22. D’ailleurs, le Maroc a intégré le pacte
mondial en 2006 suite à l’annonce du programme intitulé «Développement Durable grâce au
Pacte Mondial», ayant pour finalité la promotion de la RSE. Ce projet qui repose sur les
principes directeurs de l’OCDE23 et la stratégie sociale de l’Organisation Internationale du
Travail, a été réalisé par le BIT24 et financé par le ministère italien des affaires étrangères.
Cette charte est le référentiel du Label CGEM pour la RSE. Elle a été rédigée
conformément à la législation nationale qu’aux principes des Institutions internationales :
l’ONU, OIT, et l’OCDE. Cette dernière ayant été révisée et actualisée le 31 janvier 2017
inclut neuf axes à savoir:
professionnelles.
Ø Préserver l’environnement.
22
Confédération Générale des Entreprises du Maroc
23
L’Organisation de Coopération et de Développement Economique
24
Le Bureau International du Travail
27
Ø Prévenir la corruption.
Le nombre des entreprises adhérant à ce label RSE de la CGEM n’a pas cessé
d’augmenter dans les dernières années. En effet, la liste des membres du club RSE de la
CGEM s’est grandement allongée, allant de 2 entreprises lors de la création du label en 2007,
à plus de 90 membres actuellement dont à peu près la moitié sont filiales de groupes. La
courbe ci-dessous représente l’évolution du nombre d’entreprise labélisée RSE durant la
période entre 2007 et 2016 :
Ce label est accordé pour une durée de 3 ans, avec une évaluation de suivi à 18 mois. Son
renouvellement se fait sur a l’aide d’une évaluation récente permettant de relever le progrès,
l’amélioration des pratiques et le développement de la performance globale de l’entreprise.
28
b. Contexte actuel de la Finance durable au Maroc
La finance durable au Maroc demeure donc un marché assez jeune, dont le nombre des
acteurs est faible. Néanmoins, c’est un marché qui ne manque pas de promesses du fait que
notre pays s’engage solidement, dans les initiatives à portée environnementales et sociales, et
ce, dès le début du 21ème siècle. D’un point de vue écologiques, c’est en grande partie grâce
à l’accord de Marrakech_ lors de la COP 7 en 2001 _ que des règles d’application et des
modalités ont été mises en œuvre, pour la ratification du Protocole de Kyoto par de nombreux
pays. Egalement, ayant récemment accueillit la COP 22, le Maroc vient de se mettre comme
objectif, la réduction de 13% de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Dans ce
contexte, le Maroc bénéficie d’un appui budgétaire international, via notamment le Fonds
Vert pour le climat. Par ailleurs, le conseil d'administration du Groupe de la Banque Africaine
de Développement vient d’exécuter en Octobre dernier, la première tranche d’un financement
de 132 millions de dollars au profit du Maroc, destiné à renforcer la croissance économique
verte du pays à travers la mise en œuvre de la 2ème phase du Plan Maroc Vert.
29
3. Perspectives d’évolution des pratiques de bonne gouvernance et de
la finance responsable au Maroc
Dans son discours prononcé devant le Sommet de l’ONU sur les Objectifs du
Millénaire pour le Développement (OMD) qui s’est tenu à New York du 20 au 22 septembre
2010, le Roi Mohammed VI a précisé qu’il importe d’amorcer un effort de réflexion
prospective et d’anticipation par rapport à la période post-2015, dans le but de mieux nous
préparer à relever les nouveaux défis à venir, et d’œuvrer pour la consolidation d’un modèle
harmonieux et solidaire de développement humain durable, et ce, dans le cadre d’une
gouvernance mondiale aussi équitable qu’efficiente.
Dans ce cadre le Maroc cherche de plus en plus à améliorer son efficacité énergétique.
Cette dernière est un synonyme de meilleure gouvernance, invitant à une coordination, une
harmonisation et une mise en synergie des actions entre les différents intervenants publics et
30
privés.25 Dans un souci d’un développement durable, le Haut-Commissariat Au Plan a dressé
trois scénarios alternatifs pour déterminer comment le Maroc pourra atteindre une meilleure
efficacité énergétique à l’horizon 2030. Le tableau ci-dessous résume les conditions prévues
par les trois scénarios :26
25
Haut-Commissariat au Plan ; Prospective Maroc 2030 : Energie 2030, quelles options pour le Maroc ?; Page
59 ; 10/08/2011
26
Haut-Commissariat au Plan ; Prospective Maroc 2030 : Energie 2030, quelles options pour le Maroc ?; Page
70 ; 10/08/2011
31
en effet d'importantes sources d'énergies renouvelables, particulièrement pour le solaire et
l'éolien au niveau des zones côtières qui s'étendent sur 3500 km. Aujourd’hui son
rayonnement solaire moyen est estimé à 5 kWh/m2 par jour et son potentiel éolien à plus de
6000 MW.
Dans le scénario S2, le Maroc fait face au défi énergétique en solitaire, ce qui requiert
la mise en place d’un processus d’investissements massifs en énergie, tandis que dans le
scénario S3, il le fait conjointement avec ses voisins maghrébins et européens.
Le HCP considère que le scénario S3 est plus intéressant pour le Maroc sur de
nombreux plans. D’une part, les coûts de la transition énergétique connaitront une baisse,
alors que le territoire des projets co-développés connaitra un élargissement considérable.
D’autres parts, il favorise l’émergence d’un modèle de développement plus durable à l’aide de
l’évolution des prix, des valeurs et des technologies, et participe à la définition d’une
géographie économique Méditerranéenne, nouvelle et compatible avec le processus de
globalisation financière et économique. Toutefois, les conditions institutionnelles ne sont pas
encore remplies pour ce modèle, car ni l’UMA, ni les accords euro-méditerranéens n’assurent
pour l’instant un cadre approprié pour cette option. Le HCP recommande donc dans ce cas, de
faire une réflexion commune pour relancer le processus d’intégration de la Méditerranée
occidentale et créer une zone régionale émergente.
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Une stratégie à moyen terme conforme à ces prévisions a été définie. Elle vise à
assurer la sécurité d’approvisionnement, la diversification des formes et des sources
d’énergie, la disponibilité de l’énergie au meilleur coût, la généralisation de l’accès à
l’énergie, la préservation de l’environnement et le renforcement de la sécurité et du contrôle
technique des installations énergétiques ainsi que la maîtrise de l’énergie. Cependant, le HCP
estime qu’il serait temps de remettre à l’étude le développement éventuel d’une centrale
nucléaire, et de commencer à dessiner une stratégie d’ensemble pour l’énergie du Maghreb et
de l’Europe voisine, si le Maroc veut éviter de rester à l’écart de la convergence économique
avec les pays industriels avancés. A l’état présent du développement, toujours selon l’étude du
HCP, le Maroc ne peut envisager une croissance accélérée sans l’accompagner d’une
augmentation considérable de la consommation d’énergie. Restreindre cette consommation
causerait automatiquement une limitation de la croissance et du développement humain et
durable.
Néanmoins, devant les dérèglements des changements climatiques, le Maroc est tenu
de rationaliser sa consommation de ressources et ses émissions des G.E.S, même si ces
dernières sont insignifiantes sur le plan mondial.
A cet effet, en plus des stratégies énergétiques citées ci-dessus, des stratégies pour
entamer une croissance verte dans les secteurs du transport, de l’industrie, du bâtiment et des
déchets solides commencent à connaître un début de réalisation. En effet, la stratégie des
énergies renouvelables, qui s’inscrit dans les Objectifs du Développement Durable (ODD), a
pour objectif d’accompagner la croissance tendancielle dans le bâtiment, l’industrie et le
transport par une réduction des émissions de CO2 de 18 millions de tonnes à l’horizon 2020,
et de réaliser une économie d’énergie de 12% d’ici 2020 et 15% d’ici 2030.
Par ailleurs, face aux changements climatiques, le Maroc devrait relever un autre défi.
Il devrait opter pour une gestion intégrée des ressources en eau dans la perspective d’assurer
une solidarité spatiale amont-aval et intergénérationnelle privilégiant le temps écologique
dans la planification, et ce surtout en réduisant l’envasement des barrages. Ceci permettra de
gagner un potentiel d’irrigation de l’ordre de 10 000 hectares par an.
Le Maroc devrait aussi lutter contre les tendances de dégradation par la réduction des
pertes en terres de 30 à 50%, et chercher à réorienter le modèle d’exploitation des terres
agricoles vers un respect des écosystèmes naturels, et ce dans un souci du développement
33
durable prenant en considération les effets de la sécheresse, et les inégalités potentielles entre
les régions et les générations.
Par ailleurs, la reconstitution de ces écosystèmes peut atteindre 5% d’ici 2030 grâce à
la gestion durable des écosystèmes forestiers prévue par le plan directeur de reboisement, le
plan directeur de lutte contre les incendies, et la stratégie nationale de la santé des forêts.
Enfin, grâce à l’adaptation de ces stratégies sectorielles aux effets des changements
climatiques, et au choix d’un modèle de production à base d’énergie propre, le Maroc pourrait
inscrire son modèle de croissance dans une perspective de durabilité tout en soulignant son
engagement à associer ses efforts à ceux de la communauté internationale.
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Conclusion
Comme cela a déjà été mentionné ci-dessus, notre document vise à présenter de
manière concise notre vision suite au survol de la situation de la gouvernance au Maroc. Nous
avons présenté en premier lieu les enjeux de la gouvernance et de la finance durable, en
détaillant les définitions des concepts clés, mais aussi en abordant le contexte de la bonne
gouvernance et de la RSE au niveau mondial ainsi que l’évolution de la finance durable.
Etant donné que l’évolution des pratiques de bonne gouvernance a contribué fortement
en l’essor de la finance durable, le management du développement durable, de l’immatériel ou
plus précisément du renouvellement stratégique est devenu une discipline de premier ordre
pour les entreprises marocaines.
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http://www.menara.ma/fr/actualit%C3%A9s/economie/2016/11/14/2050086-cop22-une-
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https://www.lereporter.ma/actualite-finance/bank-al-maghrib-cap-sur-la-finance-durable/
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