Eglise Catholique Romaine
Eglise Catholique Romaine
Eglise Catholique Romaine
Les origines de l'Église Catholique Romaine remontent à l'époque des apôtres. Elle représente cette
institution majoritaire de la chrétienne telle qu'elle s'est élaborée lentement, au cours des siècles, et dont
se sont détachées au XI° siècle les Églises orientales dites orthodoxes, et au XVI° siècle les Églises
protestantes. Au cours des premiers siècles de son existence, elle s'est donné le qualificatif de
"catholique", d'un mot grec qui signifie "répandu sur toute la terre", donc universelle, pour se différencier
des sectes avec leurs doctrines pernicieuses (gnose, montanisme, donatisme, etc.). Nous ne tenterons pas
de résumer son histoire en quelques lignes et préférons renvoyer le lecteur à un bon manuel d'histoire de
l'Église.
L'Église Catholique Romaine compte 872.104.000 membres, dont 862.422.000 fidèles dans
l'Église dite latine et 9.682.000 répartis dans 21 petites Églises d'Orient appelées "uniates" avec leur
diaspora dans le monde entier. La coexistence de ces Églises orientales et de l'Église latine très fortement
majoritaire, concrétisée par l'existence de deux droits canoniques distincts, ne va pas toujours sans
difficultés.
L'activité du Saint-Siège s'exerce avant tout par la curie romaine. Celle-ci, présidée par la
Secrétairerie d'État, est faite de neuf congrégations: 1) la congrégation pour la doctrine de la foi
(anciennement le Saint-Office, héritier de l'Inquisition), 2) la congrégation des évêques, 3) la congrégation
des Églises orientales, 4) la congrégation des sacrements et du culte, 5) celle du clergé, 6) celle des
religieux, 7) celle des missions dite autrefois de la propagation de la foi et aujourd'hui pour
l'évangélisation des peuples, 8) celle des causes des saints (procédures de canonisation), 9) celle de
l'éducation catholique chargée des séminaires, des écoles et des universités. A ces congrégations
s'ajoutent trois tribunaux aux noms archaïques: la Signature apostolique (contentieux administratifs), la
Rote (mariages en litige), la Sacrée Pénitencerie (affaires de conscience, privées ou réservées au pape).
Puis, un certain nombre d'offices et de bureaux, ainsi que des organismes nouveaux nés du dernier
concile (secrétariats pour l'unité des chrétiens, pour les non-chrétiens, pour les non-croyants, conseils et
commissions divers). Cet énorme appareil administratif emploie 3.500 actifs et un millier de retraités.
Le principe de collégialité auquel Vatican II a donné une nouvelle vigueur s'exerce à plusieurs
niveaux: exceptionnellement, par un concile général; périodiquement, par la réunion de synodes;
régulièrement, au sein des conférences épiscopales nationales ou régionales. Enfin, il convient de
mentionner le Sacré Collège des cardinaux, princes de l'Église (120 en dessous de quatre-vingts ans), dont
la responsabilité majeure est d'élire les papes.
Notre but n'est pas de présenter l'ensemble de la doctrine de l'Église Catholique Romaine.
L'Église luthérienne partage avec elle la foi en des articles fondamentaux de la doctrine chrétienne et s'en
réjouit. Il s'agit par exemple de la sainte Trinité et donc de la divinité du Christ, de sa mort rédemptrice et
de sa résurrection corporelle, etc. Nous nous contenterons de relever les fausses doctrines dont elle se
rend coupable, ce qui, dans son enseignement, est contraire à la Parole de Dieu.
Pour ce faire, nous ferons abstraction du fait que l'Église Catholique n'est plus le bloc
monolithique qu'elle a été pendant des siècles et que de nombreux courants divergents, voire
contradictoires, se font jour en elle. Il faut de nos jours discuter un certain temps avec un prêtre ou un
fidèle catholique, si on veut savoir ce qu'il croit. Nous nous en tiendrons exclusivement aux formulations
doctrinales traditionnelles du catholicisme, à son enseignement officiel tel qu'il est consigné dans les
documents qui ont pour charge d'énoncer solennellement la doctrine catholique. Ce sont les décrets de
2
Désormais citée sous le sigle PDL.
Cette position permet à l'Église Catholique d'élever au rang de dogmes beaucoup d'affirmations
doctrinales qui n'ont pas de fondement dans la Bible (purgatoire, invocation des saints, sacrifice de la
messe, dogmes mariaux, etc.). Elle le fait par la voix de ses Conciles ou par l'intervention ex cathedra de
ses souverains pontifes. L'ensemble des évêques, en tant que successeurs des apôtres, en union avec le
pape, successeur de saint Pierre, chef des apôtres, et vicaire du Christ sur la terre, constitue ce qu'on
appelle le "magistère ecclésiastique". Il agit de façon habituelle, quand le pape publie des encyclopédies
ou que l'évêque exerce son ministère dans son diocèse, et de façon "extraordinaire", c'est-à-dire
infaillible, quand ils se réunissent en conciles ou que le pape s'exprime comme pasteur suprême de
l'Église et énonce à ce titre un nouveau dogme.
Après bien des débats, l'infaillibilité pontificale fut promulguée en 1870, lors du Concile Vatican I:
Les spécialistes catholiques estiment que les papes ont eu au cours des siècles douze fois recours
à leur infaillibilité personnelle, dont les deux dernières le 8 décembre 1854 (bulle Ineffabilis Deus
proclamant le dogme de l'immaculée conception de la Vierge Marie) et le 1° novembre 1950 (bulle
Munificentissimus Deus proclamant celui de l'assomption de Marie). Le Concile Vatican II a tenu à
souligner le principe de la collégialité, la responsabilité collective des évêques dans la direction de l'Église
et son enseignement. Il entérina les déclarations antérieures en insistant toutefois sur le magistère
collégial des évêques:
« L'infaillibilité promise à l'Église réside aussi dans le corps des évêques, quand il
exerce son magistère suprême en union avec le successeur de Pierre » (Vatican II,
Constitution Dogmatique "De Ecclesia", 25).
Quant au pape, il reste en dehors et au-dessus de la collégialité. C'est à lui de promulguer les
décisions conciliaires ou de ne pas le faire. Seule sa promulgation les rend valides. L'autorité doctrinale est
donc en dernière analyse entre ses mains. Cf. le Catéchisme de l'Église Catholique, 1992, 888-892, p. 194
s.).
La justification
Nous touchons là à la plus grave erreur de Rome, celle qui a déclenché la Réforme au XVI° siècle. L'Église
luthérienne enseigne avec la Bible que l'homme, totalement incapable de se justifier lui-même, est
gratuitement justifié par Dieu, par le seul mérite du Christ et le moyen de la foi: Dieu impute au pécheur
repentant et croyant la justice parfaite et suffisante que le Christ a acquise au monde entier par son
sacrifice sur la croix. Le croyant est ainsi entièrement juste devant Dieu, aussi juste que le Christ lui-même,
car revêtu de la justice de son Rédempteur (PDL, p. 80-84).
L'Église Catholique, au contraire, soutient que la justification du pécheur est le résultat de sa
coopération avec Dieu. Le Seigneur accorde à celui qui s'y prépare une grâce qui l'assiste et le soutient, et
avec laquelle il peut réaliser sa justification. Celle-ci n'est pas la simple imputation de la justice du Christ
ou la non-imputation des péchés, mais le résultat d'une transformation intérieure. Aussi est-elle graduelle
et progressive. Voici en quels termes l'Église Catholique a rejeté et condamné, au XVI° siècle, la doctrine
des Réformateurs:
« Si quelqu'un affirme que l'impie est justifié par la foi seule, c'est-à-dire que rien
d'autre n'est requis pour coopérer, afin d'obtenir la grâce de la justification, et qu'il
n'est nullement nécessaire de s'y préparer et disposer par un mouvement de la volonté,
qu'il soit anathème » (Concile de Trente, Session 6, Canon 9).
« Si quelqu'un affirme que les bonnes œuvres qu'accomplit un homme justifié sont des
dons de Dieu en ce sens qu'elles ne sont pas en même temps de bons mérites de la part
du justifié, ou que l'homme justifié ne mérite pas, par les bonnes œuvres qu'il
accomplit par la grâce de Dieu et le mérite de Jésus-Christ, une augmentation de la
grâce, la vie éternelle et l'obtention de cette vie, à condition toutefois qu'il meure en
état de grâce, ainsi qu'une augmentation de la gloire, qu'il soit anathème! » (Canon
32).
« La justification établit la collaboration entre la grâce de Dieu et la liberté de
l'homme. Elle s'exprime du côté de l'homme dans l'assentiment de la foi à la Parole de
Dieu qui invite à la conversion, et dans la coopération de la charité à l'impulsion de
l'Esprit Saint qui le prévient et le garde… La préparation de l'homme à l'accueil de la
grâce est déjà une œuvre de la grâce. Celle-ci est nécessaire pour susciter et soutenir
notre collaboration à la justification par la foi et à la sanctification par la charité…
L'initiative appartenant à Dieu dans l'ordre de la grâce, personne ne peut mériter la
grâce première, à l'origine de la conversion, du pardon et de la justification. Sous la
motion de l'Esprit Saint et de la charité, nous pouvons ensuite mériter pour nous-
mêmes et pour autrui les grâces utiles pour notre sanctification, pour la croissance de
la grâce et de la charité, comme pour l'obtention de la vie éternelle. Les biens
temporels eux-mêmes, comme la santé, l'amitié, peuvent être mérités par la sagesse
de Dieu » (Catéchisme de l'Église Catholique, 1993. 2001. 2010, p. 413ss.).
Cette doctrine fait de la justification le résultat de la coopération de l'homme avec Dieu. Celle-ci est dite
consister dans le pardon des péchés et la transformation intérieure ou sanctification de l'homme. Elle a
Pénitence et indulgences
L'Église Catholique connaît sept sacrements: le baptême, l'eucharistie, la pénitence, la confirmation, le
mariage, l'extrême-onction et l'ordre. En cela, elle se distingue du protestantisme qui n'en reconnaît que
deux, le baptême et l'eucharistie. C'est une question de définition. Le mot "sacrement" n'étant pas utilisé
par la Bible, mais un terme forgé par les théologiens, on peut a priori lui donner diverses définitions et,
selon la définition retenue, dire qu'il existe deux sacrements ou davantage. Cf. PDL, p. 96s.
Le sacrement de pénitence, plus volontiers appelé de nos jours sacrement de la réconciliation,
est l'un des sept sacrements du dogme catholique. La formulation traditionnelle le fait consister en trois
parties, la contrition, la confession suivie de l'absolution, et la satisfaction.
« Quand elle provient de l'amour de Dieu aimé plus que tout, la contrition est appelée
« parfaite » (contrition de charité). Une telle contrition remet les fautes vénielles; elle
obtient aussi le pardon des péchés mortels, si elle comporte la ferme résolution de
recourir dès que possible à la confession sacramentelle » (Catéchisme de l'Église
Catholique, 1452, p. 312).
Le dogme distingue de la contrition parfaite la contrition dite imparfaite, appelée encore "attrition", qui
"naît de la considération de la laideur du péché et de la crainte de la damnation éternelle et des autres
peines dont est menacé le pécheur (contrition par crainte)" (op. cit., p. 312).
Citant le Concile de Trente, le Catéchisme de l'Église Catholique déclare:
Le fidèle est tenu de "confesser, au moins une fois par an, les péchés graves dont il a conscience" (op. cit.,
1457, p. 312). "La confession individuelle et intégrale suivie de l'absolution demeure le seul mode
ordinaire par lequel les fidèles se réconcilient avec Dieu et l'Église, sauf si une impossibilité physique ou
morale dispense d'une telle confession" (op. cit., 1484, p. 318).
Quant à la satisfaction, elle fait partie intégrante du sacrement de pénitence:
« L'absolution enlève le péché, mais elle ne remédie pas à tous les désordres que le
péché a causés. Relevé du péché, le pécheur doit encore recouvrer la pleine santé
spirituelle. Il doit donc faire quelque chose de plus pour réparer ses péchés: il doit
« satisfaire » de manière appropriée ou "expier" ses péchés. Cette satisfaction
s'appelle aussi pénitence » (op. cit., 1459, p. 313).
« L'indulgence est la rémission devant Dieu de la peine temporelle due pour les péchés
dont la faute est déjà effacée, rémission que le fidèle bien disposé obtient à certaines
conditions déterminées, par l'action de l'Église, laquelle, en tant que dispensatrice de
la rédemption, distribue et applique par son autorité le trésor des satisfactions du
Christ et des saints » (op. cit., 1471, p. 316).
L'Église peut aussi acquérir des indulgences pour ses fidèles défunts:
« Puisque les fidèles défunts en voie de purification sont aussi membres de la même
communion des saints, nous pouvons les aider entre autres en obtenant pour eux des
indulgences, de sorte qu'ils soient acquittés des peines temporelles dues pour leurs
péchés » (op. cit., 1479, p. 317).
On distingue par ailleurs entre indulgence plénière, la remise de toute la peine temporelle due
aux péchés, et indulgence partielle, la remise d'une partie de cette peine.
Il est facile d'entrevoir le côté scandaleux de cette doctrine et des pratiques auxquelles elle
donne lieu, même si de nos jours les indulgences ne se vendent plus. Elle constitue un énorme affront fait
au Christ, une négation de la suffisance de l'expiation qu'il a réalisée sur la croix et un moyen de tyrannie
spirituelle, puisqu'elle fait de l'Église la dispensatrice de grâces divines dont l'homme doit se rendre digne
par ses satisfactions et ses œuvres.
D'autre part, l'Église Catholique célèbre en temps normal la communion sous une seule espèce et
réserve la coupe aux prêtres, sous prétexte qu'en recevant le corps du Christ, on reçoit automatiquement
son sang (concomitance):
« Si quelqu'un nie que le Christ tout entier est contenu dans le vénérable sacrement de
l'Eucharistie sous chaque espèce et sous les diverses parties de celle-ci…, qu'il soit
anathème » (Canon 3).
Les espèces consacrées sont par ailleurs objet de l'adoration des fidèles:
Cependant, l'erreur la plus grave de l'Église Catholique, dans la doctrine de l'Eucharistie, est
l'affirmation qu'elle constitue un sacrifice propitiatoire apporté à Dieu par l'Église:
Le sacrifice de la messe est présenté comme la continuation, par renouvellement non sanglant,
du sacrifice du Christ sur la croix. De nos jours, on parle plus volontiers d'une re-présentation ou
actualisation du sacrifice de Golgotha. La messe est dite "perpétuer le sacrifice de la croix au long des
siècles, jusqu'à ce qu'il vienne" (Catéchisme de l'Église Catholique, 1323, p. 285). Elle est "l'actualisation et
l'offrande sacramentelle de son unique sacrifice" et "en applique le fruit" (op. cit., 1362.1366, p. 293).
C'est ainsi que l'Église devient participante des bienfaits de sa mort. Ce sacrifice possède donc une valeur
La hiérarchie, avec à sa tête le pape, successeur de Pierre, le prince des apôtres, est dite
d'institution divine:
« Si quelqu'un affirme que le bienheureux apôtre Pierre n'a pas été établi par Christ le
Seigneur comme le chef des apôtres et le chef visible de toute l'Église militante, ou qu'il
a reçu de notre Seigneur Jésus-Christ, de façon directe et immédiate, une primauté
d'honneur, et non pas une primauté de juridiction véritable et authentique, qu'il soit
anathème » (Vatican I, Session 4, Canon 1).
Cette doctrine est fondée sur les paroles bien connues du Christ dans Matthieu 16:18ss et Jean
21:15-17.
« Si donc quelqu'un dit que ce n'est pas en vertu de l'institution de Christ notre
Seigneur ou en vertu d'un droit divine que le bienheureux Pierre a perpétuellement un
successeur dans sa primauté sur toute l'Église, ou bien que le Pontife romain n'est pas
le successeur du bienheureux Pierre dans cette primauté, qu'il soit anathème! »
(Vatican I, Session 4, Canon 2).
« Nous enseignons et déclarons donc que l'Église romaine, par l'ordonnance du
Seigneur, possède le principat du pouvoir ordinaire sur toutes les autres Églises et que
ce pouvoir de juridiction du Pontife romain qui est vraiment épiscopal, est immédiat:
envers ce pouvoir, les pasteurs et les fidèles de tout rite et de tout rang, tant en
particulier et séparément que tous ensemble, sont liés par un devoir de subordination
hiérarchique et de véritable obéissance, non seulement dans les choses qui ont trait à
la foi et aux mœurs, mais encore dans celles qui se rapportent à la discipline et au
gouvernement de l'Église dans le monde entier… Telle est la doctrine de la vérité
catholique dont nul ne peut s'écarter sans préjudice pour sa foi et son salut » (Vatican
I, Session 4, Chapitre 3).
« Le Christ, en instituant les Douze, « leur donna la forme d'un collège, c'est-à-dire d'un
groupe stable, et mit à leur tête Pierre, choisi parmi eux ». « De même que saint Pierre
et les autres apôtres constituent, de par l'institution du Seigneur, un seul collège
apostolique, semblablement le Pontife romain, successeur de Pierre, et les évêques,
successeurs des apôtres, forment entre eux un tout ». Le Seigneur a fait du seul Simon,
auquel il donna le nom de Pierre, la pierre de son Église. Il lui en a remis les clefs; il l'a
institué pasteur de tout le troupeau. « Mais cette charge de lier et de délier qui a été
donnée à Pierre a été aussi donnée, sans aucun doute, au collège des apôtres unis à
leur chef ». Cette charge pastorale de Pierre et des autres apôtres appartient aux
fondements de l'Église. Elle est continuée par les évêques sous la primauté du pape. Le
pape, évêque de Rome et successeur de saint Pierre, « est principe perpétuel et visible
et fondement de l'unité qui lie entre eux soit les évêques, soit la multitude des
fidèles ». « En effet, le Pontife romain a sur l'Église, en vertu de sa charge de Vicaire du
Christ et de Pasteur de toute l'Église, un pouvoir plénier, suprême et universel qu'il
peut toujours librement exercer ». « Le collège ou corps épiscopal n'a d'autorité que si
on l'entend comme uni au Pontife romain comme à son chef ». Comme tel, ce collège
est « lui aussi le sujet d'un pouvoir suprême et plénier sur toute l'Église, pouvoir
cependant qui ne peut s'exercer qu'avec le consentement du Pontife romain » » (op.
cit., 880-883, p. 193).
« Le très saint concile déclare qu'en plus des autres degrés ecclésiastiques, les évêques
qui sont les successeurs des apôtres, appartiennent principalement à cet ordre
hiérarchique et ont été établis, comme le dit l'apôtre, par le Saint-Esprit pour régir
l'Église de Dieu » (Concile de Trente, Session 23, Chapitre 4).
Les pouvoirs particuliers que le Christ a donnés à son Église en la personne des apôtres sont
transmis au cours des siècles par la succession apostolique dans laquelle le prêtre entre par le sacrement
de l'ordre. De même que Jésus-Christ a choisi les apôtres, le pape, en tant que son vicaire sur terre, choisit
et ordonne les évêques, successeurs des apôtres. C'est chez eux, et non chez les prêtres, que se trouve le
gouvernement de l'Église. Seuls les évêques gouvernent l'Église en union avec le pape. Par contre, ils
partagent le sacerdoce avec d'autres ministres à qui ils confèrent le sacrement de l'ordre. L'ordination
communique au prêtre un caractère indélébile:
Pape, archevêques, évêques, prêtres: tous détiennent le sacerdoce, les archevêques du pape, les
évêques également, les prêtres des évêques. S'ils possèdent le même pouvoir d'ordre, celui qui consiste à
exercer le sacerdoce proprement dit, ils ne détiennent pas tous le même pouvoir de gouvernement. Celui-
ci est confié uniquement à l'épiscopat qui, lui, le détient du pape, lequel l'a reçu du Christ par
Mariologie
L'Église luthérienne considère la vierge Marie comme l'instrument privilégié choisi par Dieu pour donner
naissance au Sauveur du monde, et cela par la virginité. Elle voit en elle un modèle d'humilité, de foi et
d'obéissance, un merveilleux exemple à suivre. Là s'arrête l'honneur qu'elle lui rend. L'Église Catholique,
au contraire, a donné naissance à des dogmes mariaux chargés de justifier le culte qu'elle lui rend.
« Nous définissons la doctrine qui affirme la bienheureuse vierge Marie, dès le premier
instant de sa conception, par une grâce et un privilège particuliers du Dieu tout-
puissant, compte tenu des mérites du Christ, Sauveur du genre humain, préservée
indemne de toute tâche de culpabilité originelle. Nous tenons cette doctrine pour
révélée par Dieu; elle doit pour cela être crue avec fermeté et constance par tous les
fidèles » (Bulle Ineffabilis Deus de Pie IX, 8 décembre 1854).
Marie est censée aussi jouer un rôle primordial dans la protection de l'Église et des croyants,
participant ainsi à l'œuvre de son Fils. Les fidèles catholiques sont appelés à célébrer les fêtes de Marie, se
livrer à la dévotion à son cœur immaculé, réciter le rosaire et le chapelet, et invités à porter le scapulaire
ou une médaille de Marie.
Cette doctrine qui affirme la nécessité d'une purification ou expiation personnelle de la part du
croyant et nie ainsi la suffisance et la perfection de l'œuvre rédemptrice de Jésus-Christ, n'a pas été
récusée par l'Église Catholique, même si elle en parle peut-être moins de nos jours que jadis. Le
Catéchisme de l'Église Catholique récemment paru avec l'approbation du Saint-Siège déclare:
« Tout péché, même véniel, entraîne un attachement malsain aux créatures, qui a
besoin de purification, soit ici-bas, soit après la mort, dans l'état qu'on appelle
Purgatoire » (op. cit., 1472, p. 316).
« Ceux qui meurent dans la grâce et l'amitié de Dieu, mais imparfaitement purifiés,
bien qu'assurés de leur salut éternel, souffrent après leur mort une purification, afin
d'obtenir la sainteté nécessaire pour entrer dans la joie du ciel. L'Église appelle
Purgatoire cette purification finale des élus qui est tout à fait distincte du châtiment
des damnés » (op. cit., 1030, p. 220).
Le dogme catholique traditionnel affirme aussi l'existence de limbes. Les "limbes de enfants",
"dont l'existence est une conclusion des théologiens", est le "séjour des enfants morts dans le péché
originel", c'est-à-dire sans baptême. Sans qu'ils soient soumis à des peines précises, ils y sont privés de la
béatitude éternelle auprès de Dieu (B. Bartmann, Précis de Théologie Dogmatique, II, p. 532).
Quant aux "limbes des Pères", c'est l'endroit où les âmes des patriarches et des croyants de
l'ancienne alliance étaient retenues en attendant que le Christ vienne triompher du péché par sa mort.
On constate ainsi que l'Église Catholique, tout en confessant certaines vérités fondamentales de
l'Écriture Sainte, professe une doctrine de la communication et de l'appropriation du salut contraire au
clair l'enseignement de la Bible. En affirmant que le pécheur est justifié par la foi et les œuvres et que les