Partie I Du Cours de Droit Budgétaire
Partie I Du Cours de Droit Budgétaire
Partie I Du Cours de Droit Budgétaire
2023/2024
Introduction :
Suite à la consolidation de la stabilité du cadre macro-économique vers la fin des années 90,
le Maroc a lancé des réformes politiques, financières, sectorielles et économiques dans le but
d’accélérer le développement socio-économique du pays, de rattraper les retards enregistrés en
matière de développement humain et de satisfaire les besoins croissants de la population en
termes d’accès aux services sociaux de base.
Dans un contexte marqué par la rareté des ressources financières et par des besoins
croissants de la population, le Maroc a lancé un processus de réformes structurelles visant
notamment la consolidation de la bonne gouvernance, le développement du capital humain et
le renforcement des mécanismes de solidarité et de cohésion sociale et spatiale.
A cet effet, la nouvelle constitution de 2011 vient couronner cette série de réformes
en instituant les principes de bonne gouvernance, notamment en matière des finances publiques
par la tenue de l’obligation de la réédition des comptes , de contrôle et d’évaluation des deniers
publics.
En matière des finances publiques, la loi organique relative à la loi des finances de 1998,
consacre un budget de moyens ne mettant pas en exergue les résultats et les coûts réels
concernant l’exécution des politiques publiques.
En plus des limites que représente la gestion budgétaire axée sur les moyens, il est devenu
impératif, conformément aux engagements du gouvernement contenus dans son programme, de
procéder à la refonte de la loi organique n°7-98 relative à la loi de finances. Cette réforme
s’inscrit dans un contexte international marqué par l’engagement des divers pays précurseurs à
la réforme de leurs systèmes des finances publiques vers l’adoption d’une logique de gestion
budgétaire axée sur les résultats.
La réforme de la loi organique des finances est l’aboutissement dudit processus de réformes
entamé depuis le début des années 2000 qui vient pour contrecarrer les limites de la loi
organique relative à la loi organique des finances de 1998.
Chapitre 1 : la notion de la loi de finances et de budget
Section 1 : la notion du droit budgétaire
Dans son acceptation la plus large, le budget est un état prévisionnel et limitatif des dépenses
et des recettes au cours d’une année, c’est un instrument d’organisation et d’encadrement de
l’avenir.
D’un point de vue juridique, seules constituent des budgets ; les documents prévoyant et
autorisant les recettes et les dépenses de l’Etat et des organismes publics.
La notion du budget a subi une évolution intéressante. Elle retrace toute l’’évolution des
finances publiques d’elles-mêmes.
La première définition proposée du budget remonte à l’article 5 du décret français de 31
mai 1862 reproduite par le dahir du 20 moharrem 1378 (6 août 1958) portant règlement sur la
comptabilité publique du Maroc qui stipule que « le budget et l’acte par lequel sont prévues et
autorisées les recettes et les dépenses annuelles de l’Etat et des autres services que la loi
assujettit aux mêmes règles ».
Le budget était donc à la fois un acte de prévisions et d’autorisation : comme acte de
prévision, il était une évaluation a priori des recettes et dépenses de l’année à venir et se
distinguait aussi du bilan d’une société commerciale qui était établie a posteriori des résultats
financiers obtenus. Comme acte d’autorisation, il était une décision du parlement donnant au
gouvernement le pouvoir de percevoir les recettes publiques et d’effectuer les dépenses
publiques. Le budget était enfin un acte période car il était toujours limité à une année civile.
L’intégration de l’activité financière de l’Etat dans la politique économique a provoqué une
transformation de la conception du budget. Ainsi, une nouvelle définition a été proposée par le
décret-loi français du 15 juin 1956 dans son article premier qui stipule que « le budget de l’Etat
prévoit et autorise en la forme législative, les charges et les ressources de l’Etat. Il est arrêté par
le parlement dans la loi de finances qui traduit les objectifs économiques et financiers du
gouvernement ».
Cette définition dégage une notion nouvelle, celle de la loi des finances. Le Maroc s’est
inspiré de cette nouvelle définition dès 1962. Les finances sont intégrées au texte juridique le
plus important, c’est-à-dire la constitution. L’article 50-75 de la constitution marocaine de 2011
qui stipule qu’une loi organique est chargée d’organiser toute la matière financière. La chambre
des représentants vote la loi de finances dans les conditions prévues par une loi organique.
Dès lors, la notion de budget m’occupe plus aujourd’hui qu’une place discrète, la
détermination des données générales de l’équilibre financier et économique incombe désormais
à la loi de finances de l’année. D’ailleurs, l’article premier la loi organique n° 130-13 relative
à la loi de finances promulguée par le dahir n°1-15-62 du 2 juin 2015 stipule « la loi de finances
détermine, chaque année budgétaire l’ensemble des ressources et des charges de l’Etat, ainsi
que l'équilibre budgétaire et financier qui en résulte.... ».
Comment peut le constater, le législateur marocain laisse entrevoir une loi de finances axée
sur l’équilibre économique et financier.
L’étude du concept de loi de finances entraîne l’existence de plusieurs variétés de la loi de
finances et la loi de règlement.
A – La loi de finances de l’année :
La LOF qui constitue un couronnement au processus de l’expérimentation de la
réforme budgétaire entamée depuis 2001 a pour finalité la mise en place d’une gestion plus
démocratique et plus efficace des dépenses publiques. Ainsi, elle définit les principes régissant
la gestion des finances publiques, détermine le cadre juridique des lois de finances et encadre
tout le processus budgétaire depuis la programmation jusqu’à l’évaluation .Elle a pour
objectifs :
La loi organique n° 130-13 relative à la loi de finances promulguée par le dahir n°1-15-62
du 2 juin 2015 dispose dans son article 3 que la loi de finance :
« Prévoit, évalue, énonce et autorise pour chaque année budgétaire l’ensemble des ressources
et décharges de l’Etat », il en résulte qu’elle ne détermine pas seulement les opérations
définitives décrites par le budget général, mais aussi les opérations retracées dans les comptes
spéciaux du trésor et les opérations spécialisées inscrites dans les budgets annexes.
La loi des finances a donc prit une importance primordiale. Elle raisonne sur un ensemble
et par là elle devient l’instrument de la politique économique et sociale.
C – la loi de règlement :
La loi de règlement est une loi de finances. Elle arrête le montant définitif des dépenses et
des recettes de l'État et le résultat financier qui en découle. Elle est renommée loi relative aux
résultats de la gestion et portant approbation des comptes de 'année à compter de l'exercice.
La loi de règlement constate les résultats financiers de chaque année civile et approuve les
différences entre les résultats et les prévisions de la loi de finances de l’année. La loi de
règlement fait un bilan du budget en constatant de façon définitive les encaissements des
recettes et des ordonnancements de dépenses se rapportant à une année budgétaire. L’objectif
de la loi de règlement est double ; elle fournit tout d’abord un document unique contenant des
résultats de l’exécution budgétaire, elle facilite ensuite le contrôle parlementaire de l’exécution.