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Les États de La Matière

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Biophysique 1ère M.D LES ETATS DE LA MATIERE Pr.

Abdellatif CHOKRI

LES ETATS DE LA MATIERE


Généralités
La molécule, constituée d’un ou de plusieurs atomes, est la plus petite quantité d’un corps pur
qui en garde toutes les propriétés physiques (couleur, densité, etc.) et chimiques (solubilité,
réactivité, etc.).

Un corps pur est constitué d’un très grand nombre de molécules identiques, de ce fait, pour le
quantifier, il est plus facile d’utiliser une autre unité de mesure, la mole (symbole: mol), avec
ses sous-multiples : mmol, mol, nmol, pmol.

Une mole est la quantité de corps pur correspondant à N molécules, où N est le nombre
d’Avogadro (N = 6,02 × 1023). La masse molaire est la masse d’une mole d’un corps pur,
habituellement exprimée en grammes.

Dans la nature, on peut rencontrer la matière sous trois états physiques fondamentaux :
gazeuse, liquide et solide.

I) Les états physiques de la matière


Dans la matière, les molécules sont continuellement soumises à deux tendances opposées :
une tendance à la dispersion et une tendance au rassemblement, et c’est l’importance relative
de ces deux tendances (attraction et agitation) qui permet aux molécules de se regrouper en
phases condensées (liquides et solides) ou de rester en phase dispersée (gaz).

Changement d’état de la matière en fonction de la température.

 Etats solides : les particules n'ont pas assez d'énergie cinétique (agitation thermique)
pour surmonter les forces d'attractions entre elles. Les particules sont serrées les unes
contre les autres et ne peuvent pas se déplacer. Cela explique pourquoi les solides ont
un volume et une forme fixes.
 Etats liquides : les particules ont suffisamment d'énergie cinétique pour surmonter en
partie les force d'attractions. Elles peuvent glisser les uns sur les autres mais ne pas se
séparer complètement. Cela explique pourquoi les liquides peuvent changer de forme
mais ont un volume fixe.

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 Etats gazeux : les particules ont assez d'énergie cinétique leur permettant de surmonter
les forces d'attractions. Ainsi, les gaz n'ont ni volume ni forme fixe.

II) Liaisons intermoléculaires


II.1) Tendance à la dispersion
Cette tendance est en rapport avec le phénomène d’agitation thermique. Les molécules
sont soumises à un état d’agitation désordonnée dont l’importance est mesurée par l’énergie
cinétique moyenne Ec des molécules (on parle de mouvement thermique ou mouvement
brownien). L’énergie cinétique moyenne de la molécule est directement proportionnelle à la
température absolue. Il existe donc un zéro absolu de température (correspondant à environ -
273°C), au dessous duquel il est impossible de descendre et qui correspond à l’immobilité de
toutes les molécules (absence d’agitation thermique). La constante de proportionnalité fait
intervenir la constante de Boltzmann k (k = 1,38 10-23 joule par degré et par molécule).

II.2) Tendance au rassemblement


Cette tendance est en rapport avec l’existence de forces de liaisons intermoléculaires de
nature électrostatique dont l’intensité est qualifiée par l’énergie de liaison EL, définie comme
l’énergie qu’il faut fournir pour séparer deux molécules. L’effet de ces forces de liaison
décroit très vite avec la distance et ne se fait sentir que lorsque les molécules sont très
proches.

Il existe également des forces de répulsion intermoléculaires, mais qui ne s’exercent qu’à
des distances encore beaucoup plus courtes que les forces de liaison, car l’énergie de
répulsion décroit en 1/r12. L’existence de ces forces de répulsion est aussi importante que celle
des forces d’attraction. En effet, sans répulsion, la matière s’agglomèrerait progressivement
au gré des chocs d’agitation thermique, en un conglomérat unique et indifférencié.
L’existence des forces de répulsion explique qu’au contraire les molécules semblent
« rebondir » les unes sur les autres.

III) Liaisons covalentes


La liaison covalente résulte de la mise en commun d’électrons par des atomes afin
d’obtenir la configuration de plus basse énergie potentielle du système.

La liaison covalente se produit le plus fréquemment entre des atomes


d'électronégativités semblables. La différence de niveau d'énergie entre les deux atomes n'est
pas suffisante pour produire le transfert d'électrons d'un atome vers l'autre. Cependant, la
répartition des électrons dans une liaison covalente entre atomes différents ne sera pas
exactement symétrique. En effet, le point de gravité sera déplacé vers l'atome le plus
électronégatif : la liaison covalente est polarisée. La direction de la polarisation est donnée par
des charges partielles (+ pour l'atome le moins électronégatif et - pour le plus
électronégatif).

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Échelle d’électronégativité
H He
2,1 0
Li Be B C N O F Ne
1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 4,0 0

Na Mg Al Si P S Cl Ar
0,9 1,2 1,5 1,8 2,1 2,5 3,0 0

Plus la différence d'électronégativité est grande entre les atomes, plus les charges partielles
sont élevées : la liaison est polarisée et a un caractère « ionique ».

IV) Forces de liaisons polaires


IV.1) Polarité d’une molécule : moment dipolaire
Considérons une molécule covalente diatomique : si les atomes sont identiques (Cl2) ou de
même électronégativité (CS), la liaison est non polarisée car la répartition des charges est
statistiquement symétrique. De même, pour une molécule covalente polyatomique faite
d’atomes d’électronégativités différentes mais dont la forme est symétrique, la molécule est
statistiquement non polarisée.

Molécule de Cl2 : molécule apolaire. Molécule de CO2 : molécule symétrique apolaire.

Considérons une molécule covalente non symétrique : si les atomes sont


d’électronégativités différentes, la répartition des charges est aussi dissymétrique. Elle induit
un moment dipolaire permanent µ (en debye D), dont la valeur est proche de la différence
d’électronégativité.

Molécule de H2O : molécule asymétrique polaire.


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VI.2) Interaction ion-dipôle : solvatation


L’interaction entre un ion et une molécule de solvant polaire est liée à la taille de l’ion
(cation < anion) et à sa charge, ainsi qu’au moment dipolaire du solvant. Les cations de petite
taille (Li+) sont fortement solvatés, et leur « cortège » de solvatation est important. Les anions
sont plus gros et donc moins solvatés.

Elle explique la solubilité des composés ioniques dans l’eau, et leur insolubilité dans les
solvants apolaires.

Hydratation d’un anion et d’un cation.


A distance égale, l’attraction entre deux ions est 80 fois plus faible dans l’eau que dans le
vide. Les ions n’ont plus tendance à s’y regrouper.

VI.3) Interactions entre dipôles : forces de Van der Waals


A courte distance, les forces attractives de Van Der Waals, généralement en 1/r 7, sont
concurrencées par des forces répulsives en 1/r12.

VI.3.1) Interaction dipôle-dipôle : force de Keesom


Le premier type d’interactions de Van der Waals est la force dite de Keesom. Elle résulte
de l’interaction entre dipôles électriques permanents.

A l’état solide, la force d’attraction est en 1/r4. Une faible élévation de température fait
osciller et écarter les dipôles, diminuant la cohésion jusqu’à la fusion du solide.

Interaction dipôle-dipôle.
Dans la glace, les molécules d’eau sont maintenues par des forces dipôle-dipôle.

Structure de la glace, molécules maintenues par des forces dipôle-dipôle.

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Dans les liquides, les dipôles sont mobiles et les forces sont en 1/r7.

Lorsque l’agitation thermique est suffisante pour rompre les liaisons dipôle-dipôle, le
liquide se vaporise.

VI.3.2) Interaction dipôle-dipôle : liaison hydrogène


C’est un type particulier de l’interaction dipôle-dipôle, qui se manifeste entre une
molécule qui comporte un atome d’hydrogène lié à un atome X très électronégatif (N, O ou F)
et un autre atome, Y, possédant un doublet libre (F, O ou N). C’est la plus forte des liaisons
intermoléculaires.

Liaison hydrogène.
L’existence d’interactions fortes entre les molécules d’eau et le groupe caractéristique OH
de l’alcool justifie la solubilité du méthanol dans l’eau.

Liaison hydrogène entre molécules d’eau et d’alcool.

VI.3.3) Interaction dipôle-dipôle induit : force de Debye


Considérons une molécule non polaire NP, passant au voisinage d’un dipôle. Son cortège
électronique est déformé et elle se polarise par induction.

Interaction dipôle-dipôle induit.

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L’interaction dipôle-dipôle induit explique la solubilité (faible) des substances non


polaires dans l’eau.

VI.3.4) Interaction dipôle instantané – dipôle induit : force de London


Dans une molécule symétrique, le moment dipolaire est statistiquement nul. Cependant, à
chaque instant la dissymétrie aléatoire du nuage électronique confère à la molécule un
moment dipolaire instantané. Pendant leur brève existence, ces dipôles induisent d’autres
dipôles autour d’eux avec lesquels ils interagissent. Ce sont ces forces qui expliquent que des
substances apolaires puissent former des phases condensées et des solutions (benzène, gaz
rares, etc.). Ces forces sont d’autant plus grandes que les électrons sont nombreux et la
molécule étendue.

Interaction dipôle instantané - dipôle induit.


VI.3.5) Résumé des interactions entre dipôles
A l’état liquide, des forces peuvent s’exercer entre dipôles permanents (forces de
Keesom), entre dipôles permanents et dipôles induits (forces de Debye) et entre dipôles
instantanés (forces de London). Ces interactions, désignées sous le nom de forces de Van Der
Waals, sont toujours de courte portée, en 1/r 7 et faibles par rapport aux liaisons covalentes.
Elles participent ensemble et simultanément à la cohésion de la matière et sont responsables
de nombreuses propriétés physiques (solubilité, changement d’état, viscosité).

Interactions polaires.
Espèce Keesom en % Debye en % London en %

CCl4 0 0 100

C2H5OH 42 10 48

C6H6 0 0 100

C6H5Cl 13 9 78

C6H5OH 14 9 77

H2O 85 5 10

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