Une Ingenierie Culturelle Cotiere Suppor
Une Ingenierie Culturelle Cotiere Suppor
Une Ingenierie Culturelle Cotiere Suppor
Résumé :
Une ingénierie culturelle côtière, support d’innovation et d’efficience pour la
valorisation des littoraux. Les thèmes abordés sont :
x L’introduction de l’histoire dans la transdisciplinarité au service de la
prospective littorale,
x La culture partagée et l’appropriation par le grand public de la complexité des
enjeux et des processus au service d’une meilleure gouvernance.
Nous examinerons notamment l’apport des échanges du XIXe et du XXe siècle entre
pays méditerranéens des rives sud et rives nord au travers quatre exemples où lire des
manifestations d’innovation et l’émergence de nouvelles pratiques en urbanisme et
aménagement du territoire littoral pour questionner les horizons de la coopération du
XXIe siècle et proposer une refondation de ses bases sur la réévaluation de la
réciprocité.
Mots-clés :
Méditerranée – Echanges – Urbanisme – Culture – Aménagement du littoral
1. Introduction
L’expertise et la diffusion des « bonnes pratiques » est souvent à sens unique, dans un
postulat d’une représentation héritière de colonialisme, où les rives nord sont vues
comme possédant une expérience dans la protection environnementale du littoral et
donc un capital de savoir-faire à exporter.
Nous proposons ici de se pencher sur des échanges entre rives sud et rives nord, avec la
volonté délibérée de changer de focale et de point de vue – s’obliger à ne plus orienter
le regard et considérer ces échanges comme partie prenante d’une culture
méditerranéenne commune, une et indivisible.
Le propos vise à montrer que les apports, en matière d’aménagement du territoire
littoral ont été, au cours des XIXe et XXe siècles, dans les deux sens. Ainsi, la
DOI: 10.5150/cmcm.2009.078-7
319
Meilleures pratiques environnementales en ingénierie côtière et maritime
2. Exemples étudiés
2.2 L’œuvre de l’urbaniste architecte Prost, le littoral du Var, entre Casablanca et région
parisienne
Moins d’un siècle plus tard, à l’horizon des années 1920 et du développement
touristique de la côte varoise, le préfet du Var appelle l’architecte Prost, alors en poste
auprès du Maréchal Liautey pour concevoir le plan d’urbanisme de Casablanca et autres
villes du Maroc. Henri Prost travaille de manière novatrice à un plan d’aménagement de
la côte varoise, faisant pour la première fois une œuvre d’urbaniste à l’échelle
intercommunale du syndicat des communes de la côte varoise et en développant une
consultation des populations et associations, exercice de concertation encore inédit en
France métropolitaine.
L’architecte s’appuie sur son expérience en Afrique du Nord où il avait su faire
coïncider une vision prospective et l’étude d’un plan régulateur basé sur des valeurs
hygiénistes modernes et des préoccupations esthétiques avec la prise en compte des
réalités locales et le respect des traditions des populations en place.
320
Best environmental practices in coastal and maritime engineering
Prost sera ensuite appelé à Paris, où, encore dans un statut de précurseur, il dressera le
premier plan d’urbanisme à l’échelle de la Région Ile de France, vingt ans avant la
création des régions.
Ce rapide zoom sur l’œuvre de Henri Prost permet deux remarques :
D’une part, l’étude de l’expression de l’urbanisme dans la présence française en Algérie
aide à mieux saisir le double visage du colonialisme ; il convient de le contextualiser
depuis l’héritage saint- simonien et les projets fouriéristes de « jardins d’essai
d’organisation sociale et de production » jusqu’aux outils innovants de préservations du
patrimoine architectural et urbain. Si l’Afrique du Nord est le lieu symbolique où
s’accomplit l’union entre l’Orient et l’Occident, le va et vient d’interactions des deux
cultures et terreaux territoriaux fournit une histoire dont la décentralisation et l’actuelle
préoccupation de l’échelle du local a encore des enseignements à tirer.
D’autre part, le parcours professionnel de l’homme est en lui même un va et vient qui
déconstruit la vision d’une pensée et d’une action venue d’en haut, d’un quelconque
pouvoir central ; au contraire le frottement à la terre locale fait s’élaborer, par
expérimentation, les outils modernes d’un aménagement du territoire visant à concilier
protection et développement, héritage et modernité et dont l’aboutissement sera le
versement de la capitalisation des expériences d’Afrique du Nord à l’œuvre ultime, le
plan régional de la capitale en métropole. De quoi ébranler le schéma de l’exportation
de savoir-faire… .
321
Meilleures pratiques environnementales en ingénierie côtière et maritime
3. Conclusion
La mutualisation par des échanges et une capitalisation unique pour fonder une culture
commune pour la Méditerranée, autour des enjeux importants de l’adaptation aux
changements climatiques et de la gestion de l’eau est une nécessité urgente. Les savoir-
faire en la matière s’actualisent tous les jours et imposent innovation et exploration. Il
convient, pour avancer « vite » et « juste », de « tordre le coup » au concept
d’exportation de savoir-faire occidental entaché de supériorité technologique, pour
favoriser les constructions de nouvelles coopérations basées sur l’apport réciproque et le
croisement des cultures et des terrains d’expérimentation.
L’enjeu est aussi de reconnaître à la culture et aux génies culturels à inventer une place
renouvelée, fondée sur une remise en cause du rapport de l’homme à son milieu et du
rapport de l’homme à la technique, et dur apport entre les hommes entre eux. Au
croisement des sciences de la nature et des sciences humaines, au croisement aussi
d’une visée humaniste à la fois locale et universelle, au croisement enfin des ressources
de matière « grise » et des ressources terriennes.
Le remplacement progressif des cultures d’agrumes par les arganiers sur la Côte des
Maures et la coopération de formation nouée entre le lycée agricole d’Hyères dans le
Var et un établissement de Tunisie en sont un des multiples maillons.
322