Introduction Al Mouwatta
Introduction Al Mouwatta
Introduction Al Mouwatta
AL-MUWATTA’
DE L’IMAM MÂLIK IBN ANAS ?
Version de Yahyâ Ibn Yahyâ al-Laythî
ِ
Transcription des voyelles brèves : َ a, ُ u, i.
Nous rendons les voyelles longues اet ىpar â, وpar û, يpar î.
En cas d’annexion le ةest prononcé « t ». En cas d’arrêt le ةest pro-
noncé « h ».
Le signe r qui vient après notre Prophète Muhammad signifie :
« Allah prie sur lui et lui donne la paix ».
Les noms des membres de la famille du Prophète r et ceux de ses
Compagnons sont suivis du signe t qui signifie « qu’Allah l’agrée »
— au féminin z.
Les noms des autres Prophètes sont suivis du signe u qui signifie :
« Qu’Allah lui donne la paix ».
TOME 1
َ َّ ُ ُ َ ْ
وت الصل ِة ِ اب وق ِ ِمن ِكت
َ َ َ َ
اب الع ِقيق ِة
ِ ِإلى ِكت
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Introduction
INTRODUCTION
Au Nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux
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Le muwatta’ de l’imam Mâlik ?
Le Coran
Au cœur de la terre d’Arabie, Allah a investi Muhammad r de
la fonction prophétique à un moment où le besoin d’un Prophète
se faisait terriblement sentir. En effet, à cette époque l’humanité
sombrait dans les ténèbres de l’idolâtrie, de l’esprit légendaire, des
fausses doctrines et des mœurs corrompues. Allah a dit dans le
Coran : ( Vraiment Allah a octroyé un grand bienfait aux croyants
lorsqu’Il suscita parmi eux un Envoyé issu d’eux-mêmes qui leur
récite Ses versets, qui les purifie, leur enseigne le Livre et la Sagesse
bien qu’ils fussent autrefois dans un égarement évident ) (S.3, 164).
Puisque notre Prophète bien-aimé, Muhammad r, est le
dernier Prophète, Allah lui a révélé le Coran. Celui-ci marque
le parachèvement de la descente du Livre céleste de la Table
gardée — Table où sont consignées les destinées de toute chose
— vers la terre, englobe les Livres saints précédents et s’adresse
à tous les hommes et à toutes les époques, depuis la vocation de
Muhammad r jusqu’au Jour de la résurrection. Allah, exalté soit-
Il, a dit en effet :
( Nous avons fait descendre sur toi le Livre conforme à la vérité
qui confirme ce qui fut révélé avant lui du Livre et qui l’englobe )
(S.5, 48).
( Nous ne t’avons envoyé que par miséricorde pour l’univers )
(S.21, 107).
( Nous ne t’avons envoyé qu’en tant qu’annonciateur et avertis-
seur pour l’humanité entière ) (S.34, 107).
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Introduction
La Sunna
En plus du Coran, le Prophète r a reçu une autre Révélation
qui est la Sunna. Il a dit : « J’ai reçu le Coran accompagné d’une
Révélation semblable ». 1 La Sunna consiste en les propos que le
Prophète r a pu tenir en dehors des instants de la révélation du
Coran, les témoignages sur les actes qu’il a pu accomplir dans sa
vie publique ou privée, les ratifications silencieuses de tel et tel
acte de sa part et sa description. Chaque instant de sa vie, après
sa vocation, a en effet une potentialité religieuse et un caractère
paradigmatique et normatif. Allah, exalté soit-Il, a dit :
( Vous avez dans l’Envoyé d’Allah un excellent modèle à suivre
pour celui qui aspire à Allah et au Jour dernier et invoque sans
cesse le Nom d’Allah ) (S.33, 21).
( Prenez ce que l’Envoyé vous donne et abstenez-vous de ce
qu’il vous interdit ) (S.59, 7).
La Sunna détaille, explicite et incarne ce qu’il y a dans le Coran.
Allah a dit en effet : ( Et Nous avons fait descendre sur toi le Rappel
(le Coran), afin que tu expliques clairement aux gens ce qui leur a
été révélé. Peut-être seront-ils amenés à y réfléchir ) (S.16, 44).
Le hadith
Le hadith est une unité textuelle de la Sunna, c’est un témoi-
gnage ponctuel sur la vie du Prophète r, ou sur l’une de ses paroles
et, par extension, un témoignage sur la vie de ses Compagnons ou
sur l’une de leurs paroles, quoiqu’on emploie généralement le terme
athar (tradition) pour désigner ce dernier.
L’Envoyé d’Allah r s’était entouré de secrétaires qui transcri-
vaient de sa bouche les versets coraniques qu’il recevait d’Allah. Au
début, il a ordonné à ses Compagnons de ne transcrire de sa bouche
que le Coran ; il a dit : « Ne transcrivez de moi rien d’autre que le
Coran. Quiconque a transcrit de moi autre chose que le Coran, qu’il
l’efface ». 2 La raison en est qu’il craignait que les versets coraniques
ne se mélangent avec la Sunna. Plus tard, quand il a vu que les
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Le muwatta’ de l’imam Mâlik ?
1 Abû Dâwud.
2 Muslim.
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Introduction
La chaîne de transmission
Chaque hadith se compose essentiellement de deux parties : le
matn et l’isnâd. Le matn, c’est le texte même du hadith. L’isnâd,
c’est la chaîne de transmission, la suite des narrateurs par le canal
desquels le hadith est parvenu au dernier transmetteur. Prenons
comme exemple le premier hadith qui se trouve dans le recueil de
l’imâm al-Bukhârî. Il a écrit ceci :
Al-Humaydî ‘Abd Allah Ibn al-Zubayr nous a transmis en
disant : Sufyân nous a transmis par tradition orale de maître à
élève, en disant : Yahyâ Ibn Sa‘îd al-Ansârî nous a transmis par tra-
dition orale de maître à élève, en disant : Muhammad Ibn Ibrâhîm
al-Taymî nous a rapporté qu’il a entendu ‘Alqama Ibn Waqqâs al-
Laythî dire : J’ai entendu ‘Umar Ibn al-Khattâb t dire du haut de
sa chaire :
« J’ai entendu l’Envoyé d’Allah r prononcer ces paroles : “Les
œuvres ne valent que par les intentions. A chacun selon ses inten-
tions. Quiconque aura émigré pour un profit matériel quelconque
ou en vue d’épouser une femme, son émigration ne vaudra que pour
ce en vertu de quoi il aura émigré” ».
L’isnâd ici c’est la chaîne d’autorités qui va d’al-Bukhârî jusqu’au
Prophète r.
1 Le fiqh a pour sens général la compréhension profonde et intelligente de la religion et pour sens
particulier la jurisprudence.
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Le muwatta’ de l’imam Mâlik ?
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Introduction
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Le muwatta’ de l’imam Mâlik ?
La mère de Mâlik
Al-Dhahabî a dit que la mère de Mâlik s’appelle ‘Âliya Bint
Shurayk al-Azdiyya. 6
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Introduction
Le père de Mâlik
Il s’appelle Anas Ibn Mâlik Ibn Abî ‘Âmir. Il est né au Hedjaz. Il
était fabricant de flèches. Aucun récit ne prouve qu’il s’intéresse à
la science.
Naissance de Mâlik
Mâlik est né en 93 de l’hégire (711 apr. J.-C) à Dhûl-Marwa 1.
Ensuite, sa famille s’installa à al-‘Aqîq à la périphérie de Médine.
Plus tard, Mâlik s’installa à Médine dans la maison où habitait le
noble Compagnon ‘Abd Allah Ibn Mas‘ûd t. 2
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Le muwatta’ de l’imam Mâlik ?
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Introduction
de Mâlik, et bien sûr il a reçu le savoir d’autres savants qu’il n’a pas
mentionnés dans son muwatta’.
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Le muwatta’ de l’imam Mâlik ?
Médine
Mâlik n’a jamais quitté Médine, sauf pour faire le pèleri-
nage. Médine était pour lui comme un jardin plein de fleurs pour
une abeille. Il a butiné dans les différents enseignements des
Compagnons et de leurs pieux successeurs. Puis, par un processus
de mémorisation, de réflexion, de méditation et d’étude auxquels se
sont mêlés amour, crainte, espoir, souci de guider les gens, patience
et d’autres sentiments purement consacrés à Allah, il a produit une
synthèse de tout cela qui est le livre al-muwatta’. Cette œuvre est
comme le miel ; elle est consistante, bonne, belle et salutaire.
L’éminent savant Muhibb al-Dîn al-Khatîb 5 a dit que le savant
prolifique en matière du hadith en Inde et le réformateur Walî al-Dîn
al-Dahlawî 6 considère que le fiqh à l’époque des Compagnons avait
pour source principale un groupe particulier d’entre eux et leur
référence et l’orbite dans laquelle ils gravitaient était ‘Umar Ibn al-
Khattâb. Ensuite, le fiqh de ‘Umar et des Compagnons fut recueilli
par les sept grands fuqahâ’ de Médine qui sont les suivants :
— Sa‘îd Ibn al-Musayyib ;
1 Al-‘ilal, p.26-27.
2 Ma‘rifat ‘ulûm al-hadîth d’al-Hâkim al-Naysâbûrî, p. 53.
3 C’est-à-dire en matière d’authenticité des hadiths.
4 ‘Âridat al-ahwadhî (livre expliquant le recueil d’al-Tirmidhî) (1/5).
5 Ce témoignage d’al-Khatîb se trouve à la fin de l’édition d’al-muwatta’ recensée par le chercheur
Muhammad Fu’âd ‘Abd al-Bâqî (m. 1968).
6 Il est né en 1703 et mort en 1762. Parmi les nombreuses œuvres qu’il a léguées, il y a son expli-
cation d’al-muwatta’.
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Introduction
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Introduction
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Le muwatta’ de l’imam Mâlik ?
Abû ‘Âsim al-Nabîl qui est l’un des maître d’al-Bukhârî a dit : « Je
n’ai jamais vu un savant du hadith aussi beau que Mâlik ». 1
Sa mort
Mâlik est mort le dimanche matin 14 Rabî‘ premier en 179 de
l’hégire (le 7 juin 795 apr. J.-C), après vingt deux jours de maladie. 2
Qu’Allah lui fasse miséricorde.
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Introduction
AL-MUWATTA’
Étymologie et signification du nom muwatta’
Le terme muwatta’ est un nom à la voix passive. Cette voix
passive est déterminée par le préfixe mu. La racine de ce nom est
constituée des lettres w, t et ’.
Le nom muwatta’ dérive du verbe watta’a qui signifie « facili-
ter », « rendre accessible », « préparer » et « être le premier ». Le
nom tawti’a signifie « préface », « introduction », « prologue ».
Certains exégètes et lexicographes disent que le nom muwatta’
dérive du nom d’action muwâta’a qui signifie « l’accord ». Selon
cette étymologie, le nom muwatta’ signifie « l’objet d’un accord ».
Allah a dit dans le Coran : ( Certes, l’activité pieuse au cœur de la
nuit a plus de wat’ ) (S.73, 6). Les exégètes (Mujâhid et Abû Najîh
notamment) soutiennent que le terme wat’ dans ce verset signifie
que le cœur et l’ouïe sont en plein accord lors de la récitation du
Coran au cœur de la nuit.
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Le muwatta’ de l’imam Mâlik ?
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Le muwatta’ de l’imam Mâlik ?
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Le muwatta’ de l’imam Mâlik ?
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Introduction
demande en mariage une femme. Celle-ci jette son dévolu sur lui.
Ils se mettent d’accord sur la valeur du douaire nuptial. Ils sont
satisfaits l’un de l’autre. Elle lui propose ses conditions”. C’est cette
femme qu’il est interdit de demander en mariage. Le Prophète r
n’entend pas par ce hadith interdire de demander la main d’une
femme qui a été sollicitée par un homme dont la situation ne lui
convient pas et pour lequel elle n’a pas d’inclination. Il faut faire
attention de ne pas prendre cette interdiction dans son sens absolu,
car cela a causé beaucoup de problèmes aux familles ».
5. Le principe de la fermeture des incidences préjudiciables.
Quand un acte qui est à la base licite fraie le chemin à une
infraction religieuse, Mâlik intervient pour l’interdire. 1 Sous le
livre du jeûne, chapitre 1, on trouve écrit que Mâlik a dit : « Celui
qui est le seul à voir le croissant de la lune du mois de Shawwâl
ne doit pas rompre son jeûne. S’il le fait, il suscitera des soupçons,
car il existe des gens malhonnêtes qui peuvent rompre leur jeûne
volontairement et lorsqu’ils sont dénoncés, ils diront : « Nous
avons aperçu la nouvelle lune ». Celui qui voit le croissant du mois
de Shawwâl au cours de la journée ne doit pas rompre son jeûne,
mais doit continuer jusqu’au coucher du soleil, car il est le croissant
de la nuit qui suit ».
On trouve dans le muwatta’ plusieurs opinions personnelles
de l’imâm Mâlik. Mon ami et voisin le professeur Tayeb Chtab
a recensé quatre-vingt-trois endroits du muwatta’ (d’après la
version de Yahyâ Ibn Yahyâ) dans lesquels Mâlik émet une opinion
personnelle. 2
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Le muwatta’ de l’imam Mâlik ?
Livre de synthèse
Mâlik a procédé de la même manière concernant les livres de
son ouvrage. Il a en effet conclu son muwatta’ par un livre qu’il a
appelé Livre de synthèse (kitâb al-jâmi‘). 1
Voici ce que l’exégète et le jurisconsulte Ibn al-‘Arabî al-Mu‘âfirî
a dit à propos du livre de synthèse : « En matière de composition
des livres, Mâlik ? est le premier à élaborer ce thème qui comporte
deux utilités :
— la première : ce thème n’entre pas le cadre de l’assujettisse-
ment aux lois qu’il a divisées en différents chapitres et clas-
sées par catégories ;
— la deuxième : il a médité la charia et ses différentes catégories
et a vu qu’elle se divise en ordres et en interdictions ; en pra-
tiques cultuelles (‘ibâda) et en relations sociales (mu‘âmala) ;
en peines légales et en normes qui gèrent l’usage commun.
Il les a alors classés par disciplines et a lié chaque catégorie
avec la catégorie qui s’y apparente. Seulement, il y a dans
la religion des enseignements singuliers qu’on ne peut pas
ranger dans une seule discipline à cause de leurs différences.
Il ne peut pas consacrer à chacun d’eux un livre à part parce
qu’ils sont succincts et il ne désire pas, non plus, en déve-
1 Le lecteur constatera que dans notre traduction, le livre de synthèse est suivi d’autres livres
(livre du destin, livre de la perfection des mœurs…). En fait, nous avons ajouté le mot livre aux
titres principaux qui sont sous le livre de synthèse et qui traitent de thèmes qui font partie de
celui-ci. Si nous l’avons fait, c’est pour respecter la subdivision de l’édition de Fu’âd ‘Abd al-Bâqî
qui est la plus connue et la plus étudiée. Nous expliquerons ce point quand nous arriverons aux
remarques méthodologiques.
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Introduction
1 Voir le livre d’exégèse d’Ibn al-‘Arabî al-qabas fî sharh muwatta’ Mâlik Ibn Anas. Ed. Dâr al-Gharb
al-Islâmî, 1992, page 1082.
2 Jâmi‘ bayân al-‘ilm wa fadlih n°870. Ed. Dâr Ibn al-Jawzî. Royaume d’Arabie Saoudite. Première
édition 1994.
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Le muwatta’ de l’imam Mâlik ?
1 Voir ithâf al-sâlik bi ruwât al-muwatta’ ‘an al-imâm Mâlik (livre sur les transmetteurs du
muwatta’) — Ed. Dâr al-Kutub al-‘Ilmiyya.
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Introduction
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Le muwatta’ de l’imam Mâlik ?
Yazîd Ibn Abî ‘Âmir qui est issu de la tribu de Layth Kinâna 1
lors de la conquête musulmane du Maghreb.
Il a reçu l’enseignement du mufti de l’Espagne musulmane, à
cette époque-là, Ziyâd Ibn ‘Abd al-Rahmân qui est connu sous le
nom de Shabtûn (m. 204H/819 apr. J.-C.). Ziyâd fut le premier qui
introduisit le muwatta’ de Mâlik en Espagne musulmane. 2 Selon
d’autres sources, c’est al-Ghâzî Ibn Qays qui fut le premier à l’intro-
duire en Espagne musulmane. Que ce soit l’un ou l’autre, en tout
cas ces deux savants étaient contemporains.
Ziyâd encouragea Yahyâ à se rendre à Médine pour recevoir
le muwatta’ directement de la bouche de Mâlik. Ce qu’il fit. A
Médine, Mâlik fut séduit par le charisme de Yahyâ et sa sagesse et
le surnomma « L’homme sensé (al-‘âqil) ». 3
Yahyâ revint en Espagne musulmane avec un riche savoir qu’il
a reçu de Mâlik à Médine ; de Sufyân Ibn ‘Uyayna à La Mecque ;
d’al-Layth Ibn Sa‘d, de ‘Abd Allah Ibn Wahb et de ‘Abd al-Rahmân
Ibn al-Qâsim en Égypte. Les étudiants en quête de savoir affluèrent
vers lui de tous les coins de l’Occident musulman. Il leur apporta
l’intégralité du muwatta’ qu’il a reçu de la bouche de l’imâm Mâlik,
à l’exception de quelques chapitres du livre sur la retraite spirituelle
qu’il a rapportés de la bouche de Ziyâd. 4 D’après certaines sources,
Yahyâ a eu un doute au sujet de ces chapitres ; il ne se rappelait plus
s’il les a reçus de Mâlik. Pour s’en assurer, il s’est rendu chez Ziyâd
1 En Islam, l’appartenance dite walâ’ (patronat) — et qui est autre que l’appartenance par la
voie de la filiation — peut être une appartenance liant l’affranchi à un affranchisseur, ou une
appartenance par alliance (hilf), ou une appartenance liant un homme qui était incroyant à celui
qui l’a guidé vers l’Islam, car en guidant quelqu’un vers l’Islam, c’est comme si on l’avait affranchi
puisqu’on le libère du joug de l’incroyance.
2 Voir nafh al-tîb (2/252-253) d’al-Maqqarî al-Tilimsânî — Ed. Le Caire, 1949.
3 Les orientalistes ont traduit al-‘âqil par l’intelligent. Cette traduction littérale est réductrice, elle
fait perdre à ce qualificatif sa profondeur, son ampleur et sa finesse. Étymologiquement, al-‘aql
dérive du verbe ‘aqala qui signifie « attacher fermement », « maîtriser ». Ce nom recèle alors les
notions de maîtrise de soi, de pondération et de raison. Mâlik entend en effet par ce qualificatif
la sagesse de Yahyâ, sa pondération et sa raison, en plus de son intelligence. Quiconque étudie la
vie de Yahyâ s’aperçoit de ces qualités.
4 Comme le lecteur le constatera dans notre traduction, il s’agit des chapitres suivants : Chapitre
3 : La sortie du lieu de retraite spirituelle pour assister à la prière de la fête de la rupture du jeûne,
Chapitre 4 : Le rattrapage de la retraite spirituelle, Chapitre 5 : Le mariage durant la retraite spi-
rituelle, le premier hadith (n°718) du chapitre 6 : Ce qui a été rapporté au sujet de la nuit du destin.
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Introduction
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Le muwatta’ de l’imam Mâlik ?
REMARQUES MÉTHODOLOGIQUES
Nous avons utilisé pour notre traduction l’édition du m
uwatta’ 1
faite par les soins d’un des plus éminents savants du hadith et
l’un des meilleurs recenseurs (muhaqqiq) des manuscrits dans ce
domaine, à savoir le Dr Muhammad Mustafâ al-A‘zamî 2. Il s’est
fondé pour cette édition sur un manuscrit datant de 613H/1216
apr. J.-C. se trouvant à la Bibliothèque Nationale du Royaume
du Maroc sous le numéro g 807. C’est un manuscrit sur peau de
gazelle de trois cent cinquante six pages. L’écriture y est fine et en
style maghrébin et comporte les points diacritiques et les signes
indiquant les voyelles courtes. Après des recherches fastidieuses
et un long périple dans les bibliothèques de nombreux pays, le Dr
Mustafâ al-A‘zamî a conclu que ce manuscrit est vraiment précieux
du fait qu’il est complet, moins usé et comportant à sa marge des
indications sur certaines variantes qui se trouvent dans les autres
versions du muwatta’.
Nous avons reproduit l’intégralité du texte en arabe tel qu’il
a été édité par le Dr Mustafâ al-A‘zamî — mais sans les quelques
notes qui se trouvent à sa marge. Le lecteur remarquera que nous
avons mis une page en français et à sa droite une page en arabe. La
page en français est une traduction de la page correspondante en
arabe.
Pour ne pas surcharger notre livre et pour des raisons tech-
niques, nous n’avons pas transcrit les notes qui étaient à la marge
du manuscrit, mais nous en avons traduit quelques-unes en cas de
besoin. De même nous n’avons pas transcrit les notes du Dr Mustafâ
1 Cette œuvre a été éditée par la Fondation caritative et humanitaire Zayed Bin Sultan Al-Nahyane.
Abu Dhabi, 2004.
2 Il est né à Mau en Inde en 1932 et il est mort à Riyad le 20 décembre 2017. Il a fait ses études
successivement à l’université islamique Darul Uloom Deoband en Inde (1952), à l’université al-
Azhar (1955) et à l’université de Cambridge (1966) où il a soutenu sa thèse de doctorat ayant pour
titre Studies in Early Littérature. Il est connu pour son étude critique des théories des orientalistes
Ignac Goldziher, David Samuel Margoliouth et Joseph Shacht. Il a enseigné en Arabie Saoudite,
aux États-Unis et au Royaume Uni. Il a recensé et édité les œuvres suivantes : sahîh Ibn Khuzayma,
sunan Ibn Mâjah, le livre al-tamyîz de l’imâm Muslim, le livre al-‘ilal (livre sur la critique du hadith)
de ‘Alî Ibn al-Madînî (le maître principal d’al-Bukhârî), le livre al-maghâzî (livre sur les expéditions
du Prophète r) de ‘Urwa Ibn al-Zubayr, le muwatta’ de l’imâm Mâlik (voir notre traduction). Il a
institué un centre ayant pour objet l’utilisation du numérique au service de la Sunna prophétique.
Ses efforts lui ont valu d’être le récipiendaire du Prix international du roi Fayçal pour les études
islamiques.
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Introduction
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Le muwatta’ de l’imam Mâlik ?
ou d’une fatwa dans cette version, nous citons cette remarque dans
une note de bas de page sans prendre l’initiative de corriger « cette
erreur ». 1 Pour être plus clairs, nous ne changeons rien au texte
du manuscrit. 2 C’est d’ailleurs de cette manière que procèdent les
recenseurs des manuscrits. Or le professeur Muhammad Fu’âd
‘Abd al-Bâqî s’est servi de cinq manuscrits du muwatta’. Il a consi-
gné dans son édition tous les textes qui sont identiques dans les cinq
manuscrits et quand il trouve des variantes, il fait prévaloir ce qui se
trouve dans le livre d’exégèse d’al-Zurqânî et l’attribue à Yahyâ Ibn
Yahyâ. Cette méthode lui a valu les critiques des savants du hadith
et des recenseurs des manuscrits, notamment le Dr Bashshâr
Ma‘rûf ‘Awwâd qui lui a reproché d’avoir enfreint les règles de la
recension adoptées aussi bien par les chercheurs musulmans que
par les orientalistes. Quoiqu’il en soit, cela ne diminue en rien la
valeur de cet éminent professeur qui a rendu d’énormes services à
la Sunna prophétique.
Nous avons procédé à une recension des hadiths et des tradi-
tions qui se trouvent dans cette version du muwatta’. Nous avons
cité les principaux recueils dans lesquels ils se trouvent et qui
peuvent être le sahîh d’al-Bukhârî, le sahîh de Muslim, les recueils
dits al-sunan, le musnad de l’imâm Ahmad ou d’autres.
En ce qui concerne les hadiths mursal, les hadiths compor-
tant plusieurs interruptions dans leur chaîne, les balâgh de Mâlik,
quand nous trouvons dans les autres recueils ou les livres d’exégèse
1 Des savants ont prouvé que certaines erreurs attribuées à Yahyâ ne sont pas des erreurs, ou que
ce sont des erreurs des copistes.
2 Exemple : dans le hadith n°139, il est écrit que Mâlik rapporte ceci sur l’autorité de Hishâm Ibn
‘Urwa, lequel le rapporte sur l’autorité de son père, lequel le rapporte sur l’autorité de Fâtima Bint
al-Mundhir Ibn al-Zubayr, laquelle le rapporte sur l’autorité d’Asmâ’ la fille d’Abû Bakr le véridique,
laquelle a dit : « Une femme vint interroger l’Envoyé d’Allah et lui dit : « Que doit faire l’une de
nous lorsque son vêtement est taché de sang des menstrues ? ». Il répondit : « Lorsque l’une de
vous a son vêtement taché de sang des menstrues, elle doit frotter les taches avec le bout de ses
doigts et l’asperger d’eau. Elle peut ensuite faire la prière en gardant ce vêtement sur elle ». Nous
avons trouvé qu’Ibn ‘Abd al-Barr a dit que l’ajout du père de Hishâm Ibn ‘Urwa dans cette chaîne
est une erreur de Yahyâ Ibn Yahyâ al-Laythî. Nous n’avons pas corrigé cette erreur en enlevant le
nom Hishâm Ibn ‘Urwa de la chaîne de transmission. Nous avons gardé le texte tel quel et nous
avons mis une note de bas de page dans laquelle nous avons écrit ceci : al-Bukhârî rapporte ce
hadith avec la chaîne suivante : ‘Abd Allah Ibn Yûsuf – Hishâm le fils de ‘Urwa – Fâtima la fille
d’al-Mundhir (l’épouse de Hishâm) - Asmâ’ la fille d’Abû Bakr. Dans son livre al-tamhîd (22/229),
Ibn ‘Abd al-Barr a dit que l’ajout du père de Hishâm Ibn ‘Urwa dans cette chaîne est une erreur de
Yahyâ Ibn Yahyâ al-Laythî, le rapporteur du muwatta’, et que ‘Urwa (le père de Hishâm) n’a jamais
rapporté de hadith de Fâtima Bint d’al-Mundhir qui est sa belle fille.
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